• André Breton, Lettre à Jacques Doucet (9 février 1921) :

    [...] Un préjugé règne aujourd’hui, qui donne au critérium "humain" une importance qu’on tend de plus en plus à refuser au critérium "beau". On est simplement victime d’une nouvelle duperie et je ne sais de quel traditionalisme étroit ce point de vue est la dernière citadelle. Il n’y a pas de degrés dans « l’humanité » ou bien l’œuvre d’un Rimbaud serait inférieure à celle d’un poète chanteur montmartrois. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt ce par quoi il échappe à ce « type » humain dans lequel nous nous retrouvons tous. Au reste, n’importe quelle action est exemplaire et échapper, si peu que ce soit, à la règle psychologique équivaut à inventer de nouvelles manières de sentir. C’est ici que la poésie proprement dite (dont je ne médis pas et que je place peut-être au-dessus de tout le reste : elle dispose de ressources merveilleuses qui ne sont pas près de s’épuiser) donne la main à la philosophie. On croit communément que le sens de ce que nous écrivons nous préoccupe moins que jamais, alors qu’au contraire nous estimons que les déclarations amoureuses de Ronsard ou les dissertations morales de Racine sont toujours indignes de l’expression admirable qu’elles empruntent. Nous tentons peut-être de restituer le fond à la forme et pour cela nous nous efforçons de dépasser d’abord l’utilité pratique. Nous n’avons derrière nous, en poésie, guère que des pièces de circonstance. Le sens n’a pas à être inclus dans une œuvre c’est à l’œuvre de prendre un sens par rapport à ce qui l’entoure.


    #surréalisme #poésie #Arthur_Rimbaud #Racine #Ronsard #Rimbaud #André_Breton #Jacques_Doucet

  • Panthéonisation de Rimbaud : Le châtiment du Tartufe - Vivian Petit
    https://lundi.am/Pantheonisation-de-Rimbaud-Le-chatiment-du-Tartufe

    « C’est épatant, comme ça a du chien, les notaires, les vitriers, les percepteurs, les menuisiers et tous les ventres, qui, chassepot au cœur, font du patrouillotisme aux portes de Mézières ; ma patrie se lève !… Moi, j’aime mieux la voir assise ; ne remuez pas les bottes ! c’est mon principe. »
    Arthur Rimbaud, 25 août 1870

    « tout est français, c’est-à-dire haïssable au suprême degré »
    Arthur Rimbaud, 15 mai 1871

    Depuis quelques semaines, le milieu des lettres est en ébullition. L’objet d’une telle effervescence ? La possibilité du transfert au Panthéon des restes d’Arthur Rimbaud, et de ceux de son amant Paul Verlaine. Cette revendication ô combien subversive a été élaborée par Frédéric Martel, conseiller du prince connu pour avoir soufflé aux oreilles de Michel Rocard, Bernard Kouchner et Martin Hirsch.

    La pétition à l’origine de cette demande [1] est notamment signée par neuf anciens ministres de la Culture et soutenue par Roselyne Bachelot. « Vous roulez dans la bonne ornière » , aurait dit le poète. Certes, aucun rimbaldien ni aucune personne connue pour son attachement à la Commune de Paris ne soutient la démarche, mais celle-ci a tout de même l’appui de Xavier Darcos, Caroline Fourest, Alain Minc et Christine Ockrent.

    La démarche peut sembler risible. En premier lieu parce que le titre de la pétition, Ce qu’on dit au poète à propos du Panthéon , découle d’un contresens. Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs , poème de Rimbaud envoyé à Théodore de Banville, chef du Parnasse, sous le pseudonyme parodique Alcide Bava, est un pastiche, exercice de style ironique rassemblant les clichés d’un académisme poétique dont Rimbaud cherchera sans cesse à se distancier. Cette mécompréhension n’est pas sans rappeler le « il faut être absolument moderne » qui orne l’entrée de l’opéra Bastille, phrase ironique présente dans Une saison en enfer , c’est-à-dire au sein d’un ouvrage qui donne à voir un narrateur aux prises avec la modernité occidentale qu’il identifie comme source de ses maux [2].

    Relever ce contresens des rédacteurs de la pétition ne vise pas seulement à souligner la réduction de Rimbaud à quelques clichés, mais révèle également l’occultation de la dimension subversive de sonœuvre. En effet, dans le texte de la pétition comme dans l’argumentation de sa démarche sur le site [3] ou à l’antenne [4] de France Culture [5], Frédéric Martel dresse un portrait pour le moins consensuel – et donc inexact – d’Arthur Rimbaud. Selon lui, Rimbaud serait un symbole de la République, de la Laïcité et de la Diversité, et c’est ce qui justifierait le transfert de son cercueil au Panthéon. Quiconque connaît l’œuvre de Rimbaud ne peut qu’en rire.

    [...]

    « L’amour est à réinventer, on le sait. Elles ne peuvent plus que vouloir une position assurée. La position gagnée, cœur et beauté sont mis de côté : il ne reste que froid dédain, l’aliment du mariage aujourd’hui. Ou bien je vois des femmes, avec les signes du bonheur, dont, moi, j’aurai pu faire de bonnes camarades dévorées tout d’abord par des brutes sensibles comme des bûchers.. »

    [...]

    « Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme, jusqu’ici abominable, — lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l’inconnu ! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres ? — Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons. »

    #Arthur_Rimbaud #en_finir_avec_68 #en_finir_avec_La_Commune #FHAR #Guy_Hocquenghem


  • Arthur Rimbaud - Une biographie ; Richard Dindo ; 1991

    Cet univers, c’est tout ce que j’aime. Entendons-nous bien, il y aurait eu mille et une manières de faire un documentaire insupportable avec une voix off et des travelling sur des photos faits en 2 secondes avec AfterEffect. C’est Rimbaud, donc c’est bankable, ça serait passé tout seul sur Arte.
    Là, c’est beaucoup plus. Il y a des comédiens qui jouent des personnages passés à partir d’une écriture documentaire. Les lieux sont ceux du passé mais aujourd’hui. Et encore, cette phrase, je n’en suis même pas certain.
    Le documentaire c’est ça bordel. Quand cette ligne frissonnante entre l’Histoire et le Réel, entre le documentaire et la fiction, entre le passé-mémoire et le présent-fantasme devient à peine palpable. Quand on ne sait plus où on est. Lorsque même expliquer ce qui se passe devient complexe.
    Richard filme un cours d’eau aux abords de Charleville-Mézière, des roseaux sont bercés par le vent, un personnage en costume d’époque témoigne. Je regarde l’eau, je regarde les roseaux, je regarde le comédien. Le vertige. Cette eau, ces roseaux, ce sont les même que Rimbaud a sentis. Ceux que je vois, ils sont documentaires. La personne en face de moi a appris un texte par coeur. Mais sans lui, les roseaux ne m’auraient pas parlé comme ils l’ont fait.

    https://www.youtube.com/watch?v=thniveKlb6k


    #critique_a_2_balles #documentaire #Richard_Dindo #Arthur_Rimbaud #Charleville-Mézière #Arthur_Rimbaud,_une_biographie #1991

  • #Arthur_Rimbaud en Éthiopie : Trafiquant d’armes à Harar - La Libre.be
    http://www.lalibre.be/culture/livres/arthur-rimbaud-en-ethiopie-trafiquant-d-armes-a-harar-53d745e335702004f7d9ee

    En 1885, Rimbaud, installé en Éthiopie, se lance dans le trafic d’armes. Il a été informé d’une affaire intéressante impliquant Ménélik, le roi du Choa, l’une des provinces du pays. Le poète envisage de lui revendre pour cinq fois leur prix des fusils achetés
à Liège et dont le modèle est devenu obsolète en Europe.

    Apprenant que l’importation d’armes est interdite dans 
la région, Rimbaud enfouit son stock dans le sable, afin d’en éviter la saisie. Il organise ensuite une caravane pour amener la marchandise au roi. Cette opération périlleuse lui fait traverser le désert de Danakil.

    Il continue par la suite à fournir le roi Ménélik en fusils comme en témoigne ce reçu : « Je reconnais avoir reçu d’Ato Tesamma vingt mille thalaris (th 20.000) pour le compte de Mr Savouré avec S.M. le Roi Ménélik ».