• Balade décoloniale Berne

    Carte interactive

    Koloniale Spuren aufdecken

    Die Schweiz war nie eine Kolonial- oder Seefahrtsnation und dennoch in der Kolonialzeit tief in ein Netz internationaler, kommerzieller, intellektueller und politischer Beziehungen eingebunden. Wie andere europäische Städte verbirgt auch Bern Spuren dieser Geschichte – einige davon macht diese Webseite der Stiftung Cooperaxion sichtbar.

    Cooperaxion – Bern Kolonial
    https://bern-kolonial.ch

    #balade_décoloniale #Berne #Cooperaxion #racisme #droit_à_la_ville

  • Comment les militants décoloniaux prennent le pouvoir dans les universités

    Au lieu de lutter contre l’influence grandissante du #décolonialisme dans l’#enseignement_supérieur et la recherche, le gouvernement vient de faire adopter une #loi qui la favorise, s’alarment.

    Le modèle de formation des « #élites » ne passe plus, tant s’en faut, par les universités. Les meilleurs étudiants qui fréquentent les #classes_préparatoires dans des établissements du secondaire ne rencontrent plus les chercheurs de nos laboratoires. Ces établissements sont affranchis des équivalences que pilotait naguère la seule université. Un élève redoublant sa khâgne obtient aujourd’hui sa licence par décision du conseil de classe. Des écoles centrales, des écoles d’ingénieurs, des écoles nationales supérieures et des instituts peuvent désormais délivrer un doctorat en parallèle des universités. Des organismes para-universitaires « partenaires » , les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (INSPE) contrôlent la formation des enseignants. L’université est donc dorénavant dépouillée de sa prérogative : la certification du diplôme, qu’elle partage avec des institutions concurrentes.

    Affaiblie, l’université a vu de surcroît son mode de gouvernance changer. Le « management par délégation de responsabilité » , une méthode organisationnelle qui fait peser sur les subordonnés les conséquences des orientations de la hiérarchie en laissant l’illusion de partager ses choix, y est désormais implanté « top-down » , des institutions de l’Union européenne au laboratoire universitaire. Ses ravages dans le milieu hospitalier dont tout le monde constate aujourd’hui l’ampleur sont identiques dans l’enseignement supérieur.

    Or la recherche est un enjeu national qui pourrait être planifié par les pouvoirs publics. Ce n’est pourtant pas le cas : les orientations stratégiques sont promues par des incitations financières à répondre à des projets dont les cadres sont préconçus par les institutions de l’Union européenne. Et celles-ci, comme l’a récemment montré notre collègue #Bernard_Rougier dans Le Point , utilisent ce moyen « pour imposer un #modèle_multiculturel » . Les financements s’obtiennent au final en s’inscrivant dans ces cadres qui, en #sciences_humaines, font la part belle à l’#inclusivisme et aux #théories_décoloniales.

    On a assisté, parallèlement, à un démantèlement des filières de validation scientifique classiques au profit de logiques d’évaluation et de « reporting » menées par des comités anonymes. C’était ouvrir la porte à toutes les demandes sociales ou politiques qui deviennent le critère principal des gestionnaires des établissements d’enseignement supérieur cherchant à flatter les responsables publics. On obtient alors à l’université une synthèse du pire de ce que peuvent produire la planification bureaucratique et le management capitaliste.

    Dans ce contexte, nous avons alerté dans une tribune collective sur la montée du #mouvement_décolonial dans les établissements d’enseignement supérieur. À la faveur du délitement de nos missions, des chercheurs militants, confondant #propagande et #recherche, ont investi le monde académique et procèdent à une occupation méthodique des postes-clés : élections de présidents et des conseils universitaires, commission de recrutements pour la cooptation des jeunes maîtres de conférences et recrutements de vacataires ou d’allocataires de bourses de thèses. Ces derniers sont contraints de suivre un mouvement qui leur promet la sortie de la précarité à laquelle ils se croient condamnés.

    La #précarité des postes est une réalité qui pèse lourdement sur les orientations scientifiques puisqu’elle transforme des fonctions indépendantes en missions ponctuelles. Au plan national, dans le supérieur, le taux de contractualisation des emplois administratifs est de 38,8 % du total des postes (filière BIATSS). Ces agents ont une mission capitale : ils sont responsables des aspects financiers du fonctionnement des composantes des universités. C’est le nerf de la guerre. Et une part non négligeable de ces recrutements temporaires est liée aux orientations du cadre européen imposant aux laboratoires universitaires leur mode de fonctionnement et leurs finalités.

    Le domaine de l’enseignement n’est pas épargné. La carrière du chercheur libre au service de l’État-stratège est devenue un Graal inaccessible : songeons que l’âge moyen d’entrée dans la carrière est aujourd’hui de 33 ans ; l’âge de soutenance de thèse est de 29 ans. Conséquence ? La précarisation des emplois va grandissant et la stabilité des équipes de recherche est remise en cause.

    À cette situation financière peu favorable au développement d’une recherche de long terme s’ajoute une mécanique électorale clientéliste : à l’université, que l’on soit précaire ou titulaire, on vote tout le temps. Et on ne vote pas pour un représentant, comme c’est d’ordinaire la règle, mais pour un chef de service susceptible d’accorder emplois, primes et augmentations. Pour ceux qui ne rentrent pas dans cette logique, des phénomènes de censure, d’intimidation, de discrimination politique ont été instaurés, créant ainsi des clivages inédits qui forcent des jeunes doctorants à un alignement idéologique sur des courants politiques légitimés par le nombre d’obligés et de vacataires recrutés, autant dire leur armée.

    C’est dans ce contexte qu’intervient la promotion de la #loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR) élaborée par le gouvernement et adoptée par le Parlement fin décembre au terme de la procédure accélérée (ce qui n’est pas anodin). La loi consiste entre autres à supprimer l’étape de « qualifications nationales » pour les professeurs. Aujourd’hui, les recrutements des chercheurs sont conditionnés par l’examen devant le Conseil national des universités (CNU). Bien qu’étant très loin d’être parfait, ce mécanisme assurait le développement national et homogène de l’institution. Ce ne sera désormais plus le cas. L’étape de la vérification de la qualité des travaux des candidats par le Conseil national des universités est supprimée et les recrutements directs des professeurs par les universités sont autorisés.

    Les militants du #décolonialisme et de l’#intersectionnalité seront dorénavant libres de poursuivre leur entreprise d’accaparement de l’université au gré de politiques universitaires locales. Pour répondre à de pseudo-besoins territoriaux - en réalité politiques - ou favoriser l’implantation de filières présumées « innovantes » , les présidences clientélistes de certaines universités pourront, sans rendre aucun compte, favoriser cette orientation.

    Une telle évolution fait peser en outre une menace non négligeable sur le recrutement des professeurs de l’enseignement secondaire de demain. Car n’oublions pas qu’un étudiant de 2021 sera un professeur certifié en 2025. Si son cursus de formation n’est plus harmonisé ou n’est plus composé que d’#études_décoloniales, qu’enseignera-t-il demain en classe à des collégiens et des lycéens ?

    En lançant l’#Observatoire_du_décolonialisme_et_des_idéologies_identitaires, nous appelons à mettre un terme à l’embrigadement de la recherche et de la transmission des savoirs. Dans ce cadre, nous dénonçons la loi de programmation de la recherche (LPR) qui donne des marges de manoeuvre inédites aux ennemis de l’universalisme.

    * Samuel Mayol est maître de conférences en sciences de gestion. Xavier-Laurent Salvador, agrégé de lettres modernes, est maître de conférences en langue et littérature médiévales. L’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires dispose d’un site internet : decolonialisme.fr

    Des chercheurs militants, confondant propagande et recherche, ont investi le monde académique et procèdent à une occupation méthodique des postes-clés

    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/comment-les-militants-decoloniaux-prennent-le-pouvoir-dans-les-universites-
    #ESR #université #facs #France

    Quelques extraits, de vraies perles...

    Les militants du #décolonialisme et de l’#intersectionnalité seront dorénavant libres de poursuivre leur entreprise d’accaparement de l’université au gré de politiques universitaires locales.

    Si son cursus de formation n’est plus harmonisé ou n’est plus composé que d’#études_décoloniales, qu’enseignera-t-il demain en classe à des collégiens et des lycéens ?

    En lançant l’#Observatoire_du_décolonialisme_et_des_idéologies_identitaires, nous appelons à mettre un terme à l’embrigadement de la recherche et de la transmission des savoirs.

    –—
    ajouté au fil de discussion sur le #séparatisme et autre dérives...
    https://seenthis.net/messages/884291

    ping @isskein @cede @karine4

    • L’#Observatoire_du_décolonialisme_et_des_idéologies_identitaires

      Ce site propose un regard critique, tantôt profond et parfois humoristique, sur l’émergence d’une nouvelle tendance de l’Université et de la Recherche visant à « décoloniser » les sciences qui s’enseignent. Il dénonce la déconstruction revendiquée visant à présenter des Institutions (la langue, l’école, la République, la laïcité) comme les entraves des individus. Le lecteur trouvera outre une série d’analyses et de critiques, une base de données de textes décoloniaux interrogeable en ligne, un générateur de titre de thèses automatique à partir de formes de titres, des liens d’actualités et des données sur la question et un lexique humoristique des notions-clés.

      Cet observatoire n’a pas pour but de militer, ni de prendre des positions politiques. Il a pour but d’observer et d’aider à comprendre, à lire la production littéraire, scientifique et éditoriale des études en sciences humaines ou prétendument scientifiques orientées vers le décolonialisme. Il veut surtout aider à comprendre la limite entre science et propagande.

      L’équipe :


      http://decolonialisme.fr

    • La gauche sans les minorités. Réflexions à partir de S. Beaud et G. Noiriel : « L’article de S. Beaud et G. Noiriel est problématique tant dans l’analyse des phénomènes de racialisation qu’il propose que dans les conséquences stratégiques qu’ils en tirent. La gauche ne se reconstruira pas à partir de diagnostics approximatifs. Les coalitions qu’ont construit les mouvements antiracistes ces dernières années, comme certaines données électorales tracent une autre voie. » https://blogs.mediapart.fr/julien-talpin/blog/080121/la-gauche-sans-les-minorites-reflexions-partir-de-s-beaud-et-g-noiri ...

    • À propos de Beaud et Noiriel : l’enfermement identitaire n’est pas le lot de quelques-uns
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      Beaud et Noiriel n’aiment pas « la racialisation du discours public », dans lequel ils voient un effet de « l’américanisation de notre vie publique ». Elle installerait une frange importante de la population dans un « enfermement identitaire ». Elle contredirait ainsi la construction nécessaire d’alliances politiques autour de la question sociale, seule à même selon eux de rassembler les catégories populaires au lieu de les diviser. Les identités raciales, ajoutent-ils, ne sont qu’une illusion et la marque d’un oubli : « La classe sociale d’appartenance [reste] le facteur déterminant autour duquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes ».

      LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
      >> Crise de légitimité, colères sociales et stratégie macronienne de la muleta

      On ne juge pas d’un livre à partir de quelques pages. Celles qui sont proposées semblent toutefois très problématiques, d’autant plus qu’elles ne font que reprendre un vieux débat, celui qui oppose depuis quelques décennies l’attention au « social » et la préoccupation du « sociétal ». Ce débat est tout aussi improductif aujourd’hui qu’il l’était naguère.
      L’imaginaire et le réel

      La réflexion de nos deux auteurs procède d’un syllogisme. La « classe » est du côté de la réalité objective, la « race » est du côté de la représentation, donc de l’imaginaire ou de l’illusion. Or on ne peut fonder une visée politique critique sur une abstraction. S’il faut penser une « identité des personnes », il faut donc l’appuyer sur une identité de classe et non de race.

      Il est vrai que la notion de race s’expose toujours aux belles démonstrations de Claude Lévi-Strauss expliquant naguère que la race humaine n’existait pas au sens biologique du terme. Pourtant, si la race n’existe pas… elle n’en tue pas moins [1]. La race est une idée sans base matérielle biologique ; mais la racialisation qui la met au cœur de son projet est une force matérielle propulsive et pas seulement une idée.

      Or cette racialisation n’est pas le fruit de « l’américanisation ». Elle est une réalité inscrite dans une histoire qui est d’abord nationale. N’avons-nous pas le triste privilège d’avoir enfanté la première Bible du racisme théorique, avec le désolant auteur de l’Essai sur l’inégalité des races humaines, Arthur de Gobineau (1853) ? Et c’est bien chez nous qu’une longue acculturation nourrie par le fait colonial a produit ce qui n’est pas seulement un impensé, mais une pratique incessante de la discrimination, fonctionnant avant tout au faciès. Les médias possédés par « les entreprises américaines mondialisées » ont bon dos, pour disculper nos propres dominants et ceux qui les soutiennent. Il est tellement facile d’expliquer que c’est la faute aux autres…

      Tout mouvement qui se dresse, en totalité ou en partie, contre l’iniquité, la violence et la discrimination produite par le capitalisme dominant devrait être tenu pour légitime. Mais aucun mouvement n’est à l’abri d’évolutions qui, à l’arrivée, pourraient contredire l’objectif fondamental d’égalité et de liberté. L’enfermement identitaire est alors tout aussi meurtrier que l’indifférenciation, celle qui place tout combat particulier sous l’égide d’une norme présumée majoritaire.

      D’un autre côté, on peut mettre en doute l’idée que la seule réalité sociale est celle de la classe. Beaud et Noiriel savent bien que la classe est un rapport social, donc une construction historique et pas un matériau préexistant. À proprement parler, l’existence des classes ne précède pas celle de la lutte des classes : c’est au contraire la lutte elle-même qui les constituent, les font… et les défont.

      C’est par leur mise en mouvement et l’expérience de leurs conflits que les ouvriers, dispersés par leurs lieux, leurs statuts et leurs sociabilités, ont façonné leur conscience d’eux-mêmes, qu’ils ont ont défini leur rapport à la société qui les enserre et qu’ils se sont institués en classe s’affirmant en tant que telle. « Au début était la classe » : laissons cela à la légende…

      L’identité de la classe « objective » est une abstraction. La classe est un tout historique dans lequel s’entremêlent, de façon mouvante, de l’objectif et du subjectif, des positions sociales – définies par un classement – des pratiques organisées et des représentations qui deviennent des moteurs pour l’action. La classe est une réalité ; elle n’est toutefois pas une « chose », un objet qu’il suffit de catégoriser, de mesurer et de décrire.
      Réunir les catégories populaires dispersée

      Où en est-on aujourd’hui ? Les catégories populaires forment toujours l’ossature des sociétés. Mais l’unification relative qui a marqué l’histoire ouvrière sur deux siècles a laissé la place à une nouvelle dispersion. Le mouvement ouvrier a perdu de son souffle et le peuple n’a plus de groupe central. L’enjeu est, à nouveau, de réunir ce qui ne l’est pas.

      Le kaléidoscope social contemporain est le produit des logiques qui régissent l’organisation sociale. Elles sont connues depuis longtemps : exploitation, domination, aliénation, discrimination forment un tout, réuni par le modèle capitaliste de production et de distribution des ressources, matérielles comme symboliques. Les contours de celles et ceux que l’on peut rassembler en découlent : exploité-e-s, dominé-e-s, dépossédé-e-s, discriminé-e-s constituent l’univers des classes dites « subalternes ».

      Selon les moments, c’est un aspect ou un autre de la position subalterne qui crée le besoin de relever la tête, de se rassembler et d’agir. Quand le groupe ouvrier était en expansion spectaculaire, on pouvait penser que la question sociale du salariat était celle autour de laquelle tout pouvait se penser et se construire. Cette question n’a pas perdu de son acuité ; mais elle n’est plus la source unique ni même principale de l’engagement. Chaque espace de contestation devrait donc être considéré dans son égale dignité. Dans l’univers pluriel du peuple « sociologique », il n’y a pas de groupe central autour duquel tous les autres pourraient se rassembler. Dans le paysage foisonnant des luttes contemporaines, il est hasardeux d’assigner à chacune sa place dans une hiérarchie immuable.

      Traitant des mouvements réputés « identitaires » ou « minoritaires », Beaud et Noiriel évoquent l’importance de la dialectique du « eux » et du « nous » dans leur fonctionnement mental. Ils en perçoivent les limites ; il est dommage qu’ils n’étendent pas la critique à la totalité des champs de la lutte sociale.
      L’enfermement identitaire ne menace pas que les « minoritaires »…

      Il est vrai que l’affirmation de soi par la différence avec autrui est un facteur premier de conscience commune pour un groupe social. Les historiens savent depuis longtemps que la dynamique du « eux » et « nous » est un marqueur symbolique puissant, qui a fonctionné dans l’histoire ouvrière. Mais on sait aussi que le « eux-nous » a ses limites. La désignation de l’adversaire sous la forme indistincte du « eux » pousse à condamner le responsable et pas toujours la logique sociale qui produit la séparation de l’exploiteur et de l’exploité, du dominant et du dominé, du haut et du bas. Quand la complexification de la vie sociale rend plus difficile la désignation des responsables particuliers, la tentation est grande de désigner du doigt le bouc émissaire, que l’on va chercher du côté du plus familier. Ce sont ces raccourcis qui, couplés à la montée du ressentiment, forment aujourd’hui le socle des dérives autoritaires érodant toute dynamique démocratique. De ce point de vue, la survalorisation du « social » n’est pas une garantie : la défense des « petits » n’est-elle pas un cheval de bataille de l’extrême droite ?

      Plus fondamentalement, le « eux-nous » est opérationnel tant qu’il s’agit de penser un groupe dans sa dynamique spécifique : « nous » les ouvriers, par exemple. Mais il perd de sa force, quand l’enjeu n’est plus la reconnaissance du groupe par ses propres membres, mais par la société tout entière. Alors, l’objectif n’est plus seulement d’exalter une différence, mais de montrer en quoi la dignité reconnue d’une catégorie sociale est une chance pour la société elle-même.

      Dans ce moment-là, y a-t-il un risque d’« enfermement identitaire » ? Incontestablement, oui. Mais ce risque n’est pas propre aux mouvements « racialisés » ou minoritaires ; il peut toucher les mouvements « sociaux », quand bien même ils seraient numériquement dominants. Le mouvement ouvrier n’a pas été épargné par sa propre variante identitaire, cet « ouvriérisme » dont, fort heureusement, le socialisme historique et le communisme français du XXème siècle se sont globalement gardés. Et si l’on considère un mouvement récent, comme celui des Gilets jaunes, il serait bien imprudent d’affirmer qu’il n’a pas été atteint, au moins en partie, par les globalisations dangereuses du « eux » et « nous », du « peuple » et de « l’élite », mêlant ainsi l’exigence juste de démocratie citoyenne active et les rideaux de fumée du « tous pourris ».

      Il est décidément trop commode d’opposer le mouvement pur de toute dérive que serait le mouvement basé sur le « social » et celui qui, parce qu’il ne porterait pas sur le rapport d’exploitation, serait voué à l’enfermement identitaire et à l’éternelle minorité. Tout mouvement critique conscient devrait à la fois cultiver sa spécificité, affirmer sa légitimité et se garder du piège de l’identité. Tout individu a besoin de se définir par ses appartenances ; on court grand risque, néanmoins, à faire de l’une d’entre elles, sociale, religieuse, raciale ou ethnique et culturelle, un absolu qui tracerait une frontière indépassable entre les « identités ». Reconnaître le droit à l’identification n’est pas se soumettre au culte des identités.
      Le clivage du « social » et de « l’identitaire » est un piège

      À l’encontre de la primauté supposée du « social », on affirmera ici une autre piste de réflexion.

      1. Les inégalités et les discriminations forment un tout indissociable. Parce que nos sociétés sont plus polarisées que jamais, elles nourrissent la tentation de légitimer la mise à l’écart : le non-civilisé, le barbare, le sauvage, l’autre, l’étranger, l’immigré, le non-national sont alors les boucs émissaires idéaux. L’incertitude extrême du temps et l’instabilité planétaire exacerbent en outre l’obsession de la protection : nos identités menacées devraient être défendues.

      Lutter contre les inégalités et agir contre les discriminations, sans établir une hiérarchie entre elles, sont deux faces d’un même combat. Tout engagement critique a son versant positif : on se bat contre les inégalités et les discriminations, parce que l’on croit nécessaires et possibles l’égalité et la dignité. Le tracé de frontières entre les luttes est en ce sens une impasse. Un mouvement qui se dresse contre la subordination sociale des individus et des groupes n’est ni « social » ni « sociétal » ni « identitaire » en soi. À un moment ou à un autre, son horizon peut conduire le regard vers une société où l’égalité et la dignité sont réunies par une même logique d’émancipation individuelle et collective.

      Abandonnons les lubies du « fondamental » et du « secondaire ». Chaque lutte contre un effet de l’ordre-désordre social participe à sa façon d’un combat de société : contre un modèle dominant de société, pour une autre conception de ce qui fait société…

      2. On ne lira pas les pages nouvelles du combat émancipateur avec les lunettes du passé et la nostalgie est en cela tout aussi dangereuse que les certitudes faciles de l’oubli. Il ne sert à rien de rêver des identités perdues, de la classe ouvrière abandonnée et du mouvement ouvrier à rebâtir. Le point de départ de la réflexion politique alternative devrait être dans l’observation attentive des mouvements critiques tels qu’ils sont. Or, sur ce point, rien ne serait pire que de délégitimer tel ou tel combat, ou à l’inverse de décerner des brevets de légitimité « anti-système ». Les mobilisations autour du climat, contre les violences faites aux femmes, contre le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie, les mouvements des précaires, les défilés contre les projets de réforme des retraites, les manifestations des Gilet jaunes, les courants anti-consuméristes, les essais d’organisation alternative du travail et de la vie sociale…

      En bref, les traces persistantes du mouvement ouvrier et les pousses nouvelles de la contestation participent du grand rêve de l’émancipation humaine. Ce sont ces mouvements – au pluriel – qui sont le terreau de toute construction future. Que le point de départ du combat « anti-systémique » soit la position sociale, le mal-vivre, la mise à l’écart des femmes, l’angoisse de l’implosion climatique, les valeurs humanistes, la passion altermondialiste, le refus des discriminations ou la peur du fascisme : tout cela importe peu. Seule compte la mise en mouvement…

      3. La juxtaposition des mouvements ne suffit pourtant pas à en faire une force agissante. L’idée grandit, sous bien des appellations (convergence, coordination, fédération, intersectionnalité…) qu’il est nécessaire de passer de l’addition simple à la mise en commun. Des formes de rapprochement se sont esquissées, dans la dernière période, il est vrai pour l’instant à la marge. Mais, en dehors du récit libéral-autoritaire de l’extrême centre et du récit autoritaire et excluant de l’extrême droite, il n’y a pas de grand récit unificateur apte à rassembler une majorité populaire portée vers l’émancipation. Dès lors, les classes populaires apparaissent sous la forme d’une multitude qui lutte, séparément ou pas, contre ce qui la meurtrit ; elles ne constituent pas pour autant un peuple en mesure de maîtriser politiquement son destin. La question est donc posée, en termes nouveaux, du « bloc historique », indissociablement social, politique et symbolique, qui portera l’exigence d’autres modèles sociaux et cela jusque dans les institutions.

      Ce récit et ce bloc n’ont aucune chance d’émerger et de s’imposer, si le préalable est de séparer le bon grain et l’ivraie, le mouvement légitime et celui qui ne l’est pas. Tout mouvement qui se dresse, en totalité ou en partie, contre l’iniquité, la violence et la discrimination produite par le capitalisme dominant mérite d’être pris en considération. Mais aucun mouvement n’est à l’abri d’évolutions qui, à l’arrivée, pourraient contredire l’objectif fondamental d’égalité, de liberté et de solidarité. L’enfermement identitaire est alors tout aussi meurtrier que l’indifférenciation, celle qui place tout combat particulier sous l’égide d’une norme présumée majoritaire.

      La légitimité et la part de risque valent pour chaque composante, et pas pour quelques-unes d’entre elles. Nul ne peut être écarté du grand œuvre ; nul ne doit se croire immunisé a priori de tout errement possible."
      Roger Martelli
      http://www.regards.fr/idees-culture/article/a-propos-de-beaud-et-noiriel-l-enfermement-identitaire-n-est-pas-le-lot-de ...

    • À propos d’un texte de S. Beaud et G. Noiriel : critique des impasses ou impasses d’une critique ?

      Un article de Stéphane Beaud et Gérard Noiriel, publié par Le Monde diplomatique de janvier 2021 sous le titre « Impasses des politiques identitaires », a suscité d’intenses controverses et des appropriations intéressées, notamment de la part de médias (Marianne), d’idéologues (par exemple Laurent Bouvet) ou de collectifs (le Printemps républicain) qui se sont spécialisés depuis longtemps dans la disqualification des mouvements antiracistes au nom de la « République » et de sa sauvegarde.

      Discuter la contribution de S. Beaud et G. Noiriel est nécessaire non seulement en raison des enjeux qu’elle soulève, ainsi que de la grande valeur de leurs travaux respectifs antérieurs[1], mais aussi de leur engagement tenace en faveur d’une science sociale critique des rapports de domination. Or, dans le cas présent, force est d’admettre que, comme on dit, le compte n’y est pas. On se bornera ici à se tenir au plus près de l’article publié pour en discuter la démarche et les présupposés, sans omettre que l’article en question est extrait d’un livre qui vient de paraître, plus précisément de son introduction et de sa conclusion1.

      Quelle est, présentée avec nuance, l’idée directrice de ce texte ? Que les revendications de minorités et des mouvements prétendant en défendre les intérêts (revendications et mouvements hâtivement qualifiés d’ « identitaires ») menacent d’enfermer les acteurs qui les défendent, en les rendant prisonniers de prétendues « politiques identitaires », jamais définies en tant que telles et réduites à un dénominateur commun imaginaire.

      Amalgames

      1. Quels sont les acteurs des « politiques » mises en cause ? Faute de les distinguer, l’article amalgame des chercheurs et universitaires (auxquels est réservé le titre d’« intellectuels »[2]), des organisations et mouvements (jamais clairement identifiés alors qu’ils sont très divers[3]), ou encore des mobilisations et des actions (dont ne sont retenus que des « coups de forces ultraminoritaires »[4]). Cet amalgame permet de construire à peu de frais des « politiques identitaires » globalisées, comme si elles prétendaient toutes à la définition de politiques globales et alors même que la quasi-totalité de celles et ceux qui sont (ou semblent) visés se réclament de l’égalité et non d’une quelconque « identité ».

      On voit d’ailleurs à quel point le pari de S. Beaud et G. Noiriel de se tenir sur un plan purement scientifique ne tient pas, puisqu’ils reprennent, là encore sans discussion, une expression – « identitaire » – extrêmement problématique et qui n’est nullement issue du champ scientifique mais de polémiques médiatiques et politiques. Ainsi parlent-ils de « politiques identitaires », ou dans leur livre de « gauche identitaire » (p. 17), sans s’interroger sur la valeur scientifique d’une telle notion, qui tend à amalgamer des courants qui revendiquent la défense d’une « identité » européenne qu’ils jugent menacée (en l’occurrence des mouvements d’extrême droite, bien souvent néofascistes), d’autres qui utilisent la notion d’« identité » pour critiquer les assignations identitaires, et d’autres encore qui usent d’une rhétorique de l’« identité » dans une perspective de revalorisation symbolique de groupes subalternes. Peut-on véritablement se débarrasser de ces différences d’usages en se contentant d’affirmer que tous « parlent le même langage » ?

      Symptomatique de ce schématisme, S. Beaud et G. Noiriel renvoient dos-à-dos la pétition intitulée « Manifeste pour une République française antiraciste et décolonialisée » diffusée par Mediapart le 3 juillet 2020, et l’« Appel contre la racialisation de la question sociale », initialement publié par Marianne le 26 juillet 2020. Avec cette conséquence : attribuer aux signataires de la première pétition l’objectif de « défendre un projet politique focalisé sur les questions raciales et décoloniales occultant les facteurs sociaux ».

      Ce disant, S. Beaud et G. Noiriel leur prêtent un projet politique global alors que les signataires interviennent ici exclusivement contre l’effacement de l’histoire coloniale et esclavagiste dont témoignent notamment les violences policières (dont les victimes sont très souvent issues de l’immigration postcoloniale). Comment peut-on négliger que nombre de ces signataires interviennent de longue date contre les politiques de classe qui accroissent les inégalités socio-économiques et dégradent les conditions de vie des classes populaires ? Et comment peut-on évoquer une prétendue occultation des facteurs sociaux en laissant ainsi entendre que la question raciale ne relèverait pas de mécanismes sociaux[5] ou ne serait pas une composante de la question sociale ?

      En revanche, S. Beaud et G. Noiriel passent ici sous silence l’universalisme abstrait de l’appel publié par Marianne : un universalisme qui, sous couvert de la proclamation d’une universalité de droits égaux, dissimule les oppressions et occulte des discriminations et ségrégations structurelles que sociologues, économistes ou démographes n’ont pourtant aucune peine à mettre en évidence quand on leur en donne les moyens statistiques[6]. Comme si l’universalité concrète n’était pas encore à conquérir et pouvait l’être sans mobilisations menées à partir de ces situations d’oppression.

      Or cette mise en scène polémique permet à nos auteurs de déplorer, en des termes un tantinet méprisants, une supposée guéguerre entre deux « camps » qui menacerait la position de surplomb d’universitaires défendant l’indépendance de la recherche[7] :

      « Ces affrontements identitaires, où chaque camp mobilise sa petite troupe d’intellectuels, placent les chercheurs qui défendent l’autonomie de leur travail dans une position impossible ».

      Sans nier la tension qui peut exister entre la recherche théorique et l’intervention politique, on voit mal en quoi la mobilisation politique de chercheurs menacerait l’indépendance de leurs recherches, ou comment celle-ci serait garantie par le refus d’intervenir directement dans le débat politique[8].

      Et on ne peut s’empêcher de relever cet étrange paradoxe : publier dans un mensuel journalistique un extrait (discutable) est le type même d’intervention politique que S. Beaud et G. Noiriel récusent, alors que le second, dans une note de son blog, attribue un malentendu au titre choisi par Le Monde diplomatique :

      « Même si le titre qu’a choisi la rédaction du Monde Diplomatique (”Impasses des politiques identitaires”) a pu inciter une partie des lecteurs à penser que notre propos était politique, ce que je regrette pour ma part, il suffit de le lire sérieusement pour comprendre que notre but est justement d’échapper à ce genre de polémiques stériles. ».

      Comme si le « propos » de cet extrait n’avait rien de « politique », même en un sens minimal, dans la mesure où il renvoie à des options politiques et critique d’autres options politiques.

      2. Qu’auraient donc en commun les acteurs qui, à des titres divers, rompent avec l’universalisme abstrait ? S. Beaud et G. Noiriel l’affirment : leur sous-estimation ou leur ignorance des déterminations de classe des discriminations et des oppressions subies par des minorités en raison de telle ou telle origine, couleur de peau et/ou religion.

      C’est évidemment inexact s’agissant des universitaires et chercheurs qui, en France, font plus ou moins référence à l’intersectionnalité sans négliger, bien au contraire, les déterminations de classe. C’est totalement réducteur s’agissant de nombre de militant·es, de mouvements et d’organisations en lutte contre le racisme qui n’ignorent pas que l’oppression raciale s’imbrique avec l’exploitation de classe. C’est unilatéral s’agissant des mobilisations de masse les plus récentes. C’est abusivement simplificateur s’agissant des revendications d’appartenance d’habitants des quartiers populaires, souvent parfaitement conscients de l’existence d’inégalités de classe dont ils sont les victimes ; même si cette conscience s’exprime parfois dans un langage davantage territorial (le « quartier ») qu’économique, cela sans doute en raison même du chômage qui sévit si fortement parmi les jeunes de ces quartiers.

      Raccourcis

      1. Mais d’où vient l’importance prise par les affrontements dont S. Beaud et G. Noiriel dénoncent le simplisme ? D’où viennent, en particulier, face à un universalisme proclamé mais largement démenti, l’adhésion d’inégale intensité de minorités opprimées à des appartenances particulières et leur participation à des mobilisations spécifiques ?

      Une évocation du nouveau monde médiatique est mise au service d’une critique de la prétendue « américanisation du débat public ». Cette critique empruntée sans discernement au bavardage médiatique fait office d’explication de la centralité qu’aurait acquise la dénonciation du racisme dans le débat public, imputable de surcroît à des « émotions ». Alors que la contestation et les mobilisations correspondantes sont, en France, généralement minorées, marginalisées, déformées voire traînées dans la boue dans les grands médias audiovisuels et par la presse de droite (qu’on pense à la marche contre l’islamophobie du 10 novembre 2019 ou des mobilisations contre les violences policières de l’été 2020), S. Beaud et S. Noiriel ne craignent pas d’affirmer :

      « Le racisme étant aujourd’hui l’un des sujets politiques les plus aptes à mobiliser les émotions des citoyens, on comprend pourquoi sa dénonciation occupe une place de plus en plus centrale dans les médias. »

      Quels médias, si l’on excepte la presse indépendante et les « réseaux sociaux » dont l’audience est minoritaire ? Quelle étude empirique, même sommaire, permet à des chercheurs attachés à de telles études d’affirmer cette prétendue centralité de la dénonciation du racisme dans les médias ? Cela d’autant plus que la plupart des travaux scientifiques sur la question des discriminations raciales sont à peu près inconnus de la plupart des journalistes comme des responsables politiques, que les chercheurs·ses travaillant sur ces questions sont rarement sollicité·es par les médias de grande écoute et que cette question est loin d’être au cœur de l’agenda politique.

      Pour ne prendre qu’un exemple, a-t-on jamais vu les inégalités ethno-raciales constituer un point sur lequel on interroge les candidats à l’élection présidentielle au cours des vingt dernières années ? La dimension raciale des violences policières est-elle véritablement discutée dans les médias de grande écoute ? Au contraire, les polémiques médiatisées sont polarisées par une débauche de mots vides ou vidés de tout contenu précis, mais sans cesse ânonnés par lesdits journalistes et responsables politiques : « communautarisme », « séparatisme », « racialisme » ou encore « indigénisme ».

      Ces polémiques médiatisées sont même parvenues à s’emparer de la mobilisation mondiale de l’été 2020 contre les crimes racistes commis par la police et à s’enflammer autour d’un prétendu « racisme anti-blanc ». De même, on a vu un ancien joueur de football, Lilian Thuram, être régulièrement accusé de « racisme anti-blanc » pour avoir pointé des formes de racisme profondément ancrées dans les sociétés européennes. Les associations et les mobilisations les plus incisives sont malmenées, tandis que les « débats vraiment faux » prolifèrent, sans impliquer ni atteindre les premiers concernés.

      C’est pourtant à la médiatisation des « polémiques identitaires dans le débat public » que S. Beaud et G. Noiriel attribuent les revendications d’appartenance d’une partie des jeunes :

      « Étant donné l’importance prise par les polémiques identitaires dans le débat public, il n’est pas surprenant qu’une partie de ces jeunes puissent exprimer leur rejet d’une société qui ne leur fait pas de place en privilégiant les éléments de leur identité personnelle que sont la religion, l’origine ou la race (définie par la couleur de peau). »

      C’est là, à l’évidence, attribuer une importance disproportionnée au « débat public » dans la manière dont les individus se représentent le monde social. Sans doute les catégories produites et diffusées dans l’espace public par ses principaux tenanciers – les porte-voix journalistiques et politiques – ont-elles une influence non-négligeable. La référence aux catégories diffusées dans l’espace public est bien souvent négative et réactive : c’est généralement parce que les musulman·es sont pris·es à partie dans des médias de grande écoute qu’ils ou elles sont amené·es à se revendiquer comme tel·les. Mais, surtout, on peut penser que c’est l’expérience directe des ségrégations ethno-raciales (dans les villes, à l’école ou au travail) par des groupes sociaux qui, généralement, n’ont pas accès aux médias qui est ici déterminante. Elle ne nourrit pas, ou pas seulement, des opinions mal fondées en attente de validation par des chercheurs forts d’une indépendance proclamée.

      2. Cette « explication » par le rôle du débat public est confortée par une autre. S. Beaud et G. Noiriel connaissent fort bien – à la différence des indignés mobilisés par Marianne, Le Point et Valeurs actuelles – les discriminations subies par ces jeunes. Mais quand ils n’affirment pas qu’ils seraient d’autant plus émotifs qu’ils sont livrés à une médiatisation imaginaire, ils attribuent leurs revendications d’appartenance (dont ils présument parfois qu’elles seraient exclusives d’autres appartenances) à des déficits en capital économique et culturel :

      « Malheureusement, les plus démunis d’entre eux sont privés, pour des raisons socio-économiques, des ressources qui leur permettraient de diversifier leurs appartenances et leurs affiliations. ».

      Pourquoi ne pas dire plus clairement que ces « déficits » résultent des discriminations et de multiples mécanismes inégalitaires – où se mêlent une variété de facteurs (de classe, de race, de territoires, de genre, etc.) – qu’ils subissent (et qu’ils connaissent bien souvent) ?

      Les risques d’isolement, voire d’enfermement, existent sans doute, mais ils résultent pour une part essentielle des discriminations elles-mêmes, si bien que lutter contre ces risques passe en premier lieu par une lutte pied à pied contre ces discriminations et contre l’ensemble des mécanismes d’infériorisation sociale subis par celles et ceux qui cumulent le fait d’être issu·es des classes populaires et de l’immigration postcoloniale. Or S. Beaud et G. Noiriel nous offrent, en guise d’analyse de ces risques, une longue citation de Michael Walzer sur des impasses rencontrées par le nationalisme noir des années 1960 aux États-Unis, qu’il étend (sans nuances) au mouvement « Black Lives Matter » pour déplorer l’incapacité à nouer des alliances avec d’autres minorités.

      D’où il résulterait que les risques indéniables d’isolement sont attribués à la minorité concernée, alors que cette longue citation n’évoque même pas l’implacable répression des mouvements noirs par le pouvoir politique états-unien (allant jusqu’au meurtre des principaux dirigeants de ces mouvements) mais aussi les politiques de cooptation des élites noires, notamment au sein du Parti Démocrate. En outre, il est pour le moins audacieux, notamment de la part de chercheurs qui prétendent s’élever au-dessus du sens commun et fonder leurs affirmations sur des enquêtes, de transposer sans plus ample examen l’explication de M. Walzer à la situation française ; d’autant plus que ce dernier ne saurait en aucun cas être considéré comme un spécialiste de ces questions…

      Somme toute, S. Beaud et G. Noiriel inversent les rapports de causes à conséquences, comme si les « politiques identitaires », davantage postulées que constatées (en particulier dans le cas français), résultaient en premier lieu des limites des mobilisations antiracistes elles-mêmes, et non de l’incapacité ou du refus du mouvement syndical et des gauches politiques à s’emparer de revendications et d’aspirations légitimes[9]. Au détour d’une phrase, pourtant, on peut lire :

      « En outre, ces générations sociales ont dû faire face politiquement à l’effondrement des espoirs collectifs portés au XXe siècle par le mouvement ouvrier et communiste. » Quand le fondamental devient surplus…

      Ce qui est décisif en effet, par-delà « l’effondrement des espoirs collectifs », c’est la capacité d’inscrire dans une perspective générale des combats qui menacent de rester morcelés sans que ce morcellement soit imputable aux prétendues « politiques identitaires » : un morcellement qui concerne en réalité toutes les luttes sociales, y compris celles portées par le mouvement ouvrier « traditionnel » et, notamment, par les syndicats. Les appartenances à des minorités opprimées qui se revendiquent et se mobilisent comme telles ne sont pas des substituts ou des dérivatifs par rapport à d’autres appartenances ou mobilisations qui seraient prioritaires. Ce sont les composantes – potentielles et réelles – d’un combat englobant ; mais il ne peut être englobant qu’à condition de les inclure à part entière dans une politique d’émancipation qui reste à inventer.

      *

      (...) http://www.contretemps.eu/beaud-noiriel-race-classe-identite-gauche ....

  • #ShutDownORS : Der ORS Service AG kündigen wegen Gesundheitsgefährdung in der Corona-Pandemie

    Covid a éclaté dans le centre de retour d’#Aarwangen, dans le canton de Berne. La prise en charge minimaliste et l’infrastructure inadéquate de l’ORS Service AG créent un danger pour les personnes hébergées dans le centre de retour.
    „Stop Isolation“, le Migrant Solidarity Network (MSN) et les Jurist.e.s Démocrat.e.s Berne (djb) revendiquent :

    - Hébergement immédiat des personnes du centre de retour d’Aarwangen dans des lieux humains et adaptés à la quarantaine. Les locaux doivent être suffisamment spacieux et les installations sanitaires doivent être suffisantes pour que les règles d’hygiène et de distance puissent être respectées.
    - Accès aux tests pour TOU.TE.S les résident.e.s des centres de retour dans le canton de Berne (y compris le transport vers le centre de test).
    – Accès à des soins médicaux adéquats pour ceux et celles qui sont tombé.e.s malades.
    - Paiement de l’aide d’urgence complète de huit au lieu de quatre francs par jour – également pendant la quarantaine.
    – Réalisation d’une enquête indépendante sur les conditions d’hébergement dans les centres gérés par ORS Service AG dans le canton de Berne.
    - Retrait du mandat d’ORS Service AG pour la gestion des centres de retour dans le canton de Berne.

    Plus d’information : https://migrant-solidarity-network.ch, Actualités
    https://act.campax.org/petitions/shutdownors-der-ors-service-ag-kundigen-wegen-gesundheitsgefahrdung-in-d
    #ORS #pétition #résistance #Suisse #Berne #ORS #privatisation #asile #migrations #réfugiés #logement #hébergement #covid-19 #coronavirus

    –—

    ajouté au fil de discussion sur ORS en Suisse :
    https://seenthis.net/messages/884092

    et à la métaliste sur ORS :
    https://seenthis.net/messages/802341

  • Le défaut du tableau – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/9353
    https://i2.wp.com/imagesociale.fr/wp-content/uploads/Bernie3.jpg?fit=960%2C754

    Un excellent billet de Naomi Klein livre les clés de la vague de remédiations qui a fait de la photo de Bernie Sanders et de ses « mitaines » (en français, plutôt des moufles), insérée dans les environnements les plus improbables, le mème le plus puissant de ces dernières années. Selon l’essayiste, le contraste entre le pompeux protocole de l’investiture du nouveau président et la solitude recroquevillée de son rival malheureux explique le succès explosif d’une image instantanément chargée de projections allégoriques. Ce n’était pas la peine de réunir tant de talents, d’intelligence et de moyens : par sa seule protestation muette, Bernie a envoyé balader tous les flonflons de la cérémonie inaugurale.

    Dans un essai de « mitainologie », Naomi Klein énumère plusieurs oppositions symboliques transformées en autant de messages, comme la résistance au diktat du spectacle d’une paire de gants manifestement dépourvus de toute autre fonction que de tenir chaud ; la contradiction entre la description du sénateur du Vermont sous les traits d’un dangereux idéologue et la paisible robustesse d’un accessoire tricoté main ; ou encore la posture oppositionnelle des bras croisés qui expriment le doute face aux promesses d’unité du successeur de Donald Trump.

    Typique de la culture du web, l’humour involontaire de ce retour au réel faisant tache dans la cérémonie incarne la fonction critique du réseau, le dévoilement par la force du détail de la tricherie des apparences. L’amplification virale agit alors comme une caisse de résonance, selon la structure classique de la dénonciation des ridicules, et expose au grand jour la joyeuse déconstruction des faux-semblants. Que Bernie ait plus de succès que Lady Gaga, les mitaines que les drapeaux, le défaut que le tableau, interroge plus souterrainement la confiance vacillante des peuples dans leurs institutions.

    #Memes #Bernie_Sanders #André_Gunther

  • The Bernie Sanders Meme Proves the Internet Is Resetting | WIRED
    https://www.wired.com/story/bernie-sanders-meme-shift/#intcid=_wired-homepage-right-rail_2a2574f2-aac7-4e19-b884-7f9a4e833eb6_popul

    Wednesday’s inauguration of President Biden and Vice President Harris was full of fashion moments: Lady Gaga’s golden bird, Harris’ pearls, Michelle Obama’s everything. But it was senator Bernie Sanders, decked out in his coat and mittens and holding a manila envelope (and maybe a cashier’s check?), who captured the attention of meme-makers everywhere. Before the swearing in even happened, people were tweeting out images of the senator, commenting on his accessories and give-no-fucks demeanor. By the time the sun set, he was being Photoshopped into all kinds of scenes, from New York City subways to the Iron Throne.

    It was a cultural reset but not in the traditional sense; no one is really thinking about memes, or Bernie Sanders, or even mittens differently now because of this. Instead, it was a realization that, occasionally, during the Biden/Harris administration there will be flip, inconsequential memes about politics. That in the absence of reacting to tweets from President Trump, social media will get to react to something else.

    –-----------

    He Made a Viral Bernie Meme Site. Now He Has to Keep It Going | WIRED
    https://www.wired.com/story/bernie-sanders-meme-street-view-site

    The site gained traction on Twitter slowly at first; friends retweeting, then friends of friends. A few verified accounts joined in. And then, as wonderful and perfectly timed internet creations do, it snowballed.

    “If I had known this was going to be the traffic, I would have made every single decision completely differently,” says Sawhney. “When it blew up I realized that a website is more than just writing the code and putting it on there.”

    In fairness, that the site was thrown together on a whim adds to its charm. It’s not flashy, and it delivers precisely what it promises: pictures of Sanders anywhere in the world that Google’s Street View cars have roamed. To create it, Sawhney simply tapped into the Google Maps API, created a text entry field for queries, and decided where specifically the senator should pop up in the returned location images.

    “Generally the Street View API will give you a relatively similar angle from the sidewalk, unless they couldn’t get that angle,” Sawhney says. “So if I don’t try to change that field of view or the angle, and generally know what Bernie will look like on the sidewalk, it works most of the time.”

    Also the more expensive, from Sawhney’s point of view. Every time someone makes a request on his site, Google charges him a small amount to return the appropriate image. When the visitors are mostly his friends and small Twitter circle, that’s one thing. But throughout the night, his site averaged between 22 and 32 requests per second. By Thursday afternoon, that had spiked to around 70 requests per second. The bill for the API calls alone is closing in on $2,000; the server space required to keep the site functional and online tacks on another several hundred for the month.

    To be clear, Sawhney’s not complaining. “This is an awesome situation to be in,” he says. “It’s been really wild trying to keep this thing going.” Early into the traffic surge, a friend recommended crowdfunding; more than 750 people have contributed to his Buy Me a Coffee page. Heroku has thrown in some monitoring services gratis to help keep things stable. Sawhney says he has enough cash on hand to keep the site alive for another week after this, assuming interest starts to die down. (It’s the internet; it’ll move on soon if it hasn’t already.)

    #Meme #Bernie_Sanders #Google_Map

  • Le défaut du tableau – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/9353
    https://i2.wp.com/imagesociale.fr/wp-content/uploads/Bernie3.jpg?fit=960%2C754

    Dans un essai de « mitainologie », Naomi Klein énumère plusieurs oppositions symboliques transformées en autant de messages, comme la résistance au diktat du spectacle de la modeste utilité de gants manifestement dépourvus de toute autre fonction que de tenir chaud, la contradiction entre la peinture de l’ancien candidat aux primaires sous les traits d’un dangereux idéologue et la paisible robustesse d’un accessoire tricoté main, ou encore la posture oppositionnelle des bras croisés qui expriment le doute face aux promesses d’unité du successeur de Donald Trump.

    • Sans-papiers : une carte d’identité communale à La Chaux-de-Fonds !

      En séance du Conseil général de La Chaux-de-Fonds, la motion du POP « Pour le développement d’un outil d’intégration par le biais d’une carte citoyenne » a été adoptée. Le Conseil communal mettra donc à l’étude l’instauration d’une carte d’identité communale accessible à l’ensemble de la population chauxoise y compris les sans-papiers. Inspirée de la Züri City Card approuvée par l’exécutif de Zürich, et des cartes d’identité universelles mises en place dans certaines villes aux Etats-Unis, la carte se veut être un outil d’intégration et de renforcement du sentiment d’appartenance à la Collectivité. Ainsi, une carte communale chauxoise pourrait se combiner avec d’autres cartes telles que la carte de bibliothèque, celles permettant d’accéder aux installations sportives ou la monnaie locale.
      Outil d’#intégration universel
      La motion vise à établir une carte qui accompagne l’ensemble de la population chauxoise dans ses démarches au quotidien. La carte communale justifierait de son identité lors d’une inscription aux assurances, aux bibliothèques, pour les titres de transport, ou encore les démarches ayant trait au logement. Les villes aux Etats-Unis qui ont mis en place des politiques similaires d’intégration fortes vis à vis des sans-papiers ont fait l’objet d’études statistiques démontrant des impacts très positifs sur la baisse de la criminalité, la santé publique ou encore les finances communales. L’étude menée consécutivement à la motion devra définir et encadrer l’usage de la carte afin qu’elle devienne un document accepté de la manière la plus large possible pour un accès aux droits fondamentaux. Nous en appelons aux organismes publics et privés afin qu’ils reconnaissent ce document.
      Appel à soutiens
      Le POP espère également qu’à l’instar de ce qu’il s’est passé à Zürich, que de nombreuses organisations de la société civile et de nombreux établissements culturels (théâtres, cinémas, musées ...) ou recevant du public (cafés, restaurants ...) organiseront des facilités ou des réductions pour les titulaires de la future carte. Nous espérons que loin de devenir un stigmate réservé à aider la population sans-papiers, la Carte communale sera largement utilisée par la population chauxoise et deviendra un outil de fierté et de valorisation de notre identité urbaine.

      https://www.youtube.com/watch?v=KUtneIDCQfk

    • Communiqué de presse : « Sans-papiers : carte d’identité communale à l’étude » à La Chaux-de-Fonds

      En séance du Conseil général de La Chaux-de-Fonds, la motion du POP « Pour le développement d’un outil d’intégration par le biais d’une carte citoyenne » a été adoptée. Le Conseil communal mettra donc à l’étude l’instauration d’une carte d’identité communale accessible à l’ensemble de la population chauxoise y compris les sans-papiers. Inspirée de la Züri City Card approuvée par l’exécutif de Zürich, et des cartes d’identité universelles mises en place dans certaines villes aux Etats-Unis, la carte se veut être un outil d’intégration et de renforcement du sentiment d’appartenance à la Collectivité. Ainsi, une carte communale chauxoise pourrait se combiner avec d’autres cartes telles que la carte de bibliothèque, celles permettant d’accéder aux installations sportives ou la monnaie locale.

      Outil d’intégration universel

      La motion vise à établir une carte qui accompagne l’ensemble de la population chauxoise dans ses démarches au quotidien. La carte communale justifierait de son identité lors d’une inscription aux assurances, aux bibliothèques, pour les titres de transport, ou encore les démarches ayant trait au logement. Les villes aux Etats-Unis qui ont mis en place des politiques similaires d’intégration fortes vis à vis des sans-papiers ont fait l’objet d’études statistiques démontrant des impacts très positifs sur la baisse de la criminalité, la santé publique ou encore les finances communales. L’étude menée consécutivement à la motion devra définir et encadrer l’usage de la carte afin qu’elle devienne un document accepté de la manière la plus large possible pour un accès aux droits fondamentaux. Nous en appelons aux organismes publics et privés afin qu’ils reconnaissent ce document.

      Appel à soutiens

      Le POP espère également qu’à l’instar de ce qu’il s’est passé à Zürich, que de nombreuses organisations de la société civile et de nombreux établissements culturels (théâtres, cinémas, musées, …) ou recevant du public (cafés, restaurants, …) organiseront des facilités ou des réductions pour les titulaires de la future carte. Nous espérons que loin de devenir un stigmate réservé à aider la population sans-papiers, la Carte communale sera largement utilisée par la population chauxoise et deviendra un outil de fierté et de valorisation de notre identité urbaine.

      Contacts

      Julien Gressot, membre du Conseil général et défenseur de la motion, 079 608 94 86.

      Nicanor Haon, co-rédacteur de la motion, 078 421 93 03.

      https://cdf.pop-ne.ch/communique-de-presse-sans-papiers-carte-didentite-communale-a-letude-a-la

    • La Chaux-de-Fonds étudie une carte d’identité pour les sans-papiers

      Le Conseil général de La Chaux-de-Fonds (NE) a approuvé jeudi soir une motion du POP demandant le développement d’un outil d’intégration par le biais d’une carte citoyenne. Elle serait aussi accessible aux sans-papiers.

      L’instauration d’une carte d’identité communale accessible à l’ensemble de la population de la commune sera ainsi mise à l’étude par l’exécutif, qui a un an pour rendre son rapport.

      « Inspirée de la Züri City Card approuvée par l’exécutif de Zurich, et des cartes d’identité universelles mises en place dans certaines villes aux Etats-Unis, la carte se veut être un outil d’intégration et de renforcement du sentiment d’appartenance à la collectivité », a indiqué le POP vendredi matin.
      Combinée avec d’autres cartes

      Une carte communale pourrait se combiner avec d’autres telles que la carte de bibliothèque ou celles permettant d’accéder aux installations sportives ou la monnaie locale. Elle permettrait de justifier son identité lors d’une inscription aux assurances, aux bibliothèques, pour les titres de transport, ou encore pour les démarches ayant trait au logement.

      Le POP espère que, comme à Zurich, de nombreuses organisations de la société civile et de nombreux établissements culturels (théâtres, cinémas, musées) ou recevant du public (cafés, restaurants) organiseront des facilités ou des réductions pour les titulaires de la future carte. La ville des montagnes neuchâteloises pourrait faire office de pionnière en Suisse romande.
      Eviter la stigmatisation

      « L’idée, c’est que si elle est distribuée largement, ce ne sera pas un stigmate pour la population de sans-papiers. En effet, si une carte n’est distribuée qu’aux sans-papiers, la sortir équivaudrait à dévoiler son statut migratoire et donc à se voir stigmatisé », a expliqué Julien Gressot, conseiller général POP.

      La droite, minoritaire au législatif chaux-de-fonnier, n’a pas réussi à contrer la motion POP hier. Pour elle, cet outil d’intégration s’apparente à des papiers d’identité illégaux. « Nous ne voulons pas donner de faux espoirs aux sans-papier en leur donnant un petit carton ou une petite carte qui leur ferait sembler être des citoyens suisses », argumente Blaise Courvoisier, conseiller général PLR.

      https://www.rts.ch/info/regions/neuchatel/11988682-la-chaux-de-fonds-etudie-une-carte-d-identite-pour-les-sans-papiers.htm

      –—

      Les propos de Blaise Courvoisier (UDC), à partir de la minute 1’38 :

      « Nous ne voulons pas donner de faux espoirs à aux sans-papiers en leur donnant un petit carton ou une petite carte qui leur ferait sembler de devenir des citoyens suisses. La deuxième chose c’est que nous ne voulons pas non plus avoir par ce biais un #appel_d'air et que des sans-papiers qui sont dans d’autres régions de Suisse viennent tous à La Chaux-de-Fonds »

    • La Chaux-de-Fonds : carte d’identité pour sans-papiers à l’étude

      La #motion du POP sera étudiée par l’exécutif. Son but : intégrer les sans-papiers via la création d’une carte citoyenne

      Le Conseil général de La Chaux-de-Fonds a approuvé jeudi soir une motion du POP demandant le développement d’un outil d’intégration par le biais d’une carte citoyenne.

      L’instauration d’une carte d’identité communale accessible à l’ensemble de la population de la commune, y compris les sans-papiers, sera mise à l’étude.

      « Inspirée de la Züri City Card approuvée par l’exécutif de Zurich, et des cartes d’identité universelles mises en place dans certaines villes aux Etats-Unis, la carte se veut être un outil d’intégration et de renforcement du sentiment d’appartenance à la collectivité », a indiqué le POP vendredi matin.

      Une carte communale pourrait se combiner avec d’autres telles que la carte de bibliothèque ou celles permettant d’accéder aux installations sportives ou la monnaie locale. Elle permettrait de justifier son identité lors d’une inscription aux assurances, aux bibliothèques, pour les titres de transport, ou encore pour les démarches ayant trait au logement.

      Le POP espère que, comme à Zurich, de nombreuses organisations de la société civile et de nombreux établissements culturels (théâtres, cinémas, musées) ou recevant du public (cafés, restaurants) organiseront des facilités ou des réductions pour les titulaires de la future carte.

      https://www.rtn.ch/rtn/Actualite/Region/20210219-La-Chaux-de-Fonds-carte-d-identite-pour-sans-papiers-a-l-etude.html

    • Les sans-papiers auront leur carte d’identité à La Chaux-de-Fonds

      Les sans-papiers de La Chaux-de-Fonds pourraient bien recevoir une carte de citoyenneté communale. Jeudi soir, le législatif de la métropole horlogère a accepté une motion du Parti ouvrier populaire (POP) en ce sens.

      Comme partout en Suisse, les quelque 75 à 200 sans-papiers de La Chaux-de-Fonds craignent souvent de s’exposer à un renvoi au moment de décliner leur identité. Pour facilité leur accès aux soins, aux services communaux, mais aussi au logement ou à un compte bancaire, le Parti ouvrier populaire (POP) demandait, comme l’avait annoncé Le Temps mercredi, la création d’une « carte citoyenne » pour tous les habitants de la métropole horlogère. Soutenue par toute la gauche et les vert’libéraux, sa motion a été acceptée jeudi soir par le Conseil général (législatif) : 25 oui, 11 non et 4 abstentions.

      « C’est un premier pas pour améliorer un peu le sort des sans-papiers, qui vivent des situations impossibles », commente Julien Gressot, chef du groupe POP. Favorable à l’initiative, le Conseil communal (exécutif), à majorité de gauche comme le législatif, a une année pour présenter une étude de faisabilité. « Seul bémol, il faudra voir comment intégrer des banques et des gérances dans la démarche », nuance Théo Bregnard (POP), édile chargé de l’intégration.
      « Trop cher »

      Outre l’Union démocratique du centre (UDC), une majorité du Parti libéral-radical (PLR) s’est opposée à la proposition. « Ce louable projet nous semble trop cher en temps et en argent, sachant qu’il est destiné à quelque 100 habitants sur 40 000 », résume Alain Vaucher, chef de file PLR.

      Si ledit projet aboutit, ce serait une première en Suisse romande, voire en Suisse. En Suisse alémanique, l’exécutif de la ville de Zurich souhaite introduire une « Züri City Card » dans le même but d’ici quatre ans. Le législatif, à majorité de gauche, doit encore se prononcer.

      https://www.letemps.ch/suisse/sanspapiers-auront-carte-didentite-chauxdefonds

  • L’enfant interdit - Comment la pédophilie est devenue scandaleuse | Pierre #Verdrager
    https://www.armand-colin.com/lenfant-interdit-comment-la-pedophilie-est-devenue-scandaleuse-9782200

    « (...) dans certaines sociétés, ce que nous appellerions des actes pédophile sont acceptés comme des actes naturels de la vie sociale » in Tom o’caroll paedophilia, p.38. Les sciences sociales dans leur ensemble n’ont cessé d’encourager ce type de raisonnement. Le schéma inférentiel qui sous-tend cette analyse est le même que celui des analyses de la sociologie critique qui tentent de rendre fragile l’état des choses en faisant référence à d’autres cieux, reprenant par là des arguments relativistes qui sont formulés depuis des siècles, lesquels déduisent de la variation des normes leur arbitraire. La démarche des sciences sociales critiques, qui font rimer variation et arbitraire et souhaitent mettre en évidence le caractère contingent d’éléments qui ne seraient que « naturalisés » parce que préalablement « intériorisés », fut donc fortement mise à contribution [pour défendre la pédophilie]. (...) Les défenseurs de la pédophilie furent des gens qui culturalisaient à tout bout de champ comme le font les professionnels (...) dans Gai Pied , on développe une passion pour les peuples primitifs (...) « près des Asmats, vivent les Marins Anim dont parle Van Baal dans son livre intitulé Dema (...) ils croient à la sodomie comme étant la seule voie possible pour l’enfant de devenir un homme. (...) » [ et Verdrager de donner d’autres exemples de ce « relativisme pédophile »].
    En indexant la variation des attitudes sur celle des latitudes, l’utilisation de l’argument anthropologique visait à rendre contingent et arbitraire le rejet de la pédophilie ayant cours en Occident. Et comme toujours, rendre contingent et arbitraire une pratique sur le plan sémantique aboutit à la rendre vulnérable à la déconstruction sur le plan pragmatique : la dynamique appelle la dynamite.

    (p56-57)

    #pédophilie #relativisme #argumentaire_pédophile

    • même type d’argumentaire là :

      L’enfance est une invention récente.

      Les caractéristiques qu’on lui attribue (innocence, vulnérabilité, dépendance, etc.) sont le produit d’une construction sociale. Les attentions spéciales, la « protection », le « respect » dont les enfants sont l’objet, ainsi que les institutions créées pour eux (l’école en particulier) servent avant tout à les tenir sous tutelle, à les priver de tout pouvoir sur leur vie, à les enfermer dans leur rôle, à les... infantiliser.

      En réexhumant ce texte qui, pour la première fois sans doute, étendait aux enfants l’analyse des mécanismes de domination, nous espérons bien contribuer à donner des outils de lutte à tous ceux, toutes celles -et particulièrement aux mineur-es- qui jugent que la « condition de l’enfance » est inaceptable.

      http://www.tahin-party.org/firestone.html

      peut-être avec de nouvelles visées émancipatrices qui m’échappent, où le sexe avec des enfants est estimé à sa juste dangerosité...

      Je n’ai jamais réussi à lire la domination adulte , notamment parce l’auteur repartait de schérer, comme s’il n’y avait que les penseurs pédophiles pour nous mettre sur la voie de... je ne sais pas trop quoi à vrai dire... parce que pour moi les enfants, depuis 50 ans, ont gagné énormément d’espace, de liberté, de respect... Je ne dirais pas que c’est la teuf, mais ces mouvements qui n’en finissent plus de reprendre l’argumentaire pédophile, en citant duvert, schérer et hocquenghem, comme encore une fois l’ultime libération... alors que les types ont causé des dégâts colossaux...

      L’enfant, en tant que catégorie socialement construite, (...)

      http://www.trounoir.org/?Lire-Hocquenghem-II-L-Education-antisexuelle

      #constructivisme #fabrique #fabrication #déconstruction

    • Toujours dans le chapitre sur la rationalisation de la pédophilie, sa tentative de légitimation par les sciences :

      #Réné_Schérer se référa à la biologie pour défendre l’idée que la puberté démarrait non pas à l’âge de quinze ans mais bien plus tôt, à six ans. Et si Schérer préférait défendre la pédophilie en affirmant la rareté de la pénétration, à Homophonies on a fait appel à des médecins pour certifier que la sodomie des enfants n’était pas un problème.

    • épistémologie bachelardienne va comme un gant à l’argumentaire pédophile (...) être favorable à la pédophilie c’est être du côté de la raison raisonnable et non de la pulsion incontrolée, du côté du petit nombre qui comprend et non de la grande masse qui s’égare, du côté de ceux qui pensent et non de ceux qui sont pensés.

    • La psychanalyse était puissante à un point qu’on a du mal à imaginer aujourd’hui. Omniprésente. Offrit un cadre d’analyse inespéré et réputé scientifique : si la société rejetait la pédophilie c’était qu’elle « résistait » à la sexualité infantile et parce qu’elle était mue par des « tabous ».

    • #élisabeth_badinter, dans son livre L’amour en plus : vise à #dénaturaliser l’amour maternel. En observant les variations du sentiment maternel à travers les âges, elle en conclut au caractère contingent de celui-ci. La conséquence pragmatique d’un tel constat consistait à libérer les femmes d’un amour auquel elles ne sentaient pas nécessairement vouées. Gérard Bach-Ignasse rapportait ainsi que dans dans sa plaidoirie pour la défense de Claude Sigala dans l’affaire du #Coral, son avocat fit référence à Badinter pour considérer des attouchements sexuels comme étant parfaitement anodins (...) chez #gai_pied et au #petit_gredin, cette référence fut également sollicitée : si l’amour maternel était historique et socialement contingent, alors il était arbitraire et n’était pas inévitable. Mutatis mutandis , on appliqua le même raisonnement à la pédophilie (...) cette inférence pouvait être facilitée par le fait que l’auteure défendait un sens très extensif de la pédophilie, puisqu’elle la voyait en toute mère : "je suis vraiment convaincue, affirmait-elle en 1993, qu’il y en a chez toute mère et cela me semble parfaitement naturel. Dans une publicité pour couche culottes, on voit cette images d’une extrême sensualité qui montre un petit bébé sur le ventre et s’approchant de ses fesses, une superbe bouche de femme avec du rouge à lèvres. Il me semble aberrant de hurler à la perversion lorsqu’il y a semblable situation entre un père et ses enfants.

    • Autre grande référence #Philipe_Ariès, l’enfant et la vie familiale sous l’ancien Régime , (...) qui visait à mettre en évidence une triple variation de la notion d’enfance.
      La première, ontologique. Selon l’auteur le « sentiment de l’enfance » (notion reprise par #Vigarello dans son travail sur le viol) n’a pas toujours existé. Il varie avec le temps. le moyen âge ne connaissaient pas ce sentiment. L’enfance aurait donc fait l’objet d’une découverte (...) Il y avait une symétrie,et non un hiatus, entre enfants et adulte.
      Deuxième variation axiologique : la haute valeur de l’enfance serait tardive elle aussi. Il citait Montaigne, qui affirmait avoir perdu « deux ou trois enfants » (...) Troisième variation : sexuelle. L’idée de l’enfant comme être sexué : c’est la psychanalyse qui l’apporterait. Elle aurait été inconnue avant. C’est la raison pour laquelle les adultes n’hésitaient pas à jouer avec le sexe des enfants (...) Paradoxalement, ce qui permettait ces jeux sexuels, était la putative asexualité infantile (...)
      Les théories constructionnistes dans le domaine du sentiment connaissaient un considérable succès dans les années 1980. La thèse de George Duby selon laquelle l’amour était une invention de l’Europe du XIIé siècle rencontrait un large écho et était relayée par la presse gaie. (...)
      Le propos d’Ariès fut tout à fait stratégiques pour les défenseurs de la pédophilie et c’est la raison pour laquelle il fut parfois mobilisé pour dénoncer le caractère réactionnaire, puritain ou rétrograde des normes de conduite proscrivant tout contact sexuel entre adultes et enfants. (...)

    • #Schérer : a soutenu le combat pédophile toute sa vie (...) Incursions dans l’histoire du droit (...) âge de la majorité sexuelle n’est pas éternel et a effectivement varié (...) Reprend argument de #Jean-Jacques_Passay, qui avait retracé l’histoire du droit des mineurs relativement au sexe dans le numéro « #fou_d'enfance » de la revue #Recherches, ou de #Jacques_Girard : l’apparition et le déplacement du seuil s’expliquaient par l’essor de la bourgeoisie puritaine, mouvement que devait amplifier le régime de Vichy. L’apparition et les variations de cet âge de consentement manifestait selon lui l’arbitraire de ce seuil. D’où sa dénonciation sur un mode historico-constructionniste qui fait dériver de la variation des normes leur aberration : sa sémantique historique était une pragmatique politique. S’il faisait l’histoire du droit, c’était pour tenter de conquérir le droit de faire ou plutôt de défaire, l’histoire.

      Autre argument : variation de l’âge de la puberté, selon les personnes et selon les époques (...)

      Rejetait la pédérastie pédagogique, car vectrice d’asymétrie. Pour lui « le pédophile (...) traite l’enfant qu’il désire ou qu’il aime (...) comme un véritable partenaire sexuel ». Schérer considérait que la famille était un lieu clos qui avait besoin d’un tiers. Elle contribuaient à la « fétichisation » de l’enfance. Par cette « mise en croyance », il désignait pragmatiquement deux groupes : ceux qui « croient » au fétiche, qui fait d’eux des croyants crédules, et ceux qui « savent » que l’enfant n’est pas sacré (...) Pour lui, la violence liée à la pédophilie était largement imputable aux peurs des représailles et non à la pédophilie en elle-même. Elle était non pas substantielle mais relationnelle. (...)

    • #Michel_Foucault : 1978 « la loi de la pudeur » Michel Foucault : « aller supposer que du moment qu’il est un enfant, on ne peut pas expliquer ce qu’il en est, que du moment qu’il est un enfant, il ne peut pas être consentant, il y a là deux abus qui sont intolérables, inacceptables ».

      La menace pesant sur la pédophilie lui paraissait viser la société tout entière : « autrefois les lois interdisaient un certain nombre d’actes (...) on condamnait des formes de conduite. Maintenant, ce qu’on est en train de définir, et ce qui, par conséquent, va se trouver fondé par l’intervention et de la loi et du juge et du médecin, ce sont des individus dangereux. On va avoir une société de dangers, avec d’un côté ceux qui sont mis en danger, et d’un autre côté ceux qui sont porteurs de danger. Et la sexualité ne sera plus une conduite avec certaines interdictions précises ; mais la sexualité, ça va devenir cette menace dans toutes les relations sociales, dans tous les rapports d’âges, dans tous les rapports des individus. C’est là sur cette ombre, sur ce fantôme, sur cette peur que le pouvoir essaiera d’avoir prise par une législation apparement généreuse et en tout cas générale » (in la loi de la pudeur ).

      Si Foucault propulsait son discours à de si hauts niveaux de généralité (...) ce n’est pas seulement parce qu’il jugeait les grands problèmes comme seuls véritablement dignes de lui, mais c’était aussi parce qu’il s’agissait d’enrôler un maximum d’acteurs dans la cause pédophile. Si la pédophilie ne concernait pas seulement les pédophiles mais tout un chacun, alors il convenait d’adopter un style prophétique impressionnant où « tout le monde » pouvait se sentir concerné.

    • Une partie de la gauche libertaire considère que l’abolition du statut de mineur permettrait de répondre aux violences sexuelles âgistes. Le raisonnement un peu résumé consiste à dire que sans catégorisation adulte-enfant, non seulement on facilite la « puissance d’agir » des jeunes mais en plus on expulse la notion de pédophilie et d’inceste, pour encourager la liberté dans les rapports amoureux et sexuels contre la morale puritaine, familialiste, âgiste. Qu’en pensez-vous ?

      D.D. – C’est un raisonnement qu’il est très difficile de contrer, les pro-pédophiles contestant tous les arguments en brandissant la responsabilité délétère de la morale sociale opposée à la libéralisation de la sexualité avec des enfants. Ce discours pro-pédophilie a coûté la vie à des tas d’adultes, anciens enfants ‘partenaires’ sexuels de pédophiles et qui n’ont pas supporté l’expérience dépersonnalisante et déshumanisante d’être un objet sexuel. Il faut être très clair à ce sujet : ni en France, ni ailleurs, je n’ai jamais lu, jamais entendu, jamais rencontré quelqu’un qui pouvait témoigner que la sexualité qu’il avait vécu enfant était sans conséquence néfaste sur sa vie adulte. Les bibliothèques sont pleines de témoignages allant dans le sens radicalement contraire. Même les enfants ayant grandi dans les années soixante-dix dans des milieux sociaux libertaires et intellectuellement favorables à la pédophilie témoignent de l’horreur rétrospective d’être le « partenaire » sexuel d’un adulte. Les pro-pédophiles sont de mauvaise foi et mentent ; il faut garder cela en tête.

      https://christinedelphy.wordpress.com/2021/01/11/viol-incestueux-et-on-ose-encore-dire-que-nous-ne-savions

    • bon on dira que je n’ai pas de vie, mais je vous explique le projet vite fait : j’ai lu ce livre et j’en recopie des passages pour m’en, peut-être, servir plus tard. Me dis que ça peut aussi être utile à d’autres (et c’est cool de savoir que je suis pas seul à lire ces merdes ha !)

      Donc la suite :

      DE LA PÉDOPHILIE CONSIDÉRÉE COMME UN DES BEAUX-ARTS

      Je la fait courte, d’aucuns font du chantage à l’avenir (ne pas louper l’art qui sera considéré important demain).

      Fameuse Pétition de matzneff

      ("si une fille de 13 ans à droit à la pilule, c’est pour quoi faire ?")

      Soit dit en passant, violence dans le ton qui me rappelle celle de ginsberg revendiquant son droit aux petits garçons. cf : https://seenthis.net/messages/885607]

      Tony Duvert fut très à la mode et constituait même l’incarnation de ce qui, alors, était dans le vent. Son nom apparu dans La Distinction de Bourdieu dans les propos d’un « jeune cadre qui sait vivre » comme symbole même des livres « un peu stimulants ». (...)

      Alors ça, je paye une bouteille à celle ou celui qui la retrouve :

      La brochure destinée à la jeunesse éditée en 1982 par le ministère de la Jeunesse et des Sports intitulé J’aime, je m’informe qui recommandait la lecture du Bon Sexe illustré, [de Tony duvert] texte vantant les mérites de la pédophilie et argumentant en sa faveur.

      Ce #pedoland_total.

    • LA POLITISATION DE LA PÉDOPHILIE

      Les mouvement pédophiles visaient la collectivisation de leur cause, d’une part en agrégeant les pédophiles entre eux et , d’autre part, en s’adressant au reste de la société, tant sur le plan national qu’international. (...) Ceux qui formèrent des collectifs pédophiles savaient bien que, pour compter, il fallait d’abord se compter car dans ce domaine, le qualitatif - que peut-on faire ?- était fortement lié au quantitatif - combien sommes nous ?

    • En France, c’est le GRED, qui, à partir de 1979 tenta d’imposer l’idée que la question de la défense de la pédophilie relevait de la politique. Ce groupe succéda aux éphémères FLIP, le Front de libération des pédophiles et FRED, le front d’action de recherche pour une enfance différente, mouvement qui ont vu le jour en 1977 pour s’éteindre aussitôt.
      (...)

    • Les difficultés étaient essentiellement liées à la redéfinition du pédophile non plus en tant que coupable d’abus, mais en tant que victime d’une législation « rétrograde ». La victimisation du pédophile se heurta à d’importantes difficultés car la place de la victime dans la relation pédophile était déjà occupée par l’enfant. La victimisation du pédophile, pour réussir, devait donc opérer une redéfinition de la place de l’enfant au sein de cette relation. Cela n’était pas une mince affaire, mais parut « jouable » aux acteurs de l’époque.
      Dans un tel cadre, les publications eurent un rôle très important (...) l’écrit donne du pouvoir (...)
      Au cours des années 1970 et 1980, toute une série publications appartenant peu ou prou à la mouvance pédophile fit son apparition. Backside vit le jour en 1981, pour quelques numéros. Revue de poésie dirigé par #Harold_Giroux qui avait pour sous-titre « écritures-sexualités » elle était pour l’essentiel consacré à des textes érotique illustrés de photo d’enfant nus (...)
      #Bernard_Alapetite fit paraître Beach boy (...) #Jean_Manuel_Vuillaume fonda quant à lui Palestra , (...)il publia de 1984 à 1990 une revue érotique Jean’s (...) qui comportait très peu de textes. Lorsque texte il y avait, il s’agissait le plus souvent de topos d’allure savant, que pouvait réhausser, ça et là, des allusions à Nietzsche, Derrida ou #Barthes, lequel avait été le directeur de thèse de #Vuillaume. La revue qui parle toujours d’"adolescents", faisait une grande place aux enfant prépubères dénudés (...) Vuillaume publia également la revue P’tit Loup entre 1985 et 1990 (...) spécialisée dans les tout jeunes enfants - presque tous impubères, entre cinq et dix ans pour la plupart - et comportait de nombreuse photos de nus. Les photos était parfois assorties de l’expression « bon appétit ». (...)

    • SYMÉTRISATION ADULTES/ENFANTS

      Ceux qui ont tenté d’établir la légitimité de la relation pédophile ont fréquemment fait reposer leur argumentation sur une exigence de symétrie visant à combler l’écart entre l’enfant et l’adulte. C’est la résorption des différentiels entre adulte et enfants qui semblait, pour certains, être la manoeuvre la plus à même de rendre la pédophilie acceptable (...)

    • (...) blocage du sujet au stade infantile se projetant dans l’objet infantile (...) rapprocher l’enfant de l’adulte (...) hypothèse : tout être possède toujours son âme d’enfant. Cette diminution du caractère adulte de l’adulte avait pour viser de le rapprocher de l’enfant.(...)

    • #Symétrisation cognitive : #Tony_Duvert a « fait l’amour avec des gamins parce qu’ils le voulaient bien ; ça ne les embêtait pas » (...) on sollicitait la parole de l’enfant en exigeant qu’on la prenne au sérieux. Symétrisation ontologique : référence à la notion de « personne ». L’#enfant, tout comme l’#adulte était une personne et devait à ce titre (...) avoir « droit » à la sexualité. (...) C’est la raison pour laquelle certains ont considéré que le pédophile était d’un intérêt supérieur au père de famille. Il était le seul à savoir considérer l’enfant comme « embryon de citoyen » et non comme un subordonné. Symétrisation actantielle : il arrive en effet que ce soient les enfants et non les adultes qui prennent une initiative de type sexuel car, selon Tony Duvert « les #gamins aiment faire l’amour comme on se mouche » (...) Pour les #pédophiles il s’agissait non pas de condamner ce « #consentement », mais de le « prendre au sérieux ». #Dominique_Fernandez, tout en estimant qu’il aurait pu « très bien être pédophile », regrettait qu’il y ait « cette erreur de ne pas vouloir savoir que l’enfant a une #sexualité très débordante, folle ». #André_Baudry, de même, défendait l’idée que les « #adolescents » étaient bien souvent à l’initiative des relation sexuelles avec des adultes (...) #Frits_Bernard, quant à lui, considérait que son roman pédophile Costa Brava présentait de l’intérêt dans la mesure où il fournissait le récit d’une telle symétrisation : l’enfant et non l’adulte, était le moteur dans la relation érotique. [pareil pour ] #Tom_O'Caroll.

      Cette thèse fut défendue par certains médecins au cours des années 80. En 1985, #Michèle_Eilstein, dans sa thèse de doctorat de médecine :

      "le mouvement de détournement qu’implique la séduction se retrouve (...) au sein de la relation pédophilique (...) on parle alors de « détournement de mineur ». Mais ne peut-on pas retourner la proposition dans l’autre sens (...) Est-ce que (...) l’enfant ne peut pas devenir celui qui détourne l’adulte de sa sexualité d’adulte ?" (...) Si l’enfant se soumet effectivement à la règle de cette relation duelle, il n’en reste pas moins vrai qu’il conserve la maîtrise du jeu et ce pour deux raison essentielles. La première est en rapport avec l’interdit, l’enfant sait qu’il ne risque rien, alors que l’adulte a tout à perdre dans cette relation. Ainsi, fort de sa parfaite #innocence l’enfant garde la liberté d’interrompre le jeu selon son désir. La deuxième raison tient à la différence de sexualité qui existe entre l’enfant et l’adulte. En effet, ici l’adulte joue avec sa sexualité d’adulte dans laquelle réside une ascension du désir qu’il ne peut arrêter quand il veut. L’enfant, qui lui ne ressent pas ce désir croissant de l’autre mais est simplement satisfait par l’idée même du jeu, possède donc là encore une #emprise sur l’adulte."(...) dans notre société l’enfant (...) a une place privilégiée de « victime innocente » (...) d’autre part les dénonciation calomnieuses faites par des enfants ne sont pas rares (..) il faut savoir se poser la difficile question des limites de son innocence et de sa pureté, venant constituer une véritable forteresse imprenable".

      allez #victime_innocente comme scandale par rapport à la bonne vieille #victime_coupable, on est pas à ça près hein...

    • Ces gestes de symétrisation était encouragés dans les années 70 par les mouvements de #fugues_de_mineurs qui faisaient l’objet d’une importante couverture médiatique (...) on parlait désormais de « #mineurs_en_lutte » dans la presse. Certains furent accueillis à #Vincennes ; Ces enfants affirmaient vouloir « disposer de leur corps et de leur tête ». On parla même à Marseille d’un « mouvement de libération des enfants » par des enfants eux-mêmes (...)

      Symétrisation amoureuse (...) défendue jusqu’en 1997, par exemple dans la revue de #Phillipe_Solers, où l’on publia plusieurs textes qui défendirent l’idée d’une possible symétrie dans ce domaine, comme ceux de #Bertrand_Boulin ou de #René_de_Ceccatty.

    • Pour Je m’aime, je m’informe :
      • un article de Robert Salé, du Monde du 18/06/1984 où, juste avant le #paywall :
      « J’aime, je m’informe »
      https://www.lemonde.fr/archives/article/1984/06/18/j-aime-je-m-informe_3025363_1819218.html

      À la fin de la brochure, le lecteur était renvoyé à neuf ouvrages, parmi lesquels le Bon Sexe illustré, de Tony Duvert et l’Amour, c’est pas triste, de Jane Cousins. Ce n’est pas le genre de livres qu’on conseille généralement aux fiancés catholiques. Toutes les formes de relations sexuelles y sont plus ou moins justifiées, y compris l’inceste et la pédophilie.

      • sinon, aux milieux de beaucoup d’autres documents, la brochure a été déposée le 9 octobre 1985 aux Archives Nationales à Pierrefitte-sur-Seine par le cabinet du Ministre de la Jeunesse et des Sports …
      https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/pdfIR.action?irId=FRAN_IR_014364

    • #paywall de l’article du monde signalé par @simplicissimus
      C’est intéressant de voir que les références ont certainement été ajoutées infine. Du coup, le travail du Planning familial sur la contraception et les termes clairs pour son usage sont anéantis. De ce que j’observe et lis c’est tout à fait la façon d’agir des pro-viols d’enfants et des pédocriminels, parasiter le discours de libération de la sexualité.
      #stratégie_de_perversion

    • Tout son univers [de Matzneff] respire pourtant la droite extrême depuis ses auteurs admirés (de #Montherlant (...) à #Julius_Evola) ses fréquentations ou ses amis (#Alain_de_Benoist (...) mais aussi #Pierre_Boutang, #Ghislain_de_Diesbach, Pierre #Gripari, #François_d'Orcival, #Roger_Peyrefitte, #Lucien_Rebatet, #Michel_de_Saint_Pierre, ¨#Phillipe_de_Saint_Robert etc.) jusqu’à sa pensée dans laquelle les valeurs aristocratiques, que manifeste le vif rejet de la gauche ou la récurrence des injures adressées aux gens ordinaires, la misogynie ou l’admiration des chefs, ont une place centrale.

    • si les relations asymétrique plaisent aux pédophiles d’extrême droite, c’est avant tout parce que , dans cet univers, on y prise sans doute comme nulle part ailleurs l’autorité, les rapports de domination clairs, les structures hiérarchiques incontestées, comme dans l’armée, où se distribue nettement petits et grands , dominés et dominants, esclaves et maîtres, serviteurs et chefs, masses et élites (...)

    • Les uns [d’extrême droite] et les autres [pédophiles] adoptaient un vocabulaire qui accorde à la singularité une large place : ils se revendiquaient « non conformiste », « dérangeants », et « politiquement incorrects » (...)

    • EXPLICATION DES REJETS DE LA PÉDOPHILIE

      Sociologisation

      Le rejet de la pédophilie s’expliquerait non pas parce qu’elle serait intrinsèquement mauvaise mais parce qu’elle serait l’objet d’un rejet inadéquat (...) les pédophiles n’ont pas eut leur pareil pour sociologiser le rejet dont ils ont fait l’objet. Ainsi au Petit Gredin , on fit référence à une citation du #Marquis_de_Sade qui affirmait que « ce n’est point [sa] façon de penser qui fait [son]malheur, c’est celle des autres ». (...)

      Le psychologue et militant pédophile #Fritz_Bernard considérait que lorsqu’on interroge les enfants qui ont été en contact sexuel avec des adultes, « aucun ne parle d’expérience traumatisante, c’est plutôt le contraire. Ce ne sont pas les actes en eux-mêmes, généralement caresses et masturbation, qui engendrent des problèmes ou des conflits, mais plutôt (...) l’attitude négative de la société qui engendre le traumatisme chez l’enfant »

      (...) #Claude_Sigala (...) « le problème ne vient pas de l’individu [mais] de la norme, du social ». (...) #Sociologisation du rejet fut une ressource cardinale (...)

    • Discréditation et pathologisation

      (..) Profonde « crédulité » de la société s’exprimerait dans la « croyance » en ces « personnages » ou « figures » de fiction que sont le « pédophile monstre » ou « l’enfant pur » (...) L’écrivain #Michel_Tournier regrettait (...) que l’enfant soit depuis Victor Hugo assimilé à un saint. « L’enfant c’est #sacré » se désolait-on de même à #Gai_Pied (...) on ricanait dans la revue de #Phillipe_Solers de l’enfant contemporain, vu comme un « petit jésus mâtiné de litte Bouddha ».

    • Dans les années 70 et 80, on s’affrontait de façon vive afin de répondre à la question suviante : qui est malade ? était-ce les pédophiles qui avaient une sexualité aussi pathologique que pathogène, ou bien « la société » qui, en les pourchassant, manifestait une attitude pathologique ? (...)

      Est-ce que c’étaient les pédophiles qui devaient entamer une psychothérapie pour admettre, par exemple, leur immaturité psycho-sexuelle ou bien était-ce la société qui devait douter de son « #hystérie » et de sa « panique ». On le voit la référence à la #panique est un acte de guerre. Dire de l’autre qu’il ne se maîtrise pas - qu’il est « hystérique » ou « en panique »- a pour effet en retour de laisser penser que celui qui énonce un tel diagnostic contrôle, lui, ses émotions et donc, la situation. (...) Bref, il s’est agi de répondre à la question suivante : qui donc devait aller consulter ?

    • les défenseurs de la pédophilie ont fait l’hypothèse d’une « phobie » antipédophile, d’une « pédophobie »(...) cette hystérie faisait par exemple qu’on n’était jamais sensible à la dimension positive que pourrait avoir la prostitution infantile.
      (...)

    • #Edward_Brongersma opéra ce double mouvement de pathologisation du normal et de normalisation du pathologique en prenant appui sur l’expertise du docteur #Sigusch, professeur de #sexologie, lequel considérait "les adultes qui seraient dépourvus du désir d’avoir des relations sexuelles avec un enfant comme des « figures problématiques ». (...)

      dans la revue Recherches de #Felix_Guattari, on est même allé jusqu’à affirmer qu’il « n’y a pas un homme de quarante ans, qui n’aurait envie, en voyant nu un garçon de quatorze ans, de l’enculer ». Or comme notre société serait « pathologiquement meurtrière », elle opprimerait ce mouvement naturel.

      On s’attendait donc à une dépathologisation de la pédophilie. De même que l’homosexualité avait été sortie en 1973 du (...) #DSM.

    • Mauvaise presse

      Le fait que TF1 — la chaîne de télévision la plus regardée de France qui cristallise tout ce qu’un penseur digne de ce nom peut mépriser — s’empare à ce point de l’affaire Dutroux ne suffisait-il pas à prouver qu’il s’agissait d’une bien mauvaise cause, et ce d’autant plus qu’elle laissait de côté les petits africains en privilégiant les enfants blanc d’Occident ? ( #Annie_Ernaux in L’infini , p62)

    • Pédagogisation

      [Non pas manque de contrôle sexuel des pédophiles mais manque d’information du grand public.]

      La réduction au cognitif était une arme redoutable en ce sens qu’elle plongeait simultanément celui qu’elle visait dans les abîmes de la subjectivité à mesure qu’elle hissait celui qui l’opérait dans les hauteurs de l’objectivité. Les problèmes était donc liés non pas à l’essence de la pédophilie mais à méconnaissance.

      (...)

      Comme « les lois des pays occidentaux montrent une variation incroyable dans la fixation de l’âge du consentement » affirmait le sénateur hollandais pro-pédophile #Edward_Brongersma, cela était censé fournir la « preuve évidente de la maladresse et de l’arbitraire des législateurs confrontés avec un sujet dont ils ne savaient rien ».

      (...)

      Dans un tel contexte, caractérisé, selon #Roger_Peyrefitte, « à la fois [par] un manque d’intelligence et un manque de culture » les associations pédophiles pouvaient prétendre (...) à un rôle important d’information et de démystification.

      (...)

      L’usage du terme « #tabou » (...) rappelle que ce ne sont pas de simples instruments de description classificatoire mais bien des armes pragmatiques dont le but est de transformer le monde. Le « tabou » ce n’est pas seulement l’interdit, c’est l’interdit du « sauvage » dont parlent les anthropologues, c’est dont l’interdit qui transforme celui qui s’y soumet en sauvage.

      (...)

      Le combat pédophile se solda par un fiasco complet.

    • me semble hyper important ça (en gras) :

      3 LA DEROUTE PEDOPHILE

      Les arguments des pédophiles sont devenus des termes, dûment identitifés dans les manuels de psychiatrie, qui servent à établir le diagnostic de ce dont ils sont atteints.

      (...)

      Comme le rapporte Catherine Dolto, « le nombre d’adultes, hommes et femmes, qui racontent avoir été abusés pendant leur enfance est proprement stupéfiant. Ce qui l’est plus encore, c’est qu’ils sont très nombreux à dire que, s’ils en ont parlé dans leur famille, on leur conseillé de se taire. Ceux qui ont consulté des thérapeutes à l’époque sont nombreux à ne leur avoir rien dit ».

      (...)

      Le pédophile n’est plus cet être honteux qui hante le privé et dont on ne dit rien car « on ne parle pas de ces choses-là ». Il est désormais un monstre ignoble à l’identité stabilisée et dont les méfaits doivent désormais être mis « en pleine lumière ».

      Chaque acteur du système de la pédophilie connaît une telle dynamique identitaire. La victime, par exemple, se définit peu à peu comme telle. Avant le milieu des années 1990, le statut du mineur victime d’abus sexuel n’est pas tout à fait clair, s’il on admet qu’une victime pour l’être pleinement doit être considéré comme telle par tout le monde. C’est ce qui explique que des personnes qui, alors qu’elles étaient enfants, ont subi des relations avec des adultes, se sont senties progressivement devenir des « victimes » à mesure que les pédophiles devenaient des « coupables ». L’activité d’un rapport sexuel entre adulte et enfant n’implique pas nécessairement la conscience d’être victime pour celui ou celle qui subit ce que fait l’adulte. L’éditeur #George_Kempf s’est senti être une « victime » de son « agresseur » trente ans après les faits. On peut devenir une victime longtemps après ce qu’on a subi car, comme souvent, il n’y a pas nécessairement coïncidence entre l’activité — être violé— et l’identité —être victime. Dans une autre affaire, un plaignant accuse Monseigneur Di Falco de viol. L’argumentaire de son avocat est le suivant : bien que les faits aient censé avoir eut lieu entre 1972 et 1975, son client n’a compris qu’en 1995 qu’il aurait été victime d’une relation non consentie du fait de la médiatisation des affaires de pédophilie. On peut donc « prendre conscience » d’une identité de victime en découvrant qu’elle est justiciable par d’autres d’une telle « prise de conscience ». D’où ce statut de victime à retardement. Les psys y verraient une manifestation du mécanisme de « refoulement ». Mais cette analyse est largement rétrospective. Pour qu’une personne se sente victime, il faut que tout le circuit du système de la pédophilie soit actif, institutions, associations, coupables, médias. Qu’un acteur, voire plusieurs, viennent à manquer et c’est le court-circuit : plus rien ne se passe, l’identité de victime devient moins stable, plus « subjective ». L’identité de victime est profondément relationnelle, elle suppose l’activité continuée de la collectivité des acteurs participant au système de la pédophilie : son objectivité est la forme réifiée et stabilisée que rend possible tout le système. Plus l’identité de coupable se solidifie et plus l’identité de victime risque de prendre de plus en plus de place dans l’identité de la personne, voire prendre toute la place, au point que certains font l’hypothèse qu’on peut « rester prisonnier toute [la] vie de cet attentat », qu’on peut devenir comme un « mort-vivant » (in Marie-Ondine, pédophilie, une histoire vraie).

      (...)

    • Deux causes permettent de comprendre pourquoi les #féministes ont été hostiles à la cause pédophile. La première fut statistique : l’attrait pédophile semblant bien moins fréquent chez les femmes que chez les hommes (...) il était logique qu’elle n’aient pas été en première ligne pour défendre cette cause, tout au contraire. La seconde était historique : la division sexuelle du travail domestique assignant aux femmes traditionnellement un rôle de protection des enfants, celle-ci ont été sensibles bien plus que les hommes à cette dimension protectrice.

    • DÉPOLITISATION DE LA PÉDOPHILIE

      Les acteurs pédophiles n’ont pas été reconnus comme des acteurs « militants » : tout ce petit monde est entré en #clandestinité.
      (...)

      Accès des femmes aux postes à responsabilité politique, médiatique, judiciaire ou associative, a été déterminant dans la dépolitisation du combat pédophile et la politisation de la lutte contre la pédophilie

      (...)

      C’est là l’ironie de l’histoire : cantonnées, par les hommes, à des postes qu’ils considéraient comme subalternes, elles en ont fait des postes clés, voire des plaques tournantes de toute la vie publique.

      (...)

      En 1980, en pleine vague pro-pédophile, c’est un magazine féminin qui publia un grand papier qui lui était hostile. De 1997 à 2002, c’est une femme, #Ségolène_Royal qui a été le fer de lance de la lutte contre « l’enfance maltraitée » : rapports, missions, circulaires, Royal multiplia les initiatives dans ce domaine. Elle contribua à renforcer l’insertion de la question pédophile dans celle, plus large, de la maltraitance infantile.

      (...)

      Ségolène Royal = bête noire de Matzneff ("la quarkeresse")

      (...)

      sympathie pédo des franges néopaïennes d’extrême droite

      (...)

      rejet de la pédophilie a désormais force de loi.

    • Pierre Verdrager, le sociologue qui a vu un « grand renversement » au sujet de la pédophilie

      https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/02/26/pierre-verdrager-le-sociologue-qui-a-vu-un-grand-renversement-au-sujet-de-la

      Armand Colin lui demande de préparer une version courte et actualisée de L’Enfant interdit – celle qui est publiée aujourd’hui sous le titre Le Grand Renversement – et de travailler à une nouvelle version enrichie, prévue pour l’automne.

      [...]

      Il sait qu’il peut être accusé de faire le jeu de l’amalgame entre homosexualité masculine et pédophilie, que les gays ne cessent de combattre. « Je n’ai jamais caché mon homosexualité, précise-t-il. En tant que gay, j’ai plus de facilité à aborder ce sujet et personne ne peut me soupçonner d’être homophobe. »

      [...]

      Il raconte aussi que les féministes ont joué un rôle important dans la défaite de la pédophilie. « La libéralisation de la pédophilie annonçait pour certains gays une victoire de la liberté, écrit-il, alors qu’elle signifiait pour de nombreuses féministes une victoire de la domination masculine. »

    • A sa petite échelle, Pierre Verdrager, 50 ans, a, lui aussi, vécu un grand renversement. La première fois que M le contacte, début décembre 2019, sa réponse est claire et nette : la pédocriminalité et les œuvres de Gabriel Matzneff, c’est fini, il ne s’exprime plus sur ces questions. Il a donné, publié L’Enfant interdit (Armand Colin, 2013) et recueilli d’ailleurs peu d’échos : zéro article de presse, une critique dans une revue spécialisée, deux passages radio et une poignée de colloques. Il termine la traduction d’un livre de l’anthropologue britannique Jack Goody et se dit « peu disponible ».

      [...]

      Pierre Verdrager s’affiche comme un « électron libre » dans le monde de la recherche

      [...]

      « C’est un grand sociologue, avec d’autant plus de mérite qu’il n’est inséré dans aucun cadre institutionnel », admire sa consœur Martine Gross, spécialiste de l’homoparentalité. En 2007, Pierre Verdrager publie L’Homosexualité dans tous ses états (Les Empêcheurs de penser en rond), réalisé à partir d’entretiens. « C’est en lisant les journaux gay comme Gai Pied et en découvrant les articles de défense de la pédophilie que je me suis dit qu’il fallait que je creuse », se souvient-il.

    • merci @ktche j’ai pas fini encore de recopier, il me reste notamment un passage sur les chiffres et l’effet grossissant de l’observation, qui est très clair et très bien dit. C’est un peu sa force je trouve, comme ça par exemple :

      La victime, par exemple, se définit peu à peu comme telle. Avant le milieu des années 1990, le statut du mineur victime d’abus sexuel n’est pas tout à fait clair, s’il on admet qu’une victime pour l’être pleinement doit être considéré comme telle par tout le monde. C’est ce qui explique que des personnes qui, alors qu’elles étaient enfants, ont subi des relations avec des adultes, se sont senties progressivement devenir des « victimes » à mesure que les pédophiles devenaient des « coupables ». L’activité d’un rapport sexuel entre adulte et enfant n’implique pas nécessairement la conscience d’être victime pour celui ou celle qui subit ce que fait l’adulte. L’éditeur #George_Kempf s’est senti être une « victime » de son « agresseur » trente ans après les faits. On peut devenir une victime longtemps après ce qu’on a subi car, comme souvent, il n’y a pas nécessairement coïncidence entre l’activité — être violé— et l’identité —être victime.

      qui est très réel.

    • Merci de partager ta lecture. J’entends ce qu’il dit sur le « devenir victime » mais il y a quelque chose qui cloche tout de même car le déni ou le refoulement sont très puissants et actifs avant que ne puisse intervenir cette prise de conscience « socialisée/judiciarisable » et se caractérise malheureusement par des pathologies et des comportements à risques (voir Salmona qui parle de comment reconnaitre ses signes pour mieux aider).
      J’en viens à penser que cette souffrance indicible ne tient pas que de l’évolution sociale et justement quand elle peut se dire c’est aussi un chemin libératoire pour refuser tous rapports de domination, voire se questionner politiquement. Cela peut soulager la victime et non pas comme il est écrit la poursuivre toute sa vie et la personne victime peut aider à libérer d’autres victimes, ce qui est une grande joie merde quoi quand même, vive la bienveillance.

    • pour moi c’est une explication parallèle, ou complémentaire, au « délai d’apparition » des victimes (je ne sais pas comment dire mieux) délai que l’amnésie traumatique de Salmona explique aussi très justement et pour un grand nombre de personnes, mais qui, pour encore ramener mon nombril dans la place, ne me concerne pas... j’ai jamais rien oublié, mais j’ai mis du temps à interpréter et surtout à accepter ce statut d’ancienne victime. C’est bête mais une émission de Mireille Dumas sur le sujet m’a bp aidé... Je comprends pas trop ce que tu dis sur « poursuivit toute la vie » ...

      tu parle de ça ?

      On peut devenir une victime longtemps après ce qu’on a subi car, comme souvent, il n’y a pas nécessairement coïncidence entre l’activité — être violé— et l’identité —être victime.

    • Je cite le passage plus haut

      Plus l’identité de coupable se solidifie et plus l’identité de victime risque de prendre de plus en plus de place dans l’identité de la personne, voire prendre toute la place, au point que certains font l’hypothèse qu’on peut « rester prisonnier toute [la] vie de cet attentat », qu’on peut devenir comme un « mort-vivant » (in Marie-Ondine, pédophilie, une histoire vraie).

    • la pédocriminalité et les œuvres de Gabriel Matzneff, c’est fini, il ne s’exprime plus sur ces questions. Il a donné, publié L’Enfant interdit (Armand Colin, 2013) et recueilli d’ailleurs peu d’échos : zéro article de presse, une critique dans une revue spécialisée, deux passages radio et une poignée de colloques.

      En 2014, Matzneff à eu le prix Renaudot, du coup ce que dit Pierre Verdrager est faux. Il percevait d’autre part un logement de la ville de Paris et des aides financières de l’etat. Gallimard publiait toujours son journal de pédovioleur et c’est seulement à la sortie du livre de Springora que l’éditeur a découvert ce qu’il éditait et à cessé la diffusion de cet auteur. C’est aussi d’autant plus faux que Matzneff publie encore en 2021 grace aux crowdfounding et qu’il insulte toujours librement ses victimes depuis l’autre coté des alpes.

    • LA PEDOPHILIE PARTOUT

      L’amélioration de l’#observabilité des cas de pédophilie, qui entraîna immanquablement l’augmentation des cas observés, suscita donc une vive inquiétude. Cette inquiétude a été engendrée par l’énonciation de #statistiques toutes plus alarmantes les unes que les autres « une jeune fille sur trois est victime d’une agression sexuelle avant l’adolescence » (...) L’accumulation de #chiffres de ce genre crée une peur diffuse. Ces statistiques peuvent parfois donner lieu à des hypothèses sur l’effondrement de la morale. En 2001, un #sondage fit de la pédophilie la préoccupation n°1 des Français en matière de politique de l’enfance — celle-ci justifiant un renforcement des moyens de lutte contre la pédophilie, qui lui-même augmenta l’observabilité du phénomène pédophile : le phénomène est circulaire.

      (...)

      S’il y a clairement une circularité entre l’amélioration de l’observation et la multiplication des « cas » de pédophilie, je ne souhaite pas la traiter avec ironie ou l’envisager avec le dédain de l’expert s’indignant de l’usage naïf des statistiques : elle appartient aux acteurs eux-mêmes. (...) Pour ce qui me concerne, je me borne à constater cette circularité, laquelle est un phénomène bien connu des sciences sociales et des acteurs de terrain comme les magistrats ou les travailleurs sociaux. Plus on se donne les moyens de voir quelque chose et plus ce quelque chose risque d’apparaître avec netteté et en grand nombre et ceci de façon croissante dans le temps. À la manière de la prophétie auto-réalisatrice, le dispositif d’observation a eu tendance à contribuer à produire les preuves de la pertinence de son existence : il était performatif. #Ian_Hacking fut très certainement fondé à affirmer que « nous ne savons guère si des nombres plus importants sont à mettre sur le compte de l’augmentation de la maltraitance ou d’une meilleure détection de celle-ci, ou encore de l’extension de ce qui est jugé comme telle ». (...) C’est là le paradoxe de ce genre de statistiques : plus elles sont précises, fiables, nombreuses et moins nous savons exactement ce qu’elles mesurent.

      (...)

      Ceux qui se sont penchés sur les statistiques savent cependant qu’il est impossible d’avoir une idée fiable et consensuelle du nombre de pédophiles en France : cela est bien fait pour renforcer l’inquiétude. (...) La répression doit être d’autant plus sévère que l’omerta a été générale. D’où cette demande réitérée de peines toujours plus lourdes, le nombre des années d’emprisonnement semblant à même de compenser les années de retard dans la « prise de conscience ».

    • L’AFFAIBLISSEMENT DES THÈSES #CONSTRUCTIONNISTES SUR L’ENFANCE

      Dans ses derniers livres, le grand anthropologue #Jack_Goody (...) a donné un coup de frein au #constructionnisme intégral dans certains domaines (...) il constate en effet que « pour l’immense majorité de l’humanité, [...] les soins à donner aux enfants sont une choses essentielle » et ceci à toutes les époques. Au-delà, des flottements de seuils, il n’y a pas de variations aussi tranchée qu’on le prétend parfois de la notion d’enfance d’une civilisation à l’autre et faire naître l’enfance en Occident à l’époque moderne relève, selon lui, de l’ethnocentrisme le plus étroit. (...) Pour [Goody] il existe un lien entre l’hyperconstructionnisme historiciste et l’ethnocentrisme.

      (...)

      La notion de « construction sociale », si elle a pu fournir un levier extraordinaire à la lutte militante, car ce qui est construit peut être déconstruit et changé, a aussi freiné la réflexion (...) Ian Hacking considère que certains des emplois de la notion de « construction sociale » sont intellectuellement paresseux (...) il constate par exemple que lorsqu’Aristote parle du plus pur exemple d’amour, il cite le cas de celui qu’une mère porte à son enfant, remarque qui fragilise les thèses constructionnistes soutenues avec vigueur dans ce domaine, de Philipe Ariès à Elisabeth Badinter

      (...)

      le sol constructionniste des défenseurs de la pédophilie s’ouvre chaque jour un peu plus sous leur pieds.

    • FRAGILITÉ DU MOUVEMENT PÉDOPHILE

      #André_Baudry avait bien essayé d’organiser les choses à #Arcadie [une des premières assos gay en France ndgwyneth] (...) pour autant il s’était rapidement heurté à des déconvenues : « il y a de nombreuses années, écrivit-il en 1982, nous avions constitué un groupe de réflexion rassemblant des pédophiles. Ils se réunissaient par dix ou vingt. Je leur avait demandé d’étudier ensemble le problème pédophile, de rassembler des documents divers et irréfutables, de faire parler l’Histoire, la morale, la psychologie, la sociologie, la littérature, en un mot de rassembler toutes ces données afin de publier un manifeste honnête sur ce terrible problème. Les réunions, malgré la bonne volonté de leur animateur, devinrent vite des réunions de voyeurs, d’exhibitionnistes, de rêveurs... une agence pour pédophiles. On se racontait ses bonnes, ses mauvaises, ses infructueuses rencontres de la semaine, en faisant circuler des revues qui, à l’époque, arrivaient de Scandinavie, voire même des photos récentes prises sur le vif entre tel participant et un adolescent (le pédophile la manie de l’appareil photo ! (cc @touti). On organisait un voyage vers le Maroc, la Tunisie, les Philipines... On vivait la pédophilie comme chacun aurait bien voulu la réaliser, mais on était loin de ce travail de recherche honnête, seul capable de faire progresser les choses à cette époque. Je n’eus pas à intervenir, le groupe cessa de vivre ».

    • 4. Du point de vue pédophile

      SUBCULTURE ?

      (...) il existe bien deux journées mondiales qui sont programmées chaque année afin de défendre la cause pédophile. Il s’agit de la Alice’s day (25 avril) et de la journée Boy Love (21 juin) [mais] pour l’essentiel, les pédophiles s’exprimant à visage découvert appartiennent au passé.

      (...)

      Un langage codé prolifère sur internet. L’enfant y devient un « Jigé », forme lexicalisé de l’abréviation « JG », signifiant « Jeune Garçon » qui est lui-même un euphémisme d’enfant de sexe masculin. Le pédophile, quant à lui, y est désigné comme un « boy lover », qui s’abrège en « BL ». Sur certains sites pédophiles, on a coutume de mettre en capitales les lettres B et L dans les mots qui comprennent ces deux lettres dans cette ordre. Par exemple on écrira « sensiBiLité » ou « biBLiothèque »

      (...)

      #Internet va comme un gant au monde pédophile. C’est un univers où l’on peut se renseigner sur les risques encourus, se plaindre des épreuves traversées, deviser avec des inconnus, évoquer les « Jigés » croisés, voir presque sans être vu, et rêvasser sans relâche à un monde jugé « meilleur », c’est-à-dire plus clément vis-à-vis des amours pédophiles. De nombreuses conversations sont le lieu d’une intense critique de « la société ». (...) les pédophiles (...) sont également présent sur un site essentiel du Web 2.0 : #Wikipédia. D’une manière générale, les articles qui font référence à la pédophilie, s’ils proposent des informations ou des références bibliographiques tout à fait intéressantes (...) manquent de neutralité. Ils ont tendance à présenter la pédophilie d’une manière extrêmement favorable . Les pages wikipédia sont particulièrement stratégiques car elles sont généralement bien positionnées dans les résultats des principaux moteurs de recherche, comme Google. La guerre de la pédophilie a donc désormais lieu sur la Toile.

    • Pour finir...

      LE SYNDROME DES #FAUX_SOUVENIRS­

      Au cours des années 80, on assista au états-unis à une explosion de plaintes de personnes déclarant, longtemps après les avoir oubliés, des abus sexuels pendant l’enfance. (…) Une psychologue, #Elizabeth_Loftus, tenta d’élucider cette explosion de cas avec sa théorie des « faux souvenirs ». Ces faux souvenirs seraient une création pure de la #thérapie qui suggère que ces abus ont eu lieu. Ses travaux furent controversés. Certaines féministes lui reprochèrent de mettre en cause la parole des femmes et par conséquent d’être une alliée objective des pédophiles. Certains #psychanalystes, parce qu’elle critiquait la notion de refoulement, qui pour elle était sans bases objectives, lui reprochèrent de saper les fondements mêmes de la psychanalyse.(...) La question demeure, encore aujourd’hui, hautement controversée car les intérêts en présence sont considérables.

      Quel était l’argument d’Elizabeth Loftus ? Selon elle, un des éléments qui permettait d’expliquer la multiplication d’abus sexuels sur enfants fut la vogue, dans les années 80, notamment aux états-unis, des thérapies dites de la "#mémoire retrouvée. Ces thérapies défendaient l’idée que certaines #troubles psychiques pouvaient s’expliquer par l’enfouissement de souvenirs d’événements oubliés. La guérison requérait de déterrer ces souvenirs. S’inspirant des théories de #Freud, ces thérapies faisaient le pari que les troubles psychiques d’aujourd’hui pouvait être imputable au refoulement des abus sexuels subis pendant l’enfance : à force de regarder les nuages de leur passé, les patients finissaient toujours par y découvrir des abus sexuels. Les faux souvenirs étaient congruents avec l’épidémie de pédophilie et, en même temps, la généraient : ils créaient des situations de conflits innombrables et détruisit des familles où les enfants accusaient à tort les parents de les avoir abusés sexuellement. Les dégâts furent si considérables que des institutions prenant la défense des familles injustement accusées se mirent en place (…) Ces faux souvenirs étaient pour l’essentiel, produit par la théorie qui les conceptualisait. Les thérapeutes, en induisant le fait que le traumatisme présent était le produit d’abus sexuels passés, engendraient les faux souvenirs de patients qui, localisant une cause, se sentaient soudain bien mieux. Le fait que les patients refusaient parfois de se rendre à cette thèse confirmait la théorie : le « déni » était une preuve supplémentaire qu’il y avait bien eu abus. La théorie devenait irréfutable : si les patients trouvaient des souvenirs d’abus, c’est parce que des abus avaient eu lieu, s’ils n’en trouvaient pas, c’est aussi parce qu’ils avaient eu lieu, chose que les patients « refoulaient » : la réalité ne régulait plus rien, la théorie était, quoiqu’il advînt, vraie. Freud , lui même, pourtant, avait abandonné la théorie de la séduction, théorie qui faisait le lien entre un traumatisme et un abus sexuel subi dans l’enfance. Il s’était rendu compte que les patients inventaient de toute pièces des abus qu’il avait lui-même suggérés. Il se retrouvait avec un trop grand nombre de cas d’abus (…)

      Lorsque Freud constata l’échec de la théorie de la séduction, il passa à la théorie de l’OEdipe qui laissait une large place à l’aspect « fantasmatique » des choses. La nouvelle théorie permettait de se passer des abus sexuels réels pour basculer sur le plan du fantasme. Le problème est que cette théorie compliqua considérablement la vie des personnes qui avaient été réellement victimes d’abus pendant leur enfance puisque le soupçon pesait désormais sur eux que ce qu’il rapportaient était « fantasmatique » et n’était donc arrivé que dans leur imagination. C’est la « pulsion de mort » inhérente à la triangulation oedipienne. Ce déni psychanalytique encouragea le mouvement féministe à adopter des thérapies alternatives. Un mouvement des thérapies de la mémoire retrouvée ( recovered memory movement ) se mit même en place, de nombreux livres de témoignages de victimes d’abus sexuels dans l’enfance furent alors publiés. Et c’est alors que commencèrent à déferler les faux souvenirs. Pourtant la théorie du refoulement prêtait à la critique. En effet, les enfants traumatisés par des abus sexuels se souviennent d’ordinaire parfaitement bien des traumatismes qu’ils ont subis. Nul besoin n’était d’aller les débusquer dans les tréfonds de l’esprit de souvenirs enfouis. Car le problème des événement traumatisants ne réside pas dans leur enfouissement ou leur refoulement mais bien, tout au contraire, dans leur incapacité à se faire oublier.
      (…)
      caractère #iatrogène -produit par la thérapie-

      (…)

      En France, c’est essentiellement par le biais de la lutte contre les sectes que la question des faux souvenirs a été abordée. (…) l’#AFSI (association Alerte aux Faux Souvenirs Induits) constata que certaines sectes manipulaient leurs adeptes en leur faisant se souvenir d’abus sexuels qui ne s’étaient jamais produits (…) Mais déjà, le danger guette : l’association a conscience d’être elle-même vulnérable à la récupération par d’authentiques pédophiles qui tenteraient de se faire dédouaner par son biais. (…) Ces fausses accusations font de singulier dégâts sur les victimes : maladies, dépressions, suicides. La mission recommande ainsi un meilleur encadrement des psychothérapies et en appelle à la formation des personnels – policiers, magistrats— susceptible d’être confrontés à ce type de réalité. Tout le monde a peur que l’explosion des signalements de cas de pédophilie, incestueuse ou non, ayant eu lieu dans les années 1980 ne se reproduise en France...

  • Accusé d’inceste sur son beau-fils, Olivier Duhamel démissionne de ses fonctions
    https://www.lefigaro.fr/flash-actu/accuse-d-inceste-sur-son-beau-fils-le-politologue-olivier-duhamel-demission

    Accusé d’inceste sur un des ses beaux-fils dans un livre à paraître jeudi, le politologue Olivier Duhamel a annoncé lundi mettre fin à l’ensemble de ses fonctions, dont celle de président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP). « Étant l’objet d’attaques personnelles, et désireux de préserver les institutions dans lesquelles je travaille, j’y mets fin à mes fonctions », écrit sur Twitter le politologue, qui anime par ailleurs une émission sur Europe 1 et est chroniqueur sur LCI.

    Le Monde et L’Obs dévoilent lundi les bonnes feuilles de l’ouvrage de la juriste Camille Kouchner, « la Familia grande » (Ed. Seuil), dans lequel elle accuse son beau-père, Olivier Duhamel, d’avoir agressé sexuellement son frère jumeau quand il avait 14 ans. « J’avais 14 ans et j’ai laissé faire (...). J’avais 14 ans, je savais et je n’ai rien dit », écrit Camille Kouchner, maîtresse de conférences en droit de 45 ans, selon des extraits du livre. Elle et son frère sont les enfants de l’ex-ministre Bernard Kouchner et de la professeure de droit Evelyne Pisier (morte en 2017), qui avait ensuite épousé le politologue Olivier Duhamel. . . . . .

  • Crise au ministère de la Recherche : « Cette #démission a été pour moi une décision douloureuse »

    Le directeur général de la recherche et de l’innovation balance sec contre la ministre, #Frédérique_Vidal, dans sa lettre de départ que « Libé » s’est procurée.
    La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique #Vidal, semble avoir réussi à se mettre un sacré paquet de personnes à dos. Certes, elle est parvenue à faire voter sa #loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR), mais pour le reste… les #critiques fusent de partout : des flopées d’universitaires et de chercheurs sont en #colère. Et désormais, ça tangue aussi à l’intérieur de son ministère, au sein même de son administration.

    #Bernard_Larrouturou, à la tête de la #Direction_générale_de_la_recherche_et_de_l’innovation (#DGRI) que l’on savait sur le départ, a décidé de quitter ses fonctions ce mardi. La décision a été confirmée en Conseil des ministres ce mercredi. Dans une #lettre adressée à son équipe, que Libération s’est procurée, il balance sec sur la ministre, et son cabinet, pour expliquer sa #démission. « Je ne m’y suis résolu que parce que l’#isolement – entretenu par la direction du cabinet – de la ministre, avec laquelle les directeurs généraux n’ont eu aucun échange depuis plus de six mois, et les difficultés aiguës qui persistent depuis un an et demi en matière de relations de travail entre le cabinet et les services ont installé un véritable #empêchement – voire une #impossibilité – pour la conduite d’une partie des actions que la DGRI doit porter. »

    « Avec mépris »

    Il assure avoir demandé « de façon répétée » ces derniers mois que « les services cessent d’être tenus à l’écart de certaines réflexions clés ou de la préparation de certains arbitrages majeurs, et qu’à tout le moins ils aient les informations minimales leur permettant de ne pas être en porte-à-faux vis-à-vis des interlocuteurs externes ». Bonne ambiance.

    Bernard Larrouturou brosse le portrait d’une ministre autoritaire, qui « a traité avec #mépris et humilié des personnes de la DGRI », ou « exigé arbitrairement la mise à pied de tel cadre de nos équipes ». Il avait été nommé à ce poste par Frédérique Vidal en août 2018.

    « De grands #regrets »

    Dans sa lettre, le directeur général de la recherche reconnaît aussi ne pas avoir suffisamment travaillé certains sujets. « J’ai eu de grands regrets depuis l’été 2019 du fait que, n’ayant pas vu d’autre voie pour mener le chantier d’élaboration de la LPR qu’en m’impliquant très fortement, j’ai manqué de disponibilité pour beaucoup d’autres tâches importantes. » Il cite « le #management_interne », « les #conditions_de_travail », le lien avec les rectorats et « plusieurs autres registres de notre action qui ont souffert de mon implication insuffisante ». Est-ce là une façon de souligner, sans le dire, le manque d’anticipation et d’accompagnement des équipes dans la gestion de la crise sanitaire ? En juin, un rapport sénatorial pointait « le manque de stratégie nationale de recherche sur la Covid-19 et l’absence de structure de pilotage unique ».

    https://www.liberation.fr/france/2020/11/25/crise-au-ministere-de-la-recherche-cette-demission-a-ete-pour-moi-une-dec
    #humiliation #MESRI #France #université #facs #recherche #Larrouturou

  • Crime d’État par Bernard Aspe
    https://www.terrestres.org/2020/11/06/crime-detat

    Un article récent de Frédéric Lordon était intitulé « Ces criminels qui nous gouvernent ». On ne soulignera jamais assez le fait que la notion de « crime », ici, est aujourd’hui moins que jamais une métaphore. Elle indique de façon très exacte l’opération politique qui est en cours : pour sauver la logique de la rentabilité, la logique de la valorisation du capital, les gouvernants sacrifient à la fois les libertés et les vies. La mise au travail pour sauver l’économie est un crime politique, et un crime tout court. Elle est la raison de la catastrophe sanitaire, la raison du ravage écologique, et la raison qui permet de livrer chaque jour davantage la population au pouvoir policier. Les gouvernants qui en sont responsables devraient donc être considérés comme des criminels, et traités comme tels.

    #Confinement #Bernard_Aspe #économie #capitalisme #covid

  • Thèses sur le concept de « travail », Bernard Aspe
    https://laparoleerrantedemain.org/index.php/2020/11/05/theses-sur-le-concept-de-travail-bernard-aspe

    L’expérience du confinement a du moins permis à tous d’entrevoir cette vérité : les lois de l’économie ne sont pas le fruit d’une nécessité historique, mais un programme porté par des militants, susceptible en tant que tel d’être intégralement interrompu. Nombreux désormais sont ceux qui s’accordent à dire que la période récente a fait apparaître l’économie, et ses militants, comme le véritable ennemi – disons l’ennemi des habitants de la Terre (pensons au beau film de Pelechian, qui date de 1970). Mais on peut préciser davantage ce qui, dans l’économie, constitue la raison première de la dévastation du monde naturel. On dira que cette raison, c’est la mise au travail généralisée des êtres de nature. Le cœur de l’ennemi, c’est bien l’économie ; mais au cœur de ce cœur, il y a le travail. Ce qui fait la spécificité du capitalisme, au regard des formations anciennes, est pour bien des historiens la centralité accordée à la productivité du travail, et non plus à celle de la terre. Mais au-delà de ce constat, et des débats qu’il suscite entre les spécialistes, ce qu’il s’agit de voir est bien qu’aujourd’hui, la cause réelle de la consumation de la Terre est la mise au travail des êtres de nature pour le capital.

    #pandémie #économie #capitalisme #travail #mise_au_travail #Bernard_Aspe

    • En 2004, dans Vivre Ensemble, on parlait déjà de ORS...
      Abri PC du #Jaun Pass :

      La logique de la dissuasion

      Le régime d’aide d’urgence imposé aux personnes frappées de non-entrée en matière (NEM) vise à déshumaniser l’individu. Tout est fait pour leur rendre le séjour invivable et les pousser à disparaître dans la clandestinité, comme le montrent les exemples ci-dessous relevés en Suisse allemande, où les personnes frappées de NEM et les requérants déboutés de la procédure d’asile sont placés dans des « centres d’urgence » ou « centres minimaux » (Minimalzentren). Petit tour des lieux dans les cantons de Berne et Soleure.

      Le canton de Berne, pionnier en la matière, avait déjà concrétisé le principe d’assignation à un territoire (art. 13e LSEE) bien avant l’entrée en vigueur de la loi au 1er janvier 2007, en ouvrant deux centres d’urgence, l’un sur le col du Jaun en juin 2004 et l’autre qui lui a succédé en 2005, sur l’alpage du Stafelalp : « Si notre choix s’est porté sur le Col du Jaun », expliquait la Cheffe de l’Office de la population lors d’une conférence de presse le 7 juin 2004, c’est notamment parce que cette solution « (…) n’incite pas à s’attarder en Suisse. » Et que : « D’autres personnes vont l’utiliser également. Il s’agit de personnes qui ont activement empêché leur renvoi ou qui dissimulent leur identité et qui n’ont pas encore fait l’objet d’une décision de refus d’entrer en matière… ».

      L’abri PC du Jaun

      Un des journalistes présents le décrit ainsi dans le Journal du Jura du 8 juin 2004 :

      « A l’extérieur, des grillages ont été installés afin que le lieu soit un peu isolé, et pour protéger les requérants d’éventuels importuns. (…) Les gens sont répartis dans des chambres de quatre à douze personnes (…) les requérants ne touchent pas d’argent liquide, mais des prestations en nature. Ce sont des bons qu’ils peuvent échanger contre de la marchandise au kiosque tenu par l’ORS (Organisation pour mandats spéciaux et en régie SA) qui gère le centre (…) ».

      Très peu de requérants s’y rendirent ; d’autres s’enfuirent, telle une mère avec une petite fille de deux ans qui vint chercher de l’aide à… Soleure ! Une jeune femme fut hospitalisée, suite à une grève de la faim.

      Sur l’alpage

      A l’abri de protection civile du col du Jaun fermé en novembre 2004, succéda le centre d’urgence du Stafelalp. En 2005, les NEM et d’autres personnes désignées comme des « NIKOS », abréviation de « Nichtkooperativ », ont été logés dans une ancienne colonie de vacances isolée, située sur l’alpage de Stafelalp. Dans ce centre, comme auparavant dans celui du Jaun, les requérants ont été cantonnés dans un périmètre de 2 km autour du centre, avec interdiction formelle de franchir ces « frontières ». Le centre de Stafelalp plus fréquenté que celui du Jaun était considéré comme « trop attractif » pour les autorités, et la durée moyenne de séjour des NEM (52 jours) trop longue. Il fallait trouver autre chose.

      En janvier 2006, le centre fut fermé et les NEM ont été réintégrés dans un centre de transit. Ils ne touchent pas d’argent mais ont droit à trois repas par jour. Ils s’y déplacent plus librement, du moins à pied. Mais le fait qu’ils ne disposent d’aucun pécule pour payer les transports publics restreint leur liberté de mouvement aux alentours et dans la commune de Lyss où est situé le centre.

      Soleure ne fait pas mieux

      Depuis mai 2006 (auparavant ils bénéficiaient d’aide en espèce et aucun hébergement n’avait été mis à leur disposition), les « NEM » soleurois sont logés dans le centre d’accueil pour requérants d’asile situé sur la montagne du Balmberg, mais ils n’y sont pas nourris. Ils y touchent 8 fr. par jour pour leur entretien, versés sur place tous les jeudis par le responsable du centre. Le contrôle de présence est journalier et ceux qui s’absentent perdent leur pécule pour les jours d’absence, voire leur droit à l’hébergement en cas de récidive. Les occupants n’ont pas le droit d’y accueillir des amis pour la nuit. Le visiteur externe doit demander une autorisation au responsable (qui lui est parfois refusée sous divers prétexte) pour y entrer.

      Là-haut sur la montagne !

      Le lieu est isolé. On y trouve trois téléskis et un restaurant, mais aucun magasin, si bien que les requérants frappés de NEM sont obligés d’utiliser l’autobus circulant de Soleure au Balmberg (prix du billet aller et retour : 11 fr.!) pour faire leurs achats et se procurer le nécessaire. Si les requérants d’asile encore en procédure, également logés dans ce centre, bénéficient de tickets de bus gratuits, ce n’est pas le cas des personnes frappées d’une NEM. Ils n’ont le droit de consulter un médecin qu’en cas d’urgence et c’est un des responsables du centre, sans formation médicale, qui prend la décision. Depuis quelques mois, les NEM doivent débourser quelques centimes pour des comprimés : antidouleurs, aspirine etc. (obtenus gratuitement auparavant) distribués sur place par le préposé à la pharmacie.

      Une stratégie efficace

      Le régime drastique, l’isolement et le nombre de descentes de police qui les terrorisent fait qu’au bout de quelques semaines, les NEM soleurois « disparaissent » dans la clandestinité. La méthode, il faut le reconnaître, est efficace et la stratégie de découragement sur laquelle l’Office des réfugiés (actuellement l’Office fédéral des migrations) avait misé dans un rapport de mars 2000 pour se débarrasser des indésirables, a l’air de se réaliser. Les six NEM qui sont encore au Balmberg ne pèsent pas lourd, en regard des centaines de ces « disparus volontaires », soumis dans les centres d’urgence « à une pression psychique insupportable » au point qu’ils ont préféré la clandestinité. Beau résultat pour un pays qui se vante d’être un Etat de droit.

      https://asile.ch/2007/02/05/suisse-allemandecentres-d%e2%80%99urgence-pour-nemla-logique-de-la-dissuasion

    • RTS | Des voix s’élèvent contre la prise en charge des migrants par des entreprises privées

      Amnesty International dénonce la situation dans le centre de migrants de Traiskirchen en #Autriche. L’organisation pointe du doigt la surpopulation et les conditions d’hygiène déplorables qui y règnent. Or ce centre est géré par la filiale autrichienne de l’entreprise privée zurichoise ORS. Une nouvelle qui relance le débat sur l’encadrement des requérants par des privés.

      https://seenthis.net/messages/402089

    • The Corporate Greed of Strangers
      –-> ORS Service AG in Austria and Switzerland

      Other international players like the Swiss company ORS Service AG are also expanding into Germany. ORS in 2015 had five reception centres in Munich.

      ORS Service is based in Zurich in Switzerland and was set up as a private company to work with the Swiss federal government from 1991 to house asylum seekers. For twenty years, through to 2011, although the contract should have been retendered every five years the Swiss government did not put the contract out to tender.

      In 2011 ORS Service outbid European Homecare for the federal contract in Austria for reception centres under the responsibility of the ministry of interior. By the end of 2014, they were providing twelve reception centres including tent camps in Salzburg and Linz and being paid around 22 million euros by the federal government. ORS runs Austria’s main initial reception centre in the town of Traiskirchen, near Vienna, which was designed for around 1700 refugees. By the summer of 2015 over 3,000 refugees were living there, Amnesty International called the ORS camp ‘shameful’, with 1,500 people forced to sleep outside on lawns and nearby roads.

      On its home territory ORS Service works in partnership with the Swiss Securitas private security company in delivering a very controversial reception and accommodation policy which has included remote locations and housing asylum seekers underground in wartime military bunkers. Reception and detention policies have been influenced by Swiss politics which over the past few years have been dominated by the anti-immigrant Swiss People’s Party (UDC) which has become the largest party at the federal level. Currently refugees arriving in Switzerland have to turn over to the state any assets worth more than 1,000 Swiss francs (£690) to help pay for their upkeep, a practice that has drawn sharp rebukes for Denmark.

      https://seenthis.net/messages/465487

    • Quand l’accueil des personnes en exil devient un bizness

      A l’origine, il s’agit d’une agence d’intérim lausannoise créée en 1977 nommée ORS Services SA. En 1992, la société devient ORS Service AG et déménage à Zurich. En 2005, le fondateur de l’entreprise la revend à #Argos_Soditic qui la revend à #Invision en 2009, qui finalement la revend à #Equistone en 2013. Equistone Partners Europe est un fond d’investissement international avec des antennes dans 4 pays européens. ORS déclare un chiffre d’affaires de 65 millions de francs suisses pour 2014, essentiellement en provenance de fonds publics. Selon plusieurs médias, celui-ci atteint 85 millions en 2015 mais son bénéfice n’a jamais été divulgué. Alors quand Claude Gumy, directeur opérationnel à Fribourg dit dans le journal Le Temps « Notre but n’est pas de gagner de l’argent pour le compte d’investisseurs. Nous nous occupons avant tout d’êtres humains », de qui se moque-t-il ? Pour faire des économies l’État suisse délègue la gestion de « l’accueil » a des investisseurs qui après avoir spéculé sur les marchandises et dépouillé les pays pauvres spéculent sur les flux migratoires qu’ils ont ainsi engendrés. Leur entreprise est d’ailleurs réputée pour sa collaboration inconditionnelle avec les services étatique et la police dont les pratiques répressives ne font aucun doute.

      https://seenthis.net/messages/573420

    • Gestion de l’asile | ORS Fribourg : Quand l’État fait la sourde oreille. Business is Business ?

      Pour faire la lumière sur les agissements d’ORS, le mouvement solidaritéS et le collectif Droit de rester ont rédigé un rapport d’une trentaine de pages. Il recense les témoignages de quelques dizaines de personnes : usagèr.e.s d’ORS, bénévoles et travailleurs/euse sociaux/ales. Le groupe s’est confronté à la réticence de certain.e.s témoins potentiels. ORS interdit à ses employé.e.s de parler de l’entreprise à des personnes externes, sous peine de sanctions, même après la fin du contrat.

      https://seenthis.net/messages/786789
      #rapport

    • ODAE-romand | L’envers du décor dans les centres fédéraux

      Une demandeuse d’asile a passé près de six mois dans les CFA de #Zurich, #Boudry et de #Giffers. Dans le bulletin d’Augenauf de novembre 2020, elle raconte les #conditions_de_vie, les #brimades, #vexations et #violences quotidiennes qu’elle y a vécues. L’ODAE romand en publie quelques extraits.

      https://seenthis.net/messages/893672

      Texte original publié par Augenauf (en allemand) :
      https://www.augenauf.ch/images/BulletinProv/Bulletin_106_Nov2020.pdf

    • Lettre ouverte au SEM - Droits humains gravement violés au Centre Fédéral d’Asile de #Boudry : peut-on encore parler d’un centre “d’asile” ?

      Chères et chers journalistes et sympathisant·es,

      Vous trouverez ci-dessous une lettre ouverte que nous avons adressée ce jour au Secrétariat d’Etat aux Migrations, à travers Messieurs Mario Gattiker, Secrétaire d’Etat, et Pierre-Alain Ruffieux, responsable asile pour la Suisse romande. Elle a également été envoyée à Monsieur Jean-Nathanaël Karakash, conseiller d’Etat neuchâtelois en charge du Département de l’Economie et de l’Action Sociale.
      Droits humains gravement violés au Centre Fédéral d’Asile de Boudry : peut-on encore parler d’un centre “d’asile” ?

      –---

      Nous dénonçons depuis longtemps des situations inhumaines au Centre Fédéral d’Asile (CFA) de Boudry (NE)[1], mais les cas de réfugié·es subissant de #mauvais_traitements - le mot est faible - s’accroît de façon préoccupante. Ce qui se passe depuis plusieurs mois maintenant est intolérable et ne peut rester sans réaction de notre part.

      Selon nos informations et observations, nous ne sommes pas face à des cas isolés, mais devant un véritable #système_punitif, qui va au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. #Abus_de_pouvoir de certain·es agent·es de sécurité de l’entreprise #Protectas, #mépris et #comportements_racistes qui créent un climat de #peur et poussent à bout certain·es habitant·es du Centre. Visites impromptues du personnel de sécurité dans les chambres, sans frapper, ni dire bonjour, gestion catastrophique des #conflits, sans souci de calmer le jeu, ni d’écouter. "Ils ne savent pas parler, ils répriment”, raconte un habitant du Centre. Des requérant·es jugé·es arbitrairement et hâtivement comme récalcitrant·es sont enfermé·es pendant des heures dans des containers insalubres et sous-chauffés. Plusieurs témoignages attestent d’une salle sans aucun mobilier, avec des taches de sang et des odeurs de vomi et d’urine. Beaucoup en ressortent traumatisés. Une personne s’est récemment retrouvée en état d’#hypothermie [2].

      Les témoignages vont tous dans le même sens : peur de porter #plainte par #crainte des conséquences pour sa procédure d’asile ou par crainte de recroiser les mêmes agent·es de sécurité. Mais les faits sont là : utilisation abusive du #spray_au_poivre, #plaquages_au_sol, #insultes_homophobes, #harcèlement envers des personnes vulnérables et #hospitalisations suite à l’#enfermement dans des cellules. Plusieurs #tentatives_de_suicide sont attestées et il y a eu #mort d’homme : le 23 décembre, un requérant d’asile est décédé aux abords du Centre de Boudry. Il s’agissait d’une personne vulnérable, suivie en psychiatrie et qui avait déjà tenté de se suicider. Alors que cette personne avait besoin d’aide, à plusieurs reprises, le personnel de sécurité de Protectas lui a refusé l’accès au Centre, du fait de son état d’ivresse.

      A Boudry, la #violence est banalisée. Au lieu d’apaiser les conflits, les agent·es de Protectas les attisent. Des membres du personnel de sécurité abusent de leur pouvoir en faisant régner leurs propres lois. Ainsi, alors que les #cellules_d’isolement ne sont prévues que pour protéger les requérant·es d’asile et le personnel du CFA de personnes ayant un comportement violent et pour une durée n’excédant pas deux heures[3], on constate que la réalité est tout autre. Le moindre dérangement est réprimé par un #enfermement_abusif et qui dépasse souvent le temps réglementaire, allant jusqu’à un #isolement d’une nuit entière. Nous avons eu connaissance d’un mineur qui a été enfermé alors que le règlement l’interdit. De telles #privations_de_liberté sont illégales. Pour échapper à ces mauvais traitements, beaucoup quittent la procédure d’asile en cours de route.

      Les droits humains sont violés dans les CFA, en toute impunité, dans un #silence de plomb que nous voulons briser. Ce qui se passe à Boudry se passe aussi ailleurs[4] et c’est la conséquence d’une logique de camps. C’est tout un système que nous dénonçons et non pas des dysfonctionnements ponctuels.

      ***

      Face à cette gestion désastreuse et les drames humains qu’elle entraîne, nous demandons qu’une enquête indépendante soit ouverte établissant les faits en toute objectivité. En accord avec les personnes qui ont pris contact avec Droit de Rester, nous sommes prêt·es à témoigner.

      Nous demandons que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à ce système défaillant, qui transforme les CFA en prisons. Il n’est pas normal que le budget alloué à l’encadrement sécuritaire par le SEM soit plus important que celui consacré à l’encadrement social et sanitaire dans les CFA. Il est nécessaire de renverser la vapeur en engageant des professionnel·les du travail social et de la santé en nombre suffisant et ayant pour mission de soutenir, d’écouter, de soigner et de répondre aux besoins spécifiques des requérant·es d’asile. Ceci dans l’optique de créer un climat de bienveillance, réparateur des traumatismes vécus sur la route de l’exil par les personnes dont ils-elles ont la charge. Actuellement, les agent·es de sécurité ont des prérogatives immenses qui ne devraient absolument pas leur être confiées en raison d’un manque de formation flagrant.

      Nous demandons la suppression immédiate de ces cellules-containers et la refonte complète du régime de sanctions.

      Nous exigeons la fin de la privatisation du domaine de l’asile ; l’arrêt de toute collaboration avec des entreprises de sécurité ou d’encadrement privées de surcroit cotées en bourse (telles que Protectas, Securitas ou ORS) dans le cadre des CFA et autres lieux d’hébergement. L’asile n’est pas un business. L’argent attribué à ces tâches par l’Etat doit revenir à des structures sociales et de soins publiques.

      Nous exigeons transparence et respect du droit suisse et international. Actuellement les CFA sont des boîtes noires : les règlements internes sont inaccessibles, les requérant·es d’asile n’obtiennent pas les rapports des sanctions prononcées à leur encontre, rapports rédigés par Protectas dont le contenu varie à leur guise afin de justifier les sanctions aux yeux du SEM. Toute sanction devrait être prononcée par du personnel cadre du SEM.

      Nous demandons l’introduction d’un organe de médiation indépendant de gestion des plaintes vers qui les requérant·es d’asile lésé·es pourraient se tourner. Finalement, il est nécessaire d’ouvrir les portes des CFA aux organisations et personnes de la société civile – comme c’est notamment le cas en Hollande, pays dont la Suisse s’est inspirée pour mettre en œuvre le système actuel – afin de rompre l’isolement et de cesser avec ces zones de non-droit.

      Nous demandons aussi la fermeture du Centre spécifique des Verrières, restreignant la liberté de mouvement de ses occupants de par son emplacement-même et conçu comme un centre punitif. C’est de soutien psychologique et de soins dont les requérant·es d’asile, y compris celles et ceux qui sont jugés récalcitrant·es, ont besoin à leur arrivée. L’équité des soins par rapport à ceux offerts à la population résidente doit être effective. Ce sont l’isolement, l’exclusion, la promiscuité et l’armada d’interdits qui accentuent les traumatismes, les addictions, le stress et les tensions. Stop à la logique de camp !

      C’est une alerte que nous lançons. Nous espérons qu’elle sera entendue et attendons qu’elle soit suivie d’effets dans les meilleurs délais.

      Contact médias :
      Denise Graf, 076 523 59 36
      Louise Wehrli, 076 616 10 85
      Caterina Cascio, 077 928 81 82

      [1] Voir par exemple ici : https://rester.ch/wp-content/uploads/2020/05/2020.05.28_Communiqu%C3%A9_de_presse_camp_nous_d%C3%A9non%C3%A7ons-1.pdf ou là : https://www.canalalpha.ch/play/minimag/episode/3819/risque-de-suicide-quel-soutien-psy-pour-les-migrants-a-boudry

      [2] Le 17 février, la radio RTN révèle un cas d’hypothermie survenue au centre de Boudry 2 jours plus tôt : https://www.rtn.ch/rtn/Actualite/Region/20210215-Etat-d-hypothermie-au-Centre-de-Perreux.html

      [3] Voir à ce sujet les p. 51-52 du Plan d’exploitation Hébergement : https://www.plattform-ziab.ch/wp-content/uploads/2020/10/SEM_PLEX_2020.pdf

      [4] A ce sujet, sur les violences au Centre de Giffers : https://asile.ch/2020/06/23/le-courrier-violences-a-chevrilles, sur celles au centre de Bâle : https://3rgg.ch/securitas-gewalt-im-lager-basel , témoignages récoltés par Migrant Solidarity Network (1 et 2), ici le rapport de la Commission Nationale de Prévention de la Torture : https://asile.ch/wp-content/uploads/2021/01/CNPT_CFA_DEC_2020-fr-1.pdf et là le communiqué de humanrights.ch : https://www.humanrights.ch/fr/qui-sommes-nous/commentaire-violences-cfa

      Lettre reçu via la mailing-list Droit de rester, le 12.03.2021

    • Les conséquences de l’asile au rabais

      Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) est enfin sorti de son mutisme. Mercredi, sous pression, après d’énième révélations sur des cas de mauvais traitements dans les centres d’asile, il a annoncé qu’il mandatait une enquête indépendante concernant plusieurs cas de recours excessif à la force.

      C’est une avancée car, jusqu’ici, l’institution n’avait jamais reconnu de dysfonctionnements. Alors que quatre plaintes avaient été déposées contre la société de sécurité #Protectas en juin dernier par des demandeurs d’asile blessés au centre de #Chevrilles, il n’avait pas bronché, déléguant d’éventuelles sanctions à la société privée. Plus d’un an après, justice n’a toujours pas été rendue. Certains plaignants ont été expulsés…

      Le SEM affirme avoir aussi suspendu 14 membres du personnel de sécurité impliqués dans différentes affaires, notamment pour un recours abusif à des « #salles_de_réflexion », que certain·es nomment « salles de torture ». Berne a été sommé de réagir suite à un enregistrement clandestin qui prouve que les agent·es n’hésitent pas à falsifier des rapports dans le but de justifier le recours à la violence. Le SEM a annoncé qu’il allait réexaminer les modalités de recrutement du personnel de sécurité et leur formation.

      C’est un premier pas, mais insuffisant. Quatorze suspensions pour combien d’incidents impunis ? « J’ai vu des gens se faire tabasser sous mes yeux… la plupart ne portent jamais plainte. Si tu te plains, tu peux être sûr que les sévices doubleront », nous confiait hier un homme qui a résidé au centre de #Boudry et de Chevrilles.

      Les associations actives dans le domaine de la migration dénoncent depuis des années le processus de #privatisation de l’asile. La Confédération recoure à des sociétés privées pour assurer la sécurité et l’encadrement dans ses centres. Or, ces entreprises ont pour objectif de faire du profit. Il n’est pas étonnant qu’elles lésinent sur les moyens. Recrutements à la va-vite, formations inexistantes et contrats précaires engendrent des situations explosives où le personnel est démuni face à une population au parcours extrêmement difficile.

      La Suisse doit faire mieux, elle en a les moyens. Alors que des personnes cherchent ici protection, elles rencontrent violence et mépris. Il est inacceptable que nos impôts continuent à financer un système arbitraire perpétuant une terreur que les personnes migrantes ont fuit au péril de leur vie.

      https://lecourrier.ch/2021/05/06/les-consequences-de-lasile-au-rabais

    • Documentation | Violences dans les centres fédéraux d’asile

      Depuis plusieurs mois en Suisse des cas de violences perpétrées dans et autour des centres fédéraux d’asile (CFA) ont été dénoncés. Sans changements significatifs opérés, d’autres sont à craindre. Pour que les personnes réfugiées ne soient pas à nouveau des victimes isolées, il est important d’apporter un regard externe sur ce qui se passe au sein des CFA. Ces questions touchent à la cohésion sociale. Le 5 mai 2021, les résultats d’une enquête de médias associés ont été présentés au public (https://www.rts.ch/info/suisse/12175381-bavures-et-rapports-trafiques-la-securite-derape-dans-les-centres-feder), révélant à nouveau des exactions commises par les employé.es des sociétés de sécurité envers des résident.es. Le Secrétariat d’État à la migration (SEM) a réagit par voie de presse (https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/sem/medien/mm.msg-id-83389.html) en annonçant l’amorce d’une enquête indépendante. Les médias et la société civile jouent un rôle essentiel pour faire la lumière sur des questions de sécurité publique et de respect des droits humains.

      Le 5 mai dernier les résultats d’une enquête de la RTS (https://www.rts.ch/info/suisse/12175381-bavures-et-rapports-trafiques-la-securite-derape-dans-les-centres-feder), SRF et la WOZ a été rendue publique. En s’appuyant sur des enregistrements et témoignages, elle documente plusieurs exactions commises par les personnes en charge de la sécurité dans différents centres fédéraux d’asile. “Des rapports sont parfois truqués par les agents de sécurité pour se couvrir. En réaction à ces révélations, le Secrétariat d’État aux migrations a fait suspendre 14 de ces employés de sociétés privées et lance une enquête externe” (RTS). Le téléjournal de midi, de 19h30 et l’émission Forum en ont parlé. Le matin même, le SEM a publié un communiqué annonçant avoir été informé du recours à des “mesures coercitives disproportionnées” de la part d’agent.es de sécurité. Demandé depuis plusieurs années par la société civile, il annonce avoir chargé l’ancien juge Niklaus Oberholzer d’une enquête indépendante et vouloir réfléchir au recrutement et à la formation de ces personnes . Le quotidien Le Courrier (https://lecourrier.ch/2021/05/05/quatorze-agent%c2%b7es-de-securite-suspendu%c2%b7es) est allé à la rencontre du collectif Droit des rester Neuchâtel qui doute de ces dernières mesures : « Nous demandons que ce soit des entités publiques à but non lucratif qui gèrent l’encadrement. Celles-ci doivent engager des professionnel·les de la médiation, du travail social, de l’interculturalité et de la santé. »

      Avant cela, le 28 avril 2021 le Secrétariat d’État à la migration (SEM) avait publié un communiqué (https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/sem/medien/mm.msg-id-83251.html) déplorant l’augmentation des menaces envers les centres d’asile fédéraux (CFA). Il y est fait état de déprédations faites aux bâtiments, mais également de menaces et de mises en danger d’employé.es du SEM. Dans le viseur, des « groupes de gauche radicale » qui feraient appel via leur site à des actes de vandalisme, ou même appel à la violence envers des employé⸱es. Les associations de défense du droit d’asile ont condamné de tels procédés. La Plateforme Société civile dans les centres fédéraux s’est positionnée (https://mailchi.mp/d2895a50615c/neuigkeiten-baz-nouveauts-cfa) en rejetant toute forme de violence. Le collectif bâlois 3RGG -auteur d’un rapport répertoriant les actes violents envers les personnes requérantes d’asile au sein du centre fédéral d’asile du canton de Bâle (BässlerGut) – se distancie également de ces méthodes (https://asile.ch/2021/04/30/3rgg-communique-violences-dans-les-camps-federaux-dasile) qui ne sont pas les leurs. Ses auteurs regrettent que leurs appels à se mobiliser contre les violences impunies du personnel de sécurité envers des résident⸱es isolé⸱es n’ait connu que peu d’échos dans les médias et dans la vie des centres en conséquent.
      Jusqu’ici ce sont d’autres types de dénonciations de violence en lien avec les CFA qui ont été exprimées. En 2021, au CFA de Boudry (NE) c’est un cas d’hypothermie (https://lecourrier.ch/2021/02/17/hypothermies-au-centre-dasile) pour une personne placée en « cellule de dégrisement » qui a servit de révélateur à ce que Droit de rester Neuchâtel décrit comme un « réel système punitif ». En 2020, dans le centre de renvoi de Giffers, quatre #plaintes (https://asile.ch/2020/09/22/solidarite-tattes-giffers-visite-aux-requerants-qui-ont-denonce-des-violences) ont été déposées contre la société de sécurité Protectas pour des exactions envers des résident.es. A BässlerGut, le travail d’enquête (https://asile.ch/2020/07/30/enquete-violences-au-centre-federal-de-bale-quand-le-systeme-deraille) poussé qu’avait publié le collectif 3 RGG faisait état de violences graves perpétrées par des personnes en charge de la sécurité envers les personnes résidentes, avec des processus de dénonciation inefficient à l’interne. La commission nationale de prévention de la torture (CNPT) après une visite au sein de plusieurs CFA en janvier 2021 suggérait elle aussi des améliorations (https://asile.ch/2021/01/20/cnpt-rapport-dobservation-des-centres-federaux-dasile-la-violence-pointee-du-d) concernant la gestion des conflits, la prévention de la violence et la gestion des plaintes. Une des réponses offerte par le SEM est celle de la réouverture du centre spécifique des Verrières pour accueillir les personnes qui « représentent une menace pour elles-mêmes ou pour autrui ». L’OSAR s’inquiète (https://www.osar.ch/communique-de-presse/centre-des-verrieres-les-requerants-dasile-doivent-beneficier-dune-representati) de cette mise à l’écart pour des personnes généralement fragilisées. Selon l’organisation, il vaudrait bien mieux miser sur la prévention de la violence et renforcer l’encadrement.

      Liées à des conditions structurelles, ces dénonciations de part et d’autres ne s’arrêteront probablement pas là. Dans ce jeu du chat et de la souris, les médias et la société civile jouent un rôle important pour faire la lumière sur des dynamiques en présence. L’éditorial du dernier numéro de la revue Vivre Ensemble le rappelait : ” […] les centres fédéraux réunissent les deux ingrédients de la violence institutionnelle : fermés d’accès au regard public, ils donnent au personnel un pouvoir énorme sur une catégorie de personnes. Or, les véritables garde-fous à l’impunité et à l’arbitraire se situent du côté de la transparence. Et la société civile est bien là, du côté des victimes, et ne manque pas de le lui rappeler. “

      https://asile.ch/2021/05/07/documentation-violences-dans-les-centres-federaux-dasile

    • Centres fédéraux | À l’écoute des victimes

      Le #déni des autorités intenable face à la médiatisation des violences

      Le mois de mai aura vu la question des violences dans les CFA tenir une belle place dans l’actualité. D’abord avec les enquêtes de la RTS, de la SRF et de la Wochenzeitung, puis avec le rapport d’Amnesty International qui relate des cas de maltraitances à l’égard de requérant·es d’asile qui pourraient s’assimiler à de la torture [1]. Des témoignages de victimes, mais également d’ancien·es employé·es des centres ont été recueillis et des enregistrements, effectués à l’insu du personnel de sécurité, ont permis d’établir que leurs rapports de sanction à destination du SEM sont truqués.

      Ces enregistrements proviennent du téléphone d’une femme enfermée dans un container-cellule. Le mobile lui avait été confisqué par le personnel de sécurité et a capté deux heures de leurs conversations. Cela se passe donc dans la loge des agent·es de sécurité de Protectas, il y a quelques mois au CFA de Boudry dans le canton de Neuchâtel. On y entend les agent·es discuter du contenu du rapport qu’ils doivent faire parvenir au SEM pour justifier leur mise en cellule. Une agente qui n’a pas assisté aux événements est chargée de le taper. Les cellules, ce sont donc ces containers sans aucuns meubles, dotés seulement d’une petite fenêtre, à l’odeur de vomi, d’urine et tâchés de sang au sol. Les requérant·es d’asile y sont enfermé·es, parfois pendant deux heures, parfois plus. Une caméra permet de les filmer.

      Ces pratiques, éminemment choquantes ne sont pas étonnantes. Elles sont davantage la conséquence d’un système, plutôt que le fait d’individus. Car les événements qui ont eu lieu dans différents CFA, à différentes dates, se ressemblent de façon troublante. À l’origine de ces actes de violence, il y a le plus souvent des événements que l’on pourrait qualifier d’incidents. Un téléphone volé, un masque sous le nez ou une perte de patience dans la longue file d’attente pour le repas. Et plutôt que d’apaiser les conflits de façon non violente et bienveillante, le personnel de sécurité les amplifie en usant de sa force physique et verbale, de ses gros bras et de son uniforme imposant. À cela s’ajoutent des mesures radicales comme ces mises en cellule appliquées de façon arbitraire et non conforme au règlement du SEM. Comme on l’a entendu, il suffit d’enjoliver le rapport pour le SEM pour maquiller ces imperfections. Le SEM doit d’ailleurs en être conscient, mais en déléguant ces tâches à des prestataires privés, il peut allégrement fermer les yeux. La responsabilité est dissoute dans la chaîne hiérarchique. Alors que légalement le SEM est pleinement responsable.

      Les dénonciations de nombreux collectifs dans différents CFA depuis plus d’une année et à de nombreuses reprises ont longtemps été traitées avec mépris par le SEM, qui a toujours nié ou prétendu avoir pris des mesures. Il aura fallu ces preuves irréfutables et un dégât d’image important pour le faire plier, un tout petit peu.

      Il a annoncé la suspension de 14 agent·es de sécurité, un audit interne, une enquête externe à Boudry par un ancien juge fédéral, la suppression des containers et une réflexion sur la mise en place d’un bureau externe chargé de recueillir les plaintes des requérant·es d’asile. On peut se réjouir de ce dernier point. Mais reste encore à voir quelle sera la mise en œuvre concrète. Pour le reste, ne nous méprenons pas. Il ne s’agit pas là d’une révolution, mais bien d’une communication bien rôdée.

      Car évidemment il ne suffira pas que les containers insalubres soient remplacés par de jolies salles de « réflexion » aux couleurs apaisantes. Parce que sales ou propres, cela restera des cellules. Il n’est pas suffisant non plus que les agent·es de sécurité impliqué·es dans les quelques affaires récemment médiatisées soient remplacé·es par d’autres. Tant que le cadre de travail sera le même, les mêmes violences se reproduiront. Il suffit de lire le rapport d’Amnesty et les témoignages d’anciens agents de sécurité ou d’assistants sociaux pour comprendre combien celles-ci font partie de la culture d’entreprise. On ne peut que redouter qu’un nouveau lieu à haut potentiel de violence systémique sorte de terre à Genève, dans le cadre du projet de construction d’un centre fédéral au Grand-Saconnex (lire ici).

      Tant que les requérant·es d’asile continueront à être considéré·es comme une catégorie de la population à part, rien ne changera. Il faudra continuer de dénoncer ce qui se passe derrière les portes de ces centres. Et d’écouter, sans mettre en doute, la parole des réfugié·es qui se seraient bien passé de subir de nouvelles violences, après avoir fui celles de leur pays et en avoir subi sur la route de leur exil. On peut ici souligner le rôle des médias qui ont, à travers leurs investigations, contribué à amener sur la place publique des pratiques dénoncées depuis de nombreuses années par des organisations de la société civile. Et contraint les autorités d’asile à sortir du bois.

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      INÉDIT | Immersion dans la loge des agent·es de sécurité du CFA de Boudry

      L’enregistreur vocal du smartphone était enclenché. Confisqué par des agent·es de sécurité du Centre fédéral de Boudry, le téléphone d’une requérante d’asile a enregistré par inadvertance durant près de deux heures les conversations qui se sont tenues dans leur loge. Nous publions la retranscription complète et inédite de cette capture audio, anonymisée.

      Discussions entre membres du personnel, interactions avec des requérant·es d’asile : les échanges sont révélateurs d’un climat latent d’irrespect et de violence ordinaire induite par le rapport de force et le choix de confier l’encadrement des résident·es des Centres fédéraux d’asile à des agents de sécurité démunis d’outils de médiation. La gestion uniquement sécuritaire des tensions, inévitables dans des lieux de vie collectifs, l’absence de prise en compte par le personnel d’une réalité évidente, celle que les personnes logées là sont dans une angoisse existentielle liée à leur demande de protection, l’impunité renforcée par des mécanismes visant à tout régler « à l’interne », ressortent de leurs propos. Dans la dernière édition de la revue « Vivre Ensemble », nous avons publié un extrait de cet enregistrement : celui-ci montre comment les agent·es trafiquent un rapport justifiant la mise en cellule d’isolement d’une femme, en accusant celle-ci d’acte de violence. La retranscription complète de l’enregistrement montre que celle-ci était venue solliciter l’aide de la sécurité pour que celle-ci aide un enfant (en pleurs) à récupérer un téléphone portable qu’il s’était fait voler par un homme hébergé au centre, et que face au refus de l’agent, elle avait voulu en référer à la direction du centre. La suite permet de s’immerger dans un huis clos quasi fictionnel.

      https://asile.ch/2021/08/23/centres-federaux-a-lecoute-des-victimes
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      Transcription d’un enregistrement audio réalisé au Centre fédéral d’asile de Perreux (Boudry)

      Date: mercredi 20 janvier 2021, en fin de journée

      Légende

      A : femme requérante d’asile, dont le téléphone a capté cet enregistrement
      AS 1 : agent de sécurité impliqué dans la scène de démarrage du conflit
      AS 2 : agent de sécurité qui vient rapidement en renfort du 1er. Il semble qu’il y ait deux personnes derrière AS 2. Les voix sont difficiles à identifier
      AS 3 : agente de sécurité avec une fonction qui semble supérieur à AS 1 et 2
      AS 4 : agente de sécurité avec une fonction dirigeante, ou en tout cas davantage administrative car elle rédige les rapports
      + autres agent·es non-distingués les un·es des autres
      Le téléphone d’un enfant vient d’être volé dans le centre par un requérant d’asile à qui il l’avait confié. « A » interpelle alors un agent de sécurité pour lui demander d’agir et de retrouver le téléphone. L’agent de sécurité pense que l’enfant est son fils, mais ce n’est pas le cas. A enclenche alors le mode enregistrement sur son téléphone.

      A : You’re the security and you should to take a look
      Agent de sécurité 1 : No, no security for look the child, look your phone there
      A : I’ll complain, I’ll complain about that interacting
      AS 1 : No, what what, the time where you put your phone here, no security must look, it’s your mission.
      A : You’ll not try to search, not at all ?
      AS 1 : No, no, no, that your responsability.
      A : But you’re security
      AS 1 : That your responsability. Look, your children, madame, your children, they go up. The time when something happens to up, you come see security ?
      A : But normally you’re accessing the doors without permission ?
      AS 1 : I ask you, you no see your children you (mot incompréhensible)
      A : I’ll complain about that. What is your name or number of the working ? Because you’re just not searching for this telling stuff but discussing about me
      AS 1 : Yes
      A : You don’t do that. So what is your name because I need to complain.
      AS 1 : For me ?
      A : Yes or number of working.
      AS 1 : My number ?
      A : Yes
      AS 1 : For what ?
      A : For working. Because you’re working here and you have the number. I’ll complain, believe me, you don’t do your work
      AS 1 : No. Madame, I’m telling you something, ok ? I know place you’re coming from, ok ?
      A : Poland
      AS 1 : Ok in Switzer… I don’t know.
      A : We’re complainig pretty much and we’ll complain, not to the SEM, but your boss I’ll complain, Protectas, and to the SEM, to the SEM, to the government and to the everyone.
      AS 1 : If you don’t take your responsability… (en s’adressant à un autre requérant d’asile) Brother, brother, come in please. Tell this woman, ok, « if you come here… »
      A : (également à l’autre requérant d’asile) He doesn’t want to check the stealing stuff but they’re accessing the doors and checking the people. But he can’t check the stealing stuff.
      AS 1 : Can you leave me talk with him ?

      Brouhaha car A et AS 1 parlent en même temps avec beaucoup de bruits en arrière-fond et notamment l’enfant qui s’est fait voler son téléphone qui pleure. On entend plusieurs autres requérants d’asile parler de ce qui s’est passé. AS1 finit par proposer à A de se rendre à la loge des agent.es de sécurité pour discuter de l’affaire.

      AS 1 : Can you go to the security office ?
      A : (A l’enfant qui pleure) Yes, we’ll look for you phone. (à AS 1) You still didn’t tell me your number !

      Echanges entre différents requérants d’asile avec l’agent de sécurité. A redemande le numéro de l’agent et insiste.

      AS 1 : Take my picture
      A : No, I don’t want to take your picture
      AS 1 : Take my picture
      A : Ok no problem

      A le prend en photo. On entend ensuite du bruit et on imagine que l’AS1 essaie de lui retirer son téléphone et user de la force. A commence à gémir « ahouaoua, ahouaha » (« aïe » à de multiples reprises).

      https://asile.ch/2021/06/30/inedit-immersion-dans-la-loge-des-agent%c2%b7es-de-securite-du-cfa-de-boudry

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      Violences | un arrière-goût de déjà-vu

      Une enquête est en cours pour déterminer si des mesures coercitives disproportionnées ont été utilisées à l’encontre de requérants d’asile dans certains centres fédéraux. Il s’agirait, selon certains, de dérives individuelles. Selon d’autres, l’autorité a tort de sous-traiter une tâche régalienne à des sociétés privées.

      En fait, le problème se pose depuis belle lurette. En 1993 déjà, l’aumônerie genevoise auprès des requérants d’asile (AGORA) relevait, dans une lettre à l’Office fédéral des réfugiés (ODR), le SEM d’alors, que le personnel mis en place dans le Centre d’enregistrement de La Praille, inauguré l’année précédente, « n’était ni assez nombreux ni suffisamment formé pour remplir sa tâche. » L’aumônerie ajoutait que ce personnel n’assurait pas « un minimum d’écoute permettant de désamorcer les tensions ».

      La gestion de ce centre avait été confiée à l’ORS Service SA et à Securitas. Le CHERANE (Conseil pour l’hébergement des requérants non-enregistrés) qui, avec le soutien d’associations et du canton, assurait depuis deux ans l’accueil des candidats à l’asile, avait été écarté. Le M. Réfugiés de l’époque, Peter Arbenz, avait déclaré « ne pas avoir besoin d’assistants sociaux avec une mentalité tiers-mondiste ». Le Conseil d’État genevois avait boycotté l’inauguration, expliquant le refus de l’offre du CHERANE par « la crainte d’introduire le loup des œuvres d’entraide dans la bergerie fédérale ». « Les locaux de la discorde », avait titré la Tribune de Genève (18.04.1992).

      L’aumônerie, qui pouvait, avec de strictes limitations, pénétrer dans le Centre d’enregistrement, a dénoncé maintes fois, au cours des années suivantes, ce qu’elle considérait comme des abus. Certes, des membres du personnel faisait preuve d’empathie envers les requérants, mais, dans l’ensemble, le système policier établi manifestait bien plus une méfiance, voire un rejet qu’un accueil de personnes en quête de protection.

      À mes yeux, cette attitude reflétait le regard de peur, ou même d’hostilité porté par une partie de la population et des autorités sur des requérants d’asile dont beaucoup venaient de subir moult épreuves et souffrances. J’ai peur qu’il en soit toujours de même.

      https://asile.ch/2021/08/23/violences-un-arriere-gout-de-deja-vu

      #violence #torture #maltraitance #Protectas #SEM #Boudry #responsabilité

  • L’économie comme arme globalisée de l’État

    Louis de Colmar

    https://lavoiedujaguar.net/L-economie-comme-arme-globalisee-de-l-Etat

    La temporalité de l’État doit être distinguée de la temporalité du capitalisme, la première est largement plus longue que la seconde, et leurs critiques ne se recouvrent donc pas entièrement. La critique du capitalisme ne recouvre pas la critique de l’État, et elles ne ressortissent pas exactement à la même logique, à la même temporalité. C’est pour moi la critique de l’État qui englobe la critique du capitalisme, et non pas la critique du capitalisme qui intègre la critique de l’État. Considéré sur le long terme, je dirais que le capitalisme est une expression particulière d’une crise historique de l’État sur le temps long. La critique de l’État ne doit pas être menée au nom de ses « excès » autoritaires, mais au nom de l’idéal de rationalité et de régulation dont il se réclame : se concentrer sur l’autoritarisme c’est prendre l’effet pour la cause, alors qu’il devrait plutôt être considéré sous l’angle d’une perversion de sa logique plutôt que sous celui d’une essence première. Il y a une sorte d’homothétie entre une définition anthropologique de l’homme et une définition correspondante de l’État : c’est cette unité qu’il convient de remettre en cause, et non dénoncer l’État au nom de sa propre définition de l’homme.

    De même que le capitalisme ne doit pas être combattu (seulement) pour ses excès (injustices, répartition inégale des richesses, etc.), de même l’État ne doit pas (seulement) être combattu pour ses excès (autoritarisme, inégalités juridiques, lacunes dans la sélection des élites aristocratique, etc.) mais pour l’idéal de gestion rationnel qu’ils prétendent au même titre mettre en œuvre. (...)

    #critique #État #guerre #économie #capitalisme #Bernard_Charbonneau #Robert_Kurz #modernité #Macron #pandémie

  • Carnaval des Rues Communiqué
    https://barrikade.info/article/3845

    Manifestation festive pour le droit à la ville à Berne lourdement réprimée par la police.

    Carnaval des Rues Communiqué
    Recht auf Stadt
    Freiräume - Wohnungsnot
    13.09. 2020

    Heute Nacht, am 12.9. auf den 13.9.2020 sollten die Strassen und Quartiere von Bern Zeug*in eines unvergesslichen Anlasses werden . Ein lautes Fest, eine hörbare Stimme für Veränderung in schweizer Städten. Wir haben die Stadtenwicklung und ihre diskriminierende Verdrängung satt. Gemeinsam sollte der Kreativität und der Träumerei freien lauf gelassen werden. Der Carnaval des Rues will uns allen zeigen, dass es auch anders geht!

    #villes #sons #urban_matter #géographie_urbaine #bruits

  • « Valeurs actuelles », le faux pas des jeunes loups, Ariane Chemin et François Krug
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/09/08/valeurs-actuelles-le-faux-pas-des-jeunes-loups_6051441_4500055.html

    En gros plan, Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles.En haut, Charlotte d’Ornellas et Laurent Dandrieu, membres de la rédaction.À droite, de haut en bas, les figures historiques François d’Orcival et Raymond Bourgine. Enfin, Charles Villeneuve, conseillé de l’actuel propriétaire du titre. Camille Durand/M Le magazine du Monde à partir de photos de Vincent Isore/IP3, JP B​altel/Sipa, Bruno Levy/Divergence-Images, Didier Goupy / Signatures, Frédéric Reglain/Gamma-Rapho, John Spencer/Sipa [Pas moins]

    Un entretien exclusif avec Macron, une présence régulière sur les chaînes d’info… L’arrivée de Louis de Raguenel à Europe 1 aurait pu être une étape de plus dans la course à la respectabilité menée par l’hebdo réactionnaire. Mais la parution d’une fiction mettant en scène Danièle Obono en esclave est venue compliquer ce dessein.

    Louis de Raguenel n’a pas de chance. Voilà plusieurs mois que le journaliste de Valeurs actuelles cherchait à rejoindre un « grand » média. Pour la rentrée, on lui proposait la tête du service politique d’Europe 1. Dans une vie précédente, le jeune homme de 33 ans a travaillé au ministère de l’intérieur sous Claude Guéant et fréquenté un cercle préparant la réélection de Nicolas Sarkozy. Il s’y était lié d’« amitié » avec Sylvain Fort, futur proche conseiller d’Emmanuel Macron.

    En octobre 2019, lors d’une tournée dans l’Océan indien, le chef de l’État l’avait convié à bord de l’Airbus présidentiel et lui avait accordé une longue interview sur l’immigration et l’islam. Une victoire pour Valeurs actuelles et une ligne de plus à son CV : Raguenel n’est plus seulement spécialiste des questions de défense ou de police, il a accès direct à l’Élysée. Son départ pour la radio était acté, son passé militant ne semblait pas poser problème. Quand, patatras, le voilà rattrapé malgré lui par un de ces scandales qui font l’ADN de son ancien journal, contraignant la direction d’Europe 1 à un bras de fer avec sa rédaction.
    L’histoire commence fin août. L’illustrateur Pascal Garnier vient de recevoir un e-mail de Valeurs actuelles. Danièle Obono ? Il n’a jamais entendu parler de cette députée qu’on lui demande de dessiner « enchaînée ». La commande, une dizaine de dessins au total, doit être livrée en quelques jours, juste à temps pour le bouclage du numéro du 27 août. Garnier, 60 ans, est un professionnel reconnu, au trait soigné et réaliste. Il collabore aussi au quotidien économique Les Échos.

    Une série d’été

    Depuis huit ans, il illustre la série d’été de Valeurs, ­toujours consacrée à des récits de politique-­fiction. Cette année, l’hebdomadaire immerge des personnalités contemporaines dans le passé, Nicolas Hulot au temps de Charlemagne, Éric Zemmour à Waterloo… Comme d’habitude, Garnier sort ses crayons sans avoir lu l’article. Il doit se contenter d’un « brief », comme on dit dans le métier, avec des consignes parfois elliptiques : « Hulot affamé au cachot », ou « Napoléon au chevet de Zemmour sur son lit de douleur ».

    Cette fois, il est question d’une députée La France insoumise plongée dans son Afrique natale au XVIIIe siècle. Elle est réduite en esclavage et vendue par d’autres Africains avant d’être sauvée par un missionnaire et des religieuses français. Pour guider le dessinateur, l’auteur de l’article a envoyé par e-mail des photos de l’élue sous tous les angles, face, profil, ainsi que des « suggestions de découpe d’images ».

    Garnier nous en lit la liste au téléphone : « Un chef africain ou un conseil de village », « un sultan fumant un narguilé », « des négresses à plateaux » (des bouts de bois fichés dans la bouche chez les femmes de certains peuples). On lui réclame surtout une « Danièle Obono enchaînée à d’autres femmes ». Il traduit ces consignes en images « le plus fidèlement possible ».

    Une couverture anodine

    Dans la petite bande de trentenaires qui dirige Valeurs actuelles, on se flatte de posséder « un radar à bad buzz ». Pourtant, aucun n’imagine que ce numéro du 27 août va faire un tel scandale. En couverture, une photo d’incidents à Paris après la défaite du PSG en finale de la Ligue des champions, pour illustrer l’« ensauvagement » et recenser les faits divers de l’été : « 60 jours dans la France des nouveaux barbares ».

    Une couverture anodine, sur le baromètre de Valeurs actuelles. Une fois le journal en kiosque, les réseaux sociaux s’emparent des dessins de Danièle Obono, en particulier celui la représentant nue, de profil, un collier de fer au cou. Puis ils décortiquent l’article lui-même, « Obono l’Africaine », une histoire de méchants noirs et de gentils blancs signée d’un certain Harpalus, le pseudonyme collectif des auteurs de la série, emprunté à un personnage de l’Antiquité.

    C’est par défaut que Danièle Obono a été ciblée. Valeurs actuelles voulait profiter de cet exercice de fiction pour dénoncer une mouvance « racialiste » et, selon lui, dangereuse. « On s’est demandé qui étaient les porte-parole médiatiques de ce mouvement, nous raconte Geoffroy Lejeune, le directeur de la rédaction. On avait pensé à Omar Sy, mais cela aurait été malhonnête intellectuellement : son truc, c’est plutôt les violences policières. » L’équipe songe ensuite à Lilian Thuram, l’ancien footballeur, mais il avait déjà eu droit à une couverture en 2019 sous le titre « Les racistes anti-blancs ». Le choix se porte finalement sur la députée de Paris, une femme, née au Gabon, « moins connue, mais tout de même députée de la nation ».

    Un jeune directeur

    Geoffroy Lejeune donne rendez-vous, coïncidence, le jour de ses 32 ans. Aux murs de son bureau, ce fils d’un officier de l’armée de terre a accroché le portrait d’un légionnaire et un autre de Zinédine Zidane. Dans les rayonnages de la bibliothèque, les livres d’Éric Zemmour côtoient une statuette de la Vierge. Sorti d’une école de journalisme à la fin des années Sarkozy, Lejeune rêve de travailler au Point. Il atterrit dans un hebdomadaire plus confidentiel et endormi, Valeurs actuelles, qui va se réveiller sous la présidence de François Hollande.

    Quatre ans après son arrivée, Lejeune est promu directeur de la rédaction, à 27 ans seulement. « Un des signes du basculement culturel et générationnel en cours », se félicite Alexandre Devecchio, aujourd’hui responsable du site FigaroVox et consultant pour LCI, dans Les Nouveaux Enfants du siècle, un ouvrage-manifeste publié au Cerf.
    Changement de statut, et de look. Finis, la coupe de cheveux bien dégagés derrière les oreilles, les chemises et les vestes. Lejeune porte les cheveux mi-longs et des sweats à capuche. « Gamin, on me coupait les cheveux avec une tondeuse qui ne faisait pas dans la dentelle. J’ai fait une crise capillaire un peu tardive », s’amuse-t-il. C’est avec ce nouveau look qu’il intervenait sur les plateaux de LCI, avant que l’article sur Danièle Obono ne conduise la chaîne d’info à le remercier.

    De « Valeurs » à « V.A. »

    C’est aussi à ses cheveux qu’on le reconnaît depuis la rentrée parmi les chroniqueurs de « Balance ton post ! », une émission du bateleur Cyril Hanouna sur C8. Lejeune se définit lui-même comme « réac », mais sait vivre avec son temps. Les vieux compagnons de route de Valeurs actuelles appelaient affectueusement leur journal « Valeurs », tout court. Lui préfère les initiales « V.A. ». Plus court, plus percutant, plus adapté à la génération hashtag.

    La politique-fiction est un genre bien pratique. Il permet de libérer inconscient et obsessions. Derrière la littérature, on y lâche quelques secrets politiques, on pousse certains candidats, on en flingue d’autres.
    Le grand public le découvre en 2015 quand il fait la promo d’Une élection ordinaire, un roman publié aux éditions Ring dans lequel il imagine l’arrivée d’Éric Zemmour à la présidence de la République. Une fiction dans laquelle il glisse quelques mots sur son Valeurs actuelles : « Le magazine était coutumier des titres racoleurs. Ses patrons surfaient sur un succès factice et radicalisaient leur ton au gré des ventes qui ne cessaient d’augmenter. La presse tombait systématiquement dans le panneau, reprenant leurs couvertures les plus hardcore pour en faire des scandales. »

    La politique-fiction est un genre bien pratique. Il permet de libérer inconscient et obsessions. L’une des plus vieilles rubriques du journal est « La Lettre de M. de Rastignac ». Chaque semaine, un personnage balzacien raconte à un cousin de province la « comédie contemporaine » de la capitale. Derrière la littérature, on y lâche quelques secrets politiques, on pousse certains candidats, on en flingue d’autres.
    Ce pseudo a longtemps caché Alexis Brézet, à l’époque journaliste à Valeurs actuelles, aujourd’hui directeur des rédactions du Figaro. Désormais, c’est le directeur adjoint de la rédaction du Figaro, Vincent Trémolet de Villers, qui tient la rubrique sur son temps libre, croquant « M. de Marville » (Emmanuel Macron), « Mme du Halga » (Marine Le Pen) ou « Paul-Mathieu Méricourt », alias Jean-Luc Mélenchon.

    Des gaullistes, des libéraux, des étatistes, un ami du Likoud…

    Geoffroy Lejeune est l’héritier d’une longue histoire. Valeurs actuelles naît en 1966. C’est en réalité la nouvelle formule d’un vieux journal boursier, Aux écoutes de la finance, devenu Finance. Dès son premier numéro, Valeurs actuelles s’ouvre à toutes les droites, même celle qu’on n’entend plus depuis la Libération.

    Le fondateur, Raymond Bourgine, a milité pour l’Algérie française, mais finit par rejoindre les héritiers du général de Gaulle et est élu sénateur RPR. Dans les couloirs, on croise des gaullistes, des libéraux, des étatistes, des amis de la haute finance, un ami du Likoud et même un rocardien, mais officiellement, personne d’extrême droite. Seul un petit milieu sait que le critique de cinéma de l’époque, François Vinneuil, est en réalité l’écrivain antisémite et collaborationniste Lucien Rebatet, condamné à mort à la Libération avant d’être gracié.

    « C’est un journal de droite et, selon les moments et les auteurs, il l’a été plus ou moins, mais tous les autres qualificatifs sont excessifs », défend l’ancien patron et toujours chroniqueur François d’Orcival, 78 ans, encore un nom de plume. Lui-même a milité, jeune homme, dans l’extrême droite la plus radicale, avant d’évoluer vers un conservatisme bon teint. Dans les locaux du 16e arrondissement de Paris, il est devenu le gardien de la mémoire.

    L’émergence de la « droite décomplexée »

    Les mécènes de droite se sont succédé au capital, le financier Marc Ladreit de Lacharrière, la famille Dassault, puis l’industriel du médicament et de la cosmétique Pierre Fabre, qui s’est lassé de combler les pertes. En 2012, un journaliste du Figaro, Yves de Kerdrel, est chargé de redresser le journal. Il commande une étude de lectorat à la Sofres. Sa conclusion : « Pour les lecteurs, c’était un journal de droite donnant l’impression d’être fait par des gens qui avaient honte d’être de droite. » La nouvelle formule consacre l’émergence en politique du concept de « droite décomplexée ». Chaque semaine, la couverture doit provoquer un électrochoc chez les « bien-pensants ».

    En septembre 2013, le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, assouplit les naturalisations. En conférence de rédaction, on se creuse la tête. Un journaliste se souvient d’une Marianne voilée sur une couverture du Figaro Magazine, en 1991. Valeurs actuelles pique l’idée pour dénoncer « l’invasion qu’on nous cache ». Il est condamné en première instance et en appel pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » à l’égard des musulmans.

    En 2017, la Cour de cassation estime finalement qu’il n’a pas dépassé « les limites admissibles de la liberté d’expression ». Kerdrel ne renie pas cette couverture restée dans les mémoires : « Ce n’est pas ce qu’on a fait de mieux, mais elle ne méritait pas cet excès d’indignité. » Cette même année 2013, le journal publie un dossier « Roms, l’overdose », qui lui vaut cette fois une condamnation définitive.

    Kerdrel n’est pourtant pas un excité. Ce libéral s’entend à merveille avec le jeune secrétaire général de l’Élysée, Emmanuel Macron, rencontré à la commission Attali sous le quinquennat précédent. Il affirme avoir été parmi les premiers adhérents secrets d’En marche !, « carte numéro 007 », aime-t-il à raconter. « Je faisais un journal conservateur mais pas extrême », plaide-t-il. La diffusion payée du journal grimpe à plus de 120 000 exemplaires.

    De quoi susciter des convoitises lorsque les héritiers de Pierre Fabre le mettent en vente. L’armateur franco-libanais Iskandar Safa l’emporte, conseillé par deux anciennes éminences de TF1, Étienne Mougeotte et Charles Villeneuve. Un an plus tard, en 2016, Geoffroy Lejeune est promu directeur de la rédaction. Sa mission : faire oublier les excès. Sur la forme, au moins. Lejeune était un des auteurs du dossier sur « l’overdose » de Roms, mais il renie cette période.

    De l’anticommunisme à la Manif pour tous

    Finies, les Marianne voilées. Cela n’empêche pas de titrer en couverture sur « les islamo-gauchistes » ou, variante, « les islamo-­collabos », en diffusant auprès du grand public le vocabulaire et les concepts de l’extrême droite. On peut aussi draguer les complotistes et réjouir les antisémites avec une couverture sur le « milliardaire » George Soros, « le financier mondial de l’immigration et de l’islamisme ». On se découvre aussi de nouveaux ennemis, en racontant « comment les féministes sont devenues folles » ou en dénonçant « la terreur vegan ».

    À “Valeurs”, on préfère “Marion” à “Marine”, on croyait en Fillon, on suit de près Retailleau. « Nous sommes des orphelins politiques, ce qu’on incarne n’existe pas. » Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction
    Lejeune ne s’en cache pas : il est un intime de Marion Maréchal, l’un des espoirs de cette génération qui a trop vu de candidats défendant des idées ultraconservatrices s’user et échouer à la présidentielle. « Je la connais depuis que j’ai 16 ans, raconte-t-il. C’est une de mes amies les plus chères. Mais il y a une frontière étanche, je ne suis pas à son service. Elle fait partie de l’univers dans lequel on évolue, comme Villiers ou Zemmour, mais on ne se positionne pas par rapport à elle. » À Valeurs, on préfère « Marion » à « Marine », on croyait en Fillon, on suit de près Retailleau. « Nous sommes des orphelins politiques, ce qu’on incarne n’existe pas. »

    Naguère, c’était l’anticommunisme qui fédérait la rédaction de Valeurs acctuelles. La génération de La Manif pour tous est désormais aux commandes. Raphaël Stainville, rédacteur en chef du service politique après un passage au Figaro Magazine, en a même écrit l’épopée, Et la France se réveilla (Éditions du Toucan, 2013), avec son beau-frère Vincent Trémolet de Villers. Derrière les pancartes « Un papa, une maman » des manifestants émerge selon eux une relève politique.

    Valeurs de l’Occident versus islam

    Le catholicisme, surtout celui qui défend les valeurs de l’Occident contre l’islam, est un ciment des recrues du journal. Valeurs actuelles entretient d’ailleurs des liens étroits avec SOS Chrétiens d’Orient, une ONG proche de l’extrême droite. Un ancien pigiste signant sous pseudonyme, Pierre-Alexandre Bouclay, autre auteur du fameux dossier sur les Roms, figure dans l’organigramme. Et l’une des nouvelles stars du journal, Charlotte d’Ornellas, 34 ans, siège au conseil d’administration de l’association.
    D’Ornellas a débuté sur le site Boulevard Voltaire, créé par Robert Ménard, aujourd’hui maire extrême droite de Béziers. Elle est aussi passée par la chaîne en ligne TV Libertés et le mensuel L’Incorrect, deux autres médias d’extrême droite. Et a fondé un éphémère magazine, France, avec Damien Rieu, ancien porte-parole de Génération identitaire, un groupe si radical que même Marine Le Pen s’en méfie.

    D’Ornellas est volontairement absente des réseaux sociaux, mais très présente sur les plateaux des talk-shows, encore un marqueur de la jeune équipe. « Investissez les médias », c’est le conseil que leur avait donné en 2012 le spin doctor de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, après la défaite de son champion. Depuis la rentrée, sa collègue Solange Bied-Charreton, 38 ans, intervient sur BFM-TV dans l’émission « 22h max ».
    Lejeune a recruté comme adjoint à la direction de la rédaction son copain Tugdual Denis, 38 ans, spécialiste de la droite à L’Express puis au Point. « Tu peux nous passer au détecteur de mensonges ou nous faire examiner chez tous les neurologues, on n’a rien de raciste », dit-il. Il vient de publier La Vérité sur le mystère Fillon (Plon), un récit empathique dans lequel il revient sur la campagne présidentielle de l’ancien premier ministre. Il se définit d’ailleurs comme « filloniste ».

    Les lecteurs de Valeurs actuelles l’ignorent : le « père Danziec », qui tient depuis peu une chronique religieuse, n’est autre que son jeune frère, le chanoine Alban Denis, membre de la communauté traditionaliste de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre.

    Dans la rédaction, le courant « tradi » est aussi incarné par un aîné, Laurent Dandrieu, 57 ans, chargé de la culture. Un bon connaisseur des arcanes du Vatican. Dans son dernier livre, Église et immigration. Le grand malaise, publié en 2017 aux Presses de la Renaissance, il s’en prend à « l’angélisme » du pape François face aux migrants. Leur « afflux », écrit-il, ne fera « qu’accroître le vivier d’illuminés, de fanatiques ou de déçus de la société occidentale où la barbarie islamiste puisera demain de nouveaux auxiliaires meurtriers ».

    Un exercice raté

    Dandrieu, Lejeune, Denis, Stainville et d’autres, les piliers de la rédaction se sont partagé les épisodes de la série d’été. Lejeune protège l’anonymat de l’auteur de celui consacré à Danièle Obono, pour garantir sa sécurité. Il présente l’article comme une erreur : selon lui, un texte relu et validé trop rapidement, en pleines vacances, un exercice raté puisque incompris par les lecteurs.

    Lejeune ressuscite des arguments rodés depuis 2014. Cette année-là, la polémique portait sur une couverture titrée « L’ayatollah », consacrée à Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre socialiste de l’éducation nationale. « Il n’était pas question de parler de ses origines », « je regrette l’interprétation qui en a été faite », explique à l’époque Lejeune. Ou encore : « On est tombés de l’armoire », la même expresssion qu’aujourd’hui.

    Le lendemain de la parution de l’article sur Danièle Obono, la députée de Paris reçoit un message de Tugdual Denis, qu’elle a conservé. Il récuse aussi tout racisme : « Si tel nous avait paru le cas, nous n’aurions jamais publié. Libre à chacun d’apprécier ce texte, mais ce texte, de par sa nature fictionnelle, vise justement à décrire l’horreur qu’a pu être l’esclavage en allant loin dans la description, argumente-t-il. Après, là où nous ne serons pas d’accord, c’est que nous pensons qu’une lecture seulement indigéniste de l’esclavage est partiale et partielle. Et c’est cela que ce texte remet en cause. »

    Une grave crise

    Valeurs actuelles est habitué aux polémiques, mais, cette fois, la crise est grave. Le parquet de Paris a ouvert de lui-même une enquête préliminaire pour « injures à caractère raciste ». Le président Macron a laissé un message vocal à Danièle Obono pour lui exprimer « tout son soutien » et « condamner toute forme de racisme », nous confirme l’élue, qui prépare elle aussi sa plainte. Valeurs actuelles a dû recruter des vigiles, après l’incursion dans ses locaux de militants de la Ligue de défense noire africaine, un de ces petits groupes décrits par le journal comme « racialiste ».

    Le propriétaire de Valeurs actuelles, Iskandar Safa, n’a pas réagi officiellement. Contacté par M, il renvoie au PDG, Erik Monjalous, président du directoire de son groupe de presse. Celui-ci nous assure que Lejeune et son équipe gardent sa confiance. Mais, en privé, un proche de l’actionnaire fulmine : « Tout le travail qui avait été fait était de réaffirmer qu’on était un journal de droite conservateur, pas un journal d’extrême droite, et cette connerie nous fait revenir en arrière. » Depuis l’élection d’­Emmanuel Macron en mai 2017, la diffusion du journal avait chuté, autour de 90 000 exemplaires, mais elle repartait enfin à la hausse.

    Avec cette nouvelle polémique, même certains catholiques engagés comme eux dans les combats sur la famille et la bioéthique lâchent la bande de Valeurs actuelles. Comme le jeune intellectuel Gaultier Bès, militant de la première heure de La Manif pour tous et de son satellite Les Veilleurs, cofondateur de la revue écolo-droitiste Limite. « Quand on dénonce l’ensauvagement, on ferait bien de se comporter soi-même avec civilité : tous les coups ne sont pas permis, lâche-t-il sur Twitter. Il y a des voyous partout, et la racaille de plume ne vaut pas mieux que celle de rue. J’espère que les catholiques qui, pour des raisons que j’ai de plus en plus de mal à comprendre, restent lecteurs de @valeurs, vont commencer à ouvrir les yeux sur cette entreprise. »

    De Villiers, Onfray et Zemmour à la rescousse

    C’est toutefois la réaction d’Emmanuel Macron qui atteint le plus le directeur de la rédaction de Valeurs actuelles. Entre le président de la République et lui se joue depuis deux ans un étrange pas de deux. La rédaction a toujours reçu un très bon accueil à l’Élysée. Au printemps 2019, Macron avait convié Lejeune et D’Ornellas à la remise de Légion d’honneur de l’ami Michel Houellebecq, une cérémonie en très petit comité. Et à l’automne, donc, il avait accordé un long entretien à Louis de Raguenel, dont l’arrivée sur Europe 1 est aujourd’hui contestée par la quasi-totalité de la rédaction de la station.

    Lejeune se console en apprenant sur Twitter que son chroniqueur religieux, le père Danziec, l’a recommandé à Dieu dans sa « prière ». Il sait surtout que, pour le public de Valeurs actuelles, les voix de Philippe de Villiers, de Michel Onfray et d’Éric Zemmour pèsent bien davantage que celle du chef de l’État. Les trois vendeurs de best-­sellers viennent de voler publiquement au secours du journal.

    En plein procès de l’attentat contre Charlie Hebdo, Villiers compare l’article accusé de racisme aux dessins de Mahomet, avançant que « la liberté de penser et de caricaturer est menacée ». Le fondateur du Puy du Fou invite Lejeune à ne rien céder à ceux qui l’attaquent : « Tiens bon, Geoffroy, t’es juste en avance ! »

    • Vendredi, les journalistes d’Europe 1 ont appris le recrutement de Louis de Raguenel, ancien rédacteur en chef de “Valeurs actuelles” et longtemps engagé à l’UMP, pour diriger leur service politique. Conséquence : levée de boucliers, dans une radio déjà fragilisée par la chute des audiences et les rumeurs de vente à Vincent Bolloré. Elise Racque
      https://www.telerama.fr/radio/un-ancien-de-valeurs-actuelles-recrute-a-europe-1-la-redaction-veut-sauver-
      https://lesjours.fr/obsessions/hors-serie/ep2-raguenel

      « On a reçu plein de messages de confrères choqués par cette décision, et même de la part de certains politiques… raconte un reporter. On en est à se demander si ce recrutement n’est pas une étape vers une future prise de pouvoir de #Vincent_Bolloré sur la station, qui en ferait le pendant radiophonique de #CNews et sa ligne éditoriale de plus en plus marquée à droite, et à l’extrême droite. »

      En effet, cette embauche sur les terres de #Valeurs_actuelles, dont les journalistes défilent sur le plateau de CNews, fait écho au cynique feuilleton de l’été : les tractations entre #Arnaud_Lagardère – plombé par ses mauvais résultats financiers –, #Bernard_Arnault et Vincent Bolloré, lequel lorgne sur #Europe_1. « Ces rumeurs, c’est pénible pour nous. On ne va pas se mentir, on en a peur. Il n’y a qu’à écouter nos confrères passés par CNews pour savoir que notre indépendance journalistique ne serait plus vraiment garantie si un tel scénario se réalisait, déplore un journaliste. On se sent un peu comme dans une cage plongée sous l’eau au milieu des requins. Les barreaux sont très fins, et on ne sait pas s’il y a un requin mieux qu’un autre.

      Vous en voulez encore ? et bien voici du bourdin
      Bourdin face à Danièle Obono : le temps des sommations
      https://www.acrimed.org/Bourdin-face-a-Daniele-Obono-le-temps-des
      #zemmourisation #racisme

  • Bernard Maris, une personnalité marquante et atypique, mais aussi un économiste dont la production se caractérisait par une pensée critique et des propositions fortes #Bernard_Maris #économie #pensée_critique #humanisme

    https://sms.hypotheses.org/22140

    Né à Toulouse en 1946, Bernard Maris a été l’un des protagonistes de la vie intellectuelle française de la fin du XXe et du début du XXIe siècle. Économiste reconnu, universitaire, écrivain, essayiste, journaliste, il a été assassiné à Paris le 7 janvier 2015 lors de l’attentat contre le magazine satirique Charlie Hebdo, dont il était un des rédacteurs et actionnaires. Retour sur une personnalité marquante et atypique de la pensée contemporaine, pourfendeur inlassable des impostures de l’économie dominante (mainstream).

    Bien que sa notoriété internationale ait été compromise par l’inaccessibilité de ses écrits aux non-francophones, Bernard Maris ne reste pas moins l’un des intellectuels les plus originaux de la France contemporaine. Acteur et penseur de son temps, il s’est attaché, sans relâche, à participer à l’indispensable examen des idées, des institutions, des pratiques et des discours.

    Sa production protéiforme se caractérise par le déploiement systématique d’un esprit critique fin, toujours accompagné de propositions fortes. Elle nous laisse en héritage une critique puissante du postulat de neutralité axiologique de l’économiste : la soi-disant « science dure » que l’économie standard dominante prétend être n’était, pour lui, qu’un discours rhétorique masquant des rapports de pouvoir bien réels (...)

  • #Bernard_Ronot préserve notre patrimoine pour sauver l’agriculture durable

    Bernard Ronot s’est engagé pour la force de vie des semences anciennes en conservant 200 variétés de blés. Le principe consiste à planter en permanence ces variétés. Chaque année Bernard offre ces semences aux paysans volontaires qui préservent à leur tour ce patrimoine de l’humanité.

    Bernard a ainsi fondé l’association #Graines_de_Noé (http://www.graines-de-noe.org).
    Agriculteur de 83 ans, il raconte la #Révolution_Verte de l’agriculture d’après-guerre, utilisatrice d’intrants chimiques, dans laquelle il s’est engagé à 100%.

    Ce documentaire est surtout l’histoire d’une #prise_de_conscience et d’un retour, après 30 ans de cultures intensives, à un choix d’une agriculture vivante et naturelle. L’histoire d’une #reconquête et d’un engagement pour la #conservation_des_semences anciennes de blé. L’histoire d’un cheminement, d’un modèle d’agriculture à un autre pour redécouvrir le sens du mot « #paysan » : celui avant tout de nourrir le monde.

    https://vimeo.com/138429645

    Bernard Ronot :

    « (La révolution verte) ça a été un restant des guerres sur toute la ligne. Si le nitrate est un explosif, les fongicides sont des restants des gaz de guerre. Tout ce qui a fait éclater l’agriculture, c’est le restant des guerre. Les énergies de guerre qui ont été maîtrisées par l’homme quand ils ont arrêté de se battre, elles étaient toujours existantes »

    La science est indispensable pour faire évoluer. On a besoin des chercheurs. Si ils ont des têtes et des neurones développées, c’est pas par hasard. C’est eux qui font évoluer une société. Mais il faut la faire évoluer dans l’#indépendance de l’homme, et pas dans la #dépendance.

    La société c’est qui ? C’est d’abord nous, c’est pas les autres. C’est nous. Et la société du bas, c’est nous, individuellement. Et si nous on croit à ce qu’on fait, si on croit vraiment à ce qu’on fait, rien peut nous démonter. Si on se met en unité avec la #nature... les plantes, la terre, les animaux et bien des hommes silencieux, attendent. Ils sont prêts à partir, mais ils sont silencieux.

    « La transmission de la vie, c’est la semence. Il faut rentrer dans l’#action. (...) Si nous avons la chance d’avoir compris quelque chose, notre travail c’est de savoir comment le transmettre. On peut avoir le meilleur langage du monde, mais si il n’y a pas réceptivité en face, ça ne fait rien. »

    « Dans la vie nous sommes des #locomotives. Ou nous sommes le voyageur sur le quai, ou nous sommes le wagon, ou nous sommes la locomotive. Il faut savoir où on va. Si nous avons la chance de savoir où on va, nous avons le devoir d’être une locomotive, qui va peut-être doucement, qui va lentement et qui va surement. »

    « J’étais un #exploitant_agricole et je suis devenu un agriculteur. Dans tout domaine de la société nous avons des #arts. Nous devons être des artistes. Et l’agriculture c’est l’art de la #terre. »

    #agriculture #semences #blé #nitrates #paysannerie #vulpin #fertilisants #oligo-éléments #champignon #rendement #fongicides #pucerons #insecticides #guerre #restant_de_guerre #énergies_de_guerre #se_remettre_en_cause #reconversion #semences_anciennes #dégustation_du_pain #conservatoires #circuit_lent #agriculture_biologique #rendements #valeur_énergétique #prise_de_conscience #circuits_courts #céréaliculture #gratuité #endettement #recherche_fondamentale #science #partage