• #Emmanuel_Macron, 13.01.2022

    « Au-delà des questions des moyens, nous avons une question structurelle et on ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale. »

    https://twitter.com/caissesdegreve/status/1481963876451340290

    Quand est-ce qu’on l’arrête celui-là ?

    #macronisme #ESR #université #discours #facs #France #destruction #précarité_étudiante #financement #enseignement_supérieur #budget #compétition #compétition_internationale #néo-libéralisme #privatisation #Macron

    La casse de l’université continue...

    Voici ce que j’écrivais en 2020, lors des luttes contre la fameuse LPR :

    Si je lutte ici et maintenant c’est parce que je suis fermement convaincue que si on gagne en France la victoire contre une université néolibérale, on peut faire tache d’huile bien au-delà des frontières nationales. Et si, en France, on ne cède pas au chant des sirènes du néolibéralisme universitaire, je suis aussi fermement convaincue que le supposé « retard » décrié par certain·es aujourd’hui se transformera en avance. Car la grogne grandit aussi dans les autres pays européens, qui se battent pour ce qu’en France, nous sommes en train de perdre, mais nous n’avons heureusement pas encore complètement perdu

    http://www.riurba.review/2020/03/comprendre-le-neoliberalisme-universitaire-francais-a-partir-de-la-suisse

    • La privatisation de l’écoles et de l’université représente une montagne de fric, à côté de laquelle la privation de la Française Des Jeux et des autoroutes sont des cacahuètes apéritives.

      Restera la montagne d’or amassée par les caisses de retraite complémentaires, ce sera pour la quinquennat suivant.

    • Emmanuel Macron expose une #réforme « systémique » de l’université

      Le chef de l’État a estimé que le système actuel d’#études_supérieures était « révolu » et que les universités devaient s’ancrer dans une dimension plus « professionnalisante ».

      À trois mois de la présidentielle, Emmanuel Macron a souhaité jeudi 13 janvier une réforme « systémique » des universités, qu’il veut plus « professionnalisantes », tout en jugeant intenable un système d’études supérieures « sans aucun #prix » pour les étudiants mais avec un #taux_d'échec massif. « Je le reconnais sans ambages, nous avons commencé à colmater les brèches, mais nous devons redoubler d’effort pour que, à l’horizon de dix ans, notre université soit plus forte », a-t-il déclaré, en clôturant en visioconférence le Congrès de la Conférence des présidents d’universités.

      Le chef de l’État a d’abord remis en cause le double système #grandes_écoles - universités. « Nous avons trop longtemps accepté un modèle à plusieurs vitesses, où les grandes écoles et organismes de recherche étaient supposés s’occuper de la formation des #élites et l’université de la #démocratisation de l’enseignement supérieur et la gestion des #masses. Ce système est révolu », a-t-il lancé. « Demain ce seront nos universités qui doivent être les piliers de l’#excellence ».

      « Garantir l’orientation des jeunes vers l’emploi »

      Emmanuel Macron a aussi dénoncé l’« intolérable #gâchis » de l’#échec en première année, où « seuls 50% des étudiants se présentent aux examens », malgré l’injection de nouveaux moyens et la création de 84.000 places. Selon lui, il ne s’agit donc pas d’une question de #moyens. « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où pourtant nous avons tant de précarité étudiante, et une difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l’argent public que partout dans le monde », a-t-il argué.

      « Je dis les choses avec la clarté et la franchise que vous me connaissez » car « si nous ne réglons pas ces problèmes structurels, nous nous mentirions à nous-mêmes », a-t-il poursuivi. Et d’enchaîner : « Nous avons besoin d’une #transformation_systémique de nos universités ». Celles-ci doivent, selon lui, avoir d’avantage d’#autonomie mais l’État devra passer avec elles « de véritables #contrats_d'objectifs_et_de_moyens ». Notamment « les universités ne doivent plus seulement garantir l’accueil des étudiants dans une formation mais garantir l’orientation des jeunes vers l’#emploi ».

      « L’université doit devenir plus efficacement professionnalisante », a encore souhaité le chef de l’État : « la logique de l’#offre doit prendre le pas sur la logique de la #demande », ou encore, « l’orientation doit évoluer pour mieux correspondre aux besoins de la #nation ». « Quand on ouvre des filières sans #perspective derrière, nous conduisons un #investissement_à_perte », a-t-il dit, après avoir rappelé les nouveaux moyens - 25 milliards d’euros sur 5 ans - de la loi de programmation de la recherche, « un rattrapage » à ses yeux. Manuel Tunon de Lara, président de la Conférence des présidents d’universités, rebaptisée France Universités, a lui réclamé une plus grande autonomie des établissements mais aussi un financement de l’enseignement supérieur « à la hauteur de nos ambitions ».

      https://www.lefigaro.fr/demain/education/emmanuel-macron-expose-une-reforme-systemique-de-l-universite-20220113

      #professionnalisation

    • Le discours a été tenu devant le congrès de la CPU désormais appelée @FranceUniv

      qui représente « un nouvel élan, qui rappelle le rôle de partenaire essentiel des pouvoir publics / force de proposition et de transformation pour l’ESR » d’après M. Macron.

      https://www.youtube.com/watch?v=SwsAPNPyFU4&t=32750s

      –-

      Analyse de Julien Gossa sur twitter :

      Le discours commence par des banalités : « concurrence pour les talents », « décloisonner pour favoriser les synergies », « Shanghai / Saclay »...

      Mais surtout « conjurer notre histoire » avec « le vent de face en raison de la démographie ».
      C’est important pour la suite.

      Le discours se centre sur « repenser totalement le lien entre Lycée et Université » et « la séparation entre les études supérieures et le monde du travail ».
      Il fustige une « aristocratie égalitariste » avec la dichotomie Grandes Ecoles (« exellence ») et Université (« masse »).

      #debunk Il s’agit d’un classique diviser pour regner/l’herbe est plus verte ailleurs.
      Cette opposition (stérile ?) GE/Univ est systématiquement instrumentalisée pour réformer, mais seulement les universités.

      « ce n’est pas qu’une question de moyens » (?)

      D’après M. Macron « ce système est révolu » car « il ne correspond pas à la compétition internationale et crée des segmentations inefficaces ». C’est « le sens de l’Histoire ».

      Il faut donc « une nouvelle politique d’investissement ».

      #Point 1 : l’« intolérable gâchis » en Licence

      « Nous avons injecté 1 Md€ en plus dans le premier cycle / créé 84000 places / et 28000 oui-si... formidable ! et pourtant seulement 50% des étudiants se présentent aux examens de premières année »

      #debunk "Des efforts n’ont pas conduit à des résultats, donc il faut réformer plus en profondeur" est discutable.

      Par exemple, il y a en réalité une hausse des taux de réussite, que le discours doit ignorer volontairement pour atteindre son objectif.

      https://etudiant.lefigaro.fr/article/a-l-universite-un-taux-de-reussite-des-licences-en-pleine-croissan

      De plus, ces résultats ne sont pas évaluables en période de pandémie, parce que tout le système est perturbé, et que tirer des conclusions de mesures qui ont trois ans n’est pas intègre.
      https://www.franceculture.fr/societe/covid-19-la-detresse-croissante-des-etudiants

      Enfin, l’effort est en réalité factice, puisque la dépense par étudiant baisse, essentiellement à l’Université.

      Tout au contraire, si on en croit les indicateurs, l’Université a donc plutôt obtenu des résultats, sans moyen, et dans un contexte difficile.

      https://www.alternatives-economiques.fr/rentree-coutera-t-plus-cher-cette-annee/00100263

      #Discussion L’échec en Licence lui-même est peut-être un problème factice, instrumentalisé pour atteindre des objectifs pratiquement sans rapport, mais qui a le mérite de faire écho à un soucis très concret qu’on rencontre sur le terrain.

      #Point 2 : le financement public et la gratuité des études universitaires.

      Cela conduirait a un enseignement qui n’a « aucun prix » à cause d’« un modèle beaucoup plus financé par l’argent public que partout dans le monde »

      #Debunk Au delà du marqueur idéologique « ce qui n’a pas de prix n’a aucune valeur », l’affirmation sur le financement public de l’ESR en France est tout simplement fausse : nous sommes dans la moyenne, et en dessous des pays que nous admirons.

      https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T165/la_depense_pour_l_enseignement_superieur_dans_les_pays_de_l_ocde

      Plus intéressant encore, si on prend le cas extrême de la Grande Bretagne (GB).

      D’abord l’évidence : moins de financement public, c’est plus de financement privé, donc plus d’endettement des familles.

      E. Macron propose donc de vous endetter plus.

      https://commonslibrary.parliament.uk/research-briefings/sn01079

      Ensuite, le financement "privé" est en réalité sur des prêts garantis par l’État, et qui sont en grande partie (52%) non remboursé, donc payés par le public.

      Ça a couté 12Md€ d’argent public l’an dernier (~50% du budget du MESRI).

      https://www.dailymail.co.uk/news/article-9753557/Almost-10-billion-paid-student-loans-2020-written-off.html

      Et enfin, ça n’a apporté aucun financement supplémentaire aux universités.

      La proposition est donc d’endetter les ménages, même si ça coute encore plus au contribuable, sans rien rapporter aux universités.

      Seuls gagnants : les usuriers.

      #Point 3 : la formation réduite à une forme d’insertion professionnelle

      « les universités [doivent] garantir l’orientation des jeunes vers l’emploi » avec « de véritables contrats d’objectifs et de moyens ».

      En clair : l’emploi conditionne le financement des formations.

      « la logique de l’offre doit prendre le pas sur la logique de la demande » « l’orientation doit évoluer pour mieux correspondre aux besoins de la nation »

      En clair : ce n’est plus ni aux familles ni aux universitaires de décider de l’orientation et des formations, mais à l’Etat.

      D’après E. Macron,ces « besoins de la nation » sont seulement économiques, et tout le reste est un « investissement à perte ».

      C’est du bon sens, mais seulement avec une conception de la formation limitée à l’insertion professionnelle.

      #debunk Si on colle les trois points, on a une forme de logique :
      1. Les jeunes échouent en Licence
      2. Car ils se moquent d’études qui ne coutent rien
      3. Et qui de toutes façons ne mènent à aucun emploi.

      Faire payer les familles apparait alors comme une solution, non pas pour augmenter les financements (ils n’augmenteront pas, au contraire), mais seulement pour augmenter l’implication des familles, et restructurer « l’offre et la demande » de la formation.

      La réussite par l’augmentation de l’implication des familles repose sur la croyance « ce qui n’a pas de prix n’a aucune valeur ».

      Quand on regarde les indicateurs, c’est plutôt une question de moyens.


      https://twitter.com/anouchka/status/1481928533308022785

      La restructuration de « l’offre et la demande » imagine une vertu : si les études impliquent un endettement personnel, alors le choix d’orientation sera vers les formations qui permettent de rembourser, donc là où il y a des emplois.
      Et sinon c’est à la charge des familles.

      Julien Gossa
      @JulienGossa
      ·
      17h
      Les formations qui conduisent aux emplois bien payés peuvent augmenter leurs frais d’inscription, donc leur qualité. Les autres ferment ou de toutes façons ne coutent plus rien.

      Le marché comme solution à l’orientation et la formation, donc à la stratification sociale.

      C’est la vision qui a bien fonctionné au XXe siècle. Malheureusement, elle ne fonctionne plus. Tout simplement parce que « démographie » et « besoins [économiques] de la nation » sont désynchronisés.

      Il n’y a pas d’emplois non pourvus en France, il y a du chômage.

      Les emplois qui recrutent ne concernent pas les filières universitaires.

      Les formations universitaires montrent un léger chômage, qui indiquent qu’elles remplissent parfaitement leur rôle de fournisseur de main d’œuvre qualifiée.

      https://statistiques.pole-emploi.org/bmo/bmo?graph=1&in=1&le=0&tu=10&pp=2021&ss=1

      On revient à cette évidence, que le discours de M. Macron semble ignorer : diplômer quelqu’un ne crée pas un emploi.

      En terme d’emplois, la politique proposée est donc vouée à l’échec. Pire, elle enferme dans une sorte d’immobilisme économique.


      https://twitter.com/Taigasangare/status/1481897423437979649

      En toute logique, la politique proposée consiste donc non pas à augmenter le nombre de diplômés, puisque ça ne ferait que baisser le taux d’insertion professionnelle.

      Elle consiste forcément à baisser le nombre d’étudiants, seul moyen d’éviter un « investissement à perte ».

      Et ça nous mène à la question principale qui se pose pour l’avenir, même si on n’ose jamais l’affronter :

      Quel est le rôle des études supérieures ?

      Si c’est seulement économique, sans progrès futurs, alors Macron a raison : il faut endetter et réduire le nombre d’étudiants.

      Mais si c’est plus large que ça, que les études supérieures permettent de former des citoyens qui vont devoir gérer des crises graves... Alors il vaut mieux des chômeurs bien formés que des chômeurs mal formés.

      Et le projet proposé est très dangereux.

      Il est d’autant plus dangereux que la loi ORE a déjà posé des bases très solides pour sa réalisation :

      l’Etat contrôle désormais les places dans toutes les formations publiques. La réduction du nombre d’étudiants est donc techniquement possible.

      #Parcoursup est à la fois une sorte de concours national pour accéder aux places, et en plus une market-place pour les formations, incluant déjà des informations sur les "débouchés" et un module de paiement des frais.

      Toute la technique a été préparée pour ce projet politique.

      Reste que le projet politique de M. Macron, tout idéalisé et idéologisé qu’il soit, se confronte à une question toute simple : Que fait-on des jeunes surnuméraires par rapport aux besoin de l’emploi, si on ne les forme plus ?

      Ce fameux « vent de face de la démographie ».

      Julien Gossa
      @JulienGossa
      ·
      16h
      Pour conclure, le discours de M. Macron est bien rodé, puisqu’il a plus de 50 ans... Mais il est objectivement anachronique.

      Il faudrait un peu de courage, et attaquer vraiment la seule vraie question : Quel est le rôle des études supérieures au XXIe siècle ?

      Rappel qu’il y a une cohérence entre baisser le nombre d’étudiants et réduire le nombre de lycéens qui font des mathématiques.

      Si on n’a pas le courage d’aller jusqu’au bout, on aura donc autant d’étudiants, juste moins bien préparés à nos études.


      https://twitter.com/OlivierMusy/status/1481960693784092673

      NB : Si M. Macron souhaitait vraiment mettre en œuvre ce programme, il lui suffirait de donner une autonomie réelle aux universités, dont l’intérêt est effectivement de réduire le nombre d’étudiants et de les faire payer.

      Sauf que c’est impossible :
      https://blog.educpros.fr/julien-gossa/2021/10/17/selection-impossible-autonomie-fantome

      Ici le verbatim, qui termine sur cette blague « Et que fait-on ce soir, Cortex ? »
      https://t.co/9HYisOq789

      Et bien sûr la plus pathétiques des hypothèses : tout ce projet n’a en réalité aucun sens, complètement dépourvu de vision et d’ambition autre que séduire les présidents d’université dans une perspective tristement électoraliste.

      https://twitter.com/JulienGossa/status/1481996134042193925

    • Présidentielle 2022 : le programme d’Emmanuel Macron devant la CPU “#France_Universités

      Emmanuel Macron a prononcé un discours pour la clôture du 50e anniversaire de la Conférence des présidents d’université1. La vidéo et le verbatim sont disponibles ici2. Ce discours dresse le bilan de la politique du quinquennat en matière d’enseignement supérieur et de recherche, mais trace aussi un cap pour une nouvelle réforme — peut-être pour un nouveau mandat ?

      Le candidat-président Macron fixe dans tous les cas un certain nombre d’objectifs et de lignes directrices qu’il n’est pas inintéressant d’analyser.

      Cet article est tiré d’un fil Twitter (https://twitter.com/CathKikuchi/status/1481942125147312138) écrit à chaud et doit être complété avec d’autres analyses qui ont émergé à la suite de ce discours3. On citera en particulier :
      - Ce fil extrêmement complet de Julien Gossa : https://twitter.com/UnivOuverte/status/1481759141618139138
      - Cette réflexion de Marianne Blanchard sur la volonté de plus « professionnaliser l’université » : https://twitter.com/UnivOuverte/status/1481759141618139138
      - En complément, la reprise d’une intervention de l’économiste Elise Huillery au colloque de la Conférence des présidents d’université sur les ressources allouées à l’université française, un fil d’Ana Lutzky : https://twitter.com/anouchka/status/1481924369597308930

      Il est globalement beaucoup question de la politique universitaire, mais un article entier pourrait également être consacré à ce qu’Emmanuel Macron dit de la vie étudiante. Nous laissons ce point à analyser à d’autres.
      « Éclairer le monde tel qu’il va » ou l’abrutir

      « Faire pleinement de la France une avant-garde de la recherche de l’excellence du savoir » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Le discours commence bien sûr par brosser les présidents d’université dans le sens du poil. Beaucoup ont commenté la petite phrase des universités qui doivent « éclairer le monde ». Ce passage s’inscrit dans tout un segment sur l’importance de l’autorité académique, de la reconnaissance des pairs et du cadre scientifique : « Ne laissons personne le remettre en question ». Evidemment, ce n’est pas nous que le contredirons. Mais cette déclaration prend une saveur particulière, alors que Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation, cherche au contraire à dire aux universitaires ce qu’ils doivent chercher et comment en faisant l’ouverture d’un pseudo-colloque ((NDLR : Le président-candidat Macron évoque également la commission Bronner qui vient de rendre son “rapport” Des Lumières à l’ère du numérique.Il en retient la “nécessité d’empêcher la mise en avant ou le financement d’acteurs qui nuisent à l’information, à la cohésion sociale et in fine à la démocratie” — qui résone avec sa menace envers les “universitaires qui cassent la République en deux“.)). ou encore lorsqu’il prétend pouvoir dire quels universitaires constituent un « virus » de la pensée et donc, en creux, ceux qui pourraient en être le « vaccin ».

      « Tous ensemble, nous avons réussi à faire de notre jeunesse une priorité claire avec ces premiers résultats et également à faire de notre jeunesse et de nos étudiants une priorité. » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Mais bien sûr, il s’agit d’abord de défendre un bilan. Emmanuel Macron se gargarise de milliers de places nouvelles ouvertes dans diverses filières pour accommoder la vague démographique. C’est bien rapide : ouvrir des places sans construction de bâtiment, sans recrutement de personnel, ne revient-il pas à faire du surbooking ? Changer un chiffre sur un tableur Excel, ne permet pas dans les faits d’accueillir correctement des milliers d’étudiants et d’étudiantes supplémentaires.

      Mais rassurons-nous : la loi de programmation a représenté un engagement financier sans précédent. Sauf que non : l’augmentation du budget de l’ESR stagne et sa légère augmentation, plus faible que par le passé, correspond à l’inflation. Un tour de passe-passe dénoncé par les politiques notamment au Sénat. L’effort budgétaire est principalement reporté sur la prochaine mandature :bel effort personnel pour le président Macron.

      « Justes hiérarchies » ? Parcoursup, reproduction sociale et démocratie

      Parmi les bons points qu’Emmanuel Macron se donne, le satisfecit sur Parcoursup est aussi d’un ridicule achevé. « Un système d’orientation avec des taux de satisfaction et de réponse incomparables, plus lisibles », alors que tous les acteurs du système, des élèves aux enseignants du secondaire, en passant bien sûr par les enseignants du supérieur disent le contraire. Mais peu importe : il s’agit de l’un des grands chantiers du quinquennat, il doit être un succès.

      « Des sociétés démocratiques comme la nôtre qui ont la passion de l’égalité que nous partageons toutes et tous doivent néanmoins défendre à nouveau les justes hiérarchies qu’il doit y avoir dans nos sociétés sans lesquelles tout se dissout » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Macron se lance ensuite dans un grand discours visant à intégrer les universités à la formation de l’élite, dans une optique implicite de démocratisation. Il cite les Idex en exemple. Sauf qu’en termes de démocratisation, les Idex contribuent plutôt à une reproduction de l’élite plutôt qu’à son renouvellement, comme l’on montré les travaux d’Audrey Harroche et ceux de Hugo Harari-Kermadec.

      Cette volonté de s’inscrire dans le cadre de grands établissements va de pair avec une volonté de professionnalisation accrue.colloque

      L.’université « doit devenir plus efficacement professionnalisante car on ne peut pas se satisfaire de l’échec de nos étudiants dans les premiers cycles ni du taux de chômage trop élevé des jeunes qui sortent de certaines filières universitaires. Pour vous y aider, nous devons poursuivre le travail d’amélioration de l’orientation qu’a initié Parcoursup ». (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Cet affichage ne peut être balayé d’un revers de main. Evidemment, aucun enseignant digne de ce nom ne peut vouloir que les universités forment des chômeurs. Mais cela passe sous silence que les universités sont déjà professionnalisantes : elles forment des professionnel·les de la recherche et de l’enseignement supérieur et des enseignant·es. Hors Master, , elles forment en licence en lien avec le monde du travail, y compris bien sûr celui hors de l’université et de l’enseignement : c’est vraiment n’avoir jamais regardé l’offre de formation universitaire ni les maquettes de premier cycle que de penser le contraire. S’il y a sûrement des améliorations à effectuer, il serait tout à fait faux de prétendre que les universitaires ne se préoccupent pas du devenir professionnel de leurs étudiant·es.

      « Les grandes écoles et organismes de recherche étaient supposés s’occuper de l’excellence et de la formation des élites, et les universités de la démocratisation de l’enseignement supérieur et de la gestion des masses. Ce système est révolu. Il est révolu d’abord parce qu’il ne correspond pas à la compétition internationale, parce que sa forme-même crée des barrières, des segmentations qui sont inefficaces. » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Cependant, on peut être conscient des nécessités de professionnalisation à l’université tout en considérant que celle-ci a aussi un rôle intellectuel et émancipateur de transmission de savoir et de méthode scientifique. Mais cela, Macron n’en parle jamais pour l’enseignement. Enseigner à l’université est réduit à la formation en lien à des besoins identifiés de la nation. Et si les besoins de la nation, c’était aussi d’avoir des diplômés insérés dans le marché du travail ET capables de réfléchir par eux-mêmes ? Ce serait fou…

      De même la question de l’échec en première année de licence et de l’orientation est un vrai sujet. Mais ne serait-ce pas aussi parce que Parcoursup a accentué ce phénomène ? De nombreuses étudiantes et étudiants, à vue de nez encore plus nombreux qu’auparavant, s’inscrivent dans des formations sans réelle volonté de s’y investir. Alors quelle solution ? Emmanuel Macron évoque le développement de filières courtes et professionnalisantes, ce qui peut être une partie de la réponse. Mais est-ce que l’augmentation de leur capacité d’accueil va à nouveau se faire sans moyen supplémentaire ? Permettons-nous au moins de nous poser la question…

      « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Malgré tous ces points ambigus, voire volontairement mensongers, le plus inquiétant de ce discours réside dans l’une de ses dernières parties. Cela a été déjà relevé : Emmanuel Macron dénonce un système où l’université n’a « aucun prix pour la grande majorité des étudiants », où on a un tiers de boursiers et où on a « un modèle beaucoup plus financé par l’argent public qu’ailleurs dans le monde ». D’abord, ce dernier point est tout bonnement faux : la France n’investit proportionnellement pas plus d’argent public dans l’université que, par exemple, l’Allemagne, la Norvège, le Danemark ou la Belgique, même si elle en investit d’avantage que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Elle se situe dans une moyenne légèrement supérieure à celle de l’OCDE.

      Ensuite, le changement systémique auquel il appelle revient bien à faire payer les étudiant·espour leur faire financer leurs propres études. Y compris via un endettement étudiant peut-être ? C’est en tout cas ce que de proches conseillers d’Emmanuel Macron suggéraient. Alors c’est une option bien sûr. Mais ça revient à poser franchement sur la table la nature du modèle universitaire que nous souhaitons et la manière dont l’université est encore un levier d’ascension sociale, ou a minima de formation de toutes les catégories économiques et sociales. Et ce débat-là, évidemment, Macron ne le pose pas clairement.

      Les systèmes de gouvernance [des universités], « il faut bien le dire par tradition, ont eu dans beaucoup de situations pour conséquence d’impuissanter trop souvent les équipes face aux défis qui leur étaient posés. Mais cette autonomie, soyons clairs et sincères entre nous doit aussi être synonyme d’une gouvernance renforcée de nos universités dans laquelle les équipes présidentielles pourront définir et incarner pleinement leur projet. (…) Notre système est très hypocrite – autonomie à moitié, on continue de contrôler ; ceux qui réussissent, on les aide un peu plus, ceux qui ne réussissent pas, on les compense. Et puis autonomie, mais au fond, même localement, on donne des responsabilités, mais on bloque ceux qui sont élus par nous-mêmes » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      De la même manière, on a un passage éminemment confus sur un contrat que les universités devront passer avec l’État, où il est question d’augmenter l’autonomie mais aussi la responsabilité. Selon quelles modalités ? Ce point n’est pas clair, mais il est un passage qui personnellement me fait froid dans le dos. Macron dénonce un système déresponsabilisant : « Notre système est très hypocrite — autonomie à moitié, on continue de contrôler ; ceux qui réussissent, on les aide un peu plus, ceux qui ne réussissent pas, on les compense ».

      Est-ce que cela signifie que l’État se désengagera des universités qui ne répondent pas aux critères d’excellence fixés par le gouvernement ? Que celles-ci ne feront plus partie du système de service public de l’enseignement supérieur ?

      On voit bien où cela peut mener : les grandes universités comme Saclay auront toujours plus, les petites universités au bassin de recrutement local toujours moins. Et si un tel système aide à la promotion de l’enseignement supérieur, à la formation des étudiant·es partout en France, je veux bien manger mon chapeau.

      « La France continuera de jouer son rôle de résistance en défense de l’esprit de connaissance, de recherche, d’un enseignement libre et d’une recherche libre. Parce que je crois que c’est la seule manière de continuer à véritablement conquérir le monde, c’est-à-dire à inventer des possibles nouveaux dans une humanité en paix. Les autres voies, nous les connaissons. Ce sont les obscurantismes, les totalitarismes, les nationalismes appuyés sur la discorde. » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      https://academia.hypotheses.org/33766

    • Thread de Marianne Blanchard, 14.01.2022
      Pourquoi ça n’a pas de sens de vouloir plus « professionnaliser l’université » => un thread

      1/ pour Macron, "l’université doit devenir plus efficacement professionnalisante ". Derrière, deux présupposés : a) c’est nécessaire de professionnaliser b) l’université ne le fait pas

      2/voyons déjà le premier. Pour ça je m’appuie (notamment) sur ça : https://sms.hypotheses.org/24385
      On a interrogés des jeunes diplômés d’écoles (commerce/ingé) et d’université, en sciences et en gestion sur les "compétences" dont ils avaient besoin dans leur emploi actuel

      3/ on a distingué les "compétences spécifiques" (en gros tout ce qui est spécialisé, propre à un secteur d’emploi) et "transversales" (en gros, ce qui est général, et mobilisable dans plein de métiers).

      4/ résultat pour les 971 enquêtes : "Le niveau de compétences spécifiques considéré comme acquis est en moyenne supérieur ou égal à celui estimé requis dans leur emploi" => qu’ils viennent de l’université ou d’école, personne ne se trouve pas assez "professionnalisé"

      5/ les individus déclarent peu de lacunes en compétences spécifiques, car ils les mobilisent qd elles sont trop spécialisées. Qd des déficits sont mentionnés, ils concernent des compétences trop « pointues » ou dépendantes du contexte d’emploi pour être enseignées

      6/ Les jeunes interrogés insistent aussi sur le fait qu’il est possible de se former et se spécialiser en cours d’emploi. + les entretiens révèlent que les compétences spécifiques acquises en formation semblent surtout valorisées dans leur dimension transversale

      7/ ce ne serait pas tant leur caractère technique qui importerait, que les capacités à acquérir d’autres compétences qu’elles suscitent.
      En gros, en apprenant (des choses, plus ou moins "spécifiques"/professionnelles), on apprend aussi à apprendre, à se former.

      8/ il faut donc sortir de la vision « adéquationniste » à la française prônant une professionnalisation et une spécialisation sans cesse accrue des formations initiales. Bcp de diplômé·es n’exercent pas le métier correspondant à leur spécialité de formation,

      9/ C’est le sens de l’ "introuvable" relation formation-emploi dont parlait déjà L. Tanguy.
      Se former, c’est aussi acquérir une culture générale, apprendre à porter un regard critique sur les choses, comprendre le monde pour pouvoir y prendre part en tant que citoyen·ne

      https://twitter.com/MJ_Blanchard/status/1481971200100376577

    • Universités : le renforcement « systémique » promis par Macron cache mal un projet de privatisation

      Le quasi-candidat Macron a souhaité jeudi une réforme « systémique » des universités. Derrière la promesse de les rendre « plus fortes » et de casser la concurrence avec les « grandes écoles », il a posé, en creux, les jalons d’un projet de privatisation.

      Dans un discours de clôture du congrès de la Conférence des présidents d’université (rebaptisée à cette occasion « France Universités »), Emmanuel Macron a fait le bilan de son quinquennat pour l’université et dessiné l’avenir qu’il imagine pour l’enseignement supérieur : une orientation universitaire dont la seule boussole serait le marché du travail, et une formation qu’il veut encore « plus efficacement professionnalisante ». Surtout, il a évoqué, sans prononcer les mots, une augmentation substantielle des frais de scolarité étudiante.

      Fier de son quinquennat, dont il a vanté la loi d’orientation et de réussite des étudiant·es, la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), l’ouverture de places supplémentaires à l’université (sans plan d’ouvertures massives de postes d’enseignant·es-chercheurs et chercheuses ni réels moyens supplémentaires), les entrées et « bonds de géant » des universités françaises dans le classement de Shanghai (pourtant décrié), le président de la République a oublié de citer, par exemple, les déboires de Parcoursup depuis 2018, l’immolation d’un étudiant par le feu devant le Crous de La Madeleine à Lyon en 2019, l’apparition des étudiant·es en masse dans les files d’attente des distributions associatives d’aides alimentaires pendant la crise du Covid-19, et la baisse de la dépense publique par étudiant·e. Tout de même, Emmanuel Macron a reconnu qu’il faudrait « redoubler d’effort pour que, à l’horizon de dix ans, notre université soit plus forte ».

      Ainsi, ce discours face aux présidents d’université était plus celui d’un candidat que celui d’un président en exercice. Le projet dessiné ? Une augmentation des frais de scolarité, et un pas de plus vers la privatisation de l’université.
      Un raisonnement fondé sur des chiffres erronés

      Sans se prononcer explicitement pour une hausse des frais de scolarité, Emmanuel Macron l’a remise sur la table en prenant prétexte de la précarité étudiante et du pourcentage important d’étudiant·es qui abandonnent avant même les examens en première année de licence (50 % selon lui). « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale », a déclaré le chef de l’État.

      Si cette déclaration d’Emmanuel Macron n’est pas claire sur le prix que devront payer les étudiant·es pour accéder à l’université dans le système qu’il semble prôner, elle fait planer la possibilité de la création d’un accès réservé à celles et ceux qui en auront les moyens, ou qui auront accès à un prêt bancaire pour se le payer.

      Le quasi-candidat à la présidentielle semble vouloir calquer sa réforme « systémique » sur les systèmes anglo-saxons, où une bonne partie des étudiant·es s’endettent pour des années afin d’accéder aux études supérieures. Pourtant, aux États-Unis, la dette étudiante a atteint à la fin de l’année 2021 plus de 1 500 milliards de dollars, selon la FED, et représente désormais un véritable boulet pour l’économie.

      Mais cette déclaration présidentielle s’appuie sur des chiffres manifestement erronés. Il est d’abord mathématiquement impossible que « 50 % des étudiants seulement se présentent aux examens de première année », quand « le taux de passage en L2 des néo-bacheliers inscrits en L1 à la rentrée 2019 est de 53,5 % », d’après une note du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation publiée en novembre 2021 (https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/sites/default/files/2021-11/nf-sies-2021-24-15115.pdf).

      Ensuite, le financement du système de l’enseignement supérieur français n’est pas « beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde », puisque selon l’OCDE (tableau C2.2b : https://www.oecd-ilibrary.org/sites/455a2bcc-en/index.html?itemId=/content/component/455a2bcc-en), la France finançait en 2018 à 80 % son système par des fonds publics pendant que, par exemple, l’Allemagne affichait un taux de 84 %, la Suède de 87 % et la Norvège de 95 % ! La réforme « systémique » de l’université française voulue par Emmanuel Macron tient sur des raisonnements scientifiquement peu solides.
      Une orientation dirigée par le marché du travail

      Jeudi, il a également jugé indispensable de pousser les universités à proposer des formations en fonction du marché du travail : « [Elles] ne devront d’abord plus seulement garantir l’accueil des étudiants dans une formation, mais garantir l’orientation des jeunes vers l’emploi. » Si cette position pouvait avoir un sens il y a plusieurs décennies, cela fait longtemps que les universités se préoccupent de l’entrée dans la vie active de leurs étudiant·es.

      Les chiffres du ministère de l’enseignement supérieur donnent un taux d’insertion à 18 mois de 89 % pour les masters et de 92 % pour les licences professionnelles. Surtout, la question de l’adéquation entre études et marché du travail est particulièrement délicate : il est impossible de connaître l’avenir de l’emploi plusieurs années après l’entrée dans les études, dans un monde en perturbations permanentes. À titre d’exemple, le sacrifice de la filière informatique à l’université (raconté ici par Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/france/140921/universite-la-start-nation-sacrifie-la-filiere-informatique?onglet=full), à cause d’un manque de moyens, alors même que la demande industrielle est énorme, montre combien la volonté des établissements n’est pas forcément le problème principal.

      À entendre Emmanuel Macron, en tout cas, l’université devrait « devenir plus efficacement professionnalisante ». Elle ne le serait donc pas assez. Mais la sociologue Marianne Blanchard et ses collègues montrent que, lorsqu’on interroge de jeunes titulaires d’un diplôme de niveau bac+5 de master ou d’école, ils et elles considèrent que « le niveau de compétences spécifiques considéré comme acquis est en moyenne supérieur ou égal à celui estimé requis dans leur(s) emploi(s) ». En clair, ils et elles ne se considèrent pas comme « non professionnalisé·es ». Ces chercheuses et chercheurs expliquent aussi que les jeunes diplômé·es pensent « que leur capacité à acquérir ces nouvelles compétences, et donc à s’adapter à de nouveaux environnements de travail, est une compétence en soi que leur formation a contribué à développer ».
      Une remise en cause superficielle des grandes écoles

      Enfin, dans son discours de jeudi, Emmanuel Macron a semblé vouloir remettre en cause le système « grandes écoles-universités », en lançant : « Nous avons trop longtemps accepté un modèle à plusieurs vitesses, […] où les grandes écoles et organismes de recherche étaient supposés s’occuper de l’excellence et de la formation des élites, et les universités de la démocratisation de l’enseignement supérieur et de la gestion des masses. Ce système est révolu. [...] Demain, ce sont nos universités qui doivent être les piliers de l’excellence, le centre de gravité pour la recherche comme pour la formation. » Faut-il lire, en creux, une volonté de disparition pure et simple des grandes écoles ? Dès lors, l’ambition serait-elle de chasser des universités les pauvres dont les bourses « coûtent un pognon de dingue », pour y faire venir les étudiant·es plus fortuné·es des grandes écoles ?

      https://www.mediapart.fr/journal/france/150122/universites-le-renforcement-systemique-promis-par-macron-cache-mal-un-proj

      #bilan #frais_de_scolarité #LPPR #classement_de_Shanghai #parcoursup #chiffres #statistiques #financement #taux_d'insertion #moyens

    • Discours de Macron : une réforme « systémique » de l’université pas si nouvelle et fantasque que ça…

      Le congrès du 13 janvier 2022 célébrant les 50 ans de feu la Conférence des Présidents d’Université (CPU) — dorénavant #France_Universités (sic) — aura eu son petit effet médiatique. Cependant, ce n’est pas #FU qui est au centre de l’attention depuis près d’une semaine mais le président Emmanuel Macron, qui y est intervenu en visioconférence, dans un discours verbeux et ampoulé1.

      Une phrase du chef de l’État a en effet suscité des réactions nombreuses et indignées de la part des mondes universitaire [2], étudiant [3], médiatique [4] et politique [5] (dont on peut parfois douter de la sincérité… [6]) :

      « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale. » (p. 6)

      Malgré un flou artistique sur ce que voulait vraiment dire le Président, un consensus s’est formé autour de son probable projet pour l’enseignement supérieur : l’augmentation des frais d’inscription à l’université. En séances parlementaires, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (#MESRI), Frédérique Vidal, a été interpelée à ce sujet. Celle-ci y a catégoriquement démenti une telle interprétation des paroles de Macron [7]. Des macronistes se sont ensuite joint·es à elle pour dénoncer cette prétendue intox sur Twitter [8]. Ce SAV du discours du Président par la ministre culmine finalement avec un entretien dans Libération absolument lunaire [9].

      Au-delà de l’interprétation du discours, et du fait que le terme « évoquer » utilisé par Vidal (plutôt que « parler explicitement », cf. tweet de LCP) ne permet en rien de lever nos suspicions, existe-t-il des indications nous permettant de penser que Macron souhaiterait effectivement augmenter les frais d’inscription, en continuité avec sa politique depuis 2017 ? N’y aurait-il pas des précédents pendant son mandat ?

      Spoiler alert : oui, et oui à nouveau.

      Un précédent ?

      Alors que les macronistes égrainent dans leurs tweets une série de mesures qui démontrerait que, sous Macron, jamais les étudiant·es n’ont été aussi protégé·es (ce qui est de toute évidence faux), iels oublient systématiquement une mesure absolument honteuse : la hausse des frais d’inscription à l’université pour les étudiant·es extra-communautaires, passant de 170 à 2 770 euros en licence et de 243 à 3 770 euros en Master. Ce précédent, auquel le Conseil d’État n’a rien trouvé à redire [10], laisse penser qu’une telle hausse pourrait en principe être généralisée à tou·tes [11]. Mais est-ce dans le projet néo-libéral macroniste ?

      Un projet Macron-compatible ?

      Faisons d’abord un détour par l’#Institut_Montaigne, un think-tank néo-libéral. Ce dernier est consulté par le MESRI pour définir sa stratégie et sa politique ESR [12]. La collaboratrice de Vidal recrutée en juillet 2020, #Blanche_Leridon, est même passée par le think-tank de 2015 à 2018 [13]. Ce qui devient intéressant, c’est qu’en avril 2021, l’Institut faisait (à nouveau) des propositions sur une réforme de l’Université impliquant… une hausse des frais d’inscription, sans aucune ambiguïté ici ! [14]

      « [une] augmentation des droits de scolarité en licence à 900 € par an et à 1 200 € en master [qui] concernerait l’ensemble des universités, de manière uniforme » (p. 98–99)

      L’analogie ne s’arrête pas là puisque le think-tank propose, comme Macron (voir tableau en annexe) :

      – d’augmenter la part des #financements_privés dans les #fonds_universitaires ;
      - de résoudre la précarité étudiante par l’augmentation des frais d’inscription (ce que l’Institut Montaigne propose de faire en créant notamment des #prêts étudiants…) ;
      – de « remettre » la recherche au cœur des missions des universités au détriment des établissements de recherche, tels que le #CNRS, qui feraient office d’agences de moyens ;
      – de s’affranchir du « coût » que représente le tiers d’étudiant·es boursier·ères ;
      – la remise en cause du système historique Université–Grande école–EPST ;
      – le renforcement de la professionnalisation des formations universitaires ;
      – le renforcement de la #gouvernance des universités par leur #autonomisation.

      On remarquera tout de même quelques différences, notamment sur la précision de certains calculs puisqu’à l’inverse de Macron, l’Institut Montaigne montre que la France n’est pas la championne mondiale du financement public de ses universités ; le Président n’en étant pas à son premier raccourci grossier dans son discours [15]. Autre divergence notable, la transformation complète des EPST en agences de moyens n’est pas le scénario privilégié par le think-tank.

      Notons enfin que certain·es ont proposé à la suite du discours de Macron que l’augmentation des frais d’inscription serait inconstitutionnelle, sur la base d’une décision du Conseil constitutionnel en 2019 [16]. Cependant, ce dernier n’entérine pas la #gratuité de l’université mais sa « #modicité » ou #gratuité_payante. Un point que l’Institut Montaigne avait déjà bien pris soin de vérifier et qui serait selon lui compatible avec son projet de réforme, donc avec celui de Macron.

      « La question de la constitutionnalité d’une augmentation des droits de scolarité […] Il est donc possible de considérer que la proposition formulée [dans le rapport de l’Institut Montaigne] répond aux préoccupations du Conseil constitutionnel telles que précisées par le Conseil d’État. Des droits de scolarité annuels autour de 1 000 € apparaissent en effet modiques au regard du coût annuel moyen des formations dans l’enseignement supérieur (représentant autour de 10%).

      Ensuite, dans le cadre d’un prêt à remboursement contingent décrit ci-après, l’étudiant n’a à s’acquitter directement d’aucun droit sur la période de sa scolarité et le remboursement ultérieur de son emprunt sera fondé sur ses capacités financières. Un tel système, innovant et équitable, apparaît donc particulièrement adapté pour satisfaire aux obligations constitutionnelles pesant sur les droits de scolarité. » (p. 114–115)

      La comparaison entre le discours de Macron et celui du think tank est bluffante : il semblerait que l’un ait écrit l’autre, sans qu’on puisse savoir qui de la poule et l’œuf2 . L’ensemble des similarités entre le discours de Macron — et la politique ESR de son mandat — avec le rapport de l’Institut Montaigne montre le consensus libéral qui les unit sur la question de l’université. Une idéologie que l’un — l’Institut Montaigne — assume vis-à-vis de la question de l’augmentation des frais d’inscription, alors que l’autre — Macron et son gouvernement — la nie publiquement aussitôt l’avoir « évoquée ».

      Une difficulté à assumer qui en dit long sur l’absence de consensus dans la communauté académique et la société civile autour de ce projet de transformation de l’université.

      NB : au moment de l’écriture de ce billet, d’autres (ici le compte Twitter parodique @realUNIVFrance) ont aussi perçu le lien pour le moins troublant que nous décrivons. Le rapport de l’Institut Montaigne semble donc être une bonne grille de lecture pour comprendre le discours de Macron.

      Tableau annexe





      https://academia.hypotheses.org/33874

  • #CNews, première chaîne d’#intox de France… avec le soutien de l’Élysée

    La semaine dernière, CNews a pour la première fois dépassé #BFMTV en audience. Récompense suprême pour la chaîne qui propage des #fake_news sur des #controverses montées de toutes pièces : documentaire censuré à Orléans, #écriture_inclusive imposée à l’école, #Blanche-Neige victime de la “#cancel_culture”… Plus courageux encore, #Pascal_Praud désigne à la vindicte de la #fachosphère des responsables de services publics. Une action civique qui vaut à l’animateur d’être chouchouté par l’Élysée.

    « Merci à vous tous, chers téléspectateurs, salue #Sonia_Mabrouk mardi dernier. Vous avez placé hier CNews leader des chaînes d’information de France. » Devant BFMTV, et sans que cette dernière perde de part d’audience. La chaîne de #Bolloré a donc su attirer un nouveau public. « C’est une confiance qui nous honore, merci encore. » Une confiance de laquelle Sonia Mabrouk sait se rendre digne. « La guerre contre l’écriture inclusive menée par #Jean-Michel_Blanquer qui veut l’interdire à l’école, annonce-t-elle au sommaire de Midi news. L’écriture inclusive, une attaque contre notre langue et derrière, une idéologie. » Rappelons que Sonia Mabrouk, elle, est dépourvue d’idéologie. « Et puis nous parlerons de tags anti-police et donc anti-France d’une violence inouïe. » Ils ont causé des dizaines de blessés parmi les forces de l’ordre.

    « J’ai remercié les téléspectateurs qui ont placé hier CNews comme la chaîne leader des chaînes d’information, rappelle Sonia Mabrouk après le journal. Je remercie également les invités. De tous bords, c’est très important, chaque jour il y a la diversité des sujets et surtout des tendances. » De la droite extrême à l’extrême droite en passant par la gauche d’extrême droite, comme nous allons le vérifier. « Le ministre de l’Éducation a dit : Ça suffit ! Stop l’écriture inclusive à l’école !, relaie la présentatrice. — Il faut savoir l’enfer qu’on vit dans beaucoup de collectivités, gémit #Rudolph_Granier conseiller LR de Paris. À Grenoble, ils ont décidé de la rendre obligatoire dans les délibérations, c’est déjà le cas à la mairie de Paris. » Il faudrait mettre en place une cellule de soutien psychologique pour Rudolph Granier et ses collègues. « Moi, je pense aux personnes qui sont dyslexiques, qui sont aveugles. » Les aveugles ? Ils n’ont pas grand-chose à voir dans cette histoire.

    https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/assets/images/capture_decran_2021-05-07_a_11.28.07.png?itok=tR4Ym5_J

    « Ça concerne les universités, Sciences Po, l’EHESS, Normale Sup, énumère Élisabeth Lévy. La triade des sciences humaines s’adonne à ça. Et si des profs ne mettent pas leurs demandes de financement en écriture inclusive, ils ont toutes les chances de se faire retoquer. » Information inventée de source sûre. « On est encore l’otage de groupuscules. » Terroristes. Le seul invité de tous bords de gauche prend la parole. « Autant je suis pour qu’on dise “madame la ministre”, revendique #Philippe_Doucet, du PS, mais je suis contre cette histoire d’écriture inclusive. » Ouf, les « socialistes » ne cèdent pas à la pression des preneurs d’otages. « Mais pourquoi le ministre de l’Éducation fait cela ? » s’auto-interroge Sonia Mabrouk pour mieux s’auto-répondre : « L’écriture inclusive et la théorie du #genre ont pris le dessus par exemple au #CNRS, c’est ce que vise le ministre. » Philippe Doucet fait assaut de bonne volonté : « Je suis contre la #culture_woke et pour la République. » Rappelons que l’écriture inclusive menace la République, ses partisans étant notoirement friands de dictature militaire.

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    Sonia Mabrouk psalmodie : « Écriture inclusive, #femellisme, disent certains, mais aussi discours décoloniaux… » Sans oublier l’#islamo-gauchisme racialiste. « Il y a des militants, il faut les appeler ainsi, qui pensent tordre le cou au réel et changer la cité en corrigeant les #mots. » Rappelons que Sonia Mabrouk, elle, n’est pas militante. « Ces révolutionnaires de salon me font sourire, commente #Ludovic_Mendes, de LREM. Quand on dit à un gamin de CP qui a des difficultés parce qu’il est en apprentissage de la lecture qu’on va lui rajouter l’écriture inclusive… » Information fantasmée de source sûre : partout en France, les élèves de CP sont contraints par les professeurs des écoles d’apprendre l’écriture inclusive.

    Sonia Mabrouk résume : « En gros, vous êtes tous d’accord. » Magie de la « diversité des tendances » des « invités de tous bords ». « L’écriture inclusive, vous dites : absurdité et non-sens linguistique. Mais je voudrais vous pousser plus loin. » Un peu plus à droite, si c’est possible. Élisabeth Lévy ne se fait pas prier. « La question, c’est : de quelle minorité sommes-nous otages ? Y compris chez les socialistes, chez les Verts, dans toute l’extrême gauche 3décolonialo-indigéno-je-ne-sais-quoi. On est #otages de gens qui représentent des #groupuscules. — Oui mais parfois les #minorités font l’histoire, alerte Sonia Mabrouk. Quand vous êtes à des postes très élevés, ça peut ruisseler. — Ça peut infuser », confirme Philippe Doucet. C’est d’autant plus dangereux que, selon Élisabeth Lévy, « le combat de la place des femmes dans la société, il est gagné ». L’emploi de l’écriture inclusive conduirait tout droit à une #dictature_féminazie.

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    « Avant de parler de beaucoup d’informations sur la violence qui règne dans nos villes, annonce Pascal Praud la veille au soir, l’écriture inclusive. Vous savez qu’on essaye de mener modestement ce débat. » Cette #croisade. « Dans une interview au JDD, Jean-Michel Blanquer a rappelé l’existence de la circulaire d’Édouard Philippe qui en 2017 interdisait l’usage administratif de l’écriture dite “#épicène”. » Épicène, vraiment ? L’adjectif désigne un mot qui s’écrit au masculin comme au féminin. Blanquer va donc interdire l’emploi du mot « élève », un comble pour un ministre de l’Éducation… Mais puisque c’est une information vérifiée par Pascal Praud… « Et il demande que l’écriture inclusive ne soit pas utilisée à l’école. J’ai envie de dire : Enfin ! Enfin, il se réveille ! » Il a dû regarder CNews, où Pascal Praud mène un combat quotidien contre l’écriture inclusive.

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    L’animateur relaie scrupuleusement les arguments du ministre : « Mettre des points au milieu des mots est un barrage à la transmission de notre langue pour tous, par exemple pour les élèves dyslexiques. » En revanche, apprendre à écrire « du cidre et des crêpes bretons » est une facilité pour les élèves dyslexiques. « Je rappelle que la mairie de Paris fait ses communiqués en écriture inclusive. Je rappelle que le site de France 2 est en écriture inclusive. — L’université est en écriture inclusive, chouine #Ivan_Rioufol. — L’université, quand t’écris pas ta thèse en écriture inclusive, t’es mis dehors ! » Information inventée de source sûre.

    « Vous êtes injuste, proteste toutefois Ivan Rioufol, il me semble avoir entendu Blanquer le dire plusieurs fois. — Y a que nous qui le disons ! À l’université, c’est un scandale ! Tu peux prendre des sanctions, quand même ! » Condamner les profs à des peines de prison. « Pourquoi le président de la République n’a rien dit sur ce coup-là ?, s’étonne #Jean-Claude_Dassier — Il dit rien, le ministre de la Culture non plus… Tous les thèmes qui fâchent, de toute façon ! » À peine s’ils dénoncent l’islamo-gauchisme. « Je crois savoir que c’est assez marginal, tente l’avocate Sophie Obadia. — C’est pas du tout marginal à l’université, réplique Pascal Praud. — En #sciences_sociales, précise Ivan Rioufol. — C’est la terreur ! » Selon des témoignages fabriqués de source sûre.

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    Sophie Obadia se range à la diversité des tendances des invités de tous bords : « Que ce soit enseigné, malheureusement, oui. Mais les étudiants n’y parviennent pas. C’est d’une complexité effarante. — C’est moralement illisible, ajoute Ivan Rioufol. — Sur le plan cognitif, c’est improbable, insiste l’avocate. — Ça devrait être considéré comme nul et non avenu, tranche Jean-Claude Dassier. — Le féminin d’entraîneur, c’est quoi ?, demande Jean-Louis Burgat. — Entraîneuse, répond Jean-Claude Dassier. — Vous voyez, y a des choses qui sont impraticables. — Ce qui est très inquiétant, geint Ivan Rioufol, c’est de voir à quel point une #moutonnerie peut amener à un #conformisme. » Les participants à L’heure des pros, eux, sont aussi anticonformistes que Jean-Michel Blanquer. « En sciences sociales, dans les universités, si vous ne faites pas de thèse en écriture inclusive, vous n’êtes pas lu ou vous avez deux points. » Information fabulée de source sûre. Pascal Praud en ajoute une : « Y a des profs qui ne répondent pas aux mails des étudiants quand ils ne sont pas en écriture inclusive. — Et Mme Vidal ne dit rien, peste Jean-Claude Dassier. — C’est peut-être pas la priorité, tente Sophie Obadia. — Mais c’est la priorité !, rage Pascal Praud. — Ah ben si, c’est la priorité ! », appuie Ivan Rioufol.

    La priorité de mercredi est tout aussi anticonformiste. « Est-ce que dans Blanche-Neige, vous vous souvenez de la fameuse scène du baiser, quand le prince charmant se penche sur Blanche-Neige pour la réveiller ?, demande Sonia Mabrouk. Est-ce que vous y avez vu un baiser non consenti ? » #Olivier_Dartigolles réagit : « La polémique est ridicule » Tellement ridicule qu’elle a été montée de toutes pièces par la fachosphère et relayée par #FoxNews à partir d’un obscur blog qui faisait la promotion d’une nouvelle attraction de Disneyland. Mais, pour Sonia Mabrouk, « ça va loin. Parce que Disney se demande que faire de cette scène, est-ce qu’il ne faut pas la couper ». Information supputée de source sûre. « Évidemment on crie tout de suite à la cancel culture. » Sur CNews.

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    « Qu’est-ce que vous en pensez, #Laurent_Jacobelli ? — Je pense que c’est ridicule », répond le porte-parole du RN. Qui suggère illico la prochaine fake news susceptible de provoquer de passionnants débats ridicules : « En plus, dans le nom Blanche-Neige, il y a “blanche” donc on va nous demander de le changer. Est-ce qu’on doit ridiculiser le débat, l’amoindrir à ce niveau au point de chercher le mal partout ? » Sur CNews, oui, c’est même un credo. « Arrêtons avec cette #censure permanente. » Voyez comme les bobards des journalistes de CNews sont affreusement censurés. « La moindre image, le moindre mot donne lieu à un procès. » Sans parler des terribles remontrances du CSA.

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    « Mais jusqu’où on va aller ?, insiste Sonia Mabrouk Jusqu’où cet activisme peut aller pour effacer… parce qu’il y a de véritables pressions… » À son tour, la journaliste imagine une fake news susceptible de provoquer de passionnants débats ridicules : « Peut-être que la prochaine étape, c’est de dire que les sept nains, c’est un gang bang… » Et Bambi une victime du lobby de la chasse. « Faut-il voir derrière les tenants de l’idéologie intersectionnelle, de la cancel culture, etc. ? » Sur CNews, oui. « Ou est-ce que vous dites : on prête trop d’attention à ces minorités ? » Sur CNews, c’est certain. « Il y a un véritable engagement politique derrière cela. » De l’extrême gauche décolonialo-indigéno-je-ne-sais-quoi, a démontré Élisabeth Lévy.

    #Kevin_Bossuet, enseignant et coqueluche de la fachosphère, s’insurge, absence de preuves à l’appui : « On veut tout dénaturer, tout détruire, tout ce qui constitue le socle de notre identité et de notre civilisation. » Selon nos informations forgées de toutes pièces. « On pointe l’œuvre du #patriarcat partout, c’est profondément ridicule et dangereux. » Il faut sauver le patriarcat. « Le débat sur l’écriture inclusive, c’est exactement le même processus. » Effectivement : on monte en épingle une menace imaginaire pour pouvoir propager des idées réactionnaires. « Vous avez des manuels scolaires, des enseignants qui utilisent de l’écriture inclusive … » Information rêvée de source sûre. « On peut se poser des questions sur l’#idéologie de ces personnes. » En revanche, pas la peine de se poser des questions sur l’idéologie de toutes tendances des invités de tous bords de CNews.

    « On est en train de recréer la censure, se désespère Laurent Jacobelli, de restreindre la possibilité d’exprimer une opinion, on le voit sur les plateaux télé. » Surtout sur CNews. « Il faut arrêter qu’une toute petite minorité impose sa #dictature_intellectuelle à une grande majorité. » D’invités de CNews. L’avocat Carbon de Sèze conclut « C’est pas à des amateurs de révision des œuvres artistiques d’imposer les thèmes de discussion. » Non, c’est à des amateurs de révisionnisme de les imposer sur le fondement de fausses informations.

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    Le 30 avril, Pascal Praud impose un autre « débat » sur un nouveau scandale fantasmé, « l’#affaire_d’Orléans. L’histoire extravagante du programme financé par la mairie qui devait passer sur France 3 Centre-Val-de-Loire et qui finalement est censuré. — Oui, il est censuré », confirme #Serge_Grouard, maire LR d’Orléans et habitué de L’heure des pros. Le bandeau le clame, « France 3 censure un programme sur #Jeanne_d’Arc ». En réalité, comme l’a très bien raconté cet article d’Arrêt sur images, France 3 a renoncé à programmer un #documentaire sur les « #fêtes_johanniques » (qu’elle ne s’était jamais engagée à diffuser) quand elle s’est aperçue qu’il s’agissait d’un film promotionnel réalisé par la municipalité et commenté par la voix de #Charlotte_d’Ornellas, journaliste de Valeurs actuelles, figure de la fachosphère abonnée aux plateaux de CNews.

    Pascal Praud, comme Sonia Mabrouk, préfère « crier à la cancel culture » d’inspiration soviétique : « Qu’il y ait des petits commissaires du peuple dans le service public d’information et notamment à France 3 n’étonnera personne. Ça s’appelle des petits commissaires du peuple, insiste-t-il. Dans le service public, ce sont les rois. » L’animateur s’adonne alors à l’une de ses méthodes favorites : désigner le nom du coupable à la vindicte de centaines de milliers de téléspectateurs nourris de fausses informations.

    « On est en train d’essayer d’appeler M. Basier, il veut pas répondre. » Le lâche. « Jean-Jacques Basier, je vais donner son nom plusieurs fois. Jean-Jacques Basier, directeur régional de France 3 Centre-Val-de-Loire. » Son adresse et son numéro de téléphone, peut-être ? « C’est une police de la pensée, s’insurge Serge Grouard. — Ils ont des mentalités d’épurateurs, ajoute Ivan Rioufol. — Exactement, c’est les mêmes qui auraient tondu à la Libération. » Puisque Rioufol et Praud me tendent la perche du point Godwin, qu’il me soit permis de subodorer que ces Praud et Rioufol sont les mêmes qui auraient dénoncé des juifs sous l’Occupation. Quoiqu’il en soit, leur lynchage public a des effets dans la vie réelle : le directeur régional de France 3 est l’objet d’une campagne de #harcèlement sur les réseaux sociaux mais aussi sur sa propre messagerie vocale. Avec d’explicites #menaces_de_mort, rapporte un communiqué syndical.

    https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/assets/images/capture_decran_2021-05-07_a_13.29.40.png?itok=hUlUohJ5

    Une autre affaire montre que ce goût pour la #délation peut avoir de graves conséquences sur les personnes désignées à la furie de la fachosphère.. Jeudi soir, l’émission À l’air libre, réalisée par Mediapart, reçoit #Anne-Laure_Amilhat_Szary, directrice à Grenoble du laboratoire Pacte du CNRS. Je conseille vivement de regarder son témoignage (en accès libre) pour prendre la mesure de la gravité des agissements de M. Pascal Praud. Ce dernier a mis en cause l’universitaire lors de l’affichage des noms de deux professeurs de Sciences Po Grenoble accusés d’islamophobie. Affichage que l’intéressée a toujours vigoureusement condamné. Affichage consécutif à une controverse entre un prof militant et une chercheuse de son laboratoire qu’Anne-Laure Amilhat-Szary a défendue dans un communiqué ensuite falsifié par #Klaus_Kinzler, le prof en question.

    Pascal Praud s’est empressé d’inviter ce professeur, qui déclare alors : « Un grand chercheur directeur de laboratoire de recherche se met en dehors de la science. Il ne comprend même pas, c’est une femme d’ailleurs, elle ne comprend même pas ce que c’est, la science. — Ce laboratoire, Pacte, avec cette dame…, rebondit Pascal Praud. Je vais citer son nom, Anne-Laure Amilhat-Sza… Szaa… Szary. » La délation est un métier. « Cette dame-là, c’est la directrice du laboratoire mais cette dame, c’est une militante. — C’est une militante. C’est des gens qui ne réfléchissent même pas. — Oui mais qui se croient tout permis et qui avancent avec le sentiment d’impunité. C’est très révélateur, on voit le #terrorisme_intellectuel qui existe dans l’université à travers leur exemple. »

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    Sur le plateau de Mediapart, Anne-Laure Amilhat-Szary raconte la suite. « La ministre de l’Enseignement supérieur dit que c’est insensé de livrer des noms d’enseignants-chercheurs à la vindicte des réseaux sociaux, or ça a été mon cas. J’ai fait l’objet d’une campagne diffamatoire avec menaces de mort nombreuses et répétées. » Au point de devoir porter plainte pour « #cyber-harcèlement et menaces de mort ». « Comment vous avez vécu tout ça ?, demande Mathieu Magnaudeix. — Mal. Et comme la preuve que l’intersectionnalité est une bonne grille d’analyse puisque j’ai fait l’objet d’insultes islamophobes, antisémites, sexistes, avec une critique de mon physique avec mon portrait transformé… Je vous laisse imaginer le pire. » Le pire sciemment provoqué par Pascal Praud.

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    « Je n’ai pas de protection judiciaire, regrette Anne-Laure Amilhat-Szary. Elle a été demandée et on n’en a plus jamais entendu parler. La ministre a défendu des personnes qui ont effectivement été mises en danger par des affichages criminels et moi, je me débrouille toute seule. » Comme se débrouillent toutes seules les journalistes #Morgan_Large et #Nadiya_Lazzouni, respectivement victimes d’#intimidations (dont un sabotage de voiture) et de menaces de mort, sans qu’elles obtiennent la #protection_policière demandée — et soutenues par de nombreuses organisations de journalistes.

    En revanche, Emmanuel Macron n’hésite pas à téléphoner à #Eric_Zemmour, quand il est agressé dans la rue, pour l’assurer de son soutien. De même, #Christine_Kelly, la faire-valoir de #Zemmour, est promptement reçue à l’Élysée quand elle reçoit des menaces de mort (évidemment inadmissibles, quoiqu’on pense de son travail).

    Quant à Pascal Praud… Non seulement ses délits de « mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle » (que le gouvernement se vante d’avoir inclus dans la loi Séparatisme) n’entraînent aucune poursuite, mais ils lui valent le soutien enamouré du pouvoir. Dans un article du Monde, Ariane Chemin raconte comment le journaliste de CNews est reçu avec les honneurs à Matignon, à la questure de l’Assemblée (où le reçoit le député Florian Bachelier, habitué de ses émissions) et même à l’Élysée. Emmanuel Macron et son conseiller #Bruno_Roger-Petit entretiennent des contacts réguliers avec Pascal Praud, allant jusqu’à lui livrer des infos en direct. Ariane Chemin explique que Bruno Roger-Petit, « le “M. Triangulation” de l’Élysée, scrute depuis longtemps CNews, qui relaie souvent les obsessions de l’extrême droite et a pour lui le même avantage que Valeurs actuelles : cliver l’opinion en deux camps sans laisser beaucoup de place à d’autres courants de pensée ».

    Ainsi, le pouvoir actuel, et jusqu’à son plus haut sommet, utilise et protège un délinquant d’extrême droite propagateur de fausses nouvelles. La campagne pour la présidentielle s’annonce terrifian… pardon, passionnante.

    https://www.telerama.fr/ecrans/cnews-premiere-chaine-dintox-de-france...-avec-le-soutien-de-lelysee-687576

    #infox

    –—

    ajouté au fil de discussion sur l’#affaire_de_Grenoble :
    https://seenthis.net/messages/905509

    ping @isskein @karine4

    signalé ici aussi :
    https://seenthis.net/messages/915057

  • Travail des enfants en Côte d’Ivoire : des plantations Fairtrade concernées
    https://www.rtbf.be/info/monde/detail_travail-des-enfants-en-cote-d-ivoire-des-plantations-fairtrade-concernee

    Une enquête de la télévision danoise l’affirme. Le travail des enfants dans les plantations de cacao certifiées Fairtrade en Côte d’Ivoire est bien réel.

    Ce label sur les bananes, le café ou encore le chocolat oblige les producteurs à répondre à certaines règles et notamment à ne pas recourir au travail des enfants.
    La chaîne TV 2 et le média d’investigation Danwatch ont tourné en caméra cachée dans plusieurs exploitations.
    Dans 4 des 6 plantations qu’ils ont visitées, ils ont trouvé des enfants travaillant entre les palmiers.
    Leur interview fait froid dans le dos. Marcelin, 14 ans, explique qu’il bosse 11 heures par jour.

    Diffusées au Danemark, les images ont choqué plus d’une personne et notamment les commerçants dont les boutiques vendent du chocolat ivoirien étiqueté Fairtrade.
    Dorthe Pedersen en est encore bouleversée. « C’est horrible. Je suis tellement émue de savoir que les enfants travaillent dans ces conditions » a-t-elle témoigné au micro des journalistes de TV2.

    Interrogée sur cette pratique, Camilla Erika Lerberg, la PDG de Fairtrade Danemark a déclaré : « Cette affaire est très, très triste, donc nous l’examinons avec gravité. Il est important pour nous de réagir et de corriger cela immédiatement. L’affaire fait toujours l’objet d’une enquête et nous essayons de comprendre ce qui s’est passé. En général, je tiens à dire que si nous recevons une observation du travail des enfants, et qu’elle est confirmée, alors nous avons un dialogue avec la famille de cet enfant, ensuite nous observerons si cela continue et si cela continue, nous procédons à une décertification. »

    Rappel des règles
    Les Standards Fairtrade pour les organisations de petits producteurs, les travailleuses et les travailleurs ainsi que les négociants interdisent le travail abusif des enfants.

    Chez Max Havelaar par exemple, il est clairement stipulé :

    – Il est interdit d’employer des enfants de moins de 15 ans au sein des organisations certifiées Fairtrade/Max Havelaar.

    - Les enfants de 15 à 18 ans ne peuvent pas réaliser un travail mettant en péril leur scolarité ou leur développement social, moral ou physique.

    – L’aide éventuelle dans les fermes familiales, courante dans le secteur agricole, doit être ponctuelle et adaptée à l’âge des enfants. Elle doit impérativement se faire en dehors des heures de classe et pendant les vacances. Dans ces conditions seulement, elle respecte les exigences de l’Organisation Internationale du Travail.
    Rien de neuf sous le soleil

    Le travail des enfants en Côte d’Ivoire, où on produit la majeure partie du cacao mondial, n’est pas un problème inconnu.

    En 2010, l’industrie du chocolat a collectivement signé une déclaration disant qu’elle améliorerait les conditions dans les plantations de cacao en Afrique de l’Ouest et réduirait le travail des enfants de 70% jusqu’en 2020.

    Seulement voilà, un rapport des chercheurs de l’Université de Chicago publié en avril dernier et financé par le département américain du Travail souligne que le recours au travail des enfants dans les plantations de cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire a augmenté de 10% au cours de la dernière décennie, et ce, malgré les promesses de l’industrie.

    Plus précisément, le nombre d’enfants-travailleurs dans les plantations de cacao s’élevait à près de 2,1 millions la saison dernière dans les deux pays. Ce chiffre comprend des enfants de moins de 12 ans et des enfants également plus âgés dont le travail est dangereux et dépasse un certain nombre d’heures.

    Un niveau en hausse par rapport à 2010 lorsque Mars, Hershey, Nestlé et Cargill s’étaient engagés à baisser de 70% les pires formes de travail des enfants dans leurs chaînes d’approvisionnement dans la région d’ici 2020.

    Des chiffres qui s’expliqueraient par l’augmentation des prix et de la production de fèves qui poussent les agriculteurs à produire toujours davantage de cacao. Une tendance confirmée par le patron de la World Cocoa Foundation (WCF), au site Commodafrica. Richard Scobey, représentant des entreprises telles que Nestlé et Hershey, reconnaît que l’industrie n’est pas sur le point d’atteindre son objectif de 2020.

    Le Ghana et la Côte d’Ivoire produisent les deux-tiers de l’ensemble du cacao mondial. La production de cacao dans ces pays est passée à 3 millions de tonnes l’an dernier, contre 2,65 millions de tonnes en 2013-2014. Un secteur en expansion qui fournit des moyens de subsistances à des milliers de communautés dans le besoin.

    #Afrique #Enfants #travail_des_enfants #exploitation #esclavage #chocolat #cacao #certification #commerce_équitable #Fairtrade #multinationales #label #déforestation #industrie_agro-alimentaire #agriculture #multinationales #pauvreté #bananes #café #Mars #Hershey #Nestlé #Cargill #World_Cocoa_Foundation #WCF

    • Le dernier des Ouïghours et les derniers des journalistes Maxime VIVAS
      https://www.legrandsoir.info/le-dernier-des-ouighours-et-les-derniers-des-journalistes.html

      Voulez-vous soulever une vague mondiale d’indignation contre un pays ? Vous affirmez que les hommes y sont massivement emprisonnés et torturés, voire exécutés en catimini, que les femmes y sont stérilisées de force et qu’on y supplicie les enfants. C’est ce que vient de faire, ce que fait, ce que va continuer de faire la presse mondiale, agissant en porte-voix de quelques journaux états-uniens inspirés en sous-main par des officines de la Maison Blanche.

      Qu’il n’y ait pas un mot de vrai dans la campagne antichinoise sur les Ouïghours importe peu. Il suffit de prétendre, d’affirmer. L’information circule, les journaux se lisent entre eux, les politiques s’en mêlent. C’est faux mais plausible : Chine insondable, Chinois impénétrables derrière la fente de leurs yeux. Vous me suivez bien, vous qui êtes pour la plupart normaux, pardon : #blancs ?

      #Bruno_Le_Maire et #Clémentine_Autain sont #indignés et le font vertueusement savoir.
      C’est tout mensonge, mais le mal est fait. Ce n’est qu’après la destruction de l’#Irak et après des centaines de milliers de morts innocents que toute la presse concède que les informations sur les couveuses débranchées au #Koweit par les soudards de Saddam Hussein étaient inventées, que la fiole brandie par #Colin_Powell à l’#ONU contenait du pipi de son chat ou du sable de sa litière ou de la poudre de perlimpinpin et non des Armes de Destruction Massives qui risquaient d’avoir raison des USA, de la Grande-Bretagne et (horreur !) de la France.

      J’ai écrit plus haut qu’il n’y a « pas un mot de vrai dans la campagne antichinoise sur les Ouïghours ». La prudence ne voudrait-elle pas que je nuance : « Bien des choses sont inexactes dans la campagne antichinoise sur les Ouïgours ». Ou : « Certes, les Chinois ne sont pas des enfants de chœur, mais doit-on prendre au pied de la lettre les articles de Libération ? », ou encore : « Le problème que le régime chinois appelle « les trois fléaux » (terrorisme, séparatisme, fondamentalisme) est une réalité qu’on ne saurait nier, mais cela justifie-t-il une répression d’une telle ampleur ? ».

      Mais, tenez-vous bien, je persiste : « Il n’y a pas un mot de vrai dans la campagne antichinoise sur les Ouïghours » . Non, trois fois non, un ou deux millions de Ouïghours mâles (trois d’après Radio Free Asia) ne sont pas internés(1), les femmes ne sont pas stérilisées de force pour éteindre l’ethnie, les enfants ne sont pas tués pour prélèvement d’organes vendus à l’Arabie saoudite, Beijing n’est pas en guerre contre cette région autonome qui fait au contraire l’objet de toutes ses attentions, de toutes ses faveurs.

      J’ai écrit que « cette région autonome fait au contraire l’objet de toutes les attentions, de toutes les faveurs de Beijing. » ? La prudence ne voudrait-elle pas que je nuance : « Beijing gère ses régions avec l’autorité naturelle des communistes et le Xinjiang ne fait pas exception », ou : « Même si Beijing a mis le Xinjiang sous surveillance, des efforts financiers indéniables ont été consentis pour développer cette région, point de départ de « La nouvelle route de la soie ».

      Mais, continuez à bien vous tenir, j’insiste : « Cette région autonome fait l’objet de toutes les attentions, de toutes les faveurs de Beijing. »

      Je le dis aujourd’hui, en juillet 2020, avec la même assurance (inconscience ?) qui me fit écrire un livre en 2007 sur une idole alors aussi intouchable que #Nelson_Mandela. Je parle d’un type qui est aujourd’hui maire de #Béziers, élu avec le renfort du Front National.

      Je le dis aujourd’hui, en juillet 2020, avec la même certitude que celle qui me fit écrire un livre en 2011 sur une idole alors aussi intouchable que #Ghandi. Je parle de l’ancien bourreau du Tibet : le #dalaï_lama.

      Ça, c’est pour le passé. Je peux aussi performer sur le futur. Par exemple, j’ai une petite idée sur le passage de #Yannick_Jadot et #julien_Bayou dans le rang des ennemis de l’écologie, lesquels ont toujours un plat de lentille à offrir aux ambitieux peints en vert. Mais là n’est pas le sujet (j’en parle juste pour prendre date, pour triompher dans quelque temps : « Qui sait-y qui l’avait dit ? »).

      Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre (Marx), un journaliste qui ne relit pas les #infaux de ses confrères est condamné à toujours utiliser les mêmes versions, ignorant que le truc a déjà été fait, à l’identique.

      Les journalistes se lisent entre eux (« La circulation circulaire de l’information ». Bourdieu). Mais parfois le psittacisme ne marche pas, des journalistes qui ont d’eux-mêmes une opinion qui les oblige à échapper aux caquetage des perroquets, se démarquent.

      Tenez, en 2010, j’étais au Tibet avec deux grands reporters des deux plus grands (par le tirage) quotidiens français : le Monde et le Figaro. J’en ai souvent parlé dans ces colonnes parce qu’il s’est passé un phénomène surprenant. Nous savions tous les trois (car nous lisons la presse et nous avons un autoradio et la télé) que le gouvernement de Beijing se livrait à un génocide au Tibet, que la culture était éradiquée et la religion férocement combattue. 
Ne me dites pas que vous ne le saviez pas vous aussi. « Free Tibet », vous ne découvrez pas en me lisant, là.

      Robert Ménard (aujourd’hui maire de la ville où naquit Jean Moulin) nous avait expliqué le drame tibétain en perturbant à Paris le passage de la flamme olympique pour les JO 2008 de Pékin. Le type qu’on voit avec lui dans les vidéos de l’époque, en t-shirt noir portant en sérigraphie 5 menottes symbolisant les 5 anneaux olympiques, c’est Jean-François Julliard qui a succédé à Ménard à la tête de RSF avant de devenir directeur général de Greenpeace France, fonction qui fait de lui un invité régulier des amphis d’été de LFI. Comprenne qui pourra (2).

      Donc on est au Tibet, mes deux comparses s’envoient des vannes rigolardes, l’un demandant à l’autre quel effet ça fait d’appartenir à des banquiers, l’autre répondant que le ressenti est sans doute le même que celui des journalistes qui sont la propriété d’un marchand d’armes. Ils sont allés voir sur Internet qui je suis. Ils m’épargnent. Je suis là, auréolé du prestige guerrier du Grand Soir, média rigoureux, fiable et qui frappe fort. Et sur qui le mérite. Message reçu jusque dans les montagnes tibétaines.

      Bref, tous les trois, ensemble, chacun sous le regard des autres, nous voyons le Tibet avec sa religion omniprésente, les temples pleins, les monastères grouillant de moinillons, les prières de rues, les montagnes souillées par des grossières peintures bouddhistes, des chapelets de drapeaux de prière claquant au vent. Un envahissement bigot jusqu’à la nausée pour l’athée que je suis.

      Tous les trois, ensemble, chacun sous le regard des autres, nous voyons les écoles où l’enseignement est fait en tibétain (jusqu’à l’université), nous voyons les panneaux indicateurs, les enseignes, les noms des rues rédigés en tibétain, ainsi que les journaux. La télé et la radio parlent le tibétain. Le doyen de l’université de LLassa nous montre une salle contenant des dizaines de milliers de livres en tibétain. Nous assistons aussi à des spectacles (danses, chants) tibétains.

      Tous les trois, ensemble, chacun sous le regard des autres, nous voyons des couples de tibétains accompagnés d’enfants (pas d’UN enfant). La politique de l’enfant unique n’a jamais été imposée au Tibet. D’où une explosion démographique favorisée par le quasi doublement de l’espérance de vie après la fuite du dalaï lama.

      De retour en France, tous les trois, chacun sachant que les autres vont le lire, nous écrivons ce que nous avons vu. Le croirez-vous, aucun n’a écrit que « le régime de Pékin » se livrait à un génocide, éradiquait la culture tibétaine et réprimait les bouddhistes ? Et puisque j’en suis aux confidences, je vous dirai que le journaliste du Figaro m’a envoyé son article et m’a demandé ce que j’en pensais (du bien, d’ailleurs). Le croirez-vous, les gens avec qui j’ai aujourd’hui l’occasion de parler de la Chine doivent surement tous lire Libération parce qu’ils m’expliquent tranquillement que les bouddhistes sont pourchassés dans un malheureux Tibet génocidé où parler le tibétain et prier c’est s’exposer à la prison ?

      Et maintenant, continuez à bien vous tenir, je prétends que si je partais au Xinjiang avec les deux grands reporters du Monde et du Figaro, chacun marquant l’autre « à la culotte », aucun n’écrirait au retour que Beijing se livre à un génocide contre les Ouïghours, brime leur religion, éradique leur culture, charcute les enfants.
Parce que ce n’est pas vrai.
Un peu quand même ? 
Non, pas du tout.
Les charniers de #Timisoara n’étaient pas vrais « un peu » . Les Gilets jaunes n’ont pas envahi « un peu » l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, Nicolas Maduro n’a pas été « un peu » élu contre Juan Guaido (qui n’était pas candidat, je le rappelle aux distraits), etc. (3).

      Si je partais au #Xinjiang (j’y suis allé deux fois) avec Renaud Girard et Rémy Ourdan, ils s’affranchiraient des informateurs yankees et autres menteurs professionnels, ils se distingueraient de leurs confères qui écrivent des articles d’une telle débilité qu’ils sont des insultes aux lecteurs, des crachats sur la charte des journalistes. Ils feraient leur job en se respectant.

      #Beijing hait les enfants #ouïghours jusqu’à les tuer pour prélèvement d’organes ? C’est #Goebbels qui vous le dit. Il peut même faire témoigner (de dos) un chirurgien masqué dont le nom a été changé et la voix modifiée. Goebbels peut pondre un article terrifiant à coups de conditionnels, de « selon des témoins… », de « certaines sources affirment… », de « il semblerait que…. », de « un diplomate aurait constaté », « des Ouïghours auraient disparu… » de « des organisation de défense des droits de l’homme… ». Un conditionnel dix fois répété devient un indicatif certifié.

      La caisse dans laquelle le félin #Goebbels se soulage volontiers s’appelle #Libération.

      Il y a quelques années, Le Grand Soir avait démontré qu’un article traficoté de Libération avait fait de Hugo Chavez un antisémite (« Le Credo antisémite de Hugo Chavez » https://www.legrandsoir.info/chavez-antisemitisme-et-campagne-de-desinformation-a-propos-d-un-artic ).

      Un échange vigoureux et public avait alors eu lieu entre Le Grand Soir et Libération. Nous avions les preuves, nous les avons fournies. Irréfutables. Nous avons mis en regard la phrase de Chavez et la même, après troncature par Libération. Libération ergota (4). Pour ses lecteurs, Chavez est donc resté un antisémite. Pour les lecteurs des autres médias aussi, qui choisirent de se taire pour ne pas désavouer Libération. Le clan, la #mafia

      Le journaliste coupable de cette crapulerie est #Jean-Hébert_Armengaud, promu depuis rédacteur en chef de #Courrier_International et son N+1 à Libé, qui l’a couvert jusqu’au bout, est #Pierre_Haski, aujourd’hui chroniqueur tous les matins sur #France_Inter . Promotions au mérite.

      Alors, je le redis ici en invitant mes lecteurs à vérifier : les Ouïghours et les #Tibétains sont de plus en plus (et spectaculairement) nombreux, leur culture est préservée et promue comme jamais dans leur Histoire, leur religion est (trop) libre, l’instruction fait des progrès considérables, les deux républiques autonomes du Xinjiang et du #Tibet votent des lois dont aucune ne permet d’encager les citoyens au simple motif de leur croyance, de stériliser de force les femmes ou d’amputer les enfants.

      Pour répondre plus avant à la déferlante de mensonges sur le Xinjiang, il me faudrait citer des pages entières de mon livre « Le dalaï lama pas si zen » . On pourrait croire que les instigateurs des campagnes mondiales de mensonges ont un logiciel unique avec des cases sur lesquelles cliquer pour que ça démarre.

      La #stérilisation ? « Des villages entiers » (Voir les Mémoires du dalaï lama, longuement citées dans « Le dalaï lama, pas si zen »). 
Le #génocide ? « Observateur critique de la politique chinoise, le Britannique Patrick French, directeur de la « Free Tibet Campaign » (Campagne pour l’indépendance du Tibet) a pu consulter les archives du gouvernement du Dalaï-Lama en exil. Il a découvert que les preuves du génocide étaient des faux et il a démissionné de son poste » (« Le dalaï lama, pas si zen »).

      Cependant, la publicité faite en Occident à cette affaire d’extermination (par la stérilisation et des massacres) de la population tibétaine, a largement contribué hier à un élan de compassion pour le Tibet et le bouddhisme. Aujourd’hui les mensonges « hénaurmes » sur le Xinjiang font pleurnicher les gogos, soudain épris de cette région dont ils seraient bien en peine de citer la Capitale (5).
Ce n’est pas Laurent Joffrin, Pierre Haski, Jean-Hébert Armengaud qui le déploreront.

      Je ne sais pas à qui pense l’excellente humoriste #Blanche_Gardin quand elle affirme (un peu trop crument pour être citée par un site de bonne tenue comme Le Grand Soir) que « Nous vivons dans un pays où les journalistes sucent plus de bites que les prostituées ».

      Maxime VIVAS

      Notes. 
(1) Si l’on rapporte le chiffre de #Radio_Free_Asia au nombre de Ouïghours mâles adultes, il n’en reste pas un dans les rues. Or, continuez à vous tenir bien : j’en ai vus !
      
(2) Il serait injuste de ne pas mentionner les positions exemplaires( et dignes d’un chef d’Etat) de Jean-Luc Mélenchon sur la Chine. Au demeurant, je lui sais gré de me citer et d’inviter ses contradicteurs à me lire ici et ici sur ce sujet où nous sommes synchrones, même si j’ai une liberté d’expression qu’il ne peut avoir. 

      (3) Anecdote personnelle. Me trouvant avec mon fils aîné au commissariat de police de Toulouse le samedi 4 mai 2020 pour nous enquérir du sort de mon fils cadet, Gilet jaune arrêté pour rien dans la manif (Il fut jugé en « comparution immédiate » et acquitté après 42 heures de #GAV) nous apprîmes qu’il s’était tailladé les mains pour écrire avec son sang sur les murs de sa cellule. Nous avons vécu avec cette information terrifiante (que nous cachâmes à sa mère) jusqu’au lundi 6 mai où, devant le tribunal, il apparut, les mains intactes. Il ne se les était même pas « un peu » tailladées. L’automutilation des mains était aussi vraie que l’amputation des enfants ouïghours. Nombre de #journaleux ont un flic dans leur tête.
      
(4) J’aime à raconter cette histoire du Figaro écrivant qu’un film de #Jean_Yanne était « un monument de bêtise ». Jean Yanne s’en servit ainsi dans ses pubs : « Le Figaro : « un monument ! ».
      
(5) #Urumqi, 2 millions d’habitants.
      #merdias #journullistes #médias #propagande #us #usa #Jamestown_Foundation #libération

  • [All We Need Is #acid] All We Need Is Acid | Saison 2 | Episode 6
    http://www.radiopanik.org/emissions/all-we-need-is-acid/all-we-need-is-acid-saison-2-episode-6

    Vous l’aviez ratée pour cause de maladie à la soirée « Ca déménage » à L’uZinne. Elle est maintenant pleinement rétablie, pour le meilleur et pour l’Acid. De retour aux platines, elle nous a pondu une heure de mix acidulé. Elle, c’est #blanche, evidemment ! Et ça : https://soundcloud.com/jeannellvr

    , c’est un lien vers son SoundCloud.

    Quant au reste de la dream team, retour prévu sur les ondes jeudi 12/03 à 20h30.

    #303 #acid,303,blanche
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/all-we-need-is-acid/all-we-need-is-acid-saison-2-episode-6_08164__1.mp3

  • #Blanche-Gardin refuse d’être décorée des Arts et des Lettres et le...
    https://diasp.eu/p/9348541

    #Blanche-Gardin refuse d’être décorée des Arts et des Lettres et le fait savoir

    L’humoriste, remontée contre la politique du gouvernement sur les mal-logés, dit ne pas pouvoir accepter cette récompense. ça s’est passé en avril de cette année, mais je ne l’apprends que maintenant. J’ai cherché « #Blanche-Gardin » ici....rien ! Et comme je ne suis pas sur Face de bouc, ben j’lai pas su...Car sur FB elle a posté une lettre à #Macron, pas piquée des hannetons ! ça fait du bien de voir que , pour certains, le sens de l #honneur ne s’est pas perdu...Et Blanche Gardin n’est pas la seule à avoir refusé une telle récompense pour des raisons politiques... Rappel : le nombre de sans-domicile a augmenté de 50% en 10 ans en France ! (...)

  • Blanche Gardin : „La technologie s’est accaparé nos rêves“
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1143

    Voici l’extrait d’un monologue de Blanche Gardin à propos de la technologie (ici) où la comédienne explique à des centaines de spectateurs ce qu’est « la honte prométhéenne ». C’est-à-dire la honte des hommes - limités, faillibles et fragiles - devant l’inhumaine perfection des machines qu’ils fabriquent. On doit le concept au philosophe Günther Anders, dans son livre L’Obsolescence de l’homme, publié en 1956 et traduit en français en 2002, par L’Encyclopédie des nuisances et les Editions Ivrea. Blanche Gardin démontre aux spectateurs qu’à rebours du surcroît de puissance et d’autonomie que nous vendent les fabricants de machines, le technicole contemporain, à la merci de ses prothèses technologiques, est en fait un homme diminué par rapport à ses ancêtres de l’âge de pierre. Que Blanche Gardin soit la (...)

    https://static.blog4ever.com/2017/04/828127/artvideo_828127_7913840_201810145223824.mp4

    #Nécrotechnologies

  • Mathilde Larrère : « Les féministes actuelles devraient se revendiquer de la Commune »
    https://www.liberation.fr/debats/2019/03/22/mathilde-larrere-les-feministes-actuelles-devraient-se-revendiquer-de-la-

    L’enseignante-chercheuse à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée déplore un manque d’intérêt, de la part des militantes d’aujourd’hui, pour les révolutions du XIXe siècle. Elle rappelle en quoi l’insurrection de 1871 a été un moment majeur de l’histoire des femmes. Source : Libération

    • Parce que semi #paywall :

      Mathilde Larrère : « Les féministes actuelles devraient se revendiquer de la Commune »
      Gabriel Pornet, Libération, le 22 mars 2019

      Pour l’historienne Mathilde Larrère (1), limiter le féminisme et la citoyenneté à la question du droit de vote est une erreur, conduisant à effacer des mémoires une partie essentielle de notre passé politique. Elle souligne l’importance des communardes et l’implication constante des femmes dans les révoltes populaires.

      Quelle est la différence entre le rôle joué par les femmes durant la Commune et durant les autres révolutions ?

      Ce qui progresse, avec la Commune, c’est qu’on les accepte plus comme combattantes. En 1830, il y avait quelques femmes sur les barricades, pas beaucoup, et certaines y allaient déguisées en hommes. C’était pareil en 1848 : elles préparaient les cartouches, jouaient un rôle à l’arrière. En 1871, elles réussissent à faire des bataillons de femmes et tiennent même quelques barricades. La plus célèbre est celle de la place Blanche, même si son existence est discutée.

      Certaines femmes portent un uniforme pendant la Commune ?

      Oui. Durant les procès, on leur reproche par exemple d’avoir été arrêtées avec un pantalon… Elles ne font pas partie de la garde nationale, mais le réclament, et certaines mettent un semblant d’uniforme, un pantalon, comme une revendication – sans compter que c’était effectivement plus pratique pour combattre.

      Selon Jacques Rougerie, sous la Commune, les préoccupations ne sont pas à proprement parler « féministes »… (2)

      Jacques Rougerie a fait l’erreur classique, à savoir réduire le féminisme à la question du droit de vote. Au XIXe siècle, le fait qu’on le leur refuse n’est pas le premier problème des femmes. La revendication n’est pas absente, mais elle n’est pas prioritaire. Elles se battent beaucoup plus pour le droit au travail, pour la suppression des dispositions inégalitaires du code civil et surtout pour la fin de l’incapacité civile des femmes mariées, mais aussi pour le droit à l’instruction, pour le droit d’avoir des armes… Si on prend ça en compte, alors on peut considérer qu’il y a des demandes féministes clairement formulées au cœur de la Commune. Simplement, elles ne réduisent pas le citoyen et le pouvoir politique au seul bulletin et demandent bien plus que l’accès aux urnes.

      Qu’obtiennent-elles concrètement ?

      Elles obtiennent une forme d’engagement, de la part de la Commune, à établir l’égalité salariale (difficile de savoir si ça a été mis en place ; cela semble avoir été le cas dans quelques ateliers associatifs). Elles acquièrent aussi, ce qui est très important dans leur esprit, la reconnaissance des concubines et des enfants illégitimes : les pensions pour les femmes de gardes nationaux tués doivent désormais être également versées aux femmes non mariées. C’est fondamental, surtout que dans le milieu ouvrier, on se marie très peu. Elles obtiennent aussi l’interdiction de la prostitution, un combat important contre la domination masculine : il y a de beaux textes de Louise Michel à ce sujet. Les femmes sont aussi très mobilisées dans le domaine de l’instruction. Elles créent notamment des écoles de filles et envisagent également une éducation beaucoup plus mixte.

      On connaît bien Louise Michel, mais qui sont les autres militantes sous la Commune ?

      Nathalie Le Mel, Elisabeth Dmitrieff, André Léo, Blanche Lefebvre, Victorine Brocher, Marguerite Tinayre, Aglaé Jarry… et toutes les militantes de l’Union pour la défense de Paris et les soins aux blessés, qui pour beaucoup n’ont laissé que leur nom au bas de deux affiches et dont on sait peu de choses. Sociologiquement, Dmitrieff, aristocrate russe immigrée, est une exception : s’il y a quelques institutrices, comme Louise Michel, la plupart sont des femmes du peuple, exercent des petits métiers, souvent dans le textile ou les « métiers de bouche » : blanchisseuses, couturières, chapelières, chocolatières, confiseuses…

      Les communardes ont-elles conscience d’être dominées, à l’intérieur même du mouvement, par les hommes ?

      Oui, en tout cas pour certaines, c’est clair. André Léo, par exemple, en a parfaitement conscience (3). Les hommes communards sont les produits d’une époque où l’on envisage difficilement, depuis un siècle, de donner la parole aux femmes.

      Le socialisme, sous la Commune, est moins tourné vers les femmes que ne l’étaient le saint-simonisme et le fouriérisme au début du siècle ?

      Pierre-Joseph Proudhon est passé par là… Même si c’est compliqué : on retient une phrase atroce de lui alors qu’avant, il a eu des propos beaucoup plus favorables à l’égalité. De toute façon, le mouvement ouvrier, en tout cas à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, est objectivement machiste. Au lieu de demander l’égalité, ils considèrent que les femmes sont responsables de la baisse des salaires, que ce sont des travailleuses concurrentielles, des briseuses de grève.

      Comment les communardes sont-elles traitées par les versaillais lors de la répression ?

      Dans les combats, elles sont tuées comme les hommes. Mais durant les procès, on commence par leur poser des questions différentes. On leur demande toujours, par exemple, si elles ont combattu parce qu’elles étaient amoureuses d’un homme. Impossible d’imaginer qu’elles aient pu se battre parce qu’elles en avaient envie. « Quelle était votre relation » sous-entendue sexuelle, « avec tel ou tel communard ? » etc. S’agissant des punitions prononcées par les conseils de guerre, la peine de mort reste une exception pour les femmes, et les rares peines capitales prononcées à leur encontre ont été commuées en travaux forcés. D’autre part, ce qui n’apparaît pas dans les archives des procès et qui est pourtant très présent dans la manière dont la population les voit, c’est la légende des « pétroleuses » : elles auraient provoqué les incendies à Paris, alors qu’aucune n’est inculpée pour ça.

      D’où vient cette image des « pétroleuses » ?

      Ça vient de la presse, beaucoup. Je pense qu’il y a un tel refus de la femme en politique, et pire, de la femme révolutionnaire, qu’on la rend responsable de tout. C’est une façon de leur refuser à nouveau le statut de combattante. Dans l’esprit des versaillais, ce sont les lâches qui allument les incendies. Pourtant, même Maxime Du Camp, qui est un anticommunard de première, ne reprend pas le mythe des « pétroleuses ». En revanche, c’est très présent dans l’iconographie. Ça fait aussi penser au vieux symbole de la « sorcière », d’une certaine manière. Ça fait longtemps qu’il y a cette association entre les « mauvaises femmes » et le « feu ». Surtout, les communardes sont considérées par les versaillais comme des prostituées, des femmes aux mœurs légères.

      Les féministes actuelles se revendiquent-elles de la Commune ?

      Non, mais elles devraient. Dans les milieux féministes, et même parmi les chercheuses en histoire de femmes, on s’intéresse plus à ce qui se passe après, à partir d’Hubertine Auclert : un féminisme plus bourgeois, tourné vers le droit de vote. Parmi les militantes d’aujourd’hui, pour schématiser, on garde Olympe de Gouges, et on oublie tout ce qu’il y a au milieu, toutes les femmes populaires et socialistes de 1830, de 1848 et de la Commune. Bon, il y a Louise Michel, mais enfin, c’est la seule, et encore… Pourtant, chaque révolution ouvre des possibles pour les femmes et elles s’en sont toujours saisi, notamment en s’organisant de manière non mixte, en écrivant, en prenant la parole… Les grandes revendications sociales du XIXe siècle ont été portées par les femmes autant que par les hommes, et on ne le dit pas assez. Quand les révolutions meurent, elles sont les premières victimes : il y a toujours un double retour à l’ordre, politique et sexiste.

      (1) Auteure de l’Histoire comme émancipation (avec Laurence De Cock et Guillaume Mazeau, Agone, 2019) et Des intrus en politique – Femmes et minorités : dominations et résistances (avec Aude Lorriaux, Editions du Détour, 2017).

      (2) Jacques Rougerie, Paris insurgé, la Commune de 1871, 1995, dans la Commune et les Communards, Gallimard, 2018, p.73.

      (3) André Léo dans la Sociale du 8 mai (via Jacques Rougerie, op.cit.) : « Beaucoup de républicains n’ont détrôné l’Empereur et le bon Dieu que pour se mettre à leur place. La femme […] doit demeurer neutre et passive sous la direction de l’homme : elle n’aura fait que changer de confesseur. »

    • C’est fatiguant ces « les féministes devraient faire comme ci ou comme ca ». Les féministes ne sont pas un troupeau d’ignorantes de l’histoire et les féministes font le travail d’historicisation. C’est aux non féministes de se mettre au boulot, chercheur·euses, enseignant·es, bibliothécaires.... En particulier aux spécialistes de la Commune qui en efface la portée féministe et méprise cet aspect de la période. C’est à ses collègues qu’elles devraient prodigué ses bons conseils, pas au féministes. C’est pas comme si les historiennes féministes n’avaient pas été l’objet de décrédibilisation, comme si c’était les féministes qui caricaturaient les luttes pour en évincé les femmes et en faire une réduction au suffragisme vis à vis de la Commune. D’ailleurs la période de la commune est bien connue aussi pour sa lutte sur l’éducation des filles et j’ai pas l’impression qu’on réduise cette période au suffragisme. Au XIXeme il y a aussi la lutte des pionnières dans les professions interdites aux femmes, médecines, avocates, jugesses, peintureuses... Celleux qui s’en tape et qui effacent l’histoire des femmes, est-ce vraiment les féministes ?

    • Les Louises - Femmes de la Commune
      https://macommunedeparis.com/2019/03/08/louises-les-femmes-de-la-commune-par-eloi-valat
      https://www.eloivalat.com

      Alphonsine, Rosine, Louise, Rosalie, Séraphine, Eulalie, Paule... couturière, ouvrière mécani­cienne, institutrice, lavandière, giletière, écrivaine... et ambulancière, cantinière, pointeuse d’artillerie, combattante... fusillée, emprisonnée, déportée... et salie, humiliée, oubliée...

      Les femmes de la Commune ont élevé le cœur de l’idéal des hommes de la Commune. Dès le 18 mars, premier jour de la révolution parisienne, au son du tocsin, les femmes et les enfants de Montmartre s’opposent vivement à l’enlèvement des canons de la butte par la troupe, obtiennent des soldats (“vous ne tirerez pas sur le peuple !”) la fraternisation avec la foule, entourent les soldats, arrêtent les chevaux, coupent les harnais…
      Privées du droit de vote et de représentation, elles ne participeront pas aux délibérations de la Commune. Organisées dans les comités d’arrondissement, les clubs, l’Union des femmes pour la dé­fense de Paris et les soins aux blessés, elles vont bousculer le paternalisme gouailleur de leurs compagnons révolutionnaires en réclamant la fin de l’exploitation, la part égale à travail égal, l’affranchissement de tous...

      Ce livre, chronique poétique en images, rend hommage aux Louises, citoyennes de la Commune qui ont voulu « considérer les douleurs générales de l’humanité comme rentrant dans la cause commune des déshérités » (Louise Michel)

  • The Everyday Consumption of “#Whiteness”: The #Gaikokujin-fū (Foreign-Like) Hair Trend in Japan

    In feminist literature, the beauty and the fashion industries have at times been criticized for being one of the means through which women are objectified.1 Likewise, Critical Race Studies have often pinpointed how the existence of a global beauty industry has the effect of propagating Eurocentric beauty ideals.2 Throughout this article I aim to explore the complicated ways in which beauty and racialized categories intersect in Japan through an analysis of the female-targeted hair trend of the gaikokujin-fū (foreigner-like) hair.

    Essentialism is what prompts us to divide the world into two, “us” versus “them,” negating all that is in between the two categories or even changes within the categories themselves. Although this binary thinking has been subject to criticism by various disciplines, such as Critical Race Studies and Postcolonial Studies, it is still among the dominant ways in which human relations are performed in Japanese society. The essentialistic opposing duality between Foreignness and Japaneseness has been constructed in post-war Japan through widespread discourses known by the name nihonjinron (lit. the theories on the Japanese).3 Even though it could be understood as a powerful reply to American racism towards the Japanese, nihonjinron only confirms stereotypes by reversing their value, from negative to positive. Moreover, these theories have had the effect of emphasizing Japanese racial and cultural purity through the alienation and exoticization of the other, most often represented by the white “Westerner”4 (obeijin, seiyōjin, hakujin).

    The ambivalent exoticism that surrounds the foreigner (gaikokujin) has made it possible for racialised categories and consumerism to intersect in the archipelago. The beauty industry is particularly susceptible to the segmentation between “self” and “other,” and the global white hegemony has a certain influence over it. However, as Miller rightly observes, dominant beauty standards in Japan are equally influenced by local values of “Japaneseness.”5 Torigoe goes even farther: in her essay, she positions whiteness as a power relation and through her analysis she demonstrates how white women are constructed as Others in Japanese media representations, thus creating “a racial ladder that places Japanese people on top.”6 The link between whiteness and widespread beauty practices has been criticized also in studies of the neighbouring country of Korea, with scholars arguing that cosmetic surgeries in the country are successful only if they enhance the body’s natural “Koreanness.”7

    My aim in this paper is to tackle the capitalistic commercialization and fetishization of whiteness in contemporary Japan. As it will become clear throughout the analysis, the Japanese beauty industry is creating a particular image of whiteness that is suitable to the consumers’ needs and desires: this toned-down, less threating way of becoming “foreigner-like” is marketed as an accessory that far from overriding one’s natural features, is instrumental in accentuating and valorizing them. Investigating the peculiar position of this beauty trend, which has been affected by the influence of the two contrasting hegemonic discourses of white supremacy and the purity/superiority of the Japanese race, might be helpful in shedding some light on the increasingly complicated ways the concept of race is being constructed in a setting that has been often considered “other” to the Eurocentric gaze.

    Whiteness and the Global Beauty Industry

    Beauty is an important practice in our daily life, and as such it has been at the center of animated discussions about its social function. Seen as one of the practices through which gender is performed, it has been put into scrutiny by feminist literature. The approach used to analyze beauty has been dualistic. On the one hand, the beauty and fashion industries have been criticized for being among the reasons of women’s subordination, depriving them financially8 and imposing on them male normative standards of beauty.9 On the other, it has been cited as one of the ways in which female consumers could express their individuality in an oppressive world.10

    The increasingly globalized beauty and fashion industries have also been subjects of criticism from the viewpoint of Critical Race Studies. It is not uncommon to hear that these industries are guilty of spreading Eurocentric tastes, thus privileging pale-skinned, thin women with light hair.11 The massive sale of skin-whitening creams in Asia and Africa as well as the creation of new beauty standards that privilege thinness over traditionally preferred plump forms are often cited to defend this argument. At the same time, there have been instances in which this denouncing of Eurocentrism itself has been charged guilty of the same evil. Practices such as plastic surgery in South Korea and Japanese preference for white skin have been often criticized as being born out of the desire to be “Western”: these analyses have been contested as simplistic and ignoring the cultural significance of local standards of beauty in shaping beauty ideals.12

    Answers to these diatribes have not been yet found.13 It is nonetheless clear that beauty practices articulate a series of complex understandings about gender and race, often oscillating between particularisms and universalisms. Throughout this article I would like to contribute to this ongoing discussion analyzing how pre-existing notions of race and gender intersect and are re-shaped in a newly emerging trend aptly called gaikokujin-fū (foreigner-like) hair.

    Us/Others in Japan: The Essentialization of the Foreign
    Japan and the tan’itsu minzoku

    It is not uncommon to hear that Japan is one of the most ethnically homogenous countries in the world. In Japanese, the locution tan’itsu minzoku (single/unique ethnic group, people, nation), was often used as a slogan when comparing the archipelago with significantly multi-ethnic countries such as the USA.14 The notion of Japan as a mono-ethnic country is being starkly criticized in recent years:15 minorities such as the zainichi Koreans and Chinese who have been living in the country since the end of the second world war, the conspicuous populations of foreign immigrants from Asia and Latin America, as well as mixed-race people, who were thought of as a social problem until these last ten years,16 have been making their voices heard. In the following paragraphs, I will trace how the idea of a racially homogeneous Japan was constructed.

    The word minzoku (ethnic group, people, nation) first appeared in the Japanese language in the Taishō Period (1912-1926), as an alternative to the term jinshū (race).17 The concept of race did not exist prior to the Meiji period (1868-1912), when it was introduced by scholars as one of the ideas from the “West” that would have helped Japan become a modernized nation.18 It could be argued that while the opening up of Japan after the sakoku period was not the first time that the Japanese government had to interact with people of different racial features,19 it was the first time that the idea of racial hierarchies were introduced to the country. Japanese scholars recognized themselves to be part of the ōshoku jinshū (“yellow race”), hierarchically subordinate to the “white race.”20 With rising nationalism and the beginning of the colonization project during the Taishō period, the need arose for a concept that could further differentiate the Japanese people from the neighboring Asian countries such as the newly annexed Taiwan and Korea:21 the newly created minzoku fit this purpose well. Scholar Kawai Yuko compared the term to the German concept of Volk, which indicates a group whose identity is defined by shared language and culture. These traits are racialized, as they are defined as being “biological,” a natural component of the member of the ethnic group who acquires them at birth.22 It was the attribution of these intrinsic qualities that allowed the members of the naichi (mainland Japan) to be assigned in a superior position to the gaichi (colonies). Interestingly, the nationalistic discourse of the pre-war and of the war period had the double intent of both establishing Japanese supremacy and legitimizing its role as a “guide” for the colonies grounding it in their racial affinities: unlike the conquerors from Europe, the Japanese were of similar breed.

    These hierarchies were ultimately dissociated from the term minzoku after the end of the Second World War, when it was appropriated by Leftist discourse. Opposing it to ta-minzoku (multiethnic nation or people)23

    that at the time implied divisions and inequalities and was perceived as a characteristic of the Japanese Empire, Left-leaning intellectuals advocated a tan’itsu minzoku nation based on equality. The Leftist discourse emphasized the need of the “Japanese minzoku” to stand up to the American occupation, but the term gradually lost its critical nuance when Japan reached economic prosperity and tan’itsu minzoku came to mean racial homogeneity as a unique characteristic of Japanese society, advocated by the Right.24

    Self-Orientalism

    The term minzoku might have “lost his Volk-ish qualities,”25 but homogeneity in Japan is also perceived to be of a cultural nature. Sociologists Mouer and Sugimoto26 lament that many Japanese people believe to be the carriers of an “unique” and essentialized cultural heritage, that renders them completely alien to foreigners. According to the two scholars, the distinctive qualities that have been usually (self-)ascribed to Japanese people are the following: a weak individuality, the tendency to act in groups, and the tendency to privilege harmony in social situations.27 Essentialized “Japaneseness” is a mixture of these psychological traits with the products of Japanese history and culture. The perception that Japaneseness is ever unchanging and a cultural given of each Japanese individual was further increased by the popularity of the nihonjinron discourse editorial genre, which gained mass-media prominence in the archipelago after the 1970s along with Japan’s economic growth.28 Drawing on Said’s notion of Orientalism,29 Miller states that “in the case of Japan, we have to deal […] with the spectacle of a culture vigorously determined to orientalize itself.”30 According to Roy Miller, Japan has effectively constructed Japaneseness through a process of self-othering, which he refers to as self-Orientalism. The nihonjinron publications were very much influenced by cultural anthropologist Ruth Benedict’s highly influential “The Chrysanthemum and the Sword,” published in 1946. Benedict’s study of the “Japanese people” is based on the assumption that the USA and Japan are polar opposites where the former stands for modernity and individualism whereas the latter is characterized by tradition and groupism.31

    Japanese anthropologists and psychoanalysts, such as Nakane and Doi32 further contributed to the study of Japaneseness, never once challenging the polar opposition between the “Japanese” and the “Westernerners.”

    It would seem contradictory at first for a large number of people in Japan to have this tendency to think and consume their own culture through stereotypes. However, Iwabuchi draws attention to the fact that Japan’s self-Orientalism is not just a passive acceptance of “Western” values but is in fact used to assert the nation’s cultural superiority. It remains nonetheless profoundly complicit with Euro-American Orientalism insofar that it is an essentializing and reifying process: it erases all internal differences and external similarities.33 This essentialization that Japan is capitalizing on proves fundamental for the “West,” as it is the tool through which it maintains its cultural hegemony.

    Images of the Foreigner

    Images of the foreigner are not equal, and they form an important node in the (self-)Orientalistic relations that Japan entertains with the rest of the world. An essentialized view of both the Euro-American and Asian foreigner functions in different ways as a counterweight to the “we-Japanese” (ware ware Nihonjin) rhethoric.

    In the Japanese language, gaikokujin (foreigner) refers to every person who doesn’t have the same nationality as the country she/he lives in.34 The term gaikokujin does not have racial connotations and can be used to effectively describe anyone that is not a Japanese citizen. However, the racially-charged related term gaijin35 refers especially to the “white” foreigner.36 Written very similarly to gaikokujin, the word gaijin actually has a different origin and the double meaning of “foreigner” and “outsider.” The word carries strong implications of “othering,” and refers to the construction of the Europe and America as other to the young nation-state in the Meiji period, during which knowledge was routinely imported from the “West.”37 Thus, gaijin and the representation of foreigners-as-other came to reflect the dominant hierarchies of nineteenth-century “Western” knowledge.38

    Putting every white-skinned individual in the same category functions as a strategy to create the antithetical “West” that is so important as a marker of difference in self-Orientalism: it serves to create an “Other” that makes it possible to recognize the “Self.”39 At the same time, it perpetuates the perception of whiteness as the dominant position in America and Europe. In her analysis on the use of foreigner models in Japanese advertisements, Creighton notes that representation of gaijin positions them both as a source of innovation and style and as a potential moral threat.40

    This splitting is not uncommon when dealing with representations of the Other. What generates it is the fetishistic component that is always present in the stereotype.41 Bhabha argues that this characteristic allows the Other to be understood in a contradictory way as a source of both pleasure and anxiety for the Non-Other. Stuart Hall draws on Bhabha’s theories to state that the stereotype makes it so that this binary description can be the only way in which is possible to think of the Other–they generate essentialized identities.42 In the Japanese context, the gaijin, fulfilling his role as a racially visible minority,43 is thus inscribed in the double definition of source of disruption and person to admire (akogare no taishō).

    Whiteness in the Japanese Context

    Akogare (admiration, longing, desire) is a word that young women44 in Japan often use when talking about the “white, Western” foreigner. Kelsky explains that the word indicates the longing for something that is impossible to obtain and she maintains that “it is a rather precise gloss […] of the term “desire” in Lacanian usage. […] Desire arises from lack and finds expression in the fetish. The fetish substitutes the thing that is desired but impossible to obtain.”45 Fulfilment of this unattainable desire can be realized through activities such as participation in English conversation classes and engaging in conversation with “Western” people.46 The consumption of “Western” images and representations as well as everyday practices associated with the Euro-American foreigner could also be considered a fetish that substitutes the unattainable object of desire. In this sense, the gaikokujin-fū hairstyle trend might be for the producers one such way of catering to young Japanese women’s akogare for the “Western” world.

    Gaikokujin-fū is inextricably connected to gaijin, “white” foreigners. For instance, the Hair Encyclopedia section of the website Hotpepper Beauty reports two entries with the keyword gaikokujin-fū: gaikokujin-fū karā (foreigner-like color) and gaikokujin-fū asshu (foreigner-like ash). The “color” entry states the following:

    Gaikokujin-fū karā means, as the name suggests, a dye that colors the hair in a tint similar to that of foreigners. The word “foreigner” here mostly stands for people with white skin and blond hair that are usually called “American” and “European.”47

    Similarly, the “ash” entry explains the following:

    The coloring that aims for the kind of blond hair with little red pigments that is often found among Americans is called gaikokujin-fū asshu.

    Asshu means “grey” and its characteristic is to give a slightly dull (dark?) impression. It fits well with many hairstyles ranging from short cuts to long hair, and it can be done in a way to make you look like a “western” hāfu (mixed race individual).

    It is clear from these descriptions that the term gaikokujin-fū is racially charged. What hairdresser discourse is trying to reproduce is a kind of hair color associated with America and Europe’s Caucasian population. They are selling “whiteness.”

    Writing from the viewpoint of multicultural England, Dyer writes that the study of the representation of white people is important because “as long as white people are not racially seen and named, they/we function as a human norm.”49 White discourse is ubiquitous, and it is precisely this unmarked invisibility that makes it a position of dominance. The representation of people belonging to minority groups is inevitably marked or tied to their race or skin color, but Caucasians are often “just people.” At the base of white privilege there is this characteristic of universality that is implied in whiteness.

    The marked positioning of the white foreigner in Japanese society would seem an exception to this rule. Torigoe, while acknowledging that the Japanese media “saturated [her] with images of young white females as the standard of beauty,”50 analyzes in her article how white beauty actually embodies values such as overt sexual attractiveness that would be considered deviant or over the top by standard societal norms.51 Likewise, Russell points to the scrutiny that the bodies of the white female woman receive on Japanese mass media, dominated by a male gaze. White females become subject to the sexual curiosity of the Japanese male, and being accompanied by one of them often makes him look more sophisticated and competitive in a globalized world.52 As the most easily, less controversially portrayed Other through which Japanese self-identity is created, the white individual is often subject to stereotyping and essentialization. Russell notes this happening in both advertisement and the portrayal of white local celebrities, that assume even “whiter” characteristics in order to better market their persona in the Japanese television environment.

    However, it is my opinion that we must be careful to not be exceedingly uncritical of the marginality that Caucasians are subject to in Japanese society. I argue that whiteness is in an ambiguous position in the Japanese context: it would be wrong to say that in the archipelago white people do not benefit from the privileges that have accompanied their racialization up to the present times. The othering processes that whites are subject to is more often than not related to them being brought up and representing a different culture than to their racial difference.54 The word hakujin (lit. white person) is barely used in everyday conversation, whereas it is more common to hear the term kokujin (lit. black person): white people are not reduced to their racial characteristics in the same way as black people might be.55 Whiteness might not be the completely hegemonic in the Japanese context, but the country does not exist in a vacuum, and its standards have been influenced by the globally hegemonic white euro-centric values to some extent.

    To reiterate, white people in the Japanese archipelago experience the contradictory position of being a visible minority subject to reifying “othering” processes while at the same time reaping many of the benefits and privileges that are usually associated with the color of their skin. They are socially and politically located at the margins but are a hegemonic presence in the aesthetic consciousness as an ideal to which aspire to. In the following sections, I will expand on gaikokujin’s ambiguous location by looking at the ways in which whiteness is consumed through the gaikokujin-fū hairstyle trend.

    Producing Whiteness: Selling gaikokujin-fū Hair
    Creating the “New”

    In order to understand the meanings shaping the catchphrase gaikokujin-fū, I have used a mixture of different approaches. My research began by applying the methods of Visual Analysis56 to the latest online promotional material. I have tried to semiotically analyze the pictures on the websites in relation to the copywriting. In addition, I have complemented it with fieldwork, interviewing a total of seven hairdressers and four girls aged from 20 to 2457 in the period between April and June 2017. It was while doing fieldwork that I realized how important social networking is for the establishment of contemporary trends: this is frequently acknowledged also in the press by textually referencing hashtags.58 Instagram is a very important part of Japanese girls’ everyday life, and is used both as a tool for self-expression/self-promotion as well as a compass to navigate the ever-growing ocean of lifestyle trends. Japanese internet spaces had been previously analyzed as relatively closed spaces created and accessed by predominantly Japanese people, and this had implications on how online discourses about races were carried on.59 However, being a predominantly visual medium, Instagram also functions as a site where information can, to a large extent, overcome language barriers.

    The gaikokujin-fū hashtag counts 499,103 posts on Instagram, whereas 381,615 pictures have been tagged gaikokujin-fū karā.60 Most of them are published by professional whose aim is to publicize their work, and it is not uncommon to find pricing and information for booking in the description.

    Scrolling down the results of the Instagram search, it is easy to notice the high number of back and profile shots; what the hairdressers are trying to show through these pictures is their hairdressing skills. By cutting out the face they are putting the hair itself at the center of the viewer’s attention and eliminating any possibility of identification. The aim here is to sell “whiteness” as an object. The trendsetters are capitalizing on a term (gaikokujin-fū) that has already an appealing meaning outside the field of hair coloring, and that is usually associated with the wider desire or longing (akogare) for “Western” people, culture and lifestyle.

    To the non-initiated, the term gaikokujin-fū might indicate anything that is not “Japanese like” such as curly hair, or blonde hair. However, it became clear when speaking to my hairdresser informants that they only used the term referring to the ash-like coloring. Professionals in the field are reclaiming it to define a new, emerging niche of products that only started appearing a couple of years ago.61 In doing so, Japanese hairdressers are creating a new kind of “whiteness” that goes beyond the “Western” cultural conception of white as blonde and blue-eyed, in order to make it more acceptable to Japanese societal standards. In fact, fair hair is considered extremely unnatural.62 The advantage that ash brown hair has over blonde is the relatively darker shade that allows consumers to stand out without being completely out of place.63

    However, gaikokujin-fū hair comes at a cost. All of my informants told me during the interviews that the colors usually associated with this trend involve dyes have a blue or green base, and are very difficult to recreate on most people of the East Asia whose naturally black hair has a red base. The difficulty they experienced in reproducing the Ash (asshu) and Matt colors on Japanese hair constituted a fundamental charm point for hair technicians, and precisely because of this being able to produce a neat ash coloring might be considered synonymous with keeping on pace with the last technology in hair dying. The Wella “Illumina Color”64 series came out in September 2015, while Throw,65 a Japanese-produced series of hair dyes that eliminate the reddish undertones of Japanese black hair, went on sale very recently in June 2016.66 Another Japanese maker, Milbon, released its “Addichty Color”67 series as recently as February 2017. The globally dominant but locally peripheral whiteness has been “appropriated” and domesticated by Japanese hairdressers as a propeller of the latest trends, as a vital tool in creating the “new.”

    To summarize, the technological developments in hair dyes certainly gave a big push to the popularizing of the gaikokujin-fū hairstyle trend. Moreover, in a very chicken-and-egg-like fashion, the technological advancing itself was at the same time motivated by the admiration and desire towards Euro-American countries. However, this desire for “Westerness” does not entail adopting whiteness in its essentialized “purest” form,68 as that would have negative implications in the context of Japanese society. Rather, Japanese trendsetters have operated a selection and chosen the variant of whiteness that would be different enough to allow the creation of the “latest” while minimizing its more threatening aspects.
    Branding the “New”

    In the previous section I mentioned the fact that most of pictures posted on the social network Instagram serve to amplify and diffuse existing values for consumption, and constantly refer to a set of meanings that are generated elsewhere reifying them. Throughout this section I will examine the production of these values through the branding of the aforementioned hair dye brands: Wella’s “Illumina Color,” THROW, and Milbon’s “Addichty Color.”

    Wella’s “Illumina Color” offers an interesting case study as it is produced by an American multinational brand. Comparing the Japanese website with the international one, it is clear that we have before our eyes a prime example of “glocalization.”69 While on the international webpage70 the eye-catch is a picture of a white, blue-eyed blonde woman that sports an intricate braided hairstyle with some purplish accents in the braid, the Japanese71 version features a hāfu-like72 young woman with long, flowing straight dark brown hair. The description of the product also contains the suggestive sentence “even the hard and visible hair typical of the Japanese [can become] of a pale, soft color.” The keywords here are the terms hard (katai) and soft (yawaraka). Hardness is defined as being a characteristic typical of the Japanese hair texture (nihonjin tokuyū) and it is opposed to the desired effect, softness. The sentence implies by contrasting the two terms that softness is not a characteristic of Japanese hair, and the assumption could be taken further to understand that it is a quality typical of the “foreign.” Perhaps unsurprisingly, the international webpage contains no such reference and instead vaguely praises the hair dye’s ability to provide a light color. The visuals of the latter are consistent with Dyer’s definition of whiteness.

    Unlike Wella, Milbon and beauty experience are Japanese companies, and their products ORDEVE Addichty and THROW are only geared to the Japanese marketplace. Milbon’s ORDEVE Addichty dye series is the most recent of the two. The product’s promotional webpage is almost entirely composed of pictures: the top half features 14 moving pictures, two for each of the seven colours available. The pictures slide in a way that shows the customer all the four sides of the model’s bust up, and each one of the girls is holding a sign with the name of the product. To the center left, we see a GIF image with the name of the brand in the roman and Japanese alphabet, accompanied by the catchphrase hajimete mitsukaru, atarashii watashirashisa (“I found it for the first time, a new way of being myself”), that slides into another text-filled picture that explains the concepts behind the branding.

    Occidental-like (ōbeijin) voluminous hair with a shine (tsuya) never seen before. This incredible feeling of translucence (tōmeikan) that even shows on your Instagram [pictures], will receive a lot of likes from everybody. Let’s find the charm of a freer myself with Addichty color!

    The red-diminishing dyes are here associated with both physical and ideological characteristics identified as “Western,” like the “feeling of translucence” (tōmeikan)73 and “freedom” (jiyū). The word tōmeikan is a constant of technical descriptions of gaikokujin-fū and it is generally very difficult for the hairdressers to explain what does it mean. My hairdresser informant N. quickly explained to me that having translucent hair means to have a hair color that has a low red component. Informants H. and S., also hair professionals, further explained that translucency is a characteristic typical of hair that seems to be semi-transparent when hit by light. While in the English-speaking world it would certainly be unusual to positively describe somebody’s hair as translucent, tōmeikan is a positive adjective often used as a compliment in other different contexts and it indicates clarity and brightness. In fact, the Japanese Daijisen dictionary lists two definitions for translucent, the second of which reads “clear, without impurities.”74 It is perhaps in relation to this meaning that the melanin-filled black core of the Japanese hair is considered “heavy” (omoi) and strong. Reddish and lighter brown colors are also defined in the same way. What is more, even hair colors at the other end of the spectrum can be “muddy”(nigori no aru): blonde hair is also described as such.75 It is clear that while tōmeikan is a quality of “occidental hair,” it is not a characteristic of all the shades that are usually associated with whiteness.

    In the last sentence, “freedom” is linked to charm (miryoku) and the individual. These three concepts are also very often associated with the foreigner. The freedom of the gaijin is a freedom from social constraints and from the sameness that pervades dominant representations of Japaneseness.76 Individualism is further emphasized by the pronoun “myself,” which in the original Japanese is a possessive pronoun to the word “charm” (miryoku). As a word, miryoku has an openly sexual connotation, and because of this it might be linked to the concept of “foreignness.” As Torigoe found out in her analysis of Japanese advertisements, white women are often represented as a sexualized counterpart to the more innocent Japanese woman.77 Gaikokujin-fū hair offers customers the possibility to become closer to obtaining this sexiness, that distances the self from the monotone standards of society.

    Of the three, THROW is possibly the most interesting to analyze, mostly because of the huge quantity of content they released in order to strengthen the brand image. In addition to the incredibly detailed homepage, they are constantly releasing new media contents related to gaikokujin-fū coloring on their “THROW Journal.”78

    The “story” page of the website serves as an explanation of the brand identity. It is a vertically designed page heavy on images, possibly designed to be optimally visualized in mobile devices such as smartphones and tablets. The first image that the viewer encounters is that of a girl whose brown hair is flowing in the wind, which results in some strands covering the features of her pale-white face. This makes it hard to understand her nationality and makes it so that all the attention is focused on the light, airy qualities of the hair. As I said before, “lightness” (karusa) is associated to translucency and is one of the characteristics at the center of the marketing of gaikokujin-fū. This picture very clearly renders those sensations in a way that is very pleasant to the eye and indeed invites consumption.

    Under the picture we find a very short narration that complements it. In bigger characters, the words dare de mo nai, watashi ni naru, that roughly translates as “I’ll become a myself, that is nobody else.” Here again we find an emphasis on individuality and difference. Scrolling down, we find the following paragraph written in a smaller font:

    I leave my body to the blowing wind.

    My hair is enveloped in light, and is filled by the pleasant air.

    What I needed was this [facial] expression.

    I got rid of what I did not need, and refreshingly freed my mind.

    Gracefully, freely.

    I should just enjoy myself more.79

    Unlike the tagline in the Addichty webpage, THROW’s brand identity is here described in ideological terms only. Once again, “freedom” is the central theme, and is associated with a sensation of freshness (kaze, “the wind”; also, the onomatopoeia sutto, here rendered as “refreshingly”). The image of release is further emphasized by the fact that “I” of this text is in close contact with nature: her skin feels the wind, she is shrouded in light and breathes pure air. But what is the subject being released from? The fourth and the last line would suggest that she is being trapped by social constraints, something akin to the Freudian super-ego, that somehow renders her unable to enjoy herself for what she really is. My literal translation of the sixth line makes it hard to understand the hedonistic implications of its meaning: what the original Japanese implies is not simply that she should “have fun,” but she should be finding pleasure in what she is and not what she is expected to be. It is perhaps strange to the eyes of the Euro-American observer accustomed to the discourse of white supremacy that the consumption of whiteness comes with an invitation to spontaneity. The whiteness being sold here is certainly perceived in a radically different way from the Eurocentric “West,” where it is associated with self-constraint.80 It is being marketed to the Japanese public in a way that reminds the portrayal of minorities in the white-dominated world,81 and that makes it particularly appealing to the archipelago’s consumers.

    Listening to the producers’ interviews, it becomes clear for them that the red pigments of the hair, as a symbol of this self-Orientalistically represented “Japaneseness” are represented as a further constraint. Producer Kimura Naoto speaks of a “liberation from redness for the women who hate it”;82 fellow member of the production team Horiuchi brings up the ever-present desire in Japanese women to “become like foreigners,”83 but neither of the two explains the connection between the deletion of red pigments from the hair and the possibility of becoming foreigner-like. It is perhaps this lack of an explicit connection in an explanation from an expert that makes it perceived as an “obvious truth.” In fact, nobody seems to refer to the fact that red undertones are common overseas as well, not to mention the existence of redheads in predominantly Caucasian regions. By hiding these facts, the red pigments are constructed as something that is peculiarly Japanese and juxtaposed to the exclusively foreign blue pigments, further contributing to the essentializing of the gaikokujin that propels self-Orientalism.

    Consuming Whiteness: Gaikokujin-fū and Everyday Life

    To understand the ways that gaikokujin-fū was being interpreted and consumed I conducted fieldwork for two months (April-June 2017) in Tokyo. Engaging in participant observation proved to be relatively easy, since superficial conversation about beauty trends is one of the most common ways that young women around my age use to socialize. Most of my peers were very quick to react every time I lightly introduced the subject. However, due to the perceived “lightness” of the topic, not many people showed to be willing to talk prolongedly about it. This prompted me to supplement the fieldwork with semi-structured interviews I conducted with four people aged 20-22.

    The general reaction to the gaikokujin-fū buzzword was one of recognition–the existence of the trend was acknowledged both by people who were actually familiar with it as well as by others who were not really interested but had seen the phrase and recognized a more general idea behind it. As the reader might expect after having gone through the previous chapter, consumers of gaikokujin-fū hair all brought up the difficulties they had in obtaining the desired results. When I first contacted K., a 23-year-old university student in Tokyo, she told me to wait till the following week for the interview since she had an appointment to dye her hair of an ash-like color. Seven days later, I was surprised to see that her hair had not changed much. Turns out that her virgin hair was a very difficult base to work with: having never bleached it, it proved to be very resistant to blue-green dyes. Dying the hair of an ash-like color would have been impossible as the naturally red pigments of the hair would have completely nullified the effect.

    Whiteness as Empowerment, Whiteness as Difference

    K. was nonetheless very accommodating and answered my questions very enthusiastically. To her, the word gaikokujin had indeed a very positive meaning, and she specifically associated it to difference. My informant used a very harsh word when talking about her fellow Japanese: to her, Japanese style equals mass-production. Her image of Japan was perfectly congruent with those described by Mouer and Sugimoto in their critique of Nihonjinron. “Ordinary” Japanese girls were, in her opinion, the cutesy and quiet girls with straight black hair and bangs covering their foreheads. Why did she feel attracted to gaikokujin-fū in the first place? K. felt that the “traditional” Japanese image was constraining, and she had both very physical and empirical reasons (she does not like face with bangs) as well as a specific ideological background. It is worth nothing here that K. has had since her childhood a very strong akogare towards “Western countries”: she has studied English since she was a small child and is now studying Italian, which led her to spend a year abroad in the University of Venice. Moreover, she attended a very liberal protestant high school in Tokyo, where students were allowed to dye their hair and had no obligation to wear the school uniform. She herself stated that the liberal environment she was brought up in had a huge influence on her view of the world and thus she did not feel the need to “conform.” K. speaks from a privileged position that allowed her to glimpse a “different” world, in which she is promised freedom. In a similar fashion to the representations I analysed in the previous chapter, “Western” foreign becomes a symbol of liberation from the societal constraints of a traditionalistic society.

    The liberating qualities of the akogare towards the essentialized “Western” foreign have been brought up in previous research as a space for young women to astray themselves from the hierarchies of everyday life. The link between freedom and diversity was indeed particularly strong in K., who feels somehow “oppressed” by certain aspects of society. However, this is far from being a universal mode of consumption: in fact, the other three girls never even mentioned anything ideological. To S., a 22-year-old girl I met while studying in Tokyo two years ago, dying her hair of an ash-like hue was an act genuinely finalized to the enhancement of her beauty: she thought the color made her face look brighter. While she too stated during the interview that foreigners are viewed as cool and fashionable, she did not allude to a desire to “become” one nor she mentioned any ideological values associated with them that she emphasized with. In her everyday practice, whiteness is consumed as a tool regardless of its hegemonic signified. Informants A. and H. talked about the trend in a similar way. H. initially dyed her hair because she liked how cute ash hair looked on her favourite model, and had little more to say other than that. Her friend A., who recently graduated from a fashion school, confessed that in her environment standing out was more the rule than a subversive act. Her ash phase was brief and followed by even more explosive hues such as blue and pink. S., A., and H., were very much less conscious of their ways of consumption, but, as French theorist Michel de Certeau argues,84 it is precisely the aimlessness of their wandering that make their practices subvert the hegemony established by the global white supremacy. Having gaikokujin-fū hair is one of the strategies that Japanese women have at their disposition to attain beauty, and while it is trendy, it is far from being superior to different styles. Whiteness becomes an accessory that enhances the natural beauty of the self, and it is not employed to override one’s original racial features but rather to enrich them through the display of individuality. Under this light, it is possible to see the consumption of foreign-like hair as an unconscious tentative of overcoming the racialized barriers that might generate uncanny feelings in the eyes of the “white” spectator.

    Subdued Subversion and the Ambiguities of Consumption

    There are however at least two factors that complicate the consumption of gaikokujin-fū hair, making it a multifaceted and complex process. Firstly, during my interview with K. we discussed the differences between this and other fashion trends that tend to refuse the stereotypical sameness of the constructed Japanese image. K. suggested the existence of an even more individualistic trend–Harajuku–style fashion. The Harajuku district of Tokyo is famous world-wide for hosting a wide range of colourful subcultures,85 which my interviewee described with terms such as dokusouteki (creative) and yancha (mischievous). Harajuku fashion is individuality taken to such a level in which it becomes even more openly contestant of society. S. described these subcultures as referencing the image of “an invented fantasy world, completely out of touch with reality.” The gaikokujin-fū hair colour is indeed a way to break out of the “factory mould,” but it is a relatively tame way of doing it as it is the consumption of a domesticized otherness. As I also pointed out during the analysis of the production processes, the aesthetics of the trend are largely shaped in relation to societal norms and purposely do not excessively break out of them. Especially in its darker tones, foreign-like ash hair is visually closer (albeit chemically harder to obtain) than platinum blonde, and it is precisely in these shades that the hue is being consumed by girls like K. and S.

    Furthermore, one could say that Gaikokujin-fū hues can at times be experimentations instrumental to the formation of one’s identity. H. and S. both explained that they tried out ash dyes as a phase, only then to move on to something that they thought better reflected their own selves. In both cases, that meant going back to their natural black color and to darker tones. H., in particular, after spending her three years of freedom in university experimenting with various hues, finally concluded in her fourth and final year that natural black hair was “what suits Japanese people best.”. After trying out the “Other” and recognizing it as such, her identification acted as what Stuart Hall might have called a suture between her as an acting subject and the discursive practices of “Japaneseness.”86 As “foreignness,” and whiteness as one of its variants, cannot be easily conceived outside the dominant self-Orientalistic discourses, even gaikokujin-fū is inevitably bound to the essentialized “Japaneseness” of the Nihonjinron. This is only worsened by the fact that foreign-like hair colors are a product in the beauty market: they need to be marketed to the consumers, and this necessitates simplification. Essentialization and the reinforcement of self-Orientalism are the high prices that one must pay for the consumption of the other, and constitute a big limitation of its subversive power.

    Conclusion

    I have attempted to analyse the ways in which whiteness is produced and consumed in Japan, a country with significant economic and cultural power that does not have a significant Caucasian population. I have chosen as the topic a feature of the human body that is usually considered peripherical to the construction of racialized categories, and I have attempted to demonstrate how it becomes central in the production of an occidentalistic image of “whiteness” in the Japanese Archipelago.

    What this trend helps us to understand is the complexities and multiplicities of whiteness. By shedding some light on the way that hairdressers in Japan construct and sell the gaikokujin-fū trend we become aware of the fact that an aspect such as hair color that we do not usually pay much attention to in relation to this racialized category can be central when the same is consumed in a different setting. It is significant that what is being marketed here it is a slightly different paradigm from the Eurocentric or conventional idea of “white” people, that sees at its center blonde-haired, fair-skinned people with blue or green eyes: whiteness is mitigated and familiarized in order to make it more desirable to wider audiences. Its localized production and its consumption as a disposable accessory might be taken as challenging to the global dominance of Caucasian aesthetic.

    Acting in the (locally) ambiguous field of racial representations,87 hairdressers in Japan are creating their own whiteness, one that is starkly defined by what is socially acceptable and what is rejected.88 It thus becomes apparent the fact that racialized categories are nothing but discourses, constantly morphing in relation to time and space. The existence of a different whiteness created by and for the use of people who are not considered as belonging to this racialized category creates conflict with the discourse of a global, hegemonic whiteness by demonstrating its artificiality and construction.

    However, the use of the word gaikokujin inevitably generates ambivalent meanings. The trend becomes linked to the discourse of “foreignness” and the desires associated with it. Eventually, it ends up reproducing the essentialist and reifying stereotypes that are creating through the occidentalistic (and self-Orientalistic) practices of nihonjinron. The trend potentially reinforces the “us/them” barriers that are at the basis of essentialistic thought by juxtaposing the desired “foreign hair” as a polar opposite of the more conservative and traditional “Japanese hair.”

    To reiterate, gaikokujin-fū might be subversive on the global scale, but it is nonetheless an expression of the oppressive mainstream on the local level, as it restates notions of difference and exclusivity that form the basis for social exclusion of phenotypically alien foreigners. Unfortunately, the practices of marketing necessitate simplifications, and makes it is hard to achieve what I believe would be the most subversive action: the elimination of these reifying barriers. It is imperative that we start to think about ways to talk about race and culture in a non-essentializing manner while maintaining an anti-white-centric stance.

    Although the problem of essentialization cannot be resolved by looking at representation only, by looking at how the product is effectively consumed in everyday life we might find that these semi-conscious practices already offer some hints on how to overcome the barriers that reification builds around us. It is indeed true that consumers answer to the “call” of the marketers, and that they identify themselves to some extent with the images of racialized whiteness created by the beauty industry. However, what the interviews revealed is that often times the link between image and product is broken in the immediacy of consumption. By using whiteness as an accessory, some of the consumers open up a space in which they contest the seriousness and rigidity of racialized categories–a space that allows hybridity to exist.


    http://zapruderworld.org/journal/archive/volume-4/the-everyday-consumption-of-whiteness-the-gaikokujin-fu-foreign-like-
    #corps #beauté #femmes #géographie_culturelle #japon #cheveux #identité #altérité #orientalisme #blancheur #hakujin #blancs #représentation

  • La passion et l’obstination… ou l’art de la création

    En juin 2012, Mario Gonzalez proposait à Philippe Pillavoine de créer ensemble un spectacle : Laurenzaccio, une adaptation des œuvres Lorenzaccio d’Alfred de Musset et Une conspiration en 1537 de George Sand, produite par la Compagnie Le Bateau Ivre… Bien des écueils se seront présentés sur le chemin de la création, mais lorsque la passion rime avec obstination, l’art l’emporte toujours !

    Après 3 représentations à Allonnes (72) au Théâtre de Chaoué Port Belle Eau puis grâce à l’invitation de Christian Sterne de la compagnie Les fous de Bassan ! à Beaugency (45) au Théâtre le Puits-Manu, Laurenzaccio foulera pour la première fois les planches de la région parisienne, le vendredi 4 mai 2018 à 20h30 au Théâtre Blanche de Castille à Poissy (78).

    De plus, en préambule à cette représentation exceptionnelle, Laurenzaccio sera également à la fête le mercredi 2 mai de 16h30 à 18h à la Maison des Auteurs de la SACD à l’occasion de la publication du texte aux Éditions Les Cygnes. Vraiment, vive le joli mois de mai !... https://www.relations-publiques.pro/91120/la-passion-et-lobstination-ou-lart-de-la-creation.html

    #mai-2018 #2018 #spectacle #théâtre #représentation #livre #éditions_les_cygnes #les_cygnes #paris #sacd #poissy #blanche_de_castille #théâtre_blanche_de_castille #le_bateau_ivre

  • « Laurenzaccio » à Poissy (78)

    En mars 2016, « Le Bateau Ivre » organisait une lecture intimiste de « Laurenzaccio » de George Sand et Alfred de Musset, à Paris dans la salle la Verrière de la Maison des Auteurs de la SACD. Roger Jouan et Rémi Le Roux chargés des projets culturels de la ville de Poissy (78) étaient présents. Ils avaient énormément apprécié ce texte qui n’était alors qu’une étape dans la création. Nous étions un an avant la première représentation... https://www.silencecommunity.com/events/event/view/46871/« laurenzaccio »-a-poissy-78

    La bande annonce de la représentation : https://www.youtube.com/watch?v=orOaRHxZTf0

    #tragédie #clown #représentation #spectacle #poissy #yvelines #ile-de-france #gonzalez #pillavoine #sand #de_musset #musset #laurenzaccio #roger_jouan #jouan #Rémi_Le_Roux #Le_Roux #Blanche_de_Castille #Théâtre #Théâtre_Blanche_de_Castille #mai_2018 #2018 #teaser #bande_annonce

  • « La publicité Dove n’est en rien raciste »
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/10/13/la-publicite-dove-n-est-en-rien-raciste_5200785_3212.html

    La marque, consciente du bouche-à-oreille négatif que sa campagne de promotion a provoqué, s’est excusée et l’a retirée. Un peu vite pour notre chroniqueur Hamidou Anne.

    Sur les réseaux sociaux, véritable foire aux curiosités, le travail d’amplification de l’humiliation dont se serait rendu coupable Dove se fait à un rythme effréné. Des internautes – dont certains qui se blanchissent de façon ostentatoire la peau – s’indignent, insultent, menacent et appellent à la riposte, oubliant qu’il serait peut-être normal de savoir – parfois avant – de quoi on parle.

    Lire aussi : « La nouvelle génération d’opposants africains doit assumer son rôle d’alternative aux pouvoirs »

    Au contraire, des gazouilleurs compulsifs cherchent par n’importe quel moyen à prouver que tous les Blancs sont racistes – convoquant successivement le franc CFA, le complot issu du Quai d’Orsay, la destruction de la Libye ou l’assassinat de je ne sais quel grand leader tiers-mondiste. Ces entrepreneurs identitaires sont souvent rejoints dans leur complainte par des Occidentaux « amoureux de l’Afrique », avec tout le côté paternaliste et touchant de ridicule de leur posture.

    Tout ceci nous donne une leçon sur la destruction que peut engendrer une manipulation. C’est terrifiant. Et ça l’est davantage quand on sait que l’avenir du débat public sera partagé entre fausses nouvelles, photomontages grossiers et post-vérités. Bienvenue au XXIe siècle !

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/10/13/la-publicite-dove-n-est-en-rien-raciste_5200785_3212.html#gSDkHkHG0uWLzgTu.9

    –----

    Dove est une marque du groupe Unilever, gros client du e-monde.fr qui met en avant cette image :


    et oublie de mentionné celle ci :
    https://www.forumfr.com/applications/core/interface/imageproxy/imageproxy.php?img=http://static1.7sur7.be/static/FOTO/pe/13/15/5/media_xl_4207430.jpg?20110526174039&key=e1ce69bda02fdd76e5caa7f589ef7c1f56a

    #colorisme #racisme #blancheur #aphroditisme #beauté #cosmétique #blanchiment #publicité

  • La vie est trop courte pour s’épiler la chatte


    #poils #épilation

    Es-tu un·e fils/fille de pub ?


    #publicité

    Mon #corps, mon #genre, ta gueule

    L’#amour est une construction sociale

    Legalize trans


    #genre #transgenre

    Les tas d’urgence


    (#état_d'urgence)

    –-> Vu le 10.09.2017 sur ce qu’on appelle l’"autoroute des vélos" à #Grenoble (sur un petit morceau que j’emprunte tous les jours pour aller au bureau).
    #graffitis #art_de_rue #street-art

    cc @reka @clemencel

  • 100 000 ans de beauté : entre universalité et diversité
    https://www.franceculture.fr/conferences/institut-francais-de-la-mode/100-000-ans-de-beaute-entre-universalite-et-diversite

    Longtemps, la beauté est restée un sujet méconnu, quand elle n’était pas injustement considérée comme une question mineure, superficielle, féminine. Pourtant, la quête de beauté est constitutive de toute vie humaine et sociale. Dans toutes les sociétés humaines, les êtres humains ne se contentent pas de leur corps biologique, ils le transforment et le parent à la fois pour construire culturellement le groupe auquel ils appartiennent et pour affirmer leur individualité. Modelage du corps et définition de canons, soins et couleurs, coiffures et ornements, comment tous ces signes forment-ils un langage qui dit l’appartenance culturelle, le genre, l’époque, l’âge et le statut social ?

    #conférence #anthropologie

  • La fragilité blanche : pourquoi est-ce si dur de parler aux Blancs de racisme ? | Etat d’Exception
    http://www.etatdexception.net/la-fragilite-blanche-pourquoi-est-ce-si-dur-de-parler-aux-blancs-de-

    Les définitions courantes du dictionnaire réduisent le racisme à des préjugés raciaux individuels et aux actions intentionnelles qui en résultent. Les personnes qui commettent ces actes intentionnels sont réputées mauvaises, et celles qui ne les commettent pas sont bonnes. Si nous sommes contre le racisme tout en ignorant commettre des actes racistes, nous ne pouvons pas être racistes ; le racisme et le fait d’être une bonne personne, s’excluent mutuellement. Mais cette définition contribue peu à expliquer comment les hiérarchies raciales sont systématiquement reproduites.

    Les sciences sociales comprennent le racisme comme un système multidimensionnel et hautement adaptatif – un système qui assure une répartition inégale des ressources entre les groupes raciaux. Parce que les Blanc-he-s ont bâti et dominent toutes les institutions importantes (souvent au détriment et grâce au travail non rémunéré des autres groupes), leurs intérêts sont intégrés dans la fondation de la société états-unienne. Que des personnes blanches puissent être contre le racisme, elles n’en bénéficient pas moins de la répartition des ressources contrôlées par leur groupe.

    Oui, une personne racisée [person of color ] peut s’asseoir à la table du pouvoir, mais l’écrasante majorité des décideurs seront blanc-he-s. Oui, les personnes blanches peuvent rencontrer des problèmes et faire face à des obstacles, mais le racisme systématique ne sera pas l’un d’eux. Cette distinction – entre les préjugés individuels et un système de pouvoir institutionnalisé racialement inégal – est fondamentale. On ne peut comprendre comment fonctionne le racisme aux États-Unis aujourd’hui si l’on ignore les relations de pouvoir entre groupes.

    Ce contrôle systémique et institutionnel permet à celles et ceux d’entre nous qui sont blanc-he-s en Amérique du Nord de vivre dans un environnement social qui nous protège et nous isole du stress causé par la race. Nous avons organisé la société afin de reproduire et de renforcer nos intérêts et perspectives raciaux. De plus, nous sommes le centre de toutes les questions considérées comme normales, universelles, bénignes, neutres et bonnes. Ainsi, nous nous déplaçons dans un monde entièrement racialisé avec une identité déracialisée (par exemple, les Blanc-he-s peuvent représenter l’ensemble de l’humanité, les personnes racisées seulement leurs semblables). Les défis à cette identité deviennent très stressants et même intolérables. Voici des exemples du genre de défis qui déclenchent du stress racial aux Blanc-he-s :

    Suggérer que le point de vue d’une personne blanche provient d’un cadre de référence racialisé (défi à l’objectivité) ;
    Personnes racisées qui parlent ouvertement de leurs propres perspectives raciales (défi aux tabous blancs à parler ouvertement de race) ;
    Personnes racisées qui choisissent de ne pas ménager les sentiments raciaux de personnes blanches à propos de la race (défi aux attentes raciales des Blanc-he-s et au besoin/droit au confort racial) ;
    Personnes racisées pas prêtes à raconter leurs histoires ou à répondre aux questions sur leurs expériences raciales (défi à la perspective selon laquelle les personnes racisées nous serviront) ;
    Un-e Blanc-he ne consentant pas aux perspectives raciales d’un-e autre Blanc-he (défi à la solidarité blanche) ;
    Être confronté-e à une réaction sur l’impact raciste de son propre comportement (défi à l’innocence raciale blanche) ;
    Suggérer que l’appartenance au groupe est significative (défi à l’individualisme) ;
    Recevoir une information sur le fait que l’accès est inégal entre les groupes raciaux (défi à la méritocratie) ;
    Être confronté-e à une personne racisée qui est dans une position de leadership (défi à l’autorité blanche) ;
    Être confronté-e à des informations sur d’autres groupes raciaux, par exemple à travers des films dans lesquels les personnes racisées mènent l’action mais ne sont pas dans des rôles stéréotypés ou dans l’éducation à la diversité (défi à la centralité blanche).

    #racisme #blancheur

  • S’évader de sa #Noirceur : l’identité raciale et les politiques publiques
    http://www.etatdexception.net/?p=4735

    Pour les non-Blancs, intégrer les institutions d’une société raciste signifie le plus souvent intégrer les stéréotypes et préjugés racistes dominants. Ce court article de Mannaing Marable revient sur quelques exemples de Noir-e-s qui cherchent désespérément à se distancier de leurs frères et soeurs opprimées. A se distancier de la lutte pour la liberté, alors même qu’ils et elles en sont les premier-e-s bénéficiaires. Marable nous invite ici à contester ces opportunistes, qui ne doivent pas passer (...)

    #A_La_Une #Intégration_/_Antiracisme #_Haine_de_soi_ #Blancheur #Frantz_Fanon #Intégration #Racisme

  • Demain, j’arrête d’user mes miroirs – Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/article/2012/09/06/demain-j-arrete-d-user-mes-miroirs

    Kate Fox, spécialiste d’anthropologie sociale au Social Issues Research Centre d’Oxford, estime elle aussi que le jeûne du miroir n’est pas constructif. « Il est vrai que le fait d’éviter les miroirs de manière aussi rigoureuse peut avoir un effet momentanément libérateur, déclare-t-elle. Mais c’est un peu le même mécanisme que les régimes où les gens qui s’affament finissent par être encore plus obsédés par la nourriture. Je trouve ça encore plus narcissique que les gens qui se regardent dans le miroir normalement. »

    Pour elle, les blogs sur le jeûne du miroir ne sont qu’une autre façon d’être obsédé par son apparence. Une opinion que partage Whitefield-Madrano : « Je pense que je suis devenue ultrasensible à ce que je ressentais et j’ai commencé à attribuer chaque sensation à cette expérience. La deuxième fois que je l’ai fait, c’était beaucoup plus difficile. Je me disais : ’Mais ce jeûne du miroir, c’est en soi un reflet de ce que je ressens.’ »

    Reste que le concept a fait des émules chez les lecteurs. « Nous avons tellement de moyens de contrôler notre image publique sur les réseaux sociaux. Je me demande si une des raisons du succès du jeûne du miroir n’est pas l’attrait qu’il y a à renoncer très largement à ce contrôle. Quand je parle à des gens qui suspendent leur compte Facebook, ils en parlent comme moi du jeûne du miroir : ils parlent de sérénité, de libération, de sentiment de se connaître mieux et de faire le tri dans ses priorités. »

    #femmes

  • Le teint clair, une preuve de beauté « scientifique » ? – Sociological Images
    http://thesocietypages.org/socimages/2012/05/12/colorism-and-the-science-of-beauty

    http://static.thesocietypages.org/socimages/files/2012/05/115.jpg

    So, it’s science, right? Well, that plus (at least) a little bit of racism. Carmen Lefèvre, a psychologist, was quoted explaining why Florence was so “classically” beautiful:

    Florence has all the classic signs of beauty. She has large eyes, high cheekbones, full lips and a fair complexion. Symmetry appears to be a very important cue to attractiveness.

    How did “fair complexion” get mixed up in there?

    #blancheur #racisme