• Guerre de survie politique Le Courrier.ch - Michel Warschawski - 27 Février 2018
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    Au pied du mur
    On sait le premier ministre israélien empêtré dans de multiples affaires de corruption (dossiers 1000, 2000 et 3000). La police vient de soumettre ses recommandations au parquet : sa mise en examen approche à grands pas. Et voilà que les plus proches collaborateurs de Benjamin Netanyahou, dont son conseiller en communication et son ancien directeur de cabinet, viennent d’être placés en détention pour un quatrième dossier – le dossier 4000, dont le quotidien Haaretz affirme que c’est « de loin le plus grave ».

    Benjamin Netanyahou, par le biais du directeur général du Ministère de l’information, Shlomo Filber, et de son porte-parole et homme à tout faire, Nir Hefetz, a graissé la patte à Shaul Elovitch, propriétaire de la plus importante compagnie de télécommunications, Bezeq, en échange d’une couverture médiatique flatteuse sur le très populaire site d’information Walla, qui appartient à Bezeq.

    On s’en souvient, le dossier 2000 avait dévoilé une tentative de marchandage avec le propriétaire du grand quotidien Yediot Aharonot, afin que celui-ci mette un bémol à ses critiques envers Netanyahou et sa femme Sarah.

    Le dénominateur commun entre ces deux affaires saute aux yeux, il s’inscrit au cœur même de l’ADN de Netanyahou : l’image. Est-ce un hasard si le premier ministre – pour combien de temps encore ? – tient tant à conserver le portefeuille de ministre de l’Information ? L’homme dont le règne est déjà plus long que celui de Ben Gourion n’a aucune stratégie politique ni projet à long terme : son seul but est de se maintenir indéfiniment au pouvoir ; et son moyen, l’usage des ressources de communication pour se présenter comme le bouclier d’Israël face à ses innombrables ennemis, et comme rempart contre l’ennemi intérieur – les gauchistes, comme il les appelle tous, quelle que soit la diversité de leurs programmes politiques.

    Netanyahou met aujourd’hui ses indéniables qualités de communicant au profit de sa survie politique, face aux affaires qui le menacent de toutes parts. Avec l’aide de sa garde rapprochée, qui dénonce quotidiennement et violemment « le coup d’Etat policier et juridique » contre un premier ministre élu démocratiquement par le peuple. Le député du Likoud Miki Zohar a même osé comparer la « campagne de calomnies » contre Netanyahou à l’assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin.

    Tout cela pourrait être relégué dans le domaine des faits divers et de la rubrique judiciaire, s’il s’agissait d’un Ehoud Olmert ou d’un Ariel Sharon, anciens premiers ministres eux aussi impliqués dans des affaires de corruption. Mais il s’agit de Benjamin Netanyahou, persuadé que le pouvoir lui appartient pour l’éternité, à la fois pour sauver Israël et pour couvrir sa femme de bijoux et de champagne rosé. Pour conserver le pouvoir, ce personnage est prêt à tout, littéralement tout.

    Notamment une guerre contre l’Iran – une vieille obsession – par Syrie et Liban ­interposés.
    Après avoir repris les bombardements contre Gaza, sorte de réflexe conditionné chaque fois que rien ne va plus, il brandit la menace d’une guerre totale contre l’Iran, prétextant le survol du territoire israélien par un drone iranien. Certains journalistes mal intentionnés lui ont d’ailleurs déjà trouvé un nom : « la guerre des dossiers ».

    La majorité des experts militaires s’y opposent catégoriquement, arguant que la riposte iranienne risquerait de faire des milliers de victimes israéliennes. Mais que vaut la vie de milliers de civils israéliens, si c’est le prix à payer pour que Benjamin et Sarah Netanyahou conservent la résidence ministérielle de la rue Balfour, à Jérusalem, et

    continuent à y vivre une opulence digne d’un autocrate ottoman ?

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