• Immigration : les députés macronistes tentés de détricoter le texte du Sénat
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/11/15/immigration-les-deputes-macronistes-tentes-de-detricoter-le-texte-du-senat_6

    Immigration : les députés macronistes tentés de détricoter le texte du Sénat
    Une partie des élus de la majorité est déterminée à rééquilibrer le projet de loi, nettement durci par les sénateurs de droite, lors de son examen en séance à l’Assemblée nationale à partir du 11 décembre.
    Par Mariama Darame
    Quelques heures avant l’adoption du projet de loi « immigration » par le Sénat, mardi 14 novembre, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, esquissait déjà la ligne de conduite de son camp à l’égard d’un texte considérablement durci par la majorité sénatoriale, dominée par la droite : « Bien sûr que [nos députés] auront à cœur de revenir sur un certain nombre de dispositions introduites par les sénateurs », a-t-il affirmé sur France Inter.
    Quotas migratoires, restriction des modalités du regroupement familial, suppression de l’aide médicale d’Etat (AME) au profit d’une aide médicale d’urgence (AMU), délit de séjour irrégulier… La droite sénatoriale et son allié centriste ont profondément transformé le texte du gouvernement – passé de 27 articles à près d’une centaine –, souvent avec la bienveillance du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. Au point que les sénateurs Les Républicains (LR) considèrent désormais que le projet de loi est devenu le leur.
    Une « provocation » aux yeux des députés macronistes, soucieux de rééquilibrer le texte. Alors qu’il doit être examiné à l’Assemblée nationale à partir du 27 novembre en commission des lois, puis le 11 décembre en séance, une partie d’entre eux sont tentés de défaire l’œuvre du Sénat. (...) Mais comme souvent, les visions divergent au sein de la majorité à l’Assemblée nationale sur l’ampleur des modifications à apporter.
    L’article 3, qui visait à créer un titre de séjour pour les travailleurs sans papiers dans les métiers en tension, sera au cœur des débats au Palais-Bourbon. Mardi, le ministre de l’intérieur a convié à déjeuner le président Renaissance de la commission des lois à l’Assemblée, Sacha Houlié. Le premier a rappelé au second sa volonté de revenir sur la suppression de cet article. Au Sénat, cette disposition décriée par la droite a été remplacée par une mesure de régularisation dans ces métiers en tension à la seule discrétion du préfet, durcissant ainsi la circulaire en vigueur.
    (...) Face à Sacha Houlié, figure de proue de l’aile gauche macroniste, M. Darmanin a soutenu le rétablissement de l’article 4, également supprimé par la majorité sénatoriale, permettant à certains demandeurs d’asile d’accéder dès leur arrivée au marché du travail. Le ministre de l’intérieur a aussi reconnu que de nombreuses mesures introduites au Sénat étaient irrecevables car sans lien direct ou indirect avec le texte. De quoi offrir des garanties suffisantes à son aile gauche pour éviter tout désaveu dans l’Hémicycle ? « La majorité ne doit pas tomber dans le piège de ne vouloir que se contenter de corriger le texte du Sénat. Il reste des améliorations à apporter au texte initial », considère Stella Dupont qui compte encore sur le soutien d’une partie de la gauche pour les faire voter.
    #Devant ces positions affirmées, Gérald Darmanin n’a pas renoncé à obtenir l’abstention d’élus LR, voire le soutien d’une poignée de députés de droite conciliants avec la ligne du gouvernement pour faire adopter son texte. Or, chez les députés macronistes, la défiance demeure à l’égard des LR, jugés peu fiables. « Vaut-il mieux un mauvais texte voté par une majorité construite avec la droite ou un bon texte adopté grâce à un 49.3 ? », estime le député MoDem du Finistère, Erwan Balanant. Avant de résumer : « C’est l’équation politique insoluble pour Gérald Darmanin. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#assembleenationale#loimigration#AME#titredesejour#regularisation#politiquemigratoire#sante

  • Retraites : l’abrogation de la réforme ne sera pas examinée, annonce la présidente de l’Assemblée nationale
    https://www.francebleu.fr/infos/politique/retraites-l-abrogation-de-la-reforme-ne-sera-pas-examinee-affirme-la-pres

    La semaine dernière en commission, le texte du groupe Liot avait été vidé de son principal article, l’article 1 qui abroge le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans et prévoit de repasser à 62 ans. « Sur les amendements de rétablissement de l’article 1, je suis très claire : ils seront déclarés irrecevables par moi-même dans la journée », a précisé Yaël Braun-Pivet sur BFMTV.

    Tu vois, la séparation des pouvoirs est toujours une réalité, parce que c’est l’Assemblée qui refuse. L’exécutif, il ne peut que suivre l’avis de l’Assemblée, parce qu’ils sont indépendants l’un de l’autre quoi. Et donc, y-a rien à dire. La démocratie est toujours une réalité en France, parce qu’il y a eu un vote en commission, par les députés, et ça, c’est bien la preuve que nous sommes en démocratie.

    Alors tous ces factieux qui disent le contraire, on devrait les arrêter et les déporter en Nouvelle Calédonie !

    • Salut
      C’est ton point de vue en dessous ou ça vient d’une autre personne ?

      Dans les deux cas, ça m’intéresse de bien comprendre : parce-que c’est l’Assemblée qui décide donc ça veut dire que c’est une démocratie ? Et parceque si l’exécutif n’a le choix que de suivre l’avis de l’Assemblée c’est aussi une preuve de démocratie ?
      Peux-tu expliquer ces points de vue tout en le liant à une définition neutre de que doit représenter une gouvernance démocratique ?

      J’ai un doute quelque part dans le fondement, mais je veux bien comprendre ça.

      S’il-te-plaît.

    • Le communiqué d’Eric Coquerel

      L’esprit démocratique se poursuit.

      Le député LFI Eric Coquerel pourrait perdre son poste de président de la Commission des Finances.
      https://www.ladepeche.fr/2023/06/07/le-depute-lfi-eric-coquerel-pourrait-perdre-son-poste-de-president-de-la-c

      Éric Coquerel (LFI), président de la Commission des Finances à l’Assemblée nationale, pourrait très bientôt payer le fait d’avoir validé la proposition de loi Liot visant à abroger la réforme des retraites.

      Les présidences de commission seront, en effet, renouvelées, comme chaque année, au mois d’octobre or la majorité aimerait manœuvrer pour qu’il ne soit pas réélu à son poste.

      « Il faudra s’entendre avec une partie des oppositions sur un nom pour que ça ne soit pas lui mais c’est compliqué car le RN risque de revendiquer le poste car ils sont le groupe le plus important », assurait cette semaine à La Dépêche du Midi un député qui ajoutait : « Au sein du groupe Renaissance nous sommes partagés. Il y a ceux qui disent qu’il faut le foutre dehors et ceux qui disent il faudrait respecter l’esprit de la réforme de 2008 ». Celle-ci visait à donner plus de pouvoir aux oppositions.

      « Au-delà des contradictions de la Présidente de l’#AssembléeNationale, la volonté des macronistes de délégitimer le président de la commission des finances et toute voie d’opposition parlementaire est gravissime.

      Ce n’est plus du mépris pour les institutions, c’est du sabotage. »
      https://twitter.com/TrouveAurelie/status/1666369074488655873?cxt=HHwWgoC-2YX2kKAuAAAA

  • Tableau l’Abolition de l’An II de Hervé di Rosa contesté.
    Tribune 2 de Mame-Fatou Niang et Julien Suaudeau — 21 mai 2020 in Slate.fr

    http://www.slate.fr/story/190641/tableau-herve-di-rosa-commemorer-abolition-esclavage-assemblee-nationale

    Ce tableau d’Hervé di Rosa est-il la meilleure œuvre pour commémorer la première abolition de l’esclavage ?

    Il y a un peu plus d’un an, le 4 avril 2019, nous avons publié une tribune intitulée « Banalisation du racisme à l’Assemblée nationale : ouvrons les yeux », dans laquelle nous expliquions pourquoi le tableau d’Hervé di Rosa commémorant l’abolition de l’An II n’a pas, selon nous, sa place sur les murs du Palais Bourbon.

    Cette tribune avait été accompagnée par une pétition publiée le même jour, adressée au Président de l’Assemblée nationale et aux député·es ; le 12 avril, un deuxième texte l’avait suivie, qui répondait point par point aux accusations portées contre nous.

    La toile est toujours là, le débat de fond n’a pas eu lieu et certains ont pu croire que nous ne souhaitions pas l’ouvrir. Bien au contraire. Alors que c’est aujourd’hui l’anniversaire de la loi Taubira du 21 mai 2001, tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, alors que la Martinique célèbre demain son abolition et que la Guadeloupe fera de même le 27 mai, alors que le 10 mai a débuté un mois de commémoration et de réflexion sur le respect de la dignité humaine, la nécessité historique de ce débat est plus actuelle que jamais. Nous nous proposons ici de l’engager sur le mode du questionnement, après un bref rappel de notre point de vue.

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    Une vision stéréotypée et déshumanisante

    À nos yeux, le tableau en question ne peut être l’œuvre qui commémore, au cœur du pouvoir législatif, la loi de la Ière République ayant aboli l’esclavage avant que celui-ci ne soit rétabli sous l’Empire.

    Inscrite dans une imagerie où se sédimentent, pêle-mêle, ces rires Banania que Léopold Sédar Senghor voulait déchirer sur tous les murs de France, Tintin au Congo ou encore les barbouillages de Michel Leeb, cette représentation donne du corps noir une vision stéréotypée et déshumanisante. Elle insulte à la fois la mémoire des millions de victimes du commerce triangulaire, de l’esclavage et les citoyen·nes français.es qui sont leurs descendant·es.

    Selon Hervé di Rosa, l’auteur du tableau, nous aurions fait fausse route en attentant à sa liberté de créateur, à « son geste artistique et poétique ». Parce que tous ses personnages ont « de grosses lèvres rouges », quelles que soient leur couleur, leur sexe ou leurs caractéristiques physiques, nous lui aurions instruit un mauvais procès.

    Non seulement cette posture feint d’ignorer les codes iconographiques du colonialisme et du racisme français et belges, mais un rapide survol de la diromythologie, cette esthétique pop forgée au carrefour du graffiti, de la BD et de la science-fiction, suffit pour comprendre que l’artiste a su donner forme à des physionomies bien plus diverses qu’il ne le dit.

    L’imagerie à laquelle la toile renvoie aurait dû l’écarter a priori de toute fonction commémorative –à plus forte raison dans un bâtiment aussi symbolique que le Palais Bourbon.

    Depuis le début de l’affaire, nous considérons hors-sujet ses intentions et ses convictions politiques, et nous nous sommes toujours gardés de porter un jugement esthétique sur un tableau qui n’aurait pas retenu notre attention s’il avait été exposé dans un musée ou une galerie privée.

    Le problème est pour nous le suivant : l’imagerie à laquelle la toile renvoie aurait dû l’écarter a priori de toute fonction commémorative –à plus forte raison dans un bâtiment aussi symbolique que le Palais Bourbon.

    La toile d’Hervé di Rosa y a été accrochée en 1991, dans le cadre d’une série qui célèbre les grands moments de l’histoire législative française. D’autres panneaux de la même série, par exemple celui consacré à l’adoption du suffrage universel en 1848, présentent des visages aux traits similaires ? C’est exact. Mais parce que ces visages ont la peau rose, ils ne sauraient convoquer le même champ symbolique.

    Dans un documentaire diffusé récemment sur Arte, Hervé di Rosa affirme que sa création ne relève pas du réel et se caractérise par une sorte d’étanchéité historique : « L’Histoire c’est l’Histoire, une image c’est une image, c’est un songe, c’est une esthétique, ce n’est pas la réalité. » Nous soutenons qu’aucune œuvre d’art n’existe ex nihilo, dans un vide anhistorique.

    Imagine-t-on un mémorial du 13-Novembre sur lequel les victimes, revues et corrigées en personnages de BD, souriraient d’un air béat entre les balles des terroristes ? Peut-on envisager, au mémorial de la Shoah, une œuvre de commémoration qui mettrait en scène des figures évoquant les stéréotypes de l’exposition « Le Juif et la France » ?

    Si une telle chose est impensable, c’est parce que la mémoire de l’Holocauste a été écrite consciencieusement, avec le plus grand sérieux. Nous ne parlons pas ici de sensibilité, au sens où la perpétuation des codes de l’imagerie colonialiste serait blessante, choquante, indélicate. Elle l’est pour beaucoup, mais ce n’est pas le problème principal. Il s’agit de conscience historique et esthétique : choisir une vision fantaisiste de la blessure mortelle que fut le commerce triangulaire, c’est valider une forme de négationnisme par l’image.

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    Honorer la mémoire et donner à voir l’Histoire sans compromettre l’Art

    L’art a le droit et le devoir de choquer, à condition de choquer avec rigueur –surtout si l’œuvre en question a une vocation commémorative. Que viendraient donc faire la satire et l’ironie, souvent invoquées comme des marques déposées de l’esprit français, dans l’hommage et le recueillement ?

    Rien, nous en sommes convaincu·es. Ce n’est que notre opinion et nous avons peut-être tort. Mais, si tel est le cas, il appartient aux député·es de le démontrer en répondant aux questions qui ont été évitées jusqu’à maintenant.

    Vingt-neuf ans après son inauguration, les représentant·es de la nation, en passant devant le tableau sur le chemin de l’hémicycle, sont-ils intimement convaincu·es qu’il ne saurait y avoir d’œuvre plus pertinente pour commémorer le « plus jamais » que nous dictent la traite et l’esclavage ?

    Les millions d’Africain·es qui ont trouvé la mort dans l’Atlantique ou aux colonies peuvent-ils se résumer à deux figures plates, jumelles et unidimensionnelles, sans aucune pluralité ni complexité, dans un des plus haut-lieux de pouvoir de l’ancienne puissance coloniale ?

    La main du colonisateur peut-elle rester invisible, comme si l’esclavage avait été institué puis aboli (puis ré-institué avant d’être aboli pour de bon en 1848) par une sorte d’enchantement dont il ne serait pas nécessaire de rappeler les modalités ?

    Quels éléments esthétiques distinguent cette toile de la vision stéréotypée des Noir·es dans la très longue et très fertile iconographie du racisme made in France ?

    Est-il absolument impossible d’inventer, sans compromettre l’Art, une plus juste façon d’honorer la Mémoire et de donner à voir l’Histoire ?

    Le débat que nous souhaitons ouvrir n’a rien à voir avec l’interdiction d’une pièce de théâtre ou la problématique de l’appropriation culturelle.

    Les questions sont posées et le débat est ouvert. Des député·es, nous attendons des réponses claires, sans les contre feux ni les manœuvres de diversion du type de celles que nous avons connues jusqu’à présent : accusations de censure, d’infiltration du politiquement correct américain, de militantisme ou de communautarisme.

    N’en déplaise à celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec nous, nous sommes des universalistes dans le plein sens du terme : la République est grande pour nous lorsqu’elle fait une place à tous les Français·es, non quand elle se limite à une clause d’ancienneté visant à maintenir les privilèges des premiers arrivé·es.

    Le débat que nous souhaitons ouvrir n’a rien à voir, rien, avec l’interdiction d’une pièce de théâtre ou la problématique de l’appropriation culturelle. Nous sommes hostiles à toutes les censures et à toutes les formes d’assignation identitaire. Nous n’appartenons à aucun groupe. Nous parlons d’une seule voix, hybride. Cette hybridité est celle que nous pratiquons en tant qu’enseignant·es, mais aussi dans nos films et nos romans.

    Nous sommes prêt·es à entendre tous les contre-arguments de bonne foi, par exemple le fait que le tableau appartient à un ensemble : que deviendrait l’unité esthétique de ce tout s’il était amputé d’un de ses éléments ?

    Nous sommes disposé·es à discuter sereinement avec tous ceux qui feront valoir un point de vue compatible avec le dialogue. Si on nous apporte des réponses précises et convaincantes, nous le reconnaîtrons.

    La toile, sa vocation commémorative et son cadre politico-historique : le lourd silence de nos angles morts coloniaux ne doit pas étouffer ce débat qui mérite d’avoir lieu.

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    Organisée le 10 mai, la journée des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions avait cette année pour thème la page manquante. Selon Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, celle-ci symbolise « l’ignorance qui entoure encore l’esclavage et la mémoire de notre passé colonial dans le grand public ».

    L’une de ces pages supprimées se trouve sur le site Internet de l’Assemblée nationale, dont le compte Twitter a salué les commémorations du 10 mai en publiant la photo d’un homme noir en chaînes –celle-là même par laquelle la photo du tableau d’Hervé di Rosa avait été remplacée en catastrophe après la publication de notre première tribune, officiellement dans le cadre d’une mise à jour prévue de longue date.

    « Honorer le souvenir des victimes et transmettre la mémoire de ce crime contre l’humanité », dit le tweet de l’Assemblée nationale. En remettant en cause un choix esthétique fait en son temps par une génération peut-être moins consciente de ces enjeux, les député·es ont l’occasion de montrer aujourd’hui qu’il ne s’agit pas de belles paroles, mais aussi de poursuivre la réflexion historique entamée par la loi Taubira du 21 mai 2001.
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    L’anniversaire de cette loi, concomitant des abolitions en Martinique et en Guadeloupe, nous invite en tant que citoyen·nes à exercer notre devoir de mémoire. Aux esprits chagrins qui verraient là une démarche de « censure », un indice de la « tyrannie des minorités », une obsession de la « repentance » ou un business de la « concurrence victimaire », nous recommandons de mieux respecter l’Histoire, celle de tous les Français·es, qu’il nous appartient de connaître et de comprendre en vue de construire un avenir commun.
    En savoir plus : Société Culture esclavage loi Taubira tableau commémoration Assemblée nationale

    #esclavage #abolition #AssembléeNationale #contestedmonuments

  • « Banalisation du racisme à l’Assemblée nationale : ouvrons les yeux »
    https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20190404.OBS11119/banalisation-du-racisme-au-c-ur-de-la-republique-ouvrons-les-yeux.html

    "L’Assemblée nationale, si elle ne brille pas par sa diversité, abrite de nombreuses œuvres. L’« Histoire en peinture de l’Assemblée nationale » d’Hervé di Rosa en est une. Parmi les fresques de cette série, que son auteur déposa en 1991 sur les murs du Palais Bourbon, on trouve un épisode consacré à la première abolition de l’esclavage, celle de l’An II.

    Pour commémorer cet événement et l’inscrire dans la glorieuse chanson de geste républicaine, les autorités culturelles de l’époque n’ont pas trouvé mieux qu’une imagerie hésitant entre Banania et « Tintin au Congo« . Ces lèvres surdimensionnées sont certes la signature de la « dyromythologie », l’univers fantastique que di Rosa a forgé au croisement des mondes de l’enfance, de la BD et de la science-fiction. Néanmoins, il faut être singulièrement ignorant – ou mal intentionné – pour ne pas voir l’offense qu’elles constituent dans ce contexte. Et que dire de ces yeux exorbités, de ces sourires béats et carnassiers ? Il n’existait donc aucun street artist capable de répondre à la commande de l’Assemblée nationale sans réduire les Noirs à une vision humiliante et déshumanisante ?

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    En regardant ce mural, devant lequel les députés de la Ve République passent et repassent tous les jours, on est au-delà du stéréotype : on a le sentiment d’ouvrir un des grimoires infâmes de la suprématie blanche. La chose est pourtant nichée là depuis vingt-huit ans, dans les entrailles du pouvoir législatif qui a jadis brisé les chaînes de la traite et de la servitude, comme un pan de notre mémoire collective. Sa présence au cœur d’un des hauts-lieux de la République, dans l’indifférence générale, ajoute l’insulte à la blessure. Elle est historiquement inacceptable et politiquement incompréhensible.

    Nous demandons le retrait de ce mur de la honte.

    Récemment, Katy Perry a retiré du marché ses chaussures évoquant un Blackface ; Gucci en a fait de même avec son pull. Le pays des Droits de l’Homme et des Lumières, contrairement aux marques et aux célébrités, ne serait-il pas tenu à un devoir de sensibilité et de justesse vis-à-vis de l’Histoire ? Vis-à-vis des citoyens issus de cette Histoire ? Ne nous méprenons pas : il ne s’agit ni de repentance, ni de culpabilité, ni de je-ne-sais-quel jugement du passé à l’aune des valeurs contemporaines.

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    Il s’agit de rendre justice aux millions de victimes du commerce triangulaire, en donnant à l’image de leurs corps la dignité que leur martyr impose.

    Il s’agit de regarder l’Histoire en face, non comme une bande dessinée qui ne nous concerne pas.

    Il s’agit aussi de décoloniser le regard sur les Noirs, de faire exploser les catégories de l’imaginaire dont ce type de clichés montre que leur figure reste prisonnière, aussi aberrant que cela puisse paraître en 2019 : sauvage paresseux et rieur, guerrier cannibale, bête de sexe qui a le rythme dans la peau. La récurrence des violences policières contre les Afro-Français montre que ce travail, hélas, ne saurait se limiter à une démarche purement intellectuelle.

    Les Etats-Unis, où nous vivons et enseignons, se débattent avec leurs propres démons. L’esclavage et la ségrégation ont accompagné la « Naissance d’une nation » ; ils ont joué un rôle crucial dans le développement de sa puissance économique et dans son expansion mondiale. La discrimination et le racisme institutionnel y sont encore des réalités criantes. Prisons, précarité économique et violences policières : les minorités paient un tribut quotidien au racisme institutionnalisé.

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    LIRE AUSSI > Gauz : « La négritude a adoubé le discours racial »

    Pourtant, en face du Washington Monument, tout près de la Maison Blanche, se dresse le Musée National d’Histoire et de Culture Afro-Américaines. Un peu plus loin, sur Capitol Hill, on peut visiter le Musée National des Amérindiens : le génocide et le crime collectif sur lequel se sont fondés les Etats-Unis sont reconnus, racontés et enseignés au cœur de leur capitale, les lieux de pouvoir devenant par là-même lieux de mémoire. Sur cette terre arrachée aux peuples indigènes par l’arrivée des Européens, la prise de conscience et la réparation restent des travaux titanesques, processus plus qu’objectifs – il est probable par exemple que le Mont Rushmore ne soit jamais rendu aux Sioux. Mais, dans les musées du National Mall, on ne donne pas une mise en scène pop, déréalisante, aux exactions du passé. On les montre telles quelles, à travers des archives que leur violence préserve de l’invisibilité.

    Si le rayonnement de la France n’est pas un vain mot, ses députés serait bien inspirés, eux, d’ouvrir les yeux sur le papier peint rance de leur lieu de travail.

    La fresque d’Hervé di Rosa commémorant la première abolition de l’esclavage est une faute, qu’aggrave sa pérennité. Lapsus honteux ou angle mort de la mémoire coloniale, elle n’a pas sa place à l’Assemblée Nationale.

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    Mame-Fatou Niang est enseignante-chercheure à Carnegie Mellon University et réalisatrice. Son documentaire « Mariannes Noires » raconte les parcours de sept Afro-Françaises. Son compte Twitter : @MariannesNoires.

    Julien Suaudeau est romancier et enseigne à Bryn Mawr College. Son dernier roman, « Le Sang noir des hommes » (Flammarion), a pour sujet le viol colonial. Son compte Twitter : @dawa_rl."

    #esclavage #contestedmonuments #AssembléeNationale #abolition

  • Dans la famille Covidiot, je voudrais, je voudrais… René Chiche et ses références pas du tout dégueulasses :
    https://twitter.com/rene_chiche/status/1478398308443897866

    L’extermination sociale de six millions de personnes qui ne sont pas vaccinées, ça s’appelle comment ?

    Les parlementaires qui vont voter une telle saloperie en prétendant agir pour la santé des Français, ça s’appelle comment ?
    #PasseVaccinal #DirectAN #AssembléeNationale

  • Energie et climat : les dix questions à poser à Connie Hedegaard

    Alors que les politiques climatiques et énergétiques européennes vont de mal en pis, Connie Hedegaard, commissaire européenne en charge du climat, est auditionnée à l’Assemblée nationale ce mardi. Occasion de rédiger les dix questions qu’on aurait aimé lui poser.

    http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/030613/energie-et-climat-les-dix-questions-poser-connie-hedegaard

    #Assembléenationale #audition #bonn #Climat #ConnieHedegaard #Doha #durban #énergie #renoncement #Unioneuropéenne

    @fil @rezo

  • Depuis le #1eravril 2012, les #pétitions des habitants de l’ #UE (Union Européenne) peuvent ouvrir des #projets de #lois continentales.

    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article1241

    La décision de créer des lois revient habituellement aux #élus du peuple, à travers des institutions comme l’ #AssembléeNationale. L’UE n’est effective que si elle est source de nouvelles législations, ce qui lui arroge vraiment d’encadrer et de gérer l’ensemble de la communauté humaine du continent.

  • #InitiativeCitoyenne, #innovation démocratique majeure.

    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article1241

    Depuis le #1eravril2012, les #pétitions des habitants de l’ #UE (Union Européenne) peuvent ouvrir des #projets de #lois continentales.

    La décision de créer des lois revient habituellement aux élus du peuple, à travers des #institutions comme l’ #AssembléeNationale. L’UE européenne n’est effective que si elle est source de nouvelles législations, ce qui lui arroge vraiment d’encadrer et de gérer l’ensemble de la #communauté humaine du continent.