• Pourquoi les auberges de jeunesse font leur grand retour
    https://objectifaquitaine.latribune.fr/business/immobilier/2025-08-01/pourquoi-les-auberges-de-jeunesse-font-leur-grand-retour


    L’auberge Hostel20 à Bayonne, Pyrénées-Atlantiques.
    Crédits : Hostel20

    Depuis avril, le charmant village médiéval de Saint-Jean-Pied-de-Port, qui est notamment le point de départ du Camino Frances vers Saint-Jacques-de-Compostelle, compte une nouvelle adresse. La bâtisse typiquement basque de l’hôtel Ramuntcho est devenue une auberge de jeunesse. « Nous proposons 35 lits et en aurons 100 après les travaux prévus en novembre », explique Patrick Demolin, fondateur du groupe Hostel20.

    Ce dernier compte désormais six auberges (Bordeaux, Lyon, Rennes, Bayonne, Toulouse), soit 850 couchages en tout. « Notre offre est complémentaire aux hôtels. Nous souhaitons perpétuer l’esprit initial des vacances populaires en accueillant tous les publics à des prix accessibles », poursuit l’entrepreneur. Comptez entre 20 et 30 euros pour une nuit en dortoir, mixte ou réservé aux femmes, des chambres de différentes tailles étant également proposées. Les repas, la laverie ou encore la location de vélos sont en option, l’accès à la cuisine, la salle à manger et au salon pour des soirées conviviales étant en revanche compris.

    Une vague de nouveaux établissements
    Patrick Demolin n’est pas le seul à vouloir redonner son lustre d’antan à l’auberge de jeunesse. Rien qu’au Pays basque, quatre établissements ont vu le jour depuis 2022 : deux Hostel20, à Saint-Jean-Pied-de-Port, donc, et à deux pas de la gare de Bayonne (110 lits) ; l’auberge de Belloc (46 lits), une ancienne abbaye gérée par les bénévoles de l’association Habitat et Humanisme à Urt, et, enfin, Demain c’est loin à Hendaye (78 couchages), qui a aussi ouvert ses portes en avril.

    Une cinquième dans le département, à Lourdios-Ichère en vallée d’Aspe, vient d’être rénovée. Enfin, c’est dans la station de Piau-Engaly, dans les Hautes-Pyrénées voisines, que le groupe de campings Huttopia exploite depuis la fin 2023 sa première auberge, avec 226 lits.

    La Nouvelle-Aquitaine en tête
    « Il est impossible de savoir combien d’auberges notre pays compte exactement. Ce qui est certain est que leur nombre augmente après une vague de fermetures entre 1980 et 2010, essentiellement en raison du coût des travaux de mise aux normes et que l’offre reste sous-développée. La Suisse compte, par exemple, 40 auberges et la Belgique flamande autant », explique David Le Carré, délégué général de la Fédération unie des auberges de jeunesse (Fuaj), réunissant 80 adhérents, soit quelque 5 000 lits. Pas moins de 26 d’entre eux ont adhéré depuis 2022.

    Avec 15 établissements fédérés, la Nouvelle-Aquitaine est la première région, devant l’Auvergne-Rhône-Alpes (14), la Provence-Alpes-Côte d’Azur (11) et le Grand-Est (10).

    Cette branche française du réseau Hostelling International, actif dans une soixantaine de pays, ne fédère pas les hostels exploités par des grands groupes : parmi eux, la marque française The People, détenue par le fonds français Eurazeo depuis 2022, avec ses 11 établissements de 150 à 400 lits, mais aussi la marque d’origine britannique Generator, rachetée en mai par le fonds canadien Brookfield Asset Management, qui compte 18 auberges dans le monde, dont une de 920 lits à Paris.

    Déconstruire les clichés
    Ou encore les auberges Jo&Joe du groupe Accor, dont la première avait été créée en 2017 à Hossegor (Landes), et qui sont développées sur tous les continents, jusqu’en Chine. « Nous avons hésité à adopter le nom hostel, car il y a encore des clichés autour des auberges de jeunesse : elles ne sont pas que réservées aux jeunes, ni toutes des lieux de fêtes nocturnes », appuie Émilie Cazaux, à la tête de l’auberge d’Hendaye, dotée d’une superbe vue sur les Pyrénées, avec son père Alain Cazaux.

    « À côté de ces grands acteurs, il y a de la place pour des établissements indépendants, uniques, plus petits, avec une centaine de lits pour les nouveaux et 200 à 300 pour les plus anciens », estime David Le Carré de la Fuaj. Cette association à but non lucratif reçoit une à deux demandes d’accompagnement par semaine, de la part d’investisseurs ou de porteurs de projet, mais aussi de communes.

    Des usages diversifiés
    « La région Nouvelle-Aquitaine soutient le développement des auberges de jeunesse indépendantes, qui ont plus de mal à financer leur développement, pointe Margot Sola, vice-présidente de la Fuaj et conseillère régionale Nouvelle-Aquitaine, pour la Charente-Maritime. Elles sont un moyen de perpétuer le tourisme social, accueillant des familles modestes, des colonies ou encore des groupes scolaires, alors que de nombreuses communes n’ont plus les moyens d’avoir leurs propres centres de vacances. De plus, de nombreuses auberges accueillent aussi des saisonniers ou encore des apprentis. »

    À Bayonne, Hostel20 loue ainsi des salles aux associations de quartier et des chambres au mois aux stagiaires des entreprises locales l’hiver. « Le modèle économique est très particulier et pas si évident, surtout dans des communes où les prix immobiliers sont très élevés », reconnaît Patrick Demolin. Outre l’investissement important de départ, 4 millions d’euros pour l’auberge de Bayonne par exemple, il faut savoir diversifier les revenus d’un établissement ouvert toute l’année pour garantir ses prix bas. « Nous nous adaptons au quartier et à la saison pour pouvoir remplir notre fonction sociale », souligne-t-il.

  • La crise sanitaire aggrave les troubles psy des jeunes migrants

    Les « migrants » sont une population composite recouvrant des #statuts_administratifs (demandeurs d’asile, réfugiés, primo-arrivants…) et des situations sociales disparates. Certains appartiennent à des milieux sociaux plutôt aisés et éduqués avec des carrières professionnelles déjà bien entamées, d’autres, issus de milieux sociaux défavorisés ou de minorités persécutées, n’ont pas eu accès à l’éducation dans leur pays d’origine.

    Et pourtant, une caractéristique traverse ce groupe : sa #jeunesse.

    Ainsi, selon les chiffres d’Eurostat, au premier janvier 2019, la moitié des personnes migrantes en Europe avait moins de 29 ans ; l’âge médian de cette population se situant à 29,2 ans, contre 43,7 pour l’ensemble de la population européenne. Cette particularité est essentielle pour comprendre l’état de santé de cette population.

    En effet, on constate que, du fait de sa jeunesse, la population migrante en Europe est globalement en #bonne_santé physique et parfois même en meilleure #santé que la population du pays d’accueil. En revanche, sa santé mentale pose souvent problème.

    Des #troubles graves liés aux #parcours_migratoires

    Beaucoup de jeunes migrants – 38 % de la population totale des migrants selon une recherche récente – souffrent de #troubles_psychiques (#psycho-traumatismes, #dépressions, #idées_suicidaires, #perte_de_mémoire, #syndrome_d’Ulysse désignant le #stress de ceux qui vont vivre ailleurs que là où ils sont nés), alors que la #psychiatrie nous apprend que le fait migratoire ne génère pas de #pathologie spécifique.

    Les troubles dont souffrent les jeunes migrants peuvent résulter des #conditions_de_vie dans les pays d’origine (pauvreté, conflits armés, persécution…) ou des #conditions_du_voyage migratoire (durée, insécurité, absence de suivi médical, en particulier pour les migrants illégaux, parfois torture et violences) ; ils peuvent également être liés aux #conditions_d’accueil dans le pays d’arrivée.

    De multiples facteurs peuvent renforcer une situation de santé mentale déjà précaire ou engendrer de nouveaux troubles : les incertitudes liées au #statut_administratif des personnes, les difficultés d’#accès_aux_droits (#logement, #éducation ou #travail), les #violences_institutionnelles (la #répression_policière ou les #discriminations) sont autant d’éléments qui provoquent un important sentiment d’#insécurité et du #stress chez les jeunes migrants.

    Ceci est d’autant plus vrai pour les #jeunes_hommes qui sont jugés comme peu prioritaires, notamment dans leurs démarches d’accès au logement, contrairement aux #familles avec enfants ou aux #jeunes_femmes.

    Il en résulte des périodes d’#errance, de #dénuement, d’#isolement qui détériorent notablement les conditions de santé psychique.

    De nombreuses difficultés de #prise_en_charge

    Or, ainsi que le soulignent Joséphine Vuillard et ses collègues, malgré l’engagement de nombreux professionnels de santé, les difficultés de prise en charge des troubles psychiques des jeunes migrants sont nombreuses et réelles, qu’il s’agisse du secteur hospitalier ou de la médecine ambulatoire.

    Parmi ces dernières on note l’insuffisance des capacités d’accueil dans les #permanences_d’accès_aux_soins_de_santé (#PASS), l’incompréhension des #procédures_administratives, le besoin d’#interprétariat, des syndromes psychotraumatiques auxquels les professionnels de santé n’ont pas toujours été formés.

    Les jeunes migrants sont par ailleurs habituellement très peu informés des possibilités de prise en charge et ne recourent pas aux soins, tandis que les dispositifs alternatifs pour « aller vers eux » (comme les #maraudes) reposent essentiellement sur le #bénévolat.
    https://www.youtube.com/watch?v=Pn29oSxVMxQ&feature=emb_logo

    Dans ce contexte, le secteur associatif (subventionné ou non) tente de répondre spécifiquement aux problèmes de santé mentale des jeunes migrants, souvent dans le cadre d’un accompagnement global : soutien aux démarches administratives, logement solidaire, apprentissage du français, accès à la culture.

    Organisateurs de solidarités, les acteurs associatifs apportent un peu de #stabilité et luttent contre l’isolement des personnes, sans nécessairement avoir pour mission institutionnelle la prise en charge de leur santé mentale.

    Ces #associations s’organisent parfois en collectifs inter-associatifs pour bénéficier des expertises réciproques. Malgré leur implantation inégale dans les territoires, ces initiatives pallient pour partie les insuffisances de la prise en charge institutionnelle.

    Des situations dramatiques dans les #CRA

    Dans un contexte aussi fragile, la #crise_sanitaire liée à la #Covid-19 a révélé au grand jour les carences du système : si, à la suite de la fermeture de nombreux #squats et #foyers, beaucoup de jeunes migrants ont été logés dans des #hôtels ou des #auberges_de_jeunesse à l’occasion des #confinements, nombreux sont ceux qui ont été livrés à eux-mêmes.

    Leur prise en charge sociale et sanitaire n’a pas été pensée dans ces lieux d’accueil précaires et beaucoup ont vu leur situation de santé mentale se détériorer encore depuis mars 2020.

    Les situations les plus critiques en matière de santé mentale sont sans doute dans les #Centres_de_rétention_administrative (CRA). Selon le rapport 2019 de l’ONG Terre d’Asile, sont enfermés dans ces lieux de confinement, en vue d’une #expulsion du sol national, des dizaines de milliers de migrants (54 000 en 2019, dont 29 000 en outremer), y compris de nombreux jeunes non reconnus comme mineurs, parfois en cours de #scolarisation.

    La difficulté d’accès aux soins, notamment psychiatriques, dans les CRA a été dénoncée avec véhémence dans un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) en février 2019, suivi, à quelques mois d’écart, d’un rapport tout aussi alarmant du Défenseur des droits.

    La #rupture de la #continuité des #soins au cours de leur rétention administrative est particulièrement délétère pour les jeunes migrants souffrant de pathologies mentales graves. Pour les autres, non seulement la prise en charge médicale est quasi-inexistante mais la pratique de l’isolement à des fins répressives aggrave souvent un état déjà à risque.

    La déclaration d’#état_d’urgence n’a pas amélioré le sort des jeunes migrants en rétention. En effet, les CRA ont été maintenus ouverts pendant les périodes de #confinement et sont devenus de facto le lieu de placement d’un grand nombre d’étrangers en situation irrégulière sortant de prison, alors que la fermeture des frontières rendait improbables la reconduite et les expulsions.

    Un tel choix a eu pour conséquence l’augmentation de la pression démographique (+23 % en un an) sur ces lieux qui ne n’ont pas été conçus pour accueillir des personnes psychologiquement aussi vulnérables et pour des périodes aussi prolongées.

    Des espaces anxiogènes

    De par leur nature de lieu de #privation_de_liberté et leur vocation de transition vers la reconduction aux frontières, les CRA sont de toute évidence des #espaces_anxiogènes où il n’est pas simple de distinguer les logiques de #soins de celles de #contrôle et de #répression, et où la consultation psychiatrique revêt bien d’autres enjeux que des enjeux thérapeutiques. Car le médecin qui apporte un soin et prend en charge psychologiquement peut aussi, en rédigeant un #certificat_médical circonstancié, contribuer à engager une levée de rétention, en cas de #péril_imminent.

    Les placements en CRA de personnes atteintes de pathologies psychologiques et/ou psychiatriques sont en constante hausse, tout comme les actes de #détresse (#automutilations et tentatives de #suicide) qui ont conduit, depuis 2017, cinq personnes à la mort en rétention.

    La prise en charge effective de la santé mentale des jeunes migrants se heurte aujourd’hui en France aux contradictions internes au système. Si les dispositifs sanitaires existent et sont en théorie ouverts à tous, sans condition de nationalité ni de régularité administrative, l’état d’incertitude et de #précarité des jeunes migrants, en situation irrégulière ou non, en fait un population spécialement vulnérable et exposée.

    Sans doute une plus forte articulation entre la stratégie nationale de prévention et lutte contre la pauvreté et des actions ciblées visant à favoriser l’intégration et la stabilité via le logement, l’éducation et l’emploi serait-elle à même de créer les conditions pour une véritable prévention des risques psychologiques et une meilleure santé mentale.

    https://theconversation.com/la-crise-sanitaire-aggrave-les-troubles-psy-des-jeunes-migrants-152

    #crise_sanitaire #asile #migrations #réfugiés #jeunes_migrants #santé_mentale #troubles_psychologiques #genre #vulnérabilité #bénévolat #rétention #détention_administrative #sans-papiers

    ping @isskein @karine4

  • Mais pour toi demain, il fera beau

    Récit d’émancipation sociale et féminine Mais pour toi demain, il fera beau serpente entre les lignes du destin et de l’Histoire. Cette bande dessinée de reportage relate la jeunesse de Gracia, fille d’immigrés siciliens à Grenoble. #Auberges_de_jeunesse, amour, littérature, sardinières et marins, exil, antimilitarisme s’entremêlent comme le chaos bien ordonné de nos vies.
    Après Disgrazia !, Coline Picaud continue à enquêter sur son histoire familiale et plus particulièrement sur celle, à la fois ordinaire et extraordinaire, de sa grand-mère.


    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/mais_pour_toi_demain_il_fera_beau.html
    Nouvelle #BD de #Coline_Picaud sur son histoire familiale, qui est aussi l’histoire de #Grenoble...

    #migrations #histoire #France #migrants_italiens #Sicile #Siciliens #bande_dessinée #livre


    #Tunisie

    ping @odilon, car j’ai beaucoup aimé ses autres BD, surtout « De l’autre côté » :
    https://seenthis.net/messages/545733