• Guerre Israël-Gaza : nombre record de suicides au sein de l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023

    https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250102-guerre-isra%C3%ABl-gaza-nombre-record-de-suicides-au-sein-de-l-arm%C3%A

    Guerre Israël-Gaza : nombre record de suicides au sein de l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023

    L’armée israélienne a publié, jeudi 2 janvier, les données des pertes subies pour les années 2023 et 2024. Elle annonce que 921 soldats israéliens ont perdu la vie au cours de cette période. Alors qu’au moins 891 militaires ont été tués depuis les attentats du 7 octobre 2023, le nombre de suicides a également atteint un record depuis 13 ans.

  • Ici commence la mort

    « Quelle connerie la #guerre ». Depuis le poème de Jacques Prévert et même bien avant. Et comme on n’arrête pas le progrès : la connerie devient de plus en plus ignoble. Depuis Gaza nous parviennent des informations effrayantes. Il y a bien entendu d’abord le décompte macabre des dizaines de milliers de morts. Mais la « manière » horrifie toujours un peu plus. D’autant plus quand on sait que l’#écosystème_grenoblois œuvre au développement des #robots_tueurs.

    Le 17 avril, le média Middle East Eye révèle que des « drones israéliens émettent des sons d’enfants qui pleurent dans le camp Al-Nuseirat à Gaza pour cibler et tirer sur les civils recherchant la source de ces appels de détresse. » Comme « preuve » : des témoignages d’habitants du camp et une vidéo tournée de nuit où l’on entend effectivement des pleurs d’enfants, qui ne permet pas de reconnaître les lieux ou d’éventuels drones israéliens. Alors, info ou intox de la part de ce « site d’actualité panarabe basé au Royaume-Uni » ? Impossible de savoir : le média France 24 reprend l’information le 26 avril en affirmant que rien « ne permet d’ailleurs de confirmer ou d’infirmer de manière indépendante si l’armée israélienne a effectivement employé une telle tactique ».

    Ainsi vont les incertitudes d’une guerre impossible à documenter précisément, qui a déjà causé la mort de plus d’une centaine de journalistes. S’il n’est pas possible de savoir si Israël diffuse effectivement des pleurs d’enfants pour faire sortir de leur cachette puis abattre des Gazaouis, force est de constater qu’on ne voit pas quelles raisons – éthiques, techniques ou politiques – empêcheraient Tsahal de le faire.

    Il est par contre prouvé que l’#armée_israélienne fait confiance à l’#intelligence_artificielle pour cibler les Palestiniens à abattre. Les systèmes s’appellent « #Lavender » ou « #Where’s_Daddy » et ils ont été « conçus pour marquer tous les agents présumés des ailes militaires du Hamas et du Jihad islamique palestinien, y compris les moins gradés, comme des cibles potentielles pour les bombardements » (L’Humanité, 4/04/2024).
    37 000 Palestiniens auraient ainsi été « marqués » comme « militants présumés – avec leurs maisons – en vue d’éventuelles #frappes_aériennes ». Ceci sans « vérification approfondie des raisons pour lesquelles la machine avait fait ces choix ni d’examen des données brutes de renseignement sur lesquelles elles étaient basées. (…) Le personnel humain ne faisait souvent qu’entériner les décisions de la machine, ajoutant que, normalement, il ne consacrait personnellement qu’environ “20 secondes” à chaque cible avant d’autoriser un #bombardement – juste pour s’assurer que la #cible marquée par Lavender est bien un homme. »

    Bienvenue dans l’époque des robots tueurs, aboutissement logique des évolutions technologiques. Y a-t-il des logiciels ou des composants réalisés par des entreprises grenobloises dans ces « innovations » du champ de bataille israélo-palestinien ? Ici aussi, impossible de trancher affirmativement ou négativement cette question, notamment à cause de l’opacité entourant la composition des armes militaires. Mais ici aussi, force est de constater qu’on ne voit pas pour quelles raisons – éthiques, techniques ou politiques – certains de nos « fleurons » locaux ne participeraient pas avec entrain à l’élaboration de telles armes. Les différentes révélations sur le commerce de composants servant à faire des armes avec la Russie sous embargo prouve l’absence - ou la très faible présence - de barrières éthiques.

    Le 20 mars dernier, Grenoble a reçu la visite de #Daniel_Halevy-Goetschel, « ministre conseiller aux Affaires politiques intérieures, économiques et scientifiques à l’ambassade d’Israël de Paris » venu inspecter la « dynamique de l’écosystème grenoblois ». Au Daubé (21/03/2024), il confie : « Grenoble est un exemple assez frappant de synergies entre le monde de la #recherche (à l’image du CEA où je me suis rendu), les #entreprises, les #start-up, et les #universités. Cela me rappelle le modèle israélien dont l’écosystème s’est construit ainsi, entre différents acteurs. En cette période qui n’est pas évidente, et des défis sécuritaires qu’elle pose, c’est important de soutenir l’économie d’Israël, et j’espère qu’une nouvelle phase de relations économiques entre l’agglomération grenobloise et Israël va s’ouvrir. »

    Les deux « modèles », israéliens et grenoblois, ont déjà quantité de « relations économiques », rappelées dans le texte « De Grenoble à Tel-Aviv » publié par le groupe Grothendieck sur le site Lundi matin le 1er avril dernier. Entre autres exemples :
    #Vérimag, laboratoire de recherche sur les #logiciels embarqués sur le campus de Saint-Martin-d’Hères, a mené des recherches sur des #drones_de_combat avec le mastodonte israélien de l’#armement #Israël #Aerospaces Industries.
    • Le #CEA_Grenoble a un partenariat structurel avec la start-up #Weebit_Nano, spécialiste du design et de la fabrication de #puces nouvelle génération pour la mémoire RAM.
    • La société meylanaise #Dolphin_Design, rachetée notamment par le marchand de missiles #MBDA, a depuis 2009 une filiale en Israël.
    • La multinationale d’origine grenobloise #STMicro est, selon le directeur de son site israélien #Stephan_Chouchan « l’un des plus grands acteurs du #semi-conducteur en Israël » grâce à quantité de partenariats avec des boîtes ou projets technologiques israéliens (#Mobileye, #Valens, #Cisco, #Mellanox, #Adasky, #Autotalk, #Temi, etc.). Le même explique : « Après avoir ouvert un centre de ventes en 2002 et un centre de #recherche_et_développement en 2012, il nous est apparu logique d’ouvrir un centre d’#innovation en 2018. Nous favorisons donc l’accès à la #technologie, aux centres de recherche et développement, aux unités commerciales, aux manufactures, qui font défaut à la plupart des sociétés israéliennes. Dans le monde du semi-conducteur, cette expertise est d’une grande valeur. Nous jouons en quelque sorte le rôle de “grand frère technologique”, qui rend possibles des projets parfois assez ambitieux du point de vue industriel. »

    À Grenoble, les élites essayent de faire croire que les #innovations_technologiques servent avant tout à la « transition » et occultent leurs applications militaires. En Israël, « pays en guerre perpétuelle » depuis sa création en 1948, les liens primordiaux entre l’innovation technologique et l’armée sont complètement assumés. #Nicolas_Brien, ancien directeur de #France_Digitale, s’en amuse sans complexe (israelvalley.com, 19/04/2023) : « Il existe une blague israélienne qui m’a été rapportée lors de mon dernier voyage : les Américains croient qu’une start-up se crée à trois dans un garage, mais en Israël on sait qu’une start-up se crée à trois dans un garage à l’intérieur du ministère de la Défense. »

    Dans l’isolement de leur labo, de leur obscur projet de recherche, de leurs objectifs annuels, quantité d’ingénieurs grenoblois ne se rendent sans doute pas compte que – directement ou indirectement – ils contribuent à fabriquer des #armes toujours plus inhumaines. Que peut-être un bout de leur savoir-faire a servi à fabriquer un drone diffusant des pleurs d’enfants pour apitoyer des humains et les abattre froidement.

    Bien entendu, il ne s’agit pas ici de cibler spécifiquement Israël. De telles armes seraient utilisées par les Palestiniens, les Russes, les Ukrainiens, les Français, qu’elles seraient tout aussi effroyables.
    Il s’agit juste d’ouvrir les yeux sur les résultats de la fuite en avant technologique, dont l’écosystème grenoblois est un des « cerveaux ». Avec deux options principales : soit assumer le développement exponentiel des robots tueurs, soit œuvrer au démantèlement de ces technologies mortifères.

    https://www.lepostillon.org/Ici-commence-la-mort.html
    #complexe_militaro-industriel #Grenoble

    • De Grenoble à Tel Aviv. L’innovation de défense au fondement de la #start-up_nation

      Tout commence par une visite entre amis. En ce beau mois de mars, Daniel Halevy-Goetschel, ministre, conseiller aux affaires politiques intérieures, économiques et scientifiques à l’ambassade d’Israël était en visite dans les Alpes françaises. Dans Le Dauphiné Libéré, il lâchait le morceau :

      « Grenoble est un exemple frappant de synergies entre le monde de la recherche (à l’image du CEA où je me suis rendu) les entreprises, les start-up, les universités. Cela me rappelle le modèle israélien dont l’écosystème s’est construit ainsi entre différents acteurs. […] Et j’espère qu’une nouvelle phase de relations économiques entre l’agglomération grenobloise et Israël va s’ouvrir » [1]

      [1] Le Daubé,...

      Les synergies grenobloises évoquant le « modèle israélien », il serait utile d’en savoir plus sur celui-ci. Cela tombe bien, Daniel Halevy-Goetschel le détaillait l’an dernier dans le magazine Servir :

      « C’est d’un côté, l’implication des institutions publiques et notamment des armées, du gouvernement, sans oublier les universités et le Technion et l’Institut Weizman, et de l’autre côté, un système des start-up très dynamique avec des entrepreneurs qui prennent des risques et de multiples initiatives. En parallèle, il existe un mode de financement efficace, avec des fonds de capital-risque auquel s’ajoute la participation de grandes entreprises multinationales du domaine tech – environ 400 sociétés, connues mondialement et qui ont pour certaines d’entre elles construit des laboratoires de recherche en Israël, notamment EDF et Renault. » [2]

      [2] « La ’Start-Up nation’, Israël, un modèle à suivre pour...

      Voilà la définition du « modèle israélien » : des liens symbiotiques entre l’armée, le gouvernement, les universités, et des start-ups boostées au capital risque. Les lecteurs de notre livre L’Université désintégrée. La recherche grenobloise au service du complexe militaro-industriel [3]

      [3] Groupe Grothendieck, L’Université désintégrée. La...
      reconnaîtront en effet là une forme de similarité avec le « modèle grenoblois ». Ainsi, la coopération de la « nation au 7000 start-up et 90 licornes » avec la « Silicon Valley grenobloise » paraît naturelle. Les liens sont symbiotiques entre les deux régions, qui parlent la même langue, celle de l’innovation.

      On sait qu’Israël est le pays comptant le plus de start-up par habitant. On sait aussi que le « modèle grenoblois » est à la source de la politique nationale des « pôles de compétitivité » qui structurent la recherche scientifique française et la coopération public-privé dans ce domaine. Nous nous proposons donc ici de jeter d’abord un œil sur l’économie israélienne et à la place structurante qu’y occupe la Défense, avant d’étudier les organismes principaux de coopération économique franco-israéliens, et de nous attarder quelques instants sur les collaborations spécifiques entre Grenoble et Israël. On verra qu’au coeur même de la notion de « start-up nation » chère à Emmanuel Macron, on trouve l’innovation de défense et la production de mort. Nous en profiterons pour livrer quelques réflexions sur les luttes en cours contre le Moloch.
      Zèbres, guépards et innovation

      « Il existe une blague israélienne qui m’a été rapportée lors de mon dernier voyage : les Américains croient qu’une start-up se crée à trois dans un garage, mais en Israël on sait qu’une start-up se crée à trois dans un garage à l’intérieur du ministère de la Défense »
      Stephane Chouchan, directeur israëlien de STMicroelectronics [4]

      ...

      L’armée et l’industrie de l’armement structurent Israël depuis sa création en 1948. Depuis le début, Israël, avec l’aide des États-Unis, fabrique une bonne part de son armement, sa « base industrielle et technologique de défense » (le terme par lequel on désigne l’ensemble des entreprises du secteur privé travaillant pour la défense) étant maintenant très large et variée.

      « Pays en guerre perpétuelle, l’avance technologique est une réelle question de survie pour Israël : l’armée est au cœur de son écosystème. » [5]

      ...

      Le secteur de l’armement est le premier employeur public du pays. L’industrie technologique représente quant à elle 18% du PIB du pays [6]

      ...
      . En mettant de côté les crédits alloués à Tsahal, plus de 4,5% du PIB est consacré aux dépenses en R&D. Une part non négligeable de l’argent public va donc inévitablement dans l’innovation de défense. N’oublions pas qu’Israël est un pays extrêmement belliqueux depuis sa création et constitua progressivement dans les années 1970 avec l’aide des États-Unis [7]

      [7] Encore en 2012, l’aide militaire américaine à Israël...
      , un complexe scientifico-militaro-industriel très puissant développant une maîtrise hors-pair dans les drones, la surveillance militaire, la cybersécurité, les systèmes anti-missiles et le maintien de l’ordre [8]

      [8] Voir la brochure très complète de Patrice Bouveret...
      . Cette maîtrise adaptée à sa guerre coloniale fait d’Israël un pays compétitif dans l’exportation d’armement (toujours dans le top 10 des ventes d’armes).

      Comment cela fonctionne-t-il ? C’est l’Innovation Authority, sous mandat direct du Premier ministre qui finance aussi bien les start-up que les PME que les grands groupes, pour des projets intéressant en premier chef Tsahal (cyberdéfense, cybersécurité, nanotechnologies, IA, etc), mais aussi des domaines où la tech israélienne à déjà une longueur d’avance permettant de conforter son statut derrière les État-Unis, de « seconde Silicon Valley ».

      « L’écosystème israélien doit énormément à l’intervention publique massive dès les phases d’amorçage. En France, on a mis du temps à le comprendre. Il faut des instruments publics efficaces pour faire germer des start-up » [9]

      ...

      Ces financements sont aussi audacieux et fonctionnent selon le jeux « du zèbre et du guépard : l’État israélien produit en masse des start-up innovantes (les zèbres) qui se font racheter par les géants de la tech, la plupart du temps américain (les guépards). Ainsi les guépards s’implantent en Israël, créent des emplois, injectent des liquidités, confortent l’économie du pays et attirent de nouveaux groupes.

      On sait que cette politique économique axée sur les start-ups avait inspiré Emmanuel Macron dans sa désormais fameuse déclaration de 2017 :

      « I want France to be a start-up nation. A nation that thinks and moves like a start-up. »

      Quand, il transpose à la France ce mot d’ordre de « start-up nation » jusque-là réservé à Israël, Emmanuel Macron choisit de le faire lors du salon Vivatech, lui même calqué sur les grands showroom israéliens comme le salon DLD de Tel Aviv.
      Les liens France-Israël

      Les liens économiques entre la France et Israël sont anciens et nombreux. Ils sont assurés par quatre organismes principaux. Passons-les rapidement en revue.

      La Chambre de commerce et d’industrie France-Israël (CCIIF) est une structure créée en 1957 [10]

      ...
      . Elle laisse progressivement la place à La Chambre de commerce France-Israël (CCFI), et son site promotionnel Israel Valley [11]

      ...
      qui est surtout un relais médiatique en faveur de l’économie israélienne et des coopération avec la France. L’Observatoire de l’armement précise que la Chambre « organise nombre d’évènements dans lesquels il n’est pas rare de voir participer comme intervenants des chercheurs, des responsables français et israéliens, impliqués dans des domaines de cyberdéfense, du spatial et autres secteurs connexes à la défense et à la sécurité » [12]

      [12] Patrice Bouveret, « La coopération militaire et...
      .

      Le Technion France est le relais français du Technion Israel Institute of Technology, une grande université et école d’ingénieurs israélienne, sorte de « MIT du Moyen-Orient ». Le Technion France fait connaître les réalisations et les projets du Technion en France dans les milieux scientifiques, académiques, industriels et économiques. L’institution cherche à développer des partenariats et des coopérations sur des sujets d’intérêt commun comme la e-santé et les nanotechnologies. Il multiplie les coopérations industrielles avec des entreprises françaises comme Véolia, Total, Havas, ou encore Servier, Arkema, SEB Alliance et Alstom. Enfin, le Technion France a mis en place de nombreux partenariats académiques (co-tutelles de thèses, mobilité des étudiants, doubles diplômes…) notamment avec l’École Polytechnique, l’Institut Mines Télécom, Université Paris Dauphine, Centrale Supélec, ou encore l’Université Paris Saclay [13]

      ...
      .

      La French Tech en Israël, déclinaison israélienne depuis 2016 de la French Tech. En Israël, « il s’agit d’un réseau assez actif d’investisseurs et d’entrepreneurs » explique Stéphane Chouchan, « ambassadeur French Tech Israël, Conseiller du commerce extérieur et directeur pays pour Israël de STMicroelectronics » [14]

      [14] « Table ronde 2 – La start-up nation et la French Tech...
      , qui ajoute : « Le réseau fonctionne très bien aux États-Unis et en Israël, mais moins en France. »

      Enfin, le Comité Israël des Conseillers Extérieurs de la France (Comité Israël des CCE), le lobby des sociétés françaises œuvrant en Israël. On trouve dans leur conseil d’administration, les plus importantes de ces entreprises. Ainsi, le vice-président et trésorier du CCE Israël est le directeur de Thales-Israël, un autre est le représentant en Israël de direction générale internationale de Dassault Aviation. Ce dernier « a débuté sa carrière chez Dassault Aviation en 1990 dans le domaine de la guerre électronique puis après un passage à la direction commerciale en 1996 où il a négocié la vente de produits militaires et spatiaux, a été appelé à la direction des achats en 2002 afin de s’occuper de grand compte tel que Thales, puis des partenaires israéliens jusqu’en 2017. » [15]

      ...
      . On retrouve encore Stephane Chouchan :

      « En charge de la filiale du groupe depuis 2007. ST est implanté depuis plus de 18 ans en Israël avec un site de Vente et Marketing, un centre R&D et, depuis 2018, avec le ST-Up Accelerator : un accélérateur de startups hardware late-stage. Parmi les projets réalisés avec des composants ST : Mobileye EyeQ SoC ; Autotalks Craton SoC ; Adasky Ada SoC, des composants de puissance chez SolarEdge, le STM32 pour Strauss/Tami4 ainsi que l’implémentation de capteurs et micro-contrôleurs dans le robot de Temi. » [16]

      ...

      Tous ces structures bi-nationales servent à nourrir des partenariats technoscientifiques dans les domaines qui intéressent les deux régions, c’est-à-dire la plupart du temps dans la nano et microélectroniques, les capteurs, l’internet des objets, les supra-conducteurs ou l’atome. Le CEA-Grenoble et le CNRS font régulièrement des échanges de leur chercheurs avec de grandes universités israéliennes [17]

      [17] Par exemple :...
      permettant de renforcer les liens militaro-civils qui ne date pas d’hier et a permit historiquement à Israël d’avoir la bombe atomique, et dont l’Observatoire des armements note que cette coopération atomique à été relancé en 2010 [18]

      [18] « La coopération militaire et sécuritaire...
      .

      Les liens Grenoble-Israël

      À Grenoble, on peut s’intéresser aux activités de l’un des plus gros instituts de l’université, l’IMAG, centre de recherche en logiciel, IA et internet des objets. En son sein, le laboratoire Verimag, laboratoire de recherche sur les logiciels embarqués, avait retenu en 2020 notre attention pour ses liens étroits avec le complexe français [19]

      [19] Cf Groupe Grothendieck, L’Université désintégrée, op....
      . Mentionnons par exemple le projet CAPACITES [20]

      ...
      qui réunissait de 2014 à 2017 pratiquement tout le complexe militaro-industriel français (MBDA, ONERA, Safran, Dassault Aviation, Airbus Helicopter, etc) sous la houlette de Verimag et de la start-up de design de puce pour l’armement, la grenobloise Kalray.

      Verimag s’est acoquiné plusieurs fois avec le mastodonte israélien de l’armement Israel Aerospace Industries (IAI) pour des projets des recherches en drones de combat : le projet COMBEST [21]

      ...
      (avec comme partenaire connexe EADS) ; le projet SafeAir II [22]

      ...
      (avec comme partenaire MBDA) ; les projet OMEGA [23]

      ...
      et SPEEDS (avec EADS). Précisons que l’actuel directeur de l’université, Yassine Lakhnech, figure comme chercheur de ces projets en lien avec le conglomérat israélien.

      La start-up israélienne Weebit Nano, spécialiste du design et de la fabrication de puces nouvelle génération pour la mémoire RAM a, elle, un partenariat structurel avec le CEA-Leti. Elle teste dans les salles blanches du CEA ses dernières innovations et utilise du substrat semi-conducteurs préparé par le Leti (notament du FD-SOI).

      On pourrait également citer la société Dolphin Design (ex Dolphin Integration), domiciliée à Meylan. Cette entreprise dessine des puces pour des applications civiles et militaires, notamment du SoC (System-on-Chip). Rachetée conjointement par la société iséroise Soitec et le géant français du missile MDBA, Dolphin Design est bien implantée en Israël depuis la moitié des années 90 [24]

      ...
      . Cette implantation lui permettant de ravir des marchés militaires au Proche-Orient et profiter des réseaux de la tech israélienne. Il est en effet très intéressant pour des sociétés qui font du design de puces et de la création de nouvelles fonctions électroniques de s’implanter en Israël. Non pas tant pour profiter d’un marché déjà bien saturé, mais plutôt pour se servir de son expertise en ce domaine [25]

      [25] Voir...
      .

      On sait que Grenoble est jumelée avec la ville universitaire de Rehovot depuis 1984. Or, à Rehovot on trouve l’Institut Weizmann, une sorte d’équivalent de la branche recherche du CEA [26]

      [26] Nous avons déjà parlé de l’Institut Weizman dans...
      . Le site de la mairie de Grenoble nous explique que ce jumelage est réalisé dans le cadre de coopération de l’Institut Weizmann avec l’Université Joseph Fourier (Grenoble 1) [27]

      ...
      .

      Comme au CEA, les chercheurs et doctorant bénéficient d’un cadre de travail relativement libre leur permettant de « buller » dans leur recherche pointilleuse en physique nucléaire ou biologie de synthèse [28]

      [28] C.f Groupe Grothendieck, Guerre généralisée au vivant...
      . Le directeur de l’institut l’explique à Bruno Lemaire lors de la visite de ce dernier.

      « Ici la recherche scientifique pure et ses futures applications sont deux choses absolument séparées. Les scientifiques étudient ici par curiosité, avec une liberté de pensée complète. Une fois que vous avez trouvé quelqu’un avec du talent, il faut lui donner tous les moyens possibles. » [29]

      ...

      Mais – car il y a toujours un « mais » à chaque fois que l’on parle de liberté dans le technocapitalisme – l’Institut Weizmann, via son bureau de transfert (Navor), touche des royalties sur les découvertes de ses blouses blanches, (comme le CEA dispose aussi de ses bureaux de transfert CEA-Investissement et sa société Supernova Invest [30]

      ...
      ). Ce qui lui a rapporté en 2016... 3,5 milliards de dollars ! [31]

      ...
      La liberté est à ce prix.

      Indiquons que l’institut Weizmann possède en France une fondation destinée à capter les deniers et les cerveaux français et à faire sa pub dans l’Hexagone, Weizmann France [32]

      ...
      . Le président de Weizmann France n’est autre que Maurice Levy, patron de Publicis – donc organisateur du salon des technologies israélienne Vivatech [33]

      ...
      .

      On ne peut pas conclure ce petit état de l’amitié entre les entreprises françaises et israéliennes sans parler du plus gros employeur grenoblois : STMicroelectronics. Écoutons encore une fois l’ambassadeur et blagueur Stéphane Chouchan :

      « STMicroelectronics est un des leaders européens du semi-conducteur, avec un chiffre d’affaires de 8,35 milliards de dollars en 2017 et 120 millions de dollars domestiques en Israël, ce qui fait de STMicroeletronics l’un des plus grands acteurs du semi-conducteur en Israël. […] Nous menons depuis plus de quinze ans des partenariats avec Mobileye ou Valens, mais nous nous sommes également stratégiquement rapprochés de Cisco, Mellanox ou autres. Nous partageons également des projets avec des centres de design. Nous ne sommes en effet pas toujours facilement identifiables. Or les centres de design constituent parfois une aide précieuse dans ce domaine. Nous menons aussi des partenariats avec les universités, comme le Technion ou l’université de Tel-Aviv. [… ] Après avoir ouvert un centre de ventes en 2002 et un centre de recherche et développement en 2012, il nous est apparu logique d’ouvrir un centre d’innovation en 2018. Nous favorisons donc l’accès à la technologie, aux centres de recherche et développement, aux unités commerciales, aux manufactures, qui font défaut à la plupart des sociétés israéliennes. Dans le monde du semi-conducteur, cette expertise est d’une grande valeur. Nous jouons en quelque sorte le rôle de « grand frère technologique », qui rend possible des projets parfois assez ambitieux du point de vue industriel. » [34]

      [34] « Table ronde 2 - La start-up nation et la French tech...

      ST joue en Israël comme son homologue américain Intel Corp., le rôle de guépard, captant les cerveaux et les start-up à forte valeur ajoutée pour nouer des partenariats ou les intégrer au groupe franco-italien.

      Il faut noter aussi que la fonderie israélienne Tower Semiconductor, spécialiste des circuits analogiques et capteurs thermiques a signé un accord avec ST pour s’implanter dans la nouvelle usine de ST d’Agrate en Italie [35]

      ...
      . L’activité de Tower ? Faire des circuits spéciaux notamment pour l’industrie de l’armement :

      « Tower est le fournisseur unique proposant la plus large gamme de technologies pouvant être utilisées par les clients A&D [Aérospatial et Défense] pour les besoins gouvernementaux, militaires et de défense, notamment les ROIC à grande matrice [36]

      [36] Les ROIC sont des micropuces utilisées pour lire les...
      , les imageurs, la photonique sur silicium, le CMOS sur SOI pour les applications RH, les MEMS et les dispositifs à ondes millimétriques, entre autres. » [37]

      ...

      L’entreprise a reçu, sous la marque « Towerjazz », les qualification ITAR (International Trafic in Arms Regulations) pour ses puces 65nm lui permettant de s’ouvrir au marché américain de la Défense. Elle est classée par le DMEA (Defense Microelctroniocs Activity) du
      ministère de la Défense américain (DoD) comme une boîte importante et sûre [38]

      ...
      .

      Puisqu’on parle de STMicroelectronics, il serait malvenu d’oublier sa voisine Soitec et comme elle, spin-off du CEA-Grenoble. Ainsi, les plaquettes SOI utilisées par Tower proviennent de Soitec, qui fournit à Tower des dizaines de milliers de plaquettes RF-SOI 300nm par an [39]

      ...
      .

      Comme Tower, ST a un certain savoir-faire dans les produits spécifiques à destination du militaire. L’entreprise grenobloise est le chef de file du projet militaire européen EXCEED notamment pour le design de « système sur puce » (’system-on-chip’ SoC [40]

      [40] Les SoC sont des circuits intégrés embarqués ayant sur...
      ) avec la technologie développée par Soitec (FD-SOI 28 nm) dans son centre de recherche grenoblois sur le Polygone scientifique. Parmi les partenaires du projet, on trouve ArianeGroup (fabricant du missile atomique M51), Thales, MBDA, Safran Electronics and Defense et l’avionneur italien Leonardo. Le projet durera de 2020 à 2025 avec une enveloppe totale de 12 Millions d’euros dont 1,9 pour ST. Les puces issues du projet sont destinées à équiper, d’après la communication :

      « les capteurs RF et réseaux de traitement du signal, radios flexibles, positionnement et navigation sécurisés, liaisons de données UAV [drone], réseaux militaires, des moteurs de cryptographie flexibles, soldat débarqué, contrôleurs de guidage et de mission critiques » [41]

      ...
      .

      Nos luttes sont matérielles et locales

      En guise de conclusion nous tenons à dire que nous n’avons rien ni contre les Israéliens, ni contre les Palestiniens, ni contre les Juifs, les Arabes, ni contre les Slaves, les Russes, les Ukrainiens, ni contre n’importe quel peuple. Ce que nous combattons, c’est une logique à l’oeuvre et une façon dont notre monde est agencé : le technocapitalisme et sa course en avant mortifère et sanguinaire, aidé dans cette course par les structures étatiques et supra-étatiques. Qu’elles soit « made in France », « made in Israel » ou « made in Ukraine », les technologies continueront à nous tuer en tant qu’humains et en tant qu’êtres vivants. Elles continueront à nous écraser et à nous asservir comme des esclaves.

      Nous ne disons pas que tout se vaut, mais, depuis notre position et avec les idées qui nous portent, nous ne pouvons nous contenter d’accepter benoîtement la guerre de « l’Axe du Bien » face à la « Barbarie ». A l’heure de la fusion intégrale entre le capital et la technologie, il n’y a plus à choisir. Il n’y a rien à regretter de notre monde absurde et sans consistance où la guerre industrielle est devenue une option de gouvernance parmi d’autres, où « tout change pour que rien ne change » dans un confort ouaté de consommateur-citoyen ou sous une maison en ruine. Notre exigence de liberté nous commande d’agir tout de suite et ici-même. La mobilisation totale pour la guerre nous guette, tâchons d’être plus rapide qu’elle avant que nous soyons tous pris dans son piège inextricable.

      Le combat se situe donc bien au-delà des appels patriotiques, nationalistes, ethniques ou communautaires. La seule communauté auxquels nous accordons de l’importance et pour laquelle nous nous battrons sans relâche, c’est la communauté humaine. C’est dans cette optique que nous essayons d’aider nos congénères dans une pure localité de la lutte : solidarité avec nos congénères opprimés et combats sans relâche contre les ingénieurs, scientifiques, technologues et encravatés des instituts mortifères. Car le pouvoir aujourd’hui se situe là : dans la puissance liée à l’argent et à la technologie, liée aux machines, aux usines, aux laboratoires et à leurs directives. Dans cette démarche d’action réelle et endurante, intransigeante et stratégique, nous combattons donc les sbires grenoblois et leur modèle de développement car nous savons que les répercussions – on les vois déjà – dépassent de loin les frontières naturelles de nos montagnes.

      Tout est à faire, les rapports de force se mettent en place pendant que les contradictions profondes réémergent. Tâchons de dépasser les fausses oppositions, précipitons les frictions et poussons les exigences de liberté à l’ensemble de la vie humaine pour qu’enfin, le mouvement de contestation émergeant embrasse dans la négation la totalité des existences.

      Bella matribus detestata.

      https://lundi.am/De-Grenoble-a-Tel-Aviv

    • Guerres & Puces - La dure réalité de la microélectronique en temps de guerre mondialisée

      En pleine montée du bellicisme et de la barbarie au Moyen-Orient et pendant que Poutine et Biden nous refont la Guerre Froide avec notamment une nouvelle menace atomique, il nous faut redire encore et encore en quoi la France participe, avec son « écosystème de la microélectronique » aux guerres, avec ses morts, ses destructions et ses colères légitimes, de part et d’autre du globe.

      « Il existe un lien direct entre semi-conducteurs et puissance militaire [… ]. Bien que la plupart des puces produites aujourd’hui soient utilisées à des fins civiles, les grandes armées du monde sont de plus en plus dépendantes des semi-conducteurs les plus avancés. »

      Chris Miller, auteur de Chip War [1]

      [1] Chris Miller, La guerre des semi-conducteurs. L’enjeux...
      , interview dans Libération, 30 Août 2023.

      Le nerf de la guerre : les puces

      L’Observatoire des armements (OBSARM) vient de publier un compte-rendu à partir de deux rapports de la commission défense du parlement [2]

      ...
       : l’un concernant les exportations françaises d’armes et l’autre, les fameux « biens à double usage » [3]

      ...
      , c’est-à-dire le matériel civil servant à faire la guerre.

      Et la révélation est importante : en 2023 il y a eu une augmentation par six des exportations françaises de biens à double usage vers Israël. En effet le montant passe de 34 millions d’euros en 2022, à 192 millions d’euros en 2023, avec notamment 154 millions en puces (capteurs, lasers, etc).

      On se doute qu’une partie des puces et capteurs sont made in Grenoble, si on se souvient de l’enquête du media en ligne Blast, "Russian Paper [4]

      ...
      ", où il était démontré que les entreprises Lynred et STMircoelectronics utilisaient des intermédiaires israéliens pour acheminer leurs puces en Russie. D’intermédiaires, il est facile d’en faire des clients finaux. Sans compter que ST a des centres de R&D et des bureaux en Israël depuis 20 ans et que ses partenariats et autres acquisitions d’entreprises israéliennes sont nombreuses [5]

      [5] Groupe-Grothendieck, De Grenoble à Tel Aviv, sur...
       :

      « STMicroelectronics est un des leaders européens du semi-conducteur, avec un chiffre d’affaires de 8,35 milliards de dollars en 2017 et 120 millions de dollars domestiques en Israël, ce qui fait de STMicroeletronics l’un des plus grands acteurs du semi-conducteur en Israël [6]

      [6] Stéphane Souchan responsable de la French Tech en...
      . »

      Les guerres 2.0 ont un appétit gargantuesque en puces (contrôleurs, capteurs, processeurs) parce que le matériel jetable, c’est-à-dire les munitions, les missiles et les drones kamikazes en sont truffés. Le plus souvent, même des gros producteurs de puces comme Israël ou la Russie ne peuvent combler cet appétit avec seulement la production interne. Il faut donc rafler les puces partout où il y en a : des machines à laver kazakh [7]

      ...
      aux usines de la vallée grenobloise, tout est bon pour combler l’appétit sans fin de Moloch.

      D’où le fait que les exportations de puces françaises montent en flèche vers Israël et la Russie. Rappelons que pour l’année 2023, il a été découvert sur le champ de bataille ukrainien pour 94 millions d’euros de puces ST, le plus souvent issues de missiles russe [8]

      ...
      ….mais que font les syndicats des usines de Crolles ? Les morts russes et ukrainiens sont-ils plus « légitimes » que les morts palestiniens ? L’internationalisme est-il à géométrie variable ?

      Les embargos servent surtout à calmer les opinions publiques envers les vendeurs d’armes quand le sang éclabousse trop les caméras, mais n’ont jamais été réellement mis en application. Ils n’ont pas un rôle éthique du genre d’embargo qu’avait imposé De Gaulle à Israël en 1967 après l’attaque contre l’Égypte, espérant ainsi temporiser les déjà voraces appétits d’Israël. Les embargos aujourd’hui sont une manière de contraindre l’économie des ennemis à se reconfigurer. Ce qui prend du temps et qui permet de provoquer du mécontentement dans les populations qui ont à subir des coupes budgétaires et des baisses de salaires, et donne des temps de latence dans la production ou l’achat d’armement des assaillants.
      La guerre mondialisée : entre augmentation de la puissance technologique et ré-agencement économique

      Ce que l’on vient de dire précédemment est de la théorie. En pratique, le business l’emporte toujours sur le politique car le business est la vrai politique de notre temps. Enfin… le business couplé à l’accroissement sans limite de puissance, quitte à foutre en l’air des pans entiers du globe, à provoquer la haine de population pour trois générations, et à laisser planer sur la Terre entière des menaces d’holocauste atomique.

      Dans la guerre mondialisée, il n’y a plus cette ancienne rupture économique et sociale des guerres mondiales, où les fronts et frontières étaient bouclés, barricadés, et où la pénurie s’installait. Les échanges mondialisés et supportés par les réseaux virtuels s’accommodent maintenant d’affrontements durs et sanguinaires sur les fronts et frontières par un ré-agencement constant des routes et échanges économiques. Les pôles de puissances économiques maintenant variés et multiples (zone chinoise, zone étasunienne, zone singapourienne, zone indienne, zone turque, zone européenne, zone du golfe persique, etc) font qu’il est facile de changer de fournisseurs, d’acheteurs ou de vendeurs d’une denrée et d’échanger devises et actifs avec d’autres agents économiques.

      Prenons la Russie. Elle a complètement reconfiguré son système bancaire vers la Chine, réorienté ses exportations vers les Brics et dispose d’une diaspora aux quatre coins du monde permettant le transit de puces et autres matériels sensibles par des sociétés écrans singapouriennes, chinoises ou turques. Et vu que la demande en matières premières est bien souvent beaucoup plus forte que l’offre, au fur et à mesure de l’épuisement des ressources et du changement climatique, il est par exemple facile pour la Russie de vendre son excédant de gaz et d’autres matières pétrolifères à qui le veut. Poutine peut même se glorifier d’un peu de croissance et d’une augmentation générale des salaires de 17 % à 19 % [9]

      ...
      . Tournée générale, y’a rien à voir ! En somme, la routine capitaliste dans la guerre mondialisée.

      Israël ou l’Ukraine sont encore bien dépendantes des américains pour leur économie (de guerre il va sans dire !) mais développent toutes deux une forte « économie de la connaissance » liée à leur complexe scientifico-militaro-industriel, comprenez le système des start-up rachetées par des multinationales qui peuvent avoir comme client l’armée.

      Vous êtes haut technocrate d’un pays en guerre et vous voulez des points de croissance, malgré la guerre, les pleurs et le sang ? Injectez massivement de l’argent public dans des structures de recherches (Le Weizman Institute ou le Technion en Israël, CEA et l’AID en France, l’UCU et Polytechnique en Ukraine [10]

      ...
      ), puis concentrez le jus de cerveau de votre recherche publique dans des « incubateurs », enfin garantissez sur deux ou trois ans le revenu de vos nouveaux startuppers ex-chercheurs ou ingénieurs. Trois solutions sont à envisager. 1° Vos petites start-ups meurent car il n’y a pas de marché correspondant, c’est le lot des 3/4 des boîtes ; 2° Au contraire, des débouchés civils ou civilo-miltaires arrivent (investissez dans le drone, les biotechnologies ou l’IA en ce moment !) ; enfin, 3°, le must, c’est de se faire racheter très cher par les « guépards » du coin, c’est-à-dire par les grosses multinationales bien implantées dans les « silicon valley » françaises, israéliennes, russes ou ukrainiennes. C’est pour cette raison que tous les gros industriels français ou américains ont des centres et des bureaux en Israël, le pays au 7000 start-ups et 90 licornes. STMicroelectronics a même un incubateur géant, le ST-Up accelerator créé en 2018 à Jérusalem [11]

      [11] Pour une analyse du « jeu » des guépard, des zèbres...
      .

      Dans tout ce merdier, les industriels de l’armement français et les marchands de puces, notamment Safran [12]

      ...
      , Thales [13]

      ...
      , Nicomatic [14]

      ...
      et STMicroelectronics s’en sortent bien. Ils utilisent des intermédiaires chinois, singapouriens ou turques pour vendre des puces à des États en guerre de « haute intensité [15]

      [15] Il y a dans le monde quelques guerres dites par les...
       ».

      Quant aux « matières fissibles » (uranium enrichi ou déchets nucléaires), elles ne font même pas partie des embargos – et du reste on en parle pas – ce qui permet à la France de garder son train-train nucléariste comme à l’accoutumée (un tiers de notre uranium enrichi est importé des centrifugeuses du géant russe Rosatom ; Framatome (France) continue de construire, notamment en Hongrie, des centrales nucléaires avec Rosatom [16]

      ...
       ; et Orano refile une partie de ses déchets nucléaires à la Russie [17]

      ...
      .)

      Le technocapitalisme est une tuerie sans nom

      Revenons à Israël et aux liens avec la France et reparlons de plates vérités difficiles à entendre. La France exporte en moyenne tous les ans pour 20 millions d’euros d’armes à Israël. C’est juste 0,2 % de ses exportations mondiales pour ce mastodonte de l’armement (la France est deuxième exportateur mondial d’armement en 2023 [18]

      ...
      ). 20 millions, ce sont des broutilles diriez-vous, mais des broutilles qui tuent !

      On ne dira jamais assez qu’il ne faut pas voir tout le temps les quantités d’armes exportées mais plutôt le type (par exemple les boîtiers de détection Thalès classé ML5 « 
      Matériel de conduite de tir et matériel d’alerte et d’avertissement connexe » [19]

      [19] « Guide du classement du matériel de guerre et...
      peuvent avoir de grosse capacité de nuisance quand ils sont installés sur des drones israélien Hermes 900, même si leur coût n’est pas élevé, ni les quantités astronomiques [20]

      ...
      .)

      Sur le champ de bataille israélo-palestinien on peut retrouver l’hélicoptère AS565A Panther d’Airbus (ex-Eurocopter) baptisé « Atalef » [21]

      ...
      , des hommes de Tsahal équipés de fusils d’assaut de la marque PGM Précision [22]

      [22] Voir la brochure « Lyon, capitale européenne du...
      , des drones Watchkeeper WK450 d’une « joint venture » de Thales avec l’entreprise israélienne Elbit System [23]

      [23] « Les liaisons dangereuses de l’industrie française de...
      , ou encore de manière plus anecdotique, l’interception de drones iraniens par des missiles français tirés de bases françaises en Jordanie et en Irak [24]

      ...
      . La France donc, ou tout du moins son « savoir-faire », sont bien présent dans cette guerre d’extermination et ne font qu’amplifier le désastre même si elle se positionne dans le jeu médiatique en État-arbitre, renvoyant dos à dos palestiniens et israéliens.

      Mais ce n’est pas tout, Israël avec son gros Triangle de fer (complexe scientifico-militaro-industriel), exporte largement elle aussi, et les deniers récoltés peuvent retourner illico-presto pour faire la guerre aux palestiniens et maintenant aux libanais. Elle est toujours dans le top 10 des exportateurs d’armement, souvent talonnée par la Corée du Sud, et est leader dans quelques secteurs clé comme le drone, la cyberdéfense, maintenant l’IA militaire :

      « La concurrence israélienne est, quant à elle, très performante sur certains segments de haute technologie (matériels électroniques, drones, systèmes spatiaux, missiles). Les exportations d’armes israéliennes ont doublé en une décennie, en raison des changements de l’environnement stratégique en Europe et de la normalisation des relations diplomatiques avec plusieurs pays arabes. Malgré le conflit découlant de l’attaque du 7 octobre, l’industrie israélienne continue à proposer ses offres à l’export » [25]

      [25] « Rapport au Parlement 2023 sur les exportations...

      Le chiffre d’affaires combiné des trois entreprises israéliennes du Top 100 (Elbit System, IAI et Rafael) a atteint 12,4 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 6,5 % par rapport à 2021 [26]

      ...
      .

      Les échanges scientifico-techniques avec Israël ne se sont pas arrêtés, le Haut Conseil Franco-Israélien pour la Science et la Technologie (HCST) continue de délivrer des bourses à des chercheurs [27]

      ...
      , pendant que des gros instituts de recherche français nouent des partenariats de plus en plus serrés avec des pôles de recherches israélien. Notamment l’Institut national de recherche en informatique et automatisme (INRIA) qui a signé un accord cadre avec le Technion israélien avec à la clé une enveloppe bipartite de 720 Millions d’euros pour développer l’ordinateur quantique [28]

      ...
      . De plus l’INRIA continue a vouloir envoyer des chercheur en Israël [29]

      ...
      . L’INRIA n’est qu’un exemple, mais les échanges scientifiques franco-israéliens sont fructueux pour les deux « start-up nation » et mériteraient d’être cartographiés et dénoncés.

      La marche forcée scientifico-militaire n’a pas de point de vue « morale », au contraire, plus la guerre avance, plus « l’innovation de Défense », comprenez la mobilisation scientifique pour la guerre sera de mise. Il faut du jus de cerveau concentré et des savoirs-faire spécifiques pour que les drones tuent mieux, que l’IA détecte mieux les cibles et que les missiles soient le plus performant possible pour détruire ! Le technocapitalisme, dont la recherche publique est l’un des rouages [30]

      [30] Fabrice Lamarck, Des treillis dans les labo. La...
      (et le chercheur un pion mais un pion volontaire !), a besoin de ces cerveaux bien enrégimentés pour continuer à tuer et vendre des armes !

      Devant l’atrocité des massacres à Gaza, au Liban mais aussi sur le front russo-ukrainien, ou au Yémen, la neutralité scientifique n’a plus sa place. Continuer tout bonnement son train-train de recherche en IA, en informatique, en microélectronique, en résistance des matériaux, continuer à bosser dans des laboratoires où Thales ou MBDA ont investit et donnent des conseils, être chercheur ou ingénieur chez ST ou Airbus, c’est sûrement avoir du sang sur les mains. Et oui, quand nous sommes « en paix » (paix toute relative), les questions morales échauffent moins les oreilles de nos producteurs de biens ou de savoir parce que les massacres et la guerres existent qu’en potentiel. Effectivement, la France a un potentiel de mort et de destruction quasi-illimité, et cela c’est grâce en grande partie à nos chercheurs et à leur technoscience que nous le devons.

      Cependant, il n’y a pas les mêmes responsabilités entre un trimard faisant les 3-8 en salle blanche et le chef de projet R&D d’une multinationale, qui passe des commandes et comprend à quoi vont servir les puces de son unité de conception. Mais de toute façon, au-delà des parcours individuels, que ces usines et ces instituts de mort ferment, malgré les emplois, malgré la Connaissance, malgré le « Progrès », malgré la manne financière, serait la meilleur des solutions politiques pour mettre fin à la destruction sans concession à laquelle notre génération assiste.

      Quant aux thésards, étudiants, réfusant, celles et ceux qui ne sont pas résignés ou pas encore trop bien installés dans l’ordre technoscientifique commencent à se mobiliser. Il y a des énergies vivantes et en colères qui fomentent en interne. La technocratie en place va avoir du mal à « fixer » et à « canaliser » ce mouvement de fond et tant mieux !
      Conclusion : aux hésitants et refusants, c’est maintenant qu’il faut agir

      Il paraît clair que la France est rentrée tête baissée dans une économie de guerre et qu’elle se prépare à la guerre de « haute intensité ». Les signaux faibles de ce futur engagement sont pléthores (3 milliards pour les hôpitaux militaires, Jeux de rôles militaires avec l’OTAN, obligation pour les industriels de l’armement de faire des stocks, loi sur les ingérences étrangères, bourrage de crane intensif, etc). Encore beaucoup de personnes nient l’évidence et ce même après les multiples prises de parole de Macron, du Ministre des Armées Lecornu et des chefs militaires. Elle y rentrera doucement en guerre, elle y est déjà rentré en faite ! Le fait que la marine française ai intercepté des tirs de missiles houthis en provenance du Yémen le 21 Mars [31]

      ...
      , mais aussi les interceptions de quelques drones et missiles iraniens lors de l’attaque massive du 13 Avril dernier contre Israël [32]

      ...
      , montre qu’elle est déjà sur les théâtres d’opération (opération ASPIDES en mer Rouge, mission Aigle aux frontières Roumanie-Ukraine), prête à dégainer quand papa-OTAN le décidera.

      C’est une spirale montante dont on ne sait où elle mènera et quand elle s’arrêtera… si elle s’arrête un jour !, Et nous sommes bien malgré nous tous prit dedans en tant que producteurs de savoir, producteurs de biens à double-usage, producteurs d’armement mais aussi en tant que soldats et réservistes (objectif de 300 000 hommes au total pour 2030), et enfin en tant que citoyens, c’est-à-dire sujet de l’État nous nous prenons au jeu d’imaginer des stratégies de guerre, de promouvoir la violence (« faut bien se défendre ! ») et vivons torses bombés dans une atmosphère patriotique foncièrement réactionnaire. Les militaires appellent cette dernière « composante » du militarisme français, les « forces morales de la nation », qui devront, en cas de coup dur, être derrière les « premiers de cordée » cette fois habillés tout de kaki, arme à la main pour sauver les valeurs mortifères de la France [33]

      [33] Si vous voulez vous tenir au courant des agissements...
      .

      Les personnes qui soutiennent le calvaire palestinien en ce moment, les anti-militaristes convaincus ou qui viennent de le devenir, les sympathisants des causes anti-impérialistes, anti-colonialistes, les pacifistes, les anarchistes anti-nation, tous commencent à comprendre l’ampleur des forces bellicistes des pays du sommet capitaliste et de comment la France mène sa barque industriellement et militairement là dedans.

      Des groupes en réseaux comme Stop Arming Israël [34]

      ...
      ou le Réseau de surveillance de l’Observatoire des armements [35]

      ...
      , ont compris qu’il était intéressant d’agir localement sur le complexe scientifico-militaro-industriel, dans chaque ville de France, d’Angleterre ou d’Allemagne où ces instituts et multinationales se déploient. Manifestations, piquets devant les usines, jets de faux sang, sabotages, pression sur les pouvoirs publics, discussions dans les laboratoires, affiches de la honte, mobilisations des syndicats des boîtes, enquêtes critiques… un large panel d’actions se met en place un peu partout en France d’un mouvement anti-militariste qui, nous l’espérons, ne s’arrêtera pas au massacre des palestiniens, mais embrassera petit à petit toutes les misères des guerres en cours dont la France trempe salement.

      Principalement répartie en France en trois « pôles de compétitivité de rang mondial » à Grenoble, Paris-Saclay et Bordeaux-Toulouse, le côté « innovation de Défense » (le lien armée-recherche) commence à être aussi dénoncé dans les facs et écoles d’ingénieurs où les entreprises d’armement comme Thales, Airbus et SAFRAN [36]

      [36] Par exemple à Grenoble :...
      sont bien installées et amplifient leurs encrages, proposant cours, bourses pour les étudiants précaires [37]

      ...
      , présences dans les forums étudiants et surtout finançant des recherches grâces aux chaires privées [38]

      [38] Par exemple la chaire « Deepred » à Grenoble créée par...
      . Mais les étudiants et les syndicats commencent à réagir : tribune des chercheurs pour un cessez-le-feu à Gaza [39]

      [39] « Engageons-nous activement pour arrêter immédiatement...
      , occupation de la Sorbonne en mai dernier (86 gardés à vue) [40]

      ...
      , actions multiples contre Thales à Toulouse [41]

      ...
      , AG étudiante luttant contre la présence de Thales à Grenoble… la sauce monte et les directeurs d’universités feront tout pour conserver cette manne financière, quitte à avoir les mains sales et à envoyer la flicaille au moindre débordement, Attal l’a promis ! De toute façon, le Triangle de fer est structurant pour les 3 pôles de compétitivité depuis les années 1950-1960 [42]

      [42] Groupe Grothendieck, L’Université désintégrée. La...
      , alors nous espérons que contester la présence de Thales pourra permettre de dérouler la vieille bobine mortifère d’une recherche publique française qui travaille structurellement pour le capitalisme mortifère… et peut-être permettre une remise en cause de l’ordre technoscientifique et de savoir s’il faut vraiment continuer la recherche scientifique ? [43]

      [43] Voir le collectif Grenoblois FIC la recherche ?...

      https://lundi.am/Guerres-Puces

  • Le rapport de la commission d’enquête indépendante de l’ONU conclut que « des formes spécifiques de violence sexuelle et sexiste font partie des procédures opérationnelles de l’armée israélienne ». Autrement dit : Israël utilise systématiquement le viol comme arme de guerre. Et comme cela a déjà documenté par le passé, l’armée israélienne fait cela régulièrement devant d’autres membres de la même famille.
    https://www.ohchr.org/sites/default/files/documents/hrbodies/hrcouncil/sessions-regular/session56/a-hrc-56-26-auv.docx

    SGBV [Sexual and gender-based violence]

    65. The Commission documented many incidents in which ISF systematically targeted and subjected Palestinians to SGBV online and in person since October 7, including through forced public nudity, forced public stripping, sexualized torture and abuse, and sexual humiliation and harassment. These incidents took place during ground operations in conjunction with evacuations and arrests. Based on testimonies and verified video footage and photographs, the Commission finds that sexual violence has been perpetrated throughout the OPT during evacuation processes, prior to or during arrest, at civilian homes and at a shelter for women and girls. Sexual acts were carried out by force, including under threats, intimidation and other forms of duress, in inherently coercive circumstances due to the armed conflict and the presence of armed Israeli soldiers.

    66. The ISF forced public stripping and nudity in many locations, in humiliating circumstances, including when victims were; blindfolded, kneeling and/or with their hands tied behind their back while in underwear; interrogated or subjected to verbal or physical abuse while fully or partially undressed; coerced to do physical movements while naked; and filmed or photographed by ISF doing any of these acts and disseminating the film and photographs. Palestinians were also made to watch members of their family and community strip in public and walk completely or partially undressed while subjected to sexual harassment.

    67. Both male and female victims were subjected to such sexual violence, but men and boys were targeted in particular ways. Only males were repeatedly filmed and photographed by soldiers while subjected to forced public stripping and nudity, sexual torture and inhumane or cruel treatment. Palestinian women were also targeted and subjected to psychological violence and sexual harassment online, including shaming and doxing female detainees and drawing gendered and sexualized graffiti, including at a women’s shelter in Gaza that was directly targeted. Israeli soldiers also filmed themselves ransacking homes, including drawers filled with lingerie, to mock and humiliate Palestinian women, referring to Arab women as ‘sluts’. The Commission concludes, based on the circumstances and context of these acts, that GBV directed at Palestinian women was intended to humiliate and degrade the Palestinian population as a whole.

    68. The Commission notes the existence of aggravating factors in the commission of these gender-based crimes. First, the specific social and normative context in which these acts have been committed includes strong cultural and religious sensitivities linked to privacy, nudity and the significance of the veil, where stigma and social exclusion can have deep repercussions at the individual and community level for the victim, particularly for women and girls. Second, humiliating digital content disseminated online, reaching a global audience, is extremely difficult to remove from the internet.

    69. Based on the way in which such acts were committed, including with filming, photographing and posting material online, in conjunction with the many cases with similar methods observed in multiple locations, the Commission concludes that forced public stripping and nudity and other types of abuse by Israeli military personnel were either ordered or condoned. These acts were intended to humiliate and degrade the victims and the Palestinian community at large, by perpetuating gender stereotypes that create a sense of shame, subordination, emasculation and inferiority. It is evident that such violence is both a part of and has been enabled by the broader targeting and ill-treatment of Palestinians.

    […]

    81. The Commission found that the war crimes of starvation as a method of warfare; murder or wilful killing; intentionally directing attacks against civilians and civilian objects; forcible transfer; sexual violence; outrages upon personal dignity; and SGBV amounting to torture or inhuman and cruel treatment were committed.

    […]

    103. The frequency, prevalence and severity of sexual and gender-based crimes perpetrated against Palestinians since 7 October across the OPT indicate that specific forms of SGBV are part of ISF operating procedures. Palestinian men and boys experienced specific persecutory acts intended to punish them in retaliation for the crimes committed on 7 October. The way in which these acts were committed, including their filming and photographing, in conjunction with similar cases documented in several locations, leads the Commission to conclude that forced public stripping and nudity and other related types of abuse were either ordered or condoned by Israeli authorities.

    104. SGBV constitutes a major element in the ill-treatment of Palestinians, intended to humiliate the community at large. This violence is intrinsically linked to the wider context of inequality and prolonged occupation, which have provided the conditions and the rationale for gender-based crimes, to further accentuate the subordination of the occupied people. The Commission notes that these crimes must be addressed by tackling their root cause; through dismantling the historically oppressive structures and institutionalized system of discrimination against Palestinians, which are at the core of the occupation.

    • Thread by jsoufi on Thread Reader App – Thread Reader App
      https://threadreaderapp.com/thread/1800894501055262944.html

      […]

      2. Ce thread traitera les points suivants :

      ✅ Qu’est-ce que c’est cette Commission d’enquête ? 🔍
      ✅ Quelles sont ses accusations contre les groupes armés palestiniens ? 🇵🇸
      ✅ Quelles sont ses accusations contre Israël ? 🇮🇱
      ✅ Quelles sont ses recommandations ? 📋

      3. 🔵 LA COMMISSION D’ENQUÊTE. 
      L’ONU (notamment le @UN_HRC) peut créer des commissions pour enquêter de manière indépendante et impartiale sur les violations alléguées des droits humains et du DIH et pour émettre des recommandations aux États.

      4. Elles sont dirigées par des commissaires indépendants, assistés par des experts en matière d’enquêtes internationales. J’ai travaillé, par ex, pour la Commission au Mali. 🇲🇱🔍

      Vous pouvez trouver plus d’infos sur le fonctionnement de ces commissions👇
      ohchr.org/sites/default/…

      5. Depuis presque 20 ans, des commissions de l’ONU documentent les crimes commis tant par l’armée israélienne que par les groupes armés palestiniens. Elles ont notamment publié des rapports en 2009, 2012, 2014, 2018, et émis des recommandations, qui sont restées lettre morte.

      6. Le 27 mai 2021, le @UN_HRC a créé d’urgence une nouvelle commission d’enquête internationale, indépendante et permanente pour enquêter sur les violations présumées des droits humains et du DIH en #Palestine et en #Israël. 🇵🇸🇮🇱🔍

      https://www.ohchr.org/en/hr-bodies/hrc/co-israel/index

      7. Le rapport publié aujourd’hui par cette Commission marque la première enquête approfondie de l’ONU sur les événements survenus depuis le 7 octobre 2023.

      Il s’agit d’un travail important, largement documenté, malgré les difficultés de cette enquête.

      https://www.ohchr.org/en/press-releases/2024/06/israeli-authorities-palestinian-armed-groups-are-responsible-war-crimes

      8. Les conclusions de la Commission reposent sur des entretiens avec plus de 70 victimes et témoins (dont plus de 2/3 de femmes), des milliers d’éléments de preuve vérifiés par des analyses forensiques, ainsi que des images satellitaires et des rapports médicaux.

      9. La Commission indique, dans son rapport, qu’Israël a entravé ses enquêtes et bloqué l’accès à son territoire et au Territoire palestinien occupé. ❌

      Pour rappel la @CIJ_ICJ a ordonné à Israël dans son ordonnance du 24 mai, de faciliter les enquêtes des Nations Unies à Gaza.👇
      Unroll available on Thread Reader

      10. ⚫️ LES ACCUSATIONS CONTRE LE HAMAS.

      Concernant l’attaque du 7 octobre, la Commission conclut que le Hamas et 5 autres groupes armés 🇵🇸 ont commis des crimes de guerre, incluant des attaques contre les civils, des meurtres, des actes de torture, et des prises d’otages.

      11. La Commission conclut que des civils palestiniens ont participé à ces attaques et à ces crimes.

      12. La Commission confirme également que des violences sexuelles et basées sur le genre ont été perpétrées par les groupes armés 🇵🇸 en Israël, de manière similaire et dans plusieurs endroits, principalement contre des femmes israéliennes.

      13. La Commission rappelle également que les tirs indiscriminés de roquettes vers des villes israéliennes, causant morts et blessures parmi les civils, constituent aussi des violations du DIH.

      14. 🔵 LES ACCUSATIONS CONTRE ISRAËL.

      La Commission conclut que les autorités 🇮🇱 sont responsables de crimes de guerre incluant la famine comme méthode de guerre, le meurtre, les attaques intentionnelles contre des civils, ainsi que le transfert forcé de population.

      15. La Commission accuse également les autorités 🇮🇱 de torture, de traitement inhumain, et de violences sexuelles.

      Elle soutient que « des formes spécifiques de violence sexuelle constituent une partie des procédures opérationnelles des Forces de Sécurité israéliennes ».

      16. Elle conclut que les autorités israéliennes ont également commis des crimes contre l’humanité, notamment l’extermination et la persécution ciblant spécifiquement les hommes et les garçons palestiniens (en plus des meurtres, des transferts forcés, et des actes de torture).

      17. Concernant la Cisjordanie, la Commission conclut que des crimes, y compris des actes de torture, des traitements inhumains et des violences sexuelles ont été commis par des colons 🇮🇱, dans le cadre d’une campagne de violence encouragée par le gouvernement et les forces 🇮🇱.

      18. La Commission met aussi en exergue de nombreuses déclarations de responsables politiques, militaires et de journalistes 🇮🇱 qui incitent à la violence. Ces déclarations qui établissent l’intention criminelle, sont aussi susceptibles de constituer une incitation au génocide.

      19. 🔴 LES RECOMMANDATIONS.

      […]

      @CIJ_ICJ 21. Elle appelle le Conseil de Sécurité des Nations Unies à prendre une résolution au visa du #Chapitre_VII, ordonnant un cessez le feu immédiat, la libération inconditionnelle des otages et réaffirmant le droit du peuple palestinien à l’autodétermination.

      @CIJ_ICJ 22. Elle appelle tous les États à respecter leurs obligations internationales, notamment au regard des conventions de Genève et de la prévention du génocide, à poursuivre les auteurs de ces crimes et à soutenir l’action de la @CourPenaleInt. ⚖️

      23. Le rapport de la Commission, qui corrobore largement les accusations du Procureur de la @CourPenaleInt, sera présenté mercredi 19 juin, lors de la 56e session du Conseil des droits de l’homme à Genève. #HRC56

      https://www.ohchr.org/en/hr-bodies/hrc/regular-sessions/session56/regular-session
      @CourPenaleInt 24. 📕🇵🇸 Le rapport complet de la Commission consacré aux crimes du Hamas et des autres groupes armés palestiniens est disponible, en anglais, ici.👇

      ohchr.org/sites/default/…
      @CourPenaleInt 25. 📗🇮🇱 Le rapport concernant les crimes commis par le gouvernement israélien est disponible, en anglais, ici.👇

      ohchr.org/sites/default/…

      26. ⚠️ La Commission va être accusée de partialité, tout comme l’ont été la CIJ, la CPI, l’ONU et tous ceux qui dénoncent les crimes en 🇵🇸. Je ne réponds plus à ces accusations fallacieuses, qui n’ont pour seul objectif que de détourner l’attention de la situation à Gaza !

      27. S’ils veulent vraiment la paix, les États doivent mettre en œuvre les recommandations de la Commission. L’impunité dont jouissent les auteurs des crimes, aujourd’hui comme hier, alimente la haine et la violence au Proche-Orient comme ailleurs. ⚖️🕊️

      • • •

    • Comme le répète Graig Mokhiber, toute accusation émanant de l’état sioniste est en fait un aveu

      Craig Mokhiber sur X : “Israel lied about beheaded & burned babies, mutilated mothers, human shields, military in hospitals & systematic rape in order to justify genocide. It then proceeded to commit each and every one of those atrocities. Every Israeli accusation is a confession. #Palestine #Gaza” / X
      https://x.com/CraigMokhiber/status/1797661152270528918

      Israel lied about beheaded & burned babies, mutilated mothers, human shields, military in hospitals & systematic rape in order to justify genocide.

      It then proceeded to commit each and every one of those atrocities.

      Every Israeli accusation is a confession.

  • Guerra e tecnica: l’umano gesto sotto attacco
    https://radioblackout.org/2024/06/guerra-e-tecnica-lumano-gesto-sotto-attacco

    Era il 1970 quando gli Stati Uniti lanciarono l’operazione Iglù bianco: un aereo della marina lanciò decine di migliaia di microfoni per cogliere i passi dei guerriglieri, rilevatori d’attività sismica per cogliere vibrazioni minime sul terreno, sensori olfattivi per cercare l’ammoniaca presente nell’urina umana. Dispositivi di raccolta dati direttamente legati ai bombardamenti a tappeto in […]

    #L'informazione_di_Blackout #cibernetica #guerra_all'umano #guerra_totale
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2024/06/guerratecnica.mp3

  • Time of israel : L’enregistrement d’un otage criant à l’aide avant d’être tué par erreur par l’armée israélienne a été diffusé
    Alon Shamriz hurlait "à l’aide" entre les tirs nourris, alors qu’il tentait d’informer l’armée de sa présence et de celle de deux autres otages

    Alon Shamriz, 26 ans, enlevé par le Hamas le 7 octobre et abattu accidentellement par des soldats israéliens à Gaza le 15 décembre 2023.

    La voix, forte, claire et terrifiée, résonne entre les coups de feu.

    « À l’aide », crie la voix, encore et encore. « Les otages Alon et Yotam. À l’aide ! »

    Cette voix est celle d’Alon Shamriz, en décembre dernier, l’un des trois otages israéliens qui ont réussi à échapper à leurs ravisseurs et qui tentaient d’alerter les soldats qui se trouvaient à proximité de leur position. On entend également une deuxième voix en arrière-plan, celle de Yotam Haïm, otage lui aussi.

    Shamriz, Haïm et Samar Talalka ont péri quelques jours plus tard, abattus par les troupes de l’armée israélienne dans un cas tragique d’erreur d’identité, alors qu’ils tentaient de se rapprocher des troupes, torse nu et en agitant un chiffon blanc.

    « Aidez-nous. Nous sommes près des escaliers, sous les escaliers. Sous l’escalier », entend-on Shamriz crier de manière désespérée. « S’il vous plaît, aidez-nous ».

    L’enregistrement, publié dimanche par la chaîne publique Kan, a été capté par une caméra GoPro fixée sur un chien de l’unité canine Oketz de l’armée, qui avait été envoyé dans un immeuble de la ville de Gaza lors d’une fusillade.

    Il ressort d’une enquête menée par Tsahal que les soldats ont bien entendu des cris « À l’aide » et « Otages » en hébreu provenant de l’immeuble . . . . . . .

    #tsahal #times_of_israel #guerre #bavure #guerre #Palestine #Gaza #palestine_assassinée #colonisation #occupation #armée_israélienne #sionisme #crimes

    Source et suite : https://fr.timesofisrael.com/lenregistrement-dun-otage-criant-a-laide-avant-detre-tue-par-erreu

  • ‘A mass assassination factory’: Inside Israel’s calculated bombing of Gaza

    Permissive airstrikes on non-military targets and the use of an artificial intelligence system have enabled the Israeli army to carry out its deadliest war on Gaza, a +972 and Local Call investigation reveals.

    The Israeli army’s expanded authorization for bombing non-military targets, the loosening of constraints regarding expected civilian casualties, and the use of an artificial intelligence system to generate more potential targets than ever before, appear to have contributed to the destructive nature of the initial stages of Israel’s current war on the Gaza Strip, an investigation by +972 Magazine and Local Call reveals. These factors, as described by current and former Israeli intelligence members, have likely played a role in producing what has been one of the deadliest military campaigns against Palestinians since the Nakba of 1948.

    The investigation by +972 and Local Call is based on conversations with seven current and former members of Israel’s intelligence community — including military intelligence and air force personnel who were involved in Israeli operations in the besieged Strip — in addition to Palestinian testimonies, data, and documentation from the Gaza Strip, and official statements by the IDF Spokesperson and other Israeli state institutions.

    Compared to previous Israeli assaults on Gaza, the current war — which Israel has named “Operation Iron Swords,” and which began in the wake of the Hamas-led assault on southern Israel on October 7 — has seen the army significantly expand its bombing of targets that are not distinctly military in nature. These include private residences as well as public buildings, infrastructure, and high-rise blocks, which sources say the army defines as “power targets” (“matarot otzem”).

    The bombing of power targets, according to intelligence sources who had first-hand experience with its application in Gaza in the past, is mainly intended to harm Palestinian civil society: to “create a shock” that, among other things, will reverberate powerfully and “lead civilians to put pressure on Hamas,” as one source put it.

    Several of the sources, who spoke to +972 and Local Call on the condition of anonymity, confirmed that the Israeli army has files on the vast majority of potential targets in Gaza — including homes — which stipulate the number of civilians who are likely to be killed in an attack on a particular target. This number is calculated and known in advance to the army’s intelligence units, who also know shortly before carrying out an attack roughly how many civilians are certain to be killed.

    In one case discussed by the sources, the Israeli military command knowingly approved the killing of hundreds of Palestinian civilians in an attempt to assassinate a single top Hamas military commander. “The numbers increased from dozens of civilian deaths [permitted] as collateral damage as part of an attack on a senior official in previous operations, to hundreds of civilian deaths as collateral damage,” said one source.

    “Nothing happens by accident,” said another source. “When a 3-year-old girl is killed in a home in Gaza, it’s because someone in the army decided it wasn’t a big deal for her to be killed — that it was a price worth paying in order to hit [another] target. We are not Hamas. These are not random rockets. Everything is intentional. We know exactly how much collateral damage there is in every home.”

    According to the investigation, another reason for the large number of targets, and the extensive harm to civilian life in Gaza, is the widespread use of a system called “Habsora” (“The Gospel”), which is largely built on artificial intelligence and can “generate” targets almost automatically at a rate that far exceeds what was previously possible. This AI system, as described by a former intelligence officer, essentially facilitates a “mass assassination factory.”

    According to the sources, the increasing use of AI-based systems like Habsora allows the army to carry out strikes on residential homes where a single Hamas member lives on a massive scale, even those who are junior Hamas operatives. Yet testimonies of Palestinians in Gaza suggest that since October 7, the army has also attacked many private residences where there was no known or apparent member of Hamas or any other militant group residing. Such strikes, sources confirmed to +972 and Local Call, can knowingly kill entire families in the process.

    In the majority of cases, the sources added, military activity is not conducted from these targeted homes. “I remember thinking that it was like if [Palestinian militants] would bomb all the private residences of our families when [Israeli soldiers] go back to sleep at home on the weekend,” one source, who was critical of this practice, recalled.

    Another source said that a senior intelligence officer told his officers after October 7 that the goal was to “kill as many Hamas operatives as possible,” for which the criteria around harming Palestinian civilians were significantly relaxed. As such, there are “cases in which we shell based on a wide cellular pinpointing of where the target is, killing civilians. This is often done to save time, instead of doing a little more work to get a more accurate pinpointing,” said the source.

    The result of these policies is the staggering loss of human life in Gaza since October 7. Over 300 families have lost 10 or more family members in Israeli bombings in the past two months — a number that is 15 times higher than the figure from what was previously Israel’s deadliest war on Gaza, in 2014. At the time of writing, around 15,000 Palestinians have been reported killed in the war, and counting.

    “All of this is happening contrary to the protocol used by the IDF in the past,” a source explained. “There is a feeling that senior officials in the army are aware of their failure on October 7, and are busy with the question of how to provide the Israeli public with an image [of victory] that will salvage their reputation.”
    ‘An excuse to cause destruction’

    Israel launched its assault on Gaza in the aftermath of the October 7 Hamas-led offensive on southern Israel. During that attack, under a hail of rocket fire, Palestinian militants massacred more than 840 civilians and killed 350 soldiers and security personnel, kidnapped around 240 people — civilians and soldiers — to Gaza, and committed widespread sexual violence, including rape, according to a report by the NGO Physicians for Human Rights Israel.

    From the first moment after the October 7 attack, decisionmakers in Israel openly declared that the response would be of a completely different magnitude to previous military operations in Gaza, with the stated aim of totally eradicating Hamas. “The emphasis is on damage and not on accuracy,” said IDF Spokesperson Daniel Hagari on Oct. 9. The army swiftly translated those declarations into actions.

    According to the sources who spoke to +972 and Local Call, the targets in Gaza that have been struck by Israeli aircraft can be divided roughly into four categories. The first is “tactical targets,” which include standard military targets such as armed militant cells, weapon warehouses, rocket launchers, anti-tank missile launchers, launch pits, mortar bombs, military headquarters, observation posts, and so on.

    The second is “underground targets” — mainly tunnels that Hamas has dug under Gaza’s neighborhoods, including under civilian homes. Aerial strikes on these targets could lead to the collapse of the homes above or near the tunnels.

    The third is “power targets,” which includes high-rises and residential towers in the heart of cities, and public buildings such as universities, banks, and government offices. The idea behind hitting such targets, say three intelligence sources who were involved in planning or conducting strikes on power targets in the past, is that a deliberate attack on Palestinian society will exert “civil pressure” on Hamas.

    The final category consists of “family homes” or “operatives’ homes.” The stated purpose of these attacks is to destroy private residences in order to assassinate a single resident suspected of being a Hamas or Islamic Jihad operative. However, in the current war, Palestinian testimonies assert that some of the families that were killed did not include any operatives from these organizations.

    In the early stages of the current war, the Israeli army appears to have given particular attention to the third and fourth categories of targets. According to statements on Oct. 11 by the IDF Spokesperson, during the first five days of fighting, half of the targets bombed — 1,329 out of a total 2,687 — were deemed power targets.

    “We are asked to look for high-rise buildings with half a floor that can be attributed to Hamas,” said one source who took part in previous Israeli offensives in Gaza. “Sometimes it is a militant group’s spokesperson’s office, or a point where operatives meet. I understood that the floor is an excuse that allows the army to cause a lot of destruction in Gaza. That is what they told us.

    “If they would tell the whole world that the [Islamic Jihad] offices on the 10th floor are not important as a target, but that its existence is a justification to bring down the entire high-rise with the aim of pressuring civilian families who live in it in order to put pressure on terrorist organizations, this would itself be seen as terrorism. So they do not say it,” the source added.

    Various sources who served in IDF intelligence units said that at least until the current war, army protocols allowed for attacking power targets only when the buildings were empty of residents at the time of the strike. However, testimonies and videos from Gaza suggest that since October 7, some of these targets have been attacked without prior notice being given to their occupants, killing entire families as a result.

    The wide-scale targeting of residential homes can be derived from public and official data. According to the Government Media Office in Gaza — which has been providing death tolls since the Gaza Health Ministry stopped doing so on Nov. 11 due to the collapse of health services in the Strip — by the time the temporary ceasefire took hold on Nov. 23, Israel had killed 14,800 Palestinians in Gaza; approximately 6,000 of them were children and 4,000 were women, who together constitute more than 67 percent of the total. The figures provided by the Health Ministry and the Government Media Office — both of which fall under the auspices of the Hamas government — do not deviate significantly from Israeli estimates.

    The Gaza Health Ministry, furthermore, does not specify how many of the dead belonged to the military wings of Hamas or Islamic Jihad. The Israeli army estimates that it has killed between 1,000 and 3,000 armed Palestinian militants. According to media reports in Israel, some of the dead militants are buried under the rubble or inside Hamas’ underground tunnel system, and therefore were not tallied in official counts.

    UN data for the period up until Nov. 11, by which time Israel had killed 11,078 Palestinians in Gaza, states that at least 312 families have lost 10 or more people in the current Israeli attack; for the sake of comparison, during “Operation Protective Edge” in 2014, 20 families in Gaza lost 10 or more people. At least 189 families have lost between six and nine people according to the UN data, while 549 families have lost between two and five people. No updated breakdowns have yet been given for the casualty figures published since Nov. 11.

    The massive attacks on power targets and private residences came at the same time as the Israeli army, on Oct. 13, called on the 1.1 million residents of the northern Gaza Strip — most of them residing in Gaza City — to leave their homes and move to the south of the Strip. By that date, a record number of power targets had already been bombed, and more than 1,000 Palestinians had already been killed, including hundreds of children.

    In total, according to the UN, 1.7 million Palestinians, the vast majority of the Strip’s population, have been displaced within Gaza since October 7. The army claimed that the demand to evacuate the Strip’s north was intended to protect civilian lives. Palestinians, however, see this mass displacement as part of a “new Nakba” — an attempt to ethnically cleanse part or all of the territory.
    ‘They knocked down a high-rise for the sake of it’

    According to the Israeli army, during the first five days of fighting it dropped 6,000 bombs on the Strip, with a total weight of about 4,000 tons. Media outlets reported that the army had wiped out entire neighborhoods; according to the Gaza-based Al Mezan Center for Human Rights, these attacks led to “the complete destruction of residential neighborhoods, the destruction of infrastructure, and the mass killing of residents.”

    As documented by Al Mezan and numerous images coming out of Gaza, Israel bombed the Islamic University of Gaza, the Palestinian Bar Association, a UN building for an educational program for outstanding students, a building belonging to the Palestine Telecommunications Company, the Ministry of National Economy, the Ministry of Culture, roads, and dozens of high-rise buildings and homes — especially in Gaza’s northern neighborhoods.

    On the fifth day of fighting, the IDF Spokesperson distributed to military reporters in Israel “before and after” satellite images of neighborhoods in the northern Strip, such as Shuja’iyya and Al-Furqan (nicknamed after a mosque in the area) in Gaza City, which showed dozens of destroyed homes and buildings. The Israeli army said that it had struck 182 power targets in Shuja’iyya and 312 power targets in Al-Furqan.

    The Chief of Staff of the Israeli Air Force, Omer Tishler, told military reporters that all of these attacks had a legitimate military target, but also that entire neighborhoods were attacked “on a large scale and not in a surgical manner.” Noting that half of the military targets up until Oct. 11 were power targets, the IDF Spokesperson said that “neighborhoods that serve as terror nests for Hamas” were attacked and that damage was caused to “operational headquarters,” “operational assets,” and “assets used by terrorist organizations inside residential buildings.” On Oct. 12, the Israeli army announced it had killed three “senior Hamas members” — two of whom were part of the group’s political wing.

    Yet despite the unbridled Israeli bombardment, the damage to Hamas’ military infrastructure in northern Gaza during the first days of the war appears to have been very minimal. Indeed, intelligence sources told +972 and Local Call that military targets that were part of power targets have previously been used many times as a fig leaf for harming the civilian population. “Hamas is everywhere in Gaza; there is no building that does not have something of Hamas in it, so if you want to find a way to turn a high-rise into a target, you will be able to do so,” said one former intelligence official.

    “They will never just hit a high-rise that does not have something we can define as a military target,” said another intelligence source, who carried out previous strikes against power targets. “There will always be a floor in the high-rise [associated with Hamas]. But for the most part, when it comes to power targets, it is clear that the target doesn’t have military value that justifies an attack that would bring down the entire empty building in the middle of a city, with the help of six planes and bombs weighing several tons.”

    Indeed, according to sources who were involved in the compiling of power targets in previous wars, although the target file usually contains some kind of alleged association with Hamas or other militant groups, striking the target functions primarily as a “means that allows damage to civil society.” The sources understood, some explicitly and some implicitly, that damage to civilians is the real purpose of these attacks.

    In May 2021, for example, Israel was heavily criticized for bombing the Al-Jalaa Tower, which housed prominent international media outlets such as Al Jazeera, AP, and AFP. The army claimed that the building was a Hamas military target; sources have told +972 and Local Call that it was in fact a power target.

    “The perception is that it really hurts Hamas when high-rise buildings are taken down, because it creates a public reaction in the Gaza Strip and scares the population,” said one of the sources. “They wanted to give the citizens of Gaza the feeling that Hamas is not in control of the situation. Sometimes they toppled buildings and sometimes postal service and government buildings.”

    Although it is unprecedented for the Israeli army to attack more than 1,000 power targets in five days, the idea of causing mass devastation to civilian areas for strategic purposes was formulated in previous military operations in Gaza, honed by the so-called “Dahiya Doctrine” from the Second Lebanon War of 2006.

    According to the doctrine — developed by former IDF Chief of Staff Gadi Eizenkot, who is now a Knesset member and part of the current war cabinet — in a war against guerrilla groups such as Hamas or Hezbollah, Israel must use disproportionate and overwhelming force while targeting civilian and government infrastructure in order to establish deterrence and force the civilian population to pressure the groups to end their attacks. The concept of “power targets” seems to have emanated from this same logic.

    The first time the Israeli army publicly defined power targets in Gaza was at the end of Operation Protective Edge in 2014. The army bombed four buildings during the last four days of the war — three residential multi-story buildings in Gaza City, and a high-rise in Rafah. The security establishment explained at the time that the attacks were intended to convey to the Palestinians of Gaza that “nothing is immune anymore,” and to put pressure on Hamas to agree to a ceasefire. “The evidence we collected shows that the massive destruction [of the buildings] was carried out deliberately, and without any military justification,” stated an Amnesty report in late 2014.

    In another violent escalation that began in November 2018, the army once again attacked power targets. That time, Israel bombed high-rises, shopping centers, and the building of the Hamas-affiliated Al-Aqsa TV station. “Attacking power targets produces a very significant effect on the other side,” one Air Force officer stated at the time. “We did it without killing anyone and we made sure that the building and its surroundings were evacuated.”

    Previous operations have also shown how striking these targets is meant not only to harm Palestinian morale, but also to raise the morale inside Israel. Haaretz revealed that during Operation Guardian of the Walls in 2021, the IDF Spokesperson’s Unit conducted a psy-op against Israeli citizens in order to boost awareness of the IDF’s operations in Gaza and the damage they caused to Palestinians. Soldiers, who used fake social media accounts to conceal the campaign’s origin, uploaded images and clips of the army’s strikes in Gaza to Twitter, Facebook, Instagram, and TikTok in order to demonstrate the army’s prowess to the Israeli public.

    During the 2021 assault, Israel struck nine targets that were defined as power targets — all of them high-rise buildings. “The goal was to collapse the high-rises in order to put pressure on Hamas, and also so that the [Israeli] public would see a victory image,” one security source told +972 and Local Call.

    However, the source continued, “it didn’t work. As someone who has followed Hamas, I heard firsthand how much they did not care about the civilians and the buildings that were taken down. Sometimes the army found something in a high-rise building that was related to Hamas, but it was also possible to hit that specific target with more accurate weaponry. The bottom line is that they knocked down a high-rise for the sake of knocking down a high-rise.”
    ‘Everyone was looking for their children in these piles’

    Not only has the current war seen Israel attack an unprecedented number of power targets, it has also seen the army abandon prior policies that aimed at avoiding harm to civilians. Whereas previously the army’s official procedure was that it was possible to attack power targets only after all civilians had been evacuated from them, testimonies from Palestinian residents in Gaza indicate that, since October 7, Israel has attacked high-rises with their residents still inside, or without having taken significant steps to evacuate them, leading to many civilian deaths.

    Such attacks very often result in the killing of entire families, as experienced in previous offensives; according to an investigation by AP conducted after the 2014 war, about 89 percent of those killed in the aerial bombings of family homes were unarmed residents, and most of them were children and women.

    Tishler, the air force chief of staff, confirmed a shift in policy, telling reporters that the army’s “roof knocking” policy — whereby it would fire a small initial strike on the roof of a building to warn residents that it is about to be struck — is no longer in use “where there is an enemy.” Roof knocking, Tishler said, is “a term that is relevant to rounds [of fighting] and not to war.”

    The sources who have previously worked on power targets said that the brazen strategy of the current war could be a dangerous development, explaining that attacking power targets was originally intended to “shock” Gaza but not necessarily to kill large numbers of civilians. “The targets were designed with the assumption that high-rises would be evacuated of people, so when we were working on [compiling the targets], there was no concern whatsoever regarding how many civilians would be harmed; the assumption was that the number would always be zero,” said one source with deep knowledge of the tactic.

    “This would mean there would be a total evacuation [of the targeted buildings], which takes two to three hours, during which the residents are called [by phone to evacuate], warning missiles are fired, and we also crosscheck with drone footage that people are indeed leaving the high-rise,” the source added.

    However, evidence from Gaza suggests that some high-rises — which we assume to have been power targets — were toppled without prior warning. +972 and Local Call located at least two cases during the current war in which entire residential high-rises were bombed and collapsed without warning, and one case in which, according to the evidence, a high-rise building collapsed on civilians who were inside.

    On Oct. 10, Israel bombed the Babel Building in Gaza, according to the testimony of Bilal Abu Hatzira, who rescued bodies from the ruins that night. Ten people were killed in the attack on the building, including three journalists.

    On Oct. 25, the 12-story Al-Taj residential building in Gaza City was bombed to the ground, killing the families living inside it without warning. About 120 people were buried under the ruins of their apartments, according to the testimonies of residents. Yousef Amar Sharaf, a resident of Al-Taj, wrote on X that 37 of his family members who lived in the building were killed in the attack: “My dear father and mother, my beloved wife, my sons, and most of my brothers and their families.” Residents stated that a lot of bombs were dropped, damaging and destroying apartments in nearby buildings too.

    Six days later, on Oct. 31, the eight-story Al-Mohandseen residential building was bombed without warning. Between 30 and 45 bodies were reportedly recovered from the ruins on the first day. One baby was found alive, without his parents. Journalists estimated that over 150 people were killed in the attack, as many remained buried under the rubble.

    The building used to stand in Nuseirat Refugee Camp, south of Wadi Gaza — in the supposed “safe zone” to which Israel directed the Palestinians who fled their homes in northern and central Gaza — and therefore served as temporary shelter for the displaced, according to testimonies.

    According to an investigation by Amnesty International, on Oct. 9, Israel shelled at least three multi-story buildings, as well as an open flea market on a crowded street in the Jabaliya Refugee Camp, killing at least 69 people. “The bodies were burned … I didn’t want to look, I was scared of looking at Imad’s face,” said the father of a child who was killed. “The bodies were scattered on the floor. Everyone was looking for their children in these piles. I recognized my son only by his trousers. I wanted to bury him immediately, so I carried my son and got him out.”

    According to Amnesty’s investigation, the army said that the attack on the market area was aimed at a mosque “where there were Hamas operatives.” However, according to the same investigation, satellite images do not show a mosque in the vicinity.

    The IDF Spokesperson did not address +972’s and Local Call’s queries about specific attacks, but stated more generally that “the IDF provided warnings before attacks in various ways, and when the circumstances allowed it, also delivered individual warnings through phone calls to people who were at or near the targets (there were more from 25,000 live conversations during the war, alongside millions of recorded conversations, text messages and leaflets dropped from the air for the purpose of warning the population). In general, the IDF works to reduce harm to civilians as part of the attacks as much as possible, despite the challenge of fighting a terrorist organization that uses the citizens of Gaza as human shields.”
    ‘The machine produced 100 targets in one day’

    According to the IDF Spokesperson, by Nov. 10, during the first 35 days of fighting, Israel attacked a total of 15,000 targets in Gaza. Based on multiple sources, this is a very high figure compared to the four previous major operations in the Strip. During Guardian of the Walls in 2021, Israel attacked 1,500 targets in 11 days. In Protective Edge in 2014, which lasted 51 days, Israel struck between 5,266 and 6,231 targets. During Pillar of Defense in 2012, about 1,500 targets were attacked over eight days. In Cast Lead” in 2008, Israel struck 3,400 targets in 22 days.

    Intelligence sources who served in the previous operations also told +972 and Local Call that, for 10 days in 2021 and three weeks in 2014, an attack rate of 100 to 200 targets per day led to a situation in which the Israeli Air Force had no targets of military value left. Why, then, after nearly two months, has the Israeli army not yet run out of targets in the current war?

    The answer may lie in a statement from the IDF Spokesperson on Nov. 2, according to which it is using the AI system Habsora (“The Gospel”), which the spokesperson says “enables the use of automatic tools to produce targets at a fast pace, and works by improving accurate and high-quality intelligence material according to [operational] needs.”

    In the statement, a senior intelligence official is quoted as saying that thanks to Habsora, targets are created for precision strikes “while causing great damage to the enemy and minimal damage to non-combatants. Hamas operatives are not immune — no matter where they hide.”

    According to intelligence sources, Habsora generates, among other things, automatic recommendations for attacking private residences where people suspected of being Hamas or Islamic Jihad operatives live. Israel then carries out large-scale assassination operations through the heavy shelling of these residential homes.

    Habsora, explained one of the sources, processes enormous amounts of data that “tens of thousands of intelligence officers could not process,” and recommends bombing sites in real time. Because most senior Hamas officials head into underground tunnels with the start of any military operation, the sources say, the use of a system like Habsora makes it possible to locate and attack the homes of relatively junior operatives.

    One former intelligence officer explained that the Habsora system enables the army to run a “mass assassination factory,” in which the “emphasis is on quantity and not on quality.” A human eye “will go over the targets before each attack, but it need not spend a lot of time on them.” Since Israel estimates that there are approximately 30,000 Hamas members in Gaza, and they are all marked for death, the number of potential targets is enormous.

    In 2019, the Israeli army created a new center aimed at using AI to accelerate target generation. “The Targets Administrative Division is a unit that includes hundreds of officers and soldiers, and is based on AI capabilities,” said former IDF Chief of Staff Aviv Kochavi in an in-depth interview with Ynet earlier this year.

    “This is a machine that, with the help of AI, processes a lot of data better and faster than any human, and translates it into targets for attack,” Kochavi went on. “The result was that in Operation Guardian of the Walls [in 2021], from the moment this machine was activated, it generated 100 new targets every day. You see, in the past there were times in Gaza when we would create 50 targets per year. And here the machine produced 100 targets in one day.”

    “We prepare the targets automatically and work according to a checklist,” one of the sources who worked in the new Targets Administrative Division told +972 and Local Call. “It really is like a factory. We work quickly and there is no time to delve deep into the target. The view is that we are judged according to how many targets we manage to generate.”

    A senior military official in charge of the target bank told the Jerusalem Post earlier this year that, thanks to the army’s AI systems, for the first time the military can generate new targets at a faster rate than it attacks. Another source said the drive to automatically generate large numbers of targets is a realization of the Dahiya Doctrine.

    Automated systems like Habsora have thus greatly facilitated the work of Israeli intelligence officers in making decisions during military operations, including calculating potential casualties. Five different sources confirmed that the number of civilians who may be killed in attacks on private residences is known in advance to Israeli intelligence, and appears clearly in the target file under the category of “collateral damage.”

    According to these sources, there are degrees of collateral damage, according to which the army determines whether it is possible to attack a target inside a private residence. “When the general directive becomes ‘Collateral Damage 5,’ that means we are authorized to strike all targets that will kill five or less civilians — we can act on all target files that are five or less,” said one of the sources.

    “In the past, we did not regularly mark the homes of junior Hamas members for bombing,” said a security official who participated in attacking targets during previous operations. “In my time, if the house I was working on was marked Collateral Damage 5, it would not always be approved [for attack].” Such approval, he said, would only be received if a senior Hamas commander was known to be living in the home.

    “To my understanding, today they can mark all the houses of [any Hamas military operative regardless of rank],” the source continued. “That is a lot of houses. Hamas members who don’t really matter for anything live in homes across Gaza. So they mark the home and bomb the house and kill everyone there.”
    A concerted policy to bomb family homes

    On Oct. 22, the Israeli Air Force bombed the home of the Palestinian journalist Ahmed Alnaouq in the city of Deir al-Balah. Ahmed is a close friend and colleague of mine; four years ago, we founded a Hebrew Facebook page called “Across the Wall,” with the aim of bringing Palestinian voices from Gaza to the Israeli public.

    The strike on Oct. 22 collapsed blocks of concrete onto Ahmed’s entire family, killing his father, brothers, sisters, and all of their children, including babies. Only his 12-year-old niece, Malak, survived and remained in a critical condition, her body covered in burns. A few days later, Malak died.

    Twenty-one members of Ahmed’s family were killed in total, buried under their home. None of them were militants. The youngest was 2 years old; the oldest, his father, was 75. Ahmed, who is currently living in the UK, is now alone out of his entire family.

    Ahmed’s family WhatsApp group is titled “Better Together.” The last message that appears there was sent by him, a little after midnight on the night he lost his family. “Someone let me know that everything is fine,” he wrote. No one answered. He fell asleep, but woke up in a panic at 4 a.m. Drenched in sweat, he checked his phone again. Silence. Then he received a message from a friend with the terrible news.

    Ahmed’s case is common in Gaza these days. In interviews to the press, heads of Gaza hospitals have been echoing the same description: families enter hospitals as a succession of corpses, a child followed by his father followed by his grandfather. The bodies are all covered in dirt and blood.

    According to former Israeli intelligence officers, in many cases in which a private residence is bombed, the goal is the “assassination of Hamas or Jihad operatives,” and such targets are attacked when the operative enters the home. Intelligence researchers know if the operative’s family members or neighbors may also die in an attack, and they know how to calculate how many of them may die. Each of the sources said that these are private homes, where in the majority of cases, no military activity is carried out.

    +972 and Local Call do not have data regarding the number of military operatives who were indeed killed or wounded by aerial strikes on private residences in the current war, but there is ample evidence that, in many cases, none were military or political operatives belonging to Hamas or Islamic Jihad.

    On Oct. 10, the Israeli Air Force bombed an apartment building in Gaza’s Sheikh Radwan neighborhood, killing 40 people, most of them women and children. In one of the shocking videos taken following the attack, people are seen screaming, holding what appears to be a doll pulled from the ruins of the house, and passing it from hand to hand. When the camera zooms in, one can see that it is not a doll, but the body of a baby.

    One of the residents said that 19 members of his family were killed in the strike. Another survivor wrote on Facebook that he only found his son’s shoulder in the rubble. Amnesty investigated the attack and discovered that a Hamas member lived on one of the upper floors of the building, but was not present at the time of the attack.

    The bombing of family homes where Hamas or Islamic Jihad operatives supposedly live likely became a more concerted IDF policy during Operation Protective Edge in 2014. Back then, 606 Palestinians — about a quarter of the civilian deaths during the 51 days of fighting — were members of families whose homes were bombed. A UN report defined it in 2015 as both a potential war crime and “a new pattern” of action that “led to the death of entire families.”

    In 2014, 93 babies were killed as a result of Israeli bombings of family homes, of which 13 were under 1 year old. A month ago, 286 babies aged 1 or under were already identified as having been killed in Gaza, according to a detailed ID list with the ages of victims published by the Gaza Health Ministry on Oct. 26. The number has since likely doubled or tripled.

    However, in many cases, and especially during the current attacks on Gaza, the Israeli army has carried out attacks that struck private residences even when there is no known or clear military target. For example, according to the Committee to Protect Journalists, by Nov. 29, Israel had killed 50 Palestinian journalists in Gaza, some of them in their homes with their families.

    Roshdi Sarraj, 31, a journalist from Gaza who was born in Britain, founded a media outlet in Gaza called “Ain Media.” On Oct. 22, an Israeli bomb struck his parents’ home where he was sleeping, killing him. The journalist Salam Mema similarly died under the ruins of her home after it was bombed; of her three young children, Hadi, 7, died, while Sham, 3, has not yet been found under the rubble. Two other journalists, Duaa Sharaf and Salma Makhaimer, were killed together with their children in their homes.

    Israeli analysts have admitted that the military effectiveness of these kinds of disproportionate aerial attacks is limited. Two weeks after the start of the bombings in Gaza (and before the ground invasion) — after the bodies of 1,903 children, approximately 1,000 women, and 187 elderly men were counted in the Gaza Strip — Israeli commentator Avi Issacharoff tweeted: “As hard as it is to hear, on the 14th day of fighting, it does not appear that the military arm of Hamas has been significantly harmed. The most significant damage to the military leadership is the assassination of [Hamas commander] Ayman Nofal.”
    ‘Fighting human animals’

    Hamas militants regularly operate out of an intricate network of tunnels built under large stretches of the Gaza Strip. These tunnels, as confirmed by the former Israeli intelligence officers we spoke to, also pass under homes and roads. Therefore, Israeli attempts to destroy them with aerial strikes are in many cases likely to lead to the killing of civilians. This may be another reason for the high number of Palestinian families wiped out in the current offensive.

    The intelligence officers interviewed for this article said that the way Hamas designed the tunnel network in Gaza knowingly exploits the civilian population and infrastructure above ground. These claims were also the basis of the media campaign that Israel conducted vis-a-vis the attacks and raids on Al-Shifa Hospital and the tunnels that were discovered under it.

    Israel has also attacked a large number of military targets: armed Hamas operatives, rocket launcher sites, snipers, anti-tank squads, military headquarters, bases, observation posts, and more. From the beginning of the ground invasion, aerial bombardment and heavy artillery fire have been used to provide backup to Israeli troops on the ground. Experts in international law say these targets are legitimate, as long as the strikes comply with the principle of proportionality.

    In response to an enquiry from +972 and Local Call for this article, the IDF Spokesperson stated: “The IDF is committed to international law and acts according to it, and in doing so attacks military targets and does not attack civilians. The terrorist organization Hamas places its operatives and military assets in the heart of the civilian population. Hamas systematically uses the civilian population as a human shield, and conducts combat from civilian buildings, including sensitive sites such as hospitals, mosques, schools, and UN facilities.”

    Intelligence sources who spoke to +972 and Local Call similarly claimed that in many cases Hamas “deliberately endangers the civilian population in Gaza and tries to forcefully prevent civilians from evacuating.” Two sources said that Hamas leaders “understand that Israeli harm to civilians gives them legitimacy in fighting.”

    At the same time, while it’s hard to imagine now, the idea of dropping a one-ton bomb aimed at killing a Hamas operative yet ending up killing an entire family as “collateral damage” was not always so readily accepted by large swathes of Israeli society. In 2002, for example, the Israeli Air Force bombed the home of Salah Mustafa Muhammad Shehade, then the head of the Al-Qassam Brigades, Hamas’ military wing. The bomb killed him, his wife Eman, his 14-year-old daughter Laila, and 14 other civilians, including 11 children. The killing caused a public uproar in both Israel and the world, and Israel was accused of committing war crimes.

    That criticism led to a decision by the Israeli army in 2003 to drop a smaller, quarter-ton bomb on a meeting of top Hamas officials — including the elusive leader of Al-Qassam Brigades, Mohammed Deif — taking place in a residential building in Gaza, despite the fear that it would not be powerful enough to kill them. In his book “To Know Hamas,” veteran Israeli journalist Shlomi Eldar wrote that the decision to use a relatively small bomb was due to the Shehade precedent, and the fear that a one-ton bomb would kill the civilians in the building as well. The attack failed, and the senior military wing officers fled the scene.

    In December 2008, in the first major war that Israel waged against Hamas after it seized power in Gaza, Yoav Gallant, who at the time headed the IDF Southern Command, said that for the first time Israel was “hitting the family homes” of senior Hamas officials with the aim of destroying them, but not harming their families. Gallant emphasized that the homes were attacked after the families were warned by a “knock on the roof,” as well as by phone call, after it was clear that Hamas military activity was taking place inside the house.

    After 2014’s Protective Edge, during which Israel began to systematically strike family homes from the air, human rights groups like B’Tselem collected testimonies from Palestinians who survived these attacks. The survivors said the homes collapsed in on themselves, glass shards cut the bodies of those inside, the debris “smells of blood,” and people were buried alive.

    This deadly policy continues today — thanks in part to the use of destructive weaponry and sophisticated technology like Habsora, but also to a political and security establishment that has loosened the reins on Israel’s military machinery. Fifteen years after insisting that the army was taking pains to minimize civilian harm, Gallant, now Defense Minister, has clearly changed his tune. “We are fighting human animals and we act accordingly,” he said after October 7.

    https://www.972mag.com/mass-assassination-factory-israel-calculated-bombing-gaza

    #bombardement #assassinat_de_masse #Gaza #7_octobre_2023 #Israël #bombardements #AI #IA #intelligence_artificielle #armée_israélienne #doctrine_Dahiya

    via @freakonometrics

    ici aussi via @arno:
    https://seenthis.net/messages/1029469

    • #The_Gospel’: how Israel uses AI to select bombing targets in Gaza

      Concerns over data-driven ‘factory’ that significantly increases the number of targets for strikes in the Palestinian territory

      Israel’s military has made no secret of the intensity of its bombardment of the Gaza Strip. In the early days of the offensive, the head of its air force spoke of relentless, “around the clock” airstrikes. His forces, he said, were only striking military targets, but he added: “We are not being surgical.”

      There has, however, been relatively little attention paid to the methods used by the Israel Defense Forces (IDF) to select targets in Gaza, and to the role artificial intelligence has played in their bombing campaign.

      As Israel resumes its offensive after a seven-day ceasefire, there are mounting concerns about the IDF’s targeting approach in a war against Hamas that, according to the health ministry in Hamas-run Gaza, has so far killed more than 15,000 people in the territory.

      The IDF has long burnished its reputation for technical prowess and has previously made bold but unverifiable claims about harnessing new technology. After the 11-day war in Gaza in May 2021, officials said Israel had fought its “first AI war” using machine learning and advanced computing.

      The latest Israel-Hamas war has provided an unprecedented opportunity for the IDF to use such tools in a much wider theatre of operations and, in particular, to deploy an AI target-creation platform called “the Gospel”, which has significantly accelerated a lethal production line of targets that officials have compared to a “factory”.

      The Guardian can reveal new details about the Gospel and its central role in Israel’s war in Gaza, using interviews with intelligence sources and little-noticed statements made by the IDF and retired officials.

      This article also draws on testimonies published by the Israeli-Palestinian publication +972 Magazine and the Hebrew-language outlet Local Call, which have interviewed several current and former sources in Israel’s intelligence community who have knowledge of the Gospel platform.

      Their comments offer a glimpse inside a secretive, AI-facilitated military intelligence unit that is playing a significant role in Israel’s response to the Hamas massacre in southern Israel on 7 October.

      The slowly emerging picture of how Israel’s military is harnessing AI comes against a backdrop of growing concerns about the risks posed to civilians as advanced militaries around the world expand the use of complex and opaque automated systems on the battlefield.

      “Other states are going to be watching and learning,” said a former White House security official familiar with the US military’s use of autonomous systems.

      The Israel-Hamas war, they said, would be an “important moment if the IDF is using AI in a significant way to make targeting choices with life-and-death consequences”.

      From 50 targets a year to 100 a day

      In early November, the IDF said “more than 12,000” targets in Gaza had been identified by its target administration division.

      Describing the unit’s targeting process, an official said: “We work without compromise in defining who and what the enemy is. The operatives of Hamas are not immune – no matter where they hide.”

      The activities of the division, formed in 2019 in the IDF’s intelligence directorate, are classified.

      However a short statement on the IDF website claimed it was using an AI-based system called Habsora (the Gospel, in English) in the war against Hamas to “produce targets at a fast pace”.

      The IDF said that “through the rapid and automatic extraction of intelligence”, the Gospel produced targeting recommendations for its researchers “with the goal of a complete match between the recommendation of the machine and the identification carried out by a person”.

      Multiple sources familiar with the IDF’s targeting processes confirmed the existence of the Gospel to +972/Local Call, saying it had been used to produce automated recommendations for attacking targets, such as the private homes of individuals suspected of being Hamas or Islamic Jihad operatives.

      In recent years, the target division has helped the IDF build a database of what sources said was between 30,000 and 40,000 suspected militants. Systems such as the Gospel, they said, had played a critical role in building lists of individuals authorised to be assassinated.

      Aviv Kochavi, who served as the head of the IDF until January, has said the target division is “powered by AI capabilities” and includes hundreds of officers and soldiers.

      In an interview published before the war, he said it was “a machine that produces vast amounts of data more effectively than any human, and translates it into targets for attack”.

      According to Kochavi, “once this machine was activated” in Israel’s 11-day war with Hamas in May 2021 it generated 100 targets a day. “To put that into perspective, in the past we would produce 50 targets in Gaza per year. Now, this machine produces 100 targets a single day, with 50% of them being attacked.”

      Precisely what forms of data are ingested into the Gospel is not known. But experts said AI-based decision support systems for targeting would typically analyse large sets of information from a range of sources, such as drone footage, intercepted communications, surveillance data and information drawn from monitoring the movements and behaviour patterns of individuals and large groups.

      The target division was created to address a chronic problem for the IDF: in earlier operations in Gaza, the air force repeatedly ran out of targets to strike. Since senior Hamas officials disappeared into tunnels at the start of any new offensive, sources said, systems such as the Gospel allowed the IDF to locate and attack a much larger pool of more junior operatives.

      One official, who worked on targeting decisions in previous Gaza operations, said the IDF had not previously targeted the homes of junior Hamas members for bombings. They said they believed that had changed for the present conflict, with the houses of suspected Hamas operatives now targeted regardless of rank.

      “That is a lot of houses,” the official told +972/Local Call. “Hamas members who don’t really mean anything live in homes across Gaza. So they mark the home and bomb the house and kill everyone there.”
      Targets given ‘score’ for likely civilian death toll

      In the IDF’s brief statement about its target division, a senior official said the unit “produces precise attacks on infrastructure associated with Hamas while inflicting great damage to the enemy and minimal harm to non-combatants”.

      The precision of strikes recommended by the “AI target bank” has been emphasised in multiple reports in Israeli media. The Yedioth Ahronoth daily newspaper reported that the unit “makes sure as far as possible there will be no harm to non-involved civilians”.

      A former senior Israeli military source told the Guardian that operatives use a “very accurate” measurement of the rate of civilians evacuating a building shortly before a strike. “We use an algorithm to evaluate how many civilians are remaining. It gives us a green, yellow, red, like a traffic signal.”

      However, experts in AI and armed conflict who spoke to the Guardian said they were sceptical of assertions that AI-based systems reduced civilian harm by encouraging more accurate targeting.

      A lawyer who advises governments on AI and compliance with humanitarian law said there was “little empirical evidence” to support such claims. Others pointed to the visible impact of the bombardment.

      “Look at the physical landscape of Gaza,” said Richard Moyes, a researcher who heads Article 36, a group that campaigns to reduce harm from weapons.

      “We’re seeing the widespread flattening of an urban area with heavy explosive weapons, so to claim there’s precision and narrowness of force being exerted is not borne out by the facts.”

      According to figures released by the IDF in November, during the first 35 days of the war Israel attacked 15,000 targets in Gaza, a figure that is considerably higher than previous military operations in the densely populated coastal territory. By comparison, in the 2014 war, which lasted 51 days, the IDF struck between 5,000 and 6,000 targets.

      Multiple sources told the Guardian and +972/Local Call that when a strike was authorised on the private homes of individuals identified as Hamas or Islamic Jihad operatives, target researchers knew in advance the number of civilians expected to be killed.

      Each target, they said, had a file containing a collateral damage score that stipulated how many civilians were likely to be killed in a strike.

      One source who worked until 2021 on planning strikes for the IDF said “the decision to strike is taken by the on-duty unit commander”, some of whom were “more trigger happy than others”.

      The source said there had been occasions when “there was doubt about a target” and “we killed what I thought was a disproportionate amount of civilians”.

      An Israeli military spokesperson said: “In response to Hamas’ barbaric attacks, the IDF operates to dismantle Hamas military and administrative capabilities. In stark contrast to Hamas’ intentional attacks on Israeli men, women and children, the IDF follows international law and takes feasible precautions to mitigate civilian harm.”
      ‘Mass assassination factory’

      Sources familiar with how AI-based systems have been integrated into the IDF’s operations said such tools had significantly sped up the target creation process.

      “We prepare the targets automatically and work according to a checklist,” a source who previously worked in the target division told +972/Local Call. “It really is like a factory. We work quickly and there is no time to delve deep into the target. The view is that we are judged according to how many targets we manage to generate.”

      A separate source told the publication the Gospel had allowed the IDF to run a “mass assassination factory” in which the “emphasis is on quantity and not on quality”. A human eye, they said, “will go over the targets before each attack, but it need not spend a lot of time on them”.

      For some experts who research AI and international humanitarian law, an acceleration of this kind raises a number of concerns.

      Dr Marta Bo, a researcher at the Stockholm International Peace Research Institute, said that even when “humans are in the loop” there is a risk they develop “automation bias” and “over-rely on systems which come to have too much influence over complex human decisions”.

      Moyes, of Article 36, said that when relying on tools such as the Gospel, a commander “is handed a list of targets a computer has generated” and they “don’t necessarily know how the list has been created or have the ability to adequately interrogate and question the targeting recommendations”.

      “There is a danger,” he added, “that as humans come to rely on these systems they become cogs in a mechanised process and lose the ability to consider the risk of civilian harm in a meaningful way.”

      https://www.theguardian.com/world/2023/dec/01/the-gospel-how-israel-uses-ai-to-select-bombing-targets

    • Comment l’armée israélienne utilise l’intelligence artificielle pour bombarder Gaza

      Suggestions de cibles, plans d’attaque automatisés : des outils algorithmiques, développés par Tsahal ou des entreprises privées, servent à mener une guerre « totale » à Gaza. D’anciens officiers du renseignement parlent d’une « usine d’assassinat de masse ».

      L’intelligence artificielle mise au service du bombardement sur la bande de Gaza, l’un des plus destructeurs et meurtriers du XXIe siècle. L’idée, qui appartenait il y a peu à la science-fiction, est désormais une réalité. L’armée israélienne le revendique officiellement dans sa communication.

      Le sujet, qui avait déjà intéressé plusieurs titres de la presse israélienne et internationale ces dernières années, a été remis sur le devant de la scène, ces derniers jours, par une longue enquête du média israélo-palestinien de gauche +972, publiée le 30 novembre. En s’appuyant sur des témoignages de militaires et d’ex-militaires, l’article détaille les rouages de la campagne aérienne sans précédent menée par Tsahal sur Gaza depuis le 7 octobre. Et l’usage, fait par l’armée dans ce contexte, d’outils d’intelligence artificielle.
      Tsahal revendique une « guerre par IA »

      L’utilisation de ce type de technologies dans un cadre militaire par les forces israéliennes a été documentée à plusieurs reprises. En 2021, après la campagne de bombardements menée pendant onze jours sur Gaza, le Jerusalem Post rapportait que Tsahal revendiquait avoir mené cette année-là la première « guerre par IA », mentionnant plusieurs outils algorithmiques destinés à optimiser l’action sur le terrain. Le quotidien israélien nommait alors trois algorithmes, nommés « Alchemist », « Gospel », et « Depth of Wisdom ». Un autre système, « Fire Factory », a été décrit en juillet 2023 par le média Bloomberg.

      Dans un contexte militaire, l’IA est utilisée pour analyser un très grand nombre de données issues du renseignement (ou de la logistique dans certains cas), et estimer rapidement les effets des différents choix stratégiques possibles. Deux outils, en particulier, seraient utilisés par Tsahal dans le cadre des attaques menées depuis le 7 octobre. Le premier, « Gospel » (ou « Habsora »), vise à suggérer les cibles les plus pertinentes pour une attaque, dans un périmètre donné. Le second, « Fire Factory », sert à optimiser, en temps réel, les plans d’attaques des avions et des drones, en fonction de la nature des cibles choisies. L’algorithme se chargerait de calculer la quantité de munitions nécessaires, d’attribuer les cibles aux différents avions et drones, ou de déterminer l’ordre le plus pertinent pour les attaques.

      Une capture d’écran de « Fire Factory », publiée en juillet par Bloomberg à titre d’illustration, montre une carte avec plusieurs cibles entourées, ainsi qu’une frise chronologique sur laquelle se succèdent différentes frappes. A noter que la séquence d’attaque présentée est fictive ou que, tout du moins, un certain nombre d’éléments à l’image ont été altérés avant publication, les noms des cibles en hébreu étant ici fantaisistes (des restaurants de Tel Aviv, par exemple).

      Toujours d’après Bloomberg, les systèmes d’intelligence artificielle de l’armée israélienne seraient développés par l’armée elle-même, mais aussi par des acteurs privés, comme l’entreprise du secteur de la défense Rafael, qui fournirait « Fire Factory ». A propos d’un outil du même genre (mais d’un autre nom), l’entreprise vante sur son site « un changement de paradigme révolutionnaire dans l’analyse de la situation et le circuit entre le capteur et le tireur, permettant une efficacité, une vitesse et une précision sans précédent ».
      De 50 cibles par an à 100 cibles par jour

      Dans les deux cas, les systèmes sont supervisés (d’après les déclarations de Tsahal cet été à Bloomberg) par des opérateurs humains qui, derrière l’écran, doivent vérifier et approuver tant les cibles que les plans de raids. Dit autrement, ces systèmes ne prendraient pas directement la décision de tirer, bien qu’une partie du processus soit automatisé. Selon des représentants des forces armées israéliennes interrogées par Bloomberg, ces solutions informatiques avaient été élaborées dans l’hypothèse de la conduire d’une « guerre totale » (« all-out war »).

      D’après le média +972, l’utilisation de ces solutions technologiques explique comment l’armée israélienne a pu bombarder la bande de Gaza à un rythme aussi effréné (15 000 cibles durant les seuls 35 premiers jours de bombardement, selon les chiffres mêmes de Tsahal). De fait, dans un communiqué publié début novembre, les forces armées israéliennes reconnaissaient elles-mêmes que « Gospel » (cité nommément) leur permettait de générer, de manière automatique, « des cibles à un rythme rapide ».

      Dans un article paru fin juin sur le média israélien YNet, l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne Aviv Kochavi expliquait que, lors de la guerre de 2021, « Gospel » générait 100 cibles par jour, ajoutant : « Pour mettre cela en perspective, dans le passé, nous produisions 50 cibles à Gaza par an. » Et de préciser que, lors de ces opérations militaires, la moitié des cibles suggérées par le logiciel avaient été attaquées. Au regard du rythme auquel l’algorithme propose de nouvelles cibles à bombarder, d’anciens officiers de renseignement critiques du procédé, interrogés par +972, assimilent le processus à une « usine d’assassinat de masse ».
      « Rien n’arrive par hasard »

      Les pertes civiles font partie des éléments dont « Gospel » tient compte pour identifier de nouvelles cibles. En effet, selon l’enquête de +972, l’armée israélienne dispose d’informations sur la majorité des cibles potentielles à Gaza, permettant notamment d’estimer le nombre de personnes civiles susceptibles d’être tuées en cas de frappes. Or, selon une autre source interrogée par le média israélien, depuis le 7 octobre, le nombre de morts civils jugé acceptable par le commandement militaire israélien dans l’objectif d’atteindre un dirigeant du Hamas serait passé de « dizaines » à « des centaines ».

      Nous ne sommes pas le Hamas. Ce ne sont pas des missiles aléatoires. Tout est intentionnel.
      — Une source anonyme au média israélien « +972 »

      « Rien n’arrive par hasard, déclare une autre source aux journalistes de +972. Lorsqu’une fillette de 3 ans est tuée dans une maison à Gaza, c’est parce que quelqu’un, dans l’armée, a décidé que ce n’était pas grave qu’elle soit tuée – que c’était un prix qui valait la peine d’être payé pour frapper [une autre] cible. Nous ne sommes pas le Hamas. Ce ne sont pas des missiles aléatoires. Tout est intentionnel. Nous savons exactement combien de dommages collatéraux il y a dans chaque maison. »
      Des milliers d’arbitrages invisibles

      Outre l’intensification des frappes permise par ces outils, se pose également la question de la qualité des données de renseignement sur lesquelles reposent les analyses. En 2020, une enquête du quotidien britannique The Independent, citant des militaires israéliens, pointait déjà des failles dans le cibles visées par les bombardements de l’armée de l’air israélienne, y compris sur des cibles obsolètes, pour remplir des quotas.

      Si ces données sont imprécises, périmées ou erronées, les suggestions logicielles n’auront aucune valeur stratégique. Or, si d’après un militaire interrogé par Bloomberg, une partie du choix des IA est transmise aux militaires décisionnaires, ces derniers ignorent le détail des milliers d’arbitrages invisibles réalisés par l’IA, et ne peuvent pas interroger leur fiabilité ou leur pertinence. De façon plus générale, l’utilisation de ces algorithmes rend plus difficile, pour les militaires, de comprendre ou de justifier leurs décisions.

      https://www.liberation.fr/checknews/comment-larmee-israelienne-utilise-lintelligence-artificielle-pour-bombar

    • Gaza: una “fabbrica di omicidi di massa” grazie all’intelligenza artificiale

      Israele ha impiegato un sistema di intelligenza artificiale per generare obiettivi di morte che ha trasformato Gaza in una “fabbrica di omicidi di massa”, secondo un nuovo rapporto investigativo, di forte impatto, pubblicato dall’organo israeliano di informazione +972 Magazine. Il sistema differisce in modo significativo dalle precedenti operazioni militari, provocando uccisioni indiscriminate e un numero estremamente elevato di vittime civili durante l’attuale offensiva di Israele a Gaza.

      L’esercito israeliano dispone di dossier che riguardano la stragrande maggioranza dei potenziali obiettivi a Gaza – comprese le case – e che stabiliscono il numero di civili che probabilmente saranno uccisi in caso di attacco, hanno dichiarato le fonti a +972. Questo numero è calcolato e conosciuto in anticipo, e le unità di intelligence dell’esercito sanno anche, poco prima di effettuare un attacco, quanti civili saranno sicuramente uccisi.

      Mettendo in evidenza lo scioccante disprezzo per la vita dei civili, il rapporto ha rilevato che il comando militare israeliano ha consapevolmente approvato l’uccisione di centinaia di civili palestinesi nel tentativo di assassinare un singolo comandante militare di spicco di Hamas. “I numeri sono aumentati da decine di morti civili [permessi] come danni collaterali nell’ambito di un attacco a un alto funzionario nelle operazioni precedenti, a centinaia di morti civili come danni collaterali”, ha dichiarato una fonte a +972.

      I protocolli sviluppati per la selezione degli obiettivi utilizzati da Israele hanno visto l’esercito aumentare significativamente i bombardamenti di infrastrutture che non sono di natura prettamente militare. Queste includono residenze private, edifici pubblici, infrastrutture e grattacieli che, secondo le fonti, l’esercito definisce “obiettivi di potere”.

      “Nulla accade per caso”, ha riferito un’altra fonte.

      “Quando una bambina di 3 anni viene uccisa in una casa a Gaza, è perché qualcuno nell’esercito ha deciso che non costituiva un grosso problema il fatto di ucciderla, che era un prezzo da pagare per colpire [un altro] obiettivo”.

      “Noi non siamo Hamas. Questi non sono razzi casuali. Tutto è intenzionale. Sappiamo esattamente quanti danni collaterali ci sono in ogni casa”.

      Gli ingenti danni alla vita dei civili a Gaza sono dovuti all’uso diffuso di un sistema di intelligenza artificiale chiamato Habsora (Il Vangelo). A quanto pare, il sistema raccomanda potenziali obiettivi di Gaza con un ritmo automatizzato senza precedenti. Citando ex ufficiali, l’indagine sostiene che questa tecnologia consente una “fabbrica di omicidi di massa” che privilegia la quantità rispetto all’accuratezza, permettendo danni collaterali più elevati. L’obiettivo è stato esplicitamente menzionato dal portavoce dell’esercito israeliano Daniel Hagari che, all’inizio dell’operazione militare israeliana di ottobre, ha dichiarato: “L’enfasi è sul danno e non sulla precisione”.

      Sebbene non sia mai accaduto che l’esercito israeliano abbia attaccato oltre 1.000 obiettivi energetici in cinque giorni, secondo il rapporto, l’idea di provocare devastazioni di massa nelle aree civili per scopi strategici è stata formulata anche in precedenti operazioni militari a Gaza, affinate dai tempi della cosiddetta “Dottrina Dahiya” applicata durante la Seconda Guerra del Libano del 2006.

      Secondo la dottrina – sviluppata dall’ex capo di Stato Maggiore dell’IDF Gadi Eizenkot, che ora è membro della Knesset e fa parte dell’attuale gabinetto di guerra – in una guerra contro gruppi di guerriglieri come Hamas o Hezbollah, Israele deve usare una forza sproporzionata e schiacciante, colpendo le infrastrutture civili e governative, al fine di stabilire una deterrenza e costringere la popolazione civile a fare pressione sui gruppi per porre fine ai loro attacchi. Si ritiene che il concetto di “obiettivi di potere” sia nato da questa stessa logica.

      Finora sono stati uccisi oltre 15.000 palestinesi, tra cui un numero sproporzionatamente alto di donne, bambini e anziani che non erano militanti. L’uccisione indiscriminata da parte di Israele è stata descritta come un “caso da manuale di genocidio” dai maggiori esperti nel campo degli studi sui genocidi.

      Il bilancio delle vittime civili e delle distruzioni a Gaza ha spinto i gruppi per i diritti umani e alcuni studi legali a chiedere indagini indipendenti per far emergere le responsabilità di quello che, secondo molti, è un genocidio.

      https://www.osservatoriorepressione.info/gaza-fabbrica-omicidi-massa-grazie-allintelligenza-artific

  • L’#errance des habitants de #Gaza dans leur ville transformée en champ de #ruines

    Près de la moitié des bâtiments de la métropole, qui comptait plus d’un million d’habitants avant la guerre, a été détruite ou endommagée par les #bombardements israéliens lancés en #représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre.

    Gaza est une ville brisée. Un géant aveugle semble avoir piétiné des pans entiers de cette métropole de 1,2 million d’habitants. Depuis les massacres commis par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, les bombardements indiscriminés de l’armée israélienne l’ont ruinée pour une bonne part. L’armée cherche un ennemi qui se cache au beau milieu des civils, mais elle punit aussi une cité entière, jugée, dès les premiers jours, coupable des crimes du Hamas par les autorités israéliennes.

    Des lointaines banlieues nord de la #ville de Gaza, il ne reste que des carcasses calcinées, arasées par les frappes qui ont préparé l’invasion terrestre du 28 octobre. En trois semaines, les blindés et l’infanterie se sont rendus maîtres de la moitié ouest de la principale cité de l’enclave, progressant lentement sous un appui aérien serré, qui a percé de nombreux cratères le long des boulevards de Rimal et aux alentours des hôpitaux. Des combats ont encore eu lieu, dimanche 19 novembre, dans le centre-ville de Gaza. L’armée israélienne a affirmé, lundi, continuer « à étendre ses opérations dans de nouveaux quartiers » , notamment à Jabaliya.

    Depuis vendredi 17 novembre, l’#infanterie avance vers les ruelles étroites de la #vieille_ville, le centre et la moitié orientale de Gaza. Qu’en restera-t-il dans quelques semaines, lorsque Israël proclamera que le Hamas en a été chassé ? Dimanche, 25 % des zones habitées de la ville et de sa région nord avaient déjà été détruites, estime le ministère des travaux publics de l’Autorité palestinienne.

    Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires avance qu’au moins 58 % des habitations de l’ensemble de l’enclave sont détruites ou endommagées. L’étude de photographies satellitaires, à l’aide d’un logiciel développé par le site Bellingcat, permet d’estimer, avec prudence, que de 40 % à 50 % du bâti de la ville de Gaza avaient été détruits ou endommagés au 16 novembre – et jusqu’à 70 % du camp de réfugiés d’Al-Chati, sur le front de mer.

    Errance aux quatre coins de la ville

    Les autorités de Ramallah dressent des listes sans fin : elles dénombrent 280 institutions d’éducation et plus de 200 lieux de culte endommagés. Tous les hôpitaux de Gaza sont à l’arrêt, sauf un. Les réseaux de distribution d’eau et d’électricité sont inutilisables. Un quart des routes de l’enclave ont subi des dommages.

    « Gaza est d’ores et déjà détruite. Ce n’est plus qu’une ville fantôme, peuplée de quelques centaines de milliers de déplacés [800 000, selon l’Autorité palestinienne] . Les Israéliens ont voulu punir l’une des plus anciennes cités du monde, en frappant ses universités, ses librairies, ses grands hôtels, son parlement et ses ministères, déplore Ehab Bsaiso, ancien ministre de la culture de l’Autorité palestinienne . Le 13 novembre, une immense professeure de musique, Elham Farah, a été blessée en pleine rue par un éclat de shrapnel. Elle s’est vidée de son sang sur le trottoir, et elle est morte. C’est toute une mosaïque sociale, une culture qu’ils effacent, et bientôt les chars vont avancer vers le Musée archéologique et la vieille église orthodoxe Saint-Porphyre, dont une annexe a été bombardée dès le 19 octobre. » Issu d’une vieille famille gazaouie, ce haut fonctionnaire suit par téléphone, de Bethléem, dans la Cisjordanie occupée, l’errance de ses proches aux quatre coins de leur ville natale et de l’enclave sous blocus, le cœur serré.

    Depuis vendredi, l’armée bombarde puissamment le quartier de Zeitoun, dans le centre-ville. Oum Hassan y est morte ce jour-là. Les trois étages de sa maison se sont écroulés sur ses onze enfants, sur ses petits-enfants et sur des membres des familles de son frère et de son mari. Ils avaient trouvé refuge chez cette parente de 68 ans, après avoir fui des zones pilonnées plus tôt. « Ils sont tous morts. Ma sœur, son mari, leurs enfants, leurs petits-enfants, en plus des voisins qui étaient réfugiés chez eux » , craignait, le 18 novembre, Khaled [un prénom d’emprunt], le frère cadet d’Oum Hassan, exilé en Europe et informé par des voisins qui fouillent les décombres. « On a réussi à extraire deux ou trois corps, des enfants. Les autres sont encore sous les gravats. Il y avait environ 80 personnes dans la maison. Il y a un enfant survivant, peut-être deux. »

    Israël interdit aux journalistes d’entrer dans Gaza pour constater par eux-mêmes ces destructions. Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé jusqu’au début de la guerre par le Hamas, n’a pas encore publié lui-même un bilan de cette frappe : les réseaux téléphoniques se rétablissent lentement depuis vendredi, après une énième coupure complète. Depuis le 7 octobre, il estime qu’au moins 13 000 personnes ont péri sous les bombardements.

    « On marche sur nos voisins, sous les décombres »

    Depuis le début de cette guerre, le 7 octobre, Khaled maintient par téléphone un lien ténu entre ses six frères et sœurs encore en vie, éparpillés dans l’archipel de Gaza. Il demande que leurs noms soient modifiés, et que leurs abris ne soient pas identifiables. « Ils m’interrogent : “C’est quoi, les nouvelles ? Tu entends quoi ?” Parfois, je ne sais plus quoi leur dire et j’invente. Je prétends qu’on parle d’un cessez-le-feu imminent, mais je fais attention de ne pas leur donner trop d’espoir. »

    Le centre du monde, pour cette fratrie, c’est la maison de leur défunte mère, dans le quartier de Chajaya. Le fils aîné, Sufyan, vit encore dans un bâtiment mitoyen. A 70 ans, il est incapable de le quitter. Il a subi plusieurs opérations cardiaques : « Son cœur marche sur batterie. Il mourra s’il a une nouvelle crise », craint son cadet, Khaled. Trois de ses enfants ont choisi de demeurer à ses côtés, plutôt que de fuir vers le sud de l’enclave, où les chars israéliens ne sont pas encore déployés.

    D’autres parents les ont rejoints dans ce quartier qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Dès les premiers jours, l’armée israélienne a bombardé cette immense banlieue agricole, qui s’étend à l’est de Gaza, jusqu’à la frontière israélienne. Les représentants de ses vieilles familles, les clans Faraj, Jandiya ou Bsaiso, menés par le mokhtar(juge de paix) Hosni Al-Moghani, ont exhorté leurs voisins à évacuer, par textos et en passant de porte en porte.

    Ils craignaient de revivre la précédente invasion terrestre israélienne, en 2014, durant laquelle l’armée avait rasé Chajaya. Au-delà du mur israélien, tout près, s’étendent les kibboutz de Nahal Oz et de Kfar Aza, où le Hamas a semé la mort le 7 octobre. Ces communautés, longtemps agricoles, exploitaient les terres dont les grandes familles de Chajaya ont été expropriées en 1948, à la naissance de l’Etat d’Israël.

    Derrière la maison natale de Khaled, un pâté de maisons a été aplati par les bombes israéliennes, fin octobre. « Le feu et la fumée sont entrés jusque chez nous, la maison a vibré comme dans un tremblement de terre. Les portes et les fenêtres ont été arrachées » , lui a raconté l’une de ses nièces. Les enfants épuisés ne se sont endormis qu’à l’aube. Le lendemain, Sufyan, le patriarche, pleurait : « On marche sur nos voisins, sous les décombres. »Ce vieil homme se désespère de voir ces rues s’évanouir sous ses yeux. Il ressasse ses souvenirs. L’antique mosquée voisine, celle de son enfance, a été endommagée en octobre par une autre frappe, et le vieux pharmacien des environs a plié bagage, après que son échoppe a été détruite.

    Morne succession de blocs d’immeubles

    Dans les années 1970, du temps de l’occupation israélienne, le chemin de fer qui reliait Gaza à l’Egypte courait encore près de ces ruines. « Enfants, on montait sur le toit de la maison quand on entendait arriver les trains israéliens, et on comptait les blindés camouflés qu’ils transportaient vers le Sinaï » , se souvient Khaled. Aujourd’hui, ses petits-neveux regardent passer à pied les cohortes de Gazaouis qui quittent leur ville par milliers. Sur la route Salah Al-Din, chaque jour entre 9 heures et 16 heures depuis le 9 octobre, ils agitent des drapeaux blancs devant les blindés que l’armée israélienne a enterrés dans des trous de sable, dans une vaste zone arasée au sud.

    Début novembre, un second frère, Bassem, a rejoint la maison maternelle, après des semaines d’errance. Cet ancien promoteur immobilier, âgé de 68 ans, vivait à Tel Al-Hawa, une morne succession de blocs d’immeubles aux façades uniformes et poussiéreuses, qui borde la mer à l’extrémité sud-ouest de la ville de Gaza. Dès les premiers jours de bombardements, une frappe a tué son voisin, un avocat. Bassem a quitté immédiatement les lieux, avec sa trentaine d’enfants et de petits-enfants. Ils l’ignoraient alors, mais l’armée préparait son opération terrestre : les blindés qui ont pénétré l’enclave le 28 octobre ont rasé un vaste espace au sud de Tel Al-Hawa, pour en faire leur base arrière.

    Bassem souffre d’un cancer du côlon. Il transporte son « estomac »(un tube de plastique greffé) dans un sac. Marcher lui est difficile. Epaulé par ses enfants, il s’est établi chez des proches, plus près du centre, aux environs du cinéma Nasser, fermé au début des années 1980. A deux rues de son abri, il a retrouvé l’un des plus vieux parcs de Gaza, une merveille fermée le plus clair de l’année, dont seuls de vieux initiés gardent le souvenir. Puis l’armée a progressé jusqu’à la place Al-Saraya, un complexe administratif, une ancienne prison de l’occupant israélien. Bassem et les siens ont quitté les lieux.

    Communauté de pêcheurs

    Le propriétaire d’une vieille camionnette Volkswagen a bien voulu l’embarquer vers la maison de sa mère à Chajaya, avec sa nièce, une jeune photographe qui aurait dû se rendre en Europe, le 10 octobre, invitée pour une résidence d’artiste. Les autres se sont séparés. Plusieurs enfants de Bassem ont gagné le sud de l’enclave. D’autres ont rejoint leur tante, Oum Hassan, dans sa maison de Zeitoun, où ils ont été bombardés le 17 novembre.

    S’il est un lieu aujourd’hui méconnaissable de Gaza, c’est son front de mer. La nuit, les pêcheurs du camp de réfugiés d’Al-Chati ont tremblé sous le roulement des canons des bateaux de guerre israéliens, au large. Parmi eux, selon Musheir El-Farra, un activiste qui tournait un film sur cette communauté de pêcheurs avant la guerre, Madlen Baker fut l’une des premières à quitter ce labyrinthe de ruelles étroites, construit pour des réfugiés chassés de leurs terres en 1948, à la naissance d’Israël, dont les descendants forment 70 % de la population de Gaza.

    Enceinte de sa troisième fille, Madlen a fui la rue Baker, où la famille de son mari, Khaled, installait, avant la guerre, de longues tables mixtes, pour déguster des ragoûts épicés de crevettes aux tomates, les jours de fête. Elle a renoncé à se réfugier dans un village de tentes, dans les cours de l’hôpital Al-Shifa tout proche. Avec une quarantaine de voisins, tous parents, la jeune femme a rejoint Khan Younès, au sud. Elle y a accouché une semaine plus tard, et a juré que sa fillette aurait un sort meilleur que le sien.

    A 31 ans, Madlen est l’unique pêcheuse de la communauté d’Al-Chati, métier d’hommes et de misère. Pour nourrir sa famille, elle a pris charge, à 13 ans, de la barque de son père, gravement malade. Elle a navigué dans les 6 à 15 milles nautiques que la marine israélienne concède aux pêcheurs gazaouis, qui éblouissent et font fuir le poisson à force de serrer les uns contre les autres leurs bateaux et leurs lampes. Elle a craint les courants qui poussaient son embarcation au-delà de cette zone, l’exposant aux tirs de l’armée.

    « Le port a été effacé »

    Elle a envié les grands espaces des pêcheries de l’Atlantique, qu’elle observait sur les réseaux sociaux. « Je courais après les poissons et les Israéliens me couraient après », disait-elle avant la guerre, de sa voix profonde et mélodieuse, devant la caméra de Musheir El-Farra. Ce dernier l’a retrouvée à Khan Younès. Madlen ignore si sa maison est encore debout, mais elle sait que son bateau gît au fond de l’eau, dans les débris du port de Gaza.

    « Même si la guerre finissait, on n’aurait plus une barque pour pêcher. Le port a été effacé. Les bâtiments, le phare, les hangars où nous entreposions nos filets et nos casiers, tout a disparu », énumère son ami et l’un des meneurs de leur communauté, Zakaria Baker, joint par téléphone. Les grands hôtels et les immeubles qui donnent sur le port sont en partie éventrés. L’asphalte de l’interminable boulevard côtier a été arraché par les bulldozers israéliens, comme celui des rues aérées qui, avant la guerre, menaient les promeneurs vers la rive.

    Seule la mer demeure un repère stable pour Zakaria Baker : « Tous mes voisins ont été chassés par les bombardements, qui ont presque détruit Al-Chati, surtout la dernière semaine avant l’invasion du camp. » M. Baker s’est résolu à partir à la veille de l’entrée des chars dans Al-Chati, le 4 novembre. Il a mené un convoi de 250 voisins et parents vers le sud, jusqu’à Khan Younès. Ce fier-à-bras moustachu, plutôt bien en chair avant la guerre, est arrivé émacié, méconnaissable, dans le sud de l’enclave.

    De son refuge de fortune, il assure qu’il retournera à Al-Chati après la guerre. Mais nombre de ses concitoyens n’ont pas sa détermination. « Les gens ont perdu leurs maisons, leurs enfants. Gaza est une âme morte. Beaucoup d’habitants chercheront à émigrer à l’étranger après la guerre. Sauf si une force internationale vient protéger la ville, et prépare le terrain pour que l’Autorité palestinienne en prenne le contrôle. Mais il faudra encore au moins cinq ans et des milliards d’euros pour rendre Gaza de nouveau vivable » , estime l’analyste Reham Owda, consultante auprès des Nations unies.

    « Ce qui a été le plus détruit, ce sont les gens »

    A 43 ans, Mme Owda résidait, avant le conflit, du joli côté d’un boulevard qui sépare le pauvre camp d’Al-Chati du quartier bourgeois de Rimal. Son défunt père, médecin, a fondé le département de chirurgie plastique du grand hôpital voisin Al-Shifa. Il a aussi bâti la maison que Reham a fuie dès le 13 octobre avec sa mère, ses quatre frères et sœurs, et leurs enfants. Sa famille s’est établie durant une semaine à Khan Younès, parmi des milliers de réfugiés, dans les odeurs d’ordures et d’égouts. Manquant de nourriture, ils ont décidé de retourner à Gaza. « Chez nous, nous avions au moins des boîtes de conserve, du gaz et un puits dans le jardin de nos voisins pour l’eau de cuisson » , dit Reham.

    Ils y ont passé dix-sept jours, calfeutrés dans la maison, jusqu’à ce que les chars encerclent l’hôpital. Le 8 novembre, des balles ont ricoché sur leur balcon. « Une boule de feu » , dit-elle, s’est abattue non loin. Un mur d’enceinte s’est écroulé dans leur jardin. La famille a repris le chemin de l’exil, vers le sud. « C’était comme un film de zombies, d’horreur. Des gens erraient sur les boulevards sans savoir où aller. J’ai vu des morceaux de cadavres en décomposition, qui puaient. Mon frère poussait le fauteuil roulant de ma mère, tout en portant son fils et un sac. Quand j’ai voulu m’asseoir au milieu d’un boulevard, pour me reposer, un tir a retenti et je suis repartie. »

    Depuis lors, l’armée israélienne a pris le contrôle de l’hôpital Al-Shifa. Elle a affirmé, dimanche 19 novembre, y avoir découvert un tunnel du Hamas, menant à un centre de commandement. Pressant plusieurs centaines de malades d’évacuer les lieux, elle a aussi permis, dimanche, l’évacuation de 31 nouveau-nés, prématurés en danger de mort – quatre autres étaient décédés auparavant.

    Mme Owda craint d’être bientôt contrainte par l’armée de revenir une seconde fois dans sa ville natale, à Gaza. « Je crois que d’ici à la fin du mois, si Israël contrôle toute la cité, l’armée demandera aux habitants de revenir, puis elle pourra poursuivre son opération terrestre dans le Sud. » Samedi 18 novembre, le ministre de la défense, Yoav Gallant, a indiqué que les soldats s’y lanceraient bientôt à la poursuite des chefs du Hamas.

    « Ce qui a été le plus détruit à Gaza, ce sont les gens. Je ne les reconnais plus. Mon voisin est venu vérifier l’état de sa maison récemment. Il pesait 120 kilos avant la guerre, il en a perdu trente en six semaines » , s’épouvante le photographe Mohammed Al-Hajjar, joint par téléphone le 17 novembre. Ce barbu trentenaire, au rire rocailleux de fumeur, réside dans la rue Al-Jalaa, au nord de chez Owda, avec trente parents : ses frères et leurs familles. Le père de son épouse, Enas, a été tué dans un bombardement au début de la guerre.

    Les trésors du verger

    « Nous mangeons une fois par jour du riz, du pain ou une soupe. Nous, les adultes, nous pouvons survivre avec un biscuit par jour, mais pas nos enfants. Nous espérons que la guerre finisse et de ne pas être forcés de boire de l’eau polluée » , dit-il. Depuis le début de la guerre, Mohammed échange régulièrement sur WhatsApp avec deux amies, l’une à Jérusalem, l’autre, réfugiée dans le sud de Gaza. Mardi 14 novembre au matin, il leur écrivait que la pluie tombait sur Gaza depuis une heure : « Les rues sont pleines de boue, nos fenêtres brisées laissent entrer l’eau, mais je remercie Dieu pour cette pluie bienfaisante. » Il envoyait peu après une photographie de sa cuisine, où des grenades, des clémentines, des citrons et des oranges dégorgeaient de grandes bassines d’aluminium : des taches lumineuses dans l’air gris de Gaza.

    La veille, Mohammed avait tenu une promesse faite à son fils de 7 ans, Majed, et à sa cadette, Majdal, âgée de 2 ans. Il a parcouru la ville à ses risques et périls pour rejoindre un verger qui appartient à sa famille. Il en a rapporté ces fruits, véritables trésors, dans des sacs en plastique gonflés à ras bord. « Nos oliviers et nos goyaviers ont été ravagés par le bombardement d’une maison, en face du jardin. Il y a eu aussi des combats au sol, pas loin. Nos canards et nos moutons en ont profité pour s’échapper » , écrivait-il alors, par texto, à ses deux amies .Mohammed l’a regretté : sa famille aurait eu bien besoin de cette viande.

    Plusieurs fois par semaine, lorsque son téléphone est près de s’éteindre, Mohammed dit un dernier « adieu » à ses amies. Puis il trouve le moyen de le recharger, sur une batterie de voiture à laquelle des voisins branchent une douzaine de mobiles. Il rentre alors embrasser son épouse, dans le salon neuf du rez-de-chaussée, où elle lui interdisait de traîner avant la guerre, de peur qu’il le salisse. Il monte quatre à quatre les escaliers jusqu’au sixième étage, où le réseau téléphonique est meilleur. Là-haut, le jeune homme filme les éclats des bombardements, la nuit, dans une ville sans électricité que seuls les incendies éclairent, et où les blindés israéliens circulent tous feux éteints, lâchant parfois une fusée éclairante.

    Au matin, Mohammed raconte ses rêves à ses amies sur WhatsApp, et leur demande des nouvelles de la progression de l’armée. C’est lui qui leur avait annoncé, les 7 et 8 octobre, la destruction par les bombes israéliennes des grands immeubles du centre-ville, les tours Palestine, Watane, Al-Aklout et Alimane ; celle du plus moderne centre commercial de la ville, Le Capital, et les frappes méthodiques sur les demeures des responsables politiques du Hamas. Mais il sort de moins en moins. Le photographe rassemblait encore son courage afin de photographier, pour le site britannique Middle East Eye, l’hôpital Al-Shifa, avant son invasion par l’armée. Aujourd’hui, il a faim : il envoie des images des épiceries détruites de la rue Al-Jalaa, et d’une longue rangée de réfrigérateurs vides dans un supermarché voisin.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/20/l-errance-des-habitants-de-gaza-dans-leur-ville-transformee-en-champ-de-ruin

    #guerre #IDPs #déplacés_internes #réfugiés #destruction #7_octobre_2023 #armée_israélienne #cartographie #visualisation

  • #Taux_de_change : retour sur la politique israélienne des #otages

    Eyal Weizman, fondateur du collectif Forensic Architecture, revient sur la manière dont les #civils installés autour de #Gaza ont servi de « #mur_vivant » lors des massacres du 7 octobre perpétrés par le #Hamas, et retrace l’évolution de la politique israélienne à l’égard des otages.

    Au printemps 1956, huit ans après la Nakba (un terme arabe qui désigne « la catastrophe » ou « le désastre » que fut pour les Palestiniens la création d’Israël), un groupe de fedayins palestiniens franchit le fossé qui sépare Gaza de l’État d’Israël. D’un côté se trouvent 300 000 Palestiniens, dont 200 000 réfugiés expulsés de la région ; de l’autre, une poignée de nouvelles installations israéliennes. Les combattants palestiniens tentent de pénétrer dans le kibboutz de Nahal Oz, tuent Roi Rotberg, un agent de sécurité, et emportent son corps à Gaza, mais le rendent après l’intervention des Nations unies.

    #Moshe_Dayan, alors chef de l’état-major général d’Israël, se trouvait par hasard sur place pour un mariage et a demandé à prononcer, le soir suivant, l’éloge funèbre de Rotber. Parlant des hommes qui ont tué #Rotberg, il a demandé : « Pourquoi devrions-nous nous plaindre de la #haine qu’ils nous portent ? Pendant huit ans, ils se sont assis dans les camps de réfugiés de Gaza et ont vu de leurs yeux comment nous avons transformé les terres et les villages où eux et leurs ancêtres vivaient autrefois. » Cette reconnaissance de ce que les Palestiniens avaient perdu, les hommes politiques israéliens d’aujourd’hui ne peuvent plus se permettre de l’exprimer. Mais Dayan ne défendait pas le #droit_au_retour : il a terminé son discours en affirmant que les Israéliens devaient se préparer à une #guerre_permanente et amère, dans laquelle ce qu’Israël appelait les « #installations_frontalières » joueraient un rôle majeur.

    Au fil des ans, le #fossé s’est transformé en un système complexe de #fortifications - une #zone_tampon de 300 mètres, où plus de deux cents manifestants palestiniens ont été tués par balle en 2018 et 2019 et des milliers d’autres blessés, plusieurs couches de #clôtures en barbelés, des #murs en béton s’étendant sous terre, des mitrailleuses télécommandées - et des équipements de #surveillance, dont des tours de guet, des caméras de vidéosurveillance, des capteurs radar et des ballons espions. À cela s’ajoute une série de #bases_militaires, dont certaines situées à proximité ou à l’intérieur des installations civiles qui forment ce que l’on appelle l’#enveloppe_de_Gaza.

    Empêcher le retour des réfugiés

    Le #7_octobre_2023, lors d’une attaque coordonnée, le Hamas a frappé tous les éléments de ce système interconnecté. #Nahal_Oz, l’installation la plus proche de la clôture, a été l’un des points névralgiques de l’attaque. Le terme « #Nahal » fait référence à l’unité militaire qui a créé les installations frontalières. Les installations du Nahal ont débuté comme des avant-postes militaires et sont devenues des villages civils, principalement de type #kibboutz. Mais la transformation n’est jamais achevée et certains résidents sont censés se comporter en défenseurs quand la communauté est attaquée.

    La « #terre_des_absents » a été la #tabula_rasa sur laquelle les planificateurs israéliens ont dessiné le projet des colons sionistes après les expulsions de 1948. Son architecte en chef était #Arieh_Sharon, diplômé du Bauhaus, qui a étudié avec Walter Gropius et Hannes Meyer avant de s’installer en Palestine en 1931, où il a construit des lotissements, des coopératives de travailleurs, des hôpitaux et des cinémas. Lors de la création de l’État d’Israël, David Ben Gourion l’a nommé à la tête du département de planification du gouvernement. Dans The Object of Zionism (2018), l’historien de l’architecture Zvi Efrat explique que, bien que le plan directeur de Sharon soit fondé sur les principes les plus récents du design moderniste, il avait plusieurs autres objectifs : fournir des logements aux vagues d’immigrants arrivés après la Seconde Guerre mondiale, déplacer les populations juives du centre vers la périphérie, sécuriser la frontière et occuper le territoire afin de rendre plus difficile le retour des réfugiés.

    Dans les années 1950 et 1960, le #plan_directeur de Sharon et de ses successeurs a conduit à la construction, dans les « #zones_frontalières », définies à l’époque comme représentant environ 40 % du pays, de centres régionaux ou « #villes_de_développement » qui desservaient une constellation d’#implantations_agraires. Ces villes de développement devaient accueillir les immigrants juifs d’Afrique du Nord – les Juifs arabes – qui allaient être prolétarisés et devenir des ouvriers d’usine. Les implantations agraires de type kibboutz et #moshav étaient destinées aux pionniers du #mouvement_ouvrier, principalement d’Europe de l’Est. Les #terres appartenant aux villages palestiniens de #Dayr_Sunayd, #Simsim, #Najd, #Huj, #Al_Huhrraqa, #Al_Zurai’y, #Abu_Sitta, #Wuhaidat, ainsi qu’aux tribus bédouines #Tarabin et #Hanajre, sont occupées par les villes de développement #Sderot et #Ofakim et les kibboutzim de #Re’im, #Mefalsim, #Kissufim et #Erez. Toutes ces installations ont été visées le 7 octobre.

    La première #clôture

    À la suite de l’#occupation_israélienne de 1967, le gouvernement a établi des installations entre les principaux centres de population palestinienne à Gaza même, dont la plus grande était #Gush_Katif, près de Rafah, à la frontière égyptienne ; au total, les #colonies israéliennes couvraient 20 % du territoire de Gaza. Au début des années 1980, la région de Gaza et ses environs a également accueilli de nombreux Israéliens évacués du Sinaï après l’accord de paix avec l’Égypte.

    La première clôture autour du territoire a été construite entre 1994 et 1996, période considérée comme l’apogée du « #processus_de_paix ». Gaza était désormais isolée du reste du monde. Lorsque, en réponse à la résistance palestinienne, les colonies israéliennes de Gaza ont été démantelées en 2005, certaines des personnes évacuées ont choisi de s’installer près des frontières de Gaza. Un deuxième système de clôture, plus évolué, a été achevé peu après. En 2007, un an après la prise de pouvoir du Hamas à Gaza, Israël a entamé un #siège à grande échelle, contrôlant et limitant les flux entrants de produits vitaux - #nourriture, #médicaments, #électricité et #essence.

    L’#armée_israélienne a fixé les privations à un niveau tel que la vie à Gaza s’en trouve presque complètement paralysée. Associé à une série de campagnes de #bombardements qui, selon les Nations unies, ont causé la mort de 3 500 Palestiniens entre 2008 et septembre 2023, le siège a provoqué une #catastrophe_humanitaire d’une ampleur sans précédent : les institutions civiles, les hôpitaux, les systèmes d’approvisionnement en eau et d’hygiène sont à peine capables de fonctionner et l’électricité n’est disponible que pendant la moitié de la journée environ. Près de la moitié de la population de Gaza est au #chômage et plus de 80 % dépend de l’#aide pour satisfaire ses besoins essentiels.

    L’enveloppe de Gaza

    Le gouvernement israélien offre de généreux #avantages_fiscaux (une réduction de 20 % de l’impôt sur le revenu par exemple) aux habitants des installations autour de Gaza, dont beaucoup longent une route parallèle à la ligne de démarcation, à quelques kilomètres de celle-ci. L’enveloppe de Gaza comprend 58 installations situées à moins de 10 km de la frontière et comptant 70 000 habitants. Au cours des dix-sept années depuis la prise de pouvoir par le Hamas, malgré les tirs sporadiques de roquettes et de mortiers palestiniens et les bombardements israéliens sur le territoire situé à quelques kilomètres de là, les installations n’ont cessé d’augmenter. La hausse des prix de l’immobilier dans la région de Tel-Aviv et les collines ouvertes de la région (que les agents immobiliers appellent la « Toscane du nord du Néguev ») a entraîné un afflux de la classe moyenne.

    De l’autre côté de la barrière, les conditions se sont détériorées de manière inversement proportionnelle à la prospérité croissante de la région. Les installations sont un élément central du système d’#enfermement imposé à Gaza, mais leurs habitants tendent à différer des colons religieux de Cisjordanie. Démontrant l’aveuglement partiel de la gauche israélienne, certaines personnes installées dans le Néguev sont impliquées dans le #mouvement_pacifiste.

    Le 7 octobre, les combattants du Hamas ont forcé les éléments interconnectés du réseau de siège. Des tireurs d’élite ont tiré sur les caméras qui surplombent la zone interdite et ont lancé des grenades sur les #tours_de_communication. Des barrages de roquettes ont saturé l’#espace_radar. Plutôt que de creuser des tunnels sous les clôtures, les combattants sont venus par le sol. Les observateurs israéliens ne les ont pas vus ou n’ont pas pu communiquer assez rapidement ce qu’ils ont vu.

    Les combattants ont fait sauter ou ouvert quelques douzaines de brèches dans la clôture, élargies par les bulldozers palestiniens. Certains combattants du Hamas ont utilisé des parapentes pour franchir la frontière. Plus d’un millier d’entre eux ont pris d’assaut les bases militaires. L’armée israélienne, aveuglée et muette, n’a pas de vision claire du champ de bataille et les détachements mettent des heures à arriver. Des images incroyables sont apparues sur Internet : des adolescents palestiniens ont suivi les combattants à vélo ou à cheval, sur une terre dont ils avaient peut-être entendu parler par leurs grands-parents, maintenant transformée au point d’en être méconnaissable.

    Les #massacres du 7 octobre

    Les événements auraient pu s’arrêter là, mais ce ne fut pas le cas. Après les bases, ce furent les installations, les horribles massacres maison par maison, et le meurtre d’adolescents lors d’une fête. Des familles ont été brûlées ou abattues dans leurs maisons, des civils incluant des enfants et des personnes âgées ont été prises en otage. Au total, les combattants ont tué environ 1 300 civils et soldats. Plus de 200 personnes ont été capturées et emmenées à Gaza. Jusqu’alors, rien, dans la #violence ni la #répression, n’avait rendu de tels actes inévitables ou justifiés.

    Israël a mis des décennies à brouiller la ligne de démarcation entre les fonctions civiles et militaires des installations, mais cette ligne a aujourd’hui été brouillée d’une manière jamais envisagée par le gouvernement israélien. Les habitants civils cooptés pour faire partie du mur vivant de l’enveloppe de Gaza ont subi le pire des deux mondes. Ils ne pouvaient pas se défendre comme des soldats et n’étaient pas protégés comme des civils.

    Les images des installations dévastées ont permis à l’armée israélienne d’obtenir carte blanche de la part de la communauté internationale et de lever les restrictions qui avaient pu être imposées précédemment. Les hommes politiques israéliens ont appelé à la #vengeance, avec un langage explicite et annihilationiste. Les commentateurs ont déclaré que Gaza devrait être « rayée de la surface de la Terre » et que « l’heure de la Nakba 2 a sonné ». #Revital_Gottlieb, membre du Likoud à la Knesset, a tweeté : « Abattez les bâtiments ! Bombardez sans distinction ! Assez de cette impuissance. Vous le pouvez. Il y a une légitimité mondiale ! Détruisez Gaza. Sans pitié ! »

    L’échange de prisonniers

    Les otages civils des installations dont Israël a fait un « mur vivant » sont devenus pour le Hamas un #bouclier_humain et des atouts pour la #négociation. Quelle que soit la façon dont le #conflit se termine, que le Hamas soit ou non au pouvoir (et je parie sur la première solution), Israël ne pourra pas éviter de négocier l’#échange_de_prisonniers. Pour le Hamas, il s’agit des 6 000 Palestiniens actuellement dans les prisons israéliennes, dont beaucoup sont en #détention_administrative sans procès. La prise en otages d’Israéliens a occupé une place centrale dans la #lutte_armée palestinienne tout au long des 75 années de conflit. Avec des otages, l’#OLP et d’autres groupes cherchaient à contraindre Israël à reconnaître implicitement l’existence d’une nation palestinienne.

    Dans les années 1960, la position israélienne consistait à nier l’existence d’un peuple palestinien, et donc qu’il était logiquement impossible de reconnaître l’OLP comme son représentant légitime. Ce déni signifiait également qu’il n’y avait pas à reconnaître les combattants palestiniens comme des combattants légitimes au regard du droit international, et donc leur accorder le statut de #prisonniers_de_guerre conformément aux conventions de Genève. Les Palestiniens capturés étaient maintenus dans un #vide_juridique, un peu comme les « combattants illégaux » de l’après 11-septembre.

    En juillet 1968, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a détourné un vol d’El-Al et l’a fait atterrir en Algérie, inaugurant une série de détournements, dont l’objectif explicite était la libération de prisonniers palestiniens. L’incident d’Algérie a conduit à l’échange de 22 otages israéliens contre 16 prisonniers palestiniens, bien que le gouvernement israélien ait nié un tel accord. Seize contre 22 : ce taux d’échange n’allait pas durer longtemps. En septembre 1982, après l’invasion du Liban par Israël, le Commandement général du FPLP d’Ahmed Jibril a capturé trois soldats de l’armée israélienne ; trois ans plus tard, dans le cadre de ce qui a été appelé l’accord Jibril, Israël et le FPLP-CG sont finalement parvenus à un accord d’échange de prisonniers : trois soldats contre 1 150 prisonniers palestiniens. Dans l’accord de 2011 pour la libération de Gilad Shalit, capturé par le Hamas en 2006, le taux d’échange était encore plus favorable aux Palestiniens : 1 027 prisonniers pour un seul soldat israélien.
    Directive Hannibal

    Anticipant de devoir conclure de nombreux accords de ce type, Israël s’est mis à arrêter arbitrairement davantage de Palestiniens, y compris des mineurs, afin d’augmenter ses atouts en vue d’un échange futur. Il a également conservé les corps de combattants palestiniens, qui devaient être restitués dans le cadre d’un éventuel échange. Tout cela renforce l’idée que la vie d’un colonisateur vaut mille fois plus que la vie d’un colonisé, calcul qui évoque inévitablement l’histoire du #colonialisme et du commerce d’êtres humains. Mais ici, le taux de change est mobilisé par les Palestiniens pour inverser la profonde asymétrie coloniale structurelle.

    Tous les États ne traitent pas de la même manière la capture de leurs soldats et de leurs citoyens. Les Européens et les Japonais procèdent généralement à des échanges secrets de prisonniers ou négocient des rançons. Les États-Unis et le Royaume-Uni affirment publiquement qu’ils ne négocient pas et n’accèdent pas aux demandes des ravisseurs et, bien qu’ils n’aient pas toujours respecté cette règle à la lettre, ils ont privilégié l’abstention et le silence lorsqu’une opération de sauvetage semblait impossible.

    Cette attitude est considérée comme un « moindre mal » et fait partie de ce que les théoriciens des jeux militaires appellent le « jeu répété » : chaque action est évaluée en fonction de ses éventuelles conséquences à long terme, les avantages d’obtenir la libération d’un prisonnier étant mis en balance avec le risque que l’échange aboutisse à l’avenir à la capture d’autres soldats ou civils.

    Lorsqu’un Israélien est capturé, sa famille, ses amis et ses partisans descendent dans la rue pour faire campagne en faveur de sa libération. Le plus souvent, le gouvernement y consent et conclut un accord. L’armée israélienne déconseille généralement au gouvernement de conclure des accords d’échange, soulignant le risque pour la sécurité que représentent les captifs libérés, en particulier les commandants de haut rang, et la probabilité qu’ils encouragent les combattants palestiniens à prendre davantage d’otages. Yahya Sinwar, qui est aujourd’hui le chef du Hamas, a été libéré dans le cadre de l’#accord_Shalit. Une importante campagne civile contre ces échanges a été menée par le mouvement religieux de colons #Gush_Emunim, qui y voyait une manifestation de la fragilité de la société « laïque et libérale » d’Israël.

    En 1986, à la suite de l’#accord_Jibril, l’armée israélienne a publié la directive controversée Hannibal, un ordre opérationnel secret conçu pour être invoqué lors de la capture d’un soldat israélien par une force armée irrégulière. L’armée a nié cette interprétation, mais les soldats israéliens l’ont comprise comme une autorisation de tuer un camarade avant qu’il ne soit fait prisonnier. En 1999, #Shaul_Mofaz, alors chef de l’état-major général, a expliqué cette politique en ces termes : « Avec toute la douleur que cela implique, un soldat enlevé, contrairement à un soldat tué, est un problème national. »

    Bien que l’armée ait affirmé que le nom de la directive avait été choisi au hasard par un programme informatique, il est tout à fait approprié. Le général carthaginois Hannibal Barca s’est suicidé en 181 avant J.-C. pour ne pas tomber aux mains des Romains. Ceux-ci avaient fait preuve d’une détermination similaire trente ans plus tôt : lorsque Hannibal tenta d’obtenir une rançon pour les soldats qu’il avait capturés lors de sa victoire à Cannes, le Sénat, après un débat houleux, refusa et les prisonniers furent exécutés.

    Le 1er août 2014, lors de l’offensive sur Gaza connue sous le nom d’« #opération_Bordure_protectrice », des combattants palestiniens ont capturé un soldat de Tsahal près de Rafah, et la #directive_Hannibal est entrée en vigueur. L’armée de l’air a bombardé le système de tunnels où avait été emmené le soldat, tuant 135 civils palestiniens, dont des familles entières. L’armée a depuis annulé la directive. Toutefois, la plupart des bombardements actuels vise les #tunnels où se trouvent les postes de commandement du Hamas et les otages : le gouvernement semble ainsi, par ces bombardements aveugles, non seulement menacer les Gazaouis d’une #destruction sans précédent, mais aussi revenir au principe de préférer des captifs morts à un accord. #Bezalel_Smotrich, ministre israélien des finances, a appelé à frapper le Hamas « sans pitié, sans prendre sérieusement en considération la question des captifs ». #Gilad_Erdan, ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, a déclaré que les otages « ne nous empêcheraient pas de faire ce que nous devons faire ». Mais dans cette guerre, le sort des #civils de Gaza et des Israéliens capturés est étroitement lié, tout comme celui des deux peuples.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/041123/taux-de-change-retour-sur-la-politique-israelienne-des-otages
    #Israël #Palestine #Eyal_Weizman #à_lire

  • Confirming a Strike on #Jabalia Refugee Camp as Israeli Forces Approach Gaza City

    A strike on Jabalia Refugee Camp north of #Gaza_City killed dozens on Tuesday, as the #Israel_Defense_Forces (#IDF) continued advancing into the Gaza Strip. Video and satellite analysis by Bellingcat has confirmed a strike on the Jabalia Refugee Camp, and identified several points where IDF forces have gathered on the outskirts of Gaza’s largest city.
    Jabalia Strike Highlights Concerns of Civilian Harm

    Reports began to appear online about 2:30 pm local time that an airstrike had hit the Jabalia Refugee Camp in the northern Gaza Strip.

    Videos and images have also appeared in various Telegram channels showing widespread destruction as well as injured and dead civilians at a location that Bellingcat was able to geolocate to the following coordinates in Jabalia, here: 31.53271, 34.49815.

    Three distinct buildings in the background of a photograph taken by Palestinian photojournalist Anas al-Sharif match up with satellite imagery taken on October 30.

    A Reuters live stream filming towards Jabalia and Gaza City appears to have captured a large explosion at approximately 2:24pm local time, consistent with the earliest reports of the strike on Jabalia.

    By using a technique called intersection, where known points in a view are aligned, we can identify that this explosion matches exactly with the location of the impact at Jabalia.

    At least 40 people were reportedly killed in the strike.

    The IDF confirmed an airstrike was carried out on Jabalia, stating, “The strike damaged Hamas’s command and control in the area, as well as its ability to directly military activity against IDF soldiers operating throughout the Gaza Strip.”

    Asked about civilian casualties on CNN, International IDF spokesman Lt Col Richard Hecht reiterated calls for civilians to “move south” and said the IDF is “doing everything we can to minimise” civilian casualties.

    The UN has urged Israel to reconsider its evacuation order with both humanitarian and medical organisations working in Gaza outlining that it is not possible for all civilians in northern Gaza to evacuate south, as Israel has repeatedly ordered them to do.

    The Jabalia Refugee Camp has been hit by multiple airstrikes in the past month, resulting in scores of casualties. An October 9 airstrike killed 60, an October 19 airstrike killed 18, and an October 22 airstrike killed 30.

    ”More than two million people, with nowhere safe to go, are being denied the essentials for life — food, water, shelter and medical care — while being subjected to relentless bombardment,” said UN Secretary-General António Guterres on October 29, two days prior to the latest strike. “I urge all those with responsibility to step back from the brink.”

    In Gaza City, civilians have also been struggling to access food and basic necessities. A video posted on TikTok on Sunday, October 29 showed a long queue at a bakery in Gaza. Bellingcat confirmed the location of the bakery as the New Sharq Bakery in the Jabalia refugee camp (31.5356, 34.5038).
    Attack on a Vehicle on Salah al-Din Road

    Separately, a video posted Monday morning on Instagram by Youssef Al Saifi, a Palestinian journalist, appears to show an IDF tank firing at a station wagon on Salah al-Din road. Salah al-Din had previously been identified by the IDF as a safe evacuation route for civilians within Gaza City.

    The video was geolocated by Benjamin den Braber, a Senior Investigator at the Centre for Information Resilience, to these coordinates: (31.470545, 34.432676) and independently verified by Bellingcat. The vehicle is travelling north on Salah al-Din road before encountering an IDF tank and an IDF armoured bulldozer. As the vehicle attempts a three-point turn, the tank fires at it.

    The armoured bulldozer in the video appears to be building a roadblock across Salah al-Din road. Bellingcat contacted the IDF Press Office, but they did not respond to a request for comment prior to publication. An IDF spokesperson was previously asked specifically about the tanks at a briefing and declined to give more information.

    Satellite Imagery Reveals Beginnings of a Ground Invasion

    The vehicle attack and camp strike follow an increasing presence of IDF ground troops in the Gaza Strip, which first entered the territory on October 27, according to Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu. Since then, satellite imagery shows the IDF have entered from at least three places: two along the territory’s northern border, and one to the southeast of Gaza City.

    Satellite imagery taken on October 30 reveals more than 50 armoured military vehicles and extensive demolition in the Al-Karama area, located approximately three to five kilometres southwest of the Gaza border.

    Israel’s ground movements have come more slowly than expected. Military specialists told Reuters on Monday that the IDF is possibly proceeding this way to draw Hamas fighters out of tunnels and densely populated areas, while also allowing for more time to negotiate for the release of hostages taken by militants during the October 7 attacks. Other reports have noted some of Israel’s allies, including the US, have advised the country to delay a full invasion.
    Approaching Gaza from the North and South

    Starting on Sunday, October 29, images began to appear on social media showing IDF vehicles and troops in northern Gaza.

    A video showed IDF soldiers raising an Israeli flag over a building geolocated inside Gaza approximately three kilometres south of the border. The geolocation was shared on X by the Geoconfirmed account, and independently confirmed by Bellingcat.

    As Israeli soldiers and vehicles have entered Gaza, some of their activities are visible on satellite imagery.

    One neighbourhood that appears to have been heavily bombed, prior to the ground invasion, was full of IDF vehicles as of October 30.

    Low-resolution satellite imagery reveals at least three major entry points for Israeli ground troops: one along Gaza’s northern border near the Mediterranean Sea, one near the Erez border crossing north of Beit Hanoun, and one southeast of Gaza City.

    Along Gaza’s northern border, imagery from October 26 showed vehicle tracks approximately 1km from the Mediterranean Sea. These tracks were joined on October 28 by a second set of tracks, closer to the sea, stretching 3km south. Satellite imagery on October 30 showed a third set of tracks, 7km to the east near the Erez border crossing towards Beit Hanoun.

    Additional tracks can be seen south-southeast of Gaza City and north of Wadi Gaza in October 28 imagery.

    The latest footage and satellite imagery shows the situation in Gaza continues to deteriorate for civilians, particularly for those located in the northern part of the territory, which remains the focus of Israeli strikes and now the ground invasion.

    Bellingcat will continue to monitor the latest war in Israel-Palestine with the aim of documenting civilian harm.

    https://www.bellingcat.com/news/2023/10/31/confirming-a-strike-on-jabalia-refugee-camp-as-israeli-forces-approach-g
    #Gaza #camp_de_réfugiés #Palestine #Israël #images_satellites #images_satellitaires #destruction #architecture_forensique #armée_israélienne #bombardements #visualisation #cartographie #Al-Karama

    • En ce lundi, l’#armée_israélienne affirme avoir frappé, via les airs et au sol, plus de 600 cibles dans #Gaza ces vingt-quatre dernières heures. Dans le détail : « des dépôts d’armes, positions de lancement de missiles antichar, caches du #Hamas » et « des dizaines » de chefs du mouvement islamiste tués. Des chars israéliens sont postés à la lisière de #Gaza_City et le principal axe routier nord-sud est coupé. C’est vendredi en fin de journée que l’État hébreu a lancé son opération d’envergure, annoncée depuis près de deux semaines déjà. Mêlant #incursions_terrestres localisées – surtout dans le nord de l’enclave palestinienne – et #bombardements intensifiés. Samedi, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a prévenu : la #guerre sera « longue et difficile ».

      Vendredi, 17 h 30. La #bande_de_Gaza plonge dans le noir. Plus d’électricité, plus de réseau téléphonique, ni de connexion internet. Le #black-out total. Trente-six heures de cauchemar absolu débutent pour les Gazaouis. Coupés du monde, soumis au feu. L’armée israélienne pilonne le territoire : plus de 450 bombardements frappent, aveugles. La population meurt à huis clos, impuissante. Après avoir quitté Gaza City au début de la riposte israélienne (lire l’épisode 1, « D’Israël à Gaza, la mort aux trousses »), Abou Mounir vit désormais dans le centre de la bande de Gaza, avec ses six enfants. Ce vendredi, il est resté cloîtré chez lui. Lorsqu’il retrouve du réseau, le lendemain matin, il est horrifié par ce qu’il découvre. « Mon quartier a été visé par des tirs d’artillerie. L’école à côté de chez moi, où sont réfugiées des familles, a été touchée. Devant ma porte, j’ai vu tous ces blessés agonisants, sans que personne ne puisse les aider. C’est de la pure #folie. Ils nous assiègent et nous massacrent. Cette façon de faire la guerre… On se croirait au Moyen-Âge », souffle le père de famille, qui dénonce « une campagne de #vengeance_aveugle ». L’homme de 49 ans implore Israël et la communauté internationale d’agir urgemment. « La seule et unique solution possible pour nous tous, c’est la #solution_politique. On l’a répété un million de fois : seule une solution politique juste nous apportera la paix. »

      Toujours à Gaza City avec sa famille, la professeure de français Assya décrit ce jour et demi d’#angoisse : « On se répétait : “Mais que se passe-t-il, que va-t-il nous arriver ?” On entendait les bombardements, boum, boum, boum… Ça n’arrêtait pas ! Ma petite-fille de 1 an, la fille de mon fils, quand il y avait de grosses explosions, elle pleurait. Alors nous, on faisait les clowns pour lui faire croire que c’était pour rire. Et elle se calmait… Chaque matin, c’est un miracle qu’on soit encore là… » Chaque jour aussi, Assya demande si nous, journalistes, en savons plus sur un cessez-le-feu.

      Plus de 8 000 Gazaouis ont péri, mais leurs suppliques résonnent dans le vide jusqu’à présent. Elles sont pourtant de plus en plus pressantes, face à la #situation_humanitaire qui se dégrade dramatiquement. Ce samedi, des entrepôts des Nations unies ont été pillés. « C’est le signe inquiétant que l’ordre civil est en train de s’effondrer après trois semaines de guerre et de #siège de Gaza. Les gens sont effrayés, frustrés et désespérés », a averti Thomas White, directeur des opérations de l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. Assya confirme : l’un de ses cousins est revenu avec des sacs de sucre, de farine, des pois chiches et de l’huile. Quand elle lui a demandé d’où ça venait, il lui a raconté, le chaos à Deir Al-Balah, dans le sud de l’enclave. « Les gens ont cassé les portes des réserves de l’UNRWA, ils sont entrés et ont pris la farine pour se faire du pain eux-mêmes, car ils n’ont plus rien. La population est tellement en #colère qu’ils ont tout pris. » Depuis le 21 octobre, seuls 117 camions d’#aide_humanitaire (lire l’épisode 2, « “C’est pas la faim qui nous tuera mais un bombardement” ») ont pu entrer dans la bande de Gaza dont 33 ce dimanche), via le point de passage de Rafah au sud, à la frontière égyptienne. L’ONU en réclame 100 par jour, pour couvrir les besoins essentiels des Gazaouis. Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a averti : « Empêcher l’acheminement de l’aide peut constituer un #crime. […] Israël doit s’assurer sans délai que les #civils reçoivent de la #nourriture, des #médicaments. »

      Les corps des 1 400 victimes des attaques du 7 octobre sont dans une #morgue de fortune. Beaucoup ont subi des sévices, ont été brûlés. L’#horreur à l’état pur

      En écho à cette situation de plus en plus dramatique, Israël a intensifié sa guerre de la #communication. Pas question pour l’État hébreu de laisser le Hamas ni les Palestiniens gagner la bataille de l’émotion au sein des opinions. Depuis une dizaine de jours, les autorités israéliennes estiment que les médias internationaux ont le regard trop tourné vers les Gazaouis, et plus assez sur le drame du 7 octobre. Alors Israël fait ce qu’il maîtrise parfaitement : il remet en marche sa machine de la « #hasbara ». Littéralement en hébreu, « l’explication », euphémisme pour qualifier ce qui relève d’une véritable politique de #propagande. Mais cela n’a rien d’un gros mot pour les Israéliens, bien au contraire. Entre 1974 et 1975, il y a même eu un éphémère ministère de la Hasbara. Avant cela, et depuis, cette tâche de communication et de promotion autour des actions de l’État hébreu, est déléguée au ministère des Affaires étrangères et à l’armée.

      Un enjeu d’autant plus important face à cette guerre d’une ampleur inédite. C’est pourquoi, chaque jour de cette troisième semaine du conflit, l’armée israélienne a organisé des événements à destination de la #presse étrangère. Visites organisées des kibboutzim où les #massacres de civils ont été perpétrés : dimanche dans celui de Beeri, mercredi et vendredi à Kfar Aza, jeudi dans celui de Holit. Autre lieu ouvert pour les journalistes internationaux : la base de Shura, à Ramla, dans la banlieue de Tel Aviv. Elle a été transformée en morgue de fortune et accueille les 1 400 victimes des attaques du 7 octobre, afin de procéder aux identifications. Dans des tentes blanches, des dizaines de conteneurs. À l’intérieur, les corps. Beaucoup ont subi des sévices, ont été brûlés. L’horreur à l’état pur.

      Mais l’apogée de cette semaine de communication israélienne, c’est la convocation générale de la presse étrangère, lundi dernier, afin de visionner les images brutes des massacres. Quarante-trois minutes et quarante-quatre secondes d’une compilation d’images des GoPro embarquées des combattants du Hamas, des caméras de vidéosurveillance des kibboutzim, mais aussi des photos prises par les victimes avec leurs téléphones, ou par les secouristes. Le tout mis bout à bout, sans montage. Des images d’une violence inouïe. Une projection vidéo suivie d’une conférence de presse tenue par le porte-parole de l’armée israélienne, le général Daniel Hagari. Il le dit sans détour : l’objectif est de remettre en tête l’ignominie de ce qui s’est passé le 7 octobre dernier. Mais également de dire aux journalistes de mieux faire leur travail.

      Il les tance, vertement : « Vous ! Parfois, je prends trente minutes pour regarder les infos. Et j’ai été choqué de voir que certains médias essayent de COMPARER ce qu’Israël fait et ce que ces vils terroristes ont fait. Je ne peux pas comprendre qu’on essaye même de faire cette #comparaison, entre ce que nous venons de vous montrer et ce que l’armée fait. Et je veux dire à certains #médias qu’ils sont irresponsables ! C’est pour ça qu’on vous montre ces vidéos, pour qu’aucun d’entre vous ne puisse se dire que ce qu’ils font et ce que nous faisons est comparable. Vous voyez comment ils se sont comportés ! » Puis il enfonce le clou : « Nous, on combat surtout à Gaza, on bombarde, on demande aux civils d’évacuer… On ne cherche pas des enfants pour les tuer, ni des personnes âgées, des survivants de l’holocauste, pour les kidnapper, on ne cherche pas des familles pour demander à un enfant de toquer chez ses voisins pour les faire sortir et ensuite tuer sa famille et ses voisins devant lui. Ce n’est pas la même guerre, nous n’avons pas les mêmes objectifs. »

      Ce vendredi, pour finir de prouver le cynisme du Hamas, l’armée israélienne présente des « révélations » : le mouvement islamiste abriterait, selon elle, son QG sous l’hôpital Al-Shifa de Gaza City. À l’appui, une série de tweets montrant une vidéo de reconstitution en 3D des dédales et bureaux qui seraient sous l’établissement. Absolument faux, a immédiatement rétorqué le Hamas, qui accuse Israël de diffuser « ces mensonges » comme « prélude à la perpétration d’un nouveau massacre contre le peuple [palestinien] ».

      Au milieu de ce conflit armé et médiatique, le Président français a fait mardi dernier une visite en Israël et dans les territoires palestiniens. Commençant par un passage à Jérusalem, #Emmanuel_Macron a réaffirmé « le droit d’Israël à se défendre », appelant à une coalition pour lutter contre le Hamas dans « la même logique » que celle choisie pour lutter contre le groupe État islamique. Il s’est ensuite rendu à Ramallah, en Cisjordanie occupée, au siège de l’Autorité palestinienne. « Rien ne saurait justifier les souffrances » des civils de Gaza, a déclaré Emmanuel #Macron. Qui a lancé un appel « à la reprise d’un processus politique » pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hamas. Tenant un discours d’équilibriste, rappelant que paix et sécurité vont de pair, le Président a exigé la mise en œuvre de la solution à deux États, comme seul moyen de parvenir à une paix durable. Une visite largement commentée en France, mais qui a bien peu intéressé les Palestiniens.

      Car si les projecteurs sont braqués sur Israël et Gaza depuis le début de la guerre, les Palestiniens de #Cisjordanie occupée vivent également un drame. En à peine trois semaines, plus de 120 d’entre eux ont été tués, selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. Soit par des colons juifs, soit lors d’affrontements avec les forces d’occupation israéliennes. Bien sûr, la montée de la #violence dans ce territoire avait commencé bien avant la guerre. Mais les arrestations contre les membres du Hamas, les raids réguliers menés par l’armée et les attaques de colons prennent désormais une autre ampleur. Ce lundi matin encore, l’armée israélienne a mené un raid sur le camp de Jénine, au nord de la Cisjordanie, faisant quatre morts. Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, plus de 100 véhicules militaires et deux bulldozers sont entrés dans le camp. Déjà, mercredi dernier, deux missiles tirés depuis les airs en direction d’un groupe de personnes avait fait trois morts à #Jénine.

      À chaque mort de plus, la colère monte derrière les murs qui encerclent les Territoires. À Gaza, mais aussi en Cisjordanie

      À chaque mort de plus, la colère monte derrière le mur qui encercle les territoires palestiniens. Du sud, à Hébron, au nord, à Naplouse, en passant par Jénine et Ramallah, les #manifestations ont émaillé ces trois dernières semaines, s’intensifiant au fil du temps. À chaque fois, les Palestiniens y réclament la fin de l’#occupation, la mise en œuvre d’une solution politique pour un #accord_de_paix et surtout l’arrêt immédiat des bombardements à Gaza. Ce vendredi, quelques milliers de personnes s’étaient rassemblés à Ramallah. Drapeaux palestiniens à la main, « Que Dieu protège Gaza » pour slogan, et la rage au ventre. Yara était l’une d’entre eux. « Depuis le début de la guerre, le #traitement_médiatique en Europe et aux États-Unis est révoltant ! L’indignation sélective et le deux poids deux mesures sont inacceptables », s’énerve la femme de 38 ans. Son message est sans ambiguïté : « Il faut mettre un terme à cette agression israélienne soutenue par l’Occident. » Un sentiment d’injustice largement partagé par la population palestinienne, et qui nourrit sa colère.

      Manal Shqair est une ancienne militante de l’organisation palestinienne Stop The Wall. Ce qui se passe n’a rien de surprenant pour elle. La jeune femme, qui vit à Ramallah, analyse la situation. Pour elle, le soulèvement des Palestiniens de Cisjordanie n’est pas près de s’arrêter. « Aujourd’hui, la majorité des Palestiniens soutient le Hamas. Les opérations militaires du 7 octobre ont eu lieu dans une période très difficile traversée par les Palestiniens, particulièrement depuis un an et demi. La colonisation rampante, la violence des colons, les tentatives de prendre le contrôle de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem et enfin le siège continu de la bande de Gaza par Israël ont plongé les Palestiniens dans le #désespoir, douchant toute perspective d’un avenir meilleur. » La militante ajoute : « Et ce sentiment s’est renforcé avec les #accords_de_normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes [les #accords_d’Abraham avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan, ndlr]. Et aussi le sentiment que l’#Autorité_palestinienne fait partie de tout le système de #colonialisme et d’occupation qui nous asservit. Alors cette opération militaire [du 7 octobre] a redonné espoir aux Palestiniens. Désormais, ils considèrent le Hamas comme un mouvement anticolonial, qui leur a prouvé que l’image d’un Israël invincible est une illusion. Ce changement aura un impact à long terme et constitue un mouvement de fond pour mobiliser davantage de Palestiniens à rejoindre la #lutte_anticoloniale. »

      #7_octobre_2023 #à_lire

    • Ma petite-fille de 1 an, la fille de mon fils, quand il y avait de grosses explosions, elle pleurait. Alors nous, on faisait les clowns pour lui faire croire que c’était pour rire.

      C’est exactement ce qu’on faisait ma femme et moi à notre fils de 4 ans en 2006 au Liban.

  • #Rima_Hassan : « Nous subissons une #punition_collective »

    Pour Rima Hassan, juriste et fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés, ce qui se passe à #Gaza est un « #carnage », qui relève d’une logique de « #génocide ». Elle dénonce le #cynisme de #Nétanyahou et la #récupération du #Hamas.

    Rima Hassan, 30 ans, est une Palestinienne dont toute la vie s’est déroulée en exil. Apatride jusqu’à ses 18 ans, aujourd’hui française, elle suit la guerre depuis la Jordanie, où elle séjourne actuellement pour une recherche à travers plusieurs pays sur les camps de réfugié·es palestinien·nes. Juriste autrice d’un mémoire de master en droit international sur la qualification du crime d’apartheid en Israël, dans une approche comparative avec l’Afrique du Sud, cette fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés dénonce aujourd’hui un « génocide » et la #responsabilité d’#Israël dans la création du Hamas. Elle répond par téléphone à Mediapart samedi après-midi, alors que toutes les communications avec Gaza étaient coupées depuis la veille au soir.

    Mediapart : Qu’avez-vous comme informations sur ce qu’il se passe depuis vendredi soir à Gaza ?

    Rima Hassan : Les seules informations dont je dispose sont celles des journalistes d’Al Jazeera. C’est un carnage qui est en train de se passer. Jusqu’ici, l’#armée_israélienne prévenait tout de même avant de bombarder : #Tsahal larguait des centaines de petits coupons de papier sur la population gazaouie, pour avertir et donner quelques heures aux civils pour évacuer. Mais cette nuit-là, d’après Al Jazeera, il n’y a même pas eu d’annonce. Ce sont des #attaques_indiscriminées, par tous les moyens dont dispose l’armée israélienne. Il faudra mettre en perspective le nombre de responsables du Hamas tués par rapport au nombre de #victimes_civiles. D’après l’UNRWA, l’agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens, 1,2 million de personnes de la bande Gaza ont par ailleurs déjà été déplacées.

    Ce qui se passe est inédit, paralysant, il est très compliqué de réfléchir. Depuis vendredi en fin de journée, on ne peut plus joindre personne dans la bande de Gaza.

    Comment qualifier les événements ?

    Cela relève du génocide. On n’a pas encore les chiffres précis, les Palestiniens ne sont plus en mesure de compter leurs morts. Ce vendredi 27 octobre était de toute façon une nuit sans précédent en termes d’intensification des #bombardements, dans l’un des territoires les plus densément peuplés au monde.

    Mais au-delà des morts, c’est tout ce qui entoure cette offensive qui caractérise le génocide : le fait de ne pas laisser de passages sûrs accessibles aux civils pour pouvoir fuir les combat, d’empêcher les humanitaires de passer, de ne pas prévenir les lieux qu’on cible, et le #blackout. En coupant toutes les communications, les autorités israéliennes veulent minimiser l’écho international de ce qui s’est passé dans la nuit de vendredi à samedi à Gaza. Je rappelle que 34 journalistes ont été tués dans le territoire depuis le 7 octobre.

    On fait tout pour concentrer une population sur un même espace, et précisément au moment où une résolution est adoptée à la majorité à l’ONU en faveur d’un cessez-le feu, on intensifie les bombardements, tout en bloquant tous les canaux de #communication : tout est mobilisé pour que les dégâts soient maximaux.

    Israël a tué bien plus à Gaza depuis le 7 octobre qu’au cours des vingt dernières années.

    Estimez-vous qu’il y a une intention génocidaire ?

    Il suffit d’écouter les déclarations des officiels israéliens. L’#animalisation du sujet palestinien est constante, de la même manière que les Juifs et les Tutsis étaient comparés à des animaux. Toutes les catégories des groupes ayant fait l’objet de #massacres ont été déshumanisées dans le but de justifier leur exclusion de la communauté humaine ; c’était un préalable à leur #extermination. « Nous combattons des #animaux_humains », a dit le ministre israélien de la défense #Yoav_Gallant le 9 octobre…

    Les médias israéliens répandent en outre l’idée qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza : les civils tués sont assimilés au Hamas, à des terroristes – dans ces circonstances, un #dommage_collatéral n’est pas très grave. Les propos tenus sont sans ambiguïté : « #incinération_totale », « Gaza doit revenir à Dresde », « annihiler Gaza maintenant », etc. Voilà ce qu’a pu dire jeudi #Moshe_Feiglinun, ancien membre de la Knesset, sur un plateau télé.

    On a entendu dire également par #Benyamin_Nétanyahou que les Palestiniens pouvaient être accueillis dans le #Sinaï [territoire égyptien frontalier d’Israël et de la bande de Gaza – ndlr], ce qui renvoie, là aussi, à une logique de #disparition : c’est une population indésirable que l’on souhaite exclure.

    Toute cela s’inscrit dans une logique colonialiste de la part d’Israël, depuis sa création. Depuis longtemps on observe, chez les officiels israéliens, une constante à déshumaniser les Palestiniens, qui, bien avant le 7 octobre 2023, ont été comparés à des #cafards ou à des #sauterelles. « Les Palestiniens seront écrasés comme des sauterelles (…) leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs », disait le premier ministre israélien #Yitzhak_Shamir en 1988. « Lorsque nous aurons colonisé le pays, il ne restera plus aux Arabes qu’à tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille », avait déclaré le chef d’état-major #Raphael_Eitan en 1983 d’après le New York Times.

    Les massacres du 7 octobre ont été perçus comme quelque chose d’explosif. En termes de vies civiles perdues, c’est sans précédent. Mais il faut rappeler que cela s’inscrit dans un #conflit_colonial_asymétrique, où les #réfugiés_palestiniens ont vu l’abolition de leur #droit_au_retour, où les Palestiniens de #Cisjordanie vivent sous #colonisation et sous #occupation, où les Palestiniens citoyens d’Israël se sont vu octroyer un statut de seconde zone après un régime militaire jusqu’en 1967, et où les Palestiniens de Gaza vivent un #blocus illégal depuis dix-sept ans.

    Quelle est l’importance du facteur religieux ?

    Ce n’est pas un #conflit_religieux. Même si l’on a au pouvoir des gens liés à une #radicalité_religieuse, du côté du pouvoir israélien comme du Hamas. On observe une #dérive_religieuse dans les extrêmes des deux sociétés.

    La population palestinienne ne fait pas de reproche aux Israéliens pour ce qu’ils sont – des Juifs –, mais pour ce qu’ils font : la colonisation.

    Rappelons que les personnes à l’origine de la fondation de l’État d’Israël étaient des laïques, et non pas des religieux. L’identité palestinienne a par ailleurs toujours été multiconfessionnelle.

    Il est inconcevable de confisquer une souffrance palestinienne vieille de 75 ans avec la #récupération qui est faite aujourd’hui par le Hamas. Pour nous, c’est la #double_peine.

    Côté israélien, c’est d’un #cynisme sans nom : c’est Nétanyahou lui-même qui a soutenu le Hamas, car l’organisation islamiste était perçue comme rivale du #Fatah [parti nationaliste palestinien fondé par Yasser Arafat – ndlr]. Voilà ce qu’il déclarait par exemple en mars 2019, comme l’a rappelé récemment un article d’Haaretz : « Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et transférer de l’argent au Hamas. » Israël a une responsabilité majeure dans la création de l’organisation islamiste. Ce sont les autorités israéliennes qui ont nourri le monstre.

    Nous subissons avec ce blocus une punition collective. Nous qui utilisons le droit international et la voie diplomatique, qui nous battons depuis des dizaines d’années pour un État laïque, nous nous trouvons face à des autorités qui ont soutenu le Hamas... et qui aujourd’hui nous bombardent.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/291023/rima-hassan-nous-subissons-une-punition-collective
    #Palestine #7_octobre_2023 #déshumanisation #religion #à_lire

  • #Of_Land_and_Bread

    « #B'Tselem – le centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les #territoires_occupés – a promu en 2007 un projet qui consistait à donner des caméras vidéo aux Palestinien.ne.s en Cisjordanie afin qu’ils/elles puissent documenter les violations des droits de l’homme qu’ils étaient contraint.e.s de subir sous l’occupation israélienne. Ces #enregistrements_vidéo bruts capturent de la manière la plus simple et la plus efficace les abus quotidiens et implacables commis à répétition par les colons illégaux et l’armée contre les Palestinien.ne.s. Au fil des ans, tous ces films sont devenus des #archives vivantes et malheureusement en constante expansion des #abus incessants et de la violence dont souffre la population palestinienne et avec lesquels elle doit vivre. Of Land and Bread rassemble certains de ces courts métrages dans un long métrage documentaire qui n’est indéniablement pas facile à regarder. La brutalité des colons et de l’armée n’épargne personne. Et pourtant, il est nécessaire de voir pour bien saisir et comprendre l’ampleur du cycle sans fin des violations des droits de l’homme auxquelles les Palestinien.ne.s sont confronté.e.s, alors que le monde regarde obstinément de l’autre côté. »


    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/59534_0
    #film #documentaire #film_documentaire #Cisjordanie #Palestine #colonisation #Israël #terre #armée_israélienne #violence #humiliations #destruction #brutalité #arrestations_arbitraires #menaces #insultes #provocation #documentation #droits_humains #archive #à_voir

  • Bombardements à Gaza

    Les #bombardements de civils par l’#armée_israélienne se concentrent sur le sud de #Gaza, où les habitants du nord ont été « déplacés ».

    Avec une concentration de bombes à l’endroit où l’aide est supposée rentrer…

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    Maps: Tracking the Attacks in Israeland Gaza (pour les cartes du 26 octobre)

    An analysis of satellite imagery shows the tremendous structural damage that northern Gaza has sustained since Oct. 17, adding to already significant damage from the preceding 11 days. The Israeli military said Wednesday that it had struck more than 7,000 targets inside Gaza.


    Photographs taken in Gaza show the enormous range of buildings damaged by strikes in the past week, which include bakeries, a supermarket, a restaurant and many houses and residential buildings. The 19-day bombing campaign has become one of the most intense of the 21st century.

    The area around Gaza City has been hit particularly hard. On the morning of Oct. 23, smoke blanketed much of that region. A soft drink manufacturing facility in an eastern area of the city, its roof covered with solar panels, was burning.

    Over the past two weeks, Israel has ramped up airstrikes in southern Gaza even after demanding the relocation of hundreds of thousands of residents of northern Gaza to the south. The increase in strikes in the south also coincides with the arrival of aid convoys through the Rafah crossing on the border with Egypt. These maps do not capture strikes that did not result in damage to manmade structures.

    Deadliest period for Palestinians in the West Bank in 15 years

    More Palestinians have been killed in the Israeli-occupied West Bank in the past few weeks than in any similar period in at least the past 15 years, according to Palestinian health authorities and historical data from the United Nations.

    Israeli forces and settlers have killed 95 Palestinians in the Israeli- occupied West Bank since the Hamas attacks on Oct. 7, health officials said, a surge in violence in what was already a particularly deadly year in the West Bank. One Israeli soldier was also killed in clashes.

    Most of the Palestinian deaths in the West Bank have been in clashes with Israeli forces, while others were the result of settler attacks

    Masked settlers shot and killed three Palestinians in the village of Qusra on Oct. 11, according to Palestinian health officials. At a funeral procession for the victims the next day, settlers attacked again, killing two more Palestinians, a father and son.

    The Israeli military carried out a rare airstrike in the West Bank on a mosque in Jenin on Saturday night, killing two. Israel’s military said it was targeting a “terror compound” beneath the mosque that it said was being used to organize an attack.

    A raid by Israeli forces on the Nur Shams refugee camp on Thursday ended in the deaths of 13 Palestinians, including five children, as well as an Israeli soldier. The soldier was the first Israeli to have died in the West Bank since Oct. 7, according to U.N. data.

    “We are extremely alarmed by the rapidly deteriorating human rights situation in the occupied West Bank and the increase in unlawful use of lethal force,” said Ravina Shamdasani, a spokeswoman for the U.N. human rights chief, Volker Türk.

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    21 octobre 2023

    First aid trucks move through Rafah crossing as southern Gaza is pummeled by strikes

    The first convoy of aid trucks moved through the Rafah crossing on Saturday at Gaza’s southern border with Egypt. The convoy of 20 trucks came after days of intense negotiations.

    Satellite imagery from Tuesday showed crowds in Gaza waiting at the gate, aid trucks stuck in Egypt and several craters where U.N. officials said Israeli strikes had damaged the road.

    The convoy of aid, which the World Health Organization warned would “barely begin to address the escalating health needs” in Gaza, comes as conditions have further deteriorated in southern Gaza. With clean drinking water in short supply, many Gazans have resorted to drinking polluted water.

    The Israeli military has intensified strikes throughout the region over the past week, despite ordering the entire population of northern Gaza to relocate to the south last Friday.

    Israel has hit dozens of targets in the south since Oct. 13, according to The Times’s reporting, news imagery and WAFA, the official news agency of the Palestinian Authority — a rival of Hamas that administers parts of the Israel-occupied West Bank. The Hamas-run health ministry in Gaza said on Thursday that at least 81 Palestinians had been killed in southern Gaza in the previous 24 hours.

    Gazan authorities also reported Israeli airstrikes throughout the week in the southern areas of Khan Younis and Rafah, as well as Deir al Balah in central Gaza, which also falls below the evacuation zone. In photos and videos, many children appeared to be among those killed. Gazan authorities have also reported that at least 21 members of the same family died in one Israeli strike.

    About one million Gazans have been displaced from their homes since the beginning of the conflict, according to the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs, some 367,500 in central and southern Gaza. While the exact number and location of internally displaced people who evacuated from the north is unclear, satellite imagery and photos show that, in at least one instance, tents were erected in the past week in the courtyard of a U.N.-run vocational training center.

    Scores of U.S. citizens and Palestinians with foreign passports have been waiting at the border with suitcases, trash bags and other belongings in the hope of receiving permission to leave Gaza. It remains unclear if or when they will be permitted to do so.

    https://www.nytimes.com/interactive/2023/10/07/world/middleeast/israel-gaza-maps.html

    https://piaille.fr/@Pr_Logos/111305663632352757

    #Palestine #Israël #cartographie #visualisation

  • #Edwy_Plenel : Israël-Palestine : la question morale

    Si le conflit israélo-palestinien enflamme le monde, c’est parce qu’il porte une question morale universelle : celle de l’égalité des droits. Que la légitimité internationale d’Israël s’accompagne de la négation des droits des Palestiniens n’a cessé de précipiter ce sommeil de la raison qui engendre des monstres. Seule cette lucidité politique est à même de défier la catastrophe en cours.

    LeLe sommeil de la raison produit des monstres. Avant de donner à voir, dans toute leur abomination, les désastres de la guerre (Los Desastres de la Guerra, 1810-1815), le peintre et graveur espagnol Francisco de Goya (1746-1828) avait intitulé ainsi l’une des gravures de sa série Los caprichos à la fin du XVIIIe siècle : El sueño de la razon produce monstruos. On y voit le peintre endormi tandis qu’une volée d’oiseaux nocturnes tourbillonne au-dessus de lui, symbolisant la folie et l’ignorance qui mènent l’humanité à sa perte.

    Nous vivons un moment semblable, d’obscurcissement et d’égarement. Spectateurs effarés, nous découvrons l’horreur des tueries de civils israéliens dans l’attaque terroriste du Hamas tandis que nous suivons l’hécatombe de civils palestiniens à Gaza sous les bombes de l’armée israélienne. Toutes ces vies humaines se valent, elles ont le même prix et le même coût, et nous nous refusons à cette escalade de la terreur où les crimes d’un camp justifieraient les crimes de l’autre. Mais nous nous sentons impuissants devant une catastrophe qui semble irrémédiable, écrite par avance tant ont été perdues, depuis si longtemps, les occasions de l’enrayer (pour mémoire mes alarmes de 2009, de 2010 et de 2014).

    Nous savons bien qu’il n’y a qu’une façon d’en sortir dans l’urgence : un cessez-le-feu immédiat sous contrôle des Nations unies afin de sauver les otages des deux bords, qui ouvrirait la voie à une solution politique dont la clé est la reconnaissance d’un État palestinien ayant lui-même reconnu l’État d’Israël. Mais, s’il peut arriver que d’un péril imminent naisse un salut improbable, cette issue semble un vœu pieux, faute de communauté internationale forte et unie pour l’imposer. Faute, surtout, de détermination des soutiens d’Israël, États-Unis au premier chef, pour freiner une volonté de vengeance qui ne fera qu’accélérer la course à l’abîme.

    Dès lors, comment échapper à un sentiment de sidération qu’aggrave le spectacle de désolation du débat politique et médiatique français ? À mille lieues de sa grandeur prétendue, la France officielle donne à voir son abaissement raciste, jetant la suspicion sur nos compatriotes musulmans et arabes, et son alignement impérialiste, rompant avec l’ancienne position équilibrée de sa diplomatie moyen-orientale. Indifférence aux oppressions et intolérance aux dissidences règnent sur cette médiocrité dont font les frais manifestations et expressions pro-palestiniennes, dans un climat maccarthyste qui distingue tristement notre pays des autres démocraties.

    Que faire ? Il importe déjà d’y voir clair. Ici, la responsabilité du journalisme, associant son devoir professionnel à son utilité sociale, est de trouer cette obscurité, en chassant les passions tristes et en s’éloignant des colères aveugles. Trouver son chemin, arriver à se repérer, réussir à ne pas s’égarer : autant d’impératifs vitaux par temps de propagande, que nous devons servir par une pratique aussi rigoureuse que sensible du métier. Elle suppose de résister au présent monstre de l’information en continu qui fonctionne à l’amnésie, perdant le fil de l’histoire, oubliant le passé qui la détermine, effaçant le contexte qui la conditionne (voir notre entretien-vidéo avec Bertrand Badie sur les mots et l’histoire du conflit).

    Mais il ne suffit pas de rendre compte. Il nous faut aussi échapper à la résignation qui guette, « cette accoutumance à la catastrophe dont le sentiment vague engourdit aujourd’hui tout désir d’action ». La formule est de l’historien Patrick Boucheron dans un récent libelle où il persiste, dans le sillage de Victor Hugo, à vouloir « étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait ». Secouant ce manteau de poussière dont le poids risque de nous paralyser, Le temps qui reste est une invitation inquiète à ne pas le perdre, ce temps, en refusant de se laisser prendre au piège de la catastrophe, tels des animaux saisis dans des phares, tétanisés et immobilisés par la conscience du péril.

    Car l’habitude, tissée de conformisme et de suivisme, est la meilleure alliée du pire en devenir. Voici donc, à l’instar de lucioles clignotant dans une nuit qui gagne, quelques repères qui nous guident pour affronter les désordres du monde et les folies des hommes. Quatre boussoles morales qui énoncent aussi ce à quoi nous refusons de nous habituer.
    1. Tout soutien inconditionnel est un aveuglement. Quel que soit le camp concerné. Quelle que soit la justesse de la cause.

    Aucun État, aucune nation, aucun peuple, et, partant, aucune armée, aucun parti, aucun mouvement, qui s’en réclame, ne saurait être soutenu inconditionnellement. Car, au-dessus d’eux, il y a une condition humaine universelle, dont découle un droit international sans frontières. Si, en 1948, l’année où est né l’État d’Israël, fut proclamée, à Paris, une Déclaration universelle des droits de l’homme, c’est pour cette raison même : s’ils ne rencontrent aucun frein, les États, les nations ou les peuples, peuvent devenir indifférents à l’humanité et, par conséquent, dangereux et criminels.

    Adoptée à Paris en 1948 par les cinquante-huit États alors représentés à l’Assemblée générale des Nations unies, la Déclaration de 1948 résulte de cette lucidité provoquée par la catastrophe européenne dont nationalisme et racisme furent les ressorts, conduisant au génocide des juifs d’Europe. Français, son rédacteur, René Cassin, Prix Nobel de la paix en 1968, s’était battu pour imposer, dans son intitulé, cette qualification d’« universelle » au lieu d’internationale : façon de signifier qu’un droit supérieur, celui de la communauté humaine, devait s’imposer aux États et aux nations dont ils se prévalent. Autrement dit de rappeler qu’aucun État, qu’aucune nation, qu’aucun peuple ne devrait se dérober, au prétexte de ses intérêts propres, à cette exigence de respect de l’égalité des droits.

    « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité », énonce l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Comme la française de 1789, la Déclaration de 1948 dessine l’horizon d’une promesse, toujours inaccomplie et inachevée, sans cesse en chantier et à l’œuvre face aux égoïsmes renaissants des États et au risque qu’ils cèdent aux idéologies de l’inégalité. De ce point de vue, l’ajout de la dignité, notion sensible, aux droits, critère juridique, n’est pas indifférent, tout comme sa position première dans l’énoncé : il s’agit non seulement de respecter d’autres humains, mais aussi de se respecter soi-même. En somme, de rester digne, de savoir se tenir, se retenir ou s’empêcher, afin de ne jamais céder à la haine de l’homme.

    Chèque en blanc accordé à ses dirigeants et à ses militaires, l’affirmation d’un « soutien inconditionnel » à l’État d’Israël dans sa riposte au Hamas tourne le dos à ces valeurs universelles. Elle prolonge ce mépris pour le droit international que l’on invoque volontiers face à l’agression russe en Ukraine mais que l’on dénie à la Palestine par l’absolu non-respect des résolutions onusiennes condamnant, depuis 1967, les annexions et colonisations israéliennes de territoires palestiniens.
    2. Jamais la fin ne saurait justifier les moyens. Seuls les moyens utilisés déterminent la fin recherchée.

    Depuis soixante-quinze ans, la Palestine pose au monde une question morale : celle de la fin et des moyens. La légitimité d’Israël ne saurait se fonder sur la négation des droits des Palestiniens jusqu’à la commission répétée de crimes de guerre. Mais la contestation de l’occupation et de la colonisation ne saurait tolérer la négation de l’humanité des Israéliens.

    En franchissant ce pas avec les massacres et prises d’otage de civils, le Hamas a fait plus que nuire à la cause qu’il dit servir : il l’a déshonorée. Dans la mémoire juive des persécutions européennes contre lesquelles s’est créé le mouvement sioniste à la fin du XIXe siècle, la terreur déchaînée par le Hamas sur des civils israéliens ne peut qu’évoquer les pogroms antisémites. Et le rappel de massacres commis en 1947-1948 par les composantes les plus extrémistes du sionisme, afin de faire fuir les Palestiniens, ne saurait en aucun cas lui servir d’excuses.

    La violence aveugle de l’oppresseur le discrédite, légitimant la résistance violente de l’opprimé. Jusqu’au processus de paix entamé en 1991, le mouvement national palestinien, alors sous la direction de Yasser Arafat et du Fath qui dominait l’Organisation de libération de la Palestine, a illustré cette règle éternelle des situations d’injustices où un peuple prétend en dominer un autre. Mais, par ses débats internes, son pluralisme assumé, son évolution revendiquée jusqu’à la reconnaissance de l’État d’Israël, il a fait sienne la conviction que la cause libératrice de l’opprimé exige une morale supérieure où sa riposte ne cède pas aux crimes reprochés à l’oppresseur.

    Il y a cinquante ans, en 1973, l’année de la guerre du Kippour dont le Hamas a choisi la date anniversaire pour son attaque sur Israël, un appel collectif d’intellectuels notables (parmi lesquels Edgar Morin, Laurent Schwartz, Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet) rappelait ces « évidences morales et politiques fondamentales » : « Il n’y a pas de problème de la fin et des moyens. Les moyens font partie intégrante de la fin. Il en résulte que tout moyen qui ne s’orienterait pas en fonction de la fin recherchée doit être récusé au nom de la morale politique la plus élémentaire. Si nous voulons changer le monde, c’est aussi, et peut-être d’abord, par souci de moralité. […] Si nous condamnons certains procédés politiques, ce n’est pas seulement, ou pas toujours, parce qu’ils sont inefficaces (ils peuvent être efficaces à court terme), mais parce qu’ils sont immoraux et dégradants, et qu’ils compromettent la société de l’avenir. »

    Cette mise en garde vaut évidemment pour les deux camps. De 2023 à 2001, se risquer à comparer le 7-Octobre israélien au 11-Septembre états-unien, ce n’est pas seulement ignorer la question nationale palestinienne en souffrance, au prétexte d’une guerre de civilisation entre le bien occidental et le mal arabe, c’est surtout continuer de s’aveugler sur la suite. Le terrorisme faisant toujours la politique du pire, les désordres actuels du monde résultent de la riposte américaine, à la fois mensongère et criminelle, détruisant un pays, l’Irak, qui n’y était pour rien, tout en semant un discrédit universel par une violation généralisée des droits humains dont l’Occident paye encore le prix. Loin de détruire l’adversaire désigné, il en a fait surgir d’autres, d’Al-Qaïda à Daech, encore plus redoutables.
    3. Au cœur du conflit israélo-palestinien, la persistance de la question coloniale ensauvage le monde.

    Porté par le mouvement sioniste qui avait obtenu la création d’un foyer national juif en Palestine, la création de l’État d’Israël en 1948 a été unanimement approuvée par les puissances victorieuses du nazisme. L’incommensurabilité du crime contre l’humanité, jusqu’à l’extermination par le génocide, commis contre les juifs d’Europe, légitimait le nouvel État. Une faute abominable devait être réparée en offrant aux juifs du monde entier un refuge où ils puissent vivre dans la tranquillité et la sécurité, à l’abri des persécutions.

    Si, aujourd’hui, Israël est un des endroits du monde où les juifs vivent avec angoisse dans le sentiment inverse, c’est parce que la réparation du crime européen s’est accompagnée de l’injustice commise contre les Palestiniens. Ce faisant, l’Occident – cette réalité politique dont les États-Unis ont alors pris le leadership – a prolongé dans notre présent le ressort passé de la catastrophe européenne : le colonialisme. Se retournant contre l’Europe et ses peuples, après avoir accompagné sa projection sur le monde, le colonialisme fut l’argument impérial du nazisme, avec son cortège idéologique habituel de civilisations et d’identités supérieures à celles des peuples conquis, soumis ou exclus.

    La colonisation ne civilise pas, elle ensauvage. Le ressentiment nourri par l’humiliation des populations dépossédées s’accompagne de l’enfermement des colons dans une posture conquérante, d’indifférence et de repli. L’engrenage est aussi redoutable qu’infernal, offrant un terrain de jeu idéal aux identités closes où la communauté devient une tribu, la religion un absolu et l’origine un privilège. Dès lors, accepter le fait colonial, c’est attiser le foyer redoutable d’une guerre des civilisations qu’illustre la radicalisation parallèle des deux camps, le suprémacisme juif raciste de l’extrême droite israélienne faisant écho à l’idéologie islamique du Hamas et de ses alliés, dans la négation de la diversité de la société palestinienne.

    Dialoguant en 2011, dans Le Rescapé et l’Exilé, avec le regretté Stéphane Hessel, qui accompagna depuis l’ONU où il était diplomate la création de l’État juif en Palestine, Elias Sanbar rappelle cette origine d’un conflit qui ne cessera de s’aggraver tant qu’elle ne sera pas affrontée : « On ne peut certes pas refaire l’histoire, mais il est important de dire que ce conflit a commencé par une terrible injustice commise en Palestine pour en réparer une autre, née dans l’horreur des camps nazis. » Acteur des négociations de paix israélo-palestiniennes, il en tirait la conséquence que la seule solution est dans l’égalité des droits. Dans la réciprocité et la reconnaissance. L’envers de ce poison qu’est la concurrence des victimes. L’opposé de cette misère qu’est la condescendance du vainqueur.

    « Il faut affirmer, déclarait-il alors – et pense-t-il toujours –, que la concurrence dans le registre des malheurs est indécente, que les courses au record du nombre de morts sont littéralement obscènes. Chaque souffrance est unique, le fait que des juifs aient été exterminés n’enlève rien à la souffrance des Palestiniens, tout comme le fait que des Palestiniens aient souffert et continuent de souffrir n’enlève rien à l’horreur vécue par des juifs. Puis et surtout, la reconnaissance de la souffrance des autres ne délégitime jamais votre propre souffrance. Au contraire. »
    4. La solution du désastre ne peut être confiée à ses responsables israéliens dans l’indifférence au sort des Palestiniens.

    Le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël, le quotidien Haaretz, qui sauve l’honneur de la démocratie israélienne, publiait un éditorial affirmant que cette énième guerre était « clairement imputable à une seule personne : Benyamin Nétanyahou », ce premier ministre qui a « établi un gouvernement d’annexion et de dépossession » et a « adopté une politique étrangère qui ignorait ouvertement l’existence et les droits des Palestiniens ».

    La droite et l’extrême droite israéliennes ont attisé l’incendie qu’elles prétendent aujourd’hui éteindre par l’extermination militaire du Hamas et l’expulsion des Palestiniens de Gaza. Ce n’est pas un Palestinien qui, en 1995, a assassiné Yitzhak Rabin, portant un coup d’arrêt fatal au processus de paix, mais un terroriste ultra-nationaliste israélien. C’est Israël qui, depuis, sous l’impulsion de Benyamin Nétanyahou, n’a cessé de jouer cyniquement avec les islamistes du Hamas pour diviser le camp palestinien et affaiblir sa composante laïque et pluraliste.

    À l’aune de ces vérités factuelles, largement documentées, notamment par le journaliste Charles Enderlin, la polémique française sur le prérequis que serait la qualification de terroriste du Hamas en tant qu’organisation – et pas seulement de ses actions dont on a souligné le caractère criminel – a quelque chose de surréel. En 2008-2009, faisant écho aux stratégies israéliennes, la présidence de Nicolas Sarkozy n’hésitait pas à défendre la nécessité de « parler » avec le Hamas dont le chef était même interviewé par Le Figaro pour inviter le chef de l’État français à « donner une impulsion vitale à la paix ».

    Comble de l’hypocrisie, le Qatar, financier avéré du Hamas avec la tolérance d’Israël, est un partenaire économique, financier, militaire, diplomatique, sportif, culturel, etc., qui est, ô combien, chez lui dans l’establishment français, tout comme d’ailleurs son rival émirati. Or c’est au Qatar que le Hamas tient sa représentation extérieure, avec un statut avoisinant celui d’une antenne diplomatique, digne d’un État en devenir.

    Si des actions du Hamas peuvent être qualifiées de terroristes, c’est s’aveugler volontairement que de ne pas prendre en considération son autre réalité, celle d’un mouvement politique avec une assise sociale. Que sa ligne idéologique et ses pratiques autoritaires en fassent l’adversaire d’une potentielle démocratie palestinienne, qui respecterait le pluralisme des communautés et la diversité des opinions, ne l’empêche pas d’être l’une des composantes, aujourd’hui devenue dominante, du nationalisme palestinien.

    La paix de demain ne se fera qu’entre ennemis d’hier. Et, surtout, qu’entre peuples qui ne sont pas assimilables à leurs dirigeants. Ce mensonge doublé d’hypocrisie sur la réalité du Hamas et son instrumentalisation par l’État d’Israël souligne l’illusion qui a volé en éclats depuis le 7 octobre. Israël et les États-Unis pensaient reléguer la question palestinienne en pariant sur les États arabes, leurs intérêts à courte vue et leur opportunisme à toute épreuve. Ce faisant, ils oubliaient les peuples qui ne sont pas dupes, s’informent et s’entraident. Grands absents de ces mécanos diplomatiques, où l’on prétend faire leur avenir à leur place, ils finissent toujours, un jour ou l’autre, par en déjouer les plans.

    Au spectacle des foules proclamant dans le monde leur solidarité avec la Palestine, y compris dans les pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël, comment ne pas penser à ces lignes de notre confrère Christophe Ayad qui accompagnent l’exposition de l’Institut du monde arabe « Ce que la Palestine apporte au monde » ? « C’est du monde tel qu’il va mal dont la Palestine nous parle, écrit-il. On l’observe, on la scrute, on l’encourage ou on lui fait la leçon, mais c’est elle qui nous regarde depuis l’avenir de notre humanité. La Palestine vit déjà à l’heure d’un monde aliéné, surveillé, encagé, ensauvagé, néolibéralisé. Les Palestiniens savent ce que c’est d’être un exilé sur sa propre terre. Apprenons d’eux ! »

    Face aux ombres qui, aujourd’hui, s’étendent, ces réflexions peuvent paraître optimistes. Pourtant, la leçon est déjà là, la seule qui vaille pour éviter le pire, soit cette guerre des monstres dont Benyamin Nétanyahou et le Hamas sont les protagonistes : il n’y aura jamais de paix par la puissance et la force. Devant les défis sans frontières qui nous assaillent, le crédo de la puissance est une impasse quand la conscience de la fragilité est, au contraire, une force.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/221023/israel-palestine-la-question-morale
    #7_octobre_2023 #Israël #Palestine #égalité_des_droits #Palestine #Israël #lucidité #à_lire #raison #obscurcissement #égarement #tueries #terrorisme #civils #Gaza #Hamas #armée_israélienne #terreur #crimes #impuissance #catastrophe #cessez-le-feu #otages #solution_politique #communauté_internationale #Etats-Unis #USA #vengeance #sidération #désolation #débat_politique #débat_médiatique #médias #France #suspicion #médiocrité #responsabilité #propagande #journalisme #amnésie #résignation #habitude #conformisme #suivisme #aveuglement #soutien_conditionnel #question_coloniale

  • La tentative de #déplacement_forcé de plus d’un million de personnes dans la bande de #Gaza est illégale et catastrophique

    La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) est choquée et horrifiée par les vidéos et les rapports attestant des #tueries indiscriminées de civil⋅es et la #destruction de masse de quartiers entiers de la bande de Gaza par Israël. La FIDH se dresse contre le #transfert_forcé et le déplacement des populations de la partie nord de la bande de Gaza ordonné par Israël. Alors que nous continuons d’être témoins de ces atrocités et #crimes internationaux, la FIDH exprime sa solidarité avec tous⋅tes les civil⋅es touché⋅es par ce dernier cycle de violence.

    La FIDH se tient fermement aux côtés de ses organisations membres palestiniennes sur le terrain et à Gaza : Al Mezan, Al-Haq et le Centre palestinien pour les droits humains. Beaucoup des membres parmis leurs équipes ont tragiquement perdu leur domicile et ont maintenant reçu l’ordre d’évacuer. Nous tenons à les rassurer qu’ils et elles ne sont pas seul⋅es dans ces moments incroyablement difficiles et qu’un mouvement mondial pour les droits humains est à leurs côtés.

    La FIDH condamne les crimes commis contre les civil⋅es, y compris le ciblage systématique et généralisé de leurs infrastructures et propriétés. Ces crimes sont tous potentiellement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. A présent plus de 1500 Palestinien⋅nes tué⋅es dans l’agression d’Israël sur la #bande_de_Gaza sont à déplorer. [Mise à jour : le 13 Octobre à 22h ce chiffre a tragiquement atteint 1,900 Palestinien⋅es tué⋅es]. Cependant certaines habitations détruites n’ont pas encore été atteintes par les équipes de secours en raison de ressources limitées et du manque d’engins. Le nombre de blessés quant à lui est presque impossible à dénombrer, car toutes les infrastructures de santé sont en ruine et totalement incapables de faire face à l’immense quantité de blessures terribles auxquelles elles sont confrontées. À cet égard, nous prenons très au sérieux les rapports et les allégations de preuves sur l’utilisation de munitions au phosphore par Israël, causant des brûlures atroces et des blessures à long terme et nous condamnons vivement leur utilisation.

    La FIDH condamne l’agression israélienne en tant qu’acte de pure #représailles d’une épouvantable #violence. L’attitude et la doctrine de l’#armée_israélienne sont reflétés dans les propos d’un porte-parole officiel de l’armée israélienne disant l’« emphase est mise sur les dégâts, pas sur la précision ». En outre les six derniers jours n’ont été rien d’autre que l’orchestration des conditions les plus contraires à la vie humaine pour le peuple palestinien. Les #bombardements indiscriminés meurtriers sont associés à la coupure de l’approvisionnement en #nourriture, en #eau, en #électricité, en #carburant et en #médicaments, et constituent des crimes internationaux devant cesser immédiatement.

    Nous exhortons Israël à mettre fin à sa campagne de bombardements et à ne pas mener d’invasion terrestre de la bande de Gaza. Cela ne ferait qu’entraîner des bains de sang et de terribles pertes en vies humaines. Comme l’a déclaré aujourd’hui l’organisation membre israélienne de la FIDH, B’tselem, « La destruction indiscriminée et un siège à l’encontre des innocent⋅es ne procureront ni soulagement, ni justice, ni apaisement ». La FIDH appelle à la libération et protection immédiate des civil⋅es pris en otage par les groupes armés palestiniens, des actes pour lesquels nous réitérons notre condamnation. Toutes les vies civiles doivent être protégées en respect du #droit_international devant être respecté par toutes les parties. Nous rejetons tout approche à deux vitesses vis-à-vis du droit international et des principes des #droits_humains.

    Les attaques indiscriminées contre les civil⋅es constituent des crimes en vertu du droit international quelque soit le contexte

    La FIDH s’oppose fermement à l’ordre d’évacuation des civils du nord de la bande de Gaza émis le 13 octobre par Israël. Nous dénonçons ces ordres comme une tentative de déplacement forcé et illégal de civil⋅es pouvant refléter une #intention_génocidaire. Israël a continuellement et constamment violé le #droit_au_retour des réfugié⋅es qu’il a produit, depuis 1948 jusqu’à aujourd’hui. Plus d’un million de personnes seraient déplacées en raison de ces ordres. On estime de 70 à 80 % la part des habitant⋅es de la bande de Gaza qui sont déjà des réfugié⋅es. Toutes et tous sont soumis à un blocus sévère depuis 16 ans et ont été témoins de 6 agressions militaires majeures. Nous rappelons également que l’Unicef estime à 1 million le nombre d’enfants parmi les 2,3 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza.

    La FIDH demande un cessez-le-feu immédiat, accompagné de la levée du blocus et de la fin du régime de punition collective infligée au peuple de la bande de Gaza. Cette situation illégale en Palestine ne doit pas être autorisée à perdurer. Nous exhortons les États tiers à remplir leurs obligations envers la population protégée sous l’occupation illégale et l’apartheid, et à ne pas être complices des crimes commis contre le peuple palestinien. Nous appelons également les États à exercer une pression sur Israël pour mettre fin à l’agression sur Gaza et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, sans délai.

    https://www.fidh.org/fr/regions/maghreb-moyen-orient/israel-palestine/la-tentative-de-deplacement-force-de-plus-d-un-million-de-personnes

    #à_lire #Gaza #Israël #Palestine #7_octobre_2023 #génocide

  • #Gaza : le #droit_international comme seule boussole

    Le 7 octobre, le #Hamas a lancé une attaque sans précédent sur le sud d’Israël, semant la terreur et perpétrant de nombreux #crimes_de_guerre contre des #civils israéliens. En réponse à cette attaque, Israël a lancé une #opération_militaire d’une violence inédite sur la #bande_de_Gaza, alliant déplacements forcés de population et frappes indiscriminées, également constitutifs de crimes de guerre. Si rien ne peut justifier les crimes de guerre, quel que soit le camp, cette séquence s’inscrit cependant dans un contexte qu’il est indispensable de prendre en compte pour comprendre ce qu’elle représente et les conséquences dévastatrices qu’elle peut avoir.

    La bande de Gaza est, avec la Cisjordanie, l’une des deux composantes du #Territoire_palestinien_occupé. Après la Guerre des Six Jours, elle a, comme la Cisjordanie, fait l’objet d’une colonisation par Israël, avant que ce dernier ne l’évacue unilatéralement en 2005. L’année suivante, le Hamas gagnait les élections législatives à Gaza. L’UE exclut tout contact avec le Hamas compliquant la formation d’un gouvernement palestinien. S’en suit une guerre intra palestinienne entre Fatah et Hamas dans la bande de Gaza, qui se termine en 2007 par la prise de contrôle du territoire par le Hamas. Depuis cette date, un blocus est exercé par Israël sur Gaza, imposant ainsi une punition collective à 2,3 millions de Palestiniens et de Palestiniennes, à laquelle s’ajoutent depuis 2009 des bombardements réguliers et indiscriminés, qu’ils ne peuvent fuir. En conséquence de ces sévères restrictions à la liberté de mouvement des personnes et des biens, 97% de l’eau courante à Gaza est impropre à la consommation, le taux de chômage est de 47%, et 80% de la population dépend de l’aide internationale (données Oxfam).

    Ce #blocus est l’un des aspects du régime d’#apartheid qu’Israël impose à l’ensemble du peuple palestinien, c’est-à-dire un régime institutionnalisé d’#oppression et de #domination systématiques, établi dans l’intention de maintenir la #domination d’un groupe racial sur un autre, l’intention de le maintenir et qui comprend l’existence d’actes inhumains commis comme partie intégrante de ce régime, tels que l’ont récemment qualifiés de nombreux rapports Amnesty, Human Rights Watch et des Rapporteurs spéciaux de l’ONU.

    En décembre dernier, un gouvernement d’#extrême_droite a pris le pouvoir en Israël, renforçant ce régime d’apartheid et intensifiant la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Au cours de l’année 2023, avant le 7 octobre, plus de 200 Palestiniens et Palestiniennes avaient déjà été tués par l’#armée_israélienne ou les colons, surtout en Cisjordanie mais aussi à Gaza. La #violence des colons a augmenté, autorisée et alimentée par le gouvernement israélien, menant à de nombreuses attaques sur des villages palestiniens. Sous les jougs conjugués d’ordres d’#expulsion et de la violence exercée par les colons, des communautés palestiniennes entières de la #zone_C ont été déplacées de force. Au sein de la société israélienne, mais aussi parmi les responsables politiques israéliens, les appels à la haine et au meurtre des Arabes palestiniens sont de plus en plus fréquents.

    Face à cette exacerbation de la violence, la communauté internationale, et l’UE en particulier, n’a réussi qu’à condamner, par des formules creuses et répétitives les multiples violations du droit international commises par Israël, sans jamais prendre de #sanctions.

    Tout cela, c’était avant le 7 octobre et l’attaque meurtrière du Hamas, qui tue plus de 1000 #victimes_civiles israéliennes et prend en #otages entre 120 et 200 personnes. Dans plusieurs lieux, des #meurtres_collectifs ont lieu, sans aucun doute constitutifs de crimes de guerre. Ces faits choquent l’opinion publique internationale et entraînent de nombreux messages de soutien à Israël de la part des responsables politiques, entre autres européens. Certains, tel le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, prennent la peine d’appeler à une réponse « proportionnée ». D’autres, comme la Présidente de la Commission européenne, se contentent d’apporter leur soutien sans faille à Israël, sans même rappeler les obligations qui lui incombent au regard du droit international.

    Depuis le début de la réponse militaire israélienne, les officiels israéliens multiplient les déclarations déshumanisant les Palestiniens, punissant collectivement la population de Gaza pour les crimes commis par le Hamas :

    Lundi 9 octobre, #Yoav_Gallant, le Ministre israélien de la Défense a déclaré : « J’ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza. Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant, tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ».

    Mardi 10 octobre, le chef de la Coordination de l’administration civile dans les territoires (COGAT), le général #Ghassan_Alian a annoncé opérer un #blocus_complet sur la bande de Gaza, coupant le territoire en #électricité et en #eau, ne lui promettant que des dommages, et déclarant à l’adresse du Hamas : « Vous avez voulu l’enfer, vous aurez l’enfer ! ».

    Jeudi 12 octobre, le ministre israélien de l’Energie #Israël_Katz a déclaré : « Aucun interrupteur électrique ne sera allumé, aucune pompe à eau ne sera mise en route et aucun camion de carburant n’entrera tant que les Israéliens enlevés ne seront pas rentrés chez eux (…). Et personne ne peut nous faire la morale ».

    Vendredi 13 octobre, le gouvernement israélien a ordonné une #évacuation de toute la population du nord de la Bande de Gaza, soit 1,1 million de Palestiniens, vers le sud de la Bande de Gaza. Il s’agit d’un #déplacement_forcé de la moitié de la population de Gaza, déjà coupée d’électricité, d’eau et de carburant. Les organisations humanitaires ont tout de suite dénoncé l’impossibilité que cela puisse se passer sans conséquences catastrophiques. Depuis vendredi, plusieurs organes et responsables de l’ONU, l’UNRWA, l’OMS, le chef de l’aide humanitaire de l’ONU sont sortis de leur réserve habituelle et tirent la sonnette d’alarme. MSF multiplie également les déclarations pour dénoncer l’insoutenabilité de la situation sanitaire. Les témoignages qui nous viennent de Gaza sont glaçants : rationnement en eau des enfants, un boulanger qui ne peut plus faire de pain faute d’électricité, les cadavres qui ne trouvent plus de place dans les morgues, ou qui pourrissent sous les décombres.

    Depuis le début de l’attaque militaire israélienne contre Gaza, quelques 2778 Palestiniens sont morts, 9 938 personnes sont blessées, dans un système de santé qui s’est totalement effondré
    (données du 16 octobre).

    Pour rappel, 70% de la population de Gaza sont des #réfugiés, c’est-à-dire que leurs familles ont été chassées de leurs maisons par les Israéliens lors de la #Nakba (mot arabe qui signifie la « catastrophe » et qui désigne, pour les Palestiniens, l’exil forcé de 700 000 d’entre eux, lors de la proclamation de l’État d’Israël en 1948). Ils attendent depuis de pouvoir exercer leur #droit_au_retour, consacré par la Résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Même si un #corridor_humanitaire était mis en place, nombreux sont celles et ceux qui refuseraient de partir, estimant que quitter la Palestine signifierait ne jamais y revenir. C’est en effet le sort subi par tous les populations palestiniennes déplacées depuis la Nakba de 1948.
    Ce qui se risque de se passer à Gaza est qualifié par de nombreuses voix palestiniennes, dont PNGO, le réseau des ONG palestiniennes mais aussi la Rapporteuse spéciale des Nations Unies Francesca Albanese, comme du #nettoyage_ethnique, comme une nouvelle Nakba. Par ailleurs, pour les principales organisations palestiniennes de défense des droits humains (Al Haq, Al Mezan, PCHR), il devient évident « qu’Israël impose délibérément au peuple palestinien des conditions de vie susceptibles d’entraîner sa destruction physique totale ou partielle ». Ces organisations « appellent les États tiers à intervenir de toute urgence pour protéger le peuple palestinien contre le #génocide ». Ce constat rencontre celui de la Fédération internationale des droits humains (FIDH) qui qualifie l’#ordre_d’évacuation des 1,1 million de Palestiniens du nord de la bande de Gaza de « tentative de déplacement forcé et illégal de civil⋅es pouvant refléter une intention génocidaire ». Cette qualification est également appuyée par un historien spécialisé dans l’étude de l’Holocauste et du génocide, Raz Segal. Selon lui, « l’assaut contre Gaza peut également être compris en d’autres termes : comme un cas d’école de génocide se déroulant sous nos yeux ».

    Pendant ce temps, la situation en Cisjordanie et à #Jérusalem-Est se détériore aussi. Comme le fait remarquer Yehuda Shaul, le fondateur de l’ONG Breaking the Silence, et directeur du think tank israélien Ofek, « les crimes de guerre du Hamas sont l’occasion pour la droite israélienne de faire avancer son programme messianique au-delà de la réponse de l’armée israélienne à Gaza. De la reconstruction des colonies à Gaza à l’intensification de la prise de contrôle du Haram al Sharif [l’Esplanade des mosquées]-Montagne du Temple, en passant par les pogroms en Cisjordanie ». En Cisjordanie, 55 Palestiniens ont été tués par les colons et par l’armée en une semaine.

    En Israël même, la situation de la population palestinienne et de celles et ceux qui défendent leurs #droits devient très difficile. Suite à l’attaque du Hamas et les appels à la #revanche partout dans la société israélienne, les Palestiniens d’Israël (18% de la population) craignent de sortir de chez eux. Les Israéliens et Israéliennes du « camp de la paix » vivent aussi des moments compliqués, d’une part parce que de nombreuses victimes du Hamas étaient des militants et militantes pour la paix, d’autre part parce que la défense de la population civile palestinienne de Gaza et la nécessité d’une réponse israélienne mesurée n’est même plus audible dans l’opinion publique actuelle en Israël.

    "En refusant systématiquement d’obliger Israël à respecter le droit international et en laissant les violations impunies, la communauté internationale porte une responsabilité écrasante dans la situation désespérée que nous connaissons aujourd’hui."

    Face au drame qui se déroule sous nos yeux, la boussole de la Belgique et de l’Union européenne doit plus que jamais rester le droit international et la protection de la vie, de la dignité et des droits humains. Pour l’UE et la Belgique, la priorité doit aujourd’hui être de mettre tout en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu, la protection de toutes les populations civiles, et un accès à l’aide internationale pour la population gazaouie actuellement en urgence humanitaire absolue. Elles doivent également appeler à la libération de tous celles et ceux qui ont été illégalement privés de leur liberté, les otages retenus par le Hamas, comme les prisonniers politiques palestiniens arrêtés dans le cadre de la répression de la résistance à l’occupation. L’UE et la Belgique doivent en outre exiger d’Israël la levée du siège de la bande de Gaza, et cela dans une perspective de levée du blocus et d’une reconnexion du territoire avec le reste du territoire palestinien occupé. Elles doivent également s’attaquer aux causes structurelles du présent conflit en adoptant des mesures contraignantes contre Israël afin qu’il mette fin à l’occupation, à la colonisation et à l’apartheid contre le peuple palestinien, à commencer par la fin du commerce avec les colonies israéliennes. Enfin, la Belgique, pionnière historique de la lutte contre l’impunité en matière de crimes de guerre, doit apporter un soutien politique et financier à l’enquête en cours à la Cour pénale internationale sur la situation en Palestine et encourager le procureur de la Cour pénale à en faire une priorité afin que tous les criminels de guerre soient rapidement tenus responsables.

    https://www.cncd.be/gaza-le-droit-international-comme-seule-boussole
    #à_lire #Israël #Palestine #7_octobre_2023 #histoire

  • La sénatrice s’étonne d’une niche fiscale en faveur de Tsahal, elle est menacée de mort

    Faire un don à l’armée israélienne permettrait aux Français d’obtenir une réduction d’impôts... La sénatrice UDI-UC Nathalie Goulet a reçu des menaces de mort après s’être étonnée de cette possibilité offerte aux contribuables français qui font un don à l’armée israélienne, Tsahal, de bénéficier d’une réduction d’impôts de 60%, a-t-elle annoncé vendredi.

    La sénatrice Nathalie Goulet affirme avoir reçu des menaces de mort à la suite d’une question écrite sur une niche fiscale accordée aux contribuables français faisant un don à Tsahal

    La sénatrice de l’Orne, vice-présidente de la commission de la Défense, avait posé le 10 mars une question écrite au secrétaire d’Etat chargé du budget, Christian Eckert, pour attirer son attention sur le sujet. Souhaitant « avoir l’explication de cette disposition exorbitante du droit commun », elle avait souligné qu’il s’agissait là « d’une niche fiscale payée par le contribuable français au profit d’une armée étrangère ».

    Des dons directs à Tsahal ne permettraient pas une réduction d’impôts. Ce sont plutôt des dons à des associations qui serviraient à financer des équipements individuels et de la nourriture pour les jeunes qui font leur service militaire, qui permettraient cette réduction fiscale.

    Reste que Nathalie Goulet n’a pas eu de réponse du ministre, mais a reçu des menaces de mort anonymes sur les réseaux sociaux.

    https://www.leparisien.fr/resizer/c6h2skDQvyJeeH5Ij5kfi80QX9M=/622x132/arc-anglerfish-eu-central-1-prod-leparisien.s3.amazonaws.com/public/WFTNVIHYW3AFZJLPBV55XZF4HI.jpg

    Source : https://www.leparisien.fr/politique/la-senatrice-s-etonne-d-une-niche-fiscale-en-faveur-de-tsahal-elle-est-me

    #Israel #israël #Gaza #Gazaouis #CrimesdeGuerre #Palestine #BDS #Apartheid #colonisation #nakba #Ramallah #violences #Arabes_israéliens ##Palestine_assassinée #occupation #colonisation #racisme #sionisme 

  • Pourquoi les palestiniens protestent ils à Gaza ?

    – 95 % de l’eau n’est pas potable.
    – 4 heures d’électricité par jour.
    – 45 % de chômage.
    – 46% des enfants souffrent d’anémie aiguë.
    – 50% des enfants n’expriment aucun désir de vivre.
    – 2 millions de personnes interdites de circuler.

    #Israel #israël #Gaza #Gazaouis #CrimesdeGuerre #Palestine #BDS #Apartheid #colonisation
    #nakba #Ramallah #violences #Arabes_israéliens ##Palestine_assassinée #occupation #colonisation #racisme #sionisme Tsahal l’#armée_israélienne

    • Palestine et pétainisme Badia Benjelloun

      Toute honte bue, le gouvernement français a condamné la riposte armée des Palestiniens à la dépossession de leurs terres, maisons et villes. Il s’est abstenu de commenter l’origine de ce nouvel embrasement en Palestine. L’expulsion de leur domicile des Palestiniens à Cheikh Jarrah, Silwan, Khan Al Ahmar pour les quartiers de Jérusalem mais aussi des villes de Jaffa, Um Fahm, près de Haïfa dans les territoires conquis en 1948 par l’entité occupante sont des crimes de guerre.

      https://data.over-blog-kiwi.com/1/44/00/64/20210518/ob_2375d4_ezgif-com-gif-maker.webp

      Que les expropriations soient validées par la Cour Suprême de l’entité militaro-ethnique renforce le caractère de l’illégitimité de cette organisation terroriste fondée en 1948 sous le patronage des Etats occidentaux. Cette pratique d’obéir, voire de devancer, les ordres d’une puissance occupante est l’une des expressions du pétainisme, une forme de gouvernement et d’idéologie moultepolitique qui remonte à 1815, exposée par Alain Badiou dans son opus De quoi Sarközy est-il le nom ?(1). Les deux moteurs du pétainisme selon le philosophe sont la vassalisation (à une puissance étrangère) et la peur que les gouvernants ont d’une partie de la population démunie, violentée par l’oppression économique et policière, et dès lors potentiellement révolutionnaire. A cet égard, les successeurs de Sarközy, le plus outrageusement et ostensiblement américain et sioniste des présidents français, constituent une parfaite continuité du transcendal pétainiste.

      Alors que les peuples du monde entier ne peuvent contenir leur colère et leurs larmes face à des provocations, car qu’est-ce donc que d’envoyer colons et armée sur l’Esplanade des mosquées le sept et le dix mai au moment où soixante-dix mille Palestiniens priaient en ce mois du Ramadan, sacré pour les Musulmans ? et face aux crimes de l’entité occupante, manifestent leur solidarité, Macron a répété l’antienne vide de sens : « Israël a le droit de se défendre ». Les Palestiniens, eux, les colonisés, sans Etat protecteur, ne l’auraient sans doute pas.

      Ce droit, ils l’ont pris.
      Agressés par l’armée et les colons, les habitants du quartier Sheikh Al Jarrah, au Nord de Jérusalem, ont fait appel aux branches armées de la résistance palestinienne à Gaza pour les défendre. Le recours à l’Autorité palestinienne, nom donné aux collaborateurs palestiniens chargés de faire la police pour le compte de l’occupant dans de minuscules territoires sous son administration et de lui livrer les résistants depuis 1993, est impossible par définition et après moultes vérifications de son rôle de supplétif. La concertation entre les différents groupes palestiniens ne fut pas longue pour décider d’intervenir. Ils s’y étaient préparés depuis de nombreux mois voire des années.

      Des salves de roquettes s’abattent sur des points sensibles dans les territoires de 1948. D’une portée de 250 km, les roquettes artisanales sont plus précises, elles perturbent l’aéroport international de Tel Aviv où les vols ont été suspendus, attaquent des pipelines. Elles échappent en bonne part au ‘dôme de fer’ censé les capter et les inactiver, financé très généreusement par les Usa et elles atteignent n’importe quel point de la Palestine historique occupée depuis 1948.

      Tenir six mois
      Les brigades Azzedine al Qassam, bras armé du Hamas, affirment disposer d’un arsenal qui leur permettraient de maintenir leur pression offensive durant six mois. C’est la nouveauté et la surprise de cet affrontement entre des forces assurément asymétriques. Le nombre, la précision et la portée des roquettes ont fait des dégâts d’une ampleur inattendue et grande impression.

      Liebermann, ancien ministre de la Sécurité en convient. Il déplore que soit donnée en spectacle au monde la difficile situation militaire de l’entité sioniste face à une formation militaire populaire, non étatique. Il n’a pas hésité à souligner que cette guerre est une opportunité pour l’actuel chef de gouvernement de prolonger son mandat. Il est exposé à un procès pour corruption aggravée et de plus une crise profonde traverse la société israélienne.

      Dans la ‘seule démocratie’ au Moyen Orient, quatre élections législatives se sont déroulées en moins de deux ans sans que n’ait pu être dégagée une majorité de gouvernement stable et consistante. Pour la première fois de l’histoire, le parti des ‘Arabes’, soit celui des Palestiniens non expulsés en 1948, a un rôle à jouer pour la composition d’une majorité à la Knesset et donc dans le choix d’un exécutif.

      L’unité palestinienne.
      L’autre inédit réside dans le soulèvement simultané des Palestiniens de la Cisjordanie et de la Palestine de 1948. Plusieurs fronts ont été ouverts, obligeant à une dispersion des forces de répression. C’est à l’occupant que revient en réalité cette prouesse.

      Fort de l’impunité conférée par le soutien de l’Occident rejoint par les Etats arabes vassaux, l’entité a multiplié ses agressions contre les Palestiniens de Jaffa et de Umm al Fahm, près de Haïfa. Là aussi, les ‘Arabes israéliens’ sont expulsés de leurs maisons. Comble de la perversion, quand les constructions sont déclarées illégales, l’arsenal juridique discriminatoire est très fourni et s’étoffe sans cesse depuis 1948, ou que la zone soit répertoriée comme d’intérêt militaire, les Palestiniens sont contraints de détruire eux-mêmes leur domicile sous peine d’avoir à payer (3) l’intervention d’une entreprise israélienne. L’actuelle guerre contre ce peuple dépossédé de tout réalise l’unité totale des Palestiniens, fragmentés géographiquement entre Gaza, la Cisjordanie elle-même morcelée par le Mur de séparation et les innombrables check-points et la Palestine de 1948.

      Le Hamas a déclaré sa séparation de la mouvance des Frères musulmans. Le Hamas se considère comme autonome de cette nébuleuse idéologique, récupérée par les régimes rétrogrades du Qatar et de la Turquie d’Erdogan et de son parti, israélo-compatibles. Cette autonomie nouvelle lui redonne une grande liberté d’action, de quoi se consacrer à la lutte pour la libération sans attendre une aide financière humanitaire à la fois parcimonieuse et soumise aux orientations du moment des donateurs. Cette étape est importante, elle marque une rupture très nette avec son positionnement antérieur aligné sur celui de la Turquie et des EAU sur la guerre qui n’a rien de civile instaurée en Syrie par les proxy de l’OTAN. Khalid Mechaal, ancien chef démissionnaire du Hamas, vient cependant d’être réintégré comme responsable des affaires extérieures au sein de son bureau politique. La direction militaire de son côté souligne l’importance de sa coopération avec le Hezbollah libanais, l’Iran et la Syrie. Un équilibre semble se dessiner entre l’aile du refus et celle de l’ex direction étrangère.

      Centralité de la Palestine.
      Le problème palestinien n’est évidemment pas religieux. Le projet sioniste, fou, repose sur l’invention aberrante d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Il faut donc à cette idéologie incarnée par toutes les variantes de l’éventail politique représentées à Tel Aviv effacer toute trace des Palestiniens, quitte à s’en approprier des traits de leur culture, musicale ou culinaire par exemple. Les colons fondamentalistes de Jérusalem se promettent de détruire toutes les Eglises chrétiennes (4) qu’ils considèrent comme relevant d’un rite impie. L’aversion des intégristes ne se limite donc pas aux seuls musulmans. Au fur et à mesure que disparaît la génération des pionniers fondateurs de l’Etat juif qui affichait une idéologie libérale laïque (tout en instituant une loi de citoyenneté théocratique) l’intégrisme religieux imprègne de plus en plus tout le spectre politique. Il est clairement suprémaciste et ouvertement raciste.

      L’objectif colonial commun est donc à la fois de nier l’existence des Palestiniens et de les faire partir. Le grignotage permanent continuel des terres, les expulsions, les emprisonnements, le harcèlement continuel des Palestiniens vise à les faire disparaître par toute sorte de moyens. Les faire partir et/ou les exterminer (solution extrême inapplicable en raison du frein éthique partagé par toutes les sociétés, marqué par le martelage du précédent nazi auquel les sionistes ont contribué) tel est le but du nettoyage ethnico-religieux entrepris dès le 15 mai 1948. Cet événement et cette date ont fait des Palestiniens un peuple composé pour moitié de réfugiés puisque près de 800 000 ont fui les exactions d’une armée de terroristes lors de la Naqba (la Catastrophe). Ils sont devenus désormais plus de sept millions à revendiquer leur droit au retour.

      En dehors de rares exceptions, tous les peuples ont tenu à manifester leur solidarité avec la Palestine dans cette énième épreuve, bravant souvent les interdictions liées à la crise sanitaire. Ceux du monde arabe n’ont pas manqué à l’appel, y compris quand ils sont dirigés par des gouvernements qui ont consenti à normaliser leurs relations avec Tel Aviv. En Iraq, pays déchiqueté et très affaible depuis son invasion en 2003, des milliers de partisans de Moqtada Sadr ont manifesté dans plusieurs villes.

      Après une éclipse de quelques années liée aux problématiques locales et nationales nées avec le ‘printemps arabe’, la Palestine reprend sa place centrale. La création d’une colonie de peuplement en plein cœur du monde arabe est vécue comme une réplique tardive de l’impérialisme occidental et l’attaque de Jérusalem qui concentre des enjeux culturels et religieux considérables a réveillé des réactions et des émotions que l’on croyait taries.

      Les Etats attaqués par l’OTAN ces dernières années faisaient tous partie du front du refus et n’avaient jamais établi des accords de paix avec l’occupant. L’Irak, le Soudan, la Libye et la Syrie appartiennent à cette série tragique. Partitionné en 2011, le coup d’Etat de 2019 au Soudan a évincé Omar el Bachir et pour lever les sanctions économiques imposées par les Usa, le nouveau régime soudanais a accédé à la condition de Trump, établir des relations diplomatiques avec Israël.

      Toute la politique étrangère des Usa au Moyen Orient depuis 1967 consiste à protéger Israël, de façon prioritaire bien au-delà de ses propres intérêts nationaux stratégiques. Il n’est plus tabou de le reconnaître depuis la publication par deux universitaires étasuniens Stephen Walt et John Mearsheimer en 2007 de leur travail Le Lobby israélien et la politique étrangère des Usa. (5)

      Depuis cette date, l’émergence de la Chine comme rivale économique, danger vital pour leur suprématie, a contraint les Usa à déployer plus d’efforts militaires, diplomatiques, de renseignements, d’opérations de contre-insurrections diverses en Afrique. Et donc à réduire (relativement) leurs moyens au Proche Orient arabe. Cette tendance à vouloir retirer les troupes d’Irak, d’Afghanistan et de Syrie est certes contrecarrée. Des supplétifs comme les milices djihadistes et des firmes militaires privées font bien l’affaire pour entretenir le chaos dans tous les pays dans le voisinage de l’occupant israélien.

      Pressions-Sanctions.
      De plus en plus des voix s’élèvent pour demander des pressions effectives comme des sanctions économiques contre Tel Aviv afin de l’obliger à cesser ses crimes de guerre. La campagne internationale BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) initiée en 2005 par 171 ONG palestiniennes ne cesse de prendre de l’ampleur malgré les efforts de propagande sioniste de l’assimiler à une discrimination antisémite. La Cour européenne des droits de l’homme a tranché (6) en septembre 2020, le boycott est une protestation d’une politique garantie par la liberté d’expression démocratique.

      Une partie des Démocrates étasuniens commence à poser le problème de la conditionnalité de l’aide étasunienne à Israël. La majorité de la jeunesse juive étasunienne ne se reconnaît pas dans cette barbarie perpétrée au nom du judaïsme qu‘elle tient à ne pas confondre avec le sionisme. En France, l’Union des juifs de France pour la paix rappelle ses positions très nettes en faveur des droits nationaux palestiniens, elles sont tout à fait opposées à la colonisation rampante de la Palestine. L’UJFP précise que le CRIF ne représente qu’une infime minorité des juifs en France et qu’il représente les intérêts de l’Etat hébreu de Tel Aviv et pas celle d’une communauté religieuse. Elle était signataire de l’appel pour la manifestation du 15 mai, interdite par Darmanin quelques jours après qu’elle fut autorisés par les autorités préfectorales compétentes en la manière.

      Se basant sur le droit constitutionnel en vigueur en France, les organisateurs ont maintenu la manifestation. Le résultat de son interdiction et l’extrême concentration des forces de police sur le site de son départ ont abouti au surgissement des couleurs du drapeau palestinien dans de nombreux lieux de la capitale.

      Comme à la grande époque des Gilets Jaunes, la dissémination des manifestants a désorganisé les plans de la préfecture. Des rendez-vous alternatifs diffusés par la messagerie Whatsapp ont servi efficacement de leurres et ont mobilisé du personnel répressif et leurs innombrables véhicules place de la Bastille, vide de manifestants. Un immense drapeau palestinien avait été accroché un moment sur les marches de l’Opéra Bastille, raison pour laquelle aussi sans doute des dizaines de cars y ont afflué- trop tard. D’autres rassemblements, très dynamiques avaient lieu ailleurs en particulier à République.

      Palestine plus que jamais vivante.
      Une jeunesse ardente a été repoussée sur le boulevard Barbès à hauteur du métro Château Rouge. Elle a ‘tenu’ le boulevard jusqu’à la porte de Clignancourt près de quatre heures. Elle a été renforcée par l’arrivée de jeunes des cités qui bordent le boulevard Ney. Quand fut donné l’assaut final par les forces de l’ordre, les quelques six cents personnes se sont évaporées dans les dédales de leurs cités. CRS et BRAV (brigades de répression de la violence motorisée, résurrection des voltigeurs de Pasqua corps dissout en 1986 à l’occasion des Gilets Jaunes) sont restés bredouilles dans leur chasse.

      Bien mieux que ne pourraient le faire toutes les commémorations nostalgiques de la Commune de Paris, cette jeunesse française a renoué avec la tradition des combats de rue livrés aux régimes pétainistes, qu’ils portent le nom de Thiers, de Pétain ou de Macron. 73 ans d’occupation, de destruction de sociocides, de dispersion mais la Palestine aujourd’hui ressoude ses membres disloqués, reconstitue son corps, est plus que jamais vivante, on a entendu son cœur battre à Paris ce 15 mai.

      Badia Benjelloun
      16 mai 2021.

      (1) https://www.babelio.com/livres/Badiou-De-quoi-Sarkozy-est-il-le-nom-/96549
      (2) https://french.almanar.com.lb/2070246
      (3) https://www.france24.com/en/20200830-denied-permits-palestinians-raze-own-homes-in-jerusalem
      (4) https://imemc.org/article/59791
      (5)https://www.editionsladecouverte.fr/le_lobby_pro_israelien_et_la_politique_etrangere_americaine-978
      (6) https://europalestine.com/2020/09/16/bds-le-jugement-historique-de-la-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme

      Source : http://www.librairie-tropiques.fr/2021/05/palestine-et-petainisme.html

      #palestine, #géopolitique, #Badia_Benjelloun, #pétainisme #france #occupation

    • Israeli Settlers Burn Church in Jerusalem rappel

      A hundred year old church was burned, Friday, by right-wing Israeli settlers, who broke a number of windows of the church and hurled Molotov cocktails inside.The damage to the church was substantial, with burning throughout the first floor of the building.

      The church was built in Jerusalem in 1897, and housed the Palestinian Bible College until 1947, when parishioners were pushed out by Jewish armed gangs, during the violence accompanying the creation of the state of Israel.

      Christians make up 2% of the population of both Israel and the Palestinian Territories – the number used to be around 15%, but many Christians from the Holy Land have emigrated due to the harsh conditions of the Israeli occupation, and discrimination against them by the Israeli state.

      This is not the first time that Israeli right-wingers have destroyed churches and church property – a number of Christian churches were destroyed during the second intifada (uprising) which began in 2000, and many more were destroyed by Israeli forces during the 1948 and 67 wars.

      In 2006, an Israeli couple tried to firebomb an ancient church in Nazareth, the city where Chrisitians believe that Jesus Christ lived 2,000 years ago. An Israeli court which tried the case failed to convict the couple of any charges.

      A leader who, in the church, was assaulted on Friday, Zachariah al-Mashriqi, told reporters that the attack on the church was a clear attempt to provoke Palestinians to respond in anger. He urged Palestinian Christians to respond to the attack with virtue and patience.

      Al-Mashriqi urged the Israeli government to act responsibly and condemn the attack, and work on investigating the attack to find out who was involved and actually file charges in the case. He asked the Israeli government to protect holy sites in the city of Jerusalem, as these sites come under increasing attack by Israeli settlers.

      Source : https://imemc.org/article/59791
      #eglise_Orthodoxe

  • Israël réalise des gains tactiques, mais le Hamas reste le vainqueur stratégique Par Avi Issacharoff

    1. Il existe un vaste fossé entre la manière dont Israël tente d’expliquer et de commercialiser l’opération « Gardien des murs » et la manière dont le Hamas parvient à présenter sa lutte menée contre Israël au public palestinien et arabe.

    Alors qu’Israël recherche et obtient des succès tactiques – tels que l’assaut aérien contre le réseau de tunnels, surnommé le « métro », du Hamas dans le nord de Gaza, le fait de détruire de hautes tours importantes pour le Hamas et les frappes contre les entrepôts d’armes et les lance-roquettes -, le Hamas obtient des succès stratégiques et acquiert la primauté dans les sphères palestinienne, arabe et même israélienne.

    Le Hamas a réussi quelque chose de sans précédent au cours des deux derniers jours : Outre ses propres barrages incessants en direction d’Israël, il a mobilisé des milliers de Palestiniens en Cisjordanie, provoqué des tirs de roquettes mineurs en provenance du Liban et de Syrie et, surtout, il a attiré les Arabes israéliens extrémistes dans sa bataille, comme en témoigne le spectacle d’Umm al-Fahm où des extrémistes se sont rassemblés pour proférer des menaces devant le moshav Mai Ami voisin. Ces signes violents, et d’autres attestant d’une escalade vers la guerre civile en Israël, sont considérés dans la sphère palestinienne comme des réalisations non négligeables du Hamas.


    Des membres des services de sécurité et d’urgence israéliens travaillent sur un site touché par une roquette tirée depuis Gaza à Ramat Gan, où un Israélien a été tué, le 15 mai 2021. (Gil COHEN-MAGEN / AFP)

    Il y a de plus en plus de morts à Gaza, environ 150 et plus, et une destruction généralisée. Mais les démolitions seront réparées grâce aux financements qataris que le gouvernement Netanyahu a continué à laisser entrer à Gaza.


    L’Armée de l’air israélienne bombarde des tunnels de Gaza, le 14 mai 2021. (Capture d’écran de l’Armée de l’air israélienne)

    Et quand on se souvient que 2 000 Gazaouis ont été tués lors de la guerre Gaza-Israël de 2014, le bilan actuel est minime en ce qui concerne le Hamas qui a constamment utilisé des civils comme boucliers humains, considérant la mort d’innocents palestiniens comme le moyen légitime de parvenir à ses fins.

    2. La réponse d’Israël à Gaza commence à s’épuiser. L’armée israélienne frappe d’innombrables cibles du Hamas, et obtient quelques résultats significatifs.

    Mais elle frappe également des civils, comme ce fut le cas au camp de réfugiés de Shati samedi à l’aube, où de nombreux membres de la famille Hatab ont été tués dans une frappe qui, selon des sources militaires israéliennes, visait une réunion de hauts responsables du Hamas.

    En outre, la probabilité qu’Israël puisse remporter une victoire symbolique et militaire n’est pas particulièrement réaliste. Le ciblage de telle ou telle installation militaire, chaîne de production de roquettes, centre de commandement ou commandant du Hamas ne changera pas la réalité globale.


    Le feu et la fumée montent de la tour Jala alors qu’elle est détruite lors d’une frappe aérienne israélienne après que Tsahal a averti les occupants de partir, à Gaza city, le 15 mai 2021 (Crédit : MAHMUD HAMS / AFP)

    Israël ne va pas remporter une victoire décisive dans cette manche. La seule possibilité d’afficher une victoire décisive est de prendre pour cible Mohammad Deif, le chef du terrorisme du Hamas, ou Yahya Sinwar, son chef à Gaza – mais il est probable que tous deux se cachent dans les profondeurs de la terre sous haute sécurité.

    Une autre option qui pourrait aboutir à une défaite du Hamas est une opération terrestre, mais personne – vraiment, personne – dans le leadership israélien ne veut y recourir.
    3. Il est toutefois nécessaire d’envisager les prochaines étapes, car même si cet épisode venait à se poursuivre, le prochain attend déjà au coin de la rue.

    La politique menée depuis 12 ans par le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour tenter de contenir le Hamas, tout en le laissant se renforcer militairement sans craindre d’être inquiété, doit être reconsidérée.

    Il est impensable qu’Israël continue de laisser le Hamas s’améliorer et fabriquer ses roquettes en toute impunité, qu’il autorise l’aide du Qatar et d’autres pays à entrer dans la bande de Gaza, et toutes sortes d’autres formes d’aide humanitaire, – avec l’illusion que cela calmera le monstre ou que le Hamas se sentira dissuadé de le faire.

    Le Hamas démontre une fois de plus qu’il n’a absolument aucun scrupule à placer les habitants de Gaza en danger direct et à sacrifier toute amélioration mineure de la situation humanitaire dans la bande. Ce qu’il faut, c’est un changement conceptuel de la partie israélienne, y compris des attaques surprises même en période de calme.

    4. Jusqu’à ces deux derniers jours, la Cisjordanie était restée à l’écart de cette escalade. Seules quelques personnes étaient sorties pour manifester. Cela a changé vendredi, avec des protestations et des émeutes d’une ampleur jamais vue depuis des années. Nous n’assistons pas à une mobilisation du niveau de la première ou de la deuxième Intifada, mais il s’agit néanmoins de protestations de masse, qui ont fait au moins neuf morts.


    Un émeutier palestinien jette un pneu en feu sur un tas lors d’affrontements avec l’armée israélienne près de l’implantation juive de Beit El à proximité de Ramallah en Cisjordanie, le 14 mai 2021 (Crédit : ABBAS MOMANI / AFP)

    Il est peu probable que la période qui suivra la Journée de la Nakba de samedi – au cours de laquelle les Palestiniens ont marqué ce qu’ils appellent la « catastrophe » qui les a frappés au moment de la création d’Israël – se termine sans de nouvelles protestations. Voire pire.

    En effet, l’Autorité palestinienne et le Fatah pourraient considérer cet anniversaire comme une occasion, après avoir été laissés de côté par les événements à Gaza, de reprendre le dessus de la scène du leadership palestinien.

    Source : https://fr.timesofisrael.com/israel-realise-des-gains-tactiques-mais-le-hamas-reste-le-vainqueu
    #nakba #Ramallah #Palestine #israël #israel #Gaza #Gazaouis #violence #Arabes_israéliens #bds #Palestine_assassinée #occupation #colonisation #racisme #sionisme #apartheid #gaz #énergie Tsahal l’#armée_israélienne #Liban #Syrie #Quatar #Cisjordanie

  • Des soldats israéliens tirent sur une voiture d’Israéliens, une enquête est en cours

    Des soldats de Tsahal ont ouvert le feu par erreur sur une famille israélienne qui traversait la vallée du Jourdain samedi, croyant que les passagers tentaient de les attaquer à la voiture-bélier lorsqu’ils ont accéléré pour éviter des pneus enflammés lancés sur la route par des émeutiers palestiniens.


    La famille rentrait chez elle dans l’implantation de Neve Daniel en Cisjordanie lorsque l’incident s’est produit.

    « Lorsque nous nous sommes approchés du village d’Al-Auja, nous avons vu des flammes sur la route, et nous avons immédiatement pensé que c’était un barrage routier palestinien et que nous allions être piégés et lynchés », a expliqué dimanche à la Douzième chaîne la mère, identifiée uniquement par son initiale « S ».

    « Nous étions terrifiés. Nous ne savions pas quoi faire. J’ai essayé de crier à mon mari de faire demi-tour, mais il ne l’a pas fait parce qu’il pensait qu’il y aurait peut-être un autre véhicule derrière nous », a-t-elle dit.

    La mère a raconté que son mari avait alors vérifié la circulation dans la voie d’en face et, comme elle était dégagée, il a décidé d’accélérer pour passer les flammes. Mais ils n’avaient pas remarqué le groupe de soldats de Tsahal de l’autre côté de la route.

    « Tout à coup, des soldats se tenaient devant nous et ils pensaient certainement que c’était une attaque à la voiture-bélier parce que nous roulions du mauvais côté de la route à grande vitesse, ce qui devait sembler suspect », a-t-elle expliqué. « Ils nous ont tiré dessus et j’ai crié à mon mari : ‘Ce sont des soldats !’ » Dès qu’il a compris, il s’est arrêté et nous leur avons crié que nous étions israéliens. »

    La mère a déclaré que les soldats avaient tiré sur le véhicule à la fois avec des balles réelles et des balles en caoutchouc, mais se sont arrêtés dès que le véhicule s’est immobilisé.

    « Je ne sais pas s’ils se sont arrêtés parce qu’ils nous ont entendus, ou parce qu’ils se sont rendu compte que nous étions israéliens, mais ça s’est arrêté d’un coup », a-t-elle déclaré. Bien qu’ils aient tiré de nombreuses balles sur la voiture où se trouvaient les deux adultes et leurs cinq enfants, personne dans la famille n’a été gravement blessé.

    « Les balles réelles se sont coincées dans les portières de la voiture et les balles en caoutchouc ont touché le pare-brise. Du verre a volé en éclats au-dessus de moi et j’ai été blessée », a déclaré la mère. « La fenêtre à côté de ma fille aînée à l’arrière s’est complètement brisée, mais heureusement elle n’a pas été blessée. Ma plus jeune fille, âgée d’un an et demi, a été très légèrement touchée et a quelques égratignures.

    L’armée israélienne a déclaré à la Douzième chaîne que l’incident s’était produit après qu’une émeute a éclaté près du village d’Al-Auja dans la vallée du Jourdain, lorsque des émeutiers ont jeté des pierres sur la route et allumé un pneu.

    Source : https://fr.timesofisrael.com/des-soldats-tirent-sur-une-voiture-disraeliens-une-enquete-est-en-

    #palestine #israël #gaza #israel #bds #palestine_assassinée #occupation #colonisation #cisjordanie #racisme #boycott #apartheid
    #armée_israélienne

  • Le Hamas a tiré la semaine dernière des roquettes sur la plateforme de gaz Tamar

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    La semaine dernière, le groupe terroriste palestinien du Hamas a tiré des dizaines de roquettes sur la plate-forme de gaz naturel israélienne Tamar, qui a été vidée de son carburant et temporairement mise hors service au début des combats, a appris le Times of Israel.

    Aucune de ces roquettes n’a failli toucher la plate-forme, qui est protégée par une batterie antimissile du Dôme de fer, embarquée sur un navire et d’autres systèmes défensifs.

    Comme les roquettes produites dans la bande de Gaza ne sont pas des munitions à guidage de précision, il est très peu probable qu’elles atteignent la plate-forme, – une cible extrêmement petite à atteindre depuis la côte.

    Les drones transportant des explosifs, comme ceux abattus par un avion de combat F-16 au-dessus de la mer la semaine dernière, pourraient cibler plus efficacement la plate-forme, ce qui nécessiterait des défenses aériennes considérables de la part de la marine israélienne.

    Dans l’ensemble, la marine a réussi à empêcher toutes les tentatives du Hamas d’utiliser ses capacités navales contre des cibles israéliennes en mer et à terre.

    Tsahal a également détruit la plupart des infrastructures navales et des armements du groupe terroriste tout au long de la semaine dernière, y compris plusieurs sous-marins autonomes que le Hamas a développés ces dernières années, – chacun étant capable de transporter 30 kilogrammes d’explosifs et d’être guidé à l’aide d’un GPS. L’armée estime toutefois que plusieurs autres armes pourraient être encore en possession du Hamas.
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    La suite : https://fr.timesofisrael.com/le-taux-de-roquettes-lancees-vers-israel-sans-precedent-dans-lhist

    #Palestine #israël #israel #Gaza #violence #bds #Palestine_assassinée #occupation #colonisation #racisme #sionisme #apartheid #gaz #énergie Tsahal l’#armée_israélienne

  • Artificial intelligence : #Frontex improves its maritime surveillance

    Frontex wants to use a new platform to automatically detect and assess „risks“ on the seas of the European Union. Suspected irregular activities are to be displayed in a constantly updated „threat map“ with the help of self-learning software.

    The EU border agency has renewed a contract with Israeli company Windward for a „maritime analytics“ platform. It will put the application into regular operation. Frontex had initially procured a licence for around 800,000 Euros. For now 2.6 million Euros, the agency will receive access for four workstations. The contract can be extended three times for one year at a time.

    Windward specialises in the digital aggregation and assessment of vessel tracking and maritime surveillance data. Investors in the company, which was founded in 2011, include former US CIA director David Petraeus and former CEO’s of Thomson Reuters and British Petroleum. The former chief of staff of the Israeli military, Gabi Ashkenazi, is considered one of the advisors.

    Signature for each observed ship

    The platform is based on artificial intelligence techniques. For analysis, it uses maritime reporting systems, including position data from the AIS transponders of larger ships and weather data. These are enriched with information about the ship owners and shipping companies as well as the history of previous ship movements. For this purpose, the software queries openly accessible information from the internet.

    In this way, a „fingerprint“ is created for each observed ship, which can be used to identify suspicious activities. If the captain switches off the transponder, for example, the analysis platform can recognise this as a suspicuous event and take over further tracking based on the recorded patterns. It is also possible to integrate satellite images.

    Windward uses the register of the International Maritime Organisation (IMO) as its database, which lists about 70,000 ships. Allegedly, however, it also processes data on a total of 400,000 watercraft, including smaller fishing boats. One of the clients is therefore the UN Security Council, which uses the technology to monitor sanctions.

    Against „bad guys“ at sea

    The company advertises its applications with the slogan „Catch the bad guys at sea“. At Frontex, the application is used to combat and prevent unwanted migration and cross-border crime as well as terrorism. Subsequently, „policy makers“ and law enforcement agencies are to be informed about results. For this purpose, the „risks“ found are visualised in a „threat map“.

    Windward put such a „threat map“ online two years ago. At the time, the software rated the Black Sea as significantly more risky than the Mediterranean. Commercial shipping activity off the Crimea was interpreted as „probable sanction evasions“. Ship owners from the British Guernsey Islands as well as Romania recorded the highest proportion of ships exhibiting „risky“ behaviour. 42 vessels were classified as suspicious for drug smuggling based on their patterns.

    Frontex „early warning“ units

    The information from maritime surveillance is likely to be processed first by the „Risk Analysis Unit“ (RAU) at Frontex. It is supposed to support strategic decisions taken by the headquarters in Warsaw on issues of border control, return, prevention of cross-border crime as well as threats of a „hybrid nature“. Frontex calls the applications used there „intelligence products“ and „integrated data services“. Their results flow together in the „Common Integrated Risk Analysis Model“ (CIRAM).

    For the operational monitoring of the situation at the EU’s external borders, the agency also maintains the „Frontex Situation Centre“ (FSC). The department is supposed to provide a constantly updated picture of migration movements, if possible in real time. From these reports, Frontex produces „early warnings“ and situation reports to the border authorities of the member states as well as to the Commission and the Council in Brussels.

    More surveillance capacity in Warsaw

    According to its own information, Windward’s clients include the Italian Guardia di Finanza, which is responsible for controlling Italian territorial waters. The Ministry of the Interior in Rome is also responsible for numerous EU projects aimed at improving surveillance of the central Mediterranean. For the training and equipment of the Libyan coast guard, Italy receives around 67 million euros from EU funds in three different projects. Italian coast guard authorities are also installing a surveillance system for Tunisia’s external maritime borders.

    Frontex now wants to improve its own surveillance capacities with further tenders. Together with the fisheries agency, The agency is awarding further contracts for manned maritime surveillance. It has been operating such a „Frontex Aerial Surveillance Service“ (FASS) in the central Mediterranean since 2017 and in the Adriatic Sea since 2018. Frontex also wants to station large drones in the Mediterranean. Furthermore, it is testing Aerostats in the eastern Mediterranean for a second time. These are zeppelins attached to a 1,000-metre long line.

    https://digit.site36.net/2021/01/15/artificial-intelligence-frontex-improves-its-maritime-surveillance
    #intelligence_artificielle #surveillance #surveillance_maritime #mer #asile #migrations #réfugiés #frontières #AI #Windward #Israël #complexe_militaro-industriel #militarisation_des_frontières #David_Petraeus #Thomson_Reuters #British_Petroleum #armée_israélienne #Gabi_Ashkenazi #International_Maritime_Organisation (#IMO) #thread_map #Risk_Analysis_Unit (#RAU) #Common_Integrated_Risk_Analysis_Model (#CIRAM) #Frontex_Situation_Centre (#FSC) #Frontex_Aerial_Surveillance_Service (#FASS) #zeppelins

    ping @etraces

    • Data et nouvelles technologies, la face cachée du contrôle des mobilités

      Dans un rapport de juillet 2020, l’Agence européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle (#EU-Lisa) présente l’intelligence artificielle (IA) comme l’une des « technologies prioritaires » à développer. Le rapport souligne les avantages de l’IA en matière migratoire et aux frontières, grâce, entre autres, à la technologie de #reconnaissance_faciale.

      L’intelligence artificielle est de plus en plus privilégiée par les acteurs publics, les institutions de l’UE et les acteurs privés, mais aussi par le #HCR et l’#OIM. Les agences de l’UE, comme Frontex ou EU-Lisa, ont été particulièrement actives dans l’#expérimentation des nouvelles technologies, brouillant parfois la distinction entre essais et mise en oeuvre. En plus des outils traditionnels de surveillance, une panoplie de technologies est désormais déployée aux frontières de l’Europe et au-delà, qu’il s’agisse de l’ajout de nouvelles #bases_de_données, de technologies financières innovantes, ou plus simplement de la récupération par les #GAFAM des données laissées volontairement ou pas par les migrant·e·s et réfugié∙e∙s durant le parcours migratoire.

      La pandémie #Covid-19 est arrivée à point nommé pour dynamiser les orientations déjà prises, en permettant de tester ou de généraliser des technologies utilisées pour le contrôle des mobilités sans que l’ensemble des droits des exilé·e·s ne soit pris en considération. L’OIM, par exemple, a mis à disposition des Etats sa #Matrice_de_suivi_des_déplacements (#DTM) durant cette période afin de contrôler les « flux migratoires ». De nouvelles technologies au service de vieilles obsessions…

      http://www.migreurop.org/article3021.html

      Pour télécharger le rapport :
      www.migreurop.org/IMG/pdf/note_12_fr.pdf

      ping @karine4 @rhoumour @_kg_ @i_s_

    • La #technopolice aux frontières

      Comment le #business de la #sécurité et de la #surveillance au sein de l’#Union_européenne, en plus de bafouer des #droits_fondamentaux, utilise les personnes exilées comme #laboratoire de recherche, et ce sur des #fonds_publics européens.

      On a beaucoup parlé ici ces derniers mois de surveillance des manifestations ou de surveillance de l’espace public dans nos villes, mais la technopolice est avant tout déployée aux #frontières – et notamment chez nous, aux frontières de la « forteresse Europe ». Ces #dispositifs_technopoliciers sont financés, soutenus et expérimentés par l’Union européenne pour les frontières de l’UE d’abord, et ensuite vendus. Cette surveillance des frontières représente un #marché colossal et profite grandement de l’échelle communautaire et de ses programmes de #recherche_et_développement (#R&D) comme #Horizon_2020.

      #Roborder – des essaims de #drones_autonomes aux frontières

      C’est le cas du projet Roborder – un « jeu de mots » entre robot et border, frontière en anglais. Débuté en 2017, il prévoit de surveiller les frontières par des essaims de #drones autonomes, fonctionnant et patrouillant ensemble. L’#intelligence_artificielle de ces drones leur permettrait de reconnaître les humains et de distinguer si ces derniers commettent des infractions (comme celui de passer une frontière ?) et leur dangerosité pour ensuite prévenir la #police_aux_frontières. Ces drones peuvent se mouvoir dans les airs, sous l’eau, sur l’eau et dans des engins au sol. Dotés de multiples capteurs, en plus de la détection d’activités criminelles, ces drones seraient destinés à repérer des “#radio-fréquences non fiables”, c’est-à-dire à écouter les #communications et également à mesurer la #pollution_marine.
      Pour l’instant, ces essaims de drones autonomes ne seraient pas pourvus d’armes. Roborder est actuellement expérimenté en #Grèce, au #Portugal et en #Hongrie.

      Un #financement européen pour des usages « civils »

      Ce projet est financé à hauteur de 8 millions d’euros par le programme Horizon 2020 (subventionné lui-même par la #Cordis, organe de R&D de la Commission européenne). Horizon 2020 représente 50% du financement public total pour la recherche en sécurité de l’UE. Roborder est coordonné par le centre de recherches et technologie de #Hellas (le #CERTH), en Grèce et comme le montre l’association #Homo_Digitalis le nombre de projets Horizon 2020 ne fait qu’augmenter en Grèce. En plus du CERTH grec s’ajoutent environ 25 participants venus de tous les pays de l’UE (où on retrouve les services de police d’#Irlande_du_Nord, le ministère de la défense grecque, ou encore des entreprises de drones allemandes, etc.).

      L’une des conditions pour le financement de projets de ce genre par Horizon 2020 est que les technologies développées restent dans l’utilisation civile, et ne puissent pas servir à des fins militaires. Cette affirmation pourrait ressembler à un garde-fou, mais en réalité la distinction entre usage civil et militaire est loin d’être clairement établie. Comme le montre Stephen Graham, très souvent les #technologies, à la base militaires, sont réinjectées dans la sécurité, particulièrement aux frontières où la migration est criminalisée. Et cette porosité entre la sécurité et le #militaire est induite par la nécessité de trouver des débouchés pour rentabiliser la #recherche_militaire. C’est ce qu’on peut observer avec les drones ou bien le gaz lacrymogène. Ici, il est plutôt question d’une logique inverse : potentiellement le passage d’un usage dit “civil” de la #sécurité_intérieure à une application militaire, à travers des ventes futures de ces dispositifs. Mais on peut aussi considérer la surveillance, la détection de personnes et la #répression_aux_frontières comme une matérialisation de la #militarisation de l’Europe à ses frontières. Dans ce cas-là, Roborder serait un projet à fins militaires.

      De plus, dans les faits, comme le montre The Intercept (https://theintercept.com/2019/05/11/drones-artificial-intelligence-europe-roborder), une fois le projet terminé celui-ci est vendu. Sans qu’on sache trop à qui. Et, toujours selon le journal, beaucoup sont déjà intéressés par Roborder.

      #IborderCtrl – détection d’#émotions aux frontières

      Si les essaims de drones sont impressionnants, il existe d’autres projets dans la même veine. On peut citer notamment le projet qui a pour nom IborderCtrl, testé en Grèce, Hongrie et #Lettonie.

      Il consiste notamment en de l’#analyse_d’émotions (à côté d’autres projets de #reconnaissances_biométriques) : les personnes désirant passer une frontière doivent se soumettre à des questions et voient leur #visage passer au crible d’un #algorithme qui déterminera si elles mentent ou non. Le projet prétend « accélérer le #contrôle_aux_frontières » : si le #détecteur_de_mensonges estime qu’une personne dit la vérité, un code lui est donné pour passer le contrôle facilement ; si l’algorithme considère qu’une personne ment, elle est envoyée dans une seconde file, vers des gardes-frontières qui lui feront passer un #interrogatoire. L’analyse d’émotions prétend reposer sur un examen de « 38 #micro-mouvements du visage » comme l’angle de la tête ou le mouvement des yeux. Un spectacle de gadgets pseudoscientifiques qui permet surtout de donner l’apparence de la #neutralité_technologique à des politiques d’#exclusion et de #déshumanisation.

      Ce projet a également été financé par Horizon 2020 à hauteur de 4,5 millions d’euros. S’il semble aujourd’hui avoir été arrêté, l’eurodéputé allemand Patrick Breyer a saisi la Cour de justice de l’Union Européenne pour obtenir plus d’informations sur ce projet, ce qui lui a été refusé pour… atteinte au #secret_commercial. Ici encore, on voit que le champ “civil” et non “militaire” du projet est loin de représenter un garde-fou.

      Conclusion

      Ainsi, l’Union européenne participe activement au puissant marché de la surveillance et de la répression. Ici, les frontières et les personnes exilées sont utilisées comme des ressources de laboratoire. Dans une optique de militarisation toujours plus forte des frontières de la forteresse Europe et d’une recherche de profit et de développement des entreprises et centres de recherche européens. Les frontières constituent un nouveau marché et une nouvelle manne financière de la technopolice.

      Les chiffres montrent par ailleurs l’explosion du budget de l’agence européenne #Frontex (de 137 millions d’euros en 2015 à 322 millions d’euros en 2020, chiffres de la Cour des comptes européenne) et une automatisation toujours plus grande de la surveillance des frontières. Et parallèlement, le ratio entre le nombre de personnes qui tentent de franchir la Méditerranée et le nombre de celles qui y laissent la vie ne fait qu’augmenter. Cette automatisation de la surveillance aux frontières n’est donc qu’une nouvelle façon pour les autorités européennes d’accentuer le drame qui continue de se jouer en Méditerranée, pour une “efficacité” qui finalement ne profite qu’aux industries de la surveillance.

      Dans nos rues comme à nos frontières nous devons refuser la Technopolice et la combattre pied à pied !

      https://technopolice.fr/blog/la-technopolice-aux-frontieres

    • Artificial Intelligence - based capabilities for European Border and Coast Guard

      In 2019, Frontex, the European Border and Coast Guard Agency, commissioned #RAND Europe to carry out an Artificial intelligence (AI) research study.

      The purpose of the study was to provide an overview of the main opportunities, challenges and requirements for the adoption of AI-based capabilities in border managament. Frontex’s intent was also to find synergies with ongoing AI studies and initiatives in the EU and contribute to a Europe-wide AI landscape by adding the border security dimension.

      Some of the analysed technologies included automated border control, object recognition to detect suspicious vehicles or cargo and the use of geospatial data analytics for operational awareness and threat detection.

      As part of the study, RAND provided Frontex in 2020 with a comprehensive report and an executive summary with conclusions and recommendations.

      The findings will support Frontex in shaping the future landscape of AI-based capabilities for Integrated Border Management, including AI-related research and innovation projects which could be initiated by Frontex (e.g. under #EU_Innovation_Hub) or recommended to be conducted under the EU Research and Innovation Programme (#Horizon_Europe).

      https://frontex.europa.eu/media-centre/news/news-release/artificial-intelligence-based-capabilities-for-european-border-and-co

    • Pour les réfugiés, la #biométrie tout au long du chemin

      Par-delà les murs qui poussent aux frontières du monde depuis les années 1990, les réfugiés, migrants et demandeurs d’asile sont de plus en plus confrontés à l’extension des bases de #données_biométriques. Un « #mur_virtuel » s’étend ainsi à l’extérieur, aux frontières et à l’intérieur de l’espace Schengen, construit autour de programmes et de #bases_de_données.

      Des réfugiés qui paient avec leurs #iris, des migrants identifiés par leurs #empreintes_digitales, des capteurs de #reconnaissance_faciale, mais aussi d’#émotions… Réunis sous la bannière de la « #frontière_intelligente », ces #dispositifs_technologiques, reposant sur l’#anticipation, l’#identification et l’#automatisation du franchissement de la #frontière grâce aux bases de données biométriques, ont pour but de trier les voyageurs, facilitant le parcours des uns et bloquant celui des autres.

      L’Union européenne dispose ainsi d’une batterie de bases de données qui viennent compléter les contrôles aux frontières. Depuis 2011, une agence dédiée, l’#Agence_européenne_pour_la_gestion_opérationnelle_des_systèmes_d’information_à_grande_échelle, l’#EU-Lisa, a pour but d’élaborer et de développer, en lien avec des entreprises privées, le suivi des demandeurs d’asile.

      Elle gère ainsi plusieurs bases compilant des #données_biométriques. L’une d’elles, le « #Entry_and_Exit_System » (#EES), sera déployée en 2022, pour un coût évalué à 480 millions d’euros. L’EES a pour mission de collecter jusqu’à 400 millions de données sur les personnes non européennes franchissant les frontières de l’espace Schengen, afin de contrôler en temps réel les dépassements de durée légale de #visa. En cas de séjour prolongé devenu illégal, l’alerte sera donnée à l’ensemble des polices européennes.

      Se brûler les doigts pour ne pas être enregistré

      L’EU-Lisa gère également le fichier #Eurodac, qui consigne les empreintes digitales de chacun des demandeurs d’asile de l’Union européenne. Utilisé pour appliquer le #règlement_Dublin III, selon lequel la demande d’asile est déposée et traitée dans le pays européen où le migrant a été enregistré la première fois, il entraîne des stratégies de #résistance.

      « On a vu des migrants refuser de donner leurs empreintes à leur arrivée en Grèce, ou même se brûler les doigts pour ne pas être enregistrés dans Eurodac, rappelle Damien Simonneau, chercheur à l’Institut Convergences Migrations du Collège de France. Ils savent que s’ils ont, par exemple, de la famille en Allemagne, mais qu’ils ont été enregistrés en Grèce, ils seront renvoyés en Grèce pour que leur demande y soit traitée, ce qui a des conséquences énormes sur leur vie. » La procédure d’instruction dure en effet de 12 à 18 mois en moyenne.

      La collecte de données biométriques jalonne ainsi les parcours migratoires, des pays de départs jusqu’aux déplacements au sein de l’Union européenne, dans un but de limitation et de #contrôle. Pour lutter contre « la criminalité transfrontalière » et « l’immigration clandestine », le système de surveillance des zones frontières #Eurosur permet, via un partage d’informations en temps réel, d’intercepter avant leur arrivée les personnes tentant d’atteindre l’Union européenne.

      Des contrôles dans les pays de départ

      Pour le Transnational Institute, auteur avec le think tank Stop Wapenhandel et le Centre Delàs de plusieurs études sur les frontières, l’utilisation de ces bases de données témoigne d’une stratégie claire de la part de l’Union européenne. « Un des objectifs de l’expansion des #frontières_virtuelles, écrivent-ils ainsi dans le rapport Building Walls (https://www.tni.org/files/publication-downloads/building_walls_-_full_report_-_english.pdf), paru en 2018, est d’intercepter les réfugiés et les migrants avant même qu’ils n’atteignent les frontières européennes, pour ne pas avoir à traiter avec eux. »

      Si ces techniques permettent de pré-trier les demandes pour fluidifier le passage des frontières, en accélérant les déplacements autorisés, elles peuvent également, selon Damien Simonneau, avoir des effets pervers. « L’utilisation de ces mécanismes repose sur l’idée que la #technologie est un facilitateur, et il est vrai que l’#autonomisation de certaines démarches peut faciliter les déplacements de personnes autorisées à franchir les frontières, expose-t-il. Mais les technologies sont faillibles, et peuvent produire des #discriminations. »

      Ces #techniques_virtuelles, aux conséquences bien réelles, bouleversent ainsi le rapport à la frontière et les parcours migratoires. « Le migrant est confronté à de multiples points "frontière", disséminés un peu partout, analyse Damien Simonneau. Cela crée des #obstacles supplémentaires aux parcours migratoires : le contrôle n’est quasiment plus lié au franchissement d’une frontière nationale, il est déterritorialisé et peut se produire n’importe où, en amont comme en aval de la frontière de l’État. »

      Ainsi, la « politique d’#externalisation de l’Union européenne » permet au contrôle migratoire de s’exercer dans les pays de départ. Le programme européen « #SIV » collecte par exemple dès leur formulation dans les #consulats les données biométriques liées aux #demandes_de_visas.

      Plus encore, l’Union européenne délègue une partie de la gestion de ses frontières à d’autres pays : « Dans certains États du Sahel, explique Damien Simonneau, l’aide humanitaire et de développement est conditionnée à l’amélioration des contrôles aux frontières. »

      Un programme de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le programme #MIDAS, financé par l’Union européenne, est ainsi employé par 23 pays, majoritairement en Afrique, mais aussi en Asie et en Amérique. Son but est de « collecter, traiter, stocker et analyser les informations [biométriques et biographiques] des voyageurs en temps réel » pour aider les polices locales à contrôler leurs frontières. Mais selon le réseau Migreurop, ces données peuvent également être transmises aux agences policières européennes. L’UE exerce ainsi un droit de regard, via Frontex, sur le système d’information et d’analyse de données sur la migration, installé à Makalondi au Niger.

      Des réfugiés qui paient avec leurs yeux

      Un mélange des genres, entre organisations humanitaires et États, entre protection, logistique et surveillance, qui se retrouve également dans les #camps_de_réfugiés. Dans les camps jordaniens de #Zaatari et d’#Azarq, par exemple, près de la frontière syrienne, les réfugiés paient depuis 2016 leurs aliments avec leurs iris.

      L’#aide_humanitaire_alimentaire distribuée par le Programme alimentaire mondial (PAM) leur est en effet versée sur un compte relié à leurs données biométriques. Il leur suffit de passer leurs yeux dans un scanner pour régler leurs achats. Une pratique qui facilite grandement la gestion #logistique du camp par le #HCR et le PAM, en permettant la #traçabilité des échanges et en évitant les fraudes et les vols.

      Mais selon Léa Macias, anthropologue à l’EHESS, cela a aussi des inconvénients. « Si ce paiement avec les yeux peut rassurer certains réfugiés, dans la mesure où cela les protège contre les vols, développe-t-elle, le procédé est également perçu comme une #violence. Les réfugiés ont bien conscience que personne d’autre au monde, dans une situation normale, ne paie ainsi avec son #corps. »

      Le danger de la fuite de données

      La chercheuse s’inquiète également du devenir des données ainsi collectées, et se pose la question de l’intérêt des réfugiés dans ce processus. « Les humanitaires sont poussés à utiliser ces nouvelles technologies, expose-t-elle, qui sont vues comme un gage de fiabilité par les bailleurs de fonds. Mais la #technologisation n’est pas toujours dans l’intérêt des réfugiés. En cas de fuite ou de hackage des bases de données, cela les expose même à des dangers. »

      Un rapport de Human Rights Watch (HRW) (https://www.hrw.org/news/2021/06/15/un-shared-rohingya-data-without-informed-consent), publié mardi 15 juin, alerte ainsi sur des #transferts_de_données biométriques appartenant à des #Rohingyas réfugiés au Bangladesh. Ces données, collectées par le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, ont été transmises par le gouvernement du Bangladesh à l’État birman. Si le HCR a réagi (https://www.unhcr.org/en-us/news/press/2021/6/60c85a7b4/news-comment-statement-refugee-registration-data-collection-bangladesh.html) en affirmant que les personnes concernées avaient donné leur accord à ce #transfert_de_données pour préparer un éventuel retour en Birmanie, rien ne permet cependant de garantir qu’ils seront bien reçus si leur nom « bipe » au moment de passer la frontière.

      https://www.rfi.fr/fr/technologies/20210620-pour-les-r%C3%A9fugi%C3%A9s-la-biom%C3%A9trie-tout-au-long-du-chemin

      #smart_borders #tri #catégorisation #déterritorialisation #réfugiés_rohingyas

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      Sur les doigts brûlés pour ne pas se faire identifier par les empreintes digitales, voir la scène du film Qu’ils reposent en paix de Sylvain George, dont j’ai fait une brève recension :

      Instant tragique : ce qu’un migrant appelle la « prière ». Ce moment collectif où les migrants tentent de faire disparaître leurs empreintes digitales. Étape symbolique où ils se défont de leur propre identité.

      https://visionscarto.net/a-calais-l-etat-ne-peut-dissoudre

  • Non aux drones tueurs israéliens pour contrôler les #frontières_européennes

    A l’occasion de la journée de la Terre et des 2 ans du début de la Grande Marche du Retour à Gaza, une large coalition européenne d’ONG, syndicats, associations de migrants etc. lancent ce lundi 30 mars une pétition pour dire STOP aux #drones_israéliens pour surveiller les frontières de l’Union européenne et contrôler l’entrée de migrants sur son territoire.

    Israël utilise la pandémie comme un écran de fumée pour accélérer l’annexion de facto en Cisjordanie et accroître la répression. Le COVID19 se répand dans la bande de Gaza assiégée, avec seulement 200 kits de dépistage et 40 lits de soins intensifs pour 2 millions de personnes. Toute réponse effective est impossible. Pendant ce temps, l’UE continue de fermer les frontières et emprisonne littéralement les migrants dans des camps surpeuplés.

    Mobilisons-nous où que nous soyons, en ligne : Nous avons besoin de solidarité, pas de militarisation ni de drones tueurs israéliens !

    Depuis novembre 2018, l’Agence européenne pour la sécurité maritime (#EMSA) a loué, par l’intermédiaire de la compagnie portugaise #CeiiA, deux drones #Hermes_900, appelés encore « #drones_tueurs » et fabriqués par la plus grande entreprise militaire d’Israël, #Elbit_Systems. Selon le contrat de #location pour deux ans, pour un montant de 59 millions d’euros, les drones sont utilisés principalement pour mettre en place les politiques répressives anti-immigration de l’Union européenne. Les experts condamnent ce changement vers la surveillance aérienne en tant qu’il constitue une abrogation de la responsabilité de sauver des vies. Pire encore, les drones tueurs d’Elbit assistent #Frontex et les autorités nationales en #Grèce, où migrants et réfugiés ont été ciblés en mer à balles réelles.

    Elbit Systems développe ses drones avec la collaboration de l’#armée_israélienne et promeut sa technologie en tant que « testée sur le terrain » — sur les Palestiniens. L’entreprise fournit 85% des drones utilisés par Israël dans ses assauts militaires répétés et son inhumain siège permanent de Gaza. Les drones Hermes ont tué les quatre enfants jouant sur la plage pendant l’attaque d’Israël sur Gaza en 2014.

    Ces drones peuvent tuer mais ne peuvent sauver des vies.

    https://plateforme-palestine.org/Non-aux-drones-tueurs-israeliens-pour-controler-les-frontieres
    #Israël #drones #contrôles_frontaliers #EU #UE #Europe #surveillance #complexe_militaro-industriel #pétition #frontières #migrations #asile #réfugiés #militarisation_des_frontières

    ping @etraces @isskein @karine4 @fil @mobileborders

  • Alors on commence : en direct, quelque part dans le sud de la vallée du Jourdain en territoire palestinien occupé.

    Une partie d’un village bédouin après le passage de l’armée israélienne il y a deux ou trois ans.

    A proximité, une grosse pompe hydraulique et deux réservoirs... pour l’alimentation de deux colonies israéliennes voisines. En face des structures détruites, il y a une jolie petite école peinte de dessins poétiques et ensoleillés. Mais l’école est un peu en sursis et risque aussi d’être détruite à tout moment.

    La ligne électrique qui passe aux dessus des maisons alimente la pompe à eau. De l’eau donc et de l’électricité mais pas pour le village... (interdiction de se connecter)


    

    #bedouins #palestine #droits_humains #vallée_du_jourdain #discrimination #racisme

  • Le géant bancaire HSBC se désengage d’un fabricant d’armes israélien suite aux pressions des militants des droits humains
    War on Want, le 27 décembre 2018
    https://www.bdsfrance.org/le-geant-bancaire-hsbc-se-desengage-dun-fabricant-darmes-israelien-suite-

    Plus de 24 000 personnes ont communiqué par mail avec HSBC pour s’inquiéter de ses investissements dans Elbit Systems et d’autres sociétés vendant des armes à l’armée israélienne, et 40 succursales de la HSBC au Royaume-Uni ont été piquetées chaque mois pour la même raison.

    « Toutefois, HSBC continue de traiter avec plus d’une douzaine de sociétés vendant du matériel et des technologies militaires, notamment Caterpillar, dont les bulldozers sont utilisés pour la démolition de maisons et de biens palestiniens, et BAE Systems, dont les armes sont utilisées pour les crimes de guerre par Israël, l’Arabie saoudite et d’autres régimes répressifs. »

    #Palestine #HSBC #BDS #Désinvestissement #Elbit