• L’école maternelle à la dérive (OFCE le blog)
    http://www.ofce.sciences-po.fr/blog/?p=2527
    Sabrer dans l’accueil de la petite enfance, c’est sabrer l’insertion professionnelle des #femmes

    Ce choix permettrait de rationaliser la dépense publique en proposant des parcours explicites de prise en charge des jeunes enfants et de clarifier les compétences des différents acteurs dans ce secteur. Il exige la création de postes d’enseignants et d’assistants, il permet de dynamiser et de sécuriser les parcours professionnels des mères (et non des pères, qui le plus souvent n’adaptent pas leur parcours professionnel lors de l’arrivée d’un enfant), encore trop souvent contraintes d’interrompre leur carrière faute de ne pouvoir trouver un accueil de qualité pour leurs enfants. Un service public de la petite enfance est porteur d’égalité et de justice mais aussi de dynamisme économique.

    • Je suis circonspect quant à cet article et ce qu’il recommande, étant plutôt défavorable à un accueil précoce en collectivité.

      À la fois, pour moi dans l’idéal, c’est à la famille de s’occuper des enfants au maximum, et dans le même temps il y a ce crédo « républicain » que sortir tôt les enfants de la famille peut faire œuvre de santé publique (physique et mentale) pour les gosses qui seraient nés dans un contexte difficile (logement insalubre, nourriture pourrie, parents les laissant faire n’importe quoi, etc).

      Et ya un jeu de ping-pong incessant entre les deux. Car (pong) cette école républicaine c’est aussi la destruction de communautés soudés, que ce soit rurales ou ouvrières ou autres, avec une sorte de « racisme » de classe : ce qu’on va apprendre à l’école (des savoirs, langues, etc) c’est plus important que savoir planter des légumes ou fabriquer un meuble.

      Bon mais on parlait au départ de la petite enfance : si on fait des gosses, c’est pas pour les lâcher le plus rapidement possible autre part, et encore moins à des inconnus. Le nombre de parents que je vois chaque année chercher une garde pour que maman (!) puisse vite aller retravailler dès 2 mois (pauvres enfants).

      Dans l’article ya la question de l’origine de l’argent et que suivant le ministère, les parents payent plus ou moins. Mais on pourrait très bien imaginer avoir de quoi vivre pendant que les parents s’occupent alternativement de leurs enfants, sans le donner à d’autres. Mais on peut pas : ça crée de l’emploi ma bonne dame ! Services à la personne, circulation de l’argent, que ce soit par assmat ou recrutement d’enseignants : dynamisme économique avant tout !

      Quant à l’au-delà des deux ans : le « modèle français » de l’école maternelle, je vois pas ce qu’il a de réjouissant ! Le cerveau de l’enfant n’est pas prêt à suivre des cours, à rester assis pendant des heures déterminées à l’avance, etc. L’école maternelle française, on peut difficilement pire question prise en charge collective justement. Malheureusement, les accueils de type Montessori, contrairement aux vœux de sa créatrice, c’est que pour les bourgeois, de nos jours...

    • Suivre des cours et rester assis en maternelle ? Quelle idée ! Ou alors c’est pas comme je croyais… Sinon, je suis bien d’accord que si on fait des gosses c’est pour s’en occuper, mais — je parle pour moi en tout cas — pas 24h/24, sous peine de décès prématuré. Si on rêve de société idéale, dans mon esprit, ça ne remet pas du tout en cause les modes de garde collective.

      J’adore mon gamin, il est très drôle et curieux et tout, mais objectivement, si je devais le garder toute la journée jusqu’à ses 6 ans, même la moitié du temps, je me jetterai d’un pont à un moment ou un autre.

    • @baroug : en fait, ce serait plutôt le gosse qui passerait par la fenêtre. Je suis à fond pour la garde collective, ne serait-ce que pour son rôle de socialisation. Nous sommes des animaux sociaux et la famille, qu’elle soit défavorisée ou non, n’est plus le lieu où l’on éduque à l’autre. Le gamin doit sortir des bras de ses parents pour explorer le monde, se confronter à ses pairs et apprendre qu’il n’est pas le centre de tout. Pour une fille unique comme la mienne, c’est fondamental.
      Bien sûr, il y a précoce et précoce. Pour de sordide histoire d’argent, on prétend que 2 ans, c’est trop tôt pour se frotter au monde, mais quand il s’agit de faire trimer les parents pour peau de balle en horaire décalés, là, la nounou à 2 mois, c’est politiquement correct.

      En fait, c’est tout le contraire et je suis totalement horrifiée par l’inadéquation de tout notre accueil petite enfance. En gros, jusqu’à 6-8 mois, le nourrisson est très fusionnel et a besoin d’être beaucoup materné. Je comprends que toutes les femmes ne puissent pas, mais même chez celles qui sont très autonomes et pas très maternantes, j’ai pu observer que la séparation précoce des 2 mois est un carnage.
      Dans l’ontologie du petit d’homme, la curiosité au monde extérieur dépend de la qualité de la réassurance qu’il a eu avec ses parents pendant cette période sensible - on va dire - de la première année. Si le lien s’est normalement constitué, il va de lui même cesser de pleurer devant les étrangers et commencer à être curieux. C’est au moment de cette phase exploratoire (8-12 mois) qu’il faut commencer l’accueil collectif et la socialisation, de manière progressive. Et en gros, si ses étapes de développement ont été respectées, vers 2 ans, il commence à réclamer plus d’autonomie et cherche les moyens d’assouvir sa curiosité dévorante. À ce moment-là, l’accueil spécifique des tout petits est totalement adapté.

      La maîtresse de ma fille en petite section rigolait quand on parlait de projet pédagogique : « déjà, s’ils arrivent à jouer ensemble sans se mordre, je pourrais me dire que j’ai bien fait mon travail » !
      Cela dit, elle leur lisait des histoires, leur apprenait à tenir et utiliser des feutres ou les emmenait en balade découverte dans des potagers. Bref, les gamins ont développé leur capacité à vivre avec les autres et ont découvert le plaisir d’apprendre : pas mal, non ?

    • @baroug oui c’est pas comme tu croyais. Bien sûr qu’ils ne sont pas assis toute la journée, mais une bonne partie, et ils ont des activités prévues à l’avance et dans un temps imparti (de telle heure à telle heure assis à cette table à faire cette activité-là). L’inverse de Montessori où les enfants choisissent individuellement (et parfois collectivement) l’activité qui les intéresse et sur laquelle ils peuvent rester concentrer longtemps car c’est ça qu’ils aiment à ce moment de leur vie.

      Mais j’ai jamais dit que ça ne devait être que la famille nucléaire (mère-père, ou père-père ou mère-mère :p) qui devait s’occuper des enfants pendant 6 ans !

      Sauf que les parents doivent être présents au moins autant que les autres intervenants. Or dans les gardes collectives (assmat, ou crèche ou école maternelle) les enfants voient plus les autres que leur propre famille ! 8h-17h quoi... Les parents s’occupent des enfants 2h le matin, 3h le soir et que pour des activités mécaniques et journalières : manger, habiller, partir, ..., rentrer, manger, laver, lire histoire, dormir. Je ne vois pas ce qu’il y a de sympa dans une journée de semaine à voir plus l’assistante maternelle ou la maîtresse que sa maman et son papa (sauf si on se fait taper par eux bien sûr).

      @monolecte le problème c’est pas le fait d’être en collectivité tôt, le problème c’est l’exclusivité de cette pratique (que la collectivité ou que les parents quand une maman - car c’est souvent une maman - ne travaille pas). Autour de 2 ans, le notre allait une ou deux fois par semaine en collectivité... mais que deux demi-journées sur la semaine complète, et le vendredi aprèm c’était un accueil parent-enfant.

      « Il faut tout un village pour éduquer un enfant » dit un proverbe africain, et c’est sur ça que se base une initiative en ce moment au Pays-Basque, où des parents organisent une éducation venant de la famille... mais collective ! Faudrait que je fasse un billet à part sur #Bizi-Toki (je crois qu’ils ont un site), c’est vraiment génial.

    • Je ne vois pas ce qu’il y a de sympa dans une journée de semaine à voir plus l’assistante maternelle ou la maîtresse que sa maman et son papa (sauf si on se fait taper par eux bien sûr).

      Honnêtement pour un enfant en bas âge, c’est l’alternative entre passer la journée avec un nombre forcément restreint de personnes, vite saoulées, et avec plusieurs pro + beaucoup d’enfants. Et a priori bien plus d’activités potentielles (si l’on parle d’un mode de garde collectif). Si tu prend sur toute la semaine, avec mercredi week-ends, matins et soir, les parents sont largement (à moins qu’ils n’enchainent avec d’autres mode de garde à la maison) aussi présents que les professionnels auxquels ils font appel.

      Après fatalement, aucune des institutions évoquées n’est la panacée, mais au-delà du bien de l’enfant, il y a le mien, et je le répète, si j’adore garder l’enfant les weekends et le mercredi, ce serait « tout le temps », je serais proche du suicide.

    • Si on parle là du bas-âge, donc avant l’histoire des 2 ans, et bien je ne vois pas trop quoi dire d’autre que : « ben fallait pas faire d’enfant mec ». C’est un peu violent de dire ça, j’en conviens, mais quand c’est un acte volontaire ça doit être fait avec la conscience qu’on doit gérer pendant des années la vie d’un être humain, et pas juste ses besoins physiques, mais ses sentiments de peur et d’amour.

      En bas-âge, l’enfant à besoin de sa famille au quotidien (que ça soit la famille nucléaire dans notre société de couple, ou tonton-tata autre part).

      La socialisation par l’arrachement, n’aboutira jamais au même résultat que la socialisation par le départ volontaire. Lorsqu’un enfant a confiance en ses parents, lorsqu’il n’a pas peur de l’abandon car il n’a jamais été séparé de force, et bien il n’a aucun mal à partir de lui même contrairement à ce que dit le mythe de l’enfant fusionnel (au-delà des premiers mois où c’est vraiment le cas bien sûr).
      Et on remarquera que je n’ai pas dit qu’elle ne marchera pas (la socialisation par l’arrachement) : sauf quelques exceptions, un enfant fini toujours par d’adapter (y compris à des choses horribles parfois, c’est dire...), donc ce n’est pas ça le problème. C’est que ça n’aboutira pas au même résultat, aux mêmes comportements une fois qu’il aura grandi.

      <cas_personnel>On a dormi dans la même chambre (co-dodo) pendant fort longtemps, on ne l’a jamais mis en poussette avant 2 ans (portage), on ne l’a pas mis en collectivité sur un temps long et de force (accueil parent-enfant d’abord, puis accueil périodique uniquement), et résultat — propre à notre famille évidemment mais flagrant quand même : c’est lui qui est parti dans sa chambre séparée tout seul, c’est lui qui a décidé de ne plus mettre de couche la nuit, et c’est lui qui a dit qu’il voulait aller à l’école./cas_personnel>

      Le maternage (ou le respect des sentiments de l’enfant) c’est pas juste pendant les tous premiers mois quoi. C’est un processus qui s’actualise à chaque étape.

    • Dans la mesure ou personne ne me force à m’en occuper exclusivement jusqu’à ses 2 ans, et que la société, pour le coup, a prévu des solutions pour tous, le message « fallait pas » ne me parait pas très pertinent. Comme je le dis, même avec un mode de garde « à plein temps », les parents continuent de passer le temps majoritaire avec leurs enfants, ce qui en terme de gestion des besoins et des sentiments ne me parait pas si mal. Pour parler de moi à nouveau, une garde permanente et exclusive perdrait de l’efficacité, ma disponibilité étant diluée et ramenée à une forme de surveillance qui deviendrait rapidement pénitentiaire…

      Quand à l’arrachement, il me parait bien délicat, celui dans lequel l’enfant sourit, rit et ne fait pas du tout attention à la personne qui le pose dans le lieu de garde…

      Après le maternage et ses dérivés c’est super hein, pour ceux qui veulent faire ça, je respecte complètement. Mais poser ça comme prérequis me parait d’autant plus abusif qu’à ce stade, rien ne laisse penser que les enfants élevés de cette façon (je n’ai toujours pas compris le lien entre cododo et portage par ex, l’espèce de logique d’ensemble ne me parait pas claire) s’en sortent « mieux », sont plus épanouis, ou que-sais-je que les autres.
      Qu’ils décident de faire ce qu’on a de toute façon déjà décidé pour eux, c’est super, mais je ne suis pas sûr non plus que ce soit un changement si radical.
      Et par ailleurs, même si je sais parfaitement que ceux qui optent pour le maternage peuvent être féministes et bien réfléchir aux questions liées au genre et à l’éducation, au final, c’est toujours les femmes qui se tapent le (très) gros de tout cela… Parcourir les forums sur ces questions est éloquent.

    • Il n’y a aucun #jacques-a-dit ni dans un sens ni dans l’autre, ça ne peut être que des déductions empiriques, basées sur son expérience et sur ce qu’on sait des sociétés passées et des quelques sociétés non-industrielles qui restent.

      Portage-cododo : le portage c’est le fait de ne pas se séparer corporellement de l’enfant au cours de la journée, tant qu’il ne sait pas se déplacer, et même après ; le cododo c’est ne pas s’en séparer lorsqu’on ne peut pas le porter (car on dort) et dans un moment (la nuit, le noir, les rêves) où il a besoin d’être rassuré. Donc oui, c’est forcément lié. Le lien général étant qu’il n’y a presque pas d’intellect possible avec l’enfant en bas-âge, les échanges se font avant tout par le corps : contact, souffle, odeur, balancement, caresses, regards. C’est à travers ça à cet âge que se transmettent l’amour, la confiance, le lien, etc, pas avec les mots, les gestes lointains ou les actes plus abstraits.

      Quant au féminisme, lol, chez ceux qui ne maternent pas c’est pareil : surtout les femmes qui s’en occupent. Donc c’est un clivage différent. <perso>En tout cas, dans mon entourage, chez les gens que je connais qui maternent, le papa porte autant, prépare les compotes, etc (mais n’allaite pas, ça c’est sûr haha !).</perso>

    • Ok pour les liens cododo / portage. Pour le reste…

      « Quant au féminisme, lol, chez ceux qui ne maternent pas c’est pareil : surtout les femmes qui s’en occupent. » : oui. Mais moins. Du coup.

      Le lien général étant qu’il n’y a presque pas d’intellect possible avec l’enfant en bas-âge, les échanges se font avant tout par le corps : contact, souffle, odeur, balancement, caresses, regards. C’est à travers ça à cet âge que se transmettent l’amour, la confiance, le lien, etc, pas avec les mots, les gestes lointains ou les actes plus abstraits.

      Mais aussi les peurs, les angoisses, les doutes, les haines… ce qui me fait penser que le concept de proximité permanente n’est pas bon non plus. Mais à chacun de définir ça.