• Mondialisation : vers un capitalisme anti-libéral

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/mondialisation-vers-un-capitalisme-anti-liberal-2138740

    L’élection de Donald Trump et ses déclarations sur le Panama, le Groenland et le Canada laissent entrevoir un retour d’anciennes logiques impérialistes de prédation des territoires et des ressources dans l’organisation de l’économie mondiale.

    Avec Arnaud Orain Historien, économiste, directeur d’études à l’EHESS et Julia Tasse Chercheuse à l’IRIS

    #radio #imperialisme #liberalisme #puissance #geopolitique #libertesdesmers #toread

    • Le monde confisqué
      Essai sur le capitalisme de la finitude (XVIᵉ - XXIᵉ siècle)

      L’utopie néolibérale d’une croissance globale et continue des richesses est désormais derrière nous. Mais le capitalisme n’est pas mort pour autant. Sa forme actuelle n’est ni réellement nouvelle ni totalement inconnue, car elle est propre à tous les âges où domine le sentiment angoissant d’un monde « fini », borné et limité, qu’il faut s’accaparer dans la précipitation. Ce capitalisme se caractérise par la privatisation et la militarisation des mers, un « commerce » monopolistique et rentier qui s’exerce au sein d’empires territoriaux, l’appropriation des espaces physiques et cybers par de gigantesques compagnies privées aux prérogatives souveraines, qui dictent leurs rythmes.
      Dans cet essai, Arnaud Orain dévoile ce « capitalisme de la finitude » et en éclaire les mécanismes aux trois périodes où il s’épanouit : XVIᵉ - XVIIIᵉ siècle, 1880-1945, 2010 à nos jours. L’auteur offre une toute nouvelle perspective sur l’histoire mondiale et éclaire les grands enjeux de notre temps.

      https://editions.flammarion.com/index.php/le-monde-confisque/9782080466570

    • « Le monde entre dans une nouvelle ère de domination du capitalisme de la finitude », Pierre-Cyrille Hautcœur [à propos de Le Monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude, d’Arnaud Orain]

      Un futur président des Etats-Unis qui annonce son intention de contrôler (voire d’absorber) des territoires appartenant à ses alliés, des patrons de très grandes entreprises qui refusent les règles démocratiquement imposées à leur fonctionnement, des dirigeants et penseurs qui revendiquent l’affrontement viril comme mode de fonctionnement normal du capitalisme… Ces comportements sèment le trouble dans les esprits depuis quelques semaines.

      Le dernier livre d’Arnaud Orain, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), intitulé Le Monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (Flammarion, 368 pages, 23,90 euros), propose une perspective historique de ces comportements. L’auteur définit comme « capitalisme de la finitude » l’attitude d’acteurs économiques majeurs, privés et publics, face à la conscience de la finitude des ressources du monde. Alors que le capitalisme concurrentiel désigne la capacité des humains à créer des objets et à s’enrichir par leur échange (vu comme un jeu à somme positive), celui de la finitude se concentre sur la rivalité insurmontable autour des ressources naturelles que sont les océans (espaces du commerce maritime et ressources halieutiques et minérales), les terres (cultivables et abris de ressources minières) et le travail humain. Il vise l’appropriation – essentiellement par la force et finalement sanctionnée par le droit – de ces ressources par des acteurs suffisamment puissants pour y procéder : entreprises géantes ou Etats, souvent les deux ensemble.

      Le cœur de l’ouvrage propose une chronologie qui démontre que le monde entre depuis une dizaine d’années dans une nouvelle ère de domination de cette forme de capitalisme, après une première à l’époque moderne (XVIIe et XVIIIe siècles) et une deuxième entre 1880 et 1945. Il prolonge la pensée de Fernand Braudel, qui distinguait ce qu’il appelait respectivement « économie » (concurrentielle) et « capitalisme » (monopoliste). Deux systèmes à l’œuvre en parallèle, sans claire dynamique entre eux : le premier pour l’échange ordinaire à moyenne distance, typiquement national, le second pour le long cours, typiquement international.

      Rivalité croissante

      Arnaud Orain part d’un terrain qu’il connaît bien, celui des grandes compagnies à monopole – qu’elles soient des Indes ou d’ailleurs – toujours à la recherche du contrôle des mers, des ports et des territoires d’où extraire des esclaves ou des produits, d’où supprimer la concurrence pour maximiser une rente, non un profit commercial.

      De manière moins attendue, il retrouve ces logiques à l’œuvre dans la « ruée vers l’Afrique » (et aussi vers l’Asie de l’Est) de la fin du XIXe siècle, tant dans les justifications qui en sont données que dans les pratiques, même si le travail forcé remplace l’esclavage à proprement parler. Ce moment est souvent perçu comme le sommet de la mondialisation libérale, sur fond de rivalité croissante entre le Royaume-Uni et l’Allemagne (mais aussi bientôt les Etats-Unis, voire ponctuellement la France). Apparaissent alors tant les discours justifiant le monopole par une nécessaire coopération et un souci des ressources stratégiques que les pratiques d’exclusion des concurrents et de pacte colonial (qui réserve à une métropole les échanges commerciaux avec ses colonies), sur fond de réarmement.

      Chaque chapitre, sur un thème donné, compare les trois périodes d’émergence et de domination du capitalisme de la finitude. Arnaud Orain reprend ainsi le vieux thème selon lequel l’existence d’une hégémonie navale incontestée caractérise tant le XIXe siècle (avant 1880) que la seconde moitié du XXe siècle, et conditionne la « liberté des mers », qui permet des échanges internationaux peu risqués.

      A l’inverse, les périodes de rivalité entre grandes puissances conduisent au retour des convois escortés, à la « piraterie » (définie par les dominants comme toute atteinte à leurs monopoles de transport) et à la concentration des échanges au sein des empires. D’autres chapitres discutent le protectionnisme, le cyberespace, les « nouvelles routes de la soie » ou la relocalisation « en terres amies » des géants du numérique. Un chemin démocratique surmontant la crise écologique est bien difficile à frayer dans ce monde brutal, mais la conclusion ne lui ferme pas tout à fait la porte.

      Pierre-Cyrille Hautcœur (Directeur d’études à l’EHESS, Ecole d’économie de Paris)

      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/15/le-monde-entre-dans-une-nouvelle-ere-de-domination-du-capitalisme-de-la-fini

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