• Face au manque de neige, les habitants font revivre les stations délaissées

    Alors que la neige manque et que les stations de ski ne sont plus rentables, des habitants du massif de la Chartreuse tentent de faire revivre, sous forme associative, celles de leur village.

    « C’est une saison noire… ou plutôt une saison verte ! » La situation n’est pas réjouissante, mais Pascual Lacroix garde son sens de l’humour. En pleines vacances de février, l’herbe est détrempée sur les pentes de la station de ski de Saint-Hilaire-du-Touvet, dans le massif de la Chartreuse (Isère), parsemée ça et là de petits monticules de neige. Les flocons tant espérés ne sont jamais vraiment tombés, et les températures, bien trop douces, ont vite entamé les quelques centimètres de poudreuse.

    Pourtant, tout était prêt. Depuis des mois, Pascual Lacroix et les autres bénévoles de l’association Ag’Hil, Agir pour la station de Saint-Hil’, ne comptaient pas leurs heures, en dehors de leurs horaires de travail pour certains, les soirs, les week-ends, pour tout installer : dameuses remises d’aplomb, téléskis en place, abords des pistes débroussaillés, planning des postes programmé. L’association s’est constituée au printemps 2023, bien déterminée à rouvrir la station de ski pour la saison 2023-2024.

    Fin 2021, la station de ski (11 pistes et 5 téléskis) était mise à l’arrêt après de gros éboulements ayant détruit en grande partie le funiculaire de Saint-Hilaire-du-Touvet. Première infrastructure touristique de la commune du Plateau-des-Petites-Roches, le funiculaire permettait de financer le fonctionnement de la station de ski, « structurellement déficitaire », explique la maire de la commune, Dominique Clouzeau, les deux infrastructures étant sous régie municipale. « Après les éboulements, on a dû se résoudre à licencier les trois salariés de la régie, et à tout mettre en pause. »

    « Il fallait être un peu fous »

    Quand la question de rouvrir ou non la station de ski s’est posée, avec un funiculaire toujours à l’arrêt, le constat de la commune fut sans appel : impossible de mobiliser les 150 000 euros que coûterait l’ouverture de la station sur la saison hivernale, alors que l’enneigement est de plus en plus incertain. Une habitante du village, Perrine Broust, a malgré tout écrit une lettre ouverte à la municipalité, qui a réuni « 200 signatures en vingt-quatre heures », se souvient la quarantenaire.

    Petit à petit, l’idée d’une structure associative pour reprendre la gestion des remontées mécaniques, « utopique au début », fait son chemin. Même si les défis, notamment administratifs et financiers, sont énormes : « Il fallait être un peu fous pour faire ça », rient Perrine et Pascual. « Mais nous, on a skié ici, on a appris à nos enfants à skier ici. La station, c’est un lieu de convivialité essentiel, on ne voulait pas perdre ça. »

    En quelques mois, l’association en devenir a réuni plus de 200 adhérents, habitants de Chartreuse et d’ailleurs. Chacun a apporté ses compétences, son savoir-faire ou tout simplement son énergie : l’ancien garagiste du village s’est porté volontaire pour réparer la dameuse, les anciens salariés de la station sont venus donner des conseils, de nombreux bénévoles se sont formés aux remontées mécaniques. « Cela a rassuré le SRMTG [le Service technique des remontées mécaniques et des transports guidés, qui donne les autorisations d’exploiter le matériel] et les assurances de voir que l’on avait tout ce qu’il fallait pour que tout fonctionne bien », souligne Pascual.
    Un modèle associatif qui essaime

    Face à un enneigement toujours plus aléatoire — la plupart des stations de ski sont situées à un peu plus de 1 000 mètres, et la plus haute à 1 300 mètres d’altitude — et des équations financières impossibles à tenir pour les communes lorsque les gestionnaires privés ont déserté, le modèle associatif s’impose progressivement dans le massif de la Chartreuse. La flexibilité financière et organisationnelle que permet le modèle associatif a déjà séduit la moitié des huit stations de Chartreuse. « On ne s’appelle pas Ag’hil pour rien », souligne Perrine, malicieuse. « Si demain il neige, on envoie un mail aux bénévoles et on est prêt à ouvrir ! »

    La station voisine du Planolet, située à 1 100 mètres d’altitude au cœur du massif, a pu ouvrir quelques jours début janvier. Là aussi, Nouvelles traces en Chartreuse, la toute nouvelle association qui s’occupe depuis cette année des remontées mécaniques, a fédéré habitants et sympathisants de la station, après une saison 2022-2023 gérée de manière spontanée par un collectif d’habitants. Loueur à la retraite, restaurateur de la station, ancien pisteur… « Toutes des personnes qui ont envie de sauver la station », résume Yann Daniel, directeur de l’école de ski de Saint-Pierre-de-Chartreuse et membre de l’association.

    Tout au nord du massif de la Chartreuse, l’association Les skieurs du Granier, qui regroupe 115 bénévoles, gère depuis 2019 le domaine de ski du même nom, après avoir bénéficié d’une délégation de service public de la Communauté de communes Cœur de Chartreuse. « La station n’était pas viable économiquement, c’est pour ça qu’on a créé une association », raconte Violaine Rey, bénévole depuis les débuts. « On s’est aussi rendu compte que c’était un argument auprès des gens qui viennent dans la station, ils apprécient la convivialité qui découle du modèle associatif : tout le monde se connnait et la station est à taille humaine. »
    Penser « l’après-ski »

    Cette année, l’enneigement catastrophique contrarie quelque peu ces élans tout neufs. « C’est la première année “blanche” depuis qu’on a repris la station avec l’association », se désole Violaine Rey. « On savait que ça n’allait pas durer cinquante ans, mais ça fait bizarre de voir que ça y est, c’est sûrement la fin d’une ère », regrette la jeune femme qui a appris à skier dans la station et y a même été saisonnière. La suite ? « Elle est assez floue, on réfléchira à tête froide », concède Violaine Rey. « Il y aura évidemment des questions à se poser à l’issue de cette non-saison. »

    « C’est un peu la gueule de bois », reconnaissent de leur côté Perrine et Pascual. « On a tellement travaillé, tellement de choses ont été mises en place… On retente l’aventure l’année prochaine ! » Au-delà du ski, les bénévoles sont lucides : comme beaucoup de stations de ski de moyenne montagne, il faudra penser « l’après-ski »... et diversifier le modèle économique. « On réfléchit aux “quatre saisons”, avec la randonnée, les raquettes, le VTT », abonde la maire du #Plateau-des-Petites-Roches Dominique Clouzeau, pour qui l’horizon est clair : « On ne veut pas devenir un village-dortoir. »

    https://reporterre.net/Face-au-manque-de-neige-les-habitants-font-revivre-les-stations-delaisse

    #Saint-Hilaire-du-Touvet #neige #Chartreuse #ski #enneigement #stations_de_ski #montagne #association #Ag’Hil #Planolet #remontées_mécaniques #Les_skieurs_du_Granier #bénévolat #convivialité #moyenne_montagne

  • [La Voix de la Rue] Rayon de soleil de janvier
    https://www.radiopanik.org/emissions/la-voix-de-la-rue/rayon-de-soleil-de-janvier

    Pour cette émission de rentrée 2024, on est en petit comité avec la fidèle Sabine et du monde à distance ! On vous emmène avec nous dans des reportages au Hub Humanitaire du canal avec Sabine, à l’atelier vélo de Pro Vélo avec Johanne, Samira et Sandra. On vous téléporte en (faux) direct à l’atelier créatif d’Helena, et on accueille en studio Serena et Muriel pour parler de l’accès à la culture pour les plus précaires. Parce que oui madame ! avec Sabine on a eu deux special guests en studio. On vous berce les oreilles avec de chouettes musiques aussi, dont une des premières écoutes de Morticia, le dernier single de notre ancienne collègue Louise Barreau Encore un détail qui n’en est pas un, on ne le dira jamais assez, si vous avez du temps à offrir pour du #bénévolat, contactez DoucheFLUX (doucheflux.be (...)

    #bruxelles #précarité #radio_participative #douche_flux #sans_abris #sans_chez_soi #sanschezsoirisme #accès_à_la_culture #bruxelles,précarité,radio_participative,bénévolat,douche_flux,sans_abris,sans_chez_soi,sanschezsoirisme,accès_à_la_culture
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/la-voix-de-la-rue/rayon-de-soleil-de-janvier_17169__1.mp3

  • Puy du fou : les médias d’extrême droite en croisade contre « Complément d’enquête » – Libération
    https://www.liberation.fr/economie/medias/puy-du-fou-les-medias-dextreme-droite-en-croisade-contre-complement-denqu
    https://www.liberation.fr/resizer/uH4mfgIiT3kTCMXGwk26WD0G9GA=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2203x1819:2213x1829)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/V5E4EV4IW5AVRNXKIRFOVILIEM.jpg

    e dernier numéro de l’émission d’investigation de France 2, qui se penchait sur les secrets du parc à thème, a provoqué dans les jours qui ont suivi une levée de boucliers des médias Bolloré dans le sillage d’une plainte de Philippe de Villiers.
    par Adrien Franque
    publié le 11 septembre 2023 à 19h02

    Oyez, oyez ! Il faut sauver le joyau de la couronne réactionnaire. Ces derniers jours, toute l’extrême droite médiatique s’est unie dans un valeureux combat, une héroïque campagne de défense du Puy du fou, objet d’un récent numéro de Complément d’enquête concocté par ces vils journalistes gauchistes de France 2.

    CNews, Europe 1, le JDD, mais aussi le Figaro ou la revue Front populaire de Michel Onfray… tous les mousquetaires du conservatisme, qui mènent la bataille culturelle réactionnaire sur les plateaux télé depuis une bonne décennie, sont venus au secours du parc à thème vendéen et de son fondateur Philippe de Villiers.

    Un véritable contre-feu, qui rappelle les campagnes de riposte au printemps contre les ministres Rima Abdul Malak et Pap Ndiaye, après qu’ils ont critiqué les chaînes de télé de Vincent Bolloré, CNews et C8. Parmi les points soulevés par le Complément d’enquête diffusé jeudi et contestés par ses opposants : un recours au bénévolat jugé abusif avec des soupçons de travail dissimulé, l’expansion du parc dévorant les terres agricoles alentour, ou le combat culturel contre-révolutionnaire qui anime le

    #bénévolat #parc_touristique

    • Un sacré #bad_buzz pour #Vincent_Bolloré :

      En attendant, dans les couloirs de France Télévisions, certains tentaient de relativiser l’affaire et se félicitaient de cette publicité intensive du groupe Bolloré pour ce numéro de Complément d’enquête qui, depuis vendredi, bat des records d’audience en replay.

      https://www.telerama.fr/television/apres-son-sujet-sur-le-puy-du-fou-complement-d-enquete-pris-pour-cible-par-

      J’ai vu l’émission qui restera un classique de « journalisme d’investigation » sauce France TV dans le sens où l’on soulève beaucoup de questions sur la probité sur ce genre d’entreprise mais aussi où l’on reste dans l’attitude de mettre seulement les protagonistes face à leurs contradictions sans évoquer le caractère délictueux de leurs activités (falsification de faits historiques, accaparement des terres agricoles, travail dissimulé, etc), lesquels délits auraient dû faire l’objet d’une action en justice.
      Et puis, je me demande si c’était une bonne idée d’inviter Geoffroy Lejeune (V.A. puis le JDD) pour faire des commentaires à charge.

  • The messy, secretive reality behind OpenAI’s bid to save the world
    https://www.technologyreview.com/2020/02/17/844721/ai-openai-moonshot-elon-musk-sam-altman-greg-brockman-messy-secret

    17.2.2020 by Karen Hao -Every year, OpenAI’s employees vote on when they believe artificial general intelligence, or AGI, will finally arrive. It’s mostly seen as a fun way to bond, and their estimates differ widely. But in a field that still debates whether human-like autonomous systems are even possible, half the lab bets it is likely to happen within 15 years.

    In the four short years of its existence, OpenAI has become one of the leading AI research labs in the world. It has made a name for itself producing consistently headline-grabbing research, alongside other AI heavyweights like Alphabet’s DeepMind. It is also a darling in Silicon Valley, counting Elon Musk and legendary investor Sam Altman among its founders.

    Above all, it is lionized for its mission. Its goal is to be the first to create AGI—a machine with the learning and reasoning powers of a human mind. The purpose is not world domination; rather, the lab wants to ensure that the technology is developed safely and its benefits distributed evenly to the world.

    The implication is that AGI could easily run amok if the technology’s development is left to follow the path of least resistance. Narrow intelligence, the kind of clumsy AI that surrounds us today, has already served as an example. We now know that algorithms are biased and fragile; they can perpetrate great abuse and great deception; and the expense of developing and running them tends to concentrate their power in the hands of a few. By extrapolation, AGI could be catastrophic without the careful guidance of a benevolent shepherd.

    OpenAI wants to be that shepherd, and it has carefully crafted its image to fit the bill. In a field dominated by wealthy corporations, it was founded as a nonprofit. Its first announcement said that this distinction would allow it to “build value for everyone rather than shareholders.” Its charter—a document so sacred that employees’ pay is tied to how well they adhere to it—further declares that OpenAI’s “primary fiduciary duty is to humanity.” Attaining AGI safely is so important, it continues, that if another organization were close to getting there first, OpenAI would stop competing with it and collaborate instead. This alluring narrative plays well with investors and the media, and in July Microsoft injected the lab with a fresh $1 billion.
    Photograph of OpenAI branded sign in their office space
    OpenAI’s logo hanging in its office.

    Christie Hemm Klok

    But three days at OpenAI’s office—and nearly three dozen interviews with past and current employees, collaborators, friends, and other experts in the field—suggest a different picture. There is a misalignment between what the company publicly espouses and how it operates behind closed doors. Over time, it has allowed a fierce competitiveness and mounting pressure for ever more funding to erode its founding ideals of transparency, openness, and collaboration. Many who work or worked for the company insisted on anonymity because they were not authorized to speak or feared retaliation. Their accounts suggest that OpenAI, for all its noble aspirations, is obsessed with maintaining secrecy, protecting its image, and retaining the loyalty of its employees.

    Since its earliest conception, AI as a field has strived to understand human-like intelligence and then re-create it. In 1950, Alan Turing, the renowned English mathematician and computer scientist, began a paper with the now-famous provocation “Can machines think?” Six years later, captivated by the nagging idea, a group of scientists gathered at Dartmouth College to formalize the discipline.

    “It is one of the most fundamental questions of all intellectual history, right?” says Oren Etzioni, the CEO of the Allen Institute for Artificial Intelligence (AI2), a Seattle-based nonprofit AI research lab. “It’s like, do we understand the origin of the universe? Do we understand matter?”

    The trouble is, AGI has always remained vague. No one can really describe what it might look like or the minimum of what it should do. It’s not obvious, for instance, that there is only one kind of general intelligence; human intelligence could just be a subset. There are also differing opinions about what purpose AGI could serve. In the more romanticized view, a machine intelligence unhindered by the need for sleep or the inefficiency of human communication could help solve complex challenges like climate change, poverty, and hunger.

    But the resounding consensus within the field is that such advanced capabilities would take decades, even centuries—if indeed it’s possible to develop them at all. Many also fear that pursuing this goal overzealously could backfire. In the 1970s and again in the late ’80s and early ’90s, the field overpromised and underdelivered. Overnight, funding dried up, leaving deep scars in an entire generation of researchers. “The field felt like a backwater,” says Peter Eckersley, until recently director of research at the industry group Partnership on AI, of which OpenAI is a member.
    Photograph of infinite jest conference room
    A conference room on the first floor named Infinite Jest.

    Christie Hemm Klok

    Against this backdrop, OpenAI entered the world with a splash on December 11, 2015. It wasn’t the first to openly declare it was pursuing AGI; DeepMind had done so five years earlier and had been acquired by Google in 2014. But OpenAI seemed different. For one thing, the sticker price was shocking: the venture would start with $1 billion from private investors, including Musk, Altman, and PayPal cofounder Peter Thiel.

    The star-studded investor list stirred up a media frenzy, as did the impressive list of initial employees: Greg Brockman, who had run technology for the payments company Stripe, would be chief technology officer; Ilya Sutskever, who had studied under AI pioneer Geoffrey Hinton, would be research director; and seven researchers, freshly graduated from top universities or plucked from other companies, would compose the core technical team. (Last February, Musk announced that he was parting ways with the company over disagreements about its direction. A month later, Altman stepped down as president of startup accelerator Y Combinator to become OpenAI’s CEO.)

    But more than anything, OpenAI’s nonprofit status made a statement. “It’ll be important to have a leading research institution which can prioritize a good outcome for all over its own self-interest,” the announcement said. “Researchers will be strongly encouraged to publish their work, whether as papers, blog posts, or code, and our patents (if any) will be shared with the world.” Though it never made the criticism explicit, the implication was clear: other labs, like DeepMind, could not serve humanity because they were constrained by commercial interests. While they were closed, OpenAI would be open.

    In a research landscape that had become increasingly privatized and focused on short-term financial gains, OpenAI was offering a new way to fund progress on the biggest problems. “It was a beacon of hope,” says Chip Huyen, a machine learning expert who has closely followed the lab’s journey.

    At the intersection of 18th and Folsom Streets in San Francisco, OpenAI’s office looks like a mysterious warehouse. The historic building has drab gray paneling and tinted windows, with most of the shades pulled down. The letters “PIONEER BUILDING”—the remnants of its bygone owner, the Pioneer Truck Factory—wrap around the corner in faded red paint.

    Inside, the space is light and airy. The first floor has a few common spaces and two conference rooms. One, a healthy size for larger meetings, is called A Space Odyssey; the other, more of a glorified phone booth, is called Infinite Jest. This is the space I’m restricted to during my visit. I’m forbidden to visit the second and third floors, which house everyone’s desks, several robots, and pretty much everything interesting. When it’s time for their interviews, people come down to me. An employee trains a watchful eye on me in between meetings.
    Pioneer building
    The Pioneer Building.

    wikimedia commons / tfinc

    On the beautiful blue-sky day that I arrive to meet Brockman, he looks nervous and guarded. “We’ve never given someone so much access before,” he says with a tentative smile. He wears casual clothes and, like many at OpenAI, sports a shapeless haircut that seems to reflect an efficient, no-frills mentality.

    Brockman, 31, grew up on a hobby farm in North Dakota and had what he describes as a “focused, quiet childhood.” He milked cows, gathered eggs, and fell in love with math while studying on his own. In 2008, he entered Harvard intending to double-major in math and computer science, but he quickly grew restless to enter the real world. He dropped out a year later, entered MIT instead, and then dropped out again within a matter of months. The second time, his decision was final. Once he moved to San Francisco, he never looked back.

    Brockman takes me to lunch to remove me from the office during an all-company meeting. In the café across the street, he speaks about OpenAI with intensity, sincerity, and wonder, often drawing parallels between its mission and landmark achievements of science history. It’s easy to appreciate his charisma as a leader. Recounting memorable passages from the books he’s read, he zeroes in on the Valley’s favorite narrative, America’s race to the moon. (“One story I really love is the story of the janitor,” he says, referencing a famous yet probably apocryphal tale. “Kennedy goes up to him and asks him, ‘What are you doing?’ and he says, ‘Oh, I’m helping put a man on the moon!’”) There’s also the transcontinental railroad (“It was actually the last megaproject done entirely by hand … a project of immense scale that was totally risky”) and Thomas Edison’s incandescent lightbulb (“A committee of distinguished experts said ‘It’s never gonna work,’ and one year later he shipped”).
    Photograph of founder
    Greg Brockman, co-founder and CTO.

    Christie Hemm Klok

    Brockman is aware of the gamble OpenAI has taken on—and aware that it evokes cynicism and scrutiny. But with each reference, his message is clear: People can be skeptical all they want. It’s the price of daring greatly.

    Those who joined OpenAI in the early days remember the energy, excitement, and sense of purpose. The team was small—formed through a tight web of connections—and management stayed loose and informal. Everyone believed in a flat structure where ideas and debate would be welcome from anyone.

    Musk played no small part in building a collective mythology. “The way he presented it to me was ‘Look, I get it. AGI might be far away, but what if it’s not?’” recalls Pieter Abbeel, a professor at UC Berkeley who worked there, along with several of his students, in the first two years. “‘What if it’s even just a 1% or 0.1% chance that it’s happening in the next five to 10 years? Shouldn’t we think about it very carefully?’ That resonated with me,” he says.

    But the informality also led to some vagueness of direction. In May 2016, Altman and Brockman received a visit from Dario Amodei, then a Google researcher, who told them no one understood what they were doing. In an account published in the New Yorker, it wasn’t clear the team itself knew either. “Our goal right now … is to do the best thing there is to do,” Brockman said. “It’s a little vague.”

    Nonetheless, Amodei joined the team a few months later. His sister, Daniela Amodei, had previously worked with Brockman, and he already knew many of OpenAI’s members. After two years, at Brockman’s request, Daniela joined too. “Imagine—we started with nothing,” Brockman says. “We just had this ideal that we wanted AGI to go well.”

    Throughout our lunch, Brockman recites the charter like scripture, an explanation for every aspect of the company’s existence.

    By March of 2017, 15 months in, the leadership realized it was time for more focus. So Brockman and a few other core members began drafting an internal document to lay out a path to AGI. But the process quickly revealed a fatal flaw. As the team studied trends within the field, they realized staying a nonprofit was financially untenable. The computational resources that others in the field were using to achieve breakthrough results were doubling every 3.4 months. It became clear that “in order to stay relevant,” Brockman says, they would need enough capital to match or exceed this exponential ramp-up. That required a new organizational model that could rapidly amass money—while somehow also staying true to the mission.

    Unbeknownst to the public—and most employees—it was with this in mind that OpenAI released its charter in April of 2018. The document re-articulated the lab’s core values but subtly shifted the language to reflect the new reality. Alongside its commitment to “avoid enabling uses of AI or AGI that harm humanity or unduly concentrate power,” it also stressed the need for resources. “We anticipate needing to marshal substantial resources to fulfill our mission,” it said, “but will always diligently act to minimize conflicts of interest among our employees and stakeholders that could compromise broad benefit.”

    “We spent a long time internally iterating with employees to get the whole company bought into a set of principles,” Brockman says. “Things that had to stay invariant even if we changed our structure.”
    Group photo of the team
    From left to right: Daniela Amodei, Jack Clark, Dario Amodei, Jeff Wu (technical staff member), Greg Brockman, Alec Radford (technical language team lead), Christine Payne (technical staff member), Ilya Sutskever, and Chris Berner (head of infrastructure).

    Christie Hemm Klok

    That structure change happened in March 2019. OpenAI shed its purely nonprofit status by setting up a “capped profit” arm—a for-profit with a 100-fold limit on investors’ returns, albeit overseen by a board that’s part of a nonprofit entity. Shortly after, it announced Microsoft’s billion-dollar investment (though it didn’t reveal that this was split between cash and credits to Azure, Microsoft’s cloud computing platform).

    Predictably, the move set off a wave of accusations that OpenAI was going back on its mission. In a post on Hacker News soon after the announcement, a user asked how a 100-fold limit would be limiting at all: “Early investors in Google have received a roughly 20x return on their capital,” they wrote. “Your bet is that you’ll have a corporate structure which returns orders of magnitude more than Google ... but you don’t want to ‘unduly concentrate power’? How will this work? What exactly is power, if not the concentration of resources?”

    The move also rattled many employees, who voiced similar concerns. To assuage internal unrest, the leadership wrote up an FAQ as part of a series of highly protected transition docs. “Can I trust OpenAI?” one question asked. “Yes,” began the answer, followed by a paragraph of explanation.

    The charter is the backbone of OpenAI. It serves as the springboard for all the lab’s strategies and actions. Throughout our lunch, Brockman recites it like scripture, an explanation for every aspect of the company’s existence. (“By the way,” he clarifies halfway through one recitation, “I guess I know all these lines because I spent a lot of time really poring over them to get them exactly right. It’s not like I was reading this before the meeting.”)

    How will you ensure that humans continue to live meaningful lives as you develop more advanced capabilities? “As we wrote, we think its impact should be to give everyone economic freedom, to let them find new opportunities that aren’t imaginable today.” How will you structure yourself to evenly distribute AGI? “I think a utility is the best analogy for the vision that we have. But again, it’s all subject to the charter.” How do you compete to reach AGI first without compromising safety? “I think there is absolutely this important balancing act, and our best shot at that is what’s in the charter.”
    Cover of open AI charter
    APRIL 9, 2018 5 MINUTE READ

    OpenAI

    For Brockman, rigid adherence to the document is what makes OpenAI’s structure work. Internal alignment is treated as paramount: all full-time employees are required to work out of the same office, with few exceptions. For the policy team, especially Jack Clark, the director, this means a life divided between San Francisco and Washington, DC. Clark doesn’t mind—in fact, he agrees with the mentality. It’s the in-between moments, like lunchtime with colleagues, he says, that help keep everyone on the same page.

    In many ways, this approach is clearly working: the company has an impressively uniform culture. The employees work long hours and talk incessantly about their jobs through meals and social hours; many go to the same parties and subscribe to the rational philosophy of “effective altruism.” They crack jokes using machine-learning terminology to describe their lives: “What is your life a function of?” “What are you optimizing for?” “Everything is basically a minmax function.” To be fair, other AI researchers also love doing this, but people familiar with OpenAI agree: more than others in the field, its employees treat AI research not as a job but as an identity. (In November, Brockman married his girlfriend of one year, Anna, in the office against a backdrop of flowers arranged in an OpenAI logo. Sutskever acted as the officiant; a robot hand was the ring bearer.)

    But at some point in the middle of last year, the charter became more than just lunchtime conversation fodder. Soon after switching to a capped-profit, the leadership instituted a new pay structure based in part on each employee’s absorption of the mission. Alongside columns like “engineering expertise” and “research direction” in a spreadsheet tab titled “Unified Technical Ladder,” the last column outlines the culture-related expectations for every level. Level 3: “You understand and internalize the OpenAI charter.” Level 5: “You ensure all projects you and your team-mates work on are consistent with the charter.” Level 7: “You are responsible for upholding and improving the charter, and holding others in the organization accountable for doing the same.”

    The first time most people ever heard of OpenAI was on February 14, 2019. That day, the lab announced impressive new research: a model that could generate convincing essays and articles at the push of a button. Feed it a sentence from The Lord of the Rings or the start of a (fake) news story about Miley Cyrus shoplifting, and it would spit out paragraph after paragraph of text in the same vein.

    But there was also a catch: the model, called GPT-2, was too dangerous to release, the researchers said. If such powerful technology fell into the wrong hands, it could easily be weaponized to produce disinformation at immense scale.

    The backlash among scientists was immediate. OpenAI was pulling a publicity stunt, some said. GPT-2 was not nearly advanced enough to be a threat. And if it was, why announce its existence and then preclude public scrutiny? “It seemed like OpenAI was trying to capitalize off of panic around AI,” says Britt Paris, an assistant professor at Rutgers University who studies AI-generated disinformation.
    photograph of Jack
    Jack Clark, policy director.

    Christie Hemm Klok

    By May, OpenAI had revised its stance and announced plans for a “staged release.” Over the following months, it successively dribbled out more and more powerful versions of GPT-2. In the interim, it also engaged with several research organizations to scrutinize the algorithm’s potential for abuse and develop countermeasures. Finally, it released the full code in November, having found, it said, “no strong evidence of misuse so far.”

    Amid continued accusations of publicity-seeking, OpenAI insisted that GPT-2 hadn’t been a stunt. It was, rather, a carefully thought-out experiment, agreed on after a series of internal discussions and debates. The consensus was that even if it had been slight overkill this time, the action would set a precedent for handling more dangerous research. Besides, the charter had predicted that “safety and security concerns” would gradually oblige the lab to “reduce our traditional publishing in the future.”

    This was also the argument that the policy team carefully laid out in its six-month follow-up blog post, which they discussed as I sat in on a meeting. “I think that is definitely part of the success-story framing,” said Miles Brundage, a policy research scientist, highlighting something in a Google doc. “The lead of this section should be: We did an ambitious thing, now some people are replicating it, and here are some reasons why it was beneficial.”

    But OpenAI’s media campaign with GPT-2 also followed a well-established pattern that has made the broader AI community leery. Over the years, the lab’s big, splashy research announcements have been repeatedly accused of fueling the AI hype cycle. More than once, critics have also accused the lab of talking up its results to the point of mischaracterization. For these reasons, many in the field have tended to keep OpenAI at arm’s length.
    Photograph of books, games, and posters in the office space
    Cover images of OpenAI’s research releases hang on its office wall.

    Christie Hemm Klok

    This hasn’t stopped the lab from continuing to pour resources into its public image. As well as research papers, it publishes its results in highly produced company blog posts for which it does everything in-house, from writing to multimedia production to design of the cover images for each release. At one point, it also began developing a documentary on one of its projects to rival a 90-minute movie about DeepMind’s AlphaGo. It eventually spun the effort out into an independent production, which Brockman and his wife, Anna, are now partially financing. (I also agreed to appear in the documentary to provide technical explanation and context to OpenAI’s achievement. I was not compensated for this.)

    And as the blowback has increased, so have internal discussions to address it. Employees have grown frustrated at the constant outside criticism, and the leadership worries it will undermine the lab’s influence and ability to hire the best talent. An internal document highlights this problem and an outreach strategy for tackling it: “In order to have government-level policy influence, we need to be viewed as the most trusted source on ML [machine learning] research and AGI,” says a line under the “Policy” section. “Widespread support and backing from the research community is not only necessary to gain such a reputation, but will amplify our message.” Another, under “Strategy,” reads, “Explicitly treat the ML community as a comms stakeholder. Change our tone and external messaging such that we only antagonize them when we intentionally choose to.”

    There was another reason GPT-2 had triggered such an acute backlash. People felt that OpenAI was once again walking back its earlier promises of openness and transparency. With news of the for-profit transition a month later, the withheld research made people even more suspicious. Could it be that the technology had been kept under wraps in preparation for licensing it in the future?
    Photograph of Ilya
    Ilya Sutskever, co-founder and chief scientist.

    Christie Hemm Klok

    But little did people know this wasn’t the only time OpenAI had chosen to hide its research. In fact, it had kept another effort entirely secret.

    There are two prevailing technical theories about what it will take to reach AGI. In one, all the necessary techniques already exist; it’s just a matter of figuring out how to scale and assemble them. In the other, there needs to be an entirely new paradigm; deep learning, the current dominant technique in AI, won’t be enough.

    Most researchers fall somewhere between these extremes, but OpenAI has consistently sat almost exclusively on the scale-and-assemble end of the spectrum. Most of its breakthroughs have been the product of sinking dramatically greater computational resources into technical innovations developed in other labs.

    Brockman and Sutskever deny that this is their sole strategy, but the lab’s tightly guarded research suggests otherwise. A team called “Foresight” runs experiments to test how far they can push AI capabilities forward by training existing algorithms with increasingly large amounts of data and computing power. For the leadership, the results of these experiments have confirmed its instincts that the lab’s all-in, compute-driven strategy is the best approach.

    For roughly six months, these results were hidden from the public because OpenAI sees this knowledge as its primary competitive advantage. Employees and interns were explicitly instructed not to reveal them, and those who left signed nondisclosure agreements. It was only in January that the team, without the usual fanfare, quietly posted a paper on one of the primary open-source databases for AI research. People who experienced the intense secrecy around the effort didn’t know what to make of this change. Notably, another paper with similar results from different researchers had been posted a few months earlier.
    Photograph of AI books

    Christie Hemm Klok

    In the beginning, this level of secrecy was never the intention, but it has since become habitual. Over time, the leadership has moved away from its original belief that openness is the best way to build beneficial AGI. Now the importance of keeping quiet is impressed on those who work with or at the lab. This includes never speaking to reporters without the express permission of the communications team. After my initial visits to the office, as I began contacting different employees, I received an email from the head of communications reminding me that all interview requests had to go through her. When I declined, saying that this would undermine the validity of what people told me, she instructed employees to keep her informed of my outreach. A Slack message from Clark, a former journalist, later commended people for keeping a tight lid as a reporter was “sniffing around.”

    In a statement responding to this heightened secrecy, an OpenAI spokesperson referred back to a section of its charter. “We expect that safety and security concerns will reduce our traditional publishing in the future,” the section states, “while increasing the importance of sharing safety, policy, and standards research.” The spokesperson also added: “Additionally, each of our releases is run through an infohazard process to evaluate these trade-offs and we want to release our results slowly to understand potential risks and impacts before setting loose in the wild.”

    One of the biggest secrets is the project OpenAI is working on next. Sources described it to me as the culmination of its previous four years of research: an AI system trained on images, text, and other data using massive computational resources. A small team has been assigned to the initial effort, with an expectation that other teams, along with their work, will eventually fold in. On the day it was announced at an all-company meeting, interns weren’t allowed to attend. People familiar with the plan offer an explanation: the leadership thinks this is the most promising way to reach AGI.

    The man driving OpenAI’s strategy is Dario Amodei, the ex-Googler who now serves as research director. When I meet him, he strikes me as a more anxious version of Brockman. He has a similar sincerity and sensitivity, but an air of unsettled nervous energy. He looks distant when he talks, his brows furrowed, a hand absentmindedly tugging his curls.

    Amodei divides the lab’s strategy into two parts. The first part, which dictates how it plans to reach advanced AI capabilities, he likens to an investor’s “portfolio of bets.” Different teams at OpenAI are playing out different bets. The language team, for example, has its money on a theory postulating that AI can develop a significant understanding of the world through mere language learning. The robotics team, in contrast, is advancing an opposing theory that intelligence requires a physical embodiment to develop.

    As in an investor’s portfolio, not every bet has an equal weight. But for the purposes of scientific rigor, all should be tested before being discarded. Amodei points to GPT-2, with its remarkably realistic auto-generated texts, as an instance of why it’s important to keep an open mind. “Pure language is a direction that the field and even some of us were somewhat skeptical of,” he says. “But now it’s like, ‘Wow, this is really promising.’”

    Over time, as different bets rise above others, they will attract more intense efforts. Then they will cross-pollinate and combine. The goal is to have fewer and fewer teams that ultimately collapse into a single technical direction for AGI. This is the exact process that OpenAI’s latest top-secret project has supposedly already begun.
    Photo of Dario
    Dario Amodei, research director.

    Christie Hemm Klok

    The second part of the strategy, Amodei explains, focuses on how to make such ever-advancing AI systems safe. This includes making sure that they reflect human values, can explain the logic behind their decisions, and can learn without harming people in the process. Teams dedicated to each of these safety goals seek to develop methods that can be applied across projects as they mature. Techniques developed by the explainability team, for example, may be used to expose the logic behind GPT-2’s sentence constructions or a robot’s movements.

    Amodei admits this part of the strategy is somewhat haphazard, built less on established theories in the field and more on gut feeling. “At some point we’re going to build AGI, and by that time I want to feel good about these systems operating in the world,” he says. “Anything where I don’t currently feel good, I create and recruit a team to focus on that thing.”

    For all the publicity-chasing and secrecy, Amodei looks sincere when he says this. The possibility of failure seems to disturb him.

    “We’re in the awkward position of: we don’t know what AGI looks like,” he says. “We don’t know when it’s going to happen.” Then, with careful self-awareness, he adds: “The mind of any given person is limited. The best thing I’ve found is hiring other safety researchers who often have visions which are different than the natural thing I might’ve thought of. I want that kind of variation and diversity because that’s the only way that you catch everything.”

    The thing is, OpenAI actually has little “variation and diversity”—a fact hammered home on my third day at the office. During the one lunch I was granted to mingle with employees, I sat down at the most visibly diverse table by a large margin. Less than a minute later, I realized that the people eating there were not, in fact, OpenAI employees. Neuralink, Musk’s startup working on computer-brain interfaces, shares the same building and dining room.
    Photograph of Daniela
    Daniela Amodei, head of people operations.

    Christie Hemm Klok

    According to a lab spokesperson, out of the over 120 employees, 25% are female or nonbinary. There are also two women on the executive team and the leadership team is 30% women, she said, though she didn’t specify who was counted among these teams. (All four C-suite executives, including Brockman and Altman, are white men. Out of over 112 employees I identified on LinkedIn and other sources, the overwhelming number were white or Asian.)

    In fairness, this lack of diversity is typical in AI. Last year a report from the New York–based research institute AI Now found that women accounted for only 18% of authors at leading AI conferences, 20% of AI professorships, and 15% and 10% of research staff at Facebook and Google, respectively. “There is definitely still a lot of work to be done across academia and industry,” OpenAI’s spokesperson said. “Diversity and inclusion is something we take seriously and are continually working to improve by working with initiatives like WiML, Girl Geek, and our Scholars program.”

    Indeed, OpenAI has tried to broaden its talent pool. It began its remote Scholars program for underrepresented minorities in 2018. But only two of the first eight scholars became full-time employees, even though they reported positive experiences. The most common reason for declining to stay: the requirement to live in San Francisco. For Nadja Rhodes, a former scholar who is now the lead machine-learning engineer at a New York–based company, the city just had too little diversity.

    But if diversity is a problem for the AI industry in general, it’s something more existential for a company whose mission is to spread the technology evenly to everyone. The fact is that it lacks representation from the groups most at risk of being left out.

    Nor is it at all clear just how OpenAI plans to “distribute the benefits” of AGI to “all of humanity,” as Brockman frequently says in citing its mission. The leadership speaks of this in vague terms and has done little to flesh out the specifics. (In January, the Future of Humanity Institute at Oxford University released a report in collaboration with the lab proposing to distribute benefits by distributing a percentage of profits. But the authors cited “significant unresolved issues regarding … the way in which it would be implemented.”) “This is my biggest problem with OpenAI,” says a former employee, who spoke on condition of anonymity.
    photo of office space

    Christie Hemm Klok

    “They are using sophisticated technical practices to try to answer social problems with AI,” echoes Britt Paris of Rutgers. “It seems like they don’t really have the capabilities to actually understand the social. They just understand that that’s a sort of a lucrative place to be positioning themselves right now.”

    Brockman agrees that both technical and social expertise will ultimately be necessary for OpenAI to achieve its mission. But he disagrees that the social issues need to be solved from the very beginning. “How exactly do you bake ethics in, or these other perspectives in? And when do you bring them in, and how? One strategy you could pursue is to, from the very beginning, try to bake in everything you might possibly need,” he says. “I don’t think that that strategy is likely to succeed.”

    The first thing to figure out, he says, is what AGI will even look like. Only then will it be time to “make sure that we are understanding the ramifications.”

    Last summer, in the weeks after the switch to a capped-profit model and the $1 billion injection from Microsoft, the leadership assured employees that these updates wouldn’t functionally change OpenAI’s approach to research. Microsoft was well aligned with the lab’s values, and any commercialization efforts would be far away; the pursuit of fundamental questions would still remain at the core of the work.

    For a while, these assurances seemed to hold true, and projects continued as they were. Many employees didn’t even know what promises, if any, had been made to Microsoft.

    But in recent months, the pressure of commercialization has intensified, and the need to produce money-making research no longer feels like something in the distant future. In sharing his 2020 vision for the lab privately with employees, Altman’s message is clear: OpenAI needs to make money in order to do research—not the other way around.

    This is a hard but necessary trade-off, the leadership has said—one it had to make for lack of wealthy philanthropic donors. By contrast, Seattle-based AI2, a nonprofit that ambitiously advances fundamental AI research, receives its funds from a self-sustaining (at least for the foreseeable future) pool of money left behind by the late Paul Allen, a billionaire best known for cofounding Microsoft.

    But the truth is that OpenAI faces this trade-off not only because it’s not rich, but also because it made the strategic choice to try to reach AGI before anyone else. That pressure forces it to make decisions that seem to land farther and farther away from its original intention. It leans into hype in its rush to attract funding and talent, guards its research in the hopes of keeping the upper hand, and chases a computationally heavy strategy—not because it’s seen as the only way to AGI, but because it seems like the fastest.

    Yet OpenAI is still a bastion of talent and cutting-edge research, filled with people who are sincerely striving to work for the benefit of humanity. In other words, it still has the most important elements, and there’s still time for it to change.

    Near the end of my interview with Rhodes, the former remote scholar, I ask her the one thing about OpenAI that I shouldn’t omit from this profile. “I guess in my opinion, there’s problems,” she begins hesitantly. “Some of them come from maybe the environment it faces; some of them come from the type of people that it tends to attract and other people that it leaves out.”

    “But to me, it feels like they are doing something a little bit right,” she says. “I got a sense that the folks there are earnestly trying.”

    Update: We made some changes to this story after OpenAI asked us to clarify that when Greg Brockman said he didn’t think it was possible to “bake ethics in… from the very beginning” when developing AI, he intended it to mean that ethical questions couldn’t be solved from the beginning, not that they couldn’t be addressed from the beginning. Also, that after dropping out of Harvard he transferred straight to MIT rather than waiting a year. Also, that he was raised not “on a farm,” but “on a hobby farm.” Brockman considers this distinction important.

    In addition, we have clarified that while OpenAI did indeed “shed its nonprofit status,” a board that is part of a nonprofit entity still oversees it, and that OpenAI publishes its research in the form of company blog posts as well as, not in lieu of, research papers. We’ve also corrected the date of publication of a paper by outside researchers and the affiliation of Peter Eckersley (former, not current, research director of Partnership on AI, which he recently left).

    #capitalisme #benevolat #intelligence_artificielle #USA #idéologie #effective_altruism

  • Paris 2024 : infiltrez les J.O. avant le 3 Mai 2023 Alexandre-Reza Kokabi

    Les Jeux olympiques de Paris sont en quête de milliers de bénévoles. Dénonçant du « travail dissimulé » et le saccage de la biodiversité, de nombreux opposants sont prêts à s’engager pour semer la pagaille.

    Ils veulent hacker les Jeux olympiques de Paris. Comment ? En se fondant parmi les bénévoles et en semant la pagaille dans la grande compétition sportive prévue en 2024. « J’espère de tout cœur être retenue... pour mieux gâcher la fête de l’intérieur ! » dit à Reporterre Amel , 27 ans et étudiante en Seine-Saint-Denis. Comme cette membre du collectif Saccage 2024, en résistance aux Jeux olympiques de Paris, de nombreux activistes vont tenter d’intégrer l’équipe de volontaires.


    La brèche s’est ouverte le 22 mars. Ce jour-là, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) a lancé sa « campagne de recrutement ». Il cherche à attirer une armée de 45 000 bénévoles, qui deviendront les petites mains des J.O. de Paris en 2024 : celles qui accueilleront les spectateurs depuis les gares et les aéroports jusqu’aux différents sites de la compétition, celles qui transporteront des délégations au volant d’un minibus, ou encore celles qui disposeront les starting-blocks avant les courses d’athlétisme. « Les missions sont variées, il y en a pour tous les goûts », dit à Reporterre Alexandre Morenon-Condé, directeur aux opérations Relations humaines (RH) de Paris 2024. Sauf que celles-ci ne seront pas payées.

    Cette campagne a fait bondir le collectif Saccage 2024, qui a lancé une « contre-campagne de recrutement de bénévoles ». Fin mars, Amel, Camille et Alain ont donc pris « une quarante de minutes » pour répondre à toutes les questions du formulaire d’inscription, comme tous les autres candidats. Les inscriptions peuvent être envoyées jusqu’au 3 mai, et seront examinées durant l’été. Les volontaires apprendront à l’automne s’ils ont été sélectionnés.

    Faire grève, travailler trop lentement...
    Leur objectif : « Mettre du sucre dans le réservoir des J.O. », dit Camille à Reporterre. « Nous pourrions ne pas venir, venir et déployer des banderoles, nous mettre en grève en demandant d’être rémunérés, former un collectif et attaquer les Jeux olympiques aux prud’hommes... », dit le jeune homme de 25 ans, qui habite en Seine-Saint-Denis.

    Autre possibilité : « Faire une grève du zèle et bloquer les Jeux olympiques en travaillant trop lentement, ou pas correctement », propose Amel, qui n’a pas encore décidé ce qu’elle ferait. « Le coût d’engagement est faible, la charte du volontariat précise bien qu’on peut renoncer à son rôle jusqu’au dernier moment », poursuit-elle. « C’est une campagne accessible à tout le monde, à peu de frais », résume Camille.

    Alain, activiste écolo de 34 ans, privilégie un autre mode d’action. « Une fois devenu bénévole, je compte dénoncer le modèle des Jeux olympiques de l’intérieur, auprès de toutes les personnes que je rencontrerai », explique cet ancien judoka, « dégoûté » de l’olympisme depuis la destruction de plusieurs favelas de Rio, lors de la compétition de 2016, qui avait entraîné l’expulsion de centaines de familles pauvres. Il rêve d’accompagner des officiels et des sportifs « pour les mettre au courant ».

    Du « travail dissimulé »
    Ces militants dénoncent avant tout ce qu’ils qualifient de « travail dissimulé ». Durant la compétition, les volontaires travailleront parfois entre 8 et 10 heures par jour, 6 jours sur 7. Le tout sans salaire et sans prise en charge de leurs frais de transport ou d’hébergement pour celles et ceux qui viendront de loin. « Nous serons à disposition du Cojop, nous aurons des fiches de poste, des missions, des supérieurs hiérarchiques et sans nous, les Jeux ne pourront pas fonctionner », dit Camille. Pour ce jeune syndicaliste, « la présomption de salariat est totale » et « c’est d’autant plus révoltant dans un département comme la Seine-Saint-Denis, où les perspectives d’emploi manquent cruellement ».

    Pour la sociologue Dan Ferrand-Bechmann, autrice du livre Le bénévolat : au bénévole inconnu ! (Dalloz, 2014), « le bénévolat n’est pas un problème en soi. Si vous avez choisi librement d’être volontaire pour être ramasseur de balles aux épreuves de tennis, vous pouvez y trouver votre compte [approcher les sportifs, assister aux épreuves, etc.]. C’est quelque part rémunéré symboliquement. Peut-on alors parler de travail dissimulé ? Je ne le pense pas. En tout cas, les frontières juridiques de ce statut sont trop floues pour pouvoir l’affirmer ».

    « Si on annulait les J.O., on ferait du bien à la planète ! »

    C’est aussi ce que met en avant Alexandre Morenon-Condé, de Paris 2024. « Personne n’est forcé à s’inscrire, et c’est l’opportunité unique de vivre de l’intérieur les premiers Jeux d’été organisés en France depuis un siècle, d’incarner les valeurs de Paris 2024 aux yeux du monde entier, dit-il à Reporterre, avant de préciser qu’il a lui-même été bénévole lors des Jeux olympiques d’Athènes, en 2004. Ça a changé ma vie, ma trajectoire professionnelle et j’y ai noué des amitiés durables. »

    Pour autant, selon Dan Ferrand-Bechmann, « dans le cadre des Jeux olympiques les bénévoles pourraient être payés », car « le Cojo en a les moyens ». « Je suis persuadée que la moitié des postes qui seront occupés par des bénévoles pourraient être rétribués et permettre à des jeunes — et des moins jeunes — d’accéder à l’emploi, dont ils ont terriblement besoin. » « Le recours massif au bénévolat est indécent pour une si grande compétition sportive, qui génère des milliards de profits », s’indigne d’ailleurs Alain. Le budget du Cojop s’élève à 4,4 milliards, et celui des Jeux de Paris dépasse les 8 milliards. « Paris 2024 offre déjà plein d’opportunités : on estime déjà à 150 000 le nombre d’emplois directement liés aux Jeux, entre la construction, le tourisme et l’organisation », soutient de son côté Alexandre Morenon-Condé, de Paris 2024.

    Saint Denis aussi dit Non à la loi olympique 2 ! Caméras hors de nos vie. La loi arrive à l’assemblée aujourd’hui ! @laquadrature#directan#nonaujop2024 pic.twitter.com/ISxCIpQXBn

    Au-delà des accusations de travail dissimulé, « les raisons d’agir ne manquent pas », soupire Camille. Avec les Jeux olympiques, la vidéosurveillance algorithmique fait son entrée dans le droit français, rappelle-t-il. Pour Amel, en Seine-Saint-Denis, la compétition « est un accélérateur de projets de destruction, de pollution, d’expulsion et de spéculation ».

    Une partie des jardins ouvriers d’Aubervilliers ont été rasés pour construire une piscine d’entraînement et un solarium. Un échangeur routier est en cours de construction juste à côté du groupe scolaire Pleyel Anatole France, à Saint-Denis, pour desservir plus rapidement le futur « Village des athlètes ». Des travailleurs sans-papiers sont exploités sur les chantiers et les places en hôtels sociaux se réduisent, remarque aussi Camille. « Bref, si on annulait les Jeux olympiques, on ferait du bien à la planète ! », conclut Alain.

    Source (titre modifié) : https://reporterre.net/Paris-2024-des-activistes-ecolos-veulent-infiltrer-les-J-O

    #jo #jeux_olympiques #activisme #écologie #bénévolat #travail_dissimulé #résistance

  • #Nioro_du_Sahel, une ville sous tension

    #Nioro du Sahel. Une ville du #Mali isolée à la frontière mauritanienne, à près de 500 kilomètres de pistes de Bamako, Bref, Nioro n’est pas une priorité économique et n’a jamais été électrifiée par l’État malien. Le soir venu, les Niorois s’organisent... et les familles aisées se distinguent au bruit de leur groupe électrogène. Le courant, lui, suit les liens de parenté et de voisinage.
    Mais, depuis quelques années, une équipe de Français s’est lancée dans l’électrification de la ville. Au-delà des câbles et des poteaux, le réseau électrique révèle rapidement son enjeu social et politique. Le projet dépasse alors « l’objet technique » des Français et dévoile de profondes tensions...

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/5046_1

    Un film intéressant qui permet de se rendre compte de ce qui se passe quand on fait une intervention technique sans prendre en compte les rapports sociaux et les enjeux de pouvoir...

    A partir de la minute 18’18 (part 2) :

    Quand les électriciens français se rendent compte que probablement les habitants n’auront pas l’argent pour se payer l’électricité dans leurs foyers...
    Electricien 1 :

    « Il faut savoir se remettre en question. Est-ce qu’ils l’ont bien compris ? »

    Electricien 2 :

    « C’est pas eux qui ont été demandeurs, c’est nous qui avons voulu améliorer leur vie. Est-ce qu’en faisant comme ça nous n’avons pas fait une mauvaise approche ? Parce que eux, ils ne demandaient rien, ils voulaient bien avoir un peu de courant pour avoir un peu de télévision »

    #film #film_documentaire #électricité #électrification #coopération_au_développement #aide_au_développement #développement #documentaire #Nioro-du-Sahel
    #groupe_électrogène #jumelage #solidarité_internationale #EDF #club_CODEV #Limours #bénévolat #coût #prix #incompréhension #inégalités #rapports_de_pouvoir

  • "Je travaille et je ne veux pas être payé pour cela..."

    Texte écrit peu avant mon boulot de merde de distributeur de prospectus...

    « Et toi tu fais quoi ? »... Cette question revient sans cesse quand une personne inconnue me rencontre, et quand elle me demande « ce que je fais », c’est qu’elle veut savoir quel est mon travail. Je suis toujours gêné de répondre, car je n’ai pas de travail au sens de la société marchande où je suis né, mais dont je suis un dissident. Seul un flux d’argent vient valider socialement une activité. Sans cela, ce n’est pas du travail, mais une simple occupation ou un loisir, et non un rôle social reconnu, une contribution légitime, un service rendu à la société.

    Donc au sens strict, je n’ai pas de travail. Mais pourtant, je suis actif, je prends au sérieux mon activité, j’y mets un grand soin. Ce n’est pas une activité solitaire, elle demande au contraire de coopérer avec autrui, des moments d’organisation et de planification. C’est une activité reconnue comme utile, des personnes me remercient. Elle a aussi une dimension matérielle, elle relève de l’autoproduction, au sens où d’ordinaire ce sont des professionnels dûment rémunérés qui s’en chargent. Au sens économique ce n’est pas du travail, donc, mais elle possède bien des dimensions qui peuvent faire penser à du travail. 

    Je pourrais donc peut-être répondre à mon interlocuteur que je travaille, mais naturellement ce serait l’induire en erreur. Pour être plus précis, je pourrais lui répondre que je travaille mais que je ne reçois pas d’argent pour cela. Dans ce cas, il pourrait simplement penser que je suis bénévole dans une association, et que je reçois une rémunération par ailleurs pour subvenir à mes besoins. Cependant, être bénévole reste une activité dont le statut est inférieur à celle d’un professionnel. Un bénévole est souvent moins bien formé et, dans beaucoup d’associations, il ne fait que passer, à l’inverse d’un salarié attaché à des horaires de travail et à une organisation contraignante. En outre, un bénévole donne de son temps pour autrui, il agit généralement dans un but caritatif pour des bénéficiaires composant un public dit « en difficulté ». Ce n’est pas comme cela que je situe mon activité. Certes, je donne de mon temps, mais je reçois aussi des autres, mon activité combinée à celle des autres répond à une partie de mes besoins, matériellement et socialement.

    Maintenant, après ces réflexions, j’aurais envie de répondre que « je travaille mais que je ne veux pas être payé pour cela ». Pour quelles raisons ? D’abord parce que je mot « travail » me situe sur le terrain d’une utilité sociale et matérielle, celui normalement occupé par les activités marchandes, menées par des professionnels rémunérés. Et, précisément parce que je revendique par ailleurs le souhait de ne pas être payé en retour, je fais entendre une voie différente, antagoniste. Oui ce serait plus confortable « socialement » de chercher un travail rémunéré le moins pénible et le plus épanouissant possible. J’entends par là qu’une telle démarche est vivement encouragée par la société, c’est une norme, et c’est le propre des normes de ne pas être perçue tant qu’on n’entre pas en contradiction avec elles. Il est par conséquent « naturel » de chercher un travail épanouissant, et cela exige radicalement moins d’efforts que la démarche inverse, qui se heurte systématiquement à l’hostilité, la moquerie ou l’incompréhension. C’est pour cela que revendiquer pour moi de faire un « travail » est une façon d’alléger le pouvoir de coercition de cette norme. Et, revendiquer de faire un travail et à la fois de ne pas être payé pour cela, c’est une façon d’entrer dans la lutte contre ce pouvoir sous de meilleures augures, mieux armée pour mettre en question l’évidence que tout ce qui est utile et efficace, et reconnu socialement comme tel, serait du côté du travail rémunéré.

    « Je ne veux pas être payé pour cela... ». Le risque évidemment est d’être compris comme relevant d’une posture aristocratique, de quelqu’un qui a une richesse ou un privilège quelconque qui lui permet d’avoir de l’argent par ailleurs. Cela reste cependant une supposition de l’interlocuteur. Face à ce soupçon, je peux peut-être préciser dans un deuxième temps que j’ai un petit boulot par ailleurs pour gagner de l’argent. En faisant cela, j’inverse l’ordre de préséance des activités : c’est l’activité rémunérée qui vient en second dans ma présentation de moi. Par ailleurs, j’affirme aussi en creux que mon moyen de gagner de l’argent est différent de mon rôle social, et que mon revenu en argent est décorrélé de ce rôle.

    Et si je ne veux pas être payé pour ce rôle, c’est que je veux pas entrer dans une relation d’échange, c’est je ne veux pas être un acteur marchand. Je ne veux pas de cette puissance acquiescement qui est celle de l’argent. Je ne veux pas de ce confort qui se paie au prix fort d’une dépossession collective de notre puissance d’agir correctement dans ce monde. Je ne veux pas courir après un fétiche qui me fait croire que ce je suis est validé socialement, pour découvrir finalement que cela est au prix de tous les renoncements puisque, manifestement, cette société marchande qui me valide a produit le désastre qu’est notre monde aujourd’hui où, produite pour être vendue, notre subsistance nous rend malades et ravage partout le vivant humain comme non-humain. Je ne veux pas être validé par un fétiche autour duquel la société marchande s’agrège, et qui est la seule chose qui importe finalement et avant tout autre critère. Je ne veux pas corriger la société marchande de ses excès parce que, au fond de moi, je ne suis pas un producteur-échangiste séparé-relié avec tous les autres par l’argent. Je ne sais pas ce que je suis d’ailleurs, je sais simplement que cette société marchande n’a pas d’avenir, et qu’il ne sera pas possible de la refonder sur d’autres bases, en corrigeant ses outrances, ses inégalités, ses absurdités et toute l’impuissance politique que nous ressentons tous quand il s’agit d’orienter, ne serait-ce que de façon un peu moins destructrice, nos destinées collectives.

    Mener une activité d’autoproduction collective et solidaire, dans un collectif ouvert structuré par le don et le partage, est donc en soi une lutte, parce qu’elle se confronte à tout moment à ce que nos comportements les plus anodins doivent à notre socialisation dans une société marchande depuis la naissance. Aujourd’hui, nos collectifs sont imprégnés des habitudes contractées sous l’égide de la norme du travail rémunéré, comme seul horizon existentiel possible, depuis l’enfance et l’école, en passant par le sas plus ou moins long des études, pour terminer dans les changements de tafs, les burn-out, les formations et les tentatives de reconversions à la recherche du Graal du travail-qui-a-du-sens et qui en plus serait payé correctement, le tout se déroulant de bout en bout dans un environnement concurrentiel, où seuls les meilleurs obtiennent ce qui à la fin ne les satisfont même pas. Ces habitudes tenaces sont le fait de principes de vision et de division du monde, hiérarchisant les activités, pour faire de la productivité le critère d’élection des tâches les plus estimées, tandis que toutes les autres sont une charge pour la société, bien qu’elles en dépendent tout autant et même bien plus. Un autre principe de division est celui distinguant la liberté totale du consommateur -d’autant plus qu’il dispose d’argent- et la soumission tout aussi totale du salarié ou du travailleur à la stricte organisation de son travail et à la concurrence permanente. C’est peut-être cette socialisation qui nous fait considérer nos petites associations comme de simple boutiques où il est possible d’entrer et de sortir, à y rester tant que ce n’est pas trop prise de tête, en attendant de retourner bosser ou de se construire une existence sociale plus assurée par un rôle professionnel, qui prendra tout aussi la tête, mais au moins qui sera mieux à même de répondre sans effort à l’innocente question « Et toi tu fais quoi ? ». Et nos collectifs demeureront faibles, fragiles, marginaux et conflictuels, de peu d’ambitions et de puissance d’agir, tant qu’il nous manquera une culture de l’insoumission au travail rémunéré.

    #anti-travail #autoproduction #bénévolat #résistance_à_la_société_marchande

  • Et si on travaillait tous et toutes gratuitement ?, avec Maud Simonet
    https://www.arte.tv/fr/videos/103447-002-A/et-si-on-travaillait-tous-et-toutes-gratuitement

    Laura Raim décortique la notion de “travail gratuit” avec Maud Simonet. À partir des écrits féministes sur le travail domestique, cette spécialiste du bénévolat et directrice de recherches au CNRS dessine les contours d’une notion qui touche à nos convictions profondes. Pas facile d’entendre que ce que l’on vit comme un élan de solidarité peut relever de l’exploitation… Source : Les idées larges | ARTE

  • #Monténégro : à #Nikšić, les « #écopatriotes » s’attaquent enfin au ramassage des #déchets

    Depuis trente ans, le Monténégro se définit comme un « État écologique ». Pourtant, autour des villes, le long des routes, mais aussi des rivières comme au coeur des montagnes, les déchets s’accumulent. À Nikšić, un groupe de #volontaires a décidé de prendre les choses en main. Leur cri de ralliement ? « L’écopatriotisme ».

    https://www.courrierdesbalkans.fr/montenegro-niksic-ecopatriotes-ramassag-des-dechets
    #patriotisme #écologie #écopatriotisme #bénévolat #bénévoles

  • Immigration : pour le symbole, le Refuge solidaire de Briançon ferme son accueil

    Le conseil d’administration de l’association gérant le centre d’hébergement d’urgence pour les exilés venant de traverser la frontière se retire. L’accueil est encore assuré par une poignée de bénévoles.

    La vie du Refuge solidaire, rue Pasteur à Briançon, est chaque jour un peu plus compliquée. Le centre d’hébergement d’urgence ouvert en juillet 2017 accueille toujours autant de personnes migrantes après leur traversée à pied de la frontière franco-italienne. Une situation devenue invivable pour nombre de bénévoles et le conseil d’administration de l’association Refuges solidaires. Cette dernière, qui gère les lieux, jette d’ailleurs symboliquement l’éponge. « On a décidé [mercredi] de quitter le Refuge solidaire », regrette par téléphone Philippe Wyon, l’un des membres du conseil d’administration, confirmant une information de l’AFP.

    (#paywall)
    https://www.ledauphine.com/societe/2021/08/14/immigration-pour-le-symbole-le-refuge-solidaire-de-briancon-ferme-son-ac

    #Briançon #frontière_sud-alpine #France #frontières #asile #migrations #réfugiés #Refuge_solidaire #fermeture #accueil #bénévolat #solidarité #retrait

    ping @isskein @karine4

    –-

    ajouté à la métaliste sur le Briançonnais :
    https://seenthis.net/messages/733721

    Et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/733721#message925945

  • Pass sanitaire : « Opération ville morte » à Cambrai, une soixantaine de restaurateurs refusent de contrôler leurs clients

    Temps d’attente allongé, pas de personnel payé pour contrôler les entrées... Les restaurateurs de Cambrai se rassemblent samedi 7 août pour dénoncer les conditions de mise en place du pass sanitaire. Leurs établissements resteront fermés.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/cqHexy7JQNQmMWVOgdI1OLJR2mc/930x620//filters:format(webp)/regions/2021/08/06/610cfa46d88ed_227491296-128156722771547-727919046840472
    Une soixantaine de restaurateurs de Cambrai protestent contre le contrôle du pass sanitaire ce samedi 7 août. • © Kevin Verin

    Les restaurateurs de Cambrai ne cessent de le répéter, ils ne sont pas contre le pass sanitaire et le vaccin. « Ce n’est pas le sujet » , lance l’un d’entre eux. Ce qui leur pose problème, c’est le contrôle à l’entrée des restaurants, des bars et des cafés à partir de lundi 9 août. 

    C’est pourquoi ce samedi 7 août, une soixantaine d’entre eux a prévu de se réunir sur la place Aristide Briand au centre-ville pour protester. Ce ne sera pas pour autant une manifestation, mais une « opération ville morte » . La quasi totalité de leurs établissements seront fermés. 

    « Le pass sanitaire, c’est une chose, on le respecte, lance Morgan Sedrue, gérant d’un bar de nuit. Mais ce qu’on ne veut pas, c’est contrôler les gens. On n’est pas des anti ou des pro-vaccin, ce n’est pas du tout le débat. On veut montrer notre mécontentement sur le contrôle du pass sanitaire. » Difficile pour lui et ses collègues de s’imaginer contrôler chaque client, « comme un agent de police ». 

    Plusieurs revendications
    Avec le déploiement du pass sanitaire, plusieurs problèmes se posent. A commencer par le temps d’attente devant les établissements. Frédéric Darras, restaurateur, constate déjà « des queues 15 à 20 personnes sur les côtés. Certains n’ont pas le temps par ce qu’ils travaillent, vous les imaginez faire une queue de 15 minutes alors qu’ils n’ont qu’une heure pour manger à la pause ? » Cela entraîne aussi un décalage « en cuisine et dans le service » qui ralentit considérablement la cadence du restaurant. 

    Ensuite, ils anticipent déjà des complications pour l’organisation : « quand on prend les additions, il y a ceux qui attendent à l’extérieur et qui vont vouloir s’asseoir de suite aux places libres, alors qu’on a pas encore contrôlé leur pass sanitaire. Si à ce moment-là, il y a un contrôle de police, ça nous fait 1500 euros d’amende et pour le client, c’est 135 euros. »

    La foire du 15 août à Cambrai inquiète aussi. Les restaurateurs prévoient « à peu près 4000 clients potentiels » dans les restaurants, les bars et les cafés en l’espace d’une journée. Comment s’organiser face à l’afflux de personnes, avec un pass sanitaire à contrôler et sans personne pour le faire ?  "Une situation intenable", pour Morgan Sedrue. 

    Casse-tête en vue
    La suite : https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/cambrai/pass-sanitaire-operation-ville-morte-a-cambrai-une-soix

    #grève #Douai #france #travail #surveillance #bénévolat #vichy #pétain #vaccination #test_pcr #covid-19 #isolement #cas_contact #travail #économie #coronavirus #santé #surveillance #confinement #covid #sars-cov-2 #pandémie #contacttracing #isolement

  • « Au moins je sers à quelque chose » : des retraités appelés en renfort pour contrôler les pass sanitaires dans les restaurants
    https://rmc.bfmtv.com/emission/au-moins-je-sers-a-quelque-chose-des-retraites-appeles-en-renfort-pour-co

    Des restaurateurs vendéens ont lancé un appel aux retraités pour venir donner un coup de main à l’entrée des établissements. Certains, comme Nicole, 68 ans, sont ravis.

    https://www.youtube.com/watch?v=ZTLYfv5oYvo

    Des papys et mamies videurs à l’entrée des bars et restaurants ?
    Dans moins d’une semaine, lundi prochain, l’application du pass sanitaire sera être étendue à l’entrée d’établissements recevant du public. Comment s’organiser pour contrôler ces pass, notamment à l’entrée des cafés et des restaurants ?

    Les professionnels de la restauration ont déjà du mal à trouver des bras en salle et en cuisine, alors mettre quelqu’un à l’entrée relève pour certain d’un véritable casse-tête.

    En Vendée, le syndicat des professionnels du secteur, l’UMIH, vient de lancer un appel aux retraités. Objectif : qu’ils viennent prêter main-forte et qu’ils contrôlent les pass à l’entrée, bénévolement.

    #bénévolat #vichy #pétain #vaccination #test_pcr #covid-19 #isolement #cas_contact #travail #économie #coronavirus #santé #surveillance #confinement #covid #sars-cov-2 #pandémie #contacttracing #isolement

  • « Les JO de Paris en 2024 seront l’occasion de pratiques sociales pour le moins douteuses »
    https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/les-jo-de-paris-en-2024-seront-loccasion-de-pratiques-sociales-pour-le-moi

    La France, pour se conformer aux exigences du Comité international olympique (CIO) a voté une loi dite « loi olympique » (Loi n° 2018-202 du 26 mars 2018). Celle-ci a pour objectif de sécuriser l’événement olympique et se trouve être ni plus ni moins qu’une loi d’exception qui suspend, dans un espace donné et à un moment donné, la loi ordinaire. La loi olympique attentera forcément au droit du travail puisque le CIO exige que tout soit prêt à l’heure, donc en faisant travailler les gens en dehors du droit français. Pour l’organisation des Jeux, le CIO recourt massivement à la main-d’œuvre « volontaire ».

    Il est question que quelque 80 000 personnes soient bénévoles. Dans un contexte de chômage massif, la promesse de la charte consiste à créer « des passerelles entre le volontariat et l’emploi, en valorisant l’engagement des bénévoles mobilisés par la validation des acquis de l’expérience ». Cela n’est rien d’autre que la promesse pour les petites mains de travailler gratuitement dans l’espoir que cela leur serve de marchepied vers le marché du travail.
    Recours au bénévolat massif

    Est-ce bien le rôle des syndicats que d’accepter le recours au bénévolat massif contre la promesse de gagner des « acquis d’expérience » ? C’est la conception même du travail salarié qui est ainsi directement attaquée, puisqu’il apparaît que le bénévolat est porté sur le même pied que le salariat.

  • Les Réfugiés de Saint-Jouin. Welcome to Normandy

    En septembre 2015, la commune de Saint-Jouin-Bruneval se porte volontaire pour accueillir une famille de réfugiés. Une partie des habitants s’organise et rénove un appartement de fond en comble. Et puis, plus rien. Commence une période incertaine, une longue attente. Le maire se heurte à la mauvaise volonté de l’État français et le logement proposé reste vide, pendant des mois. L’hostilité sourde et anonyme s’exprime, mais grâce à la ténacité de certains villageois, enfin, la famille Hammoud arrive de Syrie.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/51076_1

    #film #film_documentaire #documentaire
    #réfugiés #France #bénévolat #logement #accueil #peur #tranquillité #solidarité #communauté #humanisme #anti-réfugiés #village #campagne #racisme #changement #Plan_Logement_Migrants #commune_accueillante #attente #réfugiés_syriens #Saint-Jouin-Bruneval #solidarité #hospitalité

    ping @karine4

  • La crise sanitaire aggrave les troubles psy des jeunes migrants

    Les « migrants » sont une population composite recouvrant des #statuts_administratifs (demandeurs d’asile, réfugiés, primo-arrivants…) et des situations sociales disparates. Certains appartiennent à des milieux sociaux plutôt aisés et éduqués avec des carrières professionnelles déjà bien entamées, d’autres, issus de milieux sociaux défavorisés ou de minorités persécutées, n’ont pas eu accès à l’éducation dans leur pays d’origine.

    Et pourtant, une caractéristique traverse ce groupe : sa #jeunesse.

    Ainsi, selon les chiffres d’Eurostat, au premier janvier 2019, la moitié des personnes migrantes en Europe avait moins de 29 ans ; l’âge médian de cette population se situant à 29,2 ans, contre 43,7 pour l’ensemble de la population européenne. Cette particularité est essentielle pour comprendre l’état de santé de cette population.

    En effet, on constate que, du fait de sa jeunesse, la population migrante en Europe est globalement en #bonne_santé physique et parfois même en meilleure #santé que la population du pays d’accueil. En revanche, sa santé mentale pose souvent problème.

    Des #troubles graves liés aux #parcours_migratoires

    Beaucoup de jeunes migrants – 38 % de la population totale des migrants selon une recherche récente – souffrent de #troubles_psychiques (#psycho-traumatismes, #dépressions, #idées_suicidaires, #perte_de_mémoire, #syndrome_d’Ulysse désignant le #stress de ceux qui vont vivre ailleurs que là où ils sont nés), alors que la #psychiatrie nous apprend que le fait migratoire ne génère pas de #pathologie spécifique.

    Les troubles dont souffrent les jeunes migrants peuvent résulter des #conditions_de_vie dans les pays d’origine (pauvreté, conflits armés, persécution…) ou des #conditions_du_voyage migratoire (durée, insécurité, absence de suivi médical, en particulier pour les migrants illégaux, parfois torture et violences) ; ils peuvent également être liés aux #conditions_d’accueil dans le pays d’arrivée.

    De multiples facteurs peuvent renforcer une situation de santé mentale déjà précaire ou engendrer de nouveaux troubles : les incertitudes liées au #statut_administratif des personnes, les difficultés d’#accès_aux_droits (#logement, #éducation ou #travail), les #violences_institutionnelles (la #répression_policière ou les #discriminations) sont autant d’éléments qui provoquent un important sentiment d’#insécurité et du #stress chez les jeunes migrants.

    Ceci est d’autant plus vrai pour les #jeunes_hommes qui sont jugés comme peu prioritaires, notamment dans leurs démarches d’accès au logement, contrairement aux #familles avec enfants ou aux #jeunes_femmes.

    Il en résulte des périodes d’#errance, de #dénuement, d’#isolement qui détériorent notablement les conditions de santé psychique.

    De nombreuses difficultés de #prise_en_charge

    Or, ainsi que le soulignent Joséphine Vuillard et ses collègues, malgré l’engagement de nombreux professionnels de santé, les difficultés de prise en charge des troubles psychiques des jeunes migrants sont nombreuses et réelles, qu’il s’agisse du secteur hospitalier ou de la médecine ambulatoire.

    Parmi ces dernières on note l’insuffisance des capacités d’accueil dans les #permanences_d’accès_aux_soins_de_santé (#PASS), l’incompréhension des #procédures_administratives, le besoin d’#interprétariat, des syndromes psychotraumatiques auxquels les professionnels de santé n’ont pas toujours été formés.

    Les jeunes migrants sont par ailleurs habituellement très peu informés des possibilités de prise en charge et ne recourent pas aux soins, tandis que les dispositifs alternatifs pour « aller vers eux » (comme les #maraudes) reposent essentiellement sur le #bénévolat.
    https://www.youtube.com/watch?v=Pn29oSxVMxQ&feature=emb_logo

    Dans ce contexte, le secteur associatif (subventionné ou non) tente de répondre spécifiquement aux problèmes de santé mentale des jeunes migrants, souvent dans le cadre d’un accompagnement global : soutien aux démarches administratives, logement solidaire, apprentissage du français, accès à la culture.

    Organisateurs de solidarités, les acteurs associatifs apportent un peu de #stabilité et luttent contre l’isolement des personnes, sans nécessairement avoir pour mission institutionnelle la prise en charge de leur santé mentale.

    Ces #associations s’organisent parfois en collectifs inter-associatifs pour bénéficier des expertises réciproques. Malgré leur implantation inégale dans les territoires, ces initiatives pallient pour partie les insuffisances de la prise en charge institutionnelle.

    Des situations dramatiques dans les #CRA

    Dans un contexte aussi fragile, la #crise_sanitaire liée à la #Covid-19 a révélé au grand jour les carences du système : si, à la suite de la fermeture de nombreux #squats et #foyers, beaucoup de jeunes migrants ont été logés dans des #hôtels ou des #auberges_de_jeunesse à l’occasion des #confinements, nombreux sont ceux qui ont été livrés à eux-mêmes.

    Leur prise en charge sociale et sanitaire n’a pas été pensée dans ces lieux d’accueil précaires et beaucoup ont vu leur situation de santé mentale se détériorer encore depuis mars 2020.

    Les situations les plus critiques en matière de santé mentale sont sans doute dans les #Centres_de_rétention_administrative (CRA). Selon le rapport 2019 de l’ONG Terre d’Asile, sont enfermés dans ces lieux de confinement, en vue d’une #expulsion du sol national, des dizaines de milliers de migrants (54 000 en 2019, dont 29 000 en outremer), y compris de nombreux jeunes non reconnus comme mineurs, parfois en cours de #scolarisation.

    La difficulté d’accès aux soins, notamment psychiatriques, dans les CRA a été dénoncée avec véhémence dans un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) en février 2019, suivi, à quelques mois d’écart, d’un rapport tout aussi alarmant du Défenseur des droits.

    La #rupture de la #continuité des #soins au cours de leur rétention administrative est particulièrement délétère pour les jeunes migrants souffrant de pathologies mentales graves. Pour les autres, non seulement la prise en charge médicale est quasi-inexistante mais la pratique de l’isolement à des fins répressives aggrave souvent un état déjà à risque.

    La déclaration d’#état_d’urgence n’a pas amélioré le sort des jeunes migrants en rétention. En effet, les CRA ont été maintenus ouverts pendant les périodes de #confinement et sont devenus de facto le lieu de placement d’un grand nombre d’étrangers en situation irrégulière sortant de prison, alors que la fermeture des frontières rendait improbables la reconduite et les expulsions.

    Un tel choix a eu pour conséquence l’augmentation de la pression démographique (+23 % en un an) sur ces lieux qui ne n’ont pas été conçus pour accueillir des personnes psychologiquement aussi vulnérables et pour des périodes aussi prolongées.

    Des espaces anxiogènes

    De par leur nature de lieu de #privation_de_liberté et leur vocation de transition vers la reconduction aux frontières, les CRA sont de toute évidence des #espaces_anxiogènes où il n’est pas simple de distinguer les logiques de #soins de celles de #contrôle et de #répression, et où la consultation psychiatrique revêt bien d’autres enjeux que des enjeux thérapeutiques. Car le médecin qui apporte un soin et prend en charge psychologiquement peut aussi, en rédigeant un #certificat_médical circonstancié, contribuer à engager une levée de rétention, en cas de #péril_imminent.

    Les placements en CRA de personnes atteintes de pathologies psychologiques et/ou psychiatriques sont en constante hausse, tout comme les actes de #détresse (#automutilations et tentatives de #suicide) qui ont conduit, depuis 2017, cinq personnes à la mort en rétention.

    La prise en charge effective de la santé mentale des jeunes migrants se heurte aujourd’hui en France aux contradictions internes au système. Si les dispositifs sanitaires existent et sont en théorie ouverts à tous, sans condition de nationalité ni de régularité administrative, l’état d’incertitude et de #précarité des jeunes migrants, en situation irrégulière ou non, en fait un population spécialement vulnérable et exposée.

    Sans doute une plus forte articulation entre la stratégie nationale de prévention et lutte contre la pauvreté et des actions ciblées visant à favoriser l’intégration et la stabilité via le logement, l’éducation et l’emploi serait-elle à même de créer les conditions pour une véritable prévention des risques psychologiques et une meilleure santé mentale.

    https://theconversation.com/la-crise-sanitaire-aggrave-les-troubles-psy-des-jeunes-migrants-152

    #crise_sanitaire #asile #migrations #réfugiés #jeunes_migrants #santé_mentale #troubles_psychologiques #genre #vulnérabilité #bénévolat #rétention #détention_administrative #sans-papiers

    ping @isskein @karine4

  • « Make care » : des visières contre le Covid-19
    https://laviedesidees.fr/Make-care-des-visieres-contre-le-Covid-19.html

    Une enquête sociologique sur les “makers”, qui fabriquent bénévolement des visières de protection contre le Covid, révèle un monde créatif en plein chantier, disposé à partager les fruits de l’innovation et apte à constituer des collectifs efficaces face à l’incurie des pouvoirs institutionnels.

    #Société #solidarité #bénévolat #commun
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20201124_makers.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20201124_makers.docx

  • En Italie, le sale boulot de l’intégration

    Au tournant des années 2000, alors que l’Italie s’interroge sur l’intégration des immigré·es, les programmes de bénévolat à destination de ces populations font florès dans toute la péninsule du fait d’un consensus entre les municipalités, les associations impliquées dans le système d’asile et les entreprises sociales qui assurent l’hébergement. Aujourd’hui, ce sont les personnes en procédure d’asile qui sont visées, leur disponibilité au #travail_gratuit constituant une preuve irréfutable de leur mérite civique et de leur volonté d’intégration. Pourtant, un tel engagement « volontaire » imposé à une catégorie particulièrement précaire de la population pose question.

    https://www.cairn.info/revue-plein-droit-2020-3-page-32.htm

    #intégrations #étrangers #Italie #bénévolat

  • Canada : L’opposition veut que Trudeau témoigne devant un comité parlementaire pour l’affaire UNIS #détournement_de_fonds_publics
    https://www.ledevoir.com/politique/canada/582434/le-bloc-aussi-veut-voir-trudeau-devant-un-comite-parlementaire-pour-l-affa

    Les partis d’opposition veulent convoquer le premier ministre Justin Trudeau devant un comité parlementaire afin qu’il s’explique sur un contrat de près d’ un milliard de dollars qui a été confié à l’organisme UNIS, malgré ses liens avec la famille Trudeau.

    Le conservateur Pierre Poilievre avait déjà fait adopter la semaine dernière une motion au comité des Finances afin de tenir des audiences sur le sujet. Parmi la liste d’invités figuraient la ministre de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse, Bardish Chagger, et le greffier du Conseil privé, Ian Shugart.

    Depuis, il a été révélé que la femme, le frère et la mère de M. Trudeau ont reçu 300 000 $ pour avoir participé à des événements publics d’UNIS depuis quelques années. L’une des filles du ministre des Finances, Bill Morneau, a prononcé des discours lors d’événements tandis qu’une autre est contractuelle pour l’organisation.

    M. Poilievre a plaidé pour que Justin Trudeau et Bill Morneau viennent répondre aux questions du comité puisque la controverse les concerne personnellement.

    MM. Trudeau et Morneau ont admis lundi qu’ils avaient commis une erreur en décidant de ne pas se récuser lorsque leur gouvernement a attribué à cet organisme de charité un contrat de 900 millions $ pour gérer un programme de bourses aux étudiants qui font du bénévolat.

    Ces excuses publiques n’ont pas suffi à convaincre le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique, qui ont joint leur voix aux conservateurs afin de tenter d’aller au fond de l’affaire en comité parlementaire.

    « On pense que plus vite la lumière sera faite là-dessus, plus vite l’État canadien recommencera à fonctionner comme du monde », a déclaré le chef bloquiste Yves-François Blanchet, qui était de passage à Ottawa mardi matin.

    « Toutes les personnes impliquées dans ce contrat doivent répondre aux questions, incluant le premier ministre. Les Canadiens et Canadiennes s’attendent à des réponses et méritent des réponses », a fait valoir Peter Julian, porte-parole du NPD en matière de finances.

    En parallèle, le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique enquêtera, à la demande des conservateurs et du NPD, afin de déterminer si le premier ministre a contrevenu à la loi lorsque le gouvernement fédéral a choisi l’organisme UNIS pour gérer le programme de bénévolat étudiant.

    Le Bloc demande, comme il le fait depuis plusieurs jours, que M. Trudeau cède sa place comme premier ministre, le temps que le commissaire fasse la lumière sur cette affaire. Le bureau de ce dernier a déclaré sur les réseaux sociaux que le temps moyen d’une enquête est d’environ sept mois.

    « Je pense que M. Trudeau peut régler ça plus vite que ça en nous donnant l’ensemble de l’information, notamment lors de sa ou ses comparutions dans un ou plusieurs comités. Il n’en tient qu’à lui. S’il n’a rien fait de douteux, […] je l’invite donc à faire la lumière le plus vite possible », a répliqué M. Blanchet.

    Le comité des Finances doit se réunir jeudi après-midi. La liste de témoins n’a pas encore été annoncée.

    Emplois d’été Canada
    Les partis d’opposition se demandent aussi pourquoi le gouvernement Trudeau a créé un programme de 900 millions $ pour aider les étudiants à faire du bénévolat plutôt que d’octroyer l’argent à un programme déjà existant — Emplois d’été Canada.

    « Cela n’a aucun sens. Ils ont mis une tonne d’argent — 912 millions $ — pour un tout nouveau concept alors qu’ils avaient un programme clé en main », a critiqué Dan Albas, porte-parole du Parti conservateur en matière de développement économique.

    Les libéraux ont déjà injecté 60 millions $ dans Emplois d’été Canada afin de créer 10 000 emplois de plus pour les jeunes de 15 à 30 ans. Ce nouveau financement a permis de faire passer le budget total du programme à 323 millions $ et l’objectif d’emplois à 80 000.

    Ni le gouvernement ni UNIS a dit combien de bénévoles allaient être recrutés avec le programme de plus de 900 millions $. Le programme a aussi fait face à son lot de critiques.

    Les participants du programme allaient gagner l’équivalent de 10 $ de l’heure — soit moins que le salaire minimum dans toutes les provinces. Les participants pouvaient se voir accorder des bourses allant jusqu’à 5000 $ en faisant du bénévolat pendant un maximum de 500 heures.

    Il y a aussi eu des questions au sujet des postes disponibles au sein du schéma géré par UNIS. Des étudiants étaient requis pour filmer des vidéos, créer des sites web et faire de la « création de contenu » pour satisfaire les critères du programme de bénévolat.

    M. Albas et le porte-parole du NPD en matière d’éthique, Charlie Angus, ont soutenu que tout cela venait en contradiction avec le programme d’emplois d’été. Le gouvernement avait demandé aux députés à travers le pays d’identifier des emplois dans leurs circonscriptions respectives. Plusieurs organisations n’ont pas reçu de financement.

    « Nous avions des organisations légitimes prêtes à engager des étudiants pour faire du travail légitime, et tout cela a été écarté, s’est indigné M. Angus. Il s’agissait de postes bien plus crédibles que de créer des vidéos qui expliquent comment faire des exercices. »

    Les libéraux ont indiqué qu’ils prévoient aller de l’avant avec le programme de bénévolat, malgré la décision d’UNIS et du gouvernement de mettre fin à l’entente le 3 juillet dernier. Le ministère fédéral de l’Emploi et du Développement social a depuis repris la gestion du programme.

    Les conservateurs, néodémocrates et verts disent tous que le gouvernement devrait apprendre de ses erreurs et mettre l’argent dans le programme d’Emplois d’été Canada, qui est déjà géré par le gouvernement et qui fonctionne bien.

    La chef parlementaire du Parti vert, Elizabeth May, dit que les organisations qui ont déjà sollicité des postes par le biais du programme de bénévolat étudiant
    devraient être en mesure de transférer leurs demandes au programme d’emplois d’été.

    #Justin_Trudeau #trudeau #fils_de #favoritisme #détournement #népotisme #famille #bénévolat (payé ? ? ? ) #conflit_d'intérêt #corruption #collusion #détournement_de_fonds_publics #précarité #travail #associations #baisse_des_salaires

  • La nomination de Brigitte Klinkert à l’insertion inquiète une partie des associations d’aide aux précaires
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/07/08/remaniement-la-nomination-de-brigitte-klinkert-a-l-insertion-inquiete-une-pa

    Le conseil départemental du Haut-Rhin où siégeait la nouvelle ministre a fait voter en 2016 un dispositif conditionnant le versement du RSA à la réalisation de sept heures de bénévolat par semaine.
    Par Bertrand Bissuel

    Sitôt désignée, sitôt mise en doute. L’entrée au gouvernement de Brigitte Klinkert est regardée avec appréhension par des responsables associatifs. Ils pointent du doigt les antécédents de la nouvelle ministre déléguée à l’#insertion. Au cœur des griefs, l’un des volets de l’action sociale du conseil départemental du Haut-Rhin, dont elle est la présidente (divers droite).

    En 2016, cette collectivité territoriale, pilotée par la droite, avait déclenché une vive controverse en adoptant une délibération qui conditionnait le versement du revenu de solidarité active (#RSA) à la réalisation de sept heures de bénévolat hebdomadaire. A l’époque, Mme Klinkert n’était pas à la tête de l’assemblée départementale – le poste étant occupé par Eric Straumann (LR) –, mais elle y siégeait déjà.

    La décision du département avait été critiquée par les associations d’aide aux plus démunis. Portée devant le juge administratif, l’affaire était remontée jusqu’au Conseil d’Etat. Celui-ci avait validé le principe du dispositif, en faisant valoir que des actions de bénévolat pouvaient être demandées aux bénéficiaires du RSA. Mais il y avait mis des conditions : une telle mesure s’applique aux personnes « disponibles pour occuper un emploi » ; elle doit concourir à une meilleure insertion professionnelle, tout en étant cadrée par un contrat liant l’allocataire à la collectivité. Au fil du temps, les élus haut-rhinois avaient amendé le mécanisme, en le basant sur le volontariat – et non plus sur la contrainte.

    « Stigmatisation »

    Même si elle n’a pas été l’instigatrice de cette politique, Mme Klinkert en est coresponsable, car « elle était membre de la majorité départementale » en 2016, souligne Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité. « Sa nomination est une réelle inquiétude pour les associations de lutte contre l’exclusion, poursuit-il. Le risque est de voir resurgir les contreparties obligatoires aux allocations et la #stigmatisation des personnes toujours accusées de ne pas faire d’efforts pour s’en sortir. »

    Ex-président de l’association alsacienne Espoir et personnalité toujours très impliquée dans le soutien aux publics fragiles, Bernard Rodenstein pose un autre regard sur Mme Klinkert : c’est une « humaniste », affirme-t-il, qui « cherche à arrondir les angles » et dont les valeurs sont éloignées du discours consistant à dicter des devoirs aux bénéficiaires de minimums sociaux. M. Rodenstein se sent d’autant plus à l’aise pour le dire qu’il avait vertement critiqué l’initiative du département du Haut-Rhin en 2016.

    Dans l’entourage de la ministre déléguée, on fait valoir que Mme Klinkert n’a pas été nommée pour généraliser le dispositif instauré dans le Haut-Rhin. Il serait par ailleurs « réducteur », ajoute-t-on, de juger l’action de cette collectivité et de Mme Klinkert à la seule aune de la mesure votée en 2016 – et modifiée depuis.

    #droits_sociaux #conditionnalité #contrepartie #bénévolat_obligatoire #travail

  • [Radio PANdemIK] Radio PANdemIK #34
    http://www.radiopanik.org/emissions/radio-pandemik/radio-pandemik-34

    Panik se décuple et propage en Pandémik infectieuse des oreilles les plus sourdes. Volatile, imprévisible, elle s’attrape à horaires variables, pour une durée brève ou indéterminée et jusque mort s’ensuive.

    [00:14] Au taff masqué : chorale des soignantes de l’hopital de Roubaix [01:24] « Des masques pour réparer le monde » : carte blanche de Clémence Mathieu, directrice du Musée du Carnaval et du #masque à #binche _ lecture par Leslie sous fond de Carnaval de Binche capté par Vincent [07:14] Allocution administérielle [09:41] Bas les Masques ! Confectionnés sans Patron par Arthur avec habillement sonore de Flavien Gillié & Alice Just et les voix de : Annabelle Locks des Masques de Bruxelles Rosario Marmol-Perez de l’asbl La Cible à Liège pour le projet Masques Solidaires Liège Marion (...)

    #travail #gouvernement #coronavirus #bénévolat #couture #travail,gouvernement,masque,coronavirus,bénévolat,couture,binche
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/radio-pandemik/radio-pandemik-34_08858__1.mp3

  • RSA contre bénévolat semi-obligatoire : épilogue jurisprudentiel
    https://blog.landot-avocats.net/2020/04/17/rsa-contre-benevolat-semi-obligatoire-epilogue-jurisprudentiel
    https://i1.wp.com/blog.landot-avocats.net/wp-content/uploads/2020/04/Capture-d_écran-2018-12-29-à-09.23.32.png?fit=816%2C462&ssl=1

    Non sans quelques conditions, il est possible d’imposer (mais contractuellement, et au cas par cas) un brin de #bénévolat en échange du #RSA, et ce pour toutes les catégories d’allocataires, a estimé, en juin 2018, le Conseil d’Etat, revenant sur les positions du TA de Strasbourg, mais aussi sur celles de la CAA de Nancy.

    Par une décision du 28 décembre 2018, le TA de Grenoble a affiné encore un peu le propos.

    Puis par une autre décision, la CAA de Nancy a rendu une ultime décision, le 8 avril 2020, permettant une délibération cadre du conseil départemental, glissant vers le caractère obligatoire de ce bénévolat, tant que la définition au cas par cas relève d’autres décisions avec ensuite les nuances imposées par le Conseil d’Etat, ce qui est à tout le moins tolérant pour les collectivités.

    Le droit semble donc enfin clair à ce sujet.

    #jurisprudence #bénévolat_obligatoire #conseil_départemental

  • Le travail domestique est la matrice pour penser le travail gratuit. Réflexions sur les frontières du travail avec Maud Simonet

    par Julia Burtin Zortea et Lucie Gerber

    https://pantherepremiere.org/texte/le-travail-domestique-est-la-matrice-pour-penser-le-travail-gratui

    "Alors que la gestion de la pandémie de COVID-19 accélère les dynamiques de mise au travail de certaines catégories de population par l’État sans contrepartie financière (ou si peu), nous vous proposons la lecture de cet entretien avec la sociologue Maud Simonet publié dans le dernier numéro de Panthère Première (printemps-été 2020), paru juste avant le confinement.

    Justifié par les rhétoriques du « sacrifice national », du « civisme » et de l’ « altruisme », le recours au travail gratuit (ou quasi gratuit) des étudiant·es infirmier·es, des réfugié·es et des milliers de femmes qui cousent des masques à domicile met en lumière un phénomène structurel. Pour comprendre les logiques à l’œuvre, la sociologue Maud Simonet, auteure de l’ouvrage Travail gratuit : la nouvelle exploitation ? (Éditions Textuel, 2018) propose de revenir à la critique féministe du travail domestique."

    #travail_gratuit #travail_domestique #état #maud_simonet

  • La Charente -Le Département de la Charente s’engage à doter tous les Charentais de masques en tissu !
    https://www.lacharente.fr/no-cache/acces-direct/actualites/details/actualites/le-departement-de-la-charente-sengage-a-doter-tous-les-charentais-de-masq

    Alors que l’ampleur de la crise sanitaire tend à imposer le port du masque de protection à l’ensemble des Français, le Département de la Charente a souhaité être en première ligne en coordonnant les initiatives locales dans ce domaine. Il lance un appel à tous les Charentais, particuliers, associations et entreprises, désireux de réaliser des masques en tissus (modèle AFNOR), en leur proposant de leur fournir la matière première (tissus, fils de couture…) nécessaire à leur création et s’engage à faciliter la collecte et la distribution des masques ainsi fabriqués sur tout le territoire.

    Je ne sais pas pour les autres départements, mais l’idée là est d’avoir 350 000 masques dans les boîtes aux lettres des charentais d’ici mi mai.
    La distribution de la matière première commence demain, soit le 10 avril 2020.

  • « La #passion peut devenir le levier de nouvelles formes d’#exploitation »

    L’anthropologue et ethnologue #Giulia_Mensitieri a obtenu le Grand Prix du livre de mode 2019 pour son enquête sur la précarité systémique au sein de l’industrie de la mode. Elle y expose comment ce milieu a réussi ce que bien des industries créatives et culturelles tentent de faire : rendre normal de proposer des dimensions symboliques comme le prestige ou l’espoir en guise de rémunération. Son essai, Le plus beau métier du monde (La Découverte), paraît en format poche au mois de mars. Entretien.

    Pourquoi avez-vous choisi de travailler sur le milieu de la mode ?

    Giulia Mensitieri : J’avais envie d’enquêter sur les transformations du travail, de sa valeur et de sa nature dans le #capitalisme contemporain. Lorsque j’étais en doctorat à l’EHESS, j’ai pu constater que les jeunes chercheurs dont je faisais partie, tout comme les travailleurs des industries culturelles et créatives, bénéficiaient d’un statut social valorisé et valorisant, tout en étant dans une forte précarité financière. Il y avait une sorte de scission entre le statut social et le statut économique.

    En tant qu’anthropologue, je procède par enquêtes ethnographiques, en immersion. Il me fallait trouver un terrain – un milieu, une communauté – dans lequel je pourrais m’introduire et explorer les questions qui m’intéressaient. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Mia, styliste photo, et découvert les inégalités qui régissent le monde de la mode, l’une des industries les plus puissantes du capitalisme contemporain.

    Votre livre restitue le quotidien de travailleurs de la mode, qu’ils travaillent dans des maisons de couture, en boutique ou dans l’atelier d’une figure montante. Vous faites preuve de beaucoup d’empathie pour leurs choix et leurs situations et cela peut se lire dans l’enquête. Pourquoi était-ce important pour vous ?

    C’est une posture déontologique propre à l’anthropologie. Il faut essayer de comprendre les situations de l’intérieur et les choix des individus sans juger. J’ai pris très au sérieux les motivations, les désirs, les choix et les arguments des personnes qui m’entouraient. De surcroît, lorsque l’on est en immersion, que l’on côtoie les gens et que l’on tisse des liens avec eux, il est très difficile de se mettre à distance et d’objectiver, bien que ce soit également le travail du chercheur.

    Dans le cas particulier de ma recherche, j’ai donné une place importante aux émotions, y compris celles dont j’ai moi-même fait l’expérience, car je les considère comme des données de l’enquête. Le milieu de la mode fonctionne sur les affects et les relations interpersonnelles de manière très particulière, qui en font des leviers de l’exploitation. Je m’explique : il y a une tendance à penser les rapports inégalitaires dans le monde du travail de manière subjective, interpersonnelle, anecdotique – « Mon chef est désagréable », « j’ai de la chance » ou « je n’ai pas de chance » –, quand ces rapports sont en réalité structurels et systémiques. Dans une industrie régie par des passions, des élans de désirs, il s’agit en fait d’une autre échelle de la violence. Ces nouvelles formes d’exploitation basées sur les #affects font partie de ce que l’on appelle le #capitalisme_émotionnel.

    Les travailleurs de la #mode choisissent ce métier car ils aiment la haute couture, la beauté, vous dites qu’ils sont « saisis » par le rêve… Au point qu’une fois l’envers du rêve révélé, peu des personnes interrogées dans votre enquête, même quand elles sont déçues, décident de partir. Comment l’expliquer ?

    C’est un peu plus complexe que cela. En effet, l’amour pour la beauté, la création, l’art, les vêtements et la transformation que la mode vend est sans doute l’une des raisons les plus courantes de l’entrée dans ce monde. Le statut social importe également. La mode vend un rêve de luxe, de prestige et d’exception qui meut également les travailleurs et les aspirants travailleurs de cette industrie, bien que cela soit très lointain de la réalité professionnelle.

    Alors pourquoi restent-ils ? Pour plusieurs raisons. Souvent, très concrètement, les personnes exploitées n’ont pas de temps pour chercher un autre emploi. Elles sont tenues sous l’eau, comme dans bien de milieux professionnels. Mais au-delà de ça, la mode offre, en échange de la précarité et des inégalités, un statut social privilégié. Dire « je travaille dans la mode » place directement les individus dans une sorte d’élite symbolique. Il y a vraiment un effet magique. Pour les travailleurs, il est difficile de renoncer à ce statut, de ne plus bénéficier de ce regard-là et de quitter ce que j’appelle cette « élite du désir » pour se projeter dans d’autres milieux professionnels qui ne bénéficient pas de cette aura.

    En réalité, ils sont pourtant nombreux à partir parce qu’ils ne peuvent plus tenir. La durée de carrière dans cette industrie est très courte, à moins d’avoir la possibilité de travailler gratuitement à long terme, ce qui pose un enjeu de classe très important, relatif à de nombreuses industries culturelles et créatives. Qui peut se permettre de travailler gratuitement pour construire son CV ? D’investir dans cette économie de la promesse et de l’espoir ? Ceux qui sortent de ce monde sont ceux qui n’ont pas cette possibilité-là, économique, voire psychique.

    Au lieu de partir, pourquoi n’essaient-ils pas de changer les choses ?

    L’une des règles qui structurent de façon implicite le monde de la mode est que l’on accepte d’emblée les inégalités. Dans le livre, je cite cette phrase de Lagerfeld : « La mode c’est l’injustice totale, c’est comme ça, c’est tout ». Cela fait partie des dimensions qui rendent en apparence ce monde exceptionnel, comme s’il était régi par d’autres règles que celles qui structurent le monde du travail en général. Je dis bien « en apparence exceptionnel » parce que je ne pense pas que l’on puisse considérer la deuxième industrie la plus puissante en France du point de vue économique, une industrie qui représente 6 % de la consommation mondiale et qui mobilise plusieurs milliards de travailleurs, comme une exception dans le capitalisme. Elle en est davantage un emblème.

    Pour préserver sa carrière dans la haute couture, la styliste photo que vous suivez, Mia, doit cacher ses missions rémunératrices pour des catalogues grand public et mettre en avant des prestations gratuites ou payées en bons d’achats par des marques de luxe. Quelle est la logique derrière cela ?

    C’est ce que j’appelle dans le livre « la règle du jeu » : plus une prestation professionnelle est valorisante pour le CV et la carrière, moins elle sera payée en argent. La mode a réussi – et encore une fois je vous invite à faire le lien avec de nombreuses autres industries – ce que le sociologue Pierre Bourdieu appelait la « démonétisation du travail ». C’est-à-dire que le travail n’est plus payé en argent mais dans des dimensions symboliques et immatérielles. Des prestations professionnelles vont être payées en prestige, en visibilité, ou en espoir… C’est également une manière d’affirmer des hiérarchies. Quand une marque de luxe ou une marque qui se porte très bien financièrement peut se permettre de ne pas payer les gens qui travaillent pour elle, elle établit un lien hiérarchique très fort. Le propos est essentiellement : « Tu as la chance de travailler pour moi, je n’ai pas besoin de te payer, je te rends un service en te permettant de travailler pour moi et c’est toi qui devrais être reconnaissant. »

    Certaines marques vont payer leurs travailleurs avec des biens de luxes, des sacs à main, des vêtements ou autres… Elles sont alors gagnantes sur tous les plans. Non seulement elles n’ont pas besoin de payer leurs travailleurs, mais ces derniers vont en outre mettre en scène les objets que l’industrie produit dans l’espace public, sur Instagram, et devenir ce que les marques appellent des « ambassadeurs ». Cet aspect-là pose d’ailleurs la question de la frontière extrêmement floue entre consommateur et travailleur. Dans la mode, la désirabilité que les travailleurs créatifs produisent – et qui sert d’incitation auprès des consommateurs – est un désir qui les anime aussi. Ils ont eux-mêmes cette forme de désir pour les produits de l’industrie, dont ils sont, selon les échelons, des « consommateurs manqués » ou des consommateurs accédant à ces objets grâce à leur travail. Mia par exemple, alors complètement précaire et sans salaire, a reçu un bon de 5000 € d’une marque de luxe et a pu s’acheter un sac à main à 3000 €. Elle n’aurait jamais pu se le permettre autrement.

    Si le travail assumé n’est pas ce qui permet de gagner sa vie, il semble qu’il y ait une confusion entre le travail et la passion…

    Je vous retourne la question : n’est-ce pas également le cas des journalistes, des chercheurs dont je fais partie et de nombreux autres métiers dans lesquels les conditions financières sont très instables ? La passion fait partie de ces affects qui peuvent devenir les leviers de nouvelles formes d’exploitation. Si l’on remonte aux critiques relatives à l’aliénation durant Mai 68, le travailleur y est considéré comme une machine, aliéné de ses affects et de ses sentiments, répétant continuellement les mêmes tâches. Aujourd’hui, nous sommes quelque part dans une situation complétement inverse. Les exploitations découlent du manque total de frontières entre le sujet hors travail, hors production, et le sujet au travail. Je ne sais pas s’il y a une confusion mais il y a un manque de barrières.

    Les métiers des industries culturelles et créatives sont de surcroît des métiers où il est très difficile de comptabiliser le temps de travail. Est-ce que si l’on est au bar en train de faire du réseau à l’heure de l’apéro, on travaille ? Quand on fait des posts sur Instagram, quand on est dans son lit en train de penser à sa collection ou à son article, est-ce qu’on travaille ? Ce sont des questions que ce type de métiers pose. En tant qu’industrie extrêmement lucrative se permettant néanmoins de ne pas payer tous ses travailleurs en vertu d’un statut social, de désirs et de passions, la mode les pose de manière très particulière, mais ces dynamiques régissent également d’autres mondes professionnels.

    https://www.nouveau-magazine-litteraire.com/entretien/la-passion-peut-devenir-le-levier-de-nouvelles-formes-d
    #émotions