• Builder.ai s’effondre après avoir caché 700 développeurs derrière son « IA » RTS - Pascal Wassmer

    La start-up britannique Builder.ai, valorisée à 1,5 milliard de dollars, a fait faillite après la découverte d’une fraude massive. Son intelligence artificielle révolutionnaire « Natasha » cachait en réalité 700 développeurs indiens. L’entreprise avait gonflé ses revenus de 300% pour attirer Microsoft et d’autres investisseurs majeurs.

    Builder.ai promettait de révolutionner le développement d’applications. La start-up britannique assurait pouvoir créer des logiciels « aussi facilement que commander une pizza » grâce à son intelligence artificielle « Natasha ».


    La réalité était tout autre. Derrière cette prétendue IA se cachaient près de 700 développeurs basés en Inde. Ils réalisaient manuellement le travail de programmation pour les clients.

    L’entreprise fondée en 2016 par Sachin Dev Duggal s’est effondrée en mai dernier. Elle avait pourtant réussi à lever près de 500 millions de dollars auprès d’investisseurs prestigieux.

    Microsoft, le fonds souverain du Qatar et SoftBank comptaient parmi ses financeurs. Ils avaient tous été séduits par la promesse d’une intelligence artificielle révolutionnaire.

    Des revenus gonflés de 300%
    Une enquête interne a révélé l’ampleur de la tromperie. Builder.ai avait gonflé ses prévisions de chiffre d’affaires de 300% pour 2024. L’entreprise annonçait 220 millions de dollars de revenus. Un audit indépendant a établi le montant réel à 55 millions de dollars seulement.

    Les chiffres de 2023 ont également été revus à la baisse. De 180 millions de dollars annoncés, les revenus réels s’élevaient à 45 millions.

    Sachin Dev Duggal se surnommait le « sorcier en chef » de Builder.ai. Il a été contraint de démissionner en début d’année.

    Le scandale a éclaté après une enquête de Bloomberg révélant une fraude comptable dite de « round-tripping ». L’entreprise simulait des relations commerciales avec la société indienne VerSe Innovation.

    Des milliers d’emplois perdus
    La faillite a entraîné le licenciement de près d’un millier d’employés. Builder.ai doit désormais 85 millions de dollars à Amazon et 30 millions à Microsoft pour l’utilisation de services cloud.

    L’entreprise fait l’objet d’une enquête fédérale aux États-Unis. Le bureau du procureur de Manhattan a exigé l’accès aux états comptables et à la liste des clients.

    Cette affaire illustre le phénomène du « blanchiment d’IA ». Cette pratique consiste à présenter des services technologiques de base comme de l’intelligence artificielle authentique.

    L’objectif est de capitaliser sur l’enthousiasme des investisseurs pour l’IA. Builder.ai n’est pas un cas isolé dans le secteur technologique.

    Source : https://www.rts.ch/info/sciences-tech/2025/article/builder-ai-s-effondre-apres-avoir-cache-700-developpeurs-derriere-son-ia-2890991
    #ia #intelligence_artificielle #ai #algorithme #technologie #chatgpt #machine_learning #escroquerie #fraude #arnaque

  • La nuit, tous les chats noirs ne sont pas anars !
    https://bsky.app/profile/antifouchiste.bsky.social/post/3lkeoyyagkc2l


    #Arnaquisme

    Action Antifouchiste
    9h
    Puisqu’il semble que personne n’est au courant on va tirer les choses au clair quant au réseau dégueulasse qui se cache derrière @infolibertaire.net
    Ce site pille littéralement tout contenu militant dans le but d’agréger un maximum de trafic et afin d’attirer les internautes dans un réseau mis en place et géré par un seul mec basé au canada.
    Plus de 30 sites constituent le réseau fondé par un certain"Anarchoi".
    Le plus connu c’est le site de VPC Ni Dieu Ni Maître qui semble faire des profits mirobolants.
    Mais attention hein une part des profits sert la cause. T’achète pas un tee-shirt dégueulasse, produit à bas coût dans des conditions lamentables. Non tu achètes un acte de solidarité !
    C’est plus qu’un simple teeshirt c’est un acte de solidarité chaque achat permet de lever des fonds pour faire des dons aux mêmes causes que vous défendez
    Car une partie du pognon est reversée à une organisation appelée No Gods No Masters (gerée par le même petit malin), orga qui reverse ensuite sous forme de dons à différentes causes en toute opacité bien sûr.
    Or... Il se trouve que parmi les causes financées on retrouve la galaxie de sites fondée et administrée toujours par Anarchoi.
    Votre teeshirt financé plus de 100 groupes militants Chaque achat récolte des dons mensuels à des initiatives comme info libertaire offrant un hébergement web non commercial sur des serveurs écologique et aidant les militants à construire une présence en ligne
    Soutenez la scène punk Nos teeshirt soutiennent financièrement les plus grandes communautés punk et plateforme de streaming musical comme pirate punk et d’autres outils essentiels aidant les groupes à promouvoir leurs albums
    Site qui pille le contenu d’artistes des scènes indépendantes (ou pas) qui ont un grand succès chez les "jeunes ados rebelles", très friands des tee-shirts vendus par Ni Dieu Ni Maître.
    C’est l’économie circulaire. Tu ratisses un max des visiteurs sur tes sites en pillant le monde militant et les artistes, pour flécher ton public vers ton site de VPC qui en retour finance l’infrastructure de ton réseau.
    Afin de pouvoir offrir gratuitement des milliers de téléchargement là communauté devait trouver un moyen de payer ses frais d’opération sans recourir à des publicités
    Anarchoi est célèbre pour son management toxique de ses équipes de modération comme pour l’agressivité légendaire contre toute personne qui ose remettre en cause ses pratiques dégueulasses. En bref fuyez tout ces sites de merde.
    Avec le pognon engrangé, ce faux collectif annonce héberger un centaine de sites militants (c’est faux) qui se révèlent pour tous ceux qu’on a pu trouver en tout cas, être les vitrines du même anarchoi.
    Il va jusqu’à se faire passer pour les fédérations anarchistes locales.
    Dans le réseau on retrouve notamment :
    anarcho-punk net
    Pirate punk
    Quebec underground
    Forum libertaire
    Punk download
    Punks and skins
    Anarchist quotes
    Et tout un tas de faux website de fédération anarchiste reproduit en un dizaines de langues.
    Anarcho-Punk.net - Crust Punk Community & Music Download Ⓐ/Ⓔ FREE MUSIC ALBUMS DOWNLOADS ! Crust Punk Online Community - Music, Activism & Anarchism ! www.anarcho-punk.net
    On sait pas si le montage juridique de son réseau lui permet de défiscaliser les dons. Ou au moins de faire baisser ses bénéfices. Bref tout ça mériterait une enquête approfondie. Si y a des motivé·es hésitez pas à nous contacter.
    Merci à @doujar.bsky.social
    Liste des sites du réseau Anarchoi.
    https://www.nogodsnomasters.org https://www.no-gods-no-masters.com https://forum.anarchistfederation.net https://www.anarcho-punk.net https://www.libertaire.net https://www.pirate-punk.net https://www.ni-dieu-ni-maitre.com https://www.quebecunderground.net https://www.punkdownload.com https://www.punksandskins.com https://www.anarchistfederation.net https://www.infolibertaire.net https://www.federacionanarquista.net https://www.federacaoanarquista.com.br https://www.anarchistischefoderation.de https://www.rivoluzioneanarchica.it https://www.anarquia.cat https://www.anarxiki-omospondia.gr https://www.anarsisthaberler.net https://www.anarchistischefederatie.nl https://www.vegan-news.net https://www.anarchistimages.com https://www.propagande-anarchiste.org https://www.anarquismo.net https://www.anarchistmemes.org https://www.ni-dios-ni-amo.com https://www.sem-deuses-sem-mestres.com https://www.keinegotterkeinemeister.de https://www.defendanimals.com
    Ne vous étonnez donc pas de trouver des contenus antisémites, transphobes, ou du HB. Y a zéro filtre tout est automatisé. Anarchoi la politique c’est juste son business.
    Screen du site info libertaire L’idéologie de l’identité de genre est profondément mysogine et homophobe
    Le réseau Ni Dieu Ni Maître / No Gods No Masters s’articule autour de plusieurs sites web multilingues qui constituent la plateforme de vente en ligne. Chacun reprend le slogan anarchiste « Ni Dieu ni Maître » dans une langue différente. On dénombre cinq sites principaux interconnectés
    Ces sites présentent un contenu similaire (catalogue de vêtements, même modèle économique) adaptés à chaque langue, avec une promotion commune : « Livraison gratuite/Free shipping », « coopérative de vêtements éthiques », « chaque vente contribue à des dons pour des causes », etc..
    Un visiteur peut naviguer dans sa langue sans être redirigé vers un autre domaine, chaque version étant sur un domaine dédié
    Aucune redirection externe apparente n’est visible pour l’utilisateur lors de la commande, mais en back-end les commandes sont transmises à la plateforme Spreadshirt
    Ces sites sont de simples vitrines : ils proposent des designs et gère le site web, mais n’a pas de stock propre ni d’atelier d’impression. Ce fonctionnement « zéro inventaire » est assumé dans leur communication (« zero inventory, zero waste »)
    Concrètement, lorsqu’une commande est passée sur un des sites, c’est Spreadshirt qui la prend en charge en coulisses : Spreadshirt assure l’impression des t-shirts, la livraison au client et gère également les paiements. 100% dropshiping
    En 2010 un t-shirt était vendu 14,99 $ via la boutique Pirate-Punk/No Gods No Masters, dont 8,90 $ revenaient à Spreadshirt, laissant environ 6 $ de bénéfice net par t-shirt pour “Anarchoi"
    La "coopérative" se présente comme « à but non lucratif » et met en avant ses dons, mais il n’y a pas de statut légal clair affiché (pas de n° d’association ou coopérative déclaré publiquement sur le site, ni de rapport financier détaillé).
    Elle recueille des fonds sous l’étiquette “non-profit” sans cadre légal : les acheteurs pourraient croire à une obligation formelle de donation, là où il s’agit d’un engagement moral unilatéral.
    Autant vous dire...
    Le catalogue de No Gods No Masters puise largement dans l’iconographie militante, les logos de mouvements, les images d’artistes ou de groupes de musique engagés... Un “pillage” culturel contraire à l’éthique DIY
    ... Pillage généralisé des petites distro, artistes indépendants, etc, sur les plateformes de téléchargement illégaux qui servent de produits d’appel pour les boutiques.
    Évidemment aucun site ne comporte de mentions légales, pas de noms de société, et le whois protégé par des services d’anonymisation.
    Les sites de VPC affichent des labels du type « 100% vegan – PETA Approved » sur ses produits. Il faut noter que ces certifications proviennent en réalité de... Spreadshirt
    La réalité les teeshirt de marque "fruit of the loom" sont fabriqués au Honduras...

    Comme le dit anarchoi "plus qu’un simple teeshirt", une arnaque bien ficelée.
    Il existe une possibilité que derrière ce modèle se cache un schéma, hypothétique, d’optimisation fiscale.

    Le site de VPC (NGNM) génère des revenus via la vente de t-shirts. Ces revenus sont normalement imposables s’ils sont déclarés en tant qu’activité commerciale
    NGNM effectue des “dons” à des associations militantes affiliées.
    → Ces dons sont enregistrés comme des charges d’exploitation ou dépenses caritatives, ce qui peut potentiellement réduire le bénéfice imposable
    L’asso "militante" reçoit les fonds et les utilise pour financer ses propres projets ou ses sites web.
    Si l’asso est déclarée comme organisme d’intérêt général au Canada, elle peut délivrer un reçu fiscal permettant au donateur de déduire ce montant de ses impôts.
    L’argent revient indirectement dans le réseau géré par Anarchoi. Si ces associations financent des sites du réseau notamment en payant l’hébergement (Pirate-Punk, Libertaire . net, etc...), alors l’argent circule sans réellement quitter le contrôle du même groupe
    Là on est dans le domaine de l’hypothèse, mais cependant vu l’opacité organisée par l’administrateur de cette galaxie de sites, on peut s’attendre à tout.
    Et puis c’est pas comme si par le passé il avait pas déjà été pointé du doigt pour ramasser des dons afin de payer l’hébergement et les serveurs de ces sites de piratage de contenus, alors que les fichiers étaient stockés sur megaupload où d’autres plateformes..

  • Sans-Détour : Un éditeur de jeux en procès

    ⚖️ Procès : L’éditeur Sans-Détour accusé de détourner 600 000€ de crowdfunding ! Les dessous de cette affaire qui secoue le monde du jeu.

    https://gusandco.net/2025/02/21/proces-sans-detour-jeux-role-crowdfunding

    (et le monde - qui parle de wargames vraiment ! )

    #jdr #crowdfunding #participatif #jeux #arnaque #jeux_de_roles
    Les financements participatifs douteux d’une société de « wargames » en procès

    Jugés au tribunal correctionnel de Paris, l’entreprise Sans-Détour et ses dirigeants sont accusés d’avoir fait mauvais usage de plus de 600 000 euros récoltés en ligne en 2017 et 2018 auprès de fans de « wargames ». Près de 1 400 contributeurs ont porté plainte.
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/02/17/les-financements-participatifs-douteux-d-une-societe-de-jeux-de-role-en-proc

  • Centres de cyberfraude : la Birmanie rend un premier groupe de travailleurs à la Chine, via la Thaïlande : Actualités - Orange
    https://actu.orange.fr/monde/centres-de-cyberfraude-la-birmanie-rend-un-premier-groupe-de-travailleur

    La Birmanie, la Thaïlande et la Chine ont débuté jeudi une opération d’envergure visant à rapatrier des centaines de Chinois exploités dans des centres d’arnaques en ligne sur le territoire birman.

    Ces centres criminels se sont multipliés en Birmanie, notamment près de la frontière avec la Thaïlande. Ils fonctionnent souvent avec une main-d’oeuvre captive, notamment des Chinois, contraints d’escroquer leurs compatriotes.

    Un premier groupe de dizaines de travailleurs avait embarqué jeudi matin dans un avion à l’aéroport de Mae Sot (nord-ouest de la Thaïlande), d’où il a décollé vers 11H30 (04H30 GMT).

    L’appareil est arrivé à Nankin (est de la Chine) dans l’après-midi, a indiqué la télévision étatique chinoise CCTV. « Dans les prochains jours, plus de 800 ressortissants chinois suspectés de fraude devraient être reconduits en Chine », a-t-elle précisé.

    Ces personnes étaient passées de la Birmanie à la Thaïlande jeudi matin, sous haute sécurité. Le rapatriement de toutes les personnes concernées pourrait prendre des semaines.

    Aucun détail n’a été donné sur ce qui les attend en Chine. Interrogé jeudi, Pékin a renvoyé la presse vers les « autorités compétentes ».

    « La lutte contre les jeux d’argent en ligne et les fraudes par téléphone ou en ligne est une manifestation concrète de la mise en oeuvre d’une philosophie de développement centrée sur l’humain », a déclaré Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

    « C’est un choix crucial afin de sauvegarder les intérêts communs des pays de la région », a-t-il ajouté lors d’un point presse régulier.

    – « Esprit humanitaire » -

    La Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra a indiqué mercredi que près de 7.000 personnes attendaient d’être libérées, tandis qu’un représentant des Forces des gardes-frontières (BGF) de l’Etat Karen, une milice ethnique active côté birman, a fixé ce chiffre à 10.000.

    Les victimes sont principalement chinoises : employées de force dans les centres de cyberfraude, ou ciblées par les escrocs via des jeux de casino en ligne ou des montages impliquant les cryptomonnaies.

    Ces derniers mois, Pékin avait accru la pression sur la junte birmane, dont elle est l’un des principaux fournisseurs d’armes, pour mettre fin à ces activités.

    « 200 ressortissants chinois impliqués dans des affaires de jeux d’argent en ligne, de fraude aux télécommunications et d’autres délits ont été remis conformément aux procédures légales par la Thaïlande ce matin, dans un esprit humanitaire et d’amitié entre les pays », a indiqué la junte dans un communiqué.

    La ville de Mae Sot, d’où ont décollé jeudi les ressortissants chinois, ne se trouve qu’à une dizaine de kilomètres de Shwe Kokko, ville birmane qui a bâti sa prospérité grâce des trafics variés, dans une impunité quasi-totale.

    Des complexes géants de cyberfraude pullulent dans certaines régions birmanes frontalières, à la faveur de la guerre civile qui ravage le pays depuis le coup d’Etat de 2021. Ces escroqueries rapportent des milliards de dollars par an, selon des experts.

    – Violences -

    Ces centres emploieraient au moins 120.000 petites mains en Birmanie, selon un rapport des Nations unies publié en 2023.

    Nombre de victimes ont été soumises à la torture, la détention arbitraire, la violence sexuelle ou encore le travail forcé, d’après le texte.

    De nombreux travailleurs disent avoir été attirés ou trompés par des promesses d’emplois bien rémunérés avant d’être retenus captifs.

    Début février, une autre milice birmane a rendu aux autorités thaïlandaises 260 victimes présumées, originaires d’une dizaine de pays, dont les Philippines, l’Éthiopie et le Brésil.

    Beaucoup portaient des traces de violences, notamment une femme qui présentait d’énormes bleus et qui a déclaré avoir été électrocutée, ont constaté des journalistes de l’AFP qui ont pu les rencontrer.

    La Thaïlande a coupé début février l’approvisionnement en électricité de plusieurs régions birmanes frontalières, dont Shwe Kokko, dans une tentative de freiner l’essor des activités illégales.

    Le royaume veut donner des gages de sécurité aux visiteurs chinois, cruciaux pour son secteur touristique. Les craintes des Chinois ont redoublé après l’affaire de l’enlèvement à Bangkok d’un acteur chinois, amené de force dans un centre de cyberfraude en Birmanie, avant d’être libéré, début janvier.

    publié le 20 février à 11h12, AFP

  • Ce que cache #Périclès, le projet politique réactionnaire du milliardaire #Pierre-Edouard_Stérin

    Après avoir fait fortune dans les affaires, le milliardaire Pierre-Edouard Stérin assume désormais vouloir financer les projets « #métapolitiques » susceptibles de faire gagner la droite et l’extrême droite. Une première liste de ces initiatives vient d’être mise en ligne. Selon nos informations, elle pourrait ne constituer que la partie émergée de l’iceberg.

    Un média, une chaîne Youtube, des associations catholiques ou libérales, des think tanks destinés au lobbying politique... La première liste des projets soutenus par « Périclès » - mise en ligne il y a quelques jours sur son site internet - n’est pas bien longue mais permet déjà de lever toute équivoque sur les intentions de l’homme à l’origine du projet, le milliardaire Pierre-Edouard Stérin. Après avoir fait fortune dans les affaires, cet exilé fiscal de 51 ans - il a fui en Belgique après l’élection de François Hollande en 2012 - ambitionne de faire gagner la droite et l’extrême droite en mettant à contribution son compte en banque. Soit un investissement de 250 millions d’euros annoncé en dix ans. Du jamais vu.

    Cette initiative, baptisée donc « Périclès » (pour « Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes »), devait, à l’origine, rester discrète mais elle avait été dévoilée en juillet dernier par nos confrères de « l’Humanité ». Lesquels, documents confidentiels à l’appui, ont détaillé le plan de « #bataille_culturelle » imaginé par Stérin et ses équipes pour « permettre la victoire idéologique, électorale et politique » de ses idées et de ses valeurs. Parmi elles, « la #famille, base de la société », la « #préférence_nationale », le « #christianisme ». Au programme également : la promesse de mener une « #guerilla_juridique » et « médiatique » face au « #socialisme », au « #wokisme » ou à « l’#islamisme ». Surtout, ces documents énuméraient des objectifs politiques précis, dont une aide concrète à apporter au #Rassemblement_national de Marine Le Pen pour remporter le plus grand nombre de victoires lors des prochaines #élections municipales en 2026.

    Offensive sur tous les fronts

    En l’état, au moins 24 projets auraient déjà bénéficié de la générosité de l’homme d’affaires l’année dernière, selon le site flambant neuf de Périclès. L’ensemble confirme sa volonté de mener son #offensive par petites touches et sur tous les fronts. On y retrouve sans surprise ses obsessions libérales avec la promotion des idées antiétatistes et anti-taxes, incarné par son soutien à des think tanks comme le #Cercle_Entreprises et #Libertés, de l’ex-patron d’#Elf_Loïk_Le_Floch-Prigent ; ou encore #Ethic, le syndicat patronal de #Sophie_de_Menthon (une des rares à assumer dialoguer avec Marine Le Pen), qui a reçu, selon nos informations, 3 000 euros pour l’organisation d’une conférence. Des cercles de juristes, comme #Justitia, le collectif d’avocats de l’#Institut_Thomas_More, qui propose d’offrir « une réponse juridique aux nouvelles intolérances » ou le #Cercle_Droit_et_Liberté, qui prétend lutter contre le « #politiquement_correct » de l’Université et du monde juridique, sont également cités. Sans oublier, les enjeux migratoires et sécuritaires, via le #Centre_de_Réflexion_sur_la_Sécurité_intérieure (#CRSI), présidé par l’avocat connu des réseaux de droite dure #Thibault_de_Montbrial. Présents également, la marque #Terre_de_France, chouchou des influenceurs #identitaires ; #Eclats_de_femme, l’association fondée par #Claire_Geronimi, victime de viol par un homme visé par une OQTF en 2023, depuis proche du collectif identitaire #Némésis (elle vient d’être nommée vice-présidente de l’UDR, le parti d’Eric Ciotti, ce dimanche 9 février), ou encore l’association #Léa, en croisade contre le « #racisme_anti-Blanc ». Idem pour le mensuel « #l'Incorrect » - lancé en 2017 par des proches de #Marion_Maréchal - ou #Les_Films_à_l'arrache, une chaîne Youtube humoristique moquant - entre autres - l’antiracisme et le féminisme...

    Objectifs politiques

    Au-delà de ces combats marqués à l’extrême droite, Périclès a également investi dans le combat contre le « #wokisme_à_la_fac », via l’#Observatoire_du_décolonialisme, ainsi que le champ de la #laïcité au travers de #Défense_des_serviteurs_de_la_République, dont le comité d’honneur compte #David_Lisnard, le maire Les Républicains de Cannes et #Astrid_Panosyan-Bouvet, l’actuelle ministre du Travail et de l’Emploi - laquelle ignorait le lien avec Stérin, nous assure son cabinet. D’autres structures présentées par le site de Périclès font plus directement référence à l’objectif politique du projet. C’est le cas de #Data_Realis_Conseil, une société spécialisée dans la #cartographie_électorale rappelle la « #Lettre », ou de l’#Institut_de_Formation_Politique (#IFP), qui ambitionne de doter les militants de toutes les droites du bagage nécessaire pour garnir les rangs des formations politiques, des Républicains aux RN. En bonne place, enfin, #Politicae, l’école de formation au mandat de maire, destinée à faire élire « le maximum de candidats pour les prochaines élections municipales », que Stérin a confié à #Antoine_Valentin, édile LR de Haute-Savoie et candidat d’#Eric_Ciotti lors des dernières législatives. Auprès du « Nouvel Obs », ce dernier ne souhaite pas communiquer le montant du financement consenti par son mécène mais indique que l’effort financier pourrait atteindre « plusieurs centaines de milliers d’euros », d’ici au scrutin de 2026.

    Des projets plus discrets

    Cette liste pourrait, selon nos informations, ne constituer que la partie émergée de l’iceberg Stérin. Les sites internets de plusieurs structures citées plus haut semblent avoir été montés de toutes pièces et sur le même modèle... Surtout, la plupart de ces initiatives n’auraient en réalité reçu que de maigres sommes. Moins de 5 000 euros par exemple pour l’association #Les_Eveilleurs, proche de #La_Manif_pour_Tous, à l’occasion d’un peu rentable concert de #Jean-Pax_Méfret, chanteur des nostalgiques de l’Algérie française. Idem au #Cérif (#Centre_européen_de_Recherche_et_d'Information_sur_le_Frérisme), où la chercheuse au CNRS #Florence_Bergeaud-Blackler jure ne pas avoir touché plus de 10 000 euros. Très loin des 10 millions d’euros que Périclès claironne avoir investi au total en 2024. De quoi nourrir les soupçons sur la réalité de ce montant : est-elle artificiellement gonflée ? Ou, plus probable, l’essentiel de cet argent passe-t-il dans des projets tenus secrets ?

    « Nous nous gardons le droit d’être discrets sur nos investissements », élude #Arnaud_Rérolle, président de Périclès et ancien du #Fonds_du_Bien_Commun, la branche philanthropique des activités de Pierre-Edouard Stérin. Un paravent caritatif - Stérin y finançait aussi des associations au diapason de ses idées réactionnaires - dont est également issu #Thibault_Cambournac, le nouveau « responsable stratégie » de Périclès. L’équipe compte aussi dans ses rangs #Marguerite_Frison-Roche, ancienne petite main de la campagne présidentielle d’Eric Zemmour. Quant au « senior advisor » de Périclès, #Philippe_de_Gestas, c’est l’ancien secrétaire général du #Mouvement_Conservateur, allié à #Reconquête. Pour 2025, le #budget de Périclès est annoncé autour des 20 millions d’euros. L’achat ou la création d’un institut de sondage fait déjà figure d’objectif prioritaire.

    https://www.nouvelobs.com/politique/20250209.OBS100069/ce-que-cache-pericles-le-projet-politique-reactionnaire-du-milliardaire-p
    #Stérin #extrême_droite #réseau

    ping @karine4 @reka @fil @isskein

  • DeepSeek : #Nvidia perd près de 590 #milliards de dollars en #valorisation_boursière après l’annonce de la start-up chinoise d’#IA

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/28/nvidia-perd-600-milliards-et-entraine-dans-sa-chute-le-nasdaq_6519363_3234.h

    Nvidia perd près de 590 milliards de dollars en valorisation boursière après l’annonce de la #start-up chinoise d’IA #DeepSeek
    Le cours du fabricant de semi-conducteurs s’est effondré, conséquence des bons résultats de l’#application_chinoise, qui a fait éclater la bulle de l’#intelligence_artificielle qui portait le #Nasdaq depuis deux ans.

    Par Arnaud Leparmentier (New York, correspondant)

    A l’ouverture de la séance, à la Bourse de New York, le 27 janvier 2025. ANGELA WEISS / AFP

    Sur les marchés, on a parlé du moment « Spoutnik » de l’intelligence artificielle : la publication des résultats de l’application chinoise DeepSeek, moins chère et tout aussi efficace que ses rivales américaines, a fait éclater la bulle de l’intelligence artificielle qui portait le Nasdaq depuis deux ans. Et semé le doute sur la suprématie américaine, comme les Soviétiques avaient jadis humilié l’Amérique en lançant le premier satellite dans l’espace.

    Lundi 27 janvier, l’indice riche en technologies Nasdaq a fini en baisse de 3,07 %. Parmi les plus frappées, il y avait notamment les fabricants de semi-conducteurs, dont les puces ruineuses sont peut-être moins indispensables. Nvidia, Broadcom et Taiwan Semiconductor perdaient de 13 % à 17 %. En quelques heures, Nvidia, première capitalisation au monde qui valait encore 3 500 milliards de dollars (3 354 milliards d’euros) vendredi, a vu sa valeur s’évaporer de quelque 590 milliards de dollars en un jour – l’équivalent de LVMH, TotalEnergies et BNP Paribas réunies. C’est la plus grande baisse de l’histoire jamais enregistrée. Paradoxalement, la gloire déchue Intel, distanciée technologiquement, résistait, les puces aux performances médiocres retrouvant un avenir.

    Il y a eu aussi les soubresauts des géants du numérique, partis dans une course aux (sur) investissements. Oracle, qui a annoncé en grande pompe un projet d’intelligence artificielle de 100 milliards de dollars à la Maison Blanche, Stargate, perdait 13,6 %. Le recul des Microsoft (2,1 %) et Google (4,2 %) était plus limité : le marché se demandant si cette nouvelle approche de l’intelligence artificielle ne leur permettrait pas à l’avenir de faire mieux avec moins et de réduire leurs investissements au coût vertigineux. Meta et Amazon ont même fini dans le vert. Un peu à l’image d’Intel, Apple, qui se voit reprocher de rater la révolution de l’AI, était dans le vert, en hausse de 3,2 %. Les marchés y verront plus clair dans la semaine, quand ces entreprises publieront leurs résultats trimestriels, à partir de mercredi.

    Douche froide
    La claque a surtout été énorme pour les entreprises énergétiques du futur : si l’IA peut être développée avec moins de capacités numériques, la quantité d’énergie nécessaire sera peut-être moins forte. Résultat, l’engouement effréné pour le nucléaire a pris lundi une douche froide. Les start-up spécialisées dans les microréacteurs nucléaires ou le combustible (Oklo, Nano Nuclear, Nuscale) perdaient un quart de leur valeur, tout comme les entreprises énergétiques ayant misé sur cette nouvelle frontière. Ainsi, l’exploitant électrique Vistra, propriétaire d’installations nucléaires, a reculé de 28 %, tandis que GE Vernova, l’ancienne branche d’énergies renouvelables de General Electric, perdait 21 %.

    Il régnait depuis quelques semaines un air rappelant l’an 2000, quand la première bulle Internet avait éclaté. La question est désormais la suivante : la correction actuelle remet-elle les pendules à l’heure, même si elle peut se poursuivre encore quelques jours, ou Wall Street est-elle en passe de diviser par deux ou trois la valeur des entreprises de l’IA, tablant sur une moindre croissance, de moindres marges et de moindres multiples ?
     »

    Le Nasdaq a retrouvé son niveau du début de l’année, avec 19 342 points. Début 2000, l’indice avait atteint 5 132 points et s’était effondré à 1 114 en octobre 2002, une division par 4,4, avant que la décennie ne consacre la gloire de celles qui allaient devenir les Gafam. De nombreux analystes estiment que la réaction des marchés est excessive, notant que la baisse des coûts entraînerait non pas moins, mais beaucoup plus de développement de l’IA. Et ils suspectent que les Chinois utilisent plus de puces Nvidia qu’ils ne le prétendent. L’affaire montre que le combat économique sera très concurrentiel et remet en cause l’hégémonie des géants américains.

    Inquiétudes des marchés ravivées
    Cette correction a lieu alors que Wall Street multipliait les records sur fond d’exubérance sur l’intelligence artificielle et de promesses de dérégulation et de baisse d’impôts de Donald Trump. Les menaces de droits de douane appliqués à la Colombie brandies dimanche par Donald Trump ont ravivé les inquiétudes des marchés.

    Reste qu’il ne s’agit pas d’un krach généralisé. Les investisseurs se réorientent sur la vieille économie, incarnée notamment par l’indice Dow Jones. Celui-ci a fini en hausse de 0,65 %, avec, dans le vert, des entreprises traditionnelles de grande consommation comme Johnson & Johnson, Nike ou Procter & Gamble. AT&T, géante moribonde des télécoms, a gagné 6,25 %, les groupes pharmaceutiques se redressent, tandis que les banques sont dans une situation extrêmement florissante depuis l’élection de Donald Trump.

    Cette « rotation », comme disent les investisseurs, est favorisée par le marché obligataire. Le choc chinois s’est accompagné d’une baisse des taux à long terme, qui servent à financer l’économie : le rendement des emprunts d’Etat à dix ans se situe à 4,53 %, après avoir touché les 4,80 % mi-janvier. Telle évolution est favorable à la croissance des entreprises traditionnelles et n’accentue pas la crise boursière, au contraire. S’y ajoute un répit sur le dollar, qui s’est affaibli, les Etats-Unis n’étant, l’espace au moins de quelque temps, plus le seul eldorado financier. L’euro, qui valait 1,025 dollar mi-janvier, est par exemple remonté à 1,05 dollar.

    #Arnaud_Leparmentier (New York, correspondant)

  • Plus de 1.400 euros de retraite sans travailler ? Attention à ces publications trompeuses
    https://fr.news.yahoo.com/1-400-euros-retraite-travailler-170302048.html
    https://media.zenfs.com/fr/afp_factcheck_fr_809/39f4f6bd5e74921fb8e93736035e6443

    Gaëlle GEOFFROY / AFP France
    ven. 24 janvier 2025 à 6:03 PM UTC+1
    Sous certaines conditions, une personne seule, à l’âge de la retraite, peut percevoir un millier d’euros bruts mensuels, même si elle n’a jamais travaillé : c’est l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), ou « minimum vieillesse », destinée à soutenir les plus fragiles. Certains internautes partagent la photo d’un relevé de 1400 euros brut en affirmant, pour s’en indigner, qu’il s’agit de celui d’une personne qui « n’a jamais travaillé ». Mais c’est inexact : le document correspond à une situation différente et montre la pension de quelqu’un qui a travaillé 25 ans. En outre, les posts viraux -en attirant les internautes via un sujet clivant- servent avant tout à les diriger vers des sites internet bourrés de publicités.

    « Voici le montant de la retraite d’une personne qui n’a jamais travaillé... », affirment des utilisateurs de Facebook dans des publications relayées depuis le 20 janvier 2025, parfois partagées des centaines voire des milliers de fois pour deux d’entre elles (archives 1, 2).

    Y figure un visuel on l’on peut lire en toute dernière ligne un « montant brut » de « 1.439,54 euros » et un « montant net » de « 1.206,52 euros ».

    Cette image provoque des milliers de commentaires parfois outrés - « Ceux qui ont travaillé ont moins que ça !!! Une honte » - ou incrédules - « Ça m’étonnerait qu’une personne qui n’a jamais travaillé de sa vie touchera 1200 euros/mois. Ça reste une légende ».

    Les publications ayant généré le plus de partages conseillent en outre de « voir le 1er commentaire », « commentaire » qui consiste en fait à chaque fois en un lien vers des articles sur le thème du départ à la retraite sur deux sites internet.
    <span>Captures d’écran, réalisées le 23 janvier 2025, de publications sur Facebook</span>
    Captures d’écran, réalisées le 23 janvier 2025, de publications sur Facebook

    Plusieurs éléments laissent penser que ces posts semblent n’avoir d’autre but que de générer du trafic vers ces sites internet, en attirant l’internaute au travers d’un post accrocheur susceptible de créer de l’émotion.

    En l’occurrence, comme nous le verrons, le visuel est un relevé de retraite complémentaire d’un ancien salarié ayant travaillé pendant 25 ans.

    S’il est certes possible pour les personnes n’ayant jamais cotisé de percevoir une allocation, le montant brut pour une personne seule est en réalité une fois et demie inférieur à la somme visible dans ces posts.
    Image d’un tout autre sujet

    Ces posts utilisent un visuel qui n’a rien à voir avec le montant auquel pourrait prétendre un retraité qui n’aurait jamais travaillé.

    En faisant une recherche d’image inversée dans Google, on le retrouve apparaissant dans un reportage de franceinfo datant de septembre 2022 (archives 1, 2). Or il traite non pas de la possibilité de percevoir une pension sans avoir travaillé, mais d’une hausse de 5% attendue pour novembre 2022 des pensions complémentaires - versées par des caisses de retraite complémentaire en plus de la retraite versée aux ex-salariés par le régime général de la Sécurité sociale.

    A la 22e seconde du reportage, on voit bien apparaître la même image que celle des posts viraux sur les réseaux sociaux, au moment où le reportage donne la parole à un retraité ayant travaillé pendant 25 ans dans une sucrerie. Il s’agit d’une « attestation de paiement détaillé » de ses pensions.

    Avec une retraite de base de « 1.200 euros nets » et un montant complémentaire de « 995 euros », dit le journaliste, la hausse de 5% de sa pension complémentaire en novembre 2022 lui permettra de percevoir un peu plus de 47 euros supplémentaires par mois, précise le retraité interviewé.
    <span>Capture d’écran, réalisée le 23 janvier 2025, d’une séquence du reportage de franceinfo datant de 2022 où apparaît l’image utilisée dans les posts trompeurs viraux en janvier 2025</span>
    Capture d’écran, réalisée le 23 janvier 2025, d’une séquence du reportage de franceinfo datant de 2022 où apparaît l’image utilisée dans les posts trompeurs viraux en janvier 2025

    Rien à voir donc avec la situation d’une personne qui n’aurait jamais travaillé de sa vie, comme l’affirment à tort les posts viraux deux ans et demi plus tard.

    De plus, même s’il est bien possible, sous certaines conditions, de percevoir une allocation sans avoir jamais travaillé, les montants visibles dans ces posts sont supérieurs à ce qu’il est possible de toucher au maximum dans la réalité.
    1.034 euros bruts maximum par mois, pas 1.439 euros

    Cette possibilité est ouverte par l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), ou minimum vieillesse, une allocation qui permet de toucher à la retraite un montant minimum si l’on n’a pas suffisamment cotisé aux régimes de retraites voire jamais travaillé (archive).

    Le montant maximum de l’Aspa, c’est-à-dire le montant versé si l’allocataire ne dispose d’aucune autre ressource, était au 1er janvier 2025 de 1.034,28 euros bruts par mois pour une personne seule, selon le site gouvernemental Service public - soit 405 euros de moins que ce qui est avancé dans les posts trompeurs (archive).

    En outre l’Aspa n’est pas une pension de retraite, qui serait financée par des cotisations ; c’est, comme son nom l’indique, une allocation, financée par l’Etat, qui a assure des moyens de subsistance minimums aux plus démunis.

    Il faut par ailleurs remplir plusieurs conditions pour pouvoir la percevoir, rappelle la Caisse nationale d’assurance retraite (Cnav) sur son site internet : être retraité et avoir au moins 65 ans (62 ans si vous êtes reconnu inapte au travail ou atteint d’une incapacité permanente d’au moins 50 %), résider au moins neuf mois sur douze en France, selon des conditions de séjour conformes à la loi, et avoir des ressources inférieures à 1.034,28 euros bruts par mois pour une personne seule et 1.605,73 euros pour un couple (archive).

    L’Aspa est cumulable avec d’autres ressources tant que le montant total ne dépasse pas le plafond de ressources établi pour percevoir l’allocation.
    <span>Dans une maison de retraite du sud-ouest de la France le 16 janvier 2024</span><div><span>MATTHIEU RONDEL</span><span>AFP</span></div>
    Dans une maison de retraite du sud-ouest de la France le 16 janvier 2024
    MATTHIEU RONDELAFP

    La Cnav, assurance retraite du régime général des salariés, « ne verse l’Aspa qu’aux personnes ayant une retraite de l’Assurance retraite », a précisé cette dernière à l’AFP le 22 janvier. Pour les personnes ne touchant pas de retraite, l’Aspa est versée par le Service de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Saspa), qui dépend de la Mutualité sociale agricole (MSA), a-t-elle précisé (archive).

    Fin 2022, sur les 17 millions de retraités de droit français, 559.220 personnes percevaient l’Aspa, selon l’édition 2024 du panorama social dressé par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), qui dépend du ministère de la Santé (archive).

    L’AFP a déjà vérifié des allégations trompeuses ou fausses concernant la possibilité de percevoir une allocation sans avoir travaillé ou sur les petites retraites (1, 2, 3). La thématique des aides sociales est aussi souvent détournée sur les réseaux sociaux, comme l’ont démontré plusieurs de nos articles de vérification (1, 2).
    Générer des clics

    Les allégations relayées ont interpellé les internautes, avec des milliers de partages et de commentaires (jusqu’à plus de 16.000 pour le plus gros post identifié par l’AFP), des milliers de réactions signifiées à l’aide d’émojis, et une multitude de petits posts partagés dans leur sillage.

    Le « 1er commentaire » qu’il est conseillé de « voir » est en fait un lien qui mène vers deux articles traitant de la retraite sur deux sites distincts, centrés sur des questions de consommation ou de santé, qui touchent à la vie quotidienne des Français. L’article sur le premier site explique « à quel âge » le lecteur pourrait « partir selon [son] année de naissance », avec des informations factuelles, le second explique « à quoi vous pouvez prétendre » à la retraite « si vous n’avez jamais travaillé ».

    Ce procédé laisse penser que les posts que nous examinons « vont chercher de l’audience sur Facebook en mettant un pavé dans la mare sur le sujet de la retraite, un sujet très débattu, générateur de buzz, pour emmener ensuite les internautes sur les sites en question », a commenté Sophie Chauvet, chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’université de Toulouse, auprès de l’AFP le 24 janvier 2025 (archive).

    « Cela fait augmenter l’attention, le volume de clics et d’engagements », qui pourraient ensuite être monétisés auprès d’acteurs de la publicité en ligne ou de la recommandation de contenus. Dans ce cas, « Facebook est un outil de ramassage d’attention en masse », résume-t-elle.

    Le public visé semble toutefois bien ciblé, ajoute-t-elle, à savoir des quinquagénaires et sexagénaires, générations « qui utilisent le plus Facebook de nos jours ». « Le sujet choisi, la retraite, les touche directement », et les noms de certains profils relayant le post ("Bisoutendresse", « J’aime ma maman et que Dieu la protège », etc) ont le potentiel de les toucher plus particulièrement.
    <span>Logo de Facebook sur des écrans de smartphones le 3 avril 2024</span><div><span>KIRILL KUDRYAVTSEV</span><span>AFP</span></div>
    Logo de Facebook sur des écrans de smartphones le 3 avril 2024
    KIRILL KUDRYAVTSEVAFP

    Mais pourquoi inclure le lien vers les sites dans un premier commentaire plutôt que dans le post ? « Il est probable que le fait de cliquer sur ’voir les commentaires’ soit un signal d’engagement ’élevé’ pour l’algorithme de Facebook. Et les images en post natif [originel, NDLR] ont plus de visibilité que si elles sont accompagnées d’un lien », décrypte Olivier Ertzscheid, chercheur en sciences de l’information et de la communication et maître de conférences à l’université de Nantes, tout en relevant que la configuration de l’algorithme de Facebook reste toutefois opaque (archive).

    « En général les algorithmes de ces plateformes pénalisent les liens sortants inclus dans les posts natifs - puisque l’enjeu est que vous restiez ’dans’ la plateforme », a-t-il ajouté dans un email à l’AFP le 24 janvier 2025. « En mettant le lien dans le commentaire, vous trichez donc deux fois : une fois pour ’leurrer’ l’algorithme en masquant le lien sortant, et une deuxième fois en augmentant artificiellement votre engagement - puisque les gens vont être tentés d’aller voir le commentaire », a-t-il analysé.

    Sollicitée le 24 janvier par l’AFP, la rédaction du premier site, dont un des contributeurs est chef de projet chez CaptainTraffic, une société active dans le développement de la « notoriété digitale », n’avait pas répondu au moment de la publication de notre article (archive).

    L’AFP a déjà montré dans plusieurs articles de vérification que certains posts sur les réseaux sociaux relayaient de fausses informations ou comportaient des images générées par intelligence artificielle pour susciter de l’empathie, maximiser le nombre de clics et au final augmenter leur audience, à des fins de mercantiles, comme ici ou ici.

    #Médias_sociaux #Arnaques #Idéologie #ramassage_attention

  • Mondialisation : vers un capitalisme anti-libéral

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/mondialisation-vers-un-capitalisme-anti-liberal-2138740

    L’élection de Donald Trump et ses déclarations sur le Panama, le Groenland et le Canada laissent entrevoir un retour d’anciennes logiques impérialistes de prédation des territoires et des ressources dans l’organisation de l’économie mondiale.

    Avec Arnaud Orain Historien, économiste, directeur d’études à l’EHESS et Julia Tasse Chercheuse à l’IRIS

    #radio #imperialisme #liberalisme #puissance #geopolitique #libertesdesmers #toread

    • Le monde confisqué
      Essai sur le capitalisme de la finitude (XVIᵉ - XXIᵉ siècle)

      L’utopie néolibérale d’une croissance globale et continue des richesses est désormais derrière nous. Mais le capitalisme n’est pas mort pour autant. Sa forme actuelle n’est ni réellement nouvelle ni totalement inconnue, car elle est propre à tous les âges où domine le sentiment angoissant d’un monde « fini », borné et limité, qu’il faut s’accaparer dans la précipitation. Ce capitalisme se caractérise par la privatisation et la militarisation des mers, un « commerce » monopolistique et rentier qui s’exerce au sein d’empires territoriaux, l’appropriation des espaces physiques et cybers par de gigantesques compagnies privées aux prérogatives souveraines, qui dictent leurs rythmes.
      Dans cet essai, Arnaud Orain dévoile ce « capitalisme de la finitude » et en éclaire les mécanismes aux trois périodes où il s’épanouit : XVIᵉ - XVIIIᵉ siècle, 1880-1945, 2010 à nos jours. L’auteur offre une toute nouvelle perspective sur l’histoire mondiale et éclaire les grands enjeux de notre temps.

      https://editions.flammarion.com/index.php/le-monde-confisque/9782080466570

    • « Le monde entre dans une nouvelle ère de domination du capitalisme de la finitude », Pierre-Cyrille Hautcœur [à propos de Le Monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude, d’Arnaud Orain]

      Un futur président des Etats-Unis qui annonce son intention de contrôler (voire d’absorber) des territoires appartenant à ses alliés, des patrons de très grandes entreprises qui refusent les règles démocratiquement imposées à leur fonctionnement, des dirigeants et penseurs qui revendiquent l’affrontement viril comme mode de fonctionnement normal du capitalisme… Ces comportements sèment le trouble dans les esprits depuis quelques semaines.

      Le dernier livre d’Arnaud Orain, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), intitulé Le Monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (Flammarion, 368 pages, 23,90 euros), propose une perspective historique de ces comportements. L’auteur définit comme « capitalisme de la finitude » l’attitude d’acteurs économiques majeurs, privés et publics, face à la conscience de la finitude des ressources du monde. Alors que le capitalisme concurrentiel désigne la capacité des humains à créer des objets et à s’enrichir par leur échange (vu comme un jeu à somme positive), celui de la finitude se concentre sur la rivalité insurmontable autour des ressources naturelles que sont les océans (espaces du commerce maritime et ressources halieutiques et minérales), les terres (cultivables et abris de ressources minières) et le travail humain. Il vise l’appropriation – essentiellement par la force et finalement sanctionnée par le droit – de ces ressources par des acteurs suffisamment puissants pour y procéder : entreprises géantes ou Etats, souvent les deux ensemble.

      Le cœur de l’ouvrage propose une chronologie qui démontre que le monde entre depuis une dizaine d’années dans une nouvelle ère de domination de cette forme de capitalisme, après une première à l’époque moderne (XVIIe et XVIIIe siècles) et une deuxième entre 1880 et 1945. Il prolonge la pensée de Fernand Braudel, qui distinguait ce qu’il appelait respectivement « économie » (concurrentielle) et « capitalisme » (monopoliste). Deux systèmes à l’œuvre en parallèle, sans claire dynamique entre eux : le premier pour l’échange ordinaire à moyenne distance, typiquement national, le second pour le long cours, typiquement international.

      Rivalité croissante

      Arnaud Orain part d’un terrain qu’il connaît bien, celui des grandes compagnies à monopole – qu’elles soient des Indes ou d’ailleurs – toujours à la recherche du contrôle des mers, des ports et des territoires d’où extraire des esclaves ou des produits, d’où supprimer la concurrence pour maximiser une rente, non un profit commercial.

      De manière moins attendue, il retrouve ces logiques à l’œuvre dans la « ruée vers l’Afrique » (et aussi vers l’Asie de l’Est) de la fin du XIXe siècle, tant dans les justifications qui en sont données que dans les pratiques, même si le travail forcé remplace l’esclavage à proprement parler. Ce moment est souvent perçu comme le sommet de la mondialisation libérale, sur fond de rivalité croissante entre le Royaume-Uni et l’Allemagne (mais aussi bientôt les Etats-Unis, voire ponctuellement la France). Apparaissent alors tant les discours justifiant le monopole par une nécessaire coopération et un souci des ressources stratégiques que les pratiques d’exclusion des concurrents et de pacte colonial (qui réserve à une métropole les échanges commerciaux avec ses colonies), sur fond de réarmement.

      Chaque chapitre, sur un thème donné, compare les trois périodes d’émergence et de domination du capitalisme de la finitude. Arnaud Orain reprend ainsi le vieux thème selon lequel l’existence d’une hégémonie navale incontestée caractérise tant le XIXe siècle (avant 1880) que la seconde moitié du XXe siècle, et conditionne la « liberté des mers », qui permet des échanges internationaux peu risqués.

      A l’inverse, les périodes de rivalité entre grandes puissances conduisent au retour des convois escortés, à la « piraterie » (définie par les dominants comme toute atteinte à leurs monopoles de transport) et à la concentration des échanges au sein des empires. D’autres chapitres discutent le protectionnisme, le cyberespace, les « nouvelles routes de la soie » ou la relocalisation « en terres amies » des géants du numérique. Un chemin démocratique surmontant la crise écologique est bien difficile à frayer dans ce monde brutal, mais la conclusion ne lui ferme pas tout à fait la porte.

      Pierre-Cyrille Hautcœur (Directeur d’études à l’EHESS, Ecole d’économie de Paris)

      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/15/le-monde-entre-dans-une-nouvelle-ere-de-domination-du-capitalisme-de-la-fini

      #Arnaud_Orain #note_de_lecture #capitalisme #capitalisme_de_la_finitude #rente #ressources_naturelles #rivalité (on retrouve le #René_Girard aimé par #Peter_Thiel) #océan #terres #travail_humain #États #travail_forcé #protectionnisme #cyberespace #économie

  • Entretien avec Celia Izoard : « L’exploitation minière, un modèle intrinsèquement prédateur et destructeur » - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2025/01/entretien-celia-izoard-mine-exploitation-ce-modele-est-intrinsequement-preda

    très très bel interview de Célia Izoard

    Une nouvelle ruée minière a lieu dans le monde, au nom de la transition énergétique. Une fausse solution et des politiques mensongères que décrypte la journaliste et philosophe Celia Izoard.

    Vanina Delmas 
    • 8 janvier 2025

    Drapeau d’opposants à la mine de lithium dans l’Allier, dans la commune d’Échassières.
    © Tristan Dereuddre
    Dans le même dossier…

    Dans l’Allier, le lithium mine la transition énergétique
    L’urgence de lutter contre le changement climatique et de sortir du tout-pétrole est brandie comme un prétexte en or pour justifier le nouvel essor de l’industrie minière. Dans son livre enquête La Ruée minière au XXIe siècle, Celia Izoard décrit avec acuité les ravages environnementaux de ces mines à ciel ouvert présentées comme « vertes », notamment celles de Rio Tinto et de Cobre Las Cruces, en Andalousie, région touchée par des sécheresses à répétition. Mais aussi le désastre social et humanitaire, comme au Maroc, dans la mine de Bou-Azzer où les mineurs travaillent comme des forçats, au contact de polluants, pour sortir des tonnes de cobalt, indispensable aux véhicules électriques.

    La ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l’ère de la transition, Celia Izoard, Seuil, 344 pages, 2024.
    Votre livre La Ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l’ère de la transition, déconstruit les mythes concernant l’industrie extractive, notamment l’idée que les mines appartiennent au passé. Vous montrez qu’il n’y a jamais eu de rupture. Comment s’est passée cette continuité ?

    Celia Izoard : Le capitalisme industriel est fondé sur l’extraction de minéraux et la maîtrise des hautes températures que nécessite la métallurgie, et cette dépendance n’a cessé de s’amplifier. À la fin du XVIIIe siècle, l’alliance du fer et du charbon a permis l’émergence des forces productives et de ce mode de vie qui menace aujourd’hui les conditions d’habitabilité de la planète. Le boom de l’après-guerre a engendré un changement d’échelle monumental : nous sommes passés des mines souterraines à la généralisation de la mine à ciel ouvert. Ce modèle d’extraction ultra-mécanisé a permis de disperser les mineurs, cette masse de travailleurs qui, en s’unissant, avait réussi à acquérir des droits qui sont ensuite devenus la base des régimes de protection sociale dans plusieurs pays.

    Dans les mines d’aujourd’hui, chaque jour, ces gigantesques machines sortent des centaines de milliers de tonnes de roches, qui sont broyées et trempées dans des bains chimiques. Les mines recrachent des boues toxiques, des dizaines de milliers de tonnes de résidus qui remplissent des vallées, retenus par des barrages. Régulièrement, et de plus en plus à cause de l’instabilité climatique, ces barrages cèdent et détruisent parfois des centaines de kilomètres de cours d’eau. Ce modèle est intrinsèquement prédateur et destructeur, parce qu’il est fondé sur la mobilisation de quantités énormes de matière et de ressources.

    Pourquoi la production minière a-t-elle doublé au cours des dernières années dans le monde et ne cesse-t-elle d’augmenter ?

    Regardons autour de nous : toutes les productions augmentent, les appareils électroniques, les avions, les satellites, les infrastructures électriques, la 5G, les caméras, les écrans publicitaires… Nous vivons un déferlement d’objets qui consomment des minéraux, que ce soit pour fabriquer des couleurs, des composants électroniques, des câbles électriques. L’aéronautique et l’aérospatiale, par exemple, sont des secteurs basés sur l’extractivisme. Airbus, qui produit 700 avions par an, est l’une des sociétés les plus consommatrices de métaux au monde. Dans un A380, vous avez 80 tonnes d’aluminium-lithium, 18 tonnes de titane, etc.

    Sur le même sujet : Et si on pouvait arrêter de polluer avec nos outils numériques ?
    Quant au secteur du numérique, c’est un véritable gouffre pour les métaux, en particulier les data centers. Chacun de ces immenses entrepôts remplis de serveurs contient des milliards de composants qui contiennent chacun des dizaines de métaux différents, utilisés en alliages sous forme de trace, donc irrécupérables. Par exemple, dans une petite puce, vous trouverez de l’arsenic ou de l’or, disséminés à l’échelle du microgramme, parfois du nanogramme. De plus, pour éviter les pannes, les entreprises du cloud comme Amazon renouvellent ces serveurs tous les trois ans et doublent l’alimentation électrique en stockant des tonnes de batteries qui contiennent donc du lithium, du cobalt, du manganèse, du graphite, du nickel, etc.

    Comment s’est imposée l’idée que les mines sont le prix à payer pour réussir la transition énergétique ?

    Le monde de l’entreprise a interprété l’accord de Paris sur le climat à sa façon, c’est-à-dire en considérant que la baisse des émissions de GES ne devait en aucun cas affecter la croissance, mais qu’elle pouvait être l’occasion de créer un nouveau marché de l’énergie en développant à toute vitesse les technologies dites bas carbone. Comme ces technologies sont intensives en métaux, en particulier la voiture électrique, l’industrie minière s’est engouffrée là-dedans avec le concept de « métaux pour la transition ».

    La catastrophe climatique devrait nous obliger à faire le bilan de notre rapport à l’extraction de fossiles et de métaux.

    En 2017, la Banque mondiale a lancé une campagne en ­partenariat avec le principal lobby minier au monde, dans lequel on retrouve les entreprises d’extraction Glencore ou Orano. Ils ont produit un rapport sur la transition qui affirme que les mines sont nos meilleures alliées pour résoudre le réchauffement climatique. Cette promesse s’appuie sur l’idée qu’il pourrait exister des mines et de la métallurgie bas carbone : ce qui n’a pour l’instant aucune réalité, ce sont les secteurs qui émettent le plus de CO2 au monde. Donc tout repose sur les promesses de l’industrie minière d’améliorer ses pratiques alors que c’est l’une des plus opaques du monde.

    Sur le même sujet : Exploitation minière : 20 milliards sous les mers
    La catastrophe climatique devrait nous obliger à faire le bilan de notre rapport à l’extraction de fossiles et de métaux, et à nous pencher sur des mondes qui auraient extrait et produit de manière plus modeste. Or, c’est l’inverse qui se produit, et au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut démontrer que l’extraction minière est complètement contre-productive pour lutter contre les émissions de GES, et l’ampleur des violences qu’elle engendre.

    Que voulez-vous dire ?

    Quand on crée un parc automobile électrique en France ou en Allemagne, on ne fait que délocaliser les émissions carbone vers les pays producteurs de métaux. Pour extraire des matières premières, on détruit les puits de carbone naturels que sont les forêts tropicales de l’Indonésie ou du Brésil, les tourbières et les forêts boréales du Canada.

    Sur le même sujet : Voiture électrique : les effets pervers d’une révolution
    On construit des routes, des barrages hydroélectriques et des usines. Souvent, cela va de pair, comme en Inde, avec une militarisation et une politique de terreur. Dans plus de la moitié des cas, ces mines sont créées sur les terres collectives de peuples autochtones, dont les pratiques de subsistance et la culture sont détruites par ces projets qui servent in fine à produire des SUV de deux tonnes pour des Européens.

    La voiture électrique est la quintessence du mode de vie impérial.

    La voiture électrique est la quintessence du mode de vie impérial. Mais l’argument de chercher des métaux pour la transition est aussi le prétexte à approvisionner l’ensemble des industries occidentales, menacées par une crise des matières premières du fait de la guerre commerciale avec la Chine. Les « mines pour la transition » sont souvent tout autant des mines pour les data centers, les avions et les satellites.

    Qu’en est-il de la politique minière sur le territoire français ? 

    Ces dernières années, il y a eu deux moments : en 2010-2012, Arnaud Montebourg a tenté de mener une relance minière avec l’argument de créer des emplois, mais les populations s’y sont opposées. Une nouvelle tentative est menée depuis 2022, cette fois avec l’argument de la transition. Le projet phare est l’ouverture de la mine de lithium dans l’Allier par l’entreprise Imerys, vitrine d’une relance minière plus vaste avec d’autres projets portant sur des métaux précieux comme l’or en Bretagne, dans le Rhône, le Massif central, en Dordogne…

    Sur le même sujet : Dans l’Allier, le lithium mine la transition énergétique
    Ce nouvel argumentaire autour des mines pour la transition est dénué de fondement. Le lithium pourrait éventuellement participer à une décarbonation, mais cela supposerait d’investir massivement dans les transports en commun et les vélos cargo et dans de petits véhicules électriques uniquement. Tant qu’il n’y aura aucun arbitrage sur la consommation de lithium et les besoins, celui-ci servira à produire des batteries pour des SUV, des drones et des aspirateurs robot qui n’ont aucun rapport avec la lutte contre les émissions de GES.

    Un autre mythe qui s’est propagé repose sur l’idéal de la mine propre, verte, durable.

    J’ai enquêté pour le média Splann ! sur une mine en Bretagne, gérée par Imerys, qui prétend n’avoir presque aucun impact sur l’environnement. Il s’agit de la mine de Glomel, dans les Côtes d’Armor, qui est définie comme une carrière d’un point de vue administratif, mais qui est en réalité une mine à ciel ouvert où l’on extrait de l’andalousite, un minéral industriel. Lors de mon enquête, j’ai découvert l’ampleur de la minimisation des impacts environnementaux, car tout est fondé sur l’autocontrôle. J’ai réalisé des prélèvements des sédiments dans le lit de la rivière en aval : j’ai trouvé du cadmium, du cobalt, des métaux lourds cancérigènes. Les taux de nickel dépassent de 20 à 60 fois les valeurs guides pour le bon état écologique des cours d’eau. Ce qui est très préoccupant puisqu’on est à l’amont des stations de pompage d’eau potable.

    Aujourd’hui, les mines réapparaissent réenchantées par la promesse « responsable ».

    Pourquoi est-il important de réfléchir à l’imaginaire collectif lié à la mine ?

    Sur le plan philosophique, il est fascinant de voir comment elle a pu tour à tour apparaître et disparaître dans l’imaginaire collectif occidental. Pendant les années 1980-1990, les mines sont devenues « du passé » alors qu’elles n’ont jamais été si grandes et si destructrices pour les peuples d’Amazonie ou de Papouasie, par exemple. Aujourd’hui, les mines réapparaissent réenchantées par la promesse « responsable » et auréolées de la mission salvatrice de la transition. Cette fiction est tout aussi irréelle que la fable précédente.

    Par Vanina Delmas

    #Celia_Izoard #Mines #Ecologie #Transition #Arnaque

  • Refugiados encerrados como animales y deportados como criminales, con dinero de la UE

    Una investigación de varios medios, entre ellos EL PAÍS (https://elpais.com/internacional/2024-10-11/en-el-corazon-de-las-deportaciones-forzosas-de-migrantes-que-turquia-financi), revela que el Gobierno turco ha creado una amplia red de centros de internamiento y deportación financiados con dinero de la UE. En esas instalaciones se violan sistemáticamente los derechos de los extranjeros para luego expulsarlos a países como Afganistán y Siria
    El País, Andrés Mourenza Mohammad Bassiki (SIRAJ) Ylenia Gostoli , 11-10-2024

    Sami, Zurmat, Abdul, Ghani, Amer, Jamshid procedían de diferentes lugares, jamás se conocieron. Pero tienen al menos dos cosas en común: huyeron de países sumidos en graves conflictos y estuvieron a las puertas de la UE, donde sus casos les podrían haber facilitado un estatus de refugiado. Hay una tercera característica que les une: han sido deportados de vuelta a sus países. Y allí han sido asesinados o han muerto en bombardeos; otros permanecen escondidos, temerosos por sus vidas, pensando cómo volver a escapar.

    El país desde el que fueron deportados, Turquía, ha recibido más de 11.500 millones de euros en fondos de la Unión Europea desde que firmó el pacto para frenar la inmigración en 2016. En principio, ese dinero se destinaba a atender las necesidades de los refugiados que llegasen a suelo turco, que rondan los tres millones de personas, y favorecer su integración, pero, cada vez más, se dirige a convertir al país en un muro infranqueable que cierre el paso a migrantes y refugiados en la frontera oriental de Europa. Para ello, la UE ha financiado la construcción y mantenimiento de una vasta red de centros de internamiento y deportación de extranjeros, que la ONG Global Detention Project ha definido como “uno de los sistemas de detención de migrantes más grandes del mundo”, con una capacidad similar a la de toda la UE y donde se conculcan sistemáticamente los derechos humanos.

    Durante los últimos 10 meses, un grupo de periodistas de EL PAÍS, NRC, L’Espresso, Etilaat Roz, SIRAJ, Der Spiegel, Le Monde, Politico y Alpheratz coordinados por Lighthouse Reports, ha sacado a la luz documentos, ha analizado imágenes de satélite y redes sociales y ha entrevistado a más de un centenar de fuentes en Turquía, Siria, Afganistán y varios países europeos para reconstruir cómo funciona este sistema de externalización de la gestión migratoria. Y cómo las autoridades de Bruselas están al corriente de la situación e incluso se muestran satisfechas con ella.
    El sirio Sami, de 26 años, esposado a una camilla de hospital en Turquía mientras era tratado de tuberculosis el pasado julio. Poco después fue deportado por la policía a Siria pese a las quejas de los médicos.
    El sirio Sami, de 26 años, esposado a una camilla de hospital en Turquía mientras era tratado de tuberculosis el pasado julio. Poco después fue deportado por la policía a Siria pese a las quejas de los médicos.

    A principios de julio, el sirio Sami, de 26 años, se debatía entre la vida y la muerte esposado a una camilla de un hospital turco cercano a la frontera con Siria. Había sido ingresado para tratarle una tuberculosis que, por falta de medicación, le había hinchado el estómago y envenenado la sangre. Sin embargo, al cabo de unos días, la policía entró en el hospital y se lo llevó de vuelta a Siria pese a las protestas de los médicos.

    Sami (cuyo nombre, como el de otros protagonistas, ha sido modificado para proteger su identidad) perdió a su padre y sus cuatro hermanos en un bombardeo en Alepo en 2016. Así que él y su madre, únicos supervivientes, decidieron escapar a Turquía. Lo lograron en 2019, pero para entonces el sentimiento antisirio estaba empezando a calar en la sociedad turca y el Gobierno decidió dejar de aceptar a nuevos refugiados y restringir las localidades y barrios donde podían residir. Sami y su madre se vieron obligados a vivir sin papeles y él, como muchos compatriotas, comenzó a trabajar en negro en los talleres que suministran a las marcas textiles turcas e internacionales. En diciembre del año pasado, mientras caminaba por el barrio estambulí de Esenyurt, una patrulla de policía le dio el alto al escuchar que hablaba en árabe por el móvil: al descubrir que no tenía papeles, explica por teléfono, le propinaron una paliza y se lo llevaron detenido. Entraba así en la red de centros de detención y deportación turcos que culminaría este pasado verano en su expulsión a Siria.

    Desde la entrada en vigor del acuerdo migratorio firmado con la UE, Turquía ha detenido a más de dos millones de extranjeros en situación irregular, sobre todo afganos (más de 700.000) y sirios (unos 400.000), según datos del Ministerio de Interior. En el último año, los controles se han acelerado con la puesta en marcha de piquetes policiales móviles desplegados en barrios con fuerte presencia extranjera para comprobar los papeles a través de un sistema informático financiado por la UE.

    En principio, solo quienes carecen de documentos en regla deberían temer una detención, pero según denuncian abogados y las víctimas, en muchos casos también se arresta a personas en proceso de renovación de sus permisos de residencia o por quejas de ciudadanos turcos. “En cuanto estos vehículos aparecen, nadie se atreve a salir a la calle. Nada más [los inmigrantes irregulares] dejan su casa, los apresamos”, se vanaglorió en una reciente entrevista el ministro de Interior, Ali Yerlikaya.
    Vehículo pagado con fondos de la Unión Europea utilizado en un control de identidad de extranjeros en Estambul. Estos piquetes policiales se han multiplicado desde el pasado año para tratar de detectar migrantes irregulares, pero las ONG denuncian que también son utilizados para detener a extranjeros en proceso de renovación de su residencia o incluso con los documentos en regla.
    Vehículo pagado con fondos de la Unión Europea utilizado en un control de identidad de extranjeros en Estambul. Estos piquetes policiales se han multiplicado desde el pasado año para tratar de detectar migrantes irregulares, pero las ONG denuncian que también son utilizados para detener a extranjeros en proceso de renovación de su residencia o incluso con los documentos en regla.

    Zurmat, oficial de las Fuerzas Armadas de Afganistán que sirvió durante siete años junto a los militares de EE UU, fue capturado el pasado mayo junto a un grupo de compañeros con los que iba a intentar cruzar irregularmente a Grecia. “Cuando cayó el Gobierno [de Kabul, ante el avance talibán, en agosto de 2021] nos dejaron tirados. Nos prometieron que nos evacuarían en un avión militar estadounidense, pero eso nunca ocurrió”, lamenta. Tras ver cómo las nuevas autoridades talibanas arrestaban y torturaban a sus camaradas, decidió escapar. Durante casi dos años, entró hasta en nueve ocasiones en Turquía, pero fue devuelto a Irán por los militares en la montañosa frontera oriental del país, cuya seguridad también ha sido reforzada con dinero europeo. Finalmente, en junio de 2023 logró llegar hasta el oeste de Turquía sin ser descubierto. Tras trabajar durante meses en la ciudad de Tekirdag, junto a otros compañeros decidió pagar a un traficante para que los llevara a la UE. Pero fueron sorprendidos e internados en el centro de detención de Edirne, para luego ser trasladados al de Binkiliç (en el extrarradio de Estambul): “Allí sufrí insultos y torturas”.

    Al sirio Abdul Eyse, que tenía los papeles en regla, lo detuvieron en plena calle después de publicar un vídeo en internet en el que denunciaba la detención de su esposa e hijo, afectado por un grave problema cardiaco. Después de recibir una paliza en comisaría, lo enviaron al centro de internamiento de Antioquía, una antigua residencia de estudiantes reconvertida con fondos europeos: “Era un centro pequeño, pero funcionaba bien”, asegura en una entrevista telemática. Sin embargo, el 6 de febrero de 2023 dos potentes terremotos sacudieron la zona y parte del edificio se vino abajo: “Salimos de entre los escombros y trajeron a policías que nos rodearon para que no pudiéramos escapar. Luego nos metieron en buses”. Tras un corto paso por otro campo, Abdul y sus compañeros fueron transportados al centro de deportación de Kayseri: un edificio levantado íntegramente con fondos europeos. “Cuando llegamos”, relata Abdul, “un policía nos dijo: ‘Bienvenidos al infierno”.
    En el infierno de los centros
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    Desde el pacto firmado con la UE, el número de centros de internamiento y deportación de extranjeros se ha multiplicado. Según el Ministerio de Interior turco, actualmente hay 32 en funcionamiento, bajo supervisión de la Presidencia de Gestión de Migraciones (PGM), si bien esta investigación ha detectado el uso de al menos una decena más de recintos, desde zonas valladas dentro de campos de refugiados a comisarías y edificios abandonados.

    La UE reconoce haber financiado la construcción de 14 de estos centros ―seis de ellos destinados a ser de acogida, pero convertidos en instalaciones de deportación en 2015 con el visto bueno de Bruselas― y la renovación de otros 5, además de haber comprado el equipamiento ―mobiliario, material de seguridad― de 11 de ellos. En cambio, documentos y contratos obtenidos por EL PAÍS muestran que el apoyo financiero de la UE se extiende a casi todos los centros oficiales en funcionamiento, sea a través de la contratación de personal o el pago de suministros. Por ejemplo, en 2017 se hicieron tres contratos por valor de 1,43 millones de euros para “incrementar la altura de los muros exteriores” con “cemento y alambre de espino” en siete centros, lo que un informe posterior de la UE afirma que contribuyó a “reducir sustancialmente el número de fugas”.

    “La bandera de la UE está por todas partes: en las puertas, las ventanas, los envoltorios del jabón, incluso en los colchones y almohadas”, afirma Sami sobre el centro de detención de Sanliurfa, cerca de la frontera con Siria, donde fue internado dos meses y medio. Antes pasó por el de Tuzla. Situado en una colina a las afueras de Estambul, asemeja un castillo, con sus murallas y sus torres de vigilancia. Una fortaleza edificada con barracones de obra, uno encima del otro, hasta sumar varios pisos. En total, tiene capacidad para alojar a un millar de detenidos. Allí cree Sami que contrajo la tuberculosis que lo ha dejado postrado.

    La capacidad de toda la red de centros de detención oficiales es de 18.780 personas, y cada mes son detenidos entre 15.000 y 25.000 extranjeros, así que es habitual que estén abarrotados. “Me pusieron en una habitación con seis camas y dormíamos dos por cama, cada uno con los pies en la cabeza del otro. No había sábanas”, relata Karim, un profesor marroquí que fue detenido e internado el año pasado en Tuzla tras intentar denunciar en una comisaría un ataque que había sufrido. Al entrar en el centro le pidieron firmar un documento “en el que aparecía la bandera de la UE” para dar su conformidad a que había recibido una treintena de útiles, entre ellos ropa de cama y materiales de higiene personal: “Me negué a firmar porque no había recibido nada, así que uno de los guardas lo firmó por mí”.
    Vista aérea del centro de deportación de extranjeros de Tuzla (Estambul), con capacidad para un millar de internos, tomada por la empresa constructora.
    Vista aérea del centro de deportación de extranjeros de Tuzla (Estambul), con capacidad para un millar de internos, tomada por la empresa constructora.

    Las condiciones varían entre un centro y otro y según la época del año, pero en la mayoría, debido al hacinamiento, la higiene es deplorable. Incluso organismos vinculados al Estado turco como la Institución de Derechos Humanos (TIHEK), normalmente muy timorata en sus críticas, han señalado en sus informes las pésimas condiciones higiénicas de centros como Tuzla. “Nos dieron una manta para cuatro y tuve que dormir abrazados a extraños para no congelarme, con las ratas paseando a un metro de nosotros”, denuncia un azerbaiyano que fue obligado a dormir en el patio de Tuzla el pasado otoño. Esto provoca constantes epidemias, de enfermedades cutáneas como la sarna o infecciones respiratorias, incluidos brotes de tuberculosis que se han denunciado en al menos dos centros.

    Tres antiguos empleados de instalaciones de detención entrevistados coinciden en señalar que “son peores que una prisión”, pues los internos tienen menos derechos y sufren peores condiciones que los reclusos en el sistema penitenciario normal. “Estos edificios no fueron diseñados para convertirse en cárceles, que es lo que son hoy”, afirma uno de ellos, y otro asegura que los internos son víctimas del racismo de los guardas: “Para ellos los extranjeros son solo números”.

    En ocasiones, cuando los centros están repletos, se obliga a los detenidos a quedarse en el patio durante horas e incluso a dormir a la intemperie, según ha podido comprobar esta investigación verificando vídeos e imágenes. A la cubana Leya y a su marido e hijo los mantuvieron durante cinco días en el patio del centro de detención de Edirne antes de trasladarlos a un edificio: “En pleno agosto nos sentaban en el pavimento, con el sol que quemaba, y si te movías de la posición, los güvenli [guardas] te daban tremendo golpe con sus bastones”.

    De izquierda a derecha: detenidos forzados a dormir fuera de los barracones debido al hacinamiento en verano de 2023; aglomeración en el exterior del centro de Tuzla en 2024; e internos en una de las pistas de baloncesto, donde a veces se les obliga a dormir por el hacinamiento.

    “No te asignan una celda, te dan una almohada y una frazada, y tienes que acomodarte como puedes”, explica B, una latinoamericana (que pide ocultar su identidad) sobre el centro para mujeres de Silivri (Estambul), donde permaneció dos meses tras ser denunciada por su expareja turca: “Entras y después de la reja ya te buscas tú la vida. No sabes dónde estás ni qué hacer”. Cuando accedió, perdida y asustada como estaba, una interna africana con la que había sido trasladada al centro se apiadó de ella y la colocó bajo la protección de sus compañeras.

    “Gracias a Dios, ellas me protegieron. Porque dentro hay mucha violencia. Se agarran del pelo, se dan puñetazos. Es como un corral en el que nadie pone orden. Los gendarmes están detrás de la reja y solo intervienen si las peleas se ponen muy feas”, prosigue B: “Las detenidas están muy estresadas y si te ven llorando se estresan más, así que te pegan hasta por llorar. Es un infierno, un campo de batalla. Hay que pelear por todo”. Por utilizar alguna de las cabinas de teléfono e intentar contactar con el mundo exterior, por ejemplo, o por el agua: las internas solo reciben medio litro con cada una de las tres comidas que se reparten y, si necesitan más, deben comprarla en la cantina (también el champú, ropa o comida extra), así que las que no tienen dinero deben cambiar parte de su rancho por agua.

    Las duras condiciones en el interior y la incertidumbre de no saber qué va a ser de ellos hace que muchos de los detenidos tomen decisiones drásticas. “Vi a muchas chicas que se hacían cortes en los brazos y en el cuello”, asegura B: “Y una chica árabe, embarazada, que subió llorando a nuestro piso y se fue a la ducha después de que le dijeran no sé qué en la oficina. La encontró colgada otra compañera que había ido también a ducharse, y empezó a gritar. Los gendarmes se la llevaron. Fue la última vez que vi a esa chica”. Datos en documentos de la propia UE ―obtenidos por EL PAÍS mediante una petición de transparencia― indican que los casos de daño autoinfligido y violencia en los centros de detención turcos pasaron de 70 en 2019 a 218 en 2022. Según un informe de TIHEK, solo en el centro de la provincia de Çanakkale se han registrados 23 intentos de suicidio en cinco años y en el de Harran un interno asegura: “Ha habido tantos intentos que ya ni los contamos”.

    El Ministerio del Interior turco ha enviado una directiva a todos los centros indicando que deben ser inspeccionados cada dos meses por instituciones públicas y de derechos humanos. Y también por la UE, que los financia. Con todo, reconoce un miembro del servicio diplomático europeo, “probablemente se organizan para hacer que las condiciones parezcan mejor de lo que son”. Lo confirma la cubana Leya, que asegura que en el centro de detención de Edirne, “el cuarto para los niños estaba siempre cerrado, solo lo abrían si había visita de la UE”. Y también el sirio Sami: “Cuando estaba en el centro de Sanliurfa, una delegación vino a inspeccionar la situación. Yo estaba muy enfermo y en muy malas condiciones, así que durante dos días me transfirieron al campo de Harran junto a otros sirios, algunos de los cuales también estaban enfermos”. “Como parlamentaria, puedo visitar fácilmente las cárceles. Pero jamás he logrado acceso a un centro de deportación”, critica la diputada turca Sevda Karaca.

    Una de las cuestiones que más angustia produce a los detenidos es no saber dónde van a estar al día siguiente. “Yo le tenía terror a los martes y los viernes, los días de los traslados. Cada vez que empezaban a anunciar los nombres, yo lloraba”, explica B: “A la gente no la avisan de que la van a transferir a otra ciudad. Ni siquiera a su abogado. Puede venir a visitarte ese día y tú ya no estás ahí”.

    Sin sus teléfonos móviles ―casi siempre confiscados―, con acceso limitado a las cabinas telefónicas de los centros y sometidos a traslados sin notificación, los detenidos se pierden dentro del sistema. “Los llevan al límite de la desaparición forzosa”, denuncia Taha Elgazi, un destacado activista de derechos humanos. Las autoridades turcas arguyen que los traslados se producen para solucionar el hacinamiento, pero esto provoca problemas para el acceso a la defensa de los detenidos y si un letrado no recurre la orden de deportación en una semana, la maquinaria se pone en marcha. Además, explica la abogada Gizem Metindag, cada vez que un detenido es enviado a otra localidad, el letrado debe iniciar una nueva diligencia solicitando su libertad en los tribunales de esa provincia, que puede estar a cientos de kilómetros del lugar donde fue apresado inicialmente.

    Los centros funcionan como parte de un engranaje y los detenidos son transportados incluso a algunos que ni siquiera figuran como oficiales y donde los derechos de los detenidos son conculcados aún más frecuentemente. El Gobierno turco niega que se usen lugares extraoficiales, aunque esta investigación ha obtenido evidencias que indican lo contrario. Es el caso de Harran, a escasos 20 kilómetros de la frontera siria, que Abdullah Öncel, presidente del Colegio de Abogados provincial, define como “un Guantánamo: nadie sabe lo que ocurre dentro, no hay garantías legales y los abogados no tienen acceso”.

    Ghani, un intérprete que sirvió junto a las fuerzas militares británicas en Afganistán, llegó a Turquía en otoño de 2021. Su objetivo era alcanzar el Reino Unido, pero, entre tanto, pensó que, en un país miembro de la OTAN, cuyas fuerzas militares también sirvieron en Afganistán, estaría seguro. Sin embargo, fue detenido y pasó por cinco centros diferentes, lo que impidió su acceso a una defensa jurídica: “Mi amigo me envió a un abogado y no me dejaron verlo. Mi antiguo jefe también trató de ayudarme, pero el mismo día me pusieron en un autobús y me enviaron a otro centro”.

    Parte de los autobuses con los que se efectúan los traslados han sido adquiridos con fondos de la UE, según varios contratos e informes consultados por EL PAÍS. Al mismo tiempo, la UE ha financiado un programa del Alto Comisionado de las Naciones Unidas para los Refugiados (ACNUR) y el Colegio de Abogados de Turquía para mejorar la defensa de los extranjeros detenidos (según datos de la UE, solo el 21% de los arrestados accedieron a un letrado en 2022, aunque abogados locales creen que la cifra normalmente no llega ni al 5%). Con lo cual se da la paradoja de que el contribuyente europeo financia a la vez un proyecto para defender a los detenidos y los instrumentos que obstaculizan ese acceso a la defensa.
    “Estamos hartos de vosotros. Sois como animales”
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    De los 37 extranjeros que pasaron por estos centros y han sido entrevistados por esta investigación, 30 aseguran haber sufrido o presenciado violencia física. En el “infierno” de Kayseri, adonde enviaron a Abdul Eyse, “los policías venían cada tres días y pegaban a los prisioneros”, explica el sirio, quien también asegura que los metían en una cámara frigorífica por turnos para torturarlos. El Gobierno turco niega tajantemente la existencia de este tipo de lugares, pero cuatro detenidos y dos abogados entrevistados han mencionado el uso de estas cámaras en este y otros centros.

    Lucas, un español que se encontraba en Estambul de turismo, también pasó por ello. Fue detenido el pasado mayo por hacer una foto de extranjis en la que aparecía una joven con velo y, aunque al ser descubierto pidió disculpas y borró la imagen, terminó en comisaría. De allí, lo transfirieron al centro de Arnavutköy, inaugurado en octubre de 2023. “Es como un campo de concentración, con vallas altas, alambre de espino, torretas, militares con metralleta. Entre los barracones se veía a grupos de migrantes en cuclillas custodiados por policías”, relata por teléfono: “Me llevaron a una sala a hacer trámites. Primero metieron a un argelino a una sala, se empezaron a escuchar golpes y luego lo sacaron a hostias de allí. Luego me llamaron a mí y miraron mi expediente. Me dieron un bofetón y luego vino otro con una porra y empezaron a golpearme y a darme patadas”. Como resultado de la paliza, Lucas sufrió una “perforación de la membrana del tímpano”, según acredita un informe médico del Hospital de Sant Pau de Barcelona, donde fue examinado nada más ser deportado de vuelta a España.

    Respecto a este caso, la PGM turca afirma que a Lucas, como a otros presos, el personal del centro le preguntó si había sufrido malos tratos y la respuesta fue negativa. El español admite que se dieron estas consultas, pero matiza: “El día anterior me habían preguntado por agresiones y justo después fui víctima de una. Eso no crea un clima de confianza para acusar a tu agresor”.
    Informe del hospital de Sant Pau de Barcelona que certifica una perforación del tímpano de Lucas, un español que asegura haber sufrido una paliza por parte de los guardas del centro de deportación de Arnavutköy (Estambul). El joven fue examinado en el hospital nada más ser deportado de vuelta a España.
    Informe del hospital de Sant Pau de Barcelona que certifica una perforación del tímpano de Lucas, un español que asegura haber sufrido una paliza por parte de los guardas del centro de deportación de Arnavutköy (Estambul). El joven fue examinado en el hospital nada más ser deportado de vuelta a España.

    “Los guardas nos gritaban e insultaban: ‘¡Sois como animales!’, ‘¡Volved a Siria!’, ‘¡Estamos hartos de vosotros!’ y utilizaban sus porras para pegarnos”, explica Davud, un antiguo miembro de la organización de los Cascos Blancos sirios que fue detenido cuando trataba de cruzar ilegalmente de Turquía a Bulgaria y fue internado en el centro de Kirklareli, construido con dinero de la UE y conocido entre los internos por la brutalidad de su personal. Allí, el pasado julio falleció uno de los detenidos, el sirio Ibrahim Izziddin: según varios testigos, recibió una brutal paliza y, pese a que se encontraba mal y pidió ser llevado a un hospital, se le negó atención médica hasta que fue demasiado tarde. Durante el último año, se han producido al menos cuatro muertes sospechosas en los centros de detención turcos, según diferentes testimonios, si bien las autoridades turcas las atribuyen a causas naturales.

    “Tenemos una política de tolerancia cero hacia el maltrato. Los centros de deportación están monitorizados 24 horas al día por cámaras de seguridad y todas las quejas recibidas son examinadas detalladamente”, afirma la PGM en respuesta a esta investigación. Como muestra, alega que en los casos detectados, los acusados fueron apartados de sus puestos y castigados. Por ejemplo, dos guardas del centro de Van fueron condenados a 15 años de cárcel por violar a una interna en 2022.
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    Imágenes de la cámara de seguridad del centro de detenciones de Esmirna (Turquía)
    Imágenes de las cámaras de seguridad del centro de detención de Esmirna-Harmandali actualmente parte de un sumario judicial en el que se acusa a los guardas de torturas contra los detenidos. Se puede observar a uno de los internos con sangre en la pierna y cómo un guarda trata de manipular la cámara.Vídeo:T24

    La mayoría de abogados, activistas y antiguos detenidos consultados mantienen que la violencia y los malos tratos ocurren de forma sistemática. “Es difícil de probar porque, conscientemente, se tortura en lugares alejados de las cámaras de vigilancia, pero ocurre todo el tiempo. Lo que pasa es que los detenidos tienen miedo de denunciarlo porque creen que afectará negativamente a su procesamiento”, afirma el abogado Ahmet Rodi Polat. En varios centros se ha denunciado la existencia de estancias específicamente dedicadas a ello: en Kirklareli, según un interno, se utilizan los vestuarios, donde no hay cámaras y adonde se lleva a los detenidos, se les obliga a desnudarse y se les pega. En Tuzla, cuando la delegación de TIHEK visitó el centro, algunos de los internos señalaron una habitación en la que supuestamente habían recibido palizas: “En la puerta estaba escrito ‘En renovación’. Se observó que, dentro, la cámara de seguridad había sido cegada con plástico y cinta aislante”.

    La violencia, de hecho, parece desempeñar un papel clave: quebrar la voluntad de los detenidos.

    En los últimos tres años, el número de extranjeros deportados desde Turquía se ha doblado respecto a la media de los cinco años anteriores. Según cifras de la PGM, en 2023 las deportaciones ascendieron a 130.000. El año anterior fueron más de 120.000, la mitad de ellas de afganos (una nacionalidad que la UE y ACNUR recomiendan no devolver a su país por el riesgo que corren). Este año, hasta septiembre, se habían superado las 93.000 deportaciones y el ministro Yerlikaya presumió de que se logrará un nuevo récord.

    Estas cifras no incluyen datos de deportaciones de sirios porque la legislación de Turquía, al igual que la de la UE, prohíbe enviar personas a un país en guerra. Así que, oficialmente, en el caso de los sirios, son todo “retornos voluntarios”. Desde 2016, según datos del ministerio, 715.000 sirios han vuelto a su país. Esta investigación ha obtenido datos de los principales puestos fronterizos sirios bajo control rebelde que muestran un aumento considerable de las deportaciones. Un empleado del paso de Bab al Hawa explicó que aproximadamente la mitad son retornos voluntarios y la otra mitad “deportaciones forzosas”. También añadió que Turquía les ha pedido no registrar las deportaciones, aunque lo han seguido haciendo.

    “Lo que ocurre aquí es indescriptible. Nos pegan para forzarnos a firmar los formularios de deportación”, asegura un sirio que pide el anonimato desde el centro de detención extraoficial de Harran. En total, 25 de los entrevistados aseguran haber sido presionados mediante violencia o amenazas para firmar los documentos de “retorno voluntario”.

    Abdul Eyse, tras pasar por el “infierno” de Kayseri, fue trasladado al centro de Sanliurfa, muy cercano a la frontera con Siria: “Nos forzaron a firmar los papeles de la deportación. El 14 de julio de 2023, comenzaron a llamar a los detenidos por su nombre. Éramos unos 1.000. Nos pusieron en buses y los gendarmes comenzaron a pegarnos. Había uno al que los gendarmes le habían roto una pierna para forzarlo a firmar. Pero aún así se negaba. Así que un funcionario firmó por él”.

    Un funcionario de la PGM destacado en la frontera con Siria reconoció que le sabe mal, pero no le queda más remedio que enviar de vuelta a todo sirio que carezca de documentos en regla. “Mis amigos en la Presidencia de Migraciones tienen miedo a hablar. Saben que lo que están haciendo está muy mal, algunos de ellos han comenzado a tomar antidepresivos, porque no hay otra manera de soportar esta situación”, asegura el diputado Mustafa Yeneroglu, antaño miembro del partido gobernante en Turquía.

    Imágenes del interior del centro de deportación de Kayseri en 2022, donde uno de los entrevistados para este reportaje fue recibido con las palabras “Bienvenido al infierno”.

    Ghani, el traductor afgano, finalmente dio su brazo a torcer tras pasar tres semanas en el centro de Igdir, que define como “infernal”: “El papel que me dieron decía que regresaba a Afganistán por mi propia voluntad. Lloré, grité, dije que no quería firmar. Me dieron un puñetazo. Me dijeron que si no iba a Afganistán me deportarían a Irán. Yo sabía por otros que, si me deportaban a Irán, me dejarían en las montañas y me robarían todo. Me dije que si había que morir, mejor en mi propio país. Al cabo de unos días firmé”. Y lo pusieron en un avión rumbo a Kabul.

    Solo en la primavera de 2022, el Colegio de Abogados de Esmirna denunció la deportación de más de 300 afganos en dos tandas desde el centro de deportación de esa provincia. En una de las ocasiones, los abogados acudieron al centro y trataron de bloquear los autobuses con su propio cuerpo, exigiendo reunirse con sus clientes y detener la deportación, puesto que entre los afectados había miembros de minorías como la hazara y empleados del antiguo Gobierno que podían correr riesgo de muerte de volver al Afganistán bajo control talibán. Pero los autobuses siguieron hacia el aeropuerto.

    “Transportar deportados se ha convertido en la mayor y más rentable operación de nuestra compañía”, explica un empleado de Ariana, la aerolínea estatal de Afganistán. Aunque tras la caída de Kabul en 2021, Ankara detuvo momentáneamente las deportaciones a ese país, las ha reiniciado y no solo de hombres jóvenes, sino también de familias, asegura un extrabajador de centros de deportación. En los últimos años, Ariana ha transportado a más de 100.000 afganos de vuelta a su país, que, según ha podido apreciar el empleado de la aerolínea, lo hacen mayormente en contra de su voluntad: “No solemos llevar pasajeros en nuestros vuelos desde Kabul a las provincias turcas, pero a la vuelta no hay un solo sitio libre”. Tanto esta fuente como otros dos exaltos cargos afganos aseguran que la UE da dinero por estos vuelos, cosa que niegan desde Bruselas y Ankara. Esta investigación no ha podido verificar si es cierto o no.

    Zurmat, el militar afgano, no llegó a firmar nada. Un día, en el centro de Binkiliç (Estambul), un gendarme le avisó de que estuviera preparado porque el día siguiente saldría su vuelo: “Le dije que no quería ir. Él me enseñó mi documento de retorno voluntario. Mi huella y mi firma habían sido falsificadas por alguien del consulado”. Según Zurmat y otras fuentes afganas, el consulado y la embajada de Afganistán en Turquía se han llenado de funcionarios afectos a los talibanes, pese a lo cual las autoridades turcas trabajan codo con codo con ellos para llenar los aviones.

    Sirios son trasladados con las manos atadas fuera del centro de internamiento de Tuzla (Estambul) para su presunta deportación.

    La PGM considera “falsas” estas acusaciones y asegura que todos los retornos voluntarios se realizan teniendo en cuenta la ley turca, que establece claramente que “nadie debe ser devuelto a un lugar donde pueda ser sujeto a tortura, castigos o tratos degradantes e inhumanos o donde su vida o libertad puedan estar amenazados por su raza, religión, nacionalidad o pertenencia a un grupo social o político”.

    Por ley, los retornos voluntarios deberían ser monitorizados por personal de ACNUR, o en su defecto por una ONG autorizada. Sin embargo, los datos de la UE reflejan que menos de un cuarto de los retornos voluntarios de sirios entre 2016 y 2023 fueron monitorizados por la agencia de la ONU. “ACNUR sabe que estos son retornos forzosos y está cada vez más preocupada por ello. Pero [el Gobierno turco] no atiende a las recomendaciones”, afirma una fuente humanitaria conocedora del funcionamiento de esta institución en Turquía.

    “Hay muchos números circulando por ahí, pero confirmar la escala de lo que está ocurriendo es muy difícil”, afirma un diplomático europeo: “Puede que sean deportaciones forzosas, a veces no por torturas, sino porque hacen que las condiciones en los centros sean tan duras que la gente se rinde y firma”.

    Aunque la mayoría de estos casos nunca llegan a los juzgados ―porque sus víctimas tienen miedo o carecen de los recursos necesarios―, algunos sí han sido recurridos. El Tribunal Constitucional turco dictaminó este año que los derechos de un centenar de sirios y afganos fueron violados al deportarlos por la fuerza sin tener en cuenta el riesgo que podían sufrir. También el Tribunal Europeo de Derechos Humanos condenó en 2022 a Turquía por la deportación forzosa de un sirio y está examinando otros casos similares.
    La Unión Europea se desentiende
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    Lo que ocurre en Turquía no es un secreto. Organizaciones de derechos humanos turcas e internacionales han elaborado informes sobre el asunto, el Parlamento Europeo lo ha debatido e incluso se menciona, aunque sea de pasada, en los informes de la Comisión Europea sobre Turquía. Siete diplomáticos europeos han reconocido haber recibido denuncias de que se están violando los derechos de los detenidos y practicando deportaciones forzosas prohibidas. Tres diplomáticos europeos y un exfuncionario de la Comisión han asegurado a esta investigación que han trasladado su preocupación a sus superiores, pero sus mensajes han sido ignorados.
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    La seguridad es uno de los principales problemas de los centros de deportación con capacidad para 750 personas. Además de aumentar el número de guardias de seguridad especiales, se deben imponer algunas medidas adicionales para mantener la seguridad y evitar fugas.[…]Los centros mencionados anteriormente se construyeron originalmente como centros de recepción y alojamiento y se convirtieron en centros de deportación a petición de la DGMM y con la aprobación de la UE.[…] Antes de que estos centros comenzaran a funcionar como centros de deportación, la DGMM aumentó la altura de las paredes, puso barras de hierro en todas las ventanas, cambió las puertas necesarias de madera a acero, aumentó el número de guardias de seguridad de 30 a 90, etc.
    Durante el último año, medios de comunicación y organizaciones de la sociedad civil informaron sobre prácticas que violan las normas de derechos humanos y la legislación turca. Las ONG han publicado informes sobre detenidos que fueron obligados a firmar formularios de retorno voluntario en centros de deportación.
    Siguen siendo motivo de preocupación las recurrentes denuncias de violaciones de derechos humanos en el ámbito de la migración, en particular en los centros de deportación. […] Durante el último año, medios de comunicación y organizaciones de la sociedad civil siguieron informando sobre políticas y prácticas que violaban las normas de derechos humanos y la legislación turca. Turquía debe seguir alineando sus prácticas en los centros de deportación con las normas europeas, en particular en lo que respecta a la protección de los derechos humanos (incluido el acceso a asesoramiento jurídico e intérpretes) y la protección de los grupos vulnerables (en particular, los niños que permanecen con sus familias).
    Expresa su profunda preocupación por los informes creíbles sobre deportaciones arbitrarias y devoluciones sumarias de personas detenidas cuando intentaban cruzar la frontera.

    “El objetivo de estos centros de recepción era inicialmente diferente”, se queja un diplomático de un país europeo que ha planteado a su capital la necesidad de “revisar qué se hace” en Turquía con el dinero de la UE, pero solo ha recibido silencio o respuestas despectivas.

    Una figura clave para bendecir este sistema ha sido el hasta ahora comisario de Vecindad y Ampliación, el húngaro Oliver Varhelyi, el hombre de Viktor Orbán en la Comisión Europea. “Teníamos instrucciones de incrementar la inversión en reforzar la seguridad fronteriza de nuestros vecinos”, explica el antiguo funcionario de la Comisión Europea: “Mis colegas y yo no estábamos a favor porque [Turquía] no respetaba el espíritu de la decisión original, que era apoyar a los refugiados. Pero el Colegio [de Comisarios] y la presidenta [Ursula von der Leyen] estuvieron de acuerdo [con Varhelyi]”. Según esta fuente, el comisario húngaro siempre ha estado a favor de los retornos de refugiados desde Turquía, pese al malestar mostrado por funcionarios de varias direcciones generales. “[Ankara] está llevando a cabo una cantidad masiva de deportaciones forzosas a Afganistán, y nuestro comisario está muy contento con ello. Por supuesto, le planteamos cuestiones sobre el respeto a la legislación internacional, pero según Varhelyi y el resto del Colegio [de Comisarios], eso no es algo en lo que debamos meternos”, afirma la fuente, según la cual parte de las críticas más duras en este tema son “sistemáticamente borradas” de los informes sobre Turquía.

    Es difícil rastrear cuánto dinero ha desembolsado la UE para financiar este sistema, porque proviene de diferentes instrumentos. Tras liberar algunos documentos ―informes, auditorías, contratos― que han sido claves para este reportaje, las sucesivas solicitudes de documentación hechas desde mayo por EL PAÍS y esta investigación a la Comisión han sido denegadas una tras otra. La respuesta alega que estos documentos contienen “observaciones críticas” que “podrían dañar las relaciones entre la Comisión Europea y Turquía”.

    Pese a ello, a través de los cientos de páginas obtenidas, así como de documentos públicos, se ha podido corroborar que la UE ha destinado a Turquía al menos 1.000 millones de euros en concepto de “gestión de la migración y protección de fronteras” (una décima parte de lo desembolsado por el pacto migratorio). De este monto, unos 200 millones han ido a pagar los centros de detención y deportación de extranjeros.

    Las fuentes europeas consultadas alegan que la mayor parte de la financiación comprometida a cambio del pacto para frenar las llegadas migratorias se ha destinado a proyectos de educación, sanidad, ayuda a los refugiados… pero que es la propia Turquía la que reclama que los fondos se centren a partir de ahora en “contener la migración irregular” e incrementar “los retornos a Siria”. “Todo esfuerzo por integrar a los refugiados ha sido abandonado, ahora todo se centra en deportar a cuanta más gente sea posible”, opina el académico turco Murat Erdogan.

    Turquía es el segundo país que más refugiados acoge en el mundo (tres millones), si bien la proporción de población extranjera (5%) es muy inferior a la media europea. Pero en los últimos años, en un contexto de crisis económica, ha aumentado el recelo de la sociedad turca hacia los migrantes y refugiados, azuzado por discursos xenófobos de medios y partidos políticos que se quejan de que la UE haya convertido a su país en “un almacén de refugiados”. Esto ha desembocado en ataques y pogromos, el más reciente el pasado julio. “Turquía quiere dejar de ser un país de tránsito [para los flujos migratorios]”, explica un tercer diplomático europeo.

    Disturbios xenófobos en la ciudad de Kayseri (Anatolia Central) el pasado 2 de julio. Durante tres noches, manifestantes turcos atacaron negocios y viviendas de refugiados sirios en esta y otras localidades de Turquía.

    Varias fuentes de la UE han confirmado que la financiación europea continuará aumentando en los próximos años. No solo eso: también los fondos que otorgan por su cuenta los Estados miembro de la UE. “Estamos planteando más fondos para los centros de deportación”, reconoce otro diplomático de un país comunitario: “Creo que mucho de esto tiene que ver con la política interna [de mi país], del Gobierno mostrando que son duros en la cuestión migratoria”. De hecho, Turquía considera que la ayuda europea ―tanto en lo que respecta a apoyo a los refugiados como en protección fronteriza― “ha sido extremadamente limitada” y “debería incrementarse” para que la “carga” de la gestión migratoria sea distribuida de manera más equitativa, señala la PGM.

    La cuestión es que las reglas de la UE supeditan la asistencia financiera al cumplimiento de una serie de normas, entre ellas, los derechos humanos. “El respeto de los derechos fundamentales es uno de los principales valores en las relaciones de la UE con terceros países”, asegura una portavoz de la Comisión Europea en respuesta a este diario. En caso de incumplimiento, “la Comisión puede suspender la financiación e iniciar los procedimientos para la recuperación de los fondos”.

    Más importante aún: tal y como se refleja con cierta preocupación en varios documentos internos de Frontex, la agencia de vigilancia fronteriza europea, el hecho de que Turquía lleve a cabo deportaciones forzosas pondría en duda su categoría de “tercer país seguro”, impidiendo que se devuelvan a su territorio migrantes que tratan de llegar a la UE. Es más, toda la arquitectura del pacto migratorio firmado en 2016 descansa sobre la asunción de Turquía como tercer país seguro.

    De momento, la UE se desentiende. “La aplicación y protección de estos derechos es responsabilidad de Turquía”, afirma una portavoz de la Comisión Europea.

    “La UE no tiene reparos en subcontratar a terceros para que se ocupen de las violaciones de los derechos humanos”, afirma Emma Sinclair-Webb, directora de Human Rights Watch en Turquía: “Por supuesto que saben lo que ocurre en los centros de deportación que han financiado, pero se tapan la nariz y miran para otro lado, porque si admitieran lo que está pasando, la externalización de su política migratoria sería insostenible”.
    Y al regreso, la muerte
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    Si la legislación internacional prohíbe las deportaciones forzosas a países en guerra es por algo. “Sé que si me deportan, los talibanes me matarán en el mismo aeropuerto”, afirma preocupada Maryam, una artista afgana cuyo marido e hijo fueron devueltos a su país pese a tener los papeles en regla en Turquía. Esta investigación ha podido comprobar que, entre los sirios y afganos deportados por este sistema apoyado por la UE, algunos han muerto, otros están escondidos por miedo a represalias o malviven sin poder cubrir sus necesidades básicas. Algunos han regresado a Turquía cruzando irregularmente la frontera y viven con miedo a volver a ser detenidos. De hecho, buscan la manera de llegar a territorio europeo para ponerse a salvo.

    Por ejemplo Zurmat, que, desde que fue deportado, vive en Afganistán en la clandestinidad, temeroso de que le descubran: “Cambio periódicamente mi residencia. Sé que los talibanes no tendrán piedad de mí si me atrapan”. Podría ocurrirle como a Jamshid, un antiguo comandante afgano que huyó de su país después de que los talibanes tomasen el poder. Fue detenido en Turquía y deportado pese a que alegó que su vida corría peligro. Trató de vivir ocultando su identidad, pero, unos meses después, fue asesinado junto a un riachuelo, según explica su hermano.
    El afgano Jamshid (seudónimo) en uniforme de las fuerzas especiales del Ministerio de Interior afgano antes de la toma del poder por parte de los talibanes (izq). Invitación a un rezo conmemorativo en Irán a raíz del asesinato de Jamshid en Afganistán por parte de los talibanes tras haber sido deportado desde Turquía (dcha).
    El afgano Jamshid (seudónimo) en uniforme de las fuerzas especiales del Ministerio de Interior afgano antes de la toma del poder por parte de los talibanes (izq). Invitación a un rezo conmemorativo en Irán a raíz del asesinato de Jamshid en Afganistán por parte de los talibanes tras haber sido deportado desde Turquía (dcha).

    Amer, un sirio que trabajaba desde 2020 en una fábrica textil de la ciudad turca de Kayseri, fue deportado en 2022 cuando lo sorprendieron tratando de viajar a Estambul sin el preceptivo permiso. En Idlib, la provincia siria bajo control del grupo salafista HTS y que se ha convertido en un inmenso campo de desplazados, ante la falta de oportunidades, decidió enrolarse: al cabo de unos meses, relata su hermano, murió en un bombardeo de artillería del régimen sirio que mató a nueve personas, incluidos cuatro niños. La UE condenó el ataque, ignorante de que lo que había llevado a una de las víctimas a acabar en ese lugar era la maquinaría de las deportaciones que su dinero engrasa en Turquía.

    Organizaciones sirias han informado también sobre la muerte a manos del régimen de Damasco de varios sirios deportados desde Turquía y esta investigación ha podido confirmar al menos un caso.

    En el norte de Siria, la salud de Sami se ha estabilizado, pero aún sigue sufriendo las secuelas de la tuberculosis porque no tiene dinero para adquirir todas las medicinas que le han recetado. Su madre, todavía en Turquía, sobrevive gracias a la ayuda de otros compatriotas. Sami era todo lo que le quedaba de una familia aniquilada por la guerra: “Pese a lo joven que era, trabajaba y se encargaba de ambos, me cuidaba cuando estaba enferma, lo era todo para mí. Pero lo capturaron, lo enfermaron y se deshicieron de él”. El joven sirio se lamenta de su suerte y entona una acusación desesperada: “Quienes financian estas deportaciones, ¿han tenido en cuenta que Siria no es un país seguro y que no hay recursos para aquellos a los que deportan? Deberían pensar cómo afectan a la vida y al futuro de la gente. Es inhumano”.

    https://medios.mugak.eu/noticias/694814/noticia

    #Turquie #migrations #réfugiés #rétention #détention #conditions_de_détention #renvois #expulsions #externalisation #droits_humains #animalisation #Arnavutköy #réfugiés_syriens #accord_UE-Turquie

  • #Apprentissage : l’#arnaque à 25 milliards d’euros d’#Emmanuel_Macron

    Une étude de l’OFCE (https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/pbrief/2024/OFCEpbrief135.pdf) montre que l’#alternance vantée par le président de la République a surtout permis d’arroser, sans contrepartie, les entreprises d’#argent_public, avec un effet limité sur l’accès à l’emploi.

    L’apprentissage est le totem d’Emmanuel Macron, sa baguette magique pour l’#emploi de #jeunes. Problème, cela coûte un pognon de dingue et ce n’est pas très efficace pour lutter contre le #chômage. C’est ce qui ressort d’une étude publiée le 12 septembre par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

    Son auteur, l’économiste #Bruno_Coquet, dénonce, dans un entretien à la Tribune, un « #effet_d’aubaine gigantesque » pour les #entreprises qui embauchent via ce dispositif. Il rappelle que « jamais en France un emploi n’a été aussi soutenu, que ce soit dans le secteur public ou privé ».

    (#paywall)

    https://www.humanite.fr/societe/aides-publiques/apprentissage-larnaque-a-25-milliards-deuros-demmanuel-macron
    #macronisme #Macron #coût

  • Exclusif - Marianne Denicourt, bannie du cinéma après avoir dénoncé la toxicité de son ex compagnon, Arnaud Desplechin, se confie - Elle
    https://www.elle.fr/Societe/News/Marianne-Denicourt-l-actrice-qui-a-prepare-le-mouvement-metoo-au-prix-de-sa-car

    Faut-il se replonger dans un passé douloureux ? « Oui, vingt ans après, cette histoire vaudrait peut-être la peine d’être racontée à nouveau », nous écrit Marianne Denicourt, début mai. Un mois plus tôt, un entretien de Juliette Binoche publié dans « Libération » a fait grand bruit. L’actrice y narre ses déboires dans le cinéma français. Seule une étincelle éclaire cette confession, la réminiscence d’un moment de sororité entre actrices : « En 2003, je devais travailler avec Arnaud Desplechin. Mais lorsque j’ai découvert le scénario de “Rois & reine”, il m’est apparu flagrant que certains épisodes de la vie de son ancienne compagne, l’actrice Marianne Denicourt, étaient utilisés et instrumentalisés. Il m’a paru évident de devoir m’assurer que Marianne était au courant de ce projet et pleinement en accord. Son fils n’étant pas encore majeur, les conséquences pouvaient être dramatiques. Je l’ai appelée, elle ignorait tout du film en préparation et était extrêmement blessée. Je n’ai pas eu d’autre choix que de refuser ce projet, quoi qu’il m’en coûte. Comme l’avait fait Emmanuelle Béart. Comme l’ont fait après d’autres actrices. »

    • C’est une sous-merde et la « grande famille de cinéma », un ramassis de lâches complaisants.

      « C’était pour lui une obsession d’être avec moi. Il m’a écrit des dizaines de lettres jusqu’à ce que je cède. Notre histoire a duré peu de temps, un an et demi environ. Une relation destructrice, avec du dénigrement, de la manipulation, j’avais perdu du poids et ma confiance en moi. Aujourd’hui, on parlerait d’emprise. » Son ami, l’acteur Emmanuel Salinger, se rappelle : « Elle semblait comme paralysée, ne sachant plus que penser, ne parvenant plus à se projeter. » Elle finit par quitter Desplechin pendant le tournage de « Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) », il ne la retient pas.

      Les mois passent, elle rencontre Daniel Auteuil. Desplechin l’apprend et l’appelle, voulant « (la) récupérer comme on tente de gagner une partie de flipper. » « Je tombe des nues, je ne donne pas suite. » Quelques mois plus tard, le film est à Cannes. « Lors de la soirée de projection, Daniel est passé me prendre, Arnaud l’a remarqué et m’a fait une scène devant tout le monde en se roulant par terre. » Le lendemain, il l’aurait attendue à l’aéroport. « Il m’a dit : tu vas voir, ça va être sanglant ! » Un récit confirmé par les proches de l’actrice.

  • La Tribune : Amazon abandonne ses magasins sans caisse... en réalité gérés par des travailleurs indiens à distance Marine Protais

    Le géant du e-commerce, qui opère également des magasins physiques, renonce à sa technologie Just Walk Out dans ses supermarchés Amazon Fresh aux États-Unis. Ce système permet à ses clients de faire leurs emplettes sans passer par l’étape de la caisse. Mais il nécessite des caméras, des capteurs et surtout le travail de 1.000 travailleurs indiens, donnant l’illusion de l’automatisation.


    Pour faire ses courses dans les supermarchés Amazon, il suffisait d’entrer, de scanner un QR code sur une application, de prendre ses produits et de sortir. (Crédits : Amazon)

    En 2016, on les annonçait comme le futur du commerce. Plus besoin de caissiers, ni de vigiles, ni même de sortir votre portefeuille. Pour faire vos courses dans les supermarchés Amazon, il suffisait d’entrer, de scanner un QR code sur une application, de prendre vos produits et de sortir. Le montant de vos achats était calculé à la sortie du magasin grâce à un système mêlant caméras et capteurs décrit comme automatique, puis directement débité sur votre carte bancaire.

    Mais nous voici en 2024, et le géant du e-commerce, diversifié dans les magasins physiques, abandonne en partie cette technologie, nous apprend le média américain The Information https://www.theinformation.com/articles/amazons-grocery-stores-to-drop-just-walk-out-checkout-tech . Elle sera supprimée des 27 magasins « Amazon Fresh » américains (des supermarchés où l’on trouve des produits frais), où elle était installée. En guise de remplacement, ces magasins seront équipés de caddies « intelligents », capables de scanner automatiquement les produits, rapporte le média d’investigation américain. L’information a ensuite été confirmée auprès d’AP https://apnews.com/article/amazon-fresh-just-walk-out-bb36bb24803bd56747c6f99814224265 par un porte-parole de l’entreprise. Le système Just Walk Out restera pour le moment dans les plus petites boutiques « Amazon Go », et chez la centaine de partenaires de la firme.

    L’illusion de l’automatisation
    Pour se passer de caissier sur place, le système « Just Walk Out » nécessite son lot de caméras et de capteurs, permettant de suivre le client en magasin, mais surtout d’humains, chargés de vérifier à distance les achats des clients via les caméras. The Information rapporte que plus de 1.000 personnes en Inde sont chargées de ce travail.

    En plus de cette automatisation illusoire, le système « Just Walk Out » faisait depuis quelques années l’objet de critiques. Les clients se plaignent de tickets de caisse reçus des heures après leurs achats, ou de commandes mal gérées par le système. En 2023, la firme avait d’ailleurs annoncé une réorganisation de ses magasins, pour rendre les technologies moins visibles et l’ambiance moins froide. Et le rythme d’ouvertures des enseignes avait été revu à la baisse.

    Par ailleurs, la technologie soulève des questions quant à la protection de la vie privée. Fin 2023, plusieurs consommateurs ont lancé une class action, accusant Amazon de collecter les données biométriques des clients, la forme de leur main et de leur visage ainsi que la tonalité de leur voix, via le système Just Walk Out sans demander leur consentement. Une pratique contraire à une loi de l’Illinois sur le traitement des données biométriques.

    Les entrepôts « automatisés » d’Amazon également surveillés par des travailleurs indiens
    Comme le note le chercheur Antonio Casilli, spécialiste du « travail du clic », cette histoire est banale. Sur X, il rappelle qu’en 2023, Time nous apprenait qu’Alexa, l’assistant virtuel de l’entreprise de Seattle, fonctionnait grâce à l’écoute de 30.000 travailleurs qui annotaient les conversations des utilisateurs pour améliorer les algorithmes gérant l’assistant.

    Et en 2022, The Verge rapportait que les entrepôts automatisés d’Amazon nécessitaient le travail de vigiles, à distance toujours, de travailleurs au Costa-Rica et en Inde, chargés de regarder les images des caméras plus de 40 heures par semaine pour 250 dollars par mois.

    #IA#intelligence_artificielle : #Fumisterie , #arnaque ou #escroquerie ? #amazon #caméras #capteurs #automatisation #technologie #travail #Entrepôts #algorithmes #Alexa

    Source : https://www.latribune.fr/technos-medias/informatique/amazon-abandonne-ses-magasins-sans-caisse-en-realite-geres-par-des-travail

    • Amazon : pourquoi la tech autonome “Just Walk Out” passe à la trappe
      Confirmation sur le blog d’Olivier Dauvers, le web grande conso

      Amazon vient d’annoncer l’abandon de la technologie Just Walk Out dans ses magasins Fresh aux États-Unis (une cinquantaine d’unités dont la moitié sont équipés). Just Walk Out c’est la techno, totalement bluffante, de magasin autonome sans caisses que je vous ai montrée en vidéo dès 2020 (ici) ou encore à Washington et Los Angeles dans de vrais formats de supermarché Whole Foods (ici et là). 

      Des centaines de caméras dopées à l’IA au plafond couplées à des balances sur les étagères permettent de pister l’intégralité du parcours d’achat du client, lequel s’affranchit du passage en caisse. Bluffant (vraiment) je vous dis. 


      un de ces magasins où l’être humain est bani

      Appelons un chat un chat, pour Amazon, ce revirement est un aveu d’échec cuisant. Car la vente de ses technos est au cœur du modèle économique d’Amazon dans le retail physique. Si le groupe lui-même ne parvient pas à prouver la viabilité de Just Walk Out, quel concurrent irait l’acheter ?

      Ce qu’il faut retenir de cet abandon ? Que les technos de magasins autonomes ne sont, pour l’heure, déployables que sur de (très) petits formats bénéficiant d’un flux clients très élevé. Pour des raisons assez évidentes de Capex/m2… mais aussi de supervision humaine. Car, à date, l’IA seule n’est pas en mesure de gérer tous les scénarios de course (dont les tentatives de démarque), obligeant un visionnage de contrôle par l’humain (localisé dans des pays à bas salaire). 

      #techno #échec

      Source : https://www.olivierdauvers.fr/2024/04/04/amazon-pourquoi-la-tech-autonome-just-walk-out-passe-a-la-trappe

  • Plastic experts say recycling is a scam. Should we even do it anymore?

    Evidence shows fossil fuel companies pushed recycling instead of addressing our growing plastic problem

    When the #Center_for_Climate_Integrity released its report (https://climateintegrity.org/plastics-fraud) about plastic recycling, one might have expected the environmentalist non-profit to encourage the practice. Anyone raised in the late-20th and early-21st century knows that the term “recycle” is often synonymous with “environmentalist causes.”

    Yet the title of Center for Climate Integrity’s report — “The Fraud of Plastic Recycling” — reveals a very different point-of-view. What if plastic recycling in fact does little to help the environment, and instead serves the interests of the same Big Oil interest groups destroying Earth’s ecosystems?

    “Through new and existing research, ’The Fraud of Plastic Recycling’ shows how Big Oil and the plastics industry have deceptively promoted recycling as a solution to plastic waste management for more than 50 years, despite their long-standing knowledge that plastic recycling is not technically or economically viable at scale,” the authors of the report proclaim. “Now it’s time for accountability.”

    The Center for Climate Integrity is not alone in characterizing plastic recycling as a false crusade. Erica Cirino, communications manager at the Plastic Pollution Coalition and author of “Thicker Than Water: The Quest for Solutions to the Plastic Crisis,” pointed to data that clearly shows we do very little recycling anyway, despite the overwhelming emphasis on it.

    “In 2017, scientists estimated that just 9% of the 6.3 billion metric tons of plastics produced from about the 1950s (when plastics were first mass produced) up to 2015 had been recycled,” Cirino told Salon. “Plastic recycling rates vary widely from region to region around the world. In the U.S., plastic recycling rates are currently below 6 percent.”

    Yet even those numbers are deceptive, Cirino warned, as they incorrectly imply that at least the plastic which does get “recycled” is handled in ways that help the environment. “Unfortunately, it doesn’t matter where or how you set out your plastic for recycling collection, whether at the end of your driveway, at your local recycling center, or in a municipal recycling bin: Most plastic items collected as recycling are not actually recycled,” Cirino explained. “Surprisingly, plastic is not designed to be recycled — despite industries and governments telling the public that we should recycle plastic.”

    Instead the plastics that people think get “recycled” are often instead shipped from the Global North to the Global South, with waste haulers often dumping and openly burning plastic without regard to environmental laws, Cirino explained. People who live near the sites where these things happen face a lifetime of health risks, to say nothing of living in a degraded environment.

    “People who earn incomes by picking wastes make the least from cheap plastics, and because of constant exposure to plastics in their line of work face elevated risks of cancers, infectious diseases (which cling to plastics), respiratory problems and other serious health issues.” Even the plastics that do get reused somehow are less “recycled” than “downcycled,” as “manufacturers mix in a large portion of freshly made plastic or toxic additives to melted down plastic waste to restore some of its desirable properties.”

    If you want to understand why the general public mistakenly believes that plastic pollution significantly helps the environment, one must look at the same fossil fuel companies that caused the problem.

    “Many people in the Baby Boomer Generation and Generation X remember the ’crying Indian ad’ that was published in the 1970s,” Melissa Valliant, communications director for the nonprofit Beyond Plastics, told Salon by email. “It was an iconic ad of the time, created by Keep America Beautiful — a corporate front created in 1953 by powerful generators of plastic waste, like PepsiCo and Coca-Cola. This was really the start of a decades-long streak of multi-million dollar ad campaigns leveraged by the plastics industry to convince consumers that if they just were a little better at putting the right plastic in the right bin, the plastic pollution problem would disappear.”

    Simply put, the same companies that created the plastic pollution crisis are motivated to keep the public from believing that their product needs to be phased out. By claiming to care about the environment while presenting a false solution to the problem of plastic pollution — one that, conveniently, removes the onus of responsibility from the companies themselves — plastic manufacturers have been able to have their cake and eat it too.

    “The continued promotion of recycling, which is a proven failure, distracts from the real solutions,” John Hocevar, Greenpeace USA Oceans Campaign Director, told Salon by email. “Most people agree that we can no longer afford to produce trillions of items packaged in a material that will last for generations and that we will only use for a few minutes or seconds before being discarded. Plastic bottles and bags don’t typically get turned into bottles and bags, but the myth that they will is one of the biggest barriers to real solutions.”

    Indeed, a compelling question arises from the fact that the crusade to recycle plastic is more corporate propaganda than true Earth-saving measure: Should we recycle plastic at all?

    “No,” Cirino told Salon. “Even if plastic recycling rates were higher, recycling alone could never come close to solving the serious and wide-ranging health, justice, socio-economic, and environmental crises caused by industries’ continued plastic production and plastic pollution, which go hand in hand.” Cirino argued that, given how plastic production has grown exponentially and its pollution problems have likewise worsened, emphasizing recycling over meaningful solutions is at best irresponsible.

    “It’s clear recycling is not enough to solve the plastic pollution crisis,” Cirino concluded. “The fossil fuel industry, governments, and corporations really need to turn off the plastic tap, and the UN Plastics Treaty could be an opportunity to do so on a global level—if member states can come together and form a treaty with real ambition. Ultimately, our world must decide what it values: money or life.”

    Erin Simon, the vice president and head of plastic waste and business at the World Wildlife Fund (WWF), offered a different perspective.

    “Everyone has a role to play – and that includes the average consumer as well,” Simon wrote to Salon. “But individuals are often limited in what they can contribute because recycling infrastructure and availability is different in every community. For those who can recycle, they should understand what can and can’t go in their recycling bin by contacting their local waste manager. For those who currently can’t recycle at home or work, they should advocate for better access to recycling services by contacting local community leaders and local government officials. In addition to recycling, shifting to reusable products is another way for individuals to reduce personal waste.”

    Simon also advocates for multinational approaches, writing to Salon that the upcoming fourth (of five) negotiating session for a United Nations Global Treaty to End Plastic Pollution has promise.

    “A Global Treaty is a once-in-a-generation opportunity for governments, businesses, and communities to secure a future free from plastic pollution,” Simon explained. “As we approach the next round of negotiations in April 2024 in Canada, WWF will be advocating to ensure the final draft of the treaty is globally binding for all Member states, and provides a clear path to ban, phase out or reduce problematic single-use plastics. WWF is also calling for the treaty to include defined requirements for product design and innovation in plastic waste management systems, while also providing policies and incentives that allow businesses to transition to more sustainable and innovative options.”

    Hocevar also praised the Global Plastics Treaty as a possible solution to the pollution crisis.

    “The Global Plastics Treaty being negotiated right now is a huge opportunity to finally solve the plastics crisis,” Hocevar told Salon. “We need President Biden to ensure that the U.S. deals with the root cause and works to reduce plastic production and use. Without dramatically reducing plastic production, it will be impossible to end plastic pollution.”

    Chelsea Linsley, a staff attorney at the Center for Climate Integrity and one of the report co-authors, perhaps summed it up best.

    “The best and most effective solution to the plastic waste crisis is to reduce the amount of plastic produced in the first place, especially for unnecessary single-use plastics,” Linsley wrote to Salon. “The Break Free from Plastic Pollution Act is an example of legislation that could implement real solutions, such as reducing and banning non-recyclable or easily replaced single-use plastics and establishing programs to support reuse and refill efforts. However, for such measures to be successful, the plastics industry must not be allowed to perpetuate the myth that recycling is an equally effective solution.”

    https://www.salon.com/2024/02/23/plastic-experts-say-recycling-is-a-scam-should-we-even-do-it-anymore

    #recyclage #plastique #greenwashing #green-washing #rapport #arnaque #escroquerie
    via @freakonometrics

  • Ô mon #français !

    J’ai passé ma jeunesse à suer sur des dictées à quatre points la faute, j’ai même fini par aimer ça. Suffisamment pour m’en infliger en dehors de l’école. J’ai le souvenir d’une dictée de Pivot, retransmise en direct à la télé, que j’avais tenu mordicus à faire. Télé vieillotte, en noir et blanc avec un écran qui crépitait et un son qui grésillait, dont il fallait ajuster la fréquence de la chaine à la main à l’aide d’un bouton-potentiomètre. Évidemment, je n’étais pas très fort, et j’enfilais les fautes comme les perles. Mais j’étais fier de faire mon maximum pour faire honneur à ma langue maternelle. Paternelle aussi, d’ailleurs. Et puis j’ai appris l’anglais, avec difficulté, tant bien que mal. Ça me paraissait au moins autant abscons et complexe que le français, mais c’était ainsi. Plus tard, j’étais en Italie, alors j’ai appris l’#italien. Également avec des efforts (je ne suis pas particulièrement doué pour les langues étrangères), mais le quotidien aidant, au bout de quelques mois (enfin, environ douze !) je fus capable de tenir une conversation. J’ai compris que l’italien était bien plus simple (et cela n’empêche pas les Italiens d’avoir une culture très riche !) que le français, ne serait-ce que parce qu’il se prononce quasiment comme il s’écrit (et inversement). Contrairement au français (et à l’anglais). De quoi avoir 20/20 à une dictée d’italien. Mais pour la peine, ça ne serait pas drôle. Donc il n’y a pas de dictée en italien.

    Plus tard je suis tombé sur la vidéo d’une courte conférence intitulée « la faute de l’orthographe » par deux profs belges (inventez un mot, puis calculez combien il y aurait – théoriquement – de manières de l’écrire en français). Cette vidéo m’a ouvert l’esprit. J’ai compris que l’orthographe n’était qu’un #outil. Que la langue n’était qu’un outil ; pour communiquer, transmettre des idées, en l’occurrence. Et que si l’outil était moins complexe à utiliser qu’il ne l’est, le temps incommensurable que l’on passe à l’étudier, à tenter d’essayer de l’apprivoiser, à éventuellement vouloir le maitriser, pourrait être dédié à faire des choses plus constructives. Des maths, de la physique, écrire, lire, réfléchir, jouer de la musique, ou avec son chat, faire du ski de rando ou grimper, bref, d’autres trucs. L’orthographe devait redescendre du piédestal sur lequel mes études l’avaient placé.

    Dans le même temps (ou avant, même, plutôt), cette histoire d’#écriture_inclusive commençait à infuser. Franchement, ajouter des points au milieu des mots dans une langue aussi complexe, ça n’allait pas aider. N’était-ce pas barbare ? En plus l’#Académie_française avait pris position contre cette incongruité. Alors…

    Et puis j’ai commencé à faire pas mal de vélo, je me suis acheté un casque à conduction osseuse pour pouvoir écouter des podcasts assis sur ma selle. J’en écoute à la pelle. Je suis tombé sur les émissions de Binge Audio, je ne sais plus trop comment, et surtout sur le podcast de #Laélia_Véron, « Parler comme jamais » (https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais). Notamment un épisode intitulé « Écriture inclusive : pourquoi tant de haine ? » que j’ai écouté par curiosité (https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais/ecriture-inclusive-pourquoi-tant-de-haine). J’ai compris alors que l’écriture inclusive ne se limitait pas au point médian, loin s’en faut. Il y a beaucoup d’autres choses à côté. Mais alors pourquoi autant d’efforts à vouloir peser sur l’usage ? Simplement parce que les linguistes ont montré qu’une #langue_genrée avait un effet pas du tout négligeable sur les #inégalités_de_genre dans la société. Le linguiste #Pascal_Gygax, auteur de telles études, conclut un article de vulgarisation ainsi : « L’histoire nous enseigne que la société patriarcale a eu un effet sur la #masculinisation de la langue et les données disent que la #masculinisation_de_la_langue a une influence sur notre manière de percevoir le monde. À partir de là, ce qu’il faut se demander, c’est : veut-on changer cela ? Si oui, alors le langage inclusif est un outil pour y parvenir » (https://www.revue-horizons.ch/2021/09/02/comment-le-masculin-forge-la-pensee-de-lenfant). Quand il a commencé à vulgariser son travail, il a reçu une flopée d’insultes. Décidément, touchez pas au français… Et pourtant, y toucher, volontairement, c’est changer potentiellement les rapports au monde de la moitié de l’humanité (tout au moins des francophones).

    L’oppression de la femme par l’homme ne date pas d’hier, et le langage a été modelé par l’homme en ce sens au cours de l’histoire (comme pour leur interdire l’accès à certaines professions, par exemple). Le #patriarcat a ainsi fait son œuvre notamment via ce moyen de communication entre les humains et les humaines. Il semble n’y avoir que peu de langues, dans le monde, tout au moins celui qui vit dans les sociétés dites occidentales (même si elles sont aussi à l’orient suite aux colonisations), qui ne sont pas genrées, et ainsi, masculinisées.

    Le patriarcat est une forme de #capitalisme. Ce dernier est l’#exploitation des ressources naturelles (ce que l’on nomme pudiquement externalités !) ad nauseam, qui génère des pollutions (autres externalités) ad nauseam, mais c’est aussi l’exploitation des humains (ressources « humaines »). Dans ce cadre, le patriarcat se fait un malin plaisir à exploiter un peu plus les femmes. Dès qu’il s’agit d’augmenter les profits et de trouver des marchés, le capitalisme n’a aucune limite, même si l’Histoire a tout de même réussi à mettre fin au marché de l’esclavagisme. Enfin, pas partout ; et les femmes y sont probablement les plus mal loties.

    Pour mettre fin à ce capitalisme destructeur (de la planète, des sociétés humaines, de l’humanité), et à ses avatars que sont les nombreuses inégalités, dont les inégalités de #genre sous la forme du patriarcat qui perdurent y compris en France, il n’y a pas qu’une façon de faire, une méthode idéale, tracée, parfaite, avec un protocole qui resterait à appliquer. Ce qui est sûr, c’est que sans aplanir ces inégalités, c’est voué à l’échec, comme en témoigne le mouvement des Gilets Jaunes. La « solution » est nébulaire et diffuse, c’est pourquoi il faut faire feu de tout bois et utiliser tous les leviers disponibles. La langue, qui est l’outil avec lequel nous communiquons, est dans cette lutte d’une capitale importance : elle fabrique et façonne notre société ainsi que les rapports que nous avons entre nous.

    La langue française actuelle (re)construite historiquement petit à petit par la classe bourgeoise masculine dominante comme un outil d’accès réservé à l’#élite (masculine) n’est pas immuable : l’outil peut très bien être retourné pour servir la cause. Et donc évoluer dans une direction souhaitable. Inclusive. En somme, un effort minuscule (changer à la marge notre façon d’écrire et de parler) pour un résultat immense : une diminution des inégalités de genre ! Le jeu en vaut certainement la chandelle d’autant qu’il est appuyé par les résultats de la #linguistique. Les enjeux écologiques de frontières planétaires que nous sommes en train de dépasser sont très liés à la question des #inégalités : toute l’humanité n’est pas responsable des pollutions diverses et variées, seulement une minorité, la plus riche. Inégalités de richesse donc, mais aussi, et c’est lié, de genre, de race, de handicap, de classe, de religion, nord-sud, et j’en passe. Dans le jeu de celui qui est le plus fort, ce dernier trouve toujours un moyen d’enfoncer les plus faibles ; et tous les coups sont permis.

    Quand on identifie un nouvel outil dont il est démontré [1] qu’il pourrait permettre de diminuer une partie de ces inégalités pourquoi s’enfoncer dans un #conservatisme mortifère ? Allons-y ! Qu’avons-nous à perdre ? Le #français_inclusif, même si les études scientifiques se trompaient sur sa propension à diminuer les inégalités de genre, n’en serait pas moins toujours le moyen de communication au sein des sociétés francophones. Quant au #point_médian, ce n’est jamais qu’un raccourci à l’écrit, il n’est pas obligatoire [2], alors pourquoi tant de haine ? Je vous conseille la lecture de « Eutopia » de Camille Leboulanger, un roman qui raconte une société où la notion de propriété privée est abolie (non seulement des habitations, mais aussi de la nature, et même la notion de famille est revisitée !), seule perdure la propriété d’usage. Le roman est écrit au féminin générique. Vous verrez, ça rafraichit !

    Mais la langue française n’attise pas les passions que sur les questions de genre. Je vous invite à lire le tract Gallimard « Le français va très bien, merci » par le collectif des Linguistes atterrés (https://tracts.gallimard.fr/fr/products/le-francais-va-tres-bien-merci). Quelques citations glanées çà et là pour un panorama de ce que j’en retiens : « Le français n’a jamais été homogène. Le #standard unique est un mythe. » 300 millions de personnes parlent français dans le monde, il fait partie des cinq langues les plus parlées sur la planète. « Le français n’est pas envahi par l’anglais. […] Le contact entre les langues ressemble davantage à un jeu à somme positive qu’à une guerre : ce que « gagne » l’une, l’autre ne le perd pas. […] Le #mélange, l’impur sont signe de vitalité pour une langue. Le séparé, le pur, une vue de l’esprit, un idéal, une langue statufiée. La langue se renouvèle d’abord parce que le monde change et qu’il faut le nommer, pour le meilleur et pour le pire (« covid » est-il un mot anglais ou français ?), mais aussi par besoin expressif, par jeu, pour faire place aux jeunes, aux autres, à l’altérité. » Autre idée reçue : « le français n’est pas règlementé par l’Académie française. » Elle n’a aucun pouvoir sur la langue, et ne renferme aucun (ni aucune d’ailleurs) spécialiste de la langue puisqu’aucun (ni aucune) linguiste n’y siège. Son dictionnaire est obsolète et sa grammaire encore plus. Dans leur ouvrage « Le français est à nous ! », les linguistes Laélia Véron et Maria Candea posent la question « Au XXIe siècle, à quoi sert l’Académie française ? » Elles répondent : « À rien. Rigoureusement à rien. C’est une institution d’opérette. […] qui sert encore à recycler confortablement des personnalités, grâce à un patrimoine exorbitant et à des finances opaques. » L’orthographe est compliquée : « Il est devenu pratiquement impossible d’écrire sans faire aucune faute. » Cela parce que l’orthographe n’a pas été réformée depuis quasiment deux siècles : la dernière réforme en date, celle de 1990 « peine à s’imposer dans les pratiques. […] Et si notre orthographe ne parvient pas à faire peau neuve, c’est parce qu’elle est devenue un #marqueur_social extrêmement puissant qui donne l’illusion de pouvoir juger des facultés linguistiques de quelqu’un sans entrer dans la complexité de la syntaxe, du vocabulaire ou de tout ce qui constitue la véritable qualité d’un texte écrit. » Bref. Convaincu que réformer l’orthographe est un nivèlement par le haut, j’ai décidé, depuis la lecture de cet opus, d’appliquer la réforme de 1990 au mieux. Pour cela, je m’aide du logiciel Antidote (https://www.antidote.info/fr/blogue/enquetes/redaction-inclusive), qui est également utilisé par les étudiantes et les étudiants à l’université au Québec, tout comme elles (et les nôtres aussi) utilisent la calculatrice. Il y a beaucoup d’autres choses dans ce petit livre, que je vous laisse découvrir. Car vous allez le lire, maintenant, n’est-ce pas ?

    [1] « Le langage inclusif […] a bien l’effet pour lequel il est préconisé : réduire les stéréotypes de genre et augmenter la visibilité des femmes. »

    [2] Même si : « L’usage du point médian permet de supprimer le biais de représentation vers le masculin. » selon le psycholinguiste Léo Varnet.

    http://gblanc.fr/spip.php?article780
    #langue #langue_française #orthographe 

    • La faute de l’orthographe | #Arnaud_Hoedt et #Jérôme_Piron

      Nous avons été profs de français. Sommés de nous offusquer des #fautes_d'orthographe, nous avons été pris pour les curés de la langue. Nous avons écrit pour dédramatiser, pour réfléchir ensemble et puis aussi parce que nous avons toujours pensé que l’#Académie_Française avait un vrai potentiel comique. « Les deux belges qui veulent simplifier la langue française » : tout est faux dans cette phrase. Pas « simplifier » mais bien faire preuve d’esprit critique, se demander si tout se vaut dans notre orthographe. Pas deux Belges, mais bien deux curieux qui veulent transmettre le travail des linguistes de toute la francophonie, pas même la « langue française », seulement son orthographe. Car l’orthographe, c’est pas la langue, c’est juste le code graphique qui permet de la retranscrire. Passion pour les uns, chemin de croix pour les autres, elle est sacrée pour tous. Et pourtant, il ne s’agit peut-être que d’un énorme #malentendu. Arnaud Hoedt et Jérôme Piron sont linguistes de formation. Ils ont vécu 25 ans sans se connaître, mais c’était moins bien. Ils ont ensuite enseigné pendant 15 ans dans la même école. Quand Arnaud participe à la rédaction des programmes de français en Belgique, Jérôme se spécialise en médiation culturelle. En 2016, ils écrivent et mettent en scène le spectacle « La Convivialité », au Théâtre National de Bruxelles. Ce spectacle conférence qui traite de la question du rapport dogmatique à l’orthographe tourne depuis 3 ans dans toute la francophonie. Dans la foulée, ils publient l’ouvrage « La faute de l’orthographe », aux éditions Textuel. Ils se définissent comme suit : « Linguistes dilet(t)antes. Pédagogues en (robe de) chambre. Tentent de corriger le participe passé. Écrivent des trucs. Vrais-Faux Comédiens. Bouffeurs d’Académicien ». A la question « est-ce que ça se dit ? » , Arnaud et Jérôme répondent invariablement « oui, tu viens de le faire ».

      https://www.ted.com/talks/arnaud_hoedt_jerome_piron_la_faute_de_l_orthographe
      #tedx

    • Comment le masculin forge la pensée de l’#enfant

      Les données disent que la langue masculinisée influence nos pensées. C’est du moins la conclusion du nouveau livre du psycholinguiste fribourgeois Pascal Gygax.

      Le cerveau pense-t-il au masculin ? C’est la question que pose Pascal Gygax, psycholinguiste à l’Université de Fribourg, en titre d’un livre* publié récemment avec la linguiste Sandrine Zufferey et la psychologue sociale Ute Gabriel. Pas de suspense inutile : la réponse est oui. L’ouvrage le montre à travers une multitude d’études suisses et internationales qui ont analysé l’influence du langage genré sur les représentations sexistes. « Sur ce sujet, il y a cinquante ans de recherches et quelque 200 études, explique Pascal Gygax, premier auteur. Il était temps d’écrire un livre grand public pour recadrer le débat, qui est devenu très passionnel. » Les réactions à l’ouvrage en attestent. « Depuis dix-sept ans que je travaille sur cette thématique, je n’ai jamais reçu autant d’insultes, confie le Biennois. Il s’agit surtout d’hommes blancs quinquagénaires ou sexagénaires dans des positions dominantes qui m’écrivent pour m’expliquer leur point de vue, souvent très peu documenté. C’est dommage, car le but était justement de prendre de la hauteur de manière scientifique. »

      Le livre se penche en particulier sur l’interprétation de la forme grammaticale dite « générique ». En français, en allemand, en anglais et dans d’autres langues, le genre masculin est également utilisé pour le genre « neutre », au singulier ou au pluriel (en plus de son sens « spécifique »). Exemple tiré du livre : « When a kid goes to school, he often feels excited on the first day » (« Quand un enfant va à l’école, il se sent souvent excité le premier jour »). Le « he » a ici fonction de générique. En français, on peut l’expliquer de la manière suivante : dans « Il y a beaucoup d’excellents chercheurs en Suisse », le mot « chercheur » devrait également inclure tous les genres. Problème : ce sens générique n’est pas perçu comme tel.
      Le générique n’est pas neutre

      En 1984, Janet Hyde, une chercheuse étatsunienne, a demandé à des personnes en formation d’âges différents d’écrire une histoire commençant par la phrase avec l’enfant citée au paragraphe précédent. Chez les universitaires, 21% des récits portaient sur un personnage féminin contre 7% chez les 5-12 ans. Pour l’immense majorité, le masculin a donc induit une représentation masculine.

      En 2008, une étude de Pascal Gygax et de ses collègues a montré qu’en français et en allemand, il était difficile d’appréhender des suites de phrases présentant des femmes après des amorces avec un métier ou une activité au masculin pluriel (« les musiciens », par exemple), donc pouvant agir comme générique. En clair : il est naïf de penser que le générique puisse être complètement détaché du masculin.

      L’ouvrage regorge aussi d’exemples qui témoignent à quel point la langue a été construite autour du masculin. Il n’est pas innocent que l’on dise « Adam et Eve » et « mari et femme ». Selon une méta-analyse réalisée en 2016 par Peter Hegarty et ses collègues, l’ordre de mention est souvent lié à l’importance perçue des entités mentionnées. Et cette masculinisation est au moins en partie intentionnelle, expose le livre. On apprend par exemple qu’aux Etats-Unis et en Angleterre, le pronom pluriel neutre « they » était utilisé jusqu’au XIXe siècle comme singulier lorsque l’on ne connaissait pas le genre d’une personne. Mais que des grammairiens ont imposé le pronom « he » (« il ») comme générique, le jugeant plus « digne ». Le « they » revient en force aujourd’hui.

      Ce langage activement androcentré « nous force à voir le monde au travers d’un prisme masculin », participant aux inégalités entre les genres, soutient l’ouvrage. C’est là qu’intervient le langage inclusif, boîte à outils permettant de « démasculiniser » l’expression orale et écrite. En français ou en allemand, les doublets (« écrivaines et écrivains ») ou les formes contractées des doublets (« écrivain·es ») peuvent par exemple être utiles pour réduire les stéréotypes associés aux métiers. Sabine Sczesny le confirme. Professeure de psychologie sociale à l’Université de Berne, elle a notamment réalisé des travaux mettant au jour un lien entre attitude sexiste et opposition au langage inclusif : « Les filles sont plus intéressées par les professions typiquement masculines lorsqu’elles leur sont présentées sous forme de conomination par rapport à la forme masculine. »
      Le chat des voisins

      Anne Dister, professeure de linguistique à l’Université Saint-Louis de Bruxelles, pense également qu’il est judicieux de mentionner les professions avec un double nom si elles sont stéréotypées masculines, et de mentionner les titres de postes masculins et féminins dans les offres d’emploi. Toutefois, elle juge inutile de vouloir systématiquement tout féminiser et plaide pour « l’économie du langage ». « Dans certains contextes, ce n’est simplement pas pertinent. Si je raconte que mes voisins ont adopté un chat, quel est l’intérêt de préciser leur genre ? »

      Anne Dister juge par ailleurs que le générique, dans les interactions langagières au quotidien, est très bien compris comme tel : « Qui pense sérieusement que les femmes ne peuvent pas traverser sur un passage pour piétons ? » Elle conteste aussi les affirmations selon lesquelles la langue aurait été entièrement masculinisée par les grammairiens : « Le lexique pour certains noms, assurément. Mais pas la grammaire. On prend d’ailleurs toujours les mêmes exemples. » Et de poursuivre : « Ce qui invisibilise, ce n’est pas tant le masculin que notre connaissance du monde. Aujourd’hui, le terme « ministre » qui est épicène n’active pas les mêmes représentations qu’il y a cinquante ans. » La linguiste sait de quoi elle parle. Avec Marie-Louise Moreau, elle a analysé l’évolution des termes utilisés par les candidates aux élections européennes en France et en Belgique pour se décrire depuis 1989 (« sénatrice » ou « sénateur », typiquement). Résultat : la féminisation est massive.

      Accordons-nous trop d’importance au langage ? N’est-il pas uniquement le reflet de la société et appelé à évoluer avec elle ? « Il ne sert presque à rien de se poser cette question, répond Pascal Gygax. L’histoire nous enseigne que la société patriarcale a eu un effet sur la masculinisation de la langue et les données disent que la masculinisation de la langue a une influence sur notre manière de percevoir le monde. A partir de là, ce qu’il faut se demander, c’est : veut-on changer cela ? Si oui, alors le langage inclusif est un outil pour y parvenir. »

      Les attaques personnelles subies après la publication du livre n’entament d’ailleurs en rien l’engagement du chercheur, très présent dans les médias : « J’ai toujours eu envie de sortir de la bulle académique. »

      *« Le cerveau pense-t-il au masculin ? », Pascal Gygax, Sandrine Zufferey, Ute Gabriel, Le Robert, 2021, 176 pages

      https://www.revue-horizons.ch/2021/09/02/comment-le-masculin-forge-la-pensee-de-lenfant

    • Le français va très bien, merci

      « Nous, linguistes de France, de Belgique, de Suisse, du Canada, sommes proprement atterrées par l’ampleur de la diffusion d’idées fausses sur la langue française. » Les Linguistes atterrées
      Les discours sur les "fautes" saturent quasiment l’espace éditorial et médiatique contemporain. Mais la différence entre une faute et une évolution, c’est la place qu’elle occupera à long terme dans l’usage. Et l’usage, ça s’étudie avec minutie. C’est le travail des linguistes. Face aux rengaines déclinistes, il devient indispensable de rétablir la rigueur des faits. Non, l’orthographe n’est pas immuable en français. Non, les jeunes, les provinciaux ou les Belges ne "déforment" pas la langue. Oui, le participe passé tend à devenir invariable. Non, le français n’appartient pas à la France. Oui, tout le monde a un accent, voire plusieurs. Dix idées reçues sur la langue, et surtout trente propositions pour en sortir.

      https://tracts.gallimard.fr/fr/products/le-francais-va-tres-bien-merci
      #Linguistes_atterrées

    • J’ai écrit : il meure. Tranquilou. Au bout de deux jours je me suis dit mmm il y a quelque chose qui ne va pas. J’ai cherché et trouvé : il meurt ! Me suis dit ,mais pourquoi écrire il meure comme ça ? Quelle raison logique ? Pas trouvé de réponses satisfaisantes . Il y a toujours moyen de faire des fautes, TOUJOURS ! C’est pénible.

  • La #rémunération hors norme d’#Arnaud_Rousseau, président de la #FNSEA, à la tête du groupe #Avril

    L’émission de France 2 « Complément d’enquête », consacrée jeudi soir à la FNSEA, révèle le montant de la rémunération d’Arnaud Rousseau par sa société Avril : 187 000 euros en 2022. Sans compter ses autres revenus liés à ses multiples casquettes.

    Le chiffre est dix fois supérieur au revenu moyen des agriculteurs et agricultrices du pays. Président du conseil d’administration du groupe Avril et président du syndicat de la FNSEA, Arnaud Rousseau a touché en 2022 une rémunération supérieure à 187 000 euros de la part de la société spécialisée dans le colza et le tournesol. C’est ce que révèle l’émission de France 2 « Complément d’enquête », dans un long format consacré à la FNSEA, diffusé jeudi 29 février à partir de 23 heures (https://www.france.tv/france-2/complement-d-enquete/5714862-agriculture-pour-qui-roule-la-fnsea.html).

    Rapportée à une moyenne mensuelle, cette rémunération, dans laquelle sont inclus des jetons de présence et des avantages en nature – voiture et logement de fonction –, est équivalente à plus de 15 500 euros par mois. L’information de l’équipe de « Complément d’enquête » a été confirmée par le directeur juridique du groupe Avril. Il a toutefois été précisé à France 2 que « ce que perçoit Arnaud Rousseau est confidentiel ».

    Ce montant ne fait pas le tour des rémunérations d’Arnaud Rousseau, dont l’ensemble des revenus est, à l’évidence, encore supérieur. L’homme est en effet président de la FNSEA – où il touche des indemnités d’élu –, exploitant agricole à la tête de plusieurs structures bénéficiaires des aides publiques de la PAC – dont Mediapart révélait les montants l’an dernier –, vice-président de la chambre d’agriculture de la région Île-de-France, vice-président de la FOP (Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux), et maire de sa commune.
    Des manœuvres pour empêcher la reconnaissance de maladies liées aux pesticides

    Dans son enquête, le magazine de France 2 révèle également comment la FNSEA a tenté de manœuvrer pour empêcher la reconnaissance de maladies liées aux pesticides. Au cours de réunions rassemblant expert·es et partenaires sociaux pour décider de la reconnaissance de maladies professionnelles agricoles, le syndicat majoritaire des exploitantes et exploitants agricoles s’est notamment opposé, en 2011, à la reconnaissance de la maladie de Parkinson et, en 2013, à la reconnaissance du lymphome non hodgkinien. L’une et l’autre seront tout de même reconnus respectivement en 2012 et en 2015.

    La reconnaissance de maladies liées aux pesticides permet aux victimes de toucher, via la MSA, la Mutuelle sociale agricole, des indemnités à vie. Plus il y a de maladies reconnues, plus les cotisations sociales des exploitantes et exploitants agricoles sont susceptibles d’augmenter. À ce jour, de nombreuses victimes sont obligées d’aller jusqu’en justice pour faire reconnaître leur maladie.

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/290224/la-remuneration-hors-norme-d-arnaud-rousseau-president-de-la-fnsea-la-tete
    #agriculture

    • Le groupe Avril, présidé par le patron de la FNSEA, carbure aux frais de l’État

      L’entreprise d’Arnaud Rousseau est devenue leader sur le marché des « #biocarburants ». Son or jaune, c’est le #colza. La société a prospéré grâce à une réglementation sur mesure et à un important #rabais_fiscal.

      Le 30 mars 2022, à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, la #Fédération_nationale_des_syndicats_d’exploitants_agricoles (FNSEA) organise un « grand oral » des candidats à la fonction suprême à l’occasion de son congrès annuel qui se tient à Angers (Maine-et-Loire). Emmanuel Macron intervient, en vidéo, depuis son QG de campagne. Et il fait cette promesse : « Je voulais ici vous le dire très clairement. Le Crit’Air 1 sera attribué aux véhicules qui roulent en permanence au B100. C’était, je le sais, attendu. »

      Le #B100 ? C’est un #carburant fait d’#huile_de_colza. Les #poids_lourds roulant exclusivement avec ce produit vont donc obtenir la #vignette qui autorise à circuler dans les « #zones_à_faibles_émissions » (#ZFE) mises en place dans les grandes agglomérations pour limiter la pollution locale. Deux semaines plus tard, le 16 avril, l’arrêté paraît au Journal officiel. On est entre les deux tours de la présidentielle, il n’y a eu aucune consultation publique.

      La décision ne tombe pas du ciel. Elle est particulièrement favorable à une société étroitement liée à la FNSEA : Avril, quatrième groupe agroalimentaire français, qui a lancé trois ans et demi plus tôt l’Oleo100, un carburant B100. De la graine de colza qu’il achète auprès des coopératives de producteurs comme sur les marchés mondiaux, et qu’il fait passer dans ses usines de trituration, le groupe Avril tire à la fois un produit sec – ce qu’on appelle les tourteaux, destinés à l’alimentation animale – et une huile végétale. C’est cette huile qui fait tourner des moteurs Diesel.

      L’entreprise est présidée par Arnaud Rousseau, alors premier vice-président de la FNSEA et dans les starting-blocks pour succéder à sa présidente, Christiane Lambert – il prendra la tête du syndicat un an plus tard. L’attribution de la vignette vient compléter un arsenal règlementaire qui contribue directement aux bénéfices mirobolants du groupe : grâce à un important rabais fiscal et à la vente, en plus de son propre carburant, de « certificats » censés aider à la décarbonation des transports, le groupe Avril, via sa filiale Saipol, dégage des dizaines de millions d’euros de bénéfices sur un produit à la rentabilité hors normes. Loin, très loin, de ce que touchent réellement agricultrices et agriculteurs. Et sans que l’écologie y gagne.

      Le jour même de l’intervention d’Emmanuel Macron au congrès de la FNSEA, Arnaud Rousseau se réjouit de la nouvelle dans un communiqué de la FOP (Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux), qu’il préside également à ce moment-là : « L’ensemble des acteurs de la filière française des huiles et protéines végétales se félicite de l’obtention de la vignette Crit’Air 1 pour le B100, carburant 100 % végétal », écrit-il.

      La mesure était, de fait, attendue. Une présentation commerciale de l’Oleo100 auprès de potentiels clients évoquait déjà, début 2021, la future vignette en indiquant « actions en cours pour Crit’Air 1 et classification “véhicule propre” ».

      Elle ne fait certes pas grand bruit mais certains s’en émeuvent. Le sénateur (Europe Écologie-Les verts) Jacques Fernique s’est étonné de cette décision discrétionnaire, prise au profit d’un seul produit. « Cette évolution réglementaire soudaine interpelle […] au sortir d’un premier quinquennat marqué par la tenue de la convention citoyenne pour le climat et à l’orée d’un second, placé, selon le président de la République, sous le signe d’une “méthode nouvelle” associant l’ensemble des acteurs et dont l’écologie serait “la politique des politiques” », dit-il dans une question adressée au Sénat le 14 juillet 2022.

      Répondant à nos questions, le service communication d’Avril le reconnaît : « La demande de classification Crit’Air 1 a été portée par les différentes associations professionnelles représentatives des industriels producteurs de B100, des constructeurs et des transporteurs ». On peut d’ailleurs relever sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) que le groupe déclare avoir mené des actions de lobbying auprès de décideurs sur le sujet.

      Côté producteurs de B100, ces associations, précise-t-il, ce sont « Estérifrance, le syndicat français des producteurs de biocarburants de type Ester méthylique d’acide gras [type dont fait partie l’huile de colza – ndlr] », et « l’European Biodiesel Board, une association européenne visant à promouvoir l’utilisation des biocarburants dans l’UE ». La filiale Saipol d’Avril fait partie de l’une et de l’autre.
      Un « biocarburant » polluant

      L’an dernier, le député (MoDem) Mohamed Laqhila posait une question similaire à l’Assemblée nationale, s’interrogeant sur la différence de « traitement » entre le B100 et le HVO, alors même que ce dernier « est homologué dans de nombreux pays européens depuis plusieurs années ».

      Le HVO est un autre carburant alternatif qui peut être composé, celui-là, à partir d’huiles usagées, de graisses animales et de déchets. Autrement dit, sans recourir aux terres agricoles. Mais les véhicules roulant au HVO, eux, ne sont pas autorisés dans les centres-villes classés ZFE.

      Pourquoi une telle distinction ? Au regard de ce que dit la science, elle n’a pas lieu d’être. « Dans un moteur, la combustion du B100 se traduit par plus de NOx [oxydes d’azote – ndlr] qu’un carburant fossile, explique le chercheur Louis-Pierre Geffray, de l’institut Mobilités en transition. Ces NOx supplémentaires sont normalement traités par le système antipollution du véhicule, mais il n’y a aucune raison objective qui explique pourquoi, en usage réel, ce biocarburant est classé Crit’Air 1, à la différence du HVO et du diesel qui sont restés en Crit’Air 2. »

      AirParif, qui observe la qualité de l’air en Île-de-France, est arrivé aux mêmes conclusions en comparant les émissions du diesel et des carburants alternatifs.

      Interrogé sur le sujet, le ministère des finances – auquel est maintenant rattachée la Direction générale de l’énergie et du climat qui avait signé l’arrêté en question – indique que le B100 permet des réductions d’autres émissions. Et que si le HVO est exclu, c’est qu’il n’y a pas de moteur permettant de s’assurer qu’« il ne sera utilisé que du carburant HVO ».

      Ce traitement favorable au carburant issu de l’huile de colza n’est pas anecdotique. Il fait partie du « business model » d’Avril, mastodonte présent dans dix-neuf pays, au chiffre d’affaires, en 2022, de 9 milliards d’euros. Depuis longtemps, le groupe développe une stratégie d’influence auprès de la puissance publique comme auprès des gros acteurs du secteur, afin de s’assurer une position hégémonique sur le marché.

      Comme Mediapart l’avait écrit, une importante niche fiscale était déjà favorable, au cours des années 2000 et 2010, à un produit du groupe Avril – qui s’appelait alors Sofiprotéol –, le diester.
      De niche fiscale en niche fiscale

      Les bonnes affaires avec la bénédiction de l’État ne se sont pas arrêtées là. Dès son homologation par arrêté ministériel, en avril 2018, le B100 a bénéficié d’un énorme rabais fiscal. Cette année-là, Avril déclare à la HATVP l’action de lobbying suivante : « défendre les intérêts de la filière française lors des révisions du dispositif fiscal d’incitation à l’incorporation de biocarburants ».

      Sept mois après l’arrêté ministériel, Saipol annonçait le lancement de l’Oleo100. La société est la première sur le coup. Les concurrents n’arriveront que dans un second temps - un an plus tard pour la coopérative Centre ouest céréales, trois ans plus tard pour Bolloré. Eux et une poignée d’autres resteront minoritaires sur le marché.

      Cette ristourne fiscale donne un sacré avantage au B100 sur les autres carburants : il n’est taxé qu’à hauteur de 118,30 euros par mètre cube. Le produit alternatif HVO, commercialisé entre autres par TotalEnergies, Dyneff ou encore le néerlandais Neste, est imposé au même niveau que le diesel issu du pétrole, soit une taxe à hauteur de 607,5 euros par mètre cube.

      Pour l’État, la perte est substantielle. Elle pèse 489,20 euros par mètre cube de B100. Pour l’année 2023 où la filiale Saipol d’Avril, a vendu, selon ses propres chiffres, 185 000 mètres cubes d’Oleo100, ce manque à gagner dans les recettes publiques s’élève à 90,5 millions d’euros.

      Le ministère des finances dément avoir mis en place un traitement privilégié. « Aucune mesure favorisant un groupe n’a été prise. » Bercy explique la différence de taxation entre B100 et HVO par leurs caractéristiques chimiques. Le B100 est « un carburant qui ne peut être utilisé qu’avec des moteurs dédiés, et dans le cadre de flottes captives de camions spécifiquement conçus pour ce carburant. Son utilisation est donc particulièrement encadrée et restrictive ». À l’inverse, le HVO pouvant être utilisé dans différents types de moteur, le contrôle de sa bonne utilisation n’est pas possible.

      Au total, selon les chiffres d’Avril, la société présidée par Arnaud Rousseau a vendu environ 360 000 m³ d’Oleo100 depuis 2020. Ce sont plus de 176 millions d’euros qui ne sont pas allés dans les caisses de l’État. Et ce trou dans les recettes fiscales pourrait encore se creuser : selon nos informations, les projections du groupe continuent de suivre une courbe ascendante, avec l’estimation que le marché du B100 avoisinera les 600 000 m³ en 2025.

      Même si le B100 est moins émetteur de gaz à effet de serre que le gazole ordinaire, l’apport écologique de ce développement n’est pas avéré. « La fiscalité très avantageuse sur le B100 se traduit par un fort développement de ce carburant, au détriment de l’incorporation de renouvelables dans le diesel classique B7 vendu à la pompe aux particuliers, fait valoir le chercheur Louis-Pierre Geffray. Car, sur l’ensemble des carburants, l’incorporation d’énergies issues de productions agricoles en concurrence avec l’alimentation humaine est limitée par le cadre réglementaire européen à 7 %, et ce seuil a été atteint en France. » Au bénéfice du B100, donc, et au détriment des autres carburants. « Ce qui ne se justifie que partiellement en termes de vertu environnementale », souligne le chercheur.

      Dans une note publiée l’année dernière par l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddrri), ce chercheur et deux de ses collègues relèvent en outre que la culture de colza est très consommatrice de produits phytosanitaires. C’est « la deuxième culture française la plus traitée » aux pesticides, et elle absorbe en moyenne 170 kilos par hectare d’engrais azoté, estiment-ils, soulignant par ailleurs que la consommation française d’huile de colza est très dépendante des importations.

      Fin 2021, la fiscalité du B100 a d’ailleurs été étrillée par la Cour des comptes, qui avait mis en exergue, dans un rapport sur le développement des biocarburants, des taux d’imposition « sans aucune rationalité », conduisant à un système « qui n’est pas conforme à la réglementation européenne sur la taxation des produits énergétiques ». De fait, le niveau d’imposition du B100 est plus de deux fois inférieur au minimum fixé par la directive européenne sur la taxation de l’énergie pour les équivalents au gazole routier.

      La stratégie de maximisation du quatrième groupe agroalimentaire français ne s’est pas arrêtée là. Ces dernières années, il a étendu son emprise du côté des acheteurs de carburant. C’est ainsi qu’il a noué des partenariats avec des constructeurs automobiles – Renault Trucks, Volvo Trucks, Man, Scania –, comme l’écrivait Transport Infos l’an dernier, mais aussi signé des contrats avec des sociétés de la logistique et des transports. L’objectif ? garantir des débouchés pour son carburant, en concevant des modèles de véhicules qui ne peuvent rouler qu’au B100, et en incitant des transporteurs à se tourner vers ces nouveaux poids lourds.

      Depuis le projet de loi de finances (PLF) 2020, une nouvelle niche fiscale est apparue : l’achat de tels véhicules, pour les entreprises qui en font l’acquisition, entraîne, suivant le poids de l’engin, une déduction d’impôt de 5 à 15 %. C’est ce que le secteur appelle le « suramortissement ».
      Le bénéfice de Saipol, une info « confidentielle »

      Il est, enfin, encore une politique publique qui contribue directement aux juteuses affaires du groupe Avril sans pour autant contribuer efficacement à la décarbonation du secteur pour laquelle elle a été conçue. C’est celle des « certificats ». Ce système complexe, mis en place en 2019 – au départ pour pousser le secteur des carburants vers la décarbonation –, est un marché secondaire, où ne s’échangent plus des matières premières, mais des tickets permettant d’éviter des pénalités de l’État. Un mécanisme semblable aux droits à polluer pour le CO2.

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      Le marché des certificats

      Le marché des certificats permet à un fournisseur de gazole qui a dépassé le seuil obligatoire d’incorporation de 9 % d’énergie renouvelable dans son produit de vendre l’équivalent de son surplus sous forme de certificats. C’est le cas de la filiale Saipol d’Avril, dont le produit Oleo100 est constitué à 100 % de renouvelable, et qui peut donc vendre des certificats pour 91 % de ses volumes.

      À l’inverse, le fournisseur n’ayant pas atteint ce seuil des 9 % achète les certificats qui lui permettent de combler virtuellement l’écart. S’il ne le fait pas, des pénalités, plus douloureuses pour ses comptes, lui sont imposées par l’État. C’est la taxe incitative relative à l’utilisation d’énergie renouvelable dans le transport (Tiruert).

      Le principe de ce mécanisme, non réglementé et opaque, est de donner aux fournisseurs abondants en renouvelables une assise financière confortable de façon à ce qu’ils poursuivent dans cette voie, afin d’obtenir, sur l’ensemble de la production française de carburant le mix attendu par les directives européennes. Cela génère donc pour eux deux sources de revenu : la vente du biocarburant en lui-même, et la vente des certificats.

      Le premier est indexé sur le prix du gazole, vendu quelques centimes au-dessous. Pour les seconds, les prix ne sont pas publics. Selon nos informations, ces certificats s’échangeaient l’année dernière autour de la coquette somme de 900 euros par mètre cube de carburant renouvelable – en ce début d’année, le prix était descendu à 700 euros.

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      La filiale d’Avril vend à la fois son produit Oleo100 et des certificats qui lui sont associés. C’est ainsi qu’elle dégage, sur son carburant, une marge incongrue. Celle-ci pèserait, pour la seule année 2023, entre 110 et 150 millions d’euros (voir en annexes notre calcul à partir du prix de vente du carburant, du coût de production et de la vente des certificats).

      Si l’on retient le bas de la fourchette, cela donnerait un taux de marge d’environ 29 %. Soit une rentabilité digne de l’industrie du luxe - en 2023, le taux de marge de LVMH, qui a publié ses chiffres en début d’année, était de 26,5 %...

      Comment justifier ce profit colossal que les contribuables financent pour partie ? Contacté, Arnaud Rousseau ne nous a pas répondu. Il n’est que le président « non exécutif » du groupe, nous précise le groupe Avril, lequel nous indique que le montant des bénéfices et du chiffre d’affaires de la filiale Saipol en 2023 est une information « confidentielle ».

      À l’évidence, l’activité biocarburants, avec ces dispositifs et traitements fiscaux particuliers, est la locomotive du groupe. En 2022, où le chiffre d’affaires d’Avril avait fait un bond à 9 milliards d’euros, la filiale Saipol dégageait, selon les derniers comptes disponibles, 135,5 millions d’euros de bénéfices. Ce qui représentait plus de 50 % du résultat net du groupe Avril.

      Depuis le début du mouvement de colère du monde agricole, l’un des principaux arguments d’Arnaud Rousseau pour maintenir la pression et obtenir la levée d’un maximum de contraintes pour le secteur est d’invoquer la fonction nourricière de l’agriculture et la nécessité de préserver la souveraineté alimentaire de la France.

      Il l’a répété sur France 2, sur RTL et sur France Inter ces dernières semaines : « Notre objectif, c’est de produire pour nourrir. » Devant les grilles du parc des expositions Paris Expo, Porte de Versailles à Paris, peu avant l’ouverture du Salon de l’agriculture samedi matin, où il réclamait « une vision » et « des réponses » du chef de l’État, le patron de la FNSEA le disait encore : « Produire pour nourrir, pour nous ça a du sens. La souveraineté alimentaire et faire en sorte que dans ce pays on continue à produire une des alimentations les plus sûres du monde, dont on est fiers […], tout cela, ça a du sens pour nous. »

      L’activité phare du mastodonte qu’il préside bénéficie pourtant déjà des attentions du gouvernement, et n’a rien à voir avec le fait de nourrir la population : elle fait tourner des bus et des camions, et elle rapporte énormément d’argent.

      https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/290224/le-groupe-avril-preside-par-le-patron-de-la-fnsea-carbure-aux-frais-de-l-e
      #fiscalité #fisc

  • Tiens, ils ont trouvé de nouveaux pigeons…

    HyperloopTT, et ses promesses de train supersonique en lévitation, quitte Toulouse et file vers Venise
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/26/hyperlooptt-annonce-son-depart-de-toulouse-et-file-vers-venise_6218675_3234.

    La société californienne a annoncé son départ après des années d’attente, et sans le moindre essai. La relation entre les collectivités et les cerveaux de la Silicon Valley s’est révélée chaotique.

    #transport #hyperloop #arnaque

  • #Productivisme et destruction de l’#environnement : #FNSEA et #gouvernement marchent sur la tête

    Répondre à la #détresse des #agriculteurs et agricultrices est compatible avec le respect de l’environnement et de la #santé_publique, expliquent, dans cette tribune à « l’Obs », les Scientifiques en rébellion, à condition de rejeter les mesures productivistes et rétrogrades du duo FNSEA-gouvernement.

    La #crise de l’agriculture brasse croyances, savoirs, opinions, émotions. Elle ne peut laisser quiconque insensible tant elle renvoie à l’un de nos #besoins_fondamentaux – se nourrir – et témoigne du #désarroi profond d’une partie de nos concitoyen·nes qui travaillent pour satisfaire ce besoin. Reconnaître la #souffrance et le désarroi du #monde_agricole n’empêche pas d’examiner les faits et de tenter de démêler les #responsabilités dans la situation actuelle. Une partie de son #traitement_médiatique tend à faire croire que les agriculteurs et agricultrices parleraient d’une seule voix, celle du président agro-businessman de la FNSEA #Arnaud_Rousseau. Ce directeur de multinationale, administrateur de holding, partage-t-il vraiment la vie de celles et ceux qui ne parviennent plus à gagner la leur par le travail de la terre ? Est-ce que les agriculteur·ices formeraient un corps uniforme, qui valoriserait le productivisme au mépris des #enjeux_environnementaux qu’ils et elles ne comprendraient soi-disant pas ? Tout cela est difficile à croire.

    Ce que la science documente et analyse invariablement, en complément des savoirs et des observations de nombre d’agriculteur·ices, c’est que le #modèle_agricole industriel et productiviste conduit à une #catastrophe sociale et environnementale. Que ce modèle concurrence dangereusement les #alternatives écologiquement et socialement viables. Que cette agriculture ne s’adaptera pas indéfiniment à un environnement profondément dégradé. Qu’elle ne s’adaptera pas à un #réchauffement_climatique de +4 °C pour la France et une ressource en #eau fortement diminuée, pas plus qu’à une disparition des #insectes_pollinisateurs.

    Actuellement, comme le rappelle le Haut Conseil pour le Climat (HCC), l’agriculture représente le deuxième secteur d’émissions de #gaz_à_effet_de_serre, avec 18 % du total français, derrière les transports. La moitié de ces émissions agricoles (en équivalent CO2) provient de l’#élevage_bovin à cause du #méthane produit par leur digestion, 14 % des #engrais_minéraux qui libèrent du #protoxyde_d’azote et 13 % de l’ensemble des #moteurs, #engins et #chaudières_agricoles. Le HCC rappelle aussi que la France s’est engagée lors de la COP26 à baisser de 30 % ses émissions de méthane d’ici à 2030, pour limiter le réchauffement climatique. L’agriculture, bien que répondant à un besoin fondamental, doit aussi revoir son modèle dominant pour répondre aux enjeux climatiques. De ce point de vue, ce qu’indique la science, c’est que, si l’on souhaite faire notre part dans le respect de l’accord de Paris, la consommation de #viande et de #produits_laitiers doit diminuer en France. Mais la solidarité avec nos agriculteur.ices ainsi que l’objectif légitime de souveraineté et #résilience_alimentaire nous indiquent que ce sont les importations et les élevages intensifs de ruminants qui devraient diminuer en premier.

    Côté #biodiversité, la littérature scientifique montre que l’usage des #pesticides est la deuxième cause de l’effondrement des populations d’#insectes, qui atteint 80 % dans certaines régions françaises. Les #oiseaux sont en déclin global de 25 % en quarante ans, mais ce chiffre bondit à 60 % en milieux agricoles intensifs : le printemps est devenu particulièrement silencieux dans certains champs…

    D’autres voies sont possibles

    Le paradoxe est que ces bouleversements environnementaux menacent particulièrement les agriculteur·ices, pour au moins trois raisons bien identifiées. Tout d’abord environnementale, à cause du manque d’eau, de la dégradation des sols, des événements météorologiques extrêmes (incendies ou grêles), ou du déclin des insectes pollinisateurs, qui se traduisent par une baisse de production. Sanitaires, ensuite : par leur exposition aux #produits_phytosanitaires, ils et elles ont plus de risque de développer des #cancers (myélome multiple, lymphome) et des #maladies_dégénératives. Financière enfin, avec l’interminable fuite en avant du #surendettement, provoqué par la nécessité d’actualiser un équipement toujours plus performant et d’acheter des #intrants pour pallier les baisses de production engendrées par la dégradation environnementale.

    Depuis des décennies, les #traités_de_libre-échange et la compétition intra-européenne ont privé la grande majorité des agriculteur·ices de leur #autonomie, dans un cercle vicieux aux répercussions sociales tragiques pouvant mener au #suicide. Si la FNSEA, les #JA, ou la #Coordination_rurale réclament une forme de #protectionnisme_agricole, d’autres de leurs revendications portent en revanche sur une baisse des #contraintes_environnementales et sanitaires qui font porter le risque de la poursuite d’un modèle délétère sur le long terme. Ce sont justement ces revendications que le gouvernement a satisfaites avec, en particulier, la « suspension » du #plan_Ecophyto, accueilli par un satisfecit de ces trois organisations syndicales rappelant immédiatement « leurs » agriculteurs à la ferme. Seule la #Confédération_paysanne refuse ce compromis construit au détriment de l’#écologie.

    Pourtant, des pratiques et des modèles alternatifs existent, réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre et préservant la biodiversité ; ils sont déjà mis en œuvre par des agriculteur·ices qui prouvent chaque jour que d’autres voies sont possibles. Mais ces alternatives ont besoin d’une réorientation des #politiques_publiques (qui contribuent aujourd’hui pour 80 % au #revenu_agricole). Des propositions cohérentes de politiques publiques répondant à des enjeux clés (#rémunération digne des agriculteur·ices non soumis aux trusts’de la grande distribution, souveraineté alimentaire, considérations climatiques et protection de la biodiversité) existent, comme les propositions relevant de l’#agroécologie, qu’elles émanent du Haut Conseil pour le Climat, de la fédération associative Pour une autre PAC, de l’IDDRI, ou encore de la prospective INRAE de 2023 : baisse de l’#élevage_industriel et du cheptel notamment bovin avec soutien à l’#élevage_extensif à l’herbe, généralisation des pratiques agro-écologiques et biologiques basées sur la valorisation de la biodiversité (cultures associées, #agro-foresterie, restauration des #haies favorisant la maîtrise des bio-agresseurs) et arrêt des #pesticides_chimiques_de_synthèse. Ces changements de pratiques doivent être accompagnés de mesures économiques et politiques permettant d’assurer le #revenu des agriculteur·ices, leur #accès_à_la_terre et leur #formation, en cohérence avec ce que proposent des syndicats, des associations ou des réseaux (Confédération paysanne, Atelier paysan, Terre de liens, Fédérations nationale et régionales d’Agriculture biologique, Réseau salariat, …).

    Nous savons donc que les politiques qui maintiennent le #modèle_agro-industriel sous perfusion ne font qu’empirer les choses et qu’une réorientation complète est nécessaire et possible pour la #survie, la #dignité, la #santé et l’#emploi des agriculteur·ices. Nombre d’enquêtes sociologiques indiquent qu’une bonne partie d’entre elles et eux le savent très bien, et que leur détresse témoigne aussi de ce #conflit_interne entre le modèle productiviste qui les emprisonne et la nécessité de préserver l’environnement.

    Une #convention_citoyenne

    Si le gouvernement convient que « les premières victimes du dérèglement climatique sont les agriculteurs », les mesures prises démontrent que la priorité gouvernementale est de sanctuariser le modèle agro-industriel. La remise en cause du plan Ecophyto, et la reprise en main de l’#Anses notamment, sont en totale contradiction avec l’urgence de s’attaquer à la dégradation environnementale couplée à celle des #conditions_de_vie et de travail des agriculteur·ices. Nous appelons les citoyen·nes et les agriculteur·rices à soutenir les changements de politique qui iraient réellement dans l’intérêt général, du climat, de la biodiversité. Nous rappelons que le sujet de l’agriculture et de l’#alimentation est d’une redoutable complexité, et qu’identifier les mesures les plus pertinentes devrait être réalisé collectivement et démocratiquement. Ces mesures devraient privilégier l’intérêt général et à long-terme, par exemple dans le cadre de conventions citoyennes dont les conclusions seraient réellement traduites dans la législation, a contrario a contrario de la précédente convention citoyenne pour le climat.

    https://www.nouvelobs.com/opinions/20240203.OBS84041/tribune-productivisme-et-destruction-de-l-environnement-fnsea-et-gouverne
    #tribune #scientifiques_en_rébellion #agriculture #souveraineté_alimentaire #industrie_agro-alimentaire

  • Les #Agences_de_l’eau en mode essorage

    Indépendantes de l’État, ces structures décisives dans la gestion de la ressource sont pourtant l’objet de multiples #pressions pour financer le #lobby agricole.

    Depuis quelques jours, les grands acteurs des guerres de l’eau en France jouent aux chaises musicales. On a ainsi vu mercredi dernier, le 6 décembre, #Arnaud_Rousseau, le président de la #FNSEA (#Fédération_nationale_des_syndicats_d’exploitants_agricoles), annoncer lui-même depuis le perron de Matignon que le gouvernement renonçait d’une part à taxer les agriculteurs qui polluent les sols et les eaux en utilisant des #pesticides et d’autre part à augmenter la #redevance de ceux qui irriguent tant et plus. La Première ministre, Élisabeth Borne, s’est contentée d’observer sagement la scène. Ce mardi, à Rennes, d’autres agriculteurs ont exprimé leur colère. Ils ont manifesté et même occupé des bâtiments de l’État pour demander, entre autres, l’arrêt du glyphosate et la taxation des pesticides. Évidemment, ils étaient pour la plupart affiliés à la Confédération paysanne. Ils revendiquaient surtout le paiement de plusieurs dizaines de millions d’euros de subventions qui leur ont été promis et qui doivent financer des mesures agro-écologiques dans leurs fermes. Le grand perdant de ce jeu de chaises musicales, où chacun semble prendre une place inattendue ? Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui n’a visiblement aucune assise. Il laisse la parole à la FNSEA, et il laisse – vous le verrez, c’est un document que se sont procuré Les Jours – son homologue chargé de l’Agriculture, Marc Fesneau, lui remonter les bretelles sur un dossier qui concerne pourtant de très près l’environnement et des établissements publics dont il a la charge, les Agences de l’eau.

    Pour comprendre cette situation, il faut vous présenter un peu plus ces mastodontes aussi importants que méconnus. La France compte six Agences de l’eau, dont les territoires sont délimités en fonction de l’écoulement des eaux : chacune règne sur un grand bassin hydrographique. Les personnes qui connaissent bien ces assemblées – et elles sont plutôt rares – en sont fières et les surnomment les « parlements de l’eau ». Car, en théorie, ces agences dotées d’un budget conséquent – plus de 12 milliards d’euros sur la période 2019-2024 – sont indépendantes de l’État et gérées par des collèges représentants tous les utilisateurs de la ressource : consommateurs, collectivités, industriels, agriculteurs, pêcheurs… Chacun de ces acteurs finance le budget des Agences via des taxes appelées « redevances » et, ensemble, ils doivent parvenir à concilier trois objectifs de plus en plus difficiles à atteindre : que chacun dispose de suffisamment d’eau, que les cours d’eau et les êtres qui y vivent soient en bonne santé, mais aussi que l’eau soit suffisamment peu polluée pour pouvoir être bue par tous.

    Depuis au moins une décennie, ces belles intentions sont largement mises à mal. En 2015, un rapport de la Cour des comptes dénonçait déjà le noyautage des Agences de l’eau par ceux qui la polluent – les industriels, notamment –, ainsi que par ceux qui en usent tant qu’ils en sont les plus grands consommateurs du pays : les agriculteurs… qui parfois polluent aussi. Le rapport pointait notamment le poids de plus en plus important pris par la FNSEA dans les décisions concernant la ressource. La situation ne s’est pas améliorée depuis. Un autre rapport de la même Cour des comptes, publié en juillet dernier et consacré à la gestion de l’eau face au changement climatique, regrettait, lui, que les redevances soient réparties de façon extrêmement inégale. Les consommateurs paient plus de 70 % des taxes via leur facture d’eau, quand les agriculteurs irrigants ne payent que 6 % de ces redevances et les agriculteurs consommateurs de pesticides à peine 4 %. Une situation d’autant plus injuste que l’impact de l’agriculture sur le coût de l’eau est de plus en plus grand : peu à peu, on se rend compte que l’eau potable est ainsi très largement contaminée par les résidus de pesticides, et que la dépollution va coûter une fortune aux collectivités.

    En prime, beaucoup d’agents et responsables des Agences de l’eau ont l’impression qu’on tape dans leurs caisses. Car depuis les années 2010, l’État a régulièrement décidé de ponctionner leur budget pour financer des mesures censées être favorables à l’environnement. Avec des conséquences lourdes sur les moyens de ces établissement mais aussi sur la taille des couleuvres à avaler : en 2018 a par exemple été instaurée une « contribution financière des Agences de l’eau à l’Agence française pour la biodiversité et à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage » d’un montant de 20 millions d’euros. Une somme qui permettait de compenser la perte de budget de ce dernier Office due à la promesse présidentielle – celle-là même qui avait poussé Nicolas Hulot à la démission – de diviser par deux le prix des permis de chasse. C’est ainsi que l’argent des parlements de l’eau a depuis été utilisé pour faciliter la pratique du fusil en milieu rural.

    En avril dernier, le même Emmanuel Macron a annoncé du côté du lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, son « plan eau », censé porter des objectifs de sobriété. Cette feuille de route, que Les Jours décrivaient comme très favorable aux agriculteurs (lire l’épisode 2, « Tu cherches un plan eau près de chez toi ? »), devait en partie être financée via les deux taxes auxquelles le gouvernement vient donc de renoncer. Une annulation vécue comme une injustice de trop pour le président du comité de bassin de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, Thierry Burlot (pourtant ex-candidat macroniste aux régionales). Il se dit « abasourdi » : « On a construit ce plan eau pendant des mois. On s’était mis d’accord sur le financement, de façon collective. On a imaginé une taxe sur les pesticides qui, au regard du coût de la pollution, est franchement minime. Et on découvre que la FNSEA est allée négocier seule à Paris, dans le dos de tout le monde. On découvre qu’ils ne veulent même pas payer pour financer un plan dont ils sont de très loin les plus grands bénéficiaires. C’est trop, cette décision va générer beaucoup de tension. »

    À Rennes, l’élu PS et vice-président d’Eau du bassin rennais Ludovic Brossard tance : « On n’est même plus face à du renoncement, on est face à un choix idéologique du gouvernement de soutenir le fonctionnement actuel de l’économie agricole plutôt que de donner une réponse aux enjeux environnementaux. » Du côté des agents de ces Agences, la déception est tout aussi grande. Élue au Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU), Delphine Jacono déplore qu’« une fois de plus, on constate un arbitrage au profit des intérêts agricoles et au détriment de l’intérêt général. Ces taxes sont prévues pour abonder des budgets, mais doivent aussi faire changer les pratiques. Y renoncer est dommageable pour tout le monde ».

    Et ce n’est pas le seul dossier financier chaud qui divise les Agences de l’eau et le monde agricole. Les agents rennais de la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt l’ont découvert ce mardi en voyant débarquer une centaine d’agriculteurs en colère. L’objet de leur courroux est né de plusieurs échanges épistolaires entre membres de la majorité. Fin octobre, une flopée de parlementaires bretons écrivent au ministre l’Économie Bruno Le Maire et à Marc Fesneau. Ils alertent : des agriculteurs de la région se sont engagés à prendre dans leurs exploitations des « mesures agro-environnementales et climatiques » (Maec) en échange de subventions, et ils attendent leur dû. Victimes de leur succès, ces aides ont explosé les plafonds prévus. Près de 3 000 agriculteurs bretons attendraient aujourd’hui un montant global de 53 millions d’euros. Qui peut les payer ?

    Dans un courrier que « Les Jours » se sont procuré, Marc Fesneau exige de Christophe Béchu que les Agences de l’eau sortent le chéquier. Encore

    Cette missive a été bien reçue et entendue par Marc Fesneau. Selon un document que Les Jours se sont procuré, ce dernier a renvoyé quelques jours plus tard la patate chaude à Christophe Béchu. Son courrier évalue les besoins de financements à 143 millions d’euros à l’échelle nationale et se termine ainsi : « Cette insuffisance de financement provient des Agences de l’eau qui sont sous votre tutelle. » En clair, Marc Fesneau veut encore que lesdites agences sortent le chéquier. Il l’a fait savoir directement à leurs dirigeants, précise Thierry Burlot : « Marc Fesneau a invité les présidents de comité de bassin il y a un mois pour nous le dire. On n’était pas au courant de cet arbitrage, on ne savait pas que c’était à nous de le payer. Je vais être tout à fait clair sur ma position : je suis favorable au financement des Maec. Mais je ne peux pas les payer. On ne peut payer que si on a de l’argent dans la caisse. »

    Sur le terrain, on avance enfin un autre argument, de poids : il faudrait veiller à ne pas subventionner tout et n’importe quoi sous la pression du ministère de l’Agriculture. Un anonyme contrôleur de la Politique agricole commune (PAC), qui a évalué de très nombreux dossiers de Maec, détaille : « Les Maec sont censées inciter à un changement de pratiques et compenser une perte de rendement. Une partie sont très intéressantes, mais dans une majorité de dossiers, on finance des pratiques déjà existantes ou pas forcément pertinentes. » Delphine Jacono, du SNE-FSU, confirme qu’« il y a Maec et Maec, avec des ambitions environnementales très variables ». Elle alerte donc sur le fait que « faire du saupoudrage indifférencié serait une nouvelle atteinte aux objectifs environnementaux et climatiques ».

    Thierry Burlot, qui craint que l’affaire ne décourage les agriculteurs partisans d’un changement de modèle, se veut, lui, beaucoup plus conciliant avec les Maec. Quant à Ludovic Brossard, qui est allé à la rencontre des agriculteurs en colère ce mardi, il assure que la grande majorité de ces exploitants s’engagent dans des mesures vraiment intéressantes pour l’environnement. « Ces agriculteurs se disent qu’il leur manque des millions d’euros et que quelques jours plus tôt la FNSEA a été écoutée en déversant du lisier sur les préfectures. Forcément, ils se disent que les choses marchent comme ça. » Mais n’est pas la FNSEA qui veut : ce mardi soir, les agriculteurs de la Confédération paysanne ont été évacués avec force par la police.

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