• Pourquoi les absences pour maladie restent plus élevées dans les TPE
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2024/04/17/les-tpe-n-ont-pas-profite-du-recul-general-de-l-absenteisme_6228270_1698637.

    Si, en moyenne nationale, l’absentéisme pour maladie est revenu en 2023 au-dessous de son niveau d’avant Covid-19, il n’en est pas de même pour les entreprises de moins de dix salariés, constate, dans sa chronique, la journaliste du « Monde » Anne Rodier . L’explication principale ? Le télétravail.

    Carnet de bureau. Covid-19, #télétravail, vieillissement de la population active : il y a deux ans, plus de la moitié des chefs d’entreprise pensaient que les #arrêts_maladie allaient continuer d’augmenter. Ils avaient raison, mais seulement pour les petites entreprises. Avec 42 % des salariés arrêtés au moins une fois dans l’année, en moyenne nationale, l’#absentéisme pour maladie est revenu en 2023 au-dessous de son niveau d’avant Covid-19 (44 % en 2019).
    La neuvième édition du baromètre annuel de l’absentéisme de Malakoff Humanis, à paraître mercredi 17 avril, confirme ainsi le recul général des absences pour maladie, révélé quelques jours plus tôt par l’observatoire de la performance sociale Diot-Siaci, mais pour mieux souligner le cas particulier des très #petites_entreprises (TPE) qui, elles, n’en profitent pas.
    Tandis que les entreprises de plus de 1 000 salariés ne comptent plus que 33 % de personnes arrêtées au moins une fois dans l’année 2023 (contre 49 % en 2021), celles de moins de 10 salariés sont passées de 30 % à 38 % puis à 40 % entre 2021 et 2023 [du coup, on se demande d’où sort le chiffre global de 42% cité supra]. En hausse de 10 points de pourcentage en deux ans, les nuages s’amoncellent chez les plus petits, pendant que la situation s’améliore chez les plus grands, indique le baromètre Malakoff Humanis, réalisé du 2 au 24 janvier en interrogeant plus de 2 800 salariés et 400 dirigeants ou DRH du secteur privé.

    Les conditions de travail dans les TPE se seraient-elles dégradées au point de rendre les collaborateurs malades ? « Les arrêts pour troubles psychologiques (…) représentent toujours 15 % des arrêts maladie, et un quart des arrêts longs », mais pour l’ensemble des entreprises. Y aurait-il une nouvelle vague de désengagement qui ne concernerait que les TPE ?

    Respect des arrêts prescrits

    Les salariés qui se disent engagés y sont effectivement moins nombreux qu’auparavant. Mais les réponses de fond sont à chercher ailleurs. « La question des TPE est un vrai sujet que l’on n’avait pas forcément vu. On commence à avoir une vision plus homogène du rôle du télétravail sur les arrêts maladie », analyse Anne-Sophie Godon, directrice des services de Malakoff Humanis.

    Le télétravail généralisé dans les grandes organisations reproduit le phénomène qui, durant les confinements, avait provoqué une chute de l’absentéisme pour maladie. En télétravail, les salariés ont tendance à ne pas déclarer les maladies ordinaires et à continuer à travailler tant bien que mal en restant chez eux. Au cours des douze derniers mois, 45 % des salariés éligibles ont ainsi pris un ou plusieurs jours de télétravail plutôt que d’aller consulter un médecin lorsqu’ils étaient malades, précise le baromètre.

    Une attitude dont ne profitent pas les TPE, qui dominent dans les activités inéligibles au travail à distance : « Le commerce, les transports et l’hébergement-restauration, grands pourvoyeurs d’emploi dans les TPE, sont les principaux secteurs les moins “télétravaillables” », précise la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail. C’est ainsi que, « en 2023, les entreprises de moins de dix salariés constituent la seule catégorie d’entreprise à voir son absentéisme augmenter », affirme Malakoff Humanis. Le télétravail réduit donc bien l’absentéisme, mais pas la maladie [et fait régresser l’accès aux soins ?].

    Or, autre nouveauté de l’année, les salariés des TPE respectent désormais davantage les arrêts prescrits par le médecin qu’auparavant (75 % contre 58 % en 2020). Si c’est parce que les jeunes, plus nombreux dans les TPE, prennent leur santé au sérieux, ce pourrait être une bonne nouvelle.

    #travail

  • La Belgique confrontée à une flambée de l’absentéisme au travail en 2023

    D’après une enquête de la société spécialisée Securex, les défections d’un jour ont crû de plus de 44 % à la suite d’une réforme prévoyant une dispense de certificat médical pour une première journée d’absence.
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)

    Ils ne sont sans doute pas tous paresseux ou en mauvaise santé, mais ils sont peut-être finauds : les travailleurs belges savent apparemment profiter de tous les avantages que leur octroie la loi. Leurs patrons, eux, sont un peu moins satisfaits ; c’est ce que vient de révéler une étude de Securex, une société spécialisée dans les ressources humaines.

    La grande enquête, menée auprès d’environ 24 000 employeurs et 198 000 travailleurs, confirme une flambée de l’#absentéisme en 2023, à la suite d’une réforme adoptée l’année précédente. Elle prévoyait une dispense de certificat médical pour une première journée d’absence. Résultat : une augmentation spectaculaire (+ 44,2 %) de ces défections d’un jour. Et une hausse importante aussi (+ 16 %) du nombre de ceux qui se sont déclarés malades pendant un jour trois fois dans l’année, en conformité avec les nouvelles dispositions.

    « Certains semblent considérer tout cela comme une nouvelle forme de congé », déplore le Voka, la principale organisation d’employeurs flamande. « Les entreprises nous indiquent que des employés estiment avoir droit à ces #arrêts_de_travail et les planifient, parfois des semaines à l’avance. C’était le risque. Aujourd’hui, il est démontré », explique Matthieu Dewèvre, conseiller à l’Union des classes moyennes.

    Réorganisation des tâches

    Les syndicats, en revanche, refusent d’évoquer un quelconque abus. « Un jour d’absence, c’est un signal d’alarme. [Le patron] qui investit dans son personnel et assure un bon équilibre entre travail et vie privée sera, lui, récompensé », affirme, dans le quotidien De Morgen, Raf De Weerdt, secrétaire général du syndicat socialiste ABVV.
    Du côté de Securex, on préfère parler de « proactivité » et de prévention. Détecter un malaise au #travail, la fatigue ou les erreurs éventuelles commises par un employé permet souvent d’éviter les absences, commente la société. Qui souligne aussi qu’impliquer les collègues d’un absent dans la recherche de solutions est une démarche à privilégier.

    Les spécialistes observent par ailleurs que les absences d’un jour, même répétées et forçant à une réorganisation des tâches, sont, en définitive, moins pénalisantes pour les #entreprises que celles, souvent plus longues, prescrites par un certificat médical.

    Il est à noter que, dans les sociétés de moins de 50 personnes, pour lesquelles la loi ne s’applique pas, donc où les travailleurs doivent justifier toute absence, les défections d’un jour ont progressé trois fois moins vite (+ 15 %). Et le pourcentage des employés se disant malades trois fois par an, ou plus, a, lui, baissé de 3,9 %.

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/13/la-belgique-confrontee-a-une-flambee-de-l-absenteisme-au-travail-en-2023_622

    • Donc en Belgique, ils vont à rebours de ce qui se propose en France, c’est a dire rallonger les jours de carence, empêcher toute exception et taxer l’absence.
      Ça m’étonne toujours que de droit européen se porte si peu sur le code du travail ou sur l’économie de marché. Y’a pas de destination commune. Ou alors pas assez dite donc pas assez politisée.

    • Les absences d’un jour dans les grandes entreprises (+50 travailleurs) en Belgique ont augmenté de près de moitié (44,2%) l’année dernière après la suppression du certificat médical pour un jour d’absence en raison de maladie.

      – Je n’arrive pas à savoir si on parle de gens qui ne prennent qu’un seul jour dans l’année, ou de gens qui à chaque fois s’arrêtent juste un jour. Dans tous les cas, j’imagine que cette augmentation s’explique par le fait que des gens qui ne s’arrêtaient jamais s’arrêtent désormais juste un jour (1 ou plusieurs fois).
      – Cette augmentation spectaculaire de 44%, c’est en fait le passage de 2.56% de travailleur.euses à 3.7%... Wow, quelle folie !

      la suppression du certificat médical a entrainé une augmentation significative de l’absentéisme fréquent dans les entreprises de plus de 50 travailleurs. Le pourcentage de travailleurs se signalant malades trois fois ou plus au cours d’une année y a augmenté de 5,74% (passant de 20,91% en 2022 à 22,11% en 2023). Dans les entreprises de moins de 50 travailleurs, on observe le mouvement inverse. Il y a eu une baisse significative de 3,88% (passant de 11,61% en 2022 à 11,16% en 2023).

      Ici, plus que l’augmentation de 21 à 22%, ce qui me semble marquant (même si c’est sûrement déjà connu), c’est la différence de ~10 points entre les grosses et petites entreprises.


      Résultat non commenté dans le post, mais cette augmentation quasi continue depuis 20 ans du « taux de maladie » (je sais pas bien ce que ça veut dire cela dit) de plus d’un an, ça me semble assez inquiétant.

      https://press.securex.be/absenteisme--jamais-autant-de-travailleurs-nont-ete-aussi-frequemment-

  • Le jour de carence dans la fonction publique de l’État : moins d’absences courtes, plus d’absences longues

    (—> c’était 2017...)

    Un jour de carence pour arrêt maladie a été instauré dans la fonction publique au 1er janvier 2012, puis supprimé au 1er janvier 2014. D’après l’enquête Emploi, la mise en place de ce dispositif n’a pas significativement modifié la proportion d’agents de la fonction publique de l’État absents pour raison de santé une semaine donnée. En revanche, la mesure a modifié la répartition des absences par durée. En particulier, les absences pour raison de santé de deux jours ont fortement diminué, tandis que celles d’une semaine à trois mois ont augmenté. La mesure a également eu des effets hétérogènes : les absences courtes ont davantage baissé chez les femmes, chez les jeunes et chez les employés travaillant peu de jours par semaine.

    https://www.insee.fr/fr/statistiques/3181789
    #INSEE

    • #Arrêts-maladies : le gouvernement envisage d’augmenter le nombre de jours de #carence, les employeurs montent au créneau

      Pour faire des économies, le gouvernement veut revoir le système des jours de carence dans le privé, quand les salariés sont en arrêt-maladie. Mais les entreprises ne veulent pas payer la facture.

      Sur le papier, tous les employeurs ne sont pas contre un durcissement des conditions de remboursement des arrêts-maladies. S’il y a plus de jours de carence, ils se disent que ça éviterait quelques abus et arrêts de complaisance, véritable casse-tête pour les entreprises qui doivent gérer les plannings. Mais une fois ce principe posé, les patrons craignent que l’idée du gouvernement, en réalité, ne leur coûte cher.

      Aujourd’hui, lorsqu’ils sont en arrêt-maladie, les salariés du privé ont trois jours de carence. C’est-à-dire qu’ils doivent attendre le quatrième jour pour que la #sécurité_sociale commence à les indemniser. Pour réduire les dépenses, le gouvernement envisage de mettre un cinquième, un sixième, voire un septième jour de carence. En pariant que ça ne changerait pas grand-chose pour la majorité des salariés, puisque ces jours de carence sont très souvent remboursés par leurs employeurs, au moins dans les grandes entreprises.

      Le #patronat milite pour des jours de carences « d’ordre public »

      Mais, forcément, pour les entreprises, si demain il y a quatre, cinq, ou six jours de carence à prendre en charge plutôt que trois, ce sera une charge en plus. Et c’est pour cette raison que le patronat milite pour ce qu’on appelle des jours « d’ordre public ». Ces jours de carence d’ordre public, signifient que des jours seraient sanctuarisés par la loi, qu’en fait personne, ni l’État, ni les entreprises, ne pourraient les compenser. De facto, cette option épargnerait les entreprises. Le #Medef comme la #CPME militent pour qu’elle soit retenue. En revanche, si c’était le cas, les salariés, eux, seraient alors 100% perdants.

      En coulisses, l’exécutif travaille sur cette solution, car selon certaines sources gouvernementales, elle présente l’avantage de rétablir une forme d’équité avec la fonction publique. En effet, les agents publics n’ont qu’un seul jour de carence quand ils sont en arrêt-maladie et celui-ci n’est jamais compensé. Pour le moment, ce ne sont que des pistes, rien n’est encore tranché, selon le gouvernement. Il vise jusqu’à un milliard d’euros d’économie sur les 16 milliards que coûte chaque année le remboursement des indemnités journalières à la sécurité sociale.

      https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-brief-eco/arrets-maladies-le-gouvernement-envisage-d-augmenter-le-nombre-de-jours
      #arrêts_maladie #jours_de_carence #France #travail #coût #indemnisation

    • Et un rapport de la #DRESS (datant de 2015)

      L’effet du délai de carence sur le recours aux arrêts maladie des salariés du secteur privé

      En cas d’arrêt maladie, les salariés du secteur privé perçoivent des indemnités journalières versées par la sécurité sociale au terme d’un délai de carence de 3 jours. Néanmoins, deux tiers d’entre eux sont protégés contre la perte de revenu induite par le délai de carence par le biais de la prévoyance d’entreprise.

      Cette étude évalue l’effet incitatif du délai de carence sur le recours aux arrêts maladie des salariés du secteur privé. Elle mobilise les volets employeurs et salariés de l’enquête Protection sociale complémentaire d’entreprise de 2009. Elle exploite les disparités de couverture durant le délai de carence pour estimer l’effet propre du délai de carence sur les comportements de recours aux arrêts maladie des salariés de plus de 5 ans d’ancienneté à état de santé et conditions de travail équivalents.

      Les résultats indiquent que les salariés couverts durant le délai de carence n’ont pas de probabilité plus élevée d’avoir un arrêt dans l’année, mais ont des durées totales d’arrêt maladie significativement plus courtes.

      https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/dossiers-solidarite-et-sante-1998-2016/leffet-du-delai-de-carence-sur-le-recours-aux

  • Chasse aux #arrêts_de_travail : des médecins dénoncent « une campagne d’#intimidation générale »

    L’#Assurance_maladie contrôle des centaines de #médecins_généralistes qui prescriraient, selon elle, trop d’arrêts de travail, et leur impose des #quotas au mépris de la situation des patients. Des médecins, « écœurés », contestent la démarche.

    « Ça m’a fait perdre confiance en ma pratique. Je me suis dit : où est le problème, qu’est-ce que je ne fais pas bien ? » Comme d’autres confrères et consœurs, Valérie* [1] fait partie des 1000 médecins généralistes ciblés par l’Assurance maladie, parmi 6000 préalablement identifiés. En cause : leur trop grande prescription d’arrêts de travail. En juin 2023, le ministre de l’Économie, #Bruno_Le_Maire, dénonçait l’« explosion » des arrêts de travail et disait vouloir lutter contre les « #dérives » et « #abus ».

    Selon le gouvernement, les arrêts maladie auraient augmenté de 7,9 % en un an, et de 30 % entre 2012 et 2022, passant de 6,4 millions arrêts prescrits en 2012 à 8,8 millions désormais. Les #indemnités_journalières, versées par l’Assurance maladie pour compenser le salaire lors d’un arrête maladie, coûteraient 16 milliards d’euros par an.

    D’où la #chasse_aux_arrêts_de_travail, initiée par le gouvernement, qui se poursuit avec le projet de loi de financement de la #Sécurité_sociale pour 2024, adopté le 4 décembre dernier. Parmi les mesures que la #loi prévoit : la limitation à trois jours des arrêts de travail prescrits lors d’une téléconsultation, sauf prescription par le médecin traitant ou incapacité de se rendre chez le médecin. « Il y a véritablement eu un changement de politique en 2023 », constate Théo Combes, vice-président du syndicat des médecins généralistes MG France. L’homme voit dans cette offensive « une campagne d’intimidation générale contre la profession ».

    La particularité des patients oubliée

    « Qu’on discute de nos pratiques oui, mais on est dans le #soin, pas dans l’abus », réagit Valérie. Installée en Vendée, elle a eu la surprise de recevoir en juin dernier un courrier recommandé de l’Assurance maladie l’informant de sa trop grande prescription d’indemnités journalières. « En six ans, il y a une personne de 36 ans qui m’a demandé de lui faire un arrêt pour un rhume, que j’ai refusé. Là je suis d’accord qu’il ne faut pas abuser, mais ça m’est arrivé une fois ! » met-elle en avant. Surtout, les critères de contrôles ne tiennent selon elle pas du tout compte des particularités des patientèles.

    Partagée entre son cabinet en libéral et l’hôpital, Valérie est spécialisée en addictologie. « Pour les patients avec des problématiques d’addiction, on sait que les arrêts de travail, pour virus ou autre, sont source de rechute. Donc après, la pente est plus longue à remonter, et les arrêts aussi par conséquent. Pareil pour des patients qui ont des troubles psychiatriques, pour qui c’est vraiment source de décompensation », explique-t-elle. La professionnelle de santé a en effet constaté que ses prescriptions d’indemnités journalières ne font qu’augmenter : « Mais parce que ma patientèle ciblée augmente », précise-t-elle.

    Médecin depuis 30 ans dans le troisième arrondissement de Lyon et membre du Syndicat des médecins libéraux (SML), Laurent Negrello fait le même constat : « Je suis dans un quartier un peu défavorisé, avec 50 % de logements sociaux et plus de difficultés, ce qui impacte probablement mes quotas d’arrêts de travail », appuie-t-il. Contrôlé pour la deuxième fois en cinq ans, il insiste aussi sur le contexte sanitaire global, qu’il a vu nettement évoluer ces dernières années. « L’inflation des arrêts est à mon avis aussi due à des #conditions_de_travail qui sont devenues très difficiles. Les gens sont en #burn-out, ont des #accidents, une pression de rentabilité… ». Les conditions de travail (contraintes posturales, exposition à des produits toxiques, risque d’accidents, etc.) ne se sont globalement pas améliorées depuis 30 ans selon le ministère du Travail.

    Crainte de dépasser le quota

    Et il devient de plus en plus compliqué d’obtenir un rendez-vous chez un spécialiste. « À Lyon, il faut trois mois pour voir un orthopédiste ou un rhumatologue, et je ne parle même pas des psys, avec qui c’est impossible… », explique le généraliste. Plus les délais de prise en charge s’allongent, plus l’état d’un patient peut se dégrader et nécessiter un arrêt de travail. La #Caisse_nationale_d’Assurance_maladie (#Cnam) assure de son côté à Basta ! que ses données sont « standardisées » : « On essaie d’avoir des patientèles comparables. » La limite d’arrêts à ne pas dépasser, c’est plus de deux fois la moyenne du département. « Une approche purement statistique », déplore Théo Combes de MG France, qui pointe une « méthodologie contestable à plusieurs niveaux ».

    Alors que Michel Chevalier, médecin depuis 36 ans à Ousse, près de Pau, se remémore d’anciens contrôles par « entretiens confraternels », il déplore aujourd’hui « une absence de dialogue ». Après la réception d’un courrier recommandé en juin, il a été convoqué avec deux jeunes consœurs : « L’une exerce dans un quartier très pauvre de Pau et une autre dans un désert médical. Elle a 34 ans et n’en dort plus depuis le mois de juin », rapporte ce membre du Syndicat de la médecine générale (SMG). Valérie confie elle aussi s’être sentie « stressée d’être pointée du doigt » à la réception de ce courrier : « Je trouve la procédure violente en elle-même. Sachant qu’on a des délégués médicaux qui viennent régulièrement nous voir, avec qui ça se passe très bien. Je pense que ça aurait pu être fait autrement », met-elle en avant.

    À la réception du courrier, chaque médecin dispose d’un mois pour répondre et faire ses observations à l’Assurance maladie, qui décidera si les éléments apportés sont « suffisamment probants », nous détaille le service communication de la Cnam. Si ce n’est pas le cas, la procédure prévoit qu’il soit proposé au médecin ciblé une #mise_sous_objectif (#MSO) : pendant six mois, ce dernier doit réduire ses prescriptions d’arrêts de travail de 15 à 20 %. Ce que Valérie a refusé, comme de nombreux autres : « Heureusement, car au sein du cabinet médical où j’exerce, plus personne ne prend de nouveaux patients sauf moi quand ça touche des problématiques d’addiction. »

    Déjà contrôlé il y a cinq alors, Laurent Negrello avait alors accepté « la mise sous objectif » : « Pendant six mois, j’ai réduit mon temps de travail, donc les patients allaient voir ailleurs et j’ai atteint mes objectifs », relate-t-il avec ironie. Cette année, il a refusé ce procédé qu’il juge « très pesant et stressant » : « On travaille toujours dans la #crainte de dépasser le quota qui nous est imparti. Mais on est un peu dans le #flou parce qu’on ne sait pas vraiment quels sont les quotas exacts. On nous dit qu’il faut baisser de 20 %, mais c’est une zone grise, on ne sait pas comment baisser nos arrêts. Quels sont les critères ? On a face à nous des situations concrètes, donc baisser de 20 % c’est absurde », critique-t-il.

    En cas de refus de mise sous objectif, les médecins peuvent être « mis sous accord préalable », procédure pendant laquelle un médecin conseil de l’Assurance maladie doit valider tous les arrêts de travail prescrits par le médecin sous 48 heures. Valérie raconte avoir été convoquée à une commission ayant pour but de statuer sur sa soumission à ce dispositif en novembre.

    Convoqués à des « #commissions_des_pénalités »

    « Ça m’a occasionné beaucoup de stress et pris beaucoup de temps. J’ai préparé un argumentaire, fait des recherches. Sans compter les deux heures de route pour 30 minutes d’entretien prises sur ma journée de repos », relate-t-elle. La commission a voté à l’unanimité le refus de sa « #mise_sous_accord_préalable ». Mais la professionnelle de santé a dû attendre la réception d’un courrier de la CPAM, mi-décembre, pour avoir la confirmation de « l’abandon de la procédure ».

    Le 7 novembre dernier, Théo Combes a participé à l’une de ces « commissions des pénalités », notamment composées de représentants syndicaux et médecins d’un côté, et de représentants des employeurs et salariés de l’autre. « Des médecins sont venus s’expliquer. Ils étaient proches de la rupture d’un point de vue moral et psychologique, avec des risques suicidaires qui transparaissaient. J’aurais pensé que leurs récits auraient ému un mort, même si c’est peut-être un peu fort. Mais après quatre heures d’audition on s’est dit que c’était vraiment une #mascarade. C’est un système pour broyer les gens, les humilier », décrit le vice-président de MG France, écœuré.

    À l’issue des contrôles, des #pénalités_financières de plusieurs milliers d’euros peuvent s’appliquer s’il n’y a pas d’évolution du nombre de prescriptions d’arrêts de travail. « C’est très, très infantilisant. On a l’impression d’être dans la #punition plutôt que dans le dialogue, et de faire ça intelligemment », déplore Valérie, qui craint pour ses patients tout autant que pour sa profession. « On peut très bien imaginer maintenant que les médecins vont sélectionner les patients et ne plus s’occuper de ceux qui leur font faire trop d’arrêts », ajoute Michel Chevalier.

    L’Assurance maladie espère de son côté avoir un bilan chiffré de ces mesures « autour du deuxième trimestre 2024 ». Michel Chevalier, lui, ne sera plus là : « Le côté dramatique, c’est que j’ai décidé de prendre ma retraite à la suite de ces contrôles, ça a été la goutte d’eau. » Comme il n’a pas trouvé de successeur, ses patients n’ont plus de médecin depuis le 1er janvier.

    https://basta.media/chasse-aux-arrets-de-travail-medecins-denoncent-campagne-intimidation

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1041346
    #santé #France #humiliation #infantilisation #macronisme

    • Pourquoi ce médecin prescrit trois fois plus d’arrêts de travail que la moyenne à #Dieppe

      Le docteur Tribillac exerce au #Val-Druel, à Dieppe. Sanctionné pour avoir délivré trop d’arrêts de travail, il tente en vain d’expliquer la situation à l’Assurance maladie.

      « Je suis un lanceur d’alerte ! », commence #Dominique_Tribillac. Depuis 35 ans, ce médecin de famille exerce dans le quartier du Val-Druel, à Dieppe (Seine-Maritime). Âgé de 70 ans, il est ce que l’on appelle « un retraité actif ».

      Il devrait prendre bientôt sa retraite, avant l’été, mais un problème administratif l’occupe fortement depuis plusieurs mois : l’Assurance maladie l’a sanctionné car il donne trop d’arrêts de travail.

      La Sécurité sociale a fait les calculs, entre le 1er septembre 2022 et le 28 février 2023 : 4 911 journées indemnisées ont été prescrites.
      Trois fois plus d’arrêts de travail

      « Le nombre d’indemnités journalières versées, rapporté au nombre de patients a été de 16,7 », indique l’Assurance maladie. « En Normandie et au sein du groupe de communes semblables au sens de l’indice de défavorisation de l’Insee, l’institut national de la statistique et des études économiques, pour les praticiens exerçant une activité comparable, le nombre d’indemnités journalières versées par nombre de patients est de 5,90. »

      Le médecin du Val-Druel prescrit donc trois fois plus d’arrêts de travail.

      Une lettre aux médecins de France

      Mais le docteur Tribillac ne se laisse pas faire. Il conteste notamment l’indice de défavorisation mis en place par la Sécurité sociale. Selon lui, il ne reflète pas la réalité. « Il est très mal conçu, souligne-t-il. Il fait le contraire de ce qu’il est censé faire ». C’est-à-dire protéger et prendre en compte les populations les plus fragiles.

      « J’ai débusqué une véritable saloperie, ajoute Dominique Tribillac qui a le sentiment qu’on l’empêche d’aller au bout de sa démarche : « L’Assurance maladie essaie d’étouffer l’affaire. »

      Il va même envoyer une lettre ouverte à tous les médecins de France pour raconter son histoire et sa trouvaille concernant le référentiel sécu.
      Une population défavorisée

      Ce docteur, très apprécié de ses patients, ne cesse d’invoquer l’usure de ces derniers, dans un quartier prioritaire de la cité dieppoise. « Un quartier fermé avec une patientèle qui ne bouge pas, précise le professionnel. En tant que médecin de famille, j’ai vu les grands-parents, les parents, les enfants… Les gens qui vivent là y restent. »

      Au Val-Druel, « plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, indique-t-il. Les #polypathologies sont donc plus fréquentes, en moyenne deux fois plus élevées ». Le secteur dans lequel le médecin évolue est principalement touché par des problématiques psychologiques, de l’obésité, de chômage, de tabac, de cancers…

      Manque de spécialistes

      Selon lui, la moitié des habitants de ce quartier populaire arrive à la retraite invalide. « Ce sont des travailleurs qui ont des conditions de travail difficiles, explique Dominique Tribillac. Jusqu’à 45 ans, ils n’ont pas d’arrêt, et après ça commence.

      L’usure se déclare à cause de mouvements répétitifs qui sollicitent les mêmes membres ou muscles. « On arrive donc à une situation bancale en fin de carrière. Le patient peut-il encore travailler ou non, faire le même job… »

      Le médecin pointe aussi le manque de spécialistes dont les délais d’attente pour un rendez-vous sont de plus en plus élevés : « Les gens ne peuvent donc pas reprendre leur travail sans les avoir vus. »

      Un médecin dans l’#illégalité

      Mais tous ces arguments n’ont pas convaincu l’Assurance maladie. Ainsi, le docteur Tribillac a été sanctionné malgré un avis favorable d’une commission consultative pour le laisser exercer sereinement. C’était sans compter sur la direction de la CPAM de Seine-Maritime qui en a décidé autrement. Cette dernière n’a d’ailleurs pas souhaité répondre à nos questions au sujet du médecin du Val-Druel.

      Il exerce donc sa fonction dans l’illégalité depuis le 1er février 2024, refusant de remplir des papiers supplémentaires permettant à un médecin-conseil de vérifier les prescriptions d’arrêts maladie du docteur Tribillac. On appelle cette procédure une MSAP, une mise sur accord préalable.

      « Pas coupable »

      « Je ne suis pas coupable ! », argue-t-il. « Je ne remplirai pas ces dossiers. Ce médecin-conseil devrait plutôt voir ou appeler lui-même mes patients. »

      Conséquence pour ces derniers : ils ne peuvent plus toucher leurs indemnités journalières versées par la Sécu.

      https://actu.fr/normandie/dieppe_76217/pourquoi-ce-medecin-prescrit-trois-fois-plus-darrets-de-travail-que-la-moyenne-

  • Une organisation en #souffrance

    Les Français seraient-ils retors à l’effort, comme le laissent entendre les mesures visant à stigmatiser les chômeurs ? Et si le nombre de #démissions, les chiffres des #accidents et des #arrêts_de_travail étaient plutôt le signe de #conditions_de_travail délétères.

    Jeté dans une #concurrence accrue du fait d’un #management personnalisé, évalué et soumis à la culture froide du chiffre, des baisses budgétaires, le travailleur du XXIe siècle est placé sous une #pression inédite...

    L’étude de 2019 de la Darès (Ministère du Travail) nous apprend que 37% des travailleurs.ses interrogés se disent incapables de poursuivre leur activité jusqu’à la retraite. Que l’on soit hôtesse de caisse (Laurence) ou magistrat (Jean-Pierre), tous témoignent de la dégradation de leurs conditions de travail et de l’impact que ces dégradations peuvent avoir sur notre #santé comme l’explique le psychanalyste Christophe Dejours : “Il n’y a pas de neutralité du travail vis-à-vis de la #santé_mentale. Grâce au travail, votre #identité s’accroît, votre #amour_de_soi s’accroît, votre santé mentale s’accroît, votre #résistance à la maladie s’accroît. C’est extraordinaire la santé par le travail. Mais si on vous empêche de faire du travail de qualité, alors là, la chose risque de très mal tourner.”

    Pourtant, la #quête_de_sens est plus que jamais au cœur des revendications, particulièrement chez les jeunes. Aussi, plutôt que de parler de la semaine de quatre jours ou de développer une sociabilité contrainte au travail, ne serait-il pas temps d’améliorer son #organisation, d’investir dans les métiers du « soin » afin de renforcer le #lien_social ?

    Enfin, la crise environnementale n’est-elle pas l’occasion de réinventer le travail, loin du cycle infernal production/ consommation comme le pense la sociologue Dominique Méda : “Je crois beaucoup à la reconversion écologique. Il faut prendre au sérieux la contrainte écologique comme moyen à la fois de créer des emplois, comme le montrent les études, mais aussi une possibilité de changer radicalement le travail en profondeur.”

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/une-organisation-en-souffrance-5912905

    #travail #audio #sens #reconnaissance #podcast #déshumanisation #grande_distribution #supermarchés #Carrefour #salariat #accidents_du_travail # location-gérance #jours_de_carence #délai_de_carence #financiarisation #traçabilité #performance #néo-taylorisme #taylorisme_numérique #contrôle #don #satisfaction #modernisation #mai_68 #individualisation #personnalisation #narcissisation #collectif #entraide #épanouissement #marges_de_manoeuvre #intensification_du_travail #efficacité #rentabilité #pression #sous-traitance #intensité_du_travail #santé_au_travail #santé #épidémie #anxiété #dépression #santé_publique #absentéisme #dégradation_des_conditions_de_travail #sommeil #identité #amour_de_soi #santé_par_le_travail #tournant_gestionnaire #gouvernance_de_l'entreprise #direction_d'entreprise #direction #règles #lois #gestionnaires #ignorance #objectifs_quantitatifs #objectifs #performance #mesurage #évaluation #traçabilité #quantification #quantitatif #qualitatif #politique_du_chiffre #flux #justice #charge_de_travail

    25’40 : #Jean-Pierre_Bandiera, ancien président du tribunal correctionnel de Nîmes :

    « On finit par oublier ce qu’on a appris à l’école nationale de la magistrature, c’est-à-dire la motivation d’un jugement... On finit par procéder par affirmation, ce qui fait qu’on gagne beaucoup de temps. On a des jugements, dès lors que la culpabilité n’est pas contestée, qui font abstraction de toute une série d’éléments qui sont pourtant importants : s’attarder sur les faits ou les expliquer de façon complète. On se contente d’une qualification développée : Monsieur Dupont est poursuivi pour avoir frauduleusement soustrait 3 véhicules, 4 téléviseurs au préjudice de Madame Durant lors d’un cambriolage » mais on n’est pas du tout en mesure après de préciser que Monsieur Dupont était l’ancien petit ami de Madame Durant ou qu’il ne connaissait absolument pas Madame Durant. Fixer les conditions dans lesquelles ce délit a été commis de manière ensuite à expliquer la personnalisation de la peine qui est quand même la mission essentielle du juge ! Il faut avoir à chaque fois qu’il nous est demandé la possibilité d’adapter au mieux la peine à l’individu. C’est très important. On finit par mettre des tarifs. Quelle horreur pour un juge ! On finit par oublier la quintessence de ce métier qui est de faire la part des choses entre l’accusation, la défense, l’auteur de faits, la victime, et essayer d’adopter une sanction qui soit la plus adaptée possible. C’est la personnalisation de la peine, c’est aussi le devenir de l’auteur de cette infraction de manière à éviter la récidive, prévoir sa resocialisation. Bref, jouer à fond le rôle du juge, ce qui, de plus en plus, est ratatiné à un rôle de distributeur de sanctions qui sont plus ou moins tarifées. Et ça c’est quelque chose qui, à la fin de ma carrière, c’est quelque chose qui me posait de véritables problèmes d’éthique, parce que je ne pensais pas ce rôle du juge comme celui-là. Du coup, la qualité de la justice finit par souffrir, incontestablement. C’est une évolution constante qui est le fruit d’une volonté politique qui, elle aussi, a été constante, de ne pas consacrer à la justice de notre pays les moyens dont elle devait disposer pour pouvoir fonctionner normalement. Et cette évolution n’a jamais jamais, en dépit de tout ce qui a pu être dit ou écrit, n’ai jamais été interrompue. Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation de détresse absolue. La France est donc ??? pénultième au niveau européen sur les moyens budgétaires consacrés à sa justice. Le Tribunal de Nîme comporte 13 procureurs, la moyenne européenne nécessiterait qu’ils soient 63, je dis bien 63 pour 13. Il y a 39 juges au Tribunal de Nîmes, pour arriver dans la moyenne européenne il en faudrait 93. Et de mémoire il y a 125 greffiers et il en faudrait 350 je crois pour être dans la moyenne. Il y avait au début de ma carrière à Nîmes 1 juge des Libertés et de la détention, il y en a aujourd’hui 2. On a multiplié les chiffres du JLD par 10. Cela pose un problème moral et un problème éthique. Un problème moral parce qu’on a le sentiment de ne pas satisfaire au rôle qui est le sien. Un problème éthique parce qu’on finit par prendre un certain nombre de recul par rapport aux valeurs que l’on a pourtant porté haut lorsqu’on a débuté cette carrière. De sorte qu’une certaine mélancolie dans un premier temps et au final un certain découragement me guettaient et m’ont parfois atteint ; mes périodes de vacances étant véritablement chaque année un moment où la décompression s’imposait sinon je n’aurais pas pu continuer dans ces conditions-là. Ce sont des heures de travail qui sont très très chargés et qui contribuent aussi à cette fatigue aujourd’hui au travail qui a entraîné aussi beaucoup de burn-out chez quelques collègues et puis même, semble-t-il, certains sont arrivés à des extrémités funestes puisqu’on a eu quelques collègues qui se sont suicidés quasiment sur place, vraisemblablement en grande partie parce que... il y avait probablement des problèmes personnels, mais aussi vraisemblablement des problèmes professionnels. Le sentiment que je vous livre aujourd’hui est un sentiment un peu partagé par la plupart de mes collègues. Après la réaction par rapport à cette situation elle peut être une réaction combative à travers des engagements syndicaux pour essayer de parvenir à faire bouger l’éléphant puisque le mammouth a déjà été utilisé par d’autres. Ces engagements syndicaux peuvent permettre cela. D’autres ont plus ou moins rapidement baissé les bras et se sont satisfaits de cette situation à défaut de pouvoir la modifier. Je ne regrette rien, je suis parti serein avec le sentiment du devoir accompli, même si je constate que en fermant la porte du tribunal derrière moi je laisse une institution judiciaire qui est bien mal en point."

    Min. 33’15, #Christophe_Dejours, psychanaliste :

    « Mais quand il fait cela, qu’il sabote la qualité de son travail, qu’il bâcle son travail de juge, tout cela, c’est un ensemble de trahisons. Premièrement, il trahi des collègues, parce que comme il réussi à faire ce qu’on lui demande en termes de quantité... on sait très bien que le chef va se servir du fait qu’il y en a un qui arrive pour dire aux autres : ’Vous devez faire la même chose. Si vous ne le faites pas, l’évaluation dont vous allez bénéficier sera mauvaise pour vous, et votre carrière... vous voulez la mutation ? Vous ne l’aurez pas !’ Vous trahissez les collègues. Vous trahissez les règles de métier, vous trahissez le justiciable, vous trahissez les avocats, vous leur couper la parole parce que vous n’avez pas le temps : ’Maître, je suis désolé, il faut qu’on avance.’ Vous maltraitez les avocats, ce qui pose des problèmes aujourd’hui assez compliqués entre avocats et magistrats. Les relations se détériorent. Vous maltraitez le justiciable. Si vous allez trop vite... l’application des peines dans les prisons... Quand vous êtes juges des enfants, il faut écouter les enfants, ça prend du temps ! Mais non, ’va vite’. Vous vous rendez compte ? C’est la maltraitance des justiciables sous l’effet d’une justice comme ça. A la fin vous trahissez la justice, et comme vous faites mal votre travail, vous trahissez l’Etat de droit. A force de trahir tous ces gens qui sont... parce que c’est des gens très mobilisés... on ne devient pas magistrat comme ça, il faut passer des concours... c’est le concours le plus difficile des concours de la fonction publique, c’est plus difficile que l’ENA l’Ecole nationale de magistrature... C’est des gens hyper engagés, hyper réglo, qui ont un sens de la justice, et vous leur faites faire quoi ? Le contraire. C’est ça la dégradation de la qualité. Donc ça conduit, à un moment donné, à la trahison de soi. Ça, ça s’appelle la souffrance éthique. C’est-à-dire, elle commence à partir du moment où j’accepte d’apporter mon concours à des actes ou à des pratiques que le sens moral réprouve. Aujourd’hui c’est le cas dans la justice, c’est le cas dans les hôpitaux, c’est le cas dans les universités, c’est le cas dans les centres de recherche. Partout dans le secteur public, où la question éthique est décisive sur la qualité du service public, vous avez des gens qui trahissent tout ça, et qui entrent dans le domaine de la souffrance éthique. Des gens souffrent dans leur travail, sauf que cette souffrance, au lieu d’être transformée en plaisir, elle s’aggrave. Les gens vont de plus en plus mal parce que le travail leur renvoie d’eux-mêmes une image lamentable. Le résultat c’est que cette trahison de soi quelques fois ça se transforme en haine de soi. Et c’est comme ça qu’à un moment donné les gens se suicident. C’est comme ça que vous avez des médecins des hôpitaux, professeurs de médecine de Paris qui sautent par la fenêtre. Il y a eu le procès Mégnien, au mois de juin. Il a sauté du 5ème étage de Georges-Pompidou. Il est mort. Comment on en arrive là ? C’est parce que les gens ont eu la possibilité de réussir un travail, de faire une oeuvre, et tout à coup on leur casse le truc. Et là vous cassez une vie. C’est pour cela que les gens se disent : ’Ce n’est pas possible, c’est tout ce que j’ai mis de moi-même, tous ces gens avec qui j’ai bossé, maintenant il faut que ça soit moi qui donne le noms des gens qu’on va virer. Je ne peux pas faire ça, ce n’est pas possible.’ Vous les obligez à faire l’inverse de ce qu’ils croient juste, de ce qu’ils croient bien. Cette organisation du travail, elle cultive ce qu’il y a de plus mauvais dans l’être humain. »

    #suicide #trahison #souffrance_éthique

    • Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail #jusqu’à_la_retraite ?

      En France, en 2019, 37 % des salariés ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. L’exposition à des #risques_professionnels – physiques ou psychosociaux –, tout comme un état de santé altéré, vont de pair avec un sentiment accru d’#insoutenabillité du travail.

      Les métiers les moins qualifiés, au contact du public ou dans le secteur du soin et de l’action sociale, sont considérés par les salariés comme les moins soutenables. Les salariés jugeant leur travail insoutenable ont des carrières plus hachées que les autres et partent à la retraite plus tôt, avec des interruptions, notamment pour des raisons de santé, qui s’amplifient en fin de carrière.

      Une organisation du travail qui favorise l’#autonomie, la participation des salariés et limite l’#intensité_du_travail tend à rendre celui-ci plus soutenable. Les mobilités, notamment vers le statut d’indépendant, sont également des moyens d’échapper à l’insoutenabilité du travail, mais ces trajectoires sont peu fréquentes, surtout aux âges avancés.

      https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quels-facteurs-influencent-la-capacite-des-salaries-faire-
      #statistiques #chiffres

  • Un collectif de plus de 120 médecins généralistes dénonce des pressions de l’assurance maladie pour réduire les #arrêts_de_travail
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/arrets-de-travail-des-medecins-denoncent-des-pressions-de-lassurance-mala

    En cette fin 2023, des milliers de médecins traitants sont « priés » par l’Assurance maladie de prescrire moins d’arrêts de travail, sur ordre de Bercy. « Priés », ou, plus exactement menacés de sanctions s’ils n’appliquent pas les procédures de mises sous objectif (MSO), et de mises sous accord préalable (MSAP).

    La MSO consiste à faire signer au médecin un contrat avec l’#Assurance_maladie, l’engageant à baisser ses prescriptions d’arrêt de travail d’un certain pourcentage. Si le médecin n’y parvient pas, il est sanctionné par une #amende de 6 800 euros en moyenne, renouvelable après chaque période d’observation… S’il refuse la MSO, le médecin se voit imposer la MSAP, qui l’oblige, pour chaque prescription d’arrêt, à solliciter l’accord préalable du médecin-conseil de l’Assurance maladie. Il est en quelque sorte mis sous tutelle : à la fois infantilisé vis-à-vis de ses patients, et culpabilisé puisqu’il sera rendu responsable par la Sécurité sociale du retard de paiement des indemnités journalières que cela entraîne.

    Ces procédures sont appliquées tous les ans depuis 2004 à de nombreux médecins désignés « forts prescripteurs ». Mais en 2023, le nombre de médecins déclarés en excès statistique et donc inquiétés par la Sécurité sociale a explosé, touchant plusieurs milliers d’entre eux, soit environ un quart des médecins traitants.

    Dans le viseur de la Sécu

    Chaque médecin traitant est statistiquement comparé à un groupe de médecins estimé comparable, alors que cette comparaison repose presque exclusivement sur des critères socio-économiques de sa commune d’exercice, et non pas sur les pathologies de ses patients. Or, une patientèle peut être très différente d’un médecin à l’autre, et donc générer d’importants écarts de prescription.

    Par exemple, un médecin installé dans un quartier « populaire » risque d’avoir beaucoup de patients pratiquant des travaux manuels et pénibles, présentant des pathologies musculo-squelettiques, par exemple des tendinites, nécessitant souvent des arrêts de #travail.

    D’autres médecins traitants qui pratiquent la psychothérapie prennent en charge de nombreux patients fragiles au niveau psychiatrique, dont l’état de santé nécessite parfois des prescriptions d’arrêts longs ou répétés. Ces médecins se trouvent de facto dans le viseur de la Sécurité sociale.

    En outre, cette comparaison se base sur des indicateurs parfois inexacts : arrêts de travail prescrits par d’autres médecins imputés au médecin traitant, failles quotidiennes dans les logiciels de l’Assurance maladie. Il est fréquent que des médecins se voient attribuer certains actes techniques qu’ils ne pratiquent jamais !

    L’Assurance maladie ne semble plus s’intéresser à la #santé des #patients. Lors de nos convocations à la Sécurité sociale, nous devons nous justifier sans donner d’éléments médicaux. Quelles que soient nos explications, l’entretien se termine presque toujours par une menace de sanctions… Seuls les chiffres comptent, aux dépens de la santé du patient. C’est le #délit_statistique. Nous n’exerçons plus sereinement notre métier : dans notre esprit se télescopent l’intérêt du patient et le nôtre. Soit nous choisissons de prioriser la santé du patient et prescrivons l’arrêt qui nous met en danger statistique, soit nous priorisons notre sécurité statistique et mettons de côté la santé du patient, en contradiction avec notre éthique.

    Des symptômes de souffrance au travail

    Nous appréhendons à présent les consultations qui pourraient mener à la prescription d’un arrêt, perdant parfois l’empathie nécessaire pour nos patients et développons nous-mêmes des symptômes traduisant notre souffrance au travail. Le « #management » que l’Assurance maladie exerce sur nous a de sérieuses analogies avec le management funeste qui fut celui de grandes entreprises… et avec celui que subissent nombre de nos patients en burn-out.

    Par ailleurs, tenir pour seuls responsables les médecins traitants de la hausse du montant des #indemnités_journalières est injuste et contre-productif.

    Cette hausse a bien été expliquée par de nombreux économistes : hausse du nombre d’actifs, de leurs salaires et donc du montant des indemnités journalières, vieillissement des actifs, hausse des maladies de longue durée, des maladies mentales, les suites de Covid, etc. Sans oublier l’impact déprimant et angoissant du monde, entre pandémie, guerres, perte du pouvoir d’achat et bien sûr la question climatique… De plus, le manque global de toutes les spécialités médicales, dont les médecins du travail et de médecins-conseils de la Sécurité sociale chargés de favoriser le retour au travail des patients, ne fait que retarder leur prise en charge et leur retour au travail.

    Par ailleurs, trop de médecins d’autres spécialités délèguent au #médecin_traitant la prescription de l’arrêt de travail qu’ils pourraient rédiger eux-mêmes.

    La France manque cruellement de médecins traitants, avec une baisse des effectifs de plus de 10% depuis 2010. C’est une spécialité très exigeante et l’une des moins rémunérées.

    Laissez-nous soigner !

    Les pressions croissantes de l’Assurance maladie ne font qu’aggraver ce déficit : les jeunes ne veulent plus s’installer, et de nombreux médecins déjà installés se déconventionnent ou se désinstallent, blessés et épuisés.

    Nous acceptons bien entendu les contrôles de l’Assurance maladie, car il s’agit d’argent public, mais uniquement sur des critères médicaux, dossier par dossier. Nous refusons le contrôle statistique, déshumanisé, déconnecté des pathologies de nos patients. Ce ne sont ni des individus standards que nous recevons, ni des chiffres, ce sont des êtres humains, tous différents.

    Laissez-nous exercer notre métier sereinement, qui nous fait accompagner le patient de la naissance jusqu’à la mort, nous place en première ligne, et parfois en dernier rempart quand tout s’effondre.

    Laissez-nous soigner en toute humanité !

    Ni complaisants, ni délinquants. Soignants, tout simplement.

    #soins #maltraitance #médecine #médecine_générale

    • La France ne part toutefois pas de zéro. Au sein des hôpitaux, des équipes mènent déjà un travail remarquable pour soulager les symptômes des malades. Mais cet effort doit être amplifié, comme doit être améliorée la formation des médecins généralistes. Un enjeu majeur de santé publique, d’autant plus crucial que personne ne sait ce que cette épidémie apparue il y a quatre ans nous réserve à l’avenir.

    • L’analyse des données de l’Assurance maladie montre en particulier qu’entre 2021 et 2022, le coût des #indemnités_journalières liées à #Covid-19 explique au moins 45 % de la hausse des #arrêts_maladie par rapport à 2019. Vague après vague, le virus continue de toucher les populations, avec un coût des arrêts maladies liés à Covid identifié à 860 millions d’euros en 2021 et 1,7 milliards en 2022.

      Il y a bel et bien un lien inflationniste. Il n’est pas entre téléconsultation et arrêts maladie, mais entre Covid et arrêts maladie, pour la simple raison que le virus continue à frapper la population plusieurs fois par an. On aimerait que l’Assurance maladie joue un rôle constructif et s’implique plus dans la prévention, un de ses points faibles structurels par rapport aux mutualistes et assureurs, au lieu de d’accuser l’innovation de tous les maux.

      http://www.institutmolinari.org/2023/11/10/sante-la-teleconsultation-ne-doit-pas-etre-un-bouc-emissaire-2

      #covid_long #post_covid

  • Face à l’intensification du travail, les jeunes plongent dans un malaise profond : « Je m’enfonçais dans le travail, je n’avais plus de distance »


    PAUL BOUTEILLER

    Tâches absurdes, rythme intense, précarité de l’emploi, absence de seniors pour les guider… les transformations du monde professionnel génèrent de la souffrance chez les jeunes salariés. Le nombre d’arrêts-maladie explose chez les moins de 30 ans.

    Lorsque Robin (certains prénoms ont été modifiés) se rend chez son médecin, courant 2022, il ne pense pas en ressortir avec un #arrêt_de_travail. A seulement 27 ans, cette option ne semble même pas pouvoir traverser l’esprit de ce chef de projet dans une agence de création de sites Web. « J’avais poussé la porte de son cabinet pour avoir des somnifères, dans l’espoir de retrouver le sommeil et de continuer à fonctionner au boulot. » Mais le fait est qu’il ne peut plus continuer, l’alerte alors le professionnel de #santé. Robin a été essoré par le surcroît de travail dans la start-up où il est salarié, qui connaît alors une croissance fulgurante, au point d’avoir vu ses effectifs tripler en quelques mois et son portefeuille clients s’étoffer plus encore.

    Face à la pression mise sur son équipe, très jeune comme lui et peu accompagnée par des seniors, il a développé des symptômes d’anxiété professionnelle de plus en plus invalidants. Sans « les outils adéquats » et surtout « sans le temps nécessaire » pour répondre aux demandes grandissantes de #clients au profil nouveau, il passe ses nuits à se repasser les difficultés éprouvées dans la journée, et se rend le matin au travail la boule au ventre. Avant son arrêt, il se surprend à fondre en larmes à plusieurs reprises après des rendez-vous clients. « Dans le bureau du médecin, j’ai mesuré que la situation avait vraiment dérapé », souffle Robin, qui a dû être arrêté durant un mois.

    Etre contraints de se mettre sur pause dès le début de leur vie professionnelle : de nombreux jeunes diplômés y sont désormais confrontés. La santé au travail se dégrade ces dernières années, et en particulier pour les plus jeunes. Alors que le nombre d’arrêts-maladie atteignait un niveau record en 2022, comme le constataient deux études parues cet été, la progression la plus frappante concerne en effet les moins de 30 ans. Selon l’une d’elles, publiée par le cabinet de conseil WTW en août à propos du secteur privé, le taux d’absentéisme – un indicateur RH qui prend (notamment) en compte les #arrêts-maladie, les #accidents_de_travail, les #absences_injustifiées – dans cette tranche d’âge a augmenté de 32 % en quatre ans, avec un bond important chez les cadres.

    Si aucune de ces études ne détaille les motifs de ces absences, la Sécurité sociale note que les premières causes des arrêts longs prescrits en 2022 relevaient de troubles psychologiques, comme l’anxiété, la dépression ou l’épuisement. Et, en la matière, d’autres enquêtes concordent : les jeunes sont bien touchés de plein fouet par une dégradation. Chez les 18-34 ans, les arrêts liés à la souffrance au travail ont ainsi bondi de 9 %, en 2016, à 19 %, en 2022, selon un baromètre du groupe mutualiste Malakoff Humanis. La consommation de somnifères, d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs par les salariés de moins de 30 ans a également doublé entre 2019 et 2022, précise cette étude.

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/10/30/face-a-l-intensification-du-travail-les-jeunes-plongent-dans-un-malaise-prof
    https://archive.ph/yNJPw

    #précaires #présentéisme #management #intensification_du_travail #sous-effectifs #télétravail #concurrence #isolement #travail #précarité_de_l’emploi #emploi #santé_au_travail #violence_économique

  • Travailler en étant malade, un phénomène plus préoccupant que les prétendus arrêts maladie de confort | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/160823/travailler-en-etant-malade-un-phenomene-plus-preoccupant-que-les-pretendus

    Cet été, Bercy a lancé la chasse aux arrêts maladie dits « de complaisance ». Selon Alain Vilbrod, sociologue breton spécialisé dans la santé, ce phénomène est infiniment plus négligeable que celui du présentéisme, qui consiste pour des salariés souffrants à aller au travail malgré leur condition.
    [...]
    Dans un communiqué de presse, Agnès Giannotti, médecin généraliste et présidente de MG France, plus grand syndicat de généralistes détaille les nombreuses raisons qui peuvent expliquer l’augmentation du nombre d’arrêts maladie : « La part des pathologies psychiques a augmenté considérablement… Les troubles musculo-squelettiques liés aux emplois physiques rendent le maintien dans l’emploi souvent difficile à partir de 55 ans… Sans parler de ces patients en attente pendant de longs mois d’un traitement chirurgical ou de rééducation faute de place ou de rendez-vous. Il ne s’agit en aucun cas d’arrêts de complaisance ni d’absentéisme. »
    [...]
    Du côté de Bercy, on martèle ce chiffre : les arrêts maladie seraient en hausse de 30 % depuis dix ans. Que dit ce chiffre du monde du travail ?

    Ce chiffre dit quelque chose de la prise d’âge des salariés, puisqu’en France on travaille de plus en plus tard. Il dit aussi la précarité du travail dans nombre de secteurs, qui va en s’accroissant. Il est aussi dû au fait que les employeurs ont de plus en plus recours à des contrats courts. Il dit, enfin, d’importantes dégradations des conditions de travail.
    [...]
    Les conditions de travail sont au cœur même des questions d’absence au travail – puisque je n’aime pas le terme d’absentéisme que je trouve jugeant – mais aussi de présentéisme, qui est le fait pour des salariés malades de venir quand même au travail et qui est beaucoup plus représentatif et important que les prétendus « arrêts maladie de complaisance ».

    Et en France, les conditions de travail sont dégradées dans un grand nombre de secteurs. Moi, je peux parler de ce que je connais le mieux, le secteur du sanitaire et social où les conditions de travail se sont détériorées ces dernières années, autant dans les Ehpad et les hôpitaux que dans les cliniques, au point que ces établissements peinent à recruter de nouveaux salariés.
    [...]
    La Dares, le service de statistiques du ministère du travail, a, par exemple, donné ce chiffre sur le présentéisme : sur onze jours d’arrêts maladie, en moyenne, trois sont travaillés. Les études de la caisse de retraite complémentaire Mederic (devenu Malakoff Humanis) se penchent aussi sur la question régulièrement et ne constatent pas autre chose : selon elles, un quart des arrêts maladie ne sont pas respectés.

    https://jpst.it/3loAH

    #santé_au_travail #souffrance_au_travail #présentéisme #contrôle_social #obligation_du_travail #troubles_musculo-squelettiques #troubles_psycho-sociaux

  • [la maladie comme outil de lutte] Travail forcé, jubez, Soignant
    https://blogs.mediapart.fr/jubez/blog/010823/travail-force

    Le gouvernement multiplie les mesures pour contraindre les travailleurs à travailler plus, plus mal, plus longtemps, voire gratuitement, et les maintenir au travail à tout prix ; alors que les conditions de travail n’ont fait que se dégrader sous le régime néocapitaliste. Une résistance à ce travail forcé s’impose. Les arrêts maladie en font partie.

    Le ministre de l’économie monte au créneau contre les arrêts maladie dits de complaisance. Des salariés seraient en arrêt maladie alors qu’ils ne sont pas malades. Les médecins (généralistes) vont être davantage contrôlés et sanctionnés, les salariés aussi, les employeurs incités à envoyer des médecins contrôleurs de sociétés privées pour s’assurer de la réalité de la maladie.
    Les allocataires du RSA vont devoir travailler gratuitement pour des entreprises. Ce serait pour les inciter à reprendre le travail, et pour que cet argent de la collectivité ne soit pas donné sans contrepartie. Devant le tollé, il ne serait prévu que ça ne concerne que les volontaires. N’empêche, quoi de mieux qu’une main d’œuvre gratuite.
    Pour ceux qui seront encore en état, ils devront partir à la retraite à 64 ans, soit 4 ans après leurs parents. Là encore plus de travail, plus de temps au travail.
    Les conditions de travail et les relations avec les employeurs, grandes comme petites entreprises, sont à ce point dégradées, que pour un certain nombre de salariés en situation de souffrance au travail, la seule échappatoire en ne perdant pas tout droit était l’abandon de poste. C’était considéré comme une faute grave, et le salarié, s’il perdait toute indemnité de départ, avait encore droit au chômage. Maintenant l’abandon de poste est considéré comme une démission. Crever sur place ou crever de faim. On a encore le choix.
    Les modalités d’inscription, d’indemnisation et de contrôle des chômeurs se sont durcies, et les modalités de radiation allégées. Pôle emploi renommé France Travail (tiens comme par hasard) devient plus que jamais une police des chômeurs, des fainéants, et de moins en moins, s’il l’a jamais été, une aide au retour à l’emploi.

    [...]

     Après 20 ans d’exercice de la médecine générale en libéral, j’ai craqué, et ai voulu me reconvertir vers la médecine du travail. Comme libéral je n’avais pas l’arrêt de travail facile et ça se savait. Cela dit, mon constat de l’époque était que j’étais beaucoup plus souvent confronté à des refus d’arrêt maladie de la part de patients qui en avaient besoin qu’à des demandes dites de complaisance. Ca a dû m’arriver deux fois. Un flic. Une dame seule qui ne se remettait pas de la mort de son animal de compagnie.
    Et puis j’ai découvert la santé au travail. La moitié des consultations étaient liées à la souffrance au travail, quelle que soit la taille de l’entreprise. J’ai eu les témoignages de salariés qui ont dépendu leur responsable dans la réserve de la grande surface. J’ai eu un salarié que j’ai hospitalisé en urgence car il allait mettre fin à ses jours. Après son hospitalisation il est revenu pour me remercier car ce jour là il avait pris une hache dans sa voiture, et s’apprêtait à aller tuer son patron en sortant de la consultation. Lorsque j’ai rencontré le dit patron pour l’inaptitude au poste de son salarié, il n’a cessé de gloser sur la fainéantise du personnel qui ne pensait qu’à sa santé et jamais à la santé de l’entreprise. Je ne cessais intérieurement de me répéter : « je t’ai sauvé la vie connard, et tu ne le sauras jamais ». Je pourrais multiplier les exemples.
    J’ai découvert une véritable épidémie, et je pèse mes mots, de souffrance au travail, et personne n’en avait rien à foutre.

    #travail #maladie #arrêts_de_travail #grève_travestie #Saint-Lundi_everyday #MaladieÉgaleVie
    https://seenthis.net/messages/1011734

  • Le gouvernement à l’offensive contre les arrêts de travail « de complaisance »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/01/le-gouvernement-a-l-offensive-contre-les-arrets-de-travail-de-complaisance_6

    Le gouvernement à l’offensive contre les arrêts de travail « de complaisance »

    La volonté de l’exécutif de réguler la recrudescence des dépenses liées aux arrêts maladie est soutenue par des organisations patronales et contestée par les syndicats.

    Par Bertrand Bissuel et Thibaud Métais
    Publié aujourd’hui à 05h35

    Voilà un thème rêvé pour communiquer à la fois sur le sérieux budgétaire et la lutte contre les fraudes. Alors que les dépenses liées aux arrêts de travail s’envolent à un rythme de plus en plus soutenu, le gouvernement cherche à contrer cette évolution, qui pèse sur les comptes de la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM). A plusieurs reprises, depuis la fin du mois de mai, les ministres représentant Bercy ont exprimé leur volonté d’agir, à travers des mesures qui, depuis, ont commencé à être mises en œuvre, tandis que d’autres sont envisagées dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale de 2024, dont l’examen au Parlement est prévu à l’automne.

    https://jpst.it/3k07I

    • Puisque travail partout et grève nulle part, il est peut-être temps de s’inspirer de la mobilisation des chtars qui démontre les avantages de la grève dissimulée, de la grève travestie. Syndiqués ou pas, salariés garantis ou pas, pratiquons et incitons à l’arrêt de travail. C’est bon pour la planète. Et, c’est collectivement, par delà les premiers concernés, que la maladie redonne la santé aux travailleurs. On en peut pas seulement compter sur les effets du covid long, ce truc psy pour lequel la GB interdit le don de sang ! Une multiplication significative des arrêts de travail, les plus longs possibles, permettrait à bien des discriminés à l’embauche, à bien des chômeurs et précaires, d’accéder à du salaire, de la prime d’activité, et ensuite d’accéder à une alloc dont plus de la moitié des chômeurs sont privés. Les avantages sont nombreux, pesez-y ! Souvenons-nous par exemple qu’être au travail diminue drastiquement le risque pour arabe ou un noir de se faire lyncher par la police.

      Pour travailler moins, réduire le temps de travail, le partager, du côté des syndicats ou de feu le Mouvement ouvrier, il n’y a plus guère de ressources. Une des options, faute de rente ou d’emploi fictif, c’est d’aller voir chez l’ennemi.

      Un extrait d’une brochure « Maman travaille » réalisée sous l’égide de Schiappa avec des suggestions utiles pour obtenir un arrêt de travail

      Les mères nous montrent le chemin. Dans le répertoire du difficile à contrôler : le mal de dos, la dépression. Pour entrer dans la peau du personnage, on trouve sans mal autour de soi et sur internet des premier.e.s concerné.e.s qui décrivent leur symptômes et les éventuels effets bénéfiques et secondaires de médicaments susceptibles d’être prescrits (c’est un théâtre à accessoires).

      #CNAM #arrêts_de_travail #grève_travestie #Saint-Lundi_everyday #MaladieÉgaleVie #travail #sabotage

    • Le tôlier fait déjà ça. Il préfère voir les gens en arrêt maladie à la maison plutôt que combatifs ou peu productifs au boulot. Et puis de toutes façons il trouvera toujours un remplaçant moins cher. Et chacun bouffe sa merde. La personne en arrêt long, de son côté, tombe à mi-traitement au bout de trois mois et celles que j’ai connues dans cette situation-là n’étaient pas vraiment en meilleur état psychologique, physique et financier qu’en bossant.
      Maintenant, moi je ne porte aucun jugement moral. Si les conditions, comme dirait l’autre, sont réunies pour créer un mouvement de masse solidaire et imposer de cette façon le moyen d’échapper au salariat, je n’y vois aucun inconvénient. Mais j’ai de sérieux doutes sur la chose.

      Et puis, en retraite, je ne suis pas le mieux placé pour avancer ce genre de proposition.

    • de masse, je ne crois pas. les conditions sont rarement réunies pour que, comme dans le cas de l’esprit de corps policier, une minorité significative se fasse arrêter suite à une décision collective. mais dans certains secteurs (éducation au premier chef, mais ça marche pas on voit plutôt des démissions...), ce serait une possibilité. par ailleurs, ayant pratiqué, il existe des mutuelles qui complètent le salaire en cas d’ALD avec baisse de traitement. il est aussi possible de faire de ces moments des périodes bien plus actives que l’emploi. et lorsqu’il n’y a pas de possibilité de lutte dans l’emploi, de lutter ailleurs.

      le souci c’est que la réduction du temps de travail est bien là, organisée par le capital. et que rependre pied sur ce terrain suppose non seulement des revendications générales (celle d’une garantie de revenu, c’est à dire dune réduction du temps de travail qui soit payée, revendication d’ailleurs passée à la trappe depuis les défaites des mouvements de précaires, 25 ans maintenant, si on excepte le rebond de le la lutte des intermittents et précaires en 2003, depuis, on les préserves à part afin d’éviter toute généralisation...) mais aussi des pratiques qui mettent en oeuvre des formes de rotation quant à ce « bien rare » qu’est l’emploi-salaire. par exemple d’inciter les précaires à ne pas s’employer plus que ce qui est nécessaire à une ouverture de droit (laisser de l’emploi aux autres), et les « garantis » à chômer.

      nb au chômage, on n’échappe pas au salariat, on y est dans une situation particulière qui a une portée générale : précarité de l’emploi, contrôle par delà l’entreprise

    • L’Assurance Maladie dévoile un plan pour réduire les dépenses de santé de 1,3 milliard d’euros, 4 juillet 2023
      https://www.caducee.net/actualite-medicale/16163/l-assurance-maladie-devoile-un-plan-pour-reduire-les-depenses-de-sante-de-1

      Les arrêts maladie et leurs prescripteurs dans le viseur

      Avec 16 milliards d’euros en valeur, les arrêts maladie ont bondi de 8 % en 2023 et représentent pour la CNAM un vivier d’économie important. Le nombre d’arrêts maladie a augmenté de manière significative au cours des dernières années, passant de 6,4 millions en 2012 à près de 9 millions en 2022. Cette augmentation peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment l’augmentation des salaires, l’inflation et le #vieillissement de la population. L’assurance maladie pointe également une augmentation de leur durée ainsi qu’une augmentation du taux de recours aux indemnités journalières.

      Pour réduire les dépenses liées aux arrêts maladie, le gouvernement envisage d’impliquer davantage les employeurs, d’ajouter un jour de carence et de renforcer les contrôles au niveau des prescripteurs.

      De son côté la CNAM a lancé une vaste campagne de #contrôles des arrêts de travails auprès des #médecins_généralistes les mettant ainsi à l’index et leur imposant une pression comptable sur des prescriptions qui sont dans leur large majorité complètement justifiées.

      « Une campagne à visée comptable fondée sur l’intimidation des professionnels de santé »

      La Dr Agnès GIANNOTTI, présidente de MG France s’est ému de cette situation dans une lettre ouverte à la population soulignant le désinvestissement progressif de la CNAM et de l’état dans la santé des Français.

      Pour elle l’augmentation des arrêts maladie s’explique d’abord par le mauvais état de santé de la population.

      La proportion de pathologies psychiques a connu une augmentation notable, reconnue par l’UNCAM dans sa lettre de cadrage de la convention médicale, soulignant l’augmentation des consultations pour #souffrance_psychique en médecine générale. Les #troubles_musculo-squelettiques, souvent liés à des emplois physiques, rendent le maintien en poste de plus en plus difficile à partir de 55 ans, tandis que parallèlement, le nombre de trimestres nécessaires pour bénéficier d’une retraite décente a augmenté. Sans oublier ces patients qui attendent pendant de longs mois un traitement chirurgical ou de rééducation, faute de disponibilité ou de rendez-vous. Il ne s’agit en aucun cas d’arrêts de travail de complaisance ou d’absentéisme. [quant aux #covid_long, n’en parlons surtout pas, soit on se fait arrêter sous couvert dun des symptômes, soit c’est au cas par cas que mon peut, ou pas, obtenir l’ALD correstpndante]

      En outre, l’expansion des plateformes de #téléconsultation, soutenues par l’État comme en témoigne leur accessibilité directe via Mon espace santé, et la volonté déclarée d’éliminer le plafond de 20 % de téléconsultations par médecin ont conduit à une hausse inquiétante des arrêts maladie [ce qui serait chouette si cela se conjuguait avec une baisse des prescriptions inutiles ou nuisibles]. En l’absence de possibilité d’interdire le remboursement de ces arrêts de travail prescrits via ces plateformes — une mesure qui pénaliserait les utilisateurs plutôt que de réguler l’utilisation des dispositifs conventionnels par ces structures — l’Assurance Maladie a déplacé ces contrôles vers les médecins généralistes, menaçant 30 % d’entre eux.

      « Que l’on ne s’y méprenne pas, si seuls 2 % des médecins seront in fine sanctionnés, contrôler 30 % des médecins aura évidemment un effet sur les comportements de prescription d’IJ. Excepté les 2 % de comportements jugés déviants, les 28 % des professionnels contrôlés auront une tendance, consciemment ou non, à prescrire moins d’arrêts de travail, y compris lorsqu’ils sont indiqués. Voici le principal objectif de cette vague de contrôle : une campagne à visée comptable fondée sur l’intimidation des professionnels de santé. »

      de plus, les critères d’évaluation des toubibs font grosso modo litière de tout contexte social, n’arrivent pas en tenir compte : un cabinet dont les clients sont pour beaucoup des prolo.tes, pour les TMS et autres soucis liés à la dureté du taf, aux conditions de travail, c’est pas la même et on les contrôle depuis des moyennes, en leur demandant de s’y conformer sou peine sanctions.

      #destructivité_capitaliste #management

    • Les FDO n’ont pas droit de grève c’est la raison pour laquelle ces agents du service public ont recours aux arrêts de travail, avec la complaisance des autorités, comme on l’a vu (puis tout est rentré dans l’ordre).

      Ceci dit, vu l’absence généralisée d’un utilisation offensive du droit de grève dans ce pays, il est probable qu’on en arrive un jour à la suppression effective du droit de grève dans le code du travail (ça se met déjà en place petit à petit, avec les services minimum et les réquisitions) et alors on en viendra peut-être à imiter les flics pour se faire entendre, parce qu’on n’aura, comme eux, pas d’autre choix. Est-il nécessaire de préciser qu’il n’est souhaitable d’en arriver là ?

      Puisque tu l’évoques, quand je bossais, on s’était battu pour que l’employeur prenne en charge la prévoyance (qui permet de couvrir un peu au-delà des 3 mois), au moins la couverture de base (85 % du salaire sans les primes, ce qui n’est vraiment pas terrible pour un SMIC). On avait obtenu cette couverture mais il fallait que ce soit les salariés qui fasse la démarche de s’inscrire auprès de la mutuelle. On avait informé les collègues et on avait demandé et obtenu que l’employeur distribue avec la paie une information sur la procédure d’inscription. C’est désespérant mais dis-toi bien que plus de la moitié des agents ne s’étaient pas inscrits et, comme par hasard, beaucoup des personnes qui nous ont contacté qui en auraient eu besoin n’étaient pas couverts et il n’était pas toujours possible de souscrire après coup (délais).

      C’est là qu’on se prend en plein dans la gueule le décalage entre le projet (ce qu’on s’imagine) et le réel.

      Bref, c’est là où souvent j’ai vu des personnes, pourtant avec un revenu modeste, mais garanti, qui peuvent décrocher socialement très vite parce qu’elles ne peuvent plus travailler (physiquement) et qu’elles ne pourront plus travailler car aucun reclassement n’est accessible.

      Sinon, sur le fond, encore une fois : je n’ai pas de religion. Si de nouvelles modalités de luttes sociales qui permettent d’inverser le rapport de force, à défaut de vraiment de foutre en l’air ce système, émergent, telles que ce que tu évoques (qui me font un peu penser à ce qui se disait dans l’autonomie italienne des années 70), alors je n’y vois que du positif. Mais bon, je ne suis pas vraiment optimiste.

      Je n’ai pas voulu dire qu’au chômage on échappe au salariat. J’ai aussi été chômeur ;-)
      De même, j’ai compris très tôt que personne n’échappe à l’emprise du capitalisme, que l’on soit ou non salarié.

      Je voulais juste signifier que l’objectif, en tout cas pour ce qui me concerne, reste toujours d’anéantir l’économie capitaliste pour construire une société sans classes et sans salariat ; et que si les pratiques de résistance sociale que tu évoques se mettent effectivement en place, cela signifiera alors probablement qu’on sera arrivé à un niveau de conscience individuelle et collective correspondant au moins à une remise en cause du salariat, si ce n’est de la « catégorie » travail.

      Autant dire que je pense qu’on en est très loin mais j’espère me tromper : )

    • [Les médecins contestent la « surprescription »] Arrêts maladie : le gouvernement tente de freiner les dépenses, les médecins contestent la méthode https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/01/arrets-maladie-le-gouvernement-tente-de-freiner-les-depenses-les-medecins-co

      Les généralistes jugés trop prompts à délivrer des arrêts font l’objet d’une procédure de l’Assurance-maladie

      Ya-t-il de plus en plus d’arrêts maladie prescrits ? Bon nombre de médecins répondent par l’affirmative. Mais y en a-t-il « trop » ? La question leur semble mal posée, quand bien même elle renvoie au constat chiffré avancé, récemment encore, par l’Assurance-maladie : les dépenses d’indemnités journalières, hors Covid-19, ont bondi de 8,2 % en 2022 pour atteindre 13,5 milliards d’euros (hors maternité) ; une hausse « au-dessus de la dynamique » d’avant la pandémie, a averti l’instance dans son rapport « Charges et produits » divulgué à la fin du mois de juin et qui, comme tous les ans, fixe certaines des tendances qui se retrouveront dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, débattu à l’automne.

      Cette année, peu de suspense : tailler dans les dépenses de santé, notamment en luttant contre l’augmentation des arrêts maladie, figure parmi les leviers d’économies identifiés pour redresser les comptes publics. Un moyen, parmi d’autres, qui, selon les autorités, permettrait de réduire de 250 millions d’euros, en 2024, le déficit de l’Assurance-maladie.

      Sauf que l’équation ne convainc pas les médecins libéraux, priés de lutter contre la « surprescription » des arrêts maladie : « Se contenter d’un tableau chiffré, c’est passer à côté de l’enjeu véritable », fait valoir Agnès Giannotti, présidente de MG France, premier syndicat de généralistes, en rappelant que trois ans de crise sanitaire ont eu un impact sur la santé des Français. « En demandant aux collègues supposés “trop” prescripteurs d’en faire “moins”, on veut casser le thermomètre, dit-elle, mais ça ne fera pas disparaître le mal.Si les statistiques s’emballent, c’est qu’il y a des raisons ! »

      « Pas de baguette magique »
      Un discours qui résonne sur le terrain. « Les autorités invoquent des chiffres, des dépenses, le budget, alors que l’on parle, nous, de patients, de souffrance, de soins… On frise le dialogue de sourds », souligne le docteur D., récemment installé dans la métropole lyonnaise – il a requis l’anonymat, comme tous les médecins ayant accepté de témoigner.

      Ce jeune généraliste est, depuis peu, concerné par une procédure dite de « mise sous objectif » : sa caisse primaire l’a contacté, en juin, pour lui notifier un objectif de diminution de ses prescriptions d’arrêt maladie, dont le nombre a été jugé supérieur à celui de médecins exerçant dans des conditions comparables. Un « correctif » à concrétiser sur six mois sauf à s’exposer à une amende. Une « douche froide », dit-il.

      A la mi-juillet, il est allé s’en expliquer auprès des médecins-conseils de sa caisse. Un rendez-vous « sur un ton bienveillant », concède-t-il, mais dont il est sorti « avec plus de questions que de réponses ». « J’ai défendu ma position : oui, mes chiffres sont élevés, mais je travaille dans un bassin de population précaire avec beaucoup d’actifs – et peu de retraités – usés par des métiers difficiles. Beaucoup souffrent de troubles musculo-squelettiques, d’arthrose, de tendinites, quand ce ne sont pas des troubles anxieux, des dépressions… » Les « arrêter », affirme-t-il, ce n’est pas seulement leur permettre de « souffler » : la décision « rejoint » la problématique de l’accès aux soins. « Pour pouvoir passer une IRM, ici, les délais sont très longs. Même chose pour obtenir un rendez-vous chez un psy. En attendant, je leur propose quoi, à mes patients ? D’aller travailler pliés en deux ? Je veux bien réfléchir à ma pratique, conclut-il, mais je n’ai pas de baguette magique. »

      Ils sont un millier de médecins, soit 1,5 % environ, à être concernés par cette procédure de contrôle déclenchée par l’Assurance-maladie. S’y ajoute une frange se situant dans la tranche de prescription immédiatement supérieure : à eux, les caisses promettent des « entretiens confraternels » avec des médecins-conseils. Troisième public : des généralistes et des psychiatres qui délivrent des arrêts en lien avec la santé mentale. Eux auront droit à des échanges ou à une visite de délégués de l’Assurance-maladie.

      Les syndicats ont fait leurs calculs : 1 000 médecins « sous objectif », 5 000 contactés pour un entretien d’alerte, 15 000 auxquels seront proposés des rendez-vous à la rentrée… Cela représente, selon eux, près d’un tiers de la profession. L’Assurance-maladie défend un plan d’action « gradué » visant une « minorité de dérives » : « Nous sommes d’abord dans l’accompagnement et la pédagogie. Mais ça n’exclut évidemment pas le contrôle, voire la sanction, si c’est justifié », soutient son directeur général, Thomas Fatôme.

      Sans calmer l’émotion des intéressés, relayée dans les rangs syndicaux où l’on dénonce « harcèlement » et « délit statistique ». « Il peut y avoir des abus, sans doute, mais l’immense majorité des collègues font bien le boulot, s’énerve le docteur Jérôme Marty, de l’Union française pour une médecine libre. Ce n’est pas comme ça que l’on remplira les tiroirs-caisses de l’Etat. » L’ordre des médecins s’est ému du discours ambiant, regrettant qu’il « jette la suspicion sur le comportement des médecins ».

      D’une même voix, les syndicats ont appelé les professionnels concernés à rejeter la procédure. De fait, en cas de refus ou d’échec, la « mise sous objectif » peut aboutir à une « mise sous accord préalable » des prescriptions, un dispositif coûteux en temps et en agents pour les caisses. Une façon de « jouer la montre ». Certains généralistes, après entretien, disent avoir vu la procédure non confirmée ou abandonnée. D’autres espèrent un retour pour le début d’août. « En attendant, témoigne la docteure R., généraliste dans le Sud, j’ai averti certains de mes patients, notamment ceux en arrêt long : s’ils veulent un renouvellement, en septembre,qu’ils se tournent vers la médecine du travail ! »

      Ce plan d’action de l’Assurance-maladie ne part pas de rien, rappelle le docteur Marcel Garrigou-Grandchamp, qui, en tant que responsable de la cellule juridique de la Fédération des médecins de France, apporte une assistance aux praticiens qui le saisissent. « Nous sommes aujourd’hui saturés de demandes, rapporte-t-il. Il y a eu une précédente grosse campagne en 2015 ; nous n’avions pas hésité, à l’époque, à saisir les tribunaux administratifs. Le sujet revient en réalité tous les ans, mais c’est une action d’une ampleur inédite qui vient d’être lancée et, après l’échec de la convention médicale et des négociations tarifaires, c’est la goutte d’eau… »

      « Je suis dans le rouge »
      Une enquête diffusée, le 24 juillet, par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) des médecins libéraux d’Ile-de-France à partir de 973 témoignages permet de verser d’autres chiffres aux débats : la moitié des répondants disent avoir constaté une augmentation des prescriptions d’arrêt, le premier motif correspondant à des troubles anxio-dépressifs. Ils déclarent aussi recevoir très peu de demandes injustifiées ; mais ils sont près d’un tiers (31 %) à avoir déjà subi des menaces ou des pressions de patients sur ce motif. « C’est un sujet systémique, note la docteure Valérie Briole, présidente de l’organisation. Dans une situation globale de pénurie de médecins et de demande de soins croissante, une pression supplémentaire exercée sur les collègues en exercice n’est pas logique. »

      La docteure F., vingt ans de métier en Ile-de-France, en sait quelque chose. Elle aussi a reçu, il y a quelques semaines, un « coup de fil » puis un courrier l’informant de sa possible mise sous objectif. Elle aussi est allée à sa caisse s’en expliquer. Et en reste « très marquée ». « D’un point de vue statistique, je suis dans le rouge… Mais je n’ai pas le sentiment d’avoir dérivé ou d’être complaisante. Croyez-moi : pour les patients, ce n’est pas évident de se retrouver en arrêt, la plupart y perdent financièrement ». Des « demandes abusives », elle en a « quelques-unes » en tête, une seule de récente, pour près de 2 000 patients dont elle est la médecin référente, « et je refuse catégoriquement, tient-elle à souligner. Faire des économies sur ce dossier, vu l’état de santé des patients, vu aussi l’état des médecins, je ne crois pas que ce soit possible », conclut-elle, pessimiste.

      Sauf, peut-être, à contrôler davantage les arrêts prescrits en téléconsultation, une possibilité offerte du temps du Covid-19 et qui s’est beaucoup développée. Le Conseil constitutionnel avait retoqué, en 2022, une mesure en ce sens inscrite dans le budget de la « Sécu ». On peut s’attendre à ce que le débat rebondisse, à la rentrée, à l’Assemblée nationale.

      Dans l’enquête de l’URPS, d’autres pistes sont avancées par les praticiens : concernant les arrêts de moins de quatre jours, plus de sept répondants sur dix seraient favorables à la suppression de l’obligation de prescription. Et neuf sur dix, pour les arrêts de longue durée, accueilleraient favorablement une « alternative », comme un télétravail aménagé.

    • Le terme « de niveau de conscience », tel que je l’ai utilisé, est plutôt un clin d’œil parodique en référence aux mantras gauchistes (quand les conditions subjectives, etc.).
      Pour moi, le « niveau de conscience » pris dans ce sens étroit - idéologique - serait plutôt une figure repoussoir qu’autre chose. Désolé du contresens !
      Pour autant, je ne suis pas du tout cynique et mon propos n’était pas totalement ironique : « niveau de conscience », une fois débarrassé de ses pré-supposés idéologiques, c’est ce qui permet d’interpréter subjectivement, de façon individuelle ou collective, les rapports sociaux (et donc politiques) et les pratiques ordinaires : en bref, le collectif. C’est ce qui me reste pour évaluer où j’en suis avec les gens que je côtoie pour organiser|participer à des actions directes de lutte. C’est en fait, la seule chose qui me semble déterminante aujourd’hui dans une perspective révolutionnaire.
      Pour en revenir à notre sujet : je ne peux donc pas tout simplement imaginer des actions concrètes et collectives organisées autour des pratiques que tu évoques parce que je ne suis plus du tout raccordé à cette réalité (au sens matérialiste) et que j’ai du mal à voir concrètement ce qui pourrait s’organiser, en dehors des pratiques individuelles de survie (que j’ai moi-même pratiquées dans un autre temps et auxquelles j’ai assisté pour d’autres personnes).
      Même si ces pratiques existent, nous sommes collectivement vraiment très très loin du niveau d’engagement ou de confrontation requis pour que ça puisse avoir un effet significatif à l’échelle de la société. Il faudrait probablement que quelque chose de qualitatif et quantitatif - appelons-ça conscience - soit profondément modifié à partir des pratiques sociales pour qu’elles puissent engendrer un rapport de force politique.

      Donc la conscience c’est fondamentalement construit sur des pratiques sociales et non l’inverse, là dessus je suis totalement OK !

    • Ceci dit, ton article du Monde confirme qu’il y aura probablement un clash autour de la question de la santé au travail - arbre des arrêts maladie cachant la forêt de la souffrance au travail - qui peut déboucher sur de nouvelles situations et pratiques sociales ...

      J’ai malheureusement les pires inquiétudes sur les capacités actuelles d’auto-organisation combatives dans le monde du travail ; quant aux syndicats... ce n’est même pas la peine d’en parler.

  • Santé : le syndicat de médecins MG France dénonce « une véritable campagne d’intimidation pour qu’on n’arrête plus les gens qui en ont besoin »
    https://www.francetvinfo.fr/sante/sante-le-syndicat-de-medecins-mg-france-denonce-une-veritable-campagne-

    Bruno Le Maire a évoqué plusieurs mesures pour redresser les comptes publics, dont la lutte contre les #arrêts_maladie dits « de confort ». Pour Agnès Giannotti, la présidente du syndicat de médecins MG France, c’est « absolument scandaleux ».

    « On a une véritable campagne d’intimidation pour qu’on n’arrête plus les gens qui ont besoin d’être arrêtés », a déclaré ce lundi 19 juin sur franceinfo Agnès Giannotti, présidente du syndicat de médecins MG France, premier syndicat chez les généralistes. Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé ce lundi qu’au moins 10 milliards d’euros d’économies avaient été identifiés pour permettre le redressement des comptes publics de la France d’ici 2027, notamment dans la santé et le travail.

    franceinfo : Est-ce que certains médecins donnent trop d’arrêts maladie ?

    Agnès Giannotti : Si la population vieillit et a des maladies chroniques c’est à cause des généralistes, s’il y a des problèmes de management dans les entreprises c’est à cause des médecins généralistes, si les caissières et les femmes de ménage n’arrivent plus à travailler parce qu’elles ont mal aux genoux et aux épaules, c’est la faute des médecins généralistes. C’est ça des arrêts de confort ? Ce sont ces patients là que l’on arrête. Là, on a une véritable campagne d’intimidation pour qu’on n’arrête plus les gens qui ont besoin d’être arrêtés. C’est absolument scandaleux.

    Pourquoi dit-on qu’il y a trop d’arrêts ?

    Des dérives sur les indemnités journalières, il y en a, mais très peu chez les médecins traitants, 1 à 2%, il y en a beaucoup sur les plateformes de téléconsultation. Qui a dérégulé ? C’est l’Etat. Qui a mis les plateformes en accès direct sur ’mon espace santé’ ? C’est l’Etat. Pointer les médecins généralistes traitants c’est absolument scandaleux. Les besoins de soins augmentent, la population vieillit, l’âge de la retraite est repoussé, donc un politique responsable anticipe ces dépenses qui augmentent.

    #travail #maladie

    • Oui, enfin, l’article est un peu « mignon » : la dame médecin qui joue la victimisation (c’est la faute aux généralistes) ne voit que par le petit bout de sa lorgnette corporatiste alors que c’est le dernier retranchement possible du salariat qui est menacé, à savoir, la santé, la « question de vie ou de mort ».

      Ouin ! Ouin ! On ne pourra plus donner d’arrêt de travail.
      Mais qu’est-ce qui vous en empêche ?
      (spoiler : les sanctions financières ... bande de chacals)

  • Burn-out : comment le salariat nous crame
    https://www.frustrationmagazine.fr/burn-out

    Le burn-out, ou épuisement professionnel, est une maladie professionnelle non reconnue qui fait des ravages à mesure que les conditions de travail se dégradent. En France, les troubles psychologiques constituent le premier motif des arrêts longs (plus de 30 jours) et les arrêts longs pour trouble psychologique ont été multipliés par deux en l’espace de […]

  • Âge légal de départ en retraite et absences maladie : quels effets du passage à 62 ans en 2010 ? | CEET | Cnam
    https://ceet.cnam.fr/publications/connaissance-de-l-emploi/age-legal-de-depart-en-retraite-et-absences-maladie-quels-effets-du-passag

    En repoussant de deux ans l’âge minimum de liquidation de pension ou âge d’ouverture des droits (AOD), l’ambition de la réforme des #retraites de 2010 a été de réduire la charge des pensions et d’augmenter le taux d’activité des seniors, limitant ainsi le déficit des caisses d’assurance-retraite. Mais alors que ce type de réforme entend encourager l’#emploi des #seniors, plusieurs études montrent qu’une hausse de l’âge légal de départ à la retraite engendre également d’autres effets, tels que l’augmentation du #chômage ou de l’#invalidité en fin de carrière.

    Ce numéro de Connaissance de l’emploi s’intéresse à un autre effet indirect à partir des données de la base administrative Hygie (2005-2015) : l’augmentation des absences pour maladie. Si cet effet s’avère important , la réduction du déficit des caisses d’assurance-retraite s’accompagnerait d’un surcoût pour l’assurance-maladie, lié au surcroît du nombre de jours d’arrêt à indemniser. Les résultats montrent que le report de l’âge légal de départ en 2010 a effectivement entraîné une augmentation significative des #arrêts-maladie, et ce, pour l’ensemble de la population, mais avec des effets différencié selon le genre.

  • Un peu de bon sens sur les #indemnités touchés pendant les #arrêts_maladie par Rob Grams pour Frustration :

    L’argument de “rester à la maison pour voir la paie tomber” exclut déjà les arrêts courts. Par ailleurs l’indemnité journalière est égale, non pas à l’intégralité du salaire journalier, mais à 50% de ce dernier, et dans une limite de 1,8 le SMIC. Il faut donc que les bourgeois se rassurent, c’est bien, déjà, la double peine pour les malades : ils souffrent physiquement (et/ou mentalement) et, en plus, perdent beaucoup d’argent.

    https://www.frustrationmagazine.fr/teleconsultation

    Le magazine Frustration qui a publié cet excellent article est bien nommé : que ressentir d’autre quand même les politiques de gauche sont aveugles à leur propre #validisme, portant un amendement contre les téléconsultations pour « éviter les abus » et « répondre aux attentes des patients ».

    Le premier objectif s’inscrit bien dans un #libéralisme qui déploie le mépris de #classe et le mépris des #handicapés pour discipliner les travailleurs soit-disant « fainéants ». Son absurdité est bien démontrée dans la citation plus haut. On en connaît les résultats grâce à l’exemple désolant du #Royaume-Uni : Crippled de Frances Ryan est essentiel pour comprendre la violence fatale des mesures punitives déployées contre les personnes handicapées.
    https://www.theguardian.com/books/2019/jul/13/crippled-by-frances-ryan-review-austerity-demonisation-disabled-people

    Quant au deuxième objectif, celui de « répondre aux attentes des patients », il faudrait que ces politiques sortent un peu de leur bulle. Les attentes des patients, je pense que c’est déjà de pouvoir voir un médecin, point barre.

    Là où je vis, j’ai déjà connu des attentes de 2 heures pour parler au 15. On m’a dit que j’avais de la chance, que « normalement » ça s’élève à 4 heures en moyenne. Pour voir un médecin, j’ai déjà dû choisir entre entre 100 km d’aller-retour (impossible quand il faut le faire en taxi, faute de transports publics) et 2 semaines d’attente. J’ai donc attendu, et j’ai heureusement guéri avant que les 15 jours soient passées. Mais, en attendant, j’ai utilisé tous mes jours de congé, puis j’ai dû retourner au travail toujours malade. Ce n’était pas pour un handicap, donc je n’imagine pas à quoi les personnes handicapées font face.

    Rendre plus difficile l’accès aux médecins tandis qu’existent toujours des #déserts_médicaux partout en France, ce n’est rien d’autre que fatal. Rob Grams a raison de conclure :

    L’attaque concertée contre la #téléconsultation, en voulant dérembourser une grande partie des arrêts maladie délivrés par ce biais comme la #macronie, ou en voulant la rendre de facto quasi-impossible d’accès comme #LR et #LFI, ne va faire qu’empirer notre situation déjà bien pourrie.

  • Le gouvernement envisage de dérembourser certains #arrêts_de_travail prescrits en téléconsultation
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/09/25/le-gouvernement-envisage-de-derembourser-certains-arrets-de-travail-prescrit

    Si la mesure est adoptée dans le cadre du budget de la Sécurité sociale, seuls les arrêts prescrits par le #médecin_traitant [qu’on trouve pas] seront remboursés, annonce Gabriel Attal. Cela permettra, selon le ministre, « d’éviter que certains enchaînent les consultations en ligne jusqu’à trouver [le médecin] qui voudra bien leur délivrer un arrêt maladie ».

    Selon lui, « on a constaté une explosion des arrêts maladie donnés, en téléconsultation, par un professionnel qui n’est pas le médecin traitant » pour un montant de « près de 100 millions d’euros l’an dernier ».

    Plus globalement dans son entretien au JDD, Gabriel Attal insiste sur la lutte contre la #fraude_sociale, clin d’œil aux députés Les Républicains (LR) dont le vote pourrait être précieux lors de l’examen des budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale au Parlement. Le ministre promet de « renforcer les pouvoirs des #cyberenquêteurs des caisses de la Sécurité sociale » qui pourront « repérer un professionnel qui ne déclare qu’une activité salariée mais propose ses services en indépendant sur Leboncoin sans les déclarer ».

    « Les fraudeurs n’écoperont plus seulement d’une amende, mais devront aussi régler leurs frais de dossier, car les Français en ont marre de payer pour eux », complète le ministre. A propos de la réforme des #retraites, la décision d’un amendement au budget de la Sécurité sociale sera « tranché[e] par le président et la première ministre », mais M. Attal l’a redit : « Nous ferons la réforme, notre régime est déficitaire. »

    #refus_du_travail #travail #budget

    • toujours le même discours moisi sur la #fraude_sociale = #guerre_aux_pauvres, avec zéro points de repères ni comparaisons avec les autres centres de coûts du budget de l’état ; stigmatisez, stigmatisez, il en restera toujours quelque chose.

      Attal a le mérite d’asséner un chiffre [pratique à la mode] qui du coup peut servir à évaluer l’ampleur des dégâts : « près de 100 millions d’euros l’an dernier » ; OMG ; environ le montant des sub à la presse https://seenthis.net/messages/974059 dont 1/6 part chez « I ❤️ Bernard » (LVMH).

      Et sinon, à combien ils estiment la fraude fiscale, des boites, des patrons, ou des riches ou semi-riches ? J’ai vu 100 aussi, dans l’internet, mais c’est 100 milliards https://www.francetvinfo.fr/economie/impots/lutte-contre-la-fraude-fiscale-pres-de-100-milliards-deuros-echappent-t

      Pour l’histoire des retraites, Le Monde a réussi à trouver un rapport avec le titre [et le sujet] de l’article, ou c’est juste qu’ils ont profité de l’occasion pour fourguer la propagande gouvernementale façon Coué [il en restera toujours quelque chose] ? Même le COR démontre que « notre régime est déficitaire » est au mieux une infox.

    • Bob de l’ARS @Mr_CPOM
      https://twitter.com/Mr_CPOM/status/1574131376517009409

      les arrêts c’est le genre de dépense qui a explosé en particulier suite aux réformes des retraites, avec une augmentation fulgurante chez les 55/65 et surtout les 60/65, bref les gens qui étaient retraités avant les réformes

      par effet de bord ça crée aussi du sous effectif dans bcp de services publics car quand un poste est occupé par qqn de cassé généralement ses absences de santé ne sont pas compensées

    • La retraite permet à celleux qui n’ont plus un état physique au top (on dit aussi être vieux ) de se soigner. Mais ça ne semble pas avoir été entré comme paramètre dans l’algorithme, et comme ça coûte finalement plus cher à la société que la retraite la prise en charge des soins + la place (suppression du service travail) pour réduire les coûts, après avoir supprimé les médecins suffisait de supprimer les consultations.

  • #Assurance-chômage : #guerre_aux_chômeurs, paix au capital

    En résumé :

    L’enjeu est de faire accepter aux travailleurs les offres d’emploi dans les conditions satisfaisantes pour le capital. Autrement dit, c’est une réforme qui vient renforcer la position des employeurs dans un rapport de force qui menace de devenir favorable aux salariés.

    Et l’article complet

    Le gouvernement défend sa réforme accélérée de l’assurance-chômage au nom du #plein-emploi. Mais ce qui se joue ici n’est rien d’autre qu’un renforcement de la #répression des travailleurs pour satisfaire un #système_économique en crise.

    Faire le bonheur des travailleurs, malgré eux : ce pourrait être la doctrine affichée par le ministre du travail #Olivier_Dussopt et la première ministre #Elisabeth_Borne, qui ont décidé en cette rentrée d’accélérer sur leur nouvelle #réforme de l’assurance-chômage. L’ambition affichée de la réforme, c’est de parvenir au « plein-emploi », lequel est considéré, après cinq décennies de #chômage_de_masse, comme une forme de graal permettant de renverser une nouvelle corne d’abondance sur le pays.

    Ce concept est devenu, depuis quelques semaines, le mantra du gouvernement que tous les membres, ainsi même que le président de la République, ne cessent de marteler à chaque prise de parole. Ce plein-emploi serait « à portée de main », répète inlassablement Emmanuel Macron, mais il ne serait possible que si l’on en passe par cette réforme qui réduit singulièrement les #droits des #demandeurs_d’emploi.

    Si l’on devait résumer la vision gouvernementale (et patronale, car les #Rencontres_des entreprises_de_France fin août ont mis en lumière une parfaite identité de vue entre le #Medef et l’exécutif sur le sujet), on pourrait le dire ainsi : le système économique est capable de fournir un #emploi à tous, mais une partie de la #force_de_travail refuse cette opportunité.

    Ce faisant, ces inconscients refusent tous les délices du plein-emploi effectif : une augmentation des revenus, un rapport de force favorable aux salariés et une forme d’accomplissement individuel et social. Aux universités d’été de La France insoumise (LFI) fin août, la ministre déléguée Olivia Grégoire, par ailleurs économiste, a même pu se prévaloir de Marx pour défendre la réforme gouvernementale et assurer le plein-emploi. Il est donc urgent de contraindre ces brebis égarées par le faux bonheur de l’#oisiveté au bonheur qu’ils s’obstinent à refuser. Et pour cela, l’usage du bâton est indispensable.

    Dans cette vision angélique, l’#indemnité_chômage serait si généreuse qu’elle troublerait leur raison et les empêcherait d’accéder à ce bonheur qu’est le plein-emploi. Mais ce n’est là qu’une hypothèse et cette hypothèse même est une contradiction dans les termes. Le récit gouvernemental ne résiste guère à l’analyse. Dans un régime de plein-emploi, le rapport de force s’inverse en faveur des salariés. Si ce dernier était authentiquement atteignable, l’assurance-chômage ne saurait être trop élevée.

    Les salaires augmenteraient, les #conditions_de_travail s’amélioreraient pour rendre son pseudo-avantage compétitif caduc. Cela est d’autant plus vrai que, puisque 60 % des demandeurs d’emploi ne sont pas indemnisés, ces derniers devraient se jeter sur les offres disponibles, faire ainsi monter les salaires et rendre l’indemnisation moins intéressante. Pour peu évidemment que lesdits emplois soient attractifs et adaptés.

    En d’autres termes, si un véritable plein-emploi était à « portée de main », l’indemnisation chômage ne serait pas un problème. L’enjeu de cette nouvelle réforme de l’assurance-chômage n’est donc pas de parvenir au plein-emploi, mais bien plutôt de faire accepter aux demandeurs d’emploi les offres existantes, sans s’interroger sur leur contenu, les #conditions_de_travail et les #rémunérations.

    Les derniers chiffres de la Dares montrent que si les tensions sur le #marché_du_travail sont élevées, elles le sont en grande partie en raison de conditions de travail et de #déficit_de_formation que les entreprises refusent de prendre en charge. Bref, le nœud du problème, comme toujours en régime capitaliste, c’est bien le #coût.

    L’enjeu est de faire accepter aux travailleurs les offres d’emploi dans les conditions satisfaisantes pour le #capital. Autrement dit, c’est une réforme qui vient renforcer la position des employeurs dans un rapport de force qui menace de devenir favorable aux salariés. Loin de favoriser le plein-emploi, il s’agit surtout de contourner les vraies conséquences du plein-emploi pour le capital.

    Des emplois abondants et repoussants

    Le récit gouvernemental et patronal est donc un leurre qui s’appuie sur un plein-emploi fétichisé mais vidé de sa fonction. Il fait miroiter un pouvoir accru des salariés alors qu’il désarme précisément la capacité des salariés de choisir leur emploi. Réduire les droits des chômeurs indemnisés, conditionner d’une manière ou d’une autre l’accès au #RSA, c’est affaiblir la position des salariés face aux employeurs. C’est faire en sorte que, contraints par la nécessité, les demandeurs d’emploi acceptent non pas un travail adapté à leurs envies, à leurs formations et à leurs besoins, mais un emploi répondant à la nécessité de la #production_de_valeur. C’est bien pour cette raison qu’il refuse toute réflexion sur la qualité – au sens large allant du salaire à sa fonction sociale – des emplois proposés.

    Derrière ces réformes proposées avec un discours quasi humanitaire, il y a donc le renforcement de l’emprise la plus classique de la #domination_capitaliste. Le travail abstrait, quantifiable mais désincarné, vecteur de la loi de la valeur dont le capital a impérieusement besoin, impose sa loi au travail concret, fruit d’une activité humaine spécifique.

    Le travailleur doit, sous cette #pression, cesser d’exister en tant qu’individu, il n’est que le rouage de cette production de valeur. Il lui faut alors accepter n’importe quel travail pour pouvoir subsister. Dans ces conditions, tout emploi qui apparaît est bon, et tout ce qui est bon apparaît comme emploi. Le refus de l’emploi devient donc insupportable pour le système économique.

    Les #protections_salariales n’ont jamais fait disparaître totalement cette logique. Mais la situation actuelle des économies occidentales et de l’#économie française en particulier rend le renforcement de ce mode de #domination plus urgent et nécessaire que jamais pour le capital. Les emplois créés ne sont abondants que parce qu’ils sont peu productifs. L’embellie actuelle de l’emploi, alors même que la croissance reste faible, est l’illustration même de ce phénomène.

    Le problème, alors, est que ces emplois ne sont tenables que s’ils sont bon marché ou soumis à des conditions de travail dégradées, précisément parce qu’ils sont peu productifs. Créer de la valeur dans un régime de faible #productivité suppose mécaniquement une plus forte #exploitation du travail. Et c’est en saisissant cette réalité que l’on peut comprendre le paradoxe de l’époque : les emplois peuvent être à la fois abondants et repoussants et le plein-emploi peut avoir une fonction répressive pour le travail.

    Cette fonction se constate à longueur de page et d’émission dans les leçons de morale données aux travailleurs qui seraient trop exigeants ou trop oisifs. La récente polémique sur les #arrêts_maladie jugés trop fréquents des salariés est venue illustrer cette situation. Cette pression augmente avec l’approche du plein-emploi, car plus le travail est censé être abondant, plus il faut accepter ses conditions de travail dégradées, intensifier la production et allonger le temps de travail.

    C’est bien pour cette raison que ce plein-emploi peut être désormais fétichisé par le patronat : parce qu’il ne produit plus les effets négatifs pour le capital. À condition, bien sûr, que l’État assure la soumission du monde du travail par des contre-réformes. La réforme française, comme d’autres, n’est donc pas urgente parce qu’elle permettrait d’apporter le bonheur et l’abondance dans le pays, elle est urgente parce qu’elle est un passage obligé dans le mode de gestion d’un capitalisme de bas régime qui est le nôtre.

    Face à la faiblesse des gains de productivité, la réponse du capital est celle de chercher des assurances, ce que l’économiste anglo-roumaine #Daniela_Gabor appelle le « #de-risking », ou la #réduction_du_risque. Les recherches de cette dernière se sont concentrées sur la finance, mais ce mouvement semble beaucoup plus large. Les réformes du marché du travail et de l’assurance-chômage visent ainsi à maintenir une pression constante sur les travailleurs, quelle que soit la situation de l’emploi. La baisse vertigineuse actuelle des salaires réels dans les pays qui, comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les États-Unis, sont officiellement en plein-emploi vient confirmer ce mouvement.

    Les déclarations de l’exécutif ne doivent donc pas tromper. La #répression_sociale comprise par ces réformes est la solution de facilité pour le système économique actuel. Tout renversement réel du rapport de force l’amènerait en effet face à des questions qu’il veut à tout prix éviter : que produit-il ? dans quel but ? dans quelles conditions ? Dès lors, le leurre d’un plein-emploi à portée de main et d’un discours moralisateur sur des chômeurs oisifs est la dernière ligne de défense de l’économie. Celle qui permet de renforcer son hégémonie au cœur même de sa crise.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/090922/assurance-chomage-guerre-aux-chomeurs-paix-au-capital
    #chômage #guerre_aux_pauvres #capitalisme #plein_emploi

  • Covid-19 : « Dans les établissements scolaires, on écope comme on peut la troisième vague, mais pas question de le faire en silence », Anne Urbain

    Tribune. Il y a deux semaines, les cas de Covid-19 ont flambé dans le lycée où j’enseigne à Sevran (Seine-Saint-Denis). Une dizaine de classes contaminées, près de la moitié des professeurs arrêtés, une absence de vie scolaire : le virus est bien là, l’établissement doit « vivre avec » lui, c’est-à-dire assister, dans l’angoisse et l’impuissance, à sa propagation. On nous demande de fonctionner.

    L’Agence régionale de santé a refusé la fermeture du lycée. Estimant que les protocoles alors en vigueur ne permettaient pas de nous protéger collectivement, une vingtaine d’enseignants a pris la décision de s’isoler individuellement pour endiguer la vague de contamination menaçant élèves et personnels. Ces professeurs – dont je fais partie – ont exposé la situation à leur médecin : le corps médical a prescrit un isolement d’une semaine et un retour conditionné à un test négatif. Grâce à cette expérimentation de « lycée fantôme », l’établissement s’est vidé, pas totalement mais suffisamment pour nous maintenir, nos élèves et nous, à l’abri d’un risque sanitaire majeur. Jusqu’à quand ? Une même cause produit les mêmes effets, apprend-on à l’école : c’est pourquoi nous avons décidé, ce lundi 29 mars, avec cette vingtaine de collègues, d’exercer notre droit de retrait.

    Aulnay-sous-Bois, Drancy, Villepinte, Epinay-sur-Seine, Sevran : dans les écoles, collèges et lycées voisins, la situation semble de moins en moins sous contrôle. Et, comme trop souvent, la communauté éducative se débrouille. Droit de retrait, prescription d’isolement par les médecins, pétition de parents, cri d’alarme lancé aux instances hiérarchiques et aux médias : on écope comme on peut la « troisième vague », mais pas question de le faire en silence.

    Dans ces établissements, les demandes convergent, sans surprise : d’une part isoler (en tenant compte de la réalité du terrain : la fermeture d’un « groupe classe » n’a, par exemple, aucun sens au lycée, du fait des regroupements par spécialités) et, si besoin, ordonner une fermeture générale temporaire ; d’autre part, tester les élèves et les personnels massivement et régulièrement. La direction de mon lycée a plaidé plusieurs fois pour l’obtention de tests, sans être entendue. Pire, sa hiérarchie vient de débouter la Région, qui proposait 200 tests à disposition du lycée. Pourquoi ?

    Indifférence et mépris

    Ecole morte, lycée fantôme, absence de vie scolaire… ces métaphores résonnent différemment dans la pandémie que nous traversons. Elles mettent mal à l’aise. Je suis professeure de lettres et je réfléchis chaque année avec mes élèves à ce qui fait une métaphore, ce pas de côté que fait notre sensibilité, cet écart entre réalité et imagination, entre sens « propre » et « figuré » pour emprunter la terminologie scolaire. Ce pas de côté, j’ai aujourd’hui du mal à le percevoir : les morts, les fantômes, l’absence de vie… le propre et le figuré eux-mêmes se contaminent, dans un département essoré par la maladie et au sein d’un lycée [Blaise-Cendrars] qui, en mars 2020, formait l’un des premiers clusters en milieu scolaire et lançait alors (en vain) un cri d’alarme.
    J’enseigne depuis quinze ans dans des établissements de la Seine-Saint-Denis et la conscience de cette indifférence (ce mépris, m’a appris l’expérience) m’accompagne au quotidien : elle est là, dans mon sac, cinq matins par semaine, entre ma trousse de marqueurs et ma carte Navigo, elle façonne mon identité de professeure, elle s’invite dans ma salle de classe et plane évidemment sur mes élèves. Que les collèges et les lycées où j’ai travaillé soient les parents pauvres de l’Education nationale, je n’ai pas attendu l’épidémie de coronavirus pour le constater. J’ai d’ailleurs choisi ce sujet comme toile de fond d’un récit que je tirais du côté de l’absurde, cherchant une certaine forme de légèreté. Cela ne me semble plus possible aujourd’hui. Les familles endeuillées, les scolarités éventrées, les personnels sommés de continuer, de « fonctionner » : le goût de l’humour, même noir, m’est passé, la légèreté a pris trop de plomb dans l’aile. Quand mes élèves s’initient à la dissertation, je leur soumets souvent cette confidence de Figaro, au début du Barbier de Séville : « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. » Aujourd’hui, à leur place, je rendrais copie blanche.

    Et mes élèves, justement, qui avancent contre vents et marées, troisième vague ou non, naviguant en experts depuis dix ou quinze ans d’un risque à l’autre (éducatif, social et maintenant sanitaire), où en sont-ils de leur odyssée ? Sont-ils révoltés ? Désabusés, peut-être, comme Figaro et son « habitude du malheur » ? Comment vivent-ils le fossé entre les discours entendus et ce qu’ils traversent depuis plus d’un an ? Ils sont aux premières loges et le spectacle est malheureusement grandiose : on se contamine très peu en milieu scolaire, la jeunesse est une priorité absolue, le taux d’incidence à l’école est raisonnable, le bon sens doit l’emporter, il faut casser la course folle de l’épidémie parce que sinon l’hôpital ne tiendra pas. Du mauvais Beckett…

    Lassitude et rage des élèves

    Et comment mes élèves la perçoivent-ils, cette école de la confiance, avec ses solutions imparables ? Difficile à dire… Je ne les connais que masqués, pour la plupart débarqués au lycée, après une année de troisième déjà partie dans le décor, entre la tristesse, la peur – dans un établissement voisin, ils étaient dix-huit en septembre à avoir perdu un proche du Covid-19 – et le désir, pour beaucoup et malgré tout, de travailler, de progresser.

    Bien sûr, ils s’interrogent sur l’absurdité des évictions d’élèves quand la réforme du lycée a, dans les faits, quasiment supprimé le groupe classe : quelle cohérence, quelle efficacité scientifique à l’heure d’un brassage généralisé où un seul cas positif peut évidemment contaminer tout un niveau ? Bien entendu, ils sont sceptiques sur l’efficacité du « passage en demi-jauge » pour contrer la vague épidémique, quand leur lycée, qui fonctionne en demi-groupes depuis longtemps déjà, est violemment touché par le virus. Lassitude, incompréhension, écœurement, rage : leur pudeur ne filtre pas tout…
    Lire aussi : Dans les lycées, le grand flou des « demi-jauges »
    On s’inquiète dans les médias du divorce entre élites et classes populaires, on s’alarme d’une confiance en baisse et du manque de crédit accordé, notamment par la jeunesse, au monde politique, mais comment, à 17 ans, reçoit-on le déni de la réalité et la fracture quotidienne entre les choses et les mots qui les désignent ? Comment regarde-t-on des décisions dont on sait pertinemment, même si cela n’est pas formulé, où elles risquent de mener ? Les angles morts des protocoles défaillants ou inadaptés, mes élèves en connaissent souvent les noms : Delafontaine, Avicenne, Jean-Verdier, René-Muret… hôpitaux débordés qui, déjà, parlent d’un tri nécessaire entre les patients.

    J’enseigne cette année la spécialité humanités, littérature et philosophie. Avec le groupe dont je m’occupe (trente élèves issus de six classes différentes…), nous réfléchissons aux pouvoirs de la parole, l’un des deux thèmes au programme de première. Les instructions officielles nous demandent de mettre l’accent sur la diversité de la parole, à la fois « art », « autorité » et « séduction ». Et si la parole se devait, parfois, d’être aussi une vérité, une responsabilité ? Une chose est sûre en ces temps incertains : les élèves apprennent. De tout, avec nous et sans nous. La leçon est ici magistrale.

    Anne Urbain est autrice de La Soutenance (Editions de l’Olivier, 240 p., 18 euros)

    https://www.lemonde.fr/education/article/2021/03/29/covid-19-dans-les-etablissements-on-ecope-comme-on-peut-la-troisieme-vague-m

    #crise_sanitaire #Seine-Saint-Denis #école #enseignants #arrêts_de_travail #droit_de_retrait

  • « Comment continuer à travailler à l’hôpital en toute sérénité quand on est diagnostiqué positif au Covid ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/24/comment-continuer-a-travailler-a-l-hopital-en-toute-serenite-quand-on-est-di

    La demande faite au personnel asymptomatique d’être présent, pour pallier le manque d’effectifs et malgré les risques de transmission, remet en cause « tout le discours éthique sur le soin », juge l’anesthésiste-réanimateur Philippe Bizouarn

    Tribune. Dans plusieurs hôpitaux de France, des soignants diagnostiqués positifs au Covid-19, pas ou peu symptomatiques, pourraient continuer de travailler en toute sécurité, parce qu’en se protégeant ils ne pourront pas contaminer les collègues ou les patients dont ils ont la charge. C’est du moins ce que certains responsables médicaux et administratifs répètent, au sein des hôpitaux et à travers les médias.

    Ces responsables se réfèrent à l’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) du 23 mai, « relatif à la conduite à tenir pour les professionnels intervenant en établissements de santé et en établissements sociaux et médico-sociaux selon leur statut vis-à-vis du SARS-CoV-2 ». Selon cet avis, la découverte chez un professionnel asymptomatique positif doit conduire à une éviction de sept jours après le test PCR, sauf si ce professionnel est jugé non remplaçable : « La possibilité dégradée d’un maintien en poste avec un renforcement des mesures de précaution et d’hygiène est envisageable afin que la balance bénéfice-risque ne soit pas défavorable. » Les responsables, notamment médicaux, suggérant avec force que les personnels des services de réanimation en particulier peuvent – doivent – venir travailler s’ils se sentent bien, ne semblent pas avoir pris toutes les précautions que le HCSP avait prises en mai. Et de nombreuses voix se sont levées à cette annonce, parmi lesquelles celles des représentants syndicaux, comme au centre hospitalier universitaire de Nantes.

    Harnachés dans des tenues de héros du Covid

    « Tester-tracer-isoler », formule magique, que d’aucuns jugent inefficiente, ou mal appliquée en ce qui concerne la population générale. Les soignants appartiennent-ils à cette population ? Sont-ils des citoyens ordinaires, solidaires des autres membres de la communauté, se protégeant et protégeant ces autres parfois vulnérables en s’isolant ?

    Le maintien au travail des cas positifs peut en effet choquer notre bon sens collectif. Certes, comme l’assurent les chefs, en se harnachant dans des tenues de héros du Covid, en adoptant les gestes barrières, en s’isolant pendant les pauses – en admettant qu’une pause est encore possible en ces lieux de repos souvent si exigus qu’une distance de sécurité avec les collègues n’est jamais possible –, aucun risque n’est couru. C’est du moins ce qui est supposé, en admettant encore une fois que notre connaissance de la transmission de ce virus s’est grandement améliorée.

    Pourtant, comment puis-je, moi, soignant bien ordinaire, qui suis diagnostiqué positif mais déclaré non malade, aller au travail en toute sécurité, en toute sérénité ? Comment mes supérieurs hiérarchiques ne peuvent-ils comprendre mon état d’anxiété à l’approche d’un collègue ou d’un patient vulnérable, malgré toutes les précautions prises ? Comment ne pas admettre qu’un travail de douze heures d’affilée, dans ce service de réanimation, nécessite de prendre un peu de temps, de boire un café ou de manger quelque chose ? Seul alors. Mais l’architecture du lieu le permet-elle ? Et si, en pause, une alarme sonne, un appel à l’aide de mes collègues m’oblige à me rendre auprès du patient dont l’état s’aggrave ? Zut, j’ai oublié de remettre à temps mon masque…

    Le Haut Conseil de la santé publique avait bien insisté en mai : ce n’est qu’au cas où le professionnel de santé, diagnostiqué positif et peu symptomatique, serait jugé irremplaçable qu’il pourrait quand même aller travailler. Au cours de la première vague, des soignants submergés ont dû continuer de soigner. Il manquait sans doute des bras. Hélas, ce pourrait de nouveau être le cas cet automne. Lors des auditions au Sénat, une séance était consacrée aux problèmes éthiques posés par la première vague. Il a été formellement souligné que nous, soignants, avions travaillé en mode dégradé – pas de moyens de protection, insuffisance des effectifs – et en avions, parfois, payé le prix exorbitant de la maladie et de la mort.

    Politiques d’embauche insuffisantes

    Pourquoi alors ne pas dire que les injonctions de rester au travail – sur la base du volontariat, nous précisent les responsables – sont seulement dues au risque de manquer de personnel ? Sont seulement dues à l’impossibilité de remplacer les arrêts maladie ? Les politiques d’embauche restent en effet insuffisantes, comme continuent de le crier les collectifs de défense des hôpitaux, et comme vient de nouveau de l’admettre le Conseil économique social et environnemental. Les personnels continuent de fuir l’hôpital, et il semble que cette affaire de soignants positifs ne redonnera pas confiance à celles et ceux qui déjà veulent quitter la profession d’infirmier, comme l’enquête du Conseil de l’ordre des infirmières vient de le montrer.

    Frédéric Worms, dans une tribune publiée dans Le Monde daté du mercredi 14 octobre, s’est inquiété du caractère non éthique d’une santé publique oublieuse des méthodes de la bioéthique. Si l’éthique minimale du soin n’est pas respectée, en obligeant des soignants à risque à contaminer les autres vulnérables et ses propres collègues travailleurs du soin, alors tous les discours autour du prendre soin ne seront que lettre morte. A moins qu’en ces temps troublés le prendre soin soit mis entre parenthèses.

    Edit
    Covid+ au taff à Nice, à Bourgoin-Jallieu, au Puy-en-Velay et au CHU de Nantes, il y a plus dune semaine https://seenthis.net/messages/880516

    L’enquête #EpiCov constatait que 11% des soignants ont été covid+ lors de la première vague (des pénuries de gants et blouses sont actuellement rapportées).
    Ils majorent aussi le tarif des heures supplémentaires pour #assurer_la_continuité_des_soins

    #covid-19 #hôpital #soignants #arrêts_de_travail #santé

  • #Covid-19 : des contrôleurs SNCF ont caché qu’ils étaient contaminés - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/economie/covid-19-des-controleurs-sncf-ont-cache-qu-ils-etaient-contamines-28-09-2

    (Via Maître Pandaï sur Twitter)

    « Ce n’est pas un sujet purement SNCF. Tous les salariés qui ont une part variable, comme les commerciaux, ou qui sont en difficulté financière, risquent de ne pas dire qu’ils ont le coronavirus. Il faut que le gouvernement agisse ».

  • DÉLIBÉRÉ @AmazonFrance - SUD commerce
    https://twitter.com/sudcommerces/status/1250037872037675008

    le juge ordonne de limiter, dans les 24 h et sous astreinte de 1 million par jour de retard, l’activité aux marchandises essentielles dans la période dans l’attente d’une évaluation des risques épidémiques en y associant les représentants du personnel !

    #travail #Amazon #syndicalisme #refus_du_travail (de fait) #logistique #commerce

    • Amazon condamné à ne plus livrer que les produits alimentaires, médicaux et d’hygiène
      http://www.leparisien.fr/economie/amazon-condamne-a-ne-plus-livrer-que-les-produits-alimentaires-medicaux-e

      Le tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine) n’a pas ordonné ce mardi la fermeture totale des entrepôts français du géant américain mais le contraint à restreindre son activité pendant l’épidémie de coronavirus.

      La justice avait été saisie par un syndicat qui craignait que les salariés ne puissent être en sécurité face au coronavirus.

      Camouflet pour le géant Amazon en France. Le tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine), dont dépend son siège français de Clichy-la-Garenne, vient ce mardi de lui ordonner, dans les 24 heures, de « restreindre l’activité de ses entrepôts aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d’expédition des commandes de produits alimentaires, de produits d’hygiène et de produits médicaux, sous astreinte, d’un million d’euros par jour de retard et par infraction constatée » .

      La décision s’applique dans l’attente de « l’évaluation des risques professionnels inhérents à l’épidémie de Covid-19 sur l’ensemble de ses entrepôts ainsi qu’à la mise en œuvre des mesures prévues à l’article L 4121-1 du Code du travail » et pendant « une durée maximum d’un mois » qui pourra, si besoin, être allongée par un nouveau jugement.

      Le tribunal de Nanterre avait été saisi en référé, mercredi 8 avril, par le syndicat Sud Solidaires qui réclamait à titre principal la fermeture des six #entrepôts français du géant du e-commerce sous astreinte d’un million d’euros par jour. A défaut, Solidaires demandait qu’Amazon Logistique France soit au moins contraint de réduire son activité aux 10 % de marchandises « essentielles » et par conséquent de diminuer d’autant le nombre de salariés présents sur les sites français. C’est à cette deuxième option que le tribunal vient de faire droit.

      L’audience, initialement programmée jeudi, s’est finalement tenue, en présence des parties, pendant deux heures vendredi 10 avril et la décision avait été mise en délibéré jusqu’à ce mardi.

      Malaise grandissant dans les entrepôts

      « C’est une bombe sanitaire et sociale qui est en train d’exploser et qui concerne plus de 10 000 travailleurs directs mais aussi une armée d’#intérimaires et de #livreurs », pointait le syndicat dans son communiqué du 8 avril. Le syndicat reproche à Amazon de ne pas protéger ses salariés correctement contre le Covid-19 et de poursuivre son activité « comme si de rien n’était, en dépit de la mobilisation du personnel, des mises en demeure des syndicats, de l’inspection et de la médecine du travail, mais aussi des critiques des ministres de l’économie et du travail ».

      La semaine dernière, cinq entrepôts du géant américain, sur les six qu’il compte en France, avaient été épinglés par le ministère du Travail pour la mauvaise protection de leurs salariés. Trois des six mises en demeure ont depuis été levées. Et depuis plusieurs semaines, le malaise ne cesse de croître dans les entrepôts Amazon. #Arrêts_maladie, droits de retrait, arrêt pour garde d’enfants, jours de grève… l’absentéisme atteint des taux records. « Entre 40 et 60 % » , selon les sites et les syndicats.

      Officiellement, un seul employé est actuellement hospitalisé en réanimation à cause du Covid-19, mais les syndicats soupçonnent des dizaines de malades non comptabilisés.

      #droit_de_retrait #arrêt_pour_garde_d'enfant #grève #absentéisme

    • Coronavirus : la justice confirme en appel le rappel à l’ordre d’Amazon
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/24/coronavirus-la-justice-confirme-en-appel-le-rappel-a-l-ordre-d-amazon_603767

      La cour d’appel de Versailles a confirmé, tout en l’adoucissant un peu, la décision qui avait ordonné à Amazon de mieux protéger ses salariés du coronavirus et de restreindre d’ici là ses activités à des produits jugés essentiels.

      Vendredi 24 avril, la cour d’appel de Versailles a confirmé, tout en l’adoucissant un peu, la décision qui avait ordonné, le 14 avril, à Amazon de mieux protéger ses salariés du coronavirus et de restreindre d’ici là ses activités à certaines catégories de produits jugés essentiels. Elle demande à nouveau à l’entreprise de « procéder, en y associant les représentants du personnel, à l’évaluation des risques professionnels inhérents à l’épidémie de Covid-19 ».

      La cour d’appel élargit et précise les catégories de produits autorisées à la vente, en se référant au catalogue de la plate-forme : « high-tech », « informatique », « bureau », « tout pour les animaux », « santé et soins du corps », « homme », « nutrition », « parapharmacie », « épicerie », « boissons » et « entretien » . Le tribunal judiciaire de Nanterre avait restreint l’activité aux produits « alimentaires, médicaux et d’hygiène » .

      Elle donne à l’entreprise quarante-huit heures pour se conformer et la menace ensuite d’une astreinte par infraction de 100 000 euros par jour, moins importante que le million d’euros prononcé en première instance. La procédure associait les principaux syndicats d’Amazon, SUD-Solidaires, la CGT, la CFDT et FO, ainsi que le comité social économique central et celui du site de Montélimar.

      En réaction, Amazon France a déclaré :
      « Nous avons pris connaissance de l’issue de notre appel et nous allons évaluer dans les meilleurs délais les conséquences de cette décision pour notre activité. »
      (...)

  • Les arrêts de travail chez Tesla ont doublé en un an
    https://www.20minutes.fr/economie/emploi/2478255-20190321-tesla-trois-fois-plus-arret-travail-2018-2017-firme-voit-

    ACCIDENTS DE TRAVAIL Le nombre de jours d’arrêt pris par travailleur est passé de 35 à 66 entre 2017 et 2018

    Le patron de Tesla, Elon Musk, compte construire une usine en Europe pour produire ses voitures électriques de luxe. Il a cité l’Alsace comme possible lieu d’implantation.

    Les ouvriers de Tesla sont-ils en train de payer le rythme imposé pour augmenter la production ? Les employés de l’usine de Fremont (Californie) ont pris deux fois plus d’#arrêts_de_travail (pour blessures et maladies) en 2018 que l’année précédente, révèle Bloomberg relayé par Numerama ce mercredi.
    Le média américain compte aussi bien les arrêts maladie que les congés sans solde. Dans cette usine, le nombre total de jours chômés a triplé, de 7.619 en 2017 à 22.454 jours 2018, selon un rapport officiel de Tesla transmis à l’Administration de la sécurité et de la santé au travail (OSHA). Les effectifs ayant augmenté de 30%, le nombre de jours chômés par employé a doublé, passant de 35 à 66 jours par an.

    Aucun mort, souligne Tesla

    Tesla a défendu ces chiffres, estimant que l’arrivée du très attendu Model 3 a bouleversé le rythme de travail. « Il y avait donc beaucoup plus d’heures travaillées, plus de personnel de production et plus de risque d’incidents », souligne Laurie Shelby, du service dédié à l’environnement de #travail, à la santé et à la sécurité chez Tesla. Selon elle, le chiffre le plus important est « celui des victimes, et chez nous, il est de zéro ».

    Les deux tiers des incidents sont liés à des traumatismes physiques à cause de la répétition des tâches : blessures au cou, dos, aux épaules dans les poignets et les mains. Pour pallier ce problème, Tesla a imaginé un programme spécifique. A leur retour au travail après un arrêt, les employés changent ainsi de poste, afin de ne pas sursolliciter la partie du corps qui a été blessée.

    #usine #productivité #accidents_de_travail

  • Un quart des arrêts maladie pas respectés par les patients - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/economie/un-quart-des-arrets-maladie-pas-respectes-par-les-patients-27-11-2018-795

    Mais c’est surtout le renoncement des patients à ces prescriptions qui retient cette année l’attention. Selon l’étude, ils sont nombreux : 23 % des prescriptions n’ont pas été respectées par les patients. Une proportion en hausse de quatre points en un an. Le taux de salariés qui renoncent totalement à s’arrêter progresse de trois points, à 15 %. 8 % des patients ont repris le travail avant terme.

    La moitié de ces salariés ont expliqué avoir regretté leur décision, car, disent-ils, leur productivité ou la qualité de leur travail en a été affectée ou leur maladie a duré plus longtemps que prévu ou s’est soldée par une rechute.

    Le gouvernement communique sur les arrêts maladie de complaisance qui explosent et les salariés qui abusent... et les assureurs te disent que dans la réalité, les salariés n’utilisent pas leurs arrêts de travail dans une proportion toujours plus grande... et les titres qui évoquent ce dernier point de vue sont alambiqués...

  • Les arrêts maladie dans le viseur du gouvernement

    Deux experts viennent d’être chargés par le Premier ministre, Edouard Philippe, d’établir un diagnostic sur l’augmentation des arrêts maladie. Une hausse que le gouvernement entend stopper, notamment en luttant contre les arrêts courts et ceux estimés « abusifs ».

    Le Premier ministre, Edouard Philippe, a confié le mercredi 5 septembre une mission d’évaluation sur les #arrêts_maladie à deux experts. Jean-Luc Bérard, DRH du groupe Safran, et Stéphane Seiller, conseiller-maître à la Cour des comptes et ancien directeur général du régime social des indépendants, ont quatre mois pour élaborer un diagnostic sur l’augmentation des arrêts maladie et proposer des « pistes d’évolution ». Les auditions du patronat, des syndicats, des médecins du travail et généralistes et des organismes de sécurité sociale s’annoncent tendues après les coups d’éclats médiatiques de l’été.

    Défiance à l’égard des généralistes
    Début août, le journal Les Echos annonçait que le gouvernement planchait sur la possibilité de transférer aux entreprises la prise en charge des indemnités journalières de leurs salariés qui étaient arrêtés une semaine. Si le gouvernement a reculé après la bronca des organisations patronales (Medef, CPME, UPA), « le Premier ministre n’a pas renoncé à mettre ce sujet à plat », a assuré Matignon à France Info. Fin août, celui-ci avait insinué que les salariés du privé s’octroyaient 17 jours de congés par an aux frais de l’Assurance maladie. Le gouvernement semble considérer que les médecins généralistes attribuent des arrêts de façon légère, voire abusive. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a ainsi maintenu, lors d’une interview radio, que « quand nous contrôlons les #arrêts_de_travail, 15 % sont inappropriés, sont des abus ». Comme les caisses d’assurance maladie ne contrôlent que 5 % de la totalité des prescriptions d’arrêts, ce sont en réalité 0,75 % qui seraient abusifs, « un chiffre nettement moins spectaculaire », analyse MG-France, premier syndicat de médecins généralistes, qui est aussitôt monté au créneau. Son président, Jacques Battistoni, a regretté, lors d’un rendez-vous avec la ministre, la défiance à l’égard des médecins.

    L’impact du recul de l’âge de la retraite
    Edouard Philippe a annoncé vouloir lutter contre les arrêts courts, alors que « le dérapage des dépenses » (+ 4 % par an) est surtout lié aux arrêts de longue maladie. Hors accidents du travail et maladies professionnelles, l’indemnisation des arrêts maladie est en hausse continue depuis 2012, selon les comptes 2017 de la Sécurité sociale. Le montant total indemnisé en effet est passé de 6,3 milliards en 2012 à 7,1 milliards d’euros en 2017, soit 15 % de hausse.
    Pour la #Sécurité_sociale, la « forte hausse des arrêts de longue durée depuis 2014 (+ 4,8 % en moyenne) est à mettre en regard de la réforme des retraites de 2010 et du recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans ». La durée moyenne d’un arrêt indemnisé pour les personnes âgées d’au moins 60 ans était de 76 jours en 2016, soit 24 de plus que la durée moyenne d’un arrêt pour les personnes âgées de 55 à 59 ans. Contrairement aux engagements, l’allongement de la durée de cotisation n’a pas conduit à une amélioration des conditions de travail, et l’incidence des maladies chroniques augmente très nettement passé 50 ans.

    Le rapport Lecocq bien accueilli
    Les deux experts feront un premier point d’étape en octobre, après la rencontre des parties prenantes. En parallèle, le gouvernement a adressé mercredi un programme de travail aux partenaires sociaux sur les axes et le calendrier des réformes sociales à venir, relatives notamment à l’assurance chômage et à la santé au travail. Portant sur ce dernier thème, le rapport Lecocq, qui préconise la création d’un guichet et d’une cotisation uniques pour la prise en charge des risques professionnels, a été plutôt bien accueilli par les partenaires sociaux. Le gouvernement devrait leur envoyer un document d’orientation au cours de la deuxième quinzaine d’octobre. Une négociation et des concertations devraient s’ensuivre, pour aboutir au printemps 2019.

    http://www.sante-et-travail.fr/arrets-maladie-viseur-du-gouvernement