Enfin un aréopage d’intellectuels français, tenants du choc des civilisations, des Fourest, des Taguieff, des Tarnero, des Finkielkraut, mèneront à la fois le combat contre l’islam et celui pour le sionisme. Les gouvernements français successifs n’ont cessé, eux aussi, d’assimiler la légitime critique d’Israël et du sionisme à un racisme antisémite. Et la plupart des médias français ont repris la rengaine. On entendait même des journalistes après le massacre de Toulouse, parler d’Israël à des citoyens français juifs devant l’école visée, en leur disant « votre pays ». Souvenons-nous du fameux rapport Rufin qui demandait la pénalisation de l’antisionisme décrit comme une nouvelle forme d’antisémitisme.
Dans ce piège, beaucoup de Juifs se sont trouvés pris, qui avaient des liens affectifs, familiaux, d’identification avec Israël, et avec son histoire telle qu’elle leur était présentée par la mythologie sioniste, et sont petit à petit devenus des « représentants » potentiels du soldat israélien ou du colon israélien en France, renonçant progressivement à leur esprit critique, sous les effets déjà néfastes de confrontations de plus en plus problématiques. Ils ont aussi renoncé en même temps à leur capacité d’empathie pour l’autre, l’occupé, le destitué de tous ses droits, le massacré comme à Gaza cet été, pour ne plus voir que leur souci de préserver à tout prix ce « petit État fragile et jeune entouré d’ennemis » seul capable de les protéger de l’antisémitisme. Toute critique contre cet État est ainsi devenue un acte antisémite, tout rassemblement de solidarité avec la Palestine, un regroupement de fanatiques les menaçant personnellement et que les communautés locales poussées par le CRIF réussissaient à faire interdire, renforçant ainsi l’animosité contre eux. Le cercle vicieux ainsi amorcé n’a fait que se renforcer avec le temps, les attaques sur les territoires occupées ne faisant qu’augmenter tensions et replis.