• De la publicité dans les audiolivres : Amazon invente-t-il l’eau froide ?
    https://actualitte.com/article/111027/acteurs-numeriques/de-la-publicite-dans-les-audiolivres-amazon-invente-t-il-l-eau-froide

    A mon sens, le livre est en principe le « dernier espace sans publicité ».
    Ce n’est pas parce que d’autres ont déjà inséré de la publicité dans ce qu’ils continuent d’appeler des livres que cela peut justifier cette nouvelle tentative de faire pénétrer la pub partout.
    A mon sens, un produit écrit ou illustré avec de la pub dedans ne devrait pas pouvoir s’appeler « livre ».

    Audible, filiale d’Amazon, part en quête de nouveaux clients. Et pour les sortir de leur terrier, expérimente une offre audiolivres et podcasts gratuite, financée par des spots publicitaires. Un modèle économique bien connu, qui dévoile la guerre ouverte entre les géans du web, autour de la publicité en ligne... Ou comment l’œuvre devient monétisable à l’envi.

    Publié le :

    05/04/2023 à 15:32

    Zoé Picard

    Les commentaires et questionnements d’utilisateurs intrigués ont contraint Amazon à sortir du bois : des tests sont bien en cours sur la rentabilisation du format audio. Et, plus spécifiquement, les productions Audible Original – autrement dit, les titres qu’édite le vendeur. La solution avec pub cible les curieux non encore abonnés, suivant le modèle classique : œuvres en accès gratuit contre messages promotionnels, précise la FAQ.

    Concrètement, 8 spots audio par tranche de 24 heures d’écoute qui ne « ne seront pas diffusés trop fréquemment dans un court laps de temps ». Comme l’expérimentation concerne aussi les podcasts, leurs producteurs ont été informés, avec la possibilité de se désinscrire du programme.
    Un avenir pour l’audiolivre ?

    L’entreprise prétend confusément répondre à un objectif « d’optimisation » pour « mieux connaître les besoins changeants » côté clients et partenaires. Une déclaration d’intention qui peine à masquer les enjeux lucratifs de cette décision.
    Nouvelles sources de revenus

    Audible coupe les poils des oreilles d’acteurs comme Spotify - qui se rêve en leader du marché. L’été dernier, la société suédoise a acheté le distributeurs d’audiolivres Findaway pour 119 millions $, afin de consolider son offre. Dawn Ostroff, anciennement directrice du contenu, l’avait à l’époque glissé : Spotify « envisageait d’introduire la monétisation publicitaire dans les livres audio ».

    Idem pour Pushkin Industries (producteur de podcasts et audiolivres), dont la directrice Heather Fain faisait part de son intérêt pour ce modèle à Marketing Brew. Sans avoir encore exploré le sujet en profondeur, elle serait « prête à expérimenter ».
    Le format qui séduit

    Avec 839,5 millions $ de ventes en 2022, par téléchargement, le format audio connaît une croissance constante aux États-Unis : il pèse désormais pour 9,2 % sur le marché du livre en valeur, avec 7 % de croissance par rapport à 2021. La production se maintient : 74.000 nouveautés l’an passé, le même nombre que l’année précédente.

    Porté aux nues, de même que le livre numérique voilà quelques années, l’audiolivre représente le relai de croissance tant attendu – puisque l’ebook stagne. Et Amazon entend bien dominer largement le marché.
    Pub et livres, une vieille histoire

    Amazon n’invente rien avec sa solution. Au milieu du XIXe siècle, les livres de Dickens contenaient d’authentiques pause publicitaire, sur une page entière. De même avec le poche : dans les années 60 et 70, les lecteurs américains y trouvaient des campagnes pour des produits de beauté ou des cigarettes.

    Une approche peu à peu abandonnée : les marketeux préféraient les magazines, la radio et télévision, plus attractifs. Les éditeurs ont été contraints contractuellement à cesser cette pratique. Le nombre de cerveaux disponibles dépend de ventes impossibles à prévoir : pas très rassurant. Ils se heurtaient également à la réticence des lecteurs soucieux de ce que leur temps de lecture échappe au consumérisme. Fin 1980, la réclame disparut...

    Manifestement inspiré, Amazon a adapté cette solution en 2010 : sa liseuse se déclina en deux versions. Sur l’une, moins chère, le fond d’écran affichait une pub, l’autre sans pub, était plus onéreuse.

    D’ailleurs, dans un autre registre, les écrivains eux-mêmes, n’hésitent pas à monnayer leur image. Joël Dicker devint ambassadeur de la compagnie aérienne Swiss en 2014, puis en 2016 pour les montres suisses Piaget. Beigbeder a posé pour les Galeries Lafayette ou promu les smartphones de Samsung. Colette, plus sobre, travailla pour Perrier, quand Cocteau se fit, en 1947, vendeur de télévisions…
    Audiobook et publicité online

    Les livres audio ont gagné en popularité au fil des ans et en particulier depuis la pandémie de la covid-19. Au niveau mondial, les ventes de 2021 représentaient 4,2 milliards $, selon le cabinet Grand View Research, qui estime que l’audiobook devrait en peser 15 milliards $ dès 2027. Et, mieux encore, 30 milliards en 2030...

    Or, de même que le livre papier fut le moteur de développement d’Amazon, avant d’en devenir un produit d’appel, l’audiobook sert avant tout de moyen. La croissance économique de la firme ne réside pas dans les ventes de biens : voilà des années qu’Amazon Web Service (le département technologique centré sur le cloud) porte les résultats financiers, avec la publicité numérique.

    L’Observatoire de l’E-Pub du Syndicat des Régies Internet a dévoilé des chiffres qui attestent du ralentissement de la croissance de la pub numérique. Après une hausse de 10 % à 8,5 milliards € en 2022, cette année le taux estimé ne dépasse pas 6 %. En cause : un climat général antipub, une exigence de sobriété....

    Mais la guerre fait rage entre Google, Meta (ex-Facebook) et Amazon : ils accaparent les deux tiers du marché de la publicité en ligne, avec 5,6 milliards $. En parallèle, l’économie de l’audiodigital (webradios, streaming, assistants vocaux, podcasts... et audiolivres) a connu une hausse de 53 % l’an passé.

    Toute nouvelle solution de commercialisation est bonne à prendre, pour convaincre les annonceurs.

    Crédits photo : ActuaLitté (CC BY-SA 2.0)

    #Publicité #Livre #Livre_audio #Amazon #Audible #Spotify

  • Livre audio : les inadmissibles conditions d’Amazon, selon Cory Doctorow (@doctorow)
    https://www.actualitte.com/article/lecture-numerique/livre-audio-les-inadmissibles-conditions-d-amazon-selon-cory-doctorow/102703?origin=newsletter

    Engagé et militant depuis des années, l’écrivain de science-fiction Cory Doctorow a décidé de contourner le géant Audible pour la version audio de son prochain roman. L’auteur souhaite retrouver sa liberté et a choisi d’organiser un financement participatif pour la sortie de l’ouvrage dans ce format.

    Cory Doctorow

    Attack Surface, le prochain roman de Cory Doctorow, devrait sortir le mois prochain. Il sera facile au lecteur de se procurer une copie physique du roman puisque le titre sera disponible en librairie, mais aussi sur les grandes plateformes comme Amazon ou Kobo. Mais pour mettre la main sur le livre audio, l’entreprise risque de se révéler un poil plus compliquée.

    Le roman ne figurera en effet pas dans le catalogue d’Audible, le plus grand vendeur de livres audio du marché. Doctorow a choisi de vendre le livre sous ce format via une campagne Kickstarter.

    Le problème de Doctorow avec Audible trouve sa source dans la politique de l’entreprise : Amazon impose en effet l’application d’un DRM, un micro logiciel de protection, au sein des œuvres audio. Ce logiciel permet de mieux contrôler le bien et évite théoriquement le piratage ou la reprise d’extraits par le consommateur. Les DRM ne sont pas nouveaux, mais sont souvent présents à la demande des éditeurs et des auteurs . Qu’une entreprise décide directement de l’intégrer pose problème à l’écrivain :

    « Nous ne devrions pas vivre dans un monde où les fabricants décident de la manière dont vous utilisez leurs produits une fois que vous les avez achetés », rugit-il. Cette politique est d’autant plus incompréhensible qu’Amazon n’impose pas de DRM au sein de ses ebooks sur Kindle.

    Une alternative ?

    Opposé depuis des années aux DRM, Doctorow n’en est pas à son coup d’essai. L’auteur garde un droit de regard sur ses œuvres et dans le cadre de son accord avec l’éditeur Macmillan, propose des enregistrements audio de ses livres exclusivement via des plates-formes non affiliées à Amazon.

    Pour ce blogueur militant, les DRM ne sont pas qu’une simple technologie, mais « une loi », un appareil juridique qui interdit au consommateur de s’approprier l’œuvre qu’il vient d’acheter. L’écrivain affirme que ces logiciels constituent une nuisance pour les consommateurs qui essaient d’accéder à du contenu acheté légitimement, tout en étant incapable d’arrêter un pirate informatique digne de ce nom.

    NUMERIQUE : Amazon, Penguin et des auteurs
    lancés dans une chasse aux pirates de livres

    Doctorow a donc lancé une campagne de financement pour promouvoir le livre via ses propres moyens. Depuis son lancement mardi, la campagne a recueilli plus de 142.000 $ sur Kickstarter de la part de plus de 3500 contributeurs, le livre audio étant disponible pour ceux qui s’engagent à hauteur d’au moins 15 $. Ce succès, l’auteur l’explique en partie par la méfiance des gens envers Amazon, laquelle s’est transformée en colère suite aux profits que l’entreprise a enregistrés depuis le début de la crise sanitaire.

    Si l’initiative donnera certainement envie de faire des émules, il reste difficile pour un auteur débutant de se lancer dans un projet similaire. C’est en grande partie sa renommée qui permet à Doctorow ce genre de coup d’éclat.

    L’écrivain a lui-même participé à la production du format audio, travaillant via Zoom avec la réalisatrice Cassandra de Cuir de chez Skyboat Media et avec l’actrice Amber Benson chargée de lire le texte.

    #Cory_Doctorow #Audible #Livres_audio #DRM

  • Oh le joli tour de passe-passe de #France_Culture : « La publicité envahit-elle France Culture ? »
    http://mediateur.radiofrance.fr/chaines/france-culture/publicite-envahit-france-culture

    Un certain nombre d’auditeurs estiment que la #publicité a envahi France Culture. Et comble du comble, France Culture ferait de la pub pour Amazon… Qu’en est-il exactement ? Pour répondre : Serge Schick, directeur du #marketing_stratégique et du développement de Radio France.

    Plusieurs auditeurs, comme Mathieu, interpellent le médiateur : « J’ai été désagréablement surpris ce matin vers 7h avec l’apparition d’une publicité pour #Audible, une filiale d’Amazon. Que vient faire une telle pub sur France Culture ? ».

    "Il s’agit de #parrainage et non de publicité. La publicité, c’est un écran de publicité classique tandis que le parrainage c’est lorsqu’un annonceur choisit un programme parce qu’il estime qu’il est proche de son image de marque pour être présent sur nos antennes. Il n’y a pas de publicité classique sur France Culture, c’est interdit par le cahier des charges. En revanche, le parrainage est présent à l’antenne.

    En l’occurrence, Audible est une marque qui produit des livres audio dans des champs assez proches de la culture."

    Dans les #podcasts, en revanche, même ceux dits de rattrapage (le replay), le petit laïus d’une marque n’est plus du parrainage mais de la publicité :

    En revanche certains auditeurs s’étonnent que l’on répète « pas de pub sur France Culture », mais que pour écouter les podcasts, il faille passer par l’écoute d’un message publicitaire. Les règles ne sont pas les mêmes ?

    "Il n’y a aucune obligation concernant la publicité par voie électronique. Nous avons décidé d’établir les mêmes règles sur les podcasts que pour la publicité classique. Nous faisons donc attention à la nature de l’annonceur. Il n’y a pas non plus de publicité sur les podcasts liés à l’information."

    En quoi les podcasts coûtent-ils chers à Radio France ?

    "Tout simplement, car nous sommes « victimes » de notre succès. En janvier 2018, il y a eu plus de 22 millions de podcasts chargés sur France Culture contre 15 millions l’année dernière. Or contrairement aux voies hertziennes, pour les podcasts, plus il y a de téléchargements, plus ça coûte de l’argent (il faut plus de bande-passante). Cela permet également de financer les podcasts natifs et d’avoir un accès libre et gratuit aux podcasts."

    Le parrainage d’Audible (livres audio, podcasts) « permet donc aussi de financer des podcasts originaux » de France Culture. Peut-on imaginer qu’un jour prochain, Audible (Amazon) produise directement des podcasts pour France Culture ? Binge Audio (mené par un ancien de Radio France et qui co-produit un podcast avec... tiens tiens... Audible) est déjà en train de proposer son expertise dans les « contenus audio » à différents médias (Le Figaro, Libération), ce qui donne pour l’instant des résultats... disons, discutables :
    https://seenthis.net/messages/669351