• 🎬 AU COEUR DES NÉGOCIATIONS D’ASSURANCE CHÔMAGE ! Unédic
    https://www.youtube.com/watch?v=fP-ccApyh7w

    .... série documentaire exclusive. En 4 épisodes de moins de 10 minutes, notre série vous plonge dans les coulisses des discussions : des premières propositions autour de la table des négociations jusqu’à l’épilogue. Notre série vous dévoile les enjeux et le rôle clé de l’#Unédic dans les négociations d’#assurance chômage

    "On joue pas avec l’argent des #chômeurs", un des protagonistes.

    #négociations #partenaires_sociaux

  • Camarades gauchistes occidentaux, vous avez perdu vos camarades du Levant |
    https://interstices-fajawat.org/fr/camarades-gauchistes-occidentaux-vous-avez-perdu-vos-camarades-

    Un article spécialement écrit pour @arno :p

    Souvenez-vous du massacre des réfugiés palestiniens de Tal al-Zaatar, avec la complicité de l’armée syrienne.

    Souvenez-vous de la colère de Yasser Arafat contre Hafez al-Assad et des ruptures d’alliances entre l’OLP et la Syrie.

    Souvenez-vous de l’assassinat du leader druze Kamal Djumblatt, ami et allié de Yasser Arafat, par les sbires du parti social-nationaliste syrien en 1976.

    Souvenez-vous de la privation des libertés politiques des Palestiniens du Liban et de Syrie à partir de 1980 et jusqu’à nos jours, imposées par le Hezbollah et le régime de Assad.

    Et si vous ne vous souvenez pas, par pitié, éduquez-vous !

    Nous ne pouvons pas lister ici les mille trahisons envers la cause Palestinienne et crimes commis à l’encontre des Palestiniens et des Syriens par le Hezbollah, ainsi que leurs compromissions avec le capitalisme occidental, mais nous pouvons vous inviter à lire le livre édifiant de Joseph Daher, « Hezbollah, le fondamentalisme religieux à l’épreuve du libéralisme. »

    #Syrie #gauche #Hezbollah #Assad #campisme #Palestine #Liban

  • Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’#Office_français_de_la_biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/01/17/mis-en-cause-par-francois-bayrou-les-agents-de-l-office-francais-de-la-biodi

    Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’Office français de la biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
    Trois jours après l’attaque frontale du premier ministre contre le travail des agents de l’#OFB, les syndicats de l’établissement public demandent des excuses publiques.

    Par Perrine Mouterde

    Publié le 17 janvier 2025 à 16h39

    Ne plus effectuer aucune mission de police, ne plus réaliser aucune opération en lien avec le monde agricole, ne plus transmettre aucun avis technique… tant que le premier ministre n’aura pas formulé des excuses publiques. Trois jours après que François Bayrou a attaqué frontalement le travail des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), les syndicats de l’établissement public appellent, vendredi 17 janvier, à une grève partielle et à un vaste mouvement de contestation. « En réponse à la remise en cause incessante de nos missions et afin d’éviter de commettre des “fautes”, l’intersyndicale demande à l’ensemble des personnels de rester au bureau », résument dans un communiqué cinq organisations (#Syndicat_national_de_l’environnement, FSU, FO, CGT, Unsa, EFA-CGC).

    Quasiment muet sur les #sujets_climatiques_et_environnementaux lors de sa déclaration de politique générale, mardi 14 janvier, #François_Bayrou a en revanche lancé un acte d’accusation sévère à l’encontre de l’instance chargée de veiller à la préservation de la biodiversité et au respect du droit de l’environnement. « Quand les #inspecteurs de la #biodiversité viennent contrôler le fossé ou le point d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran, c’est une humiliation, et c’est donc une faute », a-t-il affirmé.

    Cette déclaration ne pouvait que remettre de l’huile sur le feu après dix-huit mois de vives tensions entre l’établissement et certains syndicats agricoles. La #FNSEA et la Coordination rurale, notamment, assurent que les agriculteurs sont contrôlés de manière excessive et intimidante par les inspecteurs de l’environnement et réclament leur désarmement. Fin 2023 et début 2024, des personnels et des agences de l’OFB avaient été pris pour cibles lors de manifestations. Fin 2024, lors d’un nouveau mouvement de protestation agricole, une cinquantaine d’agressions et d’attaques ont été recensées.

    « Le premier ministre, qui a outrepassé ses fonctions en se faisant le porte-parole de syndicats agricoles, doit se reprendre et réparer sa faute, affirme aujourd’hui #Sylvain_Michel, représentant #CGT à l’OFB. Il est intolérable que le deuxième plus haut représentant de l’Etat attaque directement un établissement public dont les missions sont dictées par la loi et qui consistent à faire respecter le code de l’environnement. »

    Expression « mal comprise »
    La présidente du conseil d’administration de l’OFB, Sylvie Gustave-dit-Duflo, a également fait part de sa colère après les propos de François Bayrou. « Lorsque le premier ministre prend directement à partie l’OFB sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute », a déclaré vendredi Me Gustave-dit-Duflo, qui est aussi vice-présidente de la région Guadeloupe. « La probabilité pour qu’une exploitation agricole soit contrôlée par les 1 700 inspecteurs de l’environnement, c’est une fois tous les cent-vingt ans », a-t-elle ajouté.

    Les propos du #premier_ministre avaient déjà fait réagir ces derniers jours. Dès mercredi, un membre du Syndicat national des personnels de l’environnement (SNAPE)-FO, Benoît Pradal, a décrit sur France Inter « l’humiliation » ressentie depuis des mois par les agents de l’OFB et assuré n’avoir aucun problème avec « la majorité » des agriculteurs. « On a le sentiment que ce que veulent [une minorité d’agriculteurs], c’est ne plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités », a-t-il ajouté. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont aussitôt dénoncé « une comparaison honteuse » et réclamé la suspension des contrôles. Le patron des LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, a lui réclamé que l’OFB soit « purement et simplement supprimé ».

    L’ancien député Modem Bruno Millienne, conseiller de Matignon, juge que l’expression de François Bayrou a été « mal comprise » et prône « le bon sens et le respect mutuel de part et d’autre ». De son côté, la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a appelé vendredi à l’apaisement, en rappelant que les agents de l’OFB « font le travail que nous leur demandons ». « Si la loi doit évoluer, c’est aux parlementaires de la faire évoluer. Ce n’est pas aux agents de l’OFB de ne pas respecter la loi », a-t-elle ajouté.

    Etuis de port d’armes discrets
    Outre la suspension d’un certain nombre de missions, l’intersyndicale de l’établissement public invite les quelque 3 000 agents (dont les 1 700 inspecteurs de l’environnement) à cesser toute participation aux réunions organisées en préfecture sur des sujets agricoles ainsi que tout appui technique aux services de l’Etat, aux établissements publics et aux collectivités territoriales. Elle suggère aussi, dans le cadre d’une action symbolique, d’aller remettre en mains propres aux préfets les étuis de port d’armes discrets, censés permettre de dissimuler l’arme sous les vêtements.

    Une circulaire du 3 décembre 2024 prévoit la mise en place immédiate de ce port d’armes discret. Pour Sylvain Michel, cet outil est « de la poudre aux yeux », qui ne réglera en aucun cas les difficultés. « Ceux qui attaquent les armes violemment ne veulent pas de droit de l’environnement, et donc pas de police de l’environnement », a jugé récemment le directeur général de l’établissement, Olivier Thibault. La police de l’environnement est celle qui contrôle le plus de personnes armées chaque année.

    #Perrine_Mouterde

    • « L’Office français de la biodiversité, l’un des principaux remparts contre l’effondrement du vivant, est victime d’attaques intolérables »

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/07/l-office-francais-de-la-biodiversite-l-un-des-principaux-remparts-contre-l-e

      TRIBUNE
      Collectif

      Amputer les missions de l’#OFB, en réduire les moyens ou revenir sur ses dotations sacrifierait des ressources indispensables pour sa capacité à protéger la biodiversité et à la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent, explique, dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités d’horizons divers, parmi lesquelles Allain Bougrain-Dubourg, Marylise Léon, Christophe Béchu et Valérie Masson-Delmotte.

      ’Office français de la biodiversité (OFB) a récemment déposé une cinquantaine de plaintes au niveau national pour dégradations et menaces.

      Début octobre, la voiture d’un chef de service du Tarn-et-Garonne a été visée par un acte de sabotage. Le 26 janvier 2024, sur fonds de colère agricole, des manifestants ont tenté de mettre le feu au siège de Trèbes (Aude), tandis que l’enquête ouverte après l’incendie de celui de Brest (Finistère), à l’occasion d’une manifestation de marins pêcheurs mécontents, le 30 mars 2023, vient d’être classée sans suite.

      A Guéret (Creuse), les locaux de l’établissement public ont été saccagés, et des documents volés, pour la première fois ; à Beauvais, un service a été muré, et plusieurs services ont reçu un mail d’insultes et de menaces. D’autres établissements publics – tels que l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement ou l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – et certains agents ont été victimes d’attaques intolérables.

      3 000 agents répartis à travers la France
      L’OFB incarne pourtant l’un des principaux remparts contre l’érosion de la biodiversité. Cet établissement public, créé par le législateur, en 2019, lors de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, rassemble plus de 3 000 agents répartis à travers la France métropolitaine et les outre-mer. Inspecteurs de l’environnement, ingénieurs, experts thématiques, vétérinaires, techniciens, personnel administratif, œuvrent ensemble pour accompagner les collectivités et les divers acteurs économiques vers des pratiques respectueuses de la nature.

      L’OFB réunit des compétences uniques pour mesurer, analyser et anticiper l’effondrement du vivant. Que savons-nous de la fragilité des espèces ou des écosystèmes déjà affectés ? Quel est l’état de santé des zones humides, des milieux forestiers et marins ? Affaiblir l’OFB, c’est saper les fondations mêmes de notre connaissance et de nos capacités d’action. Le défendre, c’est affirmer que la science est un levier crucial de la résilience de nos sociétés.

      Protéger la biodiversité, c’est aussi la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent. L’une des missions centrales de l’OFB vise à assurer l’application des lois environnementales. Avec ses 1 700 inspecteurs, cette police de l’environnement lutte contre le braconnage, les pollutions et autres atteintes aux milieux naturels et aux espèces protégées. Ses équipes aident également les usagers à mieux comprendre et à respecter les réglementations, en proposant des solutions concrètes et constructives.

      L’OFB n’agit pas seul. Il constitue le cœur d’un réseau d’acteurs qui tissent ensemble des initiatives locales et nationales : Etat, collectivités, citoyennes et citoyens engagés, en particulier dans les associations, entreprises, scientifiques. De la ruralité au cœur des villes, cette force agit pour la préservation de la biodiversité et de l’équilibre de nos territoires.

      La base de notre existence
      Loin de faire cavalier seul, comme certains l’affirment, les agents de l’OFB participent à la résilience des activités économiques, établissent des ponts entre des intérêts parfois divergents, en facilitant le dialogue avec les agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, pratiquants des sports de nature ou encore les acteurs de l’énergie. Qu’il s’agisse de la restauration d’un marais, de la survie d’une espèce endémique ultramarine ou de l’éducation des plus jeunes, chaque avancée repose sur cette synergie avec la même ambition : léguer un futur viable aux prochaines générations.

      La biodiversité n’est pas un luxe, elle est la base même de notre existence : l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les sols qui nous nourrissent. Ses interactions et interdépendances ont permis, au cours de l’évolution, de créer les conditions d’émergence de l’ensemble du vivant. Ce fil fragile menace bientôt de rompre. Quand les océans s’élèvent, que les habitats naturels se dégradent, que les cours d’eau s’assèchent ou débordent, que les espèces sauvages disparaissent à un rythme sans précédent, nous devons faire front et nous unir derrière un unique objectif : protéger la vie.

      Dans ce contexte, amputer les missions de l’#OFB, réduire ses moyens budgétaires et humains ou revenir sur les dotations décidées il y a à peine un an pour les politiques publiques de biodiversité, sacrifierait des ressources indispensables pour notre capacité à agir efficacement pour préserver l’#avenir.

      C’est pourquoi, aujourd’hui, nous appelons élus, #associations, #scientifiques, #citoyennes_et_citoyens à faire front pour soutenir cet #opérateur_public, aujourd’hui sous le feu de #critiques_injustifiées. Celles-ci visent en réalité, à travers l’OFB ainsi qu’à travers l’ensemble de ses agents, des politiques publiques et des #réglementations qui ont mis des années à progresser et à commencer à faire leurs preuves.

      Premiers signataires : Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Erwan Balanant, député (#MoDem) du Finistère ; Sandrine Le Feur, députée (Renaissance) du Finistère ; Marie Pochon, députée (#EELV) de la Drôme ; Dominique Potier, député (divers gauche) de Meurthe-et-Moselle ; Loïc Prud’homme, député (LFI) de Gironde ; Richard Ramos, député (MoDem) du Loiret ; Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT ; Christophe Béchu, maire d’Angers et ancien ministre ; Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherches au CEA ; Claude Roustan, président de la Fédération nationale de la pêche. Liste complète des signataires ici.

      Collectif

    • Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les #polices_environnementales subissent de nombreuses entraves »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/28/jean-baptiste-fressoz-historien-les-polices-environnementales-subissent-de-n

      Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les polices environnementales subissent de nombreuses entraves »
      CHRONIQUE

      Jean-Baptiste Fressoz

      Historien, chercheur au CNRS

      La mise en cause de l’Office français de la biodiversité à l’occasion des manifestations d’agriculteurs s’inscrit dans l’histoire des entraves à la protection de l’environnement, observe l’historien dans sa chronique.Publié le 28 février 2024 à 06h00, modifié le 28 février 2024 à 08h15 Temps deLecture 2 min.

      Les locaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont été plusieurs fois visés par les manifestations d’agriculteurs, par exemple à Mende, le 2 février, et à Carcassonne, le 27 janvier. Le 26 janvier, le premier ministre, Gabriel Attal, avait annoncé le placement de l’établissement public sous la tutelle des préfets. L’OFB fait partie des « polices environnementales », vocable regroupant différentes institutions qui vont des anciens gardes-chasse, gardes forestiers, gardes-pêche – devenus agents de l’OFB – aux inspecteurs des établissements classés (Polices environnementales sous contraintes, de Léo Magnin, Rémi Rouméas et Robin Basier, Rue d’Ulm, 90 pages, 12 euros).

      Le mot « police » a cela d’intéressant qu’il renvoie à l’origine de ces institutions. Sous l’Ancien Régime, la police méritait en effet pleinement son nom, car elle s’occupait de tout ce qui avait trait à l’espace urbain, à la fois l’ordre public, bien sûr, mais aussi l’ordre environnemental, la propreté des rues, l’organisation des marchés, les fumées des artisans…

      Le succès administratif des termes « environnement », dans les années 1970, puis « biodiversité », dans les années 2000, cache la profonde continuité des pratiques et des institutions qui encadrent les usages de la nature. A l’instar de la police d’Ancien Régime, la police environnementale recourt surtout à la pédagogie et aux rappels aux règlements bien plus qu’aux sanctions. Une police qui repose davantage sur les bonnes pratiques que sur des normes strictes et des instruments de mesure.

      On retrouve aussi une même rivalité entre administration et justice tout au long de son histoire. Au début du XIXe siècle, la mise en place du système administratif (préfets et Conseil d’Etat) avait conduit à marginaliser les cours judiciaires dans la gestion de l’environnement : d’un côté, une administration qui pense « production et compétitivité nationale », de l’autre, des cours qui constatent des dommages, des responsabilités et attribuent des réparations.

      Gestion de contradictions
      Les polices environnementales subissent également de nombreuses entraves. Tout d’abord celle liée au manque de personnel : pour surveiller l’ensemble de ses cours d’eau, la France ne dispose que de 250 agents, soit moins d’un agent pour 1 000 kilomètres de rivière. Quant aux établissements classés, on en compte plus de 500 000 en France, pour 3 100 inspecteurs. On est bien loin des 30 000 gardes champêtres qui quadrillaient les campagnes françaises au XIXe siècle !

      Entraves qui tiennent ensuite à la faible prise en charge judiciaire de ces affaires : les atteintes à l’environnement représentent ainsi une part infime des affaires correctionnelles. Entraves liées enfin à l’état du monde agricole français : moins de 2 % de la population exploite plus de la moitié du territoire métropolitain ; logiquement, les agriculteurs concentrent la majorité des contrôles. Et la peur de la violence d’un monde agricole en détresse économique taraude les inspecteurs : un contrôle de trop peut enclencher la faillite…

      Robert Poujade, tout premier ministre de l’écologie de 1971 à 1974, avait conté son expérience au Ministère de l’impossible (Calmann-Lévy, 1975). La police de l’environnement est une « police de l’impossible », davantage caractérisée par ses contraintes que par ses pouvoirs, une police « d’avant-garde » par certains aspects, mais qui tente de faire respecter des règles souvent anciennes, une police enfin qui n’est soutenue par aucune campagne de sensibilisation massive, contrairement à ce qui a été fait, par exemple, pour la sécurité routière, et qui se trouve devoir gérer les contradictions entre système productif et politique. Selon la formule des auteurs de Polices environnementales sous contraintes, « l’écologisation de nos sociétés n’a rien d’automatique et demeure un processus hautement contingent, sinon un objectif essentiellement discursif ». Les reculades de Gabriel Attal face aux revendications de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles confirment cette sombre appréciation.

      #Jean-Baptiste_Fressoz (Historien, chercheur au #CNRS)

    • « Il appartient aux autorités politiques de #défendre l’#existence de l’Office français de la #biodiversité, chargé d’appliquer les #réglementations_environnementales »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/02/il-appartient-aux-autorites-politiques-de-defendre-l-existence-de-l-office-f

      « Il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de l’Office français de la biodiversité, chargé d’appliquer les réglementations environnementales »
      TRIBUNE
      Collectif

      L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, déplorent dans une tribune au « Monde » les représentants des organisations siégeant au conseil d’administration de cet établissement national. Pour eux, la coopération entre agriculture et biodiversité est une évidente nécessité.Publié le 02 mars 2024 à 06h30 Temps deLecture 4 min.

      Le #déclin_de_la_biodiversité à une vitesse et à une intensité jamais égalées est #scientifiquement_établi depuis des années, et particulièrement dans les rapports de la Plate-Forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (#IPBES). Les menaces sur l’eau et la biodiversité sont toutes d’origine humaine et s’exacerbent mutuellement.

      Cet #effondrement_de_la_biodiversité, conjugué au changement climatique, remet en question l’habitabilité de notre planète et interroge l’avenir du vivant, humain et non humain.

      Face à ce constat, l’Etat a créé en 2020 un établissement national spécialisé, l’Office français de la biodiversité (#OFB), consacré à la protection et à la restauration de la biodiversité en métropole et dans les outre-mer. Le législateur et le gouvernement lui ont assigné des missions essentielles, en particulier :

      – la connaissance et l’expertise : mieux connaître les espèces, les milieux naturels, les services rendus par la biodiversité et les menaces qu’elle subit est essentiel pour protéger le vivant ;

      – un appui aux politiques publiques : à tous niveaux, les équipes de l’OFB appuient les politiques publiques pour répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité ;

      – la gestion et restauration des espaces protégés : parcs naturels marins, réserves, appui aux parcs nationaux, travail en réseau… ;

      – la contribution à la police de l’environnement, qu’elle soit administrative ou judiciaire, relative à l’eau, aux espaces naturels, à la flore et la faune sauvages, à la chasse et à la pêche ; à la lutte contre le trafic des espèces sauvages menacées d’extinction.

      Manque de moyens
      Quatre ans après sa création, l’OFB continue de consolider son identité et sa place dans le paysage institutionnel. En manque d’un véritable portage politique, ce « fer de lance de la biodiversité » a vu ses missions s’étoffer et se complexifier considérablement, tandis que ses effectifs n’ont augmenté qu’à la marge.

      Le manque de moyens humains reste une entrave à l’action, à tous niveaux.

      Par exemple, sur les seules missions de police judiciaire, à l’échelle du territoire national, l’OFB ne compte que 1 700 inspecteurs pour prévenir et réprimer les atteintes à l’environnement (surveillance du territoire, recherche et constat des infractions, interventions contre le braconnage, …), qui doivent également contribuer à la connaissance, apporter leur expertise technique, sensibiliser les usagers, réaliser des contrôles administratifs sous l’autorité du préfet, etc. Mais d’autres agents et métiers de l’OFB sont également en tension.

      Durant les manifestations de colère agricole, l’OFB se voit conspué, ses implantations locales dégradées, ses agents vilipendés. L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, en l’absence de réponses concrètes sur le revenu des paysans.

      La santé des agriculteurs en premier lieu
      Ces attaques réitérées contre l’OFB sont inacceptables, car elles visent, au travers de l’établissement et de ses agents, à affaiblir les politiques publiques de protection et de sauvegarde de la nature, de l’eau et de la biodiversité.

      Parce que l’eau et la biodiversité renvoient à la complexité du vivant, le bon sens, qu’il soit populaire ou paysan, ne peut suffire à protéger ou à restaurer un fonctionnement équilibré des milieux naturels. L’OFB est un outil précieux de connaissance et d’expertise pour accompagner et garantir la mise en œuvre des politiques publiques (collectivités, habitants, filières professionnelles, etc.). La remise en cause de certaines de ses missions et de sa capacité d’agir générerait des reculs concrets et dommageables pour l’intérêt général et nos modes de vie.

      Elle ne constituerait aucunement un gain pour le monde agricole, dont une grande partie a déjà intégré les enjeux de préservation des milieux et des cycles naturels. Rappelons que, en faisant appliquer les réglementations environnementales, l’OFB et les autres opérateurs publics de l’environnement protègent aussi la santé de tous les citoyens, celle des agriculteurs en premier lieu.

      A l’inverse de la tendance à opposer agriculture et protection de la nature, la coopération entre agriculture et biodiversité est une nécessité évidente : le système agroalimentaire intensif aujourd’hui dominant constitue l’une des principales pressions sur la biodiversité, dont l’érosion continue provoque, en retour, une fragilisation de tous les modèles agricoles.

      Rappeler les lois, voire sanctionner
      Les politiques publiques, comptables vis-à-vis des générations futures, ne doivent pas renoncer à la transition agroécologique ; elles doivent au contraire l’accompagner, la guider et la soutenir, au bénéfice de la biodiversité, de l’atténuation et de l’adaptation du changement climatique, de la santé des humains (et en premier lieu des producteurs), des autres êtres vivants et de l’agriculture elle-même.

      Nous soutenons sans réserve tous les paysans qui s’engagent dans cette transition agroécologique, dans un modèle à la fois vertueux pour l’environnement et où les femmes et les hommes qui nous nourrissent vivent dignement de leur travail, sans mettre en jeu leur santé et celle des citoyens.

      Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Face au changement climatique, l’agriculture biologique doit être soutenue »

      L’OFB a sa place au côté d’une agriculture en pleine mutation, pour accompagner les paysans de bonne volonté, engagés dans la transition, mais aussi pour rappeler les lois et règlements en vigueur, voire sanctionner ceux qui ne respectent pas la loi, qu’ils soient des entreprises, des agriculteurs, des collectivités ou des individus.

      L’Etat doit lui en donner véritablement les moyens, avec des effectifs à la hauteur de ces enjeux et des agents reconnus qui vivent, eux aussi, dignement de leur travail. Comme pour d’autres établissements publics pris pour cible par des groupes d’intérêts économiques, il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de cet organisme dont les missions sont définies dans le cadre légitime de l’action publique de l’Etat

      Les signataires de cette tribune proviennent tous d’organisations siégeant au conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité : Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du #SNE-FSU, Syndicat national de l’environnement ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Bernard #Chevassus-au-Louis, président d’Humanité et biodiversité ; Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Claude Roustan, président de la #Fédération_nationale_de_la_pêche en France ; Vincent Vauclin, secrétaire général #CGT_environnement (domaine OFB et #parcs_nationaux).

  • #Askatasuna. Chiesti 9,2 di euro di #risarcimento
    https://radioblackout.org/2025/01/askatasuna-chiesti-92-di-euro-di-risarcimento

    Nel processo contro numerosi esponenti dell’area dell’Autonomia, accusati di #associazione_a_delinquere, dopo le richieste di 88 anni di carcere da parte del PM, lunedì mattina sono arrivate quelle delle parti civili, i ministeri dell’Interno e della Difesa e #Telt, la società che ha l’appalto per la #torino Lione. Cifre esorbitanti, specie se si tiene […]

    #L'informazione_di_Blackout #ministero_difesa #ministero_interno #no_tav
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/01/2025-01-14-aska-lamacchia.mp3

  • Nicht ganz dicht. Lauterbachs elektronische Patientenakte für Hacker so offen wie ein …
    https://www.nachdenkseiten.de/?p=127246

    Dans un mois les données de tous les patients allemands seront en libre accès - à l’exception de la petite minorité qui a déclaré son opposition à l’abolition du secret médical. La mesure s’appelle dossier électronique. L’absence de contrôle détaillé par les patients et le niveau de sécurité insuffisant des logiciels du système sont à l’origine de la catastrophe. Bientôt on verra les conséquences dramatiques de ce changement de paradigme. C’est effrayant.

    15.1.2025 von Ralf Wurzbacher - Heute startet die elektronische Patientenakte in den Pilotbetrieb, schon einen Monat später soll sie bundesweit ausgerollt werden. Das ist ein kühner Plan angesichts riesiger Sicherheitslücken und des geballten Protests von Medizinern und Datenschützern. Aber der Gesundheitsminister hat eine Verbündete von Rang: Deutschlands frühere Chefethikerin Alena Buyx. Die hatte schon in Corona-Zeiten ein Herz für die Staatsmacht, Big Pharma und folgsame Herdentiere. Dabei ist es geblieben.

    Bundesgesundheitsminister Karl Lauterbach (SPD) muss nehmen, was und wen er kriegen kann. Kurz vor dem Start der elektronischen Patientenakte für alle (ePA) hat sich Alena Buyx als Fan des Projekts geoutet. O-Ton im Interview mit Zeit-Online (hinter Bezahlschranke): „Ich freue mich darüber und werde nicht widersprechen.“ Ausgerechnet Buyx! Zu Corona-Zeiten ist sie als Vorsitzende des Deutschen Ethikrats noch jeden politisch verordneten Grundrechtsverstoß mitgegangen. Dazu verlangte sie eine allgemeine Impfpflicht. Man müsse „aus allen Rohren feuern“, denn „wir wissen alles über die Sicherheit“, und wer nicht mitmache, habe keine Solidarität verdient. Wenigstens rückblickend lag die 47-jährige Werteverfechterin in puncto Pandemie ziemlich oft daneben – gelinde ausgedrückt. Jetzt sagt sie über die ePA: „Ein perfektes System wird es niemals geben, und das Streben nach perfekter Risikominimierung führt dazu, dass etwas nie fertig wird.“ Und gefragt nach den eklatanten Sicherheitslücken im System setzt sie nach: „Das ändert für mich wenig.“

    Für einen ganz erheblichen Kreis an Experten ändert das eine ganze Menge. Seit Wochen melden sich wieder und wieder Akteure des Gesundheitswesens zu Wort – Mediziner, Klinikbetreiber, Apotheker, Datenschützer –, die das Vorhaben kritisieren, in Zweifel ziehen, rundweg ablehnen oder mindestens für einen Aufschub plädieren. Zum Beispiel rät der Verband der Kinder- und Jugendärzte (BVKJ) Eltern dazu, „sich aktiv gegen die ePA zu entscheiden“. Die Freie Ärzteschaft warnt vor einer „Abschaffung der Schweigepflicht“, einer „Täuschung von Patienten und Ärzten“ und einem Primat des Profits. Der Berufsverband Deutscher der Psychologinnen und Psychologen (BDP e.V.) spricht von katastrophalen Nebenwirkungen, Stigmatisierungen, mithin falsche Behandlungen, wenn sensible Daten über psychische Erkrankungen „in falsche Hände“ gerieten.

    Gesenkter Daumen vom Ärztepräsident

    Nicht zuletzt der Präsident der Bundesärztekammer (BÄK), Klaus Reinhardt, straft die Planspiele mit Liebesentzug. Bei der Neujahrstagung seines Verbandes empfahl er Verbrauchern, das Angebot so lange nicht zu nutzen, wie bestehende Risiken bestünden. Momentan seien die „möglichen Einfallstore“ einfach zu groß. Jedenfalls gibt es kaum noch jemanden, der für Lauterbachs „Revolution“ den Daumen hebt, abgesehen von den Lobbyisten der Gesundheits- und Datenökonomie, und eben die sogenannte Medizinethikerin Buyx. Aber den Minister ficht die massive Kritik nicht an. Ob er die ePA guten Gewissens empfehlen könne, wollte web.de zu Wochenanfang von ihm wissen. Antwort: „Auf jeden Fall“, die Daten der Bürger „sind sicher vor Hackern“.

    Tatsächlich? Vor dem Jahreswechsel hatten IT-Spezialisten des Chaos Computer Club (CCC) auf dessen Jahreskongress demonstriert, wie sich mit wenig Mühe und auf verschiedenen Wegen auf bereits gespeicherte ePA-Daten zugreifen lässt, ganz ohne die Gesundheitskarte der Betroffenen. Stand jetzt sei dies in Zukunft bei allen über 70 Millionen Akten möglich. Aber während die Sicherheitsforscher „in der ePA wühlten, wurde am Fraunhofer-Institut das Sicherheitskonzept von einer KI gelesen und mit geringen Mängeln für ‚sicher‘ befunden“, heißt es in einer Medienmitteilung des Verbands. Das Vorgehen könne nur „Stirnrunzeln hervorrufen“, und die freudige Feststellung, die ePA für alle sei sicher, müsse getrost als „halluzinierte Fehldiagnose“ betrachtet werden.

    Erpressungspotenzial ungeheuerlich

    Auch der Gesundheitsminister hat die Befunde des CCC später zu einem „theoretischen Problem“ heruntergespielt. Ganz anders liest sich das beim Verband der Freien Ärzte, die Lauterbach und der zuständigen Nationalen Agentur für Digitale Medizin (gematik) eine „verantwortungslose Vernebelungstaktik“ vorwerfen. Aufschlussreich ist das, was die stellvertretende Bundesvorsitzende Silke Lüder in einer Medienmitteilung vom Montag ausführt. „Die Krankheitsdaten werden nicht auf der Karte gespeichert, sondern in der Cloud bei den Firmen IBM und Rise – im Klartext, nicht einmal Ende-zu-Ende verschlüsselt.“ Der Zugriffsschlüssel sei „einfach nur die Versichertenkarte“, ohne Prüfung, ob die Karte an die richtige Person ausgegeben wurde. Man benötige lediglich Namen, Versichertennummer und das Geburtsdatum des Versicherten, dann werde die Karte praktisch an jegliche Anschrift geliefert. „Da bei der neuen Version der ePA 3.0 auch noch die zugehörige PIN-Nummer abgeschafft wurde, kann man mit jeder Karte sehr einfach künftig auf die ganze Krankengeschichte zugreifen“, so Lüder. Für jede Aktion beim Online-Banking nutze man eine Zwei-Faktor-Authentifizierung, „nur bei den sensibelsten Daten, die wir haben, gibt es diese Sicherheit nicht“.

    „Mindestens genauso gravierend“ sind für Verbandschef Wieland Dietrich „mögliche illegale Zugriffe“ durch praktisch alle Berufsgruppen des Gesundheitswesens. Insgesamt seien etwa zwei Millionen Menschen zugangsberechtigt. „Das ist ein Unding“, jeder Mitarbeiter einer Apotheke oder etwa einer Fußpflegepraxis kann nach Stecken der Karte sehen, ob der Patient eine erektile Dysfunktion, psychische Probleme oder eine Geschlechtskrankheit habe. „Das Erpressungspotenzial ist ungeheuerlich“, so Dietrich, der darauf pocht, „dass dieses gefährliche Projekt in der jetzigen Form sofort gestoppt wird“, und weiter: „Wir sollen als Ärzte unter Androhung finanzieller Strafen vom Staat gezwungen werden, die Arztbriefe unserer Patienten faktisch öffentlich zu machen. Das grenzt an Nötigung.“

    Profiteure vorm Beutezug

    Nötigung ist überhaupt das bestimmende Motiv der ganzen Unternehmung. Die NachDenkSeiten hatten am 20. November im Beitrag „Hauptsache Daten! Ein Patient hat gefälligst gläsern zu sein – nicht gesund zu werden“ die Hintergründe aufgezeigt. Die ePA existiert schon seit vier Jahren, war aber ein Ladenhüter. Kaum einer wollte sie. Nun werden die gesetzlich Versicherten zu ihrem „Glück“ gezwungen. Sie wird automatisch für alle eingerichtet, es sei denn, man widerspricht aktiv nach dem sogenannten Opt-out-Modell. Das aber machen aus Unkenntnis oder Bequemlichkeit die allerwenigsten. Nach Angaben der großen Krankenkassen ist die Zahl der Ablehnungen verschwindend gering.

    Profitieren werden insbesondere die großen Pharmakonzerne, die sich von der Neuerung lukrative, aber nicht selten nutzlose Innovationen erhoffen. Das deutsche Gesundheitssystem ist vor allem deshalb so teuer, weil es hochgradig durchprivatisiert ist, auf kostspielige Gerätemedizin, vielfach unsinnige Operationen und ein Meer an Medikamenten mit zweifelhafter Wirkung setzt. Die ePA verspricht dahingehend ganz neue Möglichkeiten. Die in ihr abgelegten Daten werden künftig der Forschung grundsätzlich zur Verfügung gestellt, der in öffentlicher Hand wie auch der privaten. Allerdings sollen die Daten laut Gesetz lediglich pseudonymisiert und nicht anonymisiert werden. Fachleute beklagen, damit ließen sich die Informationen mit bloß geringem Aufwand der zugehörigen Einzelperson zuordnen. Möglichem Missbrauch sind hier Tür und Tor geöffnet und Szenarien, dass auch Versicherer, Kriminelle, Sicherheitsbehörden und Geheimdienste zulangen, praktisch programmiert.

    Ein Like von Facebook

    Frei bedienen können sollen sich auch die mächtigen IT-Konzerne. Ende November bei der Digital Health Conference in Berlin schwärmte Lauterbach über den riesigen und wertvollen Datenschatz, der mit dem Projekt gehoben und beim Forschungsdatenzentrum des Bundes (FDZ) gelagert werde. Sämtliche Techgiganten seien daran interessiert, um damit ihre KI-Systeme zu trainieren und eine „generative KI“ aufzubauen. „Wir sind im Gespräch mit Meta, mit Open-AI, mit Google“, und man habe sich von Israel beraten lassen, bemerkte der Minister. Ihm schweben noch weitere Durchbrüche vor, etwa in Sachen Telemedizin. So könnten Patienten künftig per Videoschalte behandelt werden und Ärzte „direkt alle Befunde einsehen und so entscheiden, ob der Patient doch in die Praxis kommen muss“. So ließen sich von einer Milliarde Arzt-Patient-Kontakten „bis zu einem Drittel“ einsparen, glaubt er.

    Das passt. Wie mehrfach berichtet, läuft Lauterbachs zuletzt beschlossene große Krankenhausreform auf einen radikalen Klinikkahlschlag hinaus. Auch dem soll die forcierte Digitalisierung der Medizin und damit verbunden die ePA Vorschub leisten, indem etwa die Notfallambulanzen „entlastet“ werden. Dass diese nicht selten vorschnell und zu Unrecht aufgesucht werden, ist ein offenkundiger Missstand. Allerdings wird im Zuge der Klinikreform die Lage der Notaufnahmen nicht verbessert. Vielmehr werden diese in großem Stil abgebaut, genauso wie Geburtskliniken. In besagtem Interview mit web.de entblößt der SPD-Politiker an einer Stelle sehr eindrücklich sein arg verkürztes Medizinverständnis. Nichts würde die „Kosten und die Qualität unseres Gesundheitssystems mehr beeinflussen als funktionierende Vorsorge“, stellte er sehr zutreffend fest. Aber dann sein Beispiel: „Die Hälfte der Menschen mit Bluthochdruck in Deutschland wird nach wie vor nicht medikamentös behandelt.“ Maßnahmen zur Gesunderhaltung in jüngeren Jahren, mehr Bewegung, Sport und besseres Essen kommen Lauterbach gar nicht erst in den Sinn.

    Schrumpelbananensoftware

    Am heutigen Mittwoch geht die „ePA für alle“ in die Pilotphase. In zunächst drei Modellregionen in Nordrhein-Westfalen, Franken (Bayern) und Hamburg und mit rund 270 Leistungserbringern wird das System auf Tauglichkeit in der Praxis geprüft. Kritiker haben für die Unternehmung den Begriff „tiefgrüne Schrumpelbananensoftware“ kreiert. Diese solle nach dem Geschmack der Verantwortlichen quasi erst im laufenden Betrieb allmählich reifen – trotz aller Gefahren und Unwägbarkeiten. Der bundesweite Rollout starte erst, „wenn der massenhafte Datenmissbrauch technisch ausgeschlossen ist“, beteuert dagegen Lauterbach. „Das sichere ich zu.“ Zugleich will er aber den dafür avisierten Termin, 15. Februar, nicht infrage stellen, gewiss auch aus Sorge, der nahende Regierungswechsel könnte ihm und seinen Auftraggebern einen Strich durch die Rechnung machen.

    Unterstützung gibt es dafür selbstredend durch die frühere Chefethikerin und Trägerin des Bundesverdienstkreuzes Buyx. „Sinnvoll ist, das Projekt jetzt auf die Straße zu bringen und gleichzeitig noch weitere Sicherungsstrukturen aufzubauen, wenn sich diese als nötig erweisen“ – sprich: wenn das Kind in den Brunnen gefallen ist … In Großbritannien zum Beispiel sind im vergangenen Jahr Bluttestdaten von Patienten in großem Stil im Darknet aufgetaucht. In den USA sind vor knapp einem Jahr die Krankendaten von rund 100 Millionen Bürgern – Versicherungsinformationen, medizinische Dokumente, Zahlungsdaten sowie Sozialversicherungsnummern – in die Hände von Hackern gefallen. Die Angreifer nutzten eine Sicherheitslücke bei Change Healthcare, dem größten Bezahldienstleister im Gesundheitswesen.

    Aber in Deutschland hat man alles im Griff und will ein Big-Pharma-affiner Gesundheitsminister ein riesiges Sicherheitsloch in nur einem Monat stopfen. Besser nicht darauf verlassen. Noch kann man der ePA widersprechen, auch nachträglich. Bei Netzpolitik.org steht geschrieben, wie das geht.

    #Allemagne #informatique #politique #patients #iatrocratie #protection_de_données #assurance_maladie

  • Plus de 30 000 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon Alarme Phone Sahara - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62209/plus-de-30-000-migrants-ont-ete-expulses-par-lalgerie-vers-le-niger-en

    Plus de 30 000 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon Alarme Phone Sahara
    Par La rédaction Publié le : 14/01/2025
    L’ONG Alarme Phone Sahara a alerté, dans un communiqué publié lundi, sur le nombre de migrants expulsés par l’Algérie vers le Niger au cours de l’année 2024. Plus de 30 000 personnes ont été refoulées par les autorités algériennes et envoyées dans le désert. Un nombre record par rapport aux années précédentes.
    Jamais autant de migrants n’ont été expulsés d’Algérie vers le Niger qu’en 2024. C’est le constat dressé par l’ONG Alarme phone (APS) qui a publié, lundi 13 janvier, un communiqué à ce sujet. « Au moins 31 404 personnes (...) ont été expulsées d’Algérie à la frontière du Niger pendant l’année 2024 », avance l’ONG qui dénonce les « traitements violents » voire « mortels » à l’encontre de ces exilés.
    Dans un précédent rapport, APS indiquait que l’Algérie avait refoulé quelques 20 000 migrants, rien qu’entre janvier et août 2024. Depuis 2014, des migrants irréguliers nigériens mais aussi d’autres pays africains, dont des femmes et des mineurs, sont fréquemment refoulés d’Algérie, point de transit vers l’Europe. Mais, en 2024, le nombre de personnes expulsées par Alger a « dépass[é] tous les chiffres documentés des années précédentes », y compris celui de 2023 avec 26 031 refoulés, souligne Alarme Phone Sahara.
    Ces expulsions ont lieu après des arrestations massives de migrants dans le pays. Or, ces interpellations de masse sont de plus en plus fréquentes. « Les forces de sécurité algériennes effectuent régulièrement des raids et des arrestations massives sur les lieux de vie et de travail des migrants », rapporte APS dans son communiqué.
    « On observe depuis 2023 une augmentation des expulsions en chaîne, au cours desquelles des personnes sont expulsées [depuis la] Tunisie, souvent après des pushbacks en mer, vers la frontière algérienne, puis par les forces de sécurité algériennes vers la frontière nigérienne », ajoute l’organisation.
    Depuis 2014, InfoMigrants a recueilli de nombreux témoignages d’exilés qui ont été expulsés d’Algérie après avoir été arrêtées dans leur quotidien ou bien à la suite d’une tentative de traversée de la Méditerranée avortée. Les exilés sont alors déposés dans le désert au sud de l’Algérie et sommés de traverser la frontière à pieds jusqu’à rejoindre la ville nigérienne d’Assamaka, où se trouve un centre de transit de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    Mamadou, un Sénégalais de 22 ans, a notamment affirmé à InfoMigrants avoir passé plus de 20 jours dans une prison algérienne après son arrestation dans le pays. Le jeune homme a ensuite été menotté et forcé à monter dans un bus."Au bout de cinq ou six heures […], on nous a déposés dans le désert, il n’y avait rien autour. La police algérienne nous a crié : ‘Voilà Assamaka !’ en pointant le doigt vers l’horizon. ‘L’OIM [Organisation internationale des migrations], c’est tout droit’. On s’est mis en marche, je ne sais plus pour combien de temps. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais épuisé, complètement à bout de forces. J’ai quand même réussi à faire la dizaine de km qui nous séparaient d’Assamaka", a-t-il raconté.En avril, les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour « protester » contre « le caractère violent » de ces opérations de rapatriement et de refoulement. À son tour, Alger a convoqué l’ambassadeur du Niger tout en jugeant « sans fondements » les allégations des autorités nigériennes.
    Mais les expulsions depuis l’Algérie ne sont pas les seules à inquiéter APS. Ces derniers mois, les expulsions de Libye vers l’est du Niger - et notamment vers la ville de Dirkou - se multiplient.
    Le 1er janvier, 770 migrants nigériens refoulés de Libye ont « regagné le territoire national », selon l’armée nigérienne. Mais cette opération d’expulsion initiée par Tripoli a été « encadrée par une escorte (militaire) jusqu’à la localité de Dirkou », côté nigérien, précise l’armée qui indique que leur accueil a été « coordonné » par les forces de sécurité et l’OIM.
    L’augmentation de ces expulsions et l’afflux de migrants à Dirkou créé un goulot d’étranglement dans le minuscule centre d’accueil de l’OIM qui ne compte qu’une trentaine de place. En conséquence, une centaine de personne s’est retrouvée à devoir dormir à l’extérieur du centre à partir de la mi-novembre. « Certains sont même là depuis trois mois », alertait déjà Azizou Chehou, coordinateur de la plateforme d’APS au Niger.La situation s’est depuis aggravée. Dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 janvier, 613 migrants nigériens sont arrivés dans la ville de Dirkou après avoir été expulsés de Libye. Pour les autorités de Dirkou et l’OIM, la seule solution de désengorgement est que ces personnes soient transférées vers Agadez. Mais les centres d’accueil de la capitale nigérienne manquent eux aussi de places d’hébergement.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#algerie#libye#dirkou#assamaka#expulsion#frontiere#refoulement#rapatriement#sante#humanitaire

  • Luigi Mangione, l’erreur 404 pour la presse - Par Thibault Prévost | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/clic-gauche/luigi-mangione-lerreur-404-pour-la-presse
    https://api.arretsurimages.net/api/public/media/luigimangione/action/show?format=thumbnail&t=2024-12-27T15:46:48+01:00

    Dans cette affaire de meurtre d’un patron d’assurance, presque personne n’a interrogé la violence du système de santé américain
    Offert par le vote des abonné.e.s
    Soupçonné d’avoir tué Brian Thompson, patron d’une assurance privée aux États-Unis, et aujourd’hui devant la justice de New-York, Luigi Mangione a été présenté comme un « bad boy ». Pourtant, en ligne, il a été adulé. Une fascination que les journaux n’ont pas cherché à analyser. Entre tentatives ratées de profilage numérique du mis en cause, refus de politiser son acte et de nommer la violence du système de santé privée, mais aussi, les cris d’orfraie moralistes sur la sacralité de la vie humaine, la presse étasunienne a fait l’étalage de sa déconnexion sociale.

    Erreur 404. Absence de redirection vers l’information recherchée. Telle a été la réponse de la presse étasunienne face à l’anomalie Luigi Mangione, suspecté d’avoir assassiné le PDG de United Healthcare Brian Thompson, le 4 décembre à 6h44 du matin devant l’hotel Hilton de Manhattan, de trois balles dans le dos.

    « Anomalie », car dès les premières heures suivant la publication de l’avis de recherche identifiant Mangione, les hordes d’enquêteur·ices du Web social remontent des éléments qui, mis bout à bout, dessinent une silhouette qui échappe aux récits médiatiques habituels, quasi réflexes, d’un pays où chaque semaine apporte son nouveau « loup solitaire » et sa nouvelle fusillade de masse.

    Les fragments numériques de Luigi Mangione, mis bout à bout, racontent une histoire inédite : celle d’un jeune homme de 26 ans ayant grandi dans une famille aisée (et Républicaine), diplômé d’un master en ingénierie informatique (spécialisé en intelligence artificielle) d’une université de l’Ivy League, travaillant à distance depuis Honolulu, accro à la salle de gym et séduisant. Autrement dit, un jeune homme assis sur une montagne de privilèges, prêt à suivre une route programmée pour la reproduction de la domination. Première surprise : Brian Johnson a été abattu par quelqu’un de sa classe, ou destiné à le rejoindre au boy’s club des dominants. Erreur 404.

    Lire aussi
    L’influenceuse et ses vautours

    Pire encore : plus les jours passent, plus la thèse de la « radicalisation sur Internet » s’évapore. L’analyse de ses comptes Twitter, Instagram, Facebook, Reddit et Goodreads révèle une galerie d’influences similaire à des millions d’autres jeunes hommes étasuniens : Mangione suit aussi bien des figures de la galaxie tech néofasciste comme Joe Rogan, Tucker Carlson, Elon Musk et Peter Thiel, que des personnalités comme Edward Snowden, Sam Altman et Alexandria Ocasio-Cortez. Les partages d’obsessions muskiennes sur la fertilité des Japonais, le wokisme, le déclin du christianisme occidental et la superintelligence artificielle côtoient des mèmes sur la salle de gym et des reprises de podcasts de développement personnel. Bref, Luigi Mangione, résume le critique culturel Max Read, est un bro comme les autres.

    Même son avis favorable du manifeste de l’activiste et terroriste étasunien Ted « Unabomber » Kaczynski, La société industrielle et son avenir, ne révèle rien : loin d’être synonyme d’adhésion à la gauche anticapitaliste révolutionnaire, l’ouvrage technocritique prescient a depuis longtemps été réhabilité dans les cercles techies de la Silicon Valley. Luigi Mangione n’est ni un fasciste ni un camarade. Erreur 404. Aucun commentateur politique ne trouve ce qu’il était venu chercher.
    De l’impossibilité de catégoriser le tueur
    De l’impossibilité de catégoriser le tueur

    Read Max, 10 décembre 2024

    Ça n’a l’air de rien, mais c’est un changement de paradigme. Pour la première fois, le portrait robot numérique n’a rien révélé d’autre que la banalité. Pas de double maléfique enfoui dans un historique 4Chan. Pas de logs sur Tor. Pas d’adhésion à la manosphère, à la communauté incel, rien. Pire, au moment des faits, Luigi Mangione n’avait plus rien posté en ligne depuis six mois.

    L’enquête numérique collective, adoptée depuis une décennie par des journalistes spécialisés en faits divers, est officiellement caduque. Adieu les révélations explosives glanées dans les sombres recoins du cyberespace pendant que l’enquête de voisinage recueille les témoignages choqués sur « un garçon sans histoires ». Alors télés et quotidiens repartent bredouille, et NBC se ridiculise en décrivant le jeu vidéo Among Us, sorte de « loup-garou » vidéoludique auquel jouait Mangione, comme « un jeu d’assassins » - ce qui revient à décrire les échecs comme une incitation au régicide. La vieille presse est une nouvelle fois à la rue, ses grilles de lecture réflexes - montre-moi ton historique de navigateur, je te dirai quel terroriste tu es - neutralisées par les événements.

    Dans l’affaire Mangione, la hiérarchie du réel s’est inversée. Ou, comme l’écrit brillamment Ian Bogost, « nous avons atteint la fin d’Internet comme système comme dispositif d’information ». Internet n’est plus un lieu de secrets inavoués, de pseudonymes et de confessions : à l’ère du Web social et de son ubiquité, la vie numérique est devenue la vie normale, la subjectivité sociale par défaut, l’endroit où l’on est vu, où l’on veut se mêler, l’endroit où on se tient. Si Je est un autre, c’est donc bien dans les anfractuosités du monde analogique, angles morts de l’industrie de la surveillance. Erreur 404.
    Luigi Mangione, un phénomène IRL
    Luigi Mangione, un phénomène IRL

    NY Mag, 11 décembre 2024

    L’histoire, résume le blogueur tech Ryan Broderick, serait donc celle d’une sorte de « radicalisation numérique inversée ». Celle d’un homme ayant une vie numérique sans histoires, handicapé par un accident lui ayant causé une douleur chronique au dos, qui décide de se couper d’Internet pour mieux fomenter son plan d’action. Un homme qui écrit son manifeste à la main, sur un carnet, dans lequel il décrit précisément sa cible et les raisons de sa colère - « franchement, ces parasites le méritent. Pour rappel, les États-Unis ont le système de soins le plus cher de la planète, mais pointent au 42e rang des pays ayant l’espérance de vie la plus longue. »

    Mangione n’est pourtant pas affilié à United Health Care (UHC), affirme la compagnie, mais son geste devient soudainement politique : UHC est, de loin, le premier assureur du pays. Pour s’assurer de faire passer son message, il grave sur les douilles les mots « deny » et « defend » (nier et défendre), référence à l’essai de Jay Feinman Delay, deny, defend, publié en 2010, qui révèle le mode opératoire des compagnies d’assurance santé étasuniennes pour limiter au maximum les remboursements de soins. À rebours des fictions médiatiques racialisées, axées sur la figure du « loup solitaire » blanc qui tirerait dans le tas sans réfléchir pour « exorciser » sa « frustration », Luigi Mangione sait exactement ce qu’il fait, qui il vise, et pourquoi. Son récit devient alors imperméable à toute neutralisation pathologisante : aucun doute, il s’agit d’un acte de revendication politique, pas d’un délire psychotique ou suicidaire. Blâmer Call of Duty ou 4Chan ne tiendra pas. Erreur 404.
    L’histoire d’une radicalisation hors ligne
    L’histoire d’une radicalisation hors ligne

    Garbage Day, 11 décembre 2024

    Autre fait inédit : sur les réseaux, la population étasunienne soutient massivement le tueur, quelle que soit l’orientation politique. Elle le soutient avec les outils de l’époque - cagnottes pour payer ses frais de justice, produits dérivés faits main sur Etsy, fan art, memes, éloges vidéo sur TikTok , chansons et playlists en son honneur, avalanches de commentaires de soutien, aimés et repostés jusqu’à épuisement. Plus inhabituel encore, Luigi Mangione est récupéré par les fandoms, ces communautés un poil obsessionnelles qui fictionnalisent des personnalités bien réelles (y compris, comme le montre le formidable travail de Katherine Dee, des tueurs en série et des meurtriers de masse) pour en faire des héros de fan fictions souvent chargées d’érotisme.

    Dont acte : depuis un mois, Luigi Mangione est devenu le personnage principal des Internets, son objet de désirs et de spéculation. À tel point que les médias mainstreams en ont fait un sujet. Même en France. Même dans Elle. Chacun en veut son morceau. (Et moi compris, je vous vois venir. Coupable.) Internet, ce gigantesque moteur à exégèse collective, érige à Mangione un golem numérique, aussi gros que le vide laissé par le manque d’informations disponibles.
    « Sa combinaison pénitentiaire orange fascine »
    "Sa combinaison pénitentiaire orange fascine"

    Elle, 23 décembre 2024

    Ce double rêvé, un héros populaire aux allures de Robin des Bois anticapitaliste équipé d’un pistolet imprimé en 3D, existe indépendamment et au-delà de l’original, qui n’a toujours pas prononcé un mot depuis l’acte. Et l’existence même de ce fandom, analyse le magazine Wired, révèle une nouvelle anomalie : le pays qui vient d’élire un milliardaire sur la promesse d’une privatisation générale de l’État érotise et déifie l’homme qui a lancé la saison de la chasse aux PDGs. Même chose IRL, où quatre étasuniens sur 10 jugent l’acte « acceptable ». Dans le sillage de Mangione, les États-Unis sont en train de redécouvrir la lutte des classes et les vertus de l’action directe. Et peu importe, au fond, si tout cela n’est que performativité numérique : ça frémit, et c’est déjà trop pour l’establishment.
    Au pays du divertissement, le fandom est roi
    Au pays du divertissement, le fandom est roi

    Wired, 10 décembre 2024

    Les pompiers de la presse libérale paternaliste - The Atlantic, the Guardian ou le New York Times - l’ont bien compris, et arrosent leurs lectorats enfiévrés d’une mousse tiédasse faite de poncifs moralisants : Se moquer du meurtre, c’est dégueulasse . La vie humaine est sacrée. La violence ne résout rien. Les plus inventifs vont chercher que Mangione bénéficie d’un privilège blanc médiatique, voire que Brian Thompson était un honnête et digne représentant de la classe ouvrière (!). Circulez, y’a rien à voir. Excepté une caste journalistique paternaliste et l’épaisseur de son bocal de verre.

    Pour une partie de l’opinion, peu importe son camp politique, on le répète, Luigi Mangione reste un héros. Pourquoi ? Parce que, comme l’écrit le journaliste technocritique Brian Merchant, « tout le monde comprend instinctivement l’horreur de l’industrie de l’assurance moderne, ses incitations financières perverses, et le fait que ses cadres s’enrichissent pendant que des Américains ordinaires se voient refuser quotidiennement une couverture santé, s’endettent et meurent. » Peu, écrit-il, « soutiennent le meurtre organisé de cadres dirigeants, mais tout le monde comprend la douleur et le raisonnement qui s’ensuit. » Luigi Mangione devient le point de convergence des rages accumulées. Des rages qui ne peuvent s’exprimer ailleurs, faute d’espaces de délibération public fonctionnels. Des rages interdites par les autorités bourgeoises et leurs relais médiatiques, qui ne tolèrent comme modes d’expression politique collective que le folklore (la manifestation) et de l’automutilation (la grève) - modes entièrement neutralisés par les pouvoirs en place, rappelait Geoffroy de Lagasnerie en 2020. Bref, tout le monde comprend... sauf le corps intermédiaire médiatique, arc-bouté sur sa mesure et sa non-violence imbéciles, qui s’obstine à louper l’éléphant insurrectionnel dans le couloir.
    La rage comme catalyseur
    La rage comme catalyseur

    Blood in the Machine, 11 décembre 2024
    WELCOME TO HELL

    Il est peut-être difficile, vu du pays de la Sécu, de comprendre cette célébration collective carnavalesque si l’on a pas plongé dans l’inhumanité du système de santé privé. Alors accrochez-vous, c’est parti pour une petite visite en enfer. United Health Care, premier assureur étasunien, « couvre » 29 millions d’assurés. Un tiers d’entre eux souscrit au programme pour seniors Medicare Advantage, une version privatisée du programme Medicare, subventionnée par le gouvernement, qui coûte au public 22% plus cher par patient... tout en couvrant moins bien les assurés. Selon le Wall Street Journal, United aurait surfacturé les prestations au gouvernement des États-Unis à hauteur de 10 milliards de dollars – ce qu’on appelle également du vol. Un exemple : durant la pandémie de Covid-19, United facturait au gouvernement 11 000 dollars le test salivaire à 8 dollars, soit une marge de 183 000%.
    Une arnaque à 50 milliards de dollars
    Une arnaque à 50 milliards de dollars

    The Wall Street Journal, 8 juillet 2024

    Plus généralement, le taux de refus de couverture de l’entreprise est de 32%. Là où la moyenne du secteur est de 16%. United refuse de couvrir les dépenses liées à la santé mentale et à l’addiction. Refuse des traitements à des milliers d’enfants atteints d’autisme, ce qui, rappelons-le, tue des gens. Son algorithme maison, nH Predict, lui permet depuis 2020 de bloquer automatiquement, en toute opacité et sans recours possible, la couverture des patients hospitalisés ou placés en maison de repos, ce qui les oblige à quitter l’hôpital encore malade pour éviter le surendettement, révélait le média de santé Statnews, dans une magistrale enquête de 2023. Sachant que l’algorithme a un taux d’erreur de 90%, selon l’autre média scientifique Arstechnica. Au moment de cette révélation, l’entreprise était jugée pour avoir « arbitrairement et capricieusement » refusé de prendre en charge la thérapie d’une petite fille dépressive, ce qui a entraîné sa mort. Une victime parmi, sûrement, des milliers, ProPublica ayant recensé 34 000 refus de prise en charge entre 2013 et 2020.
    nH Predict, l’algorithme qui voulait votre mort
    nH Predict, l’algorithme qui voulait votre mort

    STAT, 11 juillet 2023

    Les patients ne sont pas les seuls à en pâtir. L’entreprise utilise un algorithme pour traquer les psychiatres qui suivent trop assidûment leurs patients, et refuse ensuite de rembourser leurs dépenses de soins. Le système est illégal depuis 2021, mais en l’absence de régulateur national du secteur, il reste largement en place. Sur Reddit, la haine du corps médical envers UHC est tenace : l’assureur peut décaler les paiements des médecins pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, et va jusqu’à leur proposer un système de prêt pour garder leur cabinet ouvert le temps de recevoir l’argent qui leur est du. Au coeur de la pandémie, l’entreprise a mis en place un système de classements interne des médecins qui recevaient le plus de patients, avec une prime de 10 000 dollars à la clé en guise de récompense. Mises bout à bout, ces décisions dessinent une orientation idéologique limpide, où la vie humaine ne vaut rien face à la perspective du profit, où le patient est un chiffre soumis à la rationalité impitoyable du capitalisme actionnarial. Un business model qui dégrade, abandonne, maltraite, ment, manipule et laisse crever la gueule ouverte, quotidiennement.

    Mais le secteur se porte bien, merci pour lui. Plus les gens meurent et s’endettent, plus les courbes grimpent. Sous la présidence sociopathe de Brian Thompson, les profits d’UHC ont bondi de 12 à 16 milliards de dollars en 2023, ce qui a valu au PDG une prime de 10 millions de dollars. Depuis 2010, l’entreprise a transféré près de 54 milliards de dollars à ses actionnaires en rachat d’actions. Elle est aujourd’hui l’une des 10 entreprises les plus rentables de la planète. Refuser des soins de santé, quitte à précariser, faire souffrir, et inévitablement laisser mourir, est un business model particulièrement rentable. Il y a un mot pour ça : du nécrocapitalisme, décrit par le menu dans l’énorme enquête de ProPublica sur le cartel de « Big Insurance ».

    Nous vivons, écrit le New Yorker, un « âge d’or » de l’assurance privée (pour le modèle actionnarial financiarisé) , et « 2024 est l’année où les dangers mortels de la médecine privée sont enfin devenus indéniables ». Pendant ce temps, les étasuniens sont les habitants du monde qui passent le plus de temps en mauvaise santé (12,4 ans en moyenne) selon une étude parue le 13 décembre. Les frais médicaux représentent 40% des cas de surendettement. A ce stade de nécrose du néolibéralisme, le secteur de la santé aux États Unis est digne d’une dystopie : les corps sont à ce point privatisés que les prothèses et les fauteuils roulants peuvent être récupérés par les compagnies d’assurance lorsque les patients se retrouvent surendettés.
    Un « âge d’or » pour la santé privée, un cauchemar pour la population
    Un « âge d’or » pour la santé privée, un cauchemar pour la population

    New Yorker, 12 décembre 2024

    Dans un monde juste, qui placerait la dignité humaine collective et individuelle avant l’enrichissement individuel, ces PDGs criminels seraient en prison, leurs empires de souffrance définitivement anéantis par les pouvoirs publics. Mais ils n’iront pas.

    Imaginez maintenant que votre enfant, votre partenaire ou votre parent meure d’une mort évitable, d’une maladie qui se guérit, simplement parce que la compagnie d’assurance tient absolument à augmenter les dividendes de l’année passée. Imaginez que l’avarice structurelle et la sociopathie des détenteurs du capital tue une personne que vous aimez, sans recours possible, alors que le remède existe. Imaginez la rage couler dans vos veines comme de la lave, et multiplie ce sentiment par des dizaines de milliers de cas. Imaginez maintenant que ces rages se rencontrent, communiquent, s’encouragent sur des forums secrets, dans un pays où les armes semi-automatiques trônent en tête de gondole au supermarché. Imaginez le carnage. Imaginez l’impact sur le système de santé, sur le débat public, sur les institutions. C’est précisément le scénario qu’envisageait le technocritique Cory Doctorow dans Radicalized (Radicalisé), une nouvelle publiée en 2019. Le 9 décembre, republiant le texte, il écrivait : « je ne veux pas que des gens tuent des hauts cadres des assurances, ni que des hauts cadres des assurances tuent des gens. Mais je ne suis pas surpris que ce soit arrivé. En réalité, je suis surpris que ça ne soit pas arrivé avant ».
    LE PROFIT TUE

    Le geste de Luigi Mangione est le symptôme-réponse à plusieurs maux. En premier lieu, celui d’une société étasunienne (qui, rappelons-le, modèle largement les évolutions de la notre) traversée par la violence structurelle, qu’on appelle plus généralement injustice sociale, écrit le New Yorker. Une violence si profondément ancrée dans le fonctionnement du pays que la majeure partie de la presse nationale n’est pas capable de la qualifier comme telle. Il y a en réalité quelque chose de fascinant à lire les enquêtes égrener horreur après horreur, sans jamais parvenir à nommer le phénomène « violence », tandis qu’elle bascule en un quart de seconde dans un moralisme aboyeur à la moindre menace sur l’ordre social existant - notamment lorsque les subalternes ont l’audace de réclamer un droit à arrêter de se faire tuer, des rues de Minneapolis aux ruines de Gaza. La réaction (prévisible) de la presse libérale autoproclamée « progressive » est un n-ième symptôme de sa déconnexion des réalités sociales majoritaires du pays.

    Au-delà du cas étasunien, le geste de Mangione, c’est ce qui arrive quand l’État et le service public s’artificialisent, quand la bureaucratie indifférence de cette nécro-algorithmie devient la seule interface avec laquelle interagir. Le profit tue, le néolibéralisme tue ; l’algorithme automatise la cadence du massacre et garantit l’irresponsabilité pénale à ceux qui l’organisent. Sur France Culture, François Saltiel parle dans une jolie formule de « société connectée qui déconne », mais c’est au contraire une société connectée qui fonctionne exactement comme prévu par ses concepteurs. Ce n’est pas un bug, c’est une fonctionnalité. Le bug, c’est bien quand d’autres algorithmes, médiateurs de la viralité, amplifient mécaniquement le soutien populaire au tueur de PDG, contre les intérêts dominants. Erreur 404 : la diabolisation que vous recherchez n’a pas été trouvée.

    Si je m’intéresse autant à cette histoire, c’est que la tectonique de privatisation étasunienne génère systématiquement des répliques dans l’Hexagone. Ici aussi, néolibéralisme et privatisation violentent les corps et les existences. Ici aussi, la profanation de l’État social arrive à son terme - crèches, hôpitaux, écoles, transport, il ne restera bientôt plus rien à transférer à l’actionnariat. Ici aussi, les rages s’accumulent. À voir ce que les mêmes dynamiques d’inégalités exponentielles produisent dans le pays des Gilets Jaunes, des têtes à Dussopt sur un ballon de foot et des chemises de DRH déchirées. Un pays dont le patron du renseignement territorial s’inquiète déjà, dans Le Monde, d’ « une banalisation et une légitimation de la revendication violente ». Sans comprendre que si la violence se banalise, c’est bel et bien parce que toutes les délibérations ont échoué, y compris le carnaval des urnes, et que toutes les dynamiques de pillage s’accélèrent - +121% d’augmentation de fortune des milliardaire en dix ans, ça ne s’invente pas. Et parce qu’en définitive, comme l’écrit Peter Gelderloos, la non-violence protège l’État, qui protège lui-même l’entreprise.

    Que la bonne société se rassure. Luigi Mangione est indéniablement un « terroriste » : partout aux États-Unis, des PDGs vivent dans la terreur, s’alarme Fortune. La demande en service de sécurité explose, la paranoïa règne, l’actionnariat regarde par-dessus son épaule. Dans les rues de New York, des posters « WANTED » apparaissent, affichant les visages d’autres patrons d’assureurs privés. On craint des répliques, une contagion. Le 13 décembre, une femme ayant prononcé les mots « delay, deny, depose » au téléphone avec son assureur Blue Cross Blue Shield est arrêtée par le FBI et accusée de terrorisme. Le problème, c’est que l’acte de Mangione a déjà des effets concrets bénéfiques sur les structures d’oppression. Dans l’État du Connecticut, l’assureur Anthem vient de revenir sur sa décision de limiter la couverture des anesthésies. La cause, les effets. Dont acte : le capital financier ne vit que par la violence, et n’écoute que la violence.

    #Assurance #Nécro-capitalisme #Culture_numérique #Luigi_Mangione

  • Luigi Mangione, l’erreur 404 pour la presse - Par Thibault Prévost | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/clic-gauche/luigi-mangione-lerreur-404-pour-la-presse


    "Sa combinaison pénitentiaire orange fascine"
    Elle, 23 décembre 2024

    Soupçonné d’avoir tué Brian Thompson, patron d’une assurance privée aux États-Unis, et aujourd’hui devant la justice de New-York, Luigi Mangione a été présenté comme un « bad boy ». Pourtant, en ligne, il a été adulé. Une fascination que les journaux n’ont pas cherché à analyser. Entre tentatives ratées de profilage numérique du mis en cause, refus de politiser son acte et de nommer la violence du système de santé privée, mais aussi, les cris d’orfraie moralistes sur la sacralité de la vie humaine, la presse étasunienne a fait l’étalage de sa déconnexion sociale.

    Plus généralement, le taux de refus de couverture de l’entreprise est de 32%. Là où la moyenne du secteur est de 16%. United refuse de couvrir les dépenses liées à la santé mentale et à l’addiction. Refuse des traitements à des milliers d’enfants atteints d’autisme, ce qui, rappelons-le, tue des gens. Son algorithme maison, nH Predict, lui permet depuis 2020 de bloquer automatiquement, en toute opacité et sans recours possible, la couverture des patients hospitalisés ou placés en maison de repos, ce qui les oblige à quitter l’hôpital encore malade pour éviter le surendettement, révélait le média de santé Statnews, dans une magistrale enquête de 2023. Sachant que l’algorithme a un taux d’erreur de 90%, selon l’autre média scientifique Arstechnica. Au moment de cette révélation, l’entreprise était jugée pour avoir « arbitrairement et capricieusement » refusé de prendre en charge la thérapie d’une petite fille dépressive, ce qui a entraîné sa mort. Une victime parmi, sûrement, des milliers, ProPublica ayant recensé 34 000 refus de prise en charge entre 2013 et 2020. 

    Les patients ne sont pas les seuls à en pâtir. L’entreprise utilise un algorithme pour traquer les psychiatres qui suivent trop assidûment leurs patients, et refuse ensuite de rembourser leurs dépenses de soins. Le système est illégal depuis 2021, mais en l’absence de régulateur national du secteur, il reste largement en place. Sur Reddit, la haine du corps médical envers UHC est tenace : l’assureur peut décaler les paiements des médecins pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, et va jusqu’à leur proposer un système de prêt pour garder leur cabinet ouvert le temps de recevoir l’argent qui leur est du. Au coeur de la pandémie, l’entreprise a mis en place un système de classements interne des médecins qui recevaient le plus de patients, avec une prime de 10 000 dollars à la clé en guise de récompense. Mises bout à bout, ces décisions dessinent une orientation idéologique limpide, où la vie humaine ne vaut rien face à la perspective du profit, où le patient est un chiffre soumis à la rationalité impitoyable du capitalisme actionnarial. Un business model qui dégrade, abandonne, maltraite, ment, manipule et laisse crever la gueule ouverte, quotidiennement.

    Mais le secteur se porte bien, merci pour lui. Plus les gens meurent et s’endettent, plus les courbes grimpent. Sous la présidence sociopathe de Brian Thompson, les profits d’UHC ont bondi de 12 à 16 milliards de dollars en 2023, ce qui a valu au PDG une prime de 10 millions de dollars. Depuis 2010, l’entreprise a transféré près de 54 milliards de dollars à ses actionnaires en rachat d’actions. Elle est aujourd’hui l’une des 10 entreprises les plus rentables de la planète. Refuser des soins de santé, quitte à précariser, faire souffrir, et inévitablement laisser mourir, est un business model particulièrement rentable. Il y a un mot pour ça : du nécrocapitalisme, décrit par le menu dans l’énorme enquête de ProPublica sur le cartel de « Big Insurance ».

    Nous vivons, écrit le New Yorker, un « âge d’or » de l’assurance privée (pour le modèle actionnarial financiarisé) , et « 2024 est l’année où les dangers mortels de la médecine privée sont enfin devenus indéniables ». Pendant ce temps, les étasuniens sont les habitants du monde qui passent le plus de temps en mauvaise santé (12,4 ans en moyenne) selon une étude parue le 13 décembre. Les frais médicaux représentent 40% des cas de surendettement.

    #santé #assurance #breaking_bad

  • Grâce à vous Framasoft peut décoller en 2025… et outiller celles et ceux qui changent le monde !
    https://framablog.org/2024/12/30/grace-a-vous-framasoft-peut-decoller-en-2025-et-outiller-celles-et-ceux-q

    Il ne reste plus que quelques heures pour faire un don à Framasoft, renforcer notre budget 2025, et bénéficier d’une réduction sur les impôts de 2024… Ce modèle solidaire de la contribution et du soutien permet à notre #Association d’exister… … Lire la suite­­

    #Dans_notre_archipel #20_ans #archipélisation #Commun #Communaute #Défense #Éducation #Internet #Libertés

  • #Mayotte : #histoire_coloniale, fractures sociales et désastre environnemental

    Mayotte, petite île de l’océan Indien, symbolise à elle seule la collision brutale entre histoire coloniale, fractures sociales et désastres environnementaux. Département français depuis 2011, elle est un territoire en #crise, où la #misère humaine et les #catastrophes_naturelles s’entrelacent dans une spirale infernale. Les événements récents – #séismes, #tornades, #montée_des_eaux – ne sont que la face visible d’un #effondrement plus global. Ils révèlent une #vulnérabilité accumulée sur des décennies, amplifiée par des promesses non tenues, des #inégalités criantes et une gestion déconnectée des réalités locales.

    En 1974, Mayotte se sépare des Comores à l’issue d’un référendum où les Mahorais choisissent de rester français. Ce choix, né du désir d’échapper à l’instabilité politique des Comores indépendantes, place l’île dans une situation paradoxale : elle devient un territoire français entouré de voisins économiquement fragiles. Cette appartenance à la République française, vue comme une chance à l’époque, isole Mayotte de son propre environnement géographique et culturel. Rapidement, cette singularité engendre des tensions avec les autres îles de l’archipel, notamment l’île comorienne d’#Anjouan, d’où proviennent chaque année des milliers de migrants.

    L’intégration comme département, survenue en 2011, devait marquer une nouvelle ère pour Mayotte. Les Mahorais espéraient voir leur île se développer et accéder à des droits égaux à ceux des métropolitains c’est-à-dire que s’y applique pleinement les lois françaises et européennes, à la différence d’une collectivité territoriale. Mais cette #départementalisation s’est révélée un leurre. La croissance fulgurante de la population, (76 000 habitants en 1991, 300 000 habitants en 2023), dépasse largement la capacité des #infrastructures et des #services_publics à répondre aux exigences, tout en exacerbant l’obsolescence des équipements, faute d’entretien.

    Effondrement des services publics

    L’#éducation, en particulier, est le symbole de cet #échec. Avec des classes surchargées, des enseignants en sous-effectifs et des écoles délabrées, le #système_scolaire est incapable de répondre aux besoins d’une jeunesse nombreuse et en quête d’avenir. Cet effondrement du #système_éducatif alimente un sentiment d’#abandon et de #mépris parmi les Mahorais. Ils constatent chaque jour que la promesse d’#égalité_républicaine reste une illusion.

    Les infrastructures sanitaires et sociales sont tout aussi défaillantes. Les femmes comoriennes qui bravent les flots pour accoucher à Mayotte afin que leurs enfants acquièrent la nationalité française, contribuent à une #pression_démographique croissante. Mais ces enfants, bien que nés sur le sol français, grandissent souvent dans des conditions indignes. Ils alimentent les #bidonvilles, des espaces d’#exclusion où se forment des #bandes_de_jeunes livrés à eux-mêmes, vecteurs de #violences et d’#émeutes récurrentes. À leur majorité, en vertu du #droit_du_sol, ces enfants peuvent acquérir la #nationalité_française.

    La #colère gronde dans une population qui se sent méprisée, prise en étau entre un État central distant et des besoins locaux criants. Mais ce mépris ne se limite pas aux politiques sociales : il se manifeste aussi dans la gestion de l’#environnement. Mayotte est une île en pleine #dégradation_écologique, où les bidonvilles, sans réseaux d’#assainissement, rejettent leurs #déchets dans une #mer polluée, comme j’ai pu l’étudier dans le cadre d’une mission pour l’association Littocean. La destruction des #mangroves (due à un #développement_urbain incontrôlé et au #changement_climatique) et en conséquence des #récifs_coralliens, essentiels pour limiter l’#érosion et les submersions marines, témoigne de l’incapacité à relier environnement et développement.

    Une gestion écologique devenue symbole technocratique

    À cela s’ajoute un paradoxe criant : tandis que les populations locales luttent pour survivre, des moyens considérables sont mobilisés pour protéger l’écosystème marin par le biais du #parc_naturel de Mayotte. Ce parc, destiné à préserver la #biodiversité exceptionnelle des récifs coralliens, devient un symbole d’une gestion technocratique déconnectée des réalités humaines. Les Mahorais, exclus de ce projet, perçoivent cette #conservation comme une nouvelle forme de #colonialisme : une « #colonisation_bleue » où la priorité est donnée à la #nature, administrée par l’État français, au détriment des habitants. Ce fossé entre la préservation de l’environnement et les besoins des communautés accentue le #sentiment_d’abandon et l’idée que Mayotte n’est qu’un territoire périphérique, instrumentalisé pour des objectifs extérieurs et géopolitiques, traité comme une colonie et non comme un territoire français à part entière.

    Dans ce contexte, le changement climatique agit comme un catalyseur. Il intensifie les phénomènes naturels extrêmes, tels que les cyclones ou les #sécheresses, et exacerbe les inégalités. L’élévation du niveau de la mer menace directement les habitations précaires situées sur les littoraux, tandis que les ressources en #eau, déjà insuffisantes, s’amenuisent. Les catastrophes naturelles se multiplient, mais elles ne sont pas de simples fatalités : elles frappent un territoire déjà fragilisé, où chaque événement climatique devient un désastre humain par manque de préparation.

    Un avenir impensable et tragique

    Face à cette accumulation de crises, c’est le rapport au temps qui interroge. À Mayotte, l’idée même d’un avenir semble inatteignable. Les Mahorais vivent dans un présent sans repères, où les mêmes drames – émeutes, violences, destructions – se répètent sans fin. François Hartog, dans sa réflexion sur le #présentisme, décrit cet état où le passé perd sa valeur, où le futur est inconcevable, et où seul le présent s’impose, figé dans l’#urgence et l’incapacité d’anticiper.

    Mayotte incarne cette #temporalité_brisée. L’île n’a pas de nostalgie d’un âge d’or, car son histoire est marquée par des fractures successives : colonisation, séparation des Comores, départementalisation ratée. Elle n’a pas non plus de projet d’avenir, car les conditions de vie, les inégalités et les crises structurelles la maintiennent dans un état d’urgence permanent. Ce présentisme exacerbé renforce le sentiment d’#impuissance, rendant impossible toute perspective de reconstruction ou de progrès.

    La situation actuelle de Mayotte peut être qualifiée d’#hypercriticité : un état où les #tensions_sociales, politiques et environnementales atteignent un point de rupture, où chaque élément, même mineur, peut précipiter un #effondrement_global.

    Ce terme désigne non seulement l’accumulation des #vulnérabilités, mais aussi l’incapacité à s’en extraire. L’hypercriticité, c’est l’impossibilité de penser au-delà de l’urgence, l’incapacité de construire des ponts entre les crises pour trouver des solutions globales. À Mayotte, cet état est visible dans chaque aspect de la vie : dans l’école qui échoue à offrir un avenir, dans les bidonvilles qui s’étendent, dans la mer qui rejette les déchets de l’île et engloutit peu à peu ses côtes, dans l’#accès_à_l’eau et à un environnement sain, dans la pression démographique et ses conséquences écologiques.

    Cette crise révèle une conjonction inédite entre deux histoires : celle, humaine, de la #globalisation, avec ses migrations, ses inégalités et ses #fractures_coloniales ; et celle, planétaire, d’une Terre abîmée par la dégradation accélérée des écosystèmes. Comme l’explique Dipesh Chakrabarty dans "Une planète, plusieurs mondes" (https://www.cnrseditions.fr/catalogue/histoire/une-planete-plusieurs-mondes), ce croisement marque une #rupture : à Mayotte, cette rencontre s’incarne dans une « planète des pauvres », où les damnés de la Terre subissent de plein fouet l’amplification de ces dynamiques destructrices. Ici, les vulnérabilités humaines et écologiques se confondent dans un cycle sans précédent, soulignant la nouveauté tragique de cette crise.

    Toutefois, l’hypercriticité peut aussi être un point de départ. Elle force à regarder en face l’ampleur des problèmes et à repenser radicalement les relations entre les hommes, leur territoire et leur futur. Si Mayotte continue sur cette voie, elle risque de devenir un archétype de l’#effondrement_insulaire, un avertissement pour d’autres territoires. Mais si elle parvient à dépasser ce présentisme, à prendre en compte l’histoire passée, à s’attaquer aux urgences présentes tout en imaginant un avenir collectif mettant en avant la #double_identité mahoraise française et comorienne pour en faire un exemple d’#hybridité_culturelle réussie, elle pourrait, paradoxalement, transformer sa fragilité en force, en inventant un modèle résilient face aux défis du XXIe siècle. Le temps, à Mayotte, n’a pas encore retrouvé son cours, mais il n’est pas trop tard pour le remettre en mouvement.

    https://theconversation.com/mayotte-histoire-coloniale-fractures-sociales-et-desastre-environne
    #Comores #colonialisme #environnement

  • Affaire Pélicot : les #zones_d’ombre du #procès

    Le #verdict est tombé jeudi 19 décembre après trois mois et 17 jours d’un procès aussi médiatisé qu’insoutenable. L’ensemble des 51 prévenus de l’affaire tentaculaire des viols de Mazan a été reconnu coupable. Les peines de prison vont de 3 à 20 ans, la plus lourde étant pour #Dominique_Pélicot, qui avait commis et supervisé tous les viols de #Gisèle_Pélicot, sous l’#emprise de #produits_chimiques qui plongeaient la victime dans un #état_comateux. Pourtant, il reste de nombreuses zones d’ombre dans cette affaire, qui sont loin d’être résolues. Des questions auxquelles le procès n’a pas donné de réponse.

    Dominique Pélicot, prédateur depuis les années 1990

    Dominique Pélicot s’est présenté durant toute l’#audience comme un paisible retraité qui aurait « dérapé » sur ses vieux jours. L’homme est pourtant mis en cause pour le #viol et l’#assassinat d’une femme, et dans plusieurs autres affaires de viols et d’#agressions_sexuelles depuis les années 1990. Dans ces affaires, qui ne sont pas toutes formellement attribuées à Pélicot, le mode opératoire est identique : l’agresseur a pris rendez-vous auprès d’#agences_immobilières sous un #faux_nom et il est passé à l’acte dans l’agence ou dans un appartement.

    Dès 1991, #Sophie_Narme, âgée de 23 ans, est retrouvée nue, tuée après avoir été violée dans l’appartement qu’elle devait faire visiter à un client. Autre affaire en février 1994 à Vannes : Danielle H., 28 ans, agente immobilière, est bâillonnée, ligotée et violée. Quelques jours plus tard à Valenciennes, Céline L. âgée de 26 ans et agente immobilière est violée par un client.

    En septembre 1995, Céline D. est violée à Rambouillet, dans les Yvelines. Puis, c’est à Berre-l’Etang, dans les Bouches-du-Rhône, que Christine G. est retrouvée morte, dans son agence, en mai 2000. Enfin, en mars 2004, l’agression de Françoise L., également dans son agence, est interrompue par un témoin.

    En 1999, E. B., agente immobilière de 19 ans subit une tentative de viol très violente de la part de Dominique Pélicot, qui l’a droguée avec de l’#éther et menacée avec une arme. La victime parvient à s’échapper. Un ADN a été relevé dans le cadre de cette affaire. Il matche en 2010 : Dominique Pélicot !

    L’information est alors transmise au tribunal judiciaire de Meaux, où rien ne se passe. Plus aucun juge n’est saisi de cette enquête, un #non-lieu avait été rendu en 2001. Malgré la concordance de l’ADN, l’enquête n’est pas relancée, alors qu’elle aurait pu mettre un terme aux agissement de Pélicot.

    Le dossier sera finalement rouvert après l’affaire de Mazan. Lors d’une confrontation réalisée plus de 20 ans après les faits, Pélicot évoque une « chamaillerie » avec la victime. Il euphémise, mais reconnaît tout de même les faits. Il aura fallu attendre deux décennies et la médiatisation de Mazan pour que la justice enquête sérieusement…

    Le 30 juillet 2010, Pélicot est interpellé dans un centre commercial de Seine-et-Marne

    Il a été surpris en train de filmer sous les jupes des clientes, avec une caméra miniature cachée dans un stylo. C’est exactement pour les mêmes faits qu’il tombera en septembre 2020. Pourtant, en 2010, l’enquête n’est pas poussée plus loin. Il écope seulement d’une amende de 100 € dans le cadre d’une composition pénale. Une sanction légère et discrète, qui lui permet de tout cacher à son épouse. « Si j’avais été au courant, peut-être que j’aurais gagné 10 ans de ma vie », a regretté Gisèle Pelicot.

    Pendant le procès des viols de Mazan, le juge a refusé catégoriquement que ces différentes affaires passées et que les enquêtes toujours en cours soient évoquées, alors qu’elles sont cruciales pour aborder la personnalité de Pélicot, qui a donné à la Cour l’image d’un retraité sans antécédents.

    De nombreux auteurs de viols filmés restent dans la nature

    Les vidéos et écrits retrouvés par les enquêteurs indiquent que, au minimum, entre 70 et 80 hommes ont abusé de Gisèle Pelicot. Seuls 50 ont été jugés et condamnés. Pire, des éléments laissent à penser que tout n’a pas été filmé et que d’autres viols auraient pu être commis ailleurs, en-dehors du domicile conjugal, comme sur des aires d’autoroute. Cela veut dire que plus de 30 suspects n’ont pas été identifiés, et ont donc échappé à la justice. Qui sont-ils ? Pourquoi n’ont-ils pas été retrouvés ?

    Le #site_internet cité dans le dossier est crucial

    Il a servi de vivier de recrutement, et se nommait #Coco.gg. C’est sur ce site qu’un forum entier baptisé « #À_son_insu » comportait des propositions de viols sous #sédation, de la part de Pélicot mais pas uniquement.

    Ce site a été créé en 2003, et la justice le considère comme un repaire pour les pédophiles et les prédateurs sexuels sur internet. Les accusés, qui prétendaient au procès avoir été piégés par Pélicot, ont menti : personne n’arrivait sur Coco.gg par hasard.

    Le site d’informations judiciaires « Le club des juristes » lie le site à des faits de « pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d’homicides » et évoque de très nombreuses plaintes liées à ce site, concernant au total plus de 23.000 faits, au préjudice de 480 victimes entre le 1er janvier 2021 et le 7 mai 2024. En trois ans seulement.

    Une enquête internationale a finalement abouti à la fermeture de Coco.gg le 25 juin 2024, à la demande de la juridiction nationale en charge de la lutte contre la criminalité organisée du parquet de Paris. Juste avant le procès de Dominique Pélicot. Ce site était une mine d’information, et il est aujourd’hui clôturé. Les administrateurs du site n’ont pas répondu aux demandes de la juge dans l’affaire de Mazan. Des données sont-elles conservées quelque part ? Pourquoi la justice ne va-t-elle pas les chercher ?

    Des complicités médicales ?

    Pélicot n’a jamais expliqué comment il s’était procuré une telle quantité de #somnifères très puissants, sur une durée aussi longue, pour droguer son épouse. Il fallait pourtant des #ordonnances régulières pendant une décennie et hors normes en terme de quantité. Le #médecin du mis en cause a refusé d’être entendu par la juge, et n’a pas été poursuivi.

    Par ailleurs, pendant 10 ans, Gisèle Pélicot a fait état de pertes de mémoire, d’angoisses, d’inflammations gynécologiques… Ses proches la trouvaient perdue et épuisée, elle avait maigri de 10 kilos. Elle a passé de nombreux examens, sans que personne, jamais, ne soupçonne son calvaire. Comment est-ce possible ? S’agit-il d’une #négligence totale ou de #complicités dans le #corps_médical ? Au moins un des condamnés exerçait comme infirmier, et les enquêteurs ont retrouvé dans ses recherches en ligne les mots clés : « inceste », « soumission » et « young ».

    Des victimes non identifiées

    Non seulement tous les auteurs n’ont pas été retrouvés, mais toutes les victimes non plus. Parmi les 20.000 photos exhumées, d’autres femmes apparaissent, inconscientes et droguées. « Faute de moyens et de temps », l’enquête s’est arrêtée là selon la justice. Pourtant, Dominique Pélicot a pu se vanter d’avoir violé d’autres femmes auprès de ses coaccusés.

    Parmi les victimes identifiées, la fille de l’accusé Caroline, qui apparaît endormie dans des sous-vêtements inconnus, parties intimes apparentes, lumière allumée. A-t-elle été sédatée, violée ? Dominique Pélicot a nié durant le procès, alors qu’il avait par le passé demandé à ses petites-filles de soulever leur robe contre des bonbons, et que son petit-fils a depuis déposé plainte pour agressions sexuelles. Dans le cas de Caroline comme pour d’autres, la justice n’est pas allée chercher plus loin.

    Un réseau ?

    La plupart des accusés ont prétendu avoir rencontré Pélicot par hasard, en surfant sur le site #Coco, et ne pas le connaître, ni se connaître entre eux. La vraie nature des liens entre accusés n’a pas été réellement interrogée. Pourtant, plusieurs condamnés ont échangé par téléphone. Pourquoi ? Une chose est sûre, pendant le procès, plusieurs accusés se retrouvaient, discutaient et mangeaient ensemble pendant les pauses.

    Dans les années 1980 dans l’Yonne, l’affaire Dunand, concernant un vaste réseau de criminels séquestrant et torturant des jeunes filles de l’aide sociale à l’enfance, avait été clôturé de façon troublante par la justice. Le principal responsable, Claude Dunand, avait purgé une peine relativement clémente et était mort en 2021, emportant tous ses secrets dans sa tombe. Le procureur d’Auxerre avait déclaré que l’affaire avait « été sabotée ».

    https://contre-attaque.net/2024/12/28/affaire-pelicot-les-zones-dombre-du-proces
    #justice
    #procès_de_Mazan

  • De la Bagdad des Abbassides aux jeux vidéo | France Culture
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/allons-y-voir/de-la-bagdad-des-abbassides-aux-jeux-video-5722051

    Allons-y voir !
    Provenant du podcast Allons-y voir !
    À l’Institut du monde arabe, se tient une exposition étonnante "Bagdad : redécouvrir Madinat al-Salam avec Assassin’s Creed Mirage". Un musée et un grand industriel du jeu vidéo : voici un duo inédit pour penser les procédures historiques et les techniques visuelles de la reconstitution.
    Avec

    Fanny Lignon maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Claude Bernard Lyon 1
    Mathieu Potte-Bonneville Philosophe et directeur du département Culture et création du Centre Pompidou
    Pierre Singaravélou Historien spécialiste des empires coloniaux et de la mondialisation, professeur au King’s College de Londres et à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.
    Jean-Luc Sala Scénariste de bande dessinée français

    Visualité, historicité, agentivité... que peut le jeu vidéo ? Forte de son succès, l’exposition "Bagdad : redécouvrir Madinat al-Salam avec Assassin’s Creed Mirage" est prolongée jusqu’au 12 janvier 2025. S’y confrontent objets muséaux et avatars numériques. Pour cette nouvelle tribune, tels ces avatars de jeux vidéo, infiltrons-nous et faufilons-nous avec agilité à travers les questionnements que ce monde vidéoludique soulève. Allons-y voir avec nos invités Fanny Lignon, maîtresse de conférences HDR en sciences de l’information et de la communication à l’université Claude Bernard Lyon 1 ; et Jean-Luc Sala, scénariste de BD et directeur artistique chez Ubisoft. Ils sont rejoints par deux sociétaires de l’émission, Mathieu Potte-Bonneville et Pierre Singaravélou. Et on se pose la seule question qui vaille avec l’histoire : on la regarde de haut, ou on s’y embarque ? Bien sûr, on s’embarque ! Entrons dans le game.
    Une collaboration étonnante

    Comment est née cette collaboration entre Ubisoft et l’Institut du monde arabe ? “On a commencé à collaborer avec eux, dès la conceptualisation du jeu - explique Jean-Luc Sala, directeur artistique du grand industriel du divertissement. On a identifié des objets dans leur collection. [...] Et au fur et à mesure, on a établi des contacts privilégiés auprès des instituts, des scientifiques, des historiens, des archéologues, et des spécialistes culturels.” Ubisoft, entreprise française de jeux vidéo créée en 1986 par les cinq frères Guillemot dans le Morbihan, n’est plus une affaire familiale, mais une entreprise qui compte désormais près de 20 000 salariés dans le monde, et dont le chiffre d’affaire est de 2 300 milliards en 2024, dans le monde.
    Publicité

    L’association du service de médiation et celui d’éducation à l’image, est peut-être l’une des singularités et forces de cette exposition, qui parvient à capter un jeune public. “Ils sont parvenus à attirer un jeune public qu’on voit rarement à ce point-là dans des expositions. Et je dois dire que c’est peut-être une des rares fois où j’ai vu des enfants de dix ans lire spontanément des cartels”, confie Pierre Singaravélou.
    Scène du jeu Assassin’s Creed Scène du jeu Assassin’s Creed - © Ubisoft Entertainment

    À écouter

    Un jeu-vidéo au collège : Une expérience poétique proposée par Maxime Devige et Gabriel Gauthier

    Lectures numériques

    4 min
    Quand la jouabilité guide le jeu

    C’est une avancée sur le plan immersif que soulève Fanny Lignon : dans cette dernière version d’Assassin’s Creed, les personnages parlent beaucoup. “C’est toujours un peu étrange - dit-elle - quand l’avatar qu’on incarne, se met à parler. Car, autant il est facile d’accepter de le voir, de se voir, et de voir ce qu’il voit [...] ; mais qu’il prenne la parole spontanément, c’est toujours un peu étrange.” Si cela semble nous sortir d’un état immersif, des “astuces” semblent néanmoins avoir été mises en place par les créateurs de ce jeu vidéo, pour contrecarrer cet effet - souligne-t-elle.

    Au-delà de la parole des personnages, c’est plus largement de nouveaux gestes qui sont développés au sein de ces jeux - des gestes qui font eux-mêmes écho à de nouvelles évolutions historiographiques. Mathieu Potte-Bonneville souligne “la façon dont les corpus historiques mobilisés par tel ou tel épisode [dans la série Assassin’s Creed] sont explorés à raison de ce qu’ils permettent dans le gameplay.” La jouabilité amène par exemple à mettre en scène le natif américain dans le Nouveau Monde, en train de faire la cueillette ou de chasser. C’est encore l’image d’une Antiquité colorée que donne à voir Assassin’s Creed Odyssée. “C’est une odyssée qui, sans doute pour la première fois dans la culture populaire, donne à voir une Antiquité colorée, alors qu’à l’école on transmet encore cette vision de l’Antiquité blanche - c’est-à-dire, à travers la sculpture, les temples blancs dans les musées. On a du mal aussi à transmettre cette idée neuve de l’historiographie”, raconte Pierre Singaravélou.
    1987 : une année-rupture

    Les jeux vidéo ont eux aussi une histoire. Mathieu Potte-Bonneville analyse l’année 1987 comme étant marquée par une rupture importante dans l’évolution du médium. Elle aurait pour équivalent dans l’histoire du cinéma, ce que Gilles Deleuze désignait comme le passage d’une "image-mouvement" à une "image-temps", dans l’immédiat après-guerre, avec le nouveau réalisme. L’image-mouvement est cette “image où l’action et la perception s’enchaînent directement, et fabriquent la dynamique du récit. Et l’image-temps est en ce moment où [...] quelque chose se rompt, se brise entre la perception que l’on a et la réaction que l’on peut produire” - explique-t-il. Il identifie une rupture semblable dans un monde du jeu vidéo, où “apparaît cette forme ludique particulière qu’est le jeu d’infiltration”, en 1987. Celui-ci s’oppose aux jeux-réflexes, où il faut se montrer le plus rapide possible pour survivre. L’immobilité comme nouvelle contrainte dans le jeu vidéo, fait émerger selon Matthieu Potte-Bonneville un nouveau “régime d’images qui ne sont ni fixes, ni en mouvement, mais où il s’agit d’être fixe dans un monde en mouvement.”

    À écouter

    Deleuze va au cinéma

    Les Chemins de la philosophie

    58 min
    Genre et jeux vidéo

    À travers la chanson Video Games de Lana del Rey, y est racontée l’histoire d’une jeune fille délaissée par un amoureux jouant trop aux jeux vidéo. Pratique du jeu vidéo, et rapport de genre : quels enjeux ? Si on se penche sur les statistiques, c’est un loisir “qui est fondamentalement partagé par les deux sexes”, explique Fanny Lignon. Elle soulève toutefois que, si les femmes peuvent facilement s’identifier à un personnage masculin, il en est tout autrement pour les hommes. C’est encore la question des corvées domestiques, familière à tous les ménages, qu’interroge la chercheuse, à travers Chore Wars, un serious game anglais.

    À écouter

    "The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom", quand les héroïnes de jeux vidéo s’imposent

    L’Info culturelle : reportages, enquêtes, analyses

    4 min
    Contre-factualité et agentivité

    En 2024, les Rendez-vous de l’Histoire de Blois lançaient leur 3e édition de Game Jam, des doctorant(e)s s’essayent à créer des jeux vidéo, pour donner à comprendre le rapport entre l’expérience historiographique et le jeu. Plus qu’un objet pour l’histoire, le jeu vidéo est peut-être aussi un nouvel allié pour l’historien. Ces échanges entre récit historique et récit vidéoludique soulèvent la question de l’agentivité - c’est-à-dire, la capacité d’action des joueurs et de leurs avatars. “Le jeu vidéo se distingue d’autres productions culturelles comme le cinéma ou la bande dessinée par son caractère interactif - c’est-à-dire que le joueur a le sentiment d’être l’auteur du récit auquel il participe”, précise Pierre Singaravélou. Quel est l’agir possible du joueur ? Assassin’s Creed se distingue des autres jeux de type historique, qui font bien souvent le choix de tisser des narrations contrefactuelles. À l’inverse, dans Assassin’s Creed, le pouvoir d’action y est relativement limité ; le joueur ne peut pas changer le cours de l’histoire.

    À la suite de l’invasion russe, l’Ukrainien Valeriy Petrov, crée le jeu vidéo Power and Chaos. On y incarne un habitant de Marioupol qui se réveille un matin, en entendant l’annonce de l’invasion russe ; il doit faire les bons choix pour protéger sa famille. Ce jeu s’inscrit dans les démarches contrefactuelles qui ont renouvelé l’écriture de l’histoire, depuis ces trois dernières décennies. Il s’agit “d’ouvrir un espace de discussion au-delà du vrai et du faux, en l’occurrence les possibles du passé, avec une dimension politique forte, puisque c’est aussi une manière d’ouvrir les futurs au présent” - explique Pierre Singaravélou. Si certains jeux vidéo s’ouvrent à des récits contrefactuels où il est possible de réécrire l’histoire, c’est toutefois une narration “contrainte, orientée” qui s’élabore. “Souvent, ce sont des jeux qui se fondent sur une vision très traditionnelle de l’histoire : l’histoire bataille, l’histoire des grands hommes. Mais, cela ouvre tout de même à d’autres formes de récits historiques” - conclut-il.

    À écouter

    Débat critique : le nouvel "Assassin’s Creed", un opus aux enjeux philo réussi ?

    Les Midis de Culture

    27 min

    À écouter

    Géographie des jeux vidéo

    Géographie à la carte

    58 min
    Références de l’émission

    Bibliographie des invités :

    Fanny Lignon, Récits vidéoludiques. Le personnage réinventé, C&F Éditions, octobre 2024.
    Fanny Lignon, "Les corvées domestiques sont-elles solubles dans le jeu vidéo ?", in Revue Sociétés & Représentations, 2018.
    Jean-Luc Sala, Cross Fire, série de bandes dessinées illustrées par Pierre-Mony Chan, Éditions Soleil, 2013.
    Exposition "Bagdad : redécouvrir Madinat al-Salam, avec Assassin’s Creed Mirage", à l’Institut du monde arabe, en partenariat avec Ubisoft, jusqu’au 12 janvier 2025.

    Extraits sonores diffusés pendant l’émission :

    Extrait de la bande-annonce d’Assassin’s Creed, Mirage, Ubisoft.
    Video Games, chanson de Lana del Rey, extraite de son album "Born to die", label Polydor 2012.
    Le philosophe Jérôme Lèbre autour de la notion de l’immobilité. Extrait de la présentation de son essai Éloge de l’immobilité, Éditions Desclée de Brouwer, 2018.
    Video Games, chanson de Sufjan Stevens, extraite de son album "The ascension", label Asthmatic Kitty 2020.
    Vidéo de présentation du spectacle Le Ring de Katharsy, d’Alice Laloy, donné au Théâtre de Gennevilliers.

    #Fanny_Lignon #Jeu_vidéo #Assasin_Creed #Podcast

  • Krankenversicherung: Kassenverband fordert Ende der Bevorzugung von Privatversicherten
    https://www.zeit.de/gesundheit/2024-12/spitzenverband-gesetzliche-krankenversicherung-privatpatienten

    26..12.2024 - Privatpatienten kommen meist schneller an Termine als gesetzlich Versicherte. Der Spitzenverband der gesetzlichen Krankenkassen fordert ein Ende dieser „Diskriminierung“.

    Krankenversicherung: Gesetzlich Versicherte warten oft Wochen auf einen Termin, während Privatpatienten schneller drankommen. Der Kassen-Spitzenverband will, dass sich das ändert.
    Gesetzlich Versicherte warten oft Wochen auf einen Termin, während Privatpatienten schneller drankommen. Der Kassen-Spitzenverband will, dass sich das ändert.

    Der Spitzenverband der gesetzlichen Krankenkassen hat die nächste Bundesregierung dazu aufgefordert, die Bevorzugung von Privatpatienten bei der Vergabe von Arztterminen gesetzlich zu beenden. Laut der stellvertretenden Verbandschefin Stefanie Stoff-Ahnis erhalten Privatversicherte häufig schneller Termine als gesetzlich Versicherte, was zu einer Benachteiligung der Mehrheit der Versicherten führe. „Wer echte Gleichbehandlung will, sollte dafür sorgen, dass bei der Terminvergabe nicht mehr danach gefragt werden darf, ob jemand gesetzlich oder privat versichert ist“, sagte Stoff-Ahnis gegenüber dem RedaktionsNetzwerk Deutschland (RND).

    Stoff-Ahnis kritisierte insbesondere, dass auf Buchungsportalen gesetzlich Versicherte oft wochenlang auf einen Facharzttermin warten müssten, während Privatpatienten häufig bereits am nächsten Tag einen Termin erhalten. Diese ungleiche Behandlung von Patienten sei nicht akzeptabel, betonte Stoff-Ahnis, und sprach von einer „Diskriminierung der gesetzlich Versicherten“. Sie forderte, dass die Terminvergabe künftig ausschließlich auf Basis der medizinischen Notwendigkeit erfolgen müsse, unabhängig vom Versicherungsstatus.

    Zusätzlich schlug der Verband vor, alle Arztpraxen gesetzlich dazu zu verpflichten, ihre freien Termine tagesaktuell auf einem Onlineportal zu veröffentlichen. Über dieses Portal, auf das Krankenkassen und die Kassenärztlichen Vereinigungen zugreifen können, könnten Termine direkt vermittelt werden. Dies würde, so Stoff-Ahnis, einen diskriminierungsfreien Zugang zu Arztpraxen ermöglichen und sicherstellen, dass die Versorgung aller Versicherten transparenter und gerechter werde.

    #Allemagne #politique #social #assurence-maladie #exclusion #privilèges #nantis

  • Torna in Italia, con visto di ingresso, “A”, rifugiato sudanese respinto nel 2018

    “A” arriva in Italia oggi, 25 dicembre, con un volo di linea e un regolare visto di ingresso ottenuto nell’ambito del procedimento giudiziale, dopo essere rimasto 6 anni privo di ogni forma di protezione. Così ha deciso il Tribunale Civile di Roma. Ecco la storia raccontata dai suoi avvocati e avvocate. Esiste infatti un diritto che non può essere bloccato dai “respingimenti collettivi”.

    Era stato riportato in Libia insieme a più di 270 persone dal mercantile Asso 29 con il
    sostegno dalle autorità italiane. Il Tribunale Civile di Roma ha riconosciuto la illegittimità di questa condotta, stabilendo il diritto di «A» a entrare in Italia.

    Questo arrivo ha un eccezionale significato simbolico: rende effettivo il diritto di asilo sancito dalla Costituzione, sistematicamente violato dalle pratiche di respingimento nel Mediterraneo dove le autorità italiane, anche con la complicità di società private, ostacolano l’arrivo via mare di coloro che cercano protezione in Europa.

    «A» faceva parte di un gruppo di oltre 270 persone respinte illegalmente in Libia tra il 30 giugno e il 2 luglio 2018 tramite il mercantile italiano Asso 29 di proprietà della Augusta Offshore, con sede a Napoli. L’episodio è stato eseguito su ordine e con il coordinamento delle autorità italiane operanti in Libia. Il Tribunale civile di Roma ha accertato la dinamica illecita del respingimento, avvenuto in violazione dei princìpi sanciti dalla giurisprudenza delle corti internazionali che avevano già condannato l’Italia per quanto accade nel Mediterraneo. L’intercettazione dei migranti e il successivo respingimento illegittimo – ha inoltre accertato il Tribunale – sono il risultato del contributo logistico, di supporto e coordinamento fornito delle autorità italiane. Questa condotta ha quindi violato le “obbligazioni positive” che impongono agli Stati di prevenire atti di tortura o trattamenti inumani.

    Durante le operazioni di salvataggio, le autorità intervenute e i comandanti delle navi coinvolte devono sempre garantire che i naufraghi siano sbarcati in un luogo sicuro, indipendentemente da chi coordini effettivamente le attività di soccorso. Nel caso della Asso 29, infatti, questo principio non viene meno neppure se intervengono le autorità libiche o se la richiesta di soccorso proviene da esse, come già affermato dalla Corte di Cassazione nella sentenza sul caso della Asso 28 (della medesima società armatrice).

    L’arrivo di «A» è il risultato di una battaglia legale che ha portato il Tribunale di Roma a ribadire un principio fondamentale: le persone respinte devono vedersi reintegrato il loro diritto all’asilo mediante la possibilità di entrare materialmente in Italia e presentare la domanda di protezione internazionale. Solo così si può evitare il prodursi di uno svuotamento degli obblighi di protezione. Il caso è stato seguito da un ampio collegio difensivo () dell’Asgi con il sostegno del progetto Oruka1 dell’associazione e del Josi&Loni Project. Insieme queste associazioni hanno ricostruito e documentato l’evento e sono riuscite a ottenere finalmente giustizia, seppure le sentenze siano state appellate. Ancora molte delle persone respinte si trovano fuori dall’Unione europea senza alcuna forma di protezione.
    (
    ) Di cui fanno parte i seguenti avvocati: Giulia Crescini, Cristina Laura Cecchini, Lucia Gennari, Luca Saltalamacchia, Salvatore Fachile, Ginevra Maccarrone, Loredana Leo.

    DICHIARAZIONI DELLE LEGALI E DELLE ASSOCIAZIONI

    “Il Tribunale di Roma con le decisioni sul caso Asso 29 ha messo in luce la palese illegittimità di quello che è tutt’altro che un caso isolato. Ogni giorno nel Mediterraneo le autorità italiane realizzano un contributo fondamentale affinché le persone vengano intercettate e riportate in Libia spesso con la collaborazione di attori privati che realizzano la condotta materiale illecita di riconsegnare le persone in fuga alle autorità libiche”, hanno affermato Cristina Laura Cecchini e Lucia Gennari del progetto Sciabaca e Oruka di Asgi.

    “Senza la fondamentale attività di ricostruzione e documentazione dei fatti del JL project e dei suoi attivisti non sarebbe stato possibile fare giustizia. Questo ci ricorda come i diritti delle persone, soprattutto nel Mediterraneo, necessitano di quella fondamentale attività di monitoraggio e documentazione che oggi le autorità italiane vorrebbero ostacolare anche attraverso la criminalizzazione delle organizzazioni umanitarie che operano i soccorsi in mare” aggiungono Giulia Crescini e Ginevra Maccarrone del collegio difensivo. “«A»è il primo ad ottenere giustizia. Il primo tra oltre seicento persone che il JL Project ha rintracciato e identificato come vittime di respingimenti illegali nei lager libici compiuti dal governo italiano. Il suo arrivo, oggi, è un meraviglioso inizio”, commenta Sarita Fratini del JL Project.

    La condotta tenuta dallo Stato italiano, dall’armatore e dal capitano della nave ha determinato la violazione di numerose norme di diritto interno, internazionale e comunitario e dei diritti fondamentali dei cittadini stranieri sottoposti a rimpatrio. Come è emerso nell’ambito del procedimento le autorità italiane hanno determinato l’intercettazione di persone in fuga dalla Libia e hanno fornito un contributo essenziale che ha determinato il respingimento operato dal Comandante della nave Asso 29 che ha ricondotto i migranti nel porto di Tripoli. Le autorità italiane, attraverso una serie concatenata di comportamenti illegittimi, hanno reso possibile il respingimento. Tali condotte sono state realizzate nonostante la piena consapevolezza degli abusi e delle violazioni sistematiche che avvengono nei centri di detenzione libici e del rischio di refoulement nel Paese di origine a cui i migranti sono esposti in Libia.

    Infatti tra il 30 giugno e il 2 luglio 2018 con il materiale sostegno delle autorità italiane, la “guardia costiera libica” per mezzo di una delle motovedette fornitegli dall’Italia ha effettuato una serie di intercettazioni in mare. Nel corso delle operazioni coordinate dalle autorità italiane era presente anche la Nave Duilio che, nonostante il sovraffollamento della motovedetta libica e le condizioni meteo in arrivo decideva di non effettuare il soccorso per non portare le persone in Italia. A seguito dell’avaria della motovedetta libica la nave Caprera della Marina Militare ordinava alla Asso 29 di intervenire. Tutte le persone salite a bordo della nave della società privata venivano ricondotte in Libia. Per tali motivi e per gli specifici diritti e obblighi violati, la situazione è stata dichiarata illegittima dal Tribunale di Roma e ha portato all’accertamento del diritto all’ingresso di «A».

    Quanto avvenuto il 25 dicembre a Fiumicino è facilmente comparabile con quello che ha portato la Corte europea dei diritti dell’uomo a condannare l’Italia nel caso Hirsi Jamaa e altri. Si tratta di una situazione estremamente comune ed ancora oggi tristemente attuale nel Mediterraneo dove quotidianamente persone intercettate vengono respinte in Libia con il supporto fondamentale dell’Italia.

    Il diritto di ingresso sul territorio come presupposto necessario per l’esercizio del diritto di asilo. Il respingimento ha in primo luogo determinato l’impossibilità per i cittadini stranieri di chiedere asilo, in violazione della Convenzione di Ginevra e dell’articolo 10 della Costituzione italiana. La limitazione della libertà di circolazione ha infatti come diretta conseguenza il mancato accesso alla protezione internazionale e all’asilo. Il presupposto necessario del diritto di asilo è evidentemente il diritto di accesso al territorio che è stato negato ai cittadini stranieri attraverso il respingimento in questione.

    Il divieto di respingimenti collettivi. Per la dinamica del respingimento è evidente che in nessun momento le autorità italiane, seppur responsabili dell’operazione, hanno condotto un’analisi della situazione individuale dei cittadini stranieri per valutare l’esistenza di rischi connessi al rimpatrio. L’assenza di questa valutazione determina la violazione del divieto di respingimenti collettivi stabilito dall’articolo 4 del protocollo addizionale 4 alla Convenzione europea per i diritti umani e dell’articolo 19 del Testo unico sull’immigrazione che vieta il rimpatrio verso uno Stato in cui la persona rischia di subire torture o persecuzioni. Oltre ai rischi corsi in Libia, le autorità italiane avrebbero dovuto valutare anche i rischi connessi a un eventuale rimpatrio dalla Libia all’Eritrea, Paese di origine dei ricorrenti. Inoltre occorre tenere presente che il respingimento collettivo verso uno Stato come la Libia, impedisce alla radice qualunque accesso alla giustizia e qualunque diritto a vedere la propria posizione esaminata in maniera effettiva da un organo indipendente.

    La violazione del divieto di tortura e trattamenti inumani e degradanti. Come dimostrato dalle vicende dei ricorrenti, il respingimento ha determinato la loro esposizione al rischio di tortura e trattamenti inumani e degradanti, vietati dall’articolo 3 della Convenzione europea dei diritti dell’uomo. Nel momento in cui è avvenuto il respingimento, erano ben note le condizioni a cui sarebbero stati sottoposti i naufraghi al loro ritorno in Libia. In proposito, la Corte europea dei diritti umani ha chiarito, nella sentenza del caso Hirsi Jamaa, come la proibizione della tortura sia assoluta e inderogabile: le istanze di controllo della migrazione o le eventuali situazioni di emergenza non legittimano in alcun modo condotte che espongono le persone a tali rischi.

    Il diritto a essere condotti in un luogo sicuro (POS). Le norme internazionali relative al diritto del mare (UNCLOS, Convenzione SAR, Convenzione SOLAS) stabiliscono che i soggetti coinvolti in un soccorso – in questo caso Stato italiano, armatore e capitano della nave – si liberano della loro responsabilità solo conducendo le persone soccorse in un “luogo sicuro”. A questo obbligo corrisponde lo speculare diritto delle persone soccorse. La nozione di luogo sicuro non è limitata alla sola protezione fisica delle persone, ma comprende anche il rispetto dei loro diritti fondamentali, come stabilito dalla Risoluzione 1821 del 2011 del Consiglio d’Europa. Il luogo è quindi da intendersi sicuro ove non sussista il rischio che la persona sia soggetta a tortura, trattamenti inumani e degradanti, dove non è a rischio la sua vita e la sua libertà. Alla luce di questa definizione, Tripoli non può in alcun modo essere considerato un posto sicuro per i cittadini stranieri: sono infatti note le dinamiche sistematiche e istituzionali di detenzione arbitraria, tortura ed estorsione.

    I fatti del 2018. «A» era arrivato nel Paese dopo aver lasciato il Sudan, nel tentativo di trovare protezione. In Libia, tuttavia, ha subìto abusi e gravi violazioni dei propri diritti. Il 30 giugno 2018 aveva così deciso di partire, sperando di riuscire a giungere in Europa e ottenere finalmente protezione.
    Dopo circa un giorno in mare, il gommone sul quale «A» era imbarcato aveva iniziato a mostrare segni di cedimento e la navigazione si era fatta estremamente difficoltosa. Una delle persone a bordo era riuscita a contattare via radio la Guardia costiera italiana e a chiedere soccorso. Le autorità italiane non erano intervenute direttamente nonostante fosse presente in mare anche la nave Duilio della Marina Militare che avrebbe potuto effettuare il soccorso. Al contrario, si erano messe in contatto con la motovedetta libica Zuwarah, che aveva raggiunto il gommone quando questo era già affondato. La Zuwarah aveva operato il salvataggio dellɜ 18 superstiti, tra lɜ quali «A», coadiuvata dall’elicottero della Marina militare italiana Eliduilio.

    Con il supporto e il coordinamento delle autorità italiane la Zuwarah, donata ai libici dall’Italia, aveva portato a termine ulteriori intercettazioni con un conseguente incremento del numero di persone a bordo della motovedetta (262 secondo il resoconto della stessa Augusta Offshore nel corso del giudizio). La motovedetta libica, a causa del sovraffollamento e delle condizioni meteomarine avverse, non poteva proseguire la navigazione. Le autorità italiane a bordo della nave militare Caprera, di stanza nel porto di Tripoli, diedero istruzione al comandante della Asso 29 di prestare assistenza alla Zuwarah. L’imbarcazione privata era in quel momento sulla rotta che da Tripoli la conduceva alla piattaforma petrolifera Bouri Field, tra le più grandi del Mediterraneo.

    La Asso Ventinove giunse sul posto, dove era presente anche la nave della Marina Militare italiana di stanza a Tripoli “Duilio”, che a sua volta agiva seguendo le indicazioni provenienti dalla Marina italiana. I passeggeri furono così trasferiti sull’imbarcazione privata. Quando le operazioni di trasbordo si conclusero, la Asso Ventinove si diresse verso Tripoli, trascinando a rimorchio anche la motovedetta libica. A bordo della Asso Ventinove salì anche un ufficiale libico, che, alla presenza del capitano della nave, comunicò ai naufraghi che se non avessero protestato sarebbero stati condotti in Italia. L’ufficiale, per tutta la traversata, si occupò dell’organizzazione dei naufraghi. Il 2 luglio la nave arrivò dinanzi al porto di Tripoli dove consegnò lɜ naufraghɜ alle autorità libiche che li condussero a terra su imbarcazioni più piccole. La Asso Ventinove, terminati i trasbordi, riprese la sua rotta originaria.

    Dal procedimento giudiziale sono emerse le seguenti indiscutibili circostanze:

    - Le intercettazioni dei naufraghi da parte dell’autorità libica sono il risultato dell’attività di supporto e coordinamento delle autorità italiane. Sono le stesse che hanno effettivamente rintracciato le imbarcazioni in distress e che, nonostante la vicinanza, hanno scientemente deciso di non intervenire facilitando l’arrivo della motovedetta libica per evitare di essere costrette a portare le persone in Italia.
    - La #Asso_29 è intervenuta su richiesta delle autorità italiane che, come quotidianamente accade nel Mediterraneo, forniscono istruzioni dichiarando formalmente di agire “per conto” delle autorità libiche.
    - Le autorità italiane avrebbero dovuto intervenire in adempimento alle obbligazioni positive imposte dalla legge ed evitare che le persone fossero riportate in Libia.

    Cosa accadde ai naufraghi ricondotti in Libia? Dopo lo sbarco «A» e le altre persone respinte furono arbitrariamente detenute in diversi centri: Tarik Al Sikka, Zintan, Tarik Al Matar, Gharyan. Tutti – uomini e donne – furono sottopostɜ a condizioni di vita atroci: sovraffollamento, cibo e acqua insufficienti, condizioni igieniche drammatiche e scarse possibilità di uscire all’aria aperta. In queste condizioni furono maltrattatɜ, abusatɜ, fu loro estorto denaro, assistettero a omicidi e torture.

    https://www.pressenza.com/it/2024/12/torna-in-italia-con-visto-di-ingresso-a-rifugiato-sudanese-respinto-nel-2

    #justice #Italie #refoulement #Libye #pull-back #migrations #réfugiés #asile #Méditerranée #réfugiés_soudanais #refoulements_collectifs #illégalité #sauvetage #port_sûr #Asso_28 #gardes-côtes_libyens #Hirsi_Jamaa #droit_d'asile

  • L’#enfermement, une coutume suisse ?

    Au cours du XXième siècle en Suisse, pas moins de 60’000 personnes ont été placées dans des institutions sans jugement ni condamnation. Sous la pression internationale, exercée notamment par le Conseil de l’Europe, l’#internement_administratif a été abrogé en 1981. Au cours des dix dernières années, un travail de #mémoire et une #réhabilitation des personnes concernées ont eu lieu. La pratique consistant à interner les personnes qui déviaient de la norme a-t-elle toutefois changé ?

    L’internement administratif était une pratique répandue en Suisse au XXième siècle. Elle désigne non seulement l’internement de personnes perçues comme « débauchées », « fainéantes » ou « asociales » dans un établissement psychiatrique, mais aussi dans des institutions sans prise en charge médicale. Ainsi, pas moins de 60 000 personnes ont été placées dans 648 établissements sans décision de justice et sans avoir commis d’infraction. Bien que les internements administratifs reposaient sur des bases légales, celles-ci n’étaient claires et rendaient la situation juridique difficile à appréhender. Les #internements concernaient principalement les personnes vivant dans la pauvreté, sans emploi fixe ou encore les membres de groupes discriminés, population considérée alors comme anormale et inadaptée. Sous la pression internationale, notamment du Conseil de l’Europe, l’internement administratif a été abrogé en 1981. Conscient de l’injustice subie par les personnes ayant été soumises à des mesures administratives, le Parlement fédéral a adopté en 2014 la loi fédérale sur la réhabilitation des personnes placées par décision administrative. Une commission indépendante d’expert·e·x·s (CIE) a ensuite étudié et documenté l’histoire des internements administratifs et a formulé des propositions pour la réhabilitation des personnes concernées. Ce travail témoigne d’une volonté de se confronter aux injustices historiques. Il doit aussi renforcer la sensibilité face aux injustices actuelles et contribuer à éviter la perpétuation de pratiques similaires en raison de situations juridiques peu claires.

    Cet article se penche sur la situation actuelle ; l’enfermement est une réalité largement répandue en Suisse dans différents domaines, même si les interventions portent désormais d’autres noms, reposent sur d’autres bases légales et sont exécutées sous différents régimes.

    #Détention_provisoire

    Lors de la détention provisoire, une personne soupçonnée d’avoir commis un délit est placée en détention afin qu’elle ne risque pas de prendre la fuite (#risque_de_fuite), de nuire à la procédure pénale (#risque_de_collusion) ou de commettre d’autres actes (#risque_de_récidive). La détention provisoire est régie par les articles 221 à 240 du Code de procédure pénale (CPP). La détention provisoire n’est proportionnée et légitime que si aucune mesure moins sévère (mesure de substitution) ne peut être prise pour empêcher l’entrave aux enquêtes pénales ou la récidive. La détention provisoire est soumise à la #présomption_d’innocence. Il arrive régulièrement qu’un acquittement intervienne après la détention provisoire, ce qui signifie que des personnes innocentes peuvent également être placées en détention provisoire.

    En 2023, 1924 personnes ont été placées en détention provisoire en Suisse. En comparaison avec d’autres pays d’Europe occidentale, la Suisse mène une politique restrictive en matière de détention provisoire. Seule la Belgique a un taux de détention provisoire pour 100 000 habitant·e·x·s aussi élevé. La proportion de personnes en détention provisoire par rapport à l’ensemble des détenu·e·x·s est de 46% en Suisse, contre 31% en France, 25% en Italie et 20% en Allemagne. 54% des personnes en détention provisoire sont soit des demandeur·euse ·x·s d’asile (7%), soit des personnes domiciliées à l’étranger ou dont le domicile est inconnu (4 %). La raison étant que dans ces cas, on suppose souvent qu’il y a un risque de fuite. Depuis 1988, le taux d’incarcération n’a cessé d’augmenter. La proportion de détenu·e·x·s résidant à l’étranger a également évolué, passant de 37% en 1988 à plus de 50% à partir de 2004.

    Dans la pratique, les mesures de substitution moins sévères ne sont souvent pas prises en considération, sans pour autant qu’une justification soit invoquée. Par conséquent, la #légalité de la détention reste dans de nombreux cas injustifiée. Bien que les conditions de détention varient fortement d’un canton à l’autre, elles sont souvent contraires aux #droits_humains, ce qui a été critiqué à plusieurs reprises par des organisations internationales. Lors de la détention provisoire, les personnes sont souvent placées en #isolement avec de longues périodes d’enfermement dans des #établissements_pénitentiaires très petits et anciens. Or un tel isolement peut avoir de graves conséquences sur la #santé. De plus, les conditions de visite sont souvent restrictives, alors que les détenu·e·x·s ont le droit de recevoir des visites ; les autorités de poursuite pénale violent même parfois ce droit et se servent de la durée des visites comme moyen de pression. Ces conditions sont d’autant plus choquantes si l’on considère que la présomption d’innocence s’applique en détention provisoire et que la détention peut entraîner des dommages psychiques irréparables même après une courte période.

    Ordonnance pénale et peines privatives de liberté de substitution

    Avec l’introduction du Code de procédure pénale (CPP) en 2011 visant à décharger les tribunaux, le rôle des procureur·e·x·s a été renforcé. Il leur est désormais possible de prononcer des peines allant jusqu’à six mois de #privation_de_liberté pour des délits de moindre gravité dans le cadre de la procédure de l’#ordonnance_pénale. Si l’ordonnance pénale est acceptée par la personne accusée, le jugement est définitif. Les personnes concernées peuvent toutefois contester l’ordonnance pénale en demandant qu’un tribunal ordinaire se prononce. La peine privative de liberté de substitution selon l’art. 36 CP est ordonnée lorsqu’une amende ou une peine pécuniaire ne peut pas être payée et qu’elle est convertie en peine privative de liberté.

    Les ordonnances pénales expliquant la très haute occupation (voire la #surpopulation) actuelle des établissements pénitentiaires suisses ; plus de la moitié des personnes incarcérées (53% des 3217 personnes incarcérées en 2022) purgent en effet une peine privative de liberté de substitution.

    La procédure de l’ordonnance pénale n’est pas seulement problématique parce que le ministère public est à la fois procureur et juge, à l’inverse du principe de séparation des pouvoirs ; selon une étude de l’Université de Zurich, les personnes concernées ne sont entendues que dans 8 % des cas avant que l’ordonnance pénale ne soit rendue. De plus, les personnes concernées n’ont souvent pas la nationalité suisse et, pour des raisons linguistiques, ne comprennent pas toujours l’ordonnance pénale qui leur est envoyée par la poste et laissent passer le délai d’opposition, très court - de 10 jours. Il arrive régulièrement que des personnes soient placées en détention sans en connaître la raison ou parce qu’elles manquent de ressources financières pour payer les services d’avocat·e·x·s. Toutefois, lorsqu’une ordonnance pénale est contestée, elle est annulée dans 20% des cas.

    Exécution des mesures pénales

    Le #code_pénal (CP) prévoit aux articles 56 à 65 la possibilité d’ordonner une mesure en plus de la peine en cas de condamnation pour une infraction, si la peine n’est pas de nature à diminuer le risque de récidive, s’il existe un besoin de traitement ou si la sécurité publique l’exige (art. 56 CP). L’exécution de la mesure prime une peine privative de liberté et est imputée sur la durée de la peine (art. 57 CP). Les conditions de la libération (conditionnelle) sont réexaminées au plus tôt après un an et au plus tard à l’expiration de la durée prévue par la loi (3 à 5 ans). En cas de pronostic positif, la libération intervient au plus tôt lorsque la personne condamnée a purgé les deux tiers de la peine privative de liberté ou après 15 ans d’une peine privative de liberté à vie. Une mesure peut être prolongée plusieurs fois en cas de pronostic négatif. Concrètement, il existe des mesures thérapeutiques institutionnelles en cas de troubles mentaux (art. 59 CP), en cas d’addiction (art. 60 CP) ou dans le cas de jeunes adultes (art. 61 CP). S’y ajoutent la mesure ambulatoire (art. 63 CP) ainsi que l’internement (art. 64 CP) en cas de risque particulièrement élevé de récidive et d’un grave trouble mental chronique et récurrent, qui peut être prononcé à vie dans certains cas (art. 64, al. 1bis).

    Alors que le nombre d’internements, de traitements des addictions ainsi que de mesures applicables aux jeunes adultes sont restés stables depuis 1984, l’énorme augmentation depuis 2003 (157 cas) des mesures pour le traitement des troubles mentaux selon l’art. 59 est frappante. Elle a connu un pic en 2021, avec 737 cas. En examinant les chiffres de plus près, on constate que l’augmentation n’est pas due à davantage d’admissions ou à moins de sorties par an, mais à une durée de séjour de plus en plus longue : l’augmentation de la durée moyenne de séjour entre 1984 et 2021 s’élève à 270%.

    Les scientifiques estiment que cette évolution s’explique en partie par l’importance grandissante de la thématique sécuritaire au sein de la société. Pour ordonner une mesure, les juges se fondent obligatoirement sur une expertise (art. 56, al. 3, CP). Celle-ci se détermine d’une part sur la nécessité et les chances de succès d’un traitement et contient d’autre part une évaluation des risques concernant la vraisemblance que l’auteur commette d’autres infractions ainsi que sur la nature de celles-ci. Cette disposition légale est problématique, car elle accorde aux expert·e·x·s et aux tribunaux une marge d’appréciation presque illimitée pour toutes les conditions d’évaluation du cas. Pour des raisons tout à fait compréhensibles, les psychiatres ne sont par ailleurs guère disposé·e·x·s à attester de l’absence de danger lors de l’expertise, craignant de devoir se justifier en cas de rechute. Les juges sont également aux prises de cette peur et suivent donc en général les recommandations des psychiatres. Le choix entre une peine privative de liberté ordinaire et une mesure thérapeutique est donc, dans les faits, déterminé par l’expertise de psychiatrie médico-légale, le plus souvent au détriment de la personne expertisée.

    Ce basculement d’un #régime_pénal vers un #régime_des_mesures entraîne une augmentation constante du nombre de personnes en détention de longue durée, sans qu’il y ait pour autant une augmentation des places adaptées, avec un suivi thérapeutique. Ainsi, des centaines de détenu·e·x·s qui se sont vu ordonner une mesure attendent souvent plus d’un an avant d’obtenir une place en thérapie. Selon la Commission nationale de la prévention de la torture, la plupart des personnes internées se trouvent dans les sections fermées des prisons. Ainsi, elles sont placées dans un régime de détention ordinaire et connaissent des conditions de détention souvent beaucoup plus restrictives que celles auxquelles elles auraient droit en exécutant une peine « préventive ». En effet, ce type de peine ne sert pas à réparer l’injustice d’une infraction, mais à protéger la société contre d’éventuelles autres infractions.

    #Placement à des fins d’#assistance

    Les personnes connaissant des #troubles_psychiques, une déficience mentale ou un grave état d’abandon peuvent être placées dans une institution appropriée contre leur volonté si l’assistance ou le traitement nécessaires ne peuvent leur être fournis d’une autre manière. On parle alors de #placement_à_des_fins_d’assistance, qui peut avoir lieu uniquement si la personne concernée risque sérieusement de se mettre en danger, ou dans certains cas, qu’elle représente un danger pour autrui. Les conditions pour ordonner le placement à des fins d’assistance et les traitements médicaux forcés sont définies aux articles 426 et suivants du code civil (CC). Le placement à des fins d’assistance est en principe ordonné par l’autorité de protection de l’enfant et de l’adulte cantonal ou, plus souvent, par un·e·x médecin.

    Depuis l’entrée en vigueur du droit de la protection de l’adulte en 2013, la « privation de liberté à des fins d’assistance » (PLAFA) est devenue le « placement à des fins d’assistance » (PAFA). L’hypothèse selon laquelle la révision de la loi permettrait de réduire le taux de PAFA ne s’est pas confirmée jusqu’à présent. Au contraire : en 2022, plus de 18 367 personnes ont été placées dans un hôpital psychiatrique contre leur gré sur la base d’une mesure de placement. Le taux moyen d’hospitalisations pour 1000 habitant·e·x·s se situe à 2,07 au niveau national, ce qui est plus élevé que la moyenne internationale, mais varie fortement selon les cantons. Concrètement, une personne sur cinq hospitalisée dans un établissement psychiatrique en Suisse est admise contre sa volonté. Environ 30 % des hospitalisations pour cause de placement à des fins d’assistance durent entre 1 et 7 jours ; 80% se terminent après six semaines, tandis qu’un peu plus de 20% atteignent voire dépassent sept semaines.

    Ces données ne concernent toutefois que les placements dans des hôpitaux psychiatriques et ne tiennent pas compte des PAFA dans d’autres structures telles que les services de soins somatiques des hôpitaux et des établissements médico-sociaux, ou du maintien de personnes entrées de leur plein gré. Il n’existe pas de récolte uniformisée et complète de données relatives aux PAFA au niveau national. Il faut donc partir du principe que le nombre de PAFA ordonnés chaque année est plus élevé.

    Compte tenu du taux de PAFA qui ne cesse d’augmenter et la manière dont ces placements sont ordonnés, l’organisation Pro mente sana a publié fin 2022 une prise de position comprenant des conclusions tirées d’évaluations du nouveau droit de protection des adultes ainsi que des témoignages de personnes concernées. La publication présentait cinq exigences : ordonner le PAFA exclusivement comme une mesure d’ultima ratio ; veiller à une meilleure qualification des professionnel·le·x·s habilité·e·x·s à prononcer un PAFA ; introduire le principe du double contrôle lors de l’ordonnance d’une mesure de PAFA ; garantir aux personnes concernées le droit d’être entendues et informées ; organiser un débriefing obligatoire après chaque mesure de PAFA.

    Dans sa première évaluation de la Suisse en 2022, le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU est allé encore plus loin en recommandant à la Confédération d’abroger les dispositions qui autorisent une privation de liberté forcée en raison de troubles psychiques ou de déficience mentale, ainsi que celles qui permettent le traitement médical forcé, la mise à l’isolement et la contention chimique, physique et mécanique (observations finales, pp. 7-8).

    Hébergement dans les #centres_fédéraux pour requérant·e·x·s d’#asile

    En Suisse, les personnes requérantes d’asile sont hébergées dans des centres fédéraux pour requérant·e·x·s d’asile pendant la procédure d’asile visant à déterminer si la Suisse doit leur offrir une protection. Il est indéniable que les structures d’hébergement restreignent la liberté des personnes en fuite, en raison de l’emplacement très éloigné des centres, de la limitation de la liberté de mouvement ou des obligations de présence.

    En 2023, 30 223 personnes [JD8] ont déposé une demande d’asile en Suisse. L’asile a été accordé dans 26% des cas et le taux de protection (décisions d’octroi de l’asile ou admissions provisoires) a atteint 54%. Dans le cadre de la planification ordinaire, le Secrétariat aux migrations (SEM) dispose en tout de 5000 places d’hébergement pour requérant·e·x·s d’asile. Dans des situations spéciales, cette capacité peut être portée à 10 000 places en accord avec les cantons. Actuellement, cette possibilité est pleinement exploitée.

    Afin de veiller au respect des droits fondamentaux et humains dans les structures d’hébergement pour personnes requérantes d’asile gérées par la Confédération, la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) en a fait l’examen en 2017 et 2018, tout comme le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) en mars 2021. La CNPT et le CPT critiquent d’une part les exigences disproportionnées quant à l’obligation de présence et d’autre part le fait que les mesures disciplinaires ne soient pas mises par écrit. La CNPT relève également un manque considérable d’intimité et constate que les personnes requérantes d’asile rencontrent des obstacles en matière de participation sociale. Le CPT critique le fait que le personnel en charge de l’aide juridique n’ait pas suffisamment accès aux centres d’asile et que les personnes requérantes ne soient pas assez bien informées sur les possibilités de recours.

    Dans les #centres_spécifiques régis par l’art. 24a de la loi sur l’asile (LAsi), les personnes requérantes d’asile sont complètement privées de leur liberté lorsque les autorités estiment qu’elles perturbent considérablement la sécurité et l’ordre publics ou le bon fonctionnement des centres fédéraux. Des mesures de sécurité et des règles de sortie plus strictes y sont appliquées et le séjour est limité à 30 jours. Un tel centre existe déjà aux Verrières (NE) et le SEM prévoit l’ouverture d’un second centre spécifique en Suisse alémanique.

    À la différence de mesures prononcées dans le cadre d’une procédure pénale, une personne ne doit pas nécessairement être reconnue comme coupable d’une infraction avant d’être transférée dans un centre spécifique. Selon l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), les conditions nécessaires à une assignation dans un centre spécifique sont trop larges. Il suffit par exemple que la personne requérante d’asile ne respecte pas le couvre-feu à plusieurs reprises pour qu’elle soit envoyée aux Verrières. Par ailleurs, le centre spécifique n’est pas adapté aux personnes atteintes d’addiction ou de troubles psychiques. En appliquant les dispositions du droit pénal en vigueur et les possibilités de traitement psychiatrique, les autorités disposent déjà d’une certaine marge de manœuvre dans les cas où la personne requérante représente une menace pour elle-même ou autrui.

    #Détention_administrative

    La détention administrative en vertu du droit des étrangers est une mesure de contrainte visant à garantir l’exécution du renvoi de personnes étrangères dépourvues d’un droit de séjour en Suisse et visant à prévenir les risques de fuite de ces personnes. Elle n’est en rien liée à un crime ou à une enquête d’ordre pénal. Elle est ordonnée par les autorités du canton qui exécute le renvoi ou l’expulsion, comme cela est décrit dans l’article 80 de la Loi sur les étrangers (LEtr), qui lui est dédié. La légalité et la proportionnalité de la détention doivent être examinées dans un délai de 96 heures après la mise en détention par une autorité judiciaire.

    Les statistiques en matière d’asile du SEM ont enregistré 2882 cas de détention administrative en 2023. Le taux de détention varie considérablement d’un canton à l’autre, car les différentes autorités d’exécution n’interprètent et n’appliquent pas toutes le principe de proportionnalité de la même manière. Dans certains cantons, la détention administrative est ordonnée avant même que la décision de renvoi ne soit devenue juridiquement contraignante. Il existe également des cas où la détention administrative n’est pas suivie d’une expulsion et où la « pertinence » de cette détention doit être remise en question. Dans cinq cas sur dix, la détention administrative dure moins de 10 jours. Dans l’autre moitié des cas, la durée varie généralement entre 9 et 18 mois.

    AsyLex et la CNPT critiquent la détention administrative en raison des restrictions importantes de la liberté de mouvement qu’elle engendre et du manque de proportionnalité. Les deux organisations dénoncent également depuis plusieurs années l’absence d’une représentation juridique efficace. Si la détention administrative ne constitue pas une mesure à caractère punitif, l’exécution d’une telle mesure s’en rapproche pourtant bien. Dans la plupart des cantons, les établissements pénitentiaires sont utilisés pour sa mise en œuvre alors qu’il devrait s’agir d’une exception au sens de la loi.

    Enfermer pour régler les problèmes sociaux ?

    Si l’on additionne les personnes en détention préventive (et donc non coupables au sens de la loi), les personnes en détention préventive (exécution de mesures pénales) qui ont déjà purgé leur peine, les personnes placées contre leur gré dans un hôpital psychiatrique (PAFA) et celles qui sont hébergées dans des centres fédéraux de requérant·e·x·s d’asile, on atteint un chiffre de plus de 30 000 personnes par an. Ces personnes sont privées de liberté en Suisse, alors qu’elles ne doivent pas compenser la culpabilité d’une infraction commise. Le nombre est probablement encore plus élevé, notamment du fait des PAFA, en raison du manque de données. Il faut par ailleurs encore tenir compte des personnes qui ne peuvent pas payer une amende en raison d’un manque de ressources financières et personnelles, et qui sont punies pour cela par une privation de liberté.

    Alors que la Suisse se penche aujourd’hui publiquement sur la question de l’internement administratif, les médias se font l’écho de témoignages de jeunes ayant besoin d’une prise en charge thérapeutique, mais placé·e·x·s en prison faute de places dans les foyers et les services psychiatriques. Les pratiques de l’époque des internements administratifs sont-elles donc réellement révolues ?

    Ce sont toujours les personnes qui ne correspondent pas aux normes sociales qui continuent d’être enfermées : les personnes touchées par la pauvreté, les personnes sans passeport suisse et les personnes atteintes de problèmes de santé. Alors que les internements administratifs touchaient autrefois particulièrement les femmes élevant seules leurs enfants, ils frappent aujourd’hui surtout les personnes réfugiées.

    Les coûts financiers et sociaux de ces mesures de privation de liberté sont immenses. La détention administrative à elle seule représente déjà un coût plus de 20 millions de francs par an, sans compter les coûts consécutifs tels que les mesures de réinsertion et le traitement des conséquences d’une détention. Il existe par ailleurs des alternatives à la détention, bien étudiées scientifiquement dans tous les domaines, aussi bien en matière de détention provisoire ou de placement à des fins d’assistance qu’en matière de détention administrative. Certaines pratiques de pays étrangers peuvent également servir de modèle. Bien que ces solutions aient aussi un coût, elles contribueraient à intégrer les personnes concernées dans la société (ici ou ailleurs) et donc d’éviter les coûts consécutifs tels que ceux liés aux conséquences d’une détention.

    Un changement radical de mentalité est nécessaire afin que la société ait le courage d’investir dans l’intégration plutôt que dans la répression, et veille surtout au respect systématique des droits humains.

    https://www.humanrights.ch/fr/pfi/droits-humains/migration-asile/lenfermement-une-coutume-suisse
    #Suisse #migrations #réfugiés #rétention

  • Le déni des #persécutions génocidaires des « #Nomades »

    Le dernier interné « nomade » des #camps français a été libéré il y a presque 80 ans. Pourtant, il n’existe pas de décompte exact des victimes « nomades » de la #Seconde_Guerre_mondiale en France, ni de #mémorial nominatif exhaustif. Le site internet collaboratif NOMadeS, mis en ligne le 6 décembre 2024, se donne pour mission de combler cette lacune. Pourquoi aura-t-il fallu attendre huit décennies avant qu’une telle initiative ne soit lancée ?
    Les « Nomades » étaient, selon la loi du 16 juillet 1912, « des “#roulottiers” n’ayant ni domicile, ni résidence, ni patrie, la plupart #vagabonds, présentant le caractère ethnique particulier aux #romanichels, #bohémiens, #tziganes, #gitanos[1] ».

    Cette #loi_raciale contraignait les #Roms, les #Manouches, les #Sinti, les #Gitans, les #Yéniches et les #Voyageurs à détenir un #carnet_anthropométrique devant être visé à chaque départ et arrivée dans un lieu. Entre 1939 et 1946, les personnes que l’administration française fit entrer dans la catégorie de « Nomades » furent interdites de circulation, assignées à résidence, internées dans des camps, et certaines d’entre elles furent déportées.

    Avant même l’occupation de la France par les nazis, le dernier gouvernement de la Troisième République décréta le 6 avril 1940 l’#assignation_à_résidence des « Nomades » : ces derniers furent contraints de rejoindre une #résidence_forcée ou un camp. Prétextant que ces « Nomades » représentaient un danger pour la sécurité du pays, la #Troisième_République en état de guerre leur appliqua des mesures qui n’auraient jamais été prises en temps de paix, mais qui s’inscrivaient parfaitement dans la continuité des politiques anti-nomades d’avant-guerre.

    Le 4 octobre 1940, les Allemands ordonnèrent l’internement des « #Zigeuner [tsiganes] » en France. L’administration française traduisit « Zigeuner » par « Nomades » et appliqua aux « Nomades » les lois raciales nazies. Les personnes classées comme « Nomades » furent alors regroupées dans une soixantaine de camps sur l’ensemble du territoire métropolitain, tant en zone libre qu’en zone occupée.

    À la fin de la guerre, la Libération ne signifia pas la liberté pour les « Nomades » : ils demeurèrent en effet assignés à résidence et internés jusqu’en juillet 1946, date à laquelle la #liberté_de_circulation leur fut rendue sous condition. Ils devaient toujours être munis de leur carnet anthropométrique. La loi de 1912, au titre de laquelle les persécutions génocidaires de la Seconde Guerre mondiale furent commises sur le territoire français, ne fut pas abrogée, mais appliquée avec sévérité jusqu’en janvier 1969. La catégorie administrative de « Nomades » céda alors la place à celle de « #gens_du_voyage » et de nouvelles mesures discriminatoires furent adoptées à leur encontre.

    L’occultation de la persécution des « Nomades » (1944-1970)

    En 1948, le ministère de la Santé publique et de la Population mena une vaste enquête sur les « Nomades ». Les résultats montrent que plus d’un tiers des services départementaux interrogés savaient assez précisément ce qu’avaient subi les « Nomades » de leur département pendant la guerre : il fut question des #camps_d’internement, des conditions dramatiques de l’assignation à résidence, de #massacres et d’engagement dans la résistance. Ces enquêtes font également état de l’#antitsiganisme de beaucoup de hauts fonctionnaires de l’époque : on y lit entre autres que les mesures anti-nomades de la guerre n’étaient pas indignes, mais qu’au contraire, elles avaient permis d’expérimenter des mesures de #socialisation.

    Cette enquête de 1948 permet de comprendre que ces persécutions n’ont pas été « oubliées », mais qu’elles ont été délibérément occultées par l’administration française. Lorsqu’en 1949 est créée une Commission interministérielle pour l’étude des populations d’origine nomade, ses membres ne furent pas choisis au hasard : il s’agissait de personnes qui avaient déjà été en charge des questions relatives aux « Nomades », pour certaines d’entre elles pendant la guerre. Ainsi y retrouve-t-on #Georges_Romieu, ancien sous-directeur de la Police nationale à Vichy, qui avait été chargé de la création des camps d’internement pour « Nomades » en zone libre.

    Il n’est donc pas très étonnant que les survivants des persécutions aient eu beaucoup de mal à faire reconnaître ce qu’ils venaient de subir. Alors même qu’en 1948, deux lois établirent le cadre juridique des #réparations des #préjudices subis par les victimes de la Seconde Guerre mondiale, le régime d’#indemnisation mis en place posa de nombreux problèmes aux victimes « nomades ». L’obstacle principal résidait dans le fait qu’une reconnaissance des persécutions des « Nomades » comme victimes de #persécutions_raciales remettait en cause l’idée que la catégorie « Nomade » n’était qu’un #classement_administratif des populations itinérantes et non une catégorie raciale discriminante. Le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre ne voulait pas que l’internement des « Nomades » puisse être considéré comme un internement sur critères raciaux.

    Ainsi, entre 1948 et 1955, les premiers dossiers de « Nomades » présentés au ministère des Anciens Combattants ne furent pas ceux des internés des camps français, encore moins des assignés à résidence, mais ceux des rescapés de la déportation afin d’obtenir le titre de « #déporté_politique ». Même pour ces derniers, l’administration manifesta un antitsiganisme explicite. Dans le dossier d’une femme rom française pourtant décédée dans les camps nazis, on peut y lire l’avis défavorable suivant : « Laissé à l’avis de la commission nationale, la matérialité de la déportation à Auschwitz n’étant pas établie. Les témoins (gitans comme le demandeur) signent tout ce qu’on leur présente. »

    Dans les années 1960, quelques dizaines d’anciens internés « Nomades » demandèrent l’obtention du statut d’interné politique. Les premiers dossiers furent rejetés : l’administration refusait de reconnaître que les camps dans lesquels les « Nomades » avaient été internés étaient des camps d’internement. Pour ceux qui arrivaient à prouver qu’ils avaient bel et bien été internés dans des camps reconnus comme tels, par exemple celui de #Rivesaltes, l’administration rejetait leur demande en arguant que leur état de santé ne pouvait pas être imputé au mauvais traitement dans les camps mais à leur mauvaise hygiène de vie.

    Devant ces refus systématiques de reconnaître la persécution des « Nomades », certaines personnes s’insurgèrent : les premiers concernés d’abord sans n’être aucunement entendus, puis des personnalités issues de l’action sociale comme, par exemple le #père_Fleury. Ce dernier avait été un témoin direct de l’internement et de la déportation depuis le camp de Poitiers où il avait exercé la fonction d’aumônier. Il contacta à plusieurs reprises le ministère des Anciens Combattants pour se plaindre du fait que les attestations qu’il rédigeait pour les anciens internés dans le but d’obtenir une reconnaissance n’étaient pas prises en compte. En 1963, les fonctionnaires de ce ministère lui répondirent que les demandes d’obtention du #statut d’interné politique faites par des « Nomades » n’aboutissaient pas faute d’archives et qu’il fallait qu’une enquête soit menée sur les conditions de vie des « Nomades » pendant la guerre.

    Le père Fleury mit alors en place une équipe qui aurait dû recenser, partout en France, les victimes et les lieux de persécution. Mais le président de la Commission interministérielle pour l’étude des populations d’origine nomade, le conseiller d’État Pierre Join-Lambert s’opposa à l’entreprise. C’est à peu près au même moment que celui-ci répondit également à l’ambassadeur d’Allemagne fédéral qu’il n’y avait pas lieu d’indemniser les « #Tziganes_français ». La position de Join-Lambert était claire : aucune #persécution_raciale n’avait eu lieu en France où les « Tsiganes » étaient demeurés libres.

    Cependant, à la fin des années 1960, devant la profusion des demandes d’obtention du statut d’internés politique de la part de « Nomades », le ministère des Anciens Combattants mena une enquête auprès des préfectures pour savoir si elles possédaient de la documentation sur « les conditions d’incarcération des Tsiganes et Gitans arrêtés sous l’Occupation ». Si certaines préfectures renvoyèrent des archives très parcellaires, certaines donnèrent sciemment de fausses informations. Le préfet du Loiret écrivit ainsi que, dans le camp de #Jargeau (l’un des plus grands camps d’internement de « Nomades » sur le territoire métropolitain), « les nomades internés pouvaient bénéficier d’une certaine liberté grâce à la clémence et à la compréhension de l’autorité administrative française ». En fait, les internés étaient forcés de travailler à l’extérieur des camps.

    Premières #commémorations, premières recherches universitaires (1980-2000)

    Pour répondre à l’occultation publique de leurs persécutions, des survivants roms, manouches, sinti, yéniches, gitans et voyageurs s’organisèrent pour rappeler leur histoire.

    À partir des années 1980, plusieurs associations et collectifs d’internés se formèrent dans le but de faire reconnaître ce qui doit être nommé par son nom, un génocide : on peut citer l’association nationale des victimes et des familles de victimes tziganes de France, présidée par un ancien interné, #Jean-Louis_Bauer, ou encore le Comité de recherche pour la mémoire du génocide des Tsiganes français avec à sa tête #Pierre_Young. Quelques manifestations eurent lieu : on peut rappeler celle qui eut lieu sur le pont de l’Alma à Paris, en 1980, lors de laquelle plusieurs dizaines de Roms et survivants de la déportation manifestèrent avec des pancartes : « 47 membres de ma famille sont morts en camps nazis pour eux je porte le Z ». Mais aucune action n’eut l’ampleur de celles du mouvement rom et sinti allemand qui enchaîna, à la même époque, grèves de la faim et occupation des bâtiments pour demander la reconnaissance du génocide des Roms et des Sinti.

    Cependant, la création de ces associations françaises coïncida avec le début des recherches historiques sur l’internement des « Nomades » en France, qui ne furent pas le fait d’historiens universitaires mais d’historiens locaux et d’étudiants. Jacques Sigot, instituteur à Montreuil-Bellay, se donna pour mission de faire l’histoire du camp de cette ville où avaient été internés plus de 1800 « Nomades » pendant la guerre. Rapidement, il fut rejoint dans ses recherches par d’anciens internés qui appartenaient, pour certains, à des associations mémorielles. Ainsi, paru en 1983, Un camp pour les Tsiganes et les autres… #Montreuil-Bellay 1940-1945. Plusieurs mémoires d’étudiants firent suite à cette publication pionnière : en 1984 sur le camp de #Saliers, en 1986 sur le camp de #Rennes et en 1988 sur le camp de #Jargeau.

    Les premières #plaques_commémoratives furent posées dans un rapport d’opposition à des autorités locales peu soucieuses de réparation. En 1985, Jean-Louis Bauer, ancien interné « nomade » et #Félicia_Combaud, ancienne internée juive réunirent leurs forces pour que soit inauguré une #stèle sur le site du camp de #Poitiers où ils avaient été privés de liberté. En 1988, le même Jean-Louis Bauer accompagné de l’instituteur Jacques Sigot et d’autres survivants imposèrent à la mairie de Montreuil-Bellay une stèle sur le site du camp. En 1991, grâce aux efforts et à la persévérance de Jean-Louis Bauer et après quatre années d’opposition, le conseil municipal de la commune accepta la pose d’une plaque sur le site de l’ancien camp de Jargeau.

    En 1992, sous cette pression, le Secrétariat d’État aux Anciens Combattants et Victimes de Guerre, le Secrétariat général de l’Intégration et la Fondation pour la Mémoire de la Déportation demandèrent à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP) de mener une recherche intitulée : « Les Tsiganes de France 1939-1946. Contrôle et exclusion ». L’historien Denis Peschanski en fut nommé le responsable scientifique et, sous sa direction parut deux ans plus tard un rapport de 120 pages.

    Ce rapport apportait la preuve formelle de l’internement des « Nomades », mais certaines de ses conclusions étaient à l’opposé de ce dont témoignaient les survivants : il concluait en effet que la politique que les Allemands avaient mise en œuvre en France à l’égard des « Nomades » ne répondait pas à une volonté exterminatrice, en d’autres termes que les persécutions françaises n’étaient pas de nature génocidaire. De plus, le rapport ne dénombrait que 3 000 internés « tsiganes » dans les camps français : un chiffre bas qui ne manqua pas de rassurer les pouvoirs publics et de rendre encore les survivants encore plus méfiants vis-à-vis de l’histoire officielle.

    Popularisation de l’histoire des « Nomades » et premières reconnaissances nationales (2000-2020)

    Au début du XXIe siècle, les anciens internés « nomades » qui étaient adultes au moment de la guerre n’étaient plus très nombreux. La question de la préservation de leur mémoire se posait, alors même que les universitaires n’avaient pas cherché à collecter leurs paroles et les survivants n’avaient pas toujours trouvé les moyens de laisser de témoignages pérennes derrière eux.

    Les initiatives visant à préserver cette mémoire furent d’abord le fait de rencontres entre journalistes, artistes et survivants : en 2001, le photographe Mathieu Pernot documenta l’internement dans le camp de Saliers ; en 2003 et 2009, Raphaël Pillosio réalisa deux documentaires sur la persécution des « Nomades » ; en 2011, la journaliste Isabelle Ligner publia le témoignage de #Raymond_Gurême, interné avec sa famille successivement dans les camps de #Darnétal et de #Linas-Monthléry, dont il s’évada avant de rejoindre la Résistance.

    Les années 2000 popularisèrent l’histoire des « Nomades » à travers des bandes dessinées, des films ou, encore, des romans. Le 18 juillet 2010, Hubert Falco, secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants, mentionna pour la première fois l’internement des « Tsiganes » dans un discours officiel. Cette reconnaissance partielle fut aussitôt anéantie par des propos du président de la République, Nicolas Sarkozy associant les « gens du voyage » et les « Roms » à des délinquants. L’été 2010 vient rappeler que la reconnaissance des persécutions passées était épineuse tant que des discriminations avaient encore cours.

    En 2016, alors que la plupart des descendants d’internés et d’assignés à résidence « Nomades » étaient toujours soumis à un régime administratif de ségrégation, celui de la loi du 3 janvier 1969 les classant comme « gens du voyage », il fut décidé que le président de la République, François Hollande, se rendrait sur le site du camp de Montreuil-Bellay. Une cérémonie, qui eut lieu le 29 octobre 2016, fut préparée dans le plus grand secret : jusqu’au dernier moment, la présence du résident fut incertaine. Les survivants et leurs enfants invités étaient moins nombreux que les travailleurs sociaux et les membres d’associations ayant vocation à s’occuper des « gens du voyage » et aucun survivant ne témoigna. François Hollande déclara : « La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa #responsabilité est grande dans ce drame. » La souffrance ne fut pas qualifiée et la question du #génocide soigneusement évitée.

    Le Conseil d’État rejeta en septembre 2020 la demande de deux associations de Voyageurs et de forains d’ouvrir le régime d’indemnisation des victimes de spoliation du fait des lois antisémites aux victimes des lois antitsiganes. Il déclara que les « Tsiganes » n’avaient pas « fait l’objet d’une politique d’extermination systématique ». Si le Parlement européen a reconnu le génocide des Roms et des Sinti en 2015 et a invité les États membres à faire de même, la France de 2024 n’a toujours pas suivi cette recommandation.
    Résistances et liste mémorielle

    À partir de 2014, les descendants de « Nomades » et des Roms et Sinti persécutés par les nazis et les régimes collaborateurs changèrent de stratégie : ce n’était pas seulement en tant que victimes qu’ils voulaient se faire reconnaître, mais aussi en tant que résistants. Le mouvement européen du 16 mai (#romaniresistance), rappelant l’insurrection des internés du Zigeunerlager [camp de Tsiganes] d’Auschwitz-Birkenau quand des SS vinrent pour les conduire aux chambres à gaz, se propagea. Il réunit tous les ans la jeunesse romani et voyageuse européenne à l’appel de l’ancien interné français Raymond Gurême : « Jamais à genoux, toujours debout ! »

    La base de données « NOMadeS : Mur des noms des internés et assignés à résidence en tant que “Nomades” en France (1939-1946) » propose d’établir collaborativement une #liste aussi exhaustive que possible des internés et des assignés à résidence en tant que « Nomades » en France entre 1939 et 1946. Soutenue par plusieurs associations de descendants d’internés, elle servira d’appui à de nouvelles revendications mémorielles. Peut-être aussi à une demande de reconnaissance par la France du génocide des Manouches, des Roms, des Voyageurs, des Gitans, des Sinti et des Yéniches.

    https://aoc.media/analyse/2024/12/18/le-deni-des-persecutions-genocidaires-des-nomades

    #persécution #encampement #France #histoire #déni #internement #déportation #travail_forcé #reconnaissance

    • Mémorial des Nomades et Forains de France

      Le Mémorial des Nomades de France, sous le parrainage de Niki Lorier, œuvre pour une reconnaissance pleine et entière par la France de sa responsabilité dans l’internement et la déportation des Nomades de France entre 1914 et 1946,

      Il collecte les témoignages des survivants.

      Il propose des interventions en milieu scolaire et du matériel pédagogique sur le CNRD.

      Il réalise des partenariats avec des institutions mémorielles (Mémorial de la Shoah, Mémorial du camp d’Argelès, Mémorial du Camp de Rivesaltes) et des associations dans la réalisation d’expositions, de sites internets…

      Un comité scientifique a été mis en place en 2018.

      Il dispose d’un fond documentaire, et d’archives privées.

      –-

      #Manifeste :

      ▼ Le MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE a été crée en 2016 en réaction à l’annonce par la Dihal que le discours du président de la République sur le site du camp de Montreuil-Bellay constituerait une reconnaissance officielle de la France. Pour nous, cette démarche est trompeuse et purement déclarative. Nous souhaitons que la reconnaissance des persécutions contre le monde du Voyage par les différents gouvernements entre 1912 et 1969 passe par la voie législative, sur le modèle de la journée de commémoration nationale de la Shoah votée par le parlement en 2000, suivie le 10 mai 2001, par l’adoption de la « loi Taubira », qui reconnaît la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité. Rappelons que depuis 2015, le Parlement européen a fixé par un vote solennel au 2 août la date de la « Journée européenne de commémoration du génocide des Roms », journée non appliquée en France.

      ▼ Le MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE demande l’application pleine et entière de la loi Gayssot de 1990, notamment dans l’Éducation Nationale. Sur tous les manuels d’histoires utilisés en France, seulement 5 mentionnent le génocide des Zigeuner par les Nazis, pas un ne fait mention des persécutions subies du fait des autorités françaises sous les différents gouvernements de la Troisième République, de « Vichy », du GPRF, ou de la IVe République. Nous sommes parfaitement conscients de la difficulté pour l’État, de reconnaître une situation encore en vigueur aujourd’hui par un procédé d’encampement généralisé de la catégorie administrative des dits « gens du voyage » dans le cadre des « lois Besson » de 1990 et 2000.

      ▼ Le MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE, demande que l’habitat caravane soit reconnu comme un logement de plein droit, ouvrant un accès aux droits communs qui leurs sont déniés aux Voyageurs et Voyageuses, l’État se mettant enfin en conformité avec l’article premier de la Constitution de 1958.

      ▼ Le MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE demande la dissolution de la Commission Nationale des Gens du Voyage, dernier organisme post-colonial d’État, qui organise la ségrégation territoriale des différents ethnies constituant le monde du Voyage en France, par le biais de l’application des lois Besson et l’abandon de celle-ci, garantissant la liberté de circulation pour tous et son corollaire, le droit de stationnement, dans des lieux décents, ne mettant pas en danger la santé et la sécurité des intéressés. Les textes existent, il suffit de s’y conformer. Le Conseil constitutionnel considère que la liberté de circulation est protégée par les articles 2 et 4 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 (il l’a notamment rappelé dans la décision du 5 août 2021). A ce titre la loi Égalité et Citoyenneté de 2017 a abrogé les carnets de circulation. Nous considérons que l’application de l’avis du Conseil Constitutionnel est incomplète, les dites « aires d’accueil » ou « de grands passages » servant justement à contrôler la circulation des Voyageurs sur le territoire métropolitain. C’est le seul moyen de mettre fin au dernier racisme systémique d’État.

      ▼ Le travail de recherche et de restitution historique du MÉMORIAL DES NOMADES DE FRANCE tend en ce sens.

      https://memorialdesnomadesdefrance.fr

  • CONTRO #Askatasuna, NERUDA E #no_tav CHIESTI 88 ANNI DI CARCERE PERCHÉ RITENUTI COLPEVOLI DI LOTTARE
    https://radioblackout.org/2024/12/contro-askatasuna-neruda-e-no-tav-chiesti-88-anni-di-carcere-perche-r

    Martedì si è conclusa la prima parte del maxiprocesso imbastito contro il CSOA Askatasuna, lo Spazio popolare Neruda ed il Movimento No TAV, con la requisitoria della PM Pedrotta e la richiesta di 88 anni di carcere complessivi per un totale di 26 compagni e compagne. Il processo li vede accusati di associazione a delinquere: […]

    #L'informazione_di_Blackout #associazione_a_resistere
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2024/12/intervistadanaMEGLIO.mp3

  • Auch dank Infosperber kommt Unfallopfer wieder zur Rente
    https://www.infosperber.ch/gesellschaft/sozialversicherungen/allianz-versicherungen-perfide-tricks-unfallrente-dank-infosperber-bunde

    Les assuranve privées somt connues pour leur maîtrise de l’art d’éviter les remboursements. En suisse l’assurance Allianz a cessé le versement de retraites quand ses employés trouvaient un vice de forme dans le passé pour lequel l’assurance était reponsable. La cour de justice Bundesgericht vient de corriger sa décision qui a rendu possible pendant sept ans cet abus au dépens des victimes d’accidents.

    18.12.2024 von Andres Eberhard - Die «Allianz» hatte mit perfiden Tricks viele Opfer um eine Rente geprellt. Jetzt vollzog das Bundesgericht eine Kehrtwende.

    Die Allianz Suisse ist Opfer ihrer eigenen Unverschämtheit geworden. Sieben Jahre lang hat die Versicherung systematisch kleine Unfallrenten aufgehoben, wie Infosperber vor zwei Jahren aufdeckte. Sie argumentierte dabei mit angeblichen Formfehlern beim 10 oder 20 Jahre zurückliegenden Rentenentscheid – Fehler wohlweislich, die sie selbst verschuldet hat. Stossend war das Vorgehen der Versicherung auch darum, weil die Allianz für einen Grossteil der geschuldeten Renten vorgängig entschädigt wurde. Von der Haftpflichtversicherung erhielt sie teilweise mehrere Hunderttausende Franken pro Fall. Die Versicherung machte also potenziell Gewinn zulasten von Unfallopfern.

    Nun aber ist die Allianz offenbar zu weit gegangen. Denn das Bundesgericht hat eine für seine Verhältnisse äusserst ungewöhnliche Kehrtwende vollzogen und die Praxis gestoppt. Es hiess die Beschwerde einer 68-jährigen Frau gut, die vor 20 Jahren von einem Auto angefahren wurde und noch heute daran leidet. In seinem Urteil verweist das höchste Gericht auch auf die Recherchen des Infosperbers.

    «Sündenfall» des Bundesgerichts

    Vor dem neusten Urteil hatten etliche andere Unfallopfer gegen die Allianz geklagt. Bis dato erfolglos, weil das höchste Gericht selbst die Tricksereien der Versicherung möglich gemacht hatte. Im Jahr 2017 hatte es einen Leitentscheid gefällt, den der Gerichtspräsident selber Jahre später reumütig als «Sündenfall» bezeichnen sollte. In dem Entscheid befand das Bundesgericht, dass die Allianz Renten zu Recht aufhebt, wenn nicht nachweislich geprüft wurde, ob ein «adäquater» kausaler Zusammenhang zwischen Unfall und Beschwerden besteht.

    Für geprellte Unfallopfer bedeutete der damalige Entscheid des höchsten Gerichts: Wer sich gegen die Aufhebung seiner Rente wehren möchte, muss beweisen können, dass die Versicherung vor 10 oder 20 Jahren korrekt gearbeitet hat. Wie grotesk das ist, zeigte sich auch im aktuellen Fall vor Bundesgericht. «Wir mussten anhand der Akten der Unfallversicherung, auf deren Vollständigkeit die Versicherten keinen Einfluss haben, beweisen, dass die Versicherung eine Prüfung gemacht hat, die sie ohnehin hätte machen müssen», sagt Rechtsanwältin Anouck Zehntner vom Advokaturbüro indemnis Basel auf Anfrage. Zehntner vertrat im aktuellen Fall die Frau vor Bundesgericht (siehe auch Kasten am Ende des Artikels).

    Versichertenanwälte sind erleichtert…

    Nun kehrt das Bundesgericht zu seiner ursprünglichen Rechtssprechung zurück. Es geht davon aus, dass die erforderliche «Adäquanzprüfung» erfolgt ist – ob nun mündlich oder schriftlich. Es betritt damit wieder den Pfad des gesunden Menschenverstandes: «Es darf nämlich davon ausgegangen werden, dass die Unfallversicherung die Leistungsanforderungen kennt und diese prüft, bevor sie eine Rente oder Integritätsentschädigung zuspricht», schreibt das Gericht im Urteil lapidar. Dazu muss man wissen: Dass nicht alles 20 Jahre in Aktenschränken überdauert, hat auch damit zu tun, dass sich die Parteien in der Praxis oft auf mündlich getroffene Vergleiche einigten.

    Nach dem Urteil atmen Anwälte von Versicherten auf. «Endlich schiebt das Bundesgericht der Praxis der Allianz, langjährige Rentenleistungen mit scheinheiliger Begründung zu streichen, einen Riegel», kommentiert Rainer Deecke vom Verband Versicherte Schweiz. Der Luzerner Anwalt Christian Haag betreute selbst mehrere ähnliche Fälle. Er schätzt die Zahl Betroffener auf mehrere Hundert. Haag sagt, dass viele in die Abhängigkeit von Ergänzungsleistungen oder Sozialhilfe abgedrängt wurden. «Nachdem sie beruflich komplett desintegriert waren, strich die Versicherung die jahrzehntelange Berentung aus heiterem Himmel.» Für sie kommt die Einsicht des Bundesgerichtes zu spät: Die Chancen, in Revision gehen zu können, sind klein.

    …den höchsten Richtern ist es peinlich

    Für die pensionierte Sachbearbeiterin, deren Beschwerde das Bundesgericht gutgeheissen hat, nimmt der jahrelange Rechtsstreit ein gutes Ende. Sie erhält rückwirkend und auch in Zukunft die Leistungen für die 30%-Rente, welche ihr die Allianz im Jahr 2015 gestrichen hatte. Trotz jahrelanger Therapie leidet sie nach wie vor an Schmerzen im Kopf, Nacken, Gesicht und Knie.

    Dem Bundesgericht wiederum scheint der Fall peinlich zu sein. Erst vor zwei Jahren hatte die Mehrheit der Bundesrichter das Vorgehen der Allianz vor Publikum vehement als rechtens verteidigt. Nun wurde das angeblich einstimmig gefällte Urteil den Parteien auf dem Postweg eröffnet. Publiziert werden soll es nicht.

    Die Allianz wollte zu den im Artikel erhobenen Vorwürfen keine Stellung nehmen.

    Versicherungen halten häufig Akten zurück

    Anouck Zehntner ist die Anwältin der Frau, deren Fall kürzlich vor Bundesgericht verhandelt wurde. Sie sagt, sie habe während des Verfahrens anhand von Hinweisen festgestellt, dass Akten fehlten, und deswegen mehrfach intervenieren müssen. Da die Akten nicht digitalisiert waren, musste sie teils wochenlang auf die Zustellung warten. Vor Gericht habe die Versicherung dann plötzlich 19 weitere Aktenstücke präsentiert, welche sich in den zuvor zugestellten Akten nicht befanden. Trotzdem fehlte am Ende nachweislich eine möglicherweise entscheidende Aktennotiz eines Telefongesprächs. Diese Tatsachen erlaubten es der Anwältin, dem Bundesgericht aufzuzeigen, zu welch stossender Beweisproblematik dessen Rechtssprechung führte.

    Zehntner, die auf Unfälle und Versicherungsfragen spezialisiert ist, stellt allgemein fest, dass bestimmte Unfallversicherungen immer wieder Akten zurückhalten. Auch vor Gericht wollen sie diese nicht herausgeben. «Begründet wird das sogar mit dem Datenschutz», sagt Zehntner. «Doch es ist nicht die Aufgabe der Versicherung zu beurteilen, welche Akten für das Verfahren massgeblich sind. Vielmehr ist sie verpflichtet, vor Gericht die gesamten Akten zu editieren.»
    Themenbezogene Interessenbindung der Autorin/des Autors

    #Suisse #assurances #retraites #justice #justice_de_classe

  • « Les Syriens ont des craintes, mais sont heureux pour la première fois depuis des décennies »

    De la Syrie nous n’avons trop souvent que des images éparses. Celles d’un régime sanguinaire en place pendant cinq décennies, qui fut longtemps un partenaire privilégié de la France ; les images des révolutions populaires de 2011 réprimées dans le sang par l’ancien pouvoir ; la destruction des plus grandes villes du pays sous les bombes de #Bachar_al-Assad et des Russes ; les images des djihadistes de l’État islamique, ceux qui ont fomenté des attentats en France depuis la ville de Raqqa, dont le groupe terroriste avait fait sa capitale.

    Depuis une semaine, nous voyons désormais d’autres clichés, ceux d’un peuple en joie d’avoir renversé le tyran. Mais aussi les portraits des nouveaux maîtres de la Syrie, biberonnés au djihadisme, et dont nous ne savons pas quoi penser.

    Et puis il y a des images manquantes, celles de ces dizaines ou centaines de milliers de fantômes, des opposant·es, des artistes, des intellectuel·les ou des manifestant·es, embastillé·es et disparu·es : des noms sur des registres, dont les familles recherchent aujourd’hui les traces dans les sous-sols des prisons du régime.

    Qui sont les nouveaux maîtres de la Syrie ? Quel peut être l’avenir du pays dans un Moyen-Orient en plein bouleversement ? Les Syriennes et les Syriens dont les proches ont été tué·es ou torturé·es par le régime connaîtront-ils un jour la vérité ? Obtiendront-ils justice ?

    Nos invité·es :

    - Sana Yazigi, créatrice du site Mémoire créative de la révolution syrienne (https://creativememory.org), autrice de Chroniques de la révolte syrienne : des lieux et des hommes, 2011-2015 (Presses de l’Ifpo) : https://www.ifporient.org/978-2-35159-746-0 ;
    - Hanane et Obeida Dabbagh, proches de disparus syriens, qui ont obtenu la condamnation à perpétuité de trois officiels de l’ex régime syrien pour complicité de crimes contre l’humanité, en mai 2024 ;
    - Ziad Majed, politiste, enseignant à l’université américaine de Paris, auteur de Syrie, la révolution orpheline et coauteur de Dans la tête de Bachar al-Assad (éditions Actes Sud) : https://www.actes-sud.fr/dans-la-tete-de-bachar-al-assad ;
    – Gilles Dorronsoro, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique, coauteur de Syrie. Anatomie d’une guerre civile (éditions du CNRS) : https://www.cnrseditions.fr/catalogue/relations-internationales/syrie

    https://www.youtube.com/watch?v=NWXnsQRUtyo


    #Syrie #peur #statues #prisons #système_carcéral #Assad #surveillance #torture #dictature #terreur #clientélisme #clan #solidarité_de_corps #Russie #Iran #atrocités #répression #disparus #renaissance #armes_chimiques #justice #purge #colère #poursuites_judiciaires #HTS #Tahrir_al-Sham #al-Julani #Abu_Mohammad_al-Julani #sanctions #Kurdes #Turquie #souveraineté #Israël #Etat_islamique #Golan #USA #Etats-Unis #influences_étrangères #auto-détermination #complexité #kurdes_syriens #fédéralisme #baasisme #constitution #élections #bases_américaines #milices_turques #libération #procès #crimes_contre_l'humanité #affaire_Dabbagh #prisons_syriennes #destruction_des_corps #arrestations #résistance #révolution_syrienne #impunité #amnistie #détention #charniers #massacres #prisons_secrètes #tortionnaires

    • Creative memory

      Mémoire Créative est un projet à but non lucratif qui vise à documenter, archiver et protéger les œuvres et les événements de l’#oubli, de la #négligence et du #déni. Il s’agit là d’un engagement effectué dans la volonté de témoigner de l’effervescence culturelle et artistique née de la révolution syrienne. Celui-ci s’effectue dans un contexte instable de guerre, de destruction et de remodelage du tissu social. Le projet vise à témoigner, en ces temps troubles, de la construction d’une mémoire de sa révolution ainsi que de la création d’un patrimoine et d’une nouvelle identité culturelle, sociale et politique.

      Toutes les œuvres sont documentées sur le site telles qu’elles sont mentionnées dans leurs sources originales, avec les auteurs respectifs et tous les détails adhérents, y compris les éventuelles erreurs linguistiques. Des liens présents sur notre site, actifs au moment de l’archivage des sources y correspondant, peuvent avoir été désactivés, et ce pour des raisons indépendantes de notre volonté. Nous ne sommes donc pas responsables des suppressions des sources, des modifications et des erreurs qui se produisent après l’archivage.

      https://creativememory.org/fr/archive
      #archive #mémoire #culture #art #caricatures #dessins_de_presse #art_et_politique

    • Chroniques de la #révolte syrienne : des lieux et des hommes, 2011-2015

      Ce livre est une invitation à explorer un pays qui, pris dans une spirale de #violence inouïe, est fragmenté au point d’être devenu étranger à lui-même. Il présente, sous forme documentaire, cinquante villes, villages, communes, banlieues et quartiers syriens qui se sont révoltés en 2011. Ces Chroniques reviennent sur le début du mouvement de révolte, ses vecteurs de mobilisation et ses dynamiques internes. Elles témoignent que le soulèvement initié en mars 2011 a généré une importante créativité et un monde d’initiatives et de projets sociétaux.

      https://www.ifporient.org/978-2-35159-746-0
      #livre #révolution

    • Syrie. Anatomie d’une #guerre_civile

      Voici la première étude sur la guerre civile syrienne faite à partir d’entretiens réalisés en Syrie même et dans les pays voisins.

      #2011 : des centaines de milliers de Syriens de toutes confessions et origines ethniques manifestent pacifiquement pour réclamer la démocratisation du régime. Au bout de quelques mois, la violence de la répression les contraint à prendre les armes et à organiser une contre-société avec des institutions embryonnaires et à regrouper des unités militaires improvisées au sein de l’Armée syrienne libre.

      Après 2013, cette logique inclusive et unanimiste cède progressivement devant la montée des groupes transnationaux comme le PKK et l’État islamique. L’insurrection se fragmente alors avec une polarisation croissante alimentée de l’extérieur. Les groupes les plus modérés sont marginalisés au profit de l’islam politique qui prend des formes de plus en plus radicales et de revendications ethno-nationales kurdes.

      Quels sont les effets de la guerre sur la société syrienne ? Quelles nouvelles hiérarchies communautaires et sociales résultent de la violence généralisée ? Comment les trajectoires sociales des Syriens pris dans la guerre sont-elles affectées ? Comment se structure l’économie de guerre alors que le pays est divisé entre le régime, l’insurrection, le PKK et l’État islamique ?

      Un livre unique qui combine une recherche de terrain – rare sur le confit syrien – et une réflexion théorique novatrice sur les situations de guerre civile.

      https://www.cnrseditions.fr/catalogue/relations-internationales/syrie

    • Affaire Dabbagh

      L’affaire Dabbagh est une affaire criminelle concernant la disparition forcée et la mort sous la torture de #Mazzen_Dabbagh, conseiller principal d’éducation au Lycée français de Damas, et de son fils, #Patrick_Dabbagh, étudiant. Tous deux sont des citoyens franco-syriens, arrêtés à leur domicile à Damas en 2013 par les services de renseignement, victimes de disparition forcée pendant 5 années puis déclarés mort en 2018 par les autorités syriennes.

      En 2024, trois dignitaires syriens sont reconnus coupables de complicité de crime contre l’humanité par la justice française pour l’arrestation arbitraire, la torture et la privation de la vie de Mazzen et Patrick Dabbagh.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Dabbagh

  • Berlin-Neukölln : Syrer feiern ein Freudenfest auf der Sonnenallee – „Die Revolution hat gesiegt“
    https://www.berliner-zeitung.de/mensch-metropole/berlin-neukoelln-syrer-feiern-ein-freudenfest-auf-der-sonnenallee-d


    Jubel auf der Weichselstraße/Ecke Sonnenallee : Die Syrer feiern den Sturz des Diktators Assad. Susanne Lenz

    Les uns font la fête, les autres préparent leur expulsion. Après la fin du règne d"Assad les chrétien-démocrates CDU et l’extrême droite AfD se prononcent pour le retour immédiat des réfugiés de Syrie.

    On confond encore cause et effet : le nombre élevé de Syriens sans ressources ni attaches à Berlin a permis aux petits et grands exploiteurs, aux patrons de bar comme à Uber, de ruiner des sercteurs entiers de l’économie locale par le dumping salarial et des prix en dessous du seuil de rentabilité pour des entreprises honnêtes.

    La droite profite des conséquences désastreuses des activités de groupes capitalistes mafieux pour surfer sur la vague de xénophobie myope.

    8.12.2024 von Susanne Lenz - Victory-Zeichen, Jubel, die Fahne der syrischen Republik: Wo, wenn nicht auf der arabischen Straße, wie die Sonnenallee auch genannt wird, begehen Berliner Syrer den Sturz Assads.

    Neukölln feiert am Sonntagabend ein Freudenfest: Mit einem Autokorso auf der Sonnenallee und den umliegenden Straßen feiern Syrer das Ende der Herrschaft des Machthabers Baschar al-Assad und dass die Rebellen die Kontrolle über die Hauptstadt Damaskus übernommen haben.
    „Damit hat niemand gerechnet“

    Überall machen Menschen das Victory-Zeichen, es wird gehupt, gejubelt, die syrische Fahne wird geschwenkt, Menschen tragen sie über den Schultern. Kinder haben sie sich auf die Wangen gemalt. Es ist nicht die aktuelle Fahne, sondern die der syrischen Republik mit den drei Sternen, deren Ära 1963 durch einen Staatsstreich der Baath-Partei endete, der Partei Assads.

    Feiernde Menschen auf dem #Hermannplatz gegen 17 Uhr. Die Polizei löste die Versammlung friedlich auf, die Menschen bewegten sich Richtung #Sonnenallee assad #syrien pic.twitter.com/Lx1ZaYIUw1
    — AlicevonLenthe (@AlicevLenthe) December 8, 2024

    „Die Revolution hat gesiegt“, sagt ein junger Mann. „Jetzt bricht die Zeit der Menschenrechte an.“ Man wolle auch die Anhänger Assads nicht vertreiben. Sie dürften weiter in ihren Häusern wohnen bleiben. „Damit hat niemand gerechnet. Als wir heute Morgen aufgewacht sind, sind wir von dieser Nachricht überrascht worden.“ Was das für ein Lied ist, das aus den geöffneten Autofenstern dringt? Es sei heute im Laufe des Tages entstanden und feiere den Sieg der Revolution. „Syrien ist frei.“

    Feiernde Menschen mit #Syrien und #Palästina Flaggen auf der #Sonnenallee Sie rufen: Wir knien vor Gott! #assad pic.twitter.com/XR497nvs8b
    — AlicevonLenthe (@AlicevLenthe) December 8, 2024

    Dass es die Sonnenallee ist, auf der gefeiert wird, ist klar. Sie hat seit einigen Jahren den Beinamen Scharia al Arab, arabische Straße, denn hier haben seit 2015 Flüchtlinge unzählige syrische Läden aufgemacht: Supermärkte, Konditoreien, Barber-Shops, Restaurants. Der Jubel jetzt ist riesig, die Polizei ist überfordert, auf der Sonnenallee ist kein Durchkommen. Angemeldet hat diesen Autokorso niemand. Es ist ein spontaner Ausbruch. Überall ruft es „Alhamdullila“, Lob sei Gott, Gott sei Dank.

    #Sonnenallee Ecke Weichselstraße: Autokorso, feiernde Menschen, gelegentliche Silvesterknaller #syrien #assad pic.twitter.com/VeZakJs78f
    — AlicevonLenthe (@AlicevLenthe) December 8, 2024

    #Allemagne #Berlin #Neukölln #Sonnenallee #Weichselstraße #Syrie #rxtrême_droite #réfugiés #expulsion

  • Opinion | The Rage and Glee That Followed a C.E.O.’s Killing Should Ring All Alarms - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/12/06/opinion/united-health-care-ceo-shooting.html

    Par Zeynep Tufekci

    I’ve been studying social media for a long time, and I can’t think of any other incident when a murder in this country has been so openly celebrated.

    The conditions that gave rise to this outpouring of anger are in some ways specific to this moment. Today’s business culture enshrines the maximization of executive wealth and shareholder fortunes, and has succeeded in leveraging personal riches into untold political influence. New communication platforms allow millions of strangers around the world to converse in real time.

    But the currents we are seeing are expressions of something more fundamental. We’ve been here before. And it wasn’t pretty.

    As the historian Jon Grinspan wrote about the years between 1865 and 1915, “the nation experienced one impeachment, two presidential elections ‘won’ by the loser of the popular vote and three presidential assassinations.” And neither political party, he added, seemed “capable of tackling the systemic issues disrupting Americans’ lives.” No, not an identical situation, but the description does resonate with how a great many people feel about the direction of the country today.

    It’s not hard to see how, during the Gilded Age, armed political resistance could find many eager recruits and even more numerous sympathetic observers. And it’s not hard to imagine how the United States could enter another such cycle.

    Things are much better now than in the 19th century. But there is a similarity to the trajectory and the mood, to the expression of deep powerlessness and alienation.

    Now, however, the country is awash in powerful guns. And some of the new technologies that will be deployed to help preserve order can cut both ways. Thompson’s killer apparently knew exactly where to find his target and at exactly what time. No evidence has emerged that he had access to digital tracking data, but that information is out there on the market. How long before easily built artificial-intelligence-powered drones equipped with facial recognition cameras, rather than hooded men with backpacks, seek targets in cities and towns?

    The concentration of extreme wealth in the United States has recently surpassed that of the Gilded Age. And the will among politicians to push for broad public solutions appears to have all but vanished. I fear that instead of an era of reform, the response to this act of violence and to the widespread rage it has ushered into view will be limited to another round of retreat by the wealthiest. Corporate executives are already reportedly beefing up their security. I expect more of them to move to gated communities, entrenched beyond even higher walls, protected by people with even bigger guns. Calls for a higher degree of public surveillance or for integrating facial recognition algorithms into policing may well follow. Almost certainly, armed security entourages and private jets will become an even more common element of executive compensation packages, further removing routine contact between the extremely wealthy and the rest of us, except when employed to serve them.

    We still don’t know who killed Brian Thompson or what his motive was. Whatever facts eventually emerge, the anger it has laid bare will still be real, and what we glimpsed should ring all the alarm bells.

    #Zeynep_Tufekci #Assurance #Violence #Inégalités #Séparatisme

  • Anthem Blue Cross Blue Shield calls off surgery anesthesia cap
    https://www.axios.com/2024/12/05/blue-cross-blue-shield-anesthesia-anthem-connecticut-new-york

    A major health insurance company is backing off of a controversial plan to limit coverage of anesthesia, according to public officials.

    Why it matters: Anthem Blue Cross Blue Shield recently decided to “no longer pay for anesthesia care if the surgery or procedure goes beyond an arbitrary time limit, regardless of how long the surgical procedure takes,” according to the American Society of Anesthesiologists, which opposed the decision.
    The decision covered plans in Connecticut, New York and Missouri.
    The insurer had based the move on surgery time metrics from the Centers for Medicare and Medicaid Services, NPR reported.
    Friction point: The decision was controversial at the time — but outrage erupted this week after the murder of UnitedHealthcare CEO Brian Thompson in New York City cast a spotlight on divisive insurance decisions.

    The latest: “After hearing from people across the state about this concerning policy, my office reached out to Anthem, and I’m pleased to share this policy will no longer be going into effect here in Connecticut,” Connecticut Comptroller Sean Scanlon said Thursday on X.

    “We pushed Anthem to reverse course and today they will be announcing a full reversal of this misguided policy,” New York Gov. Kathy Hochul said Thursday in a statement. “Don’t mess with the health and well-being of New Yorkers — not on my watch.”

    [...]

    On social media, critics drew a direct line from controversial coverage decisions to the death of Thompson.

    “When you shoot one man in the street it’s murder. When you kill thousands of people in hospitals by taking away their ability to get treatment you’re an entrepreneur,” an X user wrote.

    https://seenthis.net/messages/1086181

    #É-U #assurance_maladie #assurances_privées #santé