• #Of_Land_and_Bread

    « #B'Tselem – le centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les #territoires_occupés – a promu en 2007 un projet qui consistait à donner des caméras vidéo aux Palestinien.ne.s en Cisjordanie afin qu’ils/elles puissent documenter les violations des droits de l’homme qu’ils étaient contraint.e.s de subir sous l’occupation israélienne. Ces #enregistrements_vidéo bruts capturent de la manière la plus simple et la plus efficace les abus quotidiens et implacables commis à répétition par les colons illégaux et l’armée contre les Palestinien.ne.s. Au fil des ans, tous ces films sont devenus des #archives vivantes et malheureusement en constante expansion des #abus incessants et de la violence dont souffre la population palestinienne et avec lesquels elle doit vivre. Of Land and Bread rassemble certains de ces courts métrages dans un long métrage documentaire qui n’est indéniablement pas facile à regarder. La brutalité des colons et de l’armée n’épargne personne. Et pourtant, il est nécessaire de voir pour bien saisir et comprendre l’ampleur du cycle sans fin des violations des droits de l’homme auxquelles les Palestinien.ne.s sont confronté.e.s, alors que le monde regarde obstinément de l’autre côté. »


    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/59534_0
    #film #documentaire #film_documentaire #Cisjordanie #Palestine #colonisation #Israël #terre #armée_israélienne #violence #humiliations #destruction #brutalité #arrestations_arbitraires #menaces #insultes #provocation #documentation #droits_humains #archive #à_voir

  • #Judith_Butler : Condamner la #violence

    « Je condamne les violences commises par le #Hamas, je les condamne sans la moindre réserve. Le Hamas a commis un #massacre terrifiant et révoltant », écrit Judith Butler avant d’ajouter qu’« il serait étrange de s’opposer à quelque chose sans comprendre de quoi il s’agit, ou sans la décrire de façon précise. Il serait plus étrange encore de croire que toute #condamnation nécessite un refus de comprendre, de #peur que cette #compréhension ne serve qu’à relativiser les choses et diminuer notre #capacité_de_jugement ».

    Les questions qui ont le plus besoin d’un #débat_public, celles qui doivent être discutées dans la plus grande urgence, sont des questions qui sont difficiles à aborder dans les cadres existants. Et même si l’on souhaite aller directement au cœur du sujet, on se heurte à un cadre qui fait qu’il est presque impossible de dire ce que l’on a à dire. Je veux parler ici de la violence, de la violence présente, et de l’histoire de la violence, sous toutes ses formes. Mais si l’on veut documenter la violence, ce qui veut dire comprendre les #tueries et les #bombardements massifs commis par le Hamas en Israël, et qui s’inscrivent dans cette histoire, alors on est accusé de « #relativisme » ou de « #contextualisation ». On nous demande de condamner ou d’approuver, et cela se comprend, mais est-ce bien là tout ce qui, éthiquement, est exigé de nous ? Je condamne les violences commises par le Hamas, je les condamne sans la moindre réserve. Le Hamas a commis un massacre terrifiant et révoltant. Telle a été et est encore ma réaction première. Mais elle n’a pas été la seule.

    Dans l’immédiateté de l’événement, on veut savoir de quel « côté » sont les gens, et clairement, la seule réaction possible à de pareilles tueries est une condamnation sans équivoque. Mais pourquoi se fait-il que nous ayons parfois le sentiment que se demander si nous utilisons les bons mots ou comprenons bien la situation historique fait nécessairement obstacle à une #condamnation_morale absolue ? Est-ce vraiment relativiser que se demander ce que nous condamnons précisément, quelle portée cette condamnation doit avoir, et comment décrire au mieux la ou les formations politiques auxquelles nous nous opposons ?

    Il serait étrange de s’opposer à quelque chose sans comprendre de quoi il s’agit, ou sans la décrire de façon précise. Il serait plus étrange encore de croire que toute condamnation nécessite un refus de comprendre, de peur que cette compréhension ne serve qu’à relativiser les choses et diminuer notre capacité de jugement. Mais que faire s’il est moralement impératif d’étendre notre condamnation à des #crimes tout aussi atroces, qui ne se limitent pas à ceux mis en avant et répétés par les médias ? Quand et où doit commencer et s’arrêter notre acte de condamnation ? N’avons-nous pas besoin d’une évaluation critique et informée de la situation pour accompagner notre condamnation politique et morale, sans avoir à craindre que s’informer et comprendre nous transforme, aux yeux des autres, en complices immoraux de crimes atroces ?

    Certains groupes se servent de l’histoire de la violence israélienne dans la région pour disculper le Hamas, mais ils utilisent une forme corrompue de raisonnement moral pour y parvenir. Soyons clairs. Les violences commises par #Israël contre les Palestiniens sont massives : bombardements incessants, assassinats de personnes de tous âges chez eux et dans les rues, torture dans les prisons israéliennes, techniques d’affamement à #Gaza, expropriation radicale et continue des terres et des logements. Et ces violences, sous toutes leurs formes, sont commises sur un peuple qui est soumis à un #régime_colonial et à l’#apartheid, et qui, privé d’État, est apatride.

    Mais quand les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard (Harvard Palestine Solidarity Groups) publient une déclaration disant que « le régime d’apartheid est le seul responsable » des attaques mortelles du Hamas contre des cibles israéliennes, ils font une erreur et sont dans l’erreur. Ils ont tort d’attribuer de cette façon la #responsabilité, et rien ne saurait disculper le Hamas des tueries atroces qu’ils ont perpétrées. En revanche, ils ont certainement raison de rappeler l’histoire des violences : « de la #dépossession systématique des terres aux frappes aériennes de routine, des #détentions_arbitraires aux #checkpoints militaires, des séparations familiales forcées aux #assassinats ciblés, les Palestiniens sont forcés de vivre dans un #état_de_mort, à la fois lente et subite. » Tout cela est exact et doit être dit, mais cela ne signifie pas que les violences du Hamas ne soient que l’autre nom des violences d’Israël.

    Il est vrai que nous devons nous efforcer de comprendre les raisons de la formation de groupes comme le Hamas, à la lumière des promesses rompues d’Oslo et de cet « état de mort, à la fois lente et subite » qui décrit bien l’existence des millions de Palestiniens vivant sous #occupation, et qui se caractérise par une #surveillance constante, la #menace d’une détention sans procès, ou une intensification du #siège de #Gaza pour priver ses habitants d’#eau, de #nourriture et de #médicaments. Mais ces références à l’#histoire des Palestiniens ne sauraient justifier moralement ou politiquement leurs actes. Si l’on nous demandait de comprendre la violence palestinienne comme une continuation de la violence israélienne, ainsi que le demandent les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard, alors il n’y aurait qu’une seule source de #culpabilité_morale, et même les actes de violence commis par les Palestiniens ne seraient pas vraiment les leurs. Ce n’est pas rendre compte de l’autonomie d’action des Palestiniens.

    La nécessité de séparer la compréhension de la violence omniprésente et permanente de l’État israélien de toute justification de la violence est absolument cruciale si nous voulons comprendre quels peuvent être les autres moyens de renverser le #système_colonial, mettre fin aux #arrestations_arbitraires et à la #torture dans les prisons israéliennes, et arrêter le siège de Gaza, où l’eau et la nourriture sont rationnés par l’État-nation qui contrôle ses frontières. Autrement dit, la question de savoir quel monde est encore possible pour tous les habitants de la région dépend des moyens dont il sera mis fin au système colonial et au pouvoir des colons. Hamas a répondu de façon atroce et terrifiante à cette question, mais il y a bien d’autres façons d’y répondre.

    Si, en revanche, il nous est interdit de parler de « l’#occupation », comme dans une sorte de Denkverbot allemand, si nous ne pouvons pas même poser le débat sur la question de savoir si le joug militaire israélien sur la région relève du #colonialisme ou de l’#apartheid_racial, alors nous ne pouvons espérer comprendre ni le passé, ni le présent, ni l’avenir. Et beaucoup de gens qui regardent le carnage dans les médias sont totalement désespérés. Or une des raisons de ce #désespoir est précisément qu’ils regardent les #médias, et vivent dans le monde sensationnel et immédiat de l’#indignation_morale absolue. Il faut du temps pour une autre #morale_politique, il faut de la patience et du courage pour apprendre et nommer les choses, et nous avons besoin de tout cela pour que notre condamnation puisse être accompagnée d’une vision proprement morale.

    Je m’oppose aux violences que le Hamas a commises, et ne leur trouve aucune excuse. Quand je dis cela, je prends une position morale et politique claire. Je n’équivoque pas lorsque je réfléchis sur ce que cette condamnation implique et présuppose. Quiconque me rejoint dans cette position se demande peut-être si la condamnation morale doit reposer sur une compréhension de ce qui est condamné. On pourrait répondre que non, que je n’ai rien besoin de connaître du Hamas ou de la Palestine pour savoir que ce qu’ils ont fait est mal et pour le condamner. Et si l’on s’arrête là, si l’on se contente des représentations fournies par les médias, sans jamais se demander si elles sont réellement utiles et exactes, et si le cadre utilisé permet à toutes les histoires d’être racontées, alors on se résout à une certaine ignorance et l’on fait confiance aux cadres existants. Après tout, nous sommes tous très occupés, et nous n’avons pas tous le temps d’être des historiens ou des sociologues. C’est une manière possible de vivre et de penser, et beaucoup de gens bien-intentionnés vivent effectivement ainsi, mais à quel prix ?

    Que nous faudrait-il dire et faire, en revanche, si notre morale et notre politique ne s’arrêtaient pas à l’acte de condamnation ? Si nous continuions, malgré tout, de nous intéresser à la question de savoir quelles sont les formes de vie qui pourraient libérer la région de violences comme celles-ci ? Et si, en plus de condamner les crimes gratuits, nous voulions créer un futur dans lequel ce genre de violences n’aurait plus cours ? C’est une aspiration normative qui va bien au-delà de la condamnation momentanée. Pour y parvenir, il nous faut absolument connaître l’histoire de la situation : l’histoire de la formation du Hamas comme groupe militant, dans l’abattement total, après Oslo, pour tous les habitants de Gaza à qui les promesses de gouvernement autonome n’ont jamais été honorées ; l’histoire de la formation des autres groupes palestiniens, de leurs tactiques et de leurs objectifs ; l’histoire enfin du peuple palestinien lui-même, de ses aspirations à la liberté et au #droit_à_l’autodétermination, de son désir de se libérer du régime colonial et de la violence militaire et carcérale permanente. Alors, si le Hamas était dissous ou s’il était remplacé par des groupes non-violents aspirant à la #cohabitation, nous pourrions prendre part à la lutte pour une Palestine libre.

    Quant à ceux dont les préoccupations morales se limitent à la seule condamnation, comprendre la situation n’est pas un objectif. Leur indignation morale est à la fois présentiste et anti-intellectuelle. Et pourtant, l’indignation peut aussi amener quelqu’un à ouvrir des livres d’histoire pour essayer de comprendre comment un événement comme celui-ci a pu arriver, et si les conditions pourraient changer de telle sorte qu’un avenir de violence ne soit pas le seul avenir possible. Jamais la « contextualisation » ne devrait être considérée comme une activité moralement problématique, même s’il y a des formes de contextualisation qui sont utilisées pour excuser ou disculper. Est-il possible de distinguer ces deux formes de contextualisation ? Ce n’est pas parce que certains pensent que contextualiser des violences atroces ne sert qu’à occulter la violence ou, pire encore, à la rationaliser que nous devrions nous soumettre à l’idée que toute forme de contextualisation est toujours une forme de #relativisme_moral.

    Quand les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard disent que « le régime d’apartheid est le seul responsable » des attaques du Hamas, ils souscrivent à une conception inacceptable de la responsabilité morale. Il semble que pour comprendre comment s’est produit un événement, et ce qu’il signifie, il nous faille apprendre l’histoire. Cela veut dire qu’il nous incombe tout à la fois d’élargir la perspective au-delà de la terrible fascination du moment et, sans jamais nier l’horreur, de ne pas laisser l’#horreur présente représenter toute l’horreur qu’il y a à représenter, et nous efforcer de savoir, de comprendre et de nous opposer.

    Or les médias d’aujourd’hui, pour la plupart d’entre eux, ne racontent pas les horreurs que vivent les Palestiniens depuis des décennies, les bombardements, les tueries, les attaques et les arrestations arbitraires. Et si les horreurs des derniers jours ont pour les médias une importance morale plus grande que les horreurs des soixante-dix dernières années, alors la réaction morale du moment menace d’empêcher et d’occulter toute compréhension des #injustices_radicales endurées depuis si longtemps par la Palestine occupée et déplacée de force.

    Certains craignent, à juste titre, que toute contextualisation des actes violents commis par le Hamas soit utilisée pour disculper le Hamas, ou que la contextualisation détourne l’attention des horreurs perpétrées. Mais si c’est l’horreur elle-même qui nous amenait à contextualiser ? Où commence cette horreur et où finit-elle ? Si les médias parlent aujourd’hui de « guerre » entre le Hamas et Israël, c’est donc qu’ils proposent un cadre pour comprendre la situation. Ils ont, ainsi, compris la situation à l’avance. Si Gaza est comprise comme étant sous occupation, ou si l’on parle à son sujet de « prison à ciel ouvert », alors c’est une autre interprétation qui est proposée. Cela ressemble à une description, mais le langage contraint ou facilite ce que nous pouvons dire, comment nous pouvons décrire, et ce qui peut être connu.

    Oui, la langue peut décrire, mais elle n’acquiert le pouvoir de le faire que si elle se conforme aux limites qui sont imposées à ce qui est dicible. S’il est décidé que nous n’avons pas besoin de savoir combien d’enfants et d’adolescents palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Gaza cette année ou pendant toutes les années de l’occupation, que ces informations ne sont pas importantes pour comprendre ou qualifier les attaques contre Israël, et les assassinats d’Israéliens, alors il est décidé que nous ne voulons pas connaître l’histoire des violences, du #deuil et de l’indignation telle qu’est vécue par les Palestiniens.

    Une amie israélienne, qui se qualifie elle-même d’« antisioniste », écrit en ligne qu’elle est terrifiée pour sa famille et pour ses amis, et qu’elle a perdu des proches. Et nous devrions tous être de tout cœur avec elle, comme je le suis bien évidemment. Cela est terrible. Sans équivoque. Et pourtant, il n’est pas un moment où sa propre expérience de l’horreur et de la perte de proches ou d’amis est imaginé comme pouvant être ce qu’une Palestinienne éprouve ou a éprouvé de son côté après des années de bombardement, d’incarcération et de violence militaire. Je suis moi aussi une Juive, qui vit avec un #traumatisme_transgénérationnel à la suite des atrocités commises contre des personnes comme moi. Mais ces atrocités ont aussi été commises contre des personnes qui ne sont pas comme moi. Je n’ai pas besoin de m’identifier à tel visage ou à tel nom pour nommer les atrocités que je vois. Ou du moins je m’efforce de ne pas le faire.

    Mais le problème, au bout du compte, n’est pas seulement une absence d’#empathie. Car l’empathie prend généralement forme dans un cadre qui permette qu’une identification se fasse, ou une traduction entre l’expérience d’autrui et ma propre expérience. Et si le cadre dominant considère que certaines vies sont plus dignes d’être pleurées que d’autres, alors il s’ensuit que certaines pertes seront plus terribles que d’autres. La question de savoir quelles vies méritent d’être pleurées fait partie intégrante de la question de savoir quelles sont les vies qui sont dignes d’avoir une valeur. Et c’est ici que le #racisme entre en jeu de façon décisive. Car si les Palestiniens sont des « #animaux », comme le répète Netanyahu, et si les Israéliens représentent désormais « le peuple juif », comme le répète Biden (englobant la diaspora juive dans Israël, comme le réclament les réactionnaires), alors les seules personnes dignes d’être pleurées, les seules qui sont éligibles au deuil, sont les Israéliens, car la scène de « guerre » est désormais une scène qui oppose les Juifs aux animaux qui veulent les tuer.

    Ce n’est certainement pas la première fois qu’un groupe de personnes qui veulent se libérer du joug de la #colonisation sont représentées comme des animaux par le colonisateur. Les Israéliens sont-ils des « animaux » quand ils tuent ? Ce cadre raciste de la violence contemporaine rappelle l’opposition coloniale entre les « civilisés » et les « animaux », qui doivent être écrasés ou détruits pour sauvegarder la « civilisation ». Et lorsque nous rappelons l’existence de ce cadre au moment d’affirmer notre condamnation morale, nous nous trouvons impliqué dans la dénonciation d’une forme de racisme qui va bien au-delà de l’énonciation de la structure de la vie quotidienne en Palestine. Et pour cela, une #réparation_radicale est certainement plus que nécessaire.

    Si nous pensons qu’une condamnation morale doive être un acte clair et ponctuel, sans référence à aucun contexte ni aucun savoir, alors nous acceptons inévitablement les termes dans lesquels se fait cette condamnation, la scène sur laquelle les alternatives sont orchestrées. Et dans ce contexte récent qui nous intéresse, accepter ce cadre, c’est reprendre les formes de #racisme_colonial qui font précisément partie du problème structurel à résoudre, de l’#injustice intolérable à surmonter. Nous ne pouvons donc pas refuser l’histoire de l’injustice au nom d’une certitude morale, car nous risquerions alors de commettre d’autres injustices encore, et notre certitude finirait par s’affaisser sur un fondement de moins en moins solide. Pourquoi ne pouvons-nous pas condamner des actes moralement haïssables sans perdre notre capacité de penser, de connaître et de juger ? Nous pouvons certainement faire tout cela, et nous le devons.

    Les actes de violence auxquels nous assistons via les médias sont horribles. Et dans ce moment où toute notre attention est accaparée par ces médias, les violences que nous voyons sont les seules que nous connaissions. Je le répète : nous avons le droit de déplorer ces violences et d’exprimer notre horreur. Cela fait des jours que j’ai mal au ventre à essayer d’écrire sans trouver le sommeil, et tous les gens que je connais vivent dans la peur de ce que va faire demain la machine militaire israélienne, si le #discours_génocidaire de #Netanyahu va se matérialiser par une option nucléaire ou par d’autres tueries de masse de Palestiniens. Je me demande moi-même si nous pouvons pleurer, sans réserve aucune, pour les vies perdues à Tel-Aviv comme pour les vies perdues à Gaza, sans se laisser entraîner dans des débats sur le relativisme et sur les #fausses_équivalences. Peut-être les limites élargies du deuil peuvent-elles contribuer à un idéal d’#égalité substantiel, qui reconnaisse l’égale pleurabilité de toutes les vies, et qui nous porte à protester que ces vies n’auraient pas dû être perdues, qui méritaient de vivre encore et d’être reconnues, à part égale, comme vies.

    Comment pouvons-nous même imaginer la forme future de l’égalité des vivants sans savoir, comme l’a documenté le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, que les militaires et les colons israéliens ont tué au minimum 3 752 civils palestiniens depuis 2008 à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Où et quand le monde a-t-il pleuré ces morts ? Et dans les seuls bombardements et attaques d’octobre, 140 enfants palestiniens ont déjà été tués. Beaucoup d’autres trouveront la mort au cours des actions militaires de « #représailles » contre le Hamas dans les jours et les semaines qui viennent.

    Ce n’est pas remettre en cause nos positions morales que de prendre le temps d’apprendre l’histoire de la #violence_coloniale et d’examiner le langage, les récits et les cadres qui servent aujourd’hui à rapporter et expliquer – et interpréter a priori – ce qui se passe dans cette région. Il s’agit là d’un #savoir_critique, mais qui n’a absolument pas pour but de rationaliser les violences existences ou d’en autoriser d’autres. Son but est d’apporter une compréhension plus exacte de la situation que celle proposée par le cadre incontesté du seul moment présent. Peut-être d’autres positions d’#opposition_morale viendront-elles s’ajouter à celles que nous avons déjà acceptées, y compris l’opposition à la violence militaire et policière qui imprègne et sature la vie des Palestiniens dans la région, leur droit à faire le deuil, à connaître et exprimer leur indignation et leur solidarité, à trouver leur propre chemin vers un avenir de liberté ?

    Personnellement, je défends une politique de #non-violence, sachant qu’elle ne peut constituer un principe absolu, qui trouve à s’appliquer en toutes circonstances. Je soutiens que les #luttes_de_libération qui pratiquent la non-violence contribuent à créer le monde non-violent dans lequel nous désirons tous vivre. Je déplore sans équivoque la violence, et en même temps, comme tant d’autres personnes littéralement stupéfiées devant leur télévision, je veux contribuer à imaginer et à lutter pour la justice et pour l’égalité dans la région, une justice et une égalité qui entraîneraient la fin de l’occupation israélienne et la disparition de groupes comme le Hamas, et qui permettrait l’épanouissement de nouvelles formes de justice et de #liberté_politique.

    Sans justice et sans égalité, sans la fin des violences perpétrées par un État, Israël, qui est fondé sur la violence, aucun futur ne peut être imaginé, aucun avenir de #paix_véritable – et je parle ici de paix véritable, pas de la « #paix » qui n’est qu’un euphémisme pour la #normalisation, laquelle signifie maintenir en place les structures de l’injustice, de l’inégalité et du racisme. Un pareil futur ne pourra cependant pas advenir si nous ne sommes pas libres de nommer, de décrire et de nous opposer à toutes les violences, y compris celles de l’État israélien, sous toutes ses formes, et de le faire sans avoir à craindre la censure, la criminalisation ou l’accusation fallacieuse d’antisémitisme.

    Le monde que je désire est un monde qui s’oppose à la normalisation du régime colonial israélien et qui soutient la liberté et l’autodétermination des Palestiniens, un monde qui réaliserait le désir profond de tous les habitants de ces terres de vivre ensemble dans la liberté, la non-violence, la justice et l’égalité. Cet #espoir semble certainement, pour beaucoup, impossible ou naïf. Et pourtant, il faut que certains d’entre nous s’accrochent farouchement à cet espoir, et refusent de croire que les structures qui existent aujourd’hui existeront toujours. Et pour cela, nous avons besoin de nos poètes, de nos rêveurs, de nos fous indomptés, de tous ceux qui savent comment se mobiliser.

    https://aoc.media/opinion/2023/10/12/condamner-la-violence

    ici aussi : https://seenthis.net/messages/1021216

    #à_lire #7_octobre_2023 #génocide

    • Palestinian Lives Matter Too: Jewish Scholar Judith Butler Condemns Israel’s “Genocide” in Gaza

      We speak with philosopher Judith Butler, one of dozens of Jewish American writers and artists who signed an open letter to President Biden calling for an immediate ceasefire in Gaza. “We should all be standing up and objecting and calling for an end to genocide,” says Butler of the Israeli assault. “Until Palestine is free … we will continue to see violence. We will continue to see this structural violence producing this kind of resistance.” Butler is the author of numerous books, including The Force of Nonviolence: An Ethico-Political Bind and Parting Ways: Jewishness and the Critique of Zionism. They are on the advisory board of Jewish Voice for Peace.

      https://www.youtube.com/watch?v=CAbzV40T6yk

  • En #Tunisie, la mort d’une #fillette retrouvée échouée sur une #plage suscite l’#indifférence générale

    Le corps d’une enfant a été retrouvé sur une île de l’archipel des #Kerkennah, au large de #Sfax, en décembre dernier, dans la même position que le petit #Aylan_Kurdi en 2015. Mais contrairement à lui, sa #photo n’a pas fait le tour du monde ni engendré la moindre #réaction politique. Un #silence qui en dit long sur la #banalisation des #naufrages en mer.

    Son corps sans vie a été retrouvé échoué sur une plage, le 24 décembre dernier, vêtu d’un blouson rose bonbon et d’un collant. Âgée d’environ 3 ans, la fillette reposait sur le ventre, face contre terre. Les #îles_de_Kerkennah, au large de Sfax, en Tunisie, ont été les tristes témoins de l’ignominie qui se déroule en #Méditerranée chaque jour : les naufrages qui s’enchaînent à la pelle ; ceux que l’on connaît, parce qu’ils laissent des traces derrière eux, et ceux dont on n’a pas connaissance, qualifiés d’« invisibles », pour lesquels aucune embarcation ni dépouille n’est jamais retrouvée.

    Mais cette fois, il y a une photo. L’enfant a été découvert sur la plage de #Sidi_Founkhal au petit matin, par un habitant de Sfax, originaire des Kerkennah, qui a décidé d’immortaliser l’horreur produite par nos politiques migratoires.

    Retrouvé par Mediapart, Boulbeba Bougacha, âgé de 20 ans, raconte avoir voulu « changer d’air » en allant déjeuner avec ses proches sur la plage, aux alentours de 13 heures, le 24 décembre. « On l’a trouvée là, allongée sur le ventre. On a appelé les autorités, qui sont venues la récupérer. Ça a été un choc. On sait que beaucoup de gens meurent en mer, mais on n’est jamais préparé à voir une chose pareille. »

    Sur la même plage ce jour-là, la mer a expulsé de ses entrailles au moins trois autres corps adultes, tous subsahariens. Boulbeba s’est exprimé sur les ondes de la radio locale Diwan FM, le 26 décembre 2022. Mais, fait surprenant, ni l’information ni la photo n’ont été relayées en Tunisie ou ailleurs, hormis dans quelques rares publications sur les réseaux sociaux. On se souvient de la photo du petit Aylan Kurdi, un enfant kurde retrouvé lui aussi échoué sur une plage de Turquie en 2015, quasiment dans la même position, qui avait suscité l’émoi et l’indignation partout à travers le monde.

    Dans l’archipel de Kerkennah, où règnent les familles de pêcheurs, tout le monde ou presque a entendu parler de la fillette. Mais le choc des premières découvertes de naufragé·es en mer a laissé place, depuis plusieurs années, à une forme de #résilience. « On voit des #cadavres presque tous les jours », lâche Nasser*, qui vit de la pêche.

    Lorsque nous le rencontrons à Remla, capitale des îles Kerkennah, l’homme semble soulagé d’être enfin entendu. Au printemps dernier, il dit avoir trouvé un bébé, âgé d’à peine 2 ans. « La dernière fois, j’ai vu quatre ou cinq morts d’un coup. Quand on appelle la garde nationale, ils nous demandent si ce sont des Blancs ou des Noirs. Si ce sont des Noirs, ils ne se déplacent pas. »

    Des pêcheurs traumatisés

    Depuis les années 2000, l’archipel aux 15 000 âmes s’est transformé en lieu de départ pour les personnes souhaitant émigrer vers l’Europe, du fait de sa proximité avec l’île italienne de Lampedusa. Il attire ainsi les Tunisiens, mais aussi, depuis une dizaine d’années les Subsahariens, de plus en plus nombreux à passer par la Tunisie (et le Maghreb de manière générale) pour tenter de travailler et/ou de prendre la mer.

    « De par sa localisation, Sfax a attiré beaucoup de Subsahariens, d’abord parce que c’est la deuxième plus grande ville de Tunisie et qu’il y a un fort besoin de main-d’œuvre, ensuite parce qu’elle est proche de Kerkennah, où des réseaux de passage existaient déjà », analyse Hassan Boubakri, chercheur à l’université de Sousse et de Sfax.

    Jeudi 9 février, des militaires armés contrôlent la montée à bord du Loud, nom du ferry reliant Sfax à Kerkennah en une heure. Plusieurs hommes voyageant seuls sont mis à l’écart, contrôlés puis interrogés.

    « Les autorités surveillent beaucoup l’île désormais, poursuit le spécialiste des migrations. Les Noirs ne peuvent plus rallier Kerkennah et les Tunisiens doivent présenter un justificatif démontrant qu’ils vont travailler ou rendre visite à des proches pour s’y rendre. » Les pêcheurs qui acceptent de s’exprimer confirment tous l’information. Mais ils précisent que des départs par la mer continuent de s’organiser depuis l’archipel, sans doute par l’intermédiaire des Tunisiens y ayant leur « réseau ».

    Les départs se font aussi depuis Sfax, rendant la traversée plus longue et dangereuse pour les exilé·es. « Une journée comme ça, avec un vent du Nord plutôt fort, va nous ramener plusieurs cadavres sur l’île », assure Nasser, qui se dit traumatisé par la vue de visages défigurés ou de corps à moitié dévorés par les poissons et les oiseaux migrateurs, très présents sur l’île. « La dernière fois, j’étais tellement marqué par ce que j’avais vu que sur le trajet retour vers ma maison, j’ai dû m’arrêter sur le bas-côté pour reprendre mes esprits », poursuit-il, le regard vide et abîmé.

    Il y a aussi les squelettes, que les pêcheurs disent observer surtout sur l’île de #Roumedia, située au nord-est de l’archipel. « Il y a un corps qui est là-bas depuis l’Aïd-el-Séghir [la fête marquant la fin du ramadan – ndlr], donc depuis avril dernier. On l’a signalé mais personne n’est venu le récupérer », regrette l’un des amis de Nasser, également pêcheur.

    Un autre explique avoir culpabilisé après avoir laissé un corps dans l’eau lorsqu’il était au large : « Si je l’avais signalé à la garde nationale, elle m’aurait demandé ensuite de l’accompagner jusqu’au #cadavre. C’était trop loin et il y avait de grandes chances que je n’arrive pas à le retrouver », se justifie-t-il.

    Ce dernier se souvient également avoir trouvé, il y a quelques mois, une femme enceinte sur le bord d’une plage. « C’est très dur pour nous. On sort en mer et on ne sait pas sur quoi on va tomber », ajoute-t-il, expliquant avoir constaté une hausse des naufrages en 2022. Tous affirment que « l’#odeur » est insupportable.

    Une question, qu’ils prononcent du bout des lèvres, les taraude : les poissons qu’ils pêchent et qu’ils donnent à manger à leur famille se sont-ils nourris de ces cadavres dont personne ne se préoccupe, parce que « migrants » ?

    À #Mellita, dans le sud des Kerkennah, d’autres remontent régulièrement des corps dans les mailles de leur filet. Certains, comme Ali*, en trouvent coincés dans leur charfia traditionnel, un barrage visant à bloquer le poisson et à le rediriger vers un piège.

    Dans sa maisonnette, l’homme raconte comment il a ainsi trouvé le corps d’un homme d’une quarantaine d’années coincé sous l’eau. « J’ai appelé la garde nationale à 11 heures. J’ai attendu jusqu’à 15 heures mais personne n’est venu le récupérer. Le lendemain, j’ai retrouvé le corps au même endroit. » La garde nationale aurait invoqué un « manque de moyens ».

    Si dix-huit mille personnes ont réussi à traverser la Méditerranée depuis les côtes tunisiennes en 2022 pour rejoindre l’Italie, « au moins neuf mille migrants ont dû mourir en mer », présume un habitant des Kerkennah, qui préfère garder l’anonymat.

    Pour Hassan Boubakri, également président du Centre de Tunis pour la migration et l’asile (Cetuma), plusieurs signes viennent démontrer que l’on assiste à une #banalisation de la mort en Méditerranée, dans un contexte de multiplication des naufrages. « Il y a les #médias qui font régulièrement le décompte des morts, les pêcheurs qui ne sont plus surpris de sortir des corps de leur filet, les riverains de la mer qui souffrent d’assister à tout cela… »

    Et d’ajouter que cette banalisation se traduit aussi à travers les procédures de plus en plus standardisées pour la prise en charge des naufrages et des corps retrouvés. « Tous les acteurs impliqués, comme la garde nationale, l’appareil judiciaire, la médecine légale ou le Croissant-Rouge, sont devenus, même inconsciemment, parties prenantes de cette banalisation. Tout le monde s’accorde à dire que la Méditerranée est devenue un cimetière, alors que cela devrait susciter de la compassion. Mais on est passés de la #compassion à l’#indifférence, avec très peu de perspectives sur les solutions pouvant protéger les personnes menacées », décrypte-t-il.

    La difficile #identification des non-Tunisiens

    Face à ces drames, plusieurs acteurs s’activent, dans l’ombre, pour tenter de documenter les naufrages et permettre l’identification des victimes, comme la plateforme AlarmPhone. Pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui aide au rétablissement des liens familiaux et travaille en coopération avec le Croissant-Rouge tunisien, la recherche et l’identification des personnes disparues en mer sont indispensables.

    Si les autorités tunisiennes restent responsables pour le processus d’identification des personnes ayant perdu leur vie en mer, le CICR intervient en appui, sur la base d’une « demande de recherche », ouverte le plus souvent par un proche de disparu. Il vérifie alors les informations permettant de faire le lien avec la personne présumée disparue. Quelle est son identité ? Quels vêtements ou quels effets personnels avait-elle ? Quel signe distinctif peut permettre de l’identifier ?

    La démarche est plus simple s’agissant des ressortissants tunisiens, pour lesquels les autorités peuvent consulter le fichier des empreintes digitales et dont les familles, basées en Tunisie, se mobilisent pour les retrouver. Elle est moins évidente s’agissant des exilés non tunisiens, dont les proches restent dans le pays d’origine et n’ont pas toujours d’informations sur le projet ou le parcours migratoire de la personne disparue.

    Dans ce cas, le CICR s’autorise à prendre en compte les informations venues d’ami·es ou de connaissances ayant croisé la route d’une personne portée disparue. Mais parfois, le signalement ne vient jamais. « Certains ont peur de signaler une disparition aux ONG parce qu’ils ne font pas la différence avec les autorités. Ils ne veulent pas avoir des ennuis », commente Yaha, une Ivoirienne et entrepreneure installée à Sfax depuis six ans, qui consacre tout son temps libre à accompagner les proches de disparu·es en mer dans leurs recherches, notamment avec le Croissant-Rouge.

    À Sfax, où nous la retrouvons, Yaha rejoint deux jeunes Ivoiriens, inquiets pour un groupe de sept personnes qui ne donnent plus signe de vie. « Il y a cinq adultes et deux enfants, âgés de 2 ans et de 8 mois. Ils ont disparu depuis deux semaines. On sait qu’ils sont morts en mer. Maintenant, on veut savoir si leurs corps ont été retrouvés », souffle le premier, occupé à chercher leurs photos sur son téléphone. La fillette des Kerkennah ? Ils n’en savent rien. Le second commente : « Les gens ne préviennent pas quand ils partent. Il faut attendre qu’ils disparaissent pour qu’on le sache. »

    Tous deux iront, deux jours plus tard, dans les locaux de la garde nationale de Sfax, où ils pourront accéder au registre et aux photos des naufragé·es. Ils seront accompagnés d’un membre du Croissant-Rouge, dont la présence est censée rassurer vis-à-vis des autorités et aider sur le plan émotionnel, dans un moment particulièrement difficile.

    Identifier les personnes disparues n’est pas chose facile : durant le week-end des 28 et 29 janvier, soit la période correspondant à leur disparition, les acteurs associatifs comptent onze à douze tentatives de traversée, dont au moins trois naufrages.

    Une #morgue dépassée

    Pour l’heure, aucune demande de recherche n’a été enregistrée par le #CICR concernant la fillette des Kerkennah, que ce soit en Tunisie ou en Italie. Plusieurs acteurs locaux redoutent que ses parents soient décédés lors du naufrage. « On pense qu’il n’y a pas eu de survivants pour cette embarcation. Elle a été retrouvée à un moment où il y a eu beaucoup de naufrages. On sait juste qu’elle a la peau noire, comme les adultes retrouvés sur place le même jour », indique un membre du tissu associatif. Selon nos informations, son corps est resté un temps à la morgue de l’hôpital de Sfax, avant d’être inhumé.

    « Quand il y a un naufrage, c’est la #garde_nationale qui doit porter secours. S’il y a des personnes décédées, elle les ramène sur terre, où l’unité technique et scientifique prend des photos et des traces d’ADN. [Les corps] sont ensuite emmenés à la morgue, jusqu’à ce qu’ils soient réclamés ou qu’il y ait un ordre d’#enterrement provenant de la municipalité, pour ceux qui n’ont pas été identifiés », détaille la militante des droits humains. Problème, l’unité médico-légale de l’hôpital de Sfax, qui a une capacité de quarante places, est débordée.

    Sollicitées, leurs équipes n’ont pas souhaité s’exprimer. Mais dans un document que nous avons pu nous procurer, l’unité médico-légale fait état d’une « nette augmentation » des naufrages en mer ces dernières années, les exilé·es représentant désormais 50 % de l’activité des effectifs.

    On y apprend également que les personnes de peau noire représentent la majorité des #victimes et que les enfants, de même que les nourrissons, représentent 5 % des naufragés au large de Sfax sur le premier semestre en 2022. La plupart d’entre eux n’avaient aucun document d’identité.

    L’unité souffre de conditions de travail « difficiles », dues à un manque criant de moyens. À plusieurs reprises, des cadavres ont dû, par manque de place, être entreposés sur un brancard dans les couloirs de l’établissement. « Les migrations dépassent tout le monde, admet Wajdi Mohamed Aydi, adjoint au maire de Sfax chargé des migrations, qui évoque un manque de gouvernance à l’échelle nationale. Il y a des tentatives de traversée et des #accidents chaque semaine, voire chaque jour. On s’occupe de l’#enterrement des personnes non identifiées, en essayant de respecter au mieux leur dignité. » Lorsqu’il n’y a pas de nom, un numéro est inscrit sur la #pierre_tombale.

    Les Subsahariens confrontés à la #précarité et au #racisme

    L’élu pointe aussi un phénomène récent, celui de l’apparition d’embarcations en métal utilisées par les migrants pour la traversée (selon plusieurs sources, certains les fabriqueraient eux-mêmes, sous la houlette des réseaux de passage tunisiens).

    Une information que confirme la militante des droits humains déjà citée : « Ces nouvelles #embarcations en métal sont une catastrophe. Ils cherchent à en fabriquer un maximum de l’heure et ne les soudent pas bien. Les gens ont peu de chances de s’en sortir s’il y a un naufrage car les bateaux coulent plus vite et ils restent coincés à l’intérieur. »

    À six kilomètres au sud de Sfax, dans le quartier défavorisé de #Ben_Saïda, où vit une communauté importante de Subsahariens, Junior s’engouffre dans la maison inachevée qu’il occupe, dont les murs en briques sont restés nus. C’est ici que le jeune Guinéen (Guinée-Conakry), âgé de 16 ans, vit avec au moins soixante-dix autres jeunes, originaires de ce même pays, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Sénégal ou du Mali. Tous ont déjà tenté au moins une fois la traversée et attendent de pouvoir de nouveau tenter leur « chance ».

    Dans l’intérieur sombre de l’habitation, où des matelas et couvertures sont disposés à même le sol, des dizaines de gamins se bousculent, curieux de nous voir pénétrer leur univers. Une majorité de jeunes hommes, encore dans l’adolescence, dont le visage et les corps sont déjà usés par l’exil. « On a été interceptés par la garde nationale il y a deux semaines. Ils nous ont mis en difficulté exprès. Mon frère Mohamed est tombé à l’eau et s’est noyé », résume Junior, encore en état de choc. Il montre une vidéo de la garde nationale fonçant sur une embarcation refusant de s’arrêter en mer. Il montre aussi ses pieds blessés lors de l’interception et restés sans soins depuis.

    Les quelques femmes vivant là, seules ou avec leur enfant, disent être inquiètes pour un couple et son bébé, disparus depuis trois semaines. « On sait qu’ils voulaient traverser. On n’a plus de nouvelles, on pense qu’ils sont morts en mer. » Sur son smartphone, la bouille de l’enfant, dans les bras de sa mère souriante, apparaît.

    Malgré leur disparition en mer, elles veulent partir, elles aussi. « Mais j’ai très peur de l’eau, je ne sais pas nager », hésite l’une d’elles. Elle a quitté son pays pour fuir les violences conjugales. Elle expérimente désormais la violence des frontières.

    Junior n’a pas trouvé la force de contacter le Croissant-Rouge. « J’imagine que mon frère a été enterré. Je n’ai pas cherché à savoir car c’est trop lourd pour moi, ça me fait mal au cœur rien que d’y penser. » Les ados semblent avoir intégré le #risque de mourir en mer. Ils n’ont « pas d’autre choix », assurent-ils. « On ne peut pas rester dans notre pays et on ne peut pas rester ici. »

    Ils dénoncent le « racisme » auquel ils sont confrontés en Tunisie. « Des policiers ont volé mon portable l’autre jour. Au commissariat, ils n’ont pas voulu prendre ma plainte. Dans les épiceries, ils ne veulent pas nous vendre de riz parce qu’il y a une pénurie et qu’on n’est pas prioritaires. »

    Le membre du tissu associatif déjà cité explique : « Leurs #conditions_de_vie se sont durcies. Depuis quelque temps, un blocage a été mis en place à la Poste pour qu’ils ne puissent ni envoyer ni retirer de l’argent. » Il ajoute avoir observé, au cours des derniers mois, de nombreuses « #arrestations_arbitraires » de personnes en situation irrégulière.

    « C’est aussi ça qui pousse les gens à prendre la mer, affirme Yaha. S’ils restent ici sans papiers, c’est comme une prison à ciel ouvert. S’ils veulent rentrer chez eux, ils doivent payer une pénalité [d’un montant maximal de 3 000 dinars tunisiens, soit environ mille euros – ndlr]. Avec cet argent, certains préfèrent partir en Europe, où ils pourront offrir un avenir meilleur à leurs enfants. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/190223/en-tunisie-la-mort-d-une-fillette-retrouvee-echouee-sur-une-plage-suscite-

    #migrations #asile #réfugiés #décès #mourir_en_mer #fille #enfant #enfance #enfants #photographie #racisme #pêcheurs #Alan_Kurdi

    ping @karine4 @_kg_

    • En Tunisie, « il faut dépasser la question des #traversées pour penser l’immigration africaine »

      Dans un contexte où le Parti nationaliste tunisien s’en prend violemment à la communauté subsaharienne et où les naufrages ne cessent de s’intensifier en mer, le géographe #Camille_Cassarini revient sur les évolutions de la présence africaine dans ce pays du Maghreb, dont les politiques migratoires n’échappent pas aux mécanismes que l’on peut observer en Europe.

      DixDix-huit mille personnes ont réussi à rejoindre l’Italie depuis les côtes tunisiennes en 2022. Un chiffre en constante augmentation ces dernières années, démontrant que la crise socio-économique, mais aussi démocratique, dans laquelle s’enfonce la Tunisie ne cesse de pousser des personnes sur les chemins de l’exil.

      À l’heure où les naufrages s’amplifient et où la découverte du corps d’une fillette, échoué sur une plage des îles Kerkennah le 24 décembre dernier, vient brutalement nous rappeler la violence des politiques de fermeture des frontières, Camille Cassarini, chercheur à l’Université de Gênes et chercheur associé au LPED/IRD, alerte sur la nécessité de reconnaître l’immigration africaine en Tunisie.

      Après avoir passé plusieurs années à Sfax pour réaliser sa thèse, ville où la communauté subsaharienne est particulièrement importante, le géographe constate qu’un certain nombre de personnes viennent d’abord pour étudier et travailler.

      « Les personnes subsahariennes sont structurellement irrégularisées par l’État tunisien et leur départ prend avant tout naissance dans ce contexte de vulnérabilité juridique », souligne ce spécialiste des mobilités africaines en Tunisie, estimant que la délivrance d’un titre de séjour et l’ouverture de leurs droits pourraient permettre à certains de se projeter en Tunisie. Il faut, dit-il, cesser de penser ces mobilités sous l’angle du transit vers l’Europe.

      Mediapart : Depuis quand observe-t-on la présence d’exilés subsahariens en Tunisie ?

      Camille Cassarini : Depuis les années 1980, avec principalement des étudiants au départ, issus de classes moyennes supérieures, venus se former dans des instituts publics tunisiens. Il y a un premier changement dans les années 1990, qui correspond au grand pari de Ben Ali sur l’enseignement privé, visant à attirer lesdites « classes moyennes émergentes » d’Afrique.

      C’est ainsi qu’on a vu arriver des Camerounais, Congolais, Sénégalais ou Ivoiriens. Au même moment, il y avait déjà des mobilités de travailleurs qui arrivaient en Tunisie puis tombaient en situation irrégulière, mais on n’en parlait pas du tout.

      Un second changement a eu lieu en 2003, avec l’arrivée de la Banque africaine de développement et de son personnel, qui, à la suite des événements en Côte d’Ivoire, a été déplacée à Tunis. En 2011 enfin, l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire a mis beaucoup d’Ivoiriens sur la route. On estime qu’il y avait alors quelques milliers d’Ivoiriens à Tunis, quelques centaines à Sfax. Ces chiffres ont connu une croissance très forte dans les années qui ont suivi. Je dirais qu’aujourd’hui, entre 30 000 et 50 000 personnes originaires d’Afrique subsaharienne vivent en Tunisie.

      Quel est leur profil ?

      On retrouve toujours une très large majorité de personnes ivoiriennes, ce qui est en soi une particularité, voire un paradoxe, car la Côte d’Ivoire n’était pas un pays d’émigration, contrairement à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. On observe surtout la présence de travailleurs, issus de deux principaux groupes socio-ethniques en Côte d’Ivoire (les Akan et Baoulé, ainsi que les Bété, proches de Laurent Gbagbo), qui, avant, ne migraient absolument pas hors de la Côte d’Ivoire et sont issus de couches sociales assez favorisées.

      Dans quelles conditions de vie évoluent-ils ?

      Jusqu’au Covid-19, tous ces groupes vivaient d’emplois relativement précaires ; pas seulement d’emplois journaliers, payés 25 dinars par jour, mais aussi de petites activités commerciales à la valise (le fait de ramener des produits du pays d’origine pour les revendre en Tunisie).

      Cette population arrivait par avion sans visa et vivait en situation irrégulière (puisque une fois passés les trois mois de séjour autorisés, ils n’ont plus de droit au séjour), dans des logements collectifs, parfois individuels et dans des conditions relativement précaires ; mais des conditions qui, au regard de leur précédente situation en Côte d’Ivoire, n’étaient pas forcément si mauvaises.

      Leur salaire leur permettait d’opérer des renvois de fonds et de soutenir leur famille. Notamment au regard du taux de change qui existait entre le dinar tunisien et l’euro, et donc le franc CFA. À partir de 2018, l’État tunisien a développé une autre politique monétaire, faisant doper les exportations et baisser la valeur du dinar. Les cordons de la bourse ont alors été de plus en plus serrés.

      Quel impact le Covid-19 a-t-il pu avoir sur les migrations de Subsahariens vers et via la Tunisie ?

      Étant donné que ces personnes vivaient majoritairement d’emplois journaliers, sur un marché du travail informel, elles ont été les premières à perdre leur emploi. Elles ont vécu une très forte précarité, notamment parce qu’elles n’avaient ni sécurité sociale, ni parachute, ni aucune structure familiale pouvant leur venir en aide. Et on a vu des choses apparaître pour la toute première fois durant cette période, comme la mendicité et le sans-abrisme. Sur le plan des arrivées, il y a eu une forte baisse des arrivées, mais cela a repris dès que le trafic aérien s’est rouvert.

      Selon les ONG, la présence des Subsahariens a fortement augmenté en 2022. Comment l’expliquez-vous ?

      Les arrivées ont augmenté, oui, mais difficile de dire dans quelle mesure. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a plus seulement que des Ivoiriens. Il y a d’autres nationalités qui ont investi cette route migratoire comme les lieux d’installation ouverts par ces mobilités. Des personnes originaires du Cameroun et de Guinée-Conakry, qui pratiquent les routes migratoires entre Afrique de l’Ouest et Afrique du Nord depuis longtemps.

      Alors qu’on les trouvait beaucoup en Libye, en Algérie ou au Maroc, les mobilités ivoiriennes ont ouvert cette route à travers la Tunisie, notamment jusqu’à Sfax. Aussi, sans doute, parce que des routes s’ouvrent et se ferment en permanence, et que les populations cherchent de nouveaux itinéraires. Chaque groupe en migration a sa propre histoire migratoire.

      Ces populations, différentes les unes des autres, cherchent-elles toutes à tenter la traversée pour l’Europe ?

      Mes travaux montrent que les Ivoiriens sont venus en Tunisie pour travailler et s’installer. Ces mobilités s’apparentent donc de plus en plus à une immigration, avec des gens qui restent plusieurs années, fondent une famille et occupent des emplois et une position sociale en Tunisie. On est face à un début d’immigration qui est appelée à rester.

      Concernant les Guinéens et Camerounais (et je le dis avec beaucoup de prudence car je n’ai pas mené d’enquête sur le sujet), on sait que ce sont des groupes connus pour rechercher une traversée vers l’Europe. On sait aussi que ce sont des groupes surreprésentés dans les demandes d’asile en Europe. C’est une donnée sur laquelle on peut s’appuyer pour faire l’hypothèse qu’ils ne sont pas forcément en Tunisie pour y rester, contrairement aux Ivoiriens. Mais il faudrait y consacrer des travaux.

      L’arrivée de nouvelles nationalités a-t-elle changé la donne pour les réseaux de passage ?

      Oui. Ces nouvelles nationalités ramènent avec elles leur expérience de la route et de la traversée. Certaines personnes sont restées très longtemps en Libye et ont acquis de bonnes connaissances dans la fabrication de bateaux. En arrivant à Sfax, qui est une ville littorale avec toute une économie de la mer, elles se sont mises à fabriquer des bateaux ou à acheter des moteurs. C’est le cas des Guinéens et des Gambiens. Aujourd’hui, on voit de nouveaux types d’embarcation en métal.

      Cela étant dit, aucune économie du passage ne se fait sans l’aval, le soutien et la protection de réseaux de passage tunisiens vers l’Europe. Les personnes en situation de domination quotidienne, sans capital social ni économique, n’ont pas les moyens de mettre en place de tels réseaux. Les Tunisiens cherchent un public, certains Subsahariens leur donnent accès à ce public-là, et ensuite, c’est de la négociation et du business. S’il y a une économie du passage des Subsahariens vers l’Europe, c’est avant tout parce qu’il y a une économie du passage des Tunisiens vers l’Europe.

      Avec l’arrivée de ces nouvelles nationalités, l’économie du passage s’est diversifiée. On a une plus grande offre du passage, pour une demande qui n’est pas nécessairement plus importante qu’avant. La conséquence de cela, c’est que les prix ont baissé. Lorsqu’il fallait payer auparavant 5 000 dinars, 1 000 ou 1 500 dinars suffisent désormais pour partir.

      Avez-vous le sentiment que le nombre de naufrages a augmenté ?

      Les organisations de la société civile disent que cela augmente. Mais depuis le début de mon travail en Tunisie, donc en 2017, j’ai toujours entendu parler des naufrages et des morts qui en découlent. L’ennui, c’est qu’on a beaucoup de mal à décompter ces naufrages, on ne sait pas exactement qui meurt, puisqu’on compte beaucoup de disparus en mer.

      En Tunisie, on sent que cette question des disparitions prend de plus en plus d’importance, d’abord chez les familles de Tunisiens disparus qui se mobilisent, mais aussi chez les familles et proches de Subsahariens, parce qu’elles sont installées en Tunisie. C’est plus compliqué en revanche pour les autres, lorsqu’ils sont en transit et n’ont pas forcément de proches en Tunisie. C’est le travail des organisations telles que la Croix-Rouge internationale que de les aider à retrouver un proche disparu.

      Ceux qui survivent à ces naufrages restent confrontés à de forts traumas et ne sont pas du tout pris en charge ensuite. Cela fait partie de toute cette architecture frontalière, qui consiste à marquer les gens dans leur mémoire, leur corps, leur histoire.

      Qu’est-ce qui pousse les gens à tenter la traversée au risque de perdre la vie en mer ?

      Je crois qu’il faut déconstruire les logiques qui amènent les gens à partir, notamment parce que j’ai connu des personnes qui avaient construit une vie en Tunisie (comme les Camerounais) et qui sont parties malgré tout pour l’Europe. Les traversées sont aussi le produit de la fermeture des frontières qui s’opère en Afrique et, sans nier l’influence des États européens dans ce domaine, il ne faut pas non plus sous-estimer la capacité des États maghrébins et africains à développer leurs propres agendas stratégiques vis-à-vis de la migration.

      En Tunisie, les personnes subsahariennes sont structurellement irrégularisées par l’État tunisien et leur départ prend avant tout naissance dans ce contexte de vulnérabilité juridique : c’est parce qu’on empêche les circulations entre pays africains que ces personnes sont amenées à partir. Soit elles dépensent l’argent économisé dans le paiement de pénalités pour rentrer dans leur pays, soit elles paient une traversée vers l’Europe, le tout sous l’effet conjugué de la baisse du dinar, du renforcement de l’appareil policier tunisien et d’un climat de peur.

      Il faut donc poser la question fondamentale du droit au séjour pour les personnes subsahariennes en Tunisie. On ne parle pas de la nationalité, mais de l’obtention d’un titre de séjour qui leur ouvre des droits. Il faut dépasser la question des traversées pour penser l’immigration africaine en Tunisie.

      La Tunisie nie-t-elle l’existence de cette immigration ?

      Jusqu’ici, il n’y avait jamais eu de débat politique ou de véritable positionnement des acteurs politiques vis-à-vis de l’immigration africaine en Tunisie. Depuis quelque temps, le Parti politique nationaliste tunisien a lancé des campagnes xénophobes et racistes de lutte contre la présence africaine en Tunisie, reprenant les mêmes discours que les partis xénophobes en Europe, autour de la théorie du « grand remplacement ». Pour la première fois, un parti fonde sa rhétorique sur la présence africaine en Tunisie. Ce n’est pas anodin, parce que le pays avait toujours nié cette présence.

      Paradoxalement, cela montre que l’immigration africaine devient un sujet politique. On ne la regarde plus seulement comme une sorte d’extériorité, on la pense au regard de la société tunisienne, de manière très violente certes, mais cela fait naître de nouveaux débats. On voit d’ailleurs des acteurs de la société civile qui, en réaction à cette campagne, appellent à la régularisation. Finalement, on a une politisation latente et progressive de la question des mobilités africaines. On est bien face à une immigration.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/190223/en-tunisie-il-faut-depasser-la-question-des-traversees-pour-penser-l-immig

  • L’#Odyssée_d'Hakim T01

    L’histoire vraie d’Hakim, un jeune Syrien qui a dû fuir son pays pour devenir « réfugié » . Un témoignage puissant, touchant, sur ce que c’est d’être humain dans un monde qui oublie parfois de l’être.L’histoire vraie d’un homme qui a dû tout quitter : sa famille, ses amis, sa propre entreprise... parce que la guerre éclatait, parce qu’on l’avait torturé, parce que le pays voisin semblait pouvoir lui offrir un avenir et la sécurité. Un récit du réel, entre espoir et violence, qui raconte comment la guerre vous force à abandonner votre terre, ceux que vous aimez et fait de vous un réfugié.Une série lauréate du Prix Franceinfo de la Bande Dessinée d’Actualité et de Reportage.

    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-l-odyssee-d-hakim/album-l-odyssee-d-hakim-t01

    Tome 2 :


    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-l-odyssee-d-hakim/album-l-odyssee-d-hakim-t02

    Tome 3 :


    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-l-odyssee-d-hakim/album-odyssee-d-hakim-t03-de-la-macedoine-la-france

    #BD #bande_dessinée #livre

    #réfugiés #réfugiés_syriens #asile #migrations #parcours_migratoires #itinéraire_migratoire #Syrie #histoire #guerre_civile #printemps_arabe #manifestation #Damas #Bachal_al-Assad #violence #dictature #contestation #révolution #répression #pénurie #arrestations_arbitraires #prison #torture #chabihas #milices #déplacés_internes #IDPs #Liban #Beyrouth #Amman #Jordanie #Turquie #Antalya #déclassement #déclassement_social #Balkans #route_des_Balkans #Grèce

  • La #Pologne érigera une clôture en barbelés à sa frontière avec le #Bélarus

    La Pologne a annoncé lundi qu’elle allait ériger une « solide #clôture » de barbelés, haute de 2,5 mètres, à la frontière polono-bélarusse et y augmenter ses effectifs militaires pour empêcher les migrants de pénétrer sur son sol.

    La Pologne a annoncé lundi qu’elle allait ériger une « solide clôture » de barbelés, haute de 2,5 mètres, à la frontière polono-bélarusse et y augmenter ses effectifs militaires pour empêcher les migrants de pénétrer sur son sol.

    Varsovie et les trois pays baltes (la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie) dénoncent ensemble une « attaque hybride » organisée par le Bélarus qui, selon eux, encourage les migrants à passer illégalement sur le territoire de l’Union européenne.

    Le ministre polonais de la Défense, Mariusz Blaszczak, a précisé lundi qu’une nouvelle clôture « à l’instar de celle qui a fait ses preuves à la frontière serbo-hongroise », composée de quelques spirales superposées de fils barbelés, doublerait la première barrière à fil unique qui s’étend déjà sur environ 130 kilomètres, soit sur près d’un tiers de la longueur de la frontière entre les deux pays.

    « Les travaux commenceront dès la semaine prochaine », a déclaré M. Blaszczak à la presse.

    Le ministre a annoncé que les effectifs militaires à la frontière allaient prochainement doubler, pour atteindre environ 2.000 soldats dépêchés sur place afin de soutenir la police des frontières.

    « Nous nous opposerons à la naissance d’une nouvelle voie de trafic d’immigrés, via le territoire polonais », a-t-il insisté.

    Les quatre pays de la partie orientale de l’Union européenne ont exhorté lundi l’Organisation des Nations unies à prendre des mesures à l’encontre du Bélarus.

    Les Premiers ministres d’Estonie, de Lettonie, de Lituanie et de Pologne ont assuré dans une déclaration commune que l’afflux des migrants avait été « planifié et systématiquement organisé par le régime d’Alexandre Loukachenko ».

    Des milliers de migrants, pour la plupart originaires du Moyen-Orient, ont franchi la frontière bélarusso-européenne ces derniers mois, ce que l’Union européenne considère comme une forme de représailles du régime bélarusse face aux sanctions de plus en plus sévères que l’UE lui impose.

    « Il est grand temps de porter la question du mauvais traitement infligé aux migrants sur le territoire bélarusse à l’attention des Nations unies, notamment du Conseil de sécurité des Nations unies », peut-on lire dans la déclaration.

    Les quatre pays affirment qu’ils accorderont toute la protection nécessaire aux réfugiés traversant la frontière, conformément au droit international, mais ils demandent également d’« éventuelles nouvelles mesures restrictives de la part de l’UE pour empêcher toute nouvelle immigration illégale organisée par l’Etat bélarusse ».

    Dans de nombreux cas, les autorités de Minsk repoussent les migrants vers la frontière de l’UE, ce qui a déjà conduit à des situations inextricables.

    Un groupe de migrants afghans reste ainsi bloqué depuis deux semaines sur une section de la frontière entre la Pologne et le Bélarus.

    Des organisations polonaises des droits de l’Homme et l’opposition libérale accusent le gouvernement nationaliste-conservateur polonais de refuser de secourir les personnes ayant besoin d’aide et d’ainsi violer le droit international.

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/230821/la-pologne-erigera-une-cloture-en-barbeles-sa-frontiere-avec-le-belarus

    #frontières #murs #barrières_frontalières #asile #migrations #réfugiés #Biélorussie #militarisation_de_la_frontière

    –-
    voir aussi la métaliste sur la situation à la frontière entre la #Pologne et la #Biélorussie (2021) :
    https://seenthis.net/messages/935860

    • On the EU’s eastern border, Poland builds a fence to stop migrants

      Polish soldiers were building a fence on the border with Belarus on Thursday, as the European Union’s largest eastern member takes steps to curb illegal border crossings despite criticism that some migrants are being treated inhumanely.

      Brussels has accused Belarusian President Alexander Lukashenko of using migrants as part of a “hybrid war” designed to put pressure on the bloc over sanctions it has imposed, and building the wall is part of Poland’s efforts to beef up border security on the EU’s eastern flank.

      “Almost 3 km of fencing has been erected since yesterday,” Defence Minister Mariusz Blaszczak said on Twitter, adding that almost 1,800 soldiers were supporting the border guard.

      Blaszczak said on Monday that a new 2.5 metre high solid fence would be built, modelled on the one built by Prime Minister Viktor Orban on Hungary’s border with Serbia.

      On Thursday Reuters saw soldiers next the frontier stringing wire through barbed wire to hook it to posts.

      Poland has received sharp criticism over its treatment of a group of migrants who have been stuck on the Belarus border for over two weeks, living in the open air with little food and water and no access to sanitary facilities.

      On Wednesday refugee charity the Ocalenie Foundation said 12 out of 32 migrants stuck on the border were seriously ill and one was close to death.

      “No fence or wire anywhere in the world has stopped any people fleeing war and persecution,” said Marianna Wartecka from the foundation who was at the border on Thursday.

      Poland says responsibility for the migrants lies with Belarus. The prime minister said this week that a convoy of humanitarian offered by Poland had been refused by Minsk.

      Surveys show that most Poles are against accepting migrants, and Poland’s ruling nationalists Law and Justice (PiS) made a refusal to accept refugee quotas a key plank of its election campaign when it swept to power in 2015.

      An IBRiS poll for private broadcaster Polsat on Wednesday showed that almost 55% of respondents were against accepting migrants and refugees, while over 47% were in favour of a border wall.

      “Our country cannot allow such a large group of people to break our laws,” said Emilia Krystopowicz, a 19-year-old physiotherapy student, in Krynki, a village next the border.

      Belarusian President Alexander Lukashenko has accused Poland and Lithuania of fuelling the migrant issue on the borders.

      https://www.reuters.com/world/europe/eus-eastern-border-poland-builds-fence-stop-migrants-2021-08-26

    • Poland to build anti-refugee wall on Belarus border

      Poland has become the latest European country to start building an anti-refugee wall, with a new fence on its border with Belarus.

      The 2.5-metre high wall would be modelled on one built by Hungary on its border with Serbia in 2015, Polish defence minister Mariusz Blaszczak said.

      “We are dealing with an attack on Poland. It is an attempt to trigger a migration crisis,” he told press at a briefing near the Belarus frontier on Monday (23 August).

      “It is [also] necessary to increase the number of soldiers [on the border] ... We will soon double the number of soldiers to 2,000,” he added.

      “We will not allow the creation of a route for the transfer of migrants via Poland to the European Union,” he said.

      The minister shared photos of a 100-km razor-wire barrier, which Poland already erected in recent weeks.

      Some 2,100 people from the Middle East and Africa tried to enter Poland via Belarus in the past few months in what Blaszczak called “a dirty game of [Belarus president Alexander] Lukashenko and the Kremlin” to hit back at EU sanctions.

      “These are not refugees, they are economic migrants brought in by the Belarusian government,” deputy foreign minister Marcin Przydacz also said on Monday.

      Some people were pushed over the border by armed Belarusian police who fired in the air behind them, according to Polish NGO Minority Rights Group.

      Others were pushed back by Polish soldiers, who should have let them file asylum claims, while another 30-or-so people have been stuck in no man’s land without food or shelter.

      “People were asking the [Polish] border guards for protection and the border guards were pushing them back,” Piotr Bystrianin from the Ocalenie Foundation, another Polish NGO, told the Reuters news agency.

      “That means they were in contact and that means they should give them the possibility to apply for protection ... It’s very simple,” he said.

      “We have been very concerned by ... people being stranded for days,” Shabia Mantoo, a spokeswoman for the UN refugee agency, the UNHCR, also said.

      But for its part, the Polish government had little time for moral niceties.

      “The statements and behaviour of a significant number of Polish politicians, journalists, and NGO activists show that a scenario in which a foreign country carrying out such an attack against Poland will receive support from allies in our country is very real,” Polish deputy foreign minister Paweł Jabłoński said.

      Belarus has also been pushing refugees into Lithuania and Latvia, with more than 4,000 people recently crossing into Lithuania.

      “Using immigrants to destabilise neighbouring countries constitutes a clear breach of international law and qualifies as a hybrid attack against ... Latvia, Lithuania, Poland, and thus against the entire European Union,” the Baltic states and Poland said in a joint statement on Monday.

      Lithuania is building a 3-metre high, 508-km wall on its Belarus border in a €152m project for which it wants EU money.

      The wall would be completed by September 2022, Lithuanian prime minister Ingrida Simonyte said on Monday.

      “The physical barrier is vital for us to repel this hybrid attack,” she said.
      Fortress Europe

      The latest upsurge in wall-building began with Greece, which said last week it had completed a 40-km fence on its border with Turkey to keep out potential Afghan refugees.

      And Turkey has started building a 3-metre high concrete barrier on its 241-km border with Iran for the same reason.

      “The Afghan crisis is creating new facts in the geopolitical sphere and at the same time it is creating possibilities for migrant flows,” Greece’s citizens’ protection minister Michalis Chrisochoidis said.

      Turkey would not become Europe’s “refugee warehouse”, Turkish president Recep Tayyip Erdoğan said.

      https://euobserver.com/world/152711

    • Comme la Lituanie, la Pologne veut sa barrière anti-migrants à la frontière biélorusse

      Varsovie et Vilnius veulent construire des barrières contre les migrants qui transitent par le Bélarus, tandis que la situation humanitaire continue de se détériorer à la frontière orientale de l’Union européenne.

      La pression augmente pour faire de l’Union une forteresse. Vendredi 8 octobre, douze pays, dont la Pologne et la Lituanie, ont réclamé d’une seule voix que l’Union européenne finance la construction de barrières à ses frontières externes. Il s’agit de l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Grèce, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie.

      « Je ne suis pas contre », a répondu la commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson. « Mais quant à savoir si on devrait utiliser les fonds européens qui sont limités, pour financer la construction de clôtures à la place d’autres choses tout aussi importantes, c’est une autre question ».

      La question migratoire agite particulièrement en Pologne, soumise à une pression inédite sur sa frontière orientale, avec le Bélarus. Le 7 octobre, le vice-Premier ministre Jarosław Kaczyński, qui préside aussi la commission des affaires de sécurité nationale et de défense, a confirmé la construction d’une barrière permanente le long de la frontière polono-biélorusse. Lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’unité des gardes-frontières de Podlachie, frontalière avec la Biélorussie, il a expliqué : « Nous avons discuté des décisions déjà prises, y compris dans le domaine financier, pour construire une barrière très sérieuse. Le genre de barrière qu’il est très difficile de franchir. L’expérience européenne, l’expérience de plusieurs pays, par exemple la Hongrie et la Grèce, montre que c’est la seule méthode efficace ».

      La Pologne a débuté les travaux en août dernier et des barbelés ont déjà été tirés sur des sections sensibles de la frontière polono-biélorusse. Lorsqu’elle aura atteint son terme, la barrière fera 180 kilomètres de long et plus de deux mètres de haut.

      La Lituanie, autre pays frontalier de la Biélorussie, a elle aussi déroulé les barbelés et alloué 152 millions d’euros pour la construction d’une barrière de quatre mètres de haut, sur cinq cents kilomètres, qui doit être prête en septembre 2022.

      Le gouvernement national-conservateur du Droit et Justice (PiS) a réagi par la manière forte à la pression migratoire inédite sur ses frontières. Plusieurs milliers de soldats ont été déployés pour prêter main-forte aux gardes-frontières.

      Le Sénat a adopté le 8 octobre un amendement qui autorise l’expulsion immédiate des étrangers interpellés après avoir franchi la frontière irrégulièrement, sans examiner leur demande de protection internationale. En clair, il s’agit de passer un vernis de légalité sur la pratique dit de « pushback » qui contrevient aux règles internationales, mais utilisées ailleurs sur la frontière de l’UE, parfois très violemment, comme en témoigne la diffusion récente de vidéos à la frontière de la Croatie.
      Loukachenko accusé de trafic d’êtres humains

      Varsovie et Vilnius accusent de concert le président autocrate du Bélarus, Alexandre Loukachenko, de chercher à ouvrir une nouvelle route migratoire vers l’Europe, dans le but de se venger de leur soutien actif à l’opposition bélarusse en exil et des sanctions européennes consécutives aux élections frauduleuses d’août 2020.

      « Ce sont les immigrants économiques qui arrivent. Ils sont amenés dans le cadre d’une opération organisée par les autorités biélorusses avec l’assentiment clair de la Fédération de Russie. Les agences de sécurité biélorusses le tolèrent totalement et y sont présentes », a noté Jarosław Kaczyński. « Ces personnes sont conduites vers des endroits où elles auront une chance de traverser la frontière. Parfois, des officiers biélorusses participent personnellement au franchissement des barrières et à la coupure des fils », a-t-il ajouté.

      « Des centaines de milliers de personnes seront acheminées à notre frontière orientale », a avancé le ministre polonais de l’Intérieur Mariusz Kamiński, au mois de septembre.
      Soutien de la Commission européenne

      La Commission européenne dénonce, elle aussi, « un trafic de migrants parrainé par l’État [biélorusse] ». Le 5 octobre, Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des affaires intérieures, a déclaré que « le régime utilise des êtres humains d’une manière sans précédent, pour faire pression sur l’Union européenne. […] Ils attirent les gens à Minsk. Qui sont ensuite transportés vers la frontière. Dans des mini-fourgonnettes banalisées. ».

      C’est aussi une manne économique pour Minsk, a détaillé Ylva Johansson. « Les gens viennent en voyages organisés par l’entreprise touristique d’État Centrkurort. Ils séjournent dans des hôtels agréés par l’état. Ils paient des dépôts de plusieurs milliers de dollars, qu’ils ne récupèrent jamais ».
      La situation humanitaire se dégrade

      L’hiver approche et les températures sont passées sous zéro degré les nuits dernières en Podlachie, la région du nord-est de la Pologne, frontalière avec la Biélorussie. Des groupes d’immigrants qui tentent de se frayer un chemin vers l’Union européenne errent dans les forêts de part et d’autre de la frontière qui est aussi celle de l’Union. « Ce [samedi] soir il fait -2 degrés en Podlachie. Des enfants dorment à même le sol, quelque part dans nos forêts. Des enfants déportés vers ces forêts sur ordre des autorités polonaises », affirme le Groupe frontalier (Grupa Granica).

      Une collecte a été lancée pour permettre à une quarantaine de médecins volontaires d’apporter des soins de première urgence aux migrants victimes d’hypothermie, de blessures, d’infections ou encore de maladies chroniques. Avec les trente mille euros levés dès la première journée (près de soixante mille euros à ce jour), trois équipes ont débuté leurs opérations de sauvetage. « Nous voulons seulement aider et empêcher les gens à la frontière de souffrir et de mourir », explique le docteur Jakub Sieczko à la radio TOK FM. Mais le ministère de l’Intérieur leur refuse l’accès à la zone où a été décrété un état d’urgence au début du mois de septembre, tenant éloignés journalistes et humanitaires de la tragédie en cours.

      Quatre personnes ont été retrouvées mortes – vraisemblablement d’hypothermie – dans l’espace frontalier, le 19 septembre, puis un adolescent irakien cinq jours plus tard. La fondation pour le Salut (Ocalenie) a accusé les gardes-frontières polonais d’avoir repoussé en Biélorussie le jeune homme en très mauvaise santé et sa famille quelques heures plus tôt.

      A ce jour, ce flux migratoire n’est en rien comparable à celui de l’année 2015 via la « Route des Balkans », mais il est dix fois supérieur aux années précédentes. Samedi, 739 tentatives de franchissement illégal de la frontière ont été empêchées par les gardes-frontières polonais, qui ont enregistré plus de 3 000 tentatives d’entrée irrégulière au mois d’août, et près de 5 000 en septembre.

      https://courrierdeuropecentrale.fr/comme-la-lituanie-la-pologne-veut-aussi-sa-barriere-anti-mig

    • EU’s job is not to build external border barriers, says Commission vice president

      Yes to security coordination and technology; no to ‘cement and stones,’ says Margaritis Schinas.

      The European Commission is ready to support member countries in strengthening the bloc’s external borders against the “hybrid threat” posed by international migrant flows but doesn’t want to pay for the construction of physical border barriers, Commission Vice President Margaritis Schinas said Thursday.

      Rather than defending borders with “cement and stones,” Schinas said in an interview at POLITICO’s Health Care Summit, the EU can usefully provide support in the form of security coordination and technology.

      Highlighting how divisive the issue is of the use of EU funds for physical barriers, which EU leaders discussed at length at a summit last Friday morning, Schinas’ line is different from the one expressed by his party in the European Parliament, the center-right EPP, and by his own country, Greece.

      He was responding to comments by Manfred Weber, chairman of the European Parliament’s EPP group, in support of a letter, first reported by POLITICO’s Playbook, by 12 member countries, including countries like Greece, Denmark and Hungary, to finance a physical barrier with EU money.

      Commission President Ursula von der Leyen said after last week’s Council summit that no EU money would be spent to build “barbed wire and walls.”

      “The Commission position is very clear. We are facing a new kind of threat on our external border. This is a hybrid threat,” said Schinas. “The obvious thing for the European Union to do is to make sure that those who seek to attack Europe by weaponizing human misery know that we will defend the border … I think that, so far, we have managed to do it.”

      “At the same time we do have resources that will allow us to help member states to organize their defences — not of course by financing the cement and the stones and the physical obstacles of walls,” he added.

      “But we have the capacity to assist and finance member states for the broader ecosystem of border management at the European Union external border,” said Schinas, referring to setting up command centers and deploying equipment such as thermal cameras. “This is how we will do it. If there is one lesson that this situation has taught us [it] is that migration is a common problem. It cannot be delegated to our member states.”

      Eastern member states have accused authoritarian leader Alexander Lukashenko of flying thousands of people into Belarus and then sending them on hazardous journeys into EU territory. Polish lawmakers approved €350 million in spending last week to build a wall along the country’s border with Belarus.

      https://www.politico.eu/article/eus-job-is-not-to-build-external-border-barriers-says-commission-vice-presi

    • Poland Begins Constructing Border Walls To Deter Asylum-Seeking Refugees

      Poland has begun the construction of a new border wall, estimated to cost $400 million and likely to be completed by June 2022. The wall will stand 5.5 meters high (six yards) and will have a final length of 186 km (115 miles).

      “Our intention is for the damage to be as small as possible,” border guard spokeswoman Anna Michalska assured Poland’s PAP news agency on January 25th. “Tree felling will be limited to the minimum required. The wall itself will be built along the border road.”

      While the Polish border forces are taking extra precautions not to disrupt the nature surrounding the border, there have been concerns about the human rights of asylum-seeking refugees. Over the past decade, there has been a rise in Middle Eastern and African refugees entering European Union countries, primarily through Eastern European territories. Standards set by the United Nations state that it is not illegal to seek refugee status in another country if an individual is in danger within their home country; however, Poland has sent numerous troops to its borders to deter asylum seekers trying to enter the nation on foot from Belarus. Poland has accused Belarus of encouraging asylum seekers to use the state as a passage into E.U. countries that may be a more favorable residency. The Belarusian government has denied these accusations, stating that Poland’s current attempts to restrict the number of refugees allowed in its country are inhumane and a human rights issue. Poland has since claimed that the “easy journey” allowed by Belarus’s government, and potentially supported by its ally Russia, is a non-militant attack against not only Poland, but the rest of the E.U.

      As the two countries continue in their conflict, the asylum seekers – individuals from around the world in need of safety and shelter – are being caught in the crossfire.

      Over the past months, Poland has increased border security, built a razor-wire fence along a large majority of the border, closed off border territories from the media and advocacy groups, and approved a new law allowing the border guard to force asylum seekers back into Belarus. Due to the recent changes, the number of refugees entering Poland has decreased, but this does not mean that the number of asylum seekers in need of aid from E.U. countries has decreased. Numerous groups still try to cross the treacherous border; the Polish border guard estimates that there are seventeen crossings just in the span of 24 hours. Al Jazeera reported on the 25th that Polish border security caught a group of fourteen asylum seekers, the majority of them fleeing Middle Eastern countries, cutting through a portion of the wire fence. These individuals, like many asylum seekers discovered along the border, have been “detained” until the Polish government decides whether to grant them refugee status or force them to return to Belarus.

      While Poland’s frustration with the uneven distribution of asylum seekers entering their country compared to others within the E.U. is understandable, its poor treatment of those in need of aid and protection is unacceptable. Rather than raising arms and security, Poland and the European Union must explore options of refugee resettlement that appease Polish desires for an equal dispersal of refugees throughout Europe without turning away people who need real government assistance. No matter its attitude towards Belarus, Poland must not turn its punishment towards those in need of refuge.

      https://theowp.org/poland-begins-constructing-border-walls-to-deter-asylum-seeking-refugees

    • "The Iron Forest" - building the walls to scar the nature

      If I could bring one thing from my hometown, it would be the fresh air of the conifers from “my” forest. This is the statement my friends have heard me say many times, in particular when I feel nostalgic about my hometown.

      Augustów, where I am from, lies in the midst of Augustów Primeval Forest, in the North-East of Poland — a region referred to as the “green lungs” of Poland. It is an enormous virgin forest complex stretching across the border with Lithuania and connecting with other forests in the region.

      When I was 10, I went on a school trip to a neighbouring Bialowieza forest — a UNESCO heritage site with its largest European bison population. I still remember the tranquillity and magnificence of its landscape including stoic bison. I never would have thought that some years later, the serenity of this place will face being destroyed by the wall built on the Polish and Belarusian border, following the recent events of the refugee crisis.

      Today, I am a mental health scientist with a background in Psychology and Psychological Medicine. I am also a Pole from the North-East of Poland. Embracing both identities, in this blog, I would like to talk about “building walls” and what it means from a psychological perspective.
      Building Walls and Social Identity

      Following the humanitarian crisis which recently took place on the border between Belarus and Poland, we are now witnessing Poland building a wall which would prevent asylum seekers from Syria, Iraqi Kurdistan and Afghanistan, to cross the border.

      The concept of building a wall to separate nations isn’t new. I am sure you have heard about the Berlin wall separating East and West Germany, the Israeli West Bank Barrier between Israel and Palestine, or more recently the wall between Mexico and the US. In fact, according to Elisabeth Vallet, a professor at the University of Quebec-Montreal, since World War II the number of border walls jumped from 7 to at least 70! So, how can we explain this need to separate?

      In her article for the New Yorker on “Do walls change how we think”, Jessica Wapner talks about the three main purposes of the walls which are “establishing peace, preventing smuggling, and terrorism”. It is based on the premises of keeping “the others” away, the others that are threatening to “us”, our safety, integrity and identity. These motivations form the basis for the political agenda of nationalism.

      Using the words of the famous psychologist, Elliot Aronson, humans are social animals, and we all have the need to belong to a group. This has been well described by the Social Identity Theory which claims that positive evaluation of the group we belong to helps us to maintain positive self-image and self-esteem. Negative evaluation of the “the other,” or the outgroup, further reaffirms the positive image of your own group — the intergroup bias. As such, strong social identity helps us feel safe and secure psychologically, which is handy in difficult times such as perceived threat posed by another nation or any other crisis. However, it often creates a “psychological illusion” as in attempt to seek that comfort, we distort the reality placing ourselves and our group in a more favourable light. This, in turn, only worsens the crisis, as described by Vamik Volkan, a psychiatrist and the president of the International Society of Political Psychology, in the article by Jessica Wapner.

      The disillusionment of walls

      In reality, history shows consistently that building walls have only, and many, negative consequences. The positive ones, well, are an illusion: based on the false sense of psychological protection.

      In 1973, a German psychiatrist #Dietfried_Müller-Hegemann, published a book, “#Wall_disease”, in which he talked about the surge of mental illness in people living “in the shadow” of the wall. Those who lived in the proximity of the Berlin wall showed higher rates of paranoia, psychosis, depression, alcoholism and other mental health difficulties. And the psychological consequences of the Iron Curtain lingered long after the actual wall was gone: in 2005, a group of scientists were interested in the mental representation of the distances between the cities in Germany among the German population. They demonstrated systematic overestimations of distances between German cities that were situated across the former Iron Curtain, compared with the estimated difference between cities all within the East or the West Germany. For example, people overestimated the distance between Dusseldorf and Magdeburg, but not between Dusseldorf and Hannover, or between Magdeburg and Leipzig.

      What was even more interesting is that this discrepancy was stronger in those who had a negative attitude towards the reintegration! These findings show that even when the physical separation is no longer present, the psychological distance persists.

      Building walls is a perfect strategy to prevent dialogue and cooperation and to turn the blind eye to what is happening on the other side — if I can’t see it, it doesn’t exist.

      It embodies two different ideologies that could not find the way to compromise and resorted to “sweeping the problem under the carpet”. From a psychoanalytical point of view, it refers to denial — a defence mechanism individuals experience and apply when struggling to cope with the demands of reality. It is important and comes to the rescue when we truly struggle, but, inevitably, it needs to be addressed for recovery to be possible. Perhaps this analogy applies to societies too.

      It goes without saying that the atmosphere created by putting the walls up is that of fear of “the other” and hostility. Jessica Wapner describes it very well in her article for the New Yorker, as she talks about the dystopian atmosphere of the looming surveillance and the mental illness that goes with it.

      And lastly, I wouldn’t want to miss a very important point related to the wall of interest in this blog — the Poland-Belarus wall. In this particular case, we will not only deal with the partition between people, but also between animals and within the ecosystem of the forest, which is likely to have a devastating effect on the environment and the local society.

      Bringing this blog to conclusion, I hope that we can take a step back and reflect on what history and psychology tell us about the needs and motivations to “build walls”, both physically and metaphorically, and the disillusionment and devastating consequences it might have: for people, for society, and for nature.

      https://www.inspirethemind.org/blog/the-iron-forest-building-the-walls-to-scar-the-nature
      #santé_mentale

    • Poland’s border wall to cut through Europe’s last old-growth forest

      Work has begun on a 116-mile long fence on the Polish-Belarusian border. Scientists call it an environmental “disaster.”

      The border between Poland and Belarus is a land of forests, rolling hills, river valleys, and wetlands. But this once peaceful countryside has become a militarized zone. Prompted by concerns about an influx of primarily Middle Eastern migrants from Belarus, the Polish government has begun construction on a massive wall across its eastern border.

      Human rights organizations and conservation groups have decried the move. The wall will be up to 18 feet tall (5.5 meters) and stretch for 116 miles (186 kilometers) along Poland’s eastern border, according to the Polish Border Guard, despite laws in place that the barrier seems to violate. It’s slated to plow through fragile ecosystems, including Białowieża Forest, the continent’s last lowland old-growth woodland.

      If completed within the next few months as planned, the wall would block migration routes for many animal species, such as wolves, lynx, red deer, recovering populations of brown bears, and the largest remaining population of European bison, says Katarzyna Nowak, a researcher at the Białowieża Geobotanical Station, part of the University of Warsaw. This could have wide-ranging impacts, since the Polish-Belarus border is one of the most important corridors for wildlife movement between Eastern Europe and Eurasia, and animal species depend on connected populations to stay genetically healthy.

      Border fences are rising around the world, the U.S.-Mexico wall being one of the most infamous. A tragic irony of such walls is that while they do reliably stop the movement of wildlife, they do not entirely prevent human migration; they generally only delay or reroute it. And they don’t address its root causes. Migrants often find ways to breach walls, by going over, under, or through them.

      Nevertheless, time after time, the specter of migrants crossing borders has caused governments to ignore laws meant to protect the environment, says John Linnell, a biologist with the Norwegian Institute for Nature Research.

      Polish border wall construction will entail heavy traffic, noise, and light in pristine borderland forests, and the work could also include logging and road building.

      “In my opinion, this is a disaster,” says Bogdan Jaroszewicz, director of the Białowieża Geobotanical Station.
      Fomenting a crisis

      The humanitarian crisis at the border began in summer 2021, as thousands of migrants began entering Belarus, often with promises by the Belarusian government of assistance in reaching other locations within Europe. But upon arrival in Belarus, many were not granted legal entry, and thousands have tried to cross into Poland, Latvia, and Lithuania. Migrants have often been intercepted by Polish authorities and forced back to Belarus. At least a dozen migrants have died of hypothermia, malnourishment, or other causes.

      Conflict between Belarus and the EU flared when Alexander Lukashenko claimed victory in the August 2020 presidential election, despite documented claims the election results were falsified. Mass protests and crackdowns followed, along with several rounds of EU sanctions. Poland and other governments have accused Belarus of fomenting the current border crisis as a sort of punishment for the sanctions.

      In response, the Polish government declared a state of emergency on the second of September, which remains in place. Many Polish border towns near the Belarusian border are only open to citizens and travel is severely restricted; tourists, aid workers, journalists, and anybody who doesn’t live or permanently work in the area cannot generally visit or even move through.

      That has made life difficult for the diverse array of people who live in this multi-ethnic, historic border region. Hotels and inns have gone out of business. Researchers trying to do work in the forest have been approached by soldiers at gunpoint demanding to know what they are doing there, says Michał Żmihorski, an ecologist who directs the Mammal Research Institute, part of the Polish Academy of Sciences, based in Białowieża.

      The Polish government has already built a razor-wire fence, about seven feet tall, along the border through the Białowieża Forest and much of the surrounding border areas. Reports suggest this fence has already entrapped and killed animals, including bison and moose. The new wall will start at the north edge of the Polish-Belarusian border, abutting Lithuania, and stretch south to the Bug River, the banks of which are already lined with a razor-wire fence.

      “I assume that it already has had a negative impact on many animals,” Żmihorski says. Further wall construction would “more or less cut the forest in half.”

      Some scientists are circulating an open letter to the European Commission, the executive branch of the EU, to try to halt the wall’s construction.

      Primeval forest

      Much of the Białowieża Forest has been protected since the 1400s, and the area contains the last large expanse of virgin lowland forest, of the kind that once covered Europe from the Ural Mountains to the Atlantic Ocean. “It’s the crown jewel of Europe,” Nowak says.

      Oaks, ash, and linden trees, hundreds of years old, tower over a dense, unmanaged understory—where trees fall and rot undisturbed, explains Eunice Blavascunas, an anthropologist who wrote a book about the region. The forest is home to a wide diversity of fungi and invertebrates—over 16,000 species, between the two groups—in addition to 59 mammalian and 250 bird species.

      In the Polish side of the forest, around 700 European bison can be found grazing in low valleys and forest clearings, a precious population that took a century to replenish. There are also wolves, otters, red deer, and an imperiled population of about a dozen lynx. Normally these animals move back and forth across the border with Belarus. In 2021, a brown bear was reported to have crossed over from Belarus.

      Reports suggest the Polish government may enlarge a clearing through Białowieża and other borderland forests. Besides the impact on wildlife, researchers worry about noise and light pollution, and that the construction could introduce invasive plants that would wreak havoc, fast-growing weedy species such as goldenrod and golden root, Jaroszewicz adds.

      But it’s not just about this forest. Blocking the eastern border of Poland will isolate European wildlife populations from the wider expanse of Eurasia. It’s a problem of continental scale, Linnell says, “a critical issue that this [border] is going to be walled off.”

      Walls cause severe habitat fragmentation; prevent animals from finding mates, food, and water; and in the long term can lead to regional extinctions by severing gene flow, Linnell says.
      Against the law?

      The wall construction runs afoul of several national environment laws, but also important binding international agreements, legal experts say.

      For one, Białowieża Forest is a UNESCO World Heritage site, a rare designation that draws international prestige and tourists. As part of the deal, Poland is supposed to abide by the strictures of the World Heritage Convention—which oblige the country to protect species such as bison—and to avoid harming the environment of the Belarusian part of the forest, explains Arie Trouwborst, an expert in environmental law at Tilburg University in the Netherlands.

      It’s conceivable that construction of the wall could lead UNESCO to revoke the forest’s World Heritage status, which would be a huge blow to the country and the region, Trouwborst adds; A natural heritage site has only been removed from the UNESCO list once in history.

      The Polish part of the Białowieża site has also been designated a Natura 2000 protected area under the European Union Habitats Directive, as are a handful of other borderlands forests. The new wall would “seem to sit uneasily with Poland’s obligations under EU law in this regard, which require it to avoid and remedy activities and projects that may be harmful for the species for which the site was designated, [including] European bison, lynx, and wolf,” Trouwborst says.

      EU law is binding, and it can be enforced within Poland or by the EU Court of Justice, which can impose heavy fines, Trouwborst says. A reasonable interpretation of the law suggests that the Polish government, by building a razor-wire fence through Białowieża Forest, is already in breach of the Habitats Directive. The law dictates that potentially harmful projects may in principle only be authorized “where no reasonable scientific doubt remains as to the absence” of adverse impacts. And further wall construction carries obvious environmental harms.

      “One way or another, building a fence or wall along the border without making it permeable to protected wildlife would seem to be against the law,” Trouwborst says.

      The EU Court of Justice has already shown itself capable of ruling on activity in the Białowieża Forest. The Polish government logged parts of the forest from 2016 to 2018 to remove trees infected by bark beetles. But in April 2018, the Court of Justice ruled that the logging was illegal, and the government stopped cutting down trees. Nevertheless, the Polish government this year resumed logging in the outskirts of Białowieża.
      Walls going up

      Poland is not alone. The global trend toward more border walls threatens to undo decades of progress in environmental protections, especially in transboundary, cooperative approaches to conservation, Linnell says.

      Some of the more prominent areas where walls have recently been constructed include the U.S.-Mexico border; the Slovenian-Croatian boundary; and the entire circumference of Mongolia. Much of the European Union is now fenced off as well, Linnell adds. (Learn more: An endangered wolf went in search of a mate. The border wall blocked him.)

      The large uptick in wall-building seems to have taken many conservationists by surprise, after nearly a century of progress in building connections and cooperation between countries—something especially important in Europe, for example, where no country is big enough to achieve all its conservation goals by itself, since populations of plants and animals stretch across borders.

      This rush to build such walls represents “an unprecedented degree of habitat fragmentation,” Linnell says. It also reveals “a breakdown in international cooperation. You see this return to nationalism, countries trying to fix problems internally... without thought to the environmental cost,” he adds.

      “It shows that external forces can threaten to undo the progress we’ve made in conservation... and how fragile our gains have been.”

      https://www.nationalgeographic.com/environment/article/polish-belarusian-border-wall-environmental-disaster
      #nature #faune #forêt #flore

      –-
      voir aussi ce fil de discussion sur les effets sur la faune de la construction de barrières frontalières :
      https://seenthis.net/messages/515608

    • Le spectre d’une nouvelle #crise_humanitaire et migratoire à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie

      La #clôture construite par la Pologne en réponse à l’afflux de migrants en 2021, n’empêche pas la Russie de continuer à user de l’immigration comme d’une arme pour déstabiliser l’Europe.


      #Minkowce est une bourgade polonaise d’une centaine d’âmes, accolée à la frontière biélorusse, où les rues non goudronnées, les anciennes maisons de bois et leurs vieilles granges donnent l’impression que le temps s’y est arrêté. « On se croirait en Amérique à la frontière avec le Mexique ! », s’amuse pourtant Tadeusz Sloma, un agriculteur à la retraite. Car si dans cette région forestière, l’automne est humide et resplendit de couleurs vives en cette fin d’octobre, une imposante clôture d’acier de 5,5 mètres de hauteur, rappelant celle du Texas, s’élève depuis peu à proximité immédiate du hameau.

      « On finit par s’y habituer et on ne la regarde même plus », relativise M. Sloma, dont le jardin débouche sur la clôture. Ici, le souvenir de l’afflux migratoire de l’automne 2021 et de ses dizaines de milliers de réfugiés reste vif. « Nous jetions de la nourriture aux migrants au-dessus des barbelés, des sacs de couchage, des habits, se rappelle le retraité. Ils nous répondaient : “Thank you ! We love you !” Des femmes enceintes, des enfants… cela faisait mal au cœur. » Mais désormais, dit-il, tous les autochtones approuvent le mur et les mesures sécuritaires. « C’est une situation qui ne pouvait pas durer. On se sent davantage en sécurité. Ça ne se répétera pas. »

      Le long de ce qui était il y a encore peu une des frontières les plus paisibles et les plus sauvages de l’Union européenne (UE), chemine désormais un serpent d’acier, de béton et de barbelés de 186 kilomètres de long. Beaucoup plus imposante que les infrastructures similaires dans les pays Baltes, la clôture traverse la #forêt de #Bialowieza, la dernière forêt primaire d’Europe et ses pâturages de bisons, classée au patrimoine de l’Unesco. Les ONG et les scientifiques dénoncent une catastrophe écologique provoquée par la construction de l’infrastructure, qui traverse des zones où la biodiversité était préservée depuis près de douze mille ans.

      « Guerre hybride »

      Depuis que le régime biélorusse a fait de l’organisation de filières migratoires du Moyen-Orient une arme contre le Vieux Continent, le gouvernement national conservateur polonais a répondu avec la plus grande fermeté, au grand dam des défenseurs des droits humains.

      Pour lutter contre ce qui a été qualifié par les institutions européennes de « #guerre_hybride », la raison d’Etat a pris le dessus sur bien des considérations liées aux libertés civiques, au respect du droit d’asile où à la protection du patrimoine naturel. La guerre en Ukraine n’a pas arrangé les choses, même si le nombre de soldats dans la région est passé de 15 000 au pic de la crise migratoire à 1 600 aujourd’hui.

      Grâce à la lutte contre les filières depuis les pays d’origine, l’arrivée de migrants a considérablement baissé, mais ne s’est jamais tarie : 11 000 tentatives de passages ont été recensées depuis le début de l’année, dont 1 600 au mois octobre. Elles étaient 17 000 en octobre 2021. La clôture, opérationnelle depuis juin, est sur le point d’être équipée de systèmes de surveillance électronique dernier cri, avec lesquels les autorités espèrent la rendre « 100 % étanche. » Il restera néanmoins 230 km de frontière le long du Boug occidental, un cours d’eau difficile à surveiller.

      « Ce qui est frappant, c’est que le profil des migrants a radicalement changé , souligne Katarzyna Zdanowicz, porte-parole des gardes-frontières de la région de Podlachie, au nord-est de la Pologne. L’immense majorité provient désormais d’Afrique subsaharienne et de pays jamais recensés auparavant : Nigeria, Soudan, Congo, Togo, Bénin, Madagascar, Côte d’Ivoire, Kenya, Erythrée. » Autre différence : les migrants ne transitent désormais plus directement par Minsk mais d’abord par Moscou. « Il est clair que la Russie leur facilite la tâche. Les visas russes sont tous récents », ajoute-t-elle.

      Possible hausse des tensions

      A une moindre échelle, l’effroyable industrie migratoire pilotée par Minsk et Moscou continue, et les épaisses forêts marécageuses, surnommées par les migrants « la jungle », voient errer des centaines de personnes par semaine. Les soldats biélorusses jouent les passeurs et s’occupent de la logistique. Ils aident les migrants à franchir le mur, fournissent des échelles, des outils, de quoi creuser des tunnels.

      « Grâce au mur, il y a moins d’incidents , insiste Katarzyna Zdanowicz. Avant, les heurts violents étaient fréquents. Les Biélorusses diffusaient dans des haut-parleurs des pleurs d’enfants pour nous faire craquer. » Le temps où les gardes polonais et biélorusses organisaient chaque année, en bonne camaraderie, des compétitions de kayaks le long de la frontière, paraît aujourd’hui bien loin.

      D’autres signes laissent présager une possible hausse des tensions : la Russie a ouvert, début octobre, l’aéroport de Kaliningrad, l’enclave russe située entre la Pologne et la Lituanie, aux vols internationaux. Les médias russes rapportent que les autorités aéroportuaires ont annoncé leur intention d’ouvrir des liaisons avec les Emirats arabes unis, l’Egypte, l’Ethiopie ou encore la Turquie. Un moyen supplémentaire de pression sur l’UE. Pour l’heure, les autorités polonaises assurent toutefois ne constater « aucun phénomène préoccupant » sur la frontière avec Kaliningrad, pourtant particulièrement difficile à protéger.

      Plus au sud, le village de #Bialowieza vit toujours au rythme des interventions des activistes bénévoles, qui portent assistance en forêt aux réfugiés retrouvés dans des états critiques après des journées d’#errance. Au quartier général de l’organisation « #Grupa_Granica » (« Groupe Frontière »), dans un lieu tenu secret, on recense toujours entre 50 et 120 interventions par semaine, sur une zone relativement restreinte. « Grâce au mur, si l’on peut dire, nous n’avons presque plus de femmes ou d’enfants, c’est une différence par rapport à l’année dernière, confie Oliwia, une activiste qui souhaite rester anonyme. Mais nous avons davantage de jambes et de bras cassés, de blessés graves par les barbelés. »

      « Nous avons vu trop d’horreurs »

      Autre différence, la #répression des activistes par les services spéciaux s’est considérablement accrue. « L’aide est de plus en plus criminalisée. On essaye de nous assimiler à des passeurs, alors que nous n’enfreignons pas la loi. Nous sommes surveillés en permanence. » Chacun des militants a un numéro de téléphone écrit au marqueur indélébile sur l’avant-bras : le contact d’un avocat. Les #arrestations_violentes sont devenues monnaie courante. Il y a peu, le local d’une organisation partenaire, le Club de l’intelligentsia catholique (KIK), a été perquisitionné, des membres ont été arrêtés et du matériel confisqué.

      « Nous ne sommes plus en crise migratoire, ajoute Oliwia. Les gardes et l’armée devraient être plus contenus, faire respecter les procédures. Mais ils sont au contraire plus agressifs. La crise humanitaire, elle, est toujours là, et elle va s’accroître avec l’hiver. »

      En #Podlachie, l’aide aux migrants repose principalement sur les épaules des militants bénévoles et de certains autochtones. Elle est financée par des campagnes de dons, et les moyens tendent à se tarir. Nombreux sont ceux qui déplorent l’absence de soutien des grandes organisations humanitaires internationales.

      L’année tumultueuse qui s’est écoulée a laissé des traces dans les mentalités des populations locales, empreintes d’un ras-le-bol généralisé, d’une atmosphère d’extrême méfiance de l’étranger et d’omerta sur les sujets sensibles. « Après plus d’une année à agir, nous sommes tous exténués physiquement et psychiquement , conclut Olivia. Nous avons vu trop d’horreurs. »

      https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/29/a-la-frontiere-entre-la-pologne-et-la-bielorussie-le-spectre-d-une-nouvelle-
      #criminalisation_de_l'aide #criminalisation_de_la_solidarité

    • Polonia tra accoglienza e nuovi muri, ‘solidarnosc’ a lettura politica

      Un nuovo muro anti migranti clandestini tra Polonia e Bielorussia costato quasi mezzo miliardo di Euro che frena ma non ferma. Non bastano il muro e l’inverno, in quelle foreste particolarmente crudele. La spinta dei migranti clandestini usata anche come arma politica, analizza Marsonet. Sulla Polonia e altrove. Chi la favorisce e chi la ferma per ragioni opposte ma eguali: per interesse politico o per puro guadagno.
      Per rimanere su quel confine interpretato spesso come fronte con la Russia, tra le persone che lo attraversano o muoiono tentando di farlo, si contano circa 80 nazionalità e luoghi di origine, segnalano Croce rossa e Mezzaluna rossa.
      Il migrante come arma o come guadagno

      Vi sono pochi dubbi sul fatto che Putin e il suo alleato Lukashenko stiano utilizzando il problema dei migranti per mettere in difficoltà l’Unione Europea. Del resto, è noto che anche Erdogan sta praticando la stessa strategia. L’unica differenza è che il “sultano” si fa profumatamente pagare per impedire che i disperati lascino il suolo turco e si dirigano verso l’Ue, lasciando però scoperti varchi attraverso i quali la fuga può essere tentata.
      Nessuna richiesta di denaro invece, da Mosca e Minsk. Federazione Russa e Bielorussia vogliono solo accrescere le difficoltà di Bruxelles, magari usando i migranti per cercare di ammorbidire le sanzioni emanate dopo l’invasione dell’Ucraina.
      Europa in ordine sparso e scaricabarile

      Purtroppo occorre constatare che le varie nazioni europee affrontano il problema (anzi: il dramma) in ordine sparso. Non c’è alcuna strategia comune che l’Unione abbia adottato. E, se anche vi fosse, vien fatto di pensare che non verrebbe accettata da tutti.
      La reazione più comune consiste nel costruire muri sempre più alti, con grandi quantità di filo spinato e dotati di sensori elettronici in grado di dare l’allarme in caso di sconfinamento. Tali muri danno, ai Paesi che li erigono, un notevole senso di sicurezza.
      I muri muraglia senza imparare dalla storia

      E’ lecito chiedersi, tuttavia, se tale senso di sicurezza sia giustificato, o se si tratta piuttosto di una sicurezza fasulla. I fenomeni migratori sono una costante della storia, e non solo di quella occidentale. Gli imperatori cinesi costruirono la Grande Muraglia, che resta tuttora una meraviglia architettonica.
      Però non riuscì affatto a fermare i popoli delle steppe dell’Asia centrale, che la superarono senza eccessivi problemi penetrando quindi nei territori dell’Impero Celeste, mischiandosi ai cinesi e imponendo addirittura dinastie estranee agli “han”, la componente etnica maggioritaria della Cina.
      L’inganno delle trincee indifendibili

      Ci si chiede, quindi, perché mai nella nostra epoca i muri che vengono costruiti a ritmo accelerato nell’Europa dell’Est dovrebbero riuscire a bloccare le ondate di disperati che vogliono penetrare nelle nazioni più ricche, alla ricerca di un’esistenza migliore.
      Il caso emblematico è quello della Polonia, ormai trasformata in una sorta di “fortezza” protetta dai muri anzidetti. Senza scordare che non tutti i confini sono fortificabili in questo modo. Per esempio, tra Polonia e Bielorussia esistono vaste aree con grandi foreste e acquitrini che rendono in pratica impossibile la costruzione di muri di quel tipo.
      ‘Solidarnosc’ solo con Kiev

      Ora si apprende che Varsavia intende erigere un muro anche al confine con l’enclave russa di Kaliningrad, peraltro irta di missili che Mosca vi ha piazzato per far pesare la sua presenza militare. Il governo polacco è allarmato per l’aumento dei voli dall’Africa a Kaliningrad, e accusa quello russo di voler incoraggiare anche qui il passaggio di migranti.
      Sottolineando ancora una vota le responsabilità di Mosca (e di Minsk) che usa i migranti come “arma politica”, è tuttavia lecito chiedersi se una nazione vasta come la Polonia può davvero trasformarsi in fortezza inespugnabile con questi metodi. Dopo tutto è il Paese in cui Lech Walesa fondò il movimento sindacale “Solidarnosc” (che significa “solidarietà”).

      https://www.remocontro.it/2022/12/20/polonia-solo-per-lucraina-altri-muri-per-i-migranti-sgraditi

    • Refugees seriously injured on razor-wire fence UK helped build to keep asylum seekers out of EU

      Government accused of backing ‘inhumane’ policies as 16 people are badly hurt by barrier blocking entry via Poland from Belarus

      Refugees and asylum seekers have been seriously injured by a “dangerous” razor-wire fence that the UK helped to build to keep asylum seekers out of Europe.

      At least 16 people have been gravely hurt, some hospitalised, when recently attempting to reach Europe by crossing a 5.5m-high barrier the British military helped to construct on Poland’s border with Belarus.

      Humanitarian groups last night called for an inquiry into why the government had aided “inhumane anti-migration measures” and demanded answers from ministers over Britain’s “role in the harm and misery inflicted upon vulnerable people”.

      The Ministry of Defence confirmed it sent Royal Engineers personnel to Poland between December 2021 and August 2022 to provide “border infrastructure support” in response to “pressures from irregular migration”.

      The Polish defence minister stated British soldiers would work on a fence on the Belarusian border.

      Now the medical charity Médecins Sans Frontières (MSF) has revealed it has been treating a series of grave injuries sustained at the barrier.

      During the month up to 24 April, at least 16 people, mainly from Syria, Iraqi Kurdistan and Afghanistan, were treated for blunt injuries, sprains, cuts, and suspected fractures – some requiring urgent hospitalisation – as a “direct result” of trying to cross the razor-wire border wall stretching 116 miles along its frontier with Belarus.

      The types of injury led MSF medics to conclude that the border fence, completed last June, was “dangerous.”

      Sophie McCann, advocacy adviser at MSF UK, said: “MSF medical teams have seen the injuries and suffering caused by abusive treatment at Europe’s borders of refugees, people seeking asylum and other migrants.

      “It is therefore deeply alarming that the UK government is actively and directly supporting these inhumane anti-migration measures.

      “Given the government sent personnel to help construct fences in response to ‘irregular migration’, ministers have serious questions to answer about their role in the harm and misery inflicted upon vulnerable people searching for sanctuary.”

      A defence source said the UK had become involved after Belarus began forcing migrants towards Poland, a Nato ally, in an apparent attempt to undermine EU security.

      “Belarus’s deliberate policy to use migrants as weapons has sadly led to many being forced across secure border fences. The UK government condemns such use,” said the source.

      The developments come as the UK government refuses to say what anti-migrant and border security support it has given to Hungary, whose nationalist prime minister, Viktor Orbán, previously described asylum seekers entering Europe as “a poison”.

      Since January 2021, MSF teams at the border have treated 498 patients for physical injuries, allegedly because of physical assaults by Hungary’s border police and army, or due to a steel fence built on the border with Serbia to keep out migrants.

      The charity said it was investigating recent reports of children locked up in shipping containers and teargassed in Hungary.

      Another country accused of serious abuses towards refugees is Greece. The UK government has, in the past, been transparent about helping Athens with anti-migrant measures but now appears to have adopted a policy of secrecy, not answering queries from the Observer or sharing details following Freedom of Information requests.

      “The excessive secrecy around the provision of assistance to other states’ harsh migration policies is deeply alarming,” said McCann.

      This month the New York Times published video showing asylum seekers taken to sea and abandoned on a raft by the Greek coastguard – despite the country claiming it does not ditch migrants at sea.

      McCann added: “We have seen the horrendous human cost of policies such as violent pushbacks – where people arriving in Greece are aggressively forced back out to sea and abandoned. Yet the Home Office is refusing to share even minimal information about what support it provides to border forces in Greece or Hungary – two states where many of the worst abuses happen.

      “It is completely unacceptable that the UK government continues to support this approach while seeking to cover up the evidence of its support at every turn.”

      A Ministry of Defence spokesperson said: “Between December 2021 and August 2022, personnel from the Royal Engineers were deployed to Poland to help secure its border.

      “Personnel supported Polish troops with specific engineering tasks along the border including infrastructure support and repairing access roads, as well as planning support.”

      The Home Office referred queries to the Foreign Office who said the issue was one for the Home Office.

      https://www.theguardian.com/uk-news/2023/may/27/refugees-hurt-dangerous-fence-uk-built-keep-asylum-seekers-out-of-eu-po

  • Gérald Darmanin a maquillé les chiffres des interpellations lors de la manifestation à Paris
    https://www.mediapart.fr/journal/france/131220/gerald-darmanin-maquille-les-chiffres-des-interpellations-lors-de-la-manif


    Lors de la manifestation contre la loi Sécurité globale, à Paris, le 12 décembre. © Fabien Pallueau/NurPhoto via AFP
    Droit de manifester ? Prends ça !

    Au terme d’une manifestation sévèrement réprimée, le ministre de l’intérieur a annoncé l’interpellation de 142 « individus ultra-violents ». C’est faux. Les éléments réunis par Mediapart montrent que les policiers ont procédé à des arrestations arbitraires dans un cortège pacifique.

    Pendant toute la manifestation parisienne contre la proposition de loi « Sécurité globale », Gérald Darmanin a pianoté sur son iPhone. À 14 h 12, un quart d’heure avant le départ du cortège, le ministre de l’intérieur lançait, sur son compte Twitter, le décompte d’une journée qui s’annonçait riche en arrestations : « Déjà 24 interpellations », postait-il, en joignant à son message une photo d’un tournevis et d’une clé à molette, deux outils « qui n’ont pas leur place dans une manifestation ».

    Une heure et demie plus tard, M. Darmanin reprend son portable. « 81 interpellations désormais, à 15 h 50 », annonce-t-il, sans photo d’outils cette fois, mais en parlant d’« individus ultra-violents ». À 17 h 50, le chiffre monte à « 119 interpellations », « des casseurs venus nombreux ». Pour finir, à 18 h 56, à « 142 interpellations » officielles, chiffre repris dans le bandeau des chaînes d’info en continu.

    Il aura pourtant fallu moins de 24 heures pour que la communication du ministre de l’intérieur, dont les résultats médiocres depuis son arrivée Place Beauvau font jaser jusque dans son propre camp, se dégonfle comme un ballon de baudruche.

    Selon les éléments et témoignages recueillis par Mediapart, les personnes interpellées dans le cortège parisien étaient en grande partie des manifestants pacifiques, qui ne sont d’ailleurs par poursuivis pour des faits de violences – ce qui prouve que la stratégie policière était bien de foncer dans le tas et de procéder à des arrestations arbitraires. Des journalistes indépendants ont également été arrêtés au cours des différentes charges, alors qu’ils étaient parfaitement identifiables.

    Les chiffres communiqués par le parquet de Paris, dimanche soir, donnent la mesure de la manipulation de communication orchestrée par la place Beauvau : alors que 39 procédures ont dores et déjà classées sans suite, seulement six manifestants seront jugés en comparution immédiate. Le parquet a aussi procédé à 27 rappels à la loi, estimant qu’il n’y avait pas matière à renvoyer devant les tribunaux. Une personne a accepté une CRPC (procédure de plaider coupable), 30 gardes à vue sont toujours en cours, et deux enquêtes visant deux personnes remises en liberté n’ont pas encore été classées.

    Sur les 19 mineurs arrêtés, le parquet a dores et déjà classé neuf enquêtes. Cinq autres dossiers ont été traité par un simple rappel à la loi, tandis que quatre jeunes sont convoqués devant le délégué procureur. Les investigations se poursuivent dans un seul cas.

    Alexis Baudelin fait partie des 142 personnes arrêtées au cours de la manifestation. Son cas a été jugé suffisamment emblématique pour que le Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) relaie une vidéo de son interpellation avec le commentaire suivant : « Les ordres de la préfecture de police sont clairs : empêcher toute constitution de Black bloc ! Ces factieux viennent semer la violence et le chaos. Ils sapent les manifestations. Nous nous félicitons des interpellations de ces individus très violents ! »

    Malgré les certitudes du syndicat des commissaires, Alexis Baudelin n’a même pas été poursuivi par le parquet. Il a été relâché samedi soir, cinq heures après son interpellation, sans la moindre charge, non sans avoir rappelé quelques règles de droit aux policiers. Et pour cause : Alexis Baudelin exerce la profession d’avocat, ce que les forces de l’ordre ignoraient puisqu’il ne défilait pas en robe.

    Le jeune homme a été interpellé lors d’une des nombreuses charges des voltigeurs des brigades de répression des actions violentes motorisées (Brav-M), venus scinder la manifestation juste après son départ (relire le récit de la manifestation ici). Ainsi que le montre une vidéo qu’il a lui-même filmée, l’avocat a été violemment attrapé par le cou et sorti du cortège, sans que les policiers ne soient en mesure d’expliquer les raisons de son interpellation. Avant d’être arrêté, Alexis Baudelin avait protesté contre une violente charge policière (ce qui n’est pas interdit) et portait avec lui un drapeau noir (ce qui n’a également rien d’illégal). 

    « Les policiers m’ont ensuite menotté mais ils se rendaient bien compte qu’ils n’avaient rien contre moi », témoigne-t-il auprès Mediapart. Pendant cinq heures, M. Baudelin est ensuite déplacé de commissariat en commissariat avec d’autres manifestants, qui « se demandaient comme [lui] ce qu’on pouvait bien leur reprocher ». Finalement présenté à un officier de police judiciaire du commissariat du XIVe arrondissement, l’avocat est relâché, sans même avoir été placé en garde à vue. « J’ai été arrêté puis retenu pendant cinq heures de manière totalement arbitraire, sans même qu’un fait me soit reproché », dénonce-t-il.

    Interrogé par Mediapart, le parquet de Paris indique que sur les 142 personnes arrêtées en marge de la manifestation, 123 ont été placées en garde à vue. C’est notamment le cas du journaliste indépendant Franck Laur, finalement libéré sans charge dimanche en début d’après-midi. « Il paraît que je suis parmi les 142 casseurs recensés par Gérald Darmanin », cingle le journaliste au terme de sa garde à vue, avant de raconter les circonstances de son interpellation : « J’ai été interpellé au cours d’une charge en fin de manifestation, à 18 heures, sur la place de la République [où s’est terminée la manifestation – ndlr]. Je filmais, j’étais identifiable comme journaliste, j’ai été frappé à coups de matraques et j’ai dit un mot qu’il ne fallait pas », indique-t-il.

    M. Laur est placé en garde à vue dans le commissariat du VIIIe arrondissement pour « outrage » mais aussi pour des faits de « port d’arme de catégorie D », en raison de son masque à gaz. Ces charges ont ensuite été abandonnées sans même que le journaliste ne soit entendu sur les faits. « On est venu me chercher en geôle ce dimanche et on m’a dit : “Votre garde à vue est terminée” », raconte-t-il. Franck Laur doit en revanche passer un IRM dans les prochains jours : « J’ai été amené à l’Hôtel-Dieu samedi soir pour passer une radio. Ils pensent que j’ai deux vertèbres fissurées en raison des coups de matraque », explique-t-il.

    Au commissariat, Franck Laur a partagé la cellule de Thomas Clerget, un autre journaliste indépendant membre du collectif Reporters en colère (REC). Lui aussi a été libéré sans charge ce dimanche après avoir été suspecté du délit de « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou violences ». « J’ai été arrêté au cours d’une charge totalement gratuite, au milieu de gens qui marchaient. J’ai été matraqué par terre à la tête et à l’épaule », raconte cet habitué de la couverture des manifestations, qui a « eu l’impression que les policiers allaient à la pêche à l’interpellation ».

    Un homme frappé à la tête lors de la manifestation du samedi 12 décembre, à Paris. © Fabien Pallueau/NurPhoto via AFP
    Un communiqué de presse diffusé ce dimanche par le collectif REC et 15 autres organisations (dont la Ligue des droits de l’homme, la CGT et des syndicats de journalistes) a dénoncé un « déploiement policier et militaire brutalisant et attentatoire au droit de manifester ». Organisations bientôt rejointes dans leur constat par des élu·e·s comme Bénédicte Monville, conseillère régionale écologiste en Île-de-France. « Ma fille a été arrêtée hier alors qu’elle quittait la manifestation la police a chargé elle filmait, un policier la saisit et ils l’ont emmenée. Plusieurs personnes témoignent qu’elle n’a rien dit, opposé aucune résistance mais elle est en GAV pour “outrage” », a dénoncé l’élue sur Twitter. La mère d’un autre manifestant lui a répondu en faisant part de la même incompréhension : « Mon fils Théo a lui aussi été arrêté en tout début de manifestation, il est en GAV avec votre fille, commissariat du 20ième. Ils n’ont pas de faits à lui reprocher, juste des supposées intentions ».

    « La grande majorité des personnes arrêtées ne comprennent pas ce qu’elles font au commissariat », appuie Me Arié Alimi, dont le cabinet assiste une quinzaine d’interpelés. L’avocat estime que « ces personnes ont été interpelées alors qu’elles participaient tranquillement à une manifestation déclarée, cela signe la fin du droit de manifester ». Les avocats interrogés par Mediapart ignorent ce qui a pu pousser les policiers à arrêter certains manifestants pacifiques plutôt que d’autres, même si certains indices semblent se dessiner. Par exemple, des manifestants interpelés avaient des parapluies noirs, ce qui peut être utiliser pour former un black bloc (pour se changer à l’abri des drones et des caméras), mais est avant tout un accessoire contre la pluie (il pleuvait à Paris hier). « On a l’impression que les manifestants ont été arrêtés au petit bonheur la chance », témoigne Me Camille Vannier.

    Parmi les signataires du communiqué diffusé par le collectif REC figure aussi l’association altermondialiste Attac, dont un militant, Loïc, a aussi été interpelé à la fin de la manifestation, place de la République. « On discutait tranquillement ensemble quand les policiers ont commencé à charger, matraques en l’air. On s’est mis à courir. Ils voulaient visiblement vider la place, mais il n’y avait pas eu la moindre sommation », raconte Pascal, un autre membre d’Attac présent lors de l’arrestation. Au terme de 24 heures de garde à vue, Loïc a été remis en liberté dimanche soir sans charge, a informé son association.

    Un autre journaliste, le reporter Adrien Adcazz, qui travaille pour le média Quartier général, a pour sa part vu sa garde à vue prolongée ce dimanche soir. « Une décision totalement abusive », dénonce son avocat David Libeskind. « Vers 16 heures, sur le boulevard de Sébastopol, mon client a été pris dans une charge. Il a crié : “Journaliste ! Journaliste !” », précise l’avocat, qui indique que si son client n’avait pas de carte de presse (qui n’est pas obligatoire pour les journalistes), il avait bien un ordre de mission de son employeur.

    Selon Me Libeskind, Adrien Adcazz a été entendu pour des faits de « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou violences », de « dissimulation de son visage » (en raison du cache-cou noir qu’il portait), de « rébellion » et de « refus d’obtempérer ». Le 12 septembre, lors d’une précédente manifestation, Adrien Adcazz avait déjà été interpelé pour des faits similaires, avant que l’enquête ne soit classée sans suite, signale son avocat.
    Un autre client de David Libeskind, street-medic d’une cinquantaine d’années mobilisé pour soigner les manifestants victimes de violences policières, est sorti de garde à vue dimanche soir avec un « rappel à la loi » du procureur de la République pour « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou violences ».

    Depuis les manifestations contre la loi Travail en 2016, la « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou violences » est une infraction « systématiquement utilisée » par les officiers de police judiciaire, relève l’avocat Xavier Sauvignet, qui a assisté cinq manifestants interpelés samedi à Paris. Ce délit sanctionne le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation de violences volontaires contre les personnes ou de dégradations de biens.

    « La problématique, c’est qu’une fois que les personnes sont renvoyées devant un tribunal, elles sont bien souvent relaxées faute de preuves tangibles », indique Me Sauvignet. Alors, le parquet opte bien souvent pour un « rappel à la loi », une « pseudo-peine sans possibilité de se défendre », dénonce l’avocat, mais qui présente l’avantage de gonfler les statistiques du ministère de l’intérieur. Cette mesure présente d’autres conséquences, complète Xavier Sauvignet : « Cela a un double effet d’intimidation à l’égard des manifestants et d’affichage à l’égard de l’extérieur. »

    Oh la la, quel titre d’article idiot chez Mediapart. La blague sur BFM (?) passe pas, et l’essentiel non plus.

    https://seenthis.net/messages/891067
    https://seenthis.net/messages/891063
    https://seenthis.net/messages/891037

    Instauré en décembre 2016 (merci #PS) ces procédures de rappel à la loi sont bien trop souvent acceptées alors qu’elles constituent une reconnaissance de culpabilité (en violation du #principe_de_contradictoire censé régir la justice : le droit à une #défense), un #aveu (la "reine des preuves"...) et ouvrent le champ à la "récidive légale" (des peines aggravées). Le chantage est le suivant. Il faut choisir de l’accepter sous peine de procès, il s’agit d’être débarrassé, de pouvoir sortir (soit-disant) "sans suite", ou de risquer de comparaître, de vivre une longue procédure et d’être condamné.
    De fait, il est possible de refuser le rappel à la loi et ni les avocats ni les collectifs ne le disent assez.
    Un tel refus n’est pas nécessairement suivi de procès puisque le parquet sait qu’il doit ouvrir une procédure dont le résultat n’est pas garanti a priori, une procédure qui a toutes chances d’être perdante (sinon ils auraient lancé la procédure, ben oui). C’est vrai dans tous les cas, sauf si on est du bon côté du manche et que cette procédure est proposée en guise de "plaider coupable" pour moins cher. Et c’est encore plus vrai avec un chef d’accusation du type « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou violences », car c’est un délit d’intention que le ministère public aurait à étayer, un délit douteux au possible.

    #manifestation #répression #police #maintien_de_l'ordre #justice #arrestations_arbitraires #arrestations_préventives #rappel_à_la_loi #délits_imaginaires

  • #ChileDespertó
    Le Chili : 30 ans après la fin de la dictature

    Depuis le 17 octobre dernier, des millions de Chilien.ne.s sont dans les rues pour protester contre le gouvernement en place de Sebastián #Piñera, dont le #néolibéralisme extrême est hérité de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). C’est pour un nouveau modèle de société mais aussi contre la #répression_étatique que les Chilien.es se mobilisent. En effet, depuis cette date, les violations des droits de l’homme se multiplient de la part des #forces_armées et de la police : #arrestations_sommaires, #violences_sexuelles, #assassinats, #blessures graves sont rapportés par les ONG nationales et internationales pour le respect des droits de l’homme.

    Face à l’urgence chilienne, l’équipe d’espagnol de l’IEP de Grenoble et leurs étudiants ont jugé nécessaire de communiquer. Un contact via les réseaux sociaux a été établi avec plusieurs photographes chiliens amateurs basés sur Santiago. Ceux-ci ont répondu à l’appel dans l’objectif de donner de la #visibilité, au-delà des frontières, à la situation actuelle dans leur pays. Ce projet de soutien au Chili entend diffuser une vision nationale-populaire de la crise sociale, grâce à ces clichés qui sont autant d’actes artistiques de résistance.
    Ce travail est le fruit d’une collaboration riche entre les enseignants d’espagnol et les bibliothécaires de Sciences Po Grenoble en charge de la médiation culturelle, qui ont réalisé ce site afin de finaliser ce projet malgré les contraintes de confinement. C’est pourquoi l’évènement, qui aurait dû avoir lieu dans l’institut, est ainsi proposé en exposition virtuelle.

    https://sites.google.com/iepg.fr/chiledesperto

    Les photographes :
    #Luis_Fernández_Garrido
    #Camilo_Aragón_Guajardo
    #Patricio_Acuña_Pérez
    #Yerko_Jofre_Amaru
    #Roberto_Vega_Sotelo

    –-> zéro #femmes (sic)
    #femmes_photographes

    https://sites.google.com/iepg.fr/chiledesperto/lexpo/les-photographes

    #Chili #exposition #droits_humains #police #héritage #dictature #résistance #visibilisation #photographie

    ping @reka @albertocampiphoto

  • Multinationals are using violence as weapon in the COVID-19 lockdown to dispossess communities – Witness radio Witness radio
    https://witnessradio.org/multinationals-are-using-violence-as-weapon-in-the-covid-19-lockdown-t

    As Uganda begins a 32 day COVID – 19 Lockdown, multinational companies dispossessing more than 35000 natives off their land, have resorted to the use of violence to grab land for poor communities. During the previous weekend, Agilis Partners limited and Great Season Company as well as their agents severely beat William Katusiime, violently and arbitrarily arrested two people namely Sipiriano Baluma and Haweka Martin. Katusiime is a member of a community being dispossessed by Agilis Partners while Haweka and Baluma are members of a community being illegally and violently evicted by Great Seasons Company respectively.

    Last week, Ugandan government ordered the closure of schools, suspended religious gatherings across the country in an attempt to prevent the spread of coronavirus. On March, 22nd, Uganda registered coronavirus first case.

  • Attestation en règle pour faire ses courses de la semaine, contrôle du sac à la sortie du supermarché par la police, 360 € d’amende pour 2 paquets de gâteaux jugés ne pas être de première nécessité.

    Je sais maintenant pourquoi j’avais cette peur sourde au ventre en allant faire les courses hier. Mes proches se demandaient si je vrillais pas parano.

    Non.

    Peut être que je sens un peu en avance certains trucs... et c’est souvent perturbant ou lourd à porter. (Thread)

    https://twitter.com/isAshPsy/status/1242556982042791942?s=20

  • Adama Traoré : un rapport réalisé à la demande de la famille remet en cause l’expertise médicale
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/12/adama-traore-un-rapport-realise-a-la-demande-de-la-famille-remet-en-cause-l-

    Les quatre médecins, dont l’anonymat est protégé par la loi mais qui figurent parmi les principaux spécialistes en France des maladies citées dans le dossier, écartent la théorie d’un décès dû à sa condition médicale. Ils appellent la justice à réexaminer les conditions d’arrestation du jeune homme, dont la mort en 2016 a provoqué un grand mouvement sociétal contre les violences policières.

    #paywall

    • Quatre médecins balayent les conclusions des précédents rapports sur les causes de la mort du jeune homme de 24 ans et mettent en cause ses conditions d’interpellation.

      C’est une course contre la montre autant qu’une bataille de communication. Alors que la justice a fait savoir qu’elle s’apprêtait à clore l’instruction sur « l’affaire Adama Traoré », la famille du défunt joue son va-tout avec une contre-expertise médicale, réalisée à ses frais, qui vient bousculer les certitudes établies sur les causes du décès.

      Les termes médicaux ont beau être complexes, la conclusion de ce travail est limpide. Ce rapport, rédigé par quatre professeurs de médecine interne issus de grands hôpitaux parisiens et que Le Monde a pu consulter, balaye les conclusions des précédents experts, remettant même en cause leur éthique médicale.

      Les quatre médecins, dont l’anonymat est protégé par la loi mais qui figurent parmi les principaux spécialistes en France des maladies citées dans le dossier, écartent la théorie d’un décès dû à sa condition médicale. Ils appellent la justice à réexaminer les conditions d’arrestation du jeune homme, dont la mort en 2016 a provoqué un grand mouvement sociétal [toi même ! ndc] contre les violences policières.

      A quoi est dû le décès d’Adama Traoré, à 24 ans, sur le sol de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise) en juillet 2016 ? La famille reste persuadée que ce sont les méthodes musclées d’interpellation qui ont causé sa mort, quand les #gendarmes assurent n’être pour rien dans la dégradation subite de son état.

      Le précédent rapport, rendu le 14 septembre 2018 par quatre experts désignés par le juge d’instruction, excluait d’ailleurs de facto l’action des forces de l’ordre, expliquant que le jeune homme qui avait couru pour échapper à un contrôle d’identité était décédé à la suite d’un « syndrome asphyxique » causé par une conjonction des deux maladies qu’il présentait : une sarcoïdose de type 2 et un trait drépanocytaire. « Le décès de M. Adama Traoré résulte de l’évolution naturelle d’un état antérieur au décours d’un effort », concluait l’#expertise_médico-légale.

      Cette conclusion, à propos d’un jeune homme sportif, ne tient pas, selon les quatre médecins sollicités par l’avocat de la famille Traoré, Me Yassine Bouzrou. Ces professeurs ont pour eux d’être des spécialistes des deux maladies mises en cause, la sarcoïdose et la drépanocytose, contrairement à leurs confrères qui ont signé le précédent rapport (deux experts de médecine légale, un cardiologue et un pneumologue).

      « Porteur sain »

      Après examen des différentes expertises réalisées, ils affirment sans détour que la condition médicale préalable d’Adama Traoré ne peut pas être la cause de la mort. Concernant la sarcoïdose, ils commencent par rappeler qu’il n’y a jamais eu de décès lié au stade 2 de la maladie, [avant, ndc] celui dont était affecté le jeune homme. « Aucun argument théorique, aucune donnée de littérature et aucune preuve médico-légale ne permettent de soutenir le contraire », écrivent-ils. Même constat pour le trait drépanocytaire, dont Adama Traoré était un « porteur sain ». « Nous affirmons que le décès de M. Adama Traoré ne peut être imputé ni à la sarcoïdose de stade 2, ni au trait drépanocytaire, ni à la conjonction des deux », assènent-ils.

      Les quatre professeurs ne s’arrêtent pas là. Ils remettent en cause le sérieux du travail des autres #experts : « La drépanocytose et la sarcoïdose sont deux pathologies rares, habituellement prises en charge par des médecins spécialisés, en général spécialistes de la médecine interne. Notons que les deux cliniciens ayant participé à l’expertise médico-légale de synthèse n’ont aucune compétence dans ces domaines. »

      Selon eux, le rapport fourmille de contresens : « Les notions théoriques invoquées au sujet de la sarcoïdose et de la drépanocytose sont improprement et faussement utilisées et leurs conclusions sont contraires aux connaissances et recommandations scientifiquement et internationalement validées. »

      Ils reprochent par exemple aux précédents experts d’appuyer leur raisonnement sur la drépanocytose sur des cas très rares de sept patients âgés de 42 à 67 ans, présentant des conditions physiques très dégradées (obésité, diabète, insuffisance rénale ou cardiaque…). « Ces patients ne peuvent en aucun cas être comparés à un jeune homme de 24 ans sans antécédents médicaux notables », expliquent-ils, rappelant qu’il existe actuellement environ 300 millions de porteurs sains vivants dans le monde, et plusieurs milliards depuis le début des études en 1956. « Il est peu probable que cette complication si elle avait été réelle n’ait pas été plus souvent rapportée dans la littérature. »

      Enchaînement médical improbable

      Dans leurs conclusions, les quatre professeurs s’interrogent sur le plan déontologique : « La tentative de validation ou légitimation de cette conclusion en faisant appel à des notions scientifiques théoriques sur la sarcoïdose et la drépanocytose amène à des conclusions biaisées sur le plan intellectuel, voire de l’éthique médicale. » Une charge virulente, dans un milieu hospitalier habituellement feutré.

      Selon eux, les experts cherchent à expliquer par un enchaînement médical improbable – et à vrai dire impossible – les causes de ce décès, alors qu’il existe des explications plus logiques et plus simples, à commencer par celle d’une « #asphyxie mécanique », due aux méthodes d’interpellation. Reprenant le récit de l’arrestation, ils soulèvent que les différentes auditions permettent de constater que le jeune homme a notamment reçu le poids des trois gendarmes sur son corps.

      « Il est étonnant de constater que cette expertise médico-légale ne s’est pas intéressée avec insistance à ces concepts d’asphyxie positionnelle, qui ont été décrits dans plusieurs études s’intéressant aux décès survenus lors d’#arrestations_policières », notent-ils, rappelant que trois des quatre expertises médicales réalisées jusqu’à présent « concluent en l’existence d’un syndrome asphyxique aigu ».

      Quel regard portera le procureur de Paris sur cette contre-expertise que la famille a versé au dossier ? Depuis le 14 décembre 2018, les juges d’instruction ont clos leur enquête et ont transmis le dossier au parquet, où il est « en cours de règlement », selon une source judiciaire. Toutes les demandes de nouveaux actes formulées par la famille ont été rejetées, notamment celle d’une #contre-expertise mandatée par la justice.
      L’hypothèse du non-lieu tenait jusque-là la corde. Les magistrats ont manifestement été convaincus par les conclusions du précédent rapport rendu en septembre 2018, qui exonérait les gendarmes. En témoigne leur décision de ne pas mettre en examen les trois militaires, à la suite de leur audition, fin novembre 2018. Ces derniers ont simplement été placés sous le statut de témoin assisté, pour « non-assistance à personne en péril ».

      La famille d’Adama Traoré demande qu’ils soient à nouveau entendus, notamment pour répondre plus précisément sur les conditions de l’interpellation. Elle demande également qu’une #reconstitution soit organisée sur les lieux de son arrestation, pour prouver que le jeune homme, qui aurait parcouru 400 mètres en dix-huit minutes, n’a pas produit un effort intense susceptible d’être à l’origine de son décès.
      Nicolas Chapuis

      #violences_policières #violence_d'état #Justice

  • Comment les renseignements s’adaptent depuis trois mois au mouvement inédit des « #gilets_jaunes », Catherine Fournier
    https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/enquete-comment-les-renseignements-s-adaptent-depuis-trois-mois-au-mouv

    Policiers et gendarmes des services de #renseignement ont dû s’adapter en urgence à l’émergence de cette vague de contestation sociale protéiforme et à des leaders d’un nouveau genre. 

    Ils sont sur les ronds-points, dans les manifestations, assistent à des réunions organisées dans le cadre du grand débat national et aux discussions sur les réseaux sociaux. « Ils », ce ne sont pas « les gilets jaunes » mais ceux qui les observent et les écoutent, les agents des services de renseignement. Depuis trois mois, les policiers du renseignement territorial (RT), ceux de la préfecture de police de Paris mais aussi les gendarmes des brigades sont en première ligne pour recueillir des informations sur ce mouvement social inédit, tant par sa forme que par sa durée.

    « Il a fallu en urgence établir la réalité d’un phénomène qui s’est construit du jour au lendemain, sur les réseaux, rapidement et en nombre », résume Guillaume Ryckewaert, secrétaire national du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure. Deux jours seulement avant la première journée de mobilisation, le 17 novembre, le service central du renseignement territorial (SCRT) publie une note de synthèse dans laquelle il décrit un « mouvement d’humeur », « assez désorganisé », avec des initiateurs inconnus des services mais un risque de récupération par les extrêmes.

    #judiciarisation #arrestations_préventives

    • Côté police [RT, ex-RG], le recueil d’informations s’effectue localement par des agents en civil, qui s’annoncent comme tels. « On se présente pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté », explique le responsable du renseignement territorial d’une ville moyenne du nord de la France.
      [...]
      « Les leaders en matière d’idées ne nous intéressent pas. Ceux qui attirent notre attention, ce sont plutôt les agitateurs locaux qui ont une capacité à promouvoir des violences collectives », souligne le haut gradé au sein du service de renseignement de la gendarmerie.
      [...]
      L’instauration du grand débat national ne suffit pas à calmer les esprits, même si la mobilisation est en baisse. « On assiste aux débats locaux pour voir l’ambiance, mais ceux qui posent problème sur les ronds-points n’y participent pas. Ils organisent des assemblées citoyennes en parallèle. Tout ce qui est proposé est considéré comme une trahison, une tentative de récupération », constate un des cadres locaux des RT. Face à cette attitude, les services se sentent désarmés.

  • Les « #arrestations_préventives » ou la fin du #droit_de_manifester

    Samedi, les forces de l’ordre ont multiplié les #arrestations de manifestants de manière préventive : ceux-ci étaient simplement soupçonnés de vouloir participer à un rassemblement violent. Beaucoup ont terminé en #garde_à_vue. La moitié ont fait l’objet d’un #classement_sans_suite. Il n’y avait rien à leur reprocher.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/101218/les-arrestations-preventives-ou-la-fin-du-droit-de-manifester?onglet=full
    #Gilets_jaunes #it_has_begun

  • La #police et les #indésirables

    Les #pratiques_policières de contrôles-éviction, visant à évincer certaines populations de l’#espace_public, participent aux processus de #gentrification. M. Boutros met en lumière le rôle central des forces de l’ordre dans les dynamiques de #transformation_urbaine.

    En décembre 2015, dix-huit adolescents et jeunes adultes du 12e arrondissement de Paris déposaient une plainte pénale collective à l’encontre de onze policiers d’une même brigade : le #Groupe_de_Soutien_de_Quartier (#GSQ), surnommé la « #brigade_des_Tigres » du fait de son écusson représentant un tigre fondant sur une proie. Les plaignants reprochaient aux policiers des #violences physiques, des #attouchements sexuels, des #arrestations_arbitraires, des destructions de biens et des #injures_racistes, à l’occasion de #contrôles_d’identité entre 2013 et 2015 [1]. Le 4 avril 2018, trois des policiers mis en cause ont été condamnés en première instance pour violences volontaires aggravées [2].

    La #plainte, parce qu’elle concernait un grand nombre de faits, reprochés aux mêmes policiers sur plusieurs années, a donné lieu à une enquête qui n’a pas seulement porté sur les faits dénoncés mais a également interrogé les pratiques quotidiennes de cette brigade, et les instructions qui lui étaient données. Au delà des preuves des faits de #violence, l’enquête de la police des polices a révélé une pratique policière jusqu’ici peu connue, que les policiers appellent le « #contrôle-éviction ». Il s’agit de #contrôles_d’identité dont l’objectif est de faire quitter les lieux à des personnes considérées comme « indésirables », même en l’absence d’infraction. Bien qu’il n’y ait aucune base légale à cette pratique, l’enquête a montré que la brigade des Tigres était missionnée par sa hiérarchie pour contrôler et « évincer » de l’espace public certaines populations, notamment des « #regroupements_de_jeunes », composés principalement d’adolescents #Noirs et #Maghrébins issus des #classes_populaires.

    Comment expliquer la perpétuation de telles pratiques policières en plein cœur de #Paris ? On le sait, en #France, le contrôle d’identité est un outil central du travail policier, et il cible de manière disproportionnée les jeunes hommes perçus comme Noirs ou Arabes et issus de #quartiers_populaires [3]. D’après des enquêtes ethnographiques, les policiers rationalisent ces pratiques discriminatoires sur trois modes : ces #contrôles_au_faciès permettraient de trouver des infractions, de recueillir des informations, et d’affirmer le #pouvoir_policier envers des jeunes en instaurant un rapport de force physique [4]. Si les enquêtes existantes ont examiné les rationalités policières des contrôles discriminatoires, on en sait peu sur les dynamiques locales qui façonnent ces pratiques. L’affaire de la brigade des Tigres permet d’analyser comment ces pratiques s’inscrivent dans une dynamique urbaine plus large, dans laquelle la police participe à l’instauration et au maintien d’un certain #ordre_social urbain.

    À partir d’une analyse de l’affaire de la brigade des Tigres (examen du dossier de l’enquête judiciaire, observation du procès, entretiens avec plaignants, habitants et avocats), cet article propose d’examiner la pratique du contrôle-éviction telle qu’elle s’inscrit dans une dynamique urbaine de gentrification, processus par lequel un quartier anciennement populaire se transforme progressivement avec l’arrivée de nouveaux habitants de classes moyennes ou supérieures [5].

    Des enquêtes étatsuniennes ont montré que, dans les quartiers en voie de gentrification, on observe une augmentation des contrôles policiers proactifs et agressifs ciblant les populations perçues par les nouveaux arrivants comme source de désordres et d’incivilités, notamment les SDF et les jeunes Noirs et Latinos [6]. Le procès des policiers du 12e arrondissement indique qu’une dynamique similaire existe à Paris. L’analyse montre que les plaignants étaient la cible de contrôles répétés et violents, souvent sans motif légal, parce qu’ils étaient considérés comme « indésirables » dans l’espace public, du fait de leur origine sociale et ethnique. Dans ce quartier où persistent des zones d’habitat social au sein d’un quartier largement gentrifié, des tensions grandissantes ont émergé sur la question de l’occupation de l’espace public. Certains habitants des classes moyennes et supérieures, majoritairement Blancs, ne toléraient pas la présence de jeunes hommes Noirs et Maghrébins des classes populaires dans l’espace public, surtout en groupes, car cette présence était perçue comme source d’incivilités et de désordres. Ces habitants réclamaient régulièrement des autorités des actions pour assurer la « tranquillité publique ». Pour répondre à ces demandes, le GSQ était envoyé pour procéder à des « contrôles-éviction » sur certains secteurs. Mais loin de cibler uniquement ceux les auteurs d’infractions, ces contrôles ciblaient les groupes d’adolescents issus de l’immigration et des classes populaires, quel que soit leur comportement.

    Ainsi, par les contrôles-éviction, la police accompagne le processus de gentrification et se met au service des acteurs qu’elle perçoit comme légitimes dans le quartier en leur garantissant un espace public libéré des « indésirables ».
    Contrôles violents, détentions illégales, injures racistes

    En décembre 2015, 17 garçons et une fille, âgés de 15 à 24 ans, tous issus de l’immigration et de familles populaires, déposaient collectivement plainte pour dénoncer 44 faits de violence commis entre 2013 et 2015 par les policiers du Groupe de Soutien de Quartier (GSQ) du 12e arrondissement de Paris. Les plaignants dénonçaient des agressions physiques lors des contrôles d’identité, tel que des coups de poing, coups de matraque, claques, clés de bras, et usage excessif de gaz lacrymogène. Plusieurs plaignants faisaient également état d’agressions sexuelles, notamment des attouchements des parties génitales lors des palpations de sécurité, accompagnés de coups et railleries si le contrôlé se débattait. Plusieurs plaignants dénonçaient également des injures racistes de la part de certains policiers (« sale noir », « espèces de singes », « je pisse sur le Ramadan »). Enfin, la plainte évoquait de nombreuses conduites au poste sans motif et hors du cadre légal, que les avocats qualifiaient d’« arrestations arbitraires et séquestrations ». L’enquête a en effet révélé que le GSQ emmenait régulièrement des adolescents au commissariat, sans se conformer aux procédures d’interpellation ou de vérifications d’identité. Dans leurs auditions, les plaignants racontent qu’on leur demandait le plus souvent de s’asseoir sur le « banc de vérif’ », et au bout de quelques heures, sans avoir vu d’Officier de Police Judiciaire ou fait l’objet de procédure de vérification d’identité, on appelait leurs parents pour venir les chercher.

    Suite à l’enquête de la police des polices, quatre policiers ont été renvoyés au tribunal correctionnel pour trois faits de violences physiques, pour lesquels il existait des preuves matérielles (certificats médicaux, photos, témoignages concordants). Les autres faits ont été classés sans suite pour insuffisance de preuves. Si les conduites au poste abusives n’ont pas été poursuivies pénalement, elles ont fait l’objet d’un avertissement ferme de la part du Procureur de la République. Dans un courrier au Directeur de la Sécurité de Proximité de l’Agglomération Parisienne, le Procureur s’alarmait d’un « grave dysfonctionnement sur le cadre des conduites au poste et des procédures de vérification d’identité au sein du commissariat du 12e arrondissement », et prévenait que l’absence systématisée de respect des procédures de vérification d’identité pouvait donner lieu à des poursuites pénales pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par dépositaire de l’autorité publique.

    Il ressort du dossier de l’enquête que les humiliations, les violences, et les conduites au poste hors cadre légal, avaient pour objectif de faire partir les personnes contrôlées de l’espace public. En effet, le GSQ était explicitement missionné par la hiérarchie du commissariat pour procéder à des « contrôle-éviction » sur certains secteurs ; et les éléments du dossier montrent que les contrôles se terminaient systématiquement soit par une injonction à quitter les lieux, soit par une conduite au poste. « La phrase qui revenait le plus souvent », raconte un plaignant, « c’était : ‘si on vous revoit ici, c’est commissariat direct !’ » (Entretien avec l’auteure, 24 mai 2018). Au procès, un des policiers confirmera : « On passe notre temps à expliquer aux jeunes qu’ils sont dans un lieu où ils n’ont pas à être ».

    Pour les avocats des plaignants, ces pratiques policières représentent un dévoiement des outils juridiques donnés aux policiers, et ont pour objectif non pas la lutte contre la délinquance mais le « nettoyage » des espaces publics. Comme l’explique Maître Felix de Belloy :

    Les policiers, pendant le procès, ont quasiment fait l’aveu qu’ils utilisent les catégories du code de procédure pénale pour faire un travail de nettoyage ou de gardiennage... Ils ont pris des bouts de code de procédure pénale, par exemple le contrôle, et ils ajoutent « contrôle-éviction ». On fait un contrôle pas pour contrôler leur identité mais pour qu’ils déguerpissent. Ou on les emmène au poste et on utilise la procédure de verif’ uniquement pour les mettre au frais quelques heures. C’est de la séquestration mais on appelle ça de la vérif’. Entretien avec l’auteure, 18 avril 2018

    Le dossier de l’enquête révèle que ces contrôles ciblaient toujours les mêmes personnes, que les policiers désignaient par le terme « indésirables ».
    Les jeunes Noirs et Maghrébins, des « indésirables » à évincer

    Dans le dossier de l’enquête figurent toutes les mains courantes d’intervention des brigades de l’unité d’appui de proximité, dans lesquelles les policiers résument leurs interventions. Sur environ 300 mains courantes d’intervention, aux côtés des interventions pour tapage ou vol, un tiers concernent des interventions pour des « indésirables ». Au procès, les avocats des plaignants ont interrogé les policiers mis en cause sur ce terme :

    Avocat : Dans la main courante que vous avez rédigée, vous avez écrit à « nature de l’affaire », en majuscules, « INDESIRABLES », et pour « type d’événement », « Perturbateurs - Indésirables ». Qu’est-ce que ça veut dire, « indésirables » ? (...) C’est qui les indésirables ?
    Policier : C’est un trouble à la tranquillité publique.
    Avocat : Donc les indésirables c’est les jeunes ?
    Policier : Ça peut être n’importe qui, ça peut être des jeunes, ça peut être des SDF. C’est des indésirables pour les gens qui habitent le quartier.

    En effet, les mains courantes pour « indésirables » indiquaient toutes que l’intervention ciblait soit des jeunes soit des SDF. Au procès, le chef de brigade a affirmé que le terme « indésirables » figure dans le logiciel de main courante, une information qui nous a été confirmée par plusieurs policiers dans d’autres commissariats [7].

    Le terme « indésirables » est apparu en France à la fin du XIXe siècle dans le cadre des débats sur l’immigration [8]. Il a désigné, au fil du temps, diverses populations considérées comme étrangères au corps national (les nomades, les juifs, et les Français Musulmans d’Algérie), et a justifié des politiques d’expulsion et d’internement. Dans les années 1930, le terme a été explicitement mobilisé dans les textes gouvernementaux et les lois sur l’immigration illégale, qui faisaient de « l’élimination des indésirables » une nécessité pour protéger le corps national. L’historien E. Blanchard note la disparition du terme des textes officiels et du langage bureaucratique après la deuxième guerre mondiale. Cependant, des enquêtes récentes montrent que le terme continue d’être employé de manière informelle par des agents publics pour désigner des populations perçues comme problématiques et dont il faut gérer la présence dans les espaces publics. Par exemple, pour les agents des transports publics, le terme indésirables peut désigner les SDF, les pickpockets, ou les vendeurs à la sauvette, et dans les politiques de logement, les indésirables sont les personnes étrangères ou d’origine immigrée dont il faut éviter la concentration dans les mêmes immeubles [9].

    Le procès des policiers du 12e arrondissement a révélé que le terme est également employé par l’administration policière pour désigner des catégories de personnes dont la présence dans les lieux publics est considérée comme problématique. Au procès, les policiers mis en cause ont affirmé que les « indésirables » sont des personnes commettant des incivilités ou causant un trouble à la tranquillité publique. Cependant, les éléments de l’enquête montrent qu’en réalité, ce ne sont pas uniquement les adolescents perpétrant des infractions qui sont ciblés, mais bien tous les jeunes hommes Noirs et Maghrébins issues de familles populaires présents dans l’espace public.

    Dans certaines mains courantes, les policiers justifient ces interventions par le fait que les jeunes « traînent toute la journée » et « causent diverses nuisances (tapage, incivilités en tout genre) ». Cependant, lors des interventions policières, aucune distinction n’est faite entre ceux commettant des infractions et ceux qui sont simplement là pour se retrouver entre amis. Dans une grande partie des résumés des mains courantes, il n’est fait mention d’aucune infraction qui aurait justifié le contrôle et il est noté que le contrôle s’est fait dans le calme et sans incident. Et pourtant, systématiquement, les jeunes « indésirables » sont contrôlés et évincés. Certaines mains courantes mentionnent simplement « Contrôle et éviction d’une dizaine d’indésirables. Pas d’incidents. RAS ». Ou encore : « Sur place nous avons constaté la présence de quatre individus discutant calmement. Nous leur avons demandé de quitter les lieux, ce qu’ils ont fait sans incident » [10].

    Ainsi, pour les policiers du GSQ, la simple présence d’adolescents Noirs et Maghrébins dans l’espace public est considérée comme « indésirable » et justifie un « contrôle-éviction », même si les adolescents sont calmes et ne commettent aucune infraction. Ce n’est donc pas l’infraction ou la suspicion d’une infraction qui justifie le contrôle, mais bien l’identité des personnes contrôlées, leur origine raciale et sociale. Cette stratégie policière assumée s’inscrit dans une dynamique urbaine plus large, dans laquelle la police est mandatée pour garantir à certains habitants un espace public libéré des « regroupements de jeunes ». Si les policiers contrôlent ces adolescents à répétition, les humilient, les frappent, les agressent sexuellement, et les conduisent au poste sans motif, c’est pour les chasser des espaces publics, pour leur signifier qu’ils n’y ont pas leur place.
    Le harcèlement policier et le processus de gentrification

    Au tribunal, les policiers et leur avocat ont expliqué que les contrôles répétés envers les mêmes adolescents répondaient à une demande des habitants du quartier, qui s’en plaignaient régulièrement. L’enquête a en effet montré que certains habitants appelaient la police et envoyaient des courriers de plainte à propos des nuisances causées par des regroupements de jeunes. Sur trois ans, vingt-six courriers ont été envoyés réclamant des autorités davantage de fermeté envers des « bandes » qui occupent certains espaces. La majorité des doléances dénoncent des nuisances sonores tard dans la soirée et réclament des verbalisations systématiques. Certains courriers mentionnent également des rodéos, des trafics, et des vols. En réponse à ces doléances, le commissariat envoyait des effectifs avec l’instruction d’effectuer plus de rondes, plus d’interpellations, et comme le montre le dossier de l’enquête, plus de contrôles-éviction.

    Les courriers de plainte, ainsi que les contrôles répétés, se concentraient sur un petit nombre de rues et places du quartier Reuilly-Montgallet, correspondant aux rues où des bâtiments HLM ont été conservés au sein d’un quartier qui a fait l’objet d’une forte gentrification depuis les années 1980 [11]. Avec l’arrivée d’habitants de classes moyennes ou supérieures dans ce quartier anciennement populaire, des tensions sont apparues entre les habitants, notamment sur la question de l’occupation de l’espace public. Dans mes entretiens avec des habitants du quartier, personne ne nie que les regroupements de jeunes sont parfois bruyants et que certains commettent des délits. Cependant, les tensions ne sont pas uniquement liées au bruit ou à la délinquance. En l’absence de lieux où ils peuvent se rassembler sans consommer, les jeunes des classes populaires se rassemblent en bas de chez eux, sur les places du quartier. Cette présence de « jeunes qui traînent » et qui occupent l’espace public n’est pas tolérée par certains habitants. Comme l’explique un militant du quartier, la transformation du quartier a amené une nouvelle catégorie de personnes « qui sont beaucoup plus dérangés par cette mixité sociale et qui finalement souhaitent faire en sorte que les anciens habitants quittent le quartier parce qu’ils ont l’impression que ça dévalorise, au niveau patrimonial, le quartier » (Entretien avec l’auteure, 31 janvier 2018.). Pour certains habitants, ces groupes de jeunes, majoritairement Noirs et Maghrébins, sont considérés comme potentiellement source d’incivilités et de bruit.

    Les éléments de l’enquête montrent que, pour régler les tensions entre les habitants, les politiques municipales et policières se sont centrées sur la répression et le harcèlement des adolescents en question. La mairie renvoyait systématiquement les courriers de plainte vers le commissariat, considérant que ce « problème » devait être réglé par la police (et non pas, par exemple, par la consultation des jeunes sur leurs besoins en termes d’espaces de socialisation). De plus, la mairie a fait enlever les bancs publics et installer des caméras de surveillance pour dissuader les jeunes de rester dans les rues où les tensions se concentrent.

    De son côté, le commissariat envoyait le GSQ « tenir le terrain » face aux jeunes. Le GSQ est une « police de la tranquillité publique », c’est-à-dire une brigade chargée de gérer les petits désordres urbains et de garantir la coexistence pacifique entre les gens [12]. À la différence des brigades anti-criminalité (les BAC), son objectif premier n’est pas la lutte contre la délinquance ; elle effectue des missions de sécurisation des secteurs sensibles. En particulier, le GSQ est une des brigades crées pour gérer les « jeunes qui traînent en bande » en bas des immeubles avec une approche purement répressive de harcèlement [13]. Bien que les doléances des habitants concernent des délits (tapage nocturne, rodéos), la police considérait que la simple présence de jeunes dans les rues, même en petits groupes calmes, était un problème à régler. Les bilans annuels du commissariat, inclus dans le dossier, mentionnent les « regroupements de jeunes » comme un « problème récurrent » ; les mains courantes d’intervention déplorent régulièrement la présence de jeunes qui « reviennent systématiquement sur ces secteurs malgré nos évictions répétées tout au long de la vacation » ; et les plaignants interrogés confirment que les contrôles se terminaient systématiquement par une injonction à dégager, même lorsque leur présence ne gênait personne et que le contrôle se passait bien. Ainsi, la police se basait sur les plaintes de certains habitants pour des problèmes de tapage et de délits pour justifier des pratiques de harcèlement policier envers les adolescents Noirs et Maghrébins du quartier, sans qu’aucune distinction ne soit faite entre ceux commettant des infractions et ceux simplement présents dans l’espace public.

    Dès 2013, certains adolescents du 12e et leurs éducateurs ont tenté d’alerter la municipalité, le commissariat, et les services de protection de l’enfance, sur les violences, y compris sexuelles, commises par les policiers du GSQ. Plusieurs réunions ont eu lieu, avec le conseil municipal de la sécurité et de la prévention, l’adjoint au maire chargé de la jeunesse et des sports, et avec la cellule de prévention du commissariat du 12e. Aucune autorité n’a réagi pour protéger ces enfants.

    En somme, les éléments de l’enquête laissent apparaître que, si le terme « indésirables » provient de l’administration policière (puisqu’il figure dans le logiciel informatique des mains courantes), la catégorie des « indésirables » est produite localement par une dynamique qui implique la police, certains habitants, et la municipalité. Indépendamment de la commission d’une infraction, les « indésirables » sont les adolescents et jeunes adultes qui se retrouvent en bas des immeubles, majoritairement des Noirs et des Maghrébins issus des classes populaires, et que la police doit « évincer ». Les contrôles-éviction s’inscrivent donc dans la dynamique urbaine locale où la police se met au service du processus de gentrification, en légitimant la présence de certains, et l’éviction d’autres, des espaces publics.
    Conclusion

    Les violences policières racistes sont de plus en plus visibles en France, notamment grâce à de fortes mobilisations autour d’affaires telles que la mort par asphyxie d’Adama Traoré lors d’un contrôle d’identité en 2016, ou le viol de Théo Luhaka lors d’un contrôle d’identité en 2017. Pour comprendre ces violences policières discriminatoires, des chercheurs se sont penchés sur l’héritage colonial de la police française, et sur les politiques policières contemporaines qui mettent l’accent sur l’anti-criminalité et le « chiffre » plutôt que sur la prévention [14]. Cet article met en lumière la contribution d’un facteur supplémentaire, le processus de gentrification. La transformation de quartiers anciennement populaires en quartiers bourgeois crée un terrain propice à des pratiques de #harcèlement_policier envers des jeunes issus des classes populaires et de l’immigration, qui sont catalogués « indésirables », et que la police tente d’ « évincer » des espaces publics, à force de contrôles, de coups, d’humiliations, et de conduites au poste abusives.

    http://www.laviedesidees.fr/La-police-et-les-indesirables.html

    #éviction #discrimination #urban_matter #géographie_urbaine #villes #xénophobie #racisme #éviction

    • VIDEO. « J’ai déjà vu des gamins de 8 ans se faire palper, contrôler, insulter » : un policier dénonce les abus de ses collègues

      Capuche sur la tête, plongé dans le noir, il parle sous couvert d’anonymat. Dans le documentaire réalisé par le journaliste Marc Ball Police, illégitime violence, diffusé sur France 3 Ile-de-France lundi 12 novembre, Frank*, un policier, dénonce les abus de certains de ses collègues dans les quartiers populaires. "La confiance est rompue entre les jeunes et la police. Les contrôles d’identité risquent à tout moment de déraper", explique le documentaire. C’est ce qu’a constaté Frank. D’après ce gardien de la paix, certains policiers "rabaissent" les personnes contrôlées. "J’ai déjà vu des gamins de 8 ans se faire palper, contrôler, mépriser, insulter. Des gamins d’origine africaine qui, à 8 ans, sont traités de ’#petits_négros', de ’#Maltesers”, de ’#Kit_Kat', de ’#Kirikou' quand ils courent dans la rue", raconte-t-il.

      https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/video-jai-deja-vu-des-gamins-de-8-ans-se-faire-palper-controler-insulte

  • Les journalistes et collaborateurs de la RTBF arrêtés par la police à Steenokkerzeel ont été libérés RTBF - 20 Juin 2018
    https://www.rtbf.be/info/medias/detail_une-equipe-de-la-rtbf-arretee-par-la-police-lors-d-une-action-au-centre-

    Une équipe de la RTBF se trouvait ce mercredi au centre 127 bis, à Steenokkerzeel, où se tenait une action du collectif #NotInMyName. Les membres de ce collectif protestaient contre les travaux d’extension du centre qui accueillera prochainement des familles en situation illégale.

    C’est alors que la police a procédé à l’arrestation de nos journalistes, Himad Messoudi et Julien Vlassenbroek, ainsi que leurs trois techniciens Marc Florent, Guy Talin et Jérémy Boisseau.


    Suite à un contact avec la rédaction, ils nous ont fait savoir qu’on leur avait signifié une arrestation administrative. Ils ont été libérés en début d’après-midi. Selon l’agence Belge, la police a également procédé à l’interpellation de dizaines de militants du collectif #NotInMyName.

    « Nous venons d’être libérés par la police de Katse. Les membres des forces de l’ordre ont fait preuve d’un grand professionnalisme dès notre prise en charge. Au 127bis, c’est sans raison que nous avons été empêchés de travailler et sans avertissement que nous avons été arrêtés », a expliqué Himad Messoudi.

    « Ça va on vient d’être relâchés. Très bien traités, juste des colsons un peu serrés », ajoute son collègue Julien Vlassenbroek.

    Nous venons d’être libérés par la police de Katse. Les membres des forces de l’ordre ici ont fait preuve d’un grand professionnalisme dès notre prise en charge. Au 127bis, c’est ss raison que nous avons été empêchés de travailler, et ss avertissement que nous avons été arrêtés.
    — Himad Messoudi (@Himad) 20 juin 2018

    Ça va on vient d’être relâchés. Très bien traités, juste des colsons un peu serrés. Retour au taf. https://t.co/JDnpiSWNzs
    — julienvlass (@julienvlass) 20 juin 2018

    Pour Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information de la RTBF, « il s’agit d’une entrave grave et exceptionnelle à la liberté d’information. Cette arrestation administrative abusive a empêché la RTBF d’informer son public sur un événement d’intérêt général qui se déroulait à la mi-journée. Les journalistes ont fait leur travail avec professionnalisme. La RTBF envisagera avec ses avocats les recours à mettre en oeuvre. »

    L’Association des journalistes professionnels (AJP) a déclaré pour sa part qu’elle « suiv(ait) l’affaire de près avec la RTBF ».

    Deux journalistes, dont @Himad, et deux caméramen arrêtés administrativement près du centre 127bis de Steenokkerzeel. L’AJP suit l’affaire de près avec la RTBF. https://t.co/rLm1HenzxM
    — AJP (@ajpjournalistes) 20 juin 2018

    Peu avant 13h, la police présente sur place a demandé à notre équipe d’arrêter de filmer, avant de confisquer son matériel. « Vers 10h, un certain nombre de personnes du groupe ’Not In My Name’ ont envahi le chantier », a expliqué Himad Messoudi lors d’une intervention en direct dans le JT de 13h.

    Selon notre reporter, l’action se passait « dans le calme ». « Un petit peu avant 13h, la police (...) a commencé une série d’arrestations. Nous étions avec les autres collègues en train de travailler de façon tout à fait normale. » C’est alors que les forces de l’ordre leur demandent de couper la caméra.

    La police nous a empêché de faire notre travail.

    « Cinq minutes après, on nous a carrément pris notre matériel », ajoute-t-il. Même les téléphones ont été confisqués, précise Himad Messoudi qui a pu utiliser sa montre connectée pour intervenir en direct dans le JT.

    Le journaliste poursuit : « On est dans un fourgon de la police. Nous avons quitté le centre 127 bis depuis 5 minutes environ et on nous emmène vers un commissariat de police proche. » Et ce alors que « nous avons simplement filmé ce qui se passait. La police nous a empêché de faire notre travail. »

    Voilà donc la question qui a tout fait basculer. Je trouve mon ton plutôt courtois mais je vous laisse juges pic.twitter.com/Szm2SpFS7G
    — julienvlass (@julienvlass) 20 juin 2018

    #police #Belgique #arrestations_administratives #journaliste
    #asile #réfugiés #migrations #violences_policières #répression

  • Manifestation féministe à Bruxelles : sous les pavés, l’humiliation policière ? RTBF - Vews - 5 Avril 2018
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_manifestation-feministe-a-bruxelles-sous-les-paves-l-humiliation-policie

    Violences physiques, insultes, violences psychiques. Les participants à une manifestation #féministe organisée samedi 31 mars à #Bruxelles dénoncent une #répression abusive de la part des forces de police. Une intervention justifiée par une manifestation non autorisée mais cette interdiction excuse-t-elle les #abus dénoncés ? 

    Ils s’appellent Jean-Michel, Fred, Vincent et Rose (noms d’emprunts). Tous étaient présents samedi soir, tous s’attendaient à une présence policière mais pas nécessairement à une intervention aussi musclée : « On avait fait 150 mètres à peine lorsque la police a bouclé la rue de part et d’autre, ils nous ont pris en nasse, ont posé des barrières de chantier, on étouffait ».

    Une manif’ non autorisée, un déploiement de force impressionnant
    Samedi 31 mars, une manifestation féministe se tenait place Sainte Catherine, dans le centre de #Bruxelles. Un cortège d’une petite centaine de participants s’élance aux environs de 20h30 malgré l’absence d’autorisation des autorités. Il s’agit de la 5e Reclaim The Night, une marche qui s’organise dans plusieurs grandes villes européennes et américaines depuis 1977 avec comme objectif la réappropriation de l’espace public : "ça veut dire que pour les identifiées femmes et minorités de #genre, c’est pas safe de circuler dans la rue à tout moment de la journée. On risque d’être harcelé, on risque des #agressions physiques ou sexuelles, des #insultes", précise Fred. 

    Cette année, aucune demande d’autorisation de manifester n’a été introduite. De son côté, la #police de Bruxelles-Ixelles a fait savoir qu’elle n’aurait pas délivré de permission. En 2017, la même marche avait été émaillée d’incidents avec la police. Alors pourquoi ne pas demander d’autorisation afin de lever toute ambiguïté ?  "De toute façon, ces dernières années, autorisation ou pas, ça se termine toujours avec une répression policière violente", résume Jean-Michel. Dans un texte publié sur internet le 2 avril, les manifestant(e)s expliquent :  « Nous estimons que nous devrions avoir le droit de nous approprier la rue sans avoir à négocier. Nous estimons avoir le droit d’être présent(es) en nombre dans la rue. Notre #liberté ne se négocie pas, elle s’impose ». 

    Coups, insultes et humiliation
    La #manifestation fait long feu. Rapidement les forces de police interviennent, prenant les manifestants en étau et posant des barrières de chantier de part et d’autre de la rue. Une septantaine de personnes est embarquée en fourgonnette vers les casernes d’Etterbeek : « Nous ne sommes pas informés de nos droits, les seuls mots que l’on reçoit ce sont des insultes ». Rose explique avoir été étranglée au commissariat, Vincent avoir été giflé « sans raison », d’autres témoins déclarent s’être fait peloter la poitrine ou avoir reçu des coups de pied au visage. 

    A la #brutalité physique s’ajoute également la violence psychique : « Quand on porte atteinte à ton identité, c’est quelque chose qui peut être grave pour une personne, c’est une chose contre laquelle on se mobilisait et cela se reproduit dans l’espace de mobilisation, ça a des conséquences dramatiques » , détaille Rose.  

    Nous aurions aimé entendre la version de la police de la zone Bruxelles-Ixelles. Celle-ci a d’abord accepté de répondre à nos questions avant finalement de décliner l’invitation. Via communiqué ce lundi 2 avril, le porte-parole de la police invitait les manifestants à porter plainte. 
    #détention_administrative #Arrestations_administratives #féminisme #résistance #reclaim_the_night
    Suite de : https://seenthis.net/messages/681865

  • Bruxelles : 70 personnes interpellées lors d’une manifestation féministe non-autorisée RTBF - Belga
    https://www.rtbf.be/info/regions/detail_bruxelles-70-personnes-interpellees-lors-d-une-manifestation-feministe-n

    Une septentaine de personnes ont été interpellées samedi soir, dans le centre de #Bruxelles, lors d’une #manifestation_féministe non-autorisée, a-t-on appris auprès de la police locale.


    Cette manifestation intitulée « Reclaim the night » devait se tenir samedi soir, nuit de pleine lune, au Quai au Bois à Brûler, sous la forme d’une marche aux flambeaux. « La ’Reclaim the Night’ est une marche de nuit féministe, en #mixité choisie #sans_mecs, afin de se réapproprier la rue la nuit contre les #violences #sexistes et #policières », expliquent ses organisateurs sur leur blog.

    Il devait s’agir de la cinquième « Reclaim the Night » mais une précédente édition, en 2017, avait été émaillée d’incidents avec la police, ce qui explique que la manifestation n’ait pas été autorisée ce samedi soir.

    Les participantes à la manifestation se sont tout de même rassemblées samedi soir, Quai au Bois à Brûler, avant d’être cantonnées par la police à la rue Sainte-Catherine. « Nous leur avons dit d’arrêter leur action mais comme cela ne s’est pas produit, nous avons arrêté administrativement le groupe. Il s’agit de quelque 70 personnes », a explique le commissaire Olivier Slosse, de la police de Bruxelles.

    #détention_administrative #Arrestations_administratives

    • Les manifestantes féministes interpellées à Bruxelles dénoncent l’action policière RTBF avec Belga - 2 Avril 2018 _
      https://www.rtbf.be/info/regions/bruxelles/detail_les-manifestantes-feministes-interpellees-a-bruxelles-denoncent-l-action

      Les organisatrices et participantes à la manifestation féministe « Reclaim the Night » qui ont été interpellées par la police de Bruxelles samedi, affirment lundi avoir été traitées violemment et brutalement.

      Il devait s’agir de la cinquième « Reclaim the Night » mais une précédente édition, en 2017, avait été émaillée d’incidents avec la police, ce qui explique que la manifestation n’ait pas été autorisée samedi soir.


      Les participantes à la manifestation se sont tout de même rassemblées, avant d’être cantonnées par la police à la rue Sainte-Catherine, à Bruxelles. « Nous estimons que nous devrions avoir le droit de nous approprier la rue sans avoir à négocier. Nous estimons avoir le droit d’être présent(es) en nombre dans la rue. Notre liberté ne se négocie pas, elle s’impose », répondent les manifestantes dans un texte publié sur internet.

      « Vers 20h30, après avoir marché dix minutes au départ de la place Sainte-Catherine, un important dispositif policier nous a bloqué la route puis encerclé(es) », racontent les manifestantes. « Notre cortège, composé d’une centaine de personnes, s’est retrouvé comprimé entre des lignes de robocop armés de leurs boucliers-casques-matraques, rue bloquée de tous les côtés par plusieurs combis, camions, voitures de police. Pendant ce temps, des barrières Heras recouvertes de toiles ont été disposées tout autour de nous de manière à nous invisibiliser de la foule amassée aux alentours et des soutiens. Une fois à l’abri des regards, les flics ont commencé à extirper les personnes une à une de manière très brutale, plaquées au sol, tirées par les cheveux, fouillées, colsonnées et embarquées. Certaines personnes venues en soutien se sont vues brutalisées également. »

      Les manifestantes affirment également avoir été brutalisées ensuite à la caserne d’Etterbeek, où elles avaient été embarquées. « Nous avons été disposé(es) dans les cellules en nous distinguant bien entre ’assignée femme’ et ’assigné homme’ », ajoutent-elles, y voyant une « violence transphobe humiliante ». Les manifestantes parlent enfin d’"insultes, blagues sexistes, homo-trans-phobes."

      Selon les organisatrices, « la Police nous sort un discours faussement poli en amont en nous disant qu’elle veut simplement co-organiser l’événement avec nous. Nous trouvons extrêmement paradoxal de demander une autorisation à un État patriarcal pour pouvoir manifester contre lui. Nous refusons donc de négocier avec la milice répressive et liberticide de ce même État. »

    •  RECLAIM THE NIGHT BRUXELLES
      https://reclaimthenightbruxelles.wordpress.com

      Ce samedi 31 mars 2018, la répression s’est à nouveau abattue sur une manifestation bruxelloise.

      La Reclaim the Night est une marche féministe en mixité-choisie, pour dénoncer les violences sexistes dans l’espace public. Nous réclamons le droit de marcher librement dans les rues, où les femmes et personnes trans sont exclues, où nous subissons le harcèlement et la violence constamment. 
Après avoir subit une violence policière décomplexée lors de la précédente Reclaim the Night le 11 février 2017 ( https://bxl.indymedia.org/spip.php?article13619 ), nous avons choisi de marcher à nouveau ensemble hier soir sans se résigner au bon vouloir d’un État autoritaire et patriarcal qui nous opprime quotidiennement


      Vers 20h30, après avoir marché dix minutes au départ de la place Ste-Catherine, un important dispositif policier nous a bloqué la route puis encerclé-e-s.
Notre cortège, composé d’une centaine de personnes, s’est retrouvé comprimé entre des lignes de robocop armés de leurs bouclier-casque-matraque, rue bloquée de tous les côtés par plusieurs combis, camions, voitures de police. 
Pendant ce temps, des barrières Heras recouvertes de toiles ont été disposées tout autour de nous de manière à nous invisibiliser de la foule amassée aux alentours et des soutiens. Une fois à l’abri des regards les flics ont commencé à extirper de la nasse les personnes une à une de manière très brutale, plaquées au sol, tirées par les cheveux, fouillées, colsonnées et embarquées. 
Certaines personnes venues en soutien se sont vues brutalisées également.

      Colsons serrés nous sommes entassé-e-s dans bus et camionnettes, au rythme de doux « Tout le monde déteste la police » scandés par les nombreux-ses copain-e-s venu-e-s en soutien et repris par les personnes arrêtées dans les véhicules. On chante, on hurle, on tape des pieds, on rit, on se soutien, on se rassure, on est ensemble. Et on se moque bien évidemment de la situation absurde, démesurée, et des ploucs en uniforme qui ont enlever leur cerveaux pour pouvoir mettre leur casque et képi. 

      Arrivé-e-s aux habituelles casernes d’Etterbeek, véritable village de bleus, le comité d’accueil est présent. Nous nous faisons sortir un-e à un-e, toujours attaché-e-s, une flikette filme chaque visage. Certaines personnes, refusant qu’on les prenne en photo, se penchent en avant, cheveux devant le visage ou capuche bien abaissée, un flic par militant-e, plusieurs se font brutaliser pour être mis-e face à l’appareil, une copine se fait étrangler dans un coin, d’autres plaquées violemment contre le mur, visages tenus de force en l’air, etc. 
Ensuite disposé-e-s dans les cellules en nous distinguant bien entre « assignée femme » et « assigné homme », logique binaire de la Police, violence transphobe humiliante. S’y ajoutant bien sur les insultes, blagues sexistes, homo-trans-phobes, … .
Les dernières personnes seront relâchées vers 1h du matin.

      Nous ne pouvons que constater que l’État et les autorités bruxelloises n’acceptent pas que de personnes puissent manifester, clamer leurs revendications sans passer par le processus d’ « autorisation » et de « négociation ». C’est à dire se voir imposer un parcours, un service d’ordre, des combis ouvrant et fermant le cortège.

      Nous estimons que nous devrions avoir le droit de nous approprier la rue sans avoir à négocier. 
Nous estimons avoir le droit d’être présent-e-s en nombre dans la rue.
Notre liberté ne se négocie pas, elle s’impose.

      La Police nous sort un discours faussement poli en amont en nous disant qu’elle veut « simplement co-organiser l’événement » avec nous. 
Nous trouvons extrêmement paradoxal de demander une autorisation à un État patriarcal pour pouvoir manifester contre lui. 
Nous refusons donc de négocier avec la milice répressive et liberticide de ce même État. De plus, la Police, les autorités, sont un combo concentré de toutes les oppressions contre lesquelles nous nous battons, sexiste, transphobe, raciste, homophobe, le pouvoir par l’autorité, pour n’en citer que quelques unes.

      Nous ne sommes pas à notre coup d’essai dans les milieux anar ou de gauche radicale, nous remarquons que de plus en plus les manifestations qui s’opposent à demander une autorisation à Bruxelles se font quasi systématiquement réprimées. Une semaine avant la RTN, la manifestation pour le droit au logement s’est faite avortée par un arsenal policier encore une fois complètement démesuré. Même schéma pour d’autres manifestations contre la loi anti-squat il y a plusieurs mois, à la dernière Reclaim the Night, à plusieurs rassemblement place Bara ou à la Bourse.

      Les autorités veulent nous décourager et nous affaiblir, elles veulent nous dissuader d’organiser de nouvelles manifestations ou rassemblements, elles veulent nous museler. Pour pouvoir atteindre cet idéal de ville ordonnée, où les personnes peuvent crier leur colère mais seulement un dimanche tous les six mois à 14h Gare du Nord, où nous pouvons habiter dans des bâtiments vides mais seulement légalement en passant par des gestionnaires, en faisant des beaux petits dossiers qui prennent des mois, en ayant plusieurs milliers d’euros sur un compte en banque.

      Il est important que rien ne cesse, que des groupes autonomes et autogérés continuent à fleurir pour encore organiser des événements non-négociés et non-négociables. 
Pour s’organiser ensemble face à l’Etat et ses clones. 
Nous continuerons à foutre notre délicieux désordre au milieux de tous ces carcans. 
Nous continuerons à désobéir, à se rassembler pour nos luttes, 
Contre tout Etat et contre tout pouvoir.

      Récupère la nuit, elle t’appartient !
      En 1976, Françoise d’Eaubonne écrivait : « il est un fait certain que c’est plutôt paradoxal et fâcheux d’aller chercher la justice-de-papa contre le viol-de-papa dans cette société de classe ET de sexe où règne papa ». Il en est de même pour les manifestations et rassemblements. La police que nous avions en face de nous hier soir n’a eu de cesse de nous rappeler le caractère « non autorisé » de la RTN. Comme si ce fait nous faisait instantanément plonger dans un Marvel où gentils policiers se sentent droit-e-s dans leurs bottes pour nasser, étouffer et embarquer de dangereux-ses et méchant-e-s manifestant-e-s. Mais les batmans se cachent. Nous avons marché exactement 300 mètres à une petite centaine de personnes avant que les robocops ne débarquent de part et d’autres de la rue Sainte-Catherine. L’année passée c’était les camionnettes qui tentaient de faire barrage aux regards curieux ou solidaires, cette année la police était équipée de barrières de chantier. « Couvrez cette rage que je ne saurais voir » voulait dire Molière. La répression opère partout avec un message similaire : ne vous renseignez pas, ne vous politisez pas, ne vous mobilisez pas, ne vous défendez pas…. la police et l’armée sont là, dans vos rues et dans vos vies pour mieux vous protéger chers enfants…. vous protéger de qui ? Mais de vous-même, quelle question !

      Seul papa-le-bourgemestre-de-la-ville-de-Bruxelles peut décider de quand tu sors, avec qui tu sors et comment tu sors. « Fallait mieux rester à la maison ! », lancent les policiers. Zont encore tout compris…

      C’en est tellement classique qu’on en vient à se poser la question de l’intérêt des témoignages. Ça peut être le REFUS de NORMALISER ces pratiques répressives et liberticides. La conviction que l’avenir dépend aussi des traces qu’on aura pu laisser. Comme le mot « Azâdi » (liberté) qui trône dans une des cellules collectives des casernes d’Etterbeek et qui donnera du courage à chaque personne qui se verra passer par là.

      Dans la loi, seules les manifestations « à caractère revendicatif » doivent faire l’objet d’une demande d’autorisation au préalable. Il n’y a pas plus évident comme moyen de contrôle de toutes formes de contestations. La Reclaim the night a comme particularité que son objet est de pouvoir se réapproprier l’espace public en tant que personnes exclues de cet espace ce qui rend d’autant plus aberrant de devoir demander une autorisation. Mais la contradiction peut s’étendre à tous les rassemblements.

      L’état actuel des choses est tel que si on veut faire entendre le maximum de nos voix, favoriser la participation d’un maximum de personnes à la redéfinition d’une société juste et égalitaire, il est difficilement possible d’échapper à ces demandes d’autorisation parce que la répression policière est imprévisible et dangereuse. Les rares moments où il est décidé de faire l’impasse sur le contrôle policier sont donc cruciaux.

      Soyons encore plus nombreux-ses la prochaine fois ! Et soyons surtout ponctuel-le-s.

      Merci à toutes les personnes qui étaient là en soutien. On vous a entendues derrière les barrières, on vous a vues depuis les vitres des fourgonnettes, on a reçu vos messages et sms. Ça devrait être comme ça partout et tout le temps !

      Procédure de fichage militant (pour avertir hein, pas pour faire peur ! On a plein de chansons et de super stratégies pour se booster jusqu’au bout) : 
 nasse 
 on est extrait-e-s un-e à un-e par la police et colçonné-e-s 
 embarqué-e-s dans une fourgonnette où on te demande une première fois ton identité 
 débarqué-e-s aux casernes d’Etterbeek et photographié-e-s avant d’être mis-es en cellule pendant 2h 
 sorti-e-s à condition de donner son identité 
 réembarqué-e-s et déposé-e-s à différents endroits de Bruxelles pour éviter nouveau rassemblement 
 pour les personnes qui ont refusé de donner leur identité, embarquement vers l’Amigo. 
 Là, on te menace : si tu ne donnes pas ton identité, on entame une procédure pour séjour illégal avec relevé s’emprunte et détention de 24h.

      Aucune présence de personnes sans papier pendant la RTN
      Témoignage – Reclaim the night
      CW : Propos sexistes (menaces de viols) et transphobes
      M., présente de le groupe de manifestant-e-s arrêté-e-s :
      « Je voulais juste partager quelques insultes sexistes et transphobes que j’ai entendues hier. Quand on était plus qu’une dizaine dans la nasse, ils disaient « je pense que maintenant on est assez de policiers pour qu’il y ait une fille pour chacun », ou alors ils arrêtaient pas de demander a une personne si c’était une fille ou un garçon en se demandant mutuellement « t’arrives à dire toi ? Parce que moi je sais vraiment pas » en rigolant, pour se moquer et l’humilier. »

    • La police invite les manifestantes féministes à porter plainte après l’action de samedi RTBF - Belga - 18h39 ce Mardi 2 Avril 2018
      https://www.rtbf.be/info/regions/detail_la-police-invite-les-manifestantes-feministes-a-porter-plainte-apres-l-a

      « Si les participantes à la manifestation ’Reclaim the Night’ se plaignent de l’action policière, nous les invitons à se faire connaître », a indiqué lundi le porte-parole de la police Bruxelles-Capitale/Ixelles, Olivier Slosse en réaction aux accusations des manifestantes qui affirment avoir été traitées violemment et brutalement samedi soir. Celles-ci peuvent introduire une plainte directement auprès de la police bruxelloise ou au Comité P. « L’intervention policière a été filmée », a ajouté le porte-parole.

      Une septantaine de personnes ont été interpellées samedi soir, dans le centre de Bruxelles, lors du rassemblement féministe. La précédente édition, en 2017, avait été émaillée d’incidents avec la police, ce qui explique que la manifestation n’avait pas reçu d’autorisation cette année.

      « Aucune demande pour une manifestation n’a été introduite », a expliqué le commissaire Slosse. « Quelques jours avant l’événement, nous avons tenté d’entrer en contact avec les organisateurs qui n’ont pas réagi. Samedi soir également, nous avons essayé de discuter avec eux, en vain. Etant donné qu’il y avait eu des incidents l’an dernier, il a été décidé de bloquer la manifestation et d’interpeller administrativement les personnes présentes. »

      Déploiement de barrières
      La police a fait usage de barrières Heras, comme l’avaient expliqué les militantes. _ « Elles ont en effet été déployées pour protéger les manifestantes et éviter un éventuel malaise parmi les badauds », a souligné M. Slosse. « Toute l’opération a été filmée par une de nos équipes spéciales, tant sur place, que lors de l’intervention et à la caserne. Les images pourront être utilisées pour enquêter sur les plaintes. » _

      #foutage_de_gueule , normal, c’est la #police #belge

  • Togo, la polveriera d’Africa pronta ad esplodere

    Opposizione e governo sono a un punto di stallo. Il presidente Faure Gnassingbé non vuole mollare il potere e continua a vietare manifestazioni e arrestare nemici. Fuori dal Togo, la diaspora protesta. Mentre i negoziatori cercano di far collimare la soluzione della crisi con i tanti interessi in gioco


    https://www.osservatoriodiritti.it/2017/11/07/togo-africa-gnassingbe-proteste-diaspora
    #Togo #répression #it_has_begun #Gnassingbé #arrestations_arbitraires

  • Etat d’urgence dévoyé

    La #France de François Hollande aura fait bien peu de cas de la #liberté_d’expression. La lecture du dernier #rapport d’Amnesty International, présenté ce matin, est édifiante. L’ONG y dresse la liste des #manifestations interdites, des #arrestations_préventives ou encore des dispositifs policiers arbitraires et des #violences excessives exercées sur des manifestants sur la base des mesures antiterroristes prises au lendemain des massacres du 13 novembre 2015. Un petit jeu liberticide particulièrement lamentable au regard des enjeux découlant de l’usage d’un tel dispositif – l’#état_d’urgence – et de la menace terroriste bien réelle.

    https://www.lecourrier.ch/149830/etat_d_urgence_devoye
    #liberté

  • #Tunisie. Les violations des #droits_humains commises au nom de la sécurité menacent les réformes

    Le recours par les forces de sécurité tunisiennes aux méthodes brutales du passé, notamment la #torture, les #arrestations_arbitraires, les #détentions et la restriction des déplacements des suspects, ainsi que le #harcèlement de leurs proches, menace l’avancée de la Tunisie sur la voie de la réforme, écrit Amnesty International dans le nouveau #rapport qu’elle publie le 13 février 2017.


    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2017/02/tunisia-abuses-in-the-name-of-security-threatening-reforms
    #état_d'urgence

  • Bruxelles Une quarantaine de militants anti-TTIP arrêtés administrativement près de Schuman

    Une quarantaine de personnes ont été arrêtées administrativement jeudi matin devant les entrées du Centre de conférences Albert Borschette, dans le quartier européen de Bruxelles, alors qu’elles tentaient d’en bloquer l’accès. L’action menée entre 06h30 et 08h30 visait à protester contre le traité de libre-échange en cours de négociation entre les Etats-Unis et l’Union européenne (TTIP).


    Les participants ont bloqué dès 06h30 les quatre accès au centre de conférences, où se déroulent cette semaine les négociations en vue d’un TTIP. Ils étaient entre 10 et 15 à chacune des entrées, en ce inclus les parkings pour les fournisseurs. Ils ont déployé des banderoles et se sont assis côte à côte en se prenant par les bras.

    A l’entrée principale située rue Froissart, un militant s’est perché sur le poteau où est accroché le drapeau de l’Union européenne. Ce drapeau a été remplacé par une banderole avec l’inscription  » GAME OVER" .

    Une grande banderole avec le message  » TTIP LOCK DOWN" a aussi été apposée sur le panneau d’entrée.

    Tous les participants ont été arrêtés administrativement, soit au moins une quarantaine de personnes, d’après la police de la zone Montgomery. L’une d’elle a été appréhendée de manière brutale par les policiers, ont dénoncé les organisateurs.

    Vers 7h30, un groupe à vélo a rallié l’action en soutien. Ces derniers n’ont pas été arrêtés.

    La police a suspendu la circulation sur une partie de la rue Froissart et le long du parc Léopold sur l’avenue du Maelbeek. La Stib a mis en place une déviation pour les bus affectés.

    Cette action de  « désobéissance civile non-violente » s’inscrit dans le cadre de l’appel lancé par l’initiative  « TTIP Game Over" , qui invite les citoyens à manifester leur opposition au TTIP en marge des négociations qui ont lieu cette semaine à Bruxelles. Elle est soutenue par plusieurs organisations, dont Greenpeace, le syndicat agricole Fugea, Climate Express ainsi que les jeunes d’Ecolo et du PTB.


    La suite : http://www.rtbf.be/info/economie/detail_ttip-le-batiment-ou-doivent-se-tenir-des-negociations-bloque-par-des-act

    #TTIP #Stop_TTIP #Bruxelles #union_européenne #Belgique #arrestations_administratives