• Nancy Howell Lee : une pionnière dans l’analyse des chaînes relationnelles – Mondes Sociaux
    https://sms.hypotheses.org/33475

    Dans les années 1960, alors que l’avortement était illégal aux Etats-Unis, la sociologue Nancy Howell Lee a mené une analyse pionnière des chaînes de relations personnelles permettant aux femmes de trouver quelqu’un pouvant les aider à avorter. Aujourd’hui l’analyse des chaînes relationnelles est au cœur de travaux de sociologues sur des questions variées, notamment l’accès au marché du travail, aux ressources mobilisées par des malades, ou pour créer une entreprise.

    Au Texas, depuis 2021, l’avortement est à nouveau illégal. L’aide à l’avortement est également condamnée, la délation est même encouragée par des primes. Les femmes n’auront pu avorter dans des conditions légales que pendant 50 ans. Dans les années 60, l’avortement était illégal aux Etats-Unis comme en France, et pourtant des centaines de milliers de femmes étaient contraintes d’y avoir recours.

    En 1969, Nancy Howell Lee, une chercheuse américaine a étudié ce phénomène dans le cadre de sa thèse, s’intéressant aux circonstances des grossesses involontaires et de la prise de décision conduisant à un avortement, à la recherche d’une personne pratiquant l’avortement, à la manière dont l’avortement s’est déroulé, aux suites physiques, psychologiques et dans les relations avec le partenaire masculin ou avec les autres personnes. Il s’agissait aussi de comprendre la circulation d’information, et surtout les inégalités sociales. Elle a publié ensuite un ouvrage qui n’a jamais été traduit en français

    #avortement #ivg #socio

  • Les mesures en faveur du droit à l’avortement sont approuvées lors des premières élections majeures aux États-Unis depuis l’annulation de Roe v. Wade

    Les initiatives de vote et les élections détermineront l’orientation de l’accès à l’avortement aux États-Unis.

    Hier, des millions de personnes aux États-Unis ont voté lors d’élections qui façonneront la politique américaine en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs à la suite de la décision dévastatrice de la Cour suprême des États-Unis d’annuler le jugement Roe v. Wade et de supprimer le droit constitutionnel à l’avortement.

    Alors que les résultats sont encore en cours de dépouillement et que l’issue de nombreuses élections n’est pas encore connue, il est clair que lorsque les gens ont la possibilité de voter directement sur la question de l’avortement, ils souhaitent en grande majorité que ce droit soit protégé.

    Les électeurs de Californie, du Michigan et du Vermont ont approuvé des initiatives visant à protéger le droit à l’avortement dans la constitution de leur État. Dans le Kentucky, les électeurs ont rejeté un amendement constitutionnel anti-avortement.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/11/23/les-mesures-en-faveur-du-droit-a-lavortement-s

    #international #usa #avortement

  • Avortement : Paul Milliez, le témoin courageux qui a bouleversé le procès de Bobigny en 1972
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/11/08/avortement-la-courageuse-conversion-du-docteur-paul-milliez-au-proces-de-bob

    Un article extraordinaire sur une personne (une belle personne) que je ne connaissais pas. J’ai toujours été fasciné par les gens qui gardaient une droiture de leurs idées devant la pression de leur propre groupe social. Et je m’interroge depuis longtemps sur les qualités propres de ceux que l’on a appelé dans les années 1970 les « gaullistes de gauche ». Souvent bien plus de gauche avec leur droiture et leur dévouement que la gauche officielle.
    En tout cas, l’article est d’une grande beauté, d’une force de conviction qui tire les larmes.
    C’est d’autant plus important que ce que l’on croyait acquis concernant le droit des femmes est aujourd’hui largement remis en cause dans le monde entier. Il faudra que des gens honnêtes basculent de nouveau dans le camp de la liberté pour que l’on puisse revenir sur cette tendance mortifère.
    Chapeau bas Monsieur Milliez.

    Récit
    Il y a cinquante ans, le procès de Bobigny ouvrait la voie à la dépénalisation de l’avortement en France. L’avocate Gisèle Halimi y obtint la clémence pour des femmes mises en cause grâce à l’engagement de ce professeur de médecine. Un acte de courage qui allait contre ses convictions catholiques.
    Cet article peut être écouté dans l’application « La Matinale du Monde »

    C’est l’un des héros méconnus du procès de Bobigny. L’un de ses « grands témoins » dont la déposition, le 8 novembre 1972, a eu un impact considérable et fait – peut-être – basculer l’opinion du tribunal vers un jugement historique de clémence à l’égard de quatre femmes mises en cause dans un avortement. « Un humaniste d’exception », dira l’avocate Gisèle Halimi, qui savait ce qu’il en avait coûté à ce professeur de médecine, catholique fervent, profondément hostile à l’avortement, de venir témoigner dans ce procès destiné à torpiller la loi de 1920 interdisant l’interruption de grossesse. « Un chevalier, se souvient Bernard Kouchner, impérial et fraternel, sincère et terriblement humain. Il savait qu’il paierait très cher son engagement à Bobigny. Mais comme toujours, il a choisi le courage. Et nous autres, jeunes médecins, nous lui vouions une admiration sans bornes. » Robert Badinter en garde lui aussi un souvenir vibrant : « Milliez ! dit-il. Cet homme sans peur, toujours au service des justes causes ! C’était un chrétien de gauche qui savait combien l’humanité est à la fois souffrante et souffrance. Je le ressens comme frère d’esprit. »

    C’est le professeur Jacques Monod qui avait conseillé à Me Halimi de contacter Paul Milliez. Révolté par l’histoire de Marie-Claire Chevalier, violée à 16 ans et dénoncée par son violeur à la police pour s’être fait avorter, le Prix Nobel de physiologie et de médecine avait en effet décidé de soutenir l’avocate dans sa volonté d’entreprendre, à partir de cette affaire, « le grand procès de l’avortement ». Un procès qui n’aurait pas comme seul but de défendre les inculpées (la jeune fille, sa mère et trois « complices » de l’avortement), mais viserait à secouer la société tout entière, provoquer des débats, ébranler les consciences, briser le tabou de l’avortement et dénoncer la législation en vigueur. Un procès qui obligerait les pouvoirs publics à regarder en face un phénomène qui concernait chaque année près d’un million de Françaises et faisait de nombreuses victimes. Un procès qui pointerait l’hypocrisie d’un système dans lequel les plus riches s’en sortaient sans problème, au prix de voyages à l’étranger ou de séjours en clinique privée, tandis que les plus pauvres, soumises aux « faiseuses d’anges », risquaient leur vie et affrontaient les tourments de la justice. Bref, il fallait un procès politique. Le mot ne faisait pas peur à Gisèle Halimi. Le droit était son instrument, l’insoumission sa marque de fabrique, et son métier d’avocate un levier pour changer le monde.

    La règle de base d’un procès politique était claire : il fallait dépasser les faits eux-mêmes, passer par-dessus la tête des juges pour s’adresser à l’opinion publique et la prendre à témoin. La législation était injuste, dépassée, inapplicable, inappliquée : Il fallait la changer. En conséquence, les accusées ne devaient pas nier les faits, ne pas demander pardon, ne pas réclamer l’indulgence. D’accusées, elles se feraient accusatrices de la loi et de tout un système. Et autour d’elles, de « grands témoins », hommes et femmes à la stature morale irréprochable, interviendraient pour resituer le sujet sur différents plans : médical, scientifique, sociologique, politique, philosophique. L’audience deviendrait tribune. Gisèle Halimi avait conçu un plan de bataille.
    Simone de Beauvoir bien sûr

    Dans sa manche, il y avait bien sûr plusieurs de ses amies féministes, adhérentes de l’association Choisir, et signataires un an plus tôt du « Manifeste des 343 » paru dans Le Nouvel Observateur, où elles déclaraient publiquement avoir eu recours à l’avortement : Simone de Beauvoir bien sûr, statue du commandeur ; la journaliste Claude Servan-Schreiber ; et puis les actrices Delphine Seyrig et Françoise Fabian, volontaires pour raconter leur propre avortement. Il y avait aussi des politiques : Michel Rocard, fondateur du Parti socialiste unifié, et le gaulliste de gauche Louis Vallon. Des scientifiques devaient jouer un rôle majeur : le biologiste Jean Rostand, les deux Prix Nobel de médecine Jacques Monod et François Jacob. Et puis Simone Iff, la présidente du Planning familial. Mais il manquait « une grande conscience », proche de l’Eglise catholique, dont l’influence était encore majeure dans la France des années 1970. C’était bien sûr une gageure, tant l’Eglise et l’épiscopat n’avaient cessé de répéter leur opposition radicale à l’avortement. Mais l’avocate s’est mis en tête de rallier le professeur Milliez, doyen de la faculté de médecine Broussais-Hôtel-Dieu, résistant de la première heure, connu pour son sens de l’éthique et ses engagements humanitaires, mais aussi pour sa foi chrétienne qui lui avait fait, un temps, songer à la prêtrise. Ce serait, si l’on ose dire, sa plus belle prise.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Droit à l’avortement : « J’avais en moi une rage, une force sauvage, je voulais me sauver », explique Gisèle Halimi

    Alors un soir de la fin de l’été 1972, elle sonne au domicile du professeur Milliez, dans le 8e arrondissement de Paris. Il la reçoit avec courtoisie, regard fiévreux, silhouette de cathédrale. Elle lui explique l’affaire « Marie-Claire Chevalier », ce cas flagrant d’injustice, de maltraitance, de discrimination sociale. Elle raconte la détresse de la mère, une femme remarquable d’honnêteté et de dignité, employée de la RATP, qui élève seule ses trois filles qu’un père a abandonnées sans prendre le temps de les reconnaître. Elle parle de la solidarité qui, dans ce milieu si modeste, a conduit des collègues du métro à chercher « une adresse » pour soulager la lycéenne qui refusait à tout prix cette grossesse contrainte. Elle évoque l’avortement raté et le chèque sans provision déposé par la mère angoissée à l’entrée d’une clinique privée chargée de rattraper les dégâts causés par l’avorteuse et sauver la vie de Marie-Claire. Elle décrit enfin la descente des policiers, au petit matin, dans l’appartement HLM des Chevalier, pour embarquer la mère et la fille dénoncées par le violeur…

    Paul Milliez, alors âgé de 60 ans, écoute avec gravité, ses longues mains croisées sous le menton. Mais il tient à être clair vis-à-vis de l’avocate : il est viscéralement contre l’avortement, crime absolu, crime odieux. Il le dit. Il le martèle. Elle l’entend et se lève. « Dans ces conditions, je ne peux pas vous demander de venir témoigner… » Elle saisit son cartable, attrape son manteau et se dirige déjà vers la porte. Le professeur est debout, comme désemparé. « Je pourrais écrire une lettre au tribunal… », dit-il, presque à lui-même. Son visage, racontera l’avocate, trahit une lutte intérieure. Une tension entre ses convictions religieuses, sa détestation de l’injustice et sa compassion naturelle pour les femmes en détresse. Au moment où elle ouvre la porte et se dirige vers l’ascenseur, il la rattrape : « Restez ! Cette affaire est injuste, insupportable. Je ne peux l’ignorer. Je ne peux pas me dérober. J’irai témoigner à Bobigny. »
    Le tourment, la détermination et la révolte

    La fille aînée de Paul Milliez assiste par hasard à la scène. Jeune médecin de 34 ans, mère de famille, Françoise Guize-Milliez est passée ce soir-là embrasser ses parents, qui sont ses voisins. Elle connaît bien son père. Elle lit sur son visage. Il saisit à la fois le tourment, la détermination et la révolte. Elle se doute qu’il s’agit d’un moment crucial. « C’était à la fois spectaculaire et émouvant, se souvient-elle. Mon père ne s’engageait jamais légèrement. Il se doutait que sa décision était de nature à bouleverser sa vie. Mais je pense qu’il ne savait pas à quel point. »

    Le médecin invite l’avocate à revenir dans son bureau. Elle le regarde, étonnée et reconnaissante, mais ne veut pas qu’il y ait entre eux le moindre malentendu. « Professeur, je vous demanderai publiquement à la barre : “Si Marie-Claire était venue vous consulter, qu’auriez-vous fait ?” » Il la fixe dans les yeux : « Je l’aurais avortée. » Elle insiste : « Je vous demanderai aussi : “Si votre fille, à 17 ans, était venue vous dire qu’elle était enceinte.” » Il ne baisse pas le regard : « J’aurais essayé de la convaincre de mener sa grossesse à terme. Si elle avait refusé, je l’aurais fait avorter. » C’est ainsi, dira Gisèle Halimi, que « Paul Milliez est devenu mon témoin capital ». Elle savait qu’en dépit de multiples pressions il ne se dégonflerait pas.
    Le 22 novembre 1972, à l’issue du procès de Bobigny, Gisèle Halimi (à gauche), avocate de la jeune Marie-Claire Chevalier (au 1er plan) accompagnée de sa mère (derrière elle), parle aux journalistes. Le verdict de ce procès, à savoir la relaxe de la jeune fille et de 3 autres femmes qui se sont fait avorter, est l’acte déclencheur du processus qui conduit au droit à l’avortement en 1974 en France.
    Le 22 novembre 1972, à l’issue du procès de Bobigny, Gisèle Halimi (à gauche), avocate de la jeune Marie-Claire Chevalier (au 1er plan) accompagnée de sa mère (derrière elle), parle aux journalistes. Le verdict de ce procès, à savoir la relaxe de la jeune fille et de 3 autres femmes qui se sont fait avorter, est l’acte déclencheur du processus qui conduit au droit à l’avortement en 1974 en France. KEYSTONE-FRANCE / KEYSTONE-FRANCE

    Le jour J, ce 8 novembre 1972, il est donc là. A Bobigny. Les abords du tribunal correctionnel ont été pris d’assaut par des groupes de militantes du Mouvement de libération des femmes et de Choisir qui manifestent bruyamment leur soutien aux quatre accusées, galvanisées par la relaxe de Marie-Claire, obtenue trois semaines plus tôt au tribunal pour enfants. Une victoire éclatante pour Gisèle Halimi qui sait cependant que la bataille la plus importante reste à livrer. Car ce jour, c’est la mère de Marie-Claire et ses trois complices qui vont être jugées. Et la compassion dont avait fait preuve le premier tribunal ne sera plus à l’ordre du jour.

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    « Mon devoir était d’aider cette femme »

    Le professeur Milliez est appelé, après Michel Rocard, à la barre des témoins. Et d’emblée, sans même qu’on lui pose la question, il affirme, d’une voix ferme, qu’il aurait aidé Mme Chevalier, si elle était venue le consulter, et qu’il aurait fait son « devoir », comme il l’a toujours fait lorsqu’il s’est trouvé confronté à « des cas dramatiques » similaires. Il va même plus loin en confiant avoir personnellement réalisé un avortement, à l’âge de 19 ans, alors qu’il était externe à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne. La femme – une mère de quatre enfants abandonnée par son mari – était arrivée exsangue à l’hôpital après une tentative d’avortement ratée.

    « Cela n’est pas faire acte d’avortement, c’est réparer les conséquences », avance le président du tribunal. Non, rétorque Milliez. « Si je n’étais pas intervenu, sa grossesse se serait poursuivie. Je ne peux pas vous dire que j’ai fait cela sans troubles de conscience. J’étais alors catholique pratiquant. Mais j’ai considéré que mon devoir était d’aider cette femme dans la situation difficile où elle se trouvait. » Dans un livre d’entretiens écrit avec Igor Barrère en 1980 (Médecin de la liberté, Seuil), le professeur reviendra sur le cas de cette ouvrière désespérée qui avait introduit des queues de persil dans son vagin, espérant atteindre l’utérus, mais n’avait nullement enrayé sa grossesse. « Si vous ne l’avortez pas, savez-vous ce qu’elle va faire ?, lui avait dit alors son infirmière. Elle n’a plus qu’à aller se jeter dans la Seine. Enceinte, elle va perdre son emploi, n’aura aucun moyen de subsistance, ne pourra plus nourrir ses quatre petits… » La situation avait paru insoluble au jeune externe qui l’avait donc avortée.
    Lire aussi Gisèle Halimi, défenseuse passionnée de la cause des femmes, est morte

    « Depuis, continue le professeur à la barre des témoins, j’ai favorisé un certain nombre d’avortements, pas seulement thérapeutiques mais aussi sociaux. » Cela concerne notamment les filles violées qu’il choisit d’aider systématiquement (comme les nombreuses victimes d’inceste, « des gamines enceintes de leur père », précisera-t-il plus tard à Igor Barrère). Mais aussi d’autres femmes en situation de détresse financière. Car l’injustice sociale le révulse. « Il n’est pas d’exemple qu’une Française riche ne puisse se faire avorter, soit très simplement en France, soit à l’étranger. On a toujours assez d’argent dans ces cas-là pour un avortement fait dans de bonnes conditions. Les femmes pauvres, je ne les voyais qu’une fois qu’elles avaient fait leur tentative d’avortement. Mais quelle tentative et dans quelles conditions ! J’ai vu mourir des dizaines de femmes après des avortements clandestins. » Et le médecin de raconter, avec colère, la situation avant-guerre d’une de ces ouvrières de chez Renault « qui donnait deux mois de salaire à un médecin marron pour faire commencer l’avortement que je terminais douloureusement, à l’hôpital, sans anesthésie, parce que mon patron chirurgien, bien que socialiste très mondain, jugeait qu’il fallait que la femme s’en souvienne ».
    Conseils aux avorteurs

    Le président lui demande alors ce qu’il pense des avorteuses professionnelles. Paul Milliez répond qu’il désapprouve celles qui en tirent profit mais que les médecins français devraient comprendre qu’ils ont précisément là « un devoir à remplir ». Et il va plus loin dans la confidence : lui, médecin « foncièrement hostile » par principe à l’avortement, a prodigué pendant des années ses conseils aux avorteurs. « Comme je voyais mourir à Broussais des femmes avortées par des gens qui n’étaient pas qualifiés, j’ai bien été obligé de faire de l’enseignement ! J’ai répété à mes infirmiers, à mes étudiants, pendant des mois, qu’on n’avait pas le droit de faire un avortement sans faire de la pénicilline parce qu’une femme qui est avortée sans antiseptique a de grands risques de faire un accident. » Faire preuve de pragmatisme, affronter la réalité, tendre la main aux femmes… et se résoudre à l’avortement « quand il n’y a pas d’autre possibilité ».

    La solution, dit-il, est indiscutablement la contraception. « Il faut permettre aux femmes qui ne veulent pas d’enfants de ne pas attendre d’enfants. C’est à la femme de choisir. Ce n’est pas à nous d’imposer nos conceptions d’hommes, et d’hommes riches. » Quant à la loi de 1920, « inique », « mal faite », elle devrait d’urgence être changée. « Il faut que les femmes puissent avoir recours à la contraception et que, dans certains cas, elles puissent se faire avorter. Voilà la position du chrétien que je suis. »

    Le professeur était donc allé bien au-delà de ce que pouvait espérer l’avocate. Elle posera pourtant les questions qu’elle lui avait annoncées le soir de leur première entrevue. Et aux deux, il répondra positivement, avouant toutefois son déplaisir à comparaître dans ce procès – « Ne croyez pas, Me Halimi, que cette déposition ne me coûte pas, elle me coûte lourdement » – en même temps qu’un sentiment de devoir à l’égard de Marie-Claire. « Si ma femme avait été veuve, sans argent, avec des enfants, je suis sûr qu’elle aurait pris la même attitude que Mme Chevalier. Elle aurait fait avorter sa fille de 16 ans et elle aurait eu raison. »
    Blâme public au professeur

    Voilà. Un grand catho élevé chez les jésuites, père de six enfants, avait exposé la caducité d’une législation répressive totalement déconnectée de la réalité. Il avait confié ses tourments et scrupules en décrivant avec justesse l’hypocrisie d’un système mortifère. Une déferlante allait s’abattre sur sa tête.

    D’abord, il fut convoqué par le ministre de la santé, Jean Foyer, en présence du président du conseil national de l’ordre des médecins. Le ministre, lui-même très catholique, tenait à lui exprimer sa désapprobation à l’égard des propos tenus à Bobigny. Milliez s’est cabré : comment accepter l’injustice ? Comment se satisfaire d’une situation dans laquelle les femmes pauvres restent démunies et traquées, quand les femmes riches peuvent avorter sans risques dans des pays voisins ? « Ce n’est pas une raison pour que le vice des riches devienne le vice des pauvres », rétorqua Jean Foyer. Dès le lendemain, le conseil de l’ordre des médecins infligeait un blâme public au professeur qui en fut stupéfait – aucune procédure habituelle n’avait été respectée – et atteint.
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    « Il ne regrettait rien, bien sûr, affirme sa fille Françoise. Il avait agi en son âme et conscience. Et nous, sa famille, adhérions à son éthique et le soutenions avec admiration. Oui, j’avais ressenti un certain choc en entendant qu’il aurait fait avorter sa propre fille si elle avait connu la détresse d’une grossesse non voulue. C’était… si étonnant cet aveu dans un tribunal ! Si personnel ! Mais justement. Cela prouvait son amour et sa profonde sincérité. »

    Jacques Milliez, son fils, né en 1943, avait passé l’oral de l’internat de médecine en 1967 en planchant sur la question : « Complications des avortements criminels ». Un sujet auquel il avait lui aussi été confronté, très tôt, en voyant débarquer aux urgences de l’hôpital des femmes sauvagement avortées. Lui-même, gynécologue, dit avoir pratiqué des avortements clandestins, dans les années 1970, lors de ses nuits et week-ends de garde, en liaison avec le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. « Tous les copains le faisaient, dit-il. Notre obsession était moins la liberté des femmes à disposer de leur corps que l’urgence de réduire la mortalité maternelle et les séquelles abominables d’avortements clandestins. »
    Réaction outrée des bourgeois

    Des discussions avec son père ? Non, il ne s’en souvient pas. Il avait quitté le nid familial et plongé avec fougue dans son métier. Mais des répercussions de Bobigny, oui ! De la hargne de grands patrons jaloux et hypocrites qui envoyaient leurs maîtresses avorter en Suisse mais reprochaient à Milliez sa compassion pour les femmes pauvres. De la réaction outrée des milieux bourgeois, ultraconservateurs et bien-pensants, qui tournèrent le dos à Milliez, forcément influencé, selon eux, par ses amis communistes (depuis la Résistance) et gauchistes. Et de la rancœur d’une partie de l’Eglise qui ne pardonnait pas au professeur son éloignement du dogme et cette phrase, prononcée dans un entretien au Monde, trois semaines après Bobigny : « Je ne vois pas pourquoi nous, catholiques, imposerions notre morale à l’ensemble des Français. »
    Lire aussi un entretien avec Paul Milliez (1972) : Article réservé à nos abonnés « Je ne vois pas pourquoi nous, catholiques, imposerions notre morale à l’ensemble des Français », déclare le professeur Paul Milliez

    « Un jour où je remontais les Champs-Elysées pour aller au cinéma avec mon mari, se rappelle Françoise Guize-Milliez, la manchette d’un journal populaire affichée sur un kiosque m’a horrifiée : “Le professeur Milliez avoue avoir fait 1 000 avortements.” C’était dingue. Tout et n’importe quoi était décidément colporté. Ma grand-mère, qui vivait alors dans une pension de famille à Neuilly, retrouvait sous sa porte des messages accusant son fils d’être un assassin. Cela a plongé mon père dans un grand désarroi. » En 1973, l’Académie de médecine lui refusa une place à laquelle il pouvait naturellement prétendre. En 1974, il reçut un nouveau blâme du conseil de l’ordre sous un prétexte fallacieux, suscitant la réaction indignée de médecins anciens résistants qui dénoncèrent « une machination » destinée à faire taire ou abattre « un médecin de réputation mondiale, homme de cœur, de progrès et de courage ».

    Pendant ce temps, des Françaises de tous âges et de toutes conditions, alertées par le tumulte autour de Bobigny, se tournaient vers le professeur pour avoir de l’aide. Des centaines de lettres lui parvinrent à l’hôpital Broussais ou à son domicile, qui étaient autant d’appels au secours. Il répondait comme il pouvait, conseillait, rassurait. Il adressait telle patiente enceinte à un gynécologue de ses connaissances, fixait en urgence un rendez-vous à telle autre qu’il pressentait en grand danger. Ces lettres qu’il a remises un jour à Gisèle Halimi, conscient de leur intérêt historique, et qui sont, pour certaines, publiées sur le site de Choisir, dressent le tableau d’une époque où l’éducation sexuelle et la contraception n’existaient pas, ou peu ; où les femmes pauvres souffraient d’un grand isolement et d’un manque quasi total d’information ; et où l’annonce d’une grossesse non désirée suscitait panique et désespoir.

    22 novembre 1972

    Monsieur,

    Je m’excuse de vous déranger, mais peut-être êtes-vous mon salut, mon seul refuge, de vous dépend ma vie. Voici : je suis enceinte et ne veux absolument pas de cet enfant, en ayant déjà cinq et un mari malade du cœur. J’ai fait tout ce que je pouvais pour faire une fausse couche mais rien n’y fait. J’ai donc pris une assurance-vie et ainsi, je pourrai me suicider sans laisser mon mari et mes enfants dans le besoin du moins dans l’immédiat car n’étant pas riche, je n’ai pu prendre une assurance-vie de plus de 3 200 000, j’écris en anciens francs. Mais ce qui m’ennuie le plus dans ce projet, c’est mon petit garçon de 3 ans. Il est toujours derrière moi et dès qu’il ne me voit plus, il m’appelle et me cherche partout (…) Aussi, je vous demanderai si vous pouvez quelque chose pour moi SVP, ou si vous ne pouvez pas, ce que je comprends très bien à cause de la loi, pouvez-vous me donner l’adresse et le montant d’une clinique en Angleterre SVP. Je vous en prie, Professeur, essayez. Seulement je vous demanderais de me répondre vite SVP, car la 24e semaine se termine le 10 décembre. (…)

    Réponse du professeur

    Madame,

    Venez me voir le plus rapidement possible, dès samedi matin 2 décembre, si ma lettre vous arrive à temps. Avec mes sentiments dévoués.

    26 novembre 1972

    Docteur,

    J’ai 21 ans et je suis enceinte de cinq mois et demi, je travaille dans la ferme avec mes parents. Je viens vous demander de me faire avorter, je ne voudrais pas avoir des inconvénients avec ma santé plus tard. (…) S’il vous plaît, merci de me dire le nombre de jours d’hospitalisation et le prix que je dois verser. Ou alors s’il y a un médicament à prendre pour provoquer une fausse couche. (…)

    Réponse du professeur

    Mademoiselle,

    Il n’est pas question, à cinq mois et demi, de vous faire avorter. Ce serait folie. On risquerait de vous tuer et de tuer un enfant vivant. Réfléchissez à ce crime. Je suis naturellement prêt à vous voir dans mon bureau à l’hôpital Broussais. Avec mes sentiments dévoués.

    29 novembre 1972

    Docteur,

    Je viens par ce petit mot vous faire part de mon problème. Voilà, je suis enceinte de trois semaines. J’ai déjà trois garçons et je n’ai que 25 ans. Je ne voudrais pas le garder, car trois, j’estime que j’en ai assez. Mon mari ne le sait pas. Je viens voir si vous pourriez pas m’avorter. Dites-moi combien vous prenez, car, vous savez, je ne suis pas bien riche. (…)

    Réponse du professeur

    Madame,

    Je ne suis pas un avorteur, et je n’ai pas coutume de faire payer des malades qui sont dans une situation modeste. Il faut vous adresser à (…).

    Recevez, Madame, l’expression de mes respectueux hommages

    8 mars 1973

    Professeur,

    Je vous écris car j’ai lu un de vos articles dans Détective sur l’avortement et je suis de ce cas-là. Je suis fille mère, j’ai déjà deux petites filles de 4 et 2 ans. Je ne veux pas du troisième que je porte. Je suis enceinte de deux mois et demi. Professeur, pouvez-vous faire quelque chose pour moi ? Car je suis bien embêtée, je travaille en usine, mais je n’arrive pas assez à gagner ma vie pour moi et mes deux gosses. Pouvez-vous me répondre, Professeur, ou me donner un RDV ? Pouvez-vous me le faire passer ? (…)

    Réponse du professeur

    Mademoiselle,

    Il faut que je vous voie le plus vite possible. Venez le samedi matin 17 mars à 8 h 45 à mon bureau de l’hôpital Broussais. Avec mes sentiments dévoués.

    En décembre 1974, Paul Milliez fut victime d’un accident opératoire qui le plongea dans le coma. Soigné avec ferveur par ses élèves, il revint à lui mais dut lutter plusieurs années pour retrouver l’usage total de son corps, ce qui ne l’empêcha pas de continuer ses consultations à Broussais, de poursuivre ses recherches en demeurant l’un des plus grands spécialistes de l’hypertension artérielle, d’être appelé en consultation auprès de nombreux chefs d’Etat étrangers, de dénoncer aux côtés des étudiants et des infirmières la misère des hôpitaux, de défendre « la fonction sociale du médecin-citoyen » et de mener une multitude de combats dans de nombreux pays du monde, fidèle notamment à la Palestine et au Liban. Quand il s’est éteint, en 1994, à l’âge de 82 ans, Le Monde publia un long article d’hommage intitulé « Le courage du croisé ». C’est l’image qu’en gardait Gisèle Halimi, à jamais reconnaissante à ce médecin ardent de son intervention décisive à Bobigny.

    Annick Cojean

    #Paul_Milliez #Avortement #Procès_Bobigny

  • Accouchement physiologique : quel avenir ? – Sortant du village
    https://sortantduvillage.info/2022/10/19/accouchement-physiologique-quel-avenir

    Ce texte a été mis en ligne le 19 octobre 2022, soit, à un moment où l’on sait que la maternité des Lilas échappe à la menace de la fusion avec la clinique Vauban de Livry-Gargan et que l’on connaît le nouveau schéma général imposé par l’ARS.

    Selon ce schéma, le service d’orthogénie reste aux Lilas et le service d’accouchement est adossé à une structure médicale d’une autre ville.

    Fait nouveau, qui mérite d’être souligné, il est prévu que cet adossement se fasse auprès d’un établissement public. Deux hypothèses, au titre de nouveau prétendant au mariage forcé, sont à nouveau sorties du tiroir de l’ARS : d’une part, le grand retour du CHI André Grégoire de Montreuil et, d’autre part, la clinique des Bluets, réputée pour être historiquement proche de la maternité des Lilas, du point de vue des méthodes d’accouchement physiologique1.

    Les menaces sur la fin du bail de la maternité semblent levées mais les problèmes posés par les dérives de gestion de l’association Naissance (qui représente officiellement la maternité des Lilas) restent entiers2.

    Je tâcherai, dans un autre texte, de comprendre comment et pourquoi nous en sommes arrivés là. Pour l’heure, il me semble que la priorité devrait être de permettre à la maternité de « sortir de la nasse ».

    En rédigeant les lignes qui suivent, je me suis humblement donné comme but, de contribuer à cet objectif. J’aurais, bien entendu l’occasion de défendre ces positions, lors de la prochaine réunion publique du collectif de soutien à la maternité des Lilas.
    Analyse de la situation, à chaud

    Les informations fournies en octobre 2022 permettent de lever le doute sur les hypothèses des plus inquiétantes que j’ai évoquées après la parution de l’article du Monde du 28 août 2022.

    La maternité dispose donc encore d’un répit supplémentaire, ce qui n’est pas du luxe.

    On pourra dire, comme cela a été évoqué en réunion, que le « recul » de l’ARS représente une victoire, faisant suite à la mobilisation qui s’est mise en place depuis le printemps dernier (rassemblements, pétitions, articles de presse, etc.). Sans aucun doute !

    Néanmoins, il me semble indispensable de rester lucide :

    Primo, depuis plus de dix ans, ce n’est pas la première fois que l’ARS revient sur ce qu’elle a dit ; d’une certaine manière, cela constitue même sa spécialité.

    Quels que soient les obstacles rencontrés, en dépit de ses contradictions ou de ses propres revirements, l’agence régionale de Santé Île-de-France, tel le gros matou d’un dessin animé, retombe toujours sur ses pattes pour finalement parvenir à ses fins.

    Qui pourrait honnêtement prétendre que la situation actuelle de la maternité des Lilas représente une avancée par rapport à celle de juin 2011 ?

    Si l’on regarde sur le temps long, ces multiples revirements s’orientent toujours vers le même but : celui d’empêcher la maternité de continuer d’exister selon les principes féministes inscrits dans ses pratiques professionnelles.

    Secundo, on est bien obligé de reconnaître que le nouveau projet de l’ARS se présente ni plus ni moins sous la forme brutale d’une mutilation. On connaissait la vente à la découpe, nous avons ici affaire ni plus ni moins à une forme de « restructuration publique à la découpe ».

    #maternité_des_lilas #accouchement_physiologique #orthogénie #planning_familial #IVG #avortement #féminisme #ARS #Agence_régionale_de_Santé #Politique_de_santé #injonctions_de_l_État #adossement_administratif #déficit_hôpitaux #patrimoine_féministe_professionnel

  • Mise à jour, suite à la réunion du 11/10/2022

    Chronologie de la maternité des Lilas – Sortant du village
    https://sortantduvillage.info/2022/10/07/chronologie-commentee-de-la-maternite-des-lilas

    Septembre 2022 : des rencontres ont lieu au cours desquelles l’ARS précise ses positions auprès des représentants de la maternité et du maire des Lilas.

    Le 11 octobre 2022, lors de la réunion du collectif de soutien, de nouvelles informations, provenant, pour l’essentiel, de ces rencontres avec l’ARS, sont mises à la connaissance du public :

    L’ARS se prononce contre le projet d’intégration à la clinique Vauban du groupe Avec, à Livry-Gargan.
    L’adossement à un établissement public serait désormais privilégié.
    L’ARS admet que le fonctionnement d’un service d’accouchement physiologique, tel qu’il a lieu aux Lilas, est nécessairement déficitaire mais elle estime que le montant du déficit actuel (4,5 M€ annuel) est trop important.
    Selon plusieurs témoignages (le maires des Lilas et des salariées), l’ARS aurait clairement affirmé que le service d’accouchement physiologique ne restera pas aux Lilas. Même l’hypothèse d’un déménagement sur un autre site de la ville serait exclu.
    Le schéma général de l’ARS semble se dessiner ainsi : d’une part, le service d’orthogénie (planning familial et IVG) resterait aux Lilas et, d’autre part, le service d’accouchement serait déplacé sur une autre structure publique, dans une autre ville, à proximité.
    L’orthogénie, qui resterait donc aux Lilas, serait éventuellement complétée par d’autres formes de services, telle qu’une « maison des naissances ».
    Concernant l’accouchement, L’ARS ne se prononce pas clairement pour savoir s’il s’agirait de maintenir une maternité de « niveau 1 », tel qu’à la maternité des Lilas, ou si cela aurait pour conséquence de fusionner vers des maternités de niveaux 2 ou 3. Cette question est centrale depuis 2011, car le fait de revendiquer le maintien du niveau 1 équivaut à garantir le maintien de l’accouchement physiologique, tel qu’il est pratiqué à la maternité des Lilas.
    Deux pistes principales d’adossement semblent être mises sur la table : la clinique des Bluets et, à nouveau, le CHI André Grégoire à Montreuil mais, cette fois-ci, il ne s’agirait plus d’occuper un local désaffecté, comme en 2013. Le maire a également évoqué la possibilité de l’hôpital Robert-Debré mais cette hypothèse a été catégoriquement rejetée par plusieurs professionnel·les.
    La menace qui pesait sur le non-renouvellement du bail semble levée. Par contre, la direction de l’association Naissance, qui pose de sérieux problèmes de confiance et de crédibilité, est dénoncée pour les différentes formes de dérives qui ont émaillé sa gouvernance. L’association Naissance semble être reconnue de façon unanime comme étant une facteur d’aggravation de la crise qui touche la maternité des Lilas alors qu’elle est censée la représenter officiellement.

    #maternité_des_lilas #accouchement_sans_douleur #accouchement_physiologique #psycho_prophylaxie_obstétricale #orthogénie #planning_familial #IVG #avortement #féminisme #ARS #Agence_régionale_de_Santé #Politique_de_santé #T2A

  • Chronologie de la maternité des Lilas – Sortant du village
    https://sortantduvillage.info/2022/10/07/chronologie-commentee-de-la-maternite-des-lilas

    L’histoire récente de la maternité des Lilas a été marquée par un nouveau rebondissement au printemps 2022. L’incroyable succession de péripéties, que cet établissement a rencontré depuis plus de dix ans pour continuer à exercer son activité, semblait d’ailleurs continuer à s’emballer en août dernier.

    Militant de la CGT des agents territoriaux des Lilas, comme beaucoup de personnes, j’ai participé localement aux mobilisations sociales qui se sont déroulées dans la ville pour « soutenir la mater », notamment de 2011 à 2014.

    Précision importante : je considère que je n’étais qu’un militant de base, plutôt en retrait et beaucoup moins impliqué que bien d’autres personnes dans cette lutte (y compris dans mon syndicat, où Jean-Pierre Blouch, était en permanence sur la brèche). Néanmoins je considère, qu’avec les moyens du bord, je me suis réellement investi sur la mater et qu’il s’agit d’une expérience importante.

    Mes motivations militantes dans cette implication étaient et demeurent d’une extrême simplicité : défendre localement, au sein de mon Union locale, les intérêts des salarié·e·s contre leur patron et contre l’État ; se battre contre la délocalisation et la perte d’emplois ; soutenir les conquêtes féministes que sont l’accouchement physiologique, le droits des femmes à disposer de leur corps, le planning familial et l’IVG.

    Je n’ai jamais été regardant sur mon investissement militant quand je suis convaincu qu’il faut défendre une cause. Toutefois, j’ai été saisi d’un malaise en avril dernier, quand j’ai vu que les choses s’emballaient à nouveau. Ce sentiment s’est accentué en août.

    Repartir comme en 40, tel qu’on me l’a gentiment suggéré, me semblait inconcevable. J’avais tout un tas de bonnes raisons pour ne pas m’associer « aux mobilisations sur la défense de la mater » du printemps dernier, mais ce détachement, en définitive, m’a poursuivi et je n’y ai pas retrouvé mon compte, non plus.

    Alors, plutôt que de foncer tête baissée, d’un côté ou de l’autre, il m’a semblé indispensable d’établir une chronologie, pour me remettre en mémoire le mieux possible les enchaînements des faits. Ce n’est qu’au prix de cet effort de reconstitution, parfois, accompagnée d’analyses que nous avions déjà formulées, qu’il me sera possible, de me positionner correctement sur ce qui se passe aujourd’hui autour de la mater.

    Cela commence par tâcher de savoir s’il s’agit encore d’une lutte, au sens, en tout cas, où je l’entends.

    Cette chronologie commentée se définit clairement comme étant partisane, mais je me suis efforcé qu’elle soit construite à partir de faits incontestables et sourcés sur le web.

    Je propose de partager ce travail car il est probable que d’autres personnes doivent éprouver la même nécessité que moi de redéployer les multiples étapes de cette lutte, après l’avoir côtoyée, même de loin. Gageons qu’au-delà de ce type de motivation, on puisse aussi trouver, dans ce document, toute forme possible d’intérêt.

    Les contributions permettant de corriger ou de compléter les informations qui figurent dans cette chronologie, à partir d’éléments factuels et sourcés, seront les bienvenues.

    #maternité_des_lilas #accouchement_sans_douleur #accouchement_physiologique #psycho_prophylaxie_obstétricale #orthogénie #planning_familial #IVG #avortement #féminisme #ARS #Agence_régionale_de_Santé #Politique_de_santé #T2A #tarification_à_l'activité #promesses_non_tenues_François_Hollande

  • L’obiezione è un’incoscienza. Se non vuoi praticare aborti, puoi fare il dermatologo.

    Pochi giorni fa è stata data notizia che a luglio un medico obiettore di Napoli è stato licenziato dalla Asl in cui lavorava dopo che si è rifiutato di prestare cure mediche a una donna alla 18esima settimana di gravidanza. La donna è arrivata al presidio in travaglio, con il feto già privo di battito cardiaco e necessitava di un aborto farmacologico, che il ginecologo non ha voluto praticare appellandosi all’obiezione di coscienza. La paziente è stata salvata da un altro medico, chiamato di urgenza da un’ostetrica. L’Asl di Napoli ha licenziato l’obiettore per omissione di assistenza, e presto il caso passerà alla Procura e all’Ordine dei Medici. In Italia, 7 ginecologi che operano negli ospedali su 10 sono obiettori. La percentuale di obiezione supera l’80% in ben sette regioni, arrivando al 96,9% in Basilicata, senza contare gli anestesisti (48.8%) e il personale non medico (44%). A questo si aggiunge la galassia sommersa di “farmacisti obiettori”. Le virgolette sono obbligatorie, dato che secondo la legge 194/78 (la legge che ha depenalizzato l’aborto in Italia, promulgata nel 1978), “L’obiezione di coscienza esonera il personale sanitario ed esercente le attività ausiliarie dal compimento delle procedure e delle attività specificamente e necessariamente dirette a determinare l’interruzione della gravidanza”. Ma, come specificato dall’OMS, la pillola del giorno dopo e dei cinque giorni dopo – che spesso i farmacisti si rifiutano di vendere adducendo fantasiose giustificazioni su ricette mancanti (che non sono obbligatorie per le maggiorenni) o il grande classico: “Mi spiace ma l’abbiamo finita”, guarda caso quando serve a te – non ha alcun effetto abortivo, pertanto l’obiezione non si può applicare. In Germania gli obiettori sono il 6%, in Francia il 3% mentre in Svezia e in Finlandia non esistono nemmeno.

    Il problema dell’obiezione di coscienza è che rende molto difficile per una donna ottenere l’IVG (interruzione volontaria di gravidanza) entro i tempi previsti dalla legge, cioè entro 90 giorni dal concepimento, conteggiati dal primo giorno dell’ultima mestruazione. Posto che non tutte le donne si accorgono subito di essere incinte e che la legge prevede la cosiddetta “pausa di riflessione” di sette giorni tra il rilascio del certificato medico che autorizza l’IVG e la conferma dell’appuntamento, tre mesi non sono poi così tanti, soprattutto se tutto questo percorso già abbastanza complesso da un punto di vista psicologico e pratico viene ostacolato da medici, infermieri, psicologi, personale sanitario e sistema burocratico. Per non parlare di quelli che si mettono fuori dagli ospedali o dalle università con vangeli, immagini di feti photoshoppati male e crocifissi per terrorizzare le donne che vogliono praticare un aborto. Per quanto la legge 194 tuteli l’obiezione di coscienza, essa sancisce chiaramente che “Gli enti ospedalieri e le case di cura autorizzate sono tenuti in ogni caso ad assicurare l’espletamento delle procedure”. Questo, però, spesso non avviene. L’antropologa Silvia De Zordo ha condotto una ricerca negli ospedali di Roma e Milano per cercare di spiegare le cause della diffusione dell’obiezione di coscienza in Italia. I motivi religiosi, infatti, giustificano solo in parte questo fenomeno. La religione cristiana, ponendo l’accento sulla sacralità della vita sin dal concepimento, equipara l’aborto all’omicidio. Ma in casi come quello di Napoli, l’ostinazione a preservare la vita del feto (per altro già privo di battito cardiaco) ha quasi causato il decesso della madre. La legge 194 protegge l’obiezione di coscienza, ma ancor più la sicurezza delle donne. È stata fatta innanzitutto per contrastare le tecniche di aborto clandestine, a cui le donne ricorrevano per disperazione e che prevedevano pratiche molto pericolose come l’inserimento di ganci nell’utero, l’intossicazione tramite farmaci o erbe velenose, che in molti casi potevano portare a infezioni, perforazioni e quindi a emorragie e non difficilmente alla morte. L’accesso a tecniche mediche sicure per interrompere la gravidanza ha salvato moltissime vite. Ci sono molte altre specializzazioni di medicina altrettanto remunerative che un medico obiettore può intraprendere, se non ha a cuore la vita delle persone che esistono già perché preferisce quelle che devono ancora nascere. Dopotutto, un cristiano ortodosso che considera immorale prelevare organi dai cadaveri non si specializza di certo in trapianti. Storicamente, l’obiezione di coscienza era un atto di coraggio per contrastare un divieto o una legge che si riteneva sbagliata, e le conseguenze potevano essere molto pesanti. Un uomo che rifiutava la leva obbligatoria, ad esempio, veniva punito come un disertore: in tempo di guerra, rischiava la fucilazione. In Italia, l’obiezione di coscienza diventa un diritto dal 1972, anno in cui viene introdotta la legge n. 772. Da questo momento il concetto cambia: il servizio civile (quindi il modo in cui si esercita l’obiezione) è un’alternativa al servizio militare, una scelta. Semplificando, il danno procurato alla collettività per non aver svolto la naja, veniva ripagato con un altro lavoro di utilità sociale. Nel caso dell’aborto, però, non c’è un’alternativa, ma soltanto un enorme squilibrio. Chi fa obiezione per l’aborto non offre un’alternativa all’IVG, ma sottrae a una donna un diritto che per legge le è garantito.

    Non solo: l’obiezione di coscienza del singolo ricade anche sulla gestione del lavoro dell’intero reparto, con conseguenze gravi anche sui non obiettori. L’IVG infatti è una pratica abbastanza semplice e monotona e viene considerata generalmente un lavoro poco gratificante. Questo è dovuto al fatto che i pochi ginecologi non obiettori si ritrovano a praticare da soli tutti gli aborti, che vengono percepiti come un lavoro “accessorio”, nonostante siano la pratica medico-ginecologica più diffusa dopo il parto. I medici intervistati da De Zordo aggiungono anche il fatto che manchi un’adeguata formazione sulle nuove tecniche di aborto, come la D&E (dilatazione ed evacuazione strumentale) che all’estero viene praticata in anestesia totale dopo la diciassettesima settimana, mentre in Italia si preferisce ancora il travaglio indotto, obbligando la donna a un parto che non vuole fare. In generale, secondo De Zordo, il lavoro dei ginecologi che esercitano nell’ambito prenatale enfatizza molto il ruolo del feto e dell’embrione, che diventa quasi l’unico “paziente” a discapito della madre. Per questo motivo, molti medici si avvicinano a posizioni obiettanti. In alcuni ospedali, poi, l’obiezione è una scelta di comodo. Molti medici non obiettori si sentono stigmatizzati o esclusi da parte dei colleghi anti-abortisti. Quando questi ultimi occupano posizioni di prestigio all’interno degli ospedali, la carriera dei non obiettori può arenarsi proprio sulla pratica dell’IVG. Negli ospedali del Nord Italia, ad esempio, gli esponenti cattolici hanno un potere vastissimo: gran parte della sanità lombarda è dominata dal gruppo Comunione e Liberazione, che in alcuni casi, come la discussione sull’adozione della pillola abortiva Ru486, ha interferito con le decisioni del Pirellone, allora guidato da Roberto Formigoni, esponente di CL. All’interno di sei strutture lombarde, inoltre, è presente una sede del Movimento per la vita che sulla porta espone un’immagine di un feto con la scritta: “Mamma, ti voglio bene, non uccidermi”. Molte donne hanno raccontato di essere state indirizzate nei loro uffici dopo aver richiesto un IVG in un ospedale pubblico.

    C’è poi la questione economica. L’IVG si può praticare in ospedali pubblici, gratuitamente, sia in cliniche private. Per la sanità pubblica, l’aborto non può rientrare nelle procedure ospedaliere intra moenia, cioè nelle prestazioni di libera professione erogate nelle strutture ambulatoriali dell’ospedale. Questo legittima molti medici a dichiararsi obiettori per il SSN, ma poi eseguire l’IVG a pagamento nei propri ambulatori. Secondo i medici intervistati da De Zordo ci sarebbe una situazione fuori controllo per quanto riguarda gli “obiettori di comodo” o “falsi obiettori”, e inserire l’aborto tra le pratiche intra moenia potrebbe effettivamente incentivare molti ginecologi obiettori per motivi non religiosi (quindi quelli che rinunciano a praticare IVG per non restare indietro con la carriera) a prestare questo servizio anche nelle strutture pubbliche. A quarant’anni dalla sua approvazione, la legge 194 dovrebbe essere aggiornata. Quel testo fu l’esito di una lunghissima negoziazione con le forze cattoliche, evidente sin dal primo articolo (“Lo Stato garantisce il diritto alla procreazione cosciente e responsabile, riconosce il valore sociale della maternità e tutela la vita umana dal suo inizio”). Le cose nel nostro Paese sono molto cambiate dal 1978: calano i cattolici praticanti, mentre aumentano gli obiettori e, come denuncia LAIGA (Libera Associazione Italiana Ginecologi per l’Applicazione della legge 194/78), l’età media dei non obiettori è alta e non sta avvenendo un ricambio generazionale. Questo perché, evidentemente, l’obiezione non è dettata tanto dalla coscienza, ma da interessi di altro tipo. L’obiezione andrebbe quindi regolamentata in modo chiaro e la specializzazione in ginecologia sconsigliata a chi non vuole praticare aborti: l’Italia ha già ricevuto due sanzioni dall’Unione Europea perché, nonostante la 194 imponga la garanzia del diritto all’IVG anche in presenza di medici obiettori, questo nei fatti non viene garantito. Una soluzione potrebbe essere quella di assicurare il 50% di personale non obiettore in tutte le strutture, oppure quella più drastica, già attuata dall’ospedale San Camillo di Roma, di non assumere medici obiettori. Finché avremo questo governo, pensare di cambiare la legge è un’idea un po’ troppo ottimistica. Visto l’attuale clima reazionario, ultracattolico e nemico dei diritti, è già tanto se riusciremo ancora ad avere diritto all’interruzione di gravidanza.

    https://thevision.com/attualita/aborto-obiettore-di-coscienza

    #IVG #femmes #Italie #statistiques #objection_de_conscience #médecine #chiffres #interruption_volontaire_de_grossesse #santé #accès #accès_aux_soins #gynécologie #pharmaciens #loi #legge_194/78 #avortement #religion #hôpitaux #comunione_e_liberazione #CL #movimento_per_la_vita

  • Appel mobilisation 28 septembre pour le droit à l’IVG

    Le droit à l’avortement doit être reconnu comme droit fondamental partout et tout le temps !

    Aux États-Unis, la Cour Suprême a osé en juin dernier remettre en cause le droit à l’avortement qui dépendra désormais des différents États. À ce jour déjà 18 États interdisent l’avortement ou sont en passe de le faire, quatre réduisent son accès.
    Les femmes venant de l’Ukraine en guerre, réfugiées en Pologne, se voient refuser un droit auquel elles avaient pourtant accès dans leur pays.
    Les femmes d’Amérique latine, de l’Équateur au Pérou en passant par le Salvador et le Brésil, luttent sans relâche pour arracher ce droit, durement réprimé. Les Argentines et les Colombiennes l’ont obtenu de haute lutte.
    Les femmes d’Afrique et du Moyen-Orient, en majorité, vivent dans des pays où l’avortement est totalement interdit ou très restrictif.
    En Europe même, ce droit est encore dénié aux femmes de Pologne, Malte, Andorre, Monaco.
    Il est considérablement entravé en Espagne et en Italie par le nombre important de médecins qui se réfugient derrière leur clause de conscience pour exercer un refus de soin alors que l’avortement est un droit.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/09/18/appel-mobilisation-28-septembre-pour-le-droit-

    #féminisme #avortement

  • #Podcast - #Avortement aux #USA : « On n’a pas encore vu le pire ! » RTS - Laurie Bertram Roberts à Jordan Davis
    https://www.rts.ch/info/monde/13302520-podcast-avortementaux-usa-on-na-pas-encore-vu-le-pire.html

    Aux Etats-Unis, on commence déjà à mesurer les effets néfastes de la fin du droit fédéral à l’avortement, à peine un mois et demi après la révocation de l’arrêt Roe Vs. Wade. Aujourd’hui, dix États, dont celui du Mississippi, le plus pauvre du pays, ont banni l’IVG. Là-bas, ce sont les femmes noires précarisées qui sont en majorité pénalisées. Le combat des militantes et militants pro-avortement pour les soutenir continue mais il est de plus en plus ardu.

    C’est une plongée dans une Amérique dont une partie de ses États a tourné le dos au droit à l’avortement que nous vous proposons dans ce 8e épisode de notre podcast « Democracy ! Démocratie ! ».

    La décision de la Cour suprême de révoquer le droit fédéral à l’avortement a des conséquences sociales et humaines très concrètes pour nombre de femmes qui souhaitent recourir à une IVG.

    Laurie Bertram Roberts, directrice exécutive du Yellowhammer fund, une organisation de justice reproductive qui dessert l’Alabama, le Mississippi et le Deep South, est très inquiète. Elle mesure, au quotidien, combien la vie de ces femmes, déjà compliquée car issues de minorités raciales et avec de très faibles revenus, est devenue un enfer lorsqu’elles cherchent à obtenir un avortement. Mais le pire est à venir, selon elle.

    Ce qui m’inquiète, c’est le spectre de la criminalisation des femmes enceintes. Quand tous ces croisés anti-avortement se rendront compte qu’ils ne pourront pas bloquer la distribution de pilules abortives par la poste, ils vont s’attaquer aux individus. Je pense que cette approche va se retourner contre eux à la fin. Mais je suis certaine que ça sera la prochaine étape. Et on sait que, comme d’habitude, on visera les minorités raciales et les pauvres. Laurie Bertram Roberts

    Au Mississippi, les femmes noires et leurs bébés ont des taux de mortalité plus élevés que pour les femmes blanches. Dans cet État, inégalités socio-économiques et raciales vont de pair. Une personne afro-américaine sur trois vit y en dessous du seuil de la pauvreté contre un sur dix dans la communauté dite blanche.

    A terme la moitié des États aux Etats-Unis pourraient interdire l’IVG. Au Mississippi, des peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison, et ne prévoyant d’exception qu’en cas de danger pour la vie de la mère mais pas de viol ou d’inceste, sont prévues en cas d’infraction à cette nouvelle loi.

    Un épisode épisode écrit par Jordan Davis, réalisé par Mathieu Ballmer et produit par Magali Philip. Voix française de Laurie Bertram Roberts : Julie Kummer.

    #précarité #Femmes #USA #IVG #avortement #minorités A diffuser sur les #Radios_Libres #discriminations-raciales #mortalité #inégalités #racisme

  • Facebook Gave Nebraska Cops A Teen’s DMs So They Could Prosecute Her For Having An Abortion
    https://www.forbes.com/sites/emilybaker-white/2022/08/08/facebook-abortion-teen-dms/?sh=284f4202579c

    Voilà, c’était dans l’air, on en causait... maintenant c’est une réalité : vos traces seront utilisées contre vous.
    La question de l’avortement est redevenue une question centrale pour le droit des femmes à disposer de leur propre corps, et ceci dans le monde entier. Bientôt près de chez vous.

    A Nebraska teenager is facing criminal charges alleging she aborted a fetus in violation of state law, after authorities obtained her Facebook messages using a search warrant. Seventeen-year-old Celeste Burgess, who is being tried as an adult along with her mother Jessica Burgess, is awaiting trial in Madison County District Court on charges that they broke a Nebraska law banning abortions after 20 weeks.

    This marks one of the first instances of a person’s Facebook activity being used to incriminate her in a state where abortion access is restricted — a scenario that has remained largely hypothetical in the weeks following the US Supreme Court’s decision to overturn Roe v. Wade. Nebraska currently outlaws abortions beyond 20 weeks. On Monday, Republican lawmakers in the state failed to secure enough votes to decrease that window to 12 weeks.

    Celeste and her mother were charged in July with allegedly removing, concealing or abandoning a dead human body and concealing the death of another person after the Norfolk Police Department received a tip claiming Celeste had miscarried in April at 23 weeks of pregnancy and secretly buried the fetus with her mother’s help. The case was first reported by the Lincoln Journal Star.

    While Celeste told police that she had suffered a miscarriage, they continued to investigate, serving Facebook with a search warrant to access Celeste and Jessica’s Facebook accounts. They subsequently found messages between the mother and daughter allegedly detailing how Celeste had undergone a self-managed abortion with Jessica’s help. There are four states that ban abortion at 24 weeks, and more than a dozen that broadly ban it at the start of fetal viability.

    After this story’s publication, Meta spokesperson Andy Stone said in a statement on Twitter that "Nothing in the valid warrants we received from local law enforcement in early June, prior to the Supreme Court decision, mentioned abortion. The warrants concerned charges related to a criminal investigation and court documents indicate that police at the time were investigating the case of a stillborn baby who was burned and buried, not a decision to have an abortion."Stone added that Meta was prohibited from sharing information about the search warrant by non-disclosure orders which have since been lifted.

    A month before Celeste was charged, Mark Zuckerberg, CEO of Facebook parent Meta, was asked by employees how the company will protect those seeking abortions. Zuckerberg replied that efforts to expand encryption across the platform will “keep people safe,” CyberScoop reported. In May, Meta’s VP of HR, Janelle Gale, told employees they were not allowed to discuss abortion at work, according to the Verge. The company later announced that it will reimburse employees who find they must travel to a different state to seek an abortion.

    Still, Meta has remained largely silent on how it will moderate abortion content in general. However, users recently noticed that Instagram and Facebook posts about acquiring abortion pills such as mifepristone were being systematically removed. At the same time, Meta continued to earn revenue from anti-abortion advertisements containing dangerous misinformation, Media Matters found. An investigation by the Markup discovered that Facebook was collecting data from users interacting with abortion services websites, and subequently made that information available to anti-abortion groups.

    In response to pressure from employees, Google announced that it would delete location data of users who had used the platform to look up abortion services.

    All of the largest tech giants have been pressed on whether, and to what extent, they may cooperate in investigations that seek to punish women for seeking an abortion. In June, Meta spokesperson Andy Stone told the Washington Post that the company “carefully scrutinize[s] all government requests for user information and often push[es] back, including in court.”

    A District Attorney assigned to the case declined to comment. An attorney for Celeste Burgess did not immediately respond to a request for comment.

    Update: This story has been updated to note that the Facebook messages were obtained via search warrant.
    Emily Baker-White
    Emily Baker-White

    I’m a technology reporter and senior writer at Forbes based in San Francisco. Have a tip? Email me at ebakerwhite@forbes.com or emilybakerwhite@protonmail.com.
    Sarah Emerson
    Sarah Emerson

    #Facebook #Avortement

  • Des lois anti-avortements empêchent de soigner les fausses couches aux États-Unis Violette Cantin - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/736167/des-lois-anti-avortements-empechent-de-soigner-les-fausses-couches

    Les ravages d’un fléau prévisible, mais terrible, commencent à peine à se faire sentir aux États-Unis, alors que des médecins se montrent réticents à soigner adéquatement des femmes qui font une fausse couche, de peur de se faire accuser d’avoir pratiqué un avortement.

    Le New York Times https://www.nytimes.com/2022/07/17/health/abortion-miscarriage-treatment.html rapportait dimanche l’histoire d’une femme s’étant fait refuser des soins d’urgence après une fausse couche au Texas. L’hôpital lui a demandé de revenir uniquement si « elle saignait tellement qu’elle remplirait plus d’une couche en une heure ». Le cas de cette femme est loin d’être isolé, au vu des lois punitives visant les médecins qui pratiquent des avortements.


    Ted Jackson Associated Press Le flou juridique entourant les procédures médicales liées aux fausses couches met des femmes en danger.

    Au Texas, la loi prévoit un « dédommagement » pouvant atteindre jusqu’à 10 000 $ aux personnes entamant une procédure judiciaire contre quelqu’un qui aurait pratiqué un avortement. Au Missouri, quiconque pratique une interruption de grossesse s’expose à de la prison pour une durée qui varie entre 5 et 15 ans. Et en mai dernier, en Louisiane, un comité de la Chambre des représentants a approuvé un projet de loi qui aurait permis de considérer l’avortement comme un homicide et de poursuivre les femmes y ayant recours en conséquence. Le projet de loi a finalement été abandonné après qu’une majorité de la Chambre s’y est opposée.

    Mais si les femmes ne sont pas encore considérées comme des criminelles pour avoir recours à un avortement, les médecins qui les pratiquent le sont dans plusieurs États et craignent la prison. Plusieurs hésitent désormais à fournir des soins médicaux adéquats à des femmes qui font une fausse couche.

    « Il n’y a pas de différence entre les soins médicaux pour une fausse couche et ceux pour un avortement », confirme la Dre Geneviève Bois, qui est professeure adjointe de clinique en médecine à l’Université de Montréal et qui pratique des avortements. « Par exemple, si la grossesse cesse de se développer, mais que la fausse couche n’arrive pas, ça se traite exactement comme un avortement par médicaments, précise-t-elle. Ou alors, on peut y aller par aspiration, comme un avortement médical. »

    Détresse psychologique et mortalité  
    La Dre Monica Saxena, urgentologue qui pratique en Californie, constate de près les effets désastreux des nouvelles restrictions des lois antiavortement. « Même si la grossesse n’est pas viable, certains États avec des lois restrictives concernant l’avortement interdisent une intervention chirurgicale à moins que l’activité cardiaque du foetus soit indétectable », explique-t-elle. Jointe par le Devoir, elle précise que les délais qui découlent de cette interdiction peuvent entraîner « des hémorragies, des infections ou des sepsis qui peuvent causer la mort » de la personne enceinte.

    Bien qu’elle n’ait pas à négocier avec cette ingérence politique dans le domaine médical, la Dre Saxena précise que l’Université de Californie à Los Angeles estime qu’entre 8000 et 16 000 femmes vont se rendre chaque année dans l’État pour obtenir un avortement https://law.ucla.edu/sites/default/files/PDFs/Center_on_Reproductive_Health/California_Abortion_Estimates.pdf . Cela augmentera donc le nombre de patientes à traiter sur son territoire.

    « Les lois antiavortement n’ont pas été créées en utilisant des preuves médicales et elles s’immiscent dans la relation médecin-patient. La conséquence est qu’elles augmentent la morbidité et la mortalité des personnes enceintes », condamne-t-elle.

    La Dre Bois rappelle pour sa part les effets psychologiques que peut avoir l’absence de soins obstétricaux appropriés. « Ça crée beaucoup de détresse psychologique. Les personnes avec un utérus sont placées dans un état de constante incertitude », relève-t-elle.

    L’existence de ce flou juridique aux États-Unis allonge les délais pour des personnes qui pourraient avoir besoin de soins d’urgence tout en créant un climat de suspicion et de retenue parmi les professionnels de la santé.

    « Finalement, être enceinte, c’est 10 à 100 fois plus dangereux que d’obtenir un avortement, rappelle la Dre Bois. En étant enceinte, on est toujours en danger. »

    #Femmes #religion #avortement #ivg #santé #viol #droits_des_femmes #usa #texas #pologne #catholicisme #fausses_couches

  • Activision Blizzard workers walk out, protesting loss of abortion rights - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/video-games/2022/07/21/activision-blizzard-roe-walkout

    Hundreds of Activision Blizzard employees are walking out Thursday in Texas, California, Minnesota and New York to protest the overturn of Roe v. Wade and demand protections. The current count, as of this writing, is 450 employees, in-person and online.

    The demands include a request for all workers to have the right to work remotely, and for workers living in “locations passing discriminatory legislation,” such as antiabortion laws, to be offered relocation assistance to a different state or country. Employees are also demanding the company sign a labor-neutrality agreement to respect the rights of workers to join a union; on Twitter, the workers’ group A Better ABK said the demand was necessitated by union-busting efforts on the part of Activision Blizzard.

    ABetterABK 💙 ABK Workers Alliance sur Twitter :
    https://twitter.com/ABetterABK/status/1544717283087757312

    In light of the recent attacks on the civil liberties of our employees, the employee-led Committee Against Sex and Gender Discrimination has scheduled a walk out action on July 21st, 2022 (1/17)

    Manifestation chez Activision-Blizzard-King pour l’accès à certains droits.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #activision_blizzard #a_better_abk #ressources_humaines #roe_v_wade #syndicalisme #revendication #droit #avortement #manifestation #travail_à_distance #télétravail #lgbt #assurance_santé #fabby_garza #rich_george #égalité_des_sexes #équité_des_sexes #équité #qa #raven_software #assurance_qualité #kate_anderson #alejandra_beatty #verily #alphabet #google

  • Le droit à l’avortement à l’épreuve de l’algorithme - AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/analyse/2022/07/19/le-droit-a-lavortement-a-lepreuve-de-lalgorithme

    Au lendemain de la décision de la Cour suprême, on semble redécouvrir que les promesses des applications de grossesses, et de ce que la journaliste Lucie Ronfaut nomma la « MenstruTech », ne sont que l’incarnation d’un cauchemar dans lequel chaque donnée rattachée au cycle menstruel devient un stigmate faisant du corps de chaque femme une cible. Cible pour les lobbies « pro-vie » ; cible pour les stratégies publicitaires des plus offrants ; cible pour des actions de harcèlement auprès de celles ayant déjà eu recours à l’avortement ou l’envisageant. Et le tout à partir de données, vendues ou achetées auprès de courtiers de données (DataBrokers), alimentant d’une main des régies publicitaires auxquelles ils s’abreuvent de l’autre.

    Chaque fait en lien avec une situation de grossesse choisie ou non, chaque intention, chaque mot-clé déposé sur un moteur de recherche, chaque commentaire ou chaque émoticône lâchée sur un forum ou un réseau social, chaque déplacement vers ou à proximité d’un centre du planning familial, d’un hôpital ou d’une clinique pratiquant des IVG devient une preuve sans justice, une sentence sans jugement, une condamnation sans contradictoire. Une donnée parmi d’autres qui auront beau jeu de venir la corréler pour permettre à ceux qui le souhaitent d’y projeter leurs fausses causalités. Bruno Latour rappelait qu’on serait mieux avisé de parler « d’obtenues » que de « données » tant le mot-valise et l’anglicisme générique de « data » ne sert aujourd’hui qu’à masquer et à travestir les stratégies politiques qui réclament le déploiement de dispositifs toujours plus massifs et indistincts de collecte.

    Le cycle menstruel devient un cycle industriel comme les autres. Rien désormais ne peut échapper à cette dynamique de la trace ; comme le sang des règles que pendant si longtemps l’industrie publicitaire chercha à rendre bleu ou totalement invisible, chaque fait menstruel est aujourd’hui disponible dans un régime paradoxal de visibilité où l’on prend prétexte d’une discrétion et d’une singularité de la collecte pour mieux la mettre à disposition d’acteurs discrétionnaires de sa publicitarisation (principalement les courtiers de données dont nous parlions plus haut). Et l’on parle aujourd’hui de « chalutage » de données. Littéralement une pêche au chalut, c’est à dire sans se préoccuper de la diversité, de la taille ou de l’âge de ce que l’on ramènera mais avec le seul objectif d’en ramener le maximum possible en une seule fois, en un seul passage.

    La première loi bioéthique en France date de 1994. Nous avons eu besoin d’inventer ces lois de bioéthique pour anticiper et contrôler, sur un plan scientifique et philosophique, les évolutions des questions liées au fait de donner la vie et d’être en capacité de manipuler les embryons. Mais en 2022 nous en sommes réduits à constater que la simple détention de données pourtant triviales d’un trajet Uber effectué par une femme en direction d’une clinique pratiquant l’avortement représente, pour elle d’abord et pour la société toute entière ensuite, un danger finalement bien plus grand, bien plus imminent et bien plus incontrôlable par la puissance publique, que la mobilisation de connaissances scientifiques de haut-niveau nécessitant elles-mêmes des équipements et des investissements lourds.

    Nous commençons à peine à réfléchir au coût environnemental du numérique et des données qu’il agrège et collige. Mais la réflexion sur le coût social de ces données est pour tout dire encore indigne d’une société développée. Et s’il existe – heureusement – des travaux universitaires pionniers (on citera par exemple Alain Supiot, Antoinette Rouvroy, Antonio Casilli, Jen Schradie…) ceux-ci ne trouvent presqu’aucun écho dans un champ politique entièrement obstrué par les « recommandations » de cabinets de conseil ou de think-tanks qui sont en effet à l’activité de penser ce que les chars d’assaut sont à l’activité de promenade.

    « Don’t Be Evil ». Telle fut pendant longtemps la devise de l’entreprise Google (aujourd’hui Alphabet) avant d’opter en 2015 pour le plus neutre « Do The Right Thing ». Il n’existe pas d’entreprise du numérique qui ne mette en avant le projet d’une technostructure de la bienveillance ou du « care » : chaque service, chaque application, chaque interface est à chaque fois présentée –dans sa dimension marketing – pour « augmenter » ou « enrichir » notre expérience. De la relation (à soi, aux autres, à ses pairs) dans sa dimension la plus symbolique, à la réservation (d’un train, d’un repas, d’un logement, etc.) dans sa dimension la plus triviale, tout cela contribuerait à notre bien, et parfois même carrément au bien commun. Mais il n’est aucune entreprise du numérique qui ne conçoive ses produits et services autrement que par le déploiement d’une infrastructure de la surveillance. Or une technostructure, fut-elle celle de la bienveillance, reposant sur une infrastructure de la surveillance, ne sera ni de deviendra jamais rien d’autre qu’un projet politique autoritaire créant les conditions du maintien de son emprise totale sur nos vies.

    Presque 50 ans plus tard, la honte, la solitude et l’angoisse des poursuites font leur retour dans au moins 8 États des USA. L’anonymat, lui, est devenu presqu’impossible. Impossible pour les femmes aujourd’hui et … demain pour qui d’autre ? Après l’arrêt Roe v. Wade, le juge Clarence Thomas entend désormais s’attaquer à l’arrêt Lawrence v. Texas, ce qui rendrait de fait l’homosexualité illégale dans un certain nombre d’États (sensiblement les mêmes que ceux qui ont immédiatement suivi l’interdiction de l’avortement).

    D’abord les femmes. Puis les homosexuel.le.s. Il faut imaginer aujourd’hui les nouveaux moyens de traque qui sont à disposition de toutes les folies discriminatoires. Nous vivons dans des démocraties où les droits des femmes, puis des minorités, au prix de luttes incessantes, apparaissaient enfin et au moins en partie garantis et protégés comme jamais ils ne l’avaient été jusqu’ici dans l’histoire des sociétés développées. C’est précisément ce moment que l’histoire choisit pour nous rappeler que ces droits n’ont jamais été aussi fragiles et dépendants de la décision de quelques êtres obsessionnels qui ne calculent le devenir de l’humanité qu’à l’aune de leurs propres névroses. Ce qui est en soi, la meilleure définition possible d’un algorithme.

    Olivier Ertzscheid

    Chercheur en sciences de l’information et de la communication, Maître de conférences à l’université de Nantes (IUT de La Roche-sur-Yon)

    #Olivier_Ertzscheid #Avortement #Surveillance

  • Interdiction de l’avortement : l’antiféminisme nourrit l’opposition à la démocratie

    L’arrêt Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization rendu par la Cour suprême des États-Unis, le 24 juin 2022, donne toute latitude aux États fédérés pour autoriser ou interdire l’avortement. La Cour fait donc le choix délibéré d’affaiblir la démocratie par la suppression d’un droit constitutionnel pour la moitié de la population : celui de disposer de son corps, de mener une vie autonome. Il faut, en outre, être clair : des milliers de femmes mourront à cause de cette décision. Les six juges conservateurs (cinq hommes, une femme) avancent une relecture du 14e amendement en chaussant les lunettes du XIXe siècle, autrement dit une époque où les femmes n’étaient pas des sujets de droit.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/07/15/interdiction-de-lavortement-lantifeminisme-nou

    #feminisme #avortement #usa

  • Pour la défense des droits reproductifs des femmes ukrainiennes en Ukraine, en Pologne, dans toute l’Europe et au-delà : une lutte féministe globale

    Depuis le 24 février, les femmes ukrainiennes sont confrontées à un niveau accru de violence de genre, du fait de l’invasion russe : (1) les troupes russes recourent massivement au viol comme arme de guerre contre les femmes et les enfants. (2) Les violences domestiques à l’encontre des femmes et des enfants se sont nettement amplifiées. (3) Les femmes réfugiées en Ukraine et à l’étranger, à la recherche d’un refuge sûr, font face à un risque amplifié de violence sexistes et sexuelles. Les viols et les grossesses forcées qui en découlent sont la manifestation de ces formes de violences sexistes et sexuelles.

    Bien que l’avortement soit légalement autorisé en Ukraine jusqu’à 12 semaines, l’accès à la santé, notamment aux services de santé reproductive, est restreint du fait de la guerre. Le problème est particulièrement grave dans les territoires occupés, du fait du déplacement des personnels de santé, de l’absence de médicaments, des attaques ciblées contre les structures de soins, etc. L’accès à un système de santé reproductive sûr, incluant planning familial, contraception, avortement et soins aux nouveaux nés, maternité est fortement compromis.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/07/11/pour-la-defense-des-droits-reproductifs-des-fe

    #féminisme #avortement #ukraine #pologne #international

  • « L’accès à l’IVG a pour effet l’augmentation du niveau d’éducation des femmes et de leur participation au marché du travail »

    l’économiste Cecilia Garcia-Peñalosa dénonce, au-delà des enjeux moraux, les conséquences sociétales et économiques majeures découlant de l’annulation, par la Cour suprême, de l’arrêt Roe vs Wade qui légalisait l’avortement aux Etats-Unis.

    [...]

    Selon une étude de 1999 (Levine, Staiger, Kane, et Zimmerman), la légalisation de l’IVG dans certains Etats, au cours des années 1970, aurait ainsi réduit le taux de fécondité de 4 % à 11 % selon les Etats, particulièrement chez les femmes de couleur et les adolescentes.
    Lire aussi : Droit à l’avortement : quelles conséquences peut avoir l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade aux Etats-Unis ?

    Outre d’importantes conséquences sur la mortalité liée à la grossesse chez les femmes noires, qui a chuté d’au moins 30 % une fois l’avortement légalisé, l’impact sur les femmes a été énorme : augmentation de leur niveau d’éducation, de leur participation au marché du travail, du prestige des postes qu’elles occupent, et de leurs revenus salariaux. Ces effets ne sont pas limités aux Etats-Unis : en Norvège, où l’accès à l’avortement a été généralisé en 1975, mais existant déjà à Oslo depuis 1969, une comparaison similaire a montré que l’accès à l’IVG est lié à de plus longues études et à une meilleure performance dans le marché du travail.

    Impact sur les enfants

    En outre, ces études montrent aussi que l’accès à l’avortement a un impact non seulement sur les femmes, mais aussi sur leurs enfants, probablement à cause du manque d’opportunités professionnelles pour la mère, et du fait qu’il s’agit d’enfants non désirés. Ainsi, la légalisation de l’IVG a permis de réduire le nombre de cas d’enfants négligés, qui subissent des abus, et qui vivent sous le seuil de pauvreté, et a contribué à l’amélioration de leur niveau d’études et de leur taux d’emploi.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/07/04/l-acces-a-l-ivg-a-pour-effet-l-augmentation-du-niveau-d-education-des-femmes

    https://justpaste.it/8rm18

    #avortement #femmes #backlash

  • Le combat sans fin du droit à l’avortement (et autres textes)

    Aurélie Leroy : Le combat sans fin du droit à l’avortement
    Denis Sieffert : Droit à l’avortement, cause universelle
    Jules Falquet : Productrices d’enfants de tous les pays, qui nous contrôle ?
    Ben Burgis et Lillian Cicerchia : États-Unis : mieux voter ne ramènera pas le droit à l’avortement
    Victoria, Celles qui Osent : Dystopie

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/07/04/le-combat-sans-fin-du-droit-a-lavortement-et-a

    #feminisme #avortement #usa

  • Donc depuis quelques jours il est interdit d’avorter dans certains états des US. Un aspect auquel je n’avais pas pensé, c’est à quel point la #surveillance pouvait aller loin pour détecter une #grossesse, un #avortement ou un déplacement dans un autre état pour avorter, dans le but d’arrêter/condamner la personne.

    Les applications de gestion des #règles peuvent transmettre les informations sur injonctions (ou même j’imagine que ça fait partie de leur modèle économique de les vendre à n’importe qui). Historique de recherche sur internet. Tracking des déplacements via le téléphone pour les voyages inter-états pour avorter. Paiements par carte bancaire pour le contenu ou la localisation. Données biométriques des applications ou relevées dans les aéroports. Un tweet (qui n’était pas vrai) parlait de chiens renifleurs de grossesse (ça ne m’étonnerait même plus). Je me rappelle que les supermarchés peuvent déduire une grossesse ou une naissance par ce qu’on achète. Il suffit d’imaginer le pouvoir combiné des données privées, de la force publique, des IA, et la facilité de déduire une grossesse pour voir ce qui se prépare.

    Sur les forums on conseille déjà des « burner-phones », j’imagine aussi l’utilisation de #VPN ... J’espère qu’il y aura bientôt des ressources claires sur comment se protéger à ce niveau là.

  • The Janes, un nouveau documentaire sur l’avortement aux États-Unis
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1894511/documentaire-avortement-etats-unis-reactions-realisatrices

    Les réalisatrices de ce documentaire sont découragées et pessimistes face à l’avenir du droit des femmes.

    Sorti sur HBO et Crave, au Canada, le 8 juin dernier, The Janes relate l’histoire d’un réseau clandestin qui permettait aux femmes de se faire avorter dans les années 1960 à Chicago. Réalisé par Tia Lessin et Emma Pildes, ce documentaire décrit la réalité de l’avortement aux États-Unis avant l’arrêt Roe c. Wade en 1973.

    C’est ce même arrêt que la Cour suprême a invalidé vendredi dernier laissant de nombreuses personnalités artistiques américaines inquiètes pour l’avenir du droit à l’avortement dans leur pays.


    Quelques femmes du réseau clandestin d’avortement parmi les sept arrêtées par la police de Chicago en 1972. Photo : HBO

    L’histoire d’un réseau clandestin
    The Janes est l’histoire des femmes composant ce réseau clandestin d’avortement qui utilisaient des noms de code et des couvertures pour se protéger. Elles se faisaient ainsi appeler “Jane” et se cachaient dans des refuges.

    Sept de ces femmes ont été arrêtées au printemps 1972, quand la police a fait une descente dans un appartement du sud de Chicago.
    https://www.youtube.com/watch?v=pRbquE2BAkQ

    Des coréalisatrices découragées
    “Je suis vidée, a déclaré Tia Lessin à Deadline ¨. Cela fait plusieurs mois que nous tirons la sonnette d’alarme. Et même si la fuite de la nouvelle nous a donné un aperçu des choses à venir, je pense que le fait de vivre ce moment maintenant est déchirant.”

    L’autre coréalisatrice de The Janes , Emma Pildes, n’en revient pas que la Cour suprême ait enterré Roe c. Wade. Ce jugement va forcer les femmes vivant dans certains États à se faire de nouveau avorter dans la clandestinité, “avec tout ce que l’on sait sur les conséquences de la criminalisation de l’avortement. Tout va se reproduire. Des femmes vont mourir, être blessées, humiliées et agressées sexuellement.”

    Plusieurs autres films traitant de la question de l’avortement ont été tournés aux États-Unis ces dernières années, dont Roe v. Wade : La véritable histoire de l’avortement (Reversing Roe) _ . On peut voir ce documentaire, réalisé par Annie Sundberg et Ricki Stern en 2018, sur Netflix.

    Certaines femmes plus touchées
    Les réalisatrices de ces deux documentaires pensent que les femmes pauvres et de couleur feront davantage les frais de la décision de la Cour suprême.

    Annie Sundberg explique que son film montre bien que les femmes qui avaient de l’argent pouvaient se payer un avortement. “Même si ce n’était pas toujours sécuritaire.”

    Tia Lessin ajoute que les femmes qui habitent loin des villes et loin des frontières avec les États permettant l’avortement n’y auront pas accès. “Ces femmes ne peuvent pas se permettre de s’absenter de leur travail, de faire garder leurs enfants pour quitter leur domicile un jour ou deux.”

    Tia Lessin s’inquiète des lois interdisant l’avortement dans certains États, lois qui sont encore plus sévères qu’avant 1973. “Ces lois sont beaucoup plus punitives que tout ce qui existait à l’époque des "Janes". Dans certains États, il n’y a aucune exception pour les victimes de viol ou d’inceste. On incite les gens à espionner leur voisinage, les membres de leur famille et à les dénoncer”, soutient-elle.

    Les cinéastes sont également préoccupées par les prochaines décisions que la Cour suprême pourrait rendre, notamment en ce qui concerne les droits des membres de la communauté LGBTQ+ et l’accès aux moyens de contraception.

    “Ce n’est que la pointe de l’iceberg, soutient Emma Pildes. C’est une guerre contre les femmes. C’est dangereux et ça commence vraiment à ressembler à de la tyrannie et à la chute d’une démocratie.”

     #avortement #femmes #ivg #sexisme #contraception #santé #viol #droits_des_femmes #pologne #usa #catholicisme #international #religion #documentaire

  • L’univers sexiste, homophobe et autoritaire de Stanislas, le « meilleur » lycée de France | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280622/l-univers-sexiste-homophobe-et-autoritaire-de-stanislas-le-meilleur-lycee-

    De nombreux témoignages et des documents obtenus par Mediapart montrent ce qui est proposé par ce prestigieux établissement catholique. Une quinzaine d’anciens élèves racontent les « humiliations » et les « souffrances » vécues.

    https://justpaste.it/85wqg
    #enseignement_catholique #sexisme #homophobie #la_manif_pour_tous

  • L’arrêt Roe v Wade a été annulé. Voici ce que cela veut dire (et autres textes)

    Jia Tolentino : Nous ne retournons pas à l’époque d’avant le jugement Roe v. Wade de la Cour suprême des États-Unis. Nous allons dans un endroit encore pire
    Moira Donegan : L’arrêt Roe v Wade a été annulé. Voici ce que cela veut dire.
    « La situation aux États-Unis est explosive ». Entretien fleuve avec Nancy Fraser
    Rebecca Amsellem et Megan Clement : Nous sommes trop nombreuses pour perdre.
    Union syndicale Solidaires : Avortement : Solidarité avec les femmes des Etats-Unis et d’ailleurs

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/06/25/larret-roe-v-wade-a-ete-annule-voici-ce-que-ce

    #féminisme #avortement usa