• Guerres culturelles en #Pologne
    http://www.laviedesidees.fr/Guerres-culturelles-en-Pologne.html

    À la faveur de l’épidémie du Covid, le pouvoir polonais ronge encore un peu plus les libertés. Engagé dans une véritable guerre contre une partie de la société, contre les femmes en particulier, il ne craint plus de cliver durablement le pays.

    #International #nationalisme #féminisme #violence #censure #dictature
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200416_pologne.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200416_pologne.pdf

  • Pour sortir du #confinement, un plan d’urgence anticapitaliste

    Par bien des aspects, la #crise_sanitaire en cours est un révélateur de l’incapacité du #capitalisme européen à résoudre les grands problèmes de l’humanité. L’#Italie, la #France et l’#Espagne sont les pays où le virus frappe le plus fort car le #système_sanitaire a été ravagé par les politiques austéritaires depuis au moins une décennie. En France, ce sont 69.000 lits qui ont été supprimés à l’hôpital entre 2003 et 2017, 4.000 en 2018. Par souci d’économie, les réserves stratégiques de masques et de respirateurs ont été supprimées (près d’un milliard de masques dans les années 2000 - supprimé par Xavier Bertrand en 2011). Toujours par souci d’économie, la recherche publique sur les coronavirus n’a pas été soutenue et un temps précieux a été perdu dans la possibilité de trouver des traitements efficaces. La rigueur budgétaire et la recherche du profit sont les principaux responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

    Confinement ou immunité collective ?

    Face à la pandémie, les gouvernements hésitent entre deux solutions. La première, minoritaire, défendue par les gouvernement britanniques et néerlandais est l’acquisition d’une immunité de groupe. Cette immunité à l’avantage d’éviter les nouvelles épidémies. Selon les connaissances que nous avons du virus (R0 ~ 2.5), cela nécessite que 60% de la population entre en contact avec le virus et en soit immunisée. Ce processus est très bien décrit par le groupe de modélisation de l’équipe ETE (Laboratoire MIVEGEC, CNRS, IRD, Université de Montpellier) (http://alizon.ouvaton.org/Rapport2_Immunisation.html). Une fois ce taux atteint, la population dans son ensemble (y compris les personnes non immunisées) est protégée contre une nouvelle épidémie.

    Cependant, sans mesure de contrôle, les projections montrent qu’entre 81 et 89% de la population pourrait être infectée. Soit entre 20% et 30% de plus que le seuil pour atteindre l’immunité collective. Cela représente potentiellement 20 millions de personnes infectées en plus dans un pays comme la France.

    Nous ne connaissons pas précisément le taux de létalité du virus. Les chiffres dont nous disposons sont tous biaisés, et a priori largement surestimés, par l’absence de tests systématiques dans la population. Plus on dépiste, plus on détecte des personnes contaminées présentant peu ou pas de symptômes, plus ce taux est bas. Mais aussi bas soit ce taux, lorsqu’il est multiplié par des dizaines de millions de personnes, les morts se compteraient très probablement en centaines de milliers. Par ailleurs, l’austérité budgétaire et l’affaiblissement des systèmes de santé doivent être intégrés dans l’équation. La létalité du Covid-19 est visiblement provoquée par un choc cytokinique qui nécessite une prise en charge en soin intensifs avec respirateurs. Plus la pénurie de respirateurs est grande, plus la mortalité est haute, plus les équipes médicales doivent choisir qui maintenir en vie et qui sacrifier par manque de moyens. C’est sûrement ce qui explique les taux de mortalité très élevés par rapport à d’autres pays en Italie, en Espagne et dans une moindre mesure en France (bien que cela pourrait s’aggraver au pic de l’épidémie) qui sont mal équipés en nombre de lits en « soins aigus ».

    Dans la plupart des pays, ces chiffres ne sont pas assumables par les gouvernements en place. Et ce sont ces projections qui ont poussé partout le pouvoir à confiner les populations malgré la crise économique majeure et les conséquences sociales dramatiques que cela entraine.

    En effet, la distanciation sociale permet de ralentir la progression du virus, d’aplatir le pic, et donc de diminuer l’afflux de malades en détresse à l’hôpital. Ce processus est décrit de façon très intuitive dans le Washington Post (https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/corona-simulator). La distanciation sociale peut recourir à plusieurs mécanismes, de la fermeture des écoles jusqu’au confinement total. L’étude publiée le 16 mars par l’Imperial College COVID-19 Response Team (https://www.imperial.ac.uk/media/imperial-college/medicine/sph/ide/gida-fellowships/Imperial-College-COVID19-NPI-modelling-16-03-2020.pdf) réalise des projections du nombre de lits occupés en soins intensifs en fonction de plusieurs scénarios de confinements. Si cette étude est forcément incomplète, notamment car les courbes dépendent du moment où les mesures sont mises en œuvre, cela nous montre que les mesures de confinement, dans le cas où aucun traitement ne serait trouvé, devraient s’étaler jusqu’à la fin de l’année 2021 pour que la population atteigne les 60% d’immunisés. Dans le cas contraire, tout relâchement du confinement pourrait correspondre à un nouveau développement incontrôlé de l’épidémie dans la population.

    Mais comment imaginer que la situation que nous vivons depuis une semaine en France se poursuivent pendant des mois ? Ce n’est tenable ni économiquement, ni socialement. Ce n’est pas le propos de cet article (pour cela voir le texte de Mimosa Effe : https://npa2009.org/idees/societe/le-confinement-la-destruction-du-lien-social-et-ses-consequences), mais le #confinement_de_classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.

    Nous l’avons vu, le confinement est d’abord imposé par la faillite de notre système de santé et l’impréparation au risque de pandémie qui sont dues à l’austérité imposée par les gouvernements successifs en France et en Europe. Dans la forme qu’il prend, généralisé dans la vie sociale mais pas au travail, de classe, policier, il est la solution que les capitalistes pensent avoir trouvé pour limiter la casse et maintenir au maximum leur place dans la concurrence internationale. Mais la gestion capitaliste de cette épidémie est marquée par l’impossibilité de planifier une quelconque sortie de crise. Un gouvernement anticapitaliste, au service de la population, motivé par la santé plutôt que par les profits, pourrait mettre en place une toute autre politique.

    Existe-t-il une troisième voie ? De toute urgence prendre des mesures anticapitalistes pour sortir du confinement !

    Il ne s’agit pas ici de dire que le confinement pourrait être levé du jour au lendemain. Nous l’avons vu, étant donné les conditions d’impréparation des gouvernements et la dégradation des capacités de l’hôpital public à supporter une telle épidémie, le confinement était la seule solution pour éviter une mortalité élevée. En ce sens, toutes les initiatives syndicales ou de travailleurs.euses pour stopper le travail - et se protéger - dans les productions non-essentielles sont fondamentales. Le slogan « nos vies valent plus que leurs profits » prend ici tout son sens. Il est également fondamental de dénoncer le gouvernement qui nous explique qu’il faut renforcer le confinement mais continuer à travailler, bien au-delà des secteurs essentiels à la lutte contre l’épidémie. Pénicaud, Macron, Philippe sont plus préoccupé.e.s par le maintien des profits que par notre santé. Les scandaleuses mesures contre le droit du travail, les 35h, nos congés, articulées au renforcement de l’Etat policier, ont été prise au moment où la sidération était la plus haute dans la population.

    Mais il est indispensable maintenant de déterminer quelles sont les conditions qui permettraient d’envisager la levée du confinement à très court terme :

    – Il faut de tout urgence pratiquer le dépistage de masse. D’ailleurs, entre les lignes, le Ministre Olivier Veran reconnait lors de sa dernière conférence de presse (https://www.youtube.com/watch?v=wpGjmCkLDHs

    ) que le confinement ne pourra être levé que lorsqu’il sera possible d’effectuer plus de dépistages revenant sur la communication gouvernementale qui affirmait que le dépistage n’était plus un outil en phase 3. Le dépistage de masse permet de n’isoler que les malades et leur entourage. Il permet également une prise en charge précoce des patients considérés comme « à risque » et ainsi de diminuer la létalité du virus. Le problème, c’est que le fournisseur n’arrive pas à suivre la demande en kit de dépistage (https://www.thermofisher.com/order/catalog/product/11732088#/11732088). Il faut donc de toute urgence organiser la production de kits de dépistages en réquisitionnant les entreprises du secteur et en passant outre les brevets.

    – De toute urgence également, il faut injecter des moyens dans la santé et l’hôpital public pour augmenter les capacités de prise en charge des patients en détresse respiratoire. C’est l’inverse des politiques menées jusqu’alors qui font fonctionner l’hôpital comme une entreprise, en flux tendu, incapable de s’adapter à des situations d’urgence. Pour l’instant, le gouvernement a débloqué 2 milliards d’euros pour l’hôpital. Dans le même temps, il injecte 43 milliards dans l’économie et garantit 350 milliards d’euros aux entreprises privées !

    – Pour augmenter le nombre de lits en soins intensifs et protéger celles et ceux qui travaillent il faut réorganiser en profondeur l’appareil industriel pour planifier les productions utiles à résoudre la crise sanitaire : masques, respirateurs, oxygène… En ce sens, il faut soutenir l’action de la CGT qui demande la réouverture et la nationalisation de Luxfer, seule usine d’Europe à produire des bouteilles d’oxygène médical fermées. C’est un bon exemple qui pourrait se poser pour d’autres productions.

    Enfin, l’attention est captée à une échelle assez large sur la mise en place d’un traitement. Le plus prometteur, la chloroquine (ou son dérive l’hydroxy chloroquine) est testée dans plusieurs pays et de nombreux services hospitaliers, y compris en France, ont commencé à l’utiliser sur des malades. Ce médicament semble réduire la charge virale et la durée du portage du virus. Si ce traitement s’avère efficace, la question de la nationalisation de l’industrie pharmaceutique va devenir compréhensible à une échelle très large.C’est peut-être la peur de cette évidence qui motive les grands groupes du secteur à anticiper en proposant de fournir ce traitement gratuitement, que ce soit #Sanofi (https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-sanofi-pret-a-offrir-aux-autorites-francaises-des-millions-) ou #Novartis (https://www.lefigaro.fr/flash-eco/coronavirus-novartis-offre-130-millions-de-doses-de-chloroquine-20200320) !

    Ainsi, nous pouvons affirmer que le confinement aurait pu être largement réduit, voire évité, en généralisant les dépistages, en développant les capacités d’accueil de l’hôpital public et en accélérant les tests sur des traitements antiviraux.

    Ce plan d’urgence n’est possible à court terme que si l’on s’affronte au capitalisme. Il faut reprendre le contrôle, sans indemnité ni rachat, sur l’appareil productif, notamment dans le domaine de la santé, des protections pour les salariés, de l’industrie pharmaceutique et biochimique.

    Macron et son gouvernement, LR et le PS avant lui, portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle. L’heure de solder les comptes arrivent. Les réponses anticapitalistes pourraient alors apparaître comme une solution à une échelle inédite jusqu’alors. Pour cela, sans attendre la fin du confinement, il nous faut renforcer les réseaux de solidarité, les réseaux militants pour recommencer à agir dans la situation.

    https://npa2009.org/idees/sante/pour-sortir-du-confinement-un-plan-durgence-anticapitaliste
    #anticapitalisme #anti-capitalisme #austérité #hôpitaux #lits #masques #réserves_stratégiques #stock #respirateurs #recherche #rigueur_budgétaire #immunité_collective #immunité_de_groupe #létalité #taux_de_létalité #tests #dépistage #choc_cytokinique #distanciation_sociale #flattening_the_curve #aplatir_la_courbe #vie_sociale #travail #atomisation #Etat_policier #impréparation #troisième_voie #droit_du_travail #dépistage_de_masse #soins_intensifs #industrie #nationalisation #Luxfer #chloroquine #industrie_pharmaceutique #responsabilité

    ping @simplicissimus @fil @reka

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    Citation sélectionnée pour @davduf :

    Le confinement de classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.

    • Le confinement, la destruction du #lien_social et ses conséquences

      Le 19 mars l’Assemblée rejetait l’amendement visant à prolonger le délai d’#avortement pendant la crise sanitaire. Si ce n’est finalement que peu étonnant de la part des députés LREM, ce rejet est révélateur de quelque chose de plus profond. Le confinement de la population va mettre en danger massivement les #femmes et les #classes_populaires de manière générale.

      Quelle que soit la façon dont certains ont essayé de le tourner, le confinement est profondément inégalitaire. Il y a ceux et celles qui ont un logement pour se confiner et les autres qui n’en ont pas, celles et ceux qui ont un logement décent et les autres qui ont un logement insalubre, celles et ceux qui ont une maison avec un jardin et celles et ceux qui doivent se pencher à la fenêtre pour respirer de l’air frais.

      Le message du gouvernement à l’aide de mesures coercitives violentes (oui les amendes sont effectives et en Seine-Saint-Denis elles ont conduit à des arrestations et des garde-à-vue) fait croire à la portée individuelle du confinement sans prise en charge collective de ses répercussions. Face à cela, certainEs ont essayé de mettre en place des réseaux de solidarité dans les immeubles, dans les quartiers, ... Si ces réseaux sont nécessaires et même indispensables, ils ne contrebalancent pas les problèmes qui se posent avec le confinement et qui vont forcément causer là aussi des morts, et parfois ils confortent même dans l’idée qu’il faut nécessairement rester chez soi : promener son chien, faire du jogging serait dangereux. Le propos de cet article n’est pas de dire que le confinement est inutile pour contrer le Covid-19 mais que le confinement n’est pas viable à moyen terme, c’est pourquoi la sortie de crise ne peut venir que de la mise en place d’un plan d’urgence visant à dépister et à soigner ce qui veut dire concrètement donner des moyens aux personnels de santé et des moyens de protection à la population.

      Le confinement face à l’organisation sociale de la dernière phase du capitalisme

      Le confinement dans l’histoire n’a jamais été une partie de plaisir, mais elle pose question dans le capitalisme tel qu’il s’organise aujourd’hui. Depuis les trente dernières années : on peut dire que la tendance à détruire les structures familiales est plutôt lourde. Les foyers composés de personnes seules s’élèvent à 35% des foyers (20% des femmes et 15% des hommes) auxquels se rajoutent presque 9% de familles monoparentales (dont le gros du contingent est composé de femmes). La grande majorité des foyers composés d’une personne seule ont plus de 65 ans (plus de 70%)1. Le problème c’est qu’avec cette épidémie ce sont ces mêmes personnes considérées comme vulnérables qui vont donc se retrouver complètement isolées.

      De l’autre côté, l’on sait aussi qu’un ménage sur douze vit dans un logement surpeuplé, 18% des logements sont considérés comme trop bruyant (donc mal isolés), 22% n’ont pas de système de chauffage efficient et près de 13% ont des problèmes d’humidité.2

      Le confinement produit aussi des rapports au travail qui accentuent ce qui existait auparavant : d’une part il y a ceux qui télétravaillent et ceux qui continuent de travailler dans des conditions de sécurité face au virus alarmantes et avec l’idée que le travail s’accompagne de toute une série de mesures restrictives.3 Mais à cela, il faut encore ajouter que le télétravail n’est pas le même pour tout le monde (que l’on soit cadre ou que l’on fasse un travail administratif) surtout quand l’on se retrouve face à un travail qui s’accompagne de plus en plus d’une perte de sens, d’autant plus qu’il envahit la sphère privée et que les loisirs sont considérablement réduits. Quant aux précaires, aux étudiantEs, à celles et ceux qui travaillaient sans contrat de travail, c’est une situation dramatique qui s’ouvre sans qu’aucune aide ne soit prévue si ce n’est un chômage auxquels ils n’ont pas tous droit.

      De plus, le système capitaliste entraîne une détresse psychologique : la dépression, le suicide ou les tentatives de suicides vont s’accentuer avec la perte de lien social, la perte d’activités émancipatrices et une vie tournée autour du travail.

      Toute la prise en charge associative, comme du service public de ses éléments là, comme de la prise en charge de l’extrême pauvreté va être ou drastiquement réduite voire inexistante.

      Dans le confinement, les femmes trinquent (et meurent !)

      Outre la question de l’avortement dont nous avons parlé plus haut, les femmes vont subir une répercussion violente du confinement. Elles assumeront plus de tâches ménagères qu’à l’ordinaire et de tâches de soin, et on le sait ce sont elles qui dans la plupart des foyers assumeront le suivi de « l’école à la maison » et d’occuper les enfants, sans compter les familles monoparentales ou les mères se retrouveront seules face à l’éducation de leurs enfants.

      Le confinement va augmenter les violences intra-familiales et en particulier les violences conjugales, c’est déjà ce qu’a révélé l’expérience du Wuhan4. Là encore, ces violences seront encore moins prises en charge qu’avant puisque le 3919 ne fonctionne plus pendant cette crise contrairement à ce qu’avait annoncé Marlène Schiappa.5 Au sixième jour du confinement, cette tendance est d’ailleurs aussi relatée par la FCPE ce dimanche.6

      Le manque d’accès à l’avortement pourra provoquer des recherches de solutions mettant en danger les femmes subissant des grossesses non-désirées quand celles-ci ne provoqueront tout simplement pas le suicide.

      Dans le même temps, on pourra noter que les adolescents LGBT confrontés en permanence à l’homophobie pourraient là aussi augmenter les tentatives de suicides et les suicides, alors même que c’est déjà une cause importante de suicides chez les adolescentEs.

      Ajoutons à cela que des secteurs largement féminisés se trouve en première ligne de la gestion de la maladie : infirmières, caissières, ...

      L’isolement des individus entraîne une baisse de la conscience de classe

      Le confinement produit un rapport de force dégradé de manière objective. En ce moment, des lois d’exception sont en train de passer à l’Assemblée diminuant nos droits, sans possibilité de riposte et si la légitimité du gouvernement reste affaiblie, les mesures prises rencontrent au moins une part de consentement. Si c’est le cas, c’est bien parce que la crise que l’on rencontre, a de grosses difficultés à être résolue par le système sans faire des milliers de morts.

      Individuellement, les gens ne peuvent pas se protéger et pour une grande majorité restent donc chez eux de peur (et cette peur est fondée) de devenir malade ou de l’être déjà et de contaminer d’autres personnes. Le problème c’est que sans dépistage massif et traitement le confinement risque de durer longtemps.

      Or, isolément, les gens ne peuvent d’une part pas s’organiser (ce qui dégrade le rapport de force) et de l’autre entraîne une baisse de la conscience de classe dans ce qu’elle a de plus simple car c’est l’organisation du travail qui fonde objectivement cette conscience. De plus, le confinement, repose sur le consentement d’une population à être confinée : c’est d’ailleurs par les réseaux sociaux, mais aussi dans la presse ou dans son entourage une pression sociale à « Restez chez vous », mais aussi à prendre le temps de lire ou de se cultiver.

      De fait cette pression sociale, construit alors le modèle de ceux qui y arriveraient en étant forts, en ayant accès à de la culture ou à des habitudes culturelles. Les vieux qui vivent seuls, les dépressifs, les pauvres, ceux qui n’ont pas accès à la culture se retrouveraient alors mis à l’amende.

      Pour l’instant, cette idéologie ne se fait que sous forme de pression, mais elle pourrait produire autre chose, elle passerait alors du consentement à la collaboration : elle est déjà en partie à l’œuvre de manière minoritaire, elle passe par la délation de celles et ceux qui sortent et la volonté d’un durcissement des mesures coercitives.

      Le confinement ne peut qu’être une mesure à court terme, sinon les effets violents décrits auront des effets durables, surtout si, comme c’est le cas aujourd’hui le mouvement ouvrier ne riposte pas.

      https://npa2009.org/idees/societe/le-confinement-la-destruction-du-lien-social-et-ses-consequences
      #confinés #non-confinés #inégalités #logement #mesures_coercitives #amendes #Seine-Saint-Denis #arrestations #garde_à_vue #rester_chez_soi #isolement #télétravail #chômage #détresse_psychologique #santé_mentale #école_à_la_maison #soins #care #tâches_ménagères #conscience_de_classe #lois_d’exception

  • Texas and Ohio Include Abortion as Medical Procedures That Must Be Delayed - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/03/23/us/coronavirus-texas-ohio-abortion.html

    Texas and Ohio have included abortions among the nonessential surgeries and medical procedures that they are requiring to be delayed, setting off a new front in the fight over abortion rights in the middle of the coronavirus pandemic in the United States.

    Both states said they were trying to preserve extremely precious protective equipment for health care workers and to make space for a potential flood of coronavirus patients.

    But abortion rights activists said that abortions should be counted as essential and that people could not wait for the procedure until the pandemic was over.

    On Monday, Ken Paxton, the attorney general of Texas, clarified that the postponement of surgeries and medical procedures announced by Gov. Greg Abbott over the weekend included “any type of abortion that is not medically necessary to preserve the life or health of the mother.”

    Failure to do so, he said, could result in penalties of up to $1,000 or 180 days of jail time. It was not immediately clear if that included medication abortion, which involves providers administering pills in the earlier stages of pregnancy.

    #Coronavirus #Avortement #Texas

  • En #Colombie, la Cour constitutionnelle refuse de se prononcer sur le droit à l’avortement
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/05/en-colombie-la-cour-constitutionnelle-refuse-de-se-prononcer-sur-le-droit-a-

    Les autorités évaluent à quelque 400 000 le nombre d’avortements clandestins pratiqués tous les ans. De 2006 à janvier 2020, seul 74 500 avortements ont été pratiqués légalement, le droit à l’avortement garanti en principe depuis 2006 dans certains cas étant peu respecté. « Les femmes qui ont été violées ou qui craignent pour leur vie manquent d’information, ou craignent de s’adresser à un centre de soin officiel. Nombre d’équipes médicales compliquent les démarches à suivre et multiplient les documents à fournir, quand elles n’invoquent pas l’objection de conscience collective pour refuser de pratiquer un avortement légal », rappelle Mme Cocoma. [...]

    L’#avortement reste un sujet #tabou. L’Eglise catholique et les Eglises évangéliques y veillent. Mais, sur d’autres sujets, la perte d’influence du discours religieux est flagrante : la légalisation du mariage homosexuel – en 2016 – a fait bien peu de remous. Comment expliquer ces avancées à vitesse variable de la société colombienne ? « Il y a des hommes qui se sont battus pour la reconnaissance des droits de la communauté LGTBI, rappelle Florence Thomas. En revanche, la lutte pour le droit à l’avortement est une lutte essentiellement des #femmes. Ça avance moins vite. »

    #ivg #viol

  • Notre corps, nous-mêmes (Collectif NCNM, Hors d’atteinte, 20.02.2020)
    https://www.horsdatteinte.org/produit/notre-corps-nous-memes

    La réactualisation, après quarante ans, d’un des plus grands classiques internationaux du #féminisme.

    Contrairement à ce qui nous est demandé, notre #corps ne peut pas être constamment en forme, beau, maigre, épilé, désirant, sans carence ni hématome. Il a des coups de pompe, des baisses et des montées d’hormones, des addictions. Il est parfois blessé. Notre corps doit pouvoir reprendre son souffle. Il nous appartient, il est notre meilleur instrument : nous le voulons en bonne #santé, capable de se défendre, et #libre.

    Ce livre s’adresse à toutes les #femmes, et parle de ce qu’elles ont toutes en commun : le corps. #Puberté, #sexualité, #contraception, #avortement, #accouchement, #vieillesse, mais aussi #riposte et #émancipation… À travers de multiples récits d’expérience, des témoignages récoltés lors de groupes de parole et d’entretiens, mais aussi des données médicales et scientifiques, ce manuel féministe propose des outils permettant aux femmes de mieux se connaître et de se sentir plus sûres et plus fortes, ensemble.

    Paru pour la première fois aux États-Unis en 1973, rédigé par un collectif de femmes, Notre corps, nous-mêmes a été adapté dans 35 langues, dont le français en 1977. Ce livre en est une version entièrement réactualisée.

  • Les règles des femmes, sujet d’un rapport inédit à l’Assemblée nationale | Le Huffington Post LIFE
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-regles-des-femmes-sujet-dun-rapport-inedit-a-lassemblee-nationale

    Déplorant une “connaissance insuffisante” des filles et des femmes sur ce sujet, notamment concernant la “diversité des produits de protection”, les “précautions d’usage et d’hygiène” ou les “risques sanitaires”, les deux députées préconisent que le cycle menstruel soit systématiquement abordé dès la classe de 6e, et qu’un site internet public soit créé pour délivrer des “informations ludiques et accessibles”.

    “Informer au plus tôt c’est le mieux, dans un premier temps en abordant cette question de l’éducation à la sexualité”, a indiqué à l’AFP Laëtitia Romeiro Dias.

    C’est bien, sauf que l’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école est prise en charge par des associations sous-dotées (et que personne à l’école n’est formé pour les remplacer).

    Baisses de financements des établissements d’information, de conseil conjugal et familial : on vous explique ! | Le planning familial
    https://www.planning-familial.org/fr/vie-du-mouvement/baisses-de-financements-des-etablissements-dinformation-de-consei

    Pour le Planning, sur l’ensemble du territoire, au vu des besoins, il n’y a pas de régions sur-dotées, il n’y a que des régions sous-dotées ! Comment poursuivre un travail de qualité et garantir l’égalité d’accès avec des moyens en baisse alors qu’ils ne suffisent déjà pas à couvrir les besoins ? Les besoins des populations et l’état des lieux des ressources pour y répondre devraient être les seuls critères recevables.
    Plutôt qu’une « répartition » des actions sur les territoires à moyens constants, démunissant les uns pour mal munir les autres, il est urgent d’augmenter la ligne budgétaire nationale affectée aux missions des EVARS EICCF : 2,8M€ pour toute la France métropolitaine et DROM, avec une moyenne de 800 000 jeunes par classe d’âge, c’est largement insuffisant !

    Ici aussi : https://twitter.com/KarinePlassard/status/1228048932619636737

    Je vais être obsessionnelle !
    Le planning familial du Puy de Dôme risque de fermer bientôt parce que l’état leur a retiré une subvention importante.
    Alors je sais Twitter c’est le Puy de Dôme loin des préoccupations de beaucoup d’entre vous mais pour nous ça veut dire beaucoup
    👇

    Le PF 63 intervient dans les collèges dans tout le département pour faire de la prévention. Pour cela l’asso était financé depuis des années.
    Il y a quelques mois, on leur a annoncé que désormais l’éducation nationale pourrait le faire seul, sauf que

    Sauf que les établissements continuent de solliciter le planning, car personne n’a été formé à quoique ce soit et que du coup, cette année aucun élève de collège n’aura d’intervention.
    Je rappelle que la loi prévoit 3 séances par an par classe d’âge ! C

    C’est une vrai mise en danger des jeunes...
    Par ailleurs ce manquement financier met en péril la structure même, la fermeture du planning 63 ça veut dire la fermeture du plus gros centre de planification du département

    Ça veut dire la fin des consultations pour des jeunes filles mineures qui venait avoir un suivi contraceptif, ça veut dire la fin de la prise en charge des femme victimes de violences, ça veut dire la fin des interventions auprès des migrantes, des détenues...

    La liste est longue de toutes les actions essentielles que mènent l’équipe du Planning familial, les attaquer en leur supprimant leur financement, c’est nous attaquer toutes !
    Il faut nous mobiliser, parce qu’aujourd’hui c’est ici et demain ce sera ailleurs !

    Même les capotes manquent... On le rappelle, c’est des investissements minuscules au regard de ce que leur manque peut coûter à la société en matière de santé, de violences à l’égard des femmes et de recul de leurs droits et de leur présence dans la sphère publique.

    Des pénuries de préservatifs gratuits inquiètent les associations | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/180273/penurie-preservatifs-planning-familial-mst-jeunes-prevention?amp

    Cet été, le Planning familial soulève pourtant une inquiétude. Il commence à s’alarmer d’un début de pénurie de préservatifs gratuits dans certains départements. Une préoccupation que l’association souhaite partager, notamment à travers une plateforme d’appels à témoignages, afin d’évaluer l’ampleur de la problématique sur les territoires.

    #santé #femmes #éducation_sexuelle #avortement #contraception #violences_sexuelles #IST #règles #préservatifs #Planning_familial

  • Droit des femmes en Slovaquie
    La Slovaquie a une présidente, Zuzana Čaputová, et n’est pas à la traine européenne en matière de représentation politique des femmes. Mais en vue des prochaines élections parlementaires, le droit des femmes se voit instrumentalisé pour séduire l’électorat conservateur. Des députés de droite s’en prennent notamment au droit à l’avortement. Ils proposent que lors d’une échographie, les médecins montrent l’embryon aux femmes qui décident d’avorter et leur fassent écouter les battements de son cœur…

    Frauenpolitik in der Slowakei : Zurück in die Vergangenheit?
    Vor der Wahl haben Parteien Frauenpolitik für sich entdeckt, um konservative Wähler zu binden. Sie versuchen etwa, Abtreibungsregeln zu verschärfen.
    […]
    Mit der Menschenrechtsanwältin Zuzana Čaputová haben die Slowaken sich im März dieses Jahres als erster der vier Visegrád-Staaten eine Frau an die Spitze ihres Staates gewählt. Die Frauenquote im Nationalrat beträgt um die 20 Prozent, was ungefähr dem EU-Durchschnitt entspricht. Und seit dem erzwungenen Rücktritt des langjährigen Ministerpräsidenten Robert Fico im Frühjahr 2018 haben es immer mehr Frauen ins Kabinett dessen Nachfolgers Petr Pellegrini geschafft und leiten wichtige Ressorts wie Inneres oder Justiz.
    Doch an Versuchen, die Frauenpolitik des Landes zurück in die Zeiten Ludovit Sturs zu drehen, mangelt es dabei nicht. Allein im gerade ausgehenden Jahr preschten nationalistische und rechtspopulistische Abgeordnete im Nationalrat vor, um die Abtreibungsgesetze in der Slowakei zu verschärfen. Das größtenteils katholische Land zwischen Donau und Tatra verfügt über eine relativ freizügige Abtreibungspolitik: Schwangerschaftsabbrüche sind ohne viel Aufhebens bis zur 12. Woche erlaubt, bei medizinischen Indikationen auch später.
    Mit insgesamt fünf verschiedenen Gesetzesnovellen bemühten sich Abgeordnete, dies zu ändern. Selbst ein völliges Abtreibungsverbot wie im benachbarten Polen stand auf der Agenda. Ob es dabei darum ging, „ungeborenes Leben zu schützen“, wie die Abtreibungsgegner von der „Allianz für die Familie“ dabei nicht müde wurden zu betonen, ist fraglich. Denn auch unter der bisherigen liberalen Gesetzgebung geht die Anzahl der Schwangerschaftsabbrüche in der Slowakei konstant zurück: Im letzten Jahr wurden 6.024 Eingriffe registriert.
    […]

    https://taz.de/Frauenpolitik-in-der-Slowakei/!5652563
    #Slovaquie #avortement #droit #extrême-droite #populisme

  • The Trump Administration Is Giving Family Planning Funds to a Network of Anti-Abortion Clinics – Mother Jones
    https://www.motherjones.com/politics/2019/11/the-trump-administration-is-giving-family-planning-funds-to-a-network-o

    Historically, federal regulations required that any organization receiving Title X funding “provide a broad range of acceptable and effective medically approved family planning methods.” But as I discovered during my visit to Whittier and other Obria clinics last summer, the organization’s clinics refuse to provide contraception. Nor do they refer patients to other providers for birth control.

    Obria’s founder is opposed to all FDA-­approved forms of birth control and has privately reassured anti-abortion donors that Obria will never dispense contraception, even as she has aggressively sought federal funding that requires exactly those services. “We’re an abstinence-only organ­ization. It always works,” Kathleen Eaton Bravo told the Catholic World Report in 2011. “And for those single women who have had sex before marriage, we encourage them to embrace a second virginity.”

    #USA #avortement #contraception #femmes

  • Irene Corradin : Modeste contribution – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2019/10/24/irene-corradin-modeste-contribution

    Donc un même combat pour le droit à l’IVG et à la contraception peut nous réunir toutes, quelles que soient nos histoires, nos couleurs de peau, nos origines sociales, nos choix de vie , les vieilles et les jeunes, les dites européennes occidentales et les autres, les femmes du monde !

    Un petit coup de féminisme blanc qui traite en deux secondes les revendications de femmes racisées, dont Françoise Vergès a bien montré dans son livre Le Ventre des femmes qu’elles étaient différentes :

    1. Je suis victime de cette universitaire qui me raconte que le féminisme des femmes racisées n’est pas exactement le même que le mien.
    2. Hop, finalement les meufs racisées vous êtes d’accord avec moi, problème réglé.

    Oui mais non. Ce refus d’assumer ("les dites européennes occidentales"), cette victimisation, cette manière passive-agressive de faire un foin sans faire un foin alors que les féministes blanches se sont assez reproduites pour pouvoir ne pas se sentir blessées par une allusion à leur défense de la liberté d’avorter comme d’une culture de mort... Et puis l’appel à la race blindness qu’il y a derrière, allez toutes ensemble maintenant que j’ai remis de l’ordre dans la maison, tout ça est assez nauséabond.
    #femmes #féminisme #avortement #racisme #peuples_autochtones

  • The Abortion Bans Keep Coming. Even Anti-Abortion Groups Doubt They’ll Work. – Mother Jones
    https://www.motherjones.com/politics/2019/10/the-abortion-bans-keep-coming-even-anti-abortion-groups-doubt-theyll-wo

    The confirmation of Supreme Court Justice Brett Kavanaugh in October of 2018 spurred many state legislatures to pass abortion bans in the hopes of getting a case to the Supreme Court that could overturn Roe v. Wade. “In 10 to 15 states for the last 30 years, legislators have passed anti-abortion laws that in their view move the envelope toward further restricting the right to abortion,” says Stephen Wermiel, a constitutional law professor at American University. “Now, with Kavanaugh replacing [Anthony] Kennedy, I think the states feel a strong interest in trying to push farther to see one of two things: either if they can get Roe overturned altogether or if they can significantly advance restrictions on abortion.”

    Major anti-abortion organizations such as Americans United for Life have openly spoken out against these bans, arguing that they are not the best strategy to roll back abortion access.

    “They are not likely to make it to the Supreme Court,” says Steven Aden, chief legal officer for Americans United for Life. “For that reason, we think there are other more productive means of the state expressing its respect for life.”

    However, so far none of these laws have been upheld by federal judges. Without a split among the federal courts on the abortion bans, Wermiel says, the Supreme Court is unlikely to take up any of these cases.

    Abortion-related legislation tends to drop off in major election years, given how controversial it is. But Nash thinks 2020 may be different. “I feel like abortion will be an election issue, and for conservatives perhaps in a different way because of the Supreme Court, because of the threat to Roe,” she says, adding, “I can imagine that we are going to see more on abortion bans in 2020.”

    #avortement #réactionnaire

  • #Maroc : la journaliste #Hajar_Raissouni condamnée à un an de #prison ferme pour « #avortement_illégal »

    Les proches de la jeune femme dénoncent un procès politique lié à sa famille, à ses opinions et au journal dans lequel elle travaille.

    La tension est palpable, ce lundi 30 septembre, dans la salle d’audience du tribunal de #Rabat, au Maroc, où le #procès de Hajar Raissouni, accusée d’« avortement illégal » et de « débauche », approche de la fin. La journaliste de 28 ans au voile bleu orné de petits motifs blancs s’entretient avec son avocat. Les prévenus sont amenés à la barre. Au premier rang, sa sœur, nœud rouge dans ses cheveux noirs lâchés sur les épaules, a le regard anxieux. Le jugement tombe : un an de prison ferme pour Hajar Raissouni et son fiancé ; deux ans pour le médecin, ainsi que l’interdiction d’exercer son métier pendant deux années supplémentaires ; huit mois avec sursis pour la secrétaire ; et un an avec sursis pour l’anesthésiste.

    La décision du juge à peine prononcée, des proches fondent en larmes avant de crier le prénom « Hajar » et de lever les bras, les doigts en V. C’est ce même signe qu’adressera Hajar Raissouni à sa famille et aux journalistes entre la porte de sortie du tribunal et le véhicule des forces de l’ordre qui la ramène en prison. Une photo volée de ce moment fera le tour des #réseaux_sociaux marocains, où s’exprime un large soutien pour la jeune femme.
    Un jugement « dur et injuste »

    La défense avait plaidé la libération des prévenus. Abdelmoula El Marouri, avocat de la journaliste, sort de la salle d’audience les yeux humides. C’est avec la même amertume que Myriam Moulay Rchid, avocate du médecin, part précipitamment du tribunal de Rabat, sans vouloir commenter l’affaire tant qu’elle n’a pas « consulté le jugement ». La semaine dernière, elle avait présenté des éléments médicaux expliquant que Hajar Raissouni ne pouvait pas être enceinte au moment de la consultation gynécologique. Les deux avocats ont annoncé qu’ils feraient appel dès le lendemain du jugement.

    « Le jugement est dur et injuste », estime Souleymane Raissouni, oncle de la journaliste et rédacteur en chef du #quotidien_indépendant #Akhbar_Al_Yaoum, dans lequel la jeune femme travaille. La reporter a raconté ne pas avoir avorté mais avoir consulté pour une hémorragie interne, confirmée par son gynécologue. Elle a aussi maintenu avoir été « contrainte à faire un examen médical sans son accord » à la suite de son interpellation. Un acte que ses avocats assimilent à de la « torture ». « Pourquoi ont-ils forcé une femme à ouvrir ses jambes devant un médecin pour fouiller son vagin ? C’est atroce ! », s’indigne Khouloud, un proche de la jeune femme.

    Dans cette photo du site Belpresse, Hajar Raissouni salue ses soutiens et sa famille alors qu’elle quitte un tribunal à Rabat, le 30 septembre.

    Pour Souleymane Raissouni, la réponse est simple : c’est une #affaire_politique. « L’opinion publique marocaine et internationale dit que Hajar est accusée à cause de ses opinions, de ses positions, de celles du journal et de sa famille. Le jugement l’a aujourd’hui confirmé », lance-t-il. Même constat chez Youssef Raissouni, un autre oncle de Hajar Raissouni, membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). « Ce verdict s’inscrit dans un contexte marocain caractérisé par un non-respect des lois et des libertés », analyse-t-il une fois l’émotion passée.

    Des lois « obsolètes » et « liberticides »

    Pour Ibtissame Betty Lachgar, militante féministe, ce procès va au-delà du volet politique, « qui est indiscutable ». « C’est le procès d’une journaliste, mais aussi d’une femme qui, encore une fois, est victime de lois rétrogrades et misogynes », explique-t-elle, évoquant les lois qui pénalisent l’avortement et les relations sexuelles hors mariage. Dans ce royaume de 36 millions d’habitants, la justice a poursuivi 14 503 personnes pour « débauche » et 73 pour « avortement » en 2018, selon les chiffres officiels. « Nous sommes dans une #société_conservatrice et patriarcale, où le poids du #religieux freine le changement des #mentalités », analyse encore la féministe, pas du tout surprise du verdict.

    Pendant cette dernière audience, pratiquement personne ne s’était déplacé devant les grilles du tribunal pour manifester en faveur de Hajar Raissouni. L’affaire fait pourtant polémique, notamment après la publication, le 23 septembre, du manifeste des 490 « hors-la-loi », parmi lesquels de nombreuses personnalités marocaines, qui demandent une abrogation de ces lois « obsolètes » et « liberticides ». Sans être venu au procès, le collectif a publié un communiqué dès l’annonce du jugement. « Nous souhaitons exprimer notre inquiétude car cela délivre à notre jeunesse […] un message bien sombre sur l’état de nos libertés individuelles. Plus que jamais, nous demandons que soient abrogées [ces] lois. » Un appel auquel peu de responsables politiques ont répondu pour le moment.

    Théa Ollivier (Rabat, correspondance)

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/30/au-maroc-la-journaliste-hajar-raissouni-condamnee-a-un-an-de-prison-ferme-po

  • Defending women in Korean courts
    http://m.koreatimes.co.kr/pages/article.asp?newsIdx=272899

    “As long as I can remember, women were always a socially disadvantaged group in Korea,” Kim said in an interview at her office in Seocho, southern Seoul, Wednesday. “Being a female lawyer, it was just something I had to do.”

    After passing the bar exam, Kim joined a legal team that was pushing to abolish the country’s patriarchal family registry system, or “hojuje,” while still at the two-year judicial training institute. Kim and her team eventually won the case at the Constitutional Court in 2004. From there, it was a natural transition to other gender issues that remain unsolved in the legal realm.

    The most prominent case Kim represented recently was the landmark Constitutional Court ruling against the country’s abortion ban in April. Kim and a group of female lawyers at Lawyers for a Democratic Society ― representing an ob-gyn doctor in Gwangju who was criminally charged for carrying out abortions ― argued the 66-year-old abortion ban acted as a tool of oppression, citing real-life examples of how the ban exposed women to overpriced and dangerous medical procedures as well as blackmail from ill-wishing partners.

    #avortement #Corée #femmes #droit

  • GRAND FORMAT. « On place la vie des #fœtus avant celle des #femmes » : voyage dans le #Missouri, au cœur du combat pour le droit à l’#avortement
    https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/grand-format-on-est-alle-dans-le-missouri-au-coeur-du-combat-pour-l-avo

    De fins cheveux blonds relevés, le visage rond, Jane* patiente dans la salle d’attente de la clinique Planned Parenthood de #Saint-Louis, dans le Missouri (États-Unis). L’Américaine, mère célibataire de deux enfants, a mis un terme à une nouvelle grossesse début juillet. Son partenaire a refusé de « prendre ses responsabilités ». A 35 ans, Jane, intérimaire précaire dans le nettoyage, ne voulait pas de cet avenir pour un nouvel enfant. « La pauvreté est une réalité trop éprouvante pour un petit. »

    Vivant dans les environs, elle est ici pour un rendez-vous de contrôle après son IVG. Jane aurait voulu avorter dans cette clinique, près de son domicile de Fenton. Mais il a fallu aller plus loin, traverser la frontière entre le Missouri et l’Illinois, puis rouler encore 30 minutes. « Venir à Saint-Louis n’était pas une option », tranche-t-elle. « Je regardais les infos chaque jour, c’était éprouvant pour les nerfs. Et si je venais ici et n’étais finalement pas soignée ? » Car à l’heure de son avortement, l’établissement menaçait de fermer. Et cette clinique, un imposant bâtiment gris, est la dernière de l’État pratiquant encore des interruptions volontaires de grossesse (#IVG).

    Dans ce contexte de lois de plus en plus restrictives sur l’avortement dans plusieurs États américains, nous nous sommes rendus sur place, du 9 au 13 juillet, notamment dans l’État du Missouri, exemple symptomatique de ce durcissement.

    #législation_liberticide #santé #pro-life #Église_catholique #Illinois #pauvreté #féminisme #distance #transport

    Depuis l’Europe, Rebecca Gomperts, médecin basée entre les Pays-Bas et l’Autriche, a elle aussi pris les devants. Engagée pour le droit à l’avortement à travers le monde, elle prescrit désormais des pilules abortives à des femmes américaines privées d’accès à l’IVG. Elles doivent pour cela être enceintes de moins de neuf semaines et remplir un questionnaire en ligne sur le site Aid Access. Une fois leurs réponses passées en revue, Rebecca Gomperts prépare les ordonnances. Une pharmacie basée en Inde les reçoit, puis envoie les médicaments au domicile de ces Américaines, pour un coût modique de 80 euros.

  • A Madagascar, « trois femmes meurent chaque jour des suites d’un avortement »
    https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/a-madagascar-trois-femmes-meurent-chaque-jour-des-suites-d-un-avortemen

    Alors que le pape François s’apprête à visiter la Grande Ile de l’Océan indien, les Malgaches attendent son message sur la question cruciale de l’avortement qui fait des ravages dans le pays.

  • #IVG en #France : un accès inégal, un droit malmené

    Une Française sur trois avorte au cours de sa vie. Pourtant, 40 ans après la loi Veil dépénalisant l’avortement, les #obstacles et les inégalités dans l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), méconnus, sont loin d’avoir disparu.

    https://www.mediapart.fr/studio/panoramique/ivg-france-acces-inegal-droit-malmene?xtor=CS3-67
    #inégalités #accès_aux_droits #avortement #femmes

  • IVG en France : un accès inégal, un droit malmené
    https://www.mediapart.fr/studio/panoramique/ivg-france-acces-inegal-droit-malmene

    Une Française sur trois avorte au cours de sa vie. Pourtant, 40 ans après la loi Veil dépénalisant l’avortement, les obstacles et les inégalités dans l’accès à l’IVG, méconnus, sont loin d’avoir disparu. L’état des lieux promis par la ministre de la santé n’étant toujours pas disponible, Mediapart a décidé de mener sa propre enquête.

    #Santé #avortement,_Agnès_Buzyn,_IVG,_loi_Veil,_A_la_Une

  • Au #Maroc, l’#arrestation d’une journaliste pour « avortement illégal » relance des débats

    L’arrestation d’une jeune journaliste pour « #avortement_illégal » et « #débauche » (sexe hors mariage) a alimenté cette semaine un débat virulent sur l’état des libertés au Maroc englobant tout à la fois : le #droit_des_femmes, la vie privée, les moeurs et la presse.

    Le sort de #Hajar_Raissouni, 28 ans, a suscité les protestations des défenseurs des droits humains, mais aussi des flots de réactions indignées dans les médias et sur les réseaux sociaux.

    Les plus critiques parlent de « réalité moyenâgeuse », de « lois liberticides », de « violence institutionnelle envers les femmes », d’"intrusion de l’Etat dans la vie privée" des citoyens, de « machination politique » ou de « harcèlement » des journalistes.

    Cette reporter du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum a été arrêtée samedi dernier au sortir d’un cabinet médical de Rabat. La jeune femme qui assure avoir été traitée pour une hémorragie interne a été placée en détention dans l’attente de son procès prévu lundi.

    Son fiancé qu’elle devait épouser mi-septembre a été arrêté avec elle, tout comme le médecin traitant, un infirmier et une secrétaire médicale.

    Le code pénal marocain sanctionne de peines de prison les relations sexuelles hors-mariage et l’avortement quand la vie de la mère n’est pas menacée.

    Assurant que l’arrestation d’Hajar Raissouni « n’a rien à voir avec sa profession de journaliste », le parquet de Rabat a détaillé mercredi dans un communiqué les éléments médicaux confirmant des « signes de grossesse » et son « avortement ».

    La journaliste dénonce des « accusations fabriquées » et une « affaire politique » liée à de récents articles sur les détenus du mouvement social du « Hirak », selon ses proches.

    – Contradictions -

    Elle assure dans une lettre publiée par son journal avoir été interrogée en garde à vue sur ses oncles, un idéologue islamiste aux positions ultra-conservatrices et un éditorialiste d’Akhbar Al-Yaoum connu pour sa plume acerbe.

    Des journalistes connus pour leurs positions critiques ont déjà été condamnés pour des faits allant de « complicité d’adultère » à « non dénonciation d’une atteinte à la sécurité de l’Etat ».

    « En lieu et place de poursuites immédiates pour leurs écrits, les journalistes se voient attaqués bien plus tard à travers des articles du Code pénal », s’insurge un éditorial du site d’information Yabiladi.

    Des personnalités islamistes ont par ailleurs aussi été ciblées ces dernières années par des articles dénonçant les contradictions entre leurs discours et leurs actes sur la base de faits privés —comme le sexe hors-mariage.

    Poursuivi pour « atteinte à la sécurité de l’Etat » et pour de présumées irrégularités financières, l’historien et militant de gauche Maâti Monjib a lui recensé en 2018 « 380 articles diffamatoires » à son sujet « en deux ans et demi » dans des médias « opérant pour le compte du pouvoir ».

    Dans ce contexte, l’affaire d’Hajar Raissouni « renseigne avant tout sur le couple infernal composé d’une part par l’hypocrisie sociale sur les questions de libertés individuelles (...) et d’autre part la répression aveugle et la justice d’abattage qui se sert des lois coercitives en la matière à des desseins de vengeance politique », estime le site d’information Le Desk.

    L’Association marocaine pour les droits humains (AMDH) qui, comme Amnesty International et Human Rights Watch, a appelé à la libération immédiate de la journaliste, y voit une « régression des libertés individuelles ».

    Quelque 150 journalistes ont signé une pétition de solidarité dénonçant les « campagnes diffamatoires » visant à détruire leur consoeur. Sa photo a été placée sur des sièges vides pendant la très officielle conférence de presse hebdomadaire du porte-parole du gouvernement.

    Interpellé sur le sujet, le porte-parole a souligné l’existence d’un « cadre juridique relatif à la diffamation » et rappelé que la réforme du code pénal —y compris les articles sur l’avortement— figurait à l’ordre du jour des débats parlementaires.

    – « Verrou politique » -

    Le ministre de la Justice, Mohammed Aujjar (PJD, islamiste) avait déclaré fin juillet dans la presse que le gouvernement mené par le PJD était « engagé dans une dynamique de réformes » tout en imputant la lenteur du changement à une « société très conservatrice ».

    « La société marocaine est profondément acquise à la modernité (...), le verrou est politique », conteste l’historien Mohammed Ennaji sur sa page Facebook.

    « Les questions de l’égalité homme-femme, des libertés individuelles —et notamment le droit des femmes de disposer librement de leur corps— ne sont plus le combat d’une partie des Marocains, c’est notre combat à tous quelles que soient nos appartenances idéologiques », est-il affirmé dans une pétition soutenue par des féministes et militantes des droits humains.

    En 2018, la justice marocaine a poursuivi 14.503 personnes pour débauche, 3.048 pour adultère, 170 pour homosexualité et 73 pour avortements, selon les chiffres officiels.

    Entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon des estimations d’associations.

    https://www.courrierinternational.com/depeche/au-maroc-larrestation-dune-journaliste-pour-avortement-illega

    #IVG #avortement #criminalisation #droits_des_femmes

  • Salvador : Le parquet fait appel de l’acquittement de la jeune femme qui avait perdu son bébé
    https://www.20minutes.fr/monde/2598779-20190906-salvador-parquet-fait-appel-acquittement-jeune-femme-perd

    La jeune femme avait été acquittée le 19 août, alors que l’accusation avait réclamé 40 ans de prison à son encontre. Le parquet général vient finalement de décider de faire appel de l’acquittement d’Evelyn Hernandez, 21 ans, jugée pour homicide après avoir perdu son bébé, au Salvador. Pays où la législation anti- IVG est l’une des plus strictes du monde.

    #catholicisme #IVG

  • Les #femmes de #pouvoir

    En ce début de XXIe siècle, les voix féminines se font de mieux en mieux entendre. Démonstration avec les parcours de femmes de conviction : Hillary Clinton, Michelle Bachelet, Inna Shevchenko. Une révolution tranquille est en marche. Petit à petit, le combat pour l’égalité des sexes progresse, dans les coulisses du pouvoir comme dans certains villages du tiers-monde. Aux quatre coins de la planète, à travers leurs trajectoires mêmes, des femmes contribuent à inspirer cette volonté de changement. Ce documentaire passe en revue leurs réussites et leurs combats : les militantes indiennes et nigériennes luttant pour leurs droits, mais aussi des personnalités telles que Christine Lagarde, Michelle Bachelet ou la Femen Inna Shevchenko. D’autres femmes engagées, comme Hillary Clinton, la théologienne Margot Käßmann (ex-évêque de Hanovre) et Melinda Gates, s’expriment dans ce film et donnent leur point de vue sur la condition féminine. Un documentaire qui montre comment, peu à peu, leurs comparses font tomber les barrières qui les empêchaient d’avancer.

    https://www.senscritique.com/film/Les_femmes_de_pouvoir/19821282
    #film #documentaire
    #politique_étrangère_féministe #égalité #leadership_féminin #maternité #Christine_Lagarde #Minouche_Shafik #revenu #quota_féminin #Angela_Merkel #droits_des_femmes #féminisme #Michelle_Bachelet #préjugés #politique #Inde #Daphne_Jayasinghe #toilettes #corruption #Suède #Chili

    #Margot_Wallström, qui déclare :

    «Sexual violence against women is not cultural, is criminal»

    #violences_sexuelles #viol

    #viol_comme_arme_de_guerre #sens_de_culpabilité #armes #commerce_d'armes #Haifaa_al-Mansour #invisibilité #invisibilisation #Arabie_Saoudite #sous-représentation_féminine #religion

    #femmes_du_mur (#mur_des_lamentations)

    #Elana_Sztokman —> #mouvement_féministe_juif_orthodoxe
    (#judaïsme #judaïsme_orthodoxe)

    ligne de bus « #meandrine » (= de stricte observance)

    #ségrégation #patriarcat #radicalisme_religieux #Femen #auto-détermination #mariage_forcé #Niger #mortalité_maternelle #droit_à_l'avortement #avortement #droits_sexuels_et_reproductifs #IVG #Morena_Herera

    #El_Salvador #Las_17 (https://las17.org)

    #machisme
    contrôle de la #fertilité

    Incroyable maire d’un village en #Inde :
    #Chhavi_Rajawat


    https://en.wikipedia.org/wiki/Chhavi_Rajawat

  • Au Maroc, l’avortement clandestin en débat - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2019/06/29/au-maroc-l-avortement-clandestin-en-debat_1736880

    600 à 800 avortements clandestins par jour. C’est le bilan de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC). Les militants de cette association ont manifesté ce mardi devant le Parlement marocain à Rabat, armés de poupons, pour réclamer la refonte de l’article 453 du Code Pénal qui favorise selon eux les avortements clandestins et l’abandon des enfants. Au Maroc, où l’avortement est totalement prohibé, excepté en cas de danger pour la santé ou la vie de la mère, un projet de loi avait été adopté par le gouvernement en 2016 pour étendre cet article 453, en donnant accès à l’avortement en cas de viol ou d’inceste, de troubles mentaux de la femme enceinte ou encore de malformation du fœtus. Un projet de loi resté lettre morte.

    La situation est d’autant plus urgente que les mères marocaines célibataires sont ostracisées, que les enfants illégitimes stigmatisés et que 26 bébés sont abandonnés chaque jour. Sans compter que l’avortement est un acte passible de deux ans d’emprisonnement et jusqu’à dix ans pour les médecins ou les « faiseuses d’anges » qui le pratiquent. Pas au point de dissuader les Marocaines. Chaque année, elles sont encore environ 200 000 à avorter clandestinement. Des avortements souvent très onéreux, réalisés dans des conditions sanitaires déplorables. Selon l’OMS, ce ne sont pas moins de 13% des cas de mortalités maternelles qui sont dus à ces avortements clandestins.
    Mutisme

    Une situation qui a conduit le Roi Mohammed VI à créer une commission officielle qui a justement élaboré le projet de loi en 2016 censé assouplir les conditions d’accès à l’avortement. Une loi restée à l’état de projet. Les sollicitations des associations et des militants pour le droit à l’avortement, n’y ont rien changé. Le gouvernement reste muet. Pour autant, les revendications du droit à l’avortement au Maroc ne reposent pas sur des mouvements féministes. Le médecin Chafik Chraibi, gynécologue obstétricien et président de l’ALMAC explique que son action « ne cherche nullement à encourager la liberté des mœurs ni à libéraliser l’avortement mais simplement à donner un cadre légal strict à un phénomène qui existe de fait et provoque des drames ». Autrement dit : l’avortement n’est pas un objectif de libération des femmes, mais une solution de derniers recours pour des cas extrêmes.
    « Nous ne voulons pas un avortement à la carte »

    Au Maroc, la manifestation de mardi est loin de faire consensus, surtout du côté des militants pro-avortement. C’est le cas du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (M.A.L.I.), qui milite en faveur de la dépénalisation totale de l’avortement et accompagne des femmes dans leur interruption clandestine de grossesse. Dans un communiqué publié cette semaine, le M.A.L.I déclarait ne pas soutenir cette action. Et d’ajouter : « Le droit à l’avortement n’a absolument rien à voir avec des poupons. L’ALMAC parle de bébés quand il est question d’amas de cellule, d’embryon et de fœtus. »

    Ibtissame Betty Lachgar, présidente de ce mouvement estime que l’action de l’ALMAC et le projet de loi en 2016 ne constituent en rien une libération de la femme : « Ils se trompent de cause. Ces décisions sont prises par des hommes qui décident pour nous et une nouvelle fois les droits des femmes sont relayés au second plan. Il s’agit d’un projet d’interruption médicale de grossesse mais en aucun cas d’IVG. » Elle ajoute : « Nous voulons des droits pour que toutes les femmes puissent disposer de leur corps, nous ne voulons pas les miettes ou un avortement à la carte. » Et quant à l’argument selon lequel le Maroc, par sa culture religieuse ne serait pas encore prêt pour la libéralisation totale de l’avortement, Ibtissame Betty Lachgar répond que « les droits des femmes, comme les droits humains, sont universels, quelle que soit la région ».
    Caroline Protat

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