Pourquoi les auberges de jeunesse font leur grand retour
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L’auberge Hostel20 à Bayonne, Pyrénées-Atlantiques.
Crédits : Hostel20
Depuis avril, le charmant village médiéval de Saint-Jean-Pied-de-Port, qui est notamment le point de départ du Camino Frances vers Saint-Jacques-de-Compostelle, compte une nouvelle adresse. La bâtisse typiquement basque de l’hôtel Ramuntcho est devenue une auberge de jeunesse. « Nous proposons 35 lits et en aurons 100 après les travaux prévus en novembre », explique Patrick Demolin, fondateur du groupe Hostel20.
Ce dernier compte désormais six auberges (Bordeaux, Lyon, Rennes, Bayonne, Toulouse), soit 850 couchages en tout. « Notre offre est complémentaire aux hôtels. Nous souhaitons perpétuer l’esprit initial des vacances populaires en accueillant tous les publics à des prix accessibles », poursuit l’entrepreneur. Comptez entre 20 et 30 euros pour une nuit en dortoir, mixte ou réservé aux femmes, des chambres de différentes tailles étant également proposées. Les repas, la laverie ou encore la location de vélos sont en option, l’accès à la cuisine, la salle à manger et au salon pour des soirées conviviales étant en revanche compris.
Une vague de nouveaux établissements
Patrick Demolin n’est pas le seul à vouloir redonner son lustre d’antan à l’auberge de jeunesse. Rien qu’au Pays basque, quatre établissements ont vu le jour depuis 2022 : deux Hostel20, à Saint-Jean-Pied-de-Port, donc, et à deux pas de la gare de Bayonne (110 lits) ; l’auberge de Belloc (46 lits), une ancienne abbaye gérée par les bénévoles de l’association Habitat et Humanisme à Urt, et, enfin, Demain c’est loin à Hendaye (78 couchages), qui a aussi ouvert ses portes en avril.
Une cinquième dans le département, à Lourdios-Ichère en vallée d’Aspe, vient d’être rénovée. Enfin, c’est dans la station de Piau-Engaly, dans les Hautes-Pyrénées voisines, que le groupe de campings Huttopia exploite depuis la fin 2023 sa première auberge, avec 226 lits.
La Nouvelle-Aquitaine en tête
« Il est impossible de savoir combien d’auberges notre pays compte exactement. Ce qui est certain est que leur nombre augmente après une vague de fermetures entre 1980 et 2010, essentiellement en raison du coût des travaux de mise aux normes et que l’offre reste sous-développée. La Suisse compte, par exemple, 40 auberges et la Belgique flamande autant », explique David Le Carré, délégué général de la Fédération unie des auberges de jeunesse (Fuaj), réunissant 80 adhérents, soit quelque 5 000 lits. Pas moins de 26 d’entre eux ont adhéré depuis 2022.
Avec 15 établissements fédérés, la Nouvelle-Aquitaine est la première région, devant l’Auvergne-Rhône-Alpes (14), la Provence-Alpes-Côte d’Azur (11) et le Grand-Est (10).
Cette branche française du réseau Hostelling International, actif dans une soixantaine de pays, ne fédère pas les hostels exploités par des grands groupes : parmi eux, la marque française The People, détenue par le fonds français Eurazeo depuis 2022, avec ses 11 établissements de 150 à 400 lits, mais aussi la marque d’origine britannique Generator, rachetée en mai par le fonds canadien Brookfield Asset Management, qui compte 18 auberges dans le monde, dont une de 920 lits à Paris.
Déconstruire les clichés
Ou encore les auberges Jo&Joe du groupe Accor, dont la première avait été créée en 2017 à Hossegor (Landes), et qui sont développées sur tous les continents, jusqu’en Chine. « Nous avons hésité à adopter le nom hostel, car il y a encore des clichés autour des auberges de jeunesse : elles ne sont pas que réservées aux jeunes, ni toutes des lieux de fêtes nocturnes », appuie Émilie Cazaux, à la tête de l’auberge d’Hendaye, dotée d’une superbe vue sur les Pyrénées, avec son père Alain Cazaux.
« À côté de ces grands acteurs, il y a de la place pour des établissements indépendants, uniques, plus petits, avec une centaine de lits pour les nouveaux et 200 à 300 pour les plus anciens », estime David Le Carré de la Fuaj. Cette association à but non lucratif reçoit une à deux demandes d’accompagnement par semaine, de la part d’investisseurs ou de porteurs de projet, mais aussi de communes.
Des usages diversifiés
« La région Nouvelle-Aquitaine soutient le développement des auberges de jeunesse indépendantes, qui ont plus de mal à financer leur développement, pointe Margot Sola, vice-présidente de la Fuaj et conseillère régionale Nouvelle-Aquitaine, pour la Charente-Maritime. Elles sont un moyen de perpétuer le tourisme social, accueillant des familles modestes, des colonies ou encore des groupes scolaires, alors que de nombreuses communes n’ont plus les moyens d’avoir leurs propres centres de vacances. De plus, de nombreuses auberges accueillent aussi des saisonniers ou encore des apprentis. »
À Bayonne, Hostel20 loue ainsi des salles aux associations de quartier et des chambres au mois aux stagiaires des entreprises locales l’hiver. « Le modèle économique est très particulier et pas si évident, surtout dans des communes où les prix immobiliers sont très élevés », reconnaît Patrick Demolin. Outre l’investissement important de départ, 4 millions d’euros pour l’auberge de Bayonne par exemple, il faut savoir diversifier les revenus d’un établissement ouvert toute l’année pour garantir ses prix bas. « Nous nous adaptons au quartier et à la saison pour pouvoir remplir notre fonction sociale », souligne-t-il.



