Comment la société française a appris à mépriser les « paysans » et leurs « #patois »
Les manifestations récentes par lesquelles le monde agricole français a fait entendre ses protestations et ses revendications ont, une fois de plus, fait apparaître des différences profondes, voire des fractures, entre le monde rural et le monde urbain et plus encore entre des images valorisantes de l’urbanité et dévalorisantes de la ruralité.
La France moderne a été construite depuis Paris, lieu de la puissance politique, en développant un sentiment de supériorité de la capitale sur « la province » (le singulier est significatif) et des villes (supposées modernes) sur les campagnes (supposées arriérées). Au lieu d’être fédérale, vu sa diversité, « la France est un pays dont l’unité a été construite à coups de cravache […] par l’autorité de l’État central », selon Jean Viard.
Les normes sociales valorisées ont donc été celles, urbaines, de la ville-capitale érigée en phare de l’État hypercentralisé. On le voit, par exemple, dans le fait qu’en français le mot urbain a le double sens « de la ville » et « poli, courtois » et que le mot paysan a le double sens de « rural, agricole » et « rustre, grossier ». Ce mode de relation est clairement confirmé par une analyse sociolinguistique plus large, comme on va le voir ci-après. En effet, la sociolinguistique a pour but d’étudier principalement deux choses : les effets de l’organisation d’une société sur les langues qu’on y parle et ce que la place faite aux langues révèle de l’organisation de cette société.
Paris, ses bourgeois et leur langue érigés en modèle
C’est en effet la langue de la capitale qui a été imposée notamment à partir de la Révolution française à l’ensemble des populations progressivement rattachées à la France. Elle est considérée comme la langue « normale » en France. Et c’est le français des classes supérieures parisiennes qui a été prescrit comme modèle d’expression. Ainsi le grammairien Vaugelas définissait-il ce « bon français » en 1647 :
« La façon de parler de la plus saine partie de la Cour […] Quand je dis la cour, j’y comprends les femmes comme les hommes, et plusieurs personnes de la ville où le prince réside. »
La prétendue supériorité universelle du français, par opposition à toutes les autres langues et d’autant plus aux « patois régionaux », affirmée dès 1784 par le pamphlétaire Rivarol, est régulièrement reprise dans les discours étatiques jusqu’à aujourd’hui, par exemple par le président de la République lui-même lorsqu’il inaugure une cité qui cultive les mythes sur la langue française.
Tout au long du XIXe siècle, la construction de la nation française passe par cette vision de la langue française, que l’école de la IIIe République (1870-1940) est chargée de mettre en œuvre de façon particulièrement offensive.
En 1951, le phonéticien Pierre Fouché poursuit cette vision suprémaciste de la langue de Paris et de ses classes dominantes en établissant pour l’enseignement une norme de prononciation du français sur le modèle d’une « conversation soignée chez des Parisiens cultivés ».
Les « patois pauvres et corrompus » des campagnes « provinciales »
Quant aux autres langues de France, comme on les appelle depuis 1999, elles ont, à l’inverse, été disqualifiées par le nom de « patois » au départ méprisant, par l’association au seul monde rural et à une arriération prétendue. L’origine du mot « patois » est discutée, mais il est très probable qu’il vienne du verbe « patoiller » qui veut dire soit « marcher dans la boue, barboter, patauger », soit « gesticuler, parler en faisant des signes avec les mains ». Dans les deux cas, c’est un terme péjoratif à l’origine.
Or, tout ceci est doublement faux : ces langues étaient aussi celles des villes (à Marseille par exemple le provençal était la langue générale jusque dans les années 1920) et d’intellectuels (Frédéric Mistral, licencié en droit, a reçu le prix Nobel de littérature pour son œuvre toute en provençal).
Mais les préjugés sont fondés sur un aveuglement pour ne voir que ce que l’on veut voir. Ainsi, on lit dans l’Encyclopédie (1765) :
« Patois : Langage corrompu tel qu’il se parle presque dans toutes les provinces : chacune a son patois ; ainsi nous avons le patois bourguignon, le patois normand, le patois champenois, le patois gascon, le patois provençal, etc. On ne parle la langue que dans la capitale. »
Le Dictionnaire de Furetière (1690) précisait :
« Langage corrompu et grossier tel que celui du menu peuple, des paysans, et des enfants qui ne savent pas encore bien prononcer. »
À la création de la 1ere République française, ses responsables considéraient ainsi que dans les provinces on parlait « ces jargons barbares et ces idiomes grossiers » à « éradiquer » (Rapport Barrère, publié en 1794). Pourquoi ? Parce que « nous n’avons plus de provinces et nous avons encore environ trente patois qui en rappellent les noms » dont « deux idiomes très dégénérés » et parce que « l’homme des campagnes, peu accoutumé à généraliser ses idées, manquera toujours de termes abstraits » à cause de cette « inévitable pauvreté de langage, qui resserre l’esprit » disait le Rapport Grégoire (publié en 1794). Il ajoutait « les nègres de nos colonies, dont vous avez fait des hommes, ont une espèce d’idiome pauvre », ne mesurant pas le racisme linguistique de son propos.
Le mépris des provinciaux, des ruraux et de leurs langues, alimentés par ces préjugés conjugués, a été sans borne. Il a culminé au XIXe siècle sous la forme d’un véritable racisme, dont celui contre les Bretons ou les Méridionaux, bien attesté.
À l’époque l’étude scientifique des langues n’existait pas encore. La sociolinguistique, qui se développe à partir des années 1950-1970, a montré par la suite que toutes les langues sont égales (y compris celles dites « patois ») : aucune n’est supérieure ou inférieure à une autre en raison de ses caractéristiques proprement linguistiques. Ce sont les hiérarchisations sociales qui se reflètent en hiérarchisation des langues ou de leurs variétés locales ou sociales particulières.
Hélas, comme on l’observe trop souvent et encore plus à l’époque des « fake news », les connaissances scientifiques ont du mal à remplacer les croyances répandues dans l’opinion publique. C’est d’autant plus le cas quand il s’agit de langues en France, pays où a été instaurée une véritable religion nationale de la langue française accompagnée d’une sorte d’excommunication des autres langues.
En conséquence, cette conception est encore présente de nos jours. Le Trésor de la Langue française (CNRS) la décrit ainsi :
« Patois : Parler essentiellement oral, pratiqué dans une localité ou un groupe de localités, principalement rurales. Système linguistique restreint fonctionnant en un point déterminé ou dans un espace géographique réduit, sans statut culturel et social stable […]. Langage obscur et inintelligible. Synonymes : baragouin, charabia, jargon. »
Le « plouc » et son parler aussi méprisés l’un que l’autre
Aujourd’hui encore, le stéréotype du « plouc » est fortement voire principalement constitué de caractéristiques linguistiques (“phrase, accent, prononciation, langue”), comme le montre l’étude de Corentin Roquebert, qui conclut :
« On peut relever l’association forte entre des catégories et des objets plus ou moins valorisés socialement, ce qui favorise l’expression d’un jugement social positif ou négatif sur une population : le beauf comme personnage raciste et sexiste, le hipster branché et cool qui n’aime pas le mainstream, la prononciation et l’accent du plouc. »
Les préjugés glottophobes contre des « patois » supposés employés (uniquement) par des « paysans » sont toujours là. Et même quand les « paysans » et autres « provinciaux » ont finalement adopté le français, bon gré mal gré, on continue à stigmatiser les traces de leurs “patois” dans leurs façons de parler français : mots locaux, expressions, tournures, et surtout accent…
Le pseudo raisonnement, fondé sur des préjugés, est circulaire : les « patois » ne sont pas de vraies langues puisqu’ils sont parlés par des « paysans »/les « paysans » sont des rustres puisqu’ils parlent « patois ». Les deux stéréotypes négatifs projetés simultanément sur les « paysans » et sur les « patois » (ou les « accents » qu’il en reste), associés les uns aux autres, se renforcent réciproquement et produisent un mépris de classe renforcé.
▻https://theconversation.com/comment-la-societe-francaise-a-appris-a-mepriser-les-paysans-et-leu
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]]>Lettre d’un juif français de gauche, à qui veut bien entendre, volia vizeltzer
▻https://blogs.mediapart.fr/volia-vizeltzer/blog/281023/lettre-d-un-juif-francais-de-gauche-qui-veut-bien-entendre
.... en observant la droite prendre le pas de qualifier tout antisionisme comme de l’antisémitisme, vous avez décidé comme d’habitude, de jouer sur la posture. Pour vous donc, au contraire, aucun antisionisme n’est de l’antisémitisme on dirait bien. C’est pas nouveau pourtant ici la convergence des deux. Aurai-je besoin de rappeler la carrière de Dieudonné par exemple ? Aurai-je besoin de rappeler la tuerie de l’Hyper Casher en 2015, perpétrée « au nom » des palestinien·nes ? L’idée n’est pas d’amalgamer bien évidemment, mais la solution ne sera jamais de nier non plus.
Et nous y revoilà. La droite instrumentalise et la gauche nie.
]]>#Edwy_Plenel : Israël-Palestine : la question morale
Si le conflit israélo-palestinien enflamme le monde, c’est parce qu’il porte une question morale universelle : celle de l’égalité des droits. Que la légitimité internationale d’Israël s’accompagne de la négation des droits des Palestiniens n’a cessé de précipiter ce sommeil de la raison qui engendre des monstres. Seule cette lucidité politique est à même de défier la catastrophe en cours.
LeLe sommeil de la raison produit des monstres. Avant de donner à voir, dans toute leur abomination, les désastres de la guerre (Los Desastres de la Guerra, 1810-1815), le peintre et graveur espagnol Francisco de Goya (1746-1828) avait intitulé ainsi l’une des gravures de sa série Los caprichos à la fin du XVIIIe siècle : El sueño de la razon produce monstruos. On y voit le peintre endormi tandis qu’une volée d’oiseaux nocturnes tourbillonne au-dessus de lui, symbolisant la folie et l’ignorance qui mènent l’humanité à sa perte.
Nous vivons un moment semblable, d’obscurcissement et d’égarement. Spectateurs effarés, nous découvrons l’horreur des tueries de civils israéliens dans l’attaque terroriste du Hamas tandis que nous suivons l’hécatombe de civils palestiniens à Gaza sous les bombes de l’armée israélienne. Toutes ces vies humaines se valent, elles ont le même prix et le même coût, et nous nous refusons à cette escalade de la terreur où les crimes d’un camp justifieraient les crimes de l’autre. Mais nous nous sentons impuissants devant une catastrophe qui semble irrémédiable, écrite par avance tant ont été perdues, depuis si longtemps, les occasions de l’enrayer (pour mémoire mes alarmes de 2009, de 2010 et de 2014).
Nous savons bien qu’il n’y a qu’une façon d’en sortir dans l’urgence : un cessez-le-feu immédiat sous contrôle des Nations unies afin de sauver les otages des deux bords, qui ouvrirait la voie à une solution politique dont la clé est la reconnaissance d’un État palestinien ayant lui-même reconnu l’État d’Israël. Mais, s’il peut arriver que d’un péril imminent naisse un salut improbable, cette issue semble un vœu pieux, faute de communauté internationale forte et unie pour l’imposer. Faute, surtout, de détermination des soutiens d’Israël, États-Unis au premier chef, pour freiner une volonté de vengeance qui ne fera qu’accélérer la course à l’abîme.
Dès lors, comment échapper à un sentiment de sidération qu’aggrave le spectacle de désolation du débat politique et médiatique français ? À mille lieues de sa grandeur prétendue, la France officielle donne à voir son abaissement raciste, jetant la suspicion sur nos compatriotes musulmans et arabes, et son alignement impérialiste, rompant avec l’ancienne position équilibrée de sa diplomatie moyen-orientale. Indifférence aux oppressions et intolérance aux dissidences règnent sur cette médiocrité dont font les frais manifestations et expressions pro-palestiniennes, dans un climat maccarthyste qui distingue tristement notre pays des autres démocraties.
Que faire ? Il importe déjà d’y voir clair. Ici, la responsabilité du journalisme, associant son devoir professionnel à son utilité sociale, est de trouer cette obscurité, en chassant les passions tristes et en s’éloignant des colères aveugles. Trouver son chemin, arriver à se repérer, réussir à ne pas s’égarer : autant d’impératifs vitaux par temps de propagande, que nous devons servir par une pratique aussi rigoureuse que sensible du métier. Elle suppose de résister au présent monstre de l’information en continu qui fonctionne à l’amnésie, perdant le fil de l’histoire, oubliant le passé qui la détermine, effaçant le contexte qui la conditionne (voir notre entretien-vidéo avec Bertrand Badie sur les mots et l’histoire du conflit).
Mais il ne suffit pas de rendre compte. Il nous faut aussi échapper à la résignation qui guette, « cette accoutumance à la catastrophe dont le sentiment vague engourdit aujourd’hui tout désir d’action ». La formule est de l’historien Patrick Boucheron dans un récent libelle où il persiste, dans le sillage de Victor Hugo, à vouloir « étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait ». Secouant ce manteau de poussière dont le poids risque de nous paralyser, Le temps qui reste est une invitation inquiète à ne pas le perdre, ce temps, en refusant de se laisser prendre au piège de la catastrophe, tels des animaux saisis dans des phares, tétanisés et immobilisés par la conscience du péril.
Car l’habitude, tissée de conformisme et de suivisme, est la meilleure alliée du pire en devenir. Voici donc, à l’instar de lucioles clignotant dans une nuit qui gagne, quelques repères qui nous guident pour affronter les désordres du monde et les folies des hommes. Quatre boussoles morales qui énoncent aussi ce à quoi nous refusons de nous habituer.
1. Tout soutien inconditionnel est un aveuglement. Quel que soit le camp concerné. Quelle que soit la justesse de la cause.
Aucun État, aucune nation, aucun peuple, et, partant, aucune armée, aucun parti, aucun mouvement, qui s’en réclame, ne saurait être soutenu inconditionnellement. Car, au-dessus d’eux, il y a une condition humaine universelle, dont découle un droit international sans frontières. Si, en 1948, l’année où est né l’État d’Israël, fut proclamée, à Paris, une Déclaration universelle des droits de l’homme, c’est pour cette raison même : s’ils ne rencontrent aucun frein, les États, les nations ou les peuples, peuvent devenir indifférents à l’humanité et, par conséquent, dangereux et criminels.
Adoptée à Paris en 1948 par les cinquante-huit États alors représentés à l’Assemblée générale des Nations unies, la Déclaration de 1948 résulte de cette lucidité provoquée par la catastrophe européenne dont nationalisme et racisme furent les ressorts, conduisant au génocide des juifs d’Europe. Français, son rédacteur, René Cassin, Prix Nobel de la paix en 1968, s’était battu pour imposer, dans son intitulé, cette qualification d’« universelle » au lieu d’internationale : façon de signifier qu’un droit supérieur, celui de la communauté humaine, devait s’imposer aux États et aux nations dont ils se prévalent. Autrement dit de rappeler qu’aucun État, qu’aucune nation, qu’aucun peuple ne devrait se dérober, au prétexte de ses intérêts propres, à cette exigence de respect de l’égalité des droits.
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité », énonce l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Comme la française de 1789, la Déclaration de 1948 dessine l’horizon d’une promesse, toujours inaccomplie et inachevée, sans cesse en chantier et à l’œuvre face aux égoïsmes renaissants des États et au risque qu’ils cèdent aux idéologies de l’inégalité. De ce point de vue, l’ajout de la dignité, notion sensible, aux droits, critère juridique, n’est pas indifférent, tout comme sa position première dans l’énoncé : il s’agit non seulement de respecter d’autres humains, mais aussi de se respecter soi-même. En somme, de rester digne, de savoir se tenir, se retenir ou s’empêcher, afin de ne jamais céder à la haine de l’homme.
Chèque en blanc accordé à ses dirigeants et à ses militaires, l’affirmation d’un « soutien inconditionnel » à l’État d’Israël dans sa riposte au Hamas tourne le dos à ces valeurs universelles. Elle prolonge ce mépris pour le droit international que l’on invoque volontiers face à l’agression russe en Ukraine mais que l’on dénie à la Palestine par l’absolu non-respect des résolutions onusiennes condamnant, depuis 1967, les annexions et colonisations israéliennes de territoires palestiniens.
2. Jamais la fin ne saurait justifier les moyens. Seuls les moyens utilisés déterminent la fin recherchée.
Depuis soixante-quinze ans, la Palestine pose au monde une question morale : celle de la fin et des moyens. La légitimité d’Israël ne saurait se fonder sur la négation des droits des Palestiniens jusqu’à la commission répétée de crimes de guerre. Mais la contestation de l’occupation et de la colonisation ne saurait tolérer la négation de l’humanité des Israéliens.
En franchissant ce pas avec les massacres et prises d’otage de civils, le Hamas a fait plus que nuire à la cause qu’il dit servir : il l’a déshonorée. Dans la mémoire juive des persécutions européennes contre lesquelles s’est créé le mouvement sioniste à la fin du XIXe siècle, la terreur déchaînée par le Hamas sur des civils israéliens ne peut qu’évoquer les pogroms antisémites. Et le rappel de massacres commis en 1947-1948 par les composantes les plus extrémistes du sionisme, afin de faire fuir les Palestiniens, ne saurait en aucun cas lui servir d’excuses.
La violence aveugle de l’oppresseur le discrédite, légitimant la résistance violente de l’opprimé. Jusqu’au processus de paix entamé en 1991, le mouvement national palestinien, alors sous la direction de Yasser Arafat et du Fath qui dominait l’Organisation de libération de la Palestine, a illustré cette règle éternelle des situations d’injustices où un peuple prétend en dominer un autre. Mais, par ses débats internes, son pluralisme assumé, son évolution revendiquée jusqu’à la reconnaissance de l’État d’Israël, il a fait sienne la conviction que la cause libératrice de l’opprimé exige une morale supérieure où sa riposte ne cède pas aux crimes reprochés à l’oppresseur.
Il y a cinquante ans, en 1973, l’année de la guerre du Kippour dont le Hamas a choisi la date anniversaire pour son attaque sur Israël, un appel collectif d’intellectuels notables (parmi lesquels Edgar Morin, Laurent Schwartz, Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet) rappelait ces « évidences morales et politiques fondamentales » : « Il n’y a pas de problème de la fin et des moyens. Les moyens font partie intégrante de la fin. Il en résulte que tout moyen qui ne s’orienterait pas en fonction de la fin recherchée doit être récusé au nom de la morale politique la plus élémentaire. Si nous voulons changer le monde, c’est aussi, et peut-être d’abord, par souci de moralité. […] Si nous condamnons certains procédés politiques, ce n’est pas seulement, ou pas toujours, parce qu’ils sont inefficaces (ils peuvent être efficaces à court terme), mais parce qu’ils sont immoraux et dégradants, et qu’ils compromettent la société de l’avenir. »
Cette mise en garde vaut évidemment pour les deux camps. De 2023 à 2001, se risquer à comparer le 7-Octobre israélien au 11-Septembre états-unien, ce n’est pas seulement ignorer la question nationale palestinienne en souffrance, au prétexte d’une guerre de civilisation entre le bien occidental et le mal arabe, c’est surtout continuer de s’aveugler sur la suite. Le terrorisme faisant toujours la politique du pire, les désordres actuels du monde résultent de la riposte américaine, à la fois mensongère et criminelle, détruisant un pays, l’Irak, qui n’y était pour rien, tout en semant un discrédit universel par une violation généralisée des droits humains dont l’Occident paye encore le prix. Loin de détruire l’adversaire désigné, il en a fait surgir d’autres, d’Al-Qaïda à Daech, encore plus redoutables.
3. Au cœur du conflit israélo-palestinien, la persistance de la question coloniale ensauvage le monde.
Porté par le mouvement sioniste qui avait obtenu la création d’un foyer national juif en Palestine, la création de l’État d’Israël en 1948 a été unanimement approuvée par les puissances victorieuses du nazisme. L’incommensurabilité du crime contre l’humanité, jusqu’à l’extermination par le génocide, commis contre les juifs d’Europe, légitimait le nouvel État. Une faute abominable devait être réparée en offrant aux juifs du monde entier un refuge où ils puissent vivre dans la tranquillité et la sécurité, à l’abri des persécutions.
Si, aujourd’hui, Israël est un des endroits du monde où les juifs vivent avec angoisse dans le sentiment inverse, c’est parce que la réparation du crime européen s’est accompagnée de l’injustice commise contre les Palestiniens. Ce faisant, l’Occident – cette réalité politique dont les États-Unis ont alors pris le leadership – a prolongé dans notre présent le ressort passé de la catastrophe européenne : le colonialisme. Se retournant contre l’Europe et ses peuples, après avoir accompagné sa projection sur le monde, le colonialisme fut l’argument impérial du nazisme, avec son cortège idéologique habituel de civilisations et d’identités supérieures à celles des peuples conquis, soumis ou exclus.
La colonisation ne civilise pas, elle ensauvage. Le ressentiment nourri par l’humiliation des populations dépossédées s’accompagne de l’enfermement des colons dans une posture conquérante, d’indifférence et de repli. L’engrenage est aussi redoutable qu’infernal, offrant un terrain de jeu idéal aux identités closes où la communauté devient une tribu, la religion un absolu et l’origine un privilège. Dès lors, accepter le fait colonial, c’est attiser le foyer redoutable d’une guerre des civilisations qu’illustre la radicalisation parallèle des deux camps, le suprémacisme juif raciste de l’extrême droite israélienne faisant écho à l’idéologie islamique du Hamas et de ses alliés, dans la négation de la diversité de la société palestinienne.
Dialoguant en 2011, dans Le Rescapé et l’Exilé, avec le regretté Stéphane Hessel, qui accompagna depuis l’ONU où il était diplomate la création de l’État juif en Palestine, Elias Sanbar rappelle cette origine d’un conflit qui ne cessera de s’aggraver tant qu’elle ne sera pas affrontée : « On ne peut certes pas refaire l’histoire, mais il est important de dire que ce conflit a commencé par une terrible injustice commise en Palestine pour en réparer une autre, née dans l’horreur des camps nazis. » Acteur des négociations de paix israélo-palestiniennes, il en tirait la conséquence que la seule solution est dans l’égalité des droits. Dans la réciprocité et la reconnaissance. L’envers de ce poison qu’est la concurrence des victimes. L’opposé de cette misère qu’est la condescendance du vainqueur.
« Il faut affirmer, déclarait-il alors – et pense-t-il toujours –, que la concurrence dans le registre des malheurs est indécente, que les courses au record du nombre de morts sont littéralement obscènes. Chaque souffrance est unique, le fait que des juifs aient été exterminés n’enlève rien à la souffrance des Palestiniens, tout comme le fait que des Palestiniens aient souffert et continuent de souffrir n’enlève rien à l’horreur vécue par des juifs. Puis et surtout, la reconnaissance de la souffrance des autres ne délégitime jamais votre propre souffrance. Au contraire. »
4. La solution du désastre ne peut être confiée à ses responsables israéliens dans l’indifférence au sort des Palestiniens.
Le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël, le quotidien Haaretz, qui sauve l’honneur de la démocratie israélienne, publiait un éditorial affirmant que cette énième guerre était « clairement imputable à une seule personne : Benyamin Nétanyahou », ce premier ministre qui a « établi un gouvernement d’annexion et de dépossession » et a « adopté une politique étrangère qui ignorait ouvertement l’existence et les droits des Palestiniens ».
La droite et l’extrême droite israéliennes ont attisé l’incendie qu’elles prétendent aujourd’hui éteindre par l’extermination militaire du Hamas et l’expulsion des Palestiniens de Gaza. Ce n’est pas un Palestinien qui, en 1995, a assassiné Yitzhak Rabin, portant un coup d’arrêt fatal au processus de paix, mais un terroriste ultra-nationaliste israélien. C’est Israël qui, depuis, sous l’impulsion de Benyamin Nétanyahou, n’a cessé de jouer cyniquement avec les islamistes du Hamas pour diviser le camp palestinien et affaiblir sa composante laïque et pluraliste.
À l’aune de ces vérités factuelles, largement documentées, notamment par le journaliste Charles Enderlin, la polémique française sur le prérequis que serait la qualification de terroriste du Hamas en tant qu’organisation – et pas seulement de ses actions dont on a souligné le caractère criminel – a quelque chose de surréel. En 2008-2009, faisant écho aux stratégies israéliennes, la présidence de Nicolas Sarkozy n’hésitait pas à défendre la nécessité de « parler » avec le Hamas dont le chef était même interviewé par Le Figaro pour inviter le chef de l’État français à « donner une impulsion vitale à la paix ».
Comble de l’hypocrisie, le Qatar, financier avéré du Hamas avec la tolérance d’Israël, est un partenaire économique, financier, militaire, diplomatique, sportif, culturel, etc., qui est, ô combien, chez lui dans l’establishment français, tout comme d’ailleurs son rival émirati. Or c’est au Qatar que le Hamas tient sa représentation extérieure, avec un statut avoisinant celui d’une antenne diplomatique, digne d’un État en devenir.
Si des actions du Hamas peuvent être qualifiées de terroristes, c’est s’aveugler volontairement que de ne pas prendre en considération son autre réalité, celle d’un mouvement politique avec une assise sociale. Que sa ligne idéologique et ses pratiques autoritaires en fassent l’adversaire d’une potentielle démocratie palestinienne, qui respecterait le pluralisme des communautés et la diversité des opinions, ne l’empêche pas d’être l’une des composantes, aujourd’hui devenue dominante, du nationalisme palestinien.
La paix de demain ne se fera qu’entre ennemis d’hier. Et, surtout, qu’entre peuples qui ne sont pas assimilables à leurs dirigeants. Ce mensonge doublé d’hypocrisie sur la réalité du Hamas et son instrumentalisation par l’État d’Israël souligne l’illusion qui a volé en éclats depuis le 7 octobre. Israël et les États-Unis pensaient reléguer la question palestinienne en pariant sur les États arabes, leurs intérêts à courte vue et leur opportunisme à toute épreuve. Ce faisant, ils oubliaient les peuples qui ne sont pas dupes, s’informent et s’entraident. Grands absents de ces mécanos diplomatiques, où l’on prétend faire leur avenir à leur place, ils finissent toujours, un jour ou l’autre, par en déjouer les plans.
Au spectacle des foules proclamant dans le monde leur solidarité avec la Palestine, y compris dans les pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël, comment ne pas penser à ces lignes de notre confrère Christophe Ayad qui accompagnent l’exposition de l’Institut du monde arabe « Ce que la Palestine apporte au monde » ? « C’est du monde tel qu’il va mal dont la Palestine nous parle, écrit-il. On l’observe, on la scrute, on l’encourage ou on lui fait la leçon, mais c’est elle qui nous regarde depuis l’avenir de notre humanité. La Palestine vit déjà à l’heure d’un monde aliéné, surveillé, encagé, ensauvagé, néolibéralisé. Les Palestiniens savent ce que c’est d’être un exilé sur sa propre terre. Apprenons d’eux ! »
Face aux ombres qui, aujourd’hui, s’étendent, ces réflexions peuvent paraître optimistes. Pourtant, la leçon est déjà là, la seule qui vaille pour éviter le pire, soit cette guerre des monstres dont Benyamin Nétanyahou et le Hamas sont les protagonistes : il n’y aura jamais de paix par la puissance et la force. Devant les défis sans frontières qui nous assaillent, le crédo de la puissance est une impasse quand la conscience de la fragilité est, au contraire, une force.
▻https://www.mediapart.fr/journal/international/221023/israel-palestine-la-question-morale
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#Université_Grenoble_Alpes : “Cher président, l’heure est à la reconnaissance d’un plan d’urgence”
▻https://academia.hypotheses.org/51534
Le 30 août 2023, le président de l’Université Grenoble Alpes s’est adressé à ses “chères et chers collègues” pour leur souhaiter “une bonne rentrée et une bonne année universitaire”, mais également pour “marque[r] la concrétisation de nombreux succès obtenus par … Continuer la lecture →
##ResistESR #Billets #Enseignement #Pratiques_de_l'emploi #Santé_au_travail #austérité #santé_au_travail
]]>Covid-19 : « Le taux de positivité explose et on ne surveille plus le virus », Christian Lehmann
(...) une myriade de professionnels de santé témoigne de la recrudescence des cas et de l’incrédulité des patients.
Depuis le début de la semaine, les consultations et téléconsultations s’enchaînent pour des symptômes pseudo-grippaux, avec une majorité de patients incriminant dans un premier temps les changements de temps, la climatisation, ou les fameux virus hivernaux de l’été dont les ont abreuvé les rassuristes de plateau, avant d’acquiescer lorsque je leur recommande de réaliser un PCR, et de me rappeler, dans un tiers des cas au moins, avec un test positif. Et c’est le cas un peu partout en France, comme en témoignent de nombreux soignants.
(...) A la suite de la fin de l’état d’urgence sanitaire, le Sidep a été anonymisé (destruction de l’ensemble des données nominatives) et réservé aux résultats des seuls tests PCR depuis le 1er juillet : les résultats des tests PCR sont donc transmis au ministère, mais ne sont plus accessibles en sources ouvertes (ni même sous forme de synthèse, contrairement à ce qui avait été annoncé). (...) le Covid est donc devenu à cette même date la 37e maladie à déclaration obligatoire… mais dont la déclaration ne peut être réalisée que par un biologiste médical suite à un PCR positif (pas de prise en compte des tests antigéniques).
(...) Le même phénomène se produit dans les établissements de soins, où on découvre des clusters avec du retard car le dépistage n’est plus un réflexe… Disons les choses franchement, il s’agit parfois d’un choix délibéré de ne pas réaliser de test afin de ne pas risquer qu’un #Covid découvert lors d’un séjour hospitalier soit considéré comme une infection nosocomiale.
(...) nous ne connaissons plus le nombre de patients hospitalisés avec un Covid en France. (...) on constate un net changement dans les comportements depuis la fin du printemps – surtout en fait au moment où un test positif ne nécessitait plus d’isolement (malgré le risque persistant de contamination) et ne permettait plus de bénéficier d’un arrêt de quelques jours. Pour la majorité des Français, cela a constitué le signe que “le Covid c’est devenu un simple rhume“ ou encore que “c’est fini désormais”. (...)
▻https://www.liberation.fr/societe/sante/covid-19-le-taux-de-positivite-explose-et-on-ne-surveille-plus-le-virus-2
#covid #déni #refus_de_test (que c’est une "restriction") #Humex_rhume #PCR #hôpitaux #Paxlovid (personne ne connait) #aveuglement_volontaire (de haut en bas) #Sidep #criblage #séquençage
]]> Le chef de police d’Ottawa démissionne après 18 jours de manifestation
▻https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1862400/demission-peter-sloly-manifestation-camionneurs
Le chef de la police démissionne, emporté par le mouvement de protestation des camionneurs.
Peter Sloly a remis sa démission mardi matin. Le chef de la police d’Ottawa subissait d’intenses pressions en raison de l’enlisement du mouvement de protestation des camionneurs au centre-ville de la capitale. Le centre-ville d’Ottawa est occupé depuis maintenant 19 jours.
Peter Sloly réclamait du renfort depuis déjà plusieurs jours. Il affirmait ne pas pouvoir compter sur des ressources suffisantes au sein des forces policières de la capitale fédérale pour mettre un terme à l’occupation du centre-ville. Le chef de la police d’Ottawa constatait qu’il était impossible pour ses agents de bloquer toutes les sources de ravitaillement. Le chef affirmait avoir un plan pour mettre fin au mouvement de protestation, mais ce plan, disait-il, ne pourrait être mis en œuvre que lorsque le service de police d’Ottawa aurait reçu les ressources supplémentaires.
Il doit officiellement remettre sa démission plus tard aujourd’hui, après la réunion de la Commission des services policiers, selon des sources qui ont parlé à CBC.
Peter Sloly est entré en fonction dans ce poste en octobre 2019. Son contrat devait se terminer en 2024.
#manifestations #Convoi_de_la_liberté #Peuple #Liberté #Solidarité #manifestation #pass_sanitaire #Freedom_Convoy_2022 #crise #Camions #Peuple #Réseaux_sociaux #aveuglement
]]> Bruxelles au ralenti, Charleroi à l’arrêt Rtbf
▻https://www.rtbf.be/article/mobilite-bruxelles-au-ralenti-charleroi-a-l-arret-10934515
Depuis 6h45, on sent que le trafic est plus dense et plus ralenti sur le ring de Bruxelles et sur les axes vers Bruxelles.
La police organise des barrages filtrants. Le trafic se fait au compte-goutte vers le centre de Bruxelles (particulièrement dans l’échangeur de Woluwé-St-Etienne).
Ralentissements sur les axes vers Bruxelles :
E40 depuis Kortenberg (Liège)
E40 depuis Ternat (Gand)
A12 depuis Machelen (Anvers)
E411 depuis Jesus Eik
Situation sur le ring de Bruxelles :
+ 50 min entre Grimbergen et Woluwe Saint-Etienne vers Waterloo
+ 20 min à hauteur de Halle jusqu’à Forêt vers Grand-Bigard
A hauteur de Hoeilaart vers Léonard : la police bloque l’accès vers la E411 sur le ring en venant de Waterloo ( + 10 min)
TEC Charleroi : pas de bus ce lundi
En raison d’un mouvement de grève spontané organisé par la CGSLB dans les différents dépôts du TEC de la région de Charleroi, le réseau est à l’arrêt ce 14 février 2022. Aucun bus ni métro ne roule.
Situation sur les routes en Wallonie :
Accident E19 à Mons : files depuis Jemappes vers Bruxelles.
#Solidarité #manifestations #Convoi_de_la_liberté #Peuple #Liberté #Solidarité #manifestation #pass_sanitaire #Freedom_Convoy_2022 #crise #Camions #gilets_jaunes #gj #giletsjaunes #Peuple #Réseaux_sociaux #aveuglement
]]> Les manifestants ont reculé, mais le pont Ambassador demeure fermé
▻https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1861765/convoi-camionneurs-blocage-pont-malgre-injonction
Douze heures après le début de l’intervention policière pour rouvrir le pont Ambassador qui relie Windsor à Détroit, des manifestants déterminés refusent toujours de quitter les lieux. La circulation n’a donc pas encore repris sur ce lien transfrontalier crucial pour l’économie canadienne et américaine.
Des policiers locaux, appuyés par ceux de la Gendarmerie royale du Canada et de la Police provinciale de l’Ontario, sont arrivés samedi matin au rassemblement pour faire respecter l’injonction accordée la veille par la Cour supérieure de la province.
Ils étaient accompagnés de véhicules de l’escouade tactique et d’autobus pour transporter les protestataires en cas d’arrestation.
En fin de soirée, la police de Windsor a annoncé sur son compte Twitter une première arrestation en lien avec la manifestation, celle d’un homme de 27 ans. Elle affirme qu’elle interviendra “lorsque nécessaire pour assurer la sécurité du public, maintenir la paix et l’ordre”.
Les forces de l’ordre sont parvenues à faire reculer les manifestants pour libérer une intersection importante et ont sécurisé leur avancée en installant des murets de ciment sur la chaussée en fin d’après-midi.
Pendant une partie de l’après-midi, les policiers ont formé un long cordon pour empêcher les manifestants de regagner du terrain. En soirée, toutefois, beaucoup d’agents qui étaient toujours sur place étaient dans leur véhicule, alors que les manifestants affrontaient le froid.
Des appuis pour les manifestants
Devant l’ultimatum lancé par la police et le risque d’être arrêtés ou de voir leurs véhicules remorqués, certains manifestants avaient accepté de s’en aller en matinée, mais de nombreux sympathisants ont afflué vers le lieu de la manifestation en cours de journée.
“C’est décourageant pour moi de voir des parents amener leurs enfants ici comme si c’était une sorte de spectacle auquel ils veulent que leurs enfants participent”, a-t-il déclaré. “C’est une affaire très sérieuse, qui s’est retrouvée devant les tribunaux.”
“L’objectif est de maintenir la paix, de mettre fin aux manifestations et de faire ça avec un recours minimal à la force”, observe le professeur Christian Leuprecht, du Collège militaire royal du Canada, au sujet du déroulement de la journée.
“Il est important que cette stratégie réussisse, ajoute-t-il, parce que, sinon, ça va renforcer les manifestants à Ottawa et ailleurs.”
Le mouvement de protestation a eu des échos jusqu’à Cornwall, dans l’Est ontarien, où des tracteurs ont envahi le port ▻https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1861809/ontario-cornwall-port-manifestants . Selon les autorités, le pont international Seaway, qui relie le Canada aux États-Unis, est demeuré ouvert
Pierre-Yves Bourduas, ancien sous-commissaire de la GRC, constate que les gens ont le temps de s’organiser, parce que l’intervention policière se déroule très lentement.
“La différence entre Ottawa et Windsor, affirme-t-il, c’est qu’à Windsor, la plupart des gens sont locaux. Donc ils se connaissent, ils communiquent ensemble. ”
Il faudra malgré tout que le blocage se termine. “Gérer une foule, c’est une chose, mais il faut aussi faire respecter l’injonction et il doit y avoir des conséquences pour ceux qui ne la respectent pas, conclut-il. Les forces de l’ordre ne peuvent pas rester debout, comme ça, pendant des jours.”
Persistants malgré l’injonction
Vendredi, un juge de la Cour supérieure de l’Ontario a accordé une injonction interlocutoire à trois associations canadiennes liées à l’industrie automobile pour mettre fin au blocage qui dure depuis lundi.
Elles ont obtenu cette injonction de 10 jours en faisant valoir que l’industrie automobile, tant en Ontario qu’au Michigan, dépend entièrement de l’accès au pont Ambassador pour le transit de pièces et de véhicules. Le juge avait donné jusqu’à 19 h vendredi aux manifestants pour quitter les lieux.
Malgré tout, des manifestants se sont dits déterminés à aller jusqu’au bout. “Je vais rester jusqu’aux arrestations”, a confié un des camionneurs à CBC News.
Le maire de Windsor, Drew Dilkens, a expliqué que son objectif consiste à faire fuir les manifestants volontairement, “mais s’ils refusent de partir, des mesures devront être prises pour les déloger”, a-t-il dit.
Il a expliqué que les policiers allaient intervenir d’une manière progressive et de plus en plus robuste.
En Ontario, le premier ministre Doug Ford a décrété l’état d’urgence. La province a adopté des décrets et durcit les amendes. “Ce n’est plus une simple manifestation”, a dit M. Ford.
“Le pont Ambassador à Windsor, c’est 700 millions de dollars en échanges commerciaux chaque jour”, a-t-il ajouté en se défendant d’avoir tardé à agir.
Les contrevenants s’exposent à des amendes qui pourront atteindre 100 000 $ et à des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an.
]]>Nouvelle-Zélande : le campement anti pass sanitaire prend de l’ampleur devant le Parlement
La foule de manifestants anti-vaccin a gonflé vendredi devant le parlement néo-zélandais au lendemain de violents affrontements avec la police, qui a échoué à disperser le rassemblement.
L’ambiance était festive vendredi dans le campement de fortune surnommé le « Camp de la liberté » par ses occupants, avec de la musique et des danses, face à une police qui surveillait de loin.
Arrestation de 122 personnes
Ces scènes contrastent fortement avec celles de jeudi, lorsque les forces de l’ordre avaient essayé d’évacuer les manifestants, arrêtant 122 personnes et faisant usage de gaz poivré.
La police de Wellington s’est prévalue, avec cette tactique de non-intervention, d’une « approche mesurée », soulignant la présence d’enfants dans la foule.
La suite : ▻https://www.rtbf.be/article/nouvelle-zelande-le-campement-anti-vaccin-prend-de-l-ampleur-devant-le-parlemen
#manifestations #Convoi_de_la_liberté #Peuple #Liberté #Solidarité #manifestation #pass_sanitaire #Freedom_Convoy_2022 #crise #Camions #gilets_jaunes #gj #giletsjaunes #Peuple #Réseaux_sociaux #aveuglement
]]> D’ex-agents de la GRC (Gendarmerie Royale du Canada) et d’ex-militaires parmi les organisateurs du convoi, selon des experts
▻https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1861166/manifestation-camionneurs-ottawa-grc-militaires-organisateurs
Parmi les personnes impliquées dans l’organisation de la manifestation des camionneurs à Ottawa se trouvent d’anciens agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et d’anciens militaires, soutiennent des experts.
Depuis près de deux semaines, des manifestants opposés à la vaccination obligatoire contre la COVID-19 et leurs gros camions se sont installés dans le centre-ville d’Ottawa et dans plusieurs secteurs de la ville.
Bien que la police ait tenté de couper l’approvisionnement de ceux qui sont stationnés près de la colline du Parlement, les manifestants semblent garder le dessus sur les forces de l’ordre.
Un succès que des experts attribuent en partie à une connaissance approfondie des forces de l’ordre et des tactiques militaires parmi certains organisateurs du convoi.
Le groupe Police on Guard, qui s’est formé pendant la pandémie, a appuyé le convoi de camionneurs. Sur son site Internet, il rend publics les noms de plus de 150 policiers, pour la plupart à la retraite, qui s’opposent aux mesures d’urgence imposées par le gouvernement, telles que la vaccination obligatoire. Plus de 50 anciens soldats des Forces armées canadiennes sont également nommés sur son site.
L’organisation dit être "présente sur le terrain" à Ottawa et a ajouté des vidéos YouTube de ses membres qui participent à la manifestation.
L’équipe des organisateurs de la manifestation, qu’ils ont baptisée le "Convoi de la liberté", comprend notamment :
– Daniel Bulford, un ancien agent de la Gendarmerie royale du CanadaGRC qui faisait partie du service de sécurité du premier ministre et qui a démissionné, l’année dernière, après avoir refusé de se faire vacciner. Il est le chef de la sécurité du convoi.
– Tom Quiggin, un ancien officier du renseignement militaire qui a également travaillé avec la Gendarmerie royale du CanadaGRC et qui était considéré comme l’un des meilleurs experts de la lutte contre le terrorisme au pays.
– Tom Marazzo, un ancien officier militaire qui, selon son profil LinkedIn, a servi dans les Forces armées canadiennes pendant 25 ans et travaille maintenant comme développeur de logiciels indépendant.
Des relations étroites avec la police, selon les organisateurs
Les organisateurs de la manifestation refusent les entrevues, à moins que celles-ci ne soient menées par des journalistes considérés comme favorables à leur cause, et le diffuseur public a été exclu de leurs points de presse.
Dans une vidéo publiée lors de l’une de ces conférences de presse diffusées sur les réseaux sociaux, Tom Quiggin évalue la réponse politique et policière, qu’il appelle "l’opposition", au mouvement d’Ottawa.
"Je dirais que l’opposition, à ce stade-ci, n’a pas vraiment de stratégie. Ils se sont juste donné un petit objectif et veulent que les rues soient dégagées, mais ils n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent faire pour y parvenir", a-t-il déclaré.
Pendant son mandat à la Gendarmerie royale du CanadaGRC, M. Quiggin a été membre de l’Équipe intégrée de la sécurité nationale (EISN), créée pour contrecarrer les menaces terroristes après le 11 septembre. Au sein de l’Équipe intégrée de la sécurité nationaleEISN, il a travaillé aux côtés de hauts fonctionnaires du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), le service d’espionnage du Canada, de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et des forces de police municipales.
Dans la même vidéo, il revient sur les barrages actuels au passage frontalier à Coutts ►https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1860887/assouplissements-convoi-alberta-frontiere-americaine , en Alberta, et aux manifestations parallèles qui se sont déroulées à Toronto ▻https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1860041/camionneurs-manifestation-queens-park-covid , à Québec ▻https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1860138/manifestation-police-camionneurs-quebec-convoi-mesures-sanitaires et à Sarnia.
"Je pense que nous allons voir les gens commencer à aller voir le gouvernement pour lui dire de régler la situation. Et s’ils ne le font pas, cela voudra dire que nous avons le pouvoir de fermer boutique", a lancé M. Quiggin.
Dans la même vidéo, M. Bulford se vante auprès des journalistes sélectionnés de sa relation étroite avec la Gendarmerie royale du CanadaGRC, les Services de protection parlementaire, la police d’Ottawa et la police de Gatineau. Il exhorte les manifestants à rester "pacifiques" et à fraterniser avec les officiers en patrouille.
"[La police] sait que ce groupe est là pour les gens, et je tiens à dire aux autres policiers, quand je les vois, qu’il faut qu’ils sachent que dans mon esprit et dans mon cœur, je le fais aussi pour eux", explique M. Bulford.
La police n’a pas commenté les conversations qu’elle aurait pu avoir avec MM. Quiggin ou Bulford.
Une formation militaire, policière ou survivaliste, selon un expert
Professeur de criminologie à l’Université d’Ottawa, Michael Kempa affirme que l’expertise policière et militaire du convoi se reflète dans la coordination de son occupation du centre-ville.
"Ils ont ce genre de formation militaire ou policière ou au moins survivaliste. Regardez à quel point ce qu’ils ont mis en place comme campement au centre-ville est sophistiqué", explique M. Kempa, qui étudie la police à travers le Canada. "Cela ressemble à une opération militaire."
À titre d’exemple, M. Kempa mentionne les tentes et les structures en bois utilisées pour les cuisines et la chaîne d’approvisionnement qui a vu le jour dans toute la ville pour nourrir les gens et manifester.
Le professeur estime que la police a commis une "grave erreur" en permettant aux camions de se rendre aux abords de la colline du Parlement.
La police a qualifié ces camions lourds d’armes potentielles, mais ce sont également des outils essentiels pour transporter du matériel, comme des « deux-par-quatre » pour construire des abris, du bois de chauffage et des barils pour garder les manifestants au chaud et des réservoirs de propane pour les barbecues.
Au centre-ville, des voitures et des camions dont les pneus ont été enlevés bloquent les rues. Pour M. Kempa, le stationnement de ces véhicules n’est pas aléatoire, mais plutôt stratégique dans la mesure où ils peuvent empêcher les infiltrations policières.
Les résidents ont remarqué que des manifestants se relayaient pour monter dans les cabines de camions en marche afin de faire retentir des klaxons. Ce son a été entendu à toute heure, jusqu’à ce qu’une injonction du tribunal, plus tôt cette semaine, force les manifestants à une pause temporaire.
La police d’Ottawa affirme qu’il y a actuellement plus de 400 camions stationnés au centre-ville et qu’ils ne peuvent les déplacer, car les remorqueurs qui travaillent habituellement avec la Ville refusent d’aider. La présence de familles avec des enfants au sein du convoi rend les choses encore plus difficiles.
"Ce ne sont pas des manifestants ordinaires", dit M. Kempa.
Intervention au camp de Coventry
Le meilleur exemple de la coordination qui règne au sein de la manifestation se trouve peut-être au camp mis en place par les manifestants à seulement six kilomètres à l’est de la colline du Parlement, près du stade de baseball, sur le chemin Coventry.
Le propriétaire de l’équipe de baseball Titan, Regan Katz, explique que c’est la Ville qui lui a demandé d’utiliser ce terrain pour stationner temporairement certains camions afin de réduire la congestion dans le centre-ville. Au départ, la police lui a précisé n’avoir besoin du terrain que le temps d’un week-end. Mais finalement, les camionneurs ne sont jamais partis.
Au lieu de ça, ils se sont créé un véritable centre d’approvisionnement.
Au camp de Coventry, plusieurs tentes ont été installées, deux semi-remorques servent à stocker de la nourriture et on trouve des rangées de toilettes chimiques.
Lorsque les cargaisons de diesel, d’essence et de propane arrivaient, les bénévoles transféraient le carburant dans des centaines de bidons rouges et jaunes transportés vers le centre-ville pour être distribués aux camionneurs afin qu’ils puissent continuer de faire tourner leurs véhicules.
Avec des températures qui peuvent parfois chuter jusqu’à -30 °C à Ottawa, au moins trois saunas ont été transportés au camp, par camion, afin que les manifestants puissent rester au chaud.
Dimanche soir, alors que les manifestants se rassemblaient pour le dîner, des dizaines d’agents, dont certains portaient des fusils antiémeute capables de lancer des projectiles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes, ont fait une descente dans le camp. Afin de tenter de couper la voie d’approvisionnement des manifestants, la police dit avoir saisi 3700 litres de carburant et deux véhicules dont un réservoir de diesel.
Mais quelques heures seulement après cette intervention, les manifestants rassuraient leurs partisans.
"Les gens sont toujours de bonne humeur. Les dons sont toujours là. Le carburant est toujours là et il arrivera toujours aux camionneurs", a lancé l’un d’eux, Terence Rowland-Dow, dans une vidéo en direct sur Facebook.
Le lendemain de la descente de police, les manifestants ont continué à livrer du carburant aux camionneurs du centre-ville, tout en menant une opération coordonnée pour épuiser les ressources policières. Les manifestants ont tiré des wagons remplis de bidons devant les policiers qui se contentaient de les observer.
Le chef adjoint de la police d’Ottawa, Steve Bell, a expliqué que les manifestants "remplissaient d’eau des contenants afin de distraire les agents… et de contrecarrer nos efforts". Un officier a été entouré alors qu’il tentait de confisquer du carburant, selon M. Bell.
La police a "sous-estimé" les manifestants
Professeur à l’Université Queen’s, Amarnath Amarasingam, qui étudie la radicalisation et l’extrémisme, a regardé la diffusion en direct sur Facebook après l’intervention policière. Il dit avoir été impressionné par le niveau de coordination observé. Selon lui, la police a mal évalué la détermination des manifestants du convoi.
"Si quelqu’un avait prêté attention au contenu diffusé en ligne qui a mené à ce convoi, il ne l’aurait pas sous-estimé."
M. Amarasingam souligne que les manifestants ont constamment exprimé leurs intentions sur les réseaux sociaux. Il pense que la police a d’abord voulu les apaiser, anticipant que ceux-ci se livreraient à des violences.
Au lieu de ça, les manifestants ont enfreint de nombreux règlements comme d’uriner, de déféquer et de boire de l’alcool sur la voie publique, ainsi que de refuser de porter le masque. Mais la plupart de leurs actions n’ont pas franchi la ligne des infractions pénales, entraînant de simples amendes, mais pas de peines de prison.
"L’approche [de la police] était : vont-ils prendre d’assaut le gouvernement ? Vont-ils faire quelque chose d’extrêmement violent ? Je ne pense pas que, depuis le début, cela ait été nécessairement leur objectif", analyse M. Amarasingam. "Ils voulaient surtout paralyser la ville."
Il estime que le convoi a les moyens de poursuivre son opération indéfiniment. Depuis que GoFundMe a annulé leur première collecte de fonds, leur objectif est désormais de collecter 16 millions de dollars américains sur la plateforme chrétienne de financement participatif GiveSendGo et ils sont arrivés à plus de la moitié de leur objectif.
À moins d’un effondrement interne de l’organisation, M. Amarasingam redoute que tout cela se termine dans la violence.
"Soit il y a des arrestations massives et de la violence dans les rues, soit la violence dans les rues entraîne des arrestations massives et potentiellement une intervention militaire", prévoit-il.
#manifestations #Convoi_de_la_liberté #Peuple #Liberté #Solidarité #manifestation #pass_sanitaire #Freedom_Convoy_2022 #crise #Camions #gilets_jaunes #gj #giletsjaunes #Peuple #Réseaux_sociaux #aveuglement
]]>#Frédérique_Vidal annonce vouloir demander une #enquête au #CNRS sur l’#islamogauchisme à l’#université
Sur le plateau de Jean-Pierre Elkabbach dimanche 14 février, la ministre de la recherche et de l’#enseignement_supérieur, Frédérique Vidal, a fustigé, dans un flou le plus total et pendant 4 minutes 30 secondes, des chercheurs et chercheuses soupçonné·e·s d’islamogauchisme et a annoncé la commande au CNRS d’une enquête « sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université de manière à ce qu’on puisse distinguer de ce qui relève de la #recherche_académique de ce qui relève justement du #militantisme et de l’#opinion. »
L’entame du sujet annonçait déjà la couleur : « Moi, je pense que l’#islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et que l’université n’est pas imperméable et fait partie de la société » affirme Frédérique Vidal.
Puis la ministre de la recherche continue tout de go, sans s’appuyer sur aucune étude scientifique ni même quoi que ce soit qui pourrait prouver ce qu’elle dit :
« Ce qu’on observe à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des #idées_radicales ou des #idées_militantes de l’islamogauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de #diviser, de #fracturer, de #désigner_l’ennemi, etc… »
Mélange entre #biologie et #sociologie
Pour se prévaloir implicitement de son titre d’enseignante-chercheuse, la ministre effectue un mélange erroné entre biologie et sociologie en affirmant :
« En biologie, on sait depuis bien longtemps qu’il n’y a qu’une espèce humaine et qu’il n’y a pas de #race et vous voyez à quel point je suis tranquille sur ce sujet là. »
Cette phrase est censée répondre à des chercheur·euse·s en #SHS qui ont fait le constat, non de l’existence de races humaines biologiques, mais de l’existence de #discriminations liées à des races perçues par la société.
#Confusionnisme sur les #libertés_académiques
La ministre continue ensuite un discours confusionniste en faisant croire que les chercheur·euse·s revendiquent le droit de chercher contre leurs collègues :
« Dans les universités, il y a une réaction de tout le milieu académique qui revendique le #droit_de_chercher, d’approfondir les connaissances librement et c’est nécessaire »
La plupart des chercheur·euse·s qui revendiquent ce droit, le font surtout en s’opposant à la droite sénatoriale qui voulait profiter de la Loi Recherche pour restreindre les libertés académiques (▻https://www.soundofscience.fr/2517) et à l’alliance LR/LREM lors de la commission paritaire de cette même loi qui a voulu pénaliser les mouvements étudiants (▻https://www.soundofscience.fr/2529), empêchée, au dernier moment, par le Conseil constitutionnel.
La ministre Frédérique Vidal semble faire un virage à 180° par rapport à sa position définie dans sa tribune publiée en octobre dernier par l’Opinion et titrée « L’université n’est pas un lieu d’encouragement ou d’expression du #fanatisme » (►https://www.lopinion.fr/edition/politique/l-universite-n-est-pas-lieu-d-encouragement-d-expression-fanatisme-227464). Cette #contradiction entre deux positions de la ministre à trois mois et demi d’intervalle explique peut-être le confusionnisme qu’elle instaure dans son discours.
Alliance entre #Mao_Zedong et l’#Ayatollah_Khomeini
Mais ce n’est pas fini. #Jean-Pierre_Elkabbach, avec l’aplomb que chacun lui connaît depuis des décennies, affirme tranquillement, toujours sans aucune démarche scientifique :
« Il y a une sorte d’alliance, si je puis dire, entre #Mao Zedong et l’Ayatollah #Khomeini »
Loin d’être choquée par une telle comparaison, Frédérique Vidal acquiesce avec un sourire :
« Mais vous avez raison. Mais c’est bien pour ça qu’à chaque fois qu’un incident se produit, il est sanctionné, à chaque fois que quelque chose est empêché, c’est reprogrammé mais je crois que l’immense majorité des universitaires sont conscients de cela et luttent contre cela. »
C’est dans ce contexte là, que la ministre déclare :
« On ne peut pas interdire toute approche critique à l’université. Moi c’est ça que je vais évidemment défendre et c’est pour ça que je vais demander notamment au CNRS de faire une enquête sur l’ensemble des #courants_de_recherche sur ces sujets dans l’université de manière à ce qu’on puisse distinguer de ce qui relève de la #recherche_académique de ce qui relève justement du militantisme et de l’opinion. »
La suite du passage n’est qu’accusations d’utilisations de titres universitaires non adéquates, ce que la ministre ne s’est pourtant pas privée de faire quelques minutes plus tôt et accusations de tentatives de #censure.
La ministre finit sa diatribe en appelant à défendre un « #principe_de_la_République » jamais clairement défini et proclame un curieux triptyque « #Danger, #vigilance et #action » qui ne ressemble pas vraiment au Républicain « Liberté, égalité, fraternité ».
►https://www.soundofscience.fr/2648
#Vidal #ESR #facs #France #séparatisme
–---
Fil de discussion sur ce fameux « séparatisme » :
►https://seenthis.net/messages/884291
Et l’origine dans la bouche de #Emmanuel_Macron (juin 2020) et #Marion_Maréchal-Le_Pen (janvier 2020) :
►https://seenthis.net/messages/884291
#Macron #Marion_Maréchal
En #France, les recherches sur la #question_raciale restent marginales
Avec des relents de maccarthysme, une violente campagne politico-médiatique s’est abattue sur les chercheurs travaillant sur les questions raciales ou l’#intersectionnalité en France, les accusant de nourrir le « #séparatisme ». Dans les faits, ces recherches sont pourtant dramatiquement marginalisées.
« L’université est une matrice intellectuelle, aujourd’hui traversée par des mouvements puissants et destructeurs qui s’appellent le #décolonialisme, le #racialisme, l’#indigénisme, l’intersectionnalité. » Lors de l’examen du projet de loi dit « séparatisme », à l’instar de la députée Les Républicains (LR) #Annie_Genevard, beaucoup d’élus se sont émus de cette nouvelle #menace pesant sur le monde académique.
Que se passe-t-il donc à l’université ? Alors que des étudiants font aujourd’hui la queue pour obtenir des denrées alimentaires et que certains se défenestrent de désespoir, la classe politique a longuement débattu la semaine dernière de « l’#entrisme » de ces courants intellectuels aux contours pour le moins flous.
Après les déclarations du ministre de l’éducation nationale Jean-Michel #Blanquer en novembre dernier – au lendemain de l’assassinat de #Samuel_Paty, il avait dénoncé pêle-mêle les « #thèses_intersectionnelles » et « l’#islamo-gauchisme » qui auraient fourni, selon lui, « le terreau d’une fragmentation de notre société et d’une vision du monde qui converge avec les intérêts des islamistes » –, Emmanuel #Macron a lui-même tancé, dans son discours des Mureaux (Yvelines), le discours « postcolonial », coupable, selon lui, de nourrir la haine de la République et le « séparatisme ».
À l’Assemblée, Annie Genevard a invité à se référer aux « travaux » du tout récent #Observatoire_du_décolonialisme qui a publié son manifeste dans un dossier spécial du Point, le 14 janvier. Appelant à la « riposte », les signataires – des universitaires pour l’essentiel très éloignés du champ qu’ils évoquent et pour une grande partie à la retraite – décrivent ainsi le péril qui pèserait sur le monde académique français. « Un #mouvement_militant entend y imposer une critique radicale des sociétés démocratiques, au nom d’un prétendu “#décolonialisme” et d’une “intersectionnalité” qui croit combattre les #inégalités en assignant chaque personne à des identités de “#race” et de #religion, de #sexe et de “#genre”. » « Nous appelons à mettre un terme à l’#embrigadement de la recherche et de la #transmission_des_savoirs », affirment-ils.
À Mediapart, une des figures de cette riposte, la sociologue de l’art #Nathalie_Heinich, explique ainsi que « nous assistons à la collusion des militants et des chercheurs autour d’une #conception_communautariste de la société ». Ces derniers mois, différents appels ont été publiés en ce sens, auxquels ont répondu d’autres appels. S’armant de son courage, Le Point a même, pour son dossier intitulé « Classe, race et genre à l’université », « infiltré une formation en sciences sociales à la Sorbonne, pour tenter de comprendre cette mutation ».
Derrière le bruit et la fureur de ces débats, de quoi parle-t-on ? Quelle est la place réelle des recherches sur les questions raciales ou mobilisant les concepts d’intersectionnalité à l’université française ? La première difficulté réside dans un certain flou de l’objet incriminé – les critiques mélangent ainsi dans un grand maelström #études_de_genre, #postcolonialisme, etc.
Pour ce qui est des recherches portant principalement sur les questions raciales, elles sont quantitativement très limitées. Lors d’un colloque qui s’est tenu à Sciences-Po le 6 mai 2020, Patrick Simon et Juliette Galonnier ont présenté les premiers résultats d’une étude ciblant une quinzaine de revues de sciences sociales. Les articles portant sur la « #race » – celle-ci étant entendue évidemment comme une construction sociale et non comme une donnée biologique, et comportant les termes habituellement utilisés par la théorie critique de la race, tels que « racisé », « #racisation », etc. – représentent de 1960 à 2020 seulement 2 % de la production.
La tendance est certes à une nette augmentation, mais dans des proportions très limitées, montrent-ils, puisque, entre 2015 et 2020, ils comptabilisent 68 articles, soit environ 3 % de l’ensemble de la production publiée dans ces revues.
Pour répondre à la critique souvent invoquée ces derniers temps, notamment dans le dernier livre de Gérard Noiriel et Stéphane Beaud, Race et sciences sociales (Agone), selon laquelle « race » et « genre » auraient pris le pas sur la « classe » dans les grilles d’analyses sociologiques, le sociologue #Abdellali_Hajjat a, de son côté, mené une recension des travaux de sciences sociales pour voir si la #classe était réellement détrônée au profit de la race ou du genre.
Ce qu’il observe concernant ces deux dernières variables, c’est qu’il y a eu en France un lent rééquilibrage théorique sur ces notions, soit un timide rattrapage. « Les concepts de genre et de race n’ont pas occulté le concept de classe mais ce qui était auparavant marginalisé ou invisibilisé est en train de devenir (plus ou moins) légitime dans les revues de sciences sociales », relève-t-il.
Plus difficile à cerner, et pourtant essentielle au débat : quelle est la place réelle des chercheurs travaillant sur la race dans le champ académique ? Dans un article publié en 2018 dans Mouvements, intitulé « Le sous-champ de la question raciale dans les sciences sociales française », la chercheuse #Inès_Bouzelmat montre, avec une importante base de données statistiques, que leur position reste très marginale et souligne qu’ils travaillent dans des laboratoires considérés comme périphériques ou moins prestigieux.
« Les travaux sur la question minoritaire, la racialisation ou le #postcolonial demeurent des domaines de “niche”, largement circonscrits à des revues et des espaces académiques propres, considérés comme des objets scientifiques à la légitimité discutable et bénéficiant d’une faible audience dans le champ académique comme dans l’espace public – à l’exception de quelques productions vulgarisées », note-t-elle soulignant toutefois qu’ils commencent, encore très prudemment, à se frayer un chemin. « Si la question raciale ne semble pas près de devenir un champ d’étude légitime, son institutionnalisation a bel et bien commencé. »
Un chemin vers la reconnaissance institutionnelle qu’ont déjà emprunté les études de genre dont la place – hormis par quelques groupuscules extrémistes – n’est plus vraiment contestée aujourd’hui dans le champ académique.
Deux ans plus tard, Inès Bouzelmat observe que « les études raciales sortent de leur niche et [que] c’est une bonne chose ». « Le sommaire de certaines revues en témoigne. Aujourd’hui, de plus en plus, la variable de race est mobilisée de manière naturelle, ce qui n’était vraiment pas le cas il y a encore dix ans », dit-elle.
Pour #Eric_Fassin, qui a beaucoup œuvré à la diffusion de ces travaux en France, « il y a une génération de chercheurs, ceux qui ont plus ou moins une quarantaine d’années, qui ne sursaute pas quand on utilise ces concepts ». « Il n’y a plus besoin, avec eux, de s’excuser pendant une demi-heure en expliquant qu’on ne parle pas de race au sens biologique. »
#Fabrice_Dhume, un sociologue qui a longtemps été très seul sur le terrain des #discriminations_systémiques, confirme : « Il y a eu toute une époque où ces travaux-là ne trouvaient pas leur place, où il était impossible de faire carrière en travaillant sur ce sujet. » Ceux qui travaillent sur la question raciale et ceux qui ont été pionniers sur ces sujets, dans un pays si réticent à interroger la part d’ombre de son « #universalisme_républicain », l’ont souvent payé très cher.
Les travaux de la sociologue #Colette_Guillaumin, autrice en 1972 de L’Idéologie raciste, genèse et langage actuel, et qui la première en France a étudié le #racisme_structurel et les #rapports_sociaux_de_race, ont longtemps été superbement ignorés par ses pairs.
« Travailler sur la race n’est certainement pas la meilleure façon de faire carrière », euphémise Éric Fassin, professeur à Paris VIII. Lui n’a guère envie de s’attarder sur son propre cas, mais au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, il a reçu des menaces de mort par un néonazi, condamné à quatre mois de prison avec sursis en décembre dernier. Il en avait déjà reçu à son domicile. Voilà pour le climat.
Lorsqu’on regarde les trajectoires de ceux qui se sont confrontés à ces sujets, difficile de ne pas voir les mille et un obstacles qu’ils ou elles ont souvent dû surmonter. Si la raréfaction des postes, et l’intense compétition qui en découle, invite à la prudence, comment ne pas s’étonner du fait que pratiquement toutes les carrières des chercheurs travaillant sur la race, l’intersectionnalité, soient aussi chaotiques ?
« La panique morale de tenants de la fausse opposition entre, d’un côté, les pseudo-“décoloniaux/postcoloniaux/racialistes” et, de l’autre, les pseudo-“universalistes” renvoie à une vision conspirationniste du monde de la recherche : les premiers seraient tout-puissants alors que la recherche qui semble être ciblée par ces vagues catégories est, globalement, tenue dans les marges », affirme le sociologue #Abdellali_Hajjat.
Le parcours de ce pionnier, avec #Marwan_Mohammed, de l’étude de l’#islamophobie comme nouvelle forme de #racisme, ne peut là aussi qu’interroger. Recruté en 2010 à l’université Paris-Nanterre, avant d’avoir commencé à travailler la question de l’islamophobie, il a fini par quitter l’université française en 2019 après avoir fait l’expérience d’un climat de plus en plus hostile à ses travaux.
« On ne mesure pas encore les effets des attentats terroristes de 2015 sur le champ intellectuel. Depuis 2015, on n’est plus dans la #disputatio académique. On est même passés au-delà du stade des obstacles à la recherche ou des critiques classiques de tout travail de recherche. On est plutôt passés au stade de la #censure et de l’établissement de “listes” d’universitaires à bannir », explique-t-il, égrenant la #liste des colloques sur l’islamophobie, l’intersectionnalité ou le racisme annulés ou menacés d’annulation, les demandes de financements refusées, etc.
En 2016, il fait l’objet d’une accusation d’antisémitisme sur la liste de diffusion de l’#ANCMSP (#Association_nationale_des_candidats_aux_métiers_de_la_science_politique) en étant comparé à Dieudonné et à Houria Bouteldja. Certains universitaires l’accusent, par exemple, d’avoir participé en 2015 à un colloque sur les luttes de l’immigration à l’université Paris-Diderot, où étaient aussi invités des représentants du Parti des indigènes de la République. Qu’importe que ce chercheur n’ait aucun rapport avec ce mouvement et que ce dernier l’attaque publiquement depuis 2008… « Je suis devenu un indigéniste, dit-il en souriant. Pour moi, c’est une forme de racisme puisque, sans aucun lien avec la réalité de mes travaux, cela revient à m’assigner à une identité du musulman antisémite. »
Abdellali Hajjat travaille aujourd’hui à l’Université libre de Bruxelles. « Lorsque l’on va à l’étranger, on se rend compte que, contrairement au monde académique français, l’on n’a pas constamment à se battre sur la #légitimité du champ des études sur les questions raciales ou l’islamophobie. Sachant bien que ce n’est pas satisfaisant d’un point de vue collectif, la solution que j’ai trouvée pour poursuivre mes recherches est l’exil », raconte-t-il.
« Moi, j’ai choisi de m’autocensurer »
#Fabrice_Dhume, qui mène depuis plus de 15 ans des recherches aussi originales que précieuses sur les #discriminations_raciales, notamment dans le milieu scolaire, a lui aussi un parcours assez révélateur. Après des années de statut précaire, jonglant avec des financements divers, celui qui a été un temps maître de conférences associé à Paris-Diderot, c’est-à-dire pas titulaire, est aujourd’hui redevenu « free lance ».
Malgré la grande qualité de ses travaux, la sociologue #Sarah_Mazouz, autrice de Race (Anamosa, 2020) a, elle, enchaîné les post-doctorats, avant d’être finalement recrutée comme chargée de recherche au CNRS.
Autrice d’une thèse remarquée en 2015, intitulée Lesbiennes de l’immigration. Construction de soi et relations familiales, publiée aux éditions du Croquant en 2018, #Salima_Amari n’a toujours pas trouvé de poste en France et est aujourd’hui chargée de cours à Lausanne (Suisse). Beaucoup de chercheurs nous ont cité le cas d’étudiants prometteurs préférant quitter l’Hexagone, à l’image de #Joao_Gabriel, qui travaille sur les questions raciales et le colonialisme, et qui poursuit aujourd’hui ses études à Baltimore (États-Unis).
Derrière ces parcours semés d’obstacles, combien surtout se sont découragés ? Inès Bouzelmat a choisi de se réorienter, raconte-t-elle, lucide sur le peu de perspectives que lui ouvraient l’université et la recherche françaises.
Certains adoptent une autre stratégie, elle aussi coûteuse. « Moi, j’ai choisi de m’autocensurer », nous raconte une chercheuse qui ne veut pas être citée car elle est encore en recherche de poste. « Dans ma thèse, je n’utilise jamais le mot “race”, je parle “d’origines”, de personnes “issues de l’immigration”… Alors que cela m’aurait été très utile de parler des rapports sociaux de race. Même le terme “intersectionnalité” – qui consiste simplement à réfléchir ensemble classe-race et genre –, je me le suis interdit. Je préfère parler “d’imbrication des rapports sociaux”. Cela revient au même, mais c’est moins immédiatement clivant », nous confie cette sociologue. « Le pire, c’est parler de “#Blancs”… Là, c’est carrément impossible ! Alors je dis “les Franco-Français”, ce qui n’est pas satisfaisant », s’amuse-t-elle.
« Oui, il y a eu des générations d’étudiants découragés de travailler sur ces thématiques. On leur a dit : “Tu vas te griller !”… Déjà qu’il est très dur de trouver un poste mais alors si c’est pour, en plus, être face à une institution qui ne cesse de disqualifier votre objet, cela devient compliqué ! », raconte le socio-démographe Patrick Simon, qui dirige le projet Global Race de l’Agence nationale pour la recherche (ANR).
La #double_peine des #chercheurs_racisés
L’accès au financement lorsqu’on traite de la « race » est particulièrement ardu, l’important projet de Patrick Simon représentant, à cet égard, une récente exception. « On m’a accusé d’être financé par la French American Fondation : c’est faux. Mes recherches ont bénéficié exclusivement de financements publics – et ils sont plutôt rares dans nos domaines », indique Éric Fassin.
« Il est difficile d’obtenir des financements pour des travaux portant explicitement sur les rapports sociaux de race. Concernant le genre, c’est désormais beaucoup plus admis. Travailler sur les rapports sociaux de race reste clivant, et souvent moins pris au sérieux. On va soupçonner systématiquement les chercheurs de parti-pris militant », affirme la sociologue Amélie Le Renard, qui se définit comme défendant une approche féministe et postcoloniale dans sa recherche. « Nous avons aussi du mal à accéder aux grandes maisons d’édition, ce qui contribue à renforcer la hiérarchisation sociale des chercheurs », ajoute-t-elle.
▻https://www.youtube.com/watch?v=spfIKVjGkEo&feature=emb_logo
Certains se tournent donc vers des #maisons_d’édition « militantes », ce qui, dans un milieu universitaire très concurrentiel, n’a pas du tout le même prestige… Et alimente le cercle vicieux de la #marginalisation de ces travaux comme leur procès en « #militantisme ».
Pourquoi les signataires des différentes tribunes s’inquiétant d’un raz-de-marée d’universitaires travaillant sur la race, l’intersectionnalité, se sentent-ils donc assaillis, alors que factuellement ces chercheurs sont peu nombreux et pour la plupart largement marginalisés ?
« J’ai tendance à analyser ces débats en termes de rapports sociaux. Quel est le groupe qui n’a pas intérêt à ce qu’émergent ces questions ? Ce sont ceux qui ne sont pas exposés au racisme, me semble-t-il », avance le sociologue Fabrice Dhume, pour qui les cris d’orfraie de ceux qui s’insurgent de l’émergence – timide – de ces sujets visent à faire taire des acteurs qui risqueraient d’interroger trop frontalement le fonctionnement de l’institution elle-même et son propre rapport à la racisation. « Dans ce débat, il s’agit soit de réduire ceux qui parlent au silence, soit de noyer leur parole par le bruit », affirme-t-il.
« Il y a aussi une hiérarchie implicite : tant que ces recherches étaient cantonnées à Paris VIII, “chez les indigènes”, cela ne faisait peur à personne, mais qu’elles commencent à en sortir… », s’agace-t-il, en référence à une université historiquement marquée à gauche et fréquentée par beaucoup d’étudiants issus de l’immigration ou étrangers.
Dans ce paysage, les chercheurs eux-mêmes racisés et travaillant sur les discriminations raciales subissent souvent une forme de double peine. « Ils sont soupçonnés d’être trop proches de leur objet. Comme si Bourdieu n’avait pas construit tout son parcours intellectuel autour de questions qui le concernent directement, lui, le fils de paysans », souligne Patrick Simon.
La sociologue #Rachida_Brahim, autrice de La Race tue deux fois (Syllepse, 2021), raconte comment, lors de sa soutenance de doctorat, son directeur de thèse, Laurent Mucchielli, et le président du jury, Stéphane Beaud, lui ont expliqué qu’en allant sur le terrain racial, elle était « hors sujet ». « Le fait que je sois moi-même d’origine algérienne m’aurait empêchée de prendre de la distance avec mon sujet », écrit-elle.
Au cours de notre enquête, nous avons recueilli plusieurs témoignages en ce sens de la part de chercheurs et singulièrement de chercheuses qui, pour être restés dans l’institution, ne souhaitent pas citer nommément leur cas (voir notre Boîte noire). « Ce sont des petites remarques, une façon insistante de vous demander de vous situer par rapport à votre sujet de recherche », raconte une chercheuse.
De la même manière que les féministes ont longtemps dû répondre à l’accusation de confondre militantisme et sciences au sein des études de genres, les chercheurs racisés osant s’aventurer sur un terrain aussi miné que le « racisme systémique » doivent constamment montrer des gages de leur #objectivité et de leur #rigueur_scientifique.
« Le procès en militantisme est un lieu commun de la manière dont ces travaux ont été disqualifiés. C’est la façon de traiter l’objet qui définit le clivage entre ce qui est militant et ce qui est académique. Sont en réalité qualifiés de “militants” les travaux qui entrent par effraction dans un champ qui ne reconnaît pas la légitimité de l’objet », analyse Patrick Simon.
Comme les études de genre ont massivement été portées par des femmes, les questions raciales intéressent particulièrement ceux qui ont eu à connaître de près le racisme. Ce qui n’est pas, manifestement, sans inquiéter un monde universitaire encore ultra-majoritairement blanc. « Les chercheurs assignés à des identités minoritaires sont souvent discrédités au prétexte qu’ils seraient trop proches de leur sujet d’étude ; en miroir, la figure du chercheur homme blanc est, de manière implicite, considérée comme neutre et les effets sur l’enquête et l’analyse d’une position dominante dans plusieurs rapports sociaux sont rarement interrogés », souligne de son côté Amélie Le Renard.
« Il y a eu des générations de chercheurs qui n’ont pas réussi à trouver leur place dans l’institution. Ce qui est intéressant, c’est que certains commencent à émerger et qu’ils appartiennent à des minorités. Et c’est à ce moment-là que des universitaires s’élèvent pour dire “ça suffit, c’est déjà trop”, alors qu’ils devraient dire “enfin !” », insiste Éric Fassin.
Depuis quelques mois, et le tragique assassinat de Samuel Paty par un islamiste, les attaques à l’encontre de ces chercheurs ont pris un tour plus violent. Ceux qui travaillent sur l’islamophobie s’y sont presque habitués, mais c’est désormais tous ceux qui travaillent sur les discriminations ethno-raciales, la #colonisation, qui sont accusés d’entretenir un #esprit_victimaire et une rancœur à l’égard de l’État français qui armerait le terrorisme.
« Quand le ministre de l’éducation nationale vous associe à des idéologues qui outillent intellectuellement les terroristes, c’est très violent », affirme une chercheuse qui a particulièrement travaillé sur la question de l’islamophobie et a, dans certains articles, été qualifiée de « décoloniale ».
« Les termes employés sont intéressants. Qu’est-ce qu’on sous-entend quand on dit que les “décoloniaux infiltrent l’université” ou qu’on reprend le terme d’“entrisme” ? Cela dit que je n’y ai pas ma place. Alors que je suis pourtant un pur produit de l’université », analyse cette maîtresse de conférences d’origine maghrébine, qui ne souhaite plus intervenir dans les médias pour ne pas subir une campagne de dénigrement comme elle en a déjà connu. « C’est terrible parce qu’au fond, ils arrivent à nous réduire au #silence », ajoute-t-elle en référence à ceux qui demandent que le monde académique construise des digues pour les protéger.
Le grand paradoxe est aussi l’immense intérêt des étudiants pour ces thématiques encore peu représentées dans l’institution. En attendant, l’université semble organiser – avec le soutien explicite du sommet de l’État – sa propre cécité sur les questions raciales. Comme si la France pouvait vraiment se payer encore longtemps le luxe d’un tel #aveuglement.
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/080221/en-france-les-recherches-sur-la-question-raciale-restent-marginales?onglet
#recherche #université #auto-censure #autocensure #assignation_à_identité #neutralité #décolonial
« Tout le monde savait » : Claude Lévêque, une omerta au nom de l’art
►https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/tout-le-monde-savait-claude-leveque-une-omerta-au-nom-de-l-art_6066318_3246.
Qui n’a jamais aperçu l’artiste entouré d’adolescents plus ou moins jeunes, à un vernissage, un dîner de galerie ? Qui n’a jamais entendu de rumeurs ? « C’était comme un nuage flottant autour de lui, reconnaît une conseillère de collectionneurs qui le connaît, et s’en méfie, depuis trente ans. Tout le monde savait qu’il aimait s’entourer de jeunes éphèbes, et un bon nombre craignait le pire. Mais comment agir contre un homme qui a une telle aura, quand on n’a que des rumeurs, et qu’on n’est pas témoin de ses manœuvres ? Contre un artiste qui exerce une telle fascination, car il a produit une œuvre incroyable ? »
]]> À quelques heures de l’allocution d’Emmanuel Macron – très attendue notamment sur le thème des violences policières et du racisme –, nous publions ici la lettre ouverte au président de la République du sociologue Éric Fassin.
TRIBUNE. Le régime de la peur - regards.fr
▻http://www.regards.fr/idees-culture/article/tribune-le-regime-de-la-peur
Alors que, partout dans le monde, les mobilisations se multiplient contre le racisme et les violences policières, vous tenez à dire qu’en France « le monde universitaire a été coupable. Il a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux. » Vous désignez des coupables, mais vous n’avez pas l’honnêteté de les nommer, ni le courage d’assumer vos propos, tenus « en privé »… pour être publiés dans Le Monde.
Je fais partie de ce petit nombre d’universitaires qui étudient « l’intersectionnalité », concept que vous dénoncez sans rien y comprendre. Mais qu’importe votre ignorance ? Votre mépris du travail universitaire, il nous est familier – à l’heure où vous jugez urgent de relancer la LPPR qui s’emploie à démanteler la recherche par une politique du court terme.
LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>> LPPR : le monde universitaire se mobilise contre la « privatisation progressive de la recherche »
Ce qui est inquiétant, c’est que vous reprenez la rhétorique d’extrême droite, relayée par des médias comme Le Point qui a cru bon, par exemple, d’accoler mon nom à ceux d’Éric Zemmour et Alain Soral en tête de « ces idéologues qui poussent à la guerre civile » (sic). L’anti-intellectualisme n’est-il pas au cœur du projet néofasciste aujourd’hui incarné par Jair Bolsonaro au Brésil et Donald Trump aux États-Unis ?
]]>Les #défaillances du #financement de la #recherche nous coûtent très cher
Depuis quinze ans, la généralisation du financement par #projets a asséché les moyens accordés à la #recherche_fondamentale et épuisé les scientifiques.
▻https://www.alternatives-economiques.fr/defaillances-financement-de-recherche-coutent-tres-cher/00092149
#France #université #facs #science
#paywall (arrghh)
]]>En Russie, l’Etat de droit en question
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/17/en-russie-l-etat-de-droit-en-question_5477160_3232.html
[…]
En apparence, les affaires Calvey et Golounov n’ont rien à voir. Elles posent pourtant toutes deux la question de la primauté du droit dans un pays dont la réputation, dans ce domaine, ne cesse de se ternir. Selon un rapport présenté en mai par Tatiana Moskalkova, déléguée des droits de l’homme auprès du Kremlin, le taux d’acquittement dans les affaires pénales s’élevait, en 2018, à 0,25 %. Un chiffre au ras des pâquerettes, pourtant en régression de 20 % par rapport à l’année précédente… Dans une enquête parue en mars, le journal indépendant Novaïa Gazeta avait épluché quelque 780 000 décisions de justice avant de parvenir à la conclusion que près de 7 % des verdicts coïncidaient, « avec les mêmes formulations, les mêmes phrases, excepté les noms et les dates ». Autrement dit, du copié-collé.
]]>Ruffin chez les pharaons | SN
▻https://snony.wordpress.com/2019/04/01/ruffin-chez-les-pharaons
(A propos d’une projection de ’J’veux du soleil’ au Caire.)
Le deuxième point qui nous a fait discuter, ce sont les yeux. Oui, ceux des éborgnés : 22 à ce jour en France c’est à dire un chiffre qui à lui seul indique une véritable intention puisque les LBD 40 utilisés à cet effet sont munis d’un viseur hyper précis et que le code d’utilisation de cette arme (rappelé ici devant une classe de CE2 par l’illustre pédagogue Castaner) interdit de viser la tête.
En Egypte, entre le 19 et le 22 novembre 2011, alors que le processus de démocratisation C’est le mot « selmiya » (pacifique) de ce pochoir qui est orné d’une ciblesemblait en bonne voie, ont éclaté des heurts entre l’armée et les révolutionnaires. Un véritable massacre a eu lieu, rue Mohamed Mahmud, près de la place Tahrir, où de nombreux jeunes ont perdu un œil : les forces de l’ordre visaient systématiquement la tête : 31 morts et 300 blessés, recensement officiel. Des pochoirs ont fleuri par la suite sur les murs de la ville dénonçant ces mutilations (voir ce post du 22 novembre).
Un acharnement commun qui en dit long sur la volonté des gouvernants d’aveugler et de mutiler pour faire définitivement regretter à sa jeunesse de se mêler de ce qui la regarde, son propre avenir (autre reportage ici). En Egypte, ces événements avaient abouti à un embastillement complet du centre ville, les accès à l’Assemblée Nationale et aux principaux ministères étant murés par d’énormes blocs de pierre.
Nous aurions pu aussi parler de l’imprévisibilité de cette explosion sociale, dans la France de 2018 comme dans l’Egypte de 2011 (qui faisait tout de même suite à la révolution tunisienne du 14 janvier). Mais c’est sans doute le lot commun de toutes les cocottes minutes : l’équilibre entre la pression interne et la résistance des matériaux n’est garanti que dans un régime stable. Lorsqu’on entre dans les régimes chaotiques, c’est beaucoup plus difficile.
#egypte #aveuglement #GJ
]]>Entre-soi masculin et déni
@lldemars ecrit
@vazi sincèrement, politiquement, je ne sais pas : plus de quinze ans de dessins pour CQFD, et je ne peux m’empêcher de penser que ces dessins ne servent à rien tant qu’ils ne sont pas publiés dans le figaro ; à quoi ça sert, sinon à se tenir chaud en se disant qu’on n’est pas politiquement seul, de dire à des gens qui le savent déjà des trucs dont le reste du monde ignore globalement l’existence et n’ont aucune chance d’en voir surgir l’évocation dans leur propre champ de vision, leur propre entresoi ? Et pourtant, comment survivre sans se constituer pas à pas un environnement bienveillant, avec lequel on puisse parler, s’entendre, c’est-à dire année après année en en chassant tout ce qui est répétitivement hostile ? Voilà, c’est une non réponse à ta question j’en suis sincèrement désolé.
Etant bloquée par cet homme depuis que j’ai osé exprimé mon désaccord sur ses habitudes de non-mixité masculine, ca me fait un drôle d’effet de lire ceci. Sur @seenthis il est impératif d’être à 100% en accord avec tout ce que dit cet homme et il est impératif de dessiner selon les préceptes de cet homme. Ne lisez, ni ne mentionner pas de dessins qu’il n’apprécie pas non plus, il en profitera pour vous humilier publiquement pour faute de gout, C’etait particulièrement savoureux lors des échanges sur le collectif des femmes dessinatrices contre le sexisme en BD, de voire Tanxx chassée de @seenthis par des commentaires méprisants de la part de cet homme et de voire que de mon coté, membre du collectif aussi, je n’avais d’autre choix que le lire sans pouvoir intervenir (à part toute seule dans mon coin comme ici).
#déni #censure #entre_soi #domination_masculine #silenciation #aveuglement
Le Conseil fédéral veut ancrer le vote électronique dans la loi ats/gma - 19 Décembre 2018 - RTS
▻https://www.rts.ch/info/suisse/10082721-le-conseil-federal-veut-ancrer-le-vote-electronique-dans-la-loi.html
Le Conseil fédéral a ouvert mercredi la procédure de consultation permettant d’ancrer l’exploitation du vote électronique dans la loi. Une révision partielle de la loi fédérale sur les droits politiques (LDP) doit mettre fin à la phase d’essai.
La révision partielle de la LDP mettra un terme à la phase d’essai du vote électronique, en cours depuis 2004. Le Conseil fédéral estime qu’il est temps d’introduire le système à titre de procédure ordinaire, après presque quinze ans de tests.
Le projet de réforme a été élaboré sur la base des conclusions d’un groupe d’experts qui a confirmé que le système pouvait être proposé en toute confiance. Le vote électronique sera introduit progressivement en favorisant la sécurité plutôt que la vitesse, précise le Conseil fédéral.
Les cantons décideront
Les conditions que le vote électronique devra remplir pour pouvoir être utilisé lors des élections et votations fédérales devront être conformes à la loi. Les cantons et les électeurs décideront eux-mêmes s’ils veulent proposer et utiliser le vote électronique ou non.
Le public aura accès aux informations sur le système et son exploitation. Le code source sera notamment rendu public et l’électeur pourra vérifier et contrôler si son vote a fidèlement été transmis et enregistré.
Un risque d’ingérence ?
« Est-ce que la Suisse a besoin d’un autre système ? Non. Nous avons un système qui fonctionne parfaitement et il n’y a pas de raisons de se faire vulnérables. Par exemple, aux Etats-Unis, deux ans après l’élection présidentielle, on ne sait pas encore ce qui est arrivé et si les Russes ont essayé d’influencer les votes », a déclaré mercredi le conseiller national Claudio Zanetti (UDC/ZH) dans un débat de l’émission Forum de la RTS.
« L’expérience genevoise a démontré très clairement qu’il n’y a pas ce problème-là. Il n’y a aucun système qui est parfait. Le système de vote électronique ne remplacera pas les systèmes existants, mais il viendra en plus », lui a répondu le conseiller national Laurent Wehrli (PLR/VD).
#vote_électronique #démocratie #élections #vote #machines_à_voter #politique #anti-démocratique #suisse #élection #aveuglement
]]>Suisse Le projet informatique fédéral FISCAL-IT sous le feu des critiques Camille Degott/ebz - 25 Octobre 2018 - RTS
▻https://www.rts.ch/info/suisse/9944429-le-projet-informatique-federal-fiscal-it-sous-le-feu-des-critiques.html
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Le projet informatique de l’administration fédérale des contributions n’est toujours pas au point. C’est ce que révèle le cinquième audit du Contrôle fédéral des finances publié mercredi.
Tout d’abord, la nouvelle application DIFAS, qui a remplacé il y a à peu près une année les anciens systèmes de gestion de l’impôt fédéral direct, l’impôt anticipé et les droits de timbre, ne fournit pas encore les performances nécessaires, souligne le Contrôle fédéral des finances. La productivité des employés qui l’utilisent a baissé de près de 60 % dans certains cas.
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#informatique #ordinateurs #travail #productivité #économie #critique_techno #bêtise #aveuglement
]]>C’est bientôt la rentrée ! Faut-il définitivement renoncer à comprendre comment les #élèves apprennent des #connaissances générales à l’#école, tandis que celle-ci a manifestement échoué à les enseigner ? Peut-être pas, selon André Tricot...
►http://sms.hypotheses.org/2858
#école, #enseignement, #enseigner, #connaissance, #élève, #échec, #réussite, #former, #formation, #aveuglement, #connaissance, #compétence, #résultat, #apprentissage, #raison, #raisonnement, #niveau, #cadre, #savoir
]]> Un sondage « inutile » de la CSDM (Commission Scolaire de Montréal) soulève l’indignation Le Devoir - 2 février 2018 - Marco Fortier
►http://www.ledevoir.com/societe/education/519137/indignation-autour-d-un-sondage-a-la-csdm
SONDAGE : PLAN D’ENGAGEMENT VERS LA RÉUSSITE 2018-2023
►https://forms.office.com/Pages/ResponsePage.aspx?id=0bLmbDdGI0qsfSVDuUeXH8EoYah4cmhJsyXEFVEyNstUMlEzQ
Voici des éléments de la Politique de la réussite éducative 2018-2023 du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.
En tenant compte du contexte montréalais, quels éléments aideraient le plus grand nombre d’élèves de la CSDM à réussir ?
Échelle à 5 niveaux, 5 signifiant « très aidant » et 1 signifiant « peu aidant ».
Veuillez noter qu’afin d’enregistrer votre participation à ce sondage, une réponse à chaque question est obligatoire.
_ Votre réponse est anonyme.
Obligatoire
1. Agir tôt :
C’est agir quand l’enfant est tout jeune. C’est aussi agir auprès d’un élève dès qu’un problème survient.
Ne s’applique pas, je ne sais pas
1
2
3
4
5
2. Apprendre tout au long de la vie :
C’est avoir le goût d’apprendre tout le temps et partout.
. . . . .
3. La diversité des besoins :
Chaque enfant et chaque élève est unique et il faut s’adapter à chacun d’eux. Leurs différences sont autant d’occasions d’enrichissement.
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4. L’équipe-école :
Le bien-être de l’élève, ses apprentissages et le développement de son plein potentiel sont assurés par les enseignantes et les enseignants, tout le personnel de soutien, dont les éducatrices en service de garde en milieu scolaire, ainsi que les professionnels et la direction de l’école.
. . . . .
5. Français et mathématique :
C’est plus que savoir lire, écrire et calculer. C’est être capable de repérer l’information, de la comprendre et de l’utiliser.
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6. Les compétences du 21e siècle :
Devenir des citoyennes et des citoyens compétents, créatifs, responsables et pleinement engagés dans leur vie personnelle, familiale, professionnelle et sociale à l’ère du numérique.
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7. La relation enfant-éducateur, enseignant-élève :
La relation est au cœur du développement global de l’enfant et du cheminement scolaire de l’élève.
8. Milieux de vie :
L’école est bien plus qu’un lieu pour instruire, socialiser et qualifier les élèves, et les services de garde éducatifs à l’enfance, bien plus qu’un lieu de garde. Ils sont, pour l’enfant et l’élève, des milieux de vie qui doivent être inclusifs et ouverts à la diversité.
9. Le parent, premier éducateur de l’enfant :
À l’égard de leur enfant, les parents et la famille doivent :
– adopter une attitude positive face à l’éducation
– superviser ses tâches scolaires
– être des modèles de parents-lecteurs
– souligner ses bons coups et ses efforts
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10. Des pratiques éducatives et pédagogiques de qualité :
Soutenir le personnel enseignant afin qu’il puisse exercer son rôle déterminant dans la réussite éducative des élèves.
11. La communauté :
Les membres de la communauté (les organismes communautaires, les autorités municipales et régionales, les organismes du secteur de la famille, de la santé et des services sociaux et du secteur culturel, entre autres) doivent agir ensemble et mettre leur expertise et leurs ressources au service des enfants et des élèves.
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*12. Des ressources et des infrastructures de qualité et prêtes pour l’avenir :
L’environnement physique en milieu éducatif doit être structuré en espaces de vie agréables, accueillants, stimulants, sains, sécuritaires et orientés vers le 21e siècle (école à l’ère du numérique).
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13. Parmi les douze énoncés précédents, veuillez identifier les cinq que vous jugez prioritaires :
Agir tôt
Apprendre tout au long de la vie
La diversité des besoins
L’équipe-école
Français et mathématique
Les compétences du 21e siècle
La relation enfant-éducateur, enseignant-élève
Milieux de vie
Le parent, premier éducateur de l’enfant
Des pratiques éducatives et pédagogiques de qualité
La communauté
Des ressources et des infrastructures de qualité et prêtes pour l’avenir
. . . . .
14. Vous êtes :
Un élève du primaire de la CSDM
Un élève du secondaire de la CSDM
Un élève de la FP de la CSDM
Un élève de la FGA de la CSDM
Un parent d’un élève de la CSDM
Un employé - enseignant de la CSDM
Un employé - professionnel de la CSDM
Un employé de soutien de la CSDM
Un employé - cadre de la CSDM
Un citoyen du territoire de la CSDM
Un commissaire de la CSDM
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15. Commentaires, précisions, suggestions :
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Un sondage « inutile » de la CSDM (Commission Scolaire de Montréal) soulève l’indignation Le Devoir - 2 février 2018 - Marco Fortier
►http://www.ledevoir.com/societe/education/519137/indignation-autour-d-un-sondage-a-la-csdm
Une démarche « inutile », une « perte de temps », des questions « incompréhensibles » : un sondage sur la réussite éducative envoyé aux élèves, aux parents et aux employés de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) soulève la controverse.
La commission scolaire dit consulter la communauté en vue d’élaborer une politique de réussite des élèves inspirée de celle du ministère de l’Éducation. Les quinze questions du sondage ►https://forms.office.com/Pages/ResponsePage.aspx?id=0bLmbDdGI0qsfSVDuUeXH8EoYah4cmhJsyXEFVEyNstUMlEzQ ont fait sourciller des enseignants et des parents — et même la professeure Claire Durand, de l’Université de Montréal, considérée comme une sommité en matière de sondages.
« Qui a pu faire une affaire pareille ? Il faut vraiment que ce soit quelqu’un qui ne sait pas ce qu’est un sondage », a réagi la professeure de sociologie, lorsque Le Devoir lui a soumis le questionnaire de la CSDM.
« Ce sondage ne peut être qu’une perte de temps pour le personnel qui l’a conçu et pour ceux qui y répondent. Aucune question n’a du sens. Le problème, ce n’est pas de savoir si le sondage est scientifique ou s’il n’est pas scientifique. Il est inutile ! » a-t-elle ajouté.
Questions évasives
Claire Durand est indignée. Pour elle, la distribution d’un questionnaire comme celui-là n’est pas un geste anodin. La CSDM a dû mobiliser une équipe, faire des réunions, produire le questionnaire et le distribuer, rappelle-t-elle.
Questionnée à ce sujet, la CSDM n’avait pas répondu au Devoir au moment d’écrire ces lignes.
La professeure Claire Durand indique qu’elle ne saurait répondre aux questions du sondage, qui sont en fait des énoncés. Par exemple : « La relation enfant-éducateur, enseignant-élève : la relation est au coeur du développement global de l’enfant et du cheminement scolaire de l’élève. »
Autre exemple : « Milieux de vie : l’école est bien plus qu’un lieu pour instruire, socialiser et qualifier les élèves, et les services de garde éducatifs à l’enfance, bien plus qu’un lieu de garde. Ils sont, pour l’enfant et l’élève, des milieux de vie qui doivent être inclusifs et ouverts à la diversité. »
Fait à noter, le questionnaire est conçu de manière à ce qu’il soit impossible de répondre qu’on est en désaccord avec les affirmations. Les réponses doivent varier entre « peu aidant » et « très aidant » — ou encore « ne s’applique pas, je ne sais pas ».
« Je ne comprends pas leur objectif. De façon évidente, ils ne doivent pas le savoir non plus, dit Claire Durand. C’est une de mes petites batailles personnelles à l’Université de Montréal : je me bats contre l’envoi aux professeurs et aux étudiants de questionnaires mal foutus, qui ne font que déranger les gens inutilement parce qu’ils ne seront jamais utilisés. »
« Un peu gênant »
Une première version du sondage a été envoyée la semaine dernière, le 22 janvier. Des parents s’étaient moqués du questionnaire sur les réseaux sociaux. Le 23 janvier, le document avait disparu du site Web de la CSDM — à cause de l’achalandage sur le site dû à la tempête ayant entraîné la fermeture des écoles, indiquait alors la commission scolaire.
La deuxième version du sondage, diffusée mercredi, est différente de la version originale. Dans les deux cas, les questions sont jugées sévèrement.
« Je trouve ça un peu gênant comme démarche. Les besoins de l’école publique sont criants, mais le sondage semble chercher à valider la stratégie de communication de la CSDM plus qu’à connaître ce qui importe réellement pour les enfants », dit Valérie Lefebvre-Faucher, mère d’un élève de l’école Marie-Favery, dans le quartier Villeray.
#sondage #propagande #sens-des-mots #autisme #école-publique #manipulation #oligarchie #nomenclatura #vocabulaire #foutage-de-geule #aveuglement #propaganda #Montréal
]]>220 femmes : tuées par leur conjoint, ignorées par la société
►http://www.liberation.fr/apps/2017/06/220-femmes-tuees-conjoints-ignorees-societe
220 femmes tuées par leur conjoint, ignorées par la société
Une enquête de Juliette Deborde, Gurvan Kristanadjaja et Johanna Luyssen
Illustrations : BIG
Production : Six Plus
Elles s’appelaient Géraldine, Christelle, Ninon, Marine, Carole, Myriam. Toutes sont mortes ces derniers mois sous les coups de leur mari, compagnon ou ex-conjoint. Leur décès a eu lieu dans l’indifférence générale, politique et médiatique. Les circonstances de la mort de ces femmes ont parfois été résumées en quelques lignes dans une dépêche AFP, comme autant d’événements anecdotiques. Les titres de presse régionale les ont systématiquement traitées dans la rubrique faits divers, qualifiant l’événement de « crime passionnel », de « différend conjugal » ou de « drame de la rupture ». Autant d’euphémismes pour qualifier des homicides qui se produisent le plus souvent dans l’intimité du domicile conjugal, sans témoin. Les victimes n’ont parfois pas de prénom, pas de profession. Il arrive que seul leur âge et le mode opératoire de leur agresseur apparaissent : « étranglée », « battue à mort », « tuée par balle », au « couteau de cuisine » ou « à coups de fer à repasser ». Des meurtres passibles de la réclusion criminelle à perpétuité (au lieu de 30 ans), le fait que l’auteur soit le compagnon ou l’ex-conjoint de la victime étant une circonstance aggravante. Après avoir vu passer, une nouvelle fois, l’un de ces titres sans que cela n’émeuve grand-monde, nous nous sommes demandé qui étaient ces femmes. Nous avons recensé les articles des journaux locaux, régionaux et nationaux, pour tenter d’en savoir plus sur ces victimes anonymes. Ce corpus n’est pas exhaustif : tous les cas n’ont pas été relayés par la presse, et quand ils le sont, c’est souvent de manière parcellaire. Ce travail permet de prendre conscience de ce que les chiffres ne disent pas : les noms, prénoms, âges, situations familiales, professions, mais aussi les circonstances de la mort de ces femmes, les éventuels antécédents ou le traitement judiciaire. Au total, Libération a enquêté sur 220 décès de femmes. Toutes ont été tuées par leur conjoint, leur mari ou ex entre 2014 et 2016.
cela fait résonance avec l’article de slate dont le signalement ici a été pourri
#féminicide #meurtre #femmes #sexisme #violences_conjugales
Bulles de filtrage : il y a 58 millions d’électeurs pro-Trump et je n’en ai vu aucun - Tech - Numerama
▻http://www.numerama.com/tech/207428-bulles-de-filtrage-il-y-a-58-millions-delecteurs-pro-trump-et-je-ne
Sur ma planète, la plupart des gens vivent en ville, s’intéressent aux nouvelles technologies, à la science et aux jeux vidéo. Pour beaucoup, ils ont été à l’université ou dans de grandes écoles et on y croise souvent des journalistes, des développeurs, des designers, des professeurs ou des doctorants. Ma planète partage son avis sur des séries, va au cinéma, écoute de la musique contemporaine, rit aux blagues qui me font rire, pleure quand des tragédies me touchent.
]]>US ambassador ’outraged’ over South Sudan harassment
▻https://www.yahoo.com/news/us-ambassador-outraged-over-south-sudan-harassment-143548818.html
JUBA, South Sudan (AP) — The U.S. ambassador to the United Nations, Samantha Power, says she is “outraged” that South Sudan’s government has harassed civil rights activists who met with a U.N. Security Council delegation during a visit to the young nation.
Power said in a statement issued Saturday that the delegation observed “chilling” living conditions for civilians trapped in the ongoing conflict between the government and rebel forces. She says the South Sudanese government should elevate, not suppress, the voices of activists “who organize peacefully and provide constructive criticism.”
She says the Security Council is “engaging directly with the government of South Sudan to underscore that intimidation and threats toward civil society must cease immediately.”
#étranges #indignations et #aveuglement des #Etats-Unis
▻https://seenthis.net/messages/524012
Stéphane Le Foll, le VRP chahuté Le Figaro Par Pauline Boyer ce 30/06/2016
Source : ►http://www.lefigaro.fr/politique/2016/06/29/01002-20160629ARTFIG00412-stephane-le-foll-le-vrp-chahute.php
#autisme #aveuglement #surdité #haute_bourgeoise #ps #hé_oh_la_gauche
Pourquoi certaines #sociétés prennent-elles des #décisions catastrophiques ? (1/2) - Lieux Communs
▻https://collectiflieuxcommuns.fr/829-pourquoi-certaines-societes
L’éducation est un processus qui implique deux groupes de participants supposés jouer des rôles différents : les enseignants, qui transmettent un savoir aux élèves, et les élèves, qui absorbent la connaissance qu’ils leur apportent. En réalité, comme chaque enseignant le découvre, l’éducation consiste aussi pour les élèves à transmettre des connaissances à leurs enseignants, à mettre au défi leurs présuppositions et à poser des questions auxquelles ils n’avaient pas pensé auparavant. J’en fis moi-même l’expérience à mon séminaire à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), où je testais la matière de ce livre auprès de mes étudiants. Lors des échanges, l’un d’entre eux me posa une question qui me laissa sans voix : que se dit à lui-même le Pascuan [habitant de l’île de Pâques] qui abattit le dernier arbre ? Les dommages infligés à l’environnement se font-ils en toute connaissance de cause ? Les étudiants se demandaient si – à supposer qu’il y ait encore des Terriens vivants dans cent ans – les hommes du XXIIe siècle seront aussi stupéfaits de notre #aveuglement que nous le sommes de celui des habitants de l’île de Pâques.
]]>Thinking beyond the two-state solution - The Washington Post
▻http://www.washingtonpost.com/blogs/monkey-cage/wp/2015/08/25/thinking-beyond-the-two-state-solution
Believing in a two-state #solution to the Israeli-Palestinian conflict today is a little like looking for unicorns on the moon — it doesn’t matter how much you search, you still won’t find any. As recognition of this fact has become increasingly widespread, grappling with its implications has been hampered by the lack of normatively attractive or politically viable alternatives. In his review of Padraig O’Malley’s “The Two State Delusion,” Peter Beinart calls the book and its research impressive but nevertheless faults the author for not telling us how the story ends.
Although Beinart and others committed to a two-state solution make it sound like the alternatives are a great mystery, the search for unicorns has been distracting them from increasingly plausible outcomes. As the two-state solution fades into history, its alternatives become increasingly likely: civil war, ethnic cleansing or a non-democratic state. Although all three are possible, the third is rising on the horizon. Whether it goes by the name of an #apartheid state, an illiberal democracy, a less than free society or a competitive authoritarianism, the dominant theme will be a Jewish minority ruling over a non-Jewish majority. Although such an outcome would be an emotional blow to those who favor the two-state solution as a way to maintain Israel’s democratic and Jewish character, it looks quite familiar in a world where liberal democracy not only remains the exception but has actually lost ground over the last decade.
#Israël #Palestine #Israel #démocratie #aveuglement_fanatique
]]>Perpétuer notre chute sous le patronat grâce aux machines
Laetitia Strauch, (scribouillarde a « Valeurs actuelles » journal très réactionnaire, et propagandiste [et patronne] de « Panaches ») vient de pondre un article en bois, en éloge aux mécanique de métal :
La France contre les robots ? Faire entrer le pays dans la troisième révolution industrielle
▻http://www.slate.fr/story/88397/france-innovation
Sa promesse d’emploi : on va pourvoir embaucher 10 gars qui grâce aux robots qu’ils fabriquerons a la chaîne en licencierons des centaines d’autres. Elle ne prend même pas la peine de cité une étude chiffré, selon laquelle es robots créerons plus d’emploi qu’ils n’en détruirons.
Par exemple, les emplois très qualifiés censé apparaître par l’automatisations... ne sont jamais apparu, faut-il le rapeller ? Visiblement oui. Sur ce sujet un livre : Technocritiques, de François Jarrige, fait un panorama assez complet des critiques depuis la naissance de l’industrialisation. (Empruntez-le, lisez le sur place, sinon c’est 28 euros !)
Chaque fois qu’un robot remplace un humain, c’est la disparition du jugement et de la décision adapté, pour une exécution automatique sans distinction, sans discernement. Il vaux mieux que vous n’ayez jamais de problème face a un robot, car il ne vous aidera pas a le résoudre.
Les machines et techniques qui remplace les humains sont la décision du patron, qui a des objectifs différents de ceux des travailleuses et travailleurs. Il veut uniquement de la production, la ou la travailleuses ou le travailleurs serait content d’un travail bien accompli, écologique, voire personnalisé pour la personne envers qui il a une demande. Lui fabriquer quelque chose qui dure et qui est robuste, et pas lui refiler un truc qui la conduira a revenir vous voir par la suite pour vous dire que c’était de la camelote. La machine, fruit du projet patronal, exécuté par des ingénieurs, relayera les intentions du patron, tout en faisant passer cette exécution pour l’objectivité de la science... voire un « progrès » !
L’article se termine tout de même par une blague sur sa répartition des rôles : oui, bon l’entreprise se fera des bénéfices, et puis le contribuable, non seulement devra leur donner de l’argent (pour la monter) mais aussi faire des études pour écarter les effets négatifs. Hein, parce que bon, nous tant qu’on peu faire du pognon.
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