#Covid-19 : le rapport secret qui étrille la gestion de crise du ministère de la #Santé - Le Parisien 04/01/2023
C’est un document qui n’avait jamais été divulgué jusqu’à ce jour. Nous l’avons cherché pendant près de deux ans, d’abord par les voies officielles. Demande à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) en février 2021, Commission d’accès aux documents administratifs en avril, tribunal administratif de Paris quelques mois plus tard, audience devant le Conseil d’État le 28 janvier 2022, puis retour à la case tribunal. Sans succès.
D’autres voies se sont révélées plus efficaces…
[…] commandé fin juin 2020 par Olivier Véran, alors ministre de la Santé, ce « retour d’expérience du pilotage de la réponse à l’épidémie de Covid » a été remis au gouvernement en novembre 2020. Selon nos informations, un cercle très restreint au sein de l’exécutif l’a tenu entre les mains. Ce « retex » avait pour but d’identifier « les réussites, les difficultés et les lacunes » révélées par le Covid dans l’organisation du ministère.
Il visait aussi à « tirer les leçons de manière constructive, collective et transparente », notamment en cas d’un rebond épidémique. Entre mi-juillet et octobre 2020, 4 inspecteurs de l’Igas ont interviewé quelque 375 personnes (membres de cabinets ministériels, directeurs d’agences régionales de santé, d’hôpitaux, préfets, élus, etc.) à travers la France. Leur constat, quasi clinique, est accablant : impréparation, désorganisation et circuit de décision « peu lisible »… » […].
[Le rapport de l’Igas] a été versé à l’enquête de la Cour de justice de la République (CJR). Celle-ci devra dire si des membres du gouvernement ont pu avoir une part de responsabilité dans la gestion du coronavirus et sa propagation, et donc dans le bilan de l’épidémie qui a fait à ce jour plus de 160.000 morts en France.
L’exécutif se voit notamment reprocher le manque de masques, le délai avant d’activer le centre de crise interministériel ou encore le maintien des élections municipales en mars 2020, […]
[le] centre de crise [était] minuscule et [son] directeur écrasé par trois fonctions : Lorsque l’épidémie explose, à partir de mi-février 2020, le centre de crise sanitaire s’apparente à un esquif ne tenant la mer que grâce à des « renforts massifs » de volontaires. Des agents de « tout profil », sans aucune précision des compétences nécessaires (parler anglais, spécialiste en data, etc.), vont être piochés en urgence parmi d’autres administrations à partir du 10 mars. […] Ces matelots dévoués se sont épuisés à la tâche.
[…] le rapport juge « indispensable » en cas d’activation du niveau 3 de mettre en place un centre de crise véritablement ministériel » avec des renforts « préalablement désignés et formés à la gestion de crise » ».
[…] débordé du fait de sa petite taille, le centre de crise sanitaire l’est aussi dans son fonctionnement. En langage profane, on dirait même… un #bazar sans nom !.
L’organisation de la gestion de crise a connu un éclatement tel qu’au cours de la mission, aucun acteur rencontré n’a semblé en avoir une vision claire et exhaustive, quel que soit son niveau hiérarchique. Ce manque de vision d’ensemble a conduit à des activités conduites en doublon, mais aussi à l’absence de prise en charge de certains sujets, en particulier par anticipation.