• Au Maroc, « la #montagne a été trop longtemps marginalisée »

    La géographe marocaine #Fatima_Gebrati, spécialiste du Haut Atlas de Marrakech, souligne l’insuffisance de l’#aménagement_du_territoire dans les zones les plus violemment frappées par le #séisme. Une #marginalisation qui commence dès la période coloniale.

    Autour d’elle, le décor est apocalyptique. Lundi 11 septembre, la géographe marocaine Fatima Gebrati roule en direction de Talat N’Yacoub, une commune de la province d’#El-Haouz, pulvérisée par le séisme – même les bâtiments construits aux normes antisismiques. Elle y achemine de l’aide humanitaire aux victimes livrées à elles-mêmes.

    Elle est aussi l’autrice d’une thèse sur la mobilisation territoriale des acteurs du développement local dans le Haut Atlas de Marrakech, soutenue en 2004. Un travail qu’elle a poursuivi depuis, à l’université Cadi Ayyad. Dans un entretien à Mediapart, elle déplore les efforts insuffisants de l’État marocain pour aménager les territoires de montagne, particulièrement meurtris par le séisme.

    Mediapart : Quelles leçons tirez-vous du séisme survenu vendredi 8 septembre ?

    Fatima Gebrati : Il faut revoir l’aménagement du territoire au #Maroc principalement dans les #zones_de_montagne. L’État a fourni des efforts qui restent insuffisants. Ce séisme nous l’apprend encore de manière dramatique. J’espère qu’il va y avoir une prise de conscience et une vraie volonté au sein du gouvernement pour repenser les politiques publiques et l’aménagement du territoire.

    La montagne a été trop longtemps marginalisée en matière d’aménagements du territoire. Les raisons sont multiples et la première a à voir avec la #colonisation du Maroc par la #France. Bien avant l’indépendance, dès la colonisation, l’État a concentré ses efforts de développements dans les plaines. Comme la Tunisie ou l’Algérie, le Maroc a constitué un laboratoire d’#expérimentations. Des #barrages ont été créés pour alimenter la France, « le territoire mère », en matière agricole, industrielle, pas pour les beaux yeux des Marocains.

    Seul le « #Maroc_utile » et non « l’inutile » comptait pour la France, comme l’affirmait le maréchal #Lyautey [le grand artisan de la #colonisation_française – ndlr]. Ce Maroc « inutile », c’était la montagne, la #marge qui a une connotation politique. C’est dans les montagnes que la lutte contre la colonisation a été la plus farouche.

    Après l’indépendance, l’État a fait des efforts dans plusieurs domaines mais les sédiments hérités de la colonisation demeurent très lourds, jusqu’à aujourd’hui. Malgré les nombreux programmes dédiés, on n’a pas réussi à combler le vide et les failles qui existent sur ces territoires.

    Le plus grand déficit demeure l’aménagement du territoire. L’état des routes est catastrophique, il n’y a pas assez de routes, pas assez de connexions. Il faut renforcer le tissu routier, construire d’autres routes, désenclaver. Au niveau du bâti, les politiques ne sont pas à la hauteur. Des villages entiers se sont effondrés comme des châteaux de cartes.

    On ne s’est jamais posé la question au Maroc de savoir comment construire les maisons en montagne. Faut-il le faire en béton et autres matériaux modernes ou inventer un modèle qui préserve la spécificité des zones montagneuses et les protège des catastrophes naturelles ? C’est d’autant plus invraisemblable que les montagnes du Haut #Atlas de Marrakech sont un berceau de la civilisation marocaine à l’époque des Almoravides et des Almohades.

    Comment expliquez-vous que ce soit la société civile qui pallie depuis des années au Maroc, tout particulièrement dans les zones les plus marginalisées, les défaillances de l’État jusqu’à l’électrification ou l’aménagement des routes ?

    À la fin des années 1990, alors qu’émergeait la notion de développement durable, on a assisté à une certaine effervescence de la société civile, d’associations locales, et à une forte mobilisation d’ONG nationales et internationales. Elles ont commencé à intervenir dans le #Haut_Atlas. Dans certaines vallées, des développements touristiques ont vu le jour comme dans la vallée de Rheraya dans la province d’El-Haouz. Des microprojets locaux ont permis de ramener l’électricité avec un groupe électrogène, puis d’électrifier un douar [village – ndlr], comme Tachdirt, bien avant l’électrification menée par l’État.

    De nombreuses études ont été réalisées pour comprendre la réalité de la montagne et orienter l’État. Malheureusement, les universitaires marocains n’ont pas l’oreille du gouvernement. Nos travaux de recherche sont restés dans les tiroirs de nos universités. Deux programmes essentiels ont été investis par l’État à partir des années 1990 – l’électrification du monde rural et l’accès à l’eau potable, deux nécessités vitales –, puis dans un autre temps, la scolarisation. Des efforts colossaux ont été réalisés mais ils restent insuffisants.

    Ces régions rurales et montagneuses sont-elles marginalisées parce qu’elles sont #berbères ou plutôt #amazighes – « berbère » étant un terme colonial ?

    C’est très difficile de vous répondre. Je considère que la marginalisation de ces territoires est plus économique que politique. Après l’indépendance, le Maroc s’est retrouvé considérablement affaibli. L’État colonial a tout pompé, volé, les caisses étaient vides.

    Le Maroc s’est retrouvé sans ressources financières ou humaines puisque de nombreux hommes ont donné leur sang pour libérer le pays. Il fallait orienter l’#économie du Maroc. Le choix s’est porté sur l’#industrie et l’#agriculture. Ce fut un échec. Puis le Maroc a ciblé l’essor économique par le #tourisme. À la fin des années 60, les premières infrastructures ont été construites, des hôtels, des aéroports, des personnels ont été formés.

    Mais ces piliers restent fragiles, l’agriculture, par exemple, est soumise aux précipitations. Si une saison est sèche, le Maroc souffre. Quant au tourisme, on a vu la fragilité du secteur avec le tourisme quand, notamment, Marrakech est devenue une ville fantôme pendant la pandémie de Covid-19. Il faut créer d’autres pôles économiques aux alentours des pôles régionaux, créer de l’infrastructure de base, renforcer le tissu économique pour limiter le taux de chômage, insérer les jeunes. Le tourisme en fait partie mais il ne doit pas être tout.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/110923/au-maroc-la-montagne-ete-trop-longtemps-marginalisee

    • Séisme. Maroc : le silence gênant de Mohammed VI
      https://www.courrierinternational.com/article/seisme-maroc-le-silence-genant-de-mohammed-vi

      Depuis Paris, où il séjournait, Mohammed VI a tardé à s’exprimer après le terrible tremblement de terre qui a frappé son pays, s’étonne la presse internationale.

      Depuis la France, où il séjournait, le monarque marocain s’est exprimé le 9 septembre au soir, à travers une déclaration officielle dans laquelle il décrétait trois jours de deuil et ordonnait le déploiement d’un programme d’urgence pour venir en aide aux victimes.

      Mais jusqu’à la publication, détaille l’hebdomadaire espagnol, le royal silence a contraint toutes les autres autorités marocaines à adopter la même attitude. Ni le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, pourtant originaire de la région touchée, ni le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, ne se sont exprimés ni ne se sont rendus dans les endroits les plus durement touchés par le tremblement de terre. À l’échelon local, même absence de réaction et attentisme des autorités.
      Le seul membre de la famille royale à avoir dérogé à cette réserve du roi a été le prince Moulay Hicham, son cousin germain. Le “Prince rouge”, son surnom en raison de ses positions réformatrices sur la monarchie, a exprimé sa solidarité avec le peuple marocain depuis sa résidence de Boston.

  • Pourquoi faut-il réhabiliter la langue berbère dans l’histoire du Maghreb ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-pourquoi-du-comment-histoire/pourquoi-faut-il-rehabiliter-la-langue-berbere-dans-l-histoire-du-maghre

    Comment les anciennes colonies françaises devenues des Etats indépendants ont-elles fréquemment emprunté aux colonisateurs des arguments visant à légitimer aux yeux du monde leur nouvelle identité nationale ?

    Dans les pays du #Maghreb, par exemple, les manuels scolaires et les programmes de la télévision nationale véhiculent des récits mémoriels visant à renforcer le sentiment d’appartenance des citoyens à la nation en recourant à une vision univoque et tronquée de l’histoire. Ces discours officiels répètent inlassablement qu’après la conquête arabe du VIIe siècle, les #Berbères se seraient instantanément convertis à l’islam sunnite, et que leur langue n’aurait jamais dépassé le stade oral propre aux usages locaux. Même les historiens ont longtemps admis, tacitement, que face à une #langue_arabe conquérante qui occupait le champ de l’écrit et des fonctions de communication prestigieuses, le berbère aurait joué le rôle d’un dialecte marginal et dépourvu de prestige.

    Pourtant, des recherches récentes ont montré que les sources arabes médiévales infirment largement cette vision des choses. Elles prouvent que l’histoire du Maghreb, depuis la conquête arabe jusqu’aux empires berbères, s’est déroulée dans un cadre bilingue arabe-berbère, et parfois même dans un monolinguisme berbère. Ces études nous permettent de comprendre comment la promotion du berbère comme langue de la prédication est allé de pair avec une #islamisation et une #arabisation de la langue.

    Après la conquête arabe de 670, les révoltes populaires eurent pour conséquence la formation de plusieurs royaumes berbères indépendants. La fuite de la majorité des Arabes qui s’étaient installés au Maghreb contribua fortement à freiner l’arabisation des populations. Bien que ces textes ne soient pas parvenus jusqu’à nous, les spécialistes pensent que la diffusion de l’Islam se fit alors en s’appuyant sur des corans écrits en berbère. Sous la dynastie des Almohades - un mouvement religieux berbère qui se transforma en empire pour gouverner le Maghreb et l’Andalousie entre le milieu du XIIᵉ et le XIIIᵉ siècle - le berbère bénéficia du statut de langue sacrée et fut, à ce titre, considéré comme digne d’être diffusé par écrit. (...)

    Bibliographie :

    Mehdi Ghouirgate, « Le berbère au Moyen Âge. Une culture linguistique en cours de reconstitution », Annales. Histoire, Sciences sociales, 2015, n°3, p. 577-606.

    #radio #histoire

  • #Algérie : en s’en prenant au #drapeau berbère, “#Gaïd_Salah joue avec le feu”

    Le chef d’état-major de l’armée algérienne veut interdire les drapeaux autres que celui de l’Algérie dans les #manifestations. Une manière de viser les Berbères et une dérive dangereuse, s’inquiètent des journaux algériens.

    https://www.courrierinternational.com/article/manifestations-algerie-en-sen-prenant-au-drapeau-berbere-gaid
    #Berbères #minorités #interdiction

  • Les routes de l’#esclavage (1/4)
    476-1375 : au-delà du désert

    Domination, violence, profit : le système criminel de l’esclavage a marqué l’histoire du monde et de l’humanité. Au fil de ses routes, cette série documentaire retrace pour la première fois la tragédie des traites négrières. Captivant et implacable. Premier volet : de la chute de Rome en 476 à la fin du XIVe siècle.

    Après la chute de Rome en 476, les peuples (Wisigoths, Ostrogoths, Berbères, Slaves, Byzantins, Nubiens et Arabes) se disputent les ruines de l’Empire. Tous pratiquent l’asservissement – « esclave » viendrait du mot « slave ». Mais au VIIe siècle émerge un Empire arabe. Au rythme de ses conquêtes se tisse, entre l’Afrique et le Moyen-Orient, un immense réseau de traite d’esclaves, dont la demande ne cesse de croître et qui converge vers Bagdad, nouveau centre du monde. Après la révolte des Zanj – des esclaves africains –, qui s’achève dans un bain de sang, le trafic se redéploie vers l’intérieur du continent. Deux grandes cités commerciales et marchés aux esclaves s’imposent : Le Caire au nord, et Tombouctou au sud, place forte de l’Empire du Mali d’où partent les caravanes. Au fil des siècles, les populations subsahariennes deviennent la principale « matière première » de ce trafic criminel.

    https://www.arte.tv/fr/videos/068406-001-A/les-routes-de-l-esclavage-1-4

    #film #documentaire #Afrique #Empire_romain #histoire #pratique_généralisée #traite #Fustat #économie #Nubie #guerre #violence #butins_de_guerre #Bagdad #main-d'oeuvre #Islam #Berbères #dromadaires #Sahara #Tombouctou #Empire_du_Mali #or #altérité #Touareg #essentialisme #fatalité #Basora #Le_Caire #esclaves_domestiques #paternalisme #négation_de_l'être #domination #esclavage_doux #oasis #Atlas_catalan

    #Catherine_Coquery-Vidrovitch :

    Dans l’Empire arabo-musulman, « l’#esclave n’était pas différencié par sa couleur, ça ne comptait pas. L’esclave était différencié par sa #culture. Il n’avait pas la culture du dominant »

    #géographie_culturelle #domination

    #Ibrahima_Thioub, université Cheickh Anta Diop, Sénégal :

    « Pour mettre en esclavage un individu, un des phénomènes importants c’est de le construire comme autre, de construire une #altérité. Les sociétés humaines ont des registres assez larges. On peut utiliser la différence de #couleur_de_peau, la différence de #religion. Dans la #traite_trans-saharienne, on va combiner les deux ».

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibrahima_Thioub

    Ibrahima Thioub :

    « L’intérêt des maîtres, c’est de faire croire à l’individu qu’il est esclave non pas parce qu’un jour on lui a opposé un rapport de force qui est réversible, mais parce que, par sa nature, il est destiné à être un esclave. C’est une #idéologie extrêmement forte. Si votre sang est considéré comme un sang servile, et que cette nature vous la transmettez à votre descendance, il devient impossible de sortir du phénomène esclavagiste »

    Selon ce qui est dit dans ce reportage, 3,5 millions d’Africains ont circulé sur les routes de l’esclavage entre le 7ème et le 14ème siècle.

  • La rivolta democratica dei berberi del Marocco

    “Nel #Rif non ci sono università, ospedali e infrastrutture. Siamo completamente emarginati dal centralismo del governo marocchino”, dice Reda Benzaza, portavoce del movimento popolare Hirak al shaabi, nato sulla scia delle proteste scoppiate nella città di Al Hoceima dopo la morte del pescivendolo Mouhcine Fikri nell’ottobre del 2016.

    Nella regione del Rif, nel nord del Marocco, le proteste per la morte di #Fikri hanno fatto da cassa di risonanza per le rivendicazioni sociali dei giovani. In questa zona infatti la disoccupazione tocca i livelli più alti del paese. Il movimento #Hirak_al_shaabi chiede al governo nuovi investimenti e un maggiore impegno nella lotta alla corruzione.

    Il reportage di Massimo Lauria e Gilberto Mastromatteo racconta, attraverso le voci degli attivisti, la nascita di una rivolta pacifica che è ancora in corso.

    https://www.internazionale.it/video/2018/02/21/rivolta-berberi-marocco
    #résistance #révolte #berbères #Maroc

  • Les rébellions du #Rif, d’hier à aujourd’hui
    https://www.mediapart.fr/journal/international/280617/les-rebellions-du-rif-dhier-aujourdhui

    Depuis le début du XXe siècle, le Rif se distingue par des actes de résistance aux différents oppresseurs colonialistes ou gouvernementaux. En octobre dernier, après la mort tragique d’un pêcheur, cette région du nord du #Maroc s’est à nouveau embrasée. Quels sont les ressorts de ce mouvement « Hirak », auquel le roi ne réagit que par la répression ?

    #International #Berbères #Histoire #Mohammed_VI #printemps_arabes

  • Algeria’s Stained Women

    In the early to mid-1900s, the Berber women of the Aurès mountains in northeastern Algeria tatooed palm trees, crosses, and small diamonds known as the “partridge’s eye” on their faces. In their culture, it was seen as beautiful and considered good luck. But after the country won its independence from the French in 1962, literacy rates increased, as did the influence of Islam. Algerians came to read in the Koran that tattoos are haram, or forbidden. The last generation of women to practice this ritual are now in their 80s or 90s, and they say that they regret the tattoos. To atone for their “sin,” they have donated all of their silver jewelry to charity.

    https://o.twimg.com/2/proxy.jpg?t=HBiZCWh0dHBzOi8vZmlsZXMuZm9yZWlnbmFmZmFpcnMuY29tL3N0eWxlcy9sYXJ

    https://www.foreignaffairs.com/gallerys/2016-05-18/algerias-stained-women

    #Algérie #portraits #femmes #photographie #tattoo #Berbères
    cc @albertocampiphoto

  • Au cœur des réseaux djihadistes européens, le passé douloureux du Rif marocain
    http://mobile.lemonde.fr/idees/article/2016/03/23/la-belgique-est-devenue-un-trou-noir-securitaire_4888420_3232.html?xt

    A Bruxelles, ville très riche aux particularités administratives, ils ont constitué des communautés denses, livrées à tous les vents de l’économie criminelle, de la pauvreté et de la mondialisation. Les prédicateurs saoudiens et iraniens se sont alors intéressés à eux. A l’abri des polices françaises et marocaines, ils ont converti une partie de cette jeunesse exaltée et dissidente, viscéralement hostile au makhzen d’Hassan II. Au Maroc aussi, on redoute les Rifains, incontrôlables et rebelles, tant dans leur culture politique que religieuse. Quant à Molenbeek, une poignée de prédicateurs particulièrement efficaces y ont été à la manœuvre.

    Dans quelle mesure la déculturation de Marocains venus du Rif a-t-elle été un facteur de leur radicalisation ?

    L’histoire des Rifains au XXe siècle est une succession de tragédies. Méconnue, elle doit nous aider à comprendre la violence et l’indifférence à la mort d’une partie de sa jeunesse. Partons du Maroc chérifien, qui n’a jamais pu contrôler cette région tribale de contrebandiers et de bergers. La colonisation espagnole est officielle en 1912, mais la conquête débute en 1920. Mal en prend aux Espagnols vaincus à Anoual, où ils perdent, en juillet 1921, des milliers d’hommes et d’armements. C’est le début de la guerre du Rif. Les Rifains sont écrasés par cinq ans de bombardements au gaz sarin donné par l’Allemagne, en vain. Abdelkrim s’en prend au Maroc français en 1925, début de la phase française de la guerre. Elle donne la victoire à Pétain, débarqué avec des centaines de milliers de soldats.

    En 1936, Franco déclenche la guerre civile espagnole depuis Melilla, et ses regulares rifains constituent la colonne vertébrale de son armée. Passé la guerre et l’indépendance en 1956, les Rifains, qui sont souvent saisonniers en Algérie française depuis le XIXe siècle, se voient interdire l’accès à l’Algérie. Ils se soulèvent en 1958 et 1959 contre Rabat, dont ils refusent la tutelle. La répression maroco-française est terrible, le Rif recevant du napalm. Vaincu et puni par Hassan II, le Rif ne reçoit aucun investissement jusqu’à la mort du roi en 1999.

    Les Rifains ayant le privilège de cultiver le kif, il leur reste deux choses à faire : émigrer et trafiquer. Les chimistes de la « French connection » leur apprennent à fabriquer la pâte base du haschisch dans les années 1970, ce qui annonce quarante ans de trafic. Le Rif et ses communautés migratoires deviennent la première filière mondiale de production et de distribution de cette drogue. Ce commerce suit les communautés en exil, de l’Algérie aux Pays-Bas, en passant par l’Espagne, la France et la Belgique.

    Radicalisés, ruminant leur malheur, hostiles au makhzen et aux anciens Etats coloniaux, cultivant la mémoire d’Anoual et d’Abdelkrim, les Rifains s’enferment dans leur langue propre, dans leurs familles et dans leur clans, dans leurs réseaux marchands et mafieux. Quand Mohammed VI se tourne vers eux au début de son règne, il est bien tard.

    ...

    Quelle est la vision du monde de ces jeunes radicalisés ? Comment, de Cologne à Molenbeek, éviter un choc des civilisations ?

    La vision du monde des jeunes radicalisés est celle que leur inculquent leurs prédicateurs salafistes, sur fond de vision apocalyptique, manichéenne, de fin de l’Occident et de triomphe de l’islam. Il ne faut pas trop chercher à négocier avec ces visions religieuses, car elles sont à l’opposé de nos préoccupations et de notre vision de la politique et des rapports sociaux. C’est vrai qu’en ce sens c’est moins un choc des civilisations que des imaginaires et des mondes.

    La pensée radicale religieuse, millénariste en l’occurrence, est un absolu qui ne cherche aucun compromis avec ses ennemis supposés et avec le monde réel. De ce fait, les radicalisés seront très difficiles à ramener à la raison, car leur croyance ne tient pas compte du réel. Mais ils ne représentent qu’une fraction, pas si infime qu’on veut bien le dire cependant, des populations musulmanes d’Europe ou du Moyen-Orient.

    Comment peut-on, alors, lutter contre ce phénomène ?

    En revanche, ce sur quoi on peut travailler en France, c’est d’une part à la fabrication d’un islam endogène, financé sur place, parlant notre langue, et avec des imams formés par les musulmans de France (ou d’Europe), dans un cadre laïque, et d’autre part à l’éducation et à la formation des plus jeunes. Elle devrait être prioritaire.

    L’intégration passe aussi forcément par une excellente maîtrise de la langue et des référents culturels, ce qui est le cas de mes étudiants, mais pour combien d’échecs… Je déplore qu’on manque incroyablement d’ambition scolaire, que l’enseignement soit professionnel ou intellectuel. C’est comme si les élèves étaient de moins en moins intelligents. Ce n’est évidemment pas le cas, mais on semble avoir renoncé à être exigeant à l’école pour ne pas pénaliser les défavorisés. En fait, on les enfonce, et on les pousse parfois vers l’obscurantisme ou l’aventure sans retour.

    #Belgique #immigration #terrorisme #wahabisme #Maroc #berbères

  • Among North Africa’s Berbers

    Their language and culture have been suppressed, starting with the Arab invasion in the seventh century, continuing through the French colonial period and into the era of independence. Berber studies were often forbidden and the language banned in the latter half of the 20th century.


    http://lens.blogs.nytimes.com/2016/01/21/among-north-africas-berbers/?smid=tw-nytimesphoto&smtyp=cur&_r=0
    #Berbères #photographie
    cc @albertocampiphoto

  • Berbères, communauté vivant à l’étranger et nationalisme arabe en Algérie
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article2673

    Lors du 60éme anniversaire, l’année passée, le 1er novembre algérien s’enorgueillit de la mémoire des martyrs et ce malgré les secousses du printemps, devenu une catastrophe terroriste régionale. Le pétrole était à plus 100 dollars. En 2015, la 61ème cérémonie du déclenchement de la guerre de libération revêt un caractère plus solennel. Les caisses de retentissement populiste remettent les pieds sur Terre, avec un baril à la moyenne des 50 dollars. A Alger on revient alors à la révision constitutionnelle (...)

    gouvernement, action, projet, exécutif gouvernemental, politique régionale, gouvernance, gestion, social,

    / censure, presse, journaux, dictature, expressions, liberté, Terrorisme , islamisme , Al-Qaeda , politique , , #crise,_capitalisme,_économie,_justice,_Bourse, Afrique, Monde Arabe, islam, (...)

    #gouvernement,action,_projet,_exécutif_gouvernemental,_politique_régionale,_gouvernance,_gestion,_social, #censure,_presse,_journaux,_dictature,_expressions,_liberté #Terrorisme_,_islamisme,Al-Qaeda,politique, #Afrique,_Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient, #chômeurs,_emploi,_social,_syndicat,_revendication,_jeunesse,_travailleurs,_chômage #Maghreb,_Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société

  • http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/06/15/la-berbetite-des-etats-du-maghreb-la-plus-longue-guerre-froide-de-l-histoire

    La « berbérité » des Etats du Maghreb, la plus longue guerre froide de l’Histoire

    Le Monde.fr | 15.06.2012

    Par Amar Ben Tahar et Inès El-Shikh, North African Science & Technology Gateway, Genève, Suisse

    En avril 2007, François Hollande, alors premier secrétaire du PS, au cours d’une rencontre avec le Réseau citoyen des associations franco-berbères, exprimait son « respect pour ce que [les #Berbères] sont, pour ce qu’ils portent et pour ce qu’ils exigent ». Etre-porter-exiger : cette formulation résume bien l’essence du combat des Berbères (ou #Imazighen - #Amazigh au singulier - selon la terminologie endonyme) qu’ils soient en France ou ailleurs : affirmer leur existence, avoir conscience de l’héritage multimillénaire qu’ils portent (nous sommes en l’an 2962 du calendrier amazigh) et exiger la liberté de l’exprimer. « Des demandes républicaines [...] fondées sur ce qui nous rassemble et non sur ce qui nous divise », comme le précisait François Hollande.

    Cinq ans plus tard, en 2012, c’est pas moins de trois personnalités d’origine amazighe qui figurent dans le gouvernement Ayrault (Belkacem, Benguigui, Arif). Une rupture avec Nicolas Sarkozy dont la méconnaissance de cette communauté pourtant bien implantée en France avait de quoi interpeller au vu du temps qu’il a consacré à parler de l’immigration maghrébine et à entreprendre des actions militaires et stratégiques dans la région nord-africaine.

    La relation de la France avec les Imazighen est bien entendu un enjeu stratégique étant donné l’interdépendance des deux parties. Néanmoins, c’est surtout au sein des nations nord-africaines que le devenir de la question amazighe se joue chaque jour. Justement, dans ces pays, qu’en est-il ?

  • #Algérie : En dehors de l’ #islam et la langue arabe…

    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article1298

    #Laïcs, #francophones et #berbères : une harga aux bras d’ #Israël

    Un grand #débat s’est installé en Algérie, après que le représentant de la revendication de l’autonomie de la Kabylie, Ferhat Mehenni, et le romancier, Boualem Sensal, se sont successivement rendus en Israël, pendant la fin du mois mai 2012. Alimenté davantage sur les médias, voire la presse écrite et celle du Web, les discussions reflètent la profonde frustration des minorités et les effets des exclusions. Le glacis politico-idéologique de tradition militaro-nationaliste s’offusque, mais aussi la population…

  • Sisyphe berbère | Ali Chibani
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/03/CHIBANI/47504

    Le Mensonge de Dieu est un roman historique qui condense « quatre-vingt-treize années d’exploration tourmentée dans les tréfonds du monde ». Tout au long de l’ouvrage, l’auteur, l’écrivain et journaliste algérien Mohamed Benchicou, rend hommage aux mots voués à lever les tabous des morts. Il le fait à (...) / #Algérie, #Histoire, Identité culturelle, #Littérature, Minorité nationale, #Religion, #Berbères - 2012/03

    #Identité_culturelle #Minorité_nationale #2012/03