• Un mort dans une embarcation secourue par un navire marchand, au large de Grande Canarie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53614/un-mort-dans-une-embarcation-secourue-par-un-navire-marchand-au-large-

    Des migrants attendent de débarquer au pour d’Arguineguin, à Grande Canarie, le 2 novembre 2023. Crédit : Reuters
    Par Marlène Panara Publié le : 01/12/2023
    Un navire britannique a porté secours à un bateau d’une cinquantaine de migrants en détresse, dont trois femmes enceintes, au large de l’île de Grande Canarie. L’un des passagers était déjà mort quand l’équipage a procédé au sauvetage, dans une mer démontée.Il faisait route vers le Royaume-Uni. Mercredi 29 novembre, un navire marchand britannique a été stoppé à 185 kilomètres de l’île de Grande Canarie : c’est à cet endroit, en plein océan Atlantique, qu’il a porté secours à une embarcation pneumatique chargée d’une cinquantaine de migrants. L’un d’eux était déjà mort à l’arrivée de l’équipage, rapporte l’agence de presse EFE.
    Dès que l’alerte a été donnée par le navire, à 11h15, heure locale, les autorités espagnoles ont immédiatement mobilisé une équipe de sauveteurs depuis le port d’Arguineguín à Grande Canarie. Mais l’équipage du bateau britannique, voyant les conditions météo se détériorer fortement, et le bateau de migrants « prendre l’eau », a finalement procédé lui-même au sauvetage, sans attendre les secours espagnols.
    Tous les exilés en détresse, dont trois femmes enceintes, ont été transférés sur le navire. Le cadavre de la personne décédée est, lui, resté dans l’embarcation pneumatique, partie à la dérive. À leur arrivée sur le pont, plusieurs passagers se trouvaient en état d’hypothermie. Une femme a pu être emmenée dans un hôpital de Grande Canarie par un hélicoptère des secours espagnols.
    Le même jour, 155 migrants au total, réparties dans quatre embarcations, ont été secourus près de Lanzarote, El Hierro et Tenerife. Parmi eux figuraient quatre mineurs et un bébé.
    Ces derniers mois, cette route migratoire a connu un regain des passages, après une baisse en début d’année. Entre le 1er janvier et le 15 novembre, 32 436 exilés ont débarqué dans l’archipel espagnol, d’après le bilan du ministère de l’Intérieur publié le 16 novembre. Soit 118% de plus qu’en 2022. Pour éviter la saturation dans les centres d’hébergement de l’archipel, Madrid a libéré fin octobre 11 000 places supplémentaires dans des structures de la péninsule.L’accueil des mineurs, en revanche, est sous le feu des critiques depuis la médiatisation d’une lettre écrite par douze jeunes migrants à la justice espagnole la semaine dernière. Les exilés assurent avoir subi de mauvais traitements dans le centre d’accueil Acorán, dans lequel ils étaient hébergés après leur débarquement à Grande Canarie. D’après les témoignages, l’un des mineurs, immobilisé par un éducateur, a reçu des « coups violents » de la part du directeur. Un autre fait également état « d’attouchements dans le bureau du directeur » du centre, indique La Provincia.
    Lors d’une table ronde sur les droits des enfants migrants et réfugiés organisée à Tenerife jeudi 30 novembre, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR), l’Unicef ​​​​et l’ONG Save The Children ont de concert déploré le manque de statistiques fiables sur les enfants migrants débarqués en Espagne, notamment sur les mineurs non accompagnés. Ce qui, pour les participants, a de lourdes conséquences sur leur prise en charge. « Il n’est pas rare », par exemple « que la police traite les migrants mineurs comme des adultes », a fustigé Marco Nardo, représentant du HCR.
    « Au centre, on a dit que qu’on avait quinze ans. Mais ils [les gérants] n’ont pas écrit ça, ils nous ont considérés comme des adultes, témoigne Moussa, un jeune Guinéen de 15 ans arrivé à Tenerife en octobre 2021, auprès de Reuters. Alors qu’on était des enfants ». Moussa et un ami ont été emmenés, malgré leurs dires, par la police à Las Raíces, une ancienne base militaire située dans les montagnes de Tenerife où environ 2 000 migrants adultes attendent d’être transférés vers le continent espagnol.
    Dans le cadre d’une enquête menées ces dernières semaines, Amnesty International s’est par ailleurs entretenu avec 29 migrants débarqués aux Canaries. Douze d’entre eux étaient mineurs, mais étaient hébergés dans des centres pour adultes. « Une jeune fille de 17 ans a passé trois jours avec des hommes et des femmes, sans qu’aucun contrôle des autorités ne soit fait. Elle dormait par terre », a déclaré Virginia Álvarez, d’Amnesty International, qui s’est rendue à Tenerife et à El Hierro entre le 25 et le 28 octobre 2023. « Traités comme des adultes », ces jeunes se retrouvent alors « sans protection [de l’État] ». Et sont ensuite transférés dans la péninsule ibérique où « ils se retrouvent, seuls, en Espagne ».

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  • Bargny/Disparition d’une embarcation avec à son bord 173 jeunes : sans nouvelles depuis près d’un mois les familles plongées dans le désarroi tirent la sonnette d’alarme
    https://www.dakaractu.com/Bargny-Disparition-d-une-embarcation-avec-a-son-bord-173-jeunes-sans-nouv

    Bargny/Disparition d’une embarcation avec à son bord 173 jeunes : sans nouvelles depuis près d’un mois les familles plongées dans le désarroi tirent la sonnette d’alarme
    Partie depuis le 31 octobre dernier, une embarcation qui avait à son bord plus de 173 personnes reste introuvable. Gagnés par l’inquiétude des familles des membres de cet équipage qui a quitté Bargny, sonnent l’alerte. C’est le cas de cette mère de famille du nom de Yague Ndaw Dionne qui a perdu de vue son fils. « Mon fils et deux de ses amis sont partis ensemble. Depuis lors on n’a plus de leurs nouvelles et l’attente est devenue pénible. Il me manque et je voudrai juste qu’il rentre. Il a quitté la maison pour aller en Europe sans que je le sache . Il a laissé derrière lui une jeune femme et un enfant de trois ans. J’ai le cœur brisé à chaque fois qu’il me demande « grand mère où est Baye Gorgui ». Alors imaginez ma douleur de ne pas savoir où est mon fils . A-t-il mangé ? Est - il emprisonné en prison Libye ? Ce sont des questions que je me pose chaque nuit », s’est elle confié. A l’en croire plusieurs mères de familles sont dans cette situation de désespoir indescriptible après la disparition de cette embarcation qui a quitté Bargny depuis le 31 octobre dernier …..

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  • Lutte contre l’immigration irrégulière : 423 candidats , dont 3 nourrissons et 25 mineurs, secourus !
    https://www.dakaractu.com/Lutte-contre-l-immigration-irreguliere-423-candidats--dont-3-nourrissons-

    Lutte contre l’immigration irrégulière : 423 candidats , dont 3 nourrissons et 25 mineurs, secourus !
    Le patrouilleur Walo a intercepté le 15 novembre 2023, à près de 200 km des côtes, deux pirogues transportant des candidats à l’émigration irrégulière.
    Le patrouilleur Walo a intercepté le 15 novembre 2023, à près de 200 km des côtes, deux pirogues transportant des candidats à l’émigration irrégulière. Au total, 423 personnes, dont 1 blessé, 29 femmes, 3 nourrissons et 25 mineurs, ont été secourues.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#migrationirreguliere#routemigratoire#emigration#traversee#atlantique#sante#mineurs

  • Urgent / Drame de l’immigration à Bargny : une pirogue de 300 migrants chavire, seuls 25 auraient survécu !
    https://www.dakaractu.com/Urgent-Drame-de-l-immigration-a-Bargny-une-pirogue-de-300-migrants-chavir

    Urgent / Drame de l’immigration à Bargny : une pirogue de 300 migrants chavire, seuls 25 auraient survécu ! Un drame de l’immigration irrégulière se serait produit au large de Bargny. En effet, une pirogue de 300 passagers, aurait chaviré vers Guédiawaye et seuls 25 auraient survécu...

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  • Sénégal : le président ordonne des mesures d’urgence face à l’émigration clandestine
    https://www.dakaractu.com/Senegal-le-president-ordonne-des-mesures-d-urgence-face-a-l-emigration-cl

    Sénégal : le président ordonne des mesures d’urgence face à l’émigration clandestine
    M. Sall a demandé mercredi au gouvernement « de faire prendre des mesures sécuritaires, économiques, financières et sociales d’urgence afin de neutraliser les départs d’émigrants à partir du territoire national », dit un communiqué publié après le Conseil des ministres.L’effort devra associer les ministres de l’Intérieur, des Armées, de la Jeunesse ou encore de la Pêche, selon le communiqué qui fait aussi référence à la stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière présentée en juillet par le gouvernement.
    Le Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest que le président Sall s’efforce de mettre sur la voie de l’émergence, fait face à un flot de départs par la mer à destination des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée de l’Europe.La presse rapporte plusieurs fois par semaine des arrivées de pirogues aux Canaries, des interceptions ou des sauvetages dans l’Atlantique, au large du Sénégal ou dans les eaux à l’approche des Canaries. Cette migration dangereuse a donné lieu à une série de drames. La presse fait à nouveau état depuis le début de la semaine de la disparition d’un nombre considérable de migrants partis de Bargny, sur la côte à l’est de Dakar. L’AFP n’a pu obtenir de confirmation de ces disparitions de la part des autorités.
    La question migratoire est devenue un thème de la campagne en cours pour la présidentielle de février 2024. Le Premier ministre Amadou Ba est le candidat du camp présidentiel pour succéder à M. Sall.Les Canaries connaissent un nombre record d’arrivées de migrants depuis 2006 avec 30.705 personnes arrivées entre le 1er janvier et le 31 octobre, soit plus du double (+111%) par rapport à la même période l’an dernier, selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur. Les deux tiers sont originaires d’Afrique sub-saharienne, selon l’agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières Frontex. Les Sénégalais sont avec les Marocains les plus nombreux parmi les nouveaux arrivants, selon Frontex et plusieurs ONG espagnoles.

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  • Sénégal : le président Macky Sall demande des mesures d’urgence pour endiguer l’émigration clandestine
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/11/09/senegal-le-president-macky-sall-demande-des-mesures-d-urgence-pour-endiguer-

    Sénégal : le président Macky Sall demande des mesures d’urgence pour endiguer l’émigration clandestine
    L’effort devra associer les ministres de l’intérieur, des armées, de la jeunesse et de la pêche, alors que le pays fait face à de nombreux départs par la mer à destination des Canaries.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 16h20, modifié à 16h29
    Le président sénégalais, Macky Sall, a ordonné que soient prises des mesures d’urgence pour endiguer le flux en pleine expansion des départs de migrants, ont indiqué ses services mercredi 8 novembre au soir. M. Sall a demandé au gouvernement « des mesures sécuritaires, économiques, financières et sociales d’urgence afin de neutraliser les départs d’émigrants à partir du territoire national », affirme un communiqué publié après le conseil des ministres. L’effort devra associer les ministres de l’intérieur, des armées, de la jeunesse et de la pêche, selon le communiqué, qui fait aussi référence à la stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière présentée en juillet par le gouvernement.
    Le Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest que le président Sall s’efforce de mettre sur la voie de l’émergence, fait face à un flot de départs par la mer à destination des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée de l’Europe. La presse rapporte plusieurs fois par semaine des arrivées de pirogues aux Canaries, des interceptions ou des sauvetages dans l’Atlantique, au large du Sénégal ou dans les eaux à l’approche de l’archipel. Cette migration dangereuse a donné lieu à une série de drames.
    La presse fait de nouveau état, depuis le début de la semaine, de la disparition d’un nombre considérable de migrants partis de Bargny, sur la côte à l’est de Dakar. L’AFP n’a pas pu obtenir de confirmation de ces disparitions de la part des autorités. La question migratoire est devenue un thème de la campagne en cours pour l’élection présidentielle de février 2024. Le premier ministre, Amadou Ba, est le candidat du camp présidentiel pour succéder à M. Sall.
    Les Canaries connaissent un nombre record d’arrivées de migrants depuis 2006, avec 30 705 personnes arrivées entre le 1er janvier et le 31 octobre, soit plus du double (+ 111 %) par rapport à la même période l’an dernier, selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’intérieur. Les deux tiers sont originaires d’Afrique subsaharienne, selon l’agence européenne de garde-côtes et de gardes-frontières Frontex. Les Sénégalais sont, avec les Marocains, les plus nombreux parmi les nouveaux arrivants, selon Frontex et plusieurs ONG espagnoles. Le Monde avec AFP

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#espagne#canaries#bargny#routemigratoire#atlantique#frontex#fluxmigratoire#emigration#sante#mortalite

  • Quatre morts lors d’une nouvelle arrivée massive de migrants aux Canaries
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/11/06/quatre-morts-lors-d-une-nouvelle-arrivee-massive-de-migrants-aux-canaries_61

    Quatre morts lors d’une nouvelle arrivée massive de migrants aux Canaries
    Plus de 700 personnes ont été secourues dans la nuit de vendredi à samedi, alors qu’une alerte météorologique a été émise par les autorités locales en raison d’un fort vent et de vagues pouvant atteindre 5,5 mètres de haut.
    Quatre migrants sont décédés, parmi un groupe de plus de 700 personnes secourues dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 novembre à bord de quatre embarcations au large de l’île espagnole d’El Hierro, dans l’archipel des Canaries, selon les secours espagnols.Deux des quatre embarcations ont été repérées vendredi soir puis accompagnées jusqu’au port de La Restinga, dans le sud de cette petite île de 11 000 habitants, la plus à l’ouest de l’archipel, selon les sauveteurs en mer. Au total, 254 migrants se trouvaient à leur bord, tous en bonne santé, ont précisé sur X (anciennement Twitter) les services de secours. Parmi eux se trouvaient plusieurs mineurs.
    Une troisième embarcation a été prise en charge samedi à l’aube avec 238 migrants à bord. Treize d’entre eux ont été hospitalisés, dont deux sont décédés malgré les soins qui leur ont été apportés, selon les secours. Une quatrième et dernière embarcation a été secourue au même moment avec 247 migrants à son bord. Deux d’entre eux étaient décédés lorsque les secours les ont pris en charge et un troisième a été hospitalisé.Ces arrivées surviennent alors qu’une alerte météorologique a été émise par les autorités des Canaries en raison d’un fort vent et de vagues pouvant atteindre par endroits « 5,5 mètres de hauteur », selon les secours. Fortement empruntée depuis quelques années en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée, la route vers les Canaries, dangereuse et souvent meurtrière, a enregistré ces dernières semaines un afflux record de migrants. D’après les derniers chiffres du ministère espagnol de l’intérieur, l’archipel a vu arriver 30 705 migrants entre le 1er janvier et le 31 octobre, soit plus du double du chiffre enregistré sur la même période de 2022.
    Parmi eux, près d’un quart sont arrivés à El Hierro, devenue récemment la principale porte d’entrée en Espagne par la mer, les migrants cherchant à s’éloigner le plus possible des côtes africaines pour éviter les gardes-côtes. Ce nombre d’arrivées, qui dépasse largement la capacité d’accueil de cette petite île de 268 km2, a obligé les autorités à transférer plusieurs centaines de migrants vers d’autres îles de l’archipel. Le Monde avec AFP

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  • Aux Canaries, l’île d’El Hierro, nouvelle porte d’entrée des migrants vers l’Espagne
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/04/aux-canaries-l-ile-d-el-hierro-nouvelle-porte-d-entree-des-migrants-vers-l-e

    Aux Canaries, l’île d’El Hierro, nouvelle porte d’entrée des migrants vers l’Espagne
    Par Sandrine Morel (El Hierro (Canaries), envoyée spéciale)
    Plus de 13 000 migrants sont arrivés dans l’archipel espagnol durant le seul mois d’octobre, dont près de 7 300 sur le territoire le plus petit, qui tente d’échapper à « l’effet Lampedusa », du nom de l’île italienne débordée par les arrivées. Coque contre coque, douze pirogues sénégalaises aux couleurs vives et autant de barques mauritaniennes sont amarrées sur la jetée du tout petit port de pêche traditionnelle de La Restinga, aux Canaries. Sur le quai, deux ouvriers, débordés, s’affairent pour les détruire et faire de la place. Longtemps, lorsque des migrants accostaient sur l’île d’El Hierro, la plus petite et la plus occidentale de l’archipel espagnol, ce n’était que par « accident », parce qu’ils s’étaient perdus dans l’immensité de l’océan Atlantique baignant les côtes rocheuses, noires et escarpées, de cet ancien volcan situé au large du sud du Maroc. A présent, non seulement ils s’y rendent volontairement mais, depuis cet été, El Hierro, qui ne compte que trois communes et moins de 10 000 habitants sur un territoire de 268 kilomètres carrés, est devenue la principale porte d’entrée en Espagne par la mer.
    « Le Maroc a renforcé la surveillance de ses côtes, et même si des canots pneumatiques et des barques continuent d’en partir, on observe une certaine reconfiguration des routes migratoires, explique Sofia Hernandez, responsable du centre de coordination de la société publique de sauvetage en mer Salvamento maritimo, à Las Palmas de Gran Canaria. En s’éloignant du littoral, pour ne pas être interceptées par les garde-côtes, avant de mettre le cap au nord, les pirogues qui partent du Sénégal se dirigent droit sur El Hierro… » Si tout va bien, après six à huit jours en mer et près de 1 500 kilomètres parcourus, les passagers, essentiellement sénégalais, mais aussi gambiens et guinéens, arrivent dans cette réserve de la biosphère.
    Durant le seul mois d’octobre, près de 7 300 migrants y ont ainsi accosté – du jamais-vu en un si court laps de temps. « Même la “crise des pirogues” de 2006 n’est pas comparable à ce qui se passe ici », explique Javier Armas, sénateur et conseiller municipal du village El Pinar, en référence aux 31 000 migrants qui, cette année-là, avaient débarqué aux Canaries. Un nombre sur le point d’être dépassé : près de 30 000 migrants sont déjà arrivés sur l’archipel entre le 1er janvier et 31 octobre. Au moins 778 sont morts ou ont disparu durant le premier semestre lors de la traversée périlleuse, selon le collectif d’aide aux migrants Caminando Fronteras.
    Bacari Djassi y a échappé de peu. Parti en avril 2021 de Nouakchott, en Mauritanie, à bord d’un bateau de pêche où 65 migrants comme lui avaient pris place, le périple de ce jeune Sénégalais, alors âgé de 16 ans, devait durer quatre ou cinq jours. « Au sixième jour, on a compris que l’on s’était perdus. On n’avait plus rien à boire ni à manger. Un premier passager est mort après avoir bu de l’eau de mer. Les jours suivants, il a fallu jeter à l’eau 17 corps… », explique le jeune homme, originaire de Kolda, en Casamance.
    Au douzième jour, un chalutier les a finalement repérés au large d’El Hierro. « Quand les secours nous ont amenés au port, personne ne pouvait marcher, sauf le capitaine et ses deux amis, qui avaient gardé de l’eau », se souvient Bacari Djassi, assis sur un muret qui domine la mer à Valverde, la capitale de l’île. Après deux ans dans un centre d’accueil pour mineurs isolés, il y vit désormais avec sa petite amie espagnole et leur bébé de 2 mois. Volontaire à la protection civile, il aide les secouristes et fait partie du club de lutte canarienne, revitalisé grâce à la venue des jeunes migrants.
    Eviter un « effet Lampedusa » Comme lui, Siny Diop, Sénégalais de 22 ans, fait partie des « anciens » arrivés avant la vague de cet été qui se sont intégrés. Embauché dans une exploitation de bananiers avec trois autres compatriotes, il gagne près de 1 100 euros par mois, paie 250 euros de loyer et envoie 150 euros à sa famille. Il économise le reste, avec l’espoir un jour de retourner monter un négoce au Sénégal. En attendant, il joue dans la petite équipe de football Atletico El Pinar.
    Sur l’île, longtemps très pauvre, les arrivées de migrants ont d’abord suscité une vague de solidarité. « Nous avons tous des grands-parents ou des arrière-grands-parents qui ont émigré à Cuba ou au Vénézuéla pour fuir les pénuries et nous savons ce que signifie chercher ailleurs un avenir meilleur », rappelle Francis Mendoza, chef des volontaires des services de protection civile qui n’a pas hésité à écourter ses vacances pour revenir prêter main-forte à ses collègues cet été. Javier Armas souligne toutefois qu’il « faut prendre garde à ce que les services publics suivent et que les habitants ne se sentent pas délaissés. Les pêcheurs, les centres de plongée et les hôteliers sont gênés. Le port est encombré, la rade polluée, et le personnel de la Croix-Rouge, les volontaires et les capitaines de bateaux de sauvetage sont épuisés ».
    Prise de court cet été, la population a vu le médecin et l’infirmière de garde de l’unique centre médical de Valverde mobilisés pour soigner les migrants, qui souffrent souvent de brûlures et des symptômes de déshydratation. Depuis, une équipe a été envoyée en renfort, mais le petit hôpital de 20 lits reste sous tension et les hôteliers du port de La Restinga craignent que les touristes fuient l’île. Le président du parti d’extrême droite Vox, Santiago Abascal, a d’ores et déjà tenté de récupérer politiquement ces tensions lors d’une visite à La Restinga, le 19 octobre, pour dénoncer « l’invasion migratoire ».
    Malgré les défis posés par les arrivées de migrants, tout est fait pour éviter sur l’île d’El Hierro un « effet Lampedusa », du nom de l’île italienne débordée par les arrivées. Une fois identifiés par la police dans le centre d’accueil précaire aménagé sous une vaste tente, dans l’ancien pavillon des sports de San Andres, les adultes sont transférés en moins de soixante-douze heures sur l’île de Tenerife, plus grande et mieux préparée, avec un ordre d’expulsion en poche – peu effectif étant donné les difficultés posées par les pays d’origine pour accepter les rapatriements. Lorsque les capacités d’accueil des Canaries sont atteintes (6 300 places), ils sont envoyés sur la péninsule, où des ONG leur procurent un hébergement durant un mois. Le gouvernement espagnol prévoit d’ouvrir 11 000 places supplémentaires.
    Devant le centre de migrants de Las Canteras, installé dans une ancienne caserne militaire à 15 kilomètres au nord de Santa Cruz de Tenerife, les Sénégalais Oussénou Bouich, pêcheur, et Moussa N’Diaye, soudeur, tous deux âgés de 20 ans, et Daouda Gningue, conducteur d’engin agricole, arrivés il y a moins d’une semaine après avoir payé entre 400 000 et 450 000 francs CFA (environ 680 euros), attendent avec impatience de gagner le continent et de poursuivre leur route. Ils partagent le même souhait de trouver « du travail » et « une bonne vie » à Madrid, Paris, Londres ou Berlin. Plus que la crise politique qui secoue le Sénégal, ils disent fuir « la misère » et « le manque d’espoir ».Sur l’île d’El Hierro, seuls restent les mineurs isolés, placés sous la tutelle des régions. Ils sont ainsi près de 260, actuellement, répartis entre une résidence étudiante, une ancienne garderie et d’autres sites provisoires. « Les habitants sont très empathiques mais nous n’avons pas les moyens matériels d’accueillir, de scolariser et d’intégrer socialement autant d’enfants. Si nous voulons le faire bien, nos capacités ne nous permettent pas de prendre en charge plus d’une cinquantaine d’entre eux », estime le président socialiste du cabildo, le gouvernement insulaire, Alpidio Armas. Le ministre de l’intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, qui met la recrudescence des arrivées sur le compte de l’« instabilité dans le Sahel », s’est rendu le 30 octobre à Dakar afin de renforcer les mécanismes de lutte contre les réseaux de trafic de migrants et tenter de réactiver les vols de rapatriement, très impopulaires pour les gouvernements africains. Au contingent de 33 gardes civils et de 5 policiers espagnols – dotés de quatre embarcations, d’un hélicoptère et de 13 véhicules tout-terrain – qui collaborent avec les autorités sénégalaises, s’est ajouté, le 17 octobre, un avion de la garde civile pour surveiller les côtes sénégalaises et mauritaniennes. Sur l’île d’El Hierro, ces derniers jours, seul le mauvais temps en mer a été capable de ralentir le rythme des arrivées.

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  • Canaries : trois migrants décédés et plus de 200 personnes secourues au large de Tenerife - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/52919/canaries--trois-migrants-decedes-et-plus-de-200-personnes-secourues-au

    InfoMigrants
    Canaries : trois migrants décédés et plus de 200 personnes secourues au large de Tenerife
    Par La rédaction Publié le : 31/10/2023
    Selon les secours espagnols, trois migrants ont perdu la vie ces derniers jours lors de la traversée de l’Atlantique vers les Canaries. Deux corps ont été retrouvés dans une embarcation de fortune, tandis que la troisième victime est décédée lors de son arrivée à quai, à Tenerife. Ces dernières semaines, l’archipel fait face à des arrivées record. Au total, plus de 20 000 personnes ont débarqué aux Canaries depuis le début de l’année. Deux migrants ont été retrouvés morts lors du sauvetage d’une embarcation qui comptait 209 personnes à son bord, à 15 kilomètres au sud de Tenerife, au large des côtes nord-ouest de l’Afrique. Il y avait à bord à ce moment-là 210 exilés, dont 37 mineurs, a indiqué une porte-parole des sauveteurs en mer. Un troisième migrant est décédé à son arrivée sur l’île espagnole de Tenerife dans l’archipel des Canaries, ont annoncé lundi 30 octobre les secours espagnols

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  • Espagne : Un convoi avec 95 migrants clandestins dont 33 mineurs, arraisonné à Ténérife
    https://www.dakaractu.com/Espagne-Un-convoi-avec-95-migrants-clandestins-dont-33-mineurs-arraisonne

    Espagne : Un convoi avec 95 migrants clandestins dont 33 mineurs, arraisonné à Ténérife. Les garde-côtes espagnols ont encore intercepté un nouveau convoi de migrants.Il s’agit de 95 personnes dont 13 femmes et 33 mineurs. Les passagers ont été tous débarqués à Ténérife...

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  • Aux Canaries, près de 1 500 migrants africains arrivés pendant le week-end
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/10/23/aux-canaries-pres-de-1-500-migrants-africains-arrives-pendant-le-week-end_61

    Aux Canaries, près de 1 500 migrants africains arrivés pendant le week-end
    Près de 1 500 migrants africains sont arrivés sur les côtes des îles Canaries depuis samedi 21 octobre, notamment à bord d’une embarcation qui transportait un nombre record de 321 personnes, ont annoncé dimanche les services de secours de l’archipel espagnol au large du Maroc.
    Au total, 1 427 migrants ont atteint les îles dans différentes embarcations précaires entre la nuit de vendredi à samedi et la matinée de dimanche, ont annoncé les services d’urgence sur le réseau social X (ex-Twitter). Les arrivées de migrants sont en hausse ces dernières semaines.
    Les migrants viennent d’Afrique subsaharienne, a précisé à l’AFP un porte-parole des services d’urgence. Samedi, une pirogue en bois a atteint l’île El Hierro avec 321 personnes à son bord, a précisé à l’AFP une porte-parole des services d’urgence. Le précédent record du nombre de passagers sur une seule embarcation arrivée aux Canaries était de 280 personnes, le 3 octobre.
    La chaîne de télévision publique TVE a montré des images de l’arrivée au port samedi de l’embarcation colorée, bondée de migrants souriants et saluant autour d’eux. Selon les derniers chiffres du ministère de l’intérieur espagnol, l’archipel a reçu 23 537 migrants entre le 1er janvier et le 15 octobre, soit près de 80 % de plus que sur la même période l’année dernière.
    Pendant les deux premières semaines d’octobre, 8 561 migrants sont arrivés, un chiffre record selon les médias espagnols depuis une précédente crise migratoire en 2006. Cette « recrudescence » des arrivées est liée à « la déstabilisation au Sahel », a estimé le ministre de l’intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska lors d’une visite aux Canaries cette semaine.
    La route migratoire passant par les Canaries a été très fréquentée ces dernières années en raison du durcissement des contrôles opérés dans la mer Méditerranée. Mais les naufrages sont fréquents lors de ces longues et dangereuses traversées à bord de petites embarcations depuis le Maroc ou le Sahara occidental, distant d’une centaine de kilomètres, mais aussi, plus au sud, depuis la Mauritanie, le Sénégal et même la Gambie, à environ un millier de kilomètres.

    #covid-19#migration#migrant#espagne#canaries#sahel#migrationirreguliere#routemigratoire#traversee#atlantique#maroc#mauritanie#gambie#senegal#afriquesubsaharienne

  • Lutte contre l’immigration irrégulière : 361 candidats, dont 29 femmes et 51 mineurs interpellés en 2 jours
    https://www.dakaractu.com/Lutte-contre-l-immigration-irreguliere-361-candidats-dont-29-femmes-et-51

    Lutte contre l’immigration irrégulière : 361 candidats, dont 29 femmes et 51 mineurs interpellés en 2 jours
    La Marine nationale a intercepté, les 20 et 21 octobre 2023, trois pirogues transportant au total 361 candidats à l’émigration irrégulière dont 29 femmes et 51 mineurs. Les migrants ont été débarqués à la BNAFG et remis aux services compétents de l’État.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#migrationirreguliere#emigration#routemigratoire#atlantique#traversee#controle#frontiere#politiquemigratoire

  • En Espagne, 280 migrants arrivent à bord d’une embarcation aux Canaries
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/04/en-espagne-280-migrants-arrivent-a-bord-d-une-embarcation-aux-canaries_61922

    En Espagne, 280 migrants arrivent à bord d’une embarcation aux Canaries
    Il s’agit du plus grand nombre de passagers jamais arrivés sur un seul bateau, en empruntant l’une des routes migratoires les plus dangereuses au monde.
    Le Monde avec AFP
    Publié le 04 octobre 2023 à 03h10, modifié le 04 octobre 2023 à 07h15
    Deux cent quatre-vingts migrants, tous vivants, sont arrivés, mardi 3 octobre, à bord d’un seul et même bateau sur une île de l’archipel espagnol des Canaries, ont fait savoir, à l’Agence France-Presse (AFP), les secours en mer. Parmi ces personnes, 278 étaient des hommes et dix étaient des mineurs, ont-ils précisé. Il s’agit du plus grand nombre de passagers jamais arrivés sur une seule embarcation.
    Les migrants, d’origine « subsaharienne » selon les sauveteurs en mer, ont été pris en charge à leur arrivée alors que leur bateau était proche du port de La Restinga, sur l’île d’El Hierro.Pour la seule journée de mardi, El Hierro a vu un demi-millier d’arrivées, un chiffre rare pour cette petite île, la plus à l’ouest des Canaries. Les services d’urgence évoquent un autre bateau secouru avec 127 personnes à bord, ainsi qu’une autre embarcation avec 79 migrants. L’Espagne, et tout particulièrement l’archipel des Canaries, au large des côtes africaines, est l’une des principales portes d’entrée des migrants clandestins en Europe. Les Canaries ont vu arriver 14 976 migrants entre le 1er janvier et le 30 septembre, soit une hausse de 19,8 % par rapport à la même période de 2022, d’après les derniers chiffres du ministère de l’intérieur espagnol.
    Depuis quelques années, la route migratoire vers les Canaries est particulièrement empruntée en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée. Les naufrages y sont fréquents, la traversée étant particulièrement dangereuse. Des ONG font régulièrement état de naufrages meurtriers – dont les bilans non officiels se chiffrent, selon elles, en dizaines, sinon centaines de morts – dans les eaux marocaines, espagnoles ou internationales. Depuis le début de 2023, 140 migrants sont morts ou ont disparu dans cette traversée, selon des données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) reçues début septembre. L’ONG espagnole Caminando Fronteras, qui, à la différence de l’OIM, s’appuie sur des appels d’urgence avec les clandestins en mer ou leurs proches, estime que 778 migrants sont morts ou ont disparu sur cette route migratoire au premier semestre.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#routemigratoire#atlantique#maroc#migrationirreguliere#ue#oim#mediterranee#afriquesubsaharienne

  • Près de 170 migrants secourus renvoyés au Sénégal après le refus de la Mauritanie de les accueillir
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/31/senegal-pres-de-170-migrants-secourus-renvoyes-apres-le-refus-de-la-mauritan

    Près de 170 migrants secourus renvoyés au Sénégal après le refus de la Mauritanie de les accueillir
    Depuis le jeudi 24 août, les migrants étaient bloqués à bord d’un navire de la garde civile espagnole près des côtes mauritaniennes.
    Le Monde avec AP
    Près de 170 migrants sont rentrés au Sénégal mercredi 30 août après avoir passé près d’une semaine dans un bateau de sauvetage espagnol. Le maire adjoint Lamine Ndiaye a confirmé que 168 migrants avaient été transférés en toute sécurité d’un navire espagnol aux autorités sénégalaises. Ils devaient arriver à Dakar par voie maritime mercredi soir. Depuis jeudi, les migrants étaient bloqués à bord d’un navire de la garde civile espagnole près de la Mauritanie, après que les autorités de ce pays ont refusé de les laisser débarquer, selon les médias espagnols. La garde civile est l’une des deux forces de police nationales en Espagne. Depuis des années, elle collabore avec les autorités locales de Mauritanie et du Sénégal pour tenter d’empêcher les migrants d’essayer d’atteindre les îles Canaries, un archipel de l’océan Atlantique situé au large de la côte nord-ouest de l’Afrique.
    L’équipage du bateau espagnol a passé des jours en mer avec les survivants et, à plusieurs reprises, a tiré des coups de feu en l’air pour réprimer les tentatives d’émeute, selon un message partagé par le compte du syndicat représentant les membres de la garde civile sur X (anciennement Twitter).
    Ces derniers mois, on a assisté à un afflux de migrants en provenance du Sénégal, qui doivent naviguer vers le nord en passant par la Mauritanie pour atteindre les Canaries. Les autorités mauritaniennes ont refusé de commenter les raisons pour lesquelles les migrants ont été empêchés de débarquer sur ses côtes. Le droit maritime international prévoit que toute personne en détresse en mer doit être secourue et ramenée au port le plus proche.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#mauritanie#canaries#routemigratoire#atlantique#retour

  • Au Sénégal, Fass Boye, port d’embarquement clandestin pour les Canaries
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/29/au-senegal-fass-boye-port-d-embarquement-clandestin-pour-les-canaries_618699

    Au Sénégal, Fass Boye, port d’embarquement clandestin pour les Canaries
    Plus de 1 500 km séparent le village de pêcheurs du territoire espagnol. Malgré la grande dangerosité de cette route migratoire, les jeunes, désœuvrés, sans espoir, continuent de partir.
    Par Théa Ollivier(Fass Boye, Sénégal, envoyée spéciale)
    A l’abri sous une paillote de fortune sur la plage de sable blanc, Babacar Dièye regarde quelques pêcheurs sortir deux maigres caisses de poissons de leur pirogue colorée. Des gestes répétés à maintes reprises avec son frère de 37 ans qui a disparu dans le bateau secouru le 15 août au large du Cap-Vert, qui avait pour objectif de rejoindre clandestinement les îles espagnoles des Canaries. « Je suis encore sous le choc… Nous n’avons pas de corps, ni personne pour nous expliquer les raisons de son décès, c’est trop dur », se lamente le pêcheur, qui a pris en charge la veuve et les quatre enfants du disparu.Selon un communiqué du ministère des affaires étrangères, l’embarcation avait quitté le 10 juillet la localité de Fass Boye, à 150 km au nord de Dakar, avec officiellement 101 passagers à bord – autour de 150 selon les habitants du village. Sur les 38 rescapés, tous originaires de Fass Boye, 37 ont été rapatriés mardi 22 août au Sénégal par un avion militaire. Sept corps ont été retrouvés mais ils ont été enterrés au Cap-Vert faute de pouvoir les transporter.
    Galam Boye, habitant du village, a fait partie de la délégation qui est allée reconnaître les corps et chercher les rescapés. « Les jeunes avaient tous très peur, criaient et ne voulaient parler à personne. Ils étaient traumatisés psychologiquement par le voyage. J’ai pleuré, ils étaient très maigres et perdaient la mémoire », témoigne en espagnol ce père de famille qui a habité plusieurs années en Espagne, après avoir réussi en 2006 à rejoindre les îles Canaries par la mer.Mais cette fois-ci, le trajet ne s’est pas déroulé comme prévu. Le regard dans le vague, Galam Boye répète les récits rapportés par les jeunes qu’il a rencontrés. « Au bout de dix jours en mer, le carburant était terminé, ils sont partis à la dérive. Cinq jours plus tard, ils ont épuisé les réserves d’eau et de nourriture. Ils jetaient quotidiennement à la mer le corps de ceux qui étaient décédés », relate-t-il sans respirer. Les rescapés ont finalement été sauvés au bout de trente-six jours de mer. « Deux d’entre eux avaient des blessures autour du cou, on m’a raconté qu’ils devenaient fous et voulaient sauter de la pirogue… Ils les ont donc attachés avec une corde », continue Galam Boye.
    Mais au village, impossible de rencontrer les survivants. Tous ont été confiés aux hôpitaux pour soigner leurs blessures physiques et psychologiques. Allongé sur une natte sur la plage, Ahmed Diop Mbaye a du mal à imaginer l’horreur qu’a traversée son fils, Ali Mbaye, pêcheur de 30 ans, qui est encore hospitalisé dans une clinique privée de Mboro, à moins de 30 km de là. « Il est malade car la nourriture manquait sur le bateau. Il n’a pas mangé pendant plusieurs jours et il a bu l’eau de la mer, ses pieds et ses yeux sont gonflés », témoigne le père de famille, qui remercie Dieu de lui avoir rendu son fils.
    Abdou Karim Sarr, une cinquantaine d’années, n’a pas eu cette chance : cinq membres de sa famille ont disparu, dont son fils. Dans la grande concession familiale, les femmes assises à l’ombre sur des nattes, égrènent leur kurus, le chapelet musulman, et refusent de parler de peur de pleurer. Même s’il n’était pas au courant de leur départ, M. Sarr comprend le désespoir des plus jeunes. « Ils ont voulu aller en Europe pour espérer une vie meilleure car ici nous n’avons pas les moyens de nous nourrir. Le poisson manque : il y a quelques années, nous pouvions ramener deux ou trois tonnes par sortie, mais maintenant nous avons du mal à avoir 500 kg », témoigne-t-il tout en plaidant pour « une diminution du nombre de licences de pêche accordées aux bateaux étrangers. ».
    En 2006, Galam Boye avait quitté le village pour les mêmes raisons. « Nous ne vivions pas bien de la pêche. Aujourd’hui, rien n’a changé. Des bateaux étrangers viennent toujours pêcher dans notre mer et épuiser nos ressources », alerte-t-il, assurant qu’en six mois les pêcheurs de sa famille n’arrivent pas à gagner un million de francs CFA (environ 1 500 euros). Mais le risque est trop élevé de voyager par la mer, prévient Galam Boye. Lui avait été arrêté en 2006 à son arrivée aux Canaries et a été incarcéré pendant trois ans, accusé d’être le capitaine du bateau, avant d’être expulsé quelques années plus tard. « J’avais un travail en prison, je gagnais 500 euros par mois et je pouvais aider ma famille. Moi, je préfère retourner en prison en Espagne que vivre ici », témoigne le pêcheur.
    Les premières pirogues clandestines ont commencé à partir en 2006 puis se sont arrêtées autour de 2014 avant de reprendre aujourd’hui. Plus de 800 milles nautiques (1 500 km) séparent Fass Boye des Canaries qui rendent cette route migratoire particulièrement longue et dangereuse. Dans ce village de pêcheurs, la rareté des ressources halieutiques s’amplifie avec le réchauffement climatique et l’installation d’usines de farine de poisson dans la région.
    Mais ce regain de départs à Fass Boye, devenu une plaque tournante de l’émigration clandestine, ne peut pas s’expliquer par cette unique raison alors que la deuxième activité économique est le maraîchage. « Les prix de vente ne sont pas bons, car les cultivateurs sont trop nombreux et nous vendons tous notre production en même temps car nous n’avons aucun moyen de stockage », constate Ibrahima Diop, 42 ans, qui a perdu plusieurs amis en mer. « Je sais que l’Etat ne peut pas nous donner du travail, mais il peut nous aider à investir, comme dans l’achat d’un frigo, car nous n’avons pas les moyens », propose-t-il.
    Dans ce village isolé, accessible par une seule route abîmée, l’autre enjeu de taille est l’accès au foncier pour les jeunes générations alors que plus aucun terrain n’est disponible, ni pour habiter ni pour cultiver. « Nous faisons face à un boom démographique : les jeunes se marient tôt et font rapidement des enfants mais ils ne peuvent pas se projeter dans les dix prochaines années », explique Moustapha Gueye, un membre de la société civile. Ils rêvent donc d’Europe alors que ceux qui sont revenus d’Espagne ont réussi à construire leur maison.« Ceux qui sont partis en pirogue développent le village. Moi aussi je veux réussir dans la vie, avoir un travail, des femmes et des enfants », prévient un jeune commerçant de 17 ans, qui préfère taire son nom, mais se dit prêt à risquer le voyage vers l’Espagne dès qu’il aura réuni la somme nécessaire.
    Si les motivations de départ sont avant tout économiques, certains pointent égalmeent des raisons politiques. A six mois de l’élection présidentielle prévue en février 2024, Alexandre Gubert Lette, directeur exécutif de l’association Teranga Lab, pointe ainsi du doigt l’instabilité politique qui encourage les départs. « L’avènement de l’opposant Ousmane Sonko qui est maintenant derrière les barreaux a un impact clair sur les jeunes populations, alors que les manifestations sont étouffées et réprimées. Cela accentue le sentiment d’être dans un pays où la justice n’est pas impartiale et contribue à alimenter le désespoir des jeunes qui veulent partir », observe-t-il.
    La recrudescence de départs vers les îles Canaries touche tout le nord de la côte ouest-africaine. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 126 personnes sont mortes ou ont disparu entre le continent et les îles espagnoles au premier semestre 2023. Mais, d’après l’association Caminando Fronteras, le bilan est bien plus lourd. L’ONG qui défend les droits des migrants a recensé jusque-là 778 victimes. A Dakhla, ville du Sahara occidental, des milliers de ressortissants sénégalais, dont certains originaires de Fass Boye, ont été interceptés par les autorités marocaines puis rapatriés. Pour faire face, le gouvernement sénégalais a présenté fin juillet une stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière qui vise à « réduire drastiquement le phénomène à l’horizon 2033 », selon le ministre de l’intérieur Antoine Félix Diome.
    Dans l’attente de sa mise en œuvre, ce sont les autorités locales qui tentent de dissuader les jeunes de partir. Vendredi, jour de grande prière, le prêche de l’imam les conseillant de rester travailler au village résonne dans les rues de Fass Boye. Entouré d’une foule venue prier pour les morts du dernier drame, le religieux n’a que peu de chances d’être entendu, dès lors il demande à Dieu « d’accueillir les victimes au paradis ».
    Théa Ollivier(Fass Boye, Sénégal, envoyée spéciale)

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#immigrationirreguliere#routemigratoire#mortalite#traversee#atlantique#sante#santementale#fassboye#OIM#dakhla#rapatriement#politiquemigratoire

  • Îles Canaries : Deux convois de 156 migrants dont une femme et un bébé, partis du Sénégal débarquent à Ténérife et à El Hierro
    https://www.dakaractu.com/Iles-Canaries-Deux-convois-de-156-migrants-dont-une-femme-et-un-bebe-part

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    Îles Canaries : Deux convois de 156 migrants dont une femme et un bébé, partis du Sénégal débarquent à Ténérife et à El Hierro
    Les migrants sub-sahariens continuent de rallier les îles Canaries.
    Selon les dernières nouvelles, une première embarcation sortie du Sénégal, est arrivée ce matin à l’île d’El Hierro. Elle avait à son bord 88 personnes dont une femme et un bébé. La pirogue a été aperçue par un bâteau de pêche près de l’ile d’El Hierro avant d’être escortée par le navire Salvamar Adhara jusqu’au port de la Restinga. Un autre convoi de 68 personnes parti du Sénégal a été également intercepté à Ténérife. Lui aussi avait quitté le Sénégal afin de tenter la traversée pour l’Europe...

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#canaries#atlantique#routemigratoire#traversee#migrationirreguliere#postcovid

  • Mbour : Une pirogue avec 59 personnes pour l’immigration clandestine hante le sommeil des parents depuis 15 jours...
    https://www.dakaractu.com/Mbour-Une-pirogue-avec-59-personnes-pour-l-immigration-clandestine-hante-

    Mbour : Une pirogue avec 59 personnes pour l’immigration clandestine hante le sommeil des parents depuis 15 jours...
    L’immigration clandestine est loin d’être résolue au Sénégal...Les populations du quartier Tefess à Mbour ne nous demantirons pas...Une pirogue transportant des jeunes au nombre 59 personnes y a pris le départ pour l’immigration clandestine...Selon les recoupements de Dakaractu Mbour, le problème serait qu’ aucune information depuis 15 jours n’a filtré ni auprès des services compétents ni chez les parents... « Je peux vous confirmer que l’information est belle et bien fondée... il s’agit d’une pirogue contenant 59 personnes... Depuis 15 jours, il n’y a aucune information sur cette pirogue...Je parlais à un parent dont 07 membres de sa famille ont embarqué dans cette pirogue » nous confie Moustapha Senghor coordonnateur Clpa Mbour... Du côté des familles le stress a commencé à les gagner... Affaire à suivre.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#routemigratoire#atlantique#mbour#migrationirreguliere#postcovid#traversee#postcovid

  • Le Sénégal rapatrie les survivants d’une tentative meurtrière de rallier l’Europe
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/22/le-senegal-rapatrie-les-survivants-d-une-tentative-meurtriere-de-rallier-l-e

    LeSénégal rapatrie les survivants d’une tentative meurtrière de rallier l’Europe
    L’embarcation avait été repérée le 14 août au large de l’archipel du Cap-Vert, avec officiellement trente-huit rescapés à bord.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 10h31
    Le Sénégal a rapatrié lundi 21 août du Cap-Vert une quarantaine de ressortissants ayant survécu à une traversée qui devait les mener en Europe et qui a coûté la vie à une soixantaine de migrants, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les rescapés, tous des hommes, jeunes pour la majorité et secourus la semaine passée à bord d’une pirogue au large du Cap-Vert, ont été ramenés au pays par un avion militaire sénégalais qui s’est posé en fin d’après-midi sur une base aérienne dans le centre de Dakar. Ils faisaient partie des cent Sénégalais et un Bissau-Guinéen qui se sont embarqués le 10 juillet dans la localité de pêcheurs de Fass Boye (ouest) pour essayer de gagner l’Europe par l’océan Atlantique en longeant les côtes africaines. Leur embarcation a été repérée le 14 août au large de l’archipel cap-verdien, avec officiellement trente-huit rescapés. Les secours ont récupéré sept dépouilles. Celles-ci seront inhumées au Cap-Vert, a indiqué la ministre déléguée des Sénégalais de l’extérieur, Annette Seck Ndiaye. La décision a été prise en concertation avec les familles, a précisé devant des journalistes la ministre déléguée, revenue du Cap-Vert avec ses compatriotes.Des proches des survivants sont venus les accueillir à leur arrivée. L’un des rescapés est resté au Cap-Vert et y est soigné « parce que son état de santé ne lui permettait pas de faire le voyage », a indiqué la ministre déléguée. Des milliers d’Africains fuyant la pauvreté ou la guerre ou espérant une vie meilleure empruntent chaque année cette même route maritime pour tenter de gagner l’Europe, malgré la dangerosité du périple qui tue des centaines d’entre eux. Ils voyagent à bord de modestes bateaux ou pirogues à moteur fournis par des passeurs monnayant le voyage. Beaucoup accostent aux Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée de l’Europe.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#captvert#atlantique#routemigratoire#rapatriement#traversee#mortalite#sante#canaries#espagne

  • Pirogue de Fass-Boye échouée au Cap Vert : 37 rescapés rapatriés à Dakar, 7 corps inhumés sur place – le soleil
    https://lesoleil.sn/pirogue-de-fass-boye-echouee-au-cap-vert-37-rescapes-rapatries-a-dakar-7-co

    Pirogue de Fass-Boye échouée au Cap Vert : 37 rescapés rapatriés à Dakar, 7 corps inhumés sur place
    22 août 2023
    Trente-sept rescapés de la pirogue de migrants sénégalais récemment secourue au large du Cap-Vert, après l’échec de leur tentative de se rendre en Espagne, sont arrivés lundi soir à Dakar, à bord d’un avion de l’armée de l’air sénégalaise. Les rapatriés sont rentrés en compagnie de la ministre des Sénégalais de l’extérieur, Annette Seck, et de quelques proches qui étaient au Cap-Vert depuis dimanche pour organiser leur retour au bercail.
    Peu avant le départ des rapatriés, le délégué à la Santé de l’île de Sal, José Rui Moreira, a rassuré sur l’état de santé des migrants sénégalais, soulignant qu’ils sont « bien rétablis et, donc, capables de voyager« .
    Le processus de rapatriement s’est « très bien passé« , a souligné de son côté le représentant de la communauté sénégalaise du Cap-Vert, Médoune Ndiaye. Un migrant souffrant de problèmes rénaux, a toutefois été évacué vers l’hôpital Agostinho Neto de Praia pour hémodialyse. Il sera rapatrié plus tard dès que son état le permettra.
    A noter également que les sept corps sans vie sont inhumés sur place. Ce, après concertations avec des membres de leurs familles qui ont fait le déplacement en compagnie de la délégation officielle du ministre des Sénégalais de l’extérieur. Alertée par un navire espagnol, la police maritime du Cap-Vert avait secouru le 15 août dernier au large de l’île de Sal une pirogue à bord de laquelle se trouvaient 46 migrants dont huit avaient perdu la vie. Selon les informations recueillies auprès des autorités cap-verdiennes, la pirogue transportait à son départ du Sénégal deux Bissau-Guinéens et 99 Sénégalais, dont un enfant de 12 ans et trois adolescents âgés entre 15 et 16 ans.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#afrique#traversee#capvert#atlantique#routemigratoire#mortalite#rapatriement#sante#guineebissau#mineur#postcovid

  • Maroc : plus de 70 migrants sénégalais interceptés au large du Sahara occidental
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/18/maroc-plus-de-70-migrants-senegalais-interceptes-au-large-du-sahara-occident

    Maroc : plus de 70 migrants sénégalais interceptés au large du Sahara occidental
    La route migratoire des Canaries, porte d’entrée vers l’Europe dans l’océan Atlantique, connaît ces dernières semaines un net regain d’activités.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 16h50
    La marine marocaine a intercepté 75 migrants sénégalais à bord d’une embarcation au large de Dakhla, au Sahara occidental, a indiqué vendredi 18 août une source militaire. Leur embarcation de fortune était partie le 12 août des côtes sénégalaises vers les îles Canaries en Espagne, a précisé la source militaire, citée par l’agence de presse marocaine MAP. Les migrants, secourus jeudi, « ont reçu les premiers soins, avant d’être remis à la gendarmerie royale afin d’effectuer les démarches administratives en vigueur », a ajouté la même source.
    Cette opération porte à au moins 328 le nombre de candidats à l’émigration irrégulière originaires d’Afrique subsaharienne ramenés sur les côtes marocaines depuis le 8 août, selon un bilan de l’AFP établi à partir de sources militaires marocaines.
    Mercredi, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé que plus de 60 migrants sénégalais étaient présumés morts à bord d’une pirogue partie des côtes sénégalaises début juillet et retrouvée lundi au large du Cap-Vert. Une unité de surveillance du littoral marocain avait intercepté samedi une embarcation transportant 130 migrants sénégalais qui s’était échouée au niveau de Dakhla.Par ailleurs, les garde-côtes marocains ont annoncé le 7 août avoir repêché 5 cadavres de Sénégalais au large de Guerguerat, au Sahara occidental, et porté secours à 189 autres migrants dont l’embarcation avait chaviré. Les migrants sont généralement rapatriés au Sénégal.Au moins 13 Sénégalais ont péri à la mi-juillet dans le naufrage de leur pirogue au large des côtes marocaines, selon les autorités locales sénégalaises. La route migratoire des Canaries, porte d’entrée vers l’Europe dans l’océan Atlantique, connaît ces dernières semaines un net regain d’activités, notamment depuis les côtes du Maroc et du Sahara occidental. Des ONG font régulièrement état de naufrages meurtriers – dont les bilans non officiels se chiffrent selon elles en dizaines, sinon en centaines de morts – dans les eaux marocaines, espagnoles ou internationales.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#OIM#capvert#atlantique#maroc#espagne#traversee#mortalite#routemigratoire#politiquemigratoire#sante#postcovid

  • Au large du Cap-Vert, 63 migrants sont morts dans le naufrage d’une pirogue
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/16/au-large-du-cap-vert-63-migrants-sont-morts-dans-le-naufrage-d-une-pirogue_6

    Au large du Cap-Vert, 63 migrants sont morts dans le naufrage d’une pirogue
    L’embarcation avait quitté la côte sénégalaise, le 10 juillet avec 101 passagers à son bord. 38 personnes, dont quatre enfants de douze à seize ans, ont pu être sauvées.
    Le Monde avec AFP
    Publié le 16 août 2023 à 21h05
    Plus de 60 migrants auraient perdu la vie à bord d’une pirogue partie des côtes sénégalaises au début de juillet et retrouvée lundi au large du Cap-Vert, a fait savoir mercredi 16 août l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le nombre de personnes mortes est estimé à 63, celui des survivants étant de 38, dont 4 enfants de 12 à 16 ans, ajoute une porte-parole de l’OIM, Safa Msehli. L’embarcation a été repérée lundi dans l’Atlantique à environ 150 milles nautiques (277 kilomètres) de l’île cap-verdienne de Sal par un navire de pêche espagnol qui a alerté les autorités cap-verdiennes, a détaillé la police de l’archipel, distant d’environ 600 kilomètres des côtes sénégalaises. En dehors des 38 rescapés, les secours ont trouvé les dépouilles de 7 personnes, a rapporté la porte-parole.
    Selon les témoignages des rescapés cités par le ministère des affaires étrangères sénégalais et d’autres sources, l’embarcation avait quitté la localité de Fass Boye (Ouest), sur la côte sénégalaise, le 10 juillet avec 101 passagers à son bord. Ainsi 56 personnes sont portées disparues et donc « présumées décédés », a précisé la porte-parole.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#atlantique#capvert#OIM#traversee#naufrage#routemigratoire#migrationirreguliere#mortalite#sante#postcovid

  • Remote Atlantic Ocean rock could host migrants, UK says

    The UK is threatening to deport irregular migrants to Ascension Island if its plan to send people to Rwanda fails, amid another lethal shipwreck in the Mediterranean.

    British officials briefed national press anonymously on the Ascension Island idea on Sunday (6 August).

    “It’s pragmatic to consider all options and it makes sense to draw up proposals to stop the boats that could work alongside our Rwanda policy,” a “senior government source” told The Sunday Times.

    “We’re still confident that our Rwanda scheme is lawful, but having alternative proposals on the table would provide us with a back-up if we’re frustrated legally,” the source said.

    “All options were on the table”, British home secretary Suella Braverman also told the Mail on Sunday.

    Ascension Island is part of the Saint Helena, Ascension and Tristan da Cunha British overseas territory in the South Atlantic Ocean.

    The volcanic outcrop is just 88 km squared and located 6,000 km away from Europe.

    Braverman had planned to start deporting people to Rwanda on flights in January to act as a deterrent.

    But this was ruled illegal by the Court of Appeal in June over deficiencies in Rwanda’s asylum system, with a final verdict due by the Supreme Court in late autumn.

    Other “Plan B” locations alongside Ascension Island included Alderney in the Channel islands, a British military base in Cyprus, Ghana, Nigeria, Namibia, and Morocco, the Sunday Times reported.

    Niger had been on the list, but a coup in Niamey in July now threatened to see military intervention by neighbouring states, making the region a source of even higher numbers of refugees.

    The Falkland Islands had also been considered, but were deemed too sensitive due to the 1982 Falklands War between Britain and Argentina.

    And British officials cited Australia’s policy of processing asylum claims on Nauru in the South Pacific as a model for their far-flung schemes.

    The Rwanda Plan A has been pasted by human-rights groups as demonisation of vulnerable people by Britain’s ruling Conservative Party, which trails in polls ahead of elections likely in 2024.

    About 15,000 have crossed to the UK on small boats from France so far this year, down 15 percent on the same period in 2022.

    But arrivals to Europe are on the rise, via dangerous Mediterranean crossings and Turkey.

    Over 127,300 people came in the first seven months of this year compared to 189,600 in all of last year, according to the International Organisation for Migration, a UN limb.

    More than 2,330 people lost their lives or went missing, compared to 2,965 in 2022.

    Another woman and child died and 30 were still missing after two boats capsized near the Italian island of Lampedusa on Sunday, Italian authorities said.

    The coastguard saved 57 people so far.

    They also airlifted 34 others, including two pregnant women and a child, who had been clinging to a cliff face on Lampedusa since Friday following a previous shipwreck.
    Unwelcoming mood

    The right-wing government of Italian prime minister Giorgia Meloni has been accused of complicating rescues by forcing charity ships to disembark at far-away ports, echoing the UK approach.

    And migration is likely to feature heavily in the European Parliament elections next year, just as in post-Brexit Britain.

    Germany’s far-right AfD party declared the EU a “failed project” and promised to crack down on migrants in its programme for next June’s vote, unveiled on Sunday.

    It called for the EU to reform as a “federation of European nations” that protected “different identities” in Europe.

    It also spoke of a “Europe of fatherlands, a European community of sovereign, democratic states”.

    The AfD is poles apart from the old German spirit under former conservative chancellor Angela Merkel, who welcomed refugees in 2015.

    But the far-right party is now polling at 19 to 22 percent, making it the second strongest political force in the EU’s largest member state.

    https://euobserver.com/world/157327

    #UK #Atlantique #Angleterre #île #île_de_l'ascension #externalisation #modèle_australien #asile #migrations #réfugiés #océan_atlantique

    L’île de l’Ascension après d’autres magnifiques idées :
    – le Rwanda : https://seenthis.net/messages/966443
    – la Bibby Stockholm : https://seenthis.net/tag/bibby_stockholm

    Et ça rappelle farouchement ce que les Australiens ont mis en place (la #Pacific_solution) sur l’île de #Nauru : https://seenthis.net/tag/nauru

    D’ailleurs, je découvre grâce aux archives seenthis (#merci @seenthis) qu’en 2020, la #Grande-Bretagne avait déjà imaginé d’envoyer les demandeurs d’asile sur une autre île au milieu de l’Atlantique qui leur appartient : l’île de #Saint-Hélène : https://seenthis.net/messages/881888

    –—

    ajouté à la métaliste autour des #îles qui sont utilisées (ou dont il a été question d’imaginer de le faire) pour y envoyer des #réfugiés :
    https://seenthis.net/messages/881889

    • L’ultima idea di Londra per i richiedenti asilo: «spedirli» su un’isola in mezzo all’Atlantico

      All’Ascensione, territorio dipendente da Sant’Elena. Intanto da ieri decine spostati su una chiatta a Portland

      La buona notizia è che, causa golpe, è tramontata definitivamente l’ipotesi di spostare i migranti in Niger. La cattiva notizia? Tutto il resto.

      Gli arrivi record nel Regno Unito stanno mettendo a durissima prova il governo Sunak, anche se tra i presunti vantaggi di Brexit c’era proprio quello di «riprendere il controllo dei confini britannici» sottraendoli agli odiati burocrati di Bruxelles.

      Così l’ultima ipotesi è quella di portare migliaia di persone — in attesa di verdetto sulla richiesta d’asilo — su un’isola sperduta tra costa africana (1.600 chilometri) e costa sudamericana (2.300 chilometri), l’Isola dell’Ascensione, nell’amministrazione di Sant’Elena di napoleonica memoria. Charles Darwin, che durante il suo viaggio con il veliero Beagle la visitò nel 1836, la definì «orribile».

      L’esilio agli antipodi dei migranti non è neanche il problema più urgente di Sunak, che peraltro è in vacanza negli Stati Uniti con la famiglia, sadicamente pedinato dai tabloid inglesi anche alla lezione di spinning in una palestra di lusso a Santa Monica con accompagnamento musicale di Taylor Swift.

      È cominciato infatti ieri pomeriggio il trasferimento di alcune decine di migranti su una chiatta, la Bibby Stockholm, ancorata nel porto di Portland . Arrivano da alberghi di Oxford, Bristol, Torbay e Bournemouth: proprio il problema degli hotel è quello più urgente. Il governo paga infatti sei milioni di sterline al giorno (sette milioni di euro) per ospitare in albergo migliaia di migranti. L’idea della chiatta è venuta, semplicemente, per risparmiare mentre le lista d’attesa per le richieste d’asilo si allungano spaventosamente.

      Neanche i tabloid stanno facendo sconti al governo: due mesi fa campeggiava sulle loro prime pagine la protesta dei migranti iraniani che rifiutavano la sistemazione in un albergo londinese di Pimlico (centralissimo, 175 euro a notte) perché pretendevano camere singole, e per questo si erano accampati in strada.

      La capacità ricettiva dell’apparato dello Stato britannico pare uscita da un vecchio sketch dei Monty Python, e sarebbe un brutto gesto, oggi, quello di rinfacciare alla fazione pro-Brexit le vecchie critiche alle (effettive) falle nell’accoglienza ai migranti targata Ue. Ma certo è che il «piano B» è una priorità del governo Sunak: s’intende l’idea di trasferire fuori dai confini nazionali i migranti finché non sarà definito l’esito delle loro richieste d’asilo. Soltanto quattordici mesi fa, quando il governo Johnson ormai al capolinea ipotizzò di utilizzare il Ruanda come parcheggio per i migranti desiderosi di vivere nel Regno Unito stringendo con Kigali un accordo di cooperazione da 160 milioni di euro, l’allora principe Carlo con una clamorosa e inedita violazione della tradizionale neutralità politica della Corona — sempre silente sulle scelte governative — lasciò trapelare di essere rimasto «allibito».

      Un trasferimento di seimila chilometri nel territorio britannico d’oltremare nell’Atlantico meridionale provocherebbe, al netto di ogni altra considerazione politica e umanitaria, una serie di complessi problemi organizzativi, dato che l’isola di 88 chilometri quadrati ha soltanto ottocento abitanti e non è ovviamente attrezzata per diventare un campo profughi. Perfino il Daily Mail, giornale per nulla favorevole all’apertura delle frontiere, la definiva ieri «una pietra vulcanica in mezzo al nulla».

      Al momento il piano di collaborazione con Kigali è stato bloccato da un tribunale, ma il governo aspetta il pronunciamento definitivo della Corte suprema in ottobre.

      https://www.corriere.it/esteri/23_agosto_07/ultima-idea-londra-richiedenti-asilo-spedirli-un-isola-mezzo-all-atlantico-

  • Un naufrage de migrants marocains fait au moins cinq morts au large du Sahara occidental
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/26/un-naufrage-de-migrants-marocains-fait-au-moins-cinq-morts-au-large-du-sahar

    Un naufrage de migrants marocains fait au moins cinq morts au large du Sahara occidental
    Selon l’Association marocaine des droits humains, le bilan pourrait s’alourdir car plusieurs personnes présentes à bord de l’embarcation sont portées disparues.
    Cinq jeunes Marocains ont trouvé la mort dans un nouveau naufrage de migrants au large du Sahara occidental et le bilan pourrait s’alourdir, a indiqué une ONG locale de défense des droits humains, mardi 25 juillet. « Le naufrage a eu lieu [lundi] près de Dakhla, d’après des témoignages de rescapés qui nous sont parvenus », a déclaré à l’AFP Mohamed Zendour, un membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

    « L’embarcation, qui comptait près d’une soixantaine de migrants, a chaviré non loin de la côte à cause des vagues, a expliqué M. Zendour. Certains ont pu nager jusqu’au rivage, d’autres ont perdu la vie. Cinq à notre connaissance, mais le bilan pourrait s’alourdir car d’autres migrants sont portés disparus. » Il n’a pas été possible d’obtenir confirmation auprès des autorités marocaines.Les victimes étaient originaires du village de Tighassaline, situé dans une région rurale déshéritée du Moyen-Atlas, près de la ville de Khenifra. « L’entière responsabilité de ce drame revient aux élus et aux autorités locales, et à travers eux à l’Etat marocain », a estimé M. Zendour, président de la section de l’AMDH à Khenifra, en réclamant l’ouverture d’une enquête et l’arrestation des passeurs dans tout le Maroc.
    Les tentatives de migration clandestine au départ du nord-ouest de l’Afrique et des côtes du Maroc et du Sahara occidental à destination de l’Europe se multiplient depuis début juin. En fin de semaine dernière, six candidats à l’émigration sont morts noyés lors d’une tentative de traversée vers l’Espagne au large de la province de Nador (nord du Maroc), selon les autorités locales. Une cinquantaine de rescapés avaient pu regagner le littoral à la nage. Selon l’AMDH à Nador, les six migrants décédés étaient marocains.La marine marocaine a annoncé avoir porté secours à près de 900 migrants irréguliers durant la période allant du 10 au 17 juillet, en majorité d’origine subsaharienne. Des ONG font régulièrement état de naufrages meurtriers – dont les bilans non officiels se chiffrent selon elles en dizaines voire en centaines de morts – dans les eaux marocaines, espagnoles ou internationales. Les autorités marocaines disent avoir déjoué 26 000 tentatives d’émigration irrégulière durant les cinq premiers mois de l’année.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#routemigratoire#atlantique#mortalite#migrationirreguliere#afriquesubsaharienne#postcovid

  • Près de 900 migrants secourus par la marine marocaine, un mort noyé
    https://www.dakaractu.com/Pres-de-900-migrants-secourus-par-la-marine-marocaine-un-mort-noye_a23586

    Près de 900 migrants secourus par la marine marocaine, un mort noyé
    Près de 900 migrants secourus par la marine marocaine, un mort noyé
    La marine marocaine a porté secours ces derniers jours à près de 900 migrants irréguliers, la plupart d’Afrique subsaharienne, dont 400 dans les eaux territoriales, selon une source militaire, tandis que se multiplient les tentatives de traversée vers l’Espagne. Durant ces opérations de secours, un cadavre a été repêché, a précisé mardi la source marocaine. « Des unités de la Marine royale ont porté secours, durant la période allant du 10 au 17 juillet, à 845 candidats à la migration irrégulière de différentes nationalités, en majorité des Subsahariens, dont près de 400 personnes secourues au niveau des eaux sous juridiction nationale du sud du royaume », a-t-elle détaillé. Selon la même source, les candidats à la migration ont pris la mer à bord d’embarcations de fortune, de kayaks, de pirogues, de jet-skis et même à la nage.Les personnes secourues ont été assistées à bord des navires de la marine militaire avant d’être ramenées à terre pour leur identification.Depuis le durcissement des contrôles en Méditerranée, la route migratoire des Canaries, porte d’entrée vers l’Europe dans l’océan Atlantique, connaît un net regain d’activité au départ des côtes du nord-ouest de l’Afrique.D’autres tentatives de traversées, aussi périlleuses, s’élancent des côtes du Maroc et du Sahara occidental.Des ONG font régulièrement état de naufrages meurtriers — dont les bilans non officiels se chiffrent selon elles en dizaines, sinon centaines de morts — dans les eaux marocaines, espagnoles ou internationales.Mardi, dans un tweet, le réseau d’entraide Alarmphone a indiqué que 24 personnes avaient trouvé la mort lorsque leur embarcation, qui en transportait 61, a chaviré il y a deux jours au large du Sahara occidental.Cette information n’a pas été confirmée côté marocain. Les autorités marocaines affirment avoir déjoué 26.000 tentatives d’émigration irrégulière durant les cinq premiers mois de l’année 2023. En 2022, environ 71.000 tentatives avaient été avortées, selon le ministère de l’Intérieur.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#routemigratoire#traversee#canaries#atlantique#mortalite#migrationirreguliere#frontiere#ong#postcovid#politiquemigratoire

  • Au Maroc, le deuil impossible des proches des disparus d’El Attaouia
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/17/au-maroc-le-deuil-impossible-des-proches-des-disparus-d-el-attaouia_6182357_

    u Maroc, le deuil impossible des proches des disparus d’El Attaouia
    Des jeunes de cette ville comptaient rejoindre par la mer les îles Canaries, en juin. Le plus jeune avait 14 ans, le plus âgé 40. Ils n’ont plus donné signe de vie depuis.
    Par Aurélie Collas(El Attaouia, Maroc, envoyée spéciale)
    Publié le 17 juillet 2023 à 18h00, modifié hier à 09h21
    Sous un soleil de plomb, El Attaouia est silencieuse. Les modestes habitations aux teintes ocre sont fermées. Une brise poussiéreuse venue des terres balaie les rues désertes. En cette journée de juillet, où la température culmine à 46 °C, cette commune de quelques milliers d’habitants, située à 75 kilomètres à l’est de Marrakech, semble accablée. A l’image du chagrin éprouvé après la disparition de cinquante et un de ses enfants qui tentaient de rallier clandestinement l’Espagne à bord d’une embarcation.
    Ceux-ci ont quitté leurs familles il y a un peu plus d’un mois. Le plus jeune avait 14 ans, le plus âgé 40. Le dernier message reçu par leurs proches remonte à samedi 10 juin, vers 23 heures. Ils se trouvent alors dans un hôtel près d’Agadir et s’apprêtent à monter dans le minibus qui doit les conduire sur la plage où un bateau les attend. Ils doivent prendre le large le dimanche à l’aube pour une traversée de trois jours vers les îles Canaries. Depuis, plus de nouvelles. On ignore s’ils comptent parmi les victimes de la longue série de naufrages recensés depuis juin entre les côtes marocaines et l’archipel espagnol. Une route migratoire qui, « si elle est empruntée depuis plus de vingt ans, semble de nouveau être un chemin de départ vers l’Espagne en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée », observe Mehdi Lahlou, professeur de sciences économiques à Rabat et spécialiste des questions migratoires.
    La route de l’Atlantique est aussi considérée comme l’une des plus meurtrières. Pour la seule année 2022, 1 784 personnes y auraient péri, et 778 au cours des six premiers mois de 2023, selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras. Elle est également très chère. A El Attaouia, chaque famille a déboursé entre 3 000 et 4 500 euros pour la traversée. Certains ont liquidé leur héritage, vendu leurs terres. D’autres se sont endettés jusqu’à hypothéquer leur maison pour payer les trois passeurs qui opèrent dans la commune depuis trois à cinq ans, selon les témoignages recueillis.
    Une larme discrète coule le long de la joue d’Abbas Baghigou, père de Nabil, 18 ans, dont il brandit la photo d’identité. « Les passeurs, on les avait même accueillis chez nous avant le départ. Ils nous avaient assuré que nos enfants arriveraient sains et saufs et qu’ils reviendraient célébrer avec nous leur nouvelle vie en Espagne », raconte cet agriculteur qui a vendu sa seule terre de seize oliviers pour « sauver [son] fils de la pauvreté ». « Ils avaient déjà fait partir beaucoup de gens et il n’y avait jamais eu de problème. On leur faisait confiance. Ils nous ont trahis ! »
    Un mois après la disparition de leurs enfants, les habitants se raccrochent à l’espoir qu’ils sont encore en vie quelque part au Maroc, enfermés ou cachés. « Nous n’avons aucune preuve qu’ils ont pris la mer. En général, pendant la traversée, les jeunes envoient des photos depuis le bateau. Nous n’avons rien reçu », veut espérer Abbas Baghigou. « Rien n’a été retrouvé, ni affaires ni gilets de sauvetage. Peut-être qu’ils ont été kidnappés par ce réseau criminel, veut croire Noureddine Assime, frère d’un des disparus. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne sont pas en Espagne. Les autorités et les associations là-bas nous ont dit qu’aucun bateau n’avait accosté le jour où ils étaient censés arriver. » Assise sur la banquette de son salon, Fatima Elbaz pleure son fils Mouad, 19 ans. Elle ne dort plus en attendant d’hypothétiques nouvelles. (...) Tous les récits racontent la même histoire. Celle de jeunes déscolarisés très tôt, qui vivent comme une mort lente l’alternance d’inactivité et de petits boulots à moins de 5 euros ou 10 euros par jour. (...) C’est l’histoire du « Maroc profond », résume Mehdi Lahlou : « L’Etat est absent, les jeunes sont laissés à la merci des trafiquants. La province vit principalement de la culture et de l’extraction d’huile d’olive, mais les derniers espoirs d’emplois se sont évaporés avec la sécheresse. » Le drame du 11 juin n’est pas inédit dans la province, selon Abderrazzak El Moujayara, président de la section locale de l’Association marocaine des droits humains : « Un réseau de trafiquants y est très actif et de nombreuses familles ont été meurtries. » « Consterné » par la hausse de l’émigration irrégulière dans la région, le Parti socialiste unifié a appelé à « mettre fin à la marginalisation, l’exclusion et l’appauvrissement, source de ces drames ». Le désir obstiné de ceux qu’on appelle les harraga (littéralement « brûleurs » de frontières) de poursuivre leur rêve européen au péril de leur vie s’alimente aussi de l’illusion de la « belle vie » sur l’autre rive de la Méditerranée. « Mon frère et ses quatre copains partis avec lui s’imaginaient qu’ils allaient devenir riches, très riches », rapporte Youssef Aghroud, 23 ans. Lui a pris le chemin de l’université, à Marrakech. « Ils regardaient des vidéos sur les réseaux sociaux de Marocains de là-bas qui affichent leur belle voiture, leur belle maison… Bien sûr, il y a aussi des vidéos qui montrent l’inverse, mais ils ne regardaient que ce qu’ils voulaient voir. Réussir, pour eux, c’était partir. » La réussite sociale s’incarne aussi dans une certaine image des émigrés marocains qui reviennent chaque été les bras chargés de cadeaux et construisent des maisons secondaires. A El Attaouia, on dit qu’ils ont les plus belles demeures. « Cette figure de l’émigré de retour au pays pendant ses vacances apparaît souvent comme l’exemple à suivre pour les jeunes, parfois dès l’enfance », corrobore Mohamed Khachani, secrétaire général de l’Association marocaine d’études et de recherches sur les migrations : « Elle est déterminante dans l’aventure migratoire, tout comme l’existence d’une demande de travail non satisfaite par la population locale dans les pays d’accueil, qui exerce un effet d’appel sur ces jeunes. » Ces dernières semaines, les familles des disparus d’El Attaouia ont manifesté à plusieurs reprises pour connaître la vérité et exiger des poursuites contre les passeurs, contre lesquels elles ont porté plainte. Selon le site d’informations Le360, « cinq présumés organisateurs » ont été identifiés par la police de Marrakech. Deux d’entre eux ont été présentés à la justice, tandis que les trois autres font l’objet de mandats d’arrêt.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#routemigratoire#atlantique#traversee#mortalite#UE#politiquemigratoire#frontiere#migrationirreguliere#postcovid#pauvrete