Art et politique. En Palestine, ceci n’est pas une pastèque
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La première récolte de pastèques dont on a des traces remonte à environ cinq mille ans en Égypte. Ce fruit, largement consommé frais en morceaux dans le monde entier, occupe une place particulière dans la gastronomie palestinienne, où il est utilisé dans les salades, mais aussi grillé au barbecue où sa peau est marinée.
Cependant, son importance culturelle ne se limite pas à son rôle dans la cuisine palestinienne. En raison de ses couleurs blanche, verte, rouge et noire, il est devenu un symbole pour représenter le drapeau de la Palestine, après qu’Israël a interdit son affichage public à Gaza et en Cisjordanie.
Dans les années 1980, les forces d’occupation ont confisqué les œuvres d’art de la Galerie 79 de la ville de Ramallah, un centre d’activités culturelles fermé par les autorités israéliennes. À ce moment-là, ils ont arrêté trois artistes plasticiens palestiniens renommés. Les soldats israéliens ont averti Silman Mansour, Nabil Anani et Isam Badr qu’ils devaient supprimer les références politiques dans leurs œuvres d’art. Silman Mansour a rapporté lui-même ce que le chef des forces de répression israéliennes leur a dit : « Pourquoi faites-vous de l’art politique ? Pourquoi ne peignez-vous pas de belles fleurs ou des nus ? », avant de leur ordonner de montrer leurs tableaux afin de déterminer s’ils étaient acceptables ou s’ils seraient censurés pour l’exposition. L’ordre était de ne pas utiliser les couleurs rouge, verte, blanche et noire, car ce sont les couleurs du drapeau palestinien. Isam Badr a alors dit : « Eh bien, si je peins une fleur avec ces couleurs, que ferez-vous ? » Et l’officier a répondu : « Elle serait confisquée. Même si vous peignez une pastèque, elle vous sera confisquée. »