• South Sudanese Refugees Transform a Camp Into a City in Uganda

    #Bidi_Bidi refugee camp is home to nearly a quarter-million South Sudanese who fled the violence of civil war in their home country. Its progressive policies allow refugees to live, farm and work together while they wait to return to their home country. But, as conditions are slow to improve in South Sudan, many refugees are opting to stay.

    U.S. Democratic Senators Chris Coons and Chris Van Hollen visited the camp recently. The two lawmakers were touring several refugee settlements throughout Uganda last month, including Bidi Bidi — one of the world’s largest.

    Speaking by phone, Senator Van Hollen called the settlements an “important model” that other countries should consider when housing the displaced.

    “Obviously a key ingredient to the success of that model has been significant international support,” he said.

    When Bidi Bidi was opened in 2016, it was a rural piece of land in northern Uganda, where South Sudanese refugees, mostly women and children, fled to avoid violence during their country’s civil war.

    As is often the case, tensions are common between refugees and the local population, who feel that the refugees are taking resources that might have been available for them.

    But, Uganda decided to do something different, earmarking a percentage of the country’s international funding to go toward local amenities. Refugee families were given plots of land to build family-style clusters of homes with room to grow their own fruits and vegetables. As a result, a small-scale economy began to flourish in the camp, with some refugees starting their own businesses.

    Last year, following a peace deal between warring South Sudan leaders, Ugandan President Yoweri Museveni said he hoped the refugees would begin returning home.

    But, that’s not the case.

    According to a new report published this week by several humanitarian agencies, including Oxfam, refugees — especially women — are hesitant to return home. They fear the peace won’t last.

    As a result, settlement official Michael Joelle says Bidi Bidi has reached capacity, and refugees are being turned away and settlements are feeling the strain.

    “Before the 2016 emergency, we were offering a plot of 50 by 100, so the number has been decreasing as the number of refugees increase,” said Joelle.

    The situation has become more dire after international donors suspended their funding earlier this year after it was reported that funds for refugees in Uganda had been mismanaged.

    Grace, a refugee at Bidi Bidi, fled her home country with her children four years ago. Her husband finally joined the family last year.

    The former teacher said she doesn’t see herself moving back to South Sudan anytime soon.

    “Even we’re receiving bad news, so and so has been killed, so and so has been raped, so many things are happening.”

    https://www.voanews.com/africa/south-sudanese-refugees-transform-camp-city-uganda

    #Soudan_du_Sud #Ouganda #camps_de_réfugiés #réfugiés #asile #migrations #ville

    Et commentaire de Jeff Crisp sur twitter :

    It’s not a question of whether a camp looks like a city or not. It’s a question of what rights the refugees are able to exercise.

    https://twitter.com/JFCrisp/status/1170460384513466368

    • Ces réfugiés dans leur propre pays

      En 2018, il y a eu autant de nouveaux « déplacés internes » dans 55 pays que de réfugiés en séjour dans le monde entier.

      A voir le nombre de personnes exilées à l’intérieur de leur propre pays, celui des réfugiés paraît faire moins problème. A fin 2018, le nombre de réfugiés recensés dans le monde entier atteignait 28,5 millions, soit autant que celui des « déplacés internes » supplémentaires enregistrés au cours de la seule année dernière.

      Selon le Rapport global 2019 de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) du Conseil norvégien des réfugiés, dont le siège se trouve à Genève, on comptait, à fin 2018, 41,3 millions de personnes vivant en situation de déplacés internes dans 55 pays, suite à des catastrophes naturelles ou à des conflits. Il s’agit d’un effectif record de personnes déplacées dans leur propre pays du fait de conflits, de violence généralisée ou de catastrophes naturelles.
      Catastrophes naturelles

      Parmi les désastres qui ont provoqué l’an dernier quelque 17,2 millions de nouveaux déplacements, certains sont très probablement dus au changement climatique. Ainsi, les incendies qui ont détruit une grande partie de la forêt californienne et qui ont contraint 1,2 million d’Américains – sans compter les morts – à abandonner leur domicile et à s’installer ailleurs peuvent probablement être attribués au réchauffement climatique et à la sécheresse.

      Au contraire, le Bangladesh n’a enregistré l’an dernier « que » 78’000 déplacements de personnes en raison des inondations. C’est presque l’équivalent de la population de la ville de Lucerne qu’il faut recaser sur des terrains sûrs dans un pays comptant 1’100 habitants au kilomètre carré. Le Bangladesh prévoit de construire trois villes de taille moyenne pour accueillir les déplacés récents et ceux qui ne vont pas manquer d’affluer dans les années à venir. Mais que pourra-t-on faire lorsque le niveau de la mer montera ?

      Au Nigeria, cet immense pays de plus de 100 millions d’habitants, 80% des terres ont été inondées par des pluies torrentielles, causant 541’000 déplacements internes.

      Problème : les personnes qui, en raison d’inondations ou de conflits locaux, doivent chercher refuge ailleurs dans leur propre pays se rendent systématiquement dans les villes, souvent déjà surpeuplées. Comment imaginer que Dhaka, la capitale du Bangladesh récemment devenue une mégapole approchant les 17 millions d’habitants, puisse encore grandir ?
      Violences et conflits

      En 2018 toujours, 10,8 millions de personnes ont connu le sort des déplacés internes en raison des violences ou des conflits qui ont sévi surtout dans les pays suivants : Ethiopie, République démocratique du Congo (RDC), Syrie, Nigeria, Somalie, Afghanistan, République centrafricaine, Cameroun et Soudan du Sud. Outre ces mouvements internes, des personnes sont allées chercher secours et refuge notamment en Turquie (3,5 millions), en Ouganda (1,4 million) ou au Pakistan (1,4 million).

      Les trois pays qui comptent le plus de déplacés internes dus à la violence sont la Syrie, (6,1 millions de personnes), la Colombie (5,8 millions) et la RDC (3,1 millions). S’agissant de la Syrie, nous savons que la guerre civile n’est pas terminée et qu’il faudra faire des efforts gigantesques pour reconstruire les villes bombardées.

      Mais que savons-nous de la Colombie, depuis l’accord de paix entre le gouvernement de Santos et les Farc ? En 2018, il y a eu 145’000 nouveaux déplacés internes et de nombreux leaders sociaux assassinés : 105 en 2017, 172 en 2018 et 7, soit une personne par jour, dans la première semaine de janvier 2019.

      L’Assemblée nationale colombienne ne veut pas mettre en œuvre les accords de paix, encore moins rendre des terres aux paysans et accomplir la réforme agraire inscrite à l’article premier de l’accord de paix. Les Farc ont fait ce qu’elles avaient promis, mais pas le gouvernement. Ivan Duque, qui a remplacé Manuel Santos, s’est révélé incapable de reprendre le contrôle des terrains abandonnés par les Farc – et repris par d’autres bandes armées, paramilitaires ou multinationales, ou par des trafiquants de drogue. Triste évolution marquée par une insécurité grandissante.

      Et que dire de la RDC ? C’est au Kivu, Nord et Sud, véritable grotte d’Ali Baba de la planète, que les populations sont victimes de bandes armées s’appuyant sur diverses tribus pour conserver ou prendre le contrôle des mines riches en coltan, diamant, or, cuivre, cobalt, étain, manganèse, etc. Grands responsables de ces graves troubles : les téléphones portables et autres appareils connectés à l’échelle mondiale ainsi que les multinationales minières.

      Il y a probablement bien d’autres pays de la planète où les violences sont commises par des multinationales qui obligent les habitants locaux à fuir devant la destruction de leurs villages et de leurs terres. Où vont-ils se réfugier ? Dans les villes bien sûr, où ils espèrent trouver un toit. Mais un toit ne suffit pas, ni l’éventuelle aide humanitaire apportée par la Croix-Rouge et les Etats occidentaux. Quand débarquent des dizaines de milliers de déplacés, les municipalités doivent aussi construire des écoles, des hôpitaux, assurer la distribution d’eau potable et l’évacuation des eaux usées.

      Dans les pays africains où il arrive que moins de la moitié des habitants aient accès à l’eau potable, un déplacement important risque fort de remettre en cause tout le programme gouvernemental. Le rapport de l’Observatoire des situations de déplacement interne va même jusqu’à prévoir que certains des Objectifs de développement durable fixés par les Nations unies en 2015 ne pourront jamais être atteints.


      https://www.domainepublic.ch/articles/35077

    • Displaced people: Why are more fleeing home than ever before?

      More than 35,000 people were forced to flee their homes every day in 2018 - nearly one every two seconds - taking the world’s displaced population to a record 71 million.

      A total of 26 million people have fled across borders, 41 million are displaced within their home countries and 3.5 million have sought asylum - the highest numbers ever, according to UN refugee agency (UNHCR) figures.

      Why are so many people being driven away from their families, friends and neighbourhoods?
      Devastating wars have contributed to the rise

      Conflict and violence, persecution and human rights violations are driving more and more men, women and children from their homes.

      In fact, the number of displaced people has doubled in the last 10 years, the UNHCR’s figures show, with the devastating wars in Iraq and Syria causing many families to leave their communities.

      Conflict in the Democratic Republic of Congo (DRC), Yemen and South Sudan, as well as the flow of Rohingya refugees from Myanmar to Bangladesh, have also had a significant impact.

      Most do not become refugees

      While much of the focus has been on refugees - that’s people forced to flee across borders because of conflict or persecution - the majority of those uprooted across the world actually end up staying in their own countries.

      These people, who have left their homes but not their homeland, are referred to as “internally displaced people”, or IDPs, rather than refugees.

      IDPs often decide not to travel very far, either because they want to stay close to their homes and family, or because they don’t have the funds to cross borders.

      But many internally displaced people end up stuck in areas that are difficult for aid agencies to reach - such as conflict zones - and continue to rely on their own governments to keep them safe. Those governments are sometimes the reason people have fled, or - because of war - have become incapable of providing their own citizens with a safe place to stay.

      For this reason, the UN describes IDPs as “among the most vulnerable in the world”.

      Colombia, Syria and the DRC have the highest numbers of IDPs.

      However, increasing numbers are also leaving home because of natural disasters, mainly “extreme weather events”, according to the Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), which monitors the global IDP population only.

      The next biggest group of displaced people are refugees. There were 25.9 million by the end of 2018, of whom about half were children.

      One in four refugees came from Syria.

      The smallest group of displaced people is asylum seekers - those who have applied for sanctuary in another country but whose claim has not been granted. There were 3.5 million in 2018 - fewer than one in 10 of those forced to flee.
      Places hit by conflict and violence are most affected

      At the end of 2018, Syrians were the largest forcibly displaced population. Adding up IDPs, refugees and asylum seekers, there were 13 million Syrians driven from their homes.

      Colombians were the second largest group, with 8m forcibly displaced according to UNHCR figures, while 5.4 million Congolese were also uprooted.

      If we just look at figures for last year, a massive 13.6 million people were forced to abandon their homes - again mostly because of conflict. That’s more than the population of Mumbai - the most populous city in India.

      Of those on the move in 2018 alone, 10.8 million ended up internally displaced within their home countries - that’s four out of every five people.

      A further 2.8 million people sought safety abroad as newly-registered refugees or asylum seekers.

      Just 2.9 million people who had previously fled their homes returned to their areas or countries of origin in 2018 - fewer than those who became displaced in the same period.

      The world’s largest new population of internally displaced people are Ethiopians. Almost three million abandoned their homes last year - many escaping violence between ethnic groups.

      The conflict in the DRC also forced 1.8 million to flee but remain in their home country in 2018.

      In war-torn Syria, more than 1.6 million became IDPs.

      Venezuelans topped the list of those seeking asylum abroad in 2018, with 341,800 new claims. That’s more than one in five claims submitted last year.

      Hyperinflation, food shortages, political turmoil, violence and persecution, have forced hundreds of thousands of Venezuelans to leave their homeland.

      Most left for Peru, while others moved to Brazil, the US or Spain. More than 7,000 applied for asylum in neighbouring Trinidad and Tobago - just seven miles off Venezuela’s coast - last year alone.

      Annielis Ramirez, 30, is among the thousands of Venezuelans seeking a better life on the islands.

      “All my family is in Venezuela, I had to come here to work and help them,” she says. "I couldn’t even buy a pair of shoes for my daughter. The reality is that the minimum salary is not enough over there.

      “I’m here in Trinidad now. I don’t have a job, I just try to sell empanadas [filled pastries]. The most important thing is to put my daughter through school.”
      Those driven from their homelands mostly remain close by

      Almost 70% of the world’s refugees come from just five countries: Syria, Afghanistan, South Sudan, Myanmar and Somalia, according to the UNHCR. And their neighbouring nations host the most.

      Most Syrians have escaped to Turkey and more than half of Afghan refugees are in Pakistan.

      Many South Sudanese go to nearby Sudan or Uganda. Those from Myanmar - the majority Rohingya refugees displaced at the end of 2017 - mainly fled to Bangladesh.

      Germany, which doesn’t border any of those countries with the largest outflows, is home to more than half a million Syrian and 190,000 Afghan refugees - the result of its “welcome culture” towards refugees established in 2015. It has since toughened up refugee requirements.

      When assessing the burden placed on the host countries, Lebanon holds the largest number of refugees relative to its population. One in every six people living in the country is a refugee, the vast majority from across the border in Syria.

      The exodus from Syria has also seen refugee numbers in neighbouring Jordan swell, putting pressure on resources. About 85% of the Syrians currently settled in Jordan live below the poverty line, according to the UN.

      Overall, one third of the global refugee population (6.7 million people) live in the least developed countries of the world.
      Many go to live in massive temporary camps

      Large numbers of those driven from their home countries end up in cramped, temporary tent cities that spring up in places of need.

      The biggest in the world is in Cox’s Bazar, Bangladesh, where half a million Rohingya now live, having fled violence in neighbouring Myanmar.

      The second largest is Bidi Bidi in northern Uganda, home to a quarter of a million people. The camp has seen many arrivals of South Sudanese fleeing civil war just a few hours north.

      Bidi Bidi, once a small village, has grown in size since 2016 and now covers 250 sq km (97 sq miles) - a third of the size of New York City.

      But what makes Bidi Bidi different from most other refugee camps, is that its residents are free to move around and work and have access to education and healthcare.

      The Ugandan government, recognised for its generous approach to refugees, also provides Bidi Bidi’s residents with plots of land, so they can farm and construct shelters, enabling them to become economically self-sufficient.

      The camp authorities are also aiming to build schools, health centres and other infrastructure out of more resilient materials, with the ultimate aim of creating a working city.

      Among those living in Bidi Bidi are Herbat Wani, a refugee from South Sudan, and Lucy, a Ugandan, who were married last year.

      Herbat is grateful for the welcome he has received in Uganda since fleeing violence in his home country.

      “The moment you reach the boundary, you’re still scared but there are these people who welcome you - and it was really amazing,” he says. “Truly I can say Uganda at this point is home to us.”

      Lucy says she doesn’t see Herbat as a refugee at all. “He’s a human being, like me,” she says.

      However, despite the authorities’ best efforts, a number of challenges remain at Bidi Bidi.

      The latest report from the UNHCR notes there are inadequate food and water supplies, health facilities still operating under tarpaulins and not enough accommodation or schools for the large families arriving.
      Displacement could get worse

      Alongside conflict and violence, persecution and human rights violations, natural disasters are increasingly responsible for forcing people from their homes.

      Looking at data for IDPs only, collected separately by the Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), natural disasters caused most new internal displacement cases last year, outpacing conflict as the main reason for people fleeing.

      On top of the 10.8 million internally displaced by conflict last year, there were 17.2 million people who were forced to abandon their homes because of disasters, mainly “extreme weather events” such as storms and floods, the IDMC says.

      The IDMC expects the number of people uprooted because of natural disasters to rise to 22 million this year, based on data for the first half of 2019.

      Mass displacement by extreme weather events is “becoming the norm”, its report says, and IDMC’s director Alexandra Bilak has urged global leaders to invest more in ways of mitigating the effects of climate change.

      Tropical cyclones and monsoon floods forced many in India and Bangladesh from their homes earlier this year, while Cyclone Idai wreaked havoc in southern Africa, killing more than 1,000 people and uprooting millions in Mozambique, Zimbabwe and Malawi.

      Idai was “one of the deadliest weather-related disasters to hit the southern hemisphere”, the World Meteorological Organization (WMO) said.

      Although linking any single event to global warming is complicated, climate change is expected to increase the frequency of such extreme weather events.

      The WMO warns that the physical and financial impacts of global warming are already on the rise.

      Phan Thi Hang, a farmer in Vietnam’s Ben Tre province, has told the BBC his country’s changing climate has already had a “huge impact” on rice yields.

      “There has been less rain than in previous years,” he says. "As a result, farming is much more difficult.

      “We can now only harvest two crops instead of three each year, and the success of these is not a sure thing.”

      He says he and his fellow farmers now have to work as labourers or diversify into breeding cattle to make extra cash, while others have left the countryside for the city.

      Like Phan’s fellow farmers, many IDPs head to cities in search of safety from weather-related events as well as better lives.

      But many of the world’s urban areas may not offer people the sanctuary they are seeking.

      Displaced people in cities often end up seeking shelter in unfinished or abandoned buildings and are short of food, water and basic services, making them vulnerable to illness and disease, the IDMC says. They are also difficult to identify and track, mingling with resident populations.

      On top of this, some of the world’s biggest cities are also at risk from rising global temperatures.

      Almost all (95%) cities facing extreme climate risks are in Africa or Asia, a report by risk analysts Verisk Maplecroft has found.

      And it’s the faster-growing cities that are most at risk, including megacities like Lagos in Nigeria and Kinshasa in the Democratic Republic of Congo.

      Some 84 of the world’s 100 fastest-growing cities face “extreme” risks from rising temperatures and extreme weather brought on by climate change.

      This means that those fleeing to urban areas to escape the impact of a warming world may well end up having their lives disrupted again by the effects of rising temperatures.

      https://www.bbc.com/news/world-49638793
      #conflits #violence #Bidi-Bidi #camps_de_réfugiés #bidi_bidi #vulnérabilité #changement_climatique #climat #villes #infographie #visualisation

  • Swiss scientists get water gushing in Uganda

    In a refugee camp, one of the first challenges is usually water. But a Swiss project has helped one camp to find more.

    The Geneva-based United Nations refugee agency has an obligation to provide enough water, and it often has to spend a lot of money trucking it in from elsewhere. But at #Bidi_Bidi camp in northern Uganda, a Swiss method has helped quadruple the water supply by finding more productive wells. So how does it work, and can it be applied elsewhere?


    https://www.swissinfo.ch/eng/podcast_swiss-scientists-get-water-gushing-in-uganda/44853646
    #eau #camps_de_réfugiés #asile #migrations #réfugiés #Ouganda #eau_potable

    • L’Ouganda, première terre d’asile africaine

      Face à l’afflux de plus d’un million de personnes chassées par la crise sud-soudanaise, l’ONU mise sur un modèle novateur de prise en charge des réfugiés.


      http://www.lemonde.fr/international/article/2017/12/01/l-ouganda-premiere-terre-d-asile-africaine_5223193_3210.html

      Deux silhouettes se découpent dans le contre-jour, devant les massifs qui barrent la savane. Elles ont franchi le poste-frontière de Nimule, dernier obstacle entre l’Ouganda et le pays qu’elles veulent fuir : le Soudan du Sud, où fait rage, depuis fin 2013, l’une des guerres civiles les plus meurtrières de l’histoire contemporaine. Leurs traits émaciés se dessinent désormais. Ce sont deux adolescents, progressant vers le centre d’accueil des réfugiés, en silence. Comme en apesanteur.


      Jusqu’au dernier moment, ils ont espéré résister au conflit qui ravage le plus jeune Etat de la planète, né en 2011 de la scission du Soudan. Las. « Entre les rumeurs d’attaques de l’armée [loyaliste, Armée populaire de libération du Soudan (APLS)] et le manque de nourriture, nous avons tout abandonné, à notre tour. Dans notre village, il ne reste que quatre familles. Contre une soixantaine auparavant », murmure Denis, 18 ans, hagard après trois jours d’échappée passés à guetter d’éventuelles embuscades dans la brousse. Lui et son frère vont être pris en charge par les autorités ougandaises et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le protocole est rodé : fouille au corps, évaluation médicale, préenregistrement… Dès le lendemain, ils seront transférés vers l’un des vingt et un camps de réfugiés que compte l’Ouganda.

      Face à la plus grave crise de réfugiés en ­Afrique, l’Ouganda figure désormais en première ligne. Il est le pays qui en accueille le plus grand nombre sur le continent. En juillet 2016, Juba, la capitale sud-soudanaise, s’est embrasée : les combats opposent l’armée loyale au président Salva Kiir, principalement constituée de Dinka, aux forces rebelles de Riek Machar, l’ancien vice-président, composées en majorité de Nuer. Les habitants des régions méridionales des Equatorias ont aussitôt été happés dans l’engrenage des violences tribales. Cinq cent mille d’entre eux ont fui en Ouganda. Et l’exode se poursuit. Au total, plus de 1 million de Sud-Soudanais ont déjà trouvé refuge dans ce pays voisin et hospitalier.

      Ni barbelés ni corridors

      A une soixantaine de kilomètres du poste-frontière de Nimule, dans les collines qui verdoient en cette saison des pluies, des cases aux toits de chaume s’éparpillent aussi loin que le regard se porte. Sans ces quelques tentes frappées du logo onusien, on oublierait qu’il s’agit d’un camp de réfugiés, celui de Maaji III, dans le district d’Adjumani : ni barbelés ni corridors, les Sud-Soudanais sont logés au cœur des communautés locales. Les humanitaires préfèrent employer l’appellation « site d’instal­lation », à celui de « camp », trop connoté.

      C’est ici que s’est établi Joseph Lagu, 38 ans, ancien fermier de la région de Yei, dans le sud de son pays. « Des hommes de mon village ont été exécutés lors d’un raid de l’armée [loyaliste], des femmes ont été violées. Les soldats prétendaient que nous soutenions les rebelles. Aujourd’hui, nous sommes en sécurité », dit-il, soulagé. Et de se réjouir : « A notre arrivée, il y a un an, les autorités [ougandaises] nous ont fourni deux lopins de terre : l’un pour construire une case, l’autre – de 2 500 mètres carrés – pour cultiver. »

      Selon une loi ougandaise de 2006, les réfugiés bénéficient, en plus de ces parcelles, de la liberté de travailler et de circuler dans le pays. Ils ont également accès aux services de santé et d’éducation au même titre que les Ougandais. Ce, malgré la faiblesse des ­infrastructures locales. Une stratégie donnant-donnant : cinq ans après leur instal­lation, les réfugiés sont censés être autosuffisants. Ils s’intègrent alors dans le marché du travail, et contribuent à leur tour au ­développement du pays.

      Cette approche inclusive a en partie inspiré le Cadre d’action global pour les réfugiés (CRRF), dirigé par le HCR. Ce nouveau modèle de gestion des crises migratoires à grande échelle est issu de la déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, dont les engagements ont été votés en septembre 2016 par l’ONU. « Sur l’ensemble des crises migratoires internationales, un réfugié conserve ce statut dix-sept ans en moyenne, et aucune perspective de paix ne se profile au Soudan du Sud, observe Isabelle d’Hault, conseillère auprès d’ECHO, l’office d’aide humanitaire de la Commission européenne et l’un des principaux donateurs. Il est donc essentiel d’améliorer la situation des réfugiés et des communautés d’accueil en renforçant leur autosuffisance. »


      En matière de politique migratoire, l’Ouganda est le plus avancé des dix Etats ­pilotes d’Afrique et d’Amérique centrale dans la mise en œuvre du CRRF, lancé en mars 2017. Le projet est scruté. Il a valeur de test pour les Nations unies et les bailleurs de fonds. S’il fonctionne, ce modèle sera répliqué sur des crises à venir pour endiguer les migrations, notamment vers les pays occidentaux. Pour parvenir à cet objectif, la communauté internationale s’engage à partager les responsabilités avec les Etats débordés par des afflux massifs, à travers une aide financière accrue et la relocalisation des réfugiés les plus vulnérables dans des pays tiers.

      Les marchés fourmillent

      Joseph est membre d’un groupe de fermiers sud-soudanais et ougandais dont l’objectif est de renforcer l’autosuffisance des réfugiés. A l’orée du camp, certains défrichent, d’autres débitent des troncs. De nouveaux espaces agricoles émergent. Plus loin s’effectue la récolte de manioc, d’aubergines ou d’oignons. « Depuis l’arrivée des réfugiés, ma production a doublé », s’enthousiasme Robert Obulejo, mains calleuses agrippées à sa fourche. Outils et semences sont fournis par une ONG, le Conseil danois pour les réfugiés (DRC). Les terres sont mises à disposition par les communautés locales.

      En compensation, des ONG bâtissent des infrastructures. Conformément à la loi ougandaise, 30 % de l’aide internationale est dévolue aux Ougandais. Au centre du camp, un marché en béton a remplacé les anciens étals à même le sol ; des écoles et un centre de soins vont être construits, et des tractopelles percent ou entretiennent des kilomètres de piste. Désormais, les acteurs du développement, tels que la Banque mondiale et l’Office d’aide au développement de la Commission européenne interviennent lors des prémices de la crise.

      Cette manne est une aubaine pour ces régions excentrées, parmi les plus pauvres du pays. D’autant qu’elles portent les stigmates de deux décennies de violences. « Des habitants viennent juste de récupérer leurs terres. Ce sont d’anciens déplacés à la suite du conflit opposant l’armée ougandaise à la rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur de ­Joseph Kony », détaille John Amabayo, vice-président du district. Tourné vers l’avenir, il se félicite : « Quand les Sud-Soudanais rentreront chez eux, ces infrastructures seront leur legs à notre pays. »


      En attendant, les retombées économiques indirectes des centaines de milliers de dollars investis pour répondre à la crise ont sorti de sa torpeur la bourgade d’Adjumani, chef-lieu du district homonyme. Hôtels et maisons surgissent de terre pour loger les expatriés et les employés des ONG. Plus de deux mille emplois ont été créés : gardes, chauffeurs, etc. Les marchés fourmillent, des restaurants ouvrent et des bus affluent de la capitale.

      Cette embellie a aidé les habitants à accepter la présence des réfugiés, bien qu’ils représentent 58 % de la population du district. La coexistence est encore facilitée par les liens tribaux entre les communautés. Des deux côtés de la frontière tracée par les colons britanniques en 1894, les mêmes ethnies sont ­présentes, principalement les Kakwa. « Nous partageons la même langue, la même histoire. Et nous étions habitués à aller et venir de chaque côté de la frontière pour commercer ou rendre visite à des proches », explique Joseph.

      Modèle d’autonomisation

      Malgré ces atouts, ce modèle d’autonomisation principalement fondé sur l’agriculture montre des limites. Dans le district voisin d’Arua, « rien ne pousse sur cette terre rocailleuse », s’emporte un Sud-Soudanais. Alors des réfugiés se nourrissent des graines qui étaient destinées à la culture. Quant aux parcelles, les autorités réduisent leur taille ou suppriment leurs attributions. Les espaces disponibles se sont raréfiés : en moyenne, ces douze derniers mois, 1 800 exilés arrivent chaque jour. Quant aux groupements agricoles, ils se révèlent inadaptés aux citadins et aux éleveurs, qui manquent d’alternative dans un pays miné par le chômage.

      Ces difficultés sont exacerbées par la nature démographique de l’afflux de réfugiés. Lorsque les combats ont embrasé Yei, pour la énième fois, Janet Sande, 22 ans, s’est enfuie avec son fils de 3 ans. Et sont partis avec eux huit autres enfants : ceux de son frère et d’un voisin. L’attention et les soins que cette ancienne étudiante porte à ses protégés ne lui laissent pas le temps de cultiver la terre. ­Janet a fini par recevoir une aide de l’ONG Care pour construire son abri, mais, s’indigne-t-elle, « personne ne m’aide, pas même mes ­voisins, pour nourrir les petits ».

      Son cas n’est pas isolé. Femmes et enfants représentent 86 % des réfugiés. « Des hommes ont été tués au Soudan du Sud ou continuent de combattre. D’autres refusent d’abandonner leurs champs à la période des moissons », précise Kennedy Sargo, officier de protection du HCR. Sans mari ou sans père, femmes et enfants sont victimes d’exploitations sexuelles. Certains se prostituent en échange de nourriture. Le nombre de vols a augmenté, la délinquance se propage.


      Sous-financement chronique

      Mais le plus grand défi reste le sous-financement chronique de la réponse humanitaire. Pour 2017, le HCR avait lancé un appel de fonds de 673 millions de dollars (568 millions d’euros). Seulement 32 % de cette somme ont été attribués. En juin, un sommet a été organisé à Kampala, la capitale ougandaise, réunissant les bailleurs de fonds. Sur les 2 milliards de dollars demandés pour les années à venir – montant qui ­inclut les 673 millions pour 2017 –, seuls 358 millions, sous forme de promesses de dons, ont été annoncés.

      « Les pays occidentaux investissent peu dans la réponse à cette crise, bien moins que pour la crise syrienne, analyse le coordinateur d’une ONG qui souhaite garder l’anonymat. Les Sud-Soudanais en Ouganda ne représentent pas une menace migratoire pour l’Europe, ils sont trop pauvres pour tenter d’aller aussi loin. »

      Sans surprise, la relocalisation des réfugiés vulnérables vers les pays tiers reste lettre morte. En 2017, le HCR avait besoin d’en déplacer 16 500. En 2016, onze Sud-Soudanais avaient été transférés. Pourtant, en vertu du principe de partage des responsabilités inscrit dans la convention de Genève de 1951 sur les réfugiés, les Etats ont l’obligation de s’entraider, rappelle Amnesty International, qui met en garde : « Manquer [à cette responsabilité] entraînerait une crise humanitaire bien plus grave que celle à ­laquelle nous assistons. »

      A Bidi Bidi, 288 000 réfugiés

      La magnitude de la crise se dévoile à mesure que la piste gagne Bidi Bidi. Cet ancien village, isolé dans une forêt primaire de la région voisine d’Arua, est devenu en un an l’un des plus grands camps de réfugiés au monde. Près de 288 000 Sud-Soudanais y sont dispersés sur des dizaines de kilomètres. Les besoins élémentaires y sont à peine couverts. « Les rations de 12 kg que nous recevons par mois s’épuisent au bout de deux ­semaines », relate Mawa Yosto, du comité du bien-être des réfugiés. A fortiori parce qu’« une partie est revendue pour acheter des biens de première nécessité comme du savon ». Le ton grave, il enchaîne : « Un adolescent vendait des petits sachets de sel dans la zone A. Plutôt que de rester ici le ventre vide, il s’est résigné à retourner au Soudan du Sud. Il s’est fait tuer. » Des dizaines de familles ­endeuillées vivent le même drame.

      Le Programme alimentaire mondial (PAM), le bras nourricier de l’ONU, a été forcé de diminuer de moitié les rations distribuées, au mois de juin, faute de moyens. Ces coupes concernent l’ensemble des Sud-Soudanais et pas ­seulement les réfugiés installés depuis plus de trois ans, censés sortir progressivement des programmes d’aides. Pour Médecins sans frontières (MSF), « la pénurie ­alimentaire pourrait transformer cette situation en urgence ­médicale ». La malnutrition est désormais une « préoccupation majeure ».

      L’accès à l’eau aussi, alerte l’ONG. Les volumes disponibles atteignent à peine le standard minimal du HCR : 15 litres par personne et par jour en situation d’urgence. « On ne sait jamais si on pourra boire le lendemain », se désole une réfugiée, un jerrican à ses pieds dans la file d’attente d’une fontaine. Pompée dans le Nil Blanc, l’eau traitée est acheminée par un onéreux ballet de camions-citernes qui s’embourbent dans des pistes inondées de pluies. Forages et pipelines pallient progressivement ce système. « A un rythme insuffisant », s’inquiète une responsable. La saison sèche approche.


      Le système éducatif est débordé. « L’école est au fondement de la connaissance. Mais que pouvons-nous transmettre aux élèves ? », interroge, faussement candide, un enseignant de la zone C. Le nombre d’élèves atteint 600 par classe dans son école. Jusqu’à 2 000 dans d’autres. Les enfants accourent pieds nus en classe, « le ventre vide ». Ni pupitre ni matériel pédagogique ne sont disponibles dans cette école partagée par les communautés.

      Les populations locales montrent des signes de colère face aux services éducatifs et de santé jugés défaillants. Barrages routiers, acheminement de l’aide suspendu ou menaces contre des expatriés, des manifestants protestent contre l’augmentation des prix et pour l’amélioration de leurs conditions de vie. L’octroi d’emplois par les ONG à des Ougandais originaires d’autres régions alimente aussi les griefs. En mai, World Vision s’est ainsi fait expulser du district de Moyo par les autorités locales. L’environnement aussi subit une pression insoutenable et les ressources naturelles disparaissent. « Des Ougandais nous molestent quand nous collectons du bois pour la cuisine ou les constructions, s’inquiète Jennifer Dodoraia, 60 ans. Ils nous disent : “Ce pays ne vous appartient pas, rentrez chez vous !”. »

      Ces tensions, les sages tentent de les désamorcer lors de médiations publiques. A l’issue de l’une d’elles, à l’ombre d’un manguier dans le camp de Maaji, Paulino Russo, chef du ­conseil des anciens, invective ses concitoyens : « Soyez patients et souvenez-vous : il y a trente ans, c’est nous qui fuyions la guerre civile et partions chez nos frères soudanais. Demain, nous pourrions être des réfugiés à nouveau. »