#bloc_occidental

  • La crise ukrainienne accélère la recomposition du monde - Pierre Charasse
    http://www.les-crises.fr/la-crise-ukrainienne-accelere-la-recomposition-du-monde

    La crise ukrainienne a mis en évidence la magnitude de la #manipulation des opinions publiques occidentales par les grands #media, les chaines de TV comme CNN, Foxnews, Euronews et tant d’autres ainsi que par l’ensemble de la #presse écrite alimentée par les agences de presse occidentales. La manière dont le public occidental est désinformé est impressionnante, et pourtant il est facile d’avoir accès à une masse d’informations de tous bords. Il est très préoccupant de voir comment de très nombreux citoyens du monde se laissent entraîner dans une russophobie jamais vue même aux pires moments de la guerre froide. L’image que nous donne le puissant appareil médiatique occidental et qui pénètre dans l’inconscient collectif, est que les russes sont des « barbares attardés » face au monde occidental « civilisé ». Le discours très important que Vladimir Poutine a prononcé le 18 mars au lendemain du référendum en Crimée a été littéralement boycotté par les medias occidentaux, alors qu’ils consacrent une large place aux réactions occidentales, toutes négatives naturellement. Pourtant, dans son intervention Poutine a expliqué que la crise en Ukraine n’avait pas été déclenchée par la Russie et présenté avec beaucoup de rationalité la position russe et les intérêts stratégiques légitimes de son pays dans l’ère post-conflit idéologique

    Le G7 n’a pas calculé qu’en prenant des mesures pour isoler la Russie, outre le fait qu’il s’appliquait à lui-même une « punition sado-masochiste » selon la formule d’Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires Etrangères, il précipitait malgré lui un processus déjà bien engagé de profonde recomposition du monde au bénéfice d’un groupe non occidental dirigé par la Chine et la Russie réunies au sein des BRICS. En réaction au communiqué du G7 du 24 mars, les ministres des Affaires étrangères des #BRICS ont fait connaître immédiatement leur rejet de toute mesures visant à isoler la Russie et ils en ont profité pour dénoncer les pratiques d’espionnage américain tournées contre leurs dirigeants et pour faire bonne mesure ils ont exigé des Etats-Unis qu’ils ratifient la nouvelle répartition des droits de vote au FMI et à la Banque Mondiale, comme premier pas vers un « #ordre_mondial plus équitable ». Le G7 ne s’attendait pas à une réplique aussi virulente et rapide des BRICS. Cet épisode peut donner à penser que le G20 dont le G7 et les BRICS sont les deux principaux piliers, pourrait traverser une crise sérieuse avant son prochain sommet à Brisbane (Australie) les 15 et 16 novembre, surtout si le G7 persiste à vouloir marginaliser et sanctionner la Russie. Il est à peu à peu près sûr qu’il y aura une majorité au sein du G20 pour condamner les sanctions à la Russie, ce qui de fait reviendra à isoler le G7. Dans leur communiqué les ministres des BRICS ont estimé que décider qui est membre du groupe et quelle est sa vocation revient à tous ses membres « sur un pied d’égalité » et qu’aucun de ses membres « ne peut unilatéralement déterminer sa nature et son caractère ». Les ministres appellent à résoudre la crise actuelle dans le cadre des Nations Unies « avec calme, hauteur de vue, en renonçant à un langage hostile, aux sanctions et contre-sanctions ». Un camouflet pour le G7 et l’UE ! Le G7, qui s’est mis tout seul dans une impasse, est prévenu qu’il devra faire d’importantes concessions s’il veut continuer à exercer une certaine influence au sein du G20.

    La Russie a aussi d’importants accords avec l’Occident dans le domaine de l’#armement. Le plus important est sans doute celui signé avec la France pour la fabrication dans les arsenaux français de deux porte-hélicoptères pour un montant de 1,3 milliards d’euros. Si le contrat est annulé dans le cadre des sanctions, la France devra rembourser les montants déjà payés plus les pénalités contractuelles et devra supprimer plusieurs milliers d’emplois. Le plus grave sera sans doute la perte de confiance du marché de l’armement dans l’industrie française comme l’a souligné le ministre russe de la défense.

    Il ne faut pas oublier non plus que sans l’intervention de la Russie les pays occidentaux n’auraient jamais pu aboutir à un accord avec l’Iran sur la non prolifération #nucléaire, ni avec la Syrie sur le désarmement chimique.

    Ce sont des faits que les media occidentaux passent sous silence. La réalité est qu’en raison de son arrogance, de sa méconnaissance de l’histoire, de ses maladresses, le #bloc_occidental précipite la déconstruction systémique de l’ordre mondial unipolaire et offre sur un plateau à la Russie et à la Chine, appuyée par l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et bien d’autres pays, une « fenêtre d’opportunité » unique pour renforcer l’unité d’un bloc alternatif. L’évolution était en marche mais lentement et graduellement (personne en veut donner un coup de pied dans la fourmilière et déstabiliser brusquement le système mondial), mais d’un seul coup tout s’accélère et l’interdépendance change les règles du jeu.

    #géopolitique
    et je fais le lien avec le bouquin « Fin de l’Occident Naissance du Monde » de Hervé Kempf http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article7725, par contre vu cette actualité je suis pas aussi optimiste que lui quand il dit

    L’Europe a toutes ses chances dans un avenir orienté vers une baisse de la consommation matérielle et une société tournée vers de meilleurs liens sociaux et une économie écologique : elle conserve tant bien que mal un bon appareil de solidarité collective, elle est relativement sobre énergétiquement, elle infléchit progressivement son économie vers l’écologie, elle n’est pas menaçante pour ses grands partenaires mondiaux, notamment émergents, et elle démontre par l’exemple qu’il est possible d’unir des peuples différents sans qu’ils perdent leur identité. Mais pour aller résolument dans la voie que dessine la Grande convergence, elle doit se libérer du système oligarchique dont la Commission et la soumission aux marchés financiers sont l’expression, et s’orienter vers une politique de réduction des inégalités dont l’unité fiscale est le principal moyen. De ce point de vue, la politique de la Grande-Bretagne, totalement liée aux intérêts de la City dont son économie dépend énormément, est un handicap pour la politique sociale nécessaire. Tant que la Grande-Bretagne restera aussi dépendante de la finance, elle ne peut être qu’un frein pour une Europe démocratique et écologique.

    On peut ajouter « tant que l’Europe sera aussi embourbée dans un bloc occidental en perdition ». Parce-qu’à côté de cette rupture pas très maline vis à vis de la Russie on en même temps a le #TAFTA qui se prépare.