• A #Damas, le café #Rawda, « salon » des #opposants et des #artistes #exilés de retour en #Syrie

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    A Damas, le café Rawda, « salon » des opposants et des artistes exilés de retour en Syrie
    Par Laure Stephan (Damas, envoyee speciale)

    REPORTAGE

    L’établissement, ouvert dans les années 1930, à deux pas du Parlement syrien, a été le témoin des tumultes de la vie politique du pays. C’est aujourd’hui le lieu des retrouvailles des membres de l’intelligentsia, ceux restés dans le pays malgré la guerre et ceux partis à l’étranger.

    Adnan Alaoda se sent chez lui au café Rawda de Damas, rue Al-Abed. « C’est comme un salon, une pièce à vivre au centre de la ville », estime le poète et scénariste. Depuis que cet ancien exilé est revenu en Syrie, le 8 janvier, un mois après la chute de Bachar Al-Assad, il y passe ses journées dans le nuage de fumée de cigarettes et de narguilés qui plane sur la grande salle, où se croisent anonymes et artistes. Là, intellectuels et opposants ayant fui le régime, de retour ou de passage au pays, retrouvent des amis et des souvenirs.

    Adnan Alaoda évoque les séances d’écriture de scénarios, avec des pairs, autour de tasses de café et de thé, avant de quitter la Syrie en 2013, par refus de cautionner la guerre dans laquelle avait sombré le pays, après la répression de la révolte populaire de 2011. « Aujourd’hui, on parle de culture et de politique : quelle direction emprunte le nouveau gouvernement [de Hayat Tahrir Al-Cham, l’autorité de facto], civile ou islamiste ? Comment former des syndicats ? Comment construire la paix civile ? C’est comme un Parlement populaire, explique-t-il. On doit tout reconstruire de zéro, après plus de cinquante ans d’un régime construit autour d’une famille mafieuse. »

    Depuis le 8 décembre 2024, moments festifs et discussions publiques alternent dans le café Rawda, sous des guirlandes de fanions vert, blanc, noir, frappés de trois étoiles, les couleurs de la nouvelle Syrie. L’ancien député Riad Seif, tout comme l’acteur Jamal Suliman et l’écrivain Yassine Al-Haj Saleh, trois figures de proue de l’ex-opposition, tous revenus d’exil, fréquentent le lieu. L’ambiance s’est rajeunie : de jeunes hommes de Damas, qui limitaient leurs déplacements pour échapper au service militaire, s’affichent désormais dans cet espace public.

    Le vrai Parlement, aujourd’hui fermé, est à deux pas. Le café Rawda, ouvert en 1938, en fut un temps la succursale informelle : dans les années 1940-1960, les députés venaient y débattre, entre deux séances – et quelques coups d’Etat. « Damas avait alors la même énergie que Beyrouth, avec des cinémas, des cafés rassemblant intellectuels et élus », explique Ahmad Kozoroch, l’actuel propriétaire du café. C’est son père qui l’avait acquis en 1970, quelques mois avant le putsch qui a conduit Hafez Al-Assad au pouvoir. « Le caractère vibrant de Damas, et la vie des cafés, a décliné avec l’obsession sécuritaire du régime », poursuit celui qui a repris l’affaire familiale en 2020.

    Les habitués se souviennent de la présence, du temps des Al-Assad, des agents des services de renseignement qui épiaient les conversations. « On chuchotait. C’est remarquable d’entendre chacun parler ici à voix haute aujourd’hui », se réjouit l’actrice Amana Wali, restée en Syrie tout au long de la guerre. Déjà en 2000-2001, « lors du “printemps de Damas” [éphémère phase d’ouverture du régime après l’accession au pouvoir de Bachar Al-Assad], le café Rawda avait été une plateforme d’échanges », se rappelle Fayez Sara, l’un des animateurs des débats de cette époque, ému de revoir Damas. Mais, en 2011, lorsque commencent les manifestations contre le régime, « l’activisme se passe dans la rue, pas au café : c’était trop dangereux ici », précise-t-il.

    « Espoir d’un nouveau départ »
    Commence l’exode des Syriens, fuyant les combats ou la menace d’une arrestation. Six millions de personnes quittent le pays, vers la Turquie, le Liban ou la Jordanie pour une majorité, le Golfe, l’Europe ou les Amériques pour d’autres. Parmi ces exilés figurent un grand nombre d’intellectuels et d’artistes. A Damas, le cercle des habitués du Rawda se réduit et ceux qui continuent à s’y rendre doivent faire profil bas. Amana Wali se rappelle des longs moments qu’elle y a passés avec le conteur de la tragédie syrienne, l’écrivain Khaled Khalifa, mort en 2023.

    Aujourd’hui, le café Rawda héberge les retrouvailles entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés, endurant les traumatismes de la guerre et des privations. « On ne se juge pas. Chacun a vécu de grandes souffrances. Ceux qui sont partis ont connu le déracinement », raconte Amana Wali, attablée avec son amie Maya Al-Rahabi, qu’elle n’avait plus vue à Damas depuis la fuite en catastrophe de cette dernière en 2014, « une valise à la main ». « Je n’avais pas imaginé que je pourrais revenir un jour », commente Maya Al-Rahabi, toute à sa joie de parcourir la capitale. Vivant à Paris, elle ne sait pas encore si, et quand, elle rentrera pour de bon : « Y aura-t-il une place pour nous, militantes féministes ? »

    « Damas était plus vibrante autrefois. Sa mélancolie se lit sur les visages de ses habitants. Les Syriens sont épuisés. Mais, aujourd’hui, il y a l’espoir d’un nouveau départ », commente Fayez Sara, parti en 2013. Journaliste à Londres au quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, à vocation panarabe, il envisage pour l’instant de faire des allers-retours avec la Syrie et d’y lancer des projets sociaux.

    Tout est encore fragile, instable
    Quand vient le soir, la fièvre monte dans la grande salle, pleine à craquer. Un arbre est planté en son centre. De longues tablées rassemblent amis et familles, de la diaspora et de « l’intérieur ». Un homme joue furtivement de l’oud. Une femme chante au micro. L’assemblée se dresse, frappe dans ses mains, en ignorant les fausses notes. Des chants emblématiques de la révolte syrienne, comme Janna (« paradis ») résonnent dans les haut-parleurs. De vieux messieurs impassibles continuent de jouer à la tawlé (trictrac), dans l’autre salle qui donne sur la rue passante. Plusieurs fois, des combattants du nouveau pouvoir sont venus, sans armes, boire un café, se fondant dans la foule.

    On se prend en photo, on se filme, avant de poster les images sur les réseaux sociaux. Les commentaires des internautes sont parfois acides, comme un rappel des divisions qui ont empoisonné l’opposition syrienne. « De telles réactions sont courantes, dans une période de renversement de régime, mais cela n’aide pas à refaire lien, regrette Amana Wali. J’espère que les artistes pourront envoyer un message de réconciliation. » Elle aimerait voir éclore des moussalsalat – les feuilletons du ramadan, genre dans lequel la Syrie excellait avant la guerre – qui parlent « de pardon ».

    L’euphorie d’en avoir fini avec le régime Al-Assad, qui traverse le café Rawda, n’empêche pas les doutes. Tout est encore fragile, instable, avec un gouvernement de transition, un territoire divisé – le Nord-Est est sous contrôle kurde – et des voisins envahissants, la Turquie et Israël. « On ne sait rien de ce qui nous attend. Mais ça ne pourra pas être pire que ce que l’on a vécu, considère Ahmad Kozoroch, le propriétaire, qui avait quitté la Syrie de 2012 à 2020. Des armes sont encore présentes partout dans le pays. Il y a tant de défis. » Assis dans un coin, d’où il domine la grande salle, dans un canapé venu de la maison de ses parents, il reprend : « Y aura-t-il des restrictions apportées à la mixité ici, ou à la consommation de narguilé ? »

    Revenu des Pays-Bas, Adnan Alaoda, le poète et scénariste, a posé ses valises pour de bon, au cœur de ce qui l’inspire : la société syrienne. Le retour est désormais son principal thème de travail. « Les moments de retrouvailles au café Rawda offrent l’illusion à la diaspora de n’être jamais partie, estime-t-il. Le vrai retour, ce sera quand les #Syriens des camps – d’Idlib, du Liban, de Jordanie, de Turquie – pourront revenir chez eux. » Un mouvement qui risque de prendre plusieurs années, tant le pays est en état de ruines.

    Laure Stephan
    Damas, envoyee speciale

  • RSA : nous, les artistes-auteurs, souhaitons abroger la réforme – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/rsa-nous-les-artistes-auteurs-souhaitons-abroger-la-reforme-20250128_XUZQ
    https://www.liberation.fr/resizer/su3NGvr4yXJR83LbLYgGQw06EwI=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1286x2503:1296x2513)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/TAMH2EZEEND2RLJIU6TIONXT7A.jpg

    Nous, travailleurs et travailleuses de l’art, sommes opposés à cette réforme et demandons son abrogation. Car, comme le souligne la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), elle porte atteinte au droit à des moyens convenables d’existence, prévu dans le préambule de la Constitution de 1946, comme à celui d’une insertion sociale et professionnelle librement choisie, inclus dans la charte sociale européenne.

  • Sur le thème : La Tempête et le Jour d’Après Postface. Première Partie : L’hypothèse (ou était-ce l’hypoténuse ?) « Enlace Zapatista
    https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2024/11/27/sur-le-theme-la-tempete-et-le-jour-dapres-postface-premiere

    El Capitan M se questionne sur l’utilité sociale des artistes et des scientifiques dans un monde en basculement…

    Et les sciences, peuvent-elles démontrer que la terre est ronde sans internet, ni photos aériennes, et cetera ? Expliquer les mouvements des planètes ? La physique et la chimie sans laboratoires ni tutoriels ? Les Mathématiques au-delà des poires et des pommes ? (Bien sûr, vu la hausse des prix, même sans poires ni pommes).

    Car il serait possible, c’est un suppositoire, que dans une situation de catastrophe, il y ait quelqu’un qui affirme que la terre est plate et carrée, que le changement climatique et le réchauffement global n’existent pas, et qu’ils ne sont qu’invention d’environnementalistes corrompus et moches (corrompus, passe encore, mais « moches », c’est impardonnable, quand même – surtout avec l’infinité de produits cosmétiques et d’applications digitales pouvant y remédier, quand même –), que tout va bien, qu’il ne se passe rien, que ce sont des faits isolés, que c’était comme ça avant mais que maintenant tout a changé, que nous ne sommes pas égaux, que tout le monde est heureux, heureux, heureux. Oups ! L’idée, c’était de ne pas parler de politique, thème qui tend à mettre mal à l’aise scientifiques et artistes (ou qui, dans certains cas, les amène à dire des bêtises).

    […]

    Mais… dans quelle mesure ou jusqu’où les technologies de la modernité contrôlent-elles déjà, ou pas, la création artistique et les recherches scientifiques ?

    Non, il ne s’agit pas de rediriger, avec l’explosion d’un dispositif nucléaire, un astéroïde pour qu’il percute et détruise le Télescope Hubble ; ou d’incendier et de saccager les centres de recherche scientifique (de ça, s’en chargent déjà le crime organisé devenu gouvernement et celles et ceux qui passent de la science à la politique). Et, au cas où, je suis sûr que toute la communauté scientifique s’unirait si quelqu’un essayait d’en finir avec la structure de la recherche ; de menacer ses membres ; d’engager des poursuites pénales à leur encontre ; ou de coller la recherche scientifique à un projet politique de parti. C’est pas comme ça que ça se passe ? (Ah ! Mon sarcasme n’est pas subtil ?)

    Je fais référence, par contre, à une situation extrême, dans laquelle ces ressources seraient impossibles à obtenir, ou dans laquelle il y aurait de nombreuses difficultés pour y accéder. Qu’adviendra-t-il des sciences et des arts, mais aussi des personnes qui s’y consacrent ?

    Sur le thème : La Tempête et le Jour d’Après Postface. Deuxième Partie. Changement avec continuité ? Encore la même chose ?
    https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2024/11/21/sur-le-theme-la-tempete-et-le-jour-dapres-postface-deuxieme

    L’assemblée communautaire suit son cours des présentations. Arrive votre tour de répondre à la question clé : alors, et toi ? Oui, il y a plusieurs possibilités. Vous êtes une personne relativement intelligente et vous croyez en vous-même et en votre capacité à convaincre (pour cela, vous avez lu nombre de manuels sur comment gagner des abonnés, et vous avez même suivi le cours « 1000 étapes pour être populaire à l’ère numérique »), ainsi, par exemple, vous pouvez essayer de convaincre le reste des personnes présentes dans cette assemblée hypothétique que la meilleure chose à faire, c’est de créer une société dans laquelle les artistes et les scientifiques auraient une place à part.

    #effondrement #zapatisme #communauté #art #science #artistes #scientifiques

  • 600 #artistes interpellent Vincent #Bolloré après l’« éviction » de Zaho de Sagazan des radios de son groupe
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/07/26/600-artistes-interpellent-vincent-bollore-apres-l-eviction-de-zaho-de-sagaza

    La musicienne avait partagé une enquête vidéo du « Monde » sur son compte Instagram, accompagnée d’un « gros fuck à Cyril Hanouna ». Parmi les signataires de la tribune de soutien, on retrouve Catherine Ringer, Renaud, Juliette Binoche ou encore Guillaume Meurice.

    vieux motard and so on

  • « Il faut prendre en compte les réalités de l’économie de la culture fondée sur la contribution des artistes-auteurs faiblement rémunérés »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/25/il-faut-prendre-en-compte-les-realites-de-l-economie-de-la-culture-fondee-su

    Un collectif rassemblant plusieurs milliers de personnalités du monde culturel, dont la réalisatrice Agnès Jaoui, l’écrivain Nicolas Mathieu et la dessinatrice de bandes dessinées Pénélope Bagieu, demande, dans une tribune au « Monde », l’adoption d’une proposition de loi visant à intégrer les #artistes-auteurs dans la caisse commune de l’#assurance-chômage.

    Aucun livre, film, spectacle vivant, aucune création visuelle, plastique, graphique ou sonore ne peut exister sans le #travail initial d’un ou d’une artiste, ou d’un auteur ou d’une autrice. Nous, les artistes-auteurs, sommes à l’origine de toute œuvre. Nous sommes la condition sine qua non de la création contemporaine, l’élément moteur de la vie culturelle et intellectuelle de notre pays. Notre travail génère une activité économique qui fait vivre les secteurs de la musique, de l’art contemporain, de l’édition, du design ou du cinéma.

    Environ 720 700 emplois dépendaient directement de nos créations en 2019, selon l’analyse conjoncturelle du chiffre d’affaires de la culture au quatrième trimestre 2022. En 2022, les secteurs de l’art et de la #culture représentaient plus de 90 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un montant colossal, mais sans rapport avec nos conditions de vie.
    En 2021, nous étions plus de 300 000 à avoir déclaré des revenus au régime des artistes-auteurs. Parmi nous, des écrivains, des compositeurs, des réalisateurs, des scénaristes, des photographes, des graphistes, des peintres, des sculpteurs, des illustrateurs, des designers ou encore des traducteurs.

    Une précarité structurelle

    Malgré la diversité de nos professions, nous partageons un statut offrant une faible protection sociale. Contrairement aux artistes-interprètes, nous ne bénéficions pas des #droits_sociaux fondamentaux que sont la reconnaissance des accidents du travail ou des maladies professionnelles. Nous n’avons pas non plus accès à l’assurance-chômage, en dépit de nos #emplois_précaires et discontinus.

    Pourtant, nous sommes aussi des travailleurs et prétendons à une couverture sociale digne de ce nom. La situation sociale des métiers de la création est bien documentée : en 2017, 53 % des artistes graphiques et plastiques ont perçu moins de 8 703 euros de revenus artistiques annuels, selon le rapport d’activité 2018 de la Maison des artistes. Si toutes nos professions ne sont pas égales face à la #pauvreté, tous les artistes-auteurs partagent une précarité structurelle qui les empêche de se projeter et d’envisager l’avenir sereinement.

    La situation est également bien connue du Parlement européen, qui, dans sa résolution du 21 novembre 2023, alerte sur les droits des artistes-auteurs, soulignant qu’ils devraient, comme tous les travailleurs, bénéficier « du droit à un salaire minimum, à la négociation collective, à une protection en ce qui concerne le temps de travail et la santé, à des congés payés et à un accès amélioré à la protection contre les accidents du travail, aux prestations de chômage et de maladie, ainsi qu’aux pensions de vieillesse contributives ».

    Intégrer la caisse commune de l’assurance-chômage

    Il est temps de prendre en compte les réalités d’une économie fondée sur la contribution de travailleurs faiblement rémunérés, soumis à une concurrence féroce et relégués dans des dispositifs inadaptés comme le RSA [revenu de solidarité active] et l’ASS [allocation de solidarité spécifique]. Les réformes en cours menacent d’ailleurs d’en priver nombre d’artistes-auteurs, qui risquent alors de devoir renoncer à leur métier.

    C’est pourquoi, avec Pierre Dharréville, député (Gauche démocrate et républicaine) des Hauts-de-Seine, et la commission culture du Parti communiste français, des syndicats et associations (SNAP CGT, STAA CNT-SO, La Buse, la SRF, l’AFD) ont rédigé, sous l’œil attentif de la majorité des organisations professionnelles, une proposition de loi visant à intégrer les artistes-auteurs dans la caisse commune de l’assurance-chômage.

    Son adoption serait une avancée historique s’inscrivant dans la continuité des dispositifs en place. Car, depuis le milieu des années 1970, nous sommes adossés au régime général de la Sécurité sociale et bénéficions des droits de salariés en ce qui concerne la retraite, la maladie et la famille. Il s’agira ici d’étendre ces prestations au chômage, conformément aux recommandations du Parlement européen.

    Une usure physique et psychique

    Ce progrès social majeur serait financé par une augmentation des cotisations payées par les diffuseurs, qui passeraient de 1,1 % à 5,15 % – les artistes-auteurs s’acquittant déjà d’une part salariale de la contribution chômage via la CSG [contribution sociale généralisée].

    La liberté, au cœur de la création, ne peut exister qu’à l’abri de logiques ultra-concurrentielles qui favorisent les violences systémiques. Contre l’incertitude des règles du marché, qui conduisent à obéir plutôt qu’à inventer, nous devons construire des droits qui changent la donne. S’il est émancipateur, le travail de création génère aussi du stress, des angoisses, amplifiés par l’absence de protection sociale. Cette précarité provoque de l’usure physique et psychique.

    Une rémunération archaïque héritée du XIXe siècle

    L’effet immédiat de ce dispositif de continuité du revenu sera de sortir de la #précarité économique nombre d’entre nous, qui pourront ainsi se maintenir en activité. Nous aurons plus d’aisance pour négocier nos contrats, et serons en meilleure position dans les rapports de force, forcément inégaux, instaurés par les diffuseurs et les commanditaires.
    Moins #précaires, nous n’aurons plus à choisir entre une vie de famille et la poursuite de notre carrière. Nous pourrons envisager plus sereinement des situations de vie extrêmement banales qui sont particulièrement complexes pour nombre d’entre nous (location, emprunts bancaires, etc.).

    La sécurisation des conditions de travail des artistes-auteurs est essentielle pour que continuent d’éclore des talents qui font l’attractivité de la France et contribuent à son rayonnement. Nous demandons aux parlementaires, députés et sénateurs, de défendre et de voter ce texte qui mettrait fin à un mode de rémunération archaïque hérité du XIXe siècle.

    Les premiers signataires de cette tribune : Pénélope Bagieu (dessinatrice de bandes dessinées), Lucas Belvaux (réalisateur), Philippe Faucon (réalisateur et producteur), Gisèle Vienne (chorégraphe et metteuse en scène), Arthur Harari (cinéaste), Agnès Jaoui (actrice et cinéaste), Ange Leccia (artiste plasticien), Nicolas Mathieu (écrivain), Catherine Meurisse (illustratrice et dessinatrice), Usul (vidéaste) et Jean-Luc Verna (artiste plasticien).

    Liste complète des signataires https://continuite-revenus.fr/tribune

  • 1ère nuit des artistes-auteurs européens
    https://nuit.artistes-auteurs.fr


    La #NuitArtistesAuteurs se précise : déjà 8 villes accueillent les rassemblements d’ #ArtistesAuteurices partout en France et même en Belgique et d’autres groupes préparent aussi d’autres évènements ailleurs.

    Décorez vos #parapluies, sortez vos #bougies et rejoignez-nous.

    #europeenartiststatus #PayeTonStatut

    Partagez et retrouvez l’info sur la page dédiée : https://nuit.artistes-auteurs.fr/#lieux

    Un rassemblement politique, collectif et festif

    La Nuit des artistes-auteurs et autrices a pour objectif de rassembler les artistes-auteurs et autrices afin de porter des revendications sociales communes. Il est plus que jamais opportun de parler de précarité du métier, de création et de la nécessité d’élaborer un statut protecteur au niveau européen.

    Des mesures adoptées au niveau européen auraient des répercussions au niveau français et pourraient enfin permettre :

    des conditions de travail décentes
    l’interdiction de contrats abusifs
    la régularisation de l’Intelligence artificielle
    l’équité des rémunérations
    le renforcement des syndicats et de la négociation collective

    Rendez-vous le 25 mars à 19h00 dans de nombreuses villes

    Retrouvez les lieux de rassemblement dans la rubrique lieux (mises à jour quotidiennes).

    Un événement retransmis en ligne

    L’événement sera retransmis sur YouTube et relayé sur les réseaux sociaux : des débats en direct, des témoignages de créatrices et créateurs, de reportages sur la réalité des métiers de la création et les revendications portées.

    Et retrouvez-nous sur les réseaux sociaux, durant toute la nuit, avec les hashtags : #EuropeenArtistStatus et #PayeTonStatut

  • nuit.artiste-auteurs.fr
    https://nuit.artistes-auteurs.fr

    Depuis plusieurs mois, les organisations représentantes d’#artistes-auteurs et autrices sont mobilisées pour faire entendre la voix des artistes-auteurs et autrices afin qu’ils et elles obtiennent un statut protecteur. Et quoi de mieux que de se voir pour manifester votre soutien à ce besoin commun ? On vous l’avait promis, on vous en dit plus !

    1. Des lieux de manifestations prévus : venez nous rejoindre
    Des rassemblements d’artistes-auteur·rices sont d’ores-et-déjà prévus à Rennes, Toulouse, Strasbourg et Paris. L’objectif est de manifester votre soutien et de réfléchir au statut en toute convivialité

    2. N’hésitez pas à organiser un événement près de chez vous !
    Il se murmure déjà des rassemblements à Marseille, Nantes, Bruxelles, ou encore Lyon ! Rien n’est figé.
    Contactez-nous à contact@nuit.artistes-auteurs.fr si vous avez besoin d’aide pour l’organisation ou tout simplement pour être répertorié·e sur le site.
    Les informations sur cette manifestation culturelle, festive et revendicative seront actualisées en temps réel sur ce site.

    3. Suivez-nous en ligne !
    La programmation d’une émission, à partir de 19h00, sera proposée pour exprimer vœux et revendications argumentés pour un véritable statut et une meilleure reconnaissance du travail de création.
    L’émission organisée en studio à la fois à Strasbourg et à Paris, sera ponctuée de capsules vidéos réalisées pour l’événement.

    4. Exprimez-vous sur les réseaux sociaux grâce aux hashtag #EuropeanArtistStatus et #PayeTonStatut
    Prenez-vous en photo sur les lieux de manifestations et publiez vos images sur vos réseaux sociaux à l’aide des hashtag #europeenartiststatus et #PayeTonStatut

  • Loi Darmanin : le 25 janvier, bloquons le pays ! | Marche des Solidarités
    https://blogs.mediapart.fr/marche-des-solidarites/blog/180124/loi-darmanin-le-25-janvier-bloquons-le-pays

    Les seuls vainqueurs de sa promulgation seront les racistes et les fascistes. Les racistes parce que la loi les conforte. Les fascistes, Marine Le Pen en tête, parce qu’elle dira que le pouvoir est inconséquent et ne va pas jusqu’au bout.
    Les manifestations du 14 janvier ont montré qu’il existait les germes d’une riposte profonde et combative unifiant les Sans-papiers et celles et ceux qui ont des papiers, les Français·e·s et les immigré·e·s. Partout, à l’initiative des Collectifs de Sans-papiers, rejoints par plus de 500 organisations dont beaucoup de structures locales, les manifestations ont montré par leur nombre et la nature de la mobilisation que quelque chose se passait.

    La manifestation parisienne a été emblématique dirigée et animée par les #collectifs de #Sans-papiers avec des cortèges de quartier, des cortèges d’école en lutte contre la loi, des féministes, des cortèges LGBTQI, des activistes du Soulèvement de la terre, d’Extinction rébellion, des clubs de foot et la FSGT (fédération sportive).
    Des lycéens et lycéennes s’organisent, les blocages de lycées reprennent à Paris, Rennes ou Nantes. Les assemblées étudiantes se multiplient dans plusieurs villes. Des Assistantes d’éducation se sont mis en grève à Charenton. Les banderoles contre la loi fleurissent devant des écoles. Des professionnels de la santé commencent à se coordonner.
    Il faut le dire car cela a une importance pour la suite. Les manifestations du 21 janvier ont été organisées sur le dos des collectifs de Sans-Papiers et en concurrence avec les manifestations du 14 janvier. Heureusement ce n’est pas la logique qui domine dans de nombreux endroits. Mais là où il faut construire une unité de lutte, les principales organisations syndicales ont semé les graines de la division avec celles et ceux qui se battent depuis des mois contre cette loi abjecte.
    A Paris, les Collectifs de Sans-papiers se sont sentis humiliés par ce mépris. C’est pourquoi ils ont décidé de ne pas participer à la manifestation parisienne, par dignité et pour dire que la lutte ne peut gagner sans les premiers et premières concerné·e·s.

    #Loi_immigration #syndicats #artistes

  • Krisikrass
    https://lundi.am/Krisikrass

    À #Rennes, une AG-Culture, réunie très tardivement – la première fois le 23 mars – est incapable de prendre aucune décision ni de produire le plus petit positionnement ; sans même parler de proposer un lieu à la lutte. Le TNB, depuis le début, est parfaitement silencieux ; son directeur est absent. Partout, même aux sympathiques Ateliers du vent, on craint pour sa #subvention qui vient

    #artistes #culture

  • Retraites des artistes-auteurs : une réforme délétère pour un secteur déjà précaire – Libération
    https://www.liberation.fr/culture/retraites-des-artistes-auteurs-une-reforme-deletere-pour-un-secteur-deja-
    https://www.liberation.fr/resizer/OEmKJzkYn0ECDfqpn_u6ntIUjo4=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/MTDJXLXHLBDQ7N4WNGP4LQ2G2Q.jpg

    Du côté du Caap, on se dit « scandalisés et inquiets que les ministères de la Culture et de la Santé aient à nouveau agréée l’Agessa qui a simplement changé de nom, au lieu de créer un nouvel organisme de sécurité sociale digne de ce nom pour les artistes-auteurs ». Et le transfert à l’Urssaf Limousin pour le prélèvement des cotisations n’a pas été sans peine non plus : en plus de nombreuses complications administratives, l’organisme a envoyé des appels à cotisations affichant des montants souvent exorbitants pour les artistes-auteurs, qui se sont vu demandés de payer d’un coup celles de l’année 2020 et celles, provisionnelles, de 2021.

    Autre aberration dénoncée par les syndicats d’artistes-auteurs : les méthodes de l’Ircec, la retraite complémentaire des artistes à laquelle certains, passés un certain seuil de revenus, doivent cotiser à hauteur de 4 % ou 8 % (selon l’importance des revenus). Une pétition en ligne circule depuis la fin du mois de février et alerte sur le mauvais fonctionnement de cet organisme qui crée « angoisse et colère » en engageant des « saisies d’huissiers pour des cotisations pour lesquelles aucune relance n’a été reçue » ou en refusant de transmettre certains dossiers à la Société française des intérêts des auteurs de l’écrit (Sofia) pourtant censée prendre en charge 50 % des cotisations dues au titre de la retraite complémentaire.

  • Critiquer la #Guerre en tant que système : portrait d’Hideo Kojima, artiste majeur du jeu vidéo
    https://www.blast-info.fr/articles/2022/critiquer-la-guerre-en-tant-que-systeme-portrait-dhideo-kojima-artiste-ma

    Hideo Kojima n’est peut-être pas un nom très connu du grand public, mais pour les amateurs de jeu vidéo c’est un artiste majeur dont on peut comparer l’importance et l’influence sur ses pairs à celle de Steven Spielberg pour le cinéma. Un petit livre sous…

    #Artistes #Jeux_videos
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-critiquer-la-guerre-en-tant-que-systeme-portrait-

  • Godard et la mort de l’auteur
    https://laviedesidees.fr/Godard-et-la-mort-de-l-auteur.html

    « Un auteur n’a pas de droits, il n’a que des devoirs ». Après avoir participé à la « Politique des auteurs », Godard fut à partir de 68 un #critique virulent de la propriété des films, ce qu’il mit en pratique dans son travail de cinéaste et de médiateur entre les #Arts et la politique.

    #cinéma #droit #maoïsme #propriété_intellectuelle
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220923_godard-2.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220923_godard-2.docx

    • Après que nombre d’entre eux participèrent aux États généraux, les réalisateurs s’en désolidarisèrent en créant la Société des réalisateurs de films (SRF). Sa revendication fondatrice était la défense du statut d’auteur et de propriétaire reconnu aux réalisateurs par la loi du 11 mars 1957, auquel l’organisation reprochait toutefois de ne pas reconnaître la primauté du réalisateur sur ses coauteurs (les scénaristes, les compositeurs et les auteurs des œuvres adaptées). Les fondateurs de la SRF allaient même jusqu’à placer « avant toute autre chose, avant toute autre discussion, avant toute autre réflexion, l’affirmation de leur totale propriété artistique sur leur œuvre ». Ce droit de propriété, la SRF le fondait sur la « responsabilité du réalisateur » qui devait « comporter obligatoirement le contrôle de la fabrication de l’œuvre à tous les stades, et particulièrement, le contrôle du montage et de la finition ». Parmi ces défenseurs de la propriété du réalisateur en 1968, on trouvait nombre de collaborateurs des Cahiers du cinéma et cinéastes de la Nouvelle Vague (Jacques Doniol-Valcroze, Rozier, Rohmer, Resnais, etc.), mais aussi de grands noms de générations précédentes (Robert Bresson), d’anciens dirigeants de syndicats professionnels (Jean-Paul Le Chanois) et des réalisateurs « grand public » comme Henri Verneuil (dont La Vache et le prisonnier avait attiré en 1959 vingt fois plus de spectateurs que Les 400 coups).

      À ces fondateurs de la SRF, Godard reprocha de « faire leur révolution bourgeoise » avec deux cents ans de retard sur les événements. Tandis que les premiers fondaient le droit de propriété du réalisateur sur son autorité et son ascendant sur les autres professions, il dénonçait le statut d’auteur en tant que position « patronale », en appelant au renversement des rapports de pouvoir entre le réalisateur et ses collaborateurs (que ces derniers soient devant ou derrière la caméra). Pareil dépassement du statut d’auteur, Godard en faisait une condition d’un cinéma au service des luttes politiques des opprimés :

      « Pour filmer d’une manière politiquement juste, il faut se lier aux gens dont on pense qu’ils sont politiquement justes. C’est-à-dire ceux qui sont opprimés, qui subissent la répression et qui combattent cette répression. Et se mettre à leur service. Apprendre en même temps que leur apprendre. Abandonner l’idée de faire des films. Abandonner la notion d’auteur, telle qu’elle était. C’est là qu’on voit la trahison, le révisionnisme intégral. La notion d’auteur est une notion complètement réactionnaire. Elle ne l’était peut-être pas à des moments où il y avait un certain progressisme des auteurs par rapport à des patrons féodaux. Mais à partir du moment où l’écrivain ou le cinéaste dit : moi je veux être le patron parce que je suis le poète et que je sais, alors là c’est complètement réactionnaire. Dans le Paradis socialiste, celui qui voudra être cinéaste ne le sera pas forcément. Il le sera si c’est bon pour tous. Moi, ça ne me fait rien. »

      (...) Avant même que paraisse en 1967 le fameux article de Barthes sur « La mort de l’auteur », la propriété artistique et la notion d’artiste étaient en effet attaquées par des plasticiens comme Duchamp, Elaine Sturtevant et Andy Warhol, des collectifs d’artistes comme Fluxus ou USCO, des musiciens comme John Cage et la troupe du Living Theatre.

      #corporatismes #artistes #auteur #cinéma_d'auteur

  • DICRéAM et Métavers | Jean-Noël Lafargue
    https://hyperbate.fr/dernier/?p=41581

    À la lecture de ce texte, vous comprendrez ma consternation et celle de nombreux acteurs du monde de la création numérique en apprenant que le CNC supprime le DICRéAM, mais aussi le Fonds d’aide aux Expériences Numériques, lesquels sont remplacés par le Fonds d’aide à la création immersive, présidé par Jean-Michel Jarre, musicien bien connu mais aussi, nous dit-on, « pionnier des metavers ». Source : Le dernier blog

  • Chronique légèrement anachronique / Robert Desnos, de la révolte une fleur
    https://www.blast-info.fr/articles/2022/chronique-legerement-anachronique-robert-desnos-de-la-revolte-une-fleur-X

    « J’ai lu dans le journal un roman dont j’étais le héros toujours à l’aise quand il fait pluie. Mon cœur bat l’extinction des feux, Mes yeux sont la nuit. » Robert Desnos

    #Artistes #Culture #Guerre
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-chronique-legerement-anachronique-robert-desnos-d

  • DÉFENDRE NOS SPECIFICITÉS
    DANS LE FUTUR SYSTÈME DE RETRAITE

    #rions_un_peu

    reperes227mars2019.pdf
    https://ligue.auteurs.pro/wp-content/uploads/2019/03/reperes227mars2019.pdf

    Caisse nationale de retraite complémentaire des artistes-auteurs
    Défendre nos spécificités professionnelles dans le futur système de retraite8 |#2
    REPÈRES# est une publication gérée par le bureau des publications
    et de la communication de l’IRCEC. Ce numéro a été finalisé le 27 mars 2019.
    Reproduction autorisée sous réserve de la mention des sources.

    Les augmentations de charges sociales pesant sur les artistes- auteurs ne se répercuteront pas de la même manière dans le secteur culturel que dans d’autres marchés concurrentiels, par exemple ceux qui dépendent des professions indépendantes. Le risque, en appliquant le même taux de cotisation sur leurs revenus que sur ceux des salariés ou des indépendants, est d’entraîner la paupérisation d’une grande partie des artistes-auteurs qui ne pourront pas répercuter cette augmentation sur les « clients finaux » ou les sociétés de production, diffuseur ou éditeurs. Cette situation irait à l’encontre de l’objectif de la loi du 31 décembre 1975 qui rattachait les artistes-auteurs au régime général pour leur retraite de base, pour leur assurer un niveau de couverture sociale convenable. L’exonération pour leur retraite de base, de l’équivalent d’une part patronale sans diminution des droits à la retraite devait permettre, « dans le cadre d’une juste répartition des charges, d’assurer à un groupe peu nombreux mais essentiel au rayonnement de notre pays, une protection sociale élargie et unifiée, et d’éviter que des règles administratives conçues pour d’autres professions n’aboutissent à entraver ou à écraser l’action de la création (Loi n° 75-1348) ». L’adoption d’un régime universel aveugle aux spécificités professionnelles de ce secteur d’activité risque de remettre en cause l’équilibre auquel était parvenu la loi de 1975. Ce système n’avait pourtant plus jamais été discuté. Les accords de l’Organisation mondiale du commerce eux-mêmes reconnaissent à la culture une place spécifique dans l’économie. La culture n’étant pas une « marchandise comme les autres », elle se trouve exclue des accords commerciaux internationaux, au titre de « l’exception culturelle ». Si, à l’échelle mondiale, chaque pays reste libre d’appliquer des règles autonomes pour gérer ce secteur économique particulier, constitutif de sa propre identité, sans avoir à se plier aux accords internationaux régulant tous les autres types d’échanges, il semble possible de mettre en place un système de retraite adapté aux artistes-auteurs en France, se distinguant pour certains aspects du système applicable à l’ensemble des salariés. Nous attendons une décision politique forte, visant à maintenir la création et la diversité culturelle dans notre pays.

    #auteurs #IRCEC #retraite #ubérisation #paupérisation #macron #arnaque

  • la vision du rôle de l’artiste dans la société.
    (1) 𝐋𝐢𝐭𝐭𝐥𝐞 𝐖𝐚𝐥𝐤𝐲𝐫𝐢𝐞 sur Twitter : « Entre fan des NFT et wannabe fascistes qui piquent des trucs pour des vidéos néonazies, on va dire que l’actualité artistique a été un peu riche, ces temps derniers. mais riche comme le fumier l’est en merde. Petit thread donc sur la vision du rôle de l’artiste dans la société. https://t.co/OdFLZ6IIjx » / Twitter
    https://twitter.com/LeslieBoulay/status/1467836227886157824?s=20

    Entre fan des NFT et wannabe fascistes qui piquent des trucs pour des vidéos néonazies, on va dire que l’actualité artistique a été un peu riche, ces temps derniers. mais riche comme le fumier l’est en merde. Petit thread donc sur la vision du rôle de l’artiste dans la société.

    • Un artiste est une personne qui fait de l’art. C’est une démarche consciente, donc. Qu’il réussisse à faire un taf génial ou médiocre, la démarche reste la même ; on est artiste parce qu’on VEUT l’être.
      La question de ce qui fait art, c’est encore autre chose et il est naturel que les artistes s’affrontent autour de ça.

      Il est aussi de rigueur de dire que l’art « ne sert à rien » et que c’est à ça qu’on le reconnait…

      Il serait plus juste de préciser que la pulsion créatrice n’obéit à aucune nécessité pragmatique. on éprouve le besoin, donc on crée. Mais cette pulsion créatrice est elle moins à l’œuvre dans une humble poterie usuelle que dans une œuvre d’art contemporain énigmatique ?
      Je n’en suis pas convaincue. Le distingo art/artisanat me parait fortement artificiel.
      Et de même, la distinction entre amateur et professionnel ne se base en rien sur la qualité ou la valeur de ce qui est créé, mais uniquement sur « est-ce que tu as décidé d’en faire ton métier ou pas ».

      Même si on peut argüer qu’un pro passera plus de temps qu’un amateur à son taf et donc nécessairement, aura statistiquement plus de chance de devenir une pointure, il est important de laisser ainsi la place à la possibilité d’un amateur particulièrement doué.
      Toutes ces choses-là, ce sont les faits.

      Passons aux mythes. Car la notion d’artiste est fortement polluée par une vision idéologique occidentale. L’essentiel de la vision qu’on en a est basé d’une part sur l’Humanisme de la Renaissance et de l’autre part sur le 19e siècle.
      Notez que par 19e siècle, j’inclus les Lumières qui sont plus sur le 18e et qui incluent une forme de préromantisme et les avant-gardes d’avant la Première Guerre mondiale.
      L’humanisme renaissant place l’humain et son esprit au cœur de la question de la création. Enfin, l’être humain MASCULIN, bien sûr.

      Un ouvrage, « Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes », par Vasari, va être d’une importance capitale dans l’élaboration du premier grand mythe : le GÉNIE. Censé être rare, il doit ses réalisations autant à ses qualités propres qu’à son travail.
      Cela dit, ce mythe survient à un moment ou tout artiste professionnel qui réussit ne se voit pas forcément attribuer cet état. La renaissance est une période de jonction, de changement, de rupture, mais aussi de continuation sur certaines choses…
      Le mythe du génie est particulièrement raccord avec celui du grand homme d’état, comme je l’ai déjà expliqué par le passé -> beaucoup de rois et seigneurs vont mettre la création au service du pouvoir temporel, comme elle l’était déjà pour l’Église, afin de gagner en prestige.
      Mais dans certaines régions, genre les Pays-Bas/Flandres, les guildes de peinture vont subsister et avec une vision de l’artiste professionnel plus proche d’un artisan.
      Dans le sud, Léonard verbalise la vision qu’il a de son métier ainsi « la peinture est une chose mentale. »
      Léonard n’a pas tort. L’art est effectivement une chose mentale. Mais il y avait dans cette phrase aussi la volonté de se distancier d’un simple travailleur manuel.

      Et en occident, cet affrontement entre ce qui relève de l’esprit et ce qui relève de la main est fondateur
      Sur le plan « prestige », on a gardé cette idée que le travail manuel est dégradant. Que la simple technique est triviale et que l’important, c’est l’esprit, le concept et non son exécution.

      L’artiste génial est avant tout concepteur et appuie fortement là-dessus.
      Et c’est là une dichotomie fortement discutable parce qu’OK, l’art c’est mental. Mais c’est aussi une pulsion du « faire » et pas uniquement du « penser ». On est artiste, pas philosophe.
      C’est important parce que cette dichotomie place clairement les génies du côté du concept et les humbles tâcherons oubliables du côté du manuel.

      Le temps passe et les seigneurs et rois mettent en place un système de hiérarchie dans les arts, les « genres » artistiques. (Rien à voir avec le genre tout court)
      Tout en haut « la peinture d’Histoire », qui représente les grands de ce monde et les mythes, et vaut une blinde....
      Tout en bas l’humble nature morte. Nettement moins bien payé. Ça nous parait aberrant qu’un type du calibre de Chardin ait été considéré comme « moins important » qu’un peintre d’Histoire médiocre de l’époque, mais c’était le cas.
      Comme tout n’est pas noir ou blanc, bien sûr, cette hiérarchie a été remise en question dès sa mise en place ; faut pas penser que personne ne discutait cela. Chaque fois que vous voyez une connerie faite ou dite par le passé, dites vous qu’il ya eu des gens pour la critiquer.
      Seulement, comme de nos jours, y avait pas mal de « cause toujours », quand y avait pas de « ce que tu me dis me déplait assez pour te faire embastiller ».
      C’est très présomptueux de nous croire plus éclairés et nos dirigeants plus bienveillants qu’à l’époque. Le pouvoir demeure le pouvoir.

      Et puis arrivent les Lumières où l’on commence à vouloir voir plus dans l’art qu’une perfection de la composition et du concept. Pas seulement le « Génie », mais le génie au service d’une cause. Diderot enchaine les critiques où il éreinte ou encense sur ces principes.
      Certes, il s’émerveille du bien peint, mais le bien peint derrière lequel il ya de la pensée. Toujours cette idée de la pensée, mais plus seulement pour montrer sa foi ou vanter le seigneur ou montrer qu’on a une connaissance aigüe de l’anatomie et de l’esprit humain…
      La pensée POLITIQUE. L’idée que l’art élève l’esprit n’est pas nouvelle, mais désormais, qu’un artiste exprime SES convictions commence à pointer sérieusement. Ce n’est pas neuf non plus, mais ça devient une exigence.

      Et bien entendu cela va avoir un impact sur ce que par la suite on va penser des œuvres d’art. le travail de propagandiste de David au service de Napoléon sera fortement plus mis en avant que celui de Vigée-Lebrun, peintre officielle d’une reine morte. Pas seulement par sexisme.
      Mais aussi parce qu’on va partir du principe que le boulot de David traduit ses engagements (ce qui est vrai) alors que celui de Vigée- Lebrun n’aurait été que travail d’artiste de cour (ce qui est très discutable).
      Il ya aussi un certain virilisme de ces concepts qui vont avec tout ça et qui joue à fond. En termes d’œuvre personnelle, on préfère l’antique qui roule des mécaniques aux portraits intimes et touchants.
      L’artiste, ça doit faire du viril, de l’Historique. Et hooo quel dommage ! Les meufs n’ont pas le droit de fréquenter les ateliers de nus.

      Vraiment ce n’est pas de chance hein ?

      Donc, le génie, le génie engagé politiquement.. reste un point essentiel de la vision occidentale de l’artiste : le génie Tourmenté !

      Et là les romantiques entrent en scène. Ils parachèvent l’idée d’une sensibilité particulière (ce qui est vrai)…
      Mais qui mène à des excès ! (ce qui est moins vrai) La vie d’artistes est vue par la lorgnette de ses souffrances. On peut y voir une forme de sanctification de l’artiste qui devient une sorte de figure christique, ou antichristique si c’est un salopard fini…
      Et évidemment un fait qui n’a jamais jusque là été le moins du monde abordé : le rapport à l’argent.

      L’artiste génial est PAUVRE. Jusqu’à ce que la reconnaissance de son génie le sauve.

      Cette idée de l’artiste qui doit souffrir , on la voit surgir jusque dans les partis pris techniques : les néoclassiques, comme David, valorisaient le dessin, qui depuis la renaissance était censé être le vecteur du concept. La couleur était censée véhiculer l’émotion.
      Du coup, la couleur devient un des éléments centraux de la peinture romantique
      L’histoire du gars qui doit prouver sa valeur pour sortir de la misère, ça ne vous rappelle rien ?

      Oui, c’est tout à fait ça : c’est TOTALEMENT au centre de l’ultralibéralisme : le pauvre qui reste pauvre, c’est de sa faute. Il n’était pas assez méritant.
      Mais l’artiste, on va lui rajouter un truc en plus pour qu’il continue à créer toute sa vie MÊME si on le laisse crever dans la misère la plus noire : la POSTÉRITÉ.
      Coucou Vincent ! C’est de toi dont on va parler là.
      La postérité, pour un artiste, c’est comme le martyre pour un croyant : une promesse qui n’engage que ceux qui y croient et contribue beaucoup à foutre sa vie en l’air.

      Je ne pense pas que Vincent y croyait un instant.
      Il était surtout malade et s’il peignait tant, c’était moins pour exploiter sa souffrance qu’afin de l’extérioriser dans l’espoir d’une résilience (une vraie, pas une connerie politique actuelle)
      C’est ce qu’est la postérité : un miroir aux alouettes.
      Techniquement, ce mythe de l’artiste pauvre qui ne se soucie pas d’argent parce que seule sa postérité lui importe, cette belle histoire de l’artiste qui acquiert sa noblesse va le martyre voire la mort pour une récompense qu’il ne verra pas, QUI ça arrange ?

      Réponse : les marchands de tableaux, les spéculateurs, les pillards.

      La façon dont les artistes se font exploiter n’est pas une domination particulière. Ce n’est qu’un avatar de la logique ultra libérale. On se mange dans les dents la même logique que le producteur de carottes bio. Celui qui produit la richesse n’est pas celui qui s’en enrichit.

      On a quelques spécificités : il a toujours été difficile de gérer les artistes parce que c’est vrai qu’on est très souvent de gros solitaires avec une individualité affirmée et un gros égo. Il fallait donc créer des conditions pour flatter cet égo et exploiter nos failles.
      Agiter devant le nez de gamins et gamines de vingt ans qu’ils sont possiblement les génies visionnaires de notre époque, mais qu’il va falloir le prouver et en chier pour ça, C’EST le moyen de parvenir à gérer les artistes.
      En flattant leurs égos, mais aussi en sabotant ce qui, dans leur formation, peut les amener à être des pros plus roublards, plus au courant des réalités, moins candides.

      J’ai cru longtemps que ce manque me venait de la fac. Erreur : c’est pareil dans les écoles.
      Maintenir et continuer à propager les rumeurs et les légendes autour de la condition artistique, comme Bachelot avec son « mais ça n’intéresse pas les artistes, les syndicats », c’est aussi un moyen de maintenir ce statuquo.
      Relativiser et encourager le pillage des artistes pour ses propres travaux de vidéaste ou de chargé de com, c’est TOTALEMENT vouloir que ce statuquo demeure.

      La différence entre les fascistes et le reste des gens n’est pas flagrante là-dessus.

      Je veux dire, la différence avec eux est qu’on sera juste ravalés au rang de pourvoyeur de distractions inoffensives et surtout non politisées, au service du pouvoir. Je le sais, j’ai lu ce qu’ils veulent que l’on soit. Ils vantent la gestion des artistes par Poutine.

      Mais si eux veulent nous opprimer carrément, ils ne font pas semblant, comme les autres de se soucier de nous.

      Parce que techniquement je constate qu’à gauche comme à droite PERSONNE ne se soucie le moins du monde de la question de la rémunération des artistes.

      On attend beaucoup de nous ; on exige beaucoup de nous. On est censés faire le lien social, toussa. Mais aucun candidat à ce jour n’a JAMAIS inclus les artistes auteurs dans sa réflexion sur sa future politique culturelle.
      Je ne dis pas qu’on est particulièrement important par rapport à d’autres corps de métiers. On est même moins importants que beaucoup.

      Mais on n’est jamais ne serait ce que consultés sur ce qui nous concerne au premier chef.

      Toute l’industrie de la culture repose sur des fantômes : Nous.
      Ce qui est logique puisque dans la représentation populaire, nous sommes censés être ultrarares et ne pas nous soucier d’argent.

      C’est LOGIQUE, donc, qu’on ne nous consulte pas. On n’est pas censés EXISTER.

      Sauf que ce n’est pas vrai.

      Toute notre formation, à exiger de nous qu’on se donne à 200 % pour des clopinettes tout en trouvant flatteur de se faire exploiter vise à faire en sorte qu’on ne voit nos échecs ainsi : « je ne suis pas un génie. C’est normal que j’en chie. Je devrais faire UN VRAI MÉTIER. »

      Jusqu’à l’idée saugrenue que les syndicats, ce n’est pas notre kif : surtout, que les artistes ne parlent pas ensemble.

      C’est la GROSSE nouveauté depuis longtemps : les artistes, désormais, ne sont plus isolés les uns des autres.

      Donc voilà. Je ne vous cache pas que je ne suis pas spécialement optimiste pour l’avenir : les élections vont se jouer entre des gens qui nous laisseraient crever en faisant mine de ne pas s’en apercevoir et ceux qui nous buteraient volontiers si on ne fait pas ce qu’ils disent.

      Youpi.

      Allez, Bizatouss.

  • #Campagnes de #dissuasion massive

    Pour contraindre à l’#immobilité les candidats à la migration, jugés indésirables, les gouvernements occidentaux ne se contentent pas depuis les années 1990 de militariser leurs frontières et de durcir leur législation. Aux stratégies répressives s’ajoutent des méthodes d’apparence plus consensuelle : les campagnes d’information multimédias avertissant des #dangers du voyage.

    « Et au lieu d’aller de l’avant, il pensa à rentrer. Par le biais d’un serment, il dit à son cousin décédé : “Si Dieu doit m’ôter la vie, que ce soit dans mon pays bien-aimé.” » Cette #chanson en espagnol raconte le périple d’un Mexicain qui, ayant vu son cousin mourir au cours du voyage vers les États-Unis, se résout à rebrousser chemin. Enregistrée en 2008 grâce à des fonds gouvernementaux américains, elle fut envoyée aux radios de plusieurs pays d’Amérique centrale par une agence de #publicité privée, laquelle se garda bien de révéler l’identité du commanditaire (1).

    Arme de découragement typiquement américaine ? Plusieurs États européens recourent eux aussi à ces méthodes de #communication_dissuasive, en particulier depuis la « crise » des réfugiés de l’été 2015. En #Hongrie comme au #Danemark, les pouvoirs publics ont financé des publicités dans des quotidiens libanais et jordaniens. « Les Hongrois sont hospitaliers, mais les sanctions les plus sévères sont prises à l’encontre de ceux qui tentent d’entrer illégalement en Hongrie », lisait-on ici. « Le Parlement danois vient d’adopter un règlement visant à réduire de 50 % les prestations sociales pour les réfugiés nouvellement arrivés », apprenait-on là (2). En 2017, plusieurs #artistes ouest-africains dansaient et chantaient dans un #clip intitulé #Bul_Sank_sa_Bakane_bi (« Ne risque pas ta vie »). « L’immigration est bonne si elle est légale », « Reste en Afrique pour la développer, il n’y a pas mieux qu’ici », « Jeunesse, ce que tu ignores, c’est qu’à l’étranger ce n’est pas aussi facile que tu le crois », clamait cette chanson financée par le gouvernement italien dans le cadre d’une opération de l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) baptisée « #Migrants_conscients » (3).

    « Pourquoi risquer votre vie ? »

    Ces campagnes qui ciblent des personnes n’ayant pas encore tenté de rejoindre l’Occident, mais susceptibles de vouloir le faire, insistent sur l’inutilité de l’immigration irrégulière (ceux qui s’y essaient seront systématiquement renvoyés chez eux) et sur les rigueurs de l’« État-providence ». Elles mettent en avant les dangers du voyage, la dureté des #conditions_de_vie dans les pays de transit et de destination, les #risques de traite, de trafic, d’exploitation ou tout simplement de mort. Point commun de ces mises en scène : ne pas évoquer les politiques restrictives qui rendent l’expérience migratoire toujours plus périlleuse. Elles cherchent plutôt à agir sur les #choix_individuels.

    Déployées dans les pays de départ et de transit, elles prolongent l’#externalisation du contrôle migratoire (4) et complètent la surveillance policière des frontières par des stratégies de #persuasion. L’objectif de #contrôle_migratoire disparaît sous une terminologie doucereuse : ces campagnes sont dites d’« #information » ou de « #sensibilisation », un vocabulaire qui les associe à des actions humanitaires, destinées à protéger les aspirants au départ. Voire à protéger les populations restées au pays des mensonges de leurs proches : une vidéo financée par la #Suisse (5) à destination du Cameroun enjoint ainsi de se méfier des récits des émigrés, supposés enjoliver l’expérience migratoire (« Ne croyez pas tout ce que vous entendez »).

    Initialement appuyées sur des médias traditionnels, ces actions se développent désormais via #Facebook, #Twitter ou #YouTube. En #Australie, le gouvernement a réalisé en 2014 une série de petits films traduits dans une quinzaine de langues parlées en Asie du Sud-Est, en Afghanistan et en Indonésie : « Pas question. Vous ne ferez pas de l’Australie votre chez-vous. » Des responsables militaires en treillis exposent d’un ton martial la politique de leur pays : « Si vous voyagez par bateau sans visa, vous ne pourrez jamais faire de l’Australie votre pays. Il n’y a pas d’exception. Ne croyez pas les mensonges des passeurs » (6).

    Les concepteurs ont sollicité YouTube afin que la plate-forme diffuse les #vidéos sous la forme de publicités précédant les contenus recherchés par des internautes susceptibles d’émigrer. Le recours aux #algorithmes permet en effet de cibler les utilisateurs dont le profil indique qu’ils parlent certaines langues, comme le farsi ou le vietnamien. De même, en privilégiant des vidéos populaires chez les #jeunes, YouTube facilite le #ciblage_démographique recherché. Par la suite, ces clips ont envahi les fils d’actualités Facebook de citoyens australiens issus de l’immigration, sélectionnés par l’#algorithme car ils parlent l’une des langues visées par la campagne. En s’adressant à ces personnes nées en Australie, les autorités espéraient qu’elles inviteraient elles-mêmes les ressortissants de leur pays d’origine à rester chez eux (7).

    C’est également vers Facebook que se tourne le gouvernement de la #Norvège en 2015. Accusé de passivité face à l’arrivée de réfugiés à la frontière russe, il finance la réalisation de deux vidéos, « Pourquoi risquer votre vie ? » et « Vous risquez d’être renvoyés » (8). Les utilisateurs du réseau social avaient initialement la possibilité de réagir, par le biais des traditionnels « j’aime » ou en postant des commentaires, ce qui aurait dû permettre une circulation horizontale, voire virale, de ces vidéos. Mais l’option fut suspendue après que la page eut été inondée de commentaires haineux issus de l’extrême droite, suscitant l’embarras de l’État.

    Ici encore, Facebook offre — ou plutôt, commercialise — la possibilité de cibler des jeunes hommes originaires d’Afghanistan, d’Éthiopie et d’Érythrée, dont le gouvernement norvégien considère qu’ils ne relèvent pas du droit d’asile. L’algorithme sélectionne en particulier les personnes situées hors de leur pays d’origine qui ont fait des recherches sur Internet dénotant leur intérêt pour l’Europe et la migration. Il s’agit de toucher des migrants en transit, qui hésitent quant à leur destination, et de les dissuader de choisir la Norvège. Les Syriens ne font pas partie des nationalités visées, afin de ne pas violer le droit d’asile. De même, le message mentionne explicitement que seuls les adultes seront refoulés, afin de ne pas contester le droit des enfants à être pris en charge.

    À plusieurs reprises, depuis 2015, les autorités belges ont elles aussi utilisé Facebook pour ce type d’initiatives (9). En 2018, des photographies de centres de détention et d’un jeune migrant menotté, assorties du slogan « Non à l’immigration illégale. Ne venez pas en #Belgique » (10), furent relayées à partir d’une page Facebook créée pour l’occasion par l’Office des étrangers. Cette page n’existait toutefois qu’en anglais, ce qui a fait croire à un faux (y compris parmi les forces de l’ordre), poussant le gouvernement belge à la supprimer au profit d’un site plus classique, humblement intitulé « Faits sur la Belgique » (11).

    Si de telles initiatives prolifèrent, c’est que les États européens sont engagés dans une course à la dissuasion qui les oppose les uns aux autres. Le 30 mai 2018, en France, M. Gérard Collomb, alors ministre de l’intérieur, affirmait lors d’une audition au Sénat que les migrants faisaient du « #benchmarking » pour identifier les pays les plus accueillants. Cette opinion semble partagée par ses pairs, et les États se montrent non seulement fermes, mais soucieux de le faire savoir.

    Le recours aux plates-formes de la Silicon Valley s’impose d’autant plus aisément que les autorités connaissent l’importance de ces outils dans le parcours des migrants. Une très large majorité d’entre eux sont en effet connectés. Ils dépendent de leur #téléphone_portable pour communiquer avec leur famille, se repérer grâce au #GPS, se faire comprendre par-delà les barrières linguistiques, conserver des photographies et des témoignages des atrocités qui justifient leur demande d’asile, appeler au secours en cas de naufrage ou de danger, ou encore retrouver des connaissances et des compatriotes dispersés.

    Un doute taraudait les autorités des États occidentaux : en connectant les individus et en leur facilitant l’accès à diverses sources d’information, les #technologies_numériques ne conféraient-elles pas une plus grande #autonomie aux migrants ? Ne facilitaient-elles pas en définitive l’immigration irrégulière (12) ? Dès lors, elles s’emploieraient à faire de ces mêmes outils la solution au problème : ils renseignent sur la #localisation et les caractéristiques des migrants, fournissant un canal privilégié de communication vers des publics ciblés.

    Systématiquement financées par les États occidentaux et impliquant de plus en plus souvent les géants du numérique, ces campagnes mobilisent aussi d’autres acteurs. Adopté sous les auspices de l’Organisation des Nations unies en 2018, le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (ou pacte de Marrakech) recommande ainsi de « mener des campagnes d’information multilingues et factuelles », d’organiser des « réunions de sensibilisation dans les pays d’origine », et ce notamment pour « mettre en lumière les risques qu’il y a à entreprendre une migration irrégulière pleine de dangers ». Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et l’OIM jouent donc le rôle d’intermédiaires privilégiés pour faciliter le financement de ces campagnes des États occidentaux en dehors de leur territoire.

    Efficacité douteuse

    Interviennent également des entreprises privées spécialisées dans le #marketing et la #communication. Installée à Hongkong, #Seefar développe des activités de « #communication_stratégique » à destination des migrants potentiels en Afghanistan ou en Afrique de l’Ouest. La société australienne #Put_It_Out_There_Pictures réalise pour sa part des vidéos de #propagande pour le compte de gouvernements occidentaux, comme le #téléfilm #Journey, qui met en scène des demandeurs d’asile tentant d’entrer clandestinement en Australie.

    Enfin, des associations humanitaires et d’aide au développement contribuent elles aussi à ces initiatives. Créée en 2015, d’abord pour secourir des migrants naufragés en Méditerranée, l’organisation non gouvernementale (ONG) #Proactiva_Open_Arms s’est lancée dans des projets de ce type en 2019 au Sénégal (13). Au sein des pays de départ, des pans entiers de la société se rallient à ces opérations : migrants de retour, journalistes, artistes, dirigeants associatifs et religieux… En Guinée, des artistes autrefois engagés pour l’ouverture des frontières militent à présent pour l’#immobilisation de leurs jeunes compatriotes (14).

    Le #discours_humanitaire consensuel qui argue de la nécessité de protéger les migrants en les informant facilite la coopération entre États, organisations internationales, secteurs privé et associatif. La plupart de ces acteurs sont pourtant étrangers au domaine du strict contrôle des frontières. Leur implication témoigne de l’extension du domaine de la lutte contre l’immigration irrégulière.

    Avec quelle #efficacité ? Il existe très peu d’évaluations de l’impact de ces campagnes. En 2019, une étude norvégienne (15) a analysé leurs effets sur des migrants en transit à Khartoum, avec des résultats peu concluants. Ils étaient peu nombreux à avoir eu connaissance des messages gouvernementaux et ils s’estimaient de toute manière suffisamment informés, y compris à propos des aspects les plus sombres de l’expérience migratoire. Compte tenu de la couverture médiatique des drames de l’immigration irrégulière, il paraît en effet vraisemblable que les migrants potentiels connaissent les risques… mais qu’ils migrent quand même.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/03/PECOUD/62833
    #migrations #réfugiés #privatisation #Italie #humanitaire #soft_power

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    Ajouté à la métaliste sur les #campagnes de #dissuasion à l’#émigration :
    https://seenthis.net/messages/763551

    ping @isskein @karine4 @_kg_ @rhoumour @etraces

  • La Commune et la révolte des artistes
    https://lvsl.fr/la-commune-et-la-revolte-des-artistes


    Tandis que les Prussiens assiègent Paris, Gustave Courbet exhorte les artistes à soutenir collectivement l’insurrection. Avec un gouvernement en fuite et des ennemis aux portes de la capitale, la situation critique fournit l’occasion de recouvrer un honneur que la France a perdu à Sedan. Par esprit d’utopie ou par désir de révolte, les artistes communards sortent alors de leurs ateliers pour dépeindre une vie libre et digne, dont les hommes seraient les acteurs et Paris, la scène.

    (pas encore lu)
    #commune #art #artistes #histoire

  • #Femmes #Artistes

    Naomi Rosenblum, Historian of Photography, Dies at 96 - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2021/03/05/arts/naomi-rosenblum-dead.html

    Histories of photography traditionally focused on England, France and the United States. But Dr. Rosenblum’s major contribution, “A World History of Photography” (1984), provided a true global perspective. The book was translated into several languages and remains a standard text in the field.

    Her other major work, “A History of Women Photographers” (1994), traced their accomplishments from the mid-1800s through the late 20th century. As she wrote, women’s participation in photography accelerated after George Eastman introduced the easier-to-use Kodak camera in 1888.

  • Le musée d’Orsay s’associe à AWARE pour promouvoir 40 #artistes #femmes des XIXe et XXe siècles | Connaissance des Arts
    https://www.connaissancedesarts.com/musees/musee-orsay/le-musee-dorsay-sassocie-a-aware-pour-promouvoir-40-artistes-fe

    Depuis 2014, AWARE travaille à rendre visibles en France et à l’internationale les artistes femmes du XXe siècles et leurs œuvres, bien trop souvent méconnus, en produisant sur son site des contenus scientifiques en français et en anglais, accessibles gratuitement. Aujourd’hui, plus de 720 portraits sont disponibles. Grâce à ce nouveau partenariat avec le musée d’Orsay, 40 textes biographiques d’artistes peintres, dessinatrices et sculptrices s’ajouteront cette année à la base d’AWARE. Ainsi les notices d’artistes telles que Sarah Bernhardt, Félicie de Fauveau, Rosa Bonheur, Mary Cassatt ou encore Berthe Morisot seront progressivement ajoutées entre mars et décembre 2021.