• Ellul et Charbonneau : « C’est l’idéologie du progrès qui nous tue » - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article5741

    Ils appartiennent à cette catégorie d’auteurs qui, pour reprendre une expression de Nietzsche, « naissent posthumes ». De leur vivant ils sont condamnés à n’avoir qu’une notoriété médiocre mais, une fois disparus, leur message resurgit et n’en finit plus de séduire un public de plus en plus large.

    Ainsi en va-t-il de Bernard Charbonneau (1910-1996) et de Jacques Ellul (1912-1994), « deux amis de soixante ans » attachés à leur Sud-Ouest natal, dont les idées, formulées dans les années 1930, imprègnent la pensée écologiste contemporaine.

    Du recueil de textes exhumés et présentés, il y a beaucoup à retenir. D’abord le constat - rassurant – que ne manque pas de souligner l’universitaire Quentin Hardy dans un texte de présentation limpide et érudit, que l’écologie ne doit rien à l’idéologie nazie et pas davantage à son rejeton tricolore, le pétainisme.

    Contrairement à l’idée propagée par Bernard-Henri Lévy ou Zeev Sternhell, c’est indépendamment des idées d’extrême-droite et de l’idéologie du retour à la terre (« qui, elle, ne ment pas ») qu’une mise en cause radicale du mythe du progrès a été opérée par des intellectuels comme Charbonneau et Ellul.

    Ils se réclamaient du mouvement personnaliste et à aucun moment, ni dans leurs écrits, ni dans leur attitude comme citoyen, ils ne se sont approchés du totalitarisme nazi. Ils l’ont au contraire combattu.

    Héritiers d’Emmanuel Mounier, de Denis de Rougemont, et d’autres, leur message est sans appel. Il s’appuie sur un constat : l’évolution du monde moderne est dictée avant tout par le progrès technique. Devenu autonome, c’est lui qui façonne les sociétés et non les facteurs sociaux tels que les antagonismes de classe, comme l’affirment les marxistes. C’est le progrès technique qui, loin d’être neutre, a sacralisé l’efficacité devenue une quête absolue, une fin en soi.

    « L’acceptation du progrès technique est aujourd’hui la cause profonde et permanente de toutes les confusions », écrit Charbonneau en 1936. Et ceci : « C’est l’idéologie du Progrès qui nous tue ».

    Remettre en cause le progrès technique, le contester, c’est donc s’attaquer aux fondements même des sociétés modernes : l’exaltation du travail comme facteur d’épanouissement, l’industrialisation à outrance, le développement sans fin des infrastructures, la centralisation du pouvoir, le recours forcené à la publicité. [...]

    Jamais le progrès technique n’a été aussi sacralisé qu’en ce début de 21ème siècle. Que l’on songe au succès du mot « innovation », tarte à la crème dont se gargarisent aujourd’hui les dirigeants politiques. Jamais la publicité n’a été aussi envahissante. Jamais le culte de la réussite individuelle n’a été autant exalté.

    Nous sommes des révolutionnaires malgré nous. Textes pionniers de l’écologie politique, Bernard Charbonneau, Jacques Ellul, Coll Anthropocène, Ed. Le Seuil.


    Je suis en train de le lire, je le recommande chaudement

    #système_technicien #banlieue_totale #narcissisme #technocritique #critique_techno #personnalisme #sentiment_de_la_nature

  • OpenStreetMap : pourquoi vous devriez l’utiliser - LinuxFr.org
    http://linuxfr.org/users/sixela/journaux/openstreetmap-pourquoi-vous-devriez-l-utiliser

    Autre chose à savoir : pas besoin d’enregistrer une trace GPS pour contribuer à #OpenStreetMap ! En effet, OpenStreetMap a un accord avec Microsoft qui lui permet de bénéficier des images satellites de Bing pour contribuer sur la carte. Concrètement, pour ajouter une rue manquante dans OpenStreetMap, il suffit de la dessiner au dessus de l’image satellite ! Vous aimez bien les coloriages ? Vous avez toutes les qualités requises pour devenir contributeur OpenStreetMap !

    En ce qui concerne la qualité de la carte d’OpenStreetMap, il faut savoir quelle est variable d’un endroit à l’autre en fonction de la densité des contributeurs ! Concrètement, les grandes villes sont généralement très bien cartographiées (beaucoup mieux que des cartes commerciales) alors que, à la campagne, la qualité est inégale selon les endroits.

    Contribuer à OpenStreetMap est assez amusant et toute la famille peut participer. On imprime une carte OpenStreetMap du coin depuis le site Walking-papers et on part se balader en notant tous les éléments manquants sur la carte papier (les noms des rues, les sens uniques, les commerces, les boites aux lettres, les numéros des maisons, etc…). De retour à la maison, on boote sa distribution Linux favorite, on lance jOSM et on ajoute/corrige tout ce qu’on a noté sur la carte papier. Un vrai jeu d’enfant !

    Ça me donne envie d’essayer !
    #cartographie

    • Et ainsi, le monde entier n’aura plus de secret pour personne, plus le moindre centimètre carré de terrain à découvrir, plus de possibilité de prendre tranquillement le petit raccourci sympa emprunté par peu de gens, même chaque mini-chemin de montagne sera répertorié. Pas besoin d’un État diabolique pour totalitariser la vie : le #logiciel-libre et le #crowdsourcing s’en chargent très bien.

      À rapprocher de l’explosion du tourisme « #nature » il y a 20/30 ans, à la suite d’émissions Cousteau, Ushuaia ou autre. Des gens bien intentionnés font de superbes reportages sur les fonds marins ou la forêt vierge, puis la Masse, dont les transports lointains/complexes furent démocratisés (avions, matériel de plongée moderne, etc) s’empressent de tous aller aux mêmes endroits intouchés par la modernité.

      De la même façon, de gentils contributeurs vont publier en ligne le moindre recoin connu, chemin ou coin à champignon. Et si toi, par remord, tu te contentes de corriger les grands axes déjà présents dans les cartes officielles, ou de noter les commerces, d’autres plus consciencieux, plus maniaques, plus libres, et parce que c’est possible, le feront, et noteront petit à petit TOUT.

      Cela va bien avec mon message récent sur #Bernard-Charbonneau en fait :
      http://seenthis.net/messages/134989

      Parce que l’individu moderne aime la virginité, s’il reste un lieu vierge, il s’y porte aussitôt pour le violer ; et la démocratie exige que les masses en fasse autant.

      Les passionnés de la nature sont en général à l’avant-garde de sa destruction : dans la mesure où leurs explorations préparent le tracé de l’autostrade [autoroute], et où ensuite pour sauver la nature ils l’organisent. Ils ouvrent la voie à leurs risques et périls, en solitaires ; mais comme toute personne est un acteur en puissance, il faut qu’ils l’annoncent à un public avide de dépaysement. Ils écrivent un livre ou font des conférences [ou publient leurs données en #licence-libre] pour convier l’univers à partager leur solitude : rien de tel qu’un navigateur solitaire pour rassembler les masses.

    • Et avant que la communauté des contributeurs ne cartographie chaque centimètre carré de la planète et même les raccourcis sympa, il va encore couler beaucoup d’eau sous les ponts. Ne vous inquiétez pas trop.

    • Et on passe un cran encore plus loin avec Mapillary :
      https://www.mapillary.com/manifesto

      Les autres solutions vont pas encore assez loin car elles font que les RUES, nous on va aller partout à pied, et en plus avec du crowdsourcing.

      Et contrairement à ce qui est dit dans les CGU, absolument aucun visage n’est flouté ni les plaques (en tout cas dans ma ville).

      Et là c’est bien l’assurance d’avoir le moindre lieu même hors route (SURTOUT hors route d’après eux-mêmes).

      Take photos. Take lots of photos. There is no limit to the level of detail you can add or the places you can go. Don’t take tens of photos, take hundreds or thousands at a time. The more the better. Our servers can handle it, your phone can handle it.

      #crowdsurveillance #charognes

  • Par l’intermédiaire de @rezo http://seenthis.net/messages/134965, je découvre #Augustin-Berque, et cette interview où il explique brièvement l’histoire de la dichotomie entre la #ville et la #nature :
    http://www.dailymotion.com/video/xkvzbk_la-ville-fertile-augustin-berque-geographe-et-orientaliste_creat

    Et dans cette vidéo, il explique aux gens le paradoxe que « la quête de la nature, détruit la nature ».

    Sachez juste que ce raisonnement était décrit quasiment mot pour mot pareil (c’est ça qui m’y fait penser) dans les écrits du philosophe et lui-même #géographe #Bernard-Charbonneau, dans Le Jardin de Babylone , en 1969. Dont notamment cette phrase :

    Ainsi, réaction contre l’organisation, le sentiment de la nature ramène à l’organisation.

    L’association Technologos résume cet ouvrage en disant que :

    En 1969, en pleine période de Trente Glorieuses, Charbonneau montre dans Le jardin de Babylone comment, après avoir ravagé la nature, la société industrielle finit de l’anéantir en « aménageant le territoire ».

    http://technologos.fr/textes/bernard_charbonneau.php

    On peut lire un extrait sur palim-psao, précisément concernant ce passage :
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-10530445.html

    Le livre fut réédité par l’#Encyclopédie-des-Nuisances.

  • Ces branchés qui débranchent
    http://www.lemonde.fr/style/article/2012/04/27/ces-branches-qui-debranchent_1691531_1575563.html

    « Les gens se demandent pourquoi des professionnels de la Silicon Valley, dont certains de Google, qui semblent devoir beaucoup à l’industrie informatique, envoient leurs enfants dans une école qui n’utilise pas d’ordinateurs » (...) Pour apprendre à écrire, il est important de pouvoir effectuer de grands gestes. Les maths, ça passe par la visualisation dans l’espace. L’écran gêne l’enseignement. Il diminue les expériences physiques et émotionnelles."
    (...)
    Richard Stallman, le gourou du logiciel libre, explique qu’il travaille désormais déconnecté. « La plupart du temps, écrit-il sur son site, je n’ai pas Internet. Une ou deux fois par jour, parfois trois, je me connecte pour envoyer et recevoir mes courriels. Je relis tout avant d’envoyer. » Se déconnecter est devenu un acte volontaire.
    (...)
    « Les gens sentent que ça ne va pas : 90 % de leur temps de travail passe dans les mails, chez eux on envoie des SMS à table »
    (...)
    Tout comme Pierre Desproges ironisait il y a vingt ans sur l’ouvrier de droite en costard qui croisait son patron de gauche en jean, avoir son téléphone posé sur la table n’est plus un attribut de pouvoir. S’extraire de l’exposition aux écrans est devenu un marqueur du luxe. « Certains ont le pouvoir de se déconnecter et d’autres ont le devoir de rester branchés, écrit le sociologue Francis Jauréguiberry, qui dirige actuellement une recherche sur le sujet. Les nouveaux pauvres des télécommunications sont ceux qui ne peuvent pas échapper à l’obligation de répondre immédiatement, et qui doivent donc vivre dans l’urgence et dans l’interpellation continue. Les nouveaux riches, au contraire, sont ceux qui ont la possibilité de filtrer et d’instaurer de la distance vis-à-vis de cette interpellation. »
    (...)
    AUJOURD’HUI, LES FOYERS SANS TÉLÉVISION sont plutôt aisés (51 % sont des CSP+, 19,4% des CSP-) tandis que les foyers qui possèdent plus de deux télés sont surtout des CSP- (43 % sont des CSP- et 30 % des CSP+). L’accès à Internet et le smartphone prennent-ils la même direction ?

    #téléphone #télévision #internet #shabbat via @lazuly

    • Les nouveaux pauvres des télécommunications sont ceux qui ne peuvent pas échapper à l’obligation de répondre immédiatement, et qui doivent donc vivre dans l’urgence et dans l’interpellation continue. Les nouveaux riches, au contraire, sont ceux qui ont la possibilité de filtrer et d’instaurer de la distance vis-à-vis de cette interpellation.

      Ce n’est pas très étonnant (et je n’apprends pas grand chose) mais c’est très intéressant.

      C’est comme l’écologie et le retour à la terre, les espaces protégés et les maisons « rustiques », « folkloriques », etc. C’est un truc de riche qui a le temps et l’argent de reconstituer en faux des choses qui ont existé en vrai dans une autre époque.

      #Bernard-Charbonneau avait écrit de très bonnes pages à ce sujet dès le début de l’#écologie-politique. Cela correspond parfois quasiment mot pour mot...
      Ce n’est donc qu’un avatar de plus de la même mécanique.

      Dans l’état actuel de l’homme, il n’y a pas de critères plus sûr de la civilisation industrielle que le « sentiment de la nature » - car il n’est pas encore devenu raison. Les progrès de l’un suivent rigoureusement ceux de l’autre, en même temps que celui-ci ouvre la voie à celle-là. En matière de nature, la seconde société industrielle [la société industrielle des loisirs naturisés] est encore plus exigeante que la première. L’âge du plastique aime la « belle matière », la pierre nue ou les bois mal équarris, et nous les conservons au xylophène. Amateurs d’art brut, nous ornons notre living de souches ou de cailloux qui ne sont plus des objets d’art mais des jeux de la nature. A la pureté, mécanique ou chimique, des produits industriels, nous préférons l’impure pureté du vivant. Nous salons nos mets avec du sel gris, et nous mangeons du « pain paysan » cuit au feu de bois et non au mazout ; mais depuis qu’il n’y a plus de campagne c’est à Paris qu’il faut le chercher. Riches, nous payons très cher le luxe de la pauvreté : les paniers, les pots, la bure fabriqués à la main.

      Au prolétariat tout ce qui est neuf, net et verni ; à l’ « Elite » tout ce qui est vieux, rugueux, écaillé. Comme nos bourgeois collectionnaient les vieilles armoires de leurs métayers, nos industriels s’installent dans leurs « fermettes » : si l’évolution continue l’ancienne maison du pauvre vaudra plus cher que la villa du riche.

      Le Jardin de Babylone , #Encyclopédie-des-nuisances

    • C’est rigolo ça fait plus de 10 ans que je vois des ami-e-s, des connaissances, suivre ce genre de chemin : dire « stop », arrêter internet, le téléphone, en avoir marre d’être toujours joignable, toujours à l’affut, connecté. Je pense que surtout pour les gens comme nous, qui discutons sur IRC depuis des dizaines d’années, sommes habitués à toute cette communication permanente, en permanence on a ce « risque » de ne plus supporter (pourquoi ?) et de tout arrêter, ce qui serait pour la plupart problématique, car on a aussi un métier « connecté ».