• À #Kobané, l’#eau et la #nature au cœur de la #guerre en #Syrie

    Dix ans après les combats contre l’État islamique, la ville kurde de Kobané tente difficilement de se reconstruire. L’agriculture est à la peine, et une partie de l’eau reste captée par le #conflit.

    Un chant s’élève dans l’immensité bleue de l’#Euphrate, bordée de #montagnes arides. Sur sa barque de pêcheur, Armanj, jeune lycéen kurde de 17 ans, chante une romance désespérée entre deux amants séparés par la guerre, au rythme du clapotis des rames. Avec son cousin Mohammad, il #pêche dans le #fleuve mythique depuis son enfance, afin de s’assurer un revenu. Mais la #guerre_civile syrienne et le #réchauffement_climatique ont chamboulé le quotidien de #Boraz, leur paisible village syrien bordé de champs, d’arbres fruitiers et de fleurs situé à une heure de Kobané.

    « J’ai perdu mon père, mon frère et ma mère à la guerre ; il ne me reste que ma sœur. Je pêche pour qu’on puisse survivre », témoigne Mohammad, 17 ans lui aussi, en montrant ses prises du jour. « Le problème, c’est que le niveau de l’#eau a tellement baissé que les #poissons locaux, comme les #carpes, sont devenus rares ou ont été remplacés par de nouvelles espèces étranges », soupire Armanj.

    L’Euphrate contrôlée

    Les autorités et habitants du nord-est syrien, le #Rojava, accusent la #Turquie de faire de la rétention avec leurs #barrages construits en amont, dans le cadre de leur guerre contre les Forces démocratiques syriennes (FDS), à majorité kurde.

    « La Turquie retient beaucoup l’eau de l’Euphrate. D’une part pour sa propre #agriculture, qui souffre aussi de la #sécheresse, mais aussi pour essayer d’étouffer l’#économie_agricole dans les parties de la Syrie contrôlées par les Kurdes », explique Peter Schwartzstein, journaliste et chercheur au Centre pour la sécurité et le climat.

    « On se sent comme des pions dans un jeu politique. On a peur, on vit sous les bombardements et les menaces des forces proturques, qui peuvent nous tirer dessus depuis l’autre côté de la rivière », témoigne Armanj. L’#Armée_nationale_syrienne (#ANS), une milice affiliée à Ankara, la capitale turque, a pris le contrôle de la rive ouest de l’Euphrate fin décembre lors d’une offensive surprise contre les FDS à Manbij, plus à l’ouest.

    Depuis treize ans, la guerre civile syrienne a considérablement affecté cette vaste plaine agricole, le grenier du Moyen-Orient et lieu de naissance de l’agriculture dans le Croissant fertile, il y a plus de 10 000 ans. « À cause des substances toxiques causées par les #bombardements et les #munitions, je vois comment la nature change, les plantes faiblissent et les rendements diminuent », soupire Najah Hussein Abroush, agricultrice à Boraz.

    Elle prend une poignée de terre, asséchée, qui s’effrite entre ses doigts. « Avant, le #blé m’arrivait jusqu’à la taille en cette saison, maintenant, il n’y a que des pousses de quelques centimètres. On récolte deux fois moins de fruits qu’avant dans les #vergers, et sommes devenus dépendants des #pesticides et des #graines_hybrides de mauvaise qualité », ajoute-t-elle.

    Comme les stations de pompage d’eau sur les berges de l’Euphrate ont été bombardées pendant la guerre, Najah doit utiliser l’#eau_saline des #puits_souterrains. Et en raison des combats récents aux abords de l’Euphrate, la région est assiégée et elle ne peut plus acheter de #semences ou de matériel à l’extérieur.

    À l’unisson avec les autres agriculteurs interrogés à Boraz, elle peint l’image d’un paradis terrestre déchu, poussant nombre d’habitants à abandonner leurs champs et à fuir.

    Kobané, ville martyre de nouveau assiégée

    C’est que Kobané et sa périphérie ont été en première ligne de nombreuses batailles. Assiégée par l’État islamique (EI) entre septembre 2014 et janvier 2015, la ville porte toujours les stigmates de cette bataille féroce, durant laquelles des centaines de soldats et habitants kurdes sont morts. Afin de la reconstruire, d’importants projets immobiliers et environnementaux ont vu le jour, menés par l’Administration autonomique et démocratique du nord-est syrien (#Daanes) et la société civile.

    « L’#environnement de Kobané a été extrêmement affecté par la guerre, nous essayons de soutenir nos agriculteurs et de restaurer la #biodiversité en reboisant des forêts, des parcs et en installant des pépinières, par exemple », explique Aref Bali, coprésident de l’autorité environnementale de Kobané, lui-même originaire de Boraz.

    Las, ces projets ont été mis en pause à cause des bombardements turcs. « Ils ont systématiquement attaqué nos infrastructures publiques, même quand nous ne faisions que planter de la verdure sur un rond-point », commente-t-il.

    Reporterre a pu visiter une #pépinière municipale, dont le but est de fournir agriculteurs et espaces publics de plantes et de semences. Des avions de chasse et un drone turc passaient alors au-dessus de la ville, créant une sensation d’étouffement et de #siège.

    Pire encore : à cause d’une frappe turque sur le #barrage_hydroélectrique de #Tichrine, situé à une heure de Kobané, toute la région a été plongée dans le noir depuis octobre 2023 — l’électricité était revenue quelques jours avant notre visite. « Pendant ce temps, les habitants ont dû utiliser des générateurs à diesel extrêmement polluants, affectant la santé publique », ajoute Aref Bali. De nombreux #générateurs restent en place malgré le retour de l’électricité, crachant une fumée noire toxique.

    Le barrage de Tichrine, nerf de la guerre

    Le barrage de Tichrine, tenu par les FDS depuis 2013, est devenu la dernière ligne de front de la guerre syrienne. Lors de l’offensive surprise de l’ANS, les troupes proturques ont été repoussées. Menacé d’une attaque aérienne, le barrage a vu affluer des centaines de civils kurdes venus protester. Des #drones ont bombardé leur convoi en janvier dernier, tuant une vingtaine de personnes, un acte que Human Rights Watch qualifie de crime de guerre attribué à la Turquie.

    Quand Reporterre s’est rendu au barrage fin avril, les voitures calcinées par les bombes côtoyaient encore des graffitis célébrant la résistance populaire kurde et les combattants des YPG (Unités de protection du peuple kurde) tombés dans les combats.

    Des centaines de civils s’y trouvaient encore, dont un groupe de femmes venues de Girke Lege, une ville kurde à 400 km. « Nous sommes venues volontairement, malgré le danger, pour s’opposer à la guerre. Pour résister pacifiquement et aussi empêcher la Turquie de détruire encore une fois le barrage et l’Euphrate, qui est l’artère vitale de tous les peuples de la région », a témoigné Sharifa, fonctionnaire de 51 ans, avant d’entonner avec ses amies des chansons de résistance kurdes et arabes.

    Depuis, un accord a été trouvé entre le nouveau gouvernement syrien d’Ahmed al-Charaa, l’ASN et les FDS, permettant aux civils de rentrer chez eux et de stationner des troupes gouvernementales et étasuniennes aux abords du barrage. De quoi stabiliser un peu la région.

    « Le barrage de Tichrine et l’Euphrate sont un pilier de l’économie syrienne, autant pour l’#irrigation de l’agriculture que pour l’électricité. Il faut un accord sérieux pour permettre aux agriculteurs de rebâtir le secteur et le ramener au niveau d’avant-guerre, commente Peter Schwartzstein. Il faudrait des investissements énormes et une vraie volonté de respecter l’accord. Mais à ce stade, il pourrait s’agir d’un vœu pieux. » Les habitants de la région restent également méfiants, habitués aux sales coups du destin.

    https://reporterre.net/A-Kobane-l-eau-et-la-nature-au-coeur-de-la-guerre-en-Syrie

  • #Hydroélectricité : des pistes de députés pour relancer les investissements et sortir du blocage avec Bruxelles
    https://www.connaissancedesenergies.org/afp/hydroelectricite-des-pistes-de-deputes-pour-relancer-les-in

    (...)

    « Le pays est enlisé depuis plus de vingt ans dans un différend avec la #Commission_européenne », qui a ouvert deux procédures à l’encontre de la #France, l’une datant de 2015, l’autre de 2019, rappellent les rapporteurs.

    Ces procédures portent sur la #position_dominante d’#EDF et l’absence de remise en #concurrence des #concessions échues.

    La #France refuse cette ouverture à la concurrence, mais cette situation empêche tout investissement substantiel dans le parc #hydroélectrique.

    Revenir sur le régime de concessions ne doit pas se traduire par la mise en concurrence du secteur, plaident les rapporteurs, qui préconisent de passer du régime de concession à celui d’autorisation, ce qui permettrait d’exclure les ouvrages hydroélectriques de l’obligation de mise en concurrence.

    Et pour répondre à la crainte d’une « #privatisation » de ces installations aux concessionnaires, ils suggèrent de qualifier les #barrages d’ouvrages publics dans la loi, comme les aéroports.

    En parallèle, ils proposent une révision de la directive « concessions » en excluant les activités hydroélectriques de son champ d’application, ce qui pourrait amener la Commission européenne à lever sa procédure.

    Mais cette révision « prendra plusieurs années, au moins cinq ans, pour aboutir », admettent-ils.

  • REPORTAGE. « On n’a rien fait, car on ne savait pas si on resterait l’exploitant » : les #barrages #hydrauliques en sursis face à l’impasse des #concessions
    https://www.francetvinfo.fr/environnement/energie/energies-renouvelables/reportage-on-n-a-rien-fait-car-on-ne-savait-pas-si-on-resterait-l-explo

    Publié le 4 mai 2025

    Pourquoi le développement des barrages est bloqué en France ? L’hydraulique, deuxième source d’#électricité en #France derrière le #nucléaire, est aussi la première source d’#énergie #renouvelable. De gros travaux permettraient d’augmenter la production, sans construire de nouveaux barrages. Cela s’inscrit pleinement dans les objectifs de la sortie des énergies fossiles. Mais ces projets sont à l’arrêt, depuis des années, en raison du régime juridique en vigueur, celui de la concession, et d’un bras de fer entre la France et la #Commission_Européenne.

    Ce régime de concession concerne plus de 340 barrages français, des sites qui pourraient produire plus, mais qui représentent déjà 90% de toute notre puissance hydroélectrique installée. Un mode de gestion propre aux plus grosses centrales, mais aussi aux plus petites, c’est le cas de la chute d’eau de Jarménil, au creux des Vosges, après le confluent de la Moselle et de la Vologne. Cette centrale est exploitée par Yves Dubief, 67 ans, patron de l’entreprise de textile Tenthorey.

    #edf

  • En #Algérie, la France coloniale a aussi détruit la #nature

    L’accaparement colonial de la terre en Algérie a détruit des modes d’organisation et de gestion de la terre en commun. Le développement des monocultures et d’une agriculture d’exportation a aussi bouleversé l’environnement.

    Après avoir été suspendu de RTL début mars pour avoir évoqué les massacres français en Algérie au XIXe siècle, Jean-Michel Apathie a décidé de quitter la station. En pleine surenchère du ministre Bruno Retailleau avec l’Algérie et face à une extrême droite qui clame les bienfaits de la colonisation, le flot de réactions hostiles aux propos de l’éditorialiste rappelle que nombre de Français ne connaissent pas l’ampleur des crimes coloniaux commis par la France en Algérie.

    Face aux tentatives de révisionnisme historique, Reporterre s’est intéressé à un pan méconnu de la colonisation française en Algérie : ses dégâts sur la nature. À l’aube de la colonisation, le socle de la société algérienne reposait sur la paysannerie, l’agriculture était la principale source de richesse et rythmait la vie des populations qui alternait entre le travail de la terre et les transhumances saisonnières. Mais de 1830 jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, l’accaparement des terres par les colons a complètement bouleversé cet équilibre.

    « L’arrivée des colons en Algérie signe l’accaparement des ressources environnementales et celle du foncier. C’était une pratique d’expropriation sans explication, sans excuse et avec une grande brutalité. Pour les Algériens, c’est un monde qui s’effondre littéralement », relate Antonin Plarier, maître de conférence à l’université Lyon 3 et spécialiste de l’histoire environnementale des sociétés coloniales.

    Au total, d’après ses calculs, plus d’1,2 million d’hectares ont été transférés aux Européens entre 1830 et 1917 : soit l’équivalent de 1 000 fois la superficie de Paris, et trois fois celle de la Belgique.

    Pour réquisitionner des terres algériennes, la France a développé un arsenal juridique légalisant un paradoxe : celui d’une société qui défendait le droit à la propriété et d’une colonisation qui foulait au pied celle des Algériens. L’administration coloniale pouvait ainsi s’emparer de n’importe quelle propriété algérienne, qu’elle soit celle d’un individu comme d’une tribu entière.
    Détruire la paysannerie pour « soumettre le pays »

    La doctrine coloniale et militaire se lit à travers les écrits du maréchal Bugeaud, le militaire qui a permis d’étendre la conquête de l’Algérie. Voici notamment ce que précise cette violente figure de la colonisation, spécialiste des enfumades (pratique consistant à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte en allumant devant l’entrée des feux) : « J’y ai réfléchi bien longtemps, en me levant, en me couchant ; eh bien ! Je n’ai pu découvrir d’autre moyen de soumettre le pays que de saisir l’intérêt agricole ». Il faut donc empêcher les populations « de semer, de récolter, de pâturer », pour les priver des moyens d’existence, souligne l’historien Hosni Kitouni, chercheur en histoire à l’université d’Exeter.

    En filigrane, il s’agissait de punir tous ceux qui tentaient de se révolter, et de dissuader ceux qui en avaient l’intention. En 1838, l’ordonnance royale du maréchal Bugeaud indiquait que toute tribu s’insurgeant contre la domination française pouvait voir ses terres séquestrées. Cette politique monta encore d’un cran en 1871 à la suite d’une insurrection initiée contre la puissance coloniale.

    Cette « tempête des spoliations », selon l’expression d’Hosni Kitouni, a non seulement dispersé les populations, contraintes d’abandonner leurs maisons, leurs cultures, leur bétail, mais a également entraîné leur paupérisation, voire pire, leur famine, puis leur mort. En parallèle, la violence des razzias, ces opérations militaires menées dans des campements, a détruit les habitations et les récoltes. Les arbres fruitiers étaient rasés dans les zones de guerre.
    Spoliation de l’eau et des forêts

    « Devenus des paysans sans terre, sans bétail, sans abris, n’ayant que la force de leurs bras à vendre, ils vont alimenter la masse des candidats à toutes les servitudes », écrit Hosni Kitouni. D’anciens propriétaires algériens sont alors parfois revenus sur leurs terres louer leur force de travail aux colons français. « Des paysans algériens vont revenir cultiver la terre, fournir les semences, et les instruments agraires, en échange de quoi ils vont pouvoir récupérer un ou deux cinquièmes de la récolte, le reste revenant au propriétaire », raconte à Reporterre Antonin Plarier.

    Au-delà des terres, la colonisation s’est emparée des communs que sont les forêts et l’eau. Au XIXe siècle, plusieurs opérations de maîtrise des cours d’eau ont fleuri, toujours dans le but d’irriguer les terres des colons. Dans les années 1860, un projet de barrage a vu le jour dans le département d’Oran. Antonin Plarier pointe ainsi ce qui tient de l’évidence : « Lorsqu’une source en eau est maîtrisée, elle l’est uniquement au bénéfice des colons, et donc au détriment des agriculteurs algériens qui en sont de fait dépossédés. »

    La question de l’eau a entraîné plusieurs conflits, tout comme celle des forêts. Dès les années 1830, l’imposition du Code forestier par les colons a restreint peu à peu aux Algériens l’artisanat, le passage du bétail, le ramassage du bois de chauffe, et la coupe de bois pour les diverses constructions.

    Résultat : entre un tiers et la moitié des ressources économiques de la paysannerie algérienne a été menacée par ce nouveau cadre légal, estime Antonin Plarier. Il faut dire que l’administration coloniale y a très vite vu un filon : l’exploitation des forêts en vue de leur commercialisation.

    Dans la montagne de Beni Khalfoun, dans la vallée de l’Isser, l’administration octroya par exemple une concession d’environ 1 000 hectares de chênes-lièges, un bois cher et prisé pour la fabrication de bouchons, à un exploitant français. Difficile de donner un chiffre précis, mais cet accaparement de ressources essentielles n’a pas été sans conséquences sur l’écosystème algérien.

    « C’est toute une série d’éléments liés à la colonisation qui vont contribuer à dégrader l’environnement algérien. En asséchant les sols via la déforestation, l’État colonial a par exemple favorisé l’érosion des sols », dit l’historienne Hélène Blais, professeure d’histoire contemporaine à l’ENS et autrice de L’empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux.
    Monocultures et rentabilité

    En Algérie, comme ailleurs, la colonisation s’est accompagnée de l’introduction de nouvelles espèces jugées plus rentables, et d’un bouleversement dans les pratiques agricoles tournées vers une pratique intensive et exportatrice correspondant davantage aux besoins de la métropole.

    Ce qui fait dire à Alain Ruscio, historien spécialiste de la période coloniale, que « la totalité de l’écosystème algérien a été affectée par la colonisation » : « Au fur et à mesure que l’armée française considérait qu’une région était complètement contrôlée, des monocultures étaient rapidement mises en place. D’où aussi la construction de routes servant à acheminer ces marchandises vers la France », nous explique-t-il.

    C’est l’exemple de la vigne et de sa vinification, qui priva une partie de la population d’un accès à la culture de céréales, et entraîna la disparition de terres en jachères — qui fournissaient des pâturages jusqu’ici essentiels pour le bétail des paysans algériens. Mais aussi de l’introduction massive de l’eucalyptus, cette plante endémique d’Australie, dès les années 1860 pour tenter d’assainir les zones humides dans lesquelles le paludisme décimait des colons.

    « Des millions d’arbres ont ainsi été plantés. Dans certains endroits, cela a asséché plus qu’il était nécessaire, au détriment d’autres espèces endémiques qui ont été abattues ou abandonnées dans ce cadre », analyse Hélène Blais. L’historienne a également observé des tentatives d’introduction de moutons mérinos, apporté pour sa laine prisée en Europe.
    Chasses coloniales

    Sans oublier les chasses coloniales qui attiraient des Français originaires de tout l’Hexagone venus traquer hyènes, panthères, lions et autres animaux sauvages. Considérés comme des animaux nuisibles, leurs têtes furent mises à prix via une circulaire du général Bugeaud de 1844 offrant une récompense pour tout animal tué « proportionné à la puissance de chaque bête ». D’après les recherches d’Hosni Kitouni, rien qu’en 1860, ce ne furent pas moins de 61 panthères et 38 lions qui avaient été abattus. Si bien qu’à la fin du XIXe siècle, le plus gros de la faune sauvage avait disparu. Le dernier lion fut abattu en 1958.

    « L’ordre colonial s’accommode peu avec la différence biologique, écologique, humaine qui résiste à sa domination, conclut l’historien auprès de Reporterre. D’où la politique de mise en ordre à force de violence et de juridictions d’exception, empêchant la société autochtone de se développer à son rythme selon ses lois naturelles. »

    Au-delà des crimes commis sur les Algériens, peu d’historiens se sont jusqu’ici emparés des destructions des écosystèmes. L’ampleur d’un éventuel écocide lié à la colonisation française reste à quantifier et est un angle de mort de la recherche.

    https://reporterre.net/En-Algerie-la-France-coloniale-a-aussi-detruit-la-nature
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  • Ils voulaient un barrage, les castors l’ont fait pour eux

    Les #castors font parfois mieux que l’humain. En #République_tchèque, au sud de Prague, une colonie de huit castors ont construit en quelques jours un réseau de #barrages à l’emplacement exact où un projet de barrage était en cours depuis sept ans. L’objectif de ce projet était de revitaliser ce tronçon de #rivière qui servait autrefois de terrain militaire, en le transformant en #zone_humide. Mais à cause de lenteurs administrative, l’ouvrage était resté dans les cartons.

    Qu’à cela ne tienne : les castors, impatients de profiter de cet « aquapark naturel », ont fait le boulot à la place des humains. En l’espace de deux nuits, fin janvier 2025, les riverains ont pu observer les premières constructions à base de pierre, de boue et de bois.

    Résultat, les rongeurs bâtisseurs ont fait économiser 30 millions de couronnes (1,2 million d’euros) aux contribuables et aux autorités locales, se réjouit l’agence tchèque pour la conservation de la nature dans un communiqué publié le 11 février (https://aopk.gov.cz/web/en/-/beavers-save-governments-money?redirect=%2Fweb%2Fen).

    https://reporterre.net/Ils-voulaient-un-barrage-les-castors-l-ont-fait-pour-eux

    • How can beavers save government‘s money

      https://www.youtube.com/watch?v=GSTw8qmBP4Y

      A beaver colony in the Brdy Protected Landscape Area in the Czech Republic has gained overnight fame by building several dams.

      The beavers created a natural wetland exactly where it was needed. It saved the local authorities 30 million crowns (1,2 mil EUR).

      They could not have chosen their location better – erecting the dams on a bypass gully that was built by soldiers in the former military base years ago, so as to drain the area. The revitalization project drafted by environmentalists was supposed to remedy this. Bohumil Fišer, head of the Brdy Protected Landscape Area from the Nature Conservation Agency of the Czech Republic says: “Nature took its course and the beavers created the necessary biotope conditions practically overnight“.

      https://aopk.gov.cz/web/en/-/beavers-save-governments-money?redirect=%2Fweb%2Fen

    • https://fr.legit.ng/vie/1475987-dou-vient-larome-de-vanille-quel-rapport-avec-les-castors

      Le #castoréum est une substance visqueuse brune ou havane fortement parfumée, sécrétée par les bourses du castor, situées à proximité de sa glande anale. Les castors utilisent le castoréum pour communiquer entre eux afin de marquer leur territoire, d’établir des colonies et de dissuader les prédateurs. Read more : https://fr.legit.ng/vie/1475987-dou-vient-larome-de-vanille-quel-rapport-avec-les-castors

      #Vanille

    • La nature se défend : quand des castors rétablissent une #zone_humide

      Comme toute histoire absurde, celle-ci commence avec l’armée. Non contentes de semer la mort lors des guerres, de dépenser des fortunes pour s’entraîner à tirer des explosifs, les armées saccagent une nature déjà en péril. C’est ainsi qu’un projet de base militaire américaine en République Tchèque avait asséché une zone humide dans la région de Brdy, en Bohême, en détournant le cours d’une rivière. Il fallait que le terrain soit sec pour les installations, et quand il s’agit de préparer la guerre le militarisme s’encombre peu de soucis écologiques.

      Le projet de système radar américain avait été particulièrement contesté en République Tchèque, et finalement abandonné. Le site était devenu un terrain d’entraînement, mais n’est plus militarisé depuis 2016. À partir de 2018, un projet de barrage émerge alors pour restaurer la zone humide. Sauf que la bureaucratie traîne des pieds lorsqu’il s’agit de financer des projets écologiques, et que la prédation capitaliste n’est jamais très loin lorsqu’on parle d’hectares de terres à couvrir d’eau. En sept années, le projet a été progressivement sous-dimensionné et n’est toujours pas validé à l’heure actuelle.

      Qu’à cela ne tienne : les castors ont bien compris qu’ils pourraient attendre longtemps la prise de conscience écologiste du pouvoir tchèque. Il semblerait que depuis plusieurs années une famille de castors – 8 animaux seulement – se soit mise en tête de construire des barrages pour retenir l’eau en amont de la rivière. Et ces derniers jours, très rapidement, c’est toute la zone asséchée qui a retrouvé son hygrométrie naturelle, effaçant les trace de militarisation.

      Quelques castors qui règlent un problème causé par l’humain en quelques jours, alors que la « civilisation » s’était montrée incapable de le prendre en charge efficacement. La nature ne compte plus les leçons à nous donner, et il serait peut-être temps de l’écouter au lieu d’en piller les richesses.

      Dans le même registre, la réintroduction de loups dans le parc de Yellowstone, dans le nord des USA, a profondément restauré l’écosystème en 30 ans. Jean-Marc Landry, éthologue, expliquait sur France Culture : « La présence du loup a contraint les wapitis qui broutaient de façon intensive sur les bords de rivière à remonter sur les berges pour surveiller l’apparition du prédateur. Grâce à cette pression diminuée sur ces écosystèmes, les buissons ont commencé à y repousser, les oiseaux, les insectes y sont revenus, et même les castors. Les loups ont aussi fait fuir les coyotes qui consomment beaucoup de micros-mammifères. Plus de micros-mammifères signifie plus de rapaces. Le milieu a ainsi été profondément modifié La réintégration du loup dans un écosystème déséquilibré a permis un nouvel équilibre ».

      Il arrive même parfois que la faune sauvage joue des tours au capitalisme. Par exemple dans l’un des plus prestigieux quartiers privés de Buenos Aires, la capitale de l’Argentine. Pour entrer dans cette zone privée nommée Nordelta, il faut être invité, passer des contrôles de sécurité, traverser des murs et des barbelés. À l’intérieur, les riches vivent dans des résidences de luxe, avec des bureaux, un centre commercial, des lacs artificiels et entourés de terrains de golf. Cet enclos de privilégiés a été construit sur une zone humide il y a 20 ans. En septembre 2021, des centaines de capybaras ont envahi la zone, détruisant les parterres de fleurs, déféquant dans les jardins et causant des accidents de la route.

      Le capybara est un animal typique de l’Amérique du Sud qui peut peser plus de 50 kilos pour 1 mètre de longueur : c’est le plus gros rongeur du monde, qui fait penser à nos ragondins européens. Il ne s’agit pas d’une invasion mais d’une reconquête. Les capybaras sont également populaires chez les pauvres de la capitale argentine : la construction de projets immobiliers haut de gamme sur les zones humides de Buenos Aires empêchent les sols d’absorber les pluies intenses et provoquent des inondations dans les quartiers voisins. Une revanche écologique et sociale.

      En Europe, régulièrement, des sangliers dévastent des terrains de golf. Par exemple au Pays-Basque, où « au moins six sangliers » sont entrés sur les greens du golf d’Ilbarritz en août 2021, puis rebelote en septembre sur un golf 18 trous de Vieille-Toulouse, dans l’Ain en août 2023 ou en Sologne en mars 2022. Les propriétaires parlent d’organiser des battues, de mettre en place des ultrasons et même des clôtures électriques. En plus d’être un sport réservé aux bourgeois, le golf est une aberration écologique, ultra-gourmand en eau.

      Il arrive même que la nature sabote la surveillance. Les goélands sont la première menace pour les drones policiers, notamment à Paris. Le journal Le Monde expliquait en 2019 qu’aucun des « quinze multicoptères » n’avait encore été détruit, mais que les flics chargés de télépiloter « ont dû procéder à quelques replis stratégiques et atterrissages d’urgence pour échapper à la vindicte des goélands ». Depuis, à Paris comme à Rennes, les drones sont chahutés par ces oiseaux et doivent parfois arrêter de surveiller les manifestations.

      D’autres attaques, par des corneilles cette fois, avaient été recensées durant les manifestations de Gilets Jaunes. Autre exemple en Autriche, un particulier utilisait un drone dans le Tyrol. Un aigle royal avait fondu sur la proie mécanique et l’avait emmenée entre ses serres, jusqu’à son nid. En revanche, l’armée a tenté de dresser des aigles pour « intercepter des drones non identifiés », sans succès pour l’instant. Les aigles seraient « trop désobéissants » et le dressage trop coûteux.

      https://contre-attaque.net/2025/02/17/la-nature-se-defend-quand-des-castors-retablissent-une-zone-humide

  • Dam plan busted? World’s biggest hydropower project in the balance

    Driving the news: The #Grand_Inga_Dam, envisioned as the world’s largest hydropower project on the #Congo River, faces significant delays and obstacles despite decades of planning
    • With a projected $80 billion cost, the dam promises to generate twice the electricity of China’s Three Gorges Dam
    • However, concerns over governance, funding challenges, environmental harm, and equitable energy distribution have stalled progress

    🔭 The context: Planned to power much of Africa, the Grand Inga Dam has attracted global partners like the World Bank, which recently re-engaged after withdrawing in 2016, but also lost major backing from China’s Three Gorges Corporation
    • Critics argue the project disproportionately benefits foreign buyers and mining companies over the 80% of Congolese citizens lacking electricity
    • Previous projects, Inga I and II, suffered from neglect and caused displacement without compensation

    🌍 Why it matters for the planet: If realized, the Grand Inga Dam could contribute significantly to renewable energy goals and electrify vast areas of Africa
    • However, the environmental and social costs, including biodiversity loss and forced relocations, pose serious sustainability challenges
    • Addressing these issues will be critical to achieving equitable climate benefits

    ⏭️ What’s next: The project’s future hinges on securing funding and resolving governance and coordination issues among stakeholders
    • Environmental impact assessments and displacement mitigation plans are required but remain underfunded
    • Construction could begin by 2026 if barriers are overcome, but the timeline remains uncertain

    💬 One quote: “The Grand Inga is like a serpent—it is up, down, visible, not visible,” - José Ángel González Tausz, a partner in the project

    📈 One stat: The Grand Inga Dam is expected to generate up to 40,000MW of electricity—enough to power New York City during summer

    https://illuminem.com/illuminemvoices/dam-plan-busted-worlds-biggest-hydropower-project-in-the-balance

    #énergie #électricité #hydroélectricité #barrages_hydroélectriques #rivière_Congo #extractivisme #banque_mondiale #Afrique

  • Succès écologique ou géo-ingénierie un peu foireuse ?

    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-vert/au-kazakhstan-la-hausse-du-volume-d-eau-de-la-partie-nord-de-la-mer-d-a

    Cette nouvelle, annoncée lundi, redonne un peu d’espoir dans cette région d’Asie centrale particulièrement menacée par le réchauffement climatique. Le désastre dans ce qui était encore il y a 60 ans le quatrième plus grand lac du monde reste néanmoins irréversible.

    #Mer_d'Aral #Kazakhstan #géoingénierie #désastre_écologique #écocide

  • La #Chine approuve un projet de #barrage géant au #Tibet

    Le barrage de #Motuo, dont les autorités chinoises viennent d’approuver la construction sur le haut plateau tibétain, aurait une capacité de 60 gigawatts, soit le triple du barrage des Trois-Gorges, actuellement le plus puissant du monde.

    Haut sur le plateau tibétain, là où le fleuve #Brahmapoutre s’appelle encore #Yarlung_Tsangpo, la Chine ambitionne de construire un imposant et complexe barrage, possiblement le plus puissant de la planète. L’agence #Chine_nouvelle a annoncé, mercredi 25 décembre, l’approbation par le gouvernement de ce projet évoqué depuis plusieurs années, un pas de plus dans la course chinoise à la construction de #retenues_hydroélectriques sur le haut des grands fleuves d’Asie.

    La Power Construction Corporation of China estimait dès 2020 que cet ouvrage, le #barrage_de_Motuo, pourrait avoir une capacité de 60 gigawatts, soit le triple du barrage des Trois-Gorges, actuellement le plus grand du monde. « Il s’agit d’une contribution majeure à la transition de la Chine à une #énergie_verte et bas carbone », faisait valoir, mercredi, l’agence officielle.

    Le fleuve prend sa source dans la région autonome du Tibet qu’il traverse d’ouest en est. Il forme le plus profond #canyon du monde, d’où l’intérêt de la Chine pour sa pression hydraulique, en particulier sur une section où il perd 2 000 mètres de dénivelé sur une distance de seulement 50 kilomètres. C’est là, alors que le fleuve effectue un virage majeur, que les ingénieurs chinois creuseraient des tunnels d’une vingtaine de kilomètres de long à travers une montagne, le sommet himalayen #Namcha_Barwa haut de 7 782 mètres, pour détourner la moitié du courant vers des turbines et retrouver le cours plus bas. Le fleuve, le plus haut du monde, pénètre ensuite en Inde dans l’Etat d’Arunachal_Pradesh dont une zone est contestée entre Pékin et Delhi, avant de traverser l’Assam et d’arriver au Bangladesh.

    Politique du fait accompli

    La Chine ne donne pas de calendrier précis ni de détails clairs sur le projet, un flou de communication qui n’est pas anodin. L’évocation du projet dès 2020 avait suscité de vives réactions de la part de l’#Inde s’inquiétant du contrôle chinois sur des eaux vitales pour le sous-continent indien. Pékin se garde donc d’en dire trop avant que ses chantiers ne soient bien avancés, pratiquant une politique du fait accompli.

    Ce projet n’en est qu’un parmi une longue série sur les fleuves prenant leur source sur le Toit du monde, à l’heure où la Chine, encore dépendante à un peu moins de 60 % du charbon pour sa production d’#électricité, accélère ses investissements dans les #énergies_renouvelables. « La Chine considère que l’#hydroélectricité issue de cette zone et transférée ensuite vers l’est du pays est un des moyens de réduire sa dépendance aux #énergies_fossiles, même si les populations locales s’en trouvent affectées », constate Amit Ranjan, un chercheur spécialisé dans la géopolitique des cours d’eau en Asie à l’université nationale de Singapour.

    Dans un rapport rendu public le 5 décembre, l’organisation de défense des Tibétains International Campaign for Tibet relève 193 barrages construits ou en projet dans les zones tibétaines sous contrôle chinois depuis l’an 2000, dont 80 % sont de grande ampleur. Avec des risques d’exposition aux séismes, aux glissements de terrain et aux inondations, une menace pour les écosystèmes et le débit des cours d’eau et des #déplacements_de_populations tibétaines des zones concernées.

    #Répression

    Championne de l’ingénierie et des infrastructures, la Chine envisage aujourd’hui des barrages dans des zones montagneuses plus hautes, plus reculées et plus complexes alors que ses projets passés, à l’image des Trois-Gorges, quoique massifs, étaient situés plus bas sur des fleuves tels que le Yangzi et le Mékong. « La Chine a accumulé beaucoup de savoir-faire et elle est désormais convaincue de sa capacité à lancer des projets qui par le passé ne paraissaient pas envisageables », explique Dechen Palmo, une experte des barrages chinois au Tibet Policy Institute, situé dans le nord de l’Inde.

    Cette accélération inquiète les Tibétains des régions concernées. Le 14 février, plusieurs centaines de résidents s’étaient rassemblés devant le siège du gouvernement local à Dege, une région tibétaine de la province du Sichuan, pour demander la suspension du chantier de barrage de 1 100 mégawatts de #Gangtuo (Kamtok en tibétain) sur la rivière #Jinsha. Il s’agit de l’une des treize retenues prévues sur ce cours d’eau, qui n’est autre que le haut #Yangzi. Plus de 4 000 personnes doivent être déplacées. Les locaux craignent la disparition d’au moins deux communes et de six monastères, dont celui de Wontoe avec ses fresques murales datant du XIIIe siècle.

    Sur les vidéos des mobilisations de début 2024, on voit des Tibétains s’agenouiller pour implorer les officiels de suspendre le chantier. Mais sur le plateau tibétain, l’expression d’inquiétude de la population, qui ailleurs en Chine pourrait être perçue comme légitime, sur l’environnement ou la situation des personnes affectées, n’est lue qu’au prisme de la sécurité nationale, donc vivement réprimée. Des centaines de personnes ont été détenues durant les semaines qui ont suivi. Dans une lettre adressée en juillet, plusieurs rapporteurs spéciaux des Nations unies sur les droits fondamentaux s’inquiétaient des violents coups subis au cours de ces détentions policières et de constater que tous les détenus n’avaient pas été libérés.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/12/27/la-chine-approuve-un-projet-de-barrage-geant-au-tibet_6469838_3244.html
    #barrage_hydro-électrique #transition_énergétique #résistance

  • Nord de la France : l’État abandonne un projet de #barrage_flottant anti-migrants près de #Gravelines

    L’État a abandonné le projet d’installer un nouveau barrage flottant sur le #canal_de_l’Aa, entre Gravelines et #Grand-Fort-Philippe, dans le Nord de la France, à mi-chemin entre #Calais et #Dunkerque. Trois de ces dispositifs visant à empêcher les exilés de traverser la Manche existent déjà sur ce territoire.

    Très décrié par les associations et les plaisanciers, le projet de nouveau barrage flottant situé entre Gravelines et Grand-Fort-Philippe a été abandonné, selon le Phare dunkerquois. Ce projet avait été annoncé début novembre lors d’un déplacement de représentants de la préfecture maritime, des forces de l’ordre et du Royaume-Uni.

    Et il avait immédiatement suscité la controverse. Il a été dénoncé dans un premier temps par les plaisanciers locaux. Début novembre, environ 200 personnes se sont réunies à la marina de Gravelines pour manifester contre ce projet sur le chenal de l’#Aa.

    Les associations d’aide aux migrants sont aussi contre ces dispositifs jugés « inutiles ». « Ce genre de dispositif pousse les exilés à aller encore plus loin. Ça ne fait que doubler le temps de traversée et les risques qui vont avec », expliquait Pierre Roques, délégué général de l’Auberge des migrants, à InfoMigrants. « Il y a toujours autant de personnes qui passent quelles que soient les dispositions », résume Pierre Roques.

    « Cela va juste empêcher les départs depuis le chenal de l’Aa et déplacer l’endroit de la traversée va forcément amener les exilés à prendre plus de risques », abondait de son côté Angèle Vettorello, coordinatrice d’Utopia 56 à Calais dans la Voix du Nord.

    Contrer les « taxi-boats »

    Concrètement, le barrage consiste en l’installation d’une ligne de bouées qui traversent le fleuve de part en part, fixées à deux piliers en béton. Avec ce dispositif, les autorités visent un mode opératoire utilisé par les passeurs en particulier : celui des « taxi-boats ». Il s’agit de bateaux pneumatiques partant plus au sud du littoral, où les contrôles sont moins fréquents, avec quelques personnes seulement – passeurs ou migrants – à bord.

    Ils mettent dans un premier temps le cap au nord, vers les plages plus proches de Calais, où se cachent les passagers ayant payé pour la traversée. Ceux-ci se jettent alors à l’eau pour embarquer : selon le droit maritime, les policiers ne peuvent pas interpeller les bateaux déjà en mer. Selon la préfecture, ce phénomène « dangereux et illégal » est « monté en puissance » en 2023.

    Le nord de la France compte trois autres installations de ce type : un au niveau du #Pont_Rose_d’Étaples, sur les berges de la #Canche, un dans l’#Authie construit en amont du port de la #Madelon (près du #Fort-Mahon) et un autre dans le #canal_des_Dunes, près de Dunkerque inauguré en 2021. Selon la préfecture du département, ce genre de dispositif a « des résultats satisfaisants ».

    Année meurtrière

    En tout cas, les traversées vers le Royaume-Uni depuis le littoral français sont toujours très nombreuses. Si la semaine dernière, aucune embarcation n’est arrivée sur les côtes anglaises, la semaine d’avant a été au contraire sujettes à de nombreuses traversées, selon le Home Office. En seulement trois jours, du 12 au 14 décembre, pas moins de 1 067 personnes ont réussi à atteindre les côtes anglaises à bord de 17 embarcations. Dans le même temps, 1 140 ont été empêchés de partir par les forces de l’ordre françaises, toujours selon les chiffres des autorités anglaises.

    Et depuis janvier, plus de 30 000 personnes ont ainsi débarqué au Royaume-Uni après une périlleuse traversée de la Manche. Ce chiffre dépasse déjà celui de 2023, mais on est encore loin du record enregistré en 2022 avec l’arrivée de 45 000 personnes.

    L’année 2024 est, en revanche, la plus coûteuse en terme de vies humaines depuis l’apparition en 2018 du phénomène des traversées de la Manche sur des « small boats ». Au moins 73 candidats à l’exil sont décédés en tentant de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre depuis le début de l’année, selon les chiffres de la préfecture du Pas-de-Calais.

    Un chiffre qui pourrait encore être revu à la hausse après l’identification des corps, pour le moment anonymes, retrouvés sur les plages. Plusieurs exilés sont notamment portés disparus, notamment depuis le naufrage du 23 octobre, lors duquel trois décès ont été officiellement déclarés.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/61884/nord-de-la-france--letat-abandonne-un-projet-de-barrage-flottant-antim
    #murs #barrières_frontalières #frontières #France #UK #Angleterre #abandon #migrations #réfugiés #murs_flottants #asile

    –-

    Août 2023 :
    Nord de la France : le barrage flottant, nouveau dispositif pour freiner les traversées de la Manche
    https://seenthis.net/messages/1013665

  • « Nous assistons à une escalade de la #prédation_minière »

    Une nouvelle #ruée_minière a commencé et touche aussi la #France. Au nom de la lutte contre la crise climatique, il faudrait extraire de plus en plus de #métaux. Celia Izoard dénonce l’impasse de cette « #transition » extractiviste. Entretien.

    Basta/Observatoire des multinationales : Il est beaucoup question aujourd’hui de renouveau minier en raison notamment des besoins de la transition énergétique, avec la perspective d’ouvrir de nouvelles mines en Europe et même en France. Vous défendez dans votre #livre qu’il ne s’agit pas du tout d’un renouveau, mais d’une trajectoire de continuité. Pourquoi ?

    #Celia_Izoard : Les volumes de #métaux extraits dans le monde aujourd’hui augmentent massivement, et n’ont jamais cessé d’augmenter. Ce qui est parfaitement logique puisqu’on ne cesse de produire de nouveaux objets et de nouveaux équipements dans nos pays riches, notamment avec la #numérisation et aujourd’hui l’#intelligence_artificielle, et qu’en plus de cela le reste du monde s’industrialise.

    En conséquence, on consomme de plus en plus de métaux, et des métaux de plus en plus variés – aussi bien des métaux de base comme le #cuivre et l’#aluminium que des métaux de spécialité comme les #terres_rares. Ces derniers sont utilisés en très petite quantité mais dans des objets qui sont partout, comme les #smartphones, et de façon trop dispersive pour permettre le #recyclage.

    Et la production de tous ces métaux devrait continuer à augmenter ?

    Oui, car rien ne freine cette production, d’autant plus qu’on y ajoute aujourd’hui une nouvelle demande qui est un véritable gouffre : celle de métaux pour le projet très technocratique de la transition. « Transition », dans l’esprit de nos élites, cela signifie le remplacement des #énergies_fossiles par l’#énergie_électrique – donc avec des #énergies_renouvelables et des #batteries – avec un modèle de société inchangé. Mais, par exemple, la batterie d’une #voiture_électrique représente souvent à elle seule 500 kg de métaux (contre moins de 3 kg pour un #vélo_électrique).

    Simon Michaux, professeur à l’Institut géologique de Finlande, a essayé d’évaluer le volume total de métaux à extraire si on voulait vraiment électrifier ne serait-ce que la #mobilité. Pour le #lithium ou le #cobalt, cela représenterait plusieurs décennies de la production métallique actuelle. On est dans un scénario complètement absurde où même pour électrifier la flotte automobile d’un seul pays, par exemple l’Angleterre ou la France, il faut déjà plus que la totalité de la production mondiale. Ce projet n’a aucun sens, même pour lutter contre le #réchauffement_climatique.

    Vous soulignez dans votre livre que l’#industrie_minière devient de plus en plus extrême à la fois dans ses techniques de plus en plus destructrices, et dans les #nouvelles_frontières qu’elle cherche à ouvrir, jusqu’au fond des #océans et dans l’#espace

    Oui, c’est le grand paradoxe. Les élites politiques et industrielles répètent que la mine n’a jamais été aussi propre, qu’elle a surmonté les problèmes qu’elle créait auparavant. Mais si l’on regarde comment fonctionne réellement le #secteur_minier, c’est exactement l’inverse que l’on constate. La mine n’a jamais été aussi énergivore, aussi polluante et aussi radicale dans ses pratiques, qui peuvent consister à décapiter des #montagnes ou à faire disparaître des #vallées sous des #déchets_toxiques.

    C’est lié au fait que les teneurs auxquelles on va chercher les métaux sont de plus en plus basses. Si on doit exploiter du cuivre avec un #filon à 0,4%, cela signifie que 99,6% de la matière extraite est du #déchet. Qui plus est, ce sont des #déchets_dangereux, qui vont le rester pour des siècles : des déchets qui peuvent acidifier les eaux, charrier des contaminants un peu partout.

    Les #résidus_miniers vont s’entasser derrière des #barrages qui peuvent provoquer de très graves #accidents, qui sont sources de #pollution, et qui sont difficilement contrôlables sur le long terme. Nous assistons aujourd’hui à une véritable #escalade_technologique qui est aussi une escalade de la #prédation_minière. La mine est aujourd’hui une des pointes avancées de ce qu’on a pu appeler le #capitalisme_par_dépossession.

    Comment expliquer, au regard de cette puissance destructrice, que les populations occidentales aient presque totalement oublié ce qu’est la mine ?

    Il y a un #déni spectaculaire, qui repose sur deux facteurs. Le premier est la religion de la #technologie, l’une des #idéologies dominantes du monde capitaliste. Nos dirigeants et certains intellectuels ont entretenu l’idée qu’on avait, à partir des années 1970, dépassé le #capitalisme_industriel, qui avait été tellement contesté pendant la décennie précédente, et qu’on était entré dans une nouvelle ère grâce à la technologie. Le #capitalisme_post-industriel était désormais avant tout une affaire de brevets, d’idées, d’innovations et de services.

    Les mines, comme le reste de la production d’ailleurs, avaient disparu de ce paysage idéologique. Le #mythe de l’#économie_immatérielle a permis de réenchanter le #capitalisme après l’ébranlement des mouvements de 1968. Le second facteur est #géopolitique. Aux grandes heures du #néo-libéralisme, le déni de la mine était un pur produit de notre mode de vie impérial. Les puissances occidentales avaient la possibilité de s’approvisionner à bas coût, que ce soit par l’#ingérence_politique, en soutenant des dictatures, ou par le chantage à la dette et les politiques d’#ajustement_structurel. Ce sont ces politiques qui ont permis d’avoir par exemple du cuivre du #Chili, de #Zambie ou d’#Indonésie si bon marché.

    Les besoins en métaux pour la #transition_climatique, si souvent invoqués aujourd’hui, ne sont-ils donc qu’une excuse commode ?

    Invoquer la nécessité de créer des mines « pour la transition » est en effet hypocrite : c’est l’ensemble des industries européennes qui a besoin de sécuriser ses approvisionnements en métaux. La récente loi européenne sur les métaux critiques répond aux besoins des grosses entreprises européennes, que ce soit pour l’#automobile, l’#aéronautique, l’#aérospatiale, les #drones, des #data_centers.

    L’argument d’une ruée minière pour produire des énergies renouvelables permet de verdir instantanément toute mine de cuivre, de cobalt, de lithium, de #nickel ou de terres rares. Il permet de justifier les #coûts_politiques de la #diplomatie des #matières_premières : c’est-à-dire les #conflits liés aux rivalités entre grandes puissances pour accéder aux #gisements. Mais par ailleurs, cette transition fondée sur la technologie et le maintien de la #croissance est bel et bien un gouffre pour la #production_minière.

    Ce discours de réenchantement et de relégitimation de la mine auprès des populations européennes vous semble-t-il efficace ?

    On est en train de créer un #régime_d’exception minier, avec un abaissement des garde-fous réglementaires et des formes d’extractivisme de plus en plus désinhibées, et en parallèle on culpabilise les gens. La #culpabilisation est un ressort psychologique très puissant, on l’a vu durant le Covid. On dit aux gens : « Si vous n’acceptez pas des mines sur notre territoire, alors on va les faire ailleurs, aux dépens d’autres populations, dans des conditions bien pires. » Or c’est faux. D’abord, la #mine_propre n’existe pas.

    Ensuite, la #loi européenne sur les #métaux_critiques elle prévoit qu’au mieux 10% de la production minière soit relocalisée en Europe. Aujourd’hui, on en est à 3%. Ce n’est rien du tout. On va de toute façon continuer à ouvrir des mines ailleurs, dans les pays pauvres, pour répondre aux besoins des industriels européens. Si l’on voulait vraiment relocaliser la production minière en Europe, il faudrait réduire drastiquement nos besoins et prioriser les usages les plus importants des métaux.

    Peut-on imaginer qu’un jour il existe une mine propre ?

    Si l’on considère la réalité des mines aujourd’hui, les procédés utilisés, leur gigantisme, leur pouvoir de destruction, on voit bien qu’une mine est intrinsèquement problématique, intrinsèquement prédatrice : ce n’est pas qu’une question de décisions politiques ou d’#investissements. L’idée de « #mine_responsable » n’est autre qu’une tentative de faire accepter l’industrie minière à des populations en prétendant que « tout a changé.

    Ce qui m’a frappé dans les enquêtes que j’ai menées, c’est que les industriels et parfois les dirigeants politiques ne cessent d’invoquer certains concepts, par exemple la #mine_décarbonée ou le réemploi des #déchets_miniers pour produire du #ciment, comme de choses qui existent et qui sont déjà mises en pratique. À chaque fois que j’ai regardé de plus près, le constat était le même : cela n’existe pas encore. Ce ne sont que des #promesses.

    Sur le site de la nouvelle mine d’#Atalaya à #Rio_Tinto en #Espagne, on voir des panneaux publicitaires alignant des #panneaux_photovoltaïques avec des slogans du type « Rio Tinto, la première mine d’autoconsommation solaire ». Cela donne à penser que la mine est autonome énergétiquement, mais pas du tout. Il y a seulement une centrale photovoltaïque qui alimentera une fraction de ses besoins. Tout est comme ça.

    Le constat n’est-il pas le même en ce qui concerne le recyclage des métaux ?

    Il y a un effet purement incantatoire, qui consiste à se rassurer en se disant qu’un jour tout ira bien parce que l’on pourra simplement recycler les métaux dont on aura besoin. Déjà, il n’en est rien parce que les quantités colossales de métaux dont l’utilisation est planifiée pour les années à venir, ne serait-ce que pour produire des #batteries pour #véhicules_électriques, n’ont même pas encore été extraites.

    On ne peut donc pas les recycler. Il faut d’abord les produire, avec pour conséquence la #destruction de #nouveaux_territoires un peu partout sur la planète. Ensuite, le recyclage des métaux n’est pas une opération du saint-Esprit ; il repose sur la #métallurgie, il implique des usines, des besoins en énergie, et des pollutions assez semblables à celles des mines elles-mêmes.

    L’accent mis sur le besoin de métaux pour la transition ne reflète-t-il pas le fait que les #multinationales ont réussi à s’approprier ce terme même de « transition », pour lui faire signifier en réalité la poursuite du modèle actuel ?

    Le concept de transition n’a rien de nouveau, il était déjà employé au XIXe siècle. À cette époque, la transition sert à freiner les ardeurs révolutionnaires : on accepte qu’il faut des changements, mais on ajoute qu’il ne faut pas aller trop vite. Il y a donc une dimension un peu réactionnaire dans l’idée même de transition.

    Dans son dernier livre, l’historien des sciences #Jean-Baptiste_Fressoz [Sans transition - Une nouvelle histoire de l’énergie, Seuil, 2024] montre que la #transition_énergétique tel qu’on l’entend aujourd’hui est une invention des #pro-nucléaires des États-Unis dans les années 1950 pour justifier des #investissements publics colossaux dans l’#atome. Ils ont tracé des belles courbes qui montraient qu’après l’épuisement des énergies fossiles, il y aurait besoin d’une #solution_énergétique comme le #nucléaire, et qu’il fallait donc investir maintenant pour rendre le passage des unes à l’autre moins brutal.

    La transition aujourd’hui, c’est avant tout du temps gagné pour le capital et pour les grandes entreprises. Les rendez-vous qu’ils nous promettent pour 2050 et leurs promesses de #zéro_carbone sont évidemment intenables. Les technologies et l’#approvisionnement nécessaire en métaux n’existent pas, et s’ils existaient, cela nous maintiendrait sur la même trajectoire de réchauffement climatique.

    Ces promesses ne tiennent pas debout, mais elles permettent de repousser à 2050 l’heure de rendre des comptes. Ce sont plusieurs décennies de gagnées. Par ailleurs, le terme de transition est de plus en plus utilisé comme étendard pour justifier une #croisade, une politique de plus en plus agressive pour avoir accès aux gisements. Les pays européens et nord-américains ont signé un partenariat en ce sens en 2022, en prétendant que certes ils veulent des métaux, mais pour des raisons louables. La transition sert de figure de proue à ces politiques impériales.

    Vous avez mentionné que l’une des industries les plus intéressées par la sécurisation de l’#accès aux métaux est celle de l’#armement. Vous semblez suggérer que c’est l’une des dimensions négligées de la guerre en Ukraine…

    Peu de gens savent qu’en 2021, la Commission européenne a signé avec l’#Ukraine un accord de partenariat visant à faire de ce pays une sorte de paradis minier pour l’Europe. L’Ukraine possède de fait énormément de ressources convoitées par les industriels, qu’ils soient russes, européens et américains. Cela a joué un rôle dans le déclenchement de la #guerre. On voit bien que pour, pour accéder aux gisements, on va engendrer des conflits, militariser encore plus les #relations_internationales, ce qui va nécessiter de produire des #armes de plus en plus sophistiquées, et donc d’extraire de plus en plus de métaux, et donc sécuriser l’accès aux gisements, et ainsi de suite.

    C’est un #cercle_vicieux que l’on peut résumer ainsi : la ruée sur les métaux militarise les rapports entre les nations, alimentant la ruée sur les métaux pour produire des armes afin de disposer des moyens de s’emparer des métaux. Il y a un risque d’escalade dans les années à venir. On évoque trop peu la dimension matérialiste des conflits armés souvent dissimulés derrière des enjeux « ethniques ».

    Faut-il sortir des métaux tout comme il faut sortir des énergies fossiles ?

    On a besoin de sortir de l’extractivisme au sens large. Extraire du pétrole, du charbon, du gaz ou des métaux, c’est le même modèle. D’ailleurs, d’un point de vue administratif, tout ceci correspond strictement à de l’activité minière, encadrée par des #permis_miniers. Il faut cesser de traiter le #sous-sol comme un magasin, de faire primer l’exploitation du sous-sol sur tout le reste, et en particulier sur les territoires et le vivant.

    Concrètement, qu’est ce qu’on peut faire ? Pour commencer, les deux tiers des mines sur la planète devraient fermer – les #mines_métalliques comme les #mines_de_charbon. Ça paraît utopique de dire cela, mais cela répond à un problème urgent et vital : deux tiers des mines sont situées dans des zones menacées de #sécheresse, et on n’aura pas assez d’#eau pour les faire fonctionner à moins d’assoiffer les populations. En plus de cela, elles émettent du #CO2, elles détruisent des territoires, elles déplacent des populations, elles nuisent à la #démocratie. Il faut donc faire avec une quantité de métaux restreinte, et recycler ce que l’on peut recycler.

    Vous soulignez pourtant que nous n’avons pas cessé, ces dernières années, d’ajouter de nouvelles technologies et de nouveaux objets dans notre quotidien, notamment du fait de l’envahissement du numérique. Réduire notre consommation de métaux implique-t-il de renoncer à ces équipements ?

    Oui, mais au préalable, quand on dit que « nous n’avons pas cessé d’ajouter des nouvelles technologies polluantes », il faut analyser un peu ce « nous ». « Nous » n’avons pas choisi de déployer des #caméras_de_vidéosurveillance et des #écrans_publicitaires partout. Nous n’avons pas choisi le déploiement de la #5G, qui a été au contraire contesté à cause de sa consommation d’énergie.

    La plupart d’entre nous subit plutôt qu’elle ne choisit la #numérisation des #services_publics, instrument privilégié de leur démantèlement et de leur privatisation : l’usage de #Pronote à l’école, #Doctissimo et la télémédecine dont la popularité est due à l’absence de médecins, etc. Dans le secteur automobile, la responsabilité des industriels est écrasante. Depuis des décennies, ils ne cessent de bourrer les véhicules d’électronique pour augmenter leur valeur ajoutée.

    Ces dernières années, ils ont massivement vendu d’énormes voitures électriques parce qu’ils savaient que le premier marché de la voiture électrique, c’était d’abord la bourgeoisie, et que les bourgeois achèteraient des #SUV et des grosses berlines. Donc quand je dis que nous devons réduire notre #consommation de métaux, j’entends surtout par-là dénoncer les industries qui inondent le marché de produits insoutenables sur le plan des métaux (entre autres).

    Mais il est vrai que nous – et là c’est un vrai « nous » - devons réfléchir ensemble aux moyens de sortir de l’#emprise_numérique. Du point de vue des métaux, le #smartphone n’est pas viable : sa sophistication et son caractère ultra-mondialisé en font un concentré d’#exploitation et d’#intoxication, des mines aux usines d’assemblage chinoises ou indiennes.

    Et bien sûr il a des impacts socialement désastreux, des addictions à la #surveillance, en passant par la « #surmarchandisation » du quotidien qu’il induit, à chaque instant de la vie. Là-dessus, il faut agir rapidement, collectivement, ne serait-ce que pour se protéger.

    https://basta.media/nous-assistons-a-une-escalade-de-la-predation-miniere
    #extractivisme #minières #électrification #acidification #contamination #hypocrisie #relocalisation #prédation #guerre_en_Ukraine #militarisation #déplacement_de_populations #dématérialisation #industrie_automobile

  • Des institutions scientifiques entretiennent le #doute sur les bénéfices du #bio

    Une vaste #étude française de 2018, montrant un lien entre #alimentation bio et baisse de certains #cancers, a été selon ses auteurs dénigrée par des organismes comme l’#Institut_national_du_cancer ou l’#Académie_de_médecine.

    Pour peu qu’elle soit suffisamment médiatisée, toute publication mettant en évidence les bénéfices de l’alimentation bio pour la #santé se heurte à un tir de #barrage de #dénigrements et de #contrevérités. Avec comme circonstance singulière que ces #fausses_informations ne circulent pas seulement sur les réseaux sociaux ou dans la presse : ce sont parfois des #sociétés_savantes ou des #institutions_scientifiques qui produisent ou relaient ces informations trompeuses. Selon plusieurs chercheurs en #nutrition et en #santé_publique, l’Académie nationale de médecine, l’Académie d’agriculture de France (#AAF) et l’#Institut_national_du_cancer (#INCa) ont ainsi, chacun à leur manière, participé à alimenter la #confusion sur le sujet.

    En cause, une #étude_épidémiologique française publiée en 2018 dans JAMA Internal Medicine, ayant suivi 70 000 personnes pendant quatre ans et demi, et mettant en évidence une baisse significative de #lymphomes (– 75 %) et du #cancer_du_sein postménopausal (– 34 %) chez les plus gros consommateurs et consommatrices de bio, par rapport à ceux qui n’en consomment pas. Trois jours seulement après la publication, l’AAF diffuse sur son site Web un « point de vue » de deux de ses membres, qui l’éreintent.

    « Ce texte était un modèle des techniques utilisées par les industriels pour fabriquer du doute, avec un empilement de critiques méthodologiques frisant la #mauvaise_foi, mais qui parviennent à donner l’illusion d’une discussion scientifique légitime, raconte Serge Hercberg, l’une des figures de l’épidémiologie nutritionnelle, et coauteur de cette étude. Nous ne sommes évidemment pas hostiles au débat, mais il s’agissait, à l’évidence, d’une volonté de jeter le #discrédit plus que de débattre. » Interrogé, le secrétaire perpétuel de l’AAF rappelle que les « points de vue » des académiciens, bien que diffusés par la société savante, ne sont pas formellement endossés par elle.

    En avril 2019, plusieurs mois après la publication de la fameuse étude, l’Académie nationale de médecine publie un bref communiqué qui « alerte sur l’interprétation trop rapide des résultats épidémiologiques ». Le texte fait valoir que les groupes comparés (consommateurs de bio, et non-consommateurs) diffèrent par d’autres facteurs : « La consommation de fruits et légumes, le niveau socio-économique, l’activité physique… tous [sont] susceptibles d’expliquer à eux seuls une différence. »

    Une critique qui suggère que les auteurs auraient fait preuve de négligence en ne tenant pas compte de ces facteurs de confusion dans leur analyse. « C’est complètement ridicule, répond le biochimiste et nutritionniste Denis Lairon, coauteur de l’étude attaquée. Il est impensable qu’une revue comme JAMA Internal Medicine, l’une des plus réputées et exigeantes, accepte de publier une étude épidémiologique qui ne tiendrait pas compte de ces facteurs de confusion ! »

    « #Infox »

    De son côté, l’épidémiologiste Emmanuelle Kesse-Guyot de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, coautrice de l’étude, ne s’explique pas le communiqué de l’Académie. « Je suis allée présenter notre travail aux académiciens pendant plus d’une heure et demie, en leur détaillant les efforts que nous avons faits pour prendre en compte des facteurs de confusion, et les analyses de sensibilité que nous avons conduites avant de publier nos résultats », raconte-t-elle.

    Pourquoi l’Académie a-t-elle publié un communiqué qu’elle savait erroné ? La société savante n’a pas répondu aux sollicitations du Monde. Le caractère trompeur de son communiqué a été porté à l’attention de l’Académie à plusieurs reprises depuis sa publication, voilà plus de cinq ans, mais aucune modification ou rectificatif ne lui a été apportée.

    L’Institut national du cancer n’est pas en reste. En juin 2021, l’institution publie sur son site Web un « éclairage » en forme de fact-checking. L’INCa assure que l’affirmation selon laquelle « manger bio permet de diminuer le risque de cancers » relève d’une « infox ». Et de souligner les limites de l’étude française de 2018.
    Liste de griefs

    En janvier, Le Monde a soumis à l’INCa une demande d’accès aux documents administratifs pour comprendre la genèse de ce communiqué. Suite au refus de l’institution, Le Monde a saisi la Commission d’accès aux documents administratifs qui a fait droit à sa demande en mars. Les correspondances internes, finalement transmises, indiquent d’abord que la publication de ce communiqué s’est faite sous la supervision du cancérologue Norbert Ifrah, le président de l’institut.

    Ensuite, elles montrent qu’en février 2022 quatre chercheurs d’institutions publiques protestent par écrit auprès de l’institut. Une protestation d’autant plus autorisée que les auteurs du courrier sont les animateurs du Réseau NACRe (Nutrition, Activité physique, Cancer, Recherche), qui fédère une quarantaine de laboratoires publics travaillant, entre autres, sur la prévention nutritionnelle des cancers. « Il nous paraît important de signaler que le fait de qualifier l’association entre alimentation bio et risque de cancer comme une “infox” n’est pas tout à fait exact, compte tenu du nombre croissant de publications sur le sujet, écrivent les chercheurs à l’INCa. Ce n’est pas encore avéré avec un niveau de preuve solide, mais cela n’est pas une infox non plus. »

    Dans leur courrier, ils soulignent que d’autres travaux vont à l’appui d’une telle association, et citent une étude française de mars 2021 sur un lien entre faible teneur en résidus de pesticides et risque diminué de cancers de sein (https://www.inrae.fr/actualites/certains-cocktails-pesticides-favoriseraient-risque-cancer-du-sein-femmes-meno), et une autre, américaine, de janvier 2022, sur un risque diminué de #gliomes (un type de cancer cérébral). L’INCa n’a pas donné de suites à l’interpellation des chercheurs. Leur critique était formulée mezza voce, mais d’autres spécialistes sont bien plus critiques.

    Denis Lairon retourne ainsi à l’INCa l’amabilité : pour le chercheur, la communication de l’institution publique « frôle la fake news ». Le chercheur transmet au Monde une longue liste de griefs sur de nombreux points du #fact-checking de l’INCa et estime que certains sont « totalement injustifiés et témoignent d’une forte ignorance des méthodologies utilisées et/ou d’un biais partisan totalement inacceptable ». L’INCa n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/11/04/des-institutions-scientifiques-entretiennent-le-doute-sur-les-benefices-du-b

    voir aussi ici, signalé par @colporteur
    https://seenthis.net/messages/1080446

    • Association of Frequency of Organic Food Consumption With Cancer Risk. Findings From the NutriNet-Santé Prospective Cohort Study

      Key Points

      Question What is the association between an organic food–based diet (ie, a diet less likely to contain pesticide residues) and cancer risk?

      Findings In a population-based cohort study of 68 946 French adults, a significant reduction in the risk of cancer was observed among high consumers of organic food.

      Meaning A higher frequency of organic food consumption was associated with a reduced risk of cancer; if the findings are confirmed, research investigating the underlying factors involved with this association is needed to implement adapted and targeted public health measures for cancer prevention.
      Abstract

      Importance Although organic foods are less likely to contain pesticide residues than conventional foods, few studies have examined the association of organic food consumption with cancer risk.

      Objective To prospectively investigate the association between organic food consumption and the risk of cancer in a large cohort of French adults.

      Design, Setting, and Participants In this population-based prospective cohort study among French adult volunteers, data were included from participants with available information on organic food consumption frequency and dietary intake. For 16 products, participants reported their consumption frequency of labeled organic foods (never, occasionally, or most of the time). An organic food score was then computed (range, 0-32 points). The follow-up dates were May 10, 2009, to November 30, 2016.

      Main Outcomes and Measures This study estimated the risk of cancer in association with the organic food score (modeled as quartiles) using Cox proportional hazards regression models adjusted for potential cancer risk factors.

      Results Among 68 946 participants (78.0% female; mean [SD] age at baseline, 44.2 [14.5] years), 1340 first incident cancer cases were identified during follow-up, with the most prevalent being 459 breast cancers, 180 prostate cancers, 135 skin cancers, 99 colorectal cancers, 47 non-Hodgkin lymphomas, and 15 other lymphomas. High organic food scores were inversely associated with the overall risk of cancer (hazard ratio for quartile 4 vs quartile 1, 0.75; 95% CI, 0.63-0.88; P for trend = .001; absolute risk reduction, 0.6%; hazard ratio for a 5-point increase, 0.92; 95% CI, 0.88-0.96).

      Conclusions and Relevance A higher frequency of organic food consumption was associated with a reduced risk of cancer. If these findings are confirmed, further research is necessary to determine the underlying factors involved in this association.

      https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2707948

    • #Pesticides et santé – Nouvelles données (2021)

      Ce document présente la synthèse issue des travaux du groupe d’experts réunis par l’Inserm dans le cadre de la procédure d’expertise collective pour répondre à la demande de cinq directions de l’État, la Direction générale de la prévention des risques, la Direction générale de la santé, la Direction générale du travail, la Direction générale de la recherche et de l’innovation, ainsi que le secrétariat général du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’actualisation du rapport d’expertise collective Inserm intitulé Pesticides : Effets sur la santé, publié en 2013 (https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-effets-sur-sante).

      https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021

    • Certains #cocktails_de_pesticides favoriseraient le risque de cancer du sein chez les #femmes ménopausées

      Certains pesticides utilisés en Europe sont suspectés d’avoir des effets néfastes sur la santé humaine. Ils provoqueraient des #perturbations_hormonales et auraient également des propriétés carcinogènes, déjà observées en milieu professionnel. Le lien entre l’exposition à ces pesticides via l’alimentation et le cancer du sein dans la population générale est encore peu étudié. Des chercheurs d’une équipe mixte INRAE, Inserm, Cnam et Université Sorbonne Paris Nord ont déjà montré que les consommatrices d’aliments issus de l’agriculture biologique de la cohorte NutriNet-Santé, avaient un moindre risque de cancer du sein en post-ménopause (1). Cette même équipe a poursuivi ses travaux en s’intéressant cette fois à l’exposition à différents cocktails de ces pesticides sur cette catégorie de la population. Leurs travaux, parus le 15 mars dans la revue International Journal of Epidemiology apportent un éclairage sur l’impact de l’exposition alimentaire aux pesticides dans la survenue de cancer du sein en post-#ménopause.

      https://www.inrae.fr/actualites/certains-cocktails-pesticides-favoriseraient-risque-cancer-du-sein-femmes-meno

  • Benjamin Biard : « Face à l’extrême droite, l’#audiovisuel_public belge a institué un #cordon_sanitaire »

    Depuis 1991, les radios et télévisions publiques belges francophones ont banni de leurs studios et plateaux tous les représentants de l’extrême droite. Résultat : celle-ci n’a jamais percé politiquement. Le politiste #Benjamin_Biard revient sur une expérience unique qu’on peut considérer comme un exemple à suivre d’urgence.

    https://aoc.media/entretien/2024/07/12/benjamin-biard-face-a-lextreme-droite-laudiovisuel-public-belge-a-institue-un

    #médias #Belgique #extrême_droite #télévision_publique #bannissement #barrage #exemple_à_suivre #bonnes_pratiques #TV #radio
    –-

    déjà signalé sur seenthis ici par @sombre, où il y a le texte complet :
    https://seenthis.net/messages/1061621

  • France : Un Disneyland sociologique, et une la farce morbide.

    L’Histoire se rit des castors qui chérissent les barrages dont ils pleurent les effets. Sans véritable surprise, yaël braun-pivet aura été réélue le jeudi 18 juillet dernier à la présidence de l’Assemblée nationale, poste surnommé dans le milieu « le perchoir ». Non pas en raison bien sûr de ses compétences politiques exceptionnelles, de ses qualités d’analyses des situations, de son charisme particulier, ou de sa probité à juger les déboires de l’Assemblée : non, encore et toujours, par la stupidité et la cécité coupable de la gauche « NFP », comme il faut désormais la labelliser, telle une marque infamante, toujours prompte à falsifier l’Histoire et les symboles.

    Un Disneyland sociologique
    Car enfin, après avoir appelé de toute la force dont est capable ses petits poumons bien malingres à voter pour des macronistes contre le RN, et avoir fait passer la projection de seulement 60 députés Ensemble ! au soir du premier tour aux 166 actuels, de quel droit osent-ils faire les étonnés, et hurler au « déni de démocratie », au « vol de l’élection », et au « mépris des électeurs » ? Il n’y a là que la conséquence parfaitement logique de leurs actions : quelle lâcheté de ne pas les assumer ! Faut-il avoir perdu tout contact avec la réalité pour oser affirmer comme a. chassaigne que l’alliance entre les macronistes et LR est une « alliance contre-nature » ? Quelle « contre-nature » ? Il s’agit de la même classe sociale, avec le même programme économique et géopolitique, et la même vision du monde. On aimerait pouvoir invoquer à la décharge du NFP un état psychiatrique dément, qui au moins aurait le mérite de susciter de la compassion chez le lecteur bienveillant envers les aliénés, qui depuis le juriste romain Ulpien sait pourquoi ils ne sont pas responsables juridiquement de leurs actes.

    Mais non : las, il faut bien reconnaître que ce non-contact avec la réalité est le produit de leur classe sociale – la petite-bourgeoisie intellectuelle, et les couches moyennes qui se sont trouvées un moyen de se créer un Disneyland sociologique. Dans ce pays de cocagne, nulle trace d’ouvriers, de pauvres sales et mal-élevés : on y vit bien dans l’entre-soi de la bien-pensance. On peut penser avoir gagné une élection en ayant rassemblé 25 % des suffrages en réunissant plus de 6 organisations politiques, et gouverner légitimement le pays avec 30 % des sièges au parlement. On peut même penser demander aux marchés financiers et à la BCE de financer le SMIC à 1600€ et payer davantage les fonctionnaires dans un pays désindustrialisé, et qui ne produit plus ce qu’il consomme.

    Ce n’est plus de la politique à ce niveau-là : c’est le Journal de Mickey mis en scène – mais avec caroline de haas en rédactrice en chef, des fois que Dingo veuille faire preuve de « masculinité toxique » à l’égard de Minnie. Leur délire est donc totalement politique, et en rien psychiatrique : la classe sociale qu’ils représentent a perdu tout pouvoir et capacité d’action réelle, et en est donc réduite à s’agiter vainement, en poussant toujours plus loin le délire de séparation avec la réalité.

    Et que dire du spectacle puéril qu’ont offert les insoumis, en érigeant comme sommet de la résistance anti-fasciste le fait de refuser de serrer la main aux députés RN ? Ils trahissent bien d’ailleurs là leur conception des choses : ils ne font même plus semblant d’essayer d’aller chercher l’électorat ouvrier du RN pour le faire changer de vote – ils lui crachent à la figure, en se drapant dans de la morale , au sens le plus abstrait et méprisable du mot. Il faudra un jour que les communistes sincères et les hommes de gauche honnêtes l’admettent : cette gauche « NFP » n’est pas simplement stupide, ni mal orientée – elle défend férocement ses intérêts de classe , qui exigent que rien dans le fond ne change. Elle veut l’UE, elle veut l’OTAN, elle veut le système économique actuel, elle veut même macron dans le fond, même si elle ne l’admet pas : elle veut tout cela, mais avec plus de dépenses publiques, pour que son Disneyland soit un peu plus fun . C’est vrai qu’on s’ennuie un peu au pays de l’OTAN, quand on a moins de moyens (c’est-à-dire pour eux, le travail des autres) pour s’amuser.

    Les suites de cette farce sont donc prévisibles à l’avance : macron macronera, yaël braun-pivet braunpivera, et peut-être même que attal attallera. Et la gauche, toujours la gauche, fera son manège bouffon, in seculum seculorum si on la laisse faire. Cette gauche aime à répéter que macron a perdu le 7 juillet : peut-être est-il temps de se rendre compte que probablement non, si tout peut continuer comme avant ?

    Il y a aussi la farce morbide.
    Mais derrière la farce grotesque, il y a aussi la farce morbide. On se souviendra longtemps que cette même journée, l’infâme ursula von der leyen a été réélue à la tête de la commission européenne pour 5 ans de plus. Vu le caractère réactionnaire de ce qu’est l’UE, cela n’est pas surprenant, mais après le désastre de son mandat précédent, et les horizons de guerre et de désolation où cette femme veut emmener les peuples européens, l’événement devrait terroriser tout honnête citoyen. La guerre et la misère sont ses seules ambitions pour les masses.

    Et de cette farce morbide, une image restera néanmoins : celle de manon aubry, tout sourire, embrassant avec un plaisir visiblement non-feint usurla von der leyen, pour la féliciter de sa réélection. Et là, les masques de la comédie sont éventés, et la vérité, la dure, la froide et cruelle vérité, vient percer à jour le théâtre, et en montrer l’abjection politique et morale – la vraie cette fois – sous son jour le plus cru : on peut embrasser avec plaisir la sanguinaire von der leyen, qui a mené tant d’ukrainiens et de russes à la mort, qui a soutenu tant de massacres immondes à Gaza et en Cisjordanie, mais on ne peut pas, au grand jamais, serrer la main d’un député RN. Mais l’électeur moyen du RN ou le député du RN ont-t-ils jamais contribué, même indirectement, à tuer un seul ukrainien, ni même un seul gazaoui ?

    Un jour, cette gauche sera réveillée par les masses laborieuses, et ce jour-là, elle se rendra compte que le sang que von der leyen a sur les mains a déteint sur les siennes, qu’elle croyait immaculées.

    Et il sera trop tard pour dire qu’elle ne la lui a jamais serrée. Il n’est pas sûr que d’avoir refusé de serrer celles du RN lui serve d’excuse ce jour-là.

    Victor Sarkis Sur le blog de Régis de Castelnau

    Source : Vu du droit https://www.vududroit.com/2024/07/maitre-castor-perche-sur-son-assemble

    #France #Farce #NFP #bourgeoisie #petite_bourgeoisie_intellectuelle #petite_bourgeoisie #rn #gôche #gauche #manon_aubry #caroline_de_haas #insoumis en peu de lapin #ue #otan #guerre #misère #ursula_von_der_leyen #classes_sociales #politique #castors #barrages #bien-pensance

  • Nord de la France : une nouvelle lignée de bouées flottantes anti-migrants installée dans la Canche - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/58019/nord-de-la-france--une-nouvelle-lignee-de-bouees-flottantes-antimigran

    Nord de la France : une nouvelle lignée de bouées flottantes anti-migrants installée dans la Canche
    Par La rédaction Publié le : 26/06/2024
    Un nouveau barrage anti-migrants va être installé dans le nord de la France, dans la Canche, vers la ville d’Étaples, d’où partent de nombreuses embarcations à destination de l’Angleterre. Deux autres dispositifs similaires sont déjà installés dans la même zone.
    Et de trois. Un nouveau barrage anti-migrants va être installé dans la Canche, ce fleuve du nord de la France qui se jette dans la Manche, a révélé la Voix du Nord, dans un article publié le 25 juin. Il sera posé, comme les précédents, sur les berges de la ville d’Étaples, dans le Nord de la France.
    Concrètement, le dispositif consiste en l’installation d’une ligne de bouées qui traversent le fleuve de part en part, fixées à deux piliers en béton. Le but : contrer le phénomène des « taxi-boats », ces embarcations qui prennent la mer depuis les cours d’eau en amont pour éviter les contrôles renforcés le long du littoral. Un premier barrage flottant avait déjà été installé l’été dernier à Étaples. Puis, une seconde ligne de bouées avait ensuite été posée au même endroit, en septembre 2023, pour renforcer ce premier dispositif.
    Pour Xavier Delrieu, chef de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM), qui traque les filières d’immigration clandestine dans toute la France, ces bouées permettent de contrecarrer les plans des trafiquants. « Le bateau [des passeurs] gonflé est mis à l’eau sur des cours d’eau qui rejoignent la mer. Les passeurs espèrent ensuite charger les passagers à un endroit bien précis [de la Canche], ce qui permet d’éviter l’interception sur les plages », expliquait-il à InfoMigrants l’an dernier.
    Les autorités françaises espèrent ainsi bloquer les embarcations avant que ces dernières n’atteignent la mer – et ensuite le Royaume-Uni.Mais quelques mois après leur installation, dans la nuit du 30 au 31 mars, l’un des barrages avait été détruit, puis à nouveau endommagé pendant le weekend du 11 mai. Certainement l’œuvre de passeurs, selon les autorités. Preuve que le dispositif dérange.
    Pourtant, plus de 12 000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l’année, un record, soit 35 % de plus qu’en 2023 à la même période.
    Le nord de la France compte deux autres installations de ce type : un dans l’Authie construit en amont du port de la Madelon (près du Fort-Mahon) en janvier, et un autre dans le canal des Dunes, près de Dunkerque inauguré en 2021.Selon les associations d’aide aux migrants, présentes dans le nord de la France, ces barrages flottants augmentent au contraire les risques liés aux traversées. En mars, un Syrien de 27 ans et une fillette irakienne de sept ans ont péri noyés dans le canal de l’Aa en tentant de monter dans une embarcation de fortune.Au total, au moins 16 exilés sont morts en tentant de traverser la Manche depuis le début de l’année 2024. Ils étaient 12 pour l’ensemble de l’année 2023, et un en 2022, selon la préfecture de la Manche et de la mer du Nord.

    #Covid-19#migrant#migration#france#rouemigratoire#traversee#barrageflottant#smallboat#migrationirreguliere#sante

  • “Sotto l’acqua”. Le storie dimenticate dei borghi alpini sommersi in nome del “progresso”

    I grandi invasi per la produzione di energia idroelettrica hanno segnato nei primi decenni del Novecento l’inizio della colonizzazione dei territori montani. #Fabio_Balocco, giornalista e scrittore di tematiche ambientali, ne ha raccolto le vicende in un libro. Un lavoro prezioso anche per comprendere l’attuale dibattito su nuove dighe e bacini a favore di agricoltura intensiva e innevamento artificiale

    Un campanile solitario emerge dalle acque del Lago di Rèsia, in Val Venosta, un invaso realizzato per produrre energia idroelettrica. Quella che per i turisti di oggi è una curiosa attrazione, è in realtà ciò che rimane di una borgata alpina sommersa in nome del “progresso”. Quella del campanile che sorge dalle acque è un’immagine iconica che in tanti conoscono. Ma non si tratta di un caso isolato: molti altri abitati alpini furono sommersi nello scorso secolo, sacrificati sullo stesso altare. Soprattutto nel Piemonte occidentale, dove subirono la sorte le borgate di Osiglia, Pontechianale, Ceresole Reale, Valgrisenche, e un intero Comune come Agàro, nell’Ossola. A raccontare queste storie pressoché dimenticate è il giornalista e scrittore Fabio Balocco nel suo recente saggio “Sotto l’acqua. Storie di invasi e di borghi sommersi” pubblicato da LAReditore.

    Balocco, perché ha scelto di raccontare queste storie?
    FB Tutto è iniziato con un’inchiesta per la rivista Alp (mensile specializzato in montagna e alpinismo, chiuso nel 2013, ndr) che feci a metà anni Novanta, incentrata proprio su queste storie dei borghi sommersi per produrre energia. Un fenomeno che caratterizzò soprattutto gli anni Venti e Trenta del Novecento per alimentare le industrie della pianura. Sono sempre stato attratto dalle storie “minime”, quelle dei perdenti, in questo caso le popolazioni alpine sacrificate appunto sull’altare dello sviluppo. È quella che io chiamo “la storia con la esse minuscola”. La nascita del libro è dovuta sia al fatto che siamo sulla soglia del secolo da quando iniziarono i primi lavori e sia dal ritorno nel dibattito politico del tema di nuovi invasi. Infine, penso sia necessario parlarne per ricordare che nessuna attività umana è esente da costi ambientali e talvolta anche sociali, come in questi casi che ho trattato.

    Nel libro afferma che l’idroelettrico ha portato ai primi conflitti nelle terre alte, tradendo la popolazione alpina. In che modo è successo?
    FB I grandi invasi per produzione di energia idroelettrica hanno segnato l’inizio della colonizzazione dei territori montani, che fino ad allora non erano stati intaccati dal punto di vista ambientale e sociale da parte del capitale della pianura. Queste opere costituirono l’inizio della colonizzazione di quelle che oggi vengono anche definite “terre alte”, colonizzazione che è proseguita soprattutto con gli impianti sciistici e le seconde case. Vale poi la pensa di sottolineare che almeno due invasi, quello di Ceresole Reale e quello di Beauregard, in Valgrisenche, comportarono la sommersione di due dei più suggestivi paesaggi delle Alpi occidentali.

    Che ruolo hanno avuto le dighe nello spopolamento delle terre alpine?
    FB È bene ricordare che nell’arco alpino occidentale lo spopolamento era già in atto agli inizi del Novecento in quanto spesso per gli abitanti delle vallate alpine era più facile trovare lavoro oltreconfine. Un caso esemplare è quello della migrazione verso la Francia che caratterizzò la Val Varaita, dove fu realizzato l’invaso di Pontechianale. Le dighe non contribuirono in modo diretto allo spopolamento ma causarono l’allontanamento di centinaia di persone dalle loro case che venivano sommerse dalle acque, e molti di questi espropriati non ricevettero neppure un compenso adeguato a comprare un nuovo alloggio, oppure persero tutto il denaro a causa dell’inflazione, come accadde a Osiglia, a seguito dello scoppio Seconda guerra mondiale. Queste popolazioni subirono passivamente le imposizioni, senza mettere in atto delle vere e proprie lotte anche se sapevano che avrebbero subito perdite enormi. Ci furono solo alcuni casi isolati di abitanti che furono portati via a forza. Questo a differenza di quanto avvenuto in Francia, a Tignes, negli anni Quaranta, dove dovette intervenire l’esercito per sgomberare la popolazione. Da noi il sentimento comune fu di rassegnazione.

    Un’altra caratteristica di queste storie è lo scarso preavviso.
    FB Tutto l’iter di approvazione di queste opere avvenne sotto traccia e gli abitanti lo vennero a sapere in modo indiretto, quasi di straforo. Semplicemente si accorgevano della presenza di “stranieri”, spesso tecnici venuti a effettuare lavori di prospezione, e solo con un passaparola successivo venivano a conoscenza dell’imminente costruzione della diga. Anche il tempo a loro lasciato per abbandonare le abitazioni fu di solito molto breve. Le imprese della pianura stavano realizzando degli interessi superiori e non erano interessate a informare adeguatamente le popolazioni coinvolte. Le opere furono realizzate da grandi imprese specializzate che si portavano dietro il loro personale. Si trattava di lavori spesso molto specialistici e solo per le mansioni di bassa manovalanza venne impegnata la popolazione locale. D’altra parte, questo incontro tra il personale delle imprese e i locali portò a conseguenze di carattere sociale in quanto i lavori durarono diversi anni e questa intrusione portò anche alla nascita di nuovi nuclei familiari.

    Differente è il caso di Badalucco, dove negli anni Sessanta gli abitanti riuscirono a opporsi alla costruzione della diga. In che modo?
    FB Badalucco è sempre un Comune alpino, sito in Valle Argentina, in provincia di Imperia e anche lì si voleva realizzare un grande invaso all’inizio degli anni Sessanta. Ma qui le cose andarono in maniera diversa, sicuramente anche perché nel 1959 c’era stata una grave tragedia in Francia quando la diga del Malpasset crollò provocando la morte di quasi 500 persone. A Badalucco ci fu quindi una vera e propria sollevazione popolare guidata dallo stesso sindaco del Comune, sollevazione che, anche attraverso scontri violenti, portò alla rinuncia da parte dell’impresa. L’Enel ha tentato di recuperare il progetto (seppure in forma ridotta) nei decenni successivi trovando però sempre a una forte opposizione locale, che dura tuttora.

    Il governo promette di realizzare nuove dighe e invasi. È una decisione sensata? Che effetti può avere sui territori montani?
    FB A parte i mini bacini per la produzione di neve artificiale nelle stazioni sciistiche, oggi vi sono due grandi filoni distinti: uno è il “vecchio” progetto “Mille dighe” voluto da Eni, Enel e Coldiretti con il supporto di Cassa depositi e prestiti, che consiste nella realizzazione di un gran numero di piccoli invasi a sostegno soprattutto dell’agricoltura, ma anche per la fornitura di acqua potabile. Poi vi sono invece i progetti di nuovi grandi sbarramenti, come quello previsto lungo il torrente Vanoi, tra Veneto e Trentino, o quelli di Combanera, in Val di Lanzo, e di Ingria, in Val Soana, in Piemonte. Come dicevo, oggi l’esigenza primaria non è tanto la produzione di elettricità quanto soprattutto l’irrigazione e, in minor misura, l’idropotabile. Si vogliono realizzare queste opere senza però affrontare i problemi delle perdite degli acquedotti (che spesso sono dei colabrodo) né il nostro modello di agricoltura. Ad esempio, la maggior parte dell’acqua utilizzata per i campi finisce in coltivazioni, come il mais, per produrre mangimi destinati agli allevamenti intensivi. Questo senza considerare gli impatti ambientali e territoriali che le nuove opere causerebbero. In buona sostanza, bisognerebbe ripensare il nostro modello di sviluppo prima di tornare a colonizzare nuovamente le terre alte.

    https://altreconomia.it/sotto-lacqua-le-storie-dimenticate-dei-borghi-alpini-sommersi-in-nome-d

    #montagne #Alpes #disparitions #progrès #villages #barrages #barrages_hydro-électriques #énergie_hydro-électrique #énergie #colonisation #industrialisation #histoire #histoires #disparition #terre_alte #Badalucco #Osiglia #Pontechianale #Ceresole_Reale #Valgrisenche #Agàro #Beauregard #Ceresole_Reale #Mille_dighe #Vanoi #Combanera #Ingria

    • Sotto l’acqua. Storie di invasi e di borghi sommersi

      Circa un secolo fa iniziò, nel nostro paese, il fenomeno dell’industrializzazione. Ma questo aveva bisogno della forza trainante dell’energia elettrica. Si pensò allora al potenziale rappresentato dagli innumerevoli corsi d’acqua che innervavano le valli alpine. Ed ecco la realizzazione di grandi bacini di accumulo per produrre quella che oggi chiamiamo energia pulita o rinnovabile. Ma qualsiasi azione dell’uomo sull’ambiente non è a costo zero e, nel caso dei grandi invasi idroelettrici, il costo fu anche e soprattutto rappresentato dal sacrificio di intere borgate o comuni che venivano sommersi dalle acque. Quest’opera racconta, tramite testimonianze, ricordi e fotografie, com’erano quei luoghi, seppur limitandosi all’arco alpino occidentale. Prima che se ne perda per sempre la memoria.

      https://www.ibs.it/sotto-acqua-storie-di-invasi-libro-fabio-balocco/e/9791255450597

      #livre

  • Manche : les barrages dans le nord sont-ils vraiment efficaces pour empêcher les traversées ? - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56262/manche--les-barrages-dans-le-nord-sontils-vraiment-efficaces-pour-empe

    Manche : les barrages dans le nord sont-ils vraiment efficaces pour empêcher les traversées ?
    Par Leslie Carretero Publié le : 05/04/2024
    Quelques mois après l’installation de barrages dans des cours d’eau se jetant dans la Manche, l’un d’eux a été détruit dans la nuit du 30 au 31 mars. Preuve selon les autorités que ces mesures pour empêcher les migrants de traverser la Manche sont efficaces. Mais pour les associations, ce dispositif n’a aucune incidence sur les tentatives de départs vers le Royaume-Uni, qui ont connu un record au premier trimestre 2024.
    Dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 mars, le barrage flottant installé dans la Canche a été « endommagé volontairement », selon Isabelle Fradin-Thirode, sous-préfète de Montreuil (nord de la France). La lignée de bouées qui traverse le fleuve de part en part, désormais échouée sur le rivage, a été sectionnée à l’aide d’un engin de type disqueuse, révèle France 3.Le dispositif a été installé l’été dernier dans ce fleuve du nord de la France qui se jette dans la Manche pour contrer le phénomène grandissant des « taxi-boats » : ces embarcations qui prennent la mer depuis les cours d’eau en amont pour éviter les contrôles renforcés le long du littoral.
    Les autorités soupçonnent des passeurs d’être à l’origine de la destruction de ce barrage. « Ils l’ont découpé pour contourner ce type d’outils, car le fleuve était un point de départ » des canots vers l’Angleterre, déclare à InfoMigrants Mathilde Potel, commissaire adjointe en charge de la lutte contre l’immigration irrégulière sur le littoral.
    « Les tentatives de destruction de la part des passeurs démontrent que ces barrages sont une entrave à la circulation des migrants », renchérit la préfecture du Pas-de-Calais, contactée par InfoMigrants.Entre janvier et août 2023, « 22 évènements ont été recensés sur le fleuve de la Canche, avec une moyenne de 46 migrants sur chaque embarcation », expliquait en août la préfecture. Depuis son installation, les autorités ont constaté « un effondrement des tentatives de traversées sur ce secteur », signale Mathilde Potel. Plus aucun bateau n’a pris la mer depuis ce cours d’eau.
    Le nord de la France compte deux autres installations de ce type : un dans l’Authie construit en amont du port de la Madelon (près du Fort-Mahon) en janvier, et un autre dans le canal des Dunes, près de Dunkerque inauguré en 2021.En plus de leur caractère dissuasif, ces barrages, surveillés par des drones, permettent aux autorités de la région de centraliser leurs effectifs. « En interdisant l’accès à certains spots [grâce aux barrages] , on renforce [notre surveillance] sur les autres points de départs. On évite de mettre des forces terrestres et des moyens aériens sur tous les secteurs », affirme encore Mathilde Potel.Autant d’arguments qui prouvent, selon les autorités, que cette technique a montré son efficacité.
    Mais pour les associations, en revanche, ce dispositif ne résout rien. Au contraire. « Ce n’est pas une ligne de bouées qui va empêcher les gens de tenter la traversée » de la Manche, rétorque à InfoMigrants Pierre Roques de l’Auberge des migrants. Les exilés « peuvent aller 200 mètres plus loin, cela ne va rien changer », continue le militant.
    Pour contourner les barrages, les passeurs empruntent désormais d’autres canaux. Ces derniers mois, plusieurs départs ont été enregistrés au niveau du canal de l’Aa. En quelques semaines, on compte une dizaine de mise à l’eau depuis ce cours d’eau. Fleur Germain, coordinatrice d’Utopia 56 à Calais, affirme recevoir de plus en plus d’appels de détresse, via la ligne d’urgence téléphonique de l’association, de personnes en difficultés dans l’Aa. « Ce n’était pas du tout le cas avant », rapporte-t-elle.
    Les humanitaires estiment par ailleurs que l’installation des barrages a augmenté la prise de risques des exilés. En mars, un Syrien de 27 ans et une fillette irakienne de sept ans ont péri noyés dans le canal de l’Aa en tentant de monter dans une embarcation de fortune. Depuis le début de l’année, les associations ont comptabilisé 11 morts en mer sur la route de l’Angleterre. Un record en seulement trois mois."De manière évidente, [les barrages] c’est plus de la communication qu’autre chose", pense Pierre Roques. « Ça ne fait pas du tout baisser les départs », abonde Fleur Germain.
    Si les traversées de la Manche ont fortement diminué en 2023 - avec l’arrivée au Royaume-Uni de près de 30 000 exilés contre 45 000 en 2022 - les chiffres montrent une nette augmentation depuis janvier 2024. Au premier trimestre de cette année, 5 373 personnes ont pris la mer depuis les côtes françaises, contre 3 793 à la même période de 2023, selon un décompte de l’AFP établi à partir des données officielles britanniques. Soit une hausse de 41,7%.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#traversee#passeur#drone#barrage#migrationirreguliere#sante

  • Chi si oppone a una nuova grande diga tra Veneto e Trentino per irrigare la pianura

    Il torrente #Vanoi che scorre in #Val_Cortella è minacciato da un progetto di sbarramento alto 116 metri dai costi ambientali ed economici elevatissimi. La Giunta Zaia parla di “difesa idraulica” e “tesaurizzazione idrica” mentre le comunità locali sono state escluse e l’area è segnata da smottamenti e frane. Le alternative esistono.

    L’incontro con Daniele Gubert è nei pressi del lago Schenèr, al confine tra Veneto e Trentino. Gubert fa parte del “Comitato per la difesa del torrente Vanoi e delle acque dolci” nato nel 1998 per scongiurare la costruzione di uno sbarramento del corso d’acqua che scorre in Val Cortella. “Non pensavo di dover tornare a lottare per il Vanoi”, racconta, ricordando le battaglie di vent’anni fa.

    In #Primiero, nel Trentino orientale, il settore idroelettrico ha già alterato profondamente l’assetto idrografico di vari torrenti, tant’è che si possono contare ben quattro bacini artificiali, realizzati da inizio Novecento, nell’arco di poche decine di chilometri quadrati.

    Dal lago ci si sposta a piedi fino al torrente Vanoi per visitare il sito in cui è prevista la costruzione di un’ulteriore diga, ad appena un chilometro in linea d’aria dallo sbarramento già esistente sullo #Schenèr. Nonostante la valle sia difficilmente accessibile, i tentativi per raggiungerla vengono ricompensati dalla bellezza che caratterizza la natura selvaggia dell’intero letto fluviale. “È uno dei pochi posti in Trentino dove la trota marmorata, specie endemica e in via di estinzione, riesce a riprodursi”, spiega Gubert, aggiungendo che per deporre le uova il pesce deve risalire il fiume per diversi chilometri. A confermare la rilevanza ecologica della valle sono due siti Rete natura 2000, di grande importanza per la presenza di boschi di abete bianco, in regressione su tutta la catena alpina, e di specie animali in forte diminuzione.

    Alto 116 metri, lo sbarramento poggerebbe a destra nella parte più settentrionale di Lamon, Comune bellunese, mentre la maggior parte dell’invaso (da 40 milioni di metri cubi di volume), ricadrebbe in Trentino. “Se il progetto venisse realizzato segnerebbe il territorio, e le relative opportunità turistiche, in modo irreparabile -continua Gubert-. La narrativa dominante associa il concetto di rinnovabile al settore idroelettrico, ma dovremmo parlare piuttosto di prassi usa e getta delle valli alpine, poiché i bacini esistenti sono pieni di sedimenti, molti risalenti all’alluvione del 1966, e invece di ripulirli e fare le opportune manutenzioni se ne progettano di nuovi”.

    Considerato e archiviato a più riprese fin dagli anni Venti del secolo scorso, a fine 2020 la Giunta regionale del Veneto guidata da #Luca_Zaia inserisce nel Piano regionale per la ripresa e la resilienza il progetto “Difesa idraulica e tesaurizzazione idrica tramite il nuovo serbatoio del Vanoi nel bacino del fiume Brenta”, motivando l’opera come necessaria per la difesa idraulica nelle province di Vicenza e Padova. Nel 2022 viene concesso un milione di euro, con fondi ministeriali, al Consorzio di bonifica del Brenta per l’esecuzione della progettazione e, poco dopo, il Consiglio regionale approva la realizzazione della diga. A maggio dell’anno successivo, la Provincia autonoma di Trento lamenta il mancato coinvolgimento nelle operazioni che hanno portato all’affidamento dell’opera e ricorda che, secondo la Carta di sintesi della pericolosità di Trento, l’area dove dovrebbe sorgere l’invaso è classificata con il massimo grado di rischio idrogeologico.

    Di quest’ultimo punto è facile rendersene conto: i fianchi della valle mostrano numerosi smottamenti e frane, che hanno reso addirittura impraticabile la strada della Cortella. Alfonso Tollardo, geologo intervenuto in occasione di un incontro pubblico organizzato a Lamon dal Partito democratico “Belluno Dolomiti” a inizio febbraio, e dedicato al progetto della diga sul Vanoi, ha dichiarato che, sebbene non ci siano le stesse condizioni geologiche del disastro del Vajont del 1963, c’è comunque la possibilità che del materiale franoso cada, con conseguente rischio per la diga e le comunità a valle. Il geologo ha descritto, inoltre, il grande impatto che avrà la costruzione dell’opera (per la quale sono previsti 24mila metri cubi di calcestruzzo, ovvero decine di migliaia di camion carichi di materiale che causerebbero non pochi disagi alla viabilità locale basata su un’unica via d’accesso) e il suo cantiere, per il quale si costruiranno ponti, gallerie, strade e terrazzamenti. In poche parole, il versante orografico destro verrebbe devastato.

    “A maggio del 2023 il presidente della Regione Veneto Zaia ha trasmesso l’elenco degli interventi di urgente realizzazione per il contrasto alla scarsità idrica al ministero delle Infrastrutture e dei trasporti. Tra questi anche quello della diga sul Vanoi, con una richiesta di finanziamento pari a 150 milioni di euro -ricorda da Belluno Alessandro Del Bianco, segretario provinciale del Partito democratico-. Abbiamo raccolto migliaia di firme e presentato un ordine del giorno ai consigli comunali e a quello provinciale contro l’invaso, oltre che una nuova mozione in consiglio regionale e un’interrogazione in Parlamento per chiedere la sospensione del finanziamento al progetto. Molte amministrazioni comunali si sono pronunciate contro, come anche le Province di Belluno e di Trento”. “Di questa faccenda contestiamo l’assenza di trasparenza”, dice riferendosi al diniego ricevuto dalla Provincia autonoma di Trento di accesso agli atti relativi all’assegnazione della progettazione al Consorzio di bonifica Brenta. “L’Autorità nazionale anticorruzione ha sollevato una serie di perplessità sull’affidamento della progettazione”, avverte il segretario parlando, inoltre, di una strumentalizzazione della questione climatica per giustificare l’urgenza del progetto.

    E a proposito di urgenza, in occasione di Fieragricola 2024, il commissario straordinario per la crisi idrica, Nicola dell’Acqua, ha dichiarato che se un territorio ne ha la necessità, si devono realizzare anche le dighe. “Affermazione perentoria e autoreferenziale quella del commissario, per altro organo tecnico amministrativo privo di legittimazione democratica, che fa intendere, attraverso parametri fattuali di necessità e urgenza, la determinazione di disconoscere e rimuovere buone ragioni di dissenso e unitarie azioni di opposizioni delle comunità territoriali contro alcuni interventi strutturali anacronistici e insostenibili”, commenta Valter Bonan, ex presidente del Parco nazionale dolomiti bellunesi. “Questo approccio anomalo e centralistico è messo in pratica dal Decreto legge n. 39 del 2023, o Decreto siccità, che presenta evidenti torsioni di quasi una decina di articoli costituzionali e un pericoloso utilizzo dei poteri sostitutivi dello Stato rispetto alle competenze istituzionali decentrate e al diritto fondamentale di partecipazione dei cittadini nel governo dei beni comuni”.

    Eppure di alternative alla diga ce ne sarebbero, come le aree forestali di infiltrazione che facilitano la ricarica degli acquiferi tramite sistemi costituiti da apposite scoline e specie vegetali. Questa soluzione è stata suggerita da Arturo Lorenzoni, docente di Economia dell’energia presso l’Università di Padova, sempre in occasione dell’incontro informativo del 4 febbraio, dove ha spiegato come per il cambiamento climatico le precipitazioni siano sempre più concentrate e facciano fatica a penetrare nel suolo, da qua la necessità di aumentarne la permeabilità. Almeno di quel poco che ne rimane, considerato che il Veneto è la seconda Regione in Italia per consumo di suolo.

    “Con la realizzazione della diga sul Vanoi si rischia di scatenare un’inedita guerra, tra ricchi, per l’acqua -conclude Daniele Gubert-. L’acqua è di tutti e, in Trentino come in Veneto, vanno adottate misure per risparmiarla e alternative sostenibili prima di invocare la grande opera”.

    https://altreconomia.it/chi-si-oppone-a-una-nuova-grande-diga-tra-veneto-e-trentino-per-irrigar


    https://www.agenziagiornalisticaopinione.it/lettere-al-direttore/comitato-difesa-torrente-vanoi-opere-la-val-cortella-e-

    #Italie #Alpes #montagne #résistance #barrage_hydro-électrique #eau #barrages

    • 1-12-1923 La tragedia del Gleno

      Et sèntit Piero chèl chè i völ fa
      Zó sóta ól Glé, chèi de Milà,
      I fa öna diga sura ól nòst có,
      Prègóm chè ö dé la ègnès mìa zö. [1]

      Zitti bifolchi stolti e ignoranti,
      Diamo valore ai nostri monti,
      Siamo il futuro, la nuova età,
      Noi vi doniamo la civiltà.

      Notèr n’laura, n’sè mìa dutur,
      N’và in miniera, n’fà i muradur,
      Ma n’sa chè ö mür con póc cèmènt
      èl vé zó co l’àiva, el vé zó cón niènt. [2]

      Che ne sapete, voi manovali,
      Scienza e opinione non sono uguali,
      Non si va a naso, qui c’è un progetto,
      C’è l’ingegnere, c’è l’architetto.

      Piero l’ghè piö, mé ma sènte mal,
      L’è n’sèma a tacé n’fónt a la àl,
      La diga la sé rumpida nèl mès,
      L’ha portat vià i paés zó nèl Dès. [3]

      Dove rombò la morte implacabile
      S’alza l’augurio di giovinezza,
      Segn’ di rivincita, simbol di lotta,
      Pugna perenne tra uomo e natura.

      Isè ghè scrìt söl so giornàl,
      I fa i poeti, i töl pèr ól cöl,
      I fa i sò afàré, i fa le magagne,
      Dopo la culpa l’è dè lé montagne. [4]

      Desideriamo, vostra maestà,
      Una chiesetta dove pregar
      Per i nostri morti ed insegnar
      Ai figli a piangere e non a odiar.

      N’gà ché i morcc amò de sótrà,
      E stó preòst èl völ pèrdunà,
      Ghè n’pé piö öna ca, ghè zó piö una sésa,
      E lü l’domanda i sólcc pèr la césa. [5]

      Chiedete troppo, scrive l’impresa,
      Voi non potete aver la pretesa
      Di noi ridurre miseri e tristi
      Siate sensati, non egoisti.

      Zó a Dès ìa cèntvotantòtt,
      I paisà, nè rèstàt òt,
      Dét a la àl gh’è sichsènto morcc,
      E lur è lé ché i cönta amò i sólcc. [6]

      Non ci fu dolo, non ci fu offesa,
      Dice il collegio della difesa,
      A far cadere muri e pilastri
      Fu un attentato degli anarchisti.

      Có l’aria che tira èl saltèra fò
      Chè la culpa l’è nòsta sè l’è gnìda zó,
      él sarà bél sè stó procés
      I ghè l’fa mìa a chèi dèl Dès. [7]

      Zitti: la legge è uguale per tutti,
      Darem giustizia ai vostri lutti.
      Sei sono assolti, ma due condannati
      A ben tre anni, ma due condonati.

      Zitti: la legge per tutti e uguale,
      E tratta il ricco come il manovale
      E la condanna a nessuno fa torto,
      Un dì di pena per ogni morto.

      Zitti: la legge per tutti e uguale,
      E tratta il ricco come il manovale
      E la condanna a nessuno fa torto,
      Un dì di pena -quasi- per ogni morto.

      https://www.youtube.com/watch?v=PC_p5AtHTqo&t=52s

      –—

      Le 1er décembre 1923 à 6 h 30, un contrefort de l’une des voûtes se fissure et cède, entraînant la rupture des voûtes voisines. En quelques minutes, les 4 500 000 m3 du réservoir3 se déversent dans la vallée en contrebas, noyant totalement ou en partie les villages de #Bueggio, #Dezzo et #Corna_di_Darfo ainsi que la vallée jusqu’au lac d’Iseo, tuant au total 356 personnes4,2.

      L’analyse du #barrage révèle que sa #rupture est due à un défaut de construction lié à l’emploi d’un #ciment de mauvaise qualité, à l’intégration dans les fondations d’un mur anti-grenade de la Première Guerre mondiale, à un mauvais ancrage des fondations dans le substrat rocheux3 et à un remplissage trop rapide du réservoir alors que le ciment n’était pas suffisamment durci et n’avait pas encore atteint sa résistance mécanique complète.

      Une autre hypothèse est celle d’un attentat visant à endommager le barrage qui aurait eu des effets bien plus dévastateurs que prévu du fait de cette mauvaise construction5.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_du_Gleno
      #Gleno #tragédie #histoire #Italie #1_décembre_1923 #chanson #musique #musique_et_politique #Andrea_Polini #barrage_hydroélectrique #histoire #catastrophe

      voir aussi :
      https://seenthis.net/messages/1042729

  • Un nouveau barrage flottant pour empêcher les migrants de traverser la Manche - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54453/un-nouveau-barrage-flottant-pour-empecher-les-migrants-de-traverser-la

    Actualités : Un nouveau barrage flottant pour empêcher les migrants de traverser la Manche
    Par Leslie Carretero Publié le : 11/01/2024
    Les préfectures du Pas-de-Calais et de la Somme ont installé un nouveau barrage flottant sur l’Authie, fleuve qui se jette dans la mer près de Fort-Mahon. Avec ce dispositif, les autorités espèrent empêcher le phénomène des « taxi-boats » - des petits canots pneumatiques partant du sud du littoral avant de récupérer des migrants vers les plages du nord – qui « est monté en puissance ces derniers mois ».
    Des barrages flottants sur les fleuves. C’est la nouvelle technique des autorités françaises pour tenter d’empêcher les traversées de la Manche. Mardi 9 janvier, les préfets de la Somme et du Pas-de-Calais ont mis à l’eau des flotteurs rigides ancrés sur 200 mètres en amont du port de la Madelon sur l’Authie, un fleuve qui se jette dans la mer, à cheval entre les deux départements du nord de la France.
    « Les services de l’État sont entièrement mobilisés, de jour comme de nuit, pour contrecarrer l’action des trafiquants qui exploitent la détresse des populations migrants », affirme dans un communiqué le préfet de la Somme. « L’objectif est clair : amplifier encore et toujours notre action en adaptant systématiquement nos dispositifs de lutte contre les traversées maritimes ».
    Avec ce dispositif, les autorités visent un nouveau mode opératoire utilisé par les passeurs, celui des « taxi-boats ». Il s’agit de bateaux pneumatiques partant plus au sud du littoral, où les contrôles sont moins fréquents, avec quelques personnes seulement – passeurs ou migrants – à bord. Ils mettent dans un premier temps le cap au nord, vers les plages plus proches de Calais, où se cachent les passagers ayant payé pour la traversée. Ceux-ci se jettent alors à l’eau pour embarquer : selon le droit maritime, les policiers ne peuvent pas interpeller les bateaux déjà en mer. Selon la préfecture, ce phénomène « dangereux et illégal » est « monté en puissance ces derniers mois ». Douze tentatives de traversées à bord de « taxi-boats » en baie d’Authie ont été enregistrées depuis la Somme et le Pas-de-Calais en 2023.
    Cette méthode peut mettre en danger les exilés, qui attendent les embarcations dans l’eau, parfois jusqu’au torse. Ils risquent « la noyade, l’hypothermie ou l’enlisement dans les vasières », avait déjà alerté cet été la préfecture du Pas-de-Calais. À cette période, un autre barrage flottant avait été installé plus au nord, près du Touquet, dans la Canche. Entre janvier et août, « 22 évènements ont été recensés sur le fleuve de la Canche, avec une moyenne de 46 migrants sur chaque embarcation », expliquaient alors les autorités.
    Pour esquiver les patrouilles policières déployées massivement dans le Pas-de-Calais, les zones de départ des migrants se déplacent de plus en plus au sud, vers la Somme, malgré les dangers. « Tous ces nouveaux dispositifs pousse uniquement les gens à aller encore plus loin. Ça ne fait que doubler le temps de traversée et les risques qui vont avec », assurait à InfoMigrants cet été Pierre Roques, délégué général de l’Auberge des migrants. Et d’ajouter : « Les réseaux de passeurs vont juste se réadapter et vont devenir encore plus indispensables ».

    #Covid-19#migration#migrant#grandebretagne#france#manche#traversee#taxiboat#barrageflottant#pasdecalais#somme#passeur#sante#mortalite#migrationirreguliere

  • The most important issue about water is not supply, but how it is used

    The world faces a series of deep and worsening crises that demand radical changes in how we understand, manage and use fresh water.

    Floods, droughts, pollution, water scarcity and conflict — humanity’s relationship with water is deteriorating, and it is threatening our health and well-being, as well as that of the environment that sustains us. The good news is that a transition from the water policies and technologies of past centuries to more effective and equitable ways of using and preserving this vital resource is not only possible, but under way. The challenge is to accelerate and broaden the transition.

    Water policies have typically fostered a reliance on centralized, often massive infrastructure, such as big dams for flood and drought protection, and aqueducts and pipelines to move water long distances. Governments have also created narrow institutions focused on water, to the detriment of the interconnected issues of food security, climate, energy and ecosystem health. The key assumption of these ‘hard path’ strategies is that society must find more and more supply to meet what was assumed to be never-ending increases in demand.

    That focus on supply has brought great benefits to many people, but it has also had unintended and increasingly negative consequences. Among these are the failure to provide safe water and sanitation to all; unsustainable overdraft of ground water to produce the food and fibre that the world’s 8 billion people need; inadequate regulation of water pollutants; massive ecological disruption of aquatic ecosystems; political and violent conflict over water resources; and now, accelerating climate disruption to water systems1.

    A shift away from the supply-oriented hard path is possible — and necessary. Central to this change will be a transition to a focus on demand, efficiency and reuse, and on protecting and restoring ecosystems harmed by centuries of abuse. Society must move away from thinking about how to take more water from already over-tapped rivers, lakes and aquifers, and instead find ways to do the things we want with less water. These include, water technologies to transform industries and allow people to grow more food; appliances to reduce the amount of water used to flush toilets, and wash clothes and dishes; finding and plugging leaks in water-distribution systems and homes; and collecting, treating and reusing waste water.

    Remarkably, and unbeknown to most people, the transition to a more efficient and sustainable future is already under way.

    Singapore and Israel, two highly water-stressed regions, use much less water per person than do other high-income countries, and they recycle, treat and reuse more than 80% of their waste water2. New technologies, including precision irrigation, real-time soil-moisture monitoring and highly localized weather-forecasting models, allow farmers to boost yields and crop quality while cutting water use. Damaging, costly and dangerous dams are being removed, helping to restore rivers and fisheries.

    In the United States, total water use is decreasing even though the population and the economy are expanding. Water withdrawals are much less today than they were 50 years ago (see ‘A dip in use’) — evidence that an efficiency revolution is under way. And the United States is indeed doing more with less, because during this time, there has been a marked increase in the economic productivity of water use, measured as units of gross domestic product per unit of water used (see ‘Doing more with less’). Similar trends are evident in many other countries.

    Overcoming barriers

    The challenge is how to accelerate this transition and overcome barriers to more sustainable and equitable water systems. One important obstacle is the lack of adequate financing and investment in expanding, upgrading and maintaining water systems. Others are institutional resistance in the form of weak or misdirected regulations, antiquated water-rights laws, and inadequate training of water managers with outdated ideas and tools. Another is blind adherence by authorities to old-fashioned ideas or simple ignorance about both the risks of the hard path and the potential of alternatives.

    Funding for the modernization of water systems must be increased. In the United States, President Biden’s Infrastructure Investment and Jobs Act provides US$82.5 billion for water-related programmes, including removing toxic lead pipes and providing water services to long-neglected front-line communities. These communities include those dependent on unregulated rural water systems, farm-worker communities in California’s Central Valley, Indigenous populations and those in low-income urban centres with deteriorating infrastructure. That’s a good start. But more public- and private-investments are needed, especially to provide modern water and sanitation systems globally for those who still lack them, and to improve efficiency and reuse.

    Regulations have been helpful in setting standards to cut waste and improve water quality, but further standards — and stronger enforcement — are needed to protect against new pollutants. Providing information on how to cut food waste on farms and in food processing, and how to shift diets to less water-intensive food choices can help producers and consumers to reduce their water footprints3. Corporations must expand water stewardship efforts in their operations and supply chains. Water institutions must be reformed and integrated with those that deal with energy and climate challenges. And we must return water to the environment to restore ecological systems that, in turn, protect human health and well-being.

    In short, the status quo is not acceptable. Efforts must be made at all levels to accelerate the shift from simply supplying more water to meeting human and ecological water needs as carefully and efficiently as possible. No new technologies need to be invented for this to happen, and the economic costs of the transition are much less than the costs of failing to do so. Individuals, communities, corporations and governments all have a part to play. A sustainable water future is possible if we choose the right path.

    https://www.nature.com/articles/d41586-023-03899-2
    #eau #disponibilité #efficacité #transition #infrastructure #sécheresse #inondations #barrages #acqueduc #réusage #technologie #pertes #Israël #Singapour #recyclage #agriculture

  • Mine de lithium dans l’Allier : le rapport qui dévoile une bombe toxique
    https://disclose.ngo/fr/article/mine-de-lithium-dans-lallier-le-rapport-qui-devoile-une-bombe-toxique

    Il y a un an, le gouvernement a annoncé l’ouverture, dans l’Allier, de la plus grande mine de lithium d’Europe. D’après un rapport inédit dévoilé par Disclose et Investigate Europe, le secteur, fortement contaminé à l’arsenic et au plomb, présente « un risque significatif pour l’environnement et la santé humaine ». Une véritable bombe à retardement passée sous silence par les autorités. Lire l’article

    • Des mines de lithium en #Limousin ? L’impossible débat

      De l’Allier jusqu’à la #Haute-Vienne, la fièvre minière suscite la controverse.

      C’est à Échassières, petit bourg de 400 habitants dans l’Allier que la multinationale #Imerys prévoit d’ouvrir la plus grande mine de lithium d’Europe et d’extraire plus d’un million de tonnes d’#oxyde_de_lithium en 25 ans. Ce volume permettra de produire 700 000 #batteries de #voitures_électriques.

      C’est bien la #transition_écologique et le #tout-électrique qui font grimper les cours du lithium, rendant à présent sa prospection intéressante en Europe et en France, où les lois environnementales sont pourtant contraignantes pour les industriels. Les deux plus grand pays producteurs que sont l’#Australie et le #Chili (70 % du volume mondial) ne semblent en effet que bien peu s’embarrasser du sort des populations autochtones vivant sur les territoires miniers.

      Les occidentaux font partie des plus grands consommateurs de lithium au monde. Dès lors, refuser une #extraction_locale au nom de l’écologie serait-il faire la promotion d’une « #écologie_coloniale » ? À l’inverse, peut-on parler de « transition écologique » lorsque les groupes industriels produisent à l’envie des smartphones à l’obsolescence programmée et des voitures électriques toujours plus lourdes et gourmandes type SUV, Tesla et autres ? Le débat parait impossible, tant les contradictions fusent de part et d’autre.

      Dans ce reportage nous écouterons les habitants de la ville d’Échassières, des militants de #Stopmines23, Rafael Solans-Ezquerra, élu à la mairie d’#Ambazac favorable à l’extraction de lithium sur sa commune, et Laurent Richard, spécialiste des sols. À travers leurs témoignages nous entendrons peut-être qu’une sortie par le haut de cet impossible débat serait déjà de se poser la question de nos réels besoins fondamentaux. Nous les entendrons évoquer le principe de sobriété mais aussi la manière dont les industriels ont exploité les divers minerais de la région par le passé, notamment l’uranium.

      https://telemillevaches.net/videos/des-mines-de-lithium-en-limousin-limpossible-debat

    • Dans l’Allier, un projet d’exploitation d’une mine de lithium divise

      Le gouvernement français relance l’extraction minière. En Auvergne, un projet de mine de lithium, présenté comme vertueux pour la lutte contre le réchauffement climatique, rencontre de l’opposition.

      Un projet de mine de lithium, un minerai blanc utilisé dans la fabrication, entre autres, de batteries automobiles électriques, divise la population. D’un côté, la région, le gouvernement et une société vantent un projet qui accompagnerait une stratégie globale de décarbonation. De l’autre, des citoyens et des associations craignent des retombées négatives ; pollution, effets sur l’accès au sol et à l’eau...

      Mais le sujet dépasse l’Allier où la mine pourrait voir le jour, et la seule production de lithium. En effet, le gouvernement français, et au-delà, les institutions européennes, comptent relancer l’extraction minière sur le sol européen.

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-transition-de-la-semaine/dans-l-allier-un-projet-d-exploitation-d-une-mine-de-lithium-divise-2830

    • Mine de lithium dans l’Allier : « Voulons-nous que nos voitures fonctionnent au pétrole, ou à l’électricité du soleil et du vent » ?

      Alors que le débat public s’achève sur le projet de mine à Echassières (Allier) devons-nous laisser dormir les centaines de milliers de tonnes de lithium que renferme son granite ? Ou sécuriser les approvisionnements des usines de batteries en construction dans les Hauts-de-France ? interroge Cédric Philibert, chercheur associé à l’Ifri (1) .

      Le projet de la société Imerys d’ouvrir une mine de lithium à Echassières, dans l’Allier, sur le site d’une carrière de kaolin qu’elle exploite, fait débat. Ce débat est organisé par la commission nationale du débat public, comme pour tout investissement de cette ampleur. Les réunions publiques tenues au fil des dernières semaines permettent d’en repérer peu à peu les principaux arguments et les lignes de force, et les positions des divers acteurs.

      Certains des futurs voisins de la mine ou des installations connexes s’inquiètent de possibles nuisances, visuelles ou auditives. Pêcheurs, agriculteurs et environnementalistes craignent un gaspillage de ressources hydriques et de possibles pollutions des eaux souterraines. La mine demande « énormément d’eau », affirme Antoine Gatet, le président de France Nature Environnement (Libération du 10 mars 2024).

      Mais des oppositions plus radicales s’expriment. A quoi bon extraire du lithium ? A quoi bon fabriquer des voitures électriques, si c’est pour perpétuer la voiture ? L’historien Jean-Baptiste Fressoz s’interroge dans le Monde : « D’où vient cette idée que, pour sauver le climat, il faut absolument ouvrir des mines ? » A quoi bon, en effet, puisque « la voiture électrique ne réduit que de 60 % les émissions de CO2 par rapport à un véhicule thermique. » La transition ne serait qu’un prétexte pour réenchanter la mine : « Le lobby minier parle maintenant “des métaux pour la transition”, alors qu’il s’agit souvent de métaux pour l’électronique et l’industrie en général », poursuit-il. Et qu’importe si les batteries de nos téléphones, de nos ordinateurs portables et, surtout, de nos véhicules électriques représenteront d’ici à 2030 pas moins de 95 % de la demande de lithium.
      Nous ne sommes pas seuls au monde

      Bien sûr, la voiture électrique est indispensable pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. La France compte une voiture pour deux habitants, c’est trop. Admettons que nous réussissions, d’ici à 2050, à ramener le nombre de voitures à une pour cinq habitants – en multipliant les transports en commun, les pistes cyclables, en incitant à l’exercice physique… Mais beaucoup d’entre nous, vivant dans les villages et les bourgs ou en banlieues lointaines serons encore dépendants de leur voiture pour se déplacer dans vingt-cinq ans.

      Et nous ne sommes pas seuls au monde. Nous serons bientôt dix milliards, et il n’y a pas de raison que dans les autres pays, sur les autres continents, on n’arrive pas au même niveau d’équipement que les sobres Français. Ça fera tout de même deux milliards de voitures en tout, deux fois plus qu’aujourd’hui… Voulons-nous qu’elles fonctionnent au pétrole, ou à l’électricité du soleil et du vent, alors devenue majoritaire dans le mix énergétique mondial ?

      Pourtant, sceptiques et opposants n’ont pas forcément tort… Nous pourrions ne pas créer la mine d’Echassières, et laisser dormir les quelques centaines de milliers de tonnes de lithium que renferme son granite. Le monde regorge de lithium, on s’en rend compte maintenant qu’on en cherche. Les réserves, économiquement exploitables aujourd’hui, estimées à 17 millions de tonnes, il y a quatre ans, sont désormais évaluées à 28 millions de tonnes, de quoi soutenir un demi-siècle de production intensive de batteries.

      On les trouve au Chili, au Pérou, en Argentine, en Australie, en Chine… et aux Etats-Unis, où la plus récente découverte pourrait encore doubler les réserves d’un seul coup. Les ressources connues, peut-être un jour exploitables, sont quatre fois plus importantes que ces réserves.

      Certes, sécuriser autant que possible les approvisionnements des usines de batteries que nous sommes en train de construire dans les Hauts-de-France, cela pourrait se révéler utile, dans un monde qui se hérisse de barrières et de conflits. Mais qu’avons-nous besoin de fabriquer des batteries, ou même des voitures ? Nous les achèterons à la Chine… Plus sérieusement, si nous devons acheter à l’étranger, et surtout à la Chine, les métaux nécessaires à la fabrication des batteries et voitures européennes, autant en limiter les volumes autant que possible.
      Toutes les études ne sont pas terminées

      Aucune mine n’est bien sûr sans impact sur l’environnement. Mais ces impacts peuvent être drastiquement réduits. Le projet d’Imerys est à cet égard très intéressant. La mine sera souterraine, limitant fortement les nuisances, et fera essentiellement appel à des machines électriques. Le mica voyagera d’abord dans des conduites souterraines, puis des wagons, en aucun cas des camions. L’usine de conversion du mica en hydroxyde lithium, située près de Montluçon, n’utilisera que l’eau d’une station d’épuration.

      Dans la mine elle-même, 95 % de l’eau utilisée pour le lavage des concentrés sera recyclée, limitant le prélèvement dans la Sioule à 600 000 m³ par an, 0,1 % de son débit moyen, moins de 1 % de son débit d’étiage. Moins d’un mètre cube pour la batterie d’une voiture électrique, à peine la quantité d’eau nécessaire pour produire une demi-tablette de chocolat…

      Toutes les études ne sont pas terminées, les autorisations ne sont pas délivrées, mais le projet est sous étroite surveillance des pouvoirs publics, des ONG, des médias. Au nom de quoi nous priverions-nous du surcroît de souveraineté que procure une production domestique ? Et si l’on préfère considérer toute mine comme un fardeau pour notre environnement – fardeau relatif, qui aide à éviter un mal bien plus grand encore, celui du changement climatique, mais fardeau tout de même – au nom de quoi devrions-nous laisser ce fardeau à des peuples lointains ?

      Contrairement à nous, ils n’ont pas toujours les moyens d’exiger des industries minières les mesures indispensables de préservation de leur environnement immédiat. On peut donc voir, dans l’ouverture de mines en Europe pour fournir au moins une partie des matériaux de la transition énergétique, un enjeu moral autant que de souveraineté.

      (1) Dernier ouvrage paru : Pourquoi la voiture électrique est bonne pour le climat, Les Petits Matins-Institut Veblen, mars 2024.

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/mine-de-lithium-dans-lallier-voulons-nous-que-nos-voitures-fonctionnent-a

    • Le #lithium, de l’#or_blanc en barre

      Promesse économique et énergétique, risque écologique : « Les Jours » enquêtent sur ce métal rare niché dans le sol français.

      À #Échassières (#Allier)

      Échassières, département de l’Allier. Un petit bourg tranquille, jusqu’au 24 octobre dernier. Au petit matin, la brume s’attarde sur la #forêt_domaniale des #Colettes. La route s’enfonce sous les arbres, remonte en douceur les flancs du massif granitique de La Bosse avant de redescendre vers le village. Échassières, 400 âmes, un château, un clocher, cinq commerces soutenus à bout de bras par la municipalité, une minuscule école primaire et un Ehpad dont les locataires font sérieusement grimper la moyenne d’âge de la population. Et puis, le 24 octobre 2022, le groupe français de minéraux industriels Imerys a annoncé son intention d’y ouvrir l’une des plus grandes mines européennes de lithium, ce métal mou et léger, composant essentiel des batteries électriques. Alors dans les semaines qui ont suivi, les journalistes ont défilé sur la place de l’église et le secrétariat de la mairie a ployé sous les appels de ses administrés.

      « Dans l’ensemble, la population est plutôt ouverte au projet », estime Frédéric Dalaigre, le maire (sans étiquette) d’Échassières. Il faut dire que l’on se trouve ici en terre minière. « La mine, c’est l’ADN de la région », s’exclame Jean-Christophe Thenot, animateur du musée géologique local, Wolframines. Ce natif du coin, passionné de minéralogie, déploie son enthousiasme pour la richesse géologique locale à grand renfort de superlatifs et d’érudition. « C’est un site exceptionnel, dont la diversité minéralogique et minière est unique et réputée », assure-t-il. Chaque année, des dizaines de scientifiques et passionnés de minéralogie viennent arpenter les flancs du massif. Mais l’économie locale, elle, s’est surtout bâtie sur l’extraction minière. Dans le coin, on a commencé à creuser dès l’époque gallo-romaine, pour extraire de l’étain principalement. Des siècles plus tard, à l’aube du XIXe siècle, c’est le kaolin qui intéresse – cette argile blanche, principalement utilisée dans la confection de céramiques. Les nobles locaux ouvrent une tripotée de carrières, dont la première, celle de Beauvoir, est toujours en activité. Propriété d’Imerys depuis 2005, elle emploie une trentaine de salariés. C’est là que le groupe minier prévoit d’ouvrir son site d’extraction de lithium. Mais l’exploitation sera autrement conséquente. Avec le projet #Emili (pour « Exploitation de mica lithinifère par #Imerys »), l’entreprise espère produire quelque 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an, dès 2028. De quoi équiper 700 000 véhicules électriques chaque année, estime le groupe. Et ce pour une durée d’au moins ving-cinq ans, le temps d’exploiter un gisement parmi les plus prometteurs de l’Hexagone.

      À Échassières, si certains ont été quelque peu soufflés par la nouvelle, les anciens, eux, ne sont pas surpris. « Du lithium, ça fait belle lurette qu’on sait qu’il y en a et qu’on attend qu’il soit exploité », sourit Danièle Chammartin. Trente-sept ans de secrétariat de mairie et deux mandats à la tête de la commune, l’ancienne élue est une véritable mémoire du village. Dans le salon de sa maison, face à l’église, elle raconte. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a effectué des sondages à Échassières dès les années 1970, décelant la présence de lithium au cœur du granit du massif, dans le mica lépidolite formé par des milliers d’années d’évolution géologique. Et dans les années 1980, plusieurs élus locaux et un député ont bataillé pour convaincre de l’intérêt d’exploiter le gisement de Beauvoir. Haroun Tazieff, alors secrétaire d’État chargé de la Prévention des risques naturels et technologiques majeurs, est même venu à Échassières, en 1984, pour constater le potentiel filon.

      Mais à l’époque, le lithium n’intéresse pas grand-monde. « Pas assez rentable », déplore Danièle. Longtemps utilisé dans la production de verres et céramiques, ou encore en médecine, pour le traitement des patients bipolaires, ce n’est que dans les années 1970 que l’on découvre le potentiel de stockage d’électricité de ce minuscule atome. Les batteries dites « Li-ion » commencent certes à être commercialisées dans les années 1980 pour les caméscopes, les ordinateurs, et leur production augmente au fil des années. Mais on préfère produire ailleurs, en Chine notamment. La mondialisation bat son plein et la France ferme ses mines plutôt que d’en ouvrir de nouvelles. Près de quarante ans plus tard, la donne a changé. Le climat s’emballe, les dirigeants mondiaux s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, investissent dans les énergies renouvelables et, en parallèle, l’Union européenne acte la fin des véhicules thermiques en interdisant leur vente à partir de 2035. L’ère de la transition énergétique et de la voiture électrique est lancée. Le lithium, avec les autres métaux rares constituant les batteries, devient plus recherché que jamais et le marché explose. Les chiffres sont vertigineux. De moins de 40 000 tonnes en 2016, la production mondiale de lithium a dépassé 100 000 tonnes par an en 2021, selon l’Institut des études géologiques américain. Et elle peine à suivre la demande. D’après l’Agence internationale de l’énergie, la consommation annuelle mondiale de lithium pourrait atteindre 800 000 tonnes en 2040 pour les seuls véhicules électriques. Les prix s’envolent, quintuplant entre 2021 et 2022 pour atteindre 80 000 dollars la tonne de lithium qualité batterie, rapporte L’Usine nouvelle. La course au « nouvel or blanc », tel qu’il a été surnommé, est lancée.

      « Avec la transition énergétique, on passe d’une dépendance aux hydrocarbures à une dépendance aux métaux rares », résume le journaliste et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) Guillaume Pitron, auteur de La guerre des métaux rares. Alors, aux quatre coins du monde, on explore ses ressources pour y piocher sa part. Un enjeu économique, certes, mais aussi stratégique. Car cette transition redistribue également les cartes des dépendances géopolitiques. Pour l’heure, la production de lithium est essentiellement assurée par quatre pays : l’Australie, fournissant à elle seule plus de la moitié de l’extraction, le Chili (un quart de l’extraction mondiale), la Chine (16 %) et l’Argentine (7 %). Mais extraire du lithium ne suffit pas. De la mine à la batterie, le métal doit subir plusieurs processus de séparation et de transformation. Et en la matière, la Chine s’est depuis longtemps imposée. 60 % du raffinage de l’« or blanc » se fait sur son territoire. Si l’on y ajoute les autres métaux présents dans les batteries pour véhicules électriques (manganèse, nickel, graphite, cobalt), c’est près de 80 % de la production mondiale qui y serait transformée.

      Alors l’Union européenne peut bien rêver d’assurer 25 % de la production mondiale de batteries électriques en 2030, elle n’en a, pour l’heure, pas les ressources. Tandis que la guerre en Ukraine met cruellement en relief nos dépendances énergétiques, cette domination de la Chine sur le marché irrite. Et d’un bout à l’autre du Vieux Continent, on parle mines et relocalisation de la production, Emmanuel Macron le premier. « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a du lithium », lançait le président de la République sur France 2 le 26 octobre, reprenant la petite phrase de Valéry Giscard d’Estaing en pleine crise pétrolière, en 1976 (« En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées »). Dix jours plus tôt, il déclarait aux Échos : « Dans la campagne, j’ai fixé un objectif : une filière [de voitures électriques] 100 % produite en France. » Et de rappeler que trois « gigafactories » – comprenez « très grosses usines » – de batteries de véhicules électriques se sont récemment implantées dans le Nord de la France, la première devant commencer sa production en 2023. Restent l’extraction et le raffinage des ressources et, parmi celles-ci, du lithium.

      Dans ce contexte, l’annonce du projet Emili a donc été accueillie avec enthousiasme par le gouvernement. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, et le ministre de l’Industrie Roland Lescure sont même cités dans le communiqué d’Imerys. « Ce projet, exemplaire sur le plan environnemental et climatique, réduira drastiquement nos besoins d’importation de lithium », salue le premier, ajoutant qu’il sera bien entendu soutenu par le gouvernement.

      Enjeu écologique, enjeu stratégique et géopolitique, enjeu économique. À Échassières, la promesse économique fait rêver certains d’un retour à la grande époque minière du village. À partir de 1912, la principale exploitation minière d’Échassières était celle du wolfram, dont était extrait le tungstène, un métal destiné principalement aux aciers de coupe, blindages et divers usages militaires. Exploitée par la Compagnie minière des Montmins, la mine emploie au plus fort de ses activités jusqu’à 450 salariés. Roger, l’époux de Danièle, était de ceux-là. « Au village, il y avait deux “familles”, ceux du tungstène, qui avaient le statut de mineurs, qui étaient mieux payés, avaient plus d’avantages, et ceux du kaolin, qui gagnaient moins bien. » Avec sa dizaine de commerces et ses 800 habitants, le village prospère. Mais en 1962, le couperet tombe. Les cours du tungstène s’effondrent, l’exploitation d’Échassières n’est plus rentable et la mine ferme. « C’était brutal. Du jour au lendemain, mon mari et les autres ont été licenciés, s’exclame Danièle. Sans préavis, sans indemnités. » La Compagnie minière des Montmins a mis la clé sous la porte en abandonnant sur place toute l’infrastructure.

      À quelques kilomètres du bourg, le spectre de l’ancienne usine de transformation de tungstène pourrit toujours lentement, le long de la route. La végétation a envahi les ateliers et les bureaux, les planchers se sont effondrés, les structures métalliques se balancent dans la brise depuis soixante ans. Un repaire de chats errants qui viennent se nourrir chez Roger Konate. Débarqué de Marseille en 2008, l’homme a acheté un ancien atelier de l’usine pour une bouchée de pain et l’a retapé pour s’en faire une maison : « Je suis venu ici parce que c’était la région de ma mère, et puis que c’était vraiment pas cher. » Juste à côté de sa maison, dissimulée sous des rideaux de lierre, se trouve l’entrée d’une ancienne galerie de transport de la mine, rebouchée depuis. Du lithium et d’Imerys, Roger Konate ne sait pas trop quoi en penser. « De toute façon, c’est déjà décidé, qu’est-ce que vous voulez qu’on y fasse ?, lâche-t-il. J’espère juste qu’ils ne rouvriront pas les anciennes galeries et que je ne me retrouverai pas exproprié ! Enfin, je serais dédommagé, mais bon, je suis bien tranquille ici. » Au milieu des fantômes du passé.

      Car avec le départ de la Compagnie des Montmins, le glas des années minières a sonné à Échassières. « Dans la décennie qui a suivi, les carrières de kaolin ont fermé, les unes après les autres », raconte Danièle. Son mari, qui avait trouvé un emploi à la carrière des Colettes, a été licencié à nouveau avant de retrouver un poste de conducteur d’engins sur le site Beauvoir, le seul resté en activité. « Mais pour le village, ça a été une catastrophe, poursuit sa femme. De 800 habitants, la population est passée en quelques années à peine à 400 et n’est jamais remontée depuis. » Alors pour elle, le projet Emili est une belle opportunité. « Quelque part, c’est l’aboutissement d’un espoir qu’on avait depuis les années 1970, dit-elle. C’est la possibilité de soutenir les commerces, de maintenir le service public. »

      Le maire actuel, Frédéric Dalaigre, ne dit pas autre chose : « L’opportunité économique est évidente. » Lors de l’annonce, c’est 1 000 emplois qui ont été évoqués par Imerys. Même si ceux-ci ne seront pas tous à Échassières, tempère le maire : « Ils seront répartis entre le site d’extraction et le site de conversion, dans un autre lieu encore non-déterminé. La majorité des emplois sera vraisemblablement sur ce dernier. Mais ce n’est pas grave. Nous n’avons pas besoin de 1 000 emplois. Nous n’avons pas les capacités actuellement d’accueillir tant de monde. » En attendant, l’arrivée de nouveaux habitants permettra peut-être d’ouvrir de nouvelles classes à l’école primaire – laquelle accueille actuellement 60 élèves des cinq communes environnantes –, de soutenir les commerces existants et peut-être d’en voir ouvrir de nouveaux, espère-t-il. Mais s’il est, a priori, plutôt favorable au projet, Frédéric Dalaigre est trop prudent pour s’emballer. Car une mine n’est pas sans conséquences, il le sait. Imerys assure vouloir faire d’Emili une mine « verte », mais entre promesse d’exemplarité et réalité de l’exploitation minière, l’écart est difficile à combler. Et dans la région, nombreux sont ceux qui craignent de devoir troquer la richesse de la nature pour une éphémère embellie économique.

      https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep1-lithium-sous-sol-france

    • Mine de lithium dans l’Allier : l’#eau, point faible du projet d’Imerys

      Le géant minier a achevé, fin juillet, un cycle de débats publics visant à convaincre de sa capacité à mettre en œuvre les technologies les plus innovantes pour créer une mine « propre » sur leur territoire. Mais de sérieuses incertitudes subsistent, notamment sur les besoins en eau de ce complexe industriel à l’heure du changement climatique.

      Une mine saine dans un esprit sain. Tel est le leitmotiv que le groupe minier Imerys s’est efforcé d’inculquer aux habitant·es de l’Allier au cours des cinq derniers mois, dans le cadre d’un cycle de débats publics arrivé à son terme fin juillet. L’esprit sain, c’est celui de la transition énergétique, qu’est censée faciliter la mine d’Échassières puisque celle-ci, si elle voit le jour, fournira assez d’hydroxyde de lithium pour produire chaque année, à partir de 2028 et pendant au moins vingt-cinq ans, 663 000 batteries de voitures électriques.

      La #mine_saine, c’est la promesse d’une infrastructure mettant les technologies les plus avancées au service du plus faible coût environnemental possible. Concernant l’utilisation de l’eau, une des principales sources d’inquiétude de la population, Imerys assure que son complexe industriel sera un modèle de #sobriété et de #propreté, grâce notamment à une réutilisation de la ressource en #circuit_fermé et à une politique du #zéro_déchet liquide.

      Il suffira ainsi de 600 000 mètres cubes d’eau par an pour faire tourner la mine et son usine de concentration, à Échassières, et d’une quantité équivalente pour l’usine de conversion prévue à #Montluçon. Soit un niveau de consommation d’eau « 10 à 20 fois moins élevé que l’eau nécessaire pour la production de lithium dans les #salars [bassins d’évaporation – ndlr] sud-américains », affirme Imerys dans son dossier de maîtrise d’ouvrage.

      Le site sera alimenté par des prélèvements réalisés sur la #Sioule, un affluent de l’Allier prenant sa source dans le Puy-de-Dôme, et celui de Montluçon par des eaux sorties de l’usine de retraitement de la ville, initialement issues du Cher. Là encore, pas d’inquiétude affirme l’industriel : « Sur la Sioule, on est à 0,1 % du débit moyen annuel actuel, et en étiage [quand le débit est le plus faible – ndlr], on atteint 0,6 % du débit mensuel », souligne Fabrice Frébourg, chef de projet environnement chez Imerys. Sur le Cher, les taux seraient respectivement de 0,1 % et 2 %, selon les documents fournis par Imerys.

      Pourtant la marge de manœuvre de l’industriel est beaucoup moins large qu’il n’y paraît. Le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) 2022-2027 du bassin Loire-Bretagne classe la Sioule parmi les bassins « qui montrent un équilibre très fragile entre la ressource et les prélèvements, à cause de #prélèvements excessifs ou de l’#évaporation par les #plans_d’eau, ou bien d’un régime d’étiage naturel trop faible ». Il impose pour cette raison « une limitation des prélèvements en période de basses eaux au niveau actuel ».

      Dès lors, Imerys ne pourra pas brancher ses pompes sur la Sioule avant d’avoir négocié avec les autres acteurs déjà présents sur le bassin une nouvelle répartition des prélèvements. Les pompages industriels étant de faible volume et incompressibles, le seul interlocuteur du groupe minier dans cette négociation est la #chambre_d’agriculture de l’Allier.

      Bataille de quotas avec le monde agricole

      Celle-ci s’est vu confier par arrêté préfectoral, fin 2015, une #autorisation_unique_de_prélèvement (#AUP) portant sur 4,92 millions de mètres cubes d’eau à ponctionner annuellement dans la Sioule sur un étiage courant de juin à septembre, à charge pour elle de répartir la ressource entre tous les irrigants et irrigantes. Ce chiffre a ultérieurement été révisé à 4,6 millions de mètres cubes.

      Or les agriculteurs et agricultrices n’ont jamais utilisé à plein leurs autorisations, leurs pompages réels n’ayant jamais dépassé 3,7 millions de mètres cubes, selon Nicolas Bonnefous, vice-président de la chambre d’#agriculture. Ce qui fait dire à Fabrice Frébourg qu’Imerys, qui n’a besoin de prélever que 50 000 mètres cubes d’eau par mois, soit 200 000 mètres cubes sur la période d’étiage, « serait capable de rentrer dans ces quotas ».

      « Le problème, c’est que nous avons bel et bien besoin de toute l’eau autorisée, même si nous ne prélevons que 3,1 ou 3,3 millions de mètres cubes », tempère cependant Nicolas Bonnefous. La chambre d’agriculture répartit en effet l’eau prélevée dans la Sioule entre des dizaines d’irrigant·es qui, d’une année sur l’autre, au gré des aléas météorologiques, utiliseront en totalité ou seulement en partie la part qui leur a été attribuée. L’addition de ces quotas non utilisés s’appelle le #foisonnement. « Et non, on n’est pas capables de dégager des marges sur le foisonnement, insiste Bonnefous. L’État doit prendre ses responsabilités et donner l’eau à Imerys sans prendre aux agriculteurs. »

      Déjà, des voix se font entendre parmi les irrigant·es pour dénoncer un possible coup de force. « Avec les précipitations variables d’aujourd’hui, l’#irrigation devient essentielle, a prévenu Adelaïde Giraud, présidente de l’association d’irrigants ASA des Champagnes, lors d’une réunion publique le 30 mai à Vichy. La Sioule ne semble pas pouvoir accueillir un intervenant supplémentaire [et] nous espérons sincèrement ne pas être une variable d’ajustement. »

      Impacts inéluctables

      Des pourparlers n’en sont pas moins en cours entre la chambre d’agriculture, le groupe minier, les services de l’État et #EDF, opérateur du barrage des Fades, en amont du site d’implantation de la mine, qui assure déjà un supplément de soutien d’étiage au bénéfice des irrigant·es. Et non, « ce n’est pas la profession agricole qui amènera un blocage », assure Patrice Bonnin, président de la chambre. « On a l’eau, on a le tuyau, il faut juste que l’administration trouve le bon robinet » réglementaire pour permettre l’opération, poursuit-il.

      Le « robinet » souhaité par les agriculteurs et agricultrices pourrait prendre la forme d’une sortie du classement du bassin de la Sioule en zone à prélèvements limités, ou celle d’une prise en compte des lâchers d’eau estivaux par le barrage de Fades pour augmenter les autorisations de prélèvements, évoque Nicolas Bonnefous.

      Si l’approvisionnement en eau de la mine semble déjà problématique au vu des réglementations actuelles, basées sur des évaluations de besoins remontant au début des années 2010, qu’en sera-t-il dans quatre ans, au moment théorique de l’entrée en activité du site ? Le Sdage stipule en effet que l’autorisation unique de prélèvement accordée à la chambre d’agriculture ne sera valable que jusqu’à l’ajout d’une analyse HMUC (hydrologie, milieux, usages, climat), soit « au plus tard, en 2027 ».

      Cette analyse, qui devra être diligentée par la commission locale de l’eau (CLE) chargée du schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) de la Sioule, permettra de déterminer le #volume_potentiellement_mobilisable (#VPM) de la rivière, c’est-à-dire la part de son débit restant à disposition après soustraction de l’eau réservée aux milieux aquatiques, aux réseaux d’eau potable ou encore à la sécurité anti-incendie.

      Pour Céline Boisson, animatrice du Sage Sioule, il est peu probable que les résultats de l’analyse HMUC permettent d’ouvrir en grand les vannes des stations de pompage. « La Sioule est déjà affectée par le #changement_climatique : son débit moyen a baissé de 15 % en trente ans, et son débit d’étiage de 48 % », avait-elle rappelé lors de la réunion publique de Vichy.

      Interrogée par Mediapart, l’experte précise que les seuils de crise ne sont jamais atteints sur la Sioule en aval du #barrage_de_Fades grâce aux lâchers d’eau diligentés par EDF, en vertu d’un accord avec la chambre d’agriculture. « Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de crise. Clairement, l’amont du barrage est en crise, tout comme la #Bouble », petite #rivière appartenant au même bassin, ajoute-t-elle, avant de conclure : « Je ne suis pas sûre que tout le monde sera satisfait du résultat de l’analyse. Il y aura forcément un partage à faire. »

      S’il se dit confiant dans la capacité du barrage de #Fades, fort de ses 65 millions de mètres cubes d’eau, à pourvoir aux besoins de la mine, Fabrice Frébourg évoque également des pistes à l’étude chez Imerys pour permettre au complexe d’Échassières de disposer de ses « propres solutions de modulation ».

      Il s’agit principalement de renforcer la capacité de deux petits lacs déjà présents sur le site, en la faisant passer de 55 000 à 100 000 mètres cubes, ou éventuellement d’utiliser des galeries d’exploitation de la mine pour du stockage d’eau. La gestion des périodes de maintenance pour les faire coïncider avec l’étiage est également une « piste d’optimisation du projet ».

      Ces solutions ne convainquent pas les défenseurs et défenseuses des milieux aquatiques. « Depuis vingt ans, il n’y a quasiment plus de crues morphogènes sur la Sioule. Or elles sont essentielles pour le cours d’eau car elles permettent le transit sédimentaire et le décolmatage du lit, indispensable pour la réussite de la reproduction de certaines espèces, explique Mickaël Lelièvre, directeur de la fédération de pêche de l’Allier. Si on augmente le soutien d’étiage ou le stockage, on aggrave ce phénomène de réduction des crues morphogènes. »

      Menaces sur des #poissons déjà en danger

      Le pêcheur est soutenu par Aurore Baisez, directrice du Logrami, centre de recherche sur les poissons migrateurs du bassin de la Loire, qui souligne qu’une infime variation du niveau de la crue peut suffire à perturber la migration des espèces fréquentant la Sioule (saumon, lamproie, anguille, alose) et le Cher (les mêmes moins le saumon). « Les crues sont le signal du départ dans un sens ou dans l’autre. La perte de ce signal se traduit par de faibles remontées des poissons, ou très en aval », indique la scientifique, précisant que l’alose et la lamproie sont « classées en danger critique d’extinction, à l’instar du tigre du Bengale ou de l’éléphant d’Afrique ».

      À Montluçon, où le #mica_lithinifère – principal minerai du lithium – sera transformé en #hydroxyde_de_lithium, Imerys n’est pas soumis aux mêmes contraintes réglementaires que dans la vallée de la Sioule, puisque son alimentation en eau proviendra de l’usine de retraitement des eaux usées de la ville et ne peut donc être comptabilisée comme un « prélèvement » sur le Cher. Elle n’en occasionnera pas moins une « perte d’eau nette » d’environ 600 000 mètres cubes par an pour une rivière déjà en crise, classée « zone de répartition des eaux » – impliquant un contrôle des prélèvements toute l’année – par le Sdage Loire-Bretagne en raison d’un « déséquilibre quantitatif avéré ».

      « Certes, on parle d’une ponction limitée. Mais le #Cher n’a pas de réserves, très peu de nappe alluviale. Quand il ne pleut plus, il n’y a plus de débit », commente Jonathan Bourdeaux-Garrel, animateur du Sage Cher-Amont. Il y a bien un petit barrage, #Rochebut, censé assurer un débit garanti de 1,55 mètre cube par seconde. « Mais quand il n’y a pas d’eau dans le barrage, ça descend jusqu’à 800 litres par seconde, et il faut voir alors la tête du Cher. »

      Mickaël Lelièvre, de la fédération de pêche, confirme et renchérit : « La situation hydrologique est très dégradée sur le Cher. Sans le soutien d’étiage par le barrage, il n’y aurait plus d’eau dans la rivière. Rien que cela devrait imposer d’interdire tout nouveau prélèvement. » L’expert met par ailleurs en cause les statistiques fournies par Imerys, basées sur des moyennes quinquennales de débit et donc aveugles aux aléas de faible durée qui frappent régulièrement la rivière.

      Du côté d’Imerys, Fabrice Frébourg assure « qu’on prend la chose très au sérieux ». Le cadre assure que son entreprise choisira un indice « beaucoup plus pénalisant que les moyennes quinquennales » dans ses prochaines études sur l’impact du réchauffement climatique. Il évoque également la piste, « apportée par l’administration, d’un possible soutien d’étiage par le barrage de Rochebut ». Comme le faisait remarquer un intervenant en réunion publique, « les poissons ne peuvent pas se mettre entre parenthèses » à chaque assèchement du Cher.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/030824/mine-de-lithium-dans-l-allier-l-eau-point-faible-du-projet-d-imerys
      #promesses

  • #Inde : un expert juge que le débordement d’un lac himalayen, qui a fait des dizaines de victimes, était prévisible
    https://www.francetvinfo.fr/monde/inde/inde-un-expert-juge-que-le-debordement-d-un-lac-himalayen-qui-a-fait-de

    Selon Himanshu Thakkar, cet accident, l’un des plus graves de ce genre en Inde, aurait pu être évité, car le lac a été quasiment multiplié par dix en 50 ans à cause de la fonte des glaces qui le surplombent. « Ils auraient dû vider une partie du lac pour éviter la rupture du barrage », ajoute l’expert. Ce lac glaciaire, situé à plus de 5 000 mètres de hauteur s’est rompu et a relâché son eau contre le barrage de Teesta 3, en aval. La structure de béton de 60 mètres de haut a alors été éventrée, ce qui a inondé la vallée sur des dizaines de kilomètres.

    […]

    Selon Himanshu Thakkar, plusieurs dizaines de #barrages de l’#Himalaya sont menacés par la fonte des #glaciers.

    #incurie #climat