#bétise_politique

  • Bilan critique du courant anti-industriel | Zoom Ecologie
    https://www.zoom-ecologie.net/?Bilan-critique-du-courant-anti-industriel

    Ayant côtoyé des personnes se rattachant au courant anti-industriel au sein de luttes écologistes, y ayant trouvé un intérêt politique et théorique à un moment de notre trajectoire, mais étant désormais en franc désaccord avec certains positionnements essentialistes ou covido-négationnistes/relativistes émanant de ce milieu, nous revenons de manière critique sur ce courant. Durée : 1h. Source : Fréquence Paris Plurielle

    https://www.zoom-ecologie.net/IMG/mp3/antiindus.mp3

    • Radio : Mathieu Amiech, La gestion sanitaire de la covid-19, 2023

      https://sniadecki.wordpress.com/2023/03/29/rmu-amiech-covid

      Pour resituer le contexte dans lequel #Matthieu_Amiech fait cette émission, il me faut ajouter que cette émission « L’Actualité des luttes » diffuée sur Radio FPP est en quelque sorte une mise au point a une autre émission qui a également été diffusée sur les ondes de Radio FPP. Il s’agit de l’émission « Zoom Ecologie » intitulée « Bilan critique du courant anti-industriel » du 18 octobre 2022. Là aussi, les références et liens sont dans le descriptif de l’émission.
      Ce « bilan critique » qui dure une heure est divisé en 3 parties de 20 mn chacune.
      1er partie : les « aspects positifs de la critique anti-indutrielle ».
      2nd partie : dénonce la prétendue « transphobie » du groupe grenoblois PMO et le prétendu « covido-négationnisme » des éditions La Lenteur en la personne de Matthieu Amiech, qui est nommément cité.
      Et enfin la 3e et dernière partie : prétend dénoncer les « impasses théoriques et politiques du courant anti-industriel ». Rien que ça !
      Et là, c’est juste du délire complet !
      C’est du délire parce que dans cette émission, on nous parle de « les anti-industriels » comme si c’était un parti politique officiel avec des membres enregistrés et avec une doctrine bien définie. La réalité c’est qu’il y a beaucoup de groupes très différents qui se réclament de la « critique anti-industrielle », ou « #technocritique » comme dirait François Jarrige dans son ouvrage du même nom.
      Et donc ces militants, qui pourchassent avec raison les clichés essentialistes qui circulent encore trop dans la société – du genre, « les petites filles s’habillent en rose » –, dès qu’il s’agit de gens qu’ils n’apprécient guère, eh bien, ils essentialisent leurs adversaire à bloc. De même que les noirs sont des feignants, les arabes des voleurs, les « zanti-industriels » sont tous de fieffés réactionnaires, c’est bien connu !
      A partir de là, ils nous attribuent toutes les tares qu’il leur plait, et il y en a un sacré paquet ! Mais puisque jamais ils ne précisent de qui ils parlent ni a quels textes ou prises de position ils se réfèrent, leurs critiques ne font que refléter leur ressentiment à l’égard de personnes dont ils ne comprennent pas les idées, mais dont ils sentent bien que ces idées remettent radicalement en question certains aspects de la société industrielle auxquels ils se sont habitués et auxquels ils ne voudraient pas renoncer.
      En bref, on constate que nos donneurs de leçons sont eux-mêmes bien incapables de formuler une critique argumentée et référencée, et donc d’appliquer à eux-mêmes ce qu’ils exigent des autres. D’ailleurs, la grande majorité de leurs critiques ont été réfutées par avance par des ouvrages publiés aux éditions La Lenteur ces dernières années. Celui d’Aurélien Berlan, Terre et liberté et celui de Bertrand Louart, Réappropriation, jalons pour sortir de l’impasse industrielle . Le premier est sorti il y a un an et le second six mois avant leur émission.

      #essentialisme #bêtise_politique #Naufrage_réactionnaire

  • À quel monde nous lions-nous ? Quelques remarques sur la participation de Paul B. Preciado à une publicité Gucci
    http://trounoir.org/?A-quel-monde-nous-lions-nous-Quelques-remarques-sur-la-participation-de-P

    Nous publions ce texte qui nous est parvenu cette semaine dans la boite de Trou Noir. L’auteure revient sur la participation du philosophe Paul B. Preciado à une publicité Gucci, co-réalisée par Gus Van Sant et Alessandro Michele, en interrogeant le refus de la pureté politique qu’utilise Preciado pour se défendre. Source : Trou noir

  • « Que les décideurs politiques ouvrent le débat sur l’effondrement de la société pour que nous puissions commencer à nous y préparer »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/10/que-les-decideurs-politiques-ouvrent-le-debat-sur-l-effondrement-de-la-socie

    « 
    Un débat public sur cette menace de l’effondrement est indispensable afin de pouvoir en réduire la probabilité, la rapidité, la gravité et les dommages infligés aux plus vulnérables comme à la nature, relève dans une tribune au « Monde » un collectif de plus de 400 scientifiques d’une vingtaine de pays.

    –---

    Nous sommes des scientifiques et universitaires de plus de vingt pays et nous appelons les décideurs politiques à s’engager ouvertement face au risque de bouleversements, voire d’effondrement, de nos sociétés. Cinq ans après l’accord de Paris de 2015 sur le climat, nous n’avons pas réussi à réduire nos émissions de carbone, et nous devons maintenant faire face aux conséquences.

    S’il est essentiel d’agir avec courage et équité pour réduire les émissions et réabsorber naturellement du carbone, nombreux sont les chercheurs qui considèrent désormais l’effondrement de la société au cours de ce siècle comme un scénario crédible. Les avis diffèrent sur le lieu, l’étendue, la date, la durée et la cause de ces bouleversements ; mais la manière dont les sociétés modernes exploitent les hommes et la nature est une préoccupation commune à tous.

    [...]

    #effondrement #tribune #paywall #collapsologie

    • On parle d’un effondrement à venir, comme si la dégradation des conditions de la vie sur Terre n’était pas déjà en route depuis un moment. Pas un mot sur les mouvements de résistance qui existent déjà, et qu’il faudrait encourager et soutenir.

      Cet appel s’adresse aux dirigeants de la part de « scientifiques » qui se veulent les conseillers d’un Prince Eclairé et Charmant (l’Etat, sa Police, son Armée) qui est sensé défendre le bien public alors qu’il est évident qu’il défend « la liberté du commerce et de l’industrie », et donc les intérêts des classes dominantes. En Marche vers la #technocratie collapsologique. On y retrouve bien sûr #Pabo_Servigne et sa #bêtise_politique insondable...

      Texte complet et en français de la tribune : https://framaforms.org/appel400scientifiques-1607524970

  • Fabian Scheidler, La fin de la mégamachine , 2020

    « La mégamachine se précipite dans le mur et ses pilotes jouent à l’aveuglette sur divers régulateurs, ce qui ne fait finalement qu’empirer la situation. Car les seuls outils qui pourraient maintenant nous être d’une aide quelconque n’ont jamais été prévus : un frein et une marche arrière . »
    La Fin de la mégamachine , p. 439.

    Contrairement à ce que le titre peut suggérer, il ne s’agit pas d’un livre de « collapsologie » (science de l’effondrement incarnée en France par Pablo Servigne, auteur du best-seller Comment tout peut s’effondrer , 2015). Les collapsologues agrègent des études dites scientifiques montrant que notre système économique et notre mode de vie ne sont pas soutenables (en raison de leurs impacts sur le tissu de la vie sur Terre, ainsi que de la finitude des ressources). En bref, ils font de la prospective catastrophique, sans toujours s’intéresser aux causes sociales et politiques structurelles de cette dynamique désastreuse qui est en cours depuis longtemps (au moins depuis la Seconde Guerre mondiale, qui constitue le début de la « grande accélération » dans les déprédations écologiques, voire depuis la Révolution industrielle ou l’apparition des premiers Empires). Scheidler fait exactement l’inverse : il revient sur l’histoire longue du système économique et politique dans lequel nous vivons (qu’on l’appelle société industrielle, capitalisme, modernité ou civilisation occidentale) pour mettre en lumière les causes sociopolitiques de l’effondrement en cours, causes qui sont ultimement liées à la quête de puissance, de pouvoir et de domination – qui se traduisent aujourd’hui par l’accumulation du capital, la croissance économique et l’innovation technologique – qui gouverne nos sociétés inégalitaires et hiérarchisées.

    Le livre de Scheidler constitue un antidote à la #bêtise_politique d’un Servigne !

    #Fabian_Scheidler, #mégamachine, #histoire_politique, #domination, #capitalisme, etc.

    https://sniadecki.wordpress.com/2020/11/11/scheidler-megamachine

    https://www.seuil.com/ouvrage/la-fin-de-la-megamachine-fabian-scheidler/9782021445602

    www.megamachine.fr

    • Finalement, « l’effondrement »,c’est vachard parce, sur le coup, tu sais même pas que t’es déjà « effondré » vu qu’il te faudra attendre plusieurs générations pour t’en apercevoir. Impatient je suis de vivre toute cette belle #résilience

      #effondrisme #gloubi-boulga #phobosophes

      On vit une « époque passionnante ». C’est ce que doivent penser tous les gens qui sont à la rue ou coincés dans des camps de fortune aux frontières de la « Forteresse Europe ».

      La #collapsologie : une nouvelle manifestation de l’#indécence ...

      #Gilles_de_la_Tourette

    • Ben je vois pas pourquoi tu le saurais de manière certaine, depuis le tout tout départ ils disent que l’effondrement n’est PAS un événement (genre ça se passe à telle date de telle heure à telle heure) mais un processus, qui prend longtemps et qui est très probablement déjà commencé (y compris quand ils ont commencé avec le premier livre).

      C’est plein de facteurs à la fois, les catastrophes naturelles (sécheresses et inondations bien plus fortes), migrations climatiques, guerres, terrorismes, crises financières, pandémies, etc, etc, qui combinés aboutissent à désorganiser de plus en plus le mode de vie industriel. Mais comme il le rappelle encore là, à aucun moment ça ne signifie la fin obligatoire du capitalisme d’un coup, puisqu’il est lui-même un système extrêmement résilient se nourrissant des chocs répétés. C’est uniquement en s’y préparant et en ayant des actions collectives qu’on peut espérer sortir de certaines dépendances, et uniquement à une échelle plutôt locales (municipales et régionales) d’après lui/eux.

    • L’indécence se trouve dans le ton docte qu’ils adoptent et les pseudo-remèdes qu’ils préconisent pour se « résilier » ou plutôt faire en sorte que nous nous « résignions ». Ils nous font un #storytelling soft et dégoulinant de coolitude et partant, certain·es arriveront à se persuader que ça va passer « crème » sans choc, justement, puisque ça va s’étaler dans un temps plutôt long. J’espère juste pour eux qu’ils pourront ainsi rester longtemps dans le déni. Le seul problème c’est qu’ils aveuglent beaucoup de monde et tous les « adeptes » du récit des collapsologues vont fatalement se trouver à un moment ou à un autre, elles/eux mêmes confronté·es à une tragédie. Présentement, nous sommes en train d’en vivre un épisode brutal. Et sinon, beaucoup de communautés de par le monde l’ont déjà expérimenté cet « effondrement » et malheureusement leurs capacités de « résilience » se sont vite retrouvées « à la rue ».

      Le manifeste des « Damné·es de la Terre » peut en témoigner :

      https://www.redpepper.org.uk/an-open-letter-to-extinction-rebellion

      Quant à savoir si nous serons capables de nous auto-organiser pour faire face ne serait-ce qu’en regard à ce que se passe là, à ce moment présent, et bien c’est pas gagné. Oui, je sais : je suis plutôt d’un naturel pessimiste, ce qui soit dit en passant, serait plutôt un avantage vu que, envisageant le plus souvent le pire, j’ai rarement de « mauvaises » surprises. Sinon, oui, moi aussi je suis choqué par ce qui se passe, je suis désemparé de voir que nos sociétés et les institutions qui seraient censées pouvoir amortir les chocs que nous subissons soient complètement « failed ». Alors, des petites communautés capables de faire face : oui d’accord, la première condition étant qu’elles se donnent en priorité les moyens de préserver l’intégrité physique de leurs propres membres et qu’elles arrivent aussi à se dissimuler un tant soit peu pour éviter de susciter l’appétit d’autres communautés ou plutôt d’organisations moins « cool » d’un point de vue éthique, voire qui adopteront sans aucun état d’âme un comportement ouvertement criminel pour assouvir leurs volontés de domination et de contrôle en mode « hubris ».

  • Pablo Servigne : « Avec les mégafeux, le projet moderne a trouvé plus fort que lui »
    https://reporterre.net/Pablo-Servigne-Avec-les-megafeux-le-projet-moderne-a-trouve-plus-fort-qu

    Le penseur Pablo Servigne, qui a forgé le concept de collapsologie, parle d’un « effondrement de la normalité » et d’un « basculement rapide et massif de l’opinion publique » en Australie, car les mégafeux montrent bien que les catastrophes ne sont ni lointaines ni hypothétiques. Source : Reporterre

  • « Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle »

    Par Agnès Sinaï, Pablo Servigne, Yves Cochet

    Le Monde du 23 juillet 2019.

    Vivre avec la fin du monde 1/6.
    Trois membres de l’Institut Momentum appellent à assumer l’effondrement systémique global qui vient pour préparer l’avènement d’une société « résiliente ».

    La fin de notre monde est proche. Une ou deux décennies, tout au plus. Cette certitude qui nous habite désormais, et qui a bouleversé nos croyances et nos comportements, est le résultat d’observations scientifiques nombreuses et variées sur l’évolution du système Terre, mais aussi de l’expression de caractéristiques banales de l’espèce humaine lorsqu’un événement extraordinaire s’annonce.
    Depuis une trentaine d’années, les études et les rapports scientifiques ne cessent d’augmenter la plausibilité d’un seuil climatique planétaire qui fera basculer le système Terre dans un état inconnu, nanti de températures moyennes plus hautes que depuis un million d’années. La probabilité d’un tel futur proche est aujourd’hui plus élevée que celle de tout autre scénario prospectif.
    Ce n’est plus une question de « si », c’est une question de « quand ». En examinant les centaines de travaux afférents, depuis le premier rapport du Club de Rome – Les Limites à la croissance – en 1972, jusqu’au récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) – « Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C » –, en octobre 2018, on peut estimer la date de passage de ce seuil planétaire entre 2020 et 2040.
    Trajectoire chaotique
    Ce seuil critique global est la conséquence de multiples boucles de rétroaction autorenforçantes entre éléments du système Terre, dévasté par un siècle de libéral-productivisme. Ainsi, pour le seul cycle du carbone, la fonte du permafrost sibérien, l’affaiblissement du pouvoir de séquestration du carbone par les terres et les océans, la déforestation de l’Amazonie et celle des forêts boréales constituent des boucles de rétroaction qui accélèrent le dérèglement climatique.
    Ces rétroactions s’étendent à tous les sous-systèmes de la Terre, intensifiant ainsi l’érosion de la biodiversité, et réciproquement. Cette trajectoire chaotique du système Terre conduit les sociétés humaines vers un effondrement systémique global : passé ce seuil de bascule, le chaos sera tel qu’aucun Etat ne sera plus capable de faire respecter la loi, de contrôler les armes, de lever des impôts.
    Cependant, ce basculement n’est que la composante objective de l’effondrement. Deux caractéristiques cognitives de l’espèce humaine transforment la plausibilité géobiophysique de l’effondrement en une certitude politique. La première s’énonce comme suit : l’immensité (c’est-à-dire l’imminence et l’ampleur) de la catastrophe « éco-anthropologique » est telle qu’elle excède nos capacités de compréhension, aussi bien de perception que d’imagination. Elle est irreprésentable, démesurée, supraliminaire, comme dit le philosophe Günther Anders. La seconde relève de la spécularité des croyances et des comportements : une personne informée de l’effondrement rapproché ne se demande pas si elle veut changer sa vie – c’est-à-dire diminuer drastiquement son empreinte écologique –, mais seulement si elle le ferait au cas où un certain nombre d’autres le feraient aussi.
    Ainsi, l’effondrement est inévitable non parce que la connaissance scientifique de son advenue est trop incertaine, mais parce que la psychologie sociale qui habite les humains ne leur permettra probablement pas de prendre les bonnes décisions, au bon moment. Il existe souvent plusieurs manières de résoudre un problème local ou circonscrit, mais affronter tous les problèmes ensemble et globalement rend le coût d’éventuelles solutions si élevé que seul le déni s’avère être la réponse adaptée. C’est ce déni de masse qui garantit que l’effondrement est certain.
    Stress prétraumatique
    De nombreuses populations subissent déjà les conséquences des catastrophes globales, des dérèglements écosystémiques et des pollutions diverses. Les classes sociales vulnérables et les pays pauvres (et on ne parle même pas des organismes non humains) subissent déjà des traumatismes qui commencent à être connus (stress, dépression, démence, suicides, maladies, etc.) et qui annoncent tout simplement notre avenir psychique à nous, les privilégiés.
    La prédiction même d’une catastrophe peut faire souffrir. On sait que l’annonce de dégradations à venir provoque déjà ce que les psychologues appellent le stress prétraumatique, autrement dit les effets néfastes de la peur du futur. Ainsi sommes-nous confrontés à un dilemme : comment annoncer que la maison brûle — et qu’elle sera détruite — sans faire peur à ses habitants ? Si vous étiez pompiers, que feriez-vous ? Il faut le dire, bien sûr, le crier haut et fort, avec fermeté et bienveillance. Puis, tout en se concentrant sur l’incendie, prendre soin de certains habitants traumatisés, et motiver tout le monde à sauver ce qui doit l’être.
    Prendre soin. Voilà ce qui manque cruellement à notre époque, et cela constitue une bonne partie de la réponse à la question : comment vivre la fin du monde ? Prendre soin de nous-mêmes, des autres, des non-humains. Prendre soin de notre psyché, des émotions que tout ce chaos génère, c’est-à-dire accueillir par l’écoute : tristesse et désespoir, colère et rage, inquiétude et peur. Tous ces affects sont parfaitement normaux. Pire, ils vont s’intensifier ! Il ne s’agit nullement de se complaire dans ces marais émotionnels, mais d’apprendre à les traverser individuellement et collectivement, à les côtoyer, afin de ne pas se laisser emporter, et trouver les ressources pour organiser la suite, pour résister.
    Mais comment résister à la fin du monde ? Ou plutôt, comment faire émerger un autre monde possible à partir de celui-ci ? La première piste est à rechercher du côté de la permaculture en tant que vision du monde et science pragmatique des sols et des paysages. Le néologisme « permaculture » a été forgé en Australie par Bill Mollison et David Holmgren, à partir de la contraction de deux termes : « permanent » et « agriculture », mais aussi « permanent » et « culture ». Depuis la Tasmanie, berceau de leur prise de conscience, ils formulent l’hypothèse d’un effondrement des subsides énergétiques injectés dans le système agro-industriel. Dès lors, la permaculture devient plus qu’une technique agricole : c’est une autre façon de concevoir le monde, un changement philosophique et matériel global. C’est une vision éthique des sociétés futures, qui seront confrontées à l’évolution des régimes énergétique et climatique.
    Aujourd’hui plus que jamais, il s’agit de rejeter les leurres de la croissance verte afin de revenir à une juste mesure en réduisant considérablement notre empreinte sur le monde. Ce qui veut dire mettre en œuvre immédiatement une nouvelle organisation sociale et culturelle, qui valorise la lenteur et enseigne les boucles de rétroactions, les liens de cause à effet, les mutualismes, la complexité. Dans la société permaculturelle, les réseaux ne sont plus invisibilisés, la frontière entre producteur et consommateur s’estompe dans un contexte de simplification progressive des mégasystèmes. Aussi bien par nécessité de résilience (dans la perspective d’un effondrement des sociétés industrielles) que par éthique des ressources, il s’agit de boucler les cycles, de passer d’une économie extractiviste de stocks à une économie renouvelable de flux. Le nouveau paysage permaculturel se veut directement comestible, au plus proche des habitants, qui eux-mêmes deviennent acteurs de ces nouveaux diagrammes alimentaires et énergétiques. Les paysages se déspécialisent, les fonctions se diversifient.
    Il en résulte une deuxième piste d’action, autour de nouvelles formes politiques territoriales ancrées dans le soin des paysages, œuvrant à la résilience des établissements humains face au nouveau régime climatique. Ces nouveaux territoires prennent le nom de « biorégions » et se substituent aux découpages administratifs actuels grâce à un changement général d’échelle et à une politique de décroissance. Les biorégions permettront, avant, pendant et peut-être après l’effondrement, d’organiser des systèmes économiques locaux territoriaux où les habitants, les manufactures et la Terre travailleront en coopération. La dynamique biorégionale stimulera le passage d’un système hyperefficient et centralisé à une organisation forgée par la diminution des besoins de mobilité, la coopération, le ralentissement, composée d’une multitude de dispositifs et de sources d’énergie. La civilisation automobile et l’agriculture intensive n’auront plus leur place dans cette nouvelle configuration. Les biorégions seront les territoires du ressaisissement.
    Des sociétés conviviales et de proximité
    La troisième voie de la résistance est celle d’un imaginaire social libéré des illusions de la croissance verte, du productivisme et de la vitesse, actionnées par les entreprises transnationales. La ville connectée, emblème d’une techno-euphorie totalement hors-sol, laissera la place à des bourgs et des quartiers off the grid (« hors réseau ») autoproducteurs d’énergie. Le nombre de véhicules sera réduit au strict minimum, les flottes seront administrées par les communes (libres !), tandis que les champs redessinés en polyculture pourront être traversés à pied. Des axes végétaux résorberont les infrastructures de la vitesse ainsi que les friches industrielles. Qui dit sociétés résilientes dit sociétés conviviales et de proximité. Aujourd’hui, chaque métropole occidentale requiert pour son fonctionnement une vaste partie de la planète. Demain, il en sera autrement, en raison de l’effondrement inéluctable des grands réseaux et de l’économie mondialisée, sur fond de bouleversements climatiques.
    Voilà trois pistes, mais il y en aura d’autres. Vivre avec la fin du monde passe nécessairement par un constant effort d’imagination pour arriver à dégager de nouveaux horizons, à les inventer, afin de refermer le couvercle du nihilisme, du mal absolu, du « tout est foutu ». Ce chantier politique ne peut être que collectif. Il faut un récit commun pour rester soudés. Certes, le récit de l’effondrement comporte des risques et des écueils, comme tout récit, mais il est puissant et a plusieurs mérites : il évite le catéchisme de la croissance, il réactive une vision cyclique des choses en appelant une renaissance, et surtout il dit que c’est maintenant ou jamais. Il nous rapproche de l’idée de la mort. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que la philosophie nous enseigne depuis des siècles ? Apprendre à bien vivre, c’est apprendre à bien mourir, à prendre conscience de notre statut de mortel, radicalement vulnérable, humble, interdépendant des autres êtres vivants et de notre milieu de vie.

    Agnès Sinaï est journaliste environnementale. Chargée de cours à Sciences Po, elle a fondé l’Institut Momentum en 2011, laboratoire d’idées dont elle a dirigé les trois tomes des Politiques de l’anthropocène (parus aux Presses de Sciences Po).

    Pablo Servigne a une formation d’agronome et d’éthologue. Chercheur « in-terre-dépendant », auteur et conférencier, il est coauteur de plusieurs livres, dont Une autre fin du monde est possible (Seuil, 2018).

    Yves Cochet, militant écologiste depuis quarante ans, a été député de 1997 à 2011, ancien ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement (2001-202) puis député européen jusqu’en 2014. Depuis lors, il préside l’Institut Momentum.

    http://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/22/face-a-l-effondrement-il-faut-mettre-en-uvre-une-nouvelle-organisation-socia

    La phrase qui me paraît la plus remarquable est celle-ci :

    "Ainsi, l’effondrement est inévitable non parce que la connaissance scientifique de son advenue est trop incertaine, mais parce que la psychologie sociale qui habite les humains ne leur permettra probablement pas de prendre les bonnes décisions , au bon moment."

    Voilà une belle manière de naturaliser le #capitalisme ! Les structures de pouvoir, l’État, les entreprises, les institutions, les classes sociales, l’économie, l’industrie et la dynamique du marché capitaliste, etc. tout ça n’existe pas pour nos collapsologues. Non, c’est juste la #nature_humaine qui est responsable du désastre. C’est juste les individus qui ne prennent pas les "bonnes décisions".

    Comme le disait Margaret Thatcher : "la société n’existe pas, il n’y a que des individus qui poursuivent leurs intérêts..." (de mémoire).

    A un tel degré de #bêtise_politique, on peut se demander à quoi et à qui vont servir ces crétins et leurs dupes. Une chose est sûre, certainement pas à l’avènement d’une société émancipée des formes de domination dont ils ne veulent pas voir l’existence ni penser le rôle politique dans le maintien du statu quo ...

    Collapso, collabos ?

    #collapsologie, #naturalisation, #essentialisme, #pseudo-critique.

  • L’effondrement, parlons-en... - Les limites de la « collapsologie »

    Une étude de Jérémie Cravatte - avril 2019.

    http://www.barricade.be/publications/analyses-etudes/effondrement-parlons-limites-collapsologie

    Un cycle sur l’effondrement a été organisé à Barricade en novembre/décembre 2018. Il a donné naissance au groupe Les Effondrés ardentes . Je voudrais remercier ces personnes pour avoir, entre autres choses, nourri mes réflexions sur le sujet. [...]
    Cet article n’a donc pas pour objectif de critiquer pour le plaisir de critiquer, ni de s’intéresser à des personnes en particulier, mais bien de proposer des autocritiques pour « effondré·e·s » – de continuer à regarder ensemble plus loin et plus précis.

    #effondrement, #collapsologie, etc. @sinehebdo

    Une excellente et très modérée synthèse des critiques que l’on peut faire sur ce sujet, après une lecture attentive...

    Pour ma part, je serais plus sévère à l’égard de Servigne & Co, ce recueil montrant très bien que nous avons affaire là à une idéologie profondément réactionnaire et démobilisatrice.

    J’ai un texte sur le feu...

    • Le PDF
      http://www.barricade.be/sites/default/files/publications/pdf/2019_etude_l-effondrement-parlons-en_0.pdf

      Et sinon les gens, vous avez essayé de vous parler (et mieux encore, en face à face, pas par écrit) pour dissiper d’éventuels quiproquos, et seulement après quand on a mit au clair les divergences de fond (et qu’on s’en est réellement assuré), là lancer des invectives ? :)
      Je dis ça…

    • Les #collapsos (4) participent à forcer la prise en compte plus que nécessaire de ces constats (5), qui sont largement niés depuis les années 1970 au moins. Malheureusement, leur manière de présenter les choses n’aide pas forcément à être lucide sur la situation et à y réagir en conséquence.

      –--------------------
      (4) Diminutif couramment utilisé pour parler des « collapsologues ». Le terme « collapsonautes » désigne plus largement les personnes qui « naviguent » à travers l’effondrement.

      Je ne sais pas si l’usage du mot est «  courant  », mais le choix du «  diminutif  » m’a bien l’air tout sauf neutre… la suite du paragraphe (et du texte) enfonçant le clou.

    • @rastapopoulos

      Si tu as bien lu ce texte et aussi le dernier article de Tanuro sur le sujet, il devrait être évident que Servigne & Co sont politiquement très confus (je dirais plus crûment font preuve d’une certaine #bêtise_politique) et que manifestement, ils ne veulent pas dissiper cette confusion, ne serait-ce que pour eux-mêmes.

      Une discussion est-elle possible avec de tels confusionnistes ? Pour cela, il faudrait qu’ils commencent par cesser de s’étaler complaisamment dans les médias mainstream . Et manifestent un tant soit peu une volonté de repolitiser leur propos : pour autant que je sache, ce n’est pas en bonne voie (cf. #Yggdrasil), sans compter qu’il est un peu tard aussi.

      Car citer de manière élogieuse des penseurs d’#extrême_droite sans mentionner leur couleur politique devrait, quand même, je crois, amener le lecteur, même complaisant, à se poser quelques questions. Tu ne pense pas ?

      Comme disait Tanuro :

      Après Une autre fin du monde est possible , il n’est pas sûr que ce débat ait encore un sens. L’avenir le dira.

      En attendant, je persiste à penser que la collapsologie est une idéologie profondément réactionnaire et démobilisatrice, et qu’il faut donc lutter contre cette #nuisance.

    • @tranbert oui oui… je suis sûrement trop gentil, et c’est peut-être trop tard… C’est ma foi dans le dialogue… et le regret aussi que justement ce dialogue n’ait pas eu lieu plus tôt (pas par articles critiques interposés mais bien par discussion IRL, interviews critiques, non promo).

      Par exemple quand ya eu des interviews des médias amis sur leur tout premier livre (ballast ou autre), je sais pas, moi j’aurais forcément posé une question sur leur citation de piero san giorgio et assimilé, même pas pour piéger, pour mettre les choses au clair.

      Ya cette question là, après pour la stratégie parfaitement choisie et assumée de faire d’abord des livres grands publics de vulgarisation de méta-analyses, là j’ai moins de critiques à faire, même si je ne suis pas moi-même dans cette stratégie, car je pense que comme pour les manifs, la ZAD ou autre, il faut une multiplicité de stratégies qui se respectent entre elles. On peut ne pas être d’accord et ne pas vouloir agir de la même manière que son voisin, mais respecter ça sans mépris.
      Après quand ce sont des différences vraiment de fond de la pensée, et non pas juste de stratégie, c’est encore autre chose, mais dans ce cas il faut se fixer sur ces points.

    • @rastapopoulos

      Je ne vois pas trop bien où est le « mépris » dans les critiques que j’ai cités ou que je fait. Il y a un problème et il faut le nommer.

      Sur le « fond de la pensée », Servigne se fait passer pour anarchiste, et il n’est rien de tel. La lecture de ses ouvrages montre bien qu’il fait passer l’adaptation et la résilience avant la résistance, la survie avant l’émancipation, l’avenir qu’il prophétise avant le présent qu’il méprise - une attitude typiquement progressiste.

      On peut bien faire passer cela pour une « stratégie parfaitement choisie et assumée de faire d’abord des livres grands publics de vulgarisation », comme le prétend Servigne lui-même. Mais quand les grands thèmes anarchistes comme la liberté, la lutte, l’émancipation, la détestation de toutes les formes de hiérarchie, d’oppression et d’exploitation sont aussi délibérément ABSENTS de ses ouvrages, je dis : faut pas nous prendre pour des imbéciles !

      On ne me fera pas prendre la vessie de la collapsologie pour une lanterne magique !

    • Simplismes de l’écologie catastrophiste | AOC media - Analyse Opinion Critique
      https://aoc.media/opinion/2019/10/21/simplismes-de-lecologie-catastrophiste

      Les « collapsologues », ces militants écologistes qui prophétisent l’effondrement certain de la civilisation industrielle, ont le vent en poupe comme en témoigne le succès populaire de leurs livres. Mais s’il y a effectivement péril en la demeure, ceux qui le clament sont parties prenantes de la panique qui désormais s’installe selon #Jean-Pierre _Dupuy. Le théoricien du « #catastrophisme_éclairé » remet ici les choses au point face à ce qu’il considère comme un flou conceptuel dangereux.

      En résumé :

      « Annoncer que la catastrophe est certaine, c’est contribuer à la rendre telle. Ce qu’il faudrait, c’est annoncer un avenir destinal qui superposerait l’occurrence de la catastrophe, pour qu’elle puisse faire office de dissuasion, et sa non-occurrence, pour préserver l’espoir. »