• Loin des carnivores
    https://laviedesidees.fr/Loin-des-carnivores

    L’autrice sud-coréenne, prix Nobel de #littérature en 2024, raconte dans l’un de ses romans la décision implacable d’une jeune femme qui rompt avec la #viande et le sexe. Ce faisant, la littérature fait sécession avec une société emportée par sa vitesse et ses oublis.

    #Arts #féminisme #famille #Asie #Portraits #Corée_du_Sud
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250627_han_kang_3_.pdf

  • Asie : La conférence sur l’agroécologie met en lumière les diverses expériences de souveraineté paysanne en matière de semences

    En mai dernier, l’Association des femmes paysannes coréennes (KWPA) a accueilli la réunion continentale de La Via Campesina sur l’agroécologie et les semences, réunissant 11 organisations membres de 10 pays de la région. La conférence a constitué une plateforme essentielle pour les participant·es – majoritairement des femmes paysannes – afin de partager leurs contextes nationaux, échanger sur leurs expériences de protection des semences et relier leurs luttes à la campagne mondiale de La Via Campesina pour la défense des semences paysannes.

    Dans le cadre de cette rencontre, un événement public s’est tenu à l’Assemblée nationale de Corée le 13 mai, visant à sensibiliser le grand public à la lutte portée par La Via Campesina pour la défense des semences paysannes. Anuka Vimukthi, de MONLAR au Sri Lanka et membre du Comité international de coordination de La Via Campesina, a souligné combien le contrôle des semences par les paysans est fondamental pour atteindre la souveraineté alimentaire.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/06/13/asie-la-conference-sur-lagroecologie-met-en-lu

    #international #asie

  • « En Russie, l’impact démographique de la guerre en Ukraine s’ajoute au déclin structurel de la population depuis la chute de l’URSS »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/04/12/en-russie-l-impact-demographique-de-la-guerre-en-ukraine-s-ajoute-au-declin-

    « En Russie, l’impact démographique de la guerre en Ukraine s’ajoute au déclin structurel de la population depuis la chute de l’URSS »
    Tatiana Kastouéva-Jean
    Directrice du Centre Russie/Eurasie de l’IFRI
    L’un des problèmes actuels de l’économie russe, reconnu par tous les hauts responsables, est le manque de main-d’œuvre. Fin 2024, plus de 80 % des entreprises russes déclarent éprouver des difficultés à recruter, dans un marché du travail où le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau historique, 2,4 % en mars. Aucun secteur n’est épargné, y compris le complexe militaro-industriel dans lequel l’Etat russe investit massivement depuis 2022.
    Pour faire face, les employeurs proposent des salaires de plus en plus attractifs, alimentant l’inflation. Ils révisent à la baisse le niveau d’exigence pour les recrutements, alors qu’aucun indicateur ne permet de constater une amélioration de la productivité du travail en Russie, qui représente un peu plus de la moitié de celle des Etats-Unis, selon une récente étude russe.
    Le manque de cadres, notamment, s’est aggravé avec la guerre en Ukraine : des centaines de milliers de personnes combattent au front ou comptent déjà parmi les morts et les blessés. Jusqu’à 1 million de personnes auraient quitté le pays pour échapper au durcissement du régime ou à la mobilisation militaire.Cet impact démographique de la guerre s’ajoute au déclin structurel de la population depuis la chute de l’URSS. Le faible taux de natalité des années 1990 a abouti à des générations creuses qui font aussi peu d’enfants. Selon l’agence fédérale des statistiques, Rosstat, on comptait plus de 12 millions de Russes entre 15 et 19 ans en 2001, mais seulement 7,8 millions en 2024. Et l’annexion de la Crimée et des quatre régions ukrainiennes, intégrées dans les statistiques russes depuis 2023, ne corrige pas la tendance de fond.
    L’immigration pourrait être une réponse. Mais l’arrivée de travailleurs étrangers – venant majoritairement de pays d’Asie centrale, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan – est perçue avec méfiance par la population russe. Après l’attentat sanglant du Crocus Center en mars 2024, commis par des ressortissants tadjiks, plus de 80 000 migrants en situation irrégulière ont été expulsés, soit deux fois plus qu’en 2023.La plupart des migrants sont mal intégrés en Russie : sous-payés et ayant peu de droits, ils vivent souvent en communautés closes, qui sont aussi parfois des foyers de radicalisation. Selon une décision récente, les écoles russes n’accepteront désormais plus les enfants ne maîtrisant pas la langue russe : une mesure qui risque d’accentuer l’isolement des communautés immigrées et de décourager les nouvelles arrivées.
    La situation pousse les autorités et les employeurs dans une recherche frénétique de solutions. Ceux de l’Extrême-Orient se tournent vers des pays plus exotiques comme, par exemple, la Corée du Nord ou la Birmanie pour le secteur du bâtiment. Plusieurs entreprises du textile ont commencé un transfert de la production vers l’Asie centrale. Une idée surprenante concerne le « visa idéologique » que les autorités russes proposent depuis août 2024 aux personnes qui fuient les politiques néolibérales de leurs pays natals et partagent les valeurs traditionnelles russes. A la différence des exigences pour les migrants centrasiatiques, ces visas ne demandent pas la maîtrise du russe. Depuis janvier 2024, un institut a vu le jour pour faciliter le retour des compatriotes partis à l’étranger. Il ne s’agit pourtant que de gouttes dans l’océan des besoins du marché du travail russe.
    La tension actuelle sur le marché du travail se combine à la réflexion sur la démographie de demain. Le président russe prône la famille nombreuse comme nouvelle norme. Des mesures natalistes – financements, avantages sociaux, accès facilité au logement – sont en vigueur depuis plusieurs années en Russie, mais n’apportent pas le résultat escompté. Le taux de fécondité y est actuellement de 1,41, malgré quelques exceptions régionales, comme en
    La diffusion des idées childfree [faire le choix de ne pas avoir d’enfant] ou des thématiques LGBTQ+ a été interdite en Russie. Le débat est régulièrement relancé sur l’interdiction de l’avortement, sans aboutir pour l’instant, car l’idée est peu populaire dans la société russe, qui, dans ses comportements, est proche du mode de vie occidental et n’apprécie pas l’ingérence de l’Etat dans ce domaine privé. Mais une dizaine de régions proposent des aides financières aux mineures enceintes pour les inciter à garder l’enfant.
    Il est légitime de douter du succès en temps de guerre des mesures natalistes qui n’ont pas apporté les résultats escomptés en temps de paix. Selon les prévisions médianes de l’ONU, si l’actuelle tendance démographique se poursuit en Russie, sa population se réduira à moins de 136 millions de personnes d’ici à 2050 (contre 144 millions en 2023). De quoi se poser des questions sur son développement économique, mais aussi ses ambitions de grande puissance.

    #Covid-19#migrant#migration#russie#demographie#guerre#economie#travailleurmigrant#asie#ouzbekistan#tadjikistan#kirghizistan#coree#birmanie

  • Carnets de villes – Oulan-Bator
    https://metropolitiques.eu/Carnets-de-villes-Oulan-Bator.html

    Combien de villes coexistent à Oulan-Bator ? Des formes d’habitat bien distinctes s’y entrecroisent, s’y contredisent parfois. Au siècle dernier, des situations d’entre-deux se sont installées. Que reste-t-il de ces cultures spatiales et de ces héritages contrastés ? Dans cet épisode, l’architecte Olivier Boucheron et l’anthropologue Maria Anita Palumbo nous emmènent à la rencontre des habitantes et habitants de la capitale mongole. Émission : Carnets de villes Entre la Chine et la Russie, la #Mongolie #Podcasts

    / Mongolie, #Asie

  • Déclaration de Colombo : Contre l’accord avec le FMI, la dette et l’austérité

    Les participant·es à la 11e réunion du CADTM en Asie du Sud, originaires du Bangladesh, de l’Inde, du Pakistan, du Sri Lanka, ainsi que du Maroc, des Philippines, du Brésil, de la Belgique et de l’Espagne, se sont réuni·es à Colombo, au Sri Lanka, du 31 janvier au 1er février 2025. Nous réaffirmons notre engagement à lutter contre la dette illégitime.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/12/annuler-les-dettes-pour-assurer-la-justice-climatique/#comment-64825

    #asie #dette

  • La loi des séries
    https://laviedesidees.fr/La-loi-des-series

    Ici, les concurrents risquent leur vie de plein gré, sans qu’il soit jamais question de morale ni d’idéal commun. Le corps-à-corps a remplacé la délibération. À l’heure où le président sud-coréen tente de balayer l’opposition démocratique, la politique rejoint la fiction.

    #International #Arts #capitalisme #démocratie #élections #violence #massacre #Asie #Corée_du_Sud
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250204_squid_coree.pdf

  • « La peur de Poutine » prend fin

    Selon de nombreux rapports d‘agences de presse d’Asie centrale et d’Azerbaïdjan, la construction d’un chemin de fer qui reliera la Chine, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan, en contournant la Russie, a officiellement commencé.

    Le nouveau chemin de fer facilitera le transport de marchandises de la Chine vers les pays de l’UE via l’Asie centrale. Le 27 décembre, lors de la cérémonie de début de la construction du chemin de fer au Kirghizistan, le président Sadyr Japarov a déclaré que la « route » deviendrait non seulement un projet stratégique, mais aussi un lien vital entre l’Ouest et l’Est. Le nouveau corridor Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan deviendra une émanation du « Pont Sud » du continent eurasien et ouvrira l’accès aux marchés de l’Asie occidentale et du Moyen-Orient.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/01/06/la-peur-de-poutine-prend-fin

    #international #asie

  • Le cauchemar des migrants employés dans les fermes britanniques
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/02/le-cauchemar-des-migrants-employes-dans-les-fermes-britanniques_6478218_3234

    Le cauchemar des migrants employés dans les fermes britanniques
    Par Julie Zaugg (Londres, correspondance)
    Les immigrés vivent entassés à trois ou quatre par chambre, se partageant une minuscule salle de bains insalubre. Dans le couloir, des sacoches Deliveroo laissent entrevoir comment ils gagnent leur vie. Cet ancien hôtel, sis dans le quartier populaire de Stratford, dans l’est de Londres, n’abrite que des Indonésiens vivant illégalement dans le pays. Une fois par semaine, ils versent 100 livres (120 euros) au propriétaire, en argent comptant.
    Agung (son prénom a été modifié), 21 ans, est l’un des résidents. Il est arrivé au Royaume-Uni en juillet 2022, après avoir vu une annonce sur Facebook pour un visa de saisonnier. « J’avais besoin d’argent pour financer des études d’agronomie, alors j’ai tenté le coup », raconte le jeune homme en frissonnant dans sa doudoune trop fine.
    Avant le Brexit, le Royaume-Uni se reposait sur des travailleurs agricoles en provenance d’Europe de l’Est pour cueillir ses fraises, ses framboises et ses pommes. « Mais après la sortie de l’Union européenne, en 2020, ils n’ont plus eu le droit de venir, explique Adis Sehic, de l’ONG Work Rights Centre. Le gouvernement a alors créé un visa de saisonnier qui donne le droit de travailler au Royaume-Uni durant six mois. » Chaque année, il peut en délivrer 45 000.Une poignée d’opérateurs sont chargés de recruter les ouvriers et de les placer dans des fermes. Les deux premières années, près de 90 % sont venus d’Ukraine et de Russie, mais la guerre a fait chuter leur nombre. Ils ont été remplacés par des Indonésiens, des Népalais et des ressortissants d’Asie centrale, selon les statistiques officielles du gouvernement.
    Agung a été mis en contact avec l’agence Al Zubara Manpower, qui avait noué un contrat de sous-traitance avec l’un des opérateurs du visa de saisonnier. « Ils m’ont promis deux séjours de six mois au Royaume-Uni et m’ont assuré que je gagnerais au moins 2 500 livres par mois », relate-t-il. L’agence lui facture 65 millions de roupies indonésiennes (3 860 euros) pour le vol, les frais de visa, un contrôle de santé, une semaine de « formation » sans véritable contenu et ses honoraires. « Mon oncle m’a donné 15 000 roupies et l’agence m’a prêté le reste », glisse le jeune homme originaire de la banlieue de Djakarta, qui avait 17 ans à l’époque. La maison de ses parents sert de garantie pour cet emprunt.
    Un sondage réalisé auprès des détenteurs du visa de saisonnier par l’ONG Flex a démontré que 72 % s’étaient endettés pour venir au Royaume-Uni. Les montants dus oscillaient entre 4 000 et 5 300 euros, mais certains avaient emprunté jusqu’à 14 000 euros. « Il s’agit de sommes colossales dans un pays comme l’Indonésie, où le salaire moyen ne dépasse pas 300 dollars (288 euros) par mois », rappelle Catherine McAndrew, coordinatrice pour l’ONG Landworkers Alliance. La pratique est illégale. « Le droit britannique interdit les frais de recrutement dans le pays d’origine de l’ouvrier, indique Jamila Duncan-Bosu, une avocate spécialiste des questions d’emploi qui assiste Agung. Seules les dépenses liées au billet d’avion et au visa sont autorisées. »
    A son arrivée au Royaume-Uni, Agung est placé dans une ferme près de Birmingham, dans le centre du pays. « Nous commencions la journée à l’aube et étions dans les champs dix à douze heures par jour, six jours par semaine, raconte-t-il. Cet été-là, la température est montée à 40 C°. Certains de mes collègues se sont évanouis. Moi, j’avais de la peine à respirer. » Le plus difficile, ce sont les quotas : « Nous devions remplir sept plateaux par heure [environ 28 kilos de fruits]. Les trois quarts d’entre nous n’y arrivaient pas. » Ils sont alors renvoyés dans leur caravane et mis au chômage forcé jusqu’à la fin de la journée.
    Au bout d’un mois, alors que l’été touche à sa fin, le travail s’assèche et Agung est transféré dans une deuxième ferme, puis une troisième. Fin octobre, on l’informe qu’il n’y a plus de fruits à cueillir, alors que son visa court jusqu’en janvier. « Une fois les frais de logement, d’électricité, de transport et d’alimentation déduits, je n’avais gagné que 950 livres, même pas de quoi rembourser ma dette », glisse-t-il.
    Quelque 19 % des détenteurs de visa saisonnier ont travaillé moins de quatre mois, selon une enquête du gouvernement britannique réalisée en 2022. Cet été, cinq Indonésiens ont été renvoyés après six semaines, car ils peinaient à atteindre les quotas de cueillette.
    Les saisonniers se font en outre fréquemment avoir. « Les fiches de paie sous-estiment le nombre d’heures travaillées, indique Caroline Robinson, qui a fondé l’organisation de soutien Worker Support Centre. Les ouvriers vont passer plus de douze heures dans les champs, mais on ne leur rémunère que sept ou huit heures de travail. »
    Bien décidé à ne pas rentrer au pays les mains vides, Agung a passé deux jours à dormir sur un banc dans la gare de York (dans le nord-est du Royaume-Uni), avant de décrocher un emploi clandestin dans les cuisines d’un restaurant chinois. « Je dormais sur un matelas dans un débarras et j’étais payé 300 livres par semaine », relate-t-il. En plus de l’échec personnel, il craint de subir des représailles de la part de son agence, à laquelle il doit toujours 22 millions de roupies indonésiennes (1 304 euros). « Des collecteurs de dette se postent régulièrement devant la maison de mes parents pour les intimider », dit-il. Il a également reçu des menaces par WhatsApp.
    Début 2023, il gagne Londres et dépose une demande d’asile. Il entame aussi une procédure judiciaire contre le département de l’intérieur, argumentant qu’il est une victime de trafic humain, dans l’espoir d’obtenir un dédommagement. Il espère néanmoins rentrer un jour. Son rêve ? « Une ferme où je ferais pousser des avocats et des durians… »

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#economie#agriculture#visas#asie#saisonnier#droit#sante#politiquemigratoire

  • Le cauchemar des migrants employés dans les fermes britanniques
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/02/le-cauchemar-des-migrants-employes-dans-les-fermes-britanniques_6478218_3234

    Le cauchemar des migrants employés dans les fermes britanniques
    Par Julie Zaugg (Londres, correspondance)
    Les immigrés vivent entassés à trois ou quatre par chambre, se partageant une minuscule salle de bains insalubre. Dans le couloir, des sacoches Deliveroo laissent entrevoir comment ils gagnent leur vie. Cet ancien hôtel, sis dans le quartier populaire de Stratford, dans l’est de Londres, n’abrite que des Indonésiens vivant illégalement dans le pays. Une fois par semaine, ils versent 100 livres (120 euros) au propriétaire, en argent comptant.
    Agung (son prénom a été modifié), 21 ans, est l’un des résidents. Il est arrivé au Royaume-Uni en juillet 2022, après avoir vu une annonce sur Facebook pour un visa de saisonnier. « J’avais besoin d’argent pour financer des études d’agronomie, alors j’ai tenté le coup », raconte le jeune homme en frissonnant dans sa doudoune trop fine.
    Avant le Brexit, le Royaume-Uni se reposait sur des travailleurs agricoles en provenance d’Europe de l’Est pour cueillir ses fraises, ses framboises et ses pommes. « Mais après la sortie de l’Union européenne, en 2020, ils n’ont plus eu le droit de venir, explique Adis Sehic, de l’ONG Work Rights Centre. Le gouvernement a alors créé un visa de saisonnier qui donne le droit de travailler au Royaume-Uni durant six mois. » Chaque année, il peut en délivrer 45 000.Une poignée d’opérateurs sont chargés de recruter les ouvriers et de les placer dans des fermes. Les deux premières années, près de 90 % sont venus d’Ukraine et de Russie, mais la guerre a fait chuter leur nombre. Ils ont été remplacés par des Indonésiens, des Népalais et des ressortissants d’Asie centrale, selon les statistiques officielles du gouvernement.
    Agung a été mis en contact avec l’agence Al Zubara Manpower, qui avait noué un contrat de sous-traitance avec l’un des opérateurs du visa de saisonnier. « Ils m’ont promis deux séjours de six mois au Royaume-Uni et m’ont assuré que je gagnerais au moins 2 500 livres par mois », relate-t-il. L’agence lui facture 65 millions de roupies indonésiennes (3 860 euros) pour le vol, les frais de visa, un contrôle de santé, une semaine de « formation » sans véritable contenu et ses honoraires. « Mon oncle m’a donné 15 000 roupies et l’agence m’a prêté le reste », glisse le jeune homme originaire de la banlieue de Djakarta, qui avait 17 ans à l’époque. La maison de ses parents sert de garantie pour cet emprunt.
    Un sondage réalisé auprès des détenteurs du visa de saisonnier par l’ONG Flex a démontré que 72 % s’étaient endettés pour venir au Royaume-Uni. Les montants dus oscillaient entre 4 000 et 5 300 euros, mais certains avaient emprunté jusqu’à 14 000 euros. « Il s’agit de sommes colossales dans un pays comme l’Indonésie, où le salaire moyen ne dépasse pas 300 dollars (288 euros) par mois », rappelle Catherine McAndrew, coordinatrice pour l’ONG Landworkers Alliance. La pratique est illégale. « Le droit britannique interdit les frais de recrutement dans le pays d’origine de l’ouvrier, indique Jamila Duncan-Bosu, une avocate spécialiste des questions d’emploi qui assiste Agung. Seules les dépenses liées au billet d’avion et au visa sont autorisées. »
    A son arrivée au Royaume-Uni, Agung est placé dans une ferme près de Birmingham, dans le centre du pays. « Nous commencions la journée à l’aube et étions dans les champs dix à douze heures par jour, six jours par semaine, raconte-t-il. Cet été-là, la température est montée à 40 C°. Certains de mes collègues se sont évanouis. Moi, j’avais de la peine à respirer. » Le plus difficile, ce sont les quotas : « Nous devions remplir sept plateaux par heure [environ 28 kilos de fruits]. Les trois quarts d’entre nous n’y arrivaient pas. » Ils sont alors renvoyés dans leur caravane et mis au chômage forcé jusqu’à la fin de la journée.
    Au bout d’un mois, alors que l’été touche à sa fin, le travail s’assèche et Agung est transféré dans une deuxième ferme, puis une troisième. Fin octobre, on l’informe qu’il n’y a plus de fruits à cueillir, alors que son visa court jusqu’en janvier. « Une fois les frais de logement, d’électricité, de transport et d’alimentation déduits, je n’avais gagné que 950 livres, même pas de quoi rembourser ma dette », glisse-t-il.
    Quelque 19 % des détenteurs de visa saisonnier ont travaillé moins de quatre mois, selon une enquête du gouvernement britannique réalisée en 2022. Cet été, cinq Indonésiens ont été renvoyés après six semaines, car ils peinaient à atteindre les quotas de cueillette.
    Les saisonniers se font en outre fréquemment avoir. « Les fiches de paie sous-estiment le nombre d’heures travaillées, indique Caroline Robinson, qui a fondé l’organisation de soutien Worker Support Centre. Les ouvriers vont passer plus de douze heures dans les champs, mais on ne leur rémunère que sept ou huit heures de travail. »
    Bien décidé à ne pas rentrer au pays les mains vides, Agung a passé deux jours à dormir sur un banc dans la gare de York (dans le nord-est du Royaume-Uni), avant de décrocher un emploi clandestin dans les cuisines d’un restaurant chinois. « Je dormais sur un matelas dans un débarras et j’étais payé 300 livres par semaine », relate-t-il. En plus de l’échec personnel, il craint de subir des représailles de la part de son agence, à laquelle il doit toujours 22 millions de roupies indonésiennes (1 304 euros). « Des collecteurs de dette se postent régulièrement devant la maison de mes parents pour les intimider », dit-il. Il a également reçu des menaces par WhatsApp.
    Début 2023, il gagne Londres et dépose une demande d’asile. Il entame aussi une procédure judiciaire contre le département de l’intérieur, argumentant qu’il est une victime de trafic humain, dans l’espoir d’obtenir un dédommagement. Il espère néanmoins rentrer un jour. Son rêve ? « Une ferme où je ferais pousser des avocats et des durians… »

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#economie#agriculture#visas#asie#saisonnier#droit#sante#politiquemigratoire

  • Le cauchemar des migrants employés dans les fermes britanniques
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/02/le-cauchemar-des-migrants-employes-dans-les-fermes-britanniques_6478218_3234

    Le cauchemar des migrants employés dans les fermes britanniques
    Par Julie Zaugg (Londres, correspondance)
    Les immigrés vivent entassés à trois ou quatre par chambre, se partageant une minuscule salle de bains insalubre. Dans le couloir, des sacoches Deliveroo laissent entrevoir comment ils gagnent leur vie. Cet ancien hôtel, sis dans le quartier populaire de Stratford, dans l’est de Londres, n’abrite que des Indonésiens vivant illégalement dans le pays. Une fois par semaine, ils versent 100 livres (120 euros) au propriétaire, en argent comptant.
    Agung (son prénom a été modifié), 21 ans, est l’un des résidents. Il est arrivé au Royaume-Uni en juillet 2022, après avoir vu une annonce sur Facebook pour un visa de saisonnier. « J’avais besoin d’argent pour financer des études d’agronomie, alors j’ai tenté le coup », raconte le jeune homme en frissonnant dans sa doudoune trop fine.
    Avant le Brexit, le Royaume-Uni se reposait sur des travailleurs agricoles en provenance d’Europe de l’Est pour cueillir ses fraises, ses framboises et ses pommes. « Mais après la sortie de l’Union européenne, en 2020, ils n’ont plus eu le droit de venir, explique Adis Sehic, de l’ONG Work Rights Centre. Le gouvernement a alors créé un visa de saisonnier qui donne le droit de travailler au Royaume-Uni durant six mois. » Chaque année, il peut en délivrer 45 000.Une poignée d’opérateurs sont chargés de recruter les ouvriers et de les placer dans des fermes. Les deux premières années, près de 90 % sont venus d’Ukraine et de Russie, mais la guerre a fait chuter leur nombre. Ils ont été remplacés par des Indonésiens, des Népalais et des ressortissants d’Asie centrale, selon les statistiques officielles du gouvernement.
    Agung a été mis en contact avec l’agence Al Zubara Manpower, qui avait noué un contrat de sous-traitance avec l’un des opérateurs du visa de saisonnier. « Ils m’ont promis deux séjours de six mois au Royaume-Uni et m’ont assuré que je gagnerais au moins 2 500 livres par mois », relate-t-il. L’agence lui facture 65 millions de roupies indonésiennes (3 860 euros) pour le vol, les frais de visa, un contrôle de santé, une semaine de « formation » sans véritable contenu et ses honoraires. « Mon oncle m’a donné 15 000 roupies et l’agence m’a prêté le reste », glisse le jeune homme originaire de la banlieue de Djakarta, qui avait 17 ans à l’époque. La maison de ses parents sert de garantie pour cet emprunt.
    Un sondage réalisé auprès des détenteurs du visa de saisonnier par l’ONG Flex a démontré que 72 % s’étaient endettés pour venir au Royaume-Uni. Les montants dus oscillaient entre 4 000 et 5 300 euros, mais certains avaient emprunté jusqu’à 14 000 euros. « Il s’agit de sommes colossales dans un pays comme l’Indonésie, où le salaire moyen ne dépasse pas 300 dollars (288 euros) par mois », rappelle Catherine McAndrew, coordinatrice pour l’ONG Landworkers Alliance. La pratique est illégale. « Le droit britannique interdit les frais de recrutement dans le pays d’origine de l’ouvrier, indique Jamila Duncan-Bosu, une avocate spécialiste des questions d’emploi qui assiste Agung. Seules les dépenses liées au billet d’avion et au visa sont autorisées. »
    A son arrivée au Royaume-Uni, Agung est placé dans une ferme près de Birmingham, dans le centre du pays. « Nous commencions la journée à l’aube et étions dans les champs dix à douze heures par jour, six jours par semaine, raconte-t-il. Cet été-là, la température est montée à 40 C°. Certains de mes collègues se sont évanouis. Moi, j’avais de la peine à respirer. » Le plus difficile, ce sont les quotas : « Nous devions remplir sept plateaux par heure [environ 28 kilos de fruits]. Les trois quarts d’entre nous n’y arrivaient pas. » Ils sont alors renvoyés dans leur caravane et mis au chômage forcé jusqu’à la fin de la journée.
    Au bout d’un mois, alors que l’été touche à sa fin, le travail s’assèche et Agung est transféré dans une deuxième ferme, puis une troisième. Fin octobre, on l’informe qu’il n’y a plus de fruits à cueillir, alors que son visa court jusqu’en janvier. « Une fois les frais de logement, d’électricité, de transport et d’alimentation déduits, je n’avais gagné que 950 livres, même pas de quoi rembourser ma dette », glisse-t-il.
    Quelque 19 % des détenteurs de visa saisonnier ont travaillé moins de quatre mois, selon une enquête du gouvernement britannique réalisée en 2022. Cet été, cinq Indonésiens ont été renvoyés après six semaines, car ils peinaient à atteindre les quotas de cueillette.
    Les saisonniers se font en outre fréquemment avoir. « Les fiches de paie sous-estiment le nombre d’heures travaillées, indique Caroline Robinson, qui a fondé l’organisation de soutien Worker Support Centre. Les ouvriers vont passer plus de douze heures dans les champs, mais on ne leur rémunère que sept ou huit heures de travail. »
    Bien décidé à ne pas rentrer au pays les mains vides, Agung a passé deux jours à dormir sur un banc dans la gare de York (dans le nord-est du Royaume-Uni), avant de décrocher un emploi clandestin dans les cuisines d’un restaurant chinois. « Je dormais sur un matelas dans un débarras et j’étais payé 300 livres par semaine », relate-t-il. En plus de l’échec personnel, il craint de subir des représailles de la part de son agence, à laquelle il doit toujours 22 millions de roupies indonésiennes (1 304 euros). « Des collecteurs de dette se postent régulièrement devant la maison de mes parents pour les intimider », dit-il. Il a également reçu des menaces par WhatsApp.
    Début 2023, il gagne Londres et dépose une demande d’asile. Il entame aussi une procédure judiciaire contre le département de l’intérieur, argumentant qu’il est une victime de trafic humain, dans l’espoir d’obtenir un dédommagement. Il espère néanmoins rentrer un jour. Son rêve ? « Une ferme où je ferais pousser des avocats et des durians… »

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#economie#agriculture#visas#asie#saisonnier#droit#sante#politiquemigratoire

  • Rébétiko : la musique des marginaux et des fumeurs de haschisch.

    « La pauvreté endémique et la répression menée par une police corrompue poussent dans l’illégalité une frange importante du sous-prolétariat. Ainsi se développe une micro société partageant un mode de vie alternatif. Les jeunes hors-la-loi, appelés mangkès ou rébétès (d’où dérive le terme rébétiko), arborent des costumes clinquants et s’expriment dans un argot hermétique à quiconque ne fréquente pas le milieu. Tous se retrouvent dans les tékés, des sortes de tavernes dans lesquelles il consomment du haschisch. Les paroles du titre Nei hasiklidhes ("Jeunes fumeurs de haschisch") d’Andonios Dalgas célèbrent la vie dissolue de ces jeunes malandrins. "Derviche tu fumes comme un sapeur / tu as ton flingue dans la fouille / dans tous les jeux c’est toi le meilleur / tu es une sacrée fripouille". »

    https://lhistgeobox.blogspot.com/2024/12/rebetiko-la-musique-des-marginaux-et.html

  • Assemblée des Jeunes Paysan·nes d’Asie du Sud-Est et de l’Est pour la Justice Agraire

    Dili, Timor-Leste – 22-24 octobre 2024 :
    L’Assemblée Régionale des jeunes pour la région de l’Asie du Sud-Est et de l’Est, organisée par La Via Campesina, s’est tenue à Dili, au Timor-Leste, rassemblant de jeunes paysan·nes pour aborder des luttes communes et renforcer la solidarité dans toute la région. Des représentant·es de la jeunesse du Timor-Leste, des Philippines, de Thaïlande, de Corée du Sud, d’Indonésie, du Japon, du Cambodge, de Malaisie et d’Australie ont participé à cette assemblée de trois jours, tenue du 22 au 24 octobre, pour promouvoir la coopération régionale, partager des connaissances et militer pour la justice agraire et des systèmes alimentaires durables.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/29/assemblee-des-jeunes-paysan·nes-dasie-du-sud-e

    #international #asie

  • UE : von der Leyen durcit elle aussi ses propositions sur l’immigration

    Alors que Donald Tusk en Pologne réfléchit à suspendre temporairement le droit d’asile, la présidente de la Commission a pris position lundi pour l’ouverture de centres dédiés au « retour » des exilés dans des pays tiers, en dehors de l’UE.

    Le mandat de la nouvelle Commission n’est pas encore lancé – ce sera chose faite, au mieux, le 1er décembre. Quant aux dix textes du pacte « asile et migration » adoptés en avril à Strasbourg, ils sont encore loin d’être appliqués, tant ils sont touffus et contiennent des incertitudes et chausse-trappes juridiques.

    Mais tout cela n’empêche pas #Ursula_von_der_Leyen, à la tête de l’exécutif bruxellois, de relancer les hostilités. La conservatrice allemande a envoyé lundi une lettre aux 27 États membres dans laquelle elle plaide pour un nouveau texte sur l’immigration au niveau européen, en amont du sommet des chef·fes d’État et de gouvernement qui s’ouvre jeudi à Bruxelles.

    Dans cette missive, elle écrit : « Nous devrions continuer à explorer les options concernant le développement de “#centres_de_retour” [“#return_hubs”] en dehors de l’UE, notamment dans la perspective d’un nouveau texte législatif sur les retours. » Lors de son discours programmatique pour son second mandat, mi-juillet, devant le Parlement européen, elle s’était contentée de dire : « Il faudra faire davantage [que le pacte asile et migration]. Nous avons besoin d’une approche commune sur les retours, pour les rendre plus efficaces et plus dignes. »

    Ursula von der Leyen acte ainsi une politique basée sur l’externalisation, autrement appelée sous-traitance de la gestion des flux migratoires et des procédures qui y sont liées, dans des #pays_tiers dits « sûrs ». Elle l’assume d’ailleurs dans sa lettre, expliquant vouloir continuer « à établir des partenariats globaux avec des #pays_tiers_clés » : « Développer des partenariats en amont avec des partenaires clés en #Afrique et en #Asie est important pour notre stratégie globale. »

    La présidente de la Commission européenne va jusqu’à vanter les mérites de tels accords en citant les chiffres à la baisse des migrations vers l’Europe. En 2024, « les arrivées irrégulières ont diminué d’environ deux tiers sur la route de la Méditerranée centrale. Cela peut être attribué en grande partie à l’intensification des opérations de gestion des migrations et de lutte contre le trafic de migrants menées par les autorités libyennes et tunisiennes », déroule-t-elle, sans souligner le coût à la fois financier et humain de telles opérations, ni le marchandage que cela peut augurer avec les pays partenaires.

    De nombreux précédents

    Tombée lundi, la lettre de von der Leyen n’est pas forcément une coïncidence : la présidente de la Commission a envoyé ce courrier lundi, qui est aussi le jour où l’Italie a transféré le premier groupe de demandeurs d’asile vers les centres de traitement des demandes créés en Albanie. Elle s’inspire donc de cette expérience très controversée mise en chantier par la présidente du conseil italien Giorgia Meloni, sous la forme d’un accord entre l’Italie et l’Albanie signé en 2023.

    D’après cet accord, les hommes adultes interceptés par la marine italienne seront désormais déportés dans des centres situés en Albanie mais gérés par l’Italie (dont Mediapart avait suivi la construction), d’où ils pourront effectuer une demande d’asile.

    Dans une forme de procédure express, et donc potentiellement bâclée, les intéressés considérés comme légitimes à déposer une demande d’asile pourront se rendre par la suite en Italie, tandis que les autres devront rester en Albanie avant d’être expulsés, sans que l’on sache vers où dans le cas où leur pays serait en proie à des conflits ou à un contexte de chaos politique (comme l’Afghanistan).

    Cette stratégie de sous-traitance de la gestion des migrations à des pays tiers, dénoncée par de nombreuses ONG, n’est pas nouvelle. En juin 2023, Ursula von der Leyen s’était ainsi rendue en Tunisie aux côtés de Giorgia Meloni, afin de signer un accord proposant des fonds européens à Tunis, en échange de son engagement à freiner les départs de personnes migrantes depuis ses côtes vers l’Europe.

    Car durant des mois, alors que les traversées depuis la Tunisie vers l’Italie explosaient, de nombreux acteurs affirmaient que le pays du Maghreb avait « ouvert les vannes » pour faire pression sur l’UE, et ainsi obtenir un juteux accord financier pour permettre de réduire ensuite les départs (la Turquie en avait fait de même en son temps).

    Ces accords se sont multipliés, sous différentes formes, de la Turquie à l’Égypte, en passant par la Libye. À chaque fois, l’UE a financé la formation des gardes-côtes pour intercepter les exilés en Méditerranée centrale – souvent dans des conditions terribles –, pour les renvoyer vers la Libye où ils subissent des traitements tout aussi terribles.

    L’idée de trier les personnes aux frontières de l’UE sans leur laisser la possibilité d’accéder au territoire européen a déjà surplombé les débats autour du pacte migratoire européen. C’est en revanche la première fois que l’UE évoque, par la voix d’Ursula von der Leyen, la perspective d’ouvrir des centres dédiés au « retour » des exilés, sans préciser si ces derniers pourraient ou non demander l’asile.

    Or, l’UE est bien obligée de respecter le principe de non-refoulement, imposé notamment par la Convention de Genève relative aux réfugié·es. Celle-ci interdit d’empêcher une personne de demander l’asile dans le pays d’arrivée. Et les expulsions de personnes étrangères relèvent habituellement des politiques nationales de chaque État membre.
    Une dynamique partagée au sein de l’UE

    Quelques mois après une lettre coécrite et adressée à la Commission européenne par quinze États de l’UE, dans le contexte des élections européennes, von der Leyen semble ainsi céder à la pression. Dans cette lettre, des mesures étaient réclamées pour « prévenir et lutter contre les migrations irrégulières à la racine et le long des routes migratoires » et « faire la promotion du retour » des exilé·es. Et il était proposé d’« encourager l’établissement d’accords et de partenariats durables avec les pays partenaires le long des routes migratoires ».

    La manière dont la conservatrice von der Leyen emboîte le pas de la présidente du Conseil italien, membre d’un parti post-fasciste, sur la question ultra-sensible de l’immigration, peut surprendre. Meloni s’était refusée à soutenir, au Conseil en juin, un second mandat de von der Leyen, tandis que les eurodéputé·es Fratelli d’Italia, suivant la consigne de leur cheffe Meloni, ont elles et eux voté contre la réélection de von der Leyen en juillet.

    Celle-ci ne s’en émeut visiblement pas et a déjà envoyé en septembre le signal qu’elle voulait travailler de manière étroite avec Meloni à Rome : elle avait octroyé une place de choix – une vice-présidence de la future Commission – au candidat italien Raffaele Fitto, issu de Fratelli, provoquant là encore l’indignation des gauches. Au Parlement européen aussi, les alliances entre la droite et certaines formations d’extrême droite devraient être plus régulières au cours du mandat.

    Sur le papier, von der Leyen ne fait que s’inscrire dans une dynamique globale de surenchère presque partout sur le continent. En France, l’exécutif réclame désormais une nouvelle loi qui pourrait être examinée dès 2025, soit un an seulement après la loi Darmanin.

    De son côté, sous la pression des succès de l’extrême droite au niveau régional, l’Allemagne a réintroduit en septembre des contrôles à ses frontières. En Espagne, le chef du gouvernement socialiste Pedro Sánchez, bousculé par la droite et l’extrême droite qui instrumentalisent les arrivées de migrant·es aux Canaries, exhorte l’UE à accélérer la mise en application du pacte asile et migration adopté au printemps dernier.
    L’exception ukrainienne

    Mais c’est sans doute Donald Tusk, au pouvoir à Varsovie, qui a suscité la plus vive polémique : le libéral polonais a proposé à son parti, Coalition civique, de suspendre temporairement le droit d’asile, en réponse à ce qu’il décrit comme des attaques de Moscou et de Minsk organisant des « afflux » d’exilé·es pour déstabiliser la Pologne. La Pologne a déjà proposé d’outrepasser la primauté du droit européen par le passé, notamment sur la question migratoire. Une soixantaine d’ONG ont rappelé Tusk, plutôt considéré comme un progressiste autour de la table du Conseil à Bruxelles, à son devoir d’« humanité ».

    Ces crispations partout sur le continent se déroulent aussi alors que la Hongrie de Viktor Orbán occupe, pour le plus grand plaisir des extrêmes droites, la présidence tournante de l’UE jusqu’à décembre. Début septembre, le patron du Fidesz avait suscité des remous en proposant d’affréter des bus de migrants, de Budapest à Bruxelles, alors que la Cour de justice de l’UE a infligé une amende de 200 millions d’euros à la Hongrie pour non-respect du droit d’asile.

    Parmi les autres mesures proposées par von der Leyen dans sa lettre lundi, un autre point peut heurter : l’exception faite pour les réfugiés ukrainiens, en majorité des femmes, qui bénéficient de la protection temporaire enclenchée à l’échelle européenne (prolongée jusqu’en mars 2026), et pour lesquels la Commission européenne s’engage à présenter « des propositions qui garantiraient la sécurité juridique nécessaire pour continuer à gérer la situation aussi longtemps que nécessaire ». Elle s’engage également à soutenir les pays qui accueillent un grand nombre de ces réfugié·es.

    A contrario, inquiète des conséquences du conflit au Proche-Orient, désormais étendu au Liban, elle évoque un « risque évident de nouveaux déplacements internationaux » et une aide humanitaire supplémentaire en conséquence, d’un montant de 30 millions d’euros pour le Liban, portant le total « à plus de 100 millions d’euros pour 2024 afin d’aider les personnes dans le besoin ». Elle dit aussi étudier les options pour permettre le retour « sûr et volontaire » de réfugiés syriens dans leur pays d’origine, bien que la situation reste dangereuse sur place. Deux poids, deux mesures.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/151024/ue-von-der-leyen-durcit-elle-aussi-ses-propositions-sur-l-immigration
    #UE #Union_européenne #externalisation #asile #migrations #réfugiés

    –-

    ajouté à la métaliste sur les tentatives de différentes pays européens d’#externalisation non seulement des contrôles frontaliers (https://seenthis.net/messages/731749), mais aussi de la #procédure_d'asile dans des #pays_tiers :
    https://seenthis.net/messages/900122

    • Why it matters that the EU is pushing to #offshore_asylum: 10 questions

      For years, EUobserver has been tracking the European Union’s increasing efforts to move asylum processing and responsibilities beyond its borders — a policy euphemistically referred to as “externalisation” and “border management”.

      This controversial trend raises significant legal, ethical, and humanitarian questions — but recently has been gaining increasing political acceptability.

      It’s a policy that has been years in the making, and one that raises serious concerns about the EU’s adherence to rule of law and guaranteeing fundamental rights to people.

      Here, because it’s not always easy to piece together the context from individual news stories, we answer some of the most pressing questions — and offer further reading based on our extensive reporting.
      1. What exactly is ’externalisation of asylum’ in the EU context?

      It refers to a range of policies and practices where the EU or its member states aim to transfer responsibility for asylum seekers — including their reception, processing of their claims, and potentially their long-term protection — to countries outside the EU.

      The EU’s deal with Ankara back in 2016, for instance, helped pioneer the approach whereby Syrians would be returned from Greece to Turkey without having their cases for international protection heard based on a so-called ‘safe third country’ concept.

      Further reading:

      EU leaders to discuss offshoring asylum centres to Turkey (2015)

      Europe’s solution to migration is to outsource it to Africa (2018)
      2. How does ‘externalisation’ actually work?

      The policy can involve formal agreements with third countries — countries outside of the EU — to host asylum processing centres (like the proposed Italy-Albania deal), funding third countries to intercept and manage migrants before they reach EU borders (like in the EU-Tunisia deal), or exploring models where certain protection claims sought in the EU could be processed elsewhere in a country, like Turkey, deemed ‘safe’ to send people back to.

      Further reading:

      Libyan coast guard infiltrated by criminals, says EU commissioner

      EU unclear on legality of Italy-Albania deal to offshore asylum
      3. Why is the EU pursuing these policies?

      Our reporting has identified a few different factors that play a role in the development and acceleration of implementing policies that would allow the EU to offshore asylum cases.

      Deterrence: A primary goal is to deter asylum seekers from attempting to reach EU territory in the first place.

      Reducing arrivals: To lower the number of asylum applications lodged within EU member states.

      Political pressure: To respond to domestic political pressure in some member states concerned about migration numbers.

      Perceived burden sharing: An attempt (often criticised) to shift the ’burden’ of asylum processing away from EU states, even if it means transferring it to countries with fewer resources and oversight.

      Further reading:

      The asylum files: deadlock and dead-ends (2017)

      The secrecy behind the EU’s plans to ’externalise’ migration (2023)
      4. Is this a new development?

      No. A European Parliament briefing from early 2024 lays out the timeline of the concept. Already back in 1986, Denmark tabled a draft resolution in the United Nations General Assembly to create “UN centres where asylum claims could be processed, in order to coordinate the resettlement of refugees among all states.”

      In the early 2000s, several proposals were made to ‘externalise’ the processing of asylum claims. Both the UK (then in the EU) and Germany proposed the establishment of asylum centres in 2003 and 2005. None of these proposals passed.

      After the 2014-2016 rise in asylum seeker’s requests, the EU-Turkey asylum deal was signed, which stated that “all new irregular migrants and asylum seekers arriving from Turkey to the Greek islands and whose applications for asylum have been declared inadmissible should be returned to Turkey,” effectively implementing externalisation.

      Further reading:

      EU looks to African dictators for migration solutions (2014)

      EU leaders to discuss offshoring asylum centres (2015)
      5. What are some key examples of these offshoring efforts?

      Albania: Italy’s 2023 deal aims to transfer people plucked from international waters to then have their asylum claims processed in Albania. Crucially, the processing of the claims in the Albanian centres would fall under Italian jurisdiction - an innovation praised by European Commission president Ursual Von der Leyen.

      Tunisia: The EU’s €1bn deal with Tunisia, including €105m specifically for migration control, sought to stem irregular migrant arrivals towards Italy. The deal was described as a blue-print for future cash-for-migrant deals.

      Libya: EU states cannot return asylum seeker hopefuls and refugees back to Libya given the rights abuses. So the European Commission helped bankroll Libya’s own search-and-rescue zone so that its Libyan coast guard could intercept and return people to the war-torn country.

      UN investigators in 2023 accused Libyan authorities of “widespread practice” of arbitrary detention, murder, torture, rape, enslavement and enforced disappearance of migrants. A few months later, the Libyan coast guard received its first EU-funded patrol boat with the European commission openly admitting that some of its ranks were infiltrated by criminal gangs.

      Turkey: The EU’s 2016 deal with Turkey sought to curb arrivals of Syrian refugees on the Greek islands in exchange for billions of euros in funds and political concessions to Ankara. But Turkey stopped accepting returns leading to a containment policy in Greece, described as inhumane by rights defenders.

      In the new migration pact: The EU’s pact on asylum and migration, specifically its Asylum Procedures Regulation, included a review of the safe-third country concept. The European Commission recently finalised its review, which resulted in making it easier for member states to send asylum seekers abroad to have their protection claims examined — even if they have never set foot in that country.

      Further reading:

      EU backs launch of Albania-Italy migrant ’offshoring’ deal (2024)

      EU lays groundwork to more easily offshore asylum (2025)
      6. What are the main criticisms and concerns surrounding these policies? Why are they called “cruel”?

      Our reporting consistently highlights several major concerns raised by human rights organisations, legal experts, and international bodies:

      Human rights violations: Risk of ’refoulement’ (sending people back to danger), substandard conditions in offshore centres, lack of access to fair and efficient asylum procedures, and potential for abuse in third countries.

      Legality: Questions about compatibility with international asylum law (e.g., the 1951 Refugee Convention), EU law (including the Charter of Fundamental Rights), and national constitutions.

      Accountability gaps: Difficulty in ensuring oversight and accountability when asylum processes are outsourced to countries outside the EU’s legal framework.

      Ethical concerns: The morality of shifting responsibility for vulnerable people to countries often less equipped to handle them, and the potential for creating a two-tiered system of rights.

      Practicality and cost: Many proposed schemes face immense logistical hurdles and can be extremely expensive, with questionable effectiveness in achieving their stated aims.

      The label “cruel” often stems from the potential human suffering, the denial of access to asylum on EU territory, and the abdication of legal and moral responsibilities. The leaked plans to detain migrant children also contribute to this perception of harshness.

      Further reading:

      EU commission takes stand against Danish asylum law (2021)

      North Africa and the human cost of Europe’s ’safe’ labels (2025)
      7. Who is pushing for these policies within the EU, and who is resisting?

      Proponents: EUobserver has reported that certain member states (e.g., Italy, Denmark, Hungary, Austria, Netherlands, Germany) have been strong advocates.

      At the EU-level, the European Commission under Ursula von der Leyen has shown openness to, or even endorsement of, some externalisation initiatives, seeing them as part of a broader migration management strategy. The EU’s new migration pact also reflects a compromise that includes elements facilitating externalisation.

      Opponents: Resistance comes from human rights organisations (Amnesty International, Human Rights Watch, etc.), refugee advocacy groups, UNHCR (the UN Refugee Agency), many legal scholars, and parts of the European Parliament (particularly Green and Left MEPs). They raise the legal and ethical concerns mentioned above.

      Further reading:

      Commission divisions open over asylum ahead of EU elections (2024)

      EU to expand deportation regime as Europe turns against migrants (2025)
      8. Does EU law currently allow for widespread offshoring of asylum seekers?

      This is a highly contested area.

      While the EU’s new Migration Pact includes concepts like “safe third countries” and border procedures that could be interpreted as facilitating externalisation, direct offshoring of individuals who have reached EU territory to have their entire asylum claim processed elsewhere by a third country (as in the UK-Rwanda or Italy-Albania model) faces significant legal challenges under existing EU asylum directives and the Charter of Fundamental Rights.

      The legality often hinges on specific interpretations and whether sufficient safeguards can truly be guaranteed.

      Further reading:

      Polish and Danish EU presidencies press to strip safeguards from asylum outsourcing (2025)

      Does the fundamental right to seek asylum still exist in the EU of 2024? (2024)
      9. What are the potential long-term consequences if these policies become widespread?

      Based on expert analysis covered by EUobserver, potential consequences include:

      – Erosion of the international refugee protection system and the principle of asylum.

      – Increased human rights abuses and suffering for asylum seekers.

      – Damage to the EU’s credibility as a champion of human rights and the rule of law.

      – Potential for instability in third countries tasked with hosting asylum seekers if not adequately supported or if deals are poorly designed.

      – A ’race to the bottom’ where more countries globally try to offload their asylum responsibilities.

      Further reading:

      O’Flaherty: state of human rights in Europe ’worst in my professional life’ (2025)

      EU asylum and anti-racism policies ’inadequate’ and ’abusive’, says Human Rights Watch (2025)
      10. What’s next? Is this trend likely to continue?

      All indications from our reporting suggest that the push for externalisation will continue, and possibly intensify.

      In the new Pact on Migration and Asylum the commission proposes solidarity mechanisms to manage arrivals of asylum seekers. A part of the pact is that member states can organise and pay for the deportation of people of specific nationalities, if they have bilateral agreements with those states – again, effectively externalising the asylum procedure.

      The political appetite in several member states remains strong and the new EU Migration Pact provides a framework that could be used to further these aims. We are likely to see more bilateral agreements, ‘pilot projects’, and continued political debate over the legality and morality of these approaches.

      Further reading:

      EU to expand deportation regime as Europe turns against migrants (2025)

      Language battle over ’deportation’ shines light on EU spin (2025)

      https://euobserver.com/migration/aredb505d6

  • Asie du Sud : Le traité sur les eaux de l’Indus

    LES EXPERTS affirment que l’augmentation des températures entraînera des changements substantiels dans le régime transhimalayen de l’Indus d’ici à 2050, ainsi qu’une pénurie d’eau, des sécheresses et des inondations imprévisibles, une perte de biodiversité et des conséquences néfastes pour les 300 millions de personnes en Inde et au Pakistan qui dépendent de ces cours d’eau pour leur subsistance.

    Pour minimiser ces impacts, les experts recommandent de consolider le traité sur les eaux de l’Indus (IWT), un traité négocié par la Banque mondiale en 1960 pour éviter les guerres de l’eau entre l’Inde et le Pakistan autour des cours d’eau transfrontaliers qu’ils partagent. Le traité attribue les trois rivières orientales du bassin de l’Indus – le Sutlej, le Ravi et le Beas – à l’Inde, et les rivières occidentales du bassin, qui comprennent le Jhelum, la Chenab et l’Indus, au Pakistan.

    Toutefois, des spécialistes ont affirmé que l’attribution des rivières était une tactique de diversion destinée à saper la souveraineté du Cachemire dans le cadre du conflit international sur le territoire contesté du Cachemire

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/06/asie-du-sud-le-traite-sur-les-eaux-de-lindus

    #international #asie

  • #The_Haunted by #Saodat_Ismailova

    The Turan tiger, a majestic symbol of the Central Asian landscape, has been extinct for several decades, but it lives on as a sacred symbol in the collective imagination of the local population. In her captivating film essay, Ismailova pays homage to this animal as she shows how firmly bound it is, in people’s minds, to the region’s history. The tiger is a spectre that emerges from the darkness and disappears again, the landscape is like a network of ruins buried under layers of the past. The collage of visual and audio fragments, accompanied by the filmmaker’s passionate commentary, shows that “real” history cannot be separated from shared ideas and dreams.

    https://www.e-flux.com/film/428158/the-haunted

    https://vimeo.com/208305625


    #film #tigre #extinction #Asie_centrale #extinction

    ping @reka

  • Accueil d’étudiant∙es gazaoui∙es. Un timide début à saluer
    https://academia.hypotheses.org/57235

    Mise en place d’un dispositif de 7 bourses « #Palestine » en soutien aux étudiant·es et aux jeunes chercheur.euses affecté·es par la situation humanitaire tragique à #Gaza Version .pdf Faisant suite à une grande mobilisation des étudiant.es de l’ENS de … Continuer la lecture →

    #Actualités_/_News #Asie #Gouvernance_de_l'ESR #World_-_Ailleurs_dans_le_monde #Affaires_étrangères #Campus_France #ENS_de_Lyon

  • L’imaginaire de la « grande #Inde »
    https://laviedesidees.fr/L-imaginaire-de-la-grande-Inde

    La notion de Greater India, dans les années 1920 et 1930, désigne à la fois un projet historiographique, une visée politique, et un imaginaire panasiatique. Elle n’a pas disparu de l’horizon idéologique dans lequel se projette le nationalisme hindou dans l’Inde contemporaine.

    #International #Histoire #impérialisme #Asie
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240620_inde.pdf

  • Allemagne : plus de 3 millions de personnes en quête d’une protection - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57429/allemagne--plus-de-3-millions-de-personnes-en-quete-dune-protection

    Allemagne : plus de 3 millions de personnes en quête d’une protection
    Par InfoMigrants Publié le : 31/05/2024
    Plus de 3 millions de personnes étaient enregistrées comme cherchant ou ayant obtenu une forme de protection en Allemagne à la fin de l’année 2023, selon les statistiques officielles. À la fin de l’année 2023, près de 3,2 millions de personnes en quête de protection internationale étaient enregistrées en Allemagne, soit une augmentation de 100 000 personnes par rapport à l’année précédente. L’Allemagne reste ainsi en tête de la liste des pays de l’Union européenne qui comptent le plus grand nombre de personnes ayant demandé ou obtenu une protection.
    Selon l’Office allemand des statistiques Destatis, la majorité des personnes proviennent d’Ukraine, soit 977 000 cas. Les Syriens arrivent en deuxième position, avec 712 000 personnes, ce qui représente une augmentation de 6 % par rapport à 2022. Les plus de 323 000 Afghans constituent le troisième groupe le plus important, avec une hausse de 13 % par rapport à l’année précédente.
    Arrivent ensuite les ressortissants irakiens et turcs, avec respectivement 200 000 et un peu plus de 150 000 personnes.
    Ces cinq nationalités combinées composaient environ 75 % de toutes les personnes en quête d’une protection l’année dernière, alors que le nombre d’arrivées de demandeurs d’asile continue d’augmenter dans toute l’Europe.Plus de 2,5 millions de personnes se sont vu accorder un statut de protection à la fin de l’année dernière, souligne le rapport, soit une hausse de 12 % des demandes traitées.
    La grande majorité des demandeurs n’ont toutefois obtenu qu’un statut de protection temporaire, dont la moitié par le biais d’une procédure d’asile simplifiée. Si le paysage politique dans leur pays d’origine venait à changer et qu’ils ne sont plus considérés comme étant persécutés, ces personnes perdraient leur droit de séjour temporaire et seraient invités à rentrer chez eux. Il est à noter que les Ukrainiens qui ont fui la guerre ont obtenu une autorisation de séjour temporaire dans le cadre d’un dispositif de protection générale accordée par l’Union européenne. Dans le même temps, 189 000 personnes ont vu leur demande d’asile rejetée ou ont perdu leur statut de protection en Allemagne l’an dernier. Cela ne signifie pas automatiquement qu’elles seront expulsées, car il existe encore d’autres formes de résidence, comme la “Duldung”, qui est un séjour toléré, dans la mesure où une personne ne peut être renvoyée pour des raisons allant de l’absence de documents de voyage à un état de santé fragile. Toutefois, les taux d’expulsion ont à nouveau progressé ces derniers mois. Au cours du premier trimestre 2024, l’Allemagne a renvoyé près de 4 800 personnes dont la demande de protection a été rejetée, un chiffre en hausse de 30 % par rapport à la même période de l’année dernière, selon un rapport du quotidien TAZ.
    La majorité des personnes expulsées depuis le début de l’année sont originaires de Macédoine du Nord, qui est considérée comme un pays d’origine sûr. Pour la même raison les autorités allemandes ont renvoyé des ressortissants de la Géorgie et de la Serbie. Le journal précise que dans 7 050 cas, les expulsions n’ont pas eu lieu, le plus souvent parce que les autorités ignorent où se trouvent les personnes concernées. En outre, selon Destatis, le statut de protection de 455 000 personnes était toujours en cours d’examen à la fin de l’année 2023, soit une baisse de 20 % du nombre de dossiers en cours par rapport à fin 2022.
    (...) Les données révèlent également l’âge moyen des personnes en quête d’une protection. En Allemagne, un demandeur d’asile ou un réfugié a en moyenne 32,2 ans, ce qui est considérablement plus jeune que l’âge moyen en Allemagne, qui est de 44,6 ans. Une nouveauté observée sur les dernières années est la parité parmi les demandeurs d’asile et les réfugiés. Ainsi, les femmes représentent 49 % de toutes les personnes enregistrées. Toutefois, cela s’explique en grande partie par le fait que l’immense majorité des personnes fuyant l’Ukraine sont des femmes, alors que la plupart des demandeurs d’asile en provenance du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie sont des hommes

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#syrie#afghnistan#ukraine#turquie#irak#moyenorient#afrique#asie#protection#droit#politiquemigratoire#emploi#sante

  • La Roumanie fait venir des travailleurs asiatiques pour remplacer ses émigrés
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/05/04/la-roumanie-fait-venir-des-travailleurs-asiatiques-pour-remplacer-ses-emigre

    La Roumanie fait venir des travailleurs asiatiques pour remplacer ses émigrés
    Par Jean-Baptiste Chastand (Bucarest, Envoyé spécial)
    Avec ses 1 100 lits répartis sur trois bâtiments, le foyer de travailleurs Komitat Bucarest-Sud est un vrai bouillon de cultures. Népalais, Indiens, Bangladais, Sri-Lankais… Les immigrés venus d’Asie entrent et sortent en continu, en cette mi-mars, des dortoirs avec caméras et service d’ordre, installés dans un faubourg résidentiel de la capitale roumaine. « Je suis arrivé il y a six mois pour travailler pour [le livreur à vélo] Glovo », raconte Naresh Chaudhary, Népalais de 38 ans, entre deux coups de fil à sa mère restée au pays, depuis la chambre qu’il partage avec trois autres Népalais. Ce père de famille assure gagner deux fois plus qu’au Népal pour livrer des plats chauds aux Bucarestois, qui ont progressivement pris l’habitude de ces livreurs qui ne parlent pas un mot de roumain. « C’est la première fois que je viens ici », explique ainsi M. Chaudhary, passé auparavant par la Malaisie et l’Arabie saoudite. Comme tous ses voisins, il a atterri « grâce à un cabinet de recrutement » dans ce pays d’Europe de l’Est qui fait face à un manque de main-d’œuvre criant, en raison du départ de millions de ses propres habitants vers l’Europe de l’Ouest depuis son accession à l’Union européenne, en 2007.
    « Ils devraient passer davantage de temps dans le centre-ville pour recevoir plus de commandes », avance Valeriu Nicolae, le directeur du foyer, pour justifier ces complaintes qui seraient « des cas isolés » au sein des plus de 120 000 étrangers non européens qui résident désormais en Roumanie. Cet ancien diplomate a eu le nez creux en fondant, en 2016, sa société de dortoirs privée, qui propose aux entreprises roumaines d’héberger leurs travailleurs pour seulement 6 euros par nuit. Komitat assure désormais l’hébergement de plus de 4 000 travailleurs, en grande partie asiatiques, qui travaillent notamment « dans les Hôtels Marriott, chez McDonald’s ou dans les supermarchés Delhaize ».
    Longtemps totalement hermétique à toute forme d’immigration, la Roumanie, comme la plupart des autres pays d’Europe centrale et orientale, s’est en effet ouverte depuis quelques années aux étrangers, sous la pression d’un patronat se plaignant de difficultés de recrutement historiques, encore plus depuis le rebond économique post-Covid-19. « Avec 6 millions de Roumains qui travaillent à l’étranger et une natalité qui baisse, nous avons un grave problème de population active pour notre économie », rappelle Romulus Badea, associé de Soter, un cabinet fiscal qui a développé une foisonnante activité de recrutement international pour répondre à leurs besoins.
    Ce juriste parcourt constamment l’Asie à la recherche de travailleurs « réputés pour leur flexibilité et pour comprendre [leur] culture de travail » et qui peuvent espérer gagner quatre à cinq fois plus en émigrant dans son pays – même si le salaire minimum local ne dépasse pas 660 euros brut. « La crise du recrutement est telle que j’ai même fait venir trois Népalais prêts à travailler comme bergers pour surveiller des troupeaux de moutons », raconte-t-il. « On entre dans un processus qui a eu lieu en Europe de l’Ouest il y a plusieurs décennies », assume aussi Sorin-Mihai Grindeanu, vice-président du Parti social-démocrate au pouvoir et ministre des transports, qui estime que « les entreprises de construction sont pour la plupart très contentes » de cette main-d’œuvre.
    Même si le pays ne comptait jusqu’ici quasiment aucun étranger extra-européen sur son sol, le sujet de l’immigration ne fait d’ailleurs pas trop de vagues dans la société, au-delà de quelques actes de racisme isolés. « Dans les grandes villes, les Roumains sont prêts », estime le ministre. Porte-parole du parti de droite nationaliste Alliance pour l’unité des Roumains, le député Dan Tanasa dénonce certes auprès du Monde « l’immigration incontrôlée qui arrive en Roumanie ». Mais le rejet des immigrés est loin d’être le principal message de campagne de ce parti en vue des élections européennes du 9 juin.
    Derrière les messages de façade appelant les Roumains de la diaspora à rentrer, la plupart de la classe politique semble en effet s’être faite à l’idée que cela ne se produira jamais. « Quand j’ai rencontré des Roumains habitant en Italie, je leur ai demandé pourquoi ils ne revenaient pas, alors que les salaires sont désormais quasiment les mêmes entre nos deux pays dans le secteur de la construction. Ils m’ont répondu qu’ils étaient partis il y a vingt ans, et que leurs enfants étaient désormais devenus des petits Italiens », raconte M. Grindeanu, qui n’exclut pas que le même processus se produise, un jour, pour les Sri-Lankais et les Népalais fraîchement arrivés.
    Cette immigration nouvelle a d’ailleurs subitement permis au pays de renouer, en 2022, avec la croissance démographique pour la première fois depuis la fin du communisme. Pour l’instant, très peu d’Asiatiques osent toutefois s’installer vraiment, en faisant par exemple venir leur famille. Une partie non négligeable d’entre eux rêvent par ailleurs ouvertement de pousser un peu plus loin vers l’ouest. « On a perdu beaucoup de Sri-Lankais et de Vietnamiens, qui ont préféré partir illégalement, notamment au Portugal », déplore ainsi Radu Dimitrescu, patron d’un groupe de restaurants de luxe de la capitale, qui n’emploie plus qu’une vingtaine d’étrangers, car beaucoup d’entre eux ont fini par s’évaporer dans la nature pour aller travailler au noir ailleurs dans l’Union européenne. L’entrée de la Roumanie dans l’espace Schengen, le 31 mars, pourrait encore renforcer cette tendance, en supprimant tous les contrôles aux frontières.
    Mais, malgré toutes ces limites, une petite communauté d’Asiatiques est bel et bien en train de s’installer durablement. Sam Fernando, par exemple, est arrivé du Sri Lanka en 2019 pour travailler comme barman, avant de se reconvertir dans la mécanique automobile en raison de la crise liée au Covid-19. Désormais employé d’un garage, ce jovial mécano gagne jusqu’à 4 000 lei (800 euros) par mois, et a pris l’habitude « de participer aux parties de pêche » avec ses collègues roumains, une langue qu’il commence à bien maîtriser. « Bien sûr, il y a des pays où l’on gagne mieux sa vie, mais j’aime bien celui-ci », défend le trentenaire, qui a même convaincu deux autres concitoyens de le suivre. L’un de ceux-ci pratique la musique sur son temps libre. En septembre 2023, son groupe, nommé « RO94 » – pour « Roumanie » et le code téléphonique du Sri Lanka (+94) –, a joué le premier concert de musique sri-lankaise de toute l’histoire de la Roumanie, dans une salle de Bucarest bondée de compatriotes.

    #Covid-19#migrant#migration#roumanie#srilanka#nepal#asie#immigration#emigration#economie#maindoeuvre#natalie#italie#sante

  • L’#anguille française victime d’un vaste #trafic_international
    https://reporterre.net/L-anguille-francaise-victime-d-un-vaste-trafic-international

    Très prisée en #Asie, l’anguille fait l’objet d’un vaste #trafic international. Chaque année, des millions d’#alevins sont #pêchés illégalement dans nos cours d’eau. Une menace de plus pour cette espèce au bord de l’#extinction.

    Vous lisez la seconde partie de l’enquête « L’anguille, énigme du vivant menacée d’extinction ». Elle est publiée en partenariat avec la #Revue_Salamandre. La première partie, sur le mode de vie étonnant de ce #poisson_migrateur, est disponible ici.

  • BuzzSenegal
    https://www.buzzsenegal.com/news/international/migrants-en-provenance-d-rsquo-afrique-e_n_86491.html

    Migrants en provenance d’Afrique en 2023 : Le nombre exorbitant de Sénégalais arrêtés entre octobre et décembre
    28 décembre, 2023
    Selon les données des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, les Sénégalais ont été à l’origine de plus de 9 000 arrestations à Tucson, dans l’Etat d’Arizona, du 1er octobre au 9 décembre. D’après le site nypost.com, les arrestations de migrants en provenance de pays comme le Sénégal, la Mauritanie, la Chine et l’Inde entrant via le Mexique ont grimpé à 214 000 au cours de l’exercice 2023. Ce chiffre représente le triple du nombre de « rencontres » de migrants en provenance d’Asie et d’Afrique au cours de l’exercice 2022, qui était de 70 000, selon les statistiques.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#etatsunis#mexique#asie#afrique#stastistique#fluxmigratoire

  • Everything politicians tell you about immigration is wrong. This is how it actually works | Hein de Haas | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2023/dec/29/politicians-immigration-wrong-cheap-labour
    https://i.guim.co.uk/img/media/6e53b5beb207e5e821a2c7f58bdb45714b46e31e/0_0_2560_1536/master/2560.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Everything politicians tell you about immigration is wrong. This is how it actually works
    Hein de Haas
    We seem to be living in times of unprecedented mass migration. Images of people from Africa crammed into unseaworthy boats desperately trying to cross the Mediterranean, asylum seekers crossing the Channel into Britain, and “caravans” of migrants trying to reach the Mexico-US border all seem to confirm fears that global migration is spinning out of control. A toxic combination of poverty, inequality, violence, oppression, climate breakdown and population growth appear to be pushing growing numbers of people from Africa, Asia and Latin America to embark upon desperate journeys to reach the shores of the wealthy west.
    All of this results in the popular idea of a “migration crisis” that will require drastic countermeasures to prevent massive waves of people arriving in the future, apparently exceeding the absorption capacity of western societies and economies. Despite this, however, there is no scientific evidence to sustain the claim that global migration is accelerating. International migrants account for about 3% of the world population, and this percentage has remained remarkably stable over the past half a century. Likewise, refugee migration is much more limited than political rhetoric and media images suggest. About 10% of all international migrants are refugees, representing 0.3% of the world population. While refugee flows fluctuate strongly with levels of conflict, there is no evidence of a long-term increasing trend. About 80-85% of refugees remain in regions of origin, and that share has also remained rather stable over the past decades. And there is no evidence that illegal migration is spinning out of control – in fact, the large majority of migrants who move from the global south to the global north continue to move legally. For instance, nine out of 10 Africans move to Europe legally, with passports and papers in hand.
    The evidence also turns common understandings of the causes of migration on its head. The conventional view is that south-to-north migration is in essence the outgrowth of poverty, inequality and violence in origin countries – hence the popular idea that poverty reduction and development are the only long-term solutions to migration. However, this assumption is undermined by evidence showing that migration rises as poor countries become richer. This is because increasing levels of income and education, alongside infrastructure improvements, raise people’s capabilities and aspirations to migrate. Instead of the stereotypical “desperate flight from misery”, in reality migration is generally an investment in the long-term wellbeing of families and requires significant resources. Poverty actually deprives people of the resources required to move over long distances, let alone to cross continents.
    This is also one of the many reasons why, contrary to common assumptions, climate breakdown is unlikely to trigger mass movements of “climate refugees”. Research on the effects of droughts and flooding shows that most people will stay close to home. In fact, the most vulnerable people are most likely to get trapped, unable to move out at all. It is no coincidence that most migrants come from middle-income countries such as India and Mexico. The paradox is that any form of development in the poorest countries of the world – such as in sub-Saharan Africa – is therefore likely to increase their future emigration potential. Still, despite global averages remaining stable, it is difficult to deny that legal immigration to the US, Britain and western Europe has been growing over the past decades. The frequent discontent this has caused has gone along with repeated calls for less, more controlled or more selective immigration. But border crackdowns have clearly failed to achieve these objectives or have even made problems worse because they were not based on an understanding of how migration really works. The main reason is that these policies ignored the most important root cause of migration: persistent labour demand.
    The misleading assertion that poverty causes migration conceals the fact that labour demand has been the main driver of growing immigration to western countries since the 1990s. More widespread education, women’s emancipation and population ageing have led to labour shortages; these have fuelled a growing demand for migrant workers in sectors such as agriculture, construction, cleaning, hospitality, transport and food processing, as supplies of local workers willing and able to do such jobs have increasingly run dry. Without such chronic labour shortages, most migrants wouldn’t have come. But this hasn’t been a natural process. It is instead one that has been encouraged by decades of policies geared towards economic and labour market liberalisation, which have fuelled the growth of precarious jobs that local workers won’t take. Politicians from left to right know this reality, but they don’t dare admit it out of fear of being seen as “soft on immigration”. They choose instead to talk tough and revert to acts of political showmanship that create an appearance of control, but that in effect function as a smokescreen to conceal the true nature of immigration policy. Under this current arrangement, more and more migrants are allowed in, and the employment of undocumented workers is widely tolerated as they fill in crucial labour shortages.
    Politicians have turned a blind eye as proven by almost laughably low levels of workplace enforcement. To break away from this legacy of failed policies, politicians need to gather the courage to tell an honest story about migration: that it is a phenomenon that benefits some people more than others; that it can have downsides for some, but cannot be thought or wished away; and that there are no simple solutions for complex problems. Fundamental choices have to be made. For example, do we want to live in a society in which more and more work – transport, construction, cleaning, care of elderly people and children, food provision – is outsourced to a new class of servants made up mainly of migrant workers? Do we want a large agricultural sector that partly relies on subsidies and is dependent on migrants for the necessary labour? The present reality shows that we cannot divorce debates about immigration from broader debates about inequality, labour, social justice and, most importantly, the kind of society we want to live in.
    Hein de Haas is professor of sociology at the University of Amsterdam, and the author of How Migration Really Works

    #Covid-19#migrant#migration#flux#pauvrete#globalmigration#climat#afrique#asie#ameriquelatine#travailleurmigrant#economie#inegalite#sante

  • Chantons ensemble
    https://laviedesidees.fr/Chantons-ensemble

    En Occident, on se jette à l’eau pour chanter seul au micro devant un public d’étrangers. En #Asie, on chante ensemble, entre amis ou entre collègues, pour se créer un havre, une bulle d’entre-soi. À chaque société ses soupapes !

    #Société #capitalisme #culture_populaire #communauté
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231225_karaoke.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231225_karaoke.pdf