• via #André_Gunthert
    @gunthert sur l’oiseau bleu

    #Guerre Israël-Hamas : les visages du massacre dans la bande de Gaza
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/12/les-visages-du-massacre-dans-la-bande-de-gaza_6216068_3210.html

    Ils ont été écrasés sous les bombes, abattus par un sniper au coin d’une rue, fauchés dans l’explosion d’un obus de char : des milliers de civils palestiniens sont morts dans l’opération israélienne lancée contre la bande de Gaza, il y a quatre mois, en représailles à l’attaque perpétrée par le Hamas, le 7 octobre 2023, dans le sud de l’Etat hébreu, qui a fait 1 200 morts. Censée punir le mouvement islamiste pour ce massacre, briser son pouvoir sur Gaza et libérer les otages retenus dans l’enclave, la guerre en cours, menée dans un territoire de moins de 40 kilomètres de long, où cibles civiles et militaires se confondent, a généré un autre massacre, d’ampleur inédite.

    Les autorités de santé de la bande de Gaza recensent, à ce stade, plus de 28 000 morts, dont 70 % sont des femmes et des enfants. Ce chiffre n’inclut pas les corps restés prisonniers des décombres, évalués à plusieurs milliers, et les cadavres abandonnés dans les rues. Le nombre précis de combattants parmi les morts, sûrement plusieurs milliers, est indéterminé. Au total, plus de 1 % de la population de la bande de Gaza, estimée à 2,1 millions de personnes, a été tué. « Les gens disent désormais qu’avant d’entrer dans Gaza il faut se déchausser, parce que l’on marche sur les morts », confie l’écrivain palestinien Elias Sanbar. Le Monde a retracé le parcours de neuf de ces victimes civiles, six adultes et trois enfants, âgés de 3 à 70 ans.

    Le 8 septembre 2014, Bilal Jadallah avait fait planter dix-sept oliviers dans le patio de la Maison de la presse, qu’il avait fondée un an plus tôt, en hommage aux dix-sept journalistes qui avaient trouvé la mort lors de la guerre menée, cette année-là, par Israël contre la bande de Gaza. Il appelait, déjà, la communauté internationale à faire pression sur l’Etat hébreu pour mettre un terme aux attaques contre les journalistes et leurs institutions.

    Le 19 novembre 2023, le journaliste de 45 ans est #mort en compagnie de son beau-frère, Abdul Karim Abed, dans la voiture qui les emmenait vers le sud du territoire palestinien. Les deux hommes ont été victimes du tir à bout portant d’un char israélien, posté à la sortie du centre-ville de Gaza. Un mois plus tôt, Bilal Jadallah avait décidé de mettre à l’abri son épouse et leurs quatre enfants à Khan Younès, dans le sud de la bande. Mais lui avait décidé de rester dans le centre du territoire, assiégé par les forces israéliennes.

    « De toute manière, il n’y a pas d’endroit sûr dans la bande de Gaza, le danger est partout », disait-il à son ami Atef Abu Saif, le ministre de la culture de l’#Autorité_palestinienne. « Bilal a consacré la plupart de son temps, pendant cette guerre, à transmettre des informations et des photos de Gaza aux diplomates et aux #journalistes internationaux, qu’il avait rencontrés en tant que directeur de la Maison de la presse. Dès qu’il y avait du réseau, il envoyait des messages », raconte Atef Abu Saif.

    Située dans Rimal, le quartier aisé de Gaza, la Maison de la presse fut jusqu’à la mort de son fondateur l’un des derniers lieux de vie du centre-ville, ravagé par les #bombardements. L’ultime refuge de journalistes et d’amis qui y partageaient matelas et couvertures pour la nuit, un narguilé ou quelques rations de nourriture.

    Inaugurée en 2013, vouée à la défense d’un journalisme indépendant, cette institution a formé toute une génération de jeunes reporters gazaouis. Elle fournissait aussi des équipements de protection, un soutien juridique et de l’aide financière à une profession malmenée par l’autoritarisme du Hamas et confrontée à une situation économique précaire. « Bilal représentait beaucoup pour moi, tant sur le plan professionnel que personnel… Il a été la première personne à m’aider », témoigne Plestia Alaqad, 22 ans, l’une de ces journalistes-citoyens de Gaza, devenus des vedettes d’Instagram. « J’attendais que la guerre se termine pour aller à la Maison de la presse et lui montrer mon travail. » Selon l’ONU, l’offensive israélienne à Gaza a causé la mort de 122 journalistes et professionnels des médias en quatre mois.

    Lubna Mahmoud Elian rêvait de devenir « une #violoniste de renommée internationale ». En 2021, alors qu’elle n’avait que 12 ans, c’est avec ces mots qu’elle avait convaincu le jury du Conservatoire national de musique Edward-Saïd de Gaza de lui octroyer une bourse. Lorsqu’un des membres du jury lui avait expliqué combien la maîtrise de cet instrument était difficile, la jeune fille n’avait pas hésité. « Je suis prête à relever ce défi », avait répondu l’adolescente, accompagnée de son père et de sa mère.

    Deux ans plus tard, le 21 novembre 2023, l’apprentie violoniste est morte dans un bombardement israélien sur le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, où elle avait trouvé refuge avec sa famille. Plus de quarante personnes ont péri avec elle : ses parents et ses frères, le plus jeune n’ayant que 5 mois, ses grands-parents, ses oncles et tantes et leurs enfants respectifs.

    « Lubna était partie dans le Sud sans son violon, explique sa tante, Khitam Attallah, qui vit à Londres depuis quatre ans. Comme beaucoup d’autres à Gaza, elle se disait que dans deux, trois jours, elle serait de retour chez elle. » La tante, qui avait rendu visite à sa famille à Gaza en juillet 2023, se souvient d’un soir où l’adolescente avait joué du violon : « J’ai été surprise par sa maîtrise. C’était comme si elle apprenait la musique depuis des années. »

    Mahmoud Abuwarda, un enseignant de guitare, qui fut le superviseur universitaire de Lubna, renchérit : « Elle était très motivée. Tous ses enseignants, sur place ou à distance, se souviennent d’elle pour son enthousiasme et la rapidité avec laquelle elle progressait. » Sur une photo que son professeur de violon, Yelina Radwan, a prise d’elle, Lubna porte un masque chirurgical, mais ses yeux laissent entrevoir un sourire rayonnant. « Elle étudiait avec plaisir et s’est défaite de sa timidité avec le temps », se rappelle Yelina Radwan, qui a quitté Gaza grâce à sa nationalité russe.

    Le père de Lubna, employé administratif à Gaza, responsable de l’émission des rares permis de sortie de l’enclave accordés par l’armée israélienne, s’agaçait, en riant, des bruits grinçants que sa fille sortait de son instrument, au début de ses cours. « La deuxième année, c’était le jour et la nuit, se rappelle Khamis Abushaban, assistant administratif au conservatoire, qui était en contact direct avec les parents des élèves. Je voyais dans les yeux de son père combien il était fier d’elle. »

    Quelques mois avant sa mort, Lubna avait demandé à ses professeurs de lui apprendre les bases de la composition. Elle s’était aussi inscrite dans une chorale et jouait dans deux orchestres. « Elle était obsédée par la Valse n° 2 de Chostakovitch », se souvient Mahmoud Abuwarda. Dans les messages qu’elle envoyait à sa famille à l’étranger, elle n’attendait qu’une chose : que la guerre prenne fin et qu’elle puisse retourner à son apprentissage du violon.

    Hala Khrais, 58 ans : la grand-mère au #drapeau_blanc

    Ce 12 novembre 2023, Hala Khrais mène la marche d’une trentaine de parents et voisins, dans les rues de Rimal, dans le centre de la ville de Gaza. Les membres de la petite troupe ont décidé de fuir leur quartier de résidence, trop proche de l’hôpital Al-Shifa, assiégé par l’armée israélienne. Le petit-fils préféré de Mme Khrais, Taim, tient sa main. Agé de 5 ans, il agite un drapeau blanc. Soudain, arrivée à un carrefour, sa grand-mère s’arrête, elle semble vouloir faire demi-tour. Une détonation retentit et elle s’écroule au sol, lâchant un sac de provisions.

    L’assassinat d’Hala Khrais a été filmé d’un immeuble voisin et la vidéo a été transmise anonymement au site d’information Middle East Eye, basé à Londres. Des tanks israéliens étaient stationnés plus loin, à l’ouest et au sud du carrefour, vers où Mme Khrais avançait, selon son fils. La famille est convaincue qu’elle a été victime d’un tir israélien, ce qui ne peut être établi de façon certaine. La fille cadette, Sara, qui suivait quelques pas en arrière, s’est effondrée en larmes, tandis que son frère, Mohammed, emportait leur mère. Ils l’ont enterrée dans une étroite coursive, au pied de l’immeuble où la famille s’était réfugiée.

    Les semaines qui avaient précédé la guerre comptaient parmi les plus heureuses de la vie de Hala Khrais. Le petit Taim avait fait sa rentrée à l’école élémentaire, tout fier de son cartable et de son uniforme. Hala, ancienne professeure d’arabe, jeune retraitée de 58 ans, préparait le mariage de Sara. Son seul fils, Mohammed, 22 ans, venait de décrocher son diplôme d’ingénieur informatique, ce que la famille avait célébré dans un restaurant chic de leur quartier, le Palmyra. Hala avait aussi rencontré les parents de la jeune promise de Mohammed : leurs fiançailles étaient prévues le 7 octobre 2023.

    Hala Khrais était fière lorsque d’anciens élèves – un docteur, un ingénieur – l’arrêtaient dans les rues de son quartier natal, le plus aisé de Gaza. Elle avait quitté son travail à l’école catholique privée du Patriarcat latin et acheté, en 2021, une maison proche de celles de ses sœurs. Epouse d’un ancien fonctionnaire de l’Autorité palestinienne, Hala voyageait avec les siens chaque année en Turquie ou en Egypte, pour y retrouver deux de ses filles, émigrées en Suède.

    Après sa mort, la famille a perdu brièvement la trace du petit-fils, Taim. Emmené par des voisins vers le sud de l’enclave, il a fini par être recueilli par deux tantes à Rafah, à la frontière égyptienne. Sa jeune mère, restée dans la ville de Gaza, attend que l’armée israélienne lève ses barrages pour le retrouver. « Au téléphone, Taim dit qu’il économise de l’argent pour voyager à l’étranger », raconte sa tante, Sara. « Il ne veut plus vivre à Gaza. »

    Reem Nabhan, 3 ans : la fillette à la robe jaune

    Une photographie de Reem Nabhan fournie par la famille et diffusée par CNN, le 29 novembre 2023. COLLECTION PRIVÉE VIA CNN
    « Rouh Arrouh » (la « quintessence de l’âme »). Khaled Nabhan murmure ces mots à Reem, sa petite-fille, tout en embrassant ses yeux. Le corps de l’enfant reste inerte, malgré ses étreintes. La vidéo, tournée le 22 novembre 2023, a été partagée massivement sur les réseaux sociaux. Reem et son frère Tarek, 5 ans, ont été tués dans le bombardement de leur maison, dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de la bande de Gaza. Quelques heures avant, les enfants avaient supplié leur grand-père de les autoriser à jouer dehors. Ce dernier avait refusé. Le ciel au-dessus d’eux était déchiré par les bombes, ce jour-là.

    Cette mesure de précaution n’a pas suffi. Réveillé par l’explosion, Khaled Nabhan a hurlé, tâtonnant dans le noir à la recherche de ses enfants et petits-enfants. « Ils étaient ensevelis sous les débris », a-t-il confié à la chaîne américaine CNN. Maysa, leur mère qui partageait son lit avec eux, a été blessée ainsi que sa sœur. Elle se souvient des cris de sa fille, et de son impuissance à la délivrer des gravats. Elle a perdu connaissance, alors que Reem rendait l’âme.

    Le père de la fillette travaillant à l’étranger, la famille vivait avec le grand-père maternel. Ce dernier passait beaucoup de temps avec Reem. On les voit, dans une vidéo, juchés sur un vélo, la fillette apprêtée dans une robe jaune, tout sourire. D’autres moments, captés au téléphone portable, montrent Khaled envoyant sa petite-fille dans les airs, ou les deux qui jouent à se tenir par une mèche de cheveux et un bout de barbe, refusant de lâcher.

    Trop petite pour comprendre, Reem n’avait pas vraiment conscience de la guerre. Khaled Nabhan l’imaginait déjà à l’université, le « consultant pour choisir sa spécialisation », a-t-il confié à l’agence turque Anadolu. « Je n’aurais jamais pensé que nos enfants seraient bombardés. » De sa petite-fille bien aimée, il a gardé une boucle d’oreille qu’il a placée dans une poche de sa chemise, tout près de son cœur.

    Sufyan Tayeh, 52 ans : l’enfant des camps surdiplômé

    Photographie de Sufyan Tayeh publiée par la journaliste palestinienne Maha Hussaini sur son compte X, le 2 décembre 2023. @MAHAGAZA VIA X
    La trajectoire de Sufyan Tayeh, pur produit de la méritocratie palestinienne, s’est brisée net, le 2 décembre 2023. Issu d’une famille de réfugiés, il avait grandi dans les ruelles miséreuses du camp de Jabaliya, le plus grand et le plus dense de la bande de Gaza. Elève modèle des écoles de l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, il était parvenu à intégrer l’Université islamique de Gaza, la troisième meilleure de Palestine, après An-Najah, à Naplouse, et Birzeit, en Cisjordanie occupée. « C’était un étudiant précoce, honnête et très travailleur », se remémore Akram Habib, ancien responsable du département d’anglais, joint en Turquie.

    Licencié en physique en 1994 et docteur en 2007, il décroche un poste de professeur dans son université, puis la direction du département de physique, où son envergure intellectuelle est très vite remarquée. Une étude sur les oscillations de plasma lui vaut, en 2019, le prix de la Banque islamique palestinienne pour la recherche scientifique. En 2023, aboutissement de ce parcours sans faute, il prend la présidence de l’Université islamique.

    « Malgré le blocus israélo-égyptien de l’enclave, il maintenait des partenariats avec d’autres établissements », explique la docteure Wafaa Khater, doyenne de la faculté des sciences de Birzeit. Les deux scientifiques avaient été nommés, en 2023, présidents de deux chaires de l’Unesco – un programme de renforcement des capacités dans l’enseignement supérieur –, lui dans le domaine de la physique, de l’astronomie et des études spatiales, elle sur les mathématiques et la physique théorique. « Nous avions commencé à discuter de nouvelles façons de collaborer pour organiser davantage d’activités de physique et d’astronomie pour promouvoir ces matières auprès des étudiants palestiniens, étant donné que nous avons un observatoire à Birzeit », se souvient Wafaa Khater.

    Sufyan Tayeh a été tué, le 2 décembre 2023, avec sa famille, dans un bombardement de l’armée israélienne sur Jabaliya. L’université à laquelle il avait consacré sa carrière a été détruite. « Former un scientifique pareil demande trente, quarante ans de travail… Et il faut les infrastructures. Mais nous allons continuer notre mission d’enseignement », promet Mme Khater. A défaut de continuer à transmettre son savoir, Sufyan Tayeh restera un modèle de réussite : celle d’un enfant des camps parvenu à l’excellence scientifique.

    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Cisjordanie, l’université palestinienne de Birzeit sous la pression d’Israël

    Nahida et Samar Anton, 70 et 50 ans : les paroissiennes de la Sainte-Famille

    Nahida Khalil Anton (à gauche) avec sa fille Samar Kamal Anton. Photographie postée par l’avocate des droits humains Mai El-Sadany sur son compte X, le 17 décembre 2023. @MAITELSADANY VIA X
    Symbole d’une communauté qui se meurt, l’église de la Sainte-Famille abrite les dépouilles de Nahida et Samar Anton, une mère et sa fille, abattues le 16 décembre 2023 « par un tireur d’élite israélien », selon le Patriarcat latin de Jérusalem. L’armée a nié être à l’origine des tirs qui ont tué les deux femmes. Situé au cœur de la ville de Gaza, le complexe religieux – qui englobe le lieu de culte et plusieurs autres bâtiments, dont le couvent des missionnaires de la charité de mère Teresa – est devenu, dès le début de la guerre, un refuge pour quelque 180 catholiques du territoire, rejoints par des familles chrétiennes orthodoxes. Plus de 300 personnes s’y trouvaient le 15 décembre quand les blindés israéliens ont déferlé dans le quartier de Zeitoun et pris position autour de l’édifice religieux.

    Leurs tirs, qui empêchent toute tentative de sortie, font trois premiers blessés cette nuit-là dans l’église. Le lendemain matin, un char ouvre le feu sur le couvent, endommageant la bâtisse et détruisant des panneaux solaires et des générateurs d’électricité. Puis, vers midi, le 16 décembre, un sniper tire sur Nahida, 70 ans, et Samar, 50 ans. Les deux paroissiennes se rendaient au couvent, qui abrite les seules sanitaires encore fonctionnelles. La mère s’effondre la première, puis la fille est tuée à son tour, en tentant de lui porter secours.

    « Nahida et sa fille Samar ont été abattues de sang-froid à l’intérieur des locaux de la paroisse, où il n’y avait aucun belligérant, s’est indigné, le 17 décembre, le Patriarcat latin de Jérusalem. Sept autres personnes se sont fait tirer dessus et ont été blessées alors qu’elles essayaient d’en protéger d’autres à l’intérieur de l’enceinte de l’église. »

    Les deux femmes étaient des piliers de la communauté catholique de Gaza. Samar, qui était célibataire, était la cuisinière de la maison des sœurs de mère Teresa. Le duo mère-fille était de toutes les cérémonies et de tous les événements qui rythmaient la vie de la petite communauté. Un millier de chrétiens vivaient dans la bande de Gaza avant la guerre. Selon Hammam Farah, un psychothérapeute aujourd’hui installé au Canada, dont la mère et plusieurs membres de la famille sont réfugiés dans l’église parmi quelque 600 compagnons d’infortune, quatre autres personnes y sont mortes depuis le début de la guerre : deux hommes malades, faute de traitements médicaux, et deux femmes très âgées. Le 19 octobre, le bombardement d’une annexe de l’église orthodoxe Saint-Porphyre a fait seize morts.

    Dunia Abu Muhsen, 12 ans : la collégienne orpheline

    Dunia Abu Mohsen, à l’hôpital Nasser de Khan Younès (bande de Gaza), le 31 octobre 2023. MAHMUD HAMS / AFP
    Sur une vidéo tournée dans l’hôpital Nasser, à Gaza, à la fin novembre 2023, Dunia Abu Muhsen, 12 ans, assise sur un lit, racontait son calvaire avec un calme sidérant. « Après le deuxième bombardement, je me suis réveillée au milieu de décombres. Je me suis rendu compte que ma jambe avait été coupée (…). Il y avait du sang et je n’avais pas de jambe. J’ai essayé de la bouger, mais elle ne bougeait pas. » Les images avaient été filmées par l’ONG Defence for Children International, pendant la courte trêve entre Israël et le Hamas. Trois semaines plus tard, le 17 décembre, un obus de char israélien s’est abattu sur la chambre de la jeune fille et l’a tuée sur le coup.

    Sur la vidéo, Dunia expliquait que la frappe qui lui avait pris sa jambe, survenue en octobre 2023, avait également été fatale à son père, sa mère, son frère Mohammad et sa sœur Dalia. Dans la minute suivante, avec une force de vie peu commune, l’adolescente aux beaux yeux noirs se projetait déjà dans l’avenir : « Je veux que quelqu’un m’emmène à l’étranger, dans n’importe quel pays, pour qu’on m’installe une prothèse de jambe et que je puisse marcher, comme les autres, que je puisse sortir et jouer. »

    Depuis le lancement de l’offensive militaire israélienne, les hôpitaux de la bande de Gaza sont pris pour cibles. Bombardés, assiégés, investis par l’armée, privés de carburant, d’électricité et de médicaments. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), seuls huit des trente-six hôpitaux du territoire palestinien sont encore fonctionnels. Dunia, elle, rêvait de devenir médecin afin de « pouvoir soigner d’autres enfants ». Son témoignage se terminait par une simple prière, celle de tous les enfants de Gaza : « Je ne veux qu’une chose, que la guerre prenne fin. »

    Khaled Masoud, 49 ans : le policier mélomane

    Khaled Masoud avec ses nièces Serene (à gauche) et Mariaa, dans la bande de Gaza, en octobre 2022. AHMED MASOUD
    Khaled Masoud ne voulait pas quitter Jabaliya. Ce camp de réfugiés du nord de Gaza, haut lieu de solidarité et de résistance à l’occupation israélienne, faisait partie de son identité. Dans cet entrelacs de relations de famille et de voisinage, le policier de 49 ans espérait qu’il aurait les ressources pour survivre avec ses six enfants plutôt que se retrouver sous une tente sans rien. Mais, fin décembre 2023, sa maison a été bombardée. Il s’est alors réfugié dans celle de son frère. Début janvier, un tir de sniper lui a traversé la jambe. Une photo postée sur Instagram par son autre frère, Ahmed Masoud, un écrivain basé à Londres, le montre exhibant son bandage à la cuisse.

    Le 19 janvier, Khaled Masoud est parti chercher à manger et n’est pas rentré. Sa famille le pensait coincé quelque part, en raison de l’irruption des chars israéliens dans le quartier. Mais, le 22 janvier, quand les blindés se sont retirés, ses enfants l’ont trouvé, gisant dans la rue. « Sa jambe avait été arrachée. Il respirait toujours, confie Ahmed Masoud, joint par téléphone depuis Londres. Il a rendu son dernier souffle sur la charrette qui l’amenait à l’hôpital. On aurait dit qu’il avait tenu jusqu’à ce qu’il voie ses enfants. » Khaled a agonisé, seul, sans être secouru. « Son fils aîné a eu une crise cardiaque le lendemain », ajoute Ahmed. Le jeune homme de 20 ans a survécu. Ecrasé par ce deuil, Ahmed a mis treize jours avant d’avoir des nouvelles de sa mère, coincée à Khan Younès, dans le sud, où Israël a lancé une autre offensive meurtrière. Elle ignorait que son fils Khaled avait été tué.

    Dans le camp de Jabaliya, Khaled était une figure familière. Le policier y organisait la circulation et les marchés. Il avait commencé à travailler comme menuiser. Une grosse partie de sa production de meubles s’écoulait sur le marché israélien. Mais le blocus de Gaza, décrété par Israël en 2007, à la suite de la prise de pouvoir du Hamas, avait torpillé sa petite entreprise. Il avait ensuite occupé plusieurs petits boulots avant d’entrer dans la police. Fin décembre, il écrivait à son frère : « Je pesais 97 kg, je n’en fais plus que 80. Les enfants sont à bout, leur esprit est brisé. »

    Ahmed Masoud se souvient de son grand frère comme d’un homme toujours enthousiaste. Quand il venait à Gaza, les deux allaient nager ou faire du vélo sur la corniche. Dans leur enfance, Khaled lui avait demandé 50 shekels, soit une dizaine d’euros, pour acheter un oud, le luth oriental. « “On ne sait pas en jouer”, j’ai dit. Il m’a rétorqué : “On apprendra !” Il avait un si grand amour de la vie. » Khaled improvisait des concerts chez lui, il jouait et ses filles chantaient. Il y a neuf mois, les deux frères s’étaient filmés imitant Farid El Atrache, célèbre chanteur syro-égyptien, Khaled à l’oud, Ahmed à la voix, une bouteille en plastique en guise de micro. Il aurait eu 50 ans le 29 janvier.

    Nouveau décès à l’Institut français de #Gaza
    Rami Fayyad travaillait depuis vingt ans à l’Institut français de Gaza. Il est mort, jeudi 8 février, des suites d’une maladie respiratoire, faute de médicaments disponibles en raison du blocus imposé au territoire palestinien. Diplômé de l’université Rouen-Normandie, il était doctorant en français langue étrangère (FLE), professeur de FLE et d’arabe langue étrangère, et inspecteur pour le français au ministère de l’éducation, à Gaza. Il est le deuxième professeur vacataire de l’Institut français à perdre la vie depuis le début de la guerre, après la disparition, en octobre 2023, de Fathia Azaiza, selon un message publié, dimanche, par le consulat de France à Jérusalem. Le 16 décembre, Ahmed Abu Shamla, qui travaillait depuis 2002 à l’antenne consulaire française de Gaza, est mort dans le bombardement de la maison où il s’était réfugié.

    Benjamin Barthe, Samuel Forey(Jérusalem, correspondance), Ghazal Golshiri, Louis Imbert(Jérusalem, correspondant), Clothilde Mraffko et Madjid Zerrouky

  • Blinne Ní Ghrálaigh: Lawyer’s closing statement in ICJ case against Israel praised

    This was the powerful closing statement in South Africa’s genocide case against Israel.

    Senior advocate #Blinne_Ní_Ghrálaigh addressed the International Court of Justice on day one of the hearing.

    ICJ: Blinne Ní Ghrálaigh’s powerful closing statement in South Africa case against Israel
    https://www.youtube.com/watch?v=ttrJd2aWF-Y&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.thenational.sco

    https://www.thenational.scot/news/24042943.blinne-ni-ghralaigh-lawyers-closing-statement-icj-case-israel

    #Cour_internationale_de_justice (#CIJ) #Israël #Palestine #Afrique_du_Sud #justice #génocide

    • Israël commet-il un génocide à #Gaza ? Le compte rendu d’une #audience historique

      Alors que les massacres israéliens à Gaza se poursuivent, l’Afrique du Sud a tenté de démontrer, jeudi 11 et vendredi 12 janvier devant la justice onusienne, qu’un génocide est en train d’être commis par Israël à Gaza.

      « Une #calomnie », selon l’État hébreu.

      Devant le palais de la Paix de #La_Haye (Pays-Bas), la bataille des #mots a commencé avant même l’audience. Jeudi 11 janvier au matin, devant la #Cour_de_justice_internationale_des_Nations_unies, des manifestants propalestiniens ont exigé un « cessez-le-feu immédiat » et dénoncé « l’#apartheid » en cours au Proche-Orient. Face à eux, des familles d’otages israélien·nes ont montré les photos de leurs proches kidnappés le 7 octobre par le Hamas.

      Pendant deux jours, devant 17 juges internationaux, alors que les massacres israéliens à Gaza continuent de tuer, de déplacer et de mutiler des civils palestiniens (à 70 % des femmes et des enfants, selon les agences onusiennes), le principal organe judiciaire des Nations unies a examiné la requête, précise et argumentée, de l’Afrique du Sud, destinée à imposer au gouvernement israélien des « #mesures
      _conservatoires » pour prévenir un génocide de la population palestinienne de Gaza.

      La première et plus urgente de ces demandes est l’arrêt immédiat des #opérations_militaires israéliennes à Gaza. Les autres exigent des mesures urgentes pour cesser les tueries, les déplacements de population, faciliter l’accès à l’eau et à la nourriture, et prévenir tout génocide.

      La cour a aussi entendu les arguments d’Israël, qui nie toute #intention_génocidaire et a martelé son « #droit_à_se_défendre, reconnu par le droit international ».

      L’affaire ne sera pas jugée sur le fond avant longtemps. La décision sur les « mesures conservatoires », elle, sera rendue « dès que possible », a indiqué la présidente de la cour, l’États-Unienne #Joan_Donoghue.

      Rien ne dit que les 17 juges (dont un Sud-Africain et un Israélien, Aharon Barak, ancien juge de la Cour suprême israélienne, de réputation progressiste mais qui n’a jamais critiqué la colonisation israélienne) donneront raison aux arguments de l’Afrique du Sud, soutenue dans sa requête par de nombreux États du Sud global. Et tout indique qu’une décision sanctionnant Israël serait rejetée par un ou plusieurs #vétos au sein du #Conseil_de_sécurité des Nations unies.

      Cette #audience solennelle, retransmise sur le site de l’ONU (revoir les débats du jeudi 11 et ceux du vendredi 12), et relayée par de nombreux médias internationaux, a pourtant revêtu un caractère extrêmement symbolique, où se sont affrontées deux lectures radicalement opposées de la tragédie en cours à Gaza.

      « Israël a franchi une limite »

      Premier à prendre la parole, l’ambassadeur sud-africain aux Pays-Bas, #Vusi_Madonsela, a d’emblée replacé « les actes et omissions génocidaires commis par l’État d’Israël » dans une « suite continue d’#actes_illicites perpétrés contre le peuple palestinien depuis 1948 ».

      Face aux juges internationaux, il a rappelé « la Nakba du peuple palestinien, conséquence de la #colonisation_israélienne qui a [...] entraîné la #dépossession, le #déplacement et la #fragmentation systématique et forcée du peuple palestinien ». Mais aussi une « #occupation qui perdure depuis cinquante-six ans, et le siège de seize ans imposé [par Israël] à la bande de Gaza ».

      Il a décrit un « régime institutionnalisé de lois, de politiques et de pratiques discriminatoires, mises en place [par Israël – ndlr] pour établir sa #domination et soumettre le peuple palestinien à un apartheid », dénonçant des « décennies de violations généralisées et systématiques des #droits_humains ».

      « En tendant la main aux Palestiniens, nous faisons partie d’une seule humanité », a renchéri le ministre de la justice sud-africain, #Ronald_Ozzy_Lamola, citant l’ancien président Nelson Mandela, figure de la lutte contre l’apartheid dans son pays.

      D’emblée, il a tenté de déminer le principal argument du gouvernement israélien, selon lequel la procédure devant la Cour internationale de justice est nulle et non avenue, car Israël mènerait une #guerre_défensive contre le #Hamas, au nom du #droit_à_la_légitime_défense garanti par l’article 51 de la charte des Nations unies – un droit qui, selon la Cour internationale de justice, ne s’applique pas aux #Territoires_occupés. « Gaza est occupée. Israël a gardé le contrôle de Gaza. [...] Ses actions renforcent son occupation : la légitime défense ne s’applique pas », insistera un peu plus tard l’avocat Vaughan Lowe.

      « L’Afrique du Sud, affirme le ministre sud-africain, condamne de manière catégorique la prise pour cibles de civils par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens le 7 octobre 2023. Cela étant dit, aucune attaque armée contre le territoire d’un État, aussi grave soit-elle, même marquée par la commission des #crimes atroces, ne saurait constituer la moindre justification ni le moindre prétexte, pour se rendre coupable d’une violation, ni sur le plan juridique ni sur le plan moral », de la #convention_des_Nations_unies_pour_la_prévention_et_la_répression_du_crime_de_génocide, dont est accusé l’État hébreu.

      « La réponse d’Israël à l’attaque du 7 octobre, a-t-il insisté, a franchi cette limite. »

      Un « génocide » au caractère « systématique »

      #Adila_Hassim, principale avocate de l’Afrique du Sud, s’est évertuée à démontrer méthodiquement comment Israël a « commis des actes relevant de la définition d’#actes_de_génocide », dont elle a martelé le caractère « systématique ».

      « Les Palestiniens sont tués, risquent la #famine, la #déshydratation, la #maladie, et ainsi la #mort, du fait du siège qu’Israël a organisé, de la #destruction des villes, d’une aide insuffisante autorisée à atteindre la population, et de l’impossibilité à distribuer cette maigre aide sous les #bombardements incessants, a-t-elle énuméré. Tout ceci rend impossible d’avoir accès aux éléments essentiels de la vie. »

      Adila Hassim s’est attelée à démontrer en quoi la #guerre israélienne cochait les cases du génocide, tel qu’il est défini à l’article 2 de la convention onusienne : « Des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. »

      Le « meurtre des membres du groupe », premier élément du génocide ? Adila Hassim évoque le « meurtre de masse des Palestiniens », les « 23 000 victimes dont 70 % sont des femmes ou des enfants », et « les 7 000 disparus, présumés ensevelis sous les décombres ». « Il n’y a pas de lieu sûr à Gaza », dit-elle, une phrase empruntée aux responsables de l’ONU, répétée de nombreuses fois par la partie sud-africaine.

      Hasssim dénonce « une des campagnes de bombardement les plus lourdes dans l’histoire de la guerre moderne » : « 6 000 bombes par semaine dans les trois premières semaines », avec des « #bombes de 900 kilos, les plus lourdes et les plus destructrices », campagne qui vise habitations, abris, écoles, mosquées et églises, dans le nord et le sud de la bande de Gaza, camps de réfugié·es inclus.

      « Les Palestiniens sont tués quand ils cherchent à évacuer, quand ils n’ont pas évacué, quand ils ont pris la #fuite, même quand ils prennent les itinéraires présentés par Israël comme sécurisés. (...) Des centaines de familles plurigénérationelles ont été décimées, personne n’ayant survécu (...) Personne n’est épargné, pas même les nouveau-nés (...) Ces massacres ne sont rien de moins que la #destruction_de_la_vie_palestinienne, infligée de manière délibérée. » Selon l’avocate, il existe bien une #intention_de_tuer. « Israël, dit-elle, sait fort bien combien de civils perdent leur vie avec chacune de ces bombes. »

      L’« atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe », et la « soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle », autres éléments constitutifs du génocide ? Adila Hassim évoque « la mort et la #mutilation de 60 000 Palestiniens », les « civils palestiniens arrêtés et emmenés dans une destination inconnue », et détaille le « #déplacement_forcé de 85 % des Palestiniens de Gaza » depuis le 13 octobre, sans retour possible pour la plupart, et qui « répète une longue #histoire de #déplacements_forcés de masse ».

      Elle accuse Israël de « vise[r] délibérément à provoquer la faim, la déshydratation et l’inanition à grande échelle » (93 % de la population souffrent d’un niveau critique de faim, selon l’Organisation mondiale de la santé), l’aide empêchée par les bombardements et qui « ne suffit tout simplement pas », l’absence « d’eau propre », le « taux d’épidémies et de maladies infectieuses qui s’envole », mais aussi « les attaques de l’armée israélienne prenant pour cible le système de santé », « déjà paralysé par des années de blocus, impuissant face au nombre de blessures ».

      Elle évoque de nombreuses « naissances entravées », un autre élément constitutif du génocide.

      « Les génocides ne sont jamais annoncés à l’avance, conclut-elle. Mais cette cour a devant elle 13 semaines de #preuves accumulées qui démontrent de manière irréfutable l’existence d’une #ligne_de_conduite, et d’#intentions qui s’y rapportent, justifiant une allégation plausible d’actes génocidaires. »

      Une « #déshumanisation_systématique » par les dirigeants israéliens

      Un autre avocat s’avance à la barre. Après avoir rappelé que « 1 % de la population palestinienne de Gaza a été systématiquement décimée, et qu’un Gazaoui sur 40 a été blessé depuis le 7 octobre », #Tembeka_Ngcukaitobi décortique les propos des autorités israéliennes.

      « Les dirigeants politiques, les commandants militaires et les représentants de l’État d’Israël ont systématiquement et explicitement exprimé cette intention génocidaire, accuse-t-il. Ces déclarations sont ensuite reprises par des soldats, sur place à Gaza, au moment où ils anéantissent la population palestinienne et l’infrastructure de Gaza. »

      « L’intention génocidaire spécifique d’Israël, résume-t-il, repose sur la conviction que l’ennemi n’est pas simplement le Hamas, mais qu’il est à rechercher au cœur même de la société palestinienne de Gaza. »

      L’avocat multiplie les exemples, encore plus détaillés dans les 84 pages de la requête sud-africaine, d’une « intention de détruire Gaza aux plus hauts rangs de l’État » : celle du premier ministre, #Benyamin_Nétanyahou, qui, à deux reprises, a fait une référence à #Amalek, ce peuple que, dans la Bible (I Samuel XV, 3), Dieu ordonne d’exterminer ; celle du ministre de la défense, qui a comparé les Palestiniens à des « #animaux_humains » ; le président israélien #Isaac_Herzog, qui a jugé « l’entièreté de la nation » palestinienne responsable ; celle du vice-président de la Knesset, qui a appelé à « l’anéantissement de la bande de Gaza » (des propos condamnés par #Nétanyahou) ; ou encore les propos de nombreux élus et députés de la Knesset appelant à la destruction de Gaza.

      Une « déshumanisation systématique », dans laquelle les « civils sont condamnés au même titre que le Hamas », selon Tembeka Ngcukaitobi.

      « L’intention génocidaire qui anime ces déclarations n’est nullement ambiguë pour les soldats israéliens sur le terrain : elle guide leurs actes et leurs objectifs », poursuit l’avocat, qui diffuse devant les juges des vidéos où des soldats font eux aussi référence à Amalek, « se filment en train de commettre des atrocités contre les civils à Gaza à la manière des snuff movies », ou écoutent un réserviste de 95 ans les exhorter à « tirer une balle » sur leur « voisin arabe » et les encourager à une « destruction totale ».

      L’avocat dénonce le « manquement délibéré de la part du gouvernement à son obligation de condamner, de prévenir et de réprimer une telle incitation au génocide ».

      Après une plaidoirie technique sur la capacité à agir de l’Afrique du Sud, #John_Dugard insiste : « Gaza est devenu un #camp_de_concentration où un génocide est en cours. »

      L’avocat sud-africain #Max_du_Plessis exhorte la cour à agir face à Israël, qui « depuis des années (...) s’estime au-delà et au-dessus de la loi », une négligence du droit rendue possible par l’#indifférence de la communauté internationale, qui a su, dans d’autres conflits (Gambie, Bosnie, Ukraine) décider qu’il était urgent d’agir.

      « Gaza est devenu inhabitable », poursuit l’avocate irlandaise #Blinne_Ni_Ghralaigh. Elle énumère d’autres chiffres : « Au rythme actuel », égrène-t-elle, « 247 Palestiniens tués en moyenne chaque jour », dont « 48 mères » et « plus de 117 enfants », et « 629 blessés ». Elle évoque ces enfants dont toute la famille a été décimée, les secouristes, les enseignants, les universitaires et les journalistes tués dans des proportions historiques.

      « Il s’agit, dit-elle, du premier génocide de l’Histoire dont les victimes diffusent leur propre destruction en temps réel, dans l’espoir vain que le monde fasse quelque chose. » L’avocate dévoile à l’écran les derniers mots du docteur #Mahmoud_Abu_Najela (Médecins sans frontières), tué le 23 novembre à l’hôpital Al-Awda, écrits au feutre sur un tableau blanc : « À ceux qui survivront. Nous avons fait ce que nous pouvons. Souvenez-vous de nous. »

      « Le monde, conclut Blinne Ni Ghralaigh, devrait avoir #honte. »

      La réponse d’Israël : une « calomnie »

      Vendredi 12 janvier, les représentants d’Israël se sont avancés à la barre. Leur argumentation a reposé sur deux éléments principaux : un, la Cour internationale de justice n’a pas à exiger de « mesures conservatoires » car son armée ne commet aucun génocide ; deux, si génocide il y a, il a été commis par le Hamas le 7 octobre 2023.

      Premier à prendre la parole, #Tal_Becker, conseiller juridique du ministère des affaires étrangères israélien, invoque l’Histoire, et le génocide infligé aux juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, « le meurtre systématique de 6 millions de juifs dans le cadre d’une destruction totale ».

      « Israël, dit-il, a été un des premiers États à ratifier la convention contre le génocide. » « Pour Israël, insiste-t-il, “#jamais_plus” n’est pas un slogan, c’est une #obligation_morale suprême. »

      Dans « une époque où on fait bon marché des mots, à l’heure des politiques identitaires et des réseaux sociaux », il dénonce une « #instrumentalisation » de la notion de génocide contre Israël.

      Il attaque une présentation sud-africaine « totalement dénaturée des faits et du droit », « délibérément manipulée et décontextualisée du conflit actuel », qualifiée de « calomnie ».

      Alors que les avocats sud-africains avaient expliqué ne pas intégrer les massacres du Hamas dans leur requête devant la justice onusienne, car « le Hamas n’est pas un État », Tal Becker estime que l’Afrique du Sud « a pris le parti d’effacer l’histoire juive et tout acte ou responsabilité palestiniens », et que les arguments avancés « ne se distinguent guère de ceux opposés par le Hamas dans son rejet d’Israël ». « L’Afrique du Sud entretient des rapports étroits avec le Hamas » et le « soutient », accuse-t-il.

      « C’est une guerre qu’Israël n’a pas commencée », dit-il en revenant longuement, images et enregistrements à l’appui, sur les atrocités commises par le Hamas et d’autres groupes palestiniens le 7 octobre, « le plus important massacre de juifs en un jour depuis la #Shoah ».

      « S’il y a eu des actes que l’on pourrait qualifier de génocidaires, [ils ont été commis] contre Israël », dit-il, évoquant le « #programme_d’annihilation » des juifs par le Hamas. « Israël ne veut pas détruire un peuple, poursuit-il. Mais protéger un peuple : le sien. »

      Becker salue les familles d’otages israéliens présentes dans la salle d’audience, et montre certains visages des 130 personnes kidnappées dont le pays est toujours sans nouvelle. « Y a-t-il une raison de penser que les personnes que vous voyez à l’écran ne méritent pas d’être protégées ? », interroge-t-il.

      Pour ce représentant de l’État israélien, la demande sud-africaine de mesures conservatoires revient à priver le pays de son droit à se défendre.

      « Israël, poursuit-il, se défend contre le Hamas, le Djihad palestinien et d’autres organisations terroristes dont la brutalité est sans limite. Les souffrances sont tragiques, sont déchirantes. Les conséquences sont parfaitement atroces pour les civils du fait du comportement du Hamas, qui cherche à maximiser les pertes de civils alors qu’Israël cherche à les minorer. »

      Becker s’attarde sur la « #stratégie_méprisable » du Hamas, une « méthode de guerre intégrée, planifiée, de grande ampleur et odieuse ». Le Hamas, accuse-t-il, « a, de manière systématique, fondu ses opérations militaires au sein de zones civiles densément peuplées », citant écoles, mosquées et hôpitaux, des « milliers de bâtiments piégés » et « utilisés à des fins militaires ».

      Le Hamas « a fait entrer une quantité innombrable d’armes, a détourné l’aide humanitaire ». Remettant en cause le chiffre « non vérifié » de 23 000 victimes (pourtant confirmé par les Nations unies), Tal Becker estime que de nombreuses victimes palestiniennes sont des « militants » qui ont pu prendre « une part directe aux hostilités ». « Israël respecte le droit », martèle-t-il. « Si le Hamas abandonne cette stratégie, libère les otages, hostilités et violences prendront fin. »

      Ponte britannique du droit, spécialiste des questions juridiques liées aux génocides, #Malcom_Shaw embraie, toujours en défense d’Israël. Son discours, technique, est parfois interrompu. Il se perd une première fois dans ses notes, puis soupçonne un membre de son équipe d’avoir « pris [sa] #plaidoirie pour un jeu de cartes ».

      Shaw insiste : « Un conflit armé coûte des vies. » Mais Israël, dit-il, « a le droit de se défendre dans le respect du #droit_humanitaire », citant à l’audience les propos de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 19 octobre 2023. Il poursuit : « L’#usage_de_la_force ne peut constituer en soi un acte génocidaire. » « Israël, jure-t-il, ne cible que les cibles militaires, et ceci de manière proportionnée dans chacun des cas. »

      « Peu d’éléments démontrent qu’Israël a eu, ou a, l’intention de détruire tout ou partie du peuple palestinien », plaide-t-il. Shaw estime que nombre de propos tenus par des politiciens israéliens ne doivent pas être pris en compte, car ils sont « pris au hasard et sont sortis de leur contexte », parce qu’ils témoignent d’une « #détresse » face aux massacres du 7 octobre, et que ceux qui les ont prononcés n’appartiennent pas aux « autorités pertinentes » qui prennent les décisions militaires, à savoir le « comité ministériel chargé de la sécurité nationale » et le « cabinet de guerre ».

      Pour étayer son argumentation, Shaw cite des directives (non publiques) de Benyamin Nétanyahou destinées, selon lui, à « éviter un désastre humanitaire », à proposer des « solutions pour l’approvisionnement en eau », « promouvoir la construction d’hôpitaux de campagne au sud de la bande de Gaza » ; les déclarations publiques de Benyamin Nétanyahou à la veille de l’audience (« Israël n’a pas l’intention d’occuper de façon permanente la bande de Gaza ou de déplacer sa population civile ») ; d’autres citations du ministre de la défense qui assure ne pas s’attaquer au peuple palestinien dans son ensemble.

      « La requête de l’Afrique du Sud brosse un tableau affreux, mais incomplet et profondément biaisé », renchérit #Galit_Rajuan, conseillère au ministère de la justice israélien, qui revient longuement sur les #responsabilités du Hamas, sa stratégie militaire au cœur de la population palestinienne. « Dans chacun des hôpitaux que les forces armées israéliennes ont fouillés à Gaza, elles ont trouvé des preuves d’utilisation militaire par le Hamas », avance-t-elle, des allégations contestées.

      « Certes, des dommages et dégâts ont été causés par les hostilités dans les hôpitaux, parfois par les forces armées israéliennes, parfois par le Hamas, reconnaît-elle, mais il s’agit des conséquences de l’utilisation odieuse de ces hôpitaux par le Hamas. »

      Rajuan martèle enfin qu’Israël cherche à « atténuer les dommages causés aux civils » et à « faciliter l’aide humanitaire ». Des arguments connus, que de très nombreuses ONG, agences des Nations unies et journalistes gazaouis présents sur place réfutent régulièrement, et que les journalistes étrangers ne peuvent pas vérifier, faute d’accès à la bande de Gaza.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/120124/israel-commet-il-un-genocide-gaza-le-compte-rendu-d-une-audience-historiqu

    • Gaza, l’accusa di genocidio a Israele e la credibilità del diritto internazionale

      Il Sudafrica ha chiesto l’intervento della Corte internazionale di giustizia dell’Aja per presunte violazioni di Israele della Convenzione sul genocidio del 1948. Triestino Mariniello, docente di Diritto penale internazionale alla John Moores University di Liverpool, presente alla storica udienza, aiuta a comprendere il merito e le prospettive

      “Quello che sta succedendo all’Aja ha un significato che va oltre gli eventi in corso nella Striscia di Gaza. Viviamo un momento storico in cui la Corte internazionale di giustizia (Icj) ha anche la responsabilità di confermare se il diritto internazionale esiste ancora e se vale alla stessa maniera per tutti i Paesi, del Nord e del Sud del mondo”. A parlare è Triestino Mariniello, docente di Diritto penale internazionale alla John Moores University di Liverpool, già nel team legale delle vittime di Gaza di fronte alla Corte penale internazionale (Icc), che ha sede sempre all’Aja.

      Non vanno confuse: l’aula di tribunale ripresa dalle tv di tutto il mondo l’11 e il 12 gennaio scorsi, infatti, con il team legale sudafricano schierato contro quello israeliano, è quella della Corte internazionale di giustizia, il massimo organo giudiziario delle Nazioni Unite, che si esprime sulle controversie tra Stati. L’Icc, invece, è indipendente e legifera sulle responsabilità penali individuali.

      Il 29 dicembre scorso il Sudafrica ha chiesto l’intervento della prima per presunte violazioni da parte di Israele della Convenzione sul genocidio del 1948, nei confronti dei palestinesi della Striscia di Gaza. Un’udienza storica a cui Mariniello era presente.

      Professore, qual era innanzi tutto l’atmosfera?
      TM A mia memoria mai uno strumento del diritto internazionale ha avuto tanto sostegno e popolarità. C’erano centinaia, probabilmente migliaia di persone all’esterno della Corte, emittenti di tutto il mondo e apparati di sicurezza, inclusi droni ed elicotteri. Sentire anche le tv più conservatrici, come quelle statunitensi, parlare di Palestina e genocidio faceva comprendere ancora di più l’importanza storica dell’evento.

      In estrema sintesi, quali sono gli elementi più importanti della tesi sudafricana?
      TM Il Sudafrica sostiene che Israele abbia commesso atti di genocidio contro la popolazione di Gaza, ciò significa una serie di azioni previste dall’articolo 2 della Convenzione sul genocidio, effettuate con l’intento di distruggere del tutto o in parte un gruppo protetto, in questo caso i palestinesi di Gaza. Questi atti, per il Sudafrica, sono omicidi di massa, gravi lesioni fisiche o mentali e l’imposizione di condizioni di vita volte a distruggere i palestinesi, come l’evacuazione forzata di circa due milioni di loro, la distruzione di quasi tutto il sistema sanitario della Striscia, l’assedio totale all’inizio della guerra e la privazione di beni essenziali per la sopravvivenza. Ciò che caratterizza un genocidio rispetto ad altri crimini internazionali è il cosiddetto “intento speciale”, la volontà cioè di voler distruggere del tutto o in parte un gruppo protetto. È l’elemento più difficile da provare, ma credo che il Sudafrica in questo sia riuscito in maniera solida e convincente. Sia in aula sia all’interno della memoria di 84 pagine presentata, vi sono, infatti, una serie di dichiarazioni dei leader politici e militari israeliani, che proverebbero tale intento. Come quella del premier Benjamin Netanyahu che, a inizio guerra, ha invocato la citazione biblica di Amalek, che sostanzialmente significa: “Uccidete tutti gli uomini, le donne, i bambini e gli animali”. O una dichiarazione del ministro della Difesa, Yoav Gallant, che ha detto che a Gaza sono tutti “animali umani”. Queste sono classiche dichiarazioni deumanizzanti e la deumanizzazione è un passaggio caratterizzante tutti i genocidi che abbiamo visto nella storia dell’umanità.

      Qual è stata invece la linea difensiva israeliana?
      TM Diciamo che l’impianto difensivo di Israele è basato su tre pilastri: il fatto che quello di cui lo si accusa è stato eseguito da Hamas il 7 ottobre; il concetto di autodifesa, cioè che quanto fatto a Gaza è avvenuto in risposta a tale attacco e, infine, che sono state adottate una serie di precauzioni per limitare l’impatto delle ostilità sulla popolazione civile. Israele, inoltre, ha sollevato il tema della giurisdizione della Corte, mettendola in discussione, in quanto non vi sarebbe una disputa in corso col Sudafrica. Su questo la Corte si dovrà pronunciare, ma a tal proposito è stato ricordato come Israele sia stato contattato dal Sudafrica in merito all’accusa di genocidio e non abbia risposto. Questo, per l’accusa, varrebbe come disputa in corso.

      Che cosa chiede il Sudafrica?
      TM In questo momento l’accusa non deve dimostrare che sia stato commesso un genocidio, ma che sia plausibile. Questa non è un’udienza nel merito, siamo in una fase d’urgenza, ma di richiesta di misure cautelari. Innanzitutto chiede il cessate fuoco, poi la rescissione di tutti gli ordini che possono costituire atti di genocidio. Si domanda alla Corte di imporre un ordine a Israele per preservare tutte le prove che potrebbero essere utili per indagini future e di porre fine a tutti gli atti di cui il Sudafrica lo ritiene responsabile.

      Come valuta le due memorie?
      TM La deposizione del Sudafrica è molto solida e convincente, sia in merito agli atti genocidi sia all’intento genocidiario. E credo che anche alla luce dei precedenti della Corte lasci veramente poco spazio di manovra. Uno dei punti di forza è che fornisce anche una serie di prove in merito a quello che è successo e che sta accadendo a Gaza: le dichiarazioni dei politici israeliani, cioè, hanno ricevuto un’implementazione sul campo. Sono stati mostrati dei video di militari, ad esempio, che invocavano Amalek, la citazione di Netanyahu.

      In realtà il Sudafrica non si limita allo scontro in atto, ma parla di una sorta Nakba (l’esodo forzato dei palestinesi) ininterrotto.
      TM Ogni giurista dovrebbe sempre analizzare qualsiasi ostilità all’interno di un contesto e per questo il Sudafrica fa riferimento a 75 anni di Nakba, a 56 di occupazione militare israeliana e a 16 anni di assedio della Striscia.

      Come valuta la difesa israeliana?
      TM Come detto, tutto viene ricondotto all’attacco di Hamas del 7 ottobre e a una risposta di autodifesa rispetto a tale attacco. Ma esiste sempre un contesto per il diritto penale internazionale e l’autodifesa -che per uno Stato occupante non può essere invocata- non può comunque giustificare un genocidio. L’altro elemento sottolineato dal team israeliano, delle misure messe in atto per ridurre l’impatto sui civili, è sembrato più retorico che altro: quanto avvenuto negli ultimi tre mesi smentisce tali dichiarazioni. Basti pensare alla privazione di beni essenziali e a tutte le informazioni raccolte dalle organizzazioni internazionali e dagli organismi delle Nazioni Unite. A Gaza non esistono zone sicure, ci sono stati casi in cui la popolazione evacuata, rifugiatasi nelle zone indicate da Israele, è stata comunque bombardata.

      Ora che cosa pensa succederà?
      TM La mia previsione è che la Corte si pronuncerà sulle misure cautelari entro la fine di gennaio e l’inizio di febbraio, quando alcuni giudici decadranno e saranno sostituiti. In alcuni casi ha impiegato anche solo otto giorni per pronunciarsi. Ora ci sono delle questioni procedurali, altri Stati stanno decidendo di costituirsi a sostegno di Israele o del Sudafrica.

      Che cosa implica tale sostegno?
      TM La possibilità di presentare delle memorie. La Germania sosterrà Israele, il Brasile, i Paesi della Lega Araba, molti Stati sudamericani, ma non solo, si stanno schierando con il Sudafrica.

      Il ministro degli Esteri italiano, Antonio Tajani, ha dichiarato che non si tratta di genocidio.
      TM L’Italia non appoggerà formalmente Israele dinnanzi all’Icj. La Francia sarà neutrale. I Paesi del Global South stanno costringendo quelli del Nord a verificare la credibilità del diritto internazionale: vale per tutti o è un diritto à la carte?

      Se la Corte decidesse per il cessate il fuoco, quali sarebbero le conseguenze, visto che non ha potere politico?
      TM Il parere della Corte è giuridicamente vincolante. Il problema è effettivamente di esecuzione: nel caso di un cessate il fuoco, se non fosse Israele ad attuarlo, dovrebbe intervenire il Consiglio di sicurezza.

      Con il rischio del veto statunitense.
      TM Siamo sul terreno delle speculazioni, ma se la Corte dovesse giungere alla conclusione che Israele è responsabile di un genocidio a Gaza, onestamente riterrei molto difficile un altro veto degli Stati Uniti. È difficile al momento prevedere gli effetti dirompenti di un’eventuale decisione positiva della Corte. Certo è che, quando si parla di Israele, la comunità internazionale, nel senso dei Paesi occidentali, ha creato uno stato di eccezione, che ha sempre posto Israele al di sopra del diritto internazionale, senza rendersi conto che le situazioni violente che viviamo in quel contesto sono il frutto di questo eccezionalismo anche a livello giuridico. Fino a quando si andrà avanti con questo contesto di impunità non finiranno le spirali di violenza.

      https://altreconomia.it/gaza-laccusa-di-genocidio-a-israele-e-la-credibilita-del-diritto-intern

    • La Cour internationale de justice ordonne à Israël d’empêcher un génocide à Gaza

      Selon la plus haute instance judiciaire internationale, « il existe un #risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé » aux Palestiniens de Gaza. La Cour demande à Israël de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission […] de tout acte » de génocide. Mais n’appelle pas au cessez-le-feu.

      Même si elle n’a aucune chance d’être appliquée sur le terrain, la #décision prise vendredi 26 janvier par la plus haute instance judiciaire des Nations unies marque incontestablement un tournant dans la guerre au Proche-Orient. Elle intervient après quatre mois de conflit déclenché par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a fait plus de 1 200 morts et des milliers de blessés, conduit à la prise en otage de 240 personnes, et entraîné l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, dont le dernier bilan s’élève à plus de 25 000 morts.

      La Cour internationale de justice (CIJ), basée à La Haye (Pays-Bas), a expliqué, par la voix de sa présidente, la juge Joan Donoghue, « être pleinement consciente de l’ampleur de la #tragédie_humaine qui se joue dans la région et nourri[r] de fortes #inquiétudes quant aux victimes et aux #souffrances_humaines que l’on continue d’y déplorer ». Elle a ordonné à Israël de « prendre toutes les #mesures en son pouvoir pour prévenir la commission à l’encontre des Palestiniens de Gaza de tout acte » de génocide.

      « Israël doit veiller avec effet immédiat à ce que son armée ne commette aucun des actes » de génocide, affirme l’#ordonnance. Elle « considère également qu’Israël doit prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à l’encontre des membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza ».

      La cour de La Haye, saisie à la suite d’une plainte de l’Afrique du Sud, demande « en outre » à l’État hébreu de « prendre sans délai des #mesures_effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’#aide_humanitaire requis de toute urgence afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ».

      Enfin, l’ordonnance de la CIJ ordonne aux autorités israéliennes de « prendre des mesures effectives pour prévenir la destruction et assurer la conservation des #éléments_de_preuve relatifs aux allégations d’actes » de génocide.

      La juge #Joan_Donoghue, qui a donné lecture de la décision, a insisté sur son caractère provisoire, qui ne préjuge en rien de son futur jugement sur le fond des accusations d’actes de génocide. Celles-ci ne seront tranchées que dans plusieurs années, après instruction.

      La cour « ne peut, à ce stade, conclure de façon définitive sur les faits » et sa décision sur les #mesures_conservatoires « laisse intact le droit de chacune des parties de faire valoir à cet égard ses moyens » en vue des audiences sur le fond, a-t-elle poursuivi.

      Elle considère cependant que « les faits et circonstances » rapportés par les observateurs « suffisent pour conclure qu’au moins certains des droits » des Palestiniens sont mis en danger et qu’il existe « un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé ».

      Environ 70 % de #victimes_civiles

      La CIJ avait été saisie le 29 décembre 2023 par l’Afrique du Sud qui, dans sa requête, accuse notamment Israël d’avoir violé l’article 2 de la Convention de 1948 sur le génocide, laquelle interdit, outre le meurtre, « l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe » visé par le génocide, l’imposition de « conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle » ou encore les « mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ».

      Le recours décrit longuement une opération militaire israélienne qualifiée d’« exceptionnellement brutale », « tuant des Palestiniens à Gaza, incluant une large proportion de femmes et d’enfants – pour un décompte estimé à environ 70 % des plus de 21 110 morts [au moment de la rédaction du recours par l’Afrique du Sud – ndlr] –, certains d’entre eux apparaissant avoir été exécutés sommairement ».

      Il soulignait également les conséquences humanitaires du déplacement massif des populations et de la destruction massive de logements et d’équipements publics, dont des écoles et des hôpitaux.

      Lors des deux demi-journées d’audience, jeudi 11 et vendredi 12 janvier, le conseiller juridique du ministère des affaires étrangères israélien, Tal Becker, avait dénoncé une « instrumentalisation » de la notion de génocide et qualifié l’accusation sud-africaine de « calomnie ».

      « C’est une guerre qu’Israël n’a pas commencée », avait poursuivi le représentant israélien, affirmant que « s’il y a eu des actes que l’on pourrait qualifier de génocidaires, [ils ont été commis] contre Israël ». « Israël ne veut pas détruire un peuple mais protéger un peuple : le sien. »
      Gaza, « lieu de mort et de désespoir »

      La CIJ, de son côté, a fondé sa décision sur les différents rapports et constatations fournis par des organisations internationales. Elle cite notamment la lettre du 5 janvier 2024 du secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, décrivant la bande de Gaza comme un « lieu de mort et de désespoir ».

      L’ordonnance rappelle qu’un communiqué de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du 21 décembre 2023 s’alarmait du fait que « 93 % de la population de Gaza, chiffre sans précédent, est confrontée à une situation de crise alimentaire ».

      Le 12 janvier 2024, c’est l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui lançait un cri d’alerte. « Cela fait maintenant 100 jours que cette guerre dévastatrice a commencé, que la population de Gaza est décimée et déplacée, suite aux horribles attaques perpétrées par le Hamas et d’autres groupes contre la population en Israël », s’alarmait-il.

      L’ordonnance souligne, en miroir, les multiples déclarations de responsables israéliens assumant une répression sans pitié dans la bande de Gaza, si nécessaire au prix de vies civiles. Elle souligne que des rapporteurs spéciaux des Nations unies ont même pu s’indigner de « la rhétorique manifestement génocidaire et déshumanisante de hauts responsables du gouvernement israélien ».

      La CIJ pointe par exemple les propos du ministre de la défense Yoav Gallant du 9 octobre 2023 annonçant « un siège complet de la ville de Gaza », avant d’affirmer : « Nous combattons des animaux humains. »

      Le 12 octobre, c’est le président israélien Isaac Herzog qui affirmait : « Tous ces beaux discours sur les civils qui ne savaient rien et qui n’étaient pas impliqués, ça n’existe pas. Ils auraient pu se soulever, ils auraient pu lutter contre ce régime maléfique qui a pris le contrôle de Gaza. »

      Et, à la vue des intentions affichées par les autorités israéliennes, les opérations militaires dans la bande de Gaza ne sont pas près de s’arrêter. « La Cour considère que la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza risque fort de se détériorer encore avant qu’elle rende son arrêt définitif », affirme l’ordonnance.

      « À la lumière de ce qui précède, poursuivent les juges, la Cour considère qu’il y a urgence en ce sens qu’il existe un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé aux droits qu’elle a jugés plausibles avant qu’elle ne rende sa décision définitive. »

      Si la décision de la CIJ est juridiquement contraignante, la Cour n’a pas la capacité de la faire appliquer. Cependant, elle est incontestablement une défaite diplomatique pour Israël.

      Présente à La Haye, la ministre des relations internationales et de la coopération d’Afrique du Sud, Naledi Pandor, a pris la parole à la sortie de l’audience. Si elle a regretté que les juges n’aient pas appelé à un cessez-le-feu, elle s’est dite « satisfaite que les mesures provisoires » réclamées par son pays aient « fait l’objet d’une prise en compte » par la Cour, et qu’Israël doive fournir un rapport d’ici un mois. Pour l’Afrique du Sud, lancer cette plainte, a-t-elle expliqué, « était une façon de s’assurer que les organismes internationaux exercent leur responsabilité de nous protéger tous, en tant que citoyens du monde global ».

      Comme l’on pouvait s’y attendre, les autorités israéliennes ont vivement critiqué les ordonnances d’urgence réclamées par les juges de La Haye. Si le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’est réjoui de ce que ces derniers n’aient pas réclamé, comme le demandait l’Afrique du Sud, de cessez-le-feu – « Comme tout pays, Israël a le droit fondamental de se défendre. La CIJ de La Haye a rejeté à juste titre la demande scandaleuse visant à nous priver de ce droit », a-t-il dit –, il a eu des mots très durs envers l’instance : « La simple affirmation selon laquelle Israël commet un génocide contre les Palestiniens n’est pas seulement fausse, elle est scandaleuse, et la volonté de la Cour d’en discuter est une honte qui ne sera pas effacée pendant des générations. »

      Il a affirmé vouloir continuer « à défendre [ses] citoyens dans le respect du droit international ». « Nous poursuivrons cette guerre jusqu’à la victoire absolue, jusqu’à ce que tous les otages soient rendus et que Gaza ne soit plus une menace pour Israël », a ajouté Nétanyahou.

      Jeudi, à la veille de la décision de la CIJ, le New York Times avait révélé que les autorités israéliennes avaient fourni aux juges de La Haye une trentaine de documents déclassifiés, censés démonter l’accusation de génocide, parmi lesquels « des résumés de discussions ministérielles datant de la fin du mois d’octobre, au cours desquelles le premier ministre Benyamin Nétanyahou a ordonné l’envoi d’aide, de carburant et d’eau à Gaza ».

      Cependant, souligne le quotidien états-unien, les documents « ne comprennent pas les ordres des dix premiers jours de la guerre, lorsqu’Israël a bloqué l’aide à Gaza et coupé l’accès à l’électricité et à l’eau qu’il fournit normalement au territoire ».

      Nul doute que cette décision de la plus haute instance judiciaire des Nations unies va renforcer les appels en faveur d’un cessez-le-feu. Après plus de quatre mois de combats et un bilan lourd parmi la population civile gazaouie, Nétanyahou n’a pas atteint son objectif d’éradiquer le mouvement islamiste. Selon les Israéliens eux-mêmes, près de 70 % des forces militaires du Hamas sont intactes. De plus, les familles d’otages toujours aux mains du Hamas ou d’autres groupes islamistes de l’enclave maintiennent leurs pressions.

      Le ministre palestinien des affaires étrangères Riyad al-Maliki s’est réjoui d’une décision de la CIJ « en faveur de l’humanité et du droit international », ajoutant que la communauté international avait désormais « l’obligation juridique claire de mettre fin à la guerre génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien de Gaza et de s’assurer qu’elle n’en est pas complice ». Le ministre de la justice sud-africain Ronald Lamola, cité par l’agence Reuters, a salué, lui, « une victoire pour le droit international ». « Israël ne peut être exempté du respect de ses obligations internationales », a-t-il ajouté.

      De son côté, la Commission européenne a appelé Israël et le Hamas à se conformer à la décision de la CIJ. L’Union européenne « attend leur mise en œuvre intégrale, immédiate et effective », a-t-elle souligné dans un communiqué.

      La France avait fait entendre pourtant il y a quelques jours une voix discordante. Le ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné avait déclaré, à l’Assemblée nationale, qu’« accuser l’État juif de génocide, c’est franchir un seuil moral ». Dans un communiqué publié après la décision de la CIJ, le ministère a annoncé son intention de déposer des observations sur l’interprétation de la Convention de 1948, comme le lui permet la procédure. « [La France] indiquera notamment l’importance qu’elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l’établissement d’une intention. Comme le ministre de l’Europe et des affaires étrangères a eu l’occasion de le noter, les mots doivent conserver leur sens », indique le texte.

      Les États-Unis ont estimé que la décision était conforme à la position états-unienne, exprimée à plusieurs reprises par Joe Biden à son allié israélien, de réduire les souffrances des civils de Gaza et d’accroître l’aide humanitaire. Cependant, a expliqué un porte-parole du département d’État, les États-Unis continuent « de penser que les allégations de génocide sont infondées » et notent « que la Cour n’a pas fait de constat de génocide, ni appelé à un cessez-le-feu dans sa décision, et qu’elle a appelé à la libération inconditionnelle et immédiate de tous les otages détenus par le Hamas ».

      C’est dans ce contexte que se déroulent des discussions pour obtenir une trêve prolongée, la deuxième après celle de novembre, qui avait duré une semaine et permis la libération de plusieurs dizaines d’otages.

      Selon les médias états-uniens, Israël a proposé une trêve de 60 jours et la libération progressive des otages encore retenu·es. Selon ce projet, a affirmé CNN, les dirigeants du Hamas pourraient quitter l’enclave. Selon la chaîne d’informations américaine, « des responsables américains et internationaux au fait des négociations ont déclaré que l’engagement récent d’Israël et du Hamas dans des pourparlers était encourageant, mais qu’un accord n’était pas imminent ».

      Le Washington Post a révélé jeudi que le président américain Joe Biden allait envoyer dans les prochains jours en Europe le directeur de la CIA, William Burns, pour tenter d’obtenir un accord. Il devrait rencontrer les chefs des services de renseignement israélien et égyptien, David Barnea et Abbas Kamel, et le premier ministre qatari Mohammed ben Abdulrahman al-Thani. Vendredi soir, l’Agence France-Presse (AFP) a affirmé qu’ils se retrouveraient « dans les tout prochains jours à Paris », citant « une source sécuritaire d’un État impliqué dans les négociations ».

      https://www.mediapart.fr/journal/international/260124/la-cour-internationale-de-justice-ordonne-israel-d-empecher-un-genocide-ga

  • #Israël serait déjà en contact avec plusieurs pays pour y expulser les Gazaouis

    Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé, le 25 décembre, œuvrer en faveur d’un #plan de “#migration_volontaire” des Gazaouis, tandis qu’un député de son parti a révélé que l’État hébreu était en contact avec des pays d’#Amérique_latine et d’#Afrique à cet effet.

    Un éventuel #plan d’expulsion des Palestiniens de Gaza semble se préciser chaque jour un peu plus, rapporte la presse internationale. Outre les #bombardements, qui ont redoublé d’intensité et ont déplacé, depuis octobre, 85 % de la population vers le sud, jusqu’à la frontière avec l’Égypte, les déclarations des responsables israéliens sur le sujet sont de plus en plus explicites. Ainsi, lors d’une réunion à huis clos le 25 décembre avec son parti à la Knesset [Parlement israélien], le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a pour la première fois évoqué ouvertement un plan de "migration volontaire".

    "Notre problème, ce sont les pays qui sont prêts à les accueillir, et nous y travaillons", aurait-il déclaré, cité par plusieurs médias, dont The Palestinian Chronicle.

    Le jour même, un député membre du Likoud, Danny Danon, a été encore plus loin, révélant, lors d’un entretien avec la radio locale Kan Reshet Bet, qu’Israël était déjà en contact avec plusieurs pays afin d’explorer les diverses possibilités d’#accueil des Gazaouis.

    "J’ai reçu des demandes de divers pays [...] prêts à accueillir des réfugiés [...], ce sont des pays d’Amérique du Sud et d’Afrique", a-t-il indiqué, relayé par Ha’Aretz. Il a ajouté que certains pays ont réclamé, en contrepartie, une "#compensation_financière" tandis que d’autres "ont demandé autre chose".

    "Cela arrive dans chaque guerre"

    Sans préciser les noms des pays avec lesquels l’État hébreu est en contact, le député du Likoud s’est contenté d’évoquer le cas du Canada, dont le ministre de l’Immigration a annoncé, le 21 décembre, la volonté de son pays d’accueillir les familles élargies des Gazaouis ayant la citoyenneté canadienne, rapporte le site Jewish Press.

    "Nous resterons en contact d’abord avec les pays de la région [Moyen-Orient] et avec les pays du monde [...]. Même si chaque pays reçoit dix mille ou vingt mille Gazaouis, cela est significatif", a souligné Danny Danon, selon lequel il s’agirait d’une "migration volontaire de Palestiniens qui souhaitent partir".

    "Cela arrive dans chaque guerre, regardez ce qui se passe en Syrie : un million et demi [de personnes] sont allées en Jordanie, trois millions en Turquie et quelques millions en Europe", a-t-il poursuivi, critiquant les réticences des deux principaux pays frontaliers - la Jordanie et l’Égypte -, qui ont fermement exprimé leur rejet d’un plan d’#exode des Palestiniens.

    "Occasion historique"

    Ces déclarations contrastent largement avec le démenti d’Eylon Levy, porte-parole du gouvernement israélien, qui, le 10 décembre, avait souligné devant des journalistes étrangers qu’Israël n’avait aucune intention de déplacer la population palestinienne hors de la bande de Gaza, qualifiant les affirmations à ce sujet d’"accusations scandaleuses et fausses".

    Elles attisent surtout les craintes, parmi les Palestiniens, d’une seconde "Nakba" ou d’une "#épuration_ethnique" - comme le dénoncent plusieurs voix en Israël et dans le monde arabe - et font écho à un document de travail du ministère du Renseignement israélien, révélé par la presse en octobre dernier, qui esquissait déjà au début du conflit plusieurs scénarios pour l’après-guerre, dont l’un prévoit d’installer les Gazaouis dans le #Sinaï égyptien.

    En novembre dernier, dans une tribune publiée dans le journal américain The Wall Street Journal, Danny Danon et Ram Ben-Barak, ancien haut responsable du Mossad, ont élargi le spectre géographique, appelant aussi l’Europe à contribuer aux efforts d’accueil des Gazaouis qui "cherchent" à émigrer.

    Dans la foulée, le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich (extrême droite), avait souligné l’importance de l’enjeu politique. L’État d’Israël est "incompatible" avec l’existence d’une enclave palestinienne indépendante qui repose "sur la haine d’Israël et aspire à sa destruction", avait-il martelé, selon le site Middle East Eye.

    "Pour les démagogues d’extrême droite, et notamment le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, cette guerre est une occasion historique pour réaliser leur liste de voeux : la destruction d’une grande partie de Gaza, l’élimination de l’appareil politique et militaire du Hamas, et, si possible, l’expulsion de dizaines ou de centaines de milliers de Palestiniens vers le Sinaï égyptien", dénonçait déjà, quatre jours après le début de la guerre, Amjad Iraqi, journaliste pour le site israélo-palestinien +972 Magazine.

    https://www.courrierinternational.com/article/revue-de-presse-israel-serait-deja-en-contact-avec-plusieurs-
    #expulsion #nettoyage_ethnique #géographie_du_vide #Palestine #Gaza #Egypte

    • Plan d’« #émigration » des Palestiniens : Israël avance dans son projet de #nettoyage_ethnique à Gaza

      Cette semaine, le Times of Israel révélait qu’Israël était en pourparlers avec des pays tels que le Congo pour qu’ils accueillent des Palestiniens de Gaza dans le cadre d’un prétendu « plan d’#émigration_volontaire » L’État sioniste, qui négocie depuis le début de sa contre-offensive avec ses voisins pour accueillir les Palestiniens qu’il force à l’exil en ravageant la bande de Gaza et en faisant plus de 22.000 morts, voudrait pouvoir déporter des civils gazaouis dans des pays comme le Congo ou l’Arabie Saoudite, à condition dans ce dernier cas que les Palestiniens soient disposés à travailler en tant qu’ouvriers dans le bâtiment.

      Benjamin Netanyahu a effet assumé, au cours d’une réunion du Likoud, être à la recherche de pays acceptant de recevoir les réfugiés gazaouis. « Notre problème est de trouver des pays qui sont désireux d’intégrer des gazaouis et nous travaillons là-dessus » a-t-il expliqué rapporte le Times of Israel. Le ministre des renseignements israéliens, Gila Gamliel a depuis fait une déclaration dans le même sens mardi dernier à la presse israélienne : « l’émigration volontaire est le meilleur programme, le programme le plus réaliste, pour le lendemain de la fin de la guerre ».

      Contrairement à ce que l’euphémisme utilisé laisse penser, il ne s’agit bien entendu pas d’une « émigration volontaire » dans la mesure où quitter Gaza est une question de vie ou de mort pour les plus de 2 millions d’habitants de l’enclave. Gamliel a ensuite clarifié le projet des autorités israélienne à l’issue de la guerre : « Il n’y aura pas de travail et 60% des terres agricoles deviendront des zones-tampon par nécessité sécuritaire ».

      Ce discours signe un alignement total avec les perspectives défendues ces derniers jours par les ministres d’extrême-droite Smotrich et Ben Gvir. Le premier expliquait ainsi le 31 décembre : « pour avoir la sécurité, nous devons contrôler le territoire et, pour cela, nous avons besoin d’une présence civile sur place ». Et d’ajouter : « S’il y avait 100 000 ou 200 000 Arabes à Gaza contre 2 millions aujourd’hui, le discours ne serait pas le même. » Alors que le projet d’annexion de la bande de Gaza de la part de responsables israéliens se fait de plus en plus clair, l’État d’Israël assume sa volonté d’aller au bout du nettoyage ethnique de la zone, par la guerre et par le déplacement forcé des gazaouis.
      Face à la réaction hypocrite du camp impérialiste, poursuivre la lutte pour la Palestine

      Les gouvernements occidentaux, alliés d’Israël, se sont fendus de communiqués dénonçant les premières déclarations des ministres d’extrême-droite. Du côté des Etats-Unis, le département d’État a qualifié mardi leurs propos « d’irresponsables ». L’État français a de son côté expliqué condamner « les propos des ministres israéliens des Finances, M. Bezalel Smotrich, et de la Sécurité nationale, M. Itamar Ben Gvir, appelant à « l’émigration » de la population gazaouie ainsi qu’au rétablissement de colonies à Gaza et à son occupation terrestre. »

      Des réactions totalement hypocrites de la part de gouvernements occidentaux qui, tout en appelant à la « modération » de la politique génocidaire d’Israël, n’ont jamais remis en question leur soutien à l’État sioniste Israël, auquel ils continuent à vendre du matériel militaire et dont ils soutiennent clairement l’offensive en cours. Une conséquence logique de leur appui historique à l’existence de cette enclave coloniale au service des intérêts impérialistes au Moyen-Orient. Une hypocrisie particulièrement visible à l’heure où Netanyahou s’aligne, une fois de plus, sur l’aile droite de son gouvernement.

      Dès la fondation de l’État d’Israël, avec la Nakba, et au fur et à mesure de l’extension de l’occupation des territoires palestiniens, le déplacement forcé des populations palestiniennes a été une constante dans la région. Aujourd’hui, près de 5 millions de réfugiés palestiniens vivent déjà dans des camps de réfugiés au Moyen-Orient. Le déplacement forcé de populations s’inscrit dans les pratiques génocidaires d’Israël, qui n’ont jamais remises en cause le soutien des gouvernements occidentaux à l’État d’Israël.

      Dans ce cadre, et face à la complicité objective des régimes arabes avec Israël, il y a urgence à poursuivre la construction d’un mouvement international de solidarité avec la Palestine. Un mouvement qui, pour peser, devra chercher à élargir le mouvement et à porter la lutte sur le terrain de la lutte de classes, pour pousser des sections syndicales dans des secteurs stratégiques à empêcher les livraisons de matériel militaire ou porter un coup aux profits de multinationales qui profitent de la colonisation de la Palestine.

      https://www.revolutionpermanente.fr/Plan-d-emigration-des-Palestiniens-Israel-avance-dans-son-proje

  • Quei bambini chiusi in trappola a Gaza. Il racconto di #Ruba_Salih
    (une interview de Ruba Salih, prof à l’Université de Bologne, 5 jours après le #7_octobre_2023)

    «Mai come in queste ore a Gaza il senso di appartenere a una comune “umanita” si sta mostrando più vuoto di senso. La responsabilità di questo è del governo israeliano», dice Ruba Salih antropologa dell’università di Bologna che abbiamo intervistato mentre cresce la preoccupazione per la spirale di violenza che colpisce la popolazione civile palestinese e israeliana.

    Quali sono state le sue prime reazioni, sentimenti, pensieri di fronte all’attacco di Hamas e poi all’annuncio dell’assedio di Gaza messo in atto dal governo israeliano?

    Il 7 ottobre la prima reazione è stata di incredulità alla vista della recinzione metallica di Gaza sfondata, e alla vista dei palestinesi che volavano con i parapendii presagendo una sorta di fine dell’assedio. Ho avuto la sensazione di assistere a qualcosa che non aveva precedenti nella storia recente. Come era possibile che l’esercito più potente del mondo potesse essere sfidato e colto così alla sprovvista? In seguito, ho cominciato a chiamare amici e parenti, in Cisgiordania, Gaza, Stati Uniti, Giordania. Fino ad allora si aveva solo la notizia della cattura di un numero imprecisato di soldati israeliani. Ho pensato che fosse una tattica per fare uno scambio di prigionieri. Ci sono più di 5000 prigionieri palestinesi nelle carceri israeliane e 1200 in detenzione amministrativa, senza processo o accusa. Poi sono cominciate da domenica ad arrivare le notizie di uccisioni e morti di civili israeliani, a cui è seguito l’annuncio di ‘guerra totale’ del governo di Netanyahu. Da allora il sentimento è cambiato. Ora grande tristezza per la quantità di vittime, dell’una e dell’altra parte, e preoccupazione e angoscia senza precedenti per le sorti della popolazione civile di Gaza, che in queste ore sta vivendo le ore piu’ drammatiche che si possano ricordare.

    E quando ha visto quello che succedeva, con tantissime vittime israeliane, violenze terribili, immagini di distruzione, minacce di radere al suolo Gaza?

    Colleghi e amici israeliani hanno cominciato a postare immagini di amici e amiche uccisi – anche attivisti contro l’occupazione- e ho cominciato dolorosamente a mandare condoglianze. Contemporaneamente giungevano terribili parole del ministro della Difesa israeliano Gallant che definiva i palestinesi “animali umani”, dichiarando di voler annientare la striscia di Gaza e ridurla a “deserto”. Ho cominciato a chiamare amici di Gaza per sapere delle loro famiglie nella speranza che fossero ancora tutti vivi. Piano piano ho cominciato a cercare di mettere insieme i pezzi e dare una cornice di senso a quello che stava succedendo.

    Cosa può dirci di Gaza che già prima dell’attacco di Hamas era una prigione a cielo aperto?

    Si, Gaza è una prigione. A Gaza la maggior parte della popolazione è molto giovane, e in pochi hanno visto il mondo oltre il muro di recinzione. Due terzi della popolazione è composto da famiglie di rifugiati del 1948. Il loro vissuto è per lo più quello di una lunga storia di violenza coloniale e di un durissimo assedio negli ultimi 15 anni. Possiamo cercare di immaginare cosa significa vivere questo trauma che si protrae da generazioni. Gli abitanti di Gaza nati prima del 1948 vivevano in 247 villaggi nel sud della Palestina, il 50% del paese. Sono stati costretti a riparare in campi profughi a seguito della distruzione o occupazione dei loro villaggi. Ora vivono in un’area che rappresenta l’1.3% della Palestina storica con una densità di 7000 persone per chilometro quadrato e le loro terre originarie si trovano a pochi metri di là dal muro di assedio, abitate da israeliani.

    E oggi?

    Chi vive a Gaza si descrive come in una morte lenta, in una privazione del presente e della capacità di immaginare il futuro. Il 90% dell’acqua non è potabile, il 60% della popolazione è senza lavoro, l’80% riceve aiuti umanitari per sopravvivere e il 40% vive al di sotto della soglia di povertà: tutto questo a causa dell’ occupazione e dell’assedio degli ultimi 15 anni. Non c’è quasi famiglia che non abbia avuto vittime, i bombardamenti hanno raso al suolo interi quartieri della striscia almeno quattro volte nel giro di una decina di anni. Non credo ci sia una situazione analoga in nessun altro posto del mondo. Una situazione che sarebbe risolta se Israele rispettasse il diritto internazionale, né più né meno.

    Prima di questa escalation di violenza c’era voglia di reagire, di vivere, di creare, di fare musica...

    Certo, anche in condizioni di privazione della liberta’ c’e’ una straordinaria capacità di sopravvivenza, creatività, amore per la propria gente. Tra l’altro ricordo di avere letto nei diari di Marek Edelman sul Ghetto di Varsavia che durante l’assedio del Ghetto ci si innamorava intensamente come antidoto alla disperazione. A questo proposito, consilgio a tutti di leggere The Ghetto Fights di Edelman. Aiuta molto a capire cosa è Gaza in questo momento, senza trascurare gli ovvi distinguo storici.

    Puoi spiegarci meglio?

    Come sapete il ghetto era chiuso al mondo esterno, il cibo entrava in quantità ridottissime e la morte per fame era la fine di molti. Oggi lo scenario di Gaza, mentre parliamo, è che non c’è elettricità, il cibo sta per finire, centinaia di malati e neonati attaccati alle macchine mediche hanno forse qualche ora di sopravvivenza. Il governo israeliano sta bombardando interi palazzi, le vittime sono per più della metà bambini. In queste ultime ore la popolazione si trova a dovere decidere se morire sotto le bombe in casa o sotto le bombe in strada, dato che il governo israeliano ha intimato a un milione e centomila abitanti di andarsene. Andare dove? E come nel ghetto la popolazione di Gaza è definita criminale e terrorista.

    Anche Franz Fanon, lei suggerisce, aiuta a capire cosa è Gaza.

    Certamente, come ho scritto recentemente, Fanon ci viene in aiuto con la forza della sua analisi della ferita della violenza coloniale come menomazione psichica oltre che fisica, e come privazione della dimensione di interezza del soggetto umano libero, che si manifesta come un trauma, anche intergenerazionale. La violenza prolungata penetra nelle menti e nei corpi, crea una sospensione delle cornici di senso e delle sensibilità che sono prerogativa di chi vive in contesti di pace e benessere. Immaginiamoci ora un luogo, come Gaza, dove come un rapporto di Save the Children ha riportato, come conseguenza di 15 anni di assedio e blocco, 4 bambini su 5 riportano un vissuto di depressione, paura e lutto. Il rapporto ci dice che vi è stato un aumento vertiginoso di bambini che pensano al suicidio (il 50%) o che praticano forme di autolesionismo. Tuttavia, tutto questo e’ ieri. Domani non so come ci sveglieremo, noi che abbiamo il privilegio di poterci risvegliare, da questo incubo. Cosa resterà della popolazione civile di Gaza, donne, uomini bambini.

    Come legge il sostegno incondizionato al governo israeliano di cui sono pieni i giornali occidentali e dell’invio di armi ( in primis dagli Usa), in un’ottica di vittoria sconfitta che abbiamo già visto all’opera per la guerra Russia-Ucraina?

    A Gaza si sta consumando un crimine contro l’umanità di dimensioni e proporzioni enormi mentre i media continuano a gettare benzina sul fuoco pubblicando notizie in prima pagina di decapitazioni e stupri, peraltro non confermate neanche dallo stesso esercito israeliano. Tuttavia, non utilizzerei definizioni statiche e omogeneizzanti come quelle di ‘Occidente’ che in realtà appiattiscono i movimenti e le società civili sulle politiche dei governi, che in questo periodo sono per lo più a destra, nazionalisti xenofobi e populisti. Non è sempre stato così.

    Va distinto il livello istituzionale, dei governi e dei partiti o dei media mainstream, da quello delle società civili e dei movimenti sociali?

    Ci sono una miriade di manifestazioni di solidarietà ovunque nel mondo, che a fianco del lutto per le vittime civili sia israeliane che palestinesi, non smettono di invocare la fine della occupazione, come unica via per ristabilire qualcosa che si possa chiamare diritto (e diritti umani) in Palestina e Israele. Gli stessi media mainstream sono in diversi contesti molto più indipendenti che non in Italia. Per esempio, Bcc non ha accettato di piegarsi alle pressioni del governo rivendicando la sua indipendenza rifiutandosi di usare la parola ‘terrorismo’, considerata di parte, preferendo riferirsi a quei palestinesi che hanno sferrato gli attacchi come ‘combattenti’. Se sono stati commessi crimini contro l’umanità parti lo stabiliranno poi le inchieste dei tribunali penali internazionali. In Italia, la complicità dei media è invece particolarmente grave e allarmante. Alcune delle (rare) voci critiche verso la politica del governo israeliano che per esempio esistono perfino sulla stampa liberal israeliana, come Haaretz, sarebbero in Italia accusate di anti-semitismo o incitamento al terrorismo! Ci tengo a sottolineare tuttavia che il fatto che ci sia un certo grado di libertà di pensiero e di stampa in Israele non significa che Israele sia una ‘democrazia’ o perlomeno non lo è certo nei confronti della popolazione palestinese. Che Israele pratichi un regime di apartheid nei confronti dei palestinesi è ormai riconosciuto da organizzazioni come Amnesty International e Human Rights Watch, nonché sottolineato a più riprese dalla Relatrice speciale delle Nazioni Unite sui territori palestinesi occupati, Francesca Albanese.

    Dunque non è una novità degli ultimi giorni che venga interamente sposata la retorica israeliana?

    Ma non è una novità degli ultimi giorni che venga interamente sposata la narrativa israeliana. Sono anni che i palestinesi sono disumanizzati, resi invisibili e travisati. Il paradosso è che mentre Israele sta violando il diritto e le convenzioni internazionali e agisce in totale impunità da decenni, tutte le forme di resistenza: non violente, civili, dimostrative, simboliche, legali dei palestinesi fino a questo momento sono state inascoltate, anzi la situazione sul terreno è sempre più invivibile. Persino organizzazioni che mappano la violazione dei diritti umani sono demonizzate e catalogate come ‘terroristiche’. Anche le indagini e le commissioni per valutare le violazioni delle regole di ingaggio dell’esercito sono condotte internamente col risultato che divengono solo esercizi procedurali vuoti di sostanza (come per l’assassinio della reporter Shereen AbuHakleh, rimasto impunito come quello degli altri 55 giornalisti uccisi dall’esercito israeliano). Ci dobbiamo seriamente domandare: che cosa rimane del senso vero delle parole e del diritto internazionale?

    Il discorso pubblico è intriso di militarismo, di richiami alla guerra, all’arruolamento…

    Personalmente non metterei sullo stesso piano la resistenza di un popolo colonizzato con il militarismo come progetto nazionalistico di espansione e profitto. Possiamo avere diversi orientamenti e non condividere le stesse strategie o tattiche ma la lotta anticoloniale non è la stessa cosa del militarismo legato a fini di affermazione di supremazia e dominio di altri popoli. Quella dei palestinesi è una lotta che si inscrive nella scia delle lotte di liberazione coloniali, non di espansione militare. La lotta palestinese si collega oggi alle lotte di giustizia razziale e di riconoscimento dei nativi americani e degli afro-americani contro società che oggi si definiscono liberali ma che sono nate da genocidi, schiavitù e oppressione razziale. Le faccio un esempio significativo: la prima bambina Lakota nata a Standing Rock durante le lunghe proteste contro la costruzione degli olelodotti in North Dakota, che stanno espropriando e distruggendo i terre dei nativi e inquinando le acque del Missouri, era avvolta nella Kuffyah palestinese. Peraltro, il nazionalismo non è più il solo quadro di riferimento. In Palestina si lotta per la propria casa, per la propria terra, per la liberazione dalla sopraffazione dell’occupazione, dalla prigionia, per l’autodeterminazione che per molti è immaginata o orientata verso la forma di uno stato laico binazionale, almeno fino agli eventi recenti. Domani non so come emergeremo da tutto questo.

    Emerge di nuovo questa cultura patriarcale della guerra, a cui come femministe ci siamo sempre opposte…

    Con i distinguo che ho appena fatto e che ribadisco – ossia che non si può mettere sullo stesso piano occupanti e occupati, colonialismo e anticolonialismo -mi sento comunque di dire che una mobilitazione trasversale che aneli alla fine della occupazione deve essere possibile. Nel passato, il movimento femminista internazionalista tentava di costruire ponti tra donne palestinesi e israeliane mobilitando il lutto di madri, sorelle e figlie delle vittime della violenza. Si pensava che questo fosse un legame primario che univa nella sofferenza, attraversando le differenze. Ci si appellava alla capacità delle donne di politicizzare la vulnerabilità, convinte che nella morte e nel lutto si fosse tutte uguali. La realtà è che la disumanizzazione dei palestinesi, rafforzata dalla continua e sempre più violenta repressione israeliana, rende impossibile il superamento delle divisioni in nome di una comune umanità. Mentre i morti israeliani vengono pubblicamente compianti e sono degni di lutto per il mondo intero, i palestinesi – definiti ‘terroristi’ (anche quando hanno praticato forme non-violente di resistenza), scudi-umani, animali (e non da oggi), sono già morti -privati della qualità di umani- prima ancora di morire, e inscritti in una diversa classe di vulnerabilità, di non essenza, di disumanità.

    Antropologa dell’università di Bologna Ruba Salih si interessa di antropologia politica con particolare attenzione a migrazioni e diaspore postcoloniali, rifugiati, violenza e trauma coloniale, genere corpo e memoria. Più recentemente si è occupata di decolonizzazione del sapere e Antropocene e di politiche di intersezionalità nei movimenti di protesta anti e de-coloniali. Ha ricoperto vari ruoli istituzionali tra cui membro eletto del Board of Trustees del Arab Council for the Social Sciences, dal 2015 al 2019. È stata visiting professor presso varie istituzioni tra cui Brown University, University of Cambridge e Università di Venezia, Ca’ Foscari.

    https://left.it/2023/10/12/quei-bambini-chiusi-in-trappola-a-gaza-il-racconto-di-ruba-salih

    #Gaza #Israël #Hamas #violence #prison #Palestine #violence_coloniale #siège #trauma #traumatisme #camps_de_réfugiés #réfugiés #réfugiés_palestiniens #pauvreté #bombardements #violence #dépression #peur #santé_mentale #suicide #crime_contre_l'humanité #apartheid #déshumanisation #résistance #droit_international #lutte #nationalisme #féminisme #à_lire #7_octobre_2023

    • Gaza between colonial trauma and genocide

      In the hours following the attack of Palestinian fighters in the south of Israel Western observers, bewildered, speculated about why Hamas and the young Palestinians of Gaza, born and bred under siege and bombs, have launched an attack of this magnitude, and right now. Others expressed their surprise at the surprise.

      The Israeli government responded by declaring “total war”, promising the pulverization of Gaza and demanding the inhabitants to leave the strip, knowing that there is no escape. Mobilising even the Holocaust and comparing the fighters to the Nazis, the Israeli government engaged in an operation that they claim is aimed at the destruction of Hamas.

      In fact, as I am writing, Gaza is being razed to the ground with an unbearable number of Palestinian deaths which gets larger by the hour, with people fleeing under Israeli bombs, water, electricity and fuel being cut, hospitals – receiving one patient a minute – on the brink of catastrophe, and humanitarian convoys prevented from entering the strip.

      An ethnic cleansing of Palestinians in Gaza is taking place with many legal observers claiming this level of violence amounts to a genocide.

      But what has happened – shocking and terrible in terms of the number of victims – including children and the elderly – creates not only a new political scenario, but above all it also imposes a new frame of meaning.

      Especially since the Oslo accords onwards, the emotional and interpretative filter applying to the “conflict” has been the asymmetrical valuing of one life over the other which in turn rested on an expectation of acquiescence and acceptance of the Palestinians’ subalternity as a colonised people. This framing has been shattered.

      The day of the attack, millions of Palestinians inside and outside the occupied territories found themselves in a trance-like state – with an undeniable initial euphoria from seeing the prison wall of Gaza being dismantled for the first time. They were wondering whether what they had before their eyes was delirium or reality. How was it possible that the Palestinians from Gaza, confined in a few suffocating square kilometres, repeatedly reduced to rubble, managed to evade the most powerful and technologically sophisticated army in the world, using only rudimentary equipment – bicycles with wings and hang-gliders? They could scarcely believe they were witnessing a reversal of the experience of violence, accustomed as they are to Palestinian casualties piling up relentlessly under Israeli bombardments, machine gun fire and control apparatus.

      Indeed, that Israel “declared war” after the attack illustrates this: to declare war assumes that before there was “peace”. To be sure, the inhabitants of Sderot and southern Israel would like to continue to live in peace. For the inhabitants of Gaza, on the other hand, peace is an abstract concept, something they have never experienced. For the inhabitants of the strip, as well as under international law, Gaza is an occupied territory whose population – two million and three hundred thousand people, of which two thirds are refugees from 1948 – lives (or to use their own words: “die slowly”) inside a prison. Control over the entry and exit of people, food, medicine, materials, electricity and telecommunications, sea, land and air borders, is in Israeli hands. International law, correctly invoked to defend the Ukrainian people and to sanction the Russian occupier, is a wastepaper for Israel, which enjoys an impunity granted to no other state that operates in such violation of UN resolutions, even disregarding agreements they themselves signed, never mind international norms and conventions.

      This scaffolding has crucially rested on the certainty that Palestinians cannot and should not react to their condition, not only and not so much because of their obvious military inferiority, but in the warped belief that Palestinian subjectivity must and can accept remaining colonised and occupied, to all intents and purposes, indefinitely. The asymmetry of strength on the ground led to an unspoken – but devastatingly consequential – presumption that Palestinians would accept to be confined to a space of inferiority in the hierarchy of human life.

      In this sense, what is happening these days cannot be understood and analysed with the tools of those who live in “peace”, but must be understood (insofar as this is even possible for those who do not live in Gaza or the occupied Palestinian territories) from a space defined by the effects of colonial violence and trauma. It is to Franz Fanon that we owe much of what we know about colonial violence – especially that it acts as both a physical and psychic injury. A psychiatrist from Martinique who joined the liberation struggle for independence in Algeria under French colonial rule, he wrote at length about how the immensity and duration of the destruction inflicted upon colonised subjects results in a wide and deep process of de-humanisation which, at such a profound level, also compromises the ability of the colonised to feel whole and to fully be themselves, humans among humans. In this state of physical and psychic injury, resistance is the colonised subject’s only possibility of repair. This has been the case historically in all contexts of liberation from colonial rule, a lineage to which the Palestinian struggle belongs.

      It is in this light that the long-lasting Palestinian resistance of the last 75 years should be seen, and this is also the key to understanding the unprecedented events of the last few days. These are the result, as many observers – including Israeli ones – have noted, of the failure of the many forms of peaceful resistance that the Palestinians have managed to pursue, despite the occupation, and which they continue to put into play: the hunger strikes of prisoners under “administrative detention”; the civil resistance of villagers such as Bil’in or Sheikh Jarrah who are squeezed between the separation wall, the expropriation of land and homes, and suffocated by the increasingly aggressive and unstoppable expansion of settlements; the efforts to protect the natural environment and indigenous Palestinian culture, including the centuries-old olive trees so often burnt and vandalised by settlers; the Palestinian civil society organisations that map and report human rights violations – which make them, for Israel, terrorist organisations; the struggle for cultural and political memory; the endurance of refugees in refugee camps awaiting implementation of their human rights supported by UN resolutions, as well as reparation and recognition of their long term suffering; and, further back in time, the stones hurled in resistance during the first Intifada, when young people with slingshots threw those same stones with which Israeli soldiers broke their bones and lives, back to them.

      Recall that, in Gaza, those who are not yet twenty years old, who make up about half the population, have already survived at least four bombing campaigns, in 2008-9, in 2012, in 2014, and again in 2022. These alone caused more than 4000 deaths.

      And it is again in Gaza that the Israeli tactic has been perfected of firing on protesters during peaceful protests, such as those in 2018, to maim the bodies – a cynical necropolitical calculation of random distribution between maimed and dead. It is not surprising, then, that in post-colonial literature – from Kateb Yacine to Yamina Mechakra, just to give two examples – the traumas of colonial violence are narrated as presence and absence, in protagonists’ dreams and nightmares, of amputated bodies. This is a metaphor for a simultaneously psychic and physical maiming of the colonised identity, that continues over time, from generation to generation.

      Despite their predicament as colonised for decades and their protracted collective trauma, Palestinians inside and outside of Palestine have however shown an incredible capacity for love, grief and solidarity over time and space, of which we have infinite examples in day-to-day practices of care and connectedness, in the literature, in the arts and culture, and through their international presence in other oppressed peoples’ struggles, such as Black Lives Matter and Native American Dakota protestors camps, or again in places such as the Moria camp in Greece.

      The brutality of a 16 years long siege in Gaza, and the decades of occupation, imprisonment, humiliation, everyday violence, death, grief – which as we write happen at an unprecedented genocidal intensity, but are in no way a new occurrence – have not however robbed people of Gaza, as individuals, of their ability to share in the grief and fear of others.

      “Striving to stay human” is what Palestinians have been doing and continue to do even as they are forced to make inhumane choices such as deciding who to rescue from under the rubbles based on who has more possibility to survive, as recounted by journalist Ahmed Dremly from Gaza during his brief and precious dispatches from the strip under the heavy shelling. This colonial violence will continue to produce traumatic effects in the generations of survivors. Yet, it has to be made clear that as the occupied people, Palestinians cannot be expected to bear the pain of the occupier. Equal standing and rights in life are the necessary preconditions for collective shared grief of death.

      Mahmoud Darwish wrote, in one of his essays on the “madness” of being Palestinian, written after the massacre of Sabra and Shatila in 1982, that the Palestinian “…is encumbered by the relentless march of death and is busy defending what remains of his flesh and his dream…his back is against the wall, but his eyes remain fixed on his country. He can no longer scream. He can no longer understand the reason behind Arab silence and Western apathy. He can do only one thing, to become even more Palestinian… because he has no other choice”.

      The only antidote to the spiral of violence is an end to the occupation and siege, and for Israel to fully comply with international law and to the UN resolutions, as a first and non-negotiable step. From there we can begin to imagine a future of peace and humanity for both Palestinians and Israelis.

      https://untoldmag.org/gaza-between-colonial-trauma-and-genocide
      #colonialisme #traumatisme_colonial #génocide

    • Can the Palestinian speak ?

      It is sadly nothing new to argue that oppressed and colonised people have been and are subject to epistemic violence – othering, silencing, and selective visibility – in which they are muted or made to appear or speak only within certain perceptual views or registers – terrorists, protestors, murderers, humanitarian subjects – but absented from their most human qualities. Fabricated disappearance and dehumanisation of Palestinians have supported and continue to sustain their physical elimination and their erasure as a people.

      But the weeks after October 7th have set a new bar in terms of the inverted and perverse ways that Palestinians and Israel can be represented, discussed, and interpreted. I am referring here to a new epistemology of time that is tight to a moral standpoint that the world is asked to uphold. In that, the acts of contextualising and providing historical depth are framed as morally reprehensible or straight out antisemitic. The idea that the 7th of October marks the beginning of unprecedented violence universalises the experience of one side, the Israeli, while obliterating the past decades of Palestinians’ predicament. More than ever, Palestinians are visible, legible, and audible only through the frames of Israeli subjectivity and sensibility. They exist either to protect Israel or to destroy Israel. Outside these two assigned agencies, they are not, and cannot speak. They are an excess of agency like Spivak’s subaltern,[1] or a ‘superfluous’ people as Mahmoud Darwish[2] put it in the aftermath of the Sabra and Chatila massacre. What is more is the persistent denying by Israel and its Western allies, despite the abundant historical evidence, that Palestinian indigenous presence in Palestine has always been at best absented from their gaze – ‘a problem’ to manage and contain – at worse the object of systemic and persistent ethnic cleansing and erasure aiming at fulfilling the narcissistic image of “a land without a people for a people without a land.” Yet, the erasure of Palestinians, also today in Gaza, is effected and claimed while simultaneously being denied.

      A quick check of the word “Palestine” on google scholar returns one million and three hundred thousand studies, nearly half of them written from the mid 1990s onwards. Even granting that much of this scholarship would be situated in and reproducing orientalist and colonial knowledges, one can hardly claim scarcity of scholarly production on the dynamics of subalternity and oppression in Palestine. Anthropology, literary theory, and history have detected and detailed the epistemological and ontological facets of colonial and post-colonial erasure. One might thus ask: how does the persistent denial of erasure in the case of Palestinians work? We might resort to psychoanalysis or to a particular form of narcissistic behaviour known as DAVRO – Deny, Attack, and Reverse Victim and Offender[3] – to understand the current pervading and cunning epistemic violence that Israel and its allies enact. Denying the radical obstructing and effacing of Palestinian life (while effecting it through settler-colonialism, settler and state violence, siege, apartheid, and genocidal violence in Gaza) is the first stage in Israel’s and western allies’ discursive manipulation. Attacking historicisation and contextualisation as invalid, antisemitic, propaganda, hate speech, immoral, outrageous, and even contrary to liberal values is the second stage. Lastly is the Reversing Victim and Offender by presenting the war on Gaza as one where Israel is a historical victim reacting to the offender, in response to demands that Israel, as the colonial and occupying power, takes responsibility for the current cycle of violence.

      This partly explains why the violent attack that Hamas conducted in the south of Israel last October, in which 1200 people were killed, is consistently presented as the start date of an ‘unprecedented’ violence, with more than 5000 Palestinians killed in carpet bombings of Gaza until 2022 doubly erased, physically and epistemically. With this, October 7th becomes the departure point of an Israeli epistemology of time assumed as universal, but it also marks an escalation in efforts to criminalise contextualisation and banish historicisation.

      Since October 7th, a plurality of voices – ranging from Israeli political figures and intellectuals, to mainstream and left-leaning journalists – has condemned efforts to inscribe Gaza into a long term history of colonialism as scurrilous justification for the killing of Israeli civilians. Attempts to analyse or understand facts through a historical and political frame, by most notably drawing attention to Gazans’ lived experience over the past 16 years (as a consequence of its long term siege and occupation) or merely to argue that there is a context in which events are taking place, such as General UN director Guterres did when he stated that October 7th “did not happen in a vacuum,” are represented as inciting terrorism or morally repugnant hate speech. In the few media reports accounting for the dire and deprived conditions of Palestinians’ existence in Gaza, the reasons causing the former are hardly mentioned. For instance, we hear in reports that Palestinians in Gaza are mostly refugees, that they are unemployed, and that 80% of them are relying on aid, with trucks of humanitarian aid deemed insufficient in the last few weeks in comparison to the numbers let in before the 7th of October. Astoundingly, the 56 years old Israeli occupation and 17 years old siege of Gaza, as root causes of the destruction of the economy, unemployment, and reliance on aid are not mentioned so that the public is left to imagine that these calamities are the result of Palestinians’ own doing.

      In other domains, we see a similar endeavour in preventing Palestine from being inscribed in its colonial context. Take for instance the many critical theorists who have tried to foreclose Franz Fanon’s analysis of colonial violence to Palestinians. Naming the context of colonial violence and Palestinians’ intergenerational and ongoing traumas is interpreted as morally corrupt, tantamount to not caring for Israeli trauma and a justification for the loss of Israeli lives. The variation of the argument that does refer to historical context either pushes Fanon’s arguments to the margins or argues that the existence of a Palestinian authority invalidates Fanon’s applicability to Palestine, denying therefore the effects of the violence that Palestinians as colonised subjects have endured and continue to endure because of Israeli occupation, apartheid, and siege.

      But perhaps one of the most disconcerting forms of gaslighting is the demand that Palestinians should – and could – suspend their condition of subordination, their psychic and physical injury, to centre the perpetrators’ feelings and grief as their own. In fact, the issue of grief has come to global attention almost exclusively as an ethical and moral question in reaction to the loss of Israeli lives. Palestinians who accept to go on TV are constantly asked whether they condemn the October 7th attack, before they can even dare talk about their own long history of loss and dispossession, and literally while their families are being annihilated by devastating shelling and bombing and still lying under the rubbles. One such case is that of PLO ambassador to the UK Hussam Zomlot, who lost members of his own family in the current attack, but was asked by Kirsty Wark to “condemn Hamas” on screen. To put it another way: would it even be conceivable to imagine a journalist asking Israeli hostages in captivity if they condemn the Israeli bombardments and the war on Gaza as a precondition to speak and be heard?

      “Condemning” becomes the condition of Palestinian intelligibility and audibility as humans, a proof that they share the universal idea that all human life is sacred, at the very moment when the sacrality of human life is violently precluded to them and when they are experiencing with brutal clarity that their existence as a people matters to no one who has the power to stop the carnage. This imperative mistakes in bad faith the principle that lives should have equal worth with a reality that for Palestinians is plainly experienced as the opposite of this postulate. Israel, on the other hand, is given “the extenuating circumstances” for looking after Israelis’ own trauma by conducting one of the most indiscriminate and ferocious attacks on civilians in decades, superior in its intensity and death rate to the devastation we saw in Afghanistan, Iraq, and Syria, according to the New York Times. Nearly 20.000 killed – mostly children, women, and elderly – razed, shelled, bulldozed while in their homes or shelters, in an onslaught that does not spare doctors, patients, journalists, academics, and even Israeli hostages, and that aims at making Gaza an unlivable habitat for the survivors.

      Let us go back to the frequently invoked question of “morality.” In commentaries and op-eds over the last few weeks we are told that any mention of context for the attacks of October 7th is imperiling the very ability to be compassionate or be moral. Ranging from the Israeli government that argues that a killing machine in Gaza is justified on moral grounds – and that contextualisation and historicisation are a distraction or deviation from this moral imperative – to those who suggest Israel should moderate its violence against Palestinians – such as New York times columnist Nicholas Kristof who wrote that “Hamas dehumanized Israelis, and we must not dehumanize innocent people in Gaza” – all assign a pre-political or a-political higher moral ground to Israel. Moreover, October 7th is said to – and is felt as – having awakened the long historical suffering of the Jews and the trauma of the Holocaust. But what is the invocation of the Holocaust – and the historical experience of European antisemitism – if not a clear effort at historical and moral contextualisation? In fact, the only history and context deemed evocable and valid is the Israeli one, against the history and context of Palestinians’ lives. In this operation, Israeli subjectivity and sensibility is located above history and is assigned a monopoly of morality with October 7th becoming an a-historical and a meta-historical fact at one and the same time. In this canvas Palestinians are afforded permission to exist subject to inhabiting one of the two agencies assigned to them: guardian of Israeli life or colonised subject. This is what Israeli president Herzog means when he declares that there are no innocents in Gaza: “It’s an entire nation out there that is responsible. This rhetoric about civilians not aware, not involved, it’s absolutely not true. They could’ve risen up, they could have fought against that evil regime”. The nearly twenty thousand Palestinian deaths are thus not Israel’s responsibility. Palestinians are liable for their own disappearance for not “fighting Hamas” to protect Israelis. The Israeli victims, including hundreds of soldiers, are, on the other hand, all inherently civilians, and afforded innocent qualities. This is the context in which Heritage Minister Amichai Eliyahu, of Itamar Ben Gvir’s far-right party in power, can suggest nuking Gaza or wiping out all residents: “They can go to Ireland or deserts, the monsters in Gaza should find a solution by themselves”. Let us not here be mistaken by conceding this might just be a fantasy, a desire of elimination: the Guardian and the +972/Local call magazines have provided chilling evidence that Palestinian civilians in Gaza are not “collateral” damage but what is at work is a mass assassination factory, thanks to a sophisticated AI system generating hundreds of unverified targets aiming at eliminating as many civilians as possible.

      Whether Palestinians are worthy of merely living or dying depends thus on their active acceptance or refusal to remain colonised. Any attempts to exit this predicament – whether through violent attacks like on October 7th or by staging peaceful civil tactics such as disobedience, boycott and divesting from Israel, recurrence to international law, peaceful marches, hunger strikes, popular or cultural resistance – are all the same, and in a gaslighting mode disallowed as evidence of Palestinians’ inherent violent nature which proves they need taming or elimination.

      One might be compelled to believe that dehumanisation and the logic of elimination of Palestinians are a reaction to the pain, sorrow, and shock generated by the traumatic and emotional aftermath of October 7th. But history does not agree with this, as the assigning of Palestinians to a non-human or even non-life sphere is deeply rooted in Israeli public discourse. The standpoint of a people seeking freedom from occupation and siege has consistently been reversed and catalogued as one of “terror and threat” to Israeli state and society when it is a threat to their colonial expansive or confinement plans, whether the latter are conceived as divinely mandated or backed by a secular settler-colonial imaginary. In so far as “terrorists” are birthed by snakes and wild beasts as Israeli lawmaker Ayelet Shaker states, they must be exterminated. Her words bear citation as they anticipate Gaza’s current devastation with lucid clarity: “Behind every terrorist stand dozens of men and women, without whom he could not engage in terrorism. They are all enemy combatants, and their blood shall be on all their heads”. Urging the killing of all Palestinians women, men, and children and the destruction of their homes, she continued: “They should go, as should the physical homes in which they raised the snakes. Otherwise, more little snakes will be raised there. They have to die and their houses should be demolished so that they cannot bear any more terrorists.” This is not an isolated voice. Back in 2016 Prime Minister Netanyahu argued that fences and walls should be built all around Israel to defend it from “wild beasts” and against this background retired Israeli general and former head of Intelligence Giora Eiland, in an opinion article in Yedioth Aharonoth on November 19, argues that all Palestinians in Gaza die of fast spreading disease and all infrastructure be destroyed, while still positing Israel’s higher moral ground: “We say that Sinwar (Hamas leader in Gaza, ndr) is so evil that he does not care if all the residents of Gaza die. Such a presentation is not accurate, since who are the “poor” women of Gaza? They are all the mothers, sisters, or wives of Hamas murderers,” adding, “And no, this is not about cruelty for cruelty’s sake, since we don’t support the suffering of the other side as an end but as a means.”

      But let us not be mistaken, such ascription of Palestinians to a place outside of history, and of humanity, goes way back and has been intrinsic to the establishment of Israel. From the outset of the settler colonial project in 1948, Palestinians as the indigenous people of the land have been dehumanised to enable the project of erasing them, in a manner akin to other settler colonial projects which aimed at turning the settlers into the new indigenous. The elimination of Palestinians has rested on more than just physical displacement, destruction, and a deep and wide ecological alteration of the landscape of Palestine to suit the newly fashioned Israeli identity. Key Israeli figures drew a direct equivalence between Palestinian life on the one hand and non-life on the other. For instance, Joseph Weitz, a Polish Jew who settled in Palestine in 1908 and sat in the first and second Transfer Committees (1937–1948) which were created to deal with “the Arab problem” (as the indigenous Palestinians were defined) speaks in his diaries of Palestinians as a primitive unity of human and non-human life.[4] Palestinians and their habitat were, in his words, “bustling with man and beast,” until their destruction and razing to the ground in 1948 made them “fossilized life,” to use Weitz’ own words. Once fossilised, the landscape could thus be visualised as an empty and barren landscape (the infamous desert), enlivened and redeemed by the arrival of the Jewish settlers.

      Locating events within the context and long durée of the incommensurable injustices inflicted upon the Palestinians since 1948 – which have acquired a new unimaginable magnitude with the current war on Gaza – is not just ethically imperative but also politically pressing. The tricks of DARVO (Denying Attacking and Reversing Victim and Offender) have been unveiled. We are now desperately in need of re-orienting the world’s moral compass by exposing the intertwined processes of humanisation and dehumanisation of Jewish Israelis and Palestinians. There is no other way to begin exiting not only the very conditions that usher violence, mass killings, and genocide, but also towards effecting the as yet entirely fictional principle that human lives have equal value.

      [1] Spivak, G. “Can the Subaltern Speak?” (1988). In Lawrence Grossberg and Cary Nelson, eds., Marxism and the Interpretation of Culture, pp. 271–313. Urbana: University of Illinois Press; Basingstoke: Macmillan.

      [2] Mahmoud Darwish, “The Madness of Being a Palestinian,” Journal Of Palestine Studies 15, no. 1 (1985): 138–41.

      [3] Heartfelt thanks to Professor Rema Hamami for alerting me to the notion of DAVRO and for her extended and invaluable comments on this essay.

      [4] Cited in Benvenisti M (2000) Sacred Landscape: The Buried History of the Holy Land since 1948. Berkeley: University of California Press. pp.155-156.

      https://allegralaboratory.net/can-the-palestinian-speak
      #violence_épistémique #élimination #in/visilité #nettoyage_ethnique #oppression #DAVRO

  • Un drone de l’armée nigériane tue 85 civils « par inadvertance »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/12/05/un-drone-de-l-armee-nigeriane-tue-85-civils-par-inadvertance_6203995_3212.ht

    Un drone de l’armée nigériane a accidentellement tué au moins 85 civils selon l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) dans une frappe effectuée dimanche 3 décembre, à Tudun Biri, un village de l’Etat de Kaduna situé dans le nord-ouest du Nigeria. Les habitants y célébraient la fête musulmane du Mawlid, qui commémore la naissance du prophète Mahomet. Il s’agit d’un des #bombardements militaires les plus meurtriers du pays.
    [...]
    En janvier 2017, au moins 112 personnes ont été tuées lorsqu’un avion de chasse a frappé un camp abritant 40 000 personnes déplacées par les violences djihadistes dans la ville de Rann, près de la frontière avec le Cameroun. L’armée nigériane avait blâmé « l’absence de marquage approprié de la zone » dans un rapport publié six mois plus tard.

    #Nigeria

  • ‘A mass assassination factory’: Inside Israel’s calculated bombing of Gaza

    Permissive airstrikes on non-military targets and the use of an artificial intelligence system have enabled the Israeli army to carry out its deadliest war on Gaza, a +972 and Local Call investigation reveals.

    The Israeli army’s expanded authorization for bombing non-military targets, the loosening of constraints regarding expected civilian casualties, and the use of an artificial intelligence system to generate more potential targets than ever before, appear to have contributed to the destructive nature of the initial stages of Israel’s current war on the Gaza Strip, an investigation by +972 Magazine and Local Call reveals. These factors, as described by current and former Israeli intelligence members, have likely played a role in producing what has been one of the deadliest military campaigns against Palestinians since the Nakba of 1948.

    The investigation by +972 and Local Call is based on conversations with seven current and former members of Israel’s intelligence community — including military intelligence and air force personnel who were involved in Israeli operations in the besieged Strip — in addition to Palestinian testimonies, data, and documentation from the Gaza Strip, and official statements by the IDF Spokesperson and other Israeli state institutions.

    Compared to previous Israeli assaults on Gaza, the current war — which Israel has named “Operation Iron Swords,” and which began in the wake of the Hamas-led assault on southern Israel on October 7 — has seen the army significantly expand its bombing of targets that are not distinctly military in nature. These include private residences as well as public buildings, infrastructure, and high-rise blocks, which sources say the army defines as “power targets” (“matarot otzem”).

    The bombing of power targets, according to intelligence sources who had first-hand experience with its application in Gaza in the past, is mainly intended to harm Palestinian civil society: to “create a shock” that, among other things, will reverberate powerfully and “lead civilians to put pressure on Hamas,” as one source put it.

    Several of the sources, who spoke to +972 and Local Call on the condition of anonymity, confirmed that the Israeli army has files on the vast majority of potential targets in Gaza — including homes — which stipulate the number of civilians who are likely to be killed in an attack on a particular target. This number is calculated and known in advance to the army’s intelligence units, who also know shortly before carrying out an attack roughly how many civilians are certain to be killed.

    In one case discussed by the sources, the Israeli military command knowingly approved the killing of hundreds of Palestinian civilians in an attempt to assassinate a single top Hamas military commander. “The numbers increased from dozens of civilian deaths [permitted] as collateral damage as part of an attack on a senior official in previous operations, to hundreds of civilian deaths as collateral damage,” said one source.

    “Nothing happens by accident,” said another source. “When a 3-year-old girl is killed in a home in Gaza, it’s because someone in the army decided it wasn’t a big deal for her to be killed — that it was a price worth paying in order to hit [another] target. We are not Hamas. These are not random rockets. Everything is intentional. We know exactly how much collateral damage there is in every home.”

    According to the investigation, another reason for the large number of targets, and the extensive harm to civilian life in Gaza, is the widespread use of a system called “Habsora” (“The Gospel”), which is largely built on artificial intelligence and can “generate” targets almost automatically at a rate that far exceeds what was previously possible. This AI system, as described by a former intelligence officer, essentially facilitates a “mass assassination factory.”

    According to the sources, the increasing use of AI-based systems like Habsora allows the army to carry out strikes on residential homes where a single Hamas member lives on a massive scale, even those who are junior Hamas operatives. Yet testimonies of Palestinians in Gaza suggest that since October 7, the army has also attacked many private residences where there was no known or apparent member of Hamas or any other militant group residing. Such strikes, sources confirmed to +972 and Local Call, can knowingly kill entire families in the process.

    In the majority of cases, the sources added, military activity is not conducted from these targeted homes. “I remember thinking that it was like if [Palestinian militants] would bomb all the private residences of our families when [Israeli soldiers] go back to sleep at home on the weekend,” one source, who was critical of this practice, recalled.

    Another source said that a senior intelligence officer told his officers after October 7 that the goal was to “kill as many Hamas operatives as possible,” for which the criteria around harming Palestinian civilians were significantly relaxed. As such, there are “cases in which we shell based on a wide cellular pinpointing of where the target is, killing civilians. This is often done to save time, instead of doing a little more work to get a more accurate pinpointing,” said the source.

    The result of these policies is the staggering loss of human life in Gaza since October 7. Over 300 families have lost 10 or more family members in Israeli bombings in the past two months — a number that is 15 times higher than the figure from what was previously Israel’s deadliest war on Gaza, in 2014. At the time of writing, around 15,000 Palestinians have been reported killed in the war, and counting.

    “All of this is happening contrary to the protocol used by the IDF in the past,” a source explained. “There is a feeling that senior officials in the army are aware of their failure on October 7, and are busy with the question of how to provide the Israeli public with an image [of victory] that will salvage their reputation.”
    ‘An excuse to cause destruction’

    Israel launched its assault on Gaza in the aftermath of the October 7 Hamas-led offensive on southern Israel. During that attack, under a hail of rocket fire, Palestinian militants massacred more than 840 civilians and killed 350 soldiers and security personnel, kidnapped around 240 people — civilians and soldiers — to Gaza, and committed widespread sexual violence, including rape, according to a report by the NGO Physicians for Human Rights Israel.

    From the first moment after the October 7 attack, decisionmakers in Israel openly declared that the response would be of a completely different magnitude to previous military operations in Gaza, with the stated aim of totally eradicating Hamas. “The emphasis is on damage and not on accuracy,” said IDF Spokesperson Daniel Hagari on Oct. 9. The army swiftly translated those declarations into actions.

    According to the sources who spoke to +972 and Local Call, the targets in Gaza that have been struck by Israeli aircraft can be divided roughly into four categories. The first is “tactical targets,” which include standard military targets such as armed militant cells, weapon warehouses, rocket launchers, anti-tank missile launchers, launch pits, mortar bombs, military headquarters, observation posts, and so on.

    The second is “underground targets” — mainly tunnels that Hamas has dug under Gaza’s neighborhoods, including under civilian homes. Aerial strikes on these targets could lead to the collapse of the homes above or near the tunnels.

    The third is “power targets,” which includes high-rises and residential towers in the heart of cities, and public buildings such as universities, banks, and government offices. The idea behind hitting such targets, say three intelligence sources who were involved in planning or conducting strikes on power targets in the past, is that a deliberate attack on Palestinian society will exert “civil pressure” on Hamas.

    The final category consists of “family homes” or “operatives’ homes.” The stated purpose of these attacks is to destroy private residences in order to assassinate a single resident suspected of being a Hamas or Islamic Jihad operative. However, in the current war, Palestinian testimonies assert that some of the families that were killed did not include any operatives from these organizations.

    In the early stages of the current war, the Israeli army appears to have given particular attention to the third and fourth categories of targets. According to statements on Oct. 11 by the IDF Spokesperson, during the first five days of fighting, half of the targets bombed — 1,329 out of a total 2,687 — were deemed power targets.

    “We are asked to look for high-rise buildings with half a floor that can be attributed to Hamas,” said one source who took part in previous Israeli offensives in Gaza. “Sometimes it is a militant group’s spokesperson’s office, or a point where operatives meet. I understood that the floor is an excuse that allows the army to cause a lot of destruction in Gaza. That is what they told us.

    “If they would tell the whole world that the [Islamic Jihad] offices on the 10th floor are not important as a target, but that its existence is a justification to bring down the entire high-rise with the aim of pressuring civilian families who live in it in order to put pressure on terrorist organizations, this would itself be seen as terrorism. So they do not say it,” the source added.

    Various sources who served in IDF intelligence units said that at least until the current war, army protocols allowed for attacking power targets only when the buildings were empty of residents at the time of the strike. However, testimonies and videos from Gaza suggest that since October 7, some of these targets have been attacked without prior notice being given to their occupants, killing entire families as a result.

    The wide-scale targeting of residential homes can be derived from public and official data. According to the Government Media Office in Gaza — which has been providing death tolls since the Gaza Health Ministry stopped doing so on Nov. 11 due to the collapse of health services in the Strip — by the time the temporary ceasefire took hold on Nov. 23, Israel had killed 14,800 Palestinians in Gaza; approximately 6,000 of them were children and 4,000 were women, who together constitute more than 67 percent of the total. The figures provided by the Health Ministry and the Government Media Office — both of which fall under the auspices of the Hamas government — do not deviate significantly from Israeli estimates.

    The Gaza Health Ministry, furthermore, does not specify how many of the dead belonged to the military wings of Hamas or Islamic Jihad. The Israeli army estimates that it has killed between 1,000 and 3,000 armed Palestinian militants. According to media reports in Israel, some of the dead militants are buried under the rubble or inside Hamas’ underground tunnel system, and therefore were not tallied in official counts.

    UN data for the period up until Nov. 11, by which time Israel had killed 11,078 Palestinians in Gaza, states that at least 312 families have lost 10 or more people in the current Israeli attack; for the sake of comparison, during “Operation Protective Edge” in 2014, 20 families in Gaza lost 10 or more people. At least 189 families have lost between six and nine people according to the UN data, while 549 families have lost between two and five people. No updated breakdowns have yet been given for the casualty figures published since Nov. 11.

    The massive attacks on power targets and private residences came at the same time as the Israeli army, on Oct. 13, called on the 1.1 million residents of the northern Gaza Strip — most of them residing in Gaza City — to leave their homes and move to the south of the Strip. By that date, a record number of power targets had already been bombed, and more than 1,000 Palestinians had already been killed, including hundreds of children.

    In total, according to the UN, 1.7 million Palestinians, the vast majority of the Strip’s population, have been displaced within Gaza since October 7. The army claimed that the demand to evacuate the Strip’s north was intended to protect civilian lives. Palestinians, however, see this mass displacement as part of a “new Nakba” — an attempt to ethnically cleanse part or all of the territory.
    ‘They knocked down a high-rise for the sake of it’

    According to the Israeli army, during the first five days of fighting it dropped 6,000 bombs on the Strip, with a total weight of about 4,000 tons. Media outlets reported that the army had wiped out entire neighborhoods; according to the Gaza-based Al Mezan Center for Human Rights, these attacks led to “the complete destruction of residential neighborhoods, the destruction of infrastructure, and the mass killing of residents.”

    As documented by Al Mezan and numerous images coming out of Gaza, Israel bombed the Islamic University of Gaza, the Palestinian Bar Association, a UN building for an educational program for outstanding students, a building belonging to the Palestine Telecommunications Company, the Ministry of National Economy, the Ministry of Culture, roads, and dozens of high-rise buildings and homes — especially in Gaza’s northern neighborhoods.

    On the fifth day of fighting, the IDF Spokesperson distributed to military reporters in Israel “before and after” satellite images of neighborhoods in the northern Strip, such as Shuja’iyya and Al-Furqan (nicknamed after a mosque in the area) in Gaza City, which showed dozens of destroyed homes and buildings. The Israeli army said that it had struck 182 power targets in Shuja’iyya and 312 power targets in Al-Furqan.

    The Chief of Staff of the Israeli Air Force, Omer Tishler, told military reporters that all of these attacks had a legitimate military target, but also that entire neighborhoods were attacked “on a large scale and not in a surgical manner.” Noting that half of the military targets up until Oct. 11 were power targets, the IDF Spokesperson said that “neighborhoods that serve as terror nests for Hamas” were attacked and that damage was caused to “operational headquarters,” “operational assets,” and “assets used by terrorist organizations inside residential buildings.” On Oct. 12, the Israeli army announced it had killed three “senior Hamas members” — two of whom were part of the group’s political wing.

    Yet despite the unbridled Israeli bombardment, the damage to Hamas’ military infrastructure in northern Gaza during the first days of the war appears to have been very minimal. Indeed, intelligence sources told +972 and Local Call that military targets that were part of power targets have previously been used many times as a fig leaf for harming the civilian population. “Hamas is everywhere in Gaza; there is no building that does not have something of Hamas in it, so if you want to find a way to turn a high-rise into a target, you will be able to do so,” said one former intelligence official.

    “They will never just hit a high-rise that does not have something we can define as a military target,” said another intelligence source, who carried out previous strikes against power targets. “There will always be a floor in the high-rise [associated with Hamas]. But for the most part, when it comes to power targets, it is clear that the target doesn’t have military value that justifies an attack that would bring down the entire empty building in the middle of a city, with the help of six planes and bombs weighing several tons.”

    Indeed, according to sources who were involved in the compiling of power targets in previous wars, although the target file usually contains some kind of alleged association with Hamas or other militant groups, striking the target functions primarily as a “means that allows damage to civil society.” The sources understood, some explicitly and some implicitly, that damage to civilians is the real purpose of these attacks.

    In May 2021, for example, Israel was heavily criticized for bombing the Al-Jalaa Tower, which housed prominent international media outlets such as Al Jazeera, AP, and AFP. The army claimed that the building was a Hamas military target; sources have told +972 and Local Call that it was in fact a power target.

    “The perception is that it really hurts Hamas when high-rise buildings are taken down, because it creates a public reaction in the Gaza Strip and scares the population,” said one of the sources. “They wanted to give the citizens of Gaza the feeling that Hamas is not in control of the situation. Sometimes they toppled buildings and sometimes postal service and government buildings.”

    Although it is unprecedented for the Israeli army to attack more than 1,000 power targets in five days, the idea of causing mass devastation to civilian areas for strategic purposes was formulated in previous military operations in Gaza, honed by the so-called “Dahiya Doctrine” from the Second Lebanon War of 2006.

    According to the doctrine — developed by former IDF Chief of Staff Gadi Eizenkot, who is now a Knesset member and part of the current war cabinet — in a war against guerrilla groups such as Hamas or Hezbollah, Israel must use disproportionate and overwhelming force while targeting civilian and government infrastructure in order to establish deterrence and force the civilian population to pressure the groups to end their attacks. The concept of “power targets” seems to have emanated from this same logic.

    The first time the Israeli army publicly defined power targets in Gaza was at the end of Operation Protective Edge in 2014. The army bombed four buildings during the last four days of the war — three residential multi-story buildings in Gaza City, and a high-rise in Rafah. The security establishment explained at the time that the attacks were intended to convey to the Palestinians of Gaza that “nothing is immune anymore,” and to put pressure on Hamas to agree to a ceasefire. “The evidence we collected shows that the massive destruction [of the buildings] was carried out deliberately, and without any military justification,” stated an Amnesty report in late 2014.

    In another violent escalation that began in November 2018, the army once again attacked power targets. That time, Israel bombed high-rises, shopping centers, and the building of the Hamas-affiliated Al-Aqsa TV station. “Attacking power targets produces a very significant effect on the other side,” one Air Force officer stated at the time. “We did it without killing anyone and we made sure that the building and its surroundings were evacuated.”

    Previous operations have also shown how striking these targets is meant not only to harm Palestinian morale, but also to raise the morale inside Israel. Haaretz revealed that during Operation Guardian of the Walls in 2021, the IDF Spokesperson’s Unit conducted a psy-op against Israeli citizens in order to boost awareness of the IDF’s operations in Gaza and the damage they caused to Palestinians. Soldiers, who used fake social media accounts to conceal the campaign’s origin, uploaded images and clips of the army’s strikes in Gaza to Twitter, Facebook, Instagram, and TikTok in order to demonstrate the army’s prowess to the Israeli public.

    During the 2021 assault, Israel struck nine targets that were defined as power targets — all of them high-rise buildings. “The goal was to collapse the high-rises in order to put pressure on Hamas, and also so that the [Israeli] public would see a victory image,” one security source told +972 and Local Call.

    However, the source continued, “it didn’t work. As someone who has followed Hamas, I heard firsthand how much they did not care about the civilians and the buildings that were taken down. Sometimes the army found something in a high-rise building that was related to Hamas, but it was also possible to hit that specific target with more accurate weaponry. The bottom line is that they knocked down a high-rise for the sake of knocking down a high-rise.”
    ‘Everyone was looking for their children in these piles’

    Not only has the current war seen Israel attack an unprecedented number of power targets, it has also seen the army abandon prior policies that aimed at avoiding harm to civilians. Whereas previously the army’s official procedure was that it was possible to attack power targets only after all civilians had been evacuated from them, testimonies from Palestinian residents in Gaza indicate that, since October 7, Israel has attacked high-rises with their residents still inside, or without having taken significant steps to evacuate them, leading to many civilian deaths.

    Such attacks very often result in the killing of entire families, as experienced in previous offensives; according to an investigation by AP conducted after the 2014 war, about 89 percent of those killed in the aerial bombings of family homes were unarmed residents, and most of them were children and women.

    Tishler, the air force chief of staff, confirmed a shift in policy, telling reporters that the army’s “roof knocking” policy — whereby it would fire a small initial strike on the roof of a building to warn residents that it is about to be struck — is no longer in use “where there is an enemy.” Roof knocking, Tishler said, is “a term that is relevant to rounds [of fighting] and not to war.”

    The sources who have previously worked on power targets said that the brazen strategy of the current war could be a dangerous development, explaining that attacking power targets was originally intended to “shock” Gaza but not necessarily to kill large numbers of civilians. “The targets were designed with the assumption that high-rises would be evacuated of people, so when we were working on [compiling the targets], there was no concern whatsoever regarding how many civilians would be harmed; the assumption was that the number would always be zero,” said one source with deep knowledge of the tactic.

    “This would mean there would be a total evacuation [of the targeted buildings], which takes two to three hours, during which the residents are called [by phone to evacuate], warning missiles are fired, and we also crosscheck with drone footage that people are indeed leaving the high-rise,” the source added.

    However, evidence from Gaza suggests that some high-rises — which we assume to have been power targets — were toppled without prior warning. +972 and Local Call located at least two cases during the current war in which entire residential high-rises were bombed and collapsed without warning, and one case in which, according to the evidence, a high-rise building collapsed on civilians who were inside.

    On Oct. 10, Israel bombed the Babel Building in Gaza, according to the testimony of Bilal Abu Hatzira, who rescued bodies from the ruins that night. Ten people were killed in the attack on the building, including three journalists.

    On Oct. 25, the 12-story Al-Taj residential building in Gaza City was bombed to the ground, killing the families living inside it without warning. About 120 people were buried under the ruins of their apartments, according to the testimonies of residents. Yousef Amar Sharaf, a resident of Al-Taj, wrote on X that 37 of his family members who lived in the building were killed in the attack: “My dear father and mother, my beloved wife, my sons, and most of my brothers and their families.” Residents stated that a lot of bombs were dropped, damaging and destroying apartments in nearby buildings too.

    Six days later, on Oct. 31, the eight-story Al-Mohandseen residential building was bombed without warning. Between 30 and 45 bodies were reportedly recovered from the ruins on the first day. One baby was found alive, without his parents. Journalists estimated that over 150 people were killed in the attack, as many remained buried under the rubble.

    The building used to stand in Nuseirat Refugee Camp, south of Wadi Gaza — in the supposed “safe zone” to which Israel directed the Palestinians who fled their homes in northern and central Gaza — and therefore served as temporary shelter for the displaced, according to testimonies.

    According to an investigation by Amnesty International, on Oct. 9, Israel shelled at least three multi-story buildings, as well as an open flea market on a crowded street in the Jabaliya Refugee Camp, killing at least 69 people. “The bodies were burned … I didn’t want to look, I was scared of looking at Imad’s face,” said the father of a child who was killed. “The bodies were scattered on the floor. Everyone was looking for their children in these piles. I recognized my son only by his trousers. I wanted to bury him immediately, so I carried my son and got him out.”

    According to Amnesty’s investigation, the army said that the attack on the market area was aimed at a mosque “where there were Hamas operatives.” However, according to the same investigation, satellite images do not show a mosque in the vicinity.

    The IDF Spokesperson did not address +972’s and Local Call’s queries about specific attacks, but stated more generally that “the IDF provided warnings before attacks in various ways, and when the circumstances allowed it, also delivered individual warnings through phone calls to people who were at or near the targets (there were more from 25,000 live conversations during the war, alongside millions of recorded conversations, text messages and leaflets dropped from the air for the purpose of warning the population). In general, the IDF works to reduce harm to civilians as part of the attacks as much as possible, despite the challenge of fighting a terrorist organization that uses the citizens of Gaza as human shields.”
    ‘The machine produced 100 targets in one day’

    According to the IDF Spokesperson, by Nov. 10, during the first 35 days of fighting, Israel attacked a total of 15,000 targets in Gaza. Based on multiple sources, this is a very high figure compared to the four previous major operations in the Strip. During Guardian of the Walls in 2021, Israel attacked 1,500 targets in 11 days. In Protective Edge in 2014, which lasted 51 days, Israel struck between 5,266 and 6,231 targets. During Pillar of Defense in 2012, about 1,500 targets were attacked over eight days. In Cast Lead” in 2008, Israel struck 3,400 targets in 22 days.

    Intelligence sources who served in the previous operations also told +972 and Local Call that, for 10 days in 2021 and three weeks in 2014, an attack rate of 100 to 200 targets per day led to a situation in which the Israeli Air Force had no targets of military value left. Why, then, after nearly two months, has the Israeli army not yet run out of targets in the current war?

    The answer may lie in a statement from the IDF Spokesperson on Nov. 2, according to which it is using the AI system Habsora (“The Gospel”), which the spokesperson says “enables the use of automatic tools to produce targets at a fast pace, and works by improving accurate and high-quality intelligence material according to [operational] needs.”

    In the statement, a senior intelligence official is quoted as saying that thanks to Habsora, targets are created for precision strikes “while causing great damage to the enemy and minimal damage to non-combatants. Hamas operatives are not immune — no matter where they hide.”

    According to intelligence sources, Habsora generates, among other things, automatic recommendations for attacking private residences where people suspected of being Hamas or Islamic Jihad operatives live. Israel then carries out large-scale assassination operations through the heavy shelling of these residential homes.

    Habsora, explained one of the sources, processes enormous amounts of data that “tens of thousands of intelligence officers could not process,” and recommends bombing sites in real time. Because most senior Hamas officials head into underground tunnels with the start of any military operation, the sources say, the use of a system like Habsora makes it possible to locate and attack the homes of relatively junior operatives.

    One former intelligence officer explained that the Habsora system enables the army to run a “mass assassination factory,” in which the “emphasis is on quantity and not on quality.” A human eye “will go over the targets before each attack, but it need not spend a lot of time on them.” Since Israel estimates that there are approximately 30,000 Hamas members in Gaza, and they are all marked for death, the number of potential targets is enormous.

    In 2019, the Israeli army created a new center aimed at using AI to accelerate target generation. “The Targets Administrative Division is a unit that includes hundreds of officers and soldiers, and is based on AI capabilities,” said former IDF Chief of Staff Aviv Kochavi in an in-depth interview with Ynet earlier this year.

    “This is a machine that, with the help of AI, processes a lot of data better and faster than any human, and translates it into targets for attack,” Kochavi went on. “The result was that in Operation Guardian of the Walls [in 2021], from the moment this machine was activated, it generated 100 new targets every day. You see, in the past there were times in Gaza when we would create 50 targets per year. And here the machine produced 100 targets in one day.”

    “We prepare the targets automatically and work according to a checklist,” one of the sources who worked in the new Targets Administrative Division told +972 and Local Call. “It really is like a factory. We work quickly and there is no time to delve deep into the target. The view is that we are judged according to how many targets we manage to generate.”

    A senior military official in charge of the target bank told the Jerusalem Post earlier this year that, thanks to the army’s AI systems, for the first time the military can generate new targets at a faster rate than it attacks. Another source said the drive to automatically generate large numbers of targets is a realization of the Dahiya Doctrine.

    Automated systems like Habsora have thus greatly facilitated the work of Israeli intelligence officers in making decisions during military operations, including calculating potential casualties. Five different sources confirmed that the number of civilians who may be killed in attacks on private residences is known in advance to Israeli intelligence, and appears clearly in the target file under the category of “collateral damage.”

    According to these sources, there are degrees of collateral damage, according to which the army determines whether it is possible to attack a target inside a private residence. “When the general directive becomes ‘Collateral Damage 5,’ that means we are authorized to strike all targets that will kill five or less civilians — we can act on all target files that are five or less,” said one of the sources.

    “In the past, we did not regularly mark the homes of junior Hamas members for bombing,” said a security official who participated in attacking targets during previous operations. “In my time, if the house I was working on was marked Collateral Damage 5, it would not always be approved [for attack].” Such approval, he said, would only be received if a senior Hamas commander was known to be living in the home.

    “To my understanding, today they can mark all the houses of [any Hamas military operative regardless of rank],” the source continued. “That is a lot of houses. Hamas members who don’t really matter for anything live in homes across Gaza. So they mark the home and bomb the house and kill everyone there.”
    A concerted policy to bomb family homes

    On Oct. 22, the Israeli Air Force bombed the home of the Palestinian journalist Ahmed Alnaouq in the city of Deir al-Balah. Ahmed is a close friend and colleague of mine; four years ago, we founded a Hebrew Facebook page called “Across the Wall,” with the aim of bringing Palestinian voices from Gaza to the Israeli public.

    The strike on Oct. 22 collapsed blocks of concrete onto Ahmed’s entire family, killing his father, brothers, sisters, and all of their children, including babies. Only his 12-year-old niece, Malak, survived and remained in a critical condition, her body covered in burns. A few days later, Malak died.

    Twenty-one members of Ahmed’s family were killed in total, buried under their home. None of them were militants. The youngest was 2 years old; the oldest, his father, was 75. Ahmed, who is currently living in the UK, is now alone out of his entire family.

    Ahmed’s family WhatsApp group is titled “Better Together.” The last message that appears there was sent by him, a little after midnight on the night he lost his family. “Someone let me know that everything is fine,” he wrote. No one answered. He fell asleep, but woke up in a panic at 4 a.m. Drenched in sweat, he checked his phone again. Silence. Then he received a message from a friend with the terrible news.

    Ahmed’s case is common in Gaza these days. In interviews to the press, heads of Gaza hospitals have been echoing the same description: families enter hospitals as a succession of corpses, a child followed by his father followed by his grandfather. The bodies are all covered in dirt and blood.

    According to former Israeli intelligence officers, in many cases in which a private residence is bombed, the goal is the “assassination of Hamas or Jihad operatives,” and such targets are attacked when the operative enters the home. Intelligence researchers know if the operative’s family members or neighbors may also die in an attack, and they know how to calculate how many of them may die. Each of the sources said that these are private homes, where in the majority of cases, no military activity is carried out.

    +972 and Local Call do not have data regarding the number of military operatives who were indeed killed or wounded by aerial strikes on private residences in the current war, but there is ample evidence that, in many cases, none were military or political operatives belonging to Hamas or Islamic Jihad.

    On Oct. 10, the Israeli Air Force bombed an apartment building in Gaza’s Sheikh Radwan neighborhood, killing 40 people, most of them women and children. In one of the shocking videos taken following the attack, people are seen screaming, holding what appears to be a doll pulled from the ruins of the house, and passing it from hand to hand. When the camera zooms in, one can see that it is not a doll, but the body of a baby.

    One of the residents said that 19 members of his family were killed in the strike. Another survivor wrote on Facebook that he only found his son’s shoulder in the rubble. Amnesty investigated the attack and discovered that a Hamas member lived on one of the upper floors of the building, but was not present at the time of the attack.

    The bombing of family homes where Hamas or Islamic Jihad operatives supposedly live likely became a more concerted IDF policy during Operation Protective Edge in 2014. Back then, 606 Palestinians — about a quarter of the civilian deaths during the 51 days of fighting — were members of families whose homes were bombed. A UN report defined it in 2015 as both a potential war crime and “a new pattern” of action that “led to the death of entire families.”

    In 2014, 93 babies were killed as a result of Israeli bombings of family homes, of which 13 were under 1 year old. A month ago, 286 babies aged 1 or under were already identified as having been killed in Gaza, according to a detailed ID list with the ages of victims published by the Gaza Health Ministry on Oct. 26. The number has since likely doubled or tripled.

    However, in many cases, and especially during the current attacks on Gaza, the Israeli army has carried out attacks that struck private residences even when there is no known or clear military target. For example, according to the Committee to Protect Journalists, by Nov. 29, Israel had killed 50 Palestinian journalists in Gaza, some of them in their homes with their families.

    Roshdi Sarraj, 31, a journalist from Gaza who was born in Britain, founded a media outlet in Gaza called “Ain Media.” On Oct. 22, an Israeli bomb struck his parents’ home where he was sleeping, killing him. The journalist Salam Mema similarly died under the ruins of her home after it was bombed; of her three young children, Hadi, 7, died, while Sham, 3, has not yet been found under the rubble. Two other journalists, Duaa Sharaf and Salma Makhaimer, were killed together with their children in their homes.

    Israeli analysts have admitted that the military effectiveness of these kinds of disproportionate aerial attacks is limited. Two weeks after the start of the bombings in Gaza (and before the ground invasion) — after the bodies of 1,903 children, approximately 1,000 women, and 187 elderly men were counted in the Gaza Strip — Israeli commentator Avi Issacharoff tweeted: “As hard as it is to hear, on the 14th day of fighting, it does not appear that the military arm of Hamas has been significantly harmed. The most significant damage to the military leadership is the assassination of [Hamas commander] Ayman Nofal.”
    ‘Fighting human animals’

    Hamas militants regularly operate out of an intricate network of tunnels built under large stretches of the Gaza Strip. These tunnels, as confirmed by the former Israeli intelligence officers we spoke to, also pass under homes and roads. Therefore, Israeli attempts to destroy them with aerial strikes are in many cases likely to lead to the killing of civilians. This may be another reason for the high number of Palestinian families wiped out in the current offensive.

    The intelligence officers interviewed for this article said that the way Hamas designed the tunnel network in Gaza knowingly exploits the civilian population and infrastructure above ground. These claims were also the basis of the media campaign that Israel conducted vis-a-vis the attacks and raids on Al-Shifa Hospital and the tunnels that were discovered under it.

    Israel has also attacked a large number of military targets: armed Hamas operatives, rocket launcher sites, snipers, anti-tank squads, military headquarters, bases, observation posts, and more. From the beginning of the ground invasion, aerial bombardment and heavy artillery fire have been used to provide backup to Israeli troops on the ground. Experts in international law say these targets are legitimate, as long as the strikes comply with the principle of proportionality.

    In response to an enquiry from +972 and Local Call for this article, the IDF Spokesperson stated: “The IDF is committed to international law and acts according to it, and in doing so attacks military targets and does not attack civilians. The terrorist organization Hamas places its operatives and military assets in the heart of the civilian population. Hamas systematically uses the civilian population as a human shield, and conducts combat from civilian buildings, including sensitive sites such as hospitals, mosques, schools, and UN facilities.”

    Intelligence sources who spoke to +972 and Local Call similarly claimed that in many cases Hamas “deliberately endangers the civilian population in Gaza and tries to forcefully prevent civilians from evacuating.” Two sources said that Hamas leaders “understand that Israeli harm to civilians gives them legitimacy in fighting.”

    At the same time, while it’s hard to imagine now, the idea of dropping a one-ton bomb aimed at killing a Hamas operative yet ending up killing an entire family as “collateral damage” was not always so readily accepted by large swathes of Israeli society. In 2002, for example, the Israeli Air Force bombed the home of Salah Mustafa Muhammad Shehade, then the head of the Al-Qassam Brigades, Hamas’ military wing. The bomb killed him, his wife Eman, his 14-year-old daughter Laila, and 14 other civilians, including 11 children. The killing caused a public uproar in both Israel and the world, and Israel was accused of committing war crimes.

    That criticism led to a decision by the Israeli army in 2003 to drop a smaller, quarter-ton bomb on a meeting of top Hamas officials — including the elusive leader of Al-Qassam Brigades, Mohammed Deif — taking place in a residential building in Gaza, despite the fear that it would not be powerful enough to kill them. In his book “To Know Hamas,” veteran Israeli journalist Shlomi Eldar wrote that the decision to use a relatively small bomb was due to the Shehade precedent, and the fear that a one-ton bomb would kill the civilians in the building as well. The attack failed, and the senior military wing officers fled the scene.

    In December 2008, in the first major war that Israel waged against Hamas after it seized power in Gaza, Yoav Gallant, who at the time headed the IDF Southern Command, said that for the first time Israel was “hitting the family homes” of senior Hamas officials with the aim of destroying them, but not harming their families. Gallant emphasized that the homes were attacked after the families were warned by a “knock on the roof,” as well as by phone call, after it was clear that Hamas military activity was taking place inside the house.

    After 2014’s Protective Edge, during which Israel began to systematically strike family homes from the air, human rights groups like B’Tselem collected testimonies from Palestinians who survived these attacks. The survivors said the homes collapsed in on themselves, glass shards cut the bodies of those inside, the debris “smells of blood,” and people were buried alive.

    This deadly policy continues today — thanks in part to the use of destructive weaponry and sophisticated technology like Habsora, but also to a political and security establishment that has loosened the reins on Israel’s military machinery. Fifteen years after insisting that the army was taking pains to minimize civilian harm, Gallant, now Defense Minister, has clearly changed his tune. “We are fighting human animals and we act accordingly,” he said after October 7.

    https://www.972mag.com/mass-assassination-factory-israel-calculated-bombing-gaza

    #bombardement #assassinat_de_masse #Gaza #7_octobre_2023 #Israël #bombardements #AI #IA #intelligence_artificielle #armée_israélienne #doctrine_Dahiya

    via @freakonometrics

    ici aussi via @arno:
    https://seenthis.net/messages/1029469

    • #The_Gospel’: how Israel uses AI to select bombing targets in Gaza

      Concerns over data-driven ‘factory’ that significantly increases the number of targets for strikes in the Palestinian territory

      Israel’s military has made no secret of the intensity of its bombardment of the Gaza Strip. In the early days of the offensive, the head of its air force spoke of relentless, “around the clock” airstrikes. His forces, he said, were only striking military targets, but he added: “We are not being surgical.”

      There has, however, been relatively little attention paid to the methods used by the Israel Defense Forces (IDF) to select targets in Gaza, and to the role artificial intelligence has played in their bombing campaign.

      As Israel resumes its offensive after a seven-day ceasefire, there are mounting concerns about the IDF’s targeting approach in a war against Hamas that, according to the health ministry in Hamas-run Gaza, has so far killed more than 15,000 people in the territory.

      The IDF has long burnished its reputation for technical prowess and has previously made bold but unverifiable claims about harnessing new technology. After the 11-day war in Gaza in May 2021, officials said Israel had fought its “first AI war” using machine learning and advanced computing.

      The latest Israel-Hamas war has provided an unprecedented opportunity for the IDF to use such tools in a much wider theatre of operations and, in particular, to deploy an AI target-creation platform called “the Gospel”, which has significantly accelerated a lethal production line of targets that officials have compared to a “factory”.

      The Guardian can reveal new details about the Gospel and its central role in Israel’s war in Gaza, using interviews with intelligence sources and little-noticed statements made by the IDF and retired officials.

      This article also draws on testimonies published by the Israeli-Palestinian publication +972 Magazine and the Hebrew-language outlet Local Call, which have interviewed several current and former sources in Israel’s intelligence community who have knowledge of the Gospel platform.

      Their comments offer a glimpse inside a secretive, AI-facilitated military intelligence unit that is playing a significant role in Israel’s response to the Hamas massacre in southern Israel on 7 October.

      The slowly emerging picture of how Israel’s military is harnessing AI comes against a backdrop of growing concerns about the risks posed to civilians as advanced militaries around the world expand the use of complex and opaque automated systems on the battlefield.

      “Other states are going to be watching and learning,” said a former White House security official familiar with the US military’s use of autonomous systems.

      The Israel-Hamas war, they said, would be an “important moment if the IDF is using AI in a significant way to make targeting choices with life-and-death consequences”.

      From 50 targets a year to 100 a day

      In early November, the IDF said “more than 12,000” targets in Gaza had been identified by its target administration division.

      Describing the unit’s targeting process, an official said: “We work without compromise in defining who and what the enemy is. The operatives of Hamas are not immune – no matter where they hide.”

      The activities of the division, formed in 2019 in the IDF’s intelligence directorate, are classified.

      However a short statement on the IDF website claimed it was using an AI-based system called Habsora (the Gospel, in English) in the war against Hamas to “produce targets at a fast pace”.

      The IDF said that “through the rapid and automatic extraction of intelligence”, the Gospel produced targeting recommendations for its researchers “with the goal of a complete match between the recommendation of the machine and the identification carried out by a person”.

      Multiple sources familiar with the IDF’s targeting processes confirmed the existence of the Gospel to +972/Local Call, saying it had been used to produce automated recommendations for attacking targets, such as the private homes of individuals suspected of being Hamas or Islamic Jihad operatives.

      In recent years, the target division has helped the IDF build a database of what sources said was between 30,000 and 40,000 suspected militants. Systems such as the Gospel, they said, had played a critical role in building lists of individuals authorised to be assassinated.

      Aviv Kochavi, who served as the head of the IDF until January, has said the target division is “powered by AI capabilities” and includes hundreds of officers and soldiers.

      In an interview published before the war, he said it was “a machine that produces vast amounts of data more effectively than any human, and translates it into targets for attack”.

      According to Kochavi, “once this machine was activated” in Israel’s 11-day war with Hamas in May 2021 it generated 100 targets a day. “To put that into perspective, in the past we would produce 50 targets in Gaza per year. Now, this machine produces 100 targets a single day, with 50% of them being attacked.”

      Precisely what forms of data are ingested into the Gospel is not known. But experts said AI-based decision support systems for targeting would typically analyse large sets of information from a range of sources, such as drone footage, intercepted communications, surveillance data and information drawn from monitoring the movements and behaviour patterns of individuals and large groups.

      The target division was created to address a chronic problem for the IDF: in earlier operations in Gaza, the air force repeatedly ran out of targets to strike. Since senior Hamas officials disappeared into tunnels at the start of any new offensive, sources said, systems such as the Gospel allowed the IDF to locate and attack a much larger pool of more junior operatives.

      One official, who worked on targeting decisions in previous Gaza operations, said the IDF had not previously targeted the homes of junior Hamas members for bombings. They said they believed that had changed for the present conflict, with the houses of suspected Hamas operatives now targeted regardless of rank.

      “That is a lot of houses,” the official told +972/Local Call. “Hamas members who don’t really mean anything live in homes across Gaza. So they mark the home and bomb the house and kill everyone there.”
      Targets given ‘score’ for likely civilian death toll

      In the IDF’s brief statement about its target division, a senior official said the unit “produces precise attacks on infrastructure associated with Hamas while inflicting great damage to the enemy and minimal harm to non-combatants”.

      The precision of strikes recommended by the “AI target bank” has been emphasised in multiple reports in Israeli media. The Yedioth Ahronoth daily newspaper reported that the unit “makes sure as far as possible there will be no harm to non-involved civilians”.

      A former senior Israeli military source told the Guardian that operatives use a “very accurate” measurement of the rate of civilians evacuating a building shortly before a strike. “We use an algorithm to evaluate how many civilians are remaining. It gives us a green, yellow, red, like a traffic signal.”

      However, experts in AI and armed conflict who spoke to the Guardian said they were sceptical of assertions that AI-based systems reduced civilian harm by encouraging more accurate targeting.

      A lawyer who advises governments on AI and compliance with humanitarian law said there was “little empirical evidence” to support such claims. Others pointed to the visible impact of the bombardment.

      “Look at the physical landscape of Gaza,” said Richard Moyes, a researcher who heads Article 36, a group that campaigns to reduce harm from weapons.

      “We’re seeing the widespread flattening of an urban area with heavy explosive weapons, so to claim there’s precision and narrowness of force being exerted is not borne out by the facts.”

      According to figures released by the IDF in November, during the first 35 days of the war Israel attacked 15,000 targets in Gaza, a figure that is considerably higher than previous military operations in the densely populated coastal territory. By comparison, in the 2014 war, which lasted 51 days, the IDF struck between 5,000 and 6,000 targets.

      Multiple sources told the Guardian and +972/Local Call that when a strike was authorised on the private homes of individuals identified as Hamas or Islamic Jihad operatives, target researchers knew in advance the number of civilians expected to be killed.

      Each target, they said, had a file containing a collateral damage score that stipulated how many civilians were likely to be killed in a strike.

      One source who worked until 2021 on planning strikes for the IDF said “the decision to strike is taken by the on-duty unit commander”, some of whom were “more trigger happy than others”.

      The source said there had been occasions when “there was doubt about a target” and “we killed what I thought was a disproportionate amount of civilians”.

      An Israeli military spokesperson said: “In response to Hamas’ barbaric attacks, the IDF operates to dismantle Hamas military and administrative capabilities. In stark contrast to Hamas’ intentional attacks on Israeli men, women and children, the IDF follows international law and takes feasible precautions to mitigate civilian harm.”
      ‘Mass assassination factory’

      Sources familiar with how AI-based systems have been integrated into the IDF’s operations said such tools had significantly sped up the target creation process.

      “We prepare the targets automatically and work according to a checklist,” a source who previously worked in the target division told +972/Local Call. “It really is like a factory. We work quickly and there is no time to delve deep into the target. The view is that we are judged according to how many targets we manage to generate.”

      A separate source told the publication the Gospel had allowed the IDF to run a “mass assassination factory” in which the “emphasis is on quantity and not on quality”. A human eye, they said, “will go over the targets before each attack, but it need not spend a lot of time on them”.

      For some experts who research AI and international humanitarian law, an acceleration of this kind raises a number of concerns.

      Dr Marta Bo, a researcher at the Stockholm International Peace Research Institute, said that even when “humans are in the loop” there is a risk they develop “automation bias” and “over-rely on systems which come to have too much influence over complex human decisions”.

      Moyes, of Article 36, said that when relying on tools such as the Gospel, a commander “is handed a list of targets a computer has generated” and they “don’t necessarily know how the list has been created or have the ability to adequately interrogate and question the targeting recommendations”.

      “There is a danger,” he added, “that as humans come to rely on these systems they become cogs in a mechanised process and lose the ability to consider the risk of civilian harm in a meaningful way.”

      https://www.theguardian.com/world/2023/dec/01/the-gospel-how-israel-uses-ai-to-select-bombing-targets

    • Comment l’armée israélienne utilise l’intelligence artificielle pour bombarder Gaza

      Suggestions de cibles, plans d’attaque automatisés : des outils algorithmiques, développés par Tsahal ou des entreprises privées, servent à mener une guerre « totale » à Gaza. D’anciens officiers du renseignement parlent d’une « usine d’assassinat de masse ».

      L’intelligence artificielle mise au service du bombardement sur la bande de Gaza, l’un des plus destructeurs et meurtriers du XXIe siècle. L’idée, qui appartenait il y a peu à la science-fiction, est désormais une réalité. L’armée israélienne le revendique officiellement dans sa communication.

      Le sujet, qui avait déjà intéressé plusieurs titres de la presse israélienne et internationale ces dernières années, a été remis sur le devant de la scène, ces derniers jours, par une longue enquête du média israélo-palestinien de gauche +972, publiée le 30 novembre. En s’appuyant sur des témoignages de militaires et d’ex-militaires, l’article détaille les rouages de la campagne aérienne sans précédent menée par Tsahal sur Gaza depuis le 7 octobre. Et l’usage, fait par l’armée dans ce contexte, d’outils d’intelligence artificielle.
      Tsahal revendique une « guerre par IA »

      L’utilisation de ce type de technologies dans un cadre militaire par les forces israéliennes a été documentée à plusieurs reprises. En 2021, après la campagne de bombardements menée pendant onze jours sur Gaza, le Jerusalem Post rapportait que Tsahal revendiquait avoir mené cette année-là la première « guerre par IA », mentionnant plusieurs outils algorithmiques destinés à optimiser l’action sur le terrain. Le quotidien israélien nommait alors trois algorithmes, nommés « Alchemist », « Gospel », et « Depth of Wisdom ». Un autre système, « Fire Factory », a été décrit en juillet 2023 par le média Bloomberg.

      Dans un contexte militaire, l’IA est utilisée pour analyser un très grand nombre de données issues du renseignement (ou de la logistique dans certains cas), et estimer rapidement les effets des différents choix stratégiques possibles. Deux outils, en particulier, seraient utilisés par Tsahal dans le cadre des attaques menées depuis le 7 octobre. Le premier, « Gospel » (ou « Habsora »), vise à suggérer les cibles les plus pertinentes pour une attaque, dans un périmètre donné. Le second, « Fire Factory », sert à optimiser, en temps réel, les plans d’attaques des avions et des drones, en fonction de la nature des cibles choisies. L’algorithme se chargerait de calculer la quantité de munitions nécessaires, d’attribuer les cibles aux différents avions et drones, ou de déterminer l’ordre le plus pertinent pour les attaques.

      Une capture d’écran de « Fire Factory », publiée en juillet par Bloomberg à titre d’illustration, montre une carte avec plusieurs cibles entourées, ainsi qu’une frise chronologique sur laquelle se succèdent différentes frappes. A noter que la séquence d’attaque présentée est fictive ou que, tout du moins, un certain nombre d’éléments à l’image ont été altérés avant publication, les noms des cibles en hébreu étant ici fantaisistes (des restaurants de Tel Aviv, par exemple).

      Toujours d’après Bloomberg, les systèmes d’intelligence artificielle de l’armée israélienne seraient développés par l’armée elle-même, mais aussi par des acteurs privés, comme l’entreprise du secteur de la défense Rafael, qui fournirait « Fire Factory ». A propos d’un outil du même genre (mais d’un autre nom), l’entreprise vante sur son site « un changement de paradigme révolutionnaire dans l’analyse de la situation et le circuit entre le capteur et le tireur, permettant une efficacité, une vitesse et une précision sans précédent ».
      De 50 cibles par an à 100 cibles par jour

      Dans les deux cas, les systèmes sont supervisés (d’après les déclarations de Tsahal cet été à Bloomberg) par des opérateurs humains qui, derrière l’écran, doivent vérifier et approuver tant les cibles que les plans de raids. Dit autrement, ces systèmes ne prendraient pas directement la décision de tirer, bien qu’une partie du processus soit automatisé. Selon des représentants des forces armées israéliennes interrogées par Bloomberg, ces solutions informatiques avaient été élaborées dans l’hypothèse de la conduire d’une « guerre totale » (« all-out war »).

      D’après le média +972, l’utilisation de ces solutions technologiques explique comment l’armée israélienne a pu bombarder la bande de Gaza à un rythme aussi effréné (15 000 cibles durant les seuls 35 premiers jours de bombardement, selon les chiffres mêmes de Tsahal). De fait, dans un communiqué publié début novembre, les forces armées israéliennes reconnaissaient elles-mêmes que « Gospel » (cité nommément) leur permettait de générer, de manière automatique, « des cibles à un rythme rapide ».

      Dans un article paru fin juin sur le média israélien YNet, l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne Aviv Kochavi expliquait que, lors de la guerre de 2021, « Gospel » générait 100 cibles par jour, ajoutant : « Pour mettre cela en perspective, dans le passé, nous produisions 50 cibles à Gaza par an. » Et de préciser que, lors de ces opérations militaires, la moitié des cibles suggérées par le logiciel avaient été attaquées. Au regard du rythme auquel l’algorithme propose de nouvelles cibles à bombarder, d’anciens officiers de renseignement critiques du procédé, interrogés par +972, assimilent le processus à une « usine d’assassinat de masse ».
      « Rien n’arrive par hasard »

      Les pertes civiles font partie des éléments dont « Gospel » tient compte pour identifier de nouvelles cibles. En effet, selon l’enquête de +972, l’armée israélienne dispose d’informations sur la majorité des cibles potentielles à Gaza, permettant notamment d’estimer le nombre de personnes civiles susceptibles d’être tuées en cas de frappes. Or, selon une autre source interrogée par le média israélien, depuis le 7 octobre, le nombre de morts civils jugé acceptable par le commandement militaire israélien dans l’objectif d’atteindre un dirigeant du Hamas serait passé de « dizaines » à « des centaines ».

      Nous ne sommes pas le Hamas. Ce ne sont pas des missiles aléatoires. Tout est intentionnel.
      — Une source anonyme au média israélien « +972 »

      « Rien n’arrive par hasard, déclare une autre source aux journalistes de +972. Lorsqu’une fillette de 3 ans est tuée dans une maison à Gaza, c’est parce que quelqu’un, dans l’armée, a décidé que ce n’était pas grave qu’elle soit tuée – que c’était un prix qui valait la peine d’être payé pour frapper [une autre] cible. Nous ne sommes pas le Hamas. Ce ne sont pas des missiles aléatoires. Tout est intentionnel. Nous savons exactement combien de dommages collatéraux il y a dans chaque maison. »
      Des milliers d’arbitrages invisibles

      Outre l’intensification des frappes permise par ces outils, se pose également la question de la qualité des données de renseignement sur lesquelles reposent les analyses. En 2020, une enquête du quotidien britannique The Independent, citant des militaires israéliens, pointait déjà des failles dans le cibles visées par les bombardements de l’armée de l’air israélienne, y compris sur des cibles obsolètes, pour remplir des quotas.

      Si ces données sont imprécises, périmées ou erronées, les suggestions logicielles n’auront aucune valeur stratégique. Or, si d’après un militaire interrogé par Bloomberg, une partie du choix des IA est transmise aux militaires décisionnaires, ces derniers ignorent le détail des milliers d’arbitrages invisibles réalisés par l’IA, et ne peuvent pas interroger leur fiabilité ou leur pertinence. De façon plus générale, l’utilisation de ces algorithmes rend plus difficile, pour les militaires, de comprendre ou de justifier leurs décisions.

      https://www.liberation.fr/checknews/comment-larmee-israelienne-utilise-lintelligence-artificielle-pour-bombar

    • Gaza: una “fabbrica di omicidi di massa” grazie all’intelligenza artificiale

      Israele ha impiegato un sistema di intelligenza artificiale per generare obiettivi di morte che ha trasformato Gaza in una “fabbrica di omicidi di massa”, secondo un nuovo rapporto investigativo, di forte impatto, pubblicato dall’organo israeliano di informazione +972 Magazine. Il sistema differisce in modo significativo dalle precedenti operazioni militari, provocando uccisioni indiscriminate e un numero estremamente elevato di vittime civili durante l’attuale offensiva di Israele a Gaza.

      L’esercito israeliano dispone di dossier che riguardano la stragrande maggioranza dei potenziali obiettivi a Gaza – comprese le case – e che stabiliscono il numero di civili che probabilmente saranno uccisi in caso di attacco, hanno dichiarato le fonti a +972. Questo numero è calcolato e conosciuto in anticipo, e le unità di intelligence dell’esercito sanno anche, poco prima di effettuare un attacco, quanti civili saranno sicuramente uccisi.

      Mettendo in evidenza lo scioccante disprezzo per la vita dei civili, il rapporto ha rilevato che il comando militare israeliano ha consapevolmente approvato l’uccisione di centinaia di civili palestinesi nel tentativo di assassinare un singolo comandante militare di spicco di Hamas. “I numeri sono aumentati da decine di morti civili [permessi] come danni collaterali nell’ambito di un attacco a un alto funzionario nelle operazioni precedenti, a centinaia di morti civili come danni collaterali”, ha dichiarato una fonte a +972.

      I protocolli sviluppati per la selezione degli obiettivi utilizzati da Israele hanno visto l’esercito aumentare significativamente i bombardamenti di infrastrutture che non sono di natura prettamente militare. Queste includono residenze private, edifici pubblici, infrastrutture e grattacieli che, secondo le fonti, l’esercito definisce “obiettivi di potere”.

      “Nulla accade per caso”, ha riferito un’altra fonte.

      “Quando una bambina di 3 anni viene uccisa in una casa a Gaza, è perché qualcuno nell’esercito ha deciso che non costituiva un grosso problema il fatto di ucciderla, che era un prezzo da pagare per colpire [un altro] obiettivo”.

      “Noi non siamo Hamas. Questi non sono razzi casuali. Tutto è intenzionale. Sappiamo esattamente quanti danni collaterali ci sono in ogni casa”.

      Gli ingenti danni alla vita dei civili a Gaza sono dovuti all’uso diffuso di un sistema di intelligenza artificiale chiamato Habsora (Il Vangelo). A quanto pare, il sistema raccomanda potenziali obiettivi di Gaza con un ritmo automatizzato senza precedenti. Citando ex ufficiali, l’indagine sostiene che questa tecnologia consente una “fabbrica di omicidi di massa” che privilegia la quantità rispetto all’accuratezza, permettendo danni collaterali più elevati. L’obiettivo è stato esplicitamente menzionato dal portavoce dell’esercito israeliano Daniel Hagari che, all’inizio dell’operazione militare israeliana di ottobre, ha dichiarato: “L’enfasi è sul danno e non sulla precisione”.

      Sebbene non sia mai accaduto che l’esercito israeliano abbia attaccato oltre 1.000 obiettivi energetici in cinque giorni, secondo il rapporto, l’idea di provocare devastazioni di massa nelle aree civili per scopi strategici è stata formulata anche in precedenti operazioni militari a Gaza, affinate dai tempi della cosiddetta “Dottrina Dahiya” applicata durante la Seconda Guerra del Libano del 2006.

      Secondo la dottrina – sviluppata dall’ex capo di Stato Maggiore dell’IDF Gadi Eizenkot, che ora è membro della Knesset e fa parte dell’attuale gabinetto di guerra – in una guerra contro gruppi di guerriglieri come Hamas o Hezbollah, Israele deve usare una forza sproporzionata e schiacciante, colpendo le infrastrutture civili e governative, al fine di stabilire una deterrenza e costringere la popolazione civile a fare pressione sui gruppi per porre fine ai loro attacchi. Si ritiene che il concetto di “obiettivi di potere” sia nato da questa stessa logica.

      Finora sono stati uccisi oltre 15.000 palestinesi, tra cui un numero sproporzionatamente alto di donne, bambini e anziani che non erano militanti. L’uccisione indiscriminata da parte di Israele è stata descritta come un “caso da manuale di genocidio” dai maggiori esperti nel campo degli studi sui genocidi.

      Il bilancio delle vittime civili e delle distruzioni a Gaza ha spinto i gruppi per i diritti umani e alcuni studi legali a chiedere indagini indipendenti per far emergere le responsabilità di quello che, secondo molti, è un genocidio.

      https://www.osservatoriorepressione.info/gaza-fabbrica-omicidi-massa-grazie-allintelligenza-artific

  • L’#errance des habitants de #Gaza dans leur ville transformée en champ de #ruines

    Près de la moitié des bâtiments de la métropole, qui comptait plus d’un million d’habitants avant la guerre, a été détruite ou endommagée par les #bombardements israéliens lancés en #représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre.

    Gaza est une ville brisée. Un géant aveugle semble avoir piétiné des pans entiers de cette métropole de 1,2 million d’habitants. Depuis les massacres commis par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, les bombardements indiscriminés de l’armée israélienne l’ont ruinée pour une bonne part. L’armée cherche un ennemi qui se cache au beau milieu des civils, mais elle punit aussi une cité entière, jugée, dès les premiers jours, coupable des crimes du Hamas par les autorités israéliennes.

    Des lointaines banlieues nord de la #ville de Gaza, il ne reste que des carcasses calcinées, arasées par les frappes qui ont préparé l’invasion terrestre du 28 octobre. En trois semaines, les blindés et l’infanterie se sont rendus maîtres de la moitié ouest de la principale cité de l’enclave, progressant lentement sous un appui aérien serré, qui a percé de nombreux cratères le long des boulevards de Rimal et aux alentours des hôpitaux. Des combats ont encore eu lieu, dimanche 19 novembre, dans le centre-ville de Gaza. L’armée israélienne a affirmé, lundi, continuer « à étendre ses opérations dans de nouveaux quartiers » , notamment à Jabaliya.

    Depuis vendredi 17 novembre, l’#infanterie avance vers les ruelles étroites de la #vieille_ville, le centre et la moitié orientale de Gaza. Qu’en restera-t-il dans quelques semaines, lorsque Israël proclamera que le Hamas en a été chassé ? Dimanche, 25 % des zones habitées de la ville et de sa région nord avaient déjà été détruites, estime le ministère des travaux publics de l’Autorité palestinienne.

    Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires avance qu’au moins 58 % des habitations de l’ensemble de l’enclave sont détruites ou endommagées. L’étude de photographies satellitaires, à l’aide d’un logiciel développé par le site Bellingcat, permet d’estimer, avec prudence, que de 40 % à 50 % du bâti de la ville de Gaza avaient été détruits ou endommagés au 16 novembre – et jusqu’à 70 % du camp de réfugiés d’Al-Chati, sur le front de mer.

    Errance aux quatre coins de la ville

    Les autorités de Ramallah dressent des listes sans fin : elles dénombrent 280 institutions d’éducation et plus de 200 lieux de culte endommagés. Tous les hôpitaux de Gaza sont à l’arrêt, sauf un. Les réseaux de distribution d’eau et d’électricité sont inutilisables. Un quart des routes de l’enclave ont subi des dommages.

    « Gaza est d’ores et déjà détruite. Ce n’est plus qu’une ville fantôme, peuplée de quelques centaines de milliers de déplacés [800 000, selon l’Autorité palestinienne] . Les Israéliens ont voulu punir l’une des plus anciennes cités du monde, en frappant ses universités, ses librairies, ses grands hôtels, son parlement et ses ministères, déplore Ehab Bsaiso, ancien ministre de la culture de l’Autorité palestinienne . Le 13 novembre, une immense professeure de musique, Elham Farah, a été blessée en pleine rue par un éclat de shrapnel. Elle s’est vidée de son sang sur le trottoir, et elle est morte. C’est toute une mosaïque sociale, une culture qu’ils effacent, et bientôt les chars vont avancer vers le Musée archéologique et la vieille église orthodoxe Saint-Porphyre, dont une annexe a été bombardée dès le 19 octobre. » Issu d’une vieille famille gazaouie, ce haut fonctionnaire suit par téléphone, de Bethléem, dans la Cisjordanie occupée, l’errance de ses proches aux quatre coins de leur ville natale et de l’enclave sous blocus, le cœur serré.

    Depuis vendredi, l’armée bombarde puissamment le quartier de Zeitoun, dans le centre-ville. Oum Hassan y est morte ce jour-là. Les trois étages de sa maison se sont écroulés sur ses onze enfants, sur ses petits-enfants et sur des membres des familles de son frère et de son mari. Ils avaient trouvé refuge chez cette parente de 68 ans, après avoir fui des zones pilonnées plus tôt. « Ils sont tous morts. Ma sœur, son mari, leurs enfants, leurs petits-enfants, en plus des voisins qui étaient réfugiés chez eux » , craignait, le 18 novembre, Khaled [un prénom d’emprunt], le frère cadet d’Oum Hassan, exilé en Europe et informé par des voisins qui fouillent les décombres. « On a réussi à extraire deux ou trois corps, des enfants. Les autres sont encore sous les gravats. Il y avait environ 80 personnes dans la maison. Il y a un enfant survivant, peut-être deux. »

    Israël interdit aux journalistes d’entrer dans Gaza pour constater par eux-mêmes ces destructions. Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé jusqu’au début de la guerre par le Hamas, n’a pas encore publié lui-même un bilan de cette frappe : les réseaux téléphoniques se rétablissent lentement depuis vendredi, après une énième coupure complète. Depuis le 7 octobre, il estime qu’au moins 13 000 personnes ont péri sous les bombardements.

    « On marche sur nos voisins, sous les décombres »

    Depuis le début de cette guerre, le 7 octobre, Khaled maintient par téléphone un lien ténu entre ses six frères et sœurs encore en vie, éparpillés dans l’archipel de Gaza. Il demande que leurs noms soient modifiés, et que leurs abris ne soient pas identifiables. « Ils m’interrogent : “C’est quoi, les nouvelles ? Tu entends quoi ?” Parfois, je ne sais plus quoi leur dire et j’invente. Je prétends qu’on parle d’un cessez-le-feu imminent, mais je fais attention de ne pas leur donner trop d’espoir. »

    Le centre du monde, pour cette fratrie, c’est la maison de leur défunte mère, dans le quartier de Chajaya. Le fils aîné, Sufyan, vit encore dans un bâtiment mitoyen. A 70 ans, il est incapable de le quitter. Il a subi plusieurs opérations cardiaques : « Son cœur marche sur batterie. Il mourra s’il a une nouvelle crise », craint son cadet, Khaled. Trois de ses enfants ont choisi de demeurer à ses côtés, plutôt que de fuir vers le sud de l’enclave, où les chars israéliens ne sont pas encore déployés.

    D’autres parents les ont rejoints dans ce quartier qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Dès les premiers jours, l’armée israélienne a bombardé cette immense banlieue agricole, qui s’étend à l’est de Gaza, jusqu’à la frontière israélienne. Les représentants de ses vieilles familles, les clans Faraj, Jandiya ou Bsaiso, menés par le mokhtar(juge de paix) Hosni Al-Moghani, ont exhorté leurs voisins à évacuer, par textos et en passant de porte en porte.

    Ils craignaient de revivre la précédente invasion terrestre israélienne, en 2014, durant laquelle l’armée avait rasé Chajaya. Au-delà du mur israélien, tout près, s’étendent les kibboutz de Nahal Oz et de Kfar Aza, où le Hamas a semé la mort le 7 octobre. Ces communautés, longtemps agricoles, exploitaient les terres dont les grandes familles de Chajaya ont été expropriées en 1948, à la naissance de l’Etat d’Israël.

    Derrière la maison natale de Khaled, un pâté de maisons a été aplati par les bombes israéliennes, fin octobre. « Le feu et la fumée sont entrés jusque chez nous, la maison a vibré comme dans un tremblement de terre. Les portes et les fenêtres ont été arrachées » , lui a raconté l’une de ses nièces. Les enfants épuisés ne se sont endormis qu’à l’aube. Le lendemain, Sufyan, le patriarche, pleurait : « On marche sur nos voisins, sous les décombres. »Ce vieil homme se désespère de voir ces rues s’évanouir sous ses yeux. Il ressasse ses souvenirs. L’antique mosquée voisine, celle de son enfance, a été endommagée en octobre par une autre frappe, et le vieux pharmacien des environs a plié bagage, après que son échoppe a été détruite.

    Morne succession de blocs d’immeubles

    Dans les années 1970, du temps de l’occupation israélienne, le chemin de fer qui reliait Gaza à l’Egypte courait encore près de ces ruines. « Enfants, on montait sur le toit de la maison quand on entendait arriver les trains israéliens, et on comptait les blindés camouflés qu’ils transportaient vers le Sinaï » , se souvient Khaled. Aujourd’hui, ses petits-neveux regardent passer à pied les cohortes de Gazaouis qui quittent leur ville par milliers. Sur la route Salah Al-Din, chaque jour entre 9 heures et 16 heures depuis le 9 octobre, ils agitent des drapeaux blancs devant les blindés que l’armée israélienne a enterrés dans des trous de sable, dans une vaste zone arasée au sud.

    Début novembre, un second frère, Bassem, a rejoint la maison maternelle, après des semaines d’errance. Cet ancien promoteur immobilier, âgé de 68 ans, vivait à Tel Al-Hawa, une morne succession de blocs d’immeubles aux façades uniformes et poussiéreuses, qui borde la mer à l’extrémité sud-ouest de la ville de Gaza. Dès les premiers jours de bombardements, une frappe a tué son voisin, un avocat. Bassem a quitté immédiatement les lieux, avec sa trentaine d’enfants et de petits-enfants. Ils l’ignoraient alors, mais l’armée préparait son opération terrestre : les blindés qui ont pénétré l’enclave le 28 octobre ont rasé un vaste espace au sud de Tel Al-Hawa, pour en faire leur base arrière.

    Bassem souffre d’un cancer du côlon. Il transporte son « estomac »(un tube de plastique greffé) dans un sac. Marcher lui est difficile. Epaulé par ses enfants, il s’est établi chez des proches, plus près du centre, aux environs du cinéma Nasser, fermé au début des années 1980. A deux rues de son abri, il a retrouvé l’un des plus vieux parcs de Gaza, une merveille fermée le plus clair de l’année, dont seuls de vieux initiés gardent le souvenir. Puis l’armée a progressé jusqu’à la place Al-Saraya, un complexe administratif, une ancienne prison de l’occupant israélien. Bassem et les siens ont quitté les lieux.

    Communauté de pêcheurs

    Le propriétaire d’une vieille camionnette Volkswagen a bien voulu l’embarquer vers la maison de sa mère à Chajaya, avec sa nièce, une jeune photographe qui aurait dû se rendre en Europe, le 10 octobre, invitée pour une résidence d’artiste. Les autres se sont séparés. Plusieurs enfants de Bassem ont gagné le sud de l’enclave. D’autres ont rejoint leur tante, Oum Hassan, dans sa maison de Zeitoun, où ils ont été bombardés le 17 novembre.

    S’il est un lieu aujourd’hui méconnaissable de Gaza, c’est son front de mer. La nuit, les pêcheurs du camp de réfugiés d’Al-Chati ont tremblé sous le roulement des canons des bateaux de guerre israéliens, au large. Parmi eux, selon Musheir El-Farra, un activiste qui tournait un film sur cette communauté de pêcheurs avant la guerre, Madlen Baker fut l’une des premières à quitter ce labyrinthe de ruelles étroites, construit pour des réfugiés chassés de leurs terres en 1948, à la naissance d’Israël, dont les descendants forment 70 % de la population de Gaza.

    Enceinte de sa troisième fille, Madlen a fui la rue Baker, où la famille de son mari, Khaled, installait, avant la guerre, de longues tables mixtes, pour déguster des ragoûts épicés de crevettes aux tomates, les jours de fête. Elle a renoncé à se réfugier dans un village de tentes, dans les cours de l’hôpital Al-Shifa tout proche. Avec une quarantaine de voisins, tous parents, la jeune femme a rejoint Khan Younès, au sud. Elle y a accouché une semaine plus tard, et a juré que sa fillette aurait un sort meilleur que le sien.

    A 31 ans, Madlen est l’unique pêcheuse de la communauté d’Al-Chati, métier d’hommes et de misère. Pour nourrir sa famille, elle a pris charge, à 13 ans, de la barque de son père, gravement malade. Elle a navigué dans les 6 à 15 milles nautiques que la marine israélienne concède aux pêcheurs gazaouis, qui éblouissent et font fuir le poisson à force de serrer les uns contre les autres leurs bateaux et leurs lampes. Elle a craint les courants qui poussaient son embarcation au-delà de cette zone, l’exposant aux tirs de l’armée.

    « Le port a été effacé »

    Elle a envié les grands espaces des pêcheries de l’Atlantique, qu’elle observait sur les réseaux sociaux. « Je courais après les poissons et les Israéliens me couraient après », disait-elle avant la guerre, de sa voix profonde et mélodieuse, devant la caméra de Musheir El-Farra. Ce dernier l’a retrouvée à Khan Younès. Madlen ignore si sa maison est encore debout, mais elle sait que son bateau gît au fond de l’eau, dans les débris du port de Gaza.

    « Même si la guerre finissait, on n’aurait plus une barque pour pêcher. Le port a été effacé. Les bâtiments, le phare, les hangars où nous entreposions nos filets et nos casiers, tout a disparu », énumère son ami et l’un des meneurs de leur communauté, Zakaria Baker, joint par téléphone. Les grands hôtels et les immeubles qui donnent sur le port sont en partie éventrés. L’asphalte de l’interminable boulevard côtier a été arraché par les bulldozers israéliens, comme celui des rues aérées qui, avant la guerre, menaient les promeneurs vers la rive.

    Seule la mer demeure un repère stable pour Zakaria Baker : « Tous mes voisins ont été chassés par les bombardements, qui ont presque détruit Al-Chati, surtout la dernière semaine avant l’invasion du camp. » M. Baker s’est résolu à partir à la veille de l’entrée des chars dans Al-Chati, le 4 novembre. Il a mené un convoi de 250 voisins et parents vers le sud, jusqu’à Khan Younès. Ce fier-à-bras moustachu, plutôt bien en chair avant la guerre, est arrivé émacié, méconnaissable, dans le sud de l’enclave.

    De son refuge de fortune, il assure qu’il retournera à Al-Chati après la guerre. Mais nombre de ses concitoyens n’ont pas sa détermination. « Les gens ont perdu leurs maisons, leurs enfants. Gaza est une âme morte. Beaucoup d’habitants chercheront à émigrer à l’étranger après la guerre. Sauf si une force internationale vient protéger la ville, et prépare le terrain pour que l’Autorité palestinienne en prenne le contrôle. Mais il faudra encore au moins cinq ans et des milliards d’euros pour rendre Gaza de nouveau vivable » , estime l’analyste Reham Owda, consultante auprès des Nations unies.

    « Ce qui a été le plus détruit, ce sont les gens »

    A 43 ans, Mme Owda résidait, avant le conflit, du joli côté d’un boulevard qui sépare le pauvre camp d’Al-Chati du quartier bourgeois de Rimal. Son défunt père, médecin, a fondé le département de chirurgie plastique du grand hôpital voisin Al-Shifa. Il a aussi bâti la maison que Reham a fuie dès le 13 octobre avec sa mère, ses quatre frères et sœurs, et leurs enfants. Sa famille s’est établie durant une semaine à Khan Younès, parmi des milliers de réfugiés, dans les odeurs d’ordures et d’égouts. Manquant de nourriture, ils ont décidé de retourner à Gaza. « Chez nous, nous avions au moins des boîtes de conserve, du gaz et un puits dans le jardin de nos voisins pour l’eau de cuisson » , dit Reham.

    Ils y ont passé dix-sept jours, calfeutrés dans la maison, jusqu’à ce que les chars encerclent l’hôpital. Le 8 novembre, des balles ont ricoché sur leur balcon. « Une boule de feu » , dit-elle, s’est abattue non loin. Un mur d’enceinte s’est écroulé dans leur jardin. La famille a repris le chemin de l’exil, vers le sud. « C’était comme un film de zombies, d’horreur. Des gens erraient sur les boulevards sans savoir où aller. J’ai vu des morceaux de cadavres en décomposition, qui puaient. Mon frère poussait le fauteuil roulant de ma mère, tout en portant son fils et un sac. Quand j’ai voulu m’asseoir au milieu d’un boulevard, pour me reposer, un tir a retenti et je suis repartie. »

    Depuis lors, l’armée israélienne a pris le contrôle de l’hôpital Al-Shifa. Elle a affirmé, dimanche 19 novembre, y avoir découvert un tunnel du Hamas, menant à un centre de commandement. Pressant plusieurs centaines de malades d’évacuer les lieux, elle a aussi permis, dimanche, l’évacuation de 31 nouveau-nés, prématurés en danger de mort – quatre autres étaient décédés auparavant.

    Mme Owda craint d’être bientôt contrainte par l’armée de revenir une seconde fois dans sa ville natale, à Gaza. « Je crois que d’ici à la fin du mois, si Israël contrôle toute la cité, l’armée demandera aux habitants de revenir, puis elle pourra poursuivre son opération terrestre dans le Sud. » Samedi 18 novembre, le ministre de la défense, Yoav Gallant, a indiqué que les soldats s’y lanceraient bientôt à la poursuite des chefs du Hamas.

    « Ce qui a été le plus détruit à Gaza, ce sont les gens. Je ne les reconnais plus. Mon voisin est venu vérifier l’état de sa maison récemment. Il pesait 120 kilos avant la guerre, il en a perdu trente en six semaines » , s’épouvante le photographe Mohammed Al-Hajjar, joint par téléphone le 17 novembre. Ce barbu trentenaire, au rire rocailleux de fumeur, réside dans la rue Al-Jalaa, au nord de chez Owda, avec trente parents : ses frères et leurs familles. Le père de son épouse, Enas, a été tué dans un bombardement au début de la guerre.

    Les trésors du verger

    « Nous mangeons une fois par jour du riz, du pain ou une soupe. Nous, les adultes, nous pouvons survivre avec un biscuit par jour, mais pas nos enfants. Nous espérons que la guerre finisse et de ne pas être forcés de boire de l’eau polluée » , dit-il. Depuis le début de la guerre, Mohammed échange régulièrement sur WhatsApp avec deux amies, l’une à Jérusalem, l’autre, réfugiée dans le sud de Gaza. Mardi 14 novembre au matin, il leur écrivait que la pluie tombait sur Gaza depuis une heure : « Les rues sont pleines de boue, nos fenêtres brisées laissent entrer l’eau, mais je remercie Dieu pour cette pluie bienfaisante. » Il envoyait peu après une photographie de sa cuisine, où des grenades, des clémentines, des citrons et des oranges dégorgeaient de grandes bassines d’aluminium : des taches lumineuses dans l’air gris de Gaza.

    La veille, Mohammed avait tenu une promesse faite à son fils de 7 ans, Majed, et à sa cadette, Majdal, âgée de 2 ans. Il a parcouru la ville à ses risques et périls pour rejoindre un verger qui appartient à sa famille. Il en a rapporté ces fruits, véritables trésors, dans des sacs en plastique gonflés à ras bord. « Nos oliviers et nos goyaviers ont été ravagés par le bombardement d’une maison, en face du jardin. Il y a eu aussi des combats au sol, pas loin. Nos canards et nos moutons en ont profité pour s’échapper » , écrivait-il alors, par texto, à ses deux amies .Mohammed l’a regretté : sa famille aurait eu bien besoin de cette viande.

    Plusieurs fois par semaine, lorsque son téléphone est près de s’éteindre, Mohammed dit un dernier « adieu » à ses amies. Puis il trouve le moyen de le recharger, sur une batterie de voiture à laquelle des voisins branchent une douzaine de mobiles. Il rentre alors embrasser son épouse, dans le salon neuf du rez-de-chaussée, où elle lui interdisait de traîner avant la guerre, de peur qu’il le salisse. Il monte quatre à quatre les escaliers jusqu’au sixième étage, où le réseau téléphonique est meilleur. Là-haut, le jeune homme filme les éclats des bombardements, la nuit, dans une ville sans électricité que seuls les incendies éclairent, et où les blindés israéliens circulent tous feux éteints, lâchant parfois une fusée éclairante.

    Au matin, Mohammed raconte ses rêves à ses amies sur WhatsApp, et leur demande des nouvelles de la progression de l’armée. C’est lui qui leur avait annoncé, les 7 et 8 octobre, la destruction par les bombes israéliennes des grands immeubles du centre-ville, les tours Palestine, Watane, Al-Aklout et Alimane ; celle du plus moderne centre commercial de la ville, Le Capital, et les frappes méthodiques sur les demeures des responsables politiques du Hamas. Mais il sort de moins en moins. Le photographe rassemblait encore son courage afin de photographier, pour le site britannique Middle East Eye, l’hôpital Al-Shifa, avant son invasion par l’armée. Aujourd’hui, il a faim : il envoie des images des épiceries détruites de la rue Al-Jalaa, et d’une longue rangée de réfrigérateurs vides dans un supermarché voisin.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/20/l-errance-des-habitants-de-gaza-dans-leur-ville-transformee-en-champ-de-ruin

    #guerre #IDPs #déplacés_internes #réfugiés #destruction #7_octobre_2023 #armée_israélienne #cartographie #visualisation

  • #Gaza, les hantises du #génocide

    S’il faut être prudent sur la #qualification définitive de génocide, et qu’il faut être conscients que ce terme, malgré les détournements, est avant tout juridique et non pas politique, une question doit se poser aujourd’hui : « assistons-nous à un nouveau génocide ? »

    Le 16 novembre 2023, 33 experts onusiens ont signé une déclaration appelant à une réaction internationale urgente et évoquant que « les graves violations commises par Israël contre les Palestiniens au lendemain du 7 octobre, notamment à Gaza, laissent présager un génocide en devenir ». Cette position de l’#ONU sur la question d’un génocide n’est pas inédite.

    Le 2 novembre, le rapporteur spécial sur les territoires palestiniens occupés alertait déjà sur le risque de génocide. Si le mot n’est plus tabou pour qualifier ce que subit la population de Gaza, sa #définition_juridique internationale (fixée par la #Convention_sur_le_génocide et par le #Statut_de_Rome sur la CPI) commande une certaine prudence. Malgré cela, la question d’un génocide à Gaza se pose avec gravité et acuité eu égard aux circonstances de l’offensive militaire israélienne à Gaza.

    La notion de génocide est une #catégorie_juridique complexe qui a évolué au fil du temps pour devenir l’un des #crimes les plus graves de nos ordres juridiques. Il est imprescriptible et plusieurs États se reconnaissent une compétence universelle pour instruire et juger de tels agissements.

    Ce concept a, évidemment, des origines historiques importantes. En combinant les mots grec « genos » (peuple) et latin « cide » (tuer), le juriste polonais #Raphael_Lemkin en 1944 a voulu décrire et caractériser les atrocités commises pendant la Seconde guerre mondiale, en particulier l’Holocauste, qui a vu l’extermination systématique de millions de Juifs par le régime nazi. #Lemkin a plaidé pour la reconnaissance légale de ces crimes et a joué un rôle clé dans l’élaboration de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par les Nations Unies en 1948.

    Cette Convention, communément appelée la « Convention sur le génocide », est l’instrument juridique principal qui définit le génocide dans le #droit ^_international en définissant en son article 2 le génocide comme : « Tout acte commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, en tant que tel. ».

    De cette définition ressortent plusieurs éléments clefs : la question des actes commis, du groupe spécifiquement visé et celui de l’#intention_génocidaire. Au regard des destructions, des bombardements nourris et aveugles notamment sur des camps de réfugiés, sur des écoles gérées par l’ONU servant d’abris aux civils, sur les routes censées être sûres pour permettre aux populations civiles de fuir, mais aussi de ce ratio calculé par des observateurs selon lesquels pour un membre du Hamas tué il y aurait 10 civils massacrés, il apparaît que les premiers critères de la définition sont potentiellement remplis.

    Reste la question décisive de l’intention génocidaire. Celle-ci suppose l’identification de textes, d’ordres, d’actes et de pratiques… En l’état, une série de déclarations d’officiels israéliens interpellent tant elles traduisent une déshumanisation des Palestiniens. Le 19 novembre, point d’orgue d’une fuite en avant en termes de déclarations, l’ancien général et dirigeant du Conseil de Sécurité National israélien, #Giora_Eiland, a publié une tribune dans laquelle il appelle à massacrer davantage les civils à Gaza pour faciliter la victoire d’Israël.

    Avant cela et suite à l’attaque du 7 octobre, le ministre israélien de la Défense, #Yoav_Galant, avait déclaré : « Nous imposons un siège complet à Gaza. Pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz, tout est fermé […] Nous combattons des #animaux_humains et nous agissons en conséquence ».

    Dans une logique similaire, le Premier ministre #Benjamin_Netanyahu a opposé « le peuple des lumières » à celui « des ténèbres », une dichotomie bien connue dans la rhétorique génocidaire. Récemment, le ministre israélien du patrimoine a déclaré : « Le nord de Gaza est plus beau que jamais. Nous bombardons et aplatissons tout (....) au lendemain de la guerre, nous devrions donner des terres de Gaza aux soldats et aux expulsés de Gush Katif ».

    Enfin, en direct à la radio, le même #Amichay_Eliyahu a déclaré qu’il n’était pas entièrement satisfait de l’ampleur des représailles israéliennes et que le largage d’une bombe nucléaire « sur toute la #bande_de_Gaza, la raser et tuer tout le monde » était « une option ». Depuis, il a été suspendu, mais sans être démis de ses fonctions …

    Au-delà de ces déclarations politiques, il faut apprécier la nature des actes commis. Si un « plan » génocidaire en tant que tel n’est pas exigé pour qualifier de génocidaire, une certaine #organisation et ‎une #préparation demeurent nécessaires. Une politique de #colonisation par exemple, le harcèlement criminel quotidien, la #détention_arbitraire de Palestiniens, y compris mineurs, peuvent laisser entendre la mise en place de ce mécanisme.

    La Cour pénale internationale a d’ailleurs déjà ouvert des enquêtes sur ces faits-là avec des investigations qui ne progressent cependant pas notamment car Israël conteste à la Cour – dont il n’est pas membre – toute compétence. Actuellement, les pénuries impactant notamment des hôpitaux, le refus ou la limitation de l’accès de l’aide humanitaire et évidemment les #bombardements_indiscriminés, sont autant d’éléments susceptibles de matérialiser une intention génocidaire.

    Un positionnement politique pour une caractérisation juridique

    Le silence de nombreux pays est assourdissant face à la situation à Gaza. Il suffit de lire le communiqué du Quai d’Orsay sur le bombardement du camp de réfugiés Jabaliya : « La France est profondément inquiète du très lourd bilan pour les populations civiles palestiniennes des frappes israéliennes contre le camp de Jabaliya et exprime sa compassion à l’égard des victimes ».

    Aucune condamnation et, évidemment, aucune mention de la notion de génocide ni même de #crimes_de_guerre ou de #crime_contre_l’Humanité. Cela s’explique en partie par le fait que la reconnaissance du génocide a d’importantes implications juridiques. Les États signataires de la Convention sur le génocide sont tenus de prévenir et de réprimer le génocide sur leur territoire, ainsi que de coopérer entre Etats ainsi qu’avec la Cour pénale internationale pour poursuivre et punir les auteurs présumés de génocide.

    Ainsi, si un État reconnaît la volonté génocidaire d’Israël, il serait de son devoir d’intervenir pour empêcher le massacre. À défaut d’appel à un #cessez-le-feu, le rappel au respect du droit international et l’exigence de « pauses humanitaires » voire un cessez-le-feu par les Etats-Unis ou la France peuvent aussi s’interpréter comme une prévention contre une éventuelle accusation de complicité…

    S’il faut être prudent sur la qualification définitive de génocide, et qu’il faut être conscients que ce terme, malgré les détournements, est avant tout juridique et non pas politique, une question doit se poser aujourd’hui, « assistons-nous à un nouveau génocide ? » et si la réponse est « peut-être », alors il est du devoir des États signataires de la Convention de prévention des génocides de tout faire pour empêcher que le pire advienne.

    https://blogs.mediapart.fr/collectif-chronik/blog/221123/gaza-les-hantises-du-genocide
    #mots #vocabulaire #terminologie #Israël #7_octobre_2023

  • ★ Libertaires contre toutes les guerres - Le Libertaire GLJD

    La guerre qui oppose au Moyen-Orient un gouvernement israélien d’extrême-droite et le Hamas qui aspire à créer une dictature théocratique, a déjà fait plus de 12 000 morts à ce jour. Les colons israéliens s’en donnent aujourd’hui à cœur joie en Cisjordanie et étendent leur colonisation en tuant au passage de nombreux Palestiniens. A Gaza, l’armée israélienne bombardent et tuent des milliers de civils en réponse aux agissements criminels et terroristes du Hamas le 7 octobre dernier. Si les anarchistes sont toujours du côté des opprimés, de toutes les victimes civiles, des résistants à toutes les guerres, ils ne peuvent éluder un problème récurrent, notamment celui de la Palestine depuis l’après Seconde Guerre mondiale. A ce titre, il nous paraît intéressant d’étudier une alternative à la situation actuelle en proposant à nos lecteurs un texte tiré du site « Kurdistan au féminin » (...)

    #Anarchisme #Paix #Liberté #Justice #anticléricalisme #antimilitarisme #émancipation #internationalisme
    #Palestine #Gaza #Cisjordanie #hamas #Israël #haine #massacre #bombardements #destruction #morts #nationalisme #colonialisme #racisme #antisémitisme...

    https://le-libertaire.net/libertaires-contre-toutes-les-guerres

    https://le-libertaire.net/anarchistes-pour-la-paix

    https://le-libertaire.net/palestine-israel-pour-un-reel-processus-de-paix

  • ★ Ⓐ Arrêtons le massacre à Gaza ! - Le Libertaire GLJD

    Les informations à grand spectacle véhiculées par les médias sentent souvent la manipulation. On entend à bas bruits des appels à la haine raciale et on ne peut que s’inquiéter des conséquences irrationnelles de ces appels. L’opinion de la rue indispose les gouvernements au point que ces derniers essaient de la marginaliser voire carrément de l’interdire sous couvert de désordres. Mais le désordre est déjà là avec l’horreur et le cynisme de la guerre. L’opinion ne peut cautionner l’absurde et les tragédies car c’est bien de souffrances et de morts dont il s’agit.
    L’intolérable de l’action du Hamas le 7 octobre 2023 ne peut faire oublier la responsabilité qui incombe au gouvernement israélien dans la relégation du peuple palestinien au sein d’une prison à ciel ouvert. Aujourd’hui, après le déclenchement du énième conflit à Gaza, nous ne pouvons que dénoncer une logique de guerre qui plonge ses racines dans l’après Seconde Guerre mondiale. Le système capitaliste a besoin de guerres pour se refaire une santé économique : les ventes d’armes décollent et les usines d’armement tournent à plein régime (...)

    #Gaza #guerre #massacre #bombardements #colonialisme #capitalisme #militarisme #nationalisme
    #anarchisme #antiguerre #anticapitalisme #antimilitarisme #internationalisme...

    https://le-libertaire.net/arretons-le-massacre-a-gaza

  • ★ Anarchistes pour la paix - Le Libertaire GLJD

    L’actuelle guerre à Gaza participe du fait accompli, ce qui peut conduire certains d’entre nous à d’illusoires choix. Et Voltaire indiquait qu’un choix n’est pas toujours une liberté. La propagande de Tsahal nous force la main et fait semblant de nous proposer la guerre contre le Hamas pour arriver à la paix. Qu’on le dise haut et fort, le Hamas est une organisation islamo-fasciste désirant mettre en place un régime théocratique dictatorial et obscurantiste. Aucun libertaire ne peut s’aligner sur les positions du Hamas surtout après les atrocités commises le 7 octobre dernier à l’encontre de centaines de civils juifs dont bon nombre d’enfants. Jamais un libertaire ne soutiendra une organisation qui s’en prend aux enfants. Ceci vaut pour le gouvernement israélien. Ce dernier tente de culpabiliser ceux et celles qui s’opposent à ses actions meurtrières à Gaza. Nous ne sommes pas dupes. Et les anarchistes demeurent fidèles à leur engagement pacifiste et antimilitariste : aucune bombe, aucun génocide, aucune terreur, aucun fusil, aucune arme chimique ou nucléaire…ne peut être utilisée pour régler un conflit. L’hypocrisie occidentale et israélienne bat son plein quand elle joue de l’intervention militaire humanitaire (...)

    #Anarchisme #Paix #Liberté #Justice #anticléricalisme #antimilitarisme #émancipation #internationalisme
    #Palestine #Israël #haine #massacre #bombardements #destruction #morts #nationalisme #racisme #antisémitisme...

    https://le-libertaire.net/anarchistes-pour-la-paix

  • A Gaza, récit de la prise de l’hôpital Al-Shifa par l’armée israélienne
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/16/la-prise-de-l-hopital-al-shifa-ultime-refuge-de-gaza_6200461_3210.html


    Des soldats israéliens dans le complexe hospitalier #Al-Shifa, à #Gaza, lors de l’opération terrestre contre le Hamas, le 15 novembre 2023. IDF / VIA REUTERS

    L’armée israélienne a pénétré mercredi dans l’hôpital où s’étaient abrités de nombreux civils, sans pour l’instant fournir la preuve que l’établissement avait un usage militaire.
    Par Ghazal Golshiri et Louis Imbert(Jérusalem, correspondant)

    En pénétrant mercredi 15 novembre dans Al-Shifa, le principal hôpital de Gaza, l’armée israélienne a signifié aux derniers #Palestiniens encore présents dans cette ville qu’ils n’y disposaient plus d’aucun #refuge. Ce n’est pas à un assaut militaire en bonne et due forme que se sont livrés les soldats, contrairement à ce que craignaient les déplacés, qui quittent l’établissement par centaines depuis son encerclement partiel le 10 novembre. C’est à une opération d’#intimidation. En vidant l’hôpital, l’armée s’attaque au centre névralgique d’une cité qui comptait un million d’habitants avant la guerre, et qui est aujourd’hui largement dépeuplée et promise à la ruine.

    Six semaines de bombardements massifs et indiscriminés, puis une opération terrestre menée lentement et méthodiquement, à partir du 13 octobre, ont déjà en partie détruit cette ville côtière, qui fut jusqu’au IXe siècle un carrefour des routes commerçantes de l’Orient à la Méditerrannée, et qui retrouve aujourd’hui son visage de 1917, au sortir d’une guerre de tranchée durant laquelle les artilleries turque et britannique avaient rasé la ville. Au 16 novembre, les autorités de santé de l’enclave, anciennement administrée par le Hamas, dénombrent au moins 11 000 morts, et 1,6 million de déplacés.

    [...] Six semaines de #bombardements ont permis à l’armée d’éliminer des dizaines de commandants de rang intermédiaire du Hamas et de briser en partie les chaînes de commandement de l’organisation, estime-t-elle. Le #Hamas apparaît sonné par cette entreprise d’anéantissement, longtemps assumée par les autorités israéliennes, avant que l’armée ne tente plus vigoureusement, depuis une semaine et principalement à Al-Shifa, de démontrer qu’elle respecte une mesure de proportionnalité dans ses frappes, entre la valeur de ses cibles militaires et les morts civils.

    https://archive.ph/oAEQp
    Le Monde fait peu de cas des « preuves » israéliennes"
    1ère résolution du conseil de sécurité de l’ONU, mercredi : le temps dont dispose Israël pour une tuerie massive s’amenuise
    l’hypothèse fréquemment retenue est que les troupes du Hamas se mêlent aux déplacés, l’organisation réapparaîtra plus tard. le ’but de guerre", si il y en avait un, autre fait pshitt.

    #Israël

  • A New Tool Allows Researchers to Track Damage in #Gaza

    As the Israel Defense Forces (IDF) continue to bomb the Gaza Strip, many researchers are attempting to track and quantify the damage to the territory’s buildings, infrastructure and the displacement of the local population.

    A new tool, originally developed to estimate damage in Ukraine, has now been adapted and applied to Gaza. The tool can estimate the number of damaged buildings and the pre-war population in a given area within the Gaza Strip.

    The tool has already been used by a number of media outlets, but it is freely available for anyone to use and we have outlined its key features below.

    The coloured overlay on this map is a damage proxy map indicating the probability of a significant change occurring at particular locations since October 10, 2023. Users can click the “draw polygon” button to draw an area of interest on the map — for example, a particular neighbourhood.

    To understand how the tool works, let’s look at the neighbourhood of Izbat Beit Hanoun, which sustained heavy damage visible in these high-resolution, before-and-after satellite images from Planet:

    The row of apartment complexes in the north of the neighbourhood near the road has been razed. Lower-density areas in the centre and northeast of the neighbourhood have also sustained heavy damage. Airstrikes have also destroyed several of the apartment complexes in the southwest.

    Below is the damage probability map generated by the tool, highlighting many of these areas:

    Drawing a box over this neighbourhood allows us to roughly quantify the number of buildings – and people- affected by the destruction.

    In the neighbourhood of Izbat Beit Hanoun, the tool estimates that there are 321-425 damaged buildings (73 — 97%), displayed with colours above. The tool also estimates that in the area of interest there was a pre-war population of 7,453, of which 4756 – 6304 lived in areas that are now likely to be damaged.
    How it Works

    Synthetic Aperture Radar (SAR) imagery has been used extensively in academic studies of building damage, and by groups like NASA following the 2020 explosion at the port of Beirut. NASA explains the use of SAR for building damage detection as follows: “SAR instruments send pulses of microwaves toward Earth’s surface and listen for the reflections of those waves. The radar waves can penetrate cloud cover, vegetation, and the dark of night to detect changes that might not show up in visible light imagery. […] When buildings have been damaged or toppled, the amplitude and phase of radar wave reflections changes in those areas and indicate to the satellite that something on the ground has changed.”

    The application above detects damaged areas by measuring the change in the intensity of the radar waves reflected back to the Sentinel-1 satellite before and after October 10, 2023, adjusted for how noisy the signal is in both periods. A more detailed explanation of the algorithm (which was peer-reviewed for a conference) is available here, and a walkthrough (including code) applied to the 2020 Beirut explosion is available here.

    Once likely damaged areas have been identified, the damage probability map is combined with building footprints from Microsoft. Footprints in which significant change has occurred are classified as damaged. This yields a count (and proportion) of estimated damaged buildings within an area.

    To get a rough idea of the number of people affected in a given area, population data are sourced from the LandScan program at Oak Ridge National Laboratory. The data are provided at the level of 90 metres. These population estimates are generated by merging current data on building structures, occupancy rates and infrastructure. Because these are estimates, they are subject to some level of error. They also predate the current conflict and are thus not meant to be interpreted as a count of actual or potential civilian casualties. You can read more about LandScan data here.
    Accuracy

    To assess the accuracy of the damage detection algorithm, damage points from the UN Satellite Office (UNOSAT) were used for validation. These are generated by manually combing through high-resolution satellite imagery and tagging visibly damaged buildings. Below is the same image of Izbat Beit Hanoun, with UNOSAT damage points overlaid in white.

    In the images above, the colourful overlay is a damage probability map. Darker colours indicate a higher probability that a significant change occurred after October 10, 2023.

    The UNOSAT damage points are available under the “Layers” tab in the top right corner of the tool. It should be noted that UNOSAT carried out the assessment on November 7 and that damage has occurred since then.

    Geolocated Footage

    To get an additional source of validation data, geolocated footage of strikes and destruction in Gaza are available under the “Layers” tab in the top right, and are displayed as blue triangles.

    These are sourced from Geoconfirmed, a community-based geolocating network. Clicking on a geolocated event will open a panel in the top right, showing a brief description of the event, the date, a link to the source media, and a link to the geolocation of the event.

    In the example below, clicking on a geolocated event in the heavily damaged Tal al-Hawa neighbourhood reveals that Gaza City’s International Eye Hospital appears to have been hit by an airstrike.

    Clicking on “Source Media” shows the following image of the eye hospital.

    Clicking on “Geolocation” displays the following tweet, which uses the visible characteristics of the building itself and adjacent buildings to locate the picture.

    Further research confirms that the International Eye Hospital was subsequently completely destroyed.

    It should be noted that the geolocations have not been independently verified by the creators of the tool and are automatically added to the map as they become available. Nevertheless, these geolocations are an important additional source of preliminary information. As of the date of publication, there were 541 geolocated events in the Gaza Strip. The tool automatically adds new geolocations as they become available.
    Important Caveats

    While this tool can help us better understand the devastating impact of IDF strikes on Gaza, there are a number of important caveats to bear in mind when using it.

    The first is that this tool detects any significant changes that have occurred in Gaza since October 10, 2023. The vast majority of these changes are likely related to conflict damage, but not all. For example, placing a large number of tents on a previously open field would be detected, since this would change the amplitude of the signal reflected back to the Sentinel-1 satellite from that patch of land.

    Second, because of the way the algorithm functions, older damage will be more confidently detected than newer damage. Thus, while the tool updates automatically as new imagery becomes available, it may take some time for newer damage to become visible. Other SAR-based methods can produce accurate estimates of damaged areas on a particular date. The Decentralized Damage Monitoring Group is working on such methodologies, with the aim of publicly disseminating damage maps that show not only where damage has occurred, but when.

    Finally, the assessment of population exposure is not a measure of actual or potential civilian casualties. These population estimates predate the most recent conflict in Gaza, and many civilians have fled. The affected population counts represent a ballpark estimate of the number of people who previously lived in areas that are now likely damaged or destroyed.
    Accessing the Tool

    The Gaza Damage Proxy Map uses previously established and tested methodology to provide estimates of damage to buildings. The data is updated approximately one to two times per week as new satellite imagery is gathered by the Sentinel-1 satellite. It therefore represents cumulative damage since October 10, not real-time damage to buildings.

    Although the information provided by the tool is an estimate, it is useful for researchers to quickly gain an overview of damaged areas in the Gaza Strip.

    You can access the Gaza Damage Proxy Map here.

    A similar tool using the same methodology to assess damage in Ukraine following Russia’s full-scale invasion and in Turkey following the February 6 Turkey-Syria earthquake, can be accessed here: https://ee-ollielballinger.projects.earthengine.app/view/gazadamage

    https://www.bellingcat.com/resources/2023/11/15/a-new-tool-allows-researchers-to-track-damage-in-gaza

    #imagerie #architecture_forensique #destruction #cartogrphie #visualisation #guerre #images_satellites #images_satellitaires #Synthetic_Aperture_Radar (#SAR) #UNOSAT #géolocalisation #photographie #dégâts #bombardements

    ping @visionscarto

  • Entre Israël et l’Occident, le déni potentiellement génocidaire de la Palestinehttps://www.contretemps.eu/israel-occident-deni-palestine

    Dans ce texte, Ussama Makdisi montre qu’entre Israël et l’Occident, il existe une communauté de langage et un système de vision du monde commun dans lequel l’Arabe, le Palestinien, n’a pas la même valeur ontologique que les peuples du Nord global. Ce racisme est ancré dans l’histoire du colonialisme européen dont le sionisme est une manifestation, et persiste aujourd’hui encore dans les structures sociales des sociétés européennes, américaines du nord et israélienne. Il contient en outre un potentiel génocidaire que l’auteur met ici en exergue et qui se révèle aujourd’hui à Gaza – sous les yeux du monde entier.

    L’amour du sionisme en Occident a toujours eu une relation trouble avec le génocide. Le sionisme en tant qu’idéologie politique trouve ses racines dans une époque où les empires européens justifiaient régulièrement l’extermination de ceux qu’ils considéraient comme des peuples inférieurs et des barbares non civilisés. Sa promesse fondatrice repose sur une sorte de génocide métaphorique.

    Aux racines du sionisme et du philosionisme, un racisme colonial

    L’idée sioniste européenne du XIXe siècle d’implanter et de maintenir un État nationaliste exclusivement juif dans une Palestine multiconfessionnelle est dès le départ fondée sur l’effacement de l’histoire et de l’humanité des Palestiniens autochtones. À la suite de l’Holocauste allemand des Juifs d’Europe, le philosionisme occidental est puissamment renforcé par un sentiment de culpabilité et une sympathie pour l’idée d’un État juif. Aujourd’hui, le philosionisme est arrivé à un point de son cheminement où il endosse l’idée d’un génocide à Gaza au nom de la défense de cet État juif. Depuis que les « diaboliques » guérilleros palestiniens ont quitté le ghetto de Gaza et ont attaqué et tué des soldats, policiers, colons armés et civils israéliens le 7 octobre 2023, le soutien des libéraux et des États occidentaux au « droit d’Israël à se défendre » est écrasant. Ce soutien strident ne faiblit guère alors qu’Israël mène méthodiquement une campagne de terre brûlée depuis près d’un mois, détruisant des dizaines de milliers de maisons, d’hôpitaux, d’écoles, de mosquées, d’églises et de boulangeries et soumettant la population réfugiée palestinienne de Gaza à une punition collective d’une cruauté inouïe. Ce dernier épisode du philosionisme révèle plus clairement que jamais l’impitoyable double standard qui le sous-tend : l’histoire et les vies des juifs Israéliens sont respectées ; l’histoire et les vies des Palestiniens musulmans et chrétiens sont fondamentalement dévalorisées.

    Ce double standard a une longue histoire qui remonte à l’époque où d’enthousiastes théologiens protestants d’Europe et d’Amérique du Nord adhèrent à l’idée du « retour » des Juifs dans la Palestine biblique, sans s’intéresser ni à la population qui existe alors en Palestine ni à sa diversité. Le mouvement nationaliste sioniste qui émerge en Europe centrale et orientale parmi les Juifs ashkénazes européens ignore lui aussi la population palestinienne autochtone. Cela s’explique en partie par la géographie : le sionisme est né non pas au sein des anciennes communautés juives d’Orient, mais dans la lointaine Europe. Ses dirigeants ne sont pas des Juifs arabes ou orientaux, mais des Juifs ashkénazes européens. Quant à son idéologie nationaliste ethnoreligieuse, elle est forgée non pas par le pluralisme du Moyen-Orient de l’époque, mais par les nationalismes raciaux, ethniques et linguistiques concurrents de l’Europe. L’antisémitisme racial qui se manifeste en Europe est étranger aux rythmes des différences religieuses, de la discrimination et de la coexistence si familiers aux divers habitants de l’Orient islamique ottoman.

    En partie au moins, la condescendance du sionisme européen vis-à-vis de l’autochtone est fondée sur le racisme. Car le projet sioniste se développe comme un projet colonial. Alors que les principaux sionistes sont aux prises avec l’antisémitisme racial de l’Europe, ils expriment, partagent, contribuent et font circuler de nombreux tropes racistes fondamentaux de la culture occidentale du XIXe siècle : les terres des peuples autochtones seraient largement « vides » et donc ouvertes à la colonisation, le colonialisme serait le salut et l’expulsion des peuples autochtones serait inévitable ou nécessaire parce que ces peuples seraient racialement et mentalement inférieurs, non civilisés et donc sans valeur historique ou éthique. En ce sens, l’un des slogans du mouvement sioniste est « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre »...

  • #Taux_de_change : retour sur la politique israélienne des #otages

    Eyal Weizman, fondateur du collectif Forensic Architecture, revient sur la manière dont les #civils installés autour de #Gaza ont servi de « #mur_vivant » lors des massacres du 7 octobre perpétrés par le #Hamas, et retrace l’évolution de la politique israélienne à l’égard des otages.

    Au printemps 1956, huit ans après la Nakba (un terme arabe qui désigne « la catastrophe » ou « le désastre » que fut pour les Palestiniens la création d’Israël), un groupe de fedayins palestiniens franchit le fossé qui sépare Gaza de l’État d’Israël. D’un côté se trouvent 300 000 Palestiniens, dont 200 000 réfugiés expulsés de la région ; de l’autre, une poignée de nouvelles installations israéliennes. Les combattants palestiniens tentent de pénétrer dans le kibboutz de Nahal Oz, tuent Roi Rotberg, un agent de sécurité, et emportent son corps à Gaza, mais le rendent après l’intervention des Nations unies.

    #Moshe_Dayan, alors chef de l’état-major général d’Israël, se trouvait par hasard sur place pour un mariage et a demandé à prononcer, le soir suivant, l’éloge funèbre de Rotber. Parlant des hommes qui ont tué #Rotberg, il a demandé : « Pourquoi devrions-nous nous plaindre de la #haine qu’ils nous portent ? Pendant huit ans, ils se sont assis dans les camps de réfugiés de Gaza et ont vu de leurs yeux comment nous avons transformé les terres et les villages où eux et leurs ancêtres vivaient autrefois. » Cette reconnaissance de ce que les Palestiniens avaient perdu, les hommes politiques israéliens d’aujourd’hui ne peuvent plus se permettre de l’exprimer. Mais Dayan ne défendait pas le #droit_au_retour : il a terminé son discours en affirmant que les Israéliens devaient se préparer à une #guerre_permanente et amère, dans laquelle ce qu’Israël appelait les « #installations_frontalières » joueraient un rôle majeur.

    Au fil des ans, le #fossé s’est transformé en un système complexe de #fortifications - une #zone_tampon de 300 mètres, où plus de deux cents manifestants palestiniens ont été tués par balle en 2018 et 2019 et des milliers d’autres blessés, plusieurs couches de #clôtures en barbelés, des #murs en béton s’étendant sous terre, des mitrailleuses télécommandées - et des équipements de #surveillance, dont des tours de guet, des caméras de vidéosurveillance, des capteurs radar et des ballons espions. À cela s’ajoute une série de #bases_militaires, dont certaines situées à proximité ou à l’intérieur des installations civiles qui forment ce que l’on appelle l’#enveloppe_de_Gaza.

    Empêcher le retour des réfugiés

    Le #7_octobre_2023, lors d’une attaque coordonnée, le Hamas a frappé tous les éléments de ce système interconnecté. #Nahal_Oz, l’installation la plus proche de la clôture, a été l’un des points névralgiques de l’attaque. Le terme « #Nahal » fait référence à l’unité militaire qui a créé les installations frontalières. Les installations du Nahal ont débuté comme des avant-postes militaires et sont devenues des villages civils, principalement de type #kibboutz. Mais la transformation n’est jamais achevée et certains résidents sont censés se comporter en défenseurs quand la communauté est attaquée.

    La « #terre_des_absents » a été la #tabula_rasa sur laquelle les planificateurs israéliens ont dessiné le projet des colons sionistes après les expulsions de 1948. Son architecte en chef était #Arieh_Sharon, diplômé du Bauhaus, qui a étudié avec Walter Gropius et Hannes Meyer avant de s’installer en Palestine en 1931, où il a construit des lotissements, des coopératives de travailleurs, des hôpitaux et des cinémas. Lors de la création de l’État d’Israël, David Ben Gourion l’a nommé à la tête du département de planification du gouvernement. Dans The Object of Zionism (2018), l’historien de l’architecture Zvi Efrat explique que, bien que le plan directeur de Sharon soit fondé sur les principes les plus récents du design moderniste, il avait plusieurs autres objectifs : fournir des logements aux vagues d’immigrants arrivés après la Seconde Guerre mondiale, déplacer les populations juives du centre vers la périphérie, sécuriser la frontière et occuper le territoire afin de rendre plus difficile le retour des réfugiés.

    Dans les années 1950 et 1960, le #plan_directeur de Sharon et de ses successeurs a conduit à la construction, dans les « #zones_frontalières », définies à l’époque comme représentant environ 40 % du pays, de centres régionaux ou « #villes_de_développement » qui desservaient une constellation d’#implantations_agraires. Ces villes de développement devaient accueillir les immigrants juifs d’Afrique du Nord – les Juifs arabes – qui allaient être prolétarisés et devenir des ouvriers d’usine. Les implantations agraires de type kibboutz et #moshav étaient destinées aux pionniers du #mouvement_ouvrier, principalement d’Europe de l’Est. Les #terres appartenant aux villages palestiniens de #Dayr_Sunayd, #Simsim, #Najd, #Huj, #Al_Huhrraqa, #Al_Zurai’y, #Abu_Sitta, #Wuhaidat, ainsi qu’aux tribus bédouines #Tarabin et #Hanajre, sont occupées par les villes de développement #Sderot et #Ofakim et les kibboutzim de #Re’im, #Mefalsim, #Kissufim et #Erez. Toutes ces installations ont été visées le 7 octobre.

    La première #clôture

    À la suite de l’#occupation_israélienne de 1967, le gouvernement a établi des installations entre les principaux centres de population palestinienne à Gaza même, dont la plus grande était #Gush_Katif, près de Rafah, à la frontière égyptienne ; au total, les #colonies israéliennes couvraient 20 % du territoire de Gaza. Au début des années 1980, la région de Gaza et ses environs a également accueilli de nombreux Israéliens évacués du Sinaï après l’accord de paix avec l’Égypte.

    La première clôture autour du territoire a été construite entre 1994 et 1996, période considérée comme l’apogée du « #processus_de_paix ». Gaza était désormais isolée du reste du monde. Lorsque, en réponse à la résistance palestinienne, les colonies israéliennes de Gaza ont été démantelées en 2005, certaines des personnes évacuées ont choisi de s’installer près des frontières de Gaza. Un deuxième système de clôture, plus évolué, a été achevé peu après. En 2007, un an après la prise de pouvoir du Hamas à Gaza, Israël a entamé un #siège à grande échelle, contrôlant et limitant les flux entrants de produits vitaux - #nourriture, #médicaments, #électricité et #essence.

    L’#armée_israélienne a fixé les privations à un niveau tel que la vie à Gaza s’en trouve presque complètement paralysée. Associé à une série de campagnes de #bombardements qui, selon les Nations unies, ont causé la mort de 3 500 Palestiniens entre 2008 et septembre 2023, le siège a provoqué une #catastrophe_humanitaire d’une ampleur sans précédent : les institutions civiles, les hôpitaux, les systèmes d’approvisionnement en eau et d’hygiène sont à peine capables de fonctionner et l’électricité n’est disponible que pendant la moitié de la journée environ. Près de la moitié de la population de Gaza est au #chômage et plus de 80 % dépend de l’#aide pour satisfaire ses besoins essentiels.

    L’enveloppe de Gaza

    Le gouvernement israélien offre de généreux #avantages_fiscaux (une réduction de 20 % de l’impôt sur le revenu par exemple) aux habitants des installations autour de Gaza, dont beaucoup longent une route parallèle à la ligne de démarcation, à quelques kilomètres de celle-ci. L’enveloppe de Gaza comprend 58 installations situées à moins de 10 km de la frontière et comptant 70 000 habitants. Au cours des dix-sept années depuis la prise de pouvoir par le Hamas, malgré les tirs sporadiques de roquettes et de mortiers palestiniens et les bombardements israéliens sur le territoire situé à quelques kilomètres de là, les installations n’ont cessé d’augmenter. La hausse des prix de l’immobilier dans la région de Tel-Aviv et les collines ouvertes de la région (que les agents immobiliers appellent la « Toscane du nord du Néguev ») a entraîné un afflux de la classe moyenne.

    De l’autre côté de la barrière, les conditions se sont détériorées de manière inversement proportionnelle à la prospérité croissante de la région. Les installations sont un élément central du système d’#enfermement imposé à Gaza, mais leurs habitants tendent à différer des colons religieux de Cisjordanie. Démontrant l’aveuglement partiel de la gauche israélienne, certaines personnes installées dans le Néguev sont impliquées dans le #mouvement_pacifiste.

    Le 7 octobre, les combattants du Hamas ont forcé les éléments interconnectés du réseau de siège. Des tireurs d’élite ont tiré sur les caméras qui surplombent la zone interdite et ont lancé des grenades sur les #tours_de_communication. Des barrages de roquettes ont saturé l’#espace_radar. Plutôt que de creuser des tunnels sous les clôtures, les combattants sont venus par le sol. Les observateurs israéliens ne les ont pas vus ou n’ont pas pu communiquer assez rapidement ce qu’ils ont vu.

    Les combattants ont fait sauter ou ouvert quelques douzaines de brèches dans la clôture, élargies par les bulldozers palestiniens. Certains combattants du Hamas ont utilisé des parapentes pour franchir la frontière. Plus d’un millier d’entre eux ont pris d’assaut les bases militaires. L’armée israélienne, aveuglée et muette, n’a pas de vision claire du champ de bataille et les détachements mettent des heures à arriver. Des images incroyables sont apparues sur Internet : des adolescents palestiniens ont suivi les combattants à vélo ou à cheval, sur une terre dont ils avaient peut-être entendu parler par leurs grands-parents, maintenant transformée au point d’en être méconnaissable.

    Les #massacres du 7 octobre

    Les événements auraient pu s’arrêter là, mais ce ne fut pas le cas. Après les bases, ce furent les installations, les horribles massacres maison par maison, et le meurtre d’adolescents lors d’une fête. Des familles ont été brûlées ou abattues dans leurs maisons, des civils incluant des enfants et des personnes âgées ont été prises en otage. Au total, les combattants ont tué environ 1 300 civils et soldats. Plus de 200 personnes ont été capturées et emmenées à Gaza. Jusqu’alors, rien, dans la #violence ni la #répression, n’avait rendu de tels actes inévitables ou justifiés.

    Israël a mis des décennies à brouiller la ligne de démarcation entre les fonctions civiles et militaires des installations, mais cette ligne a aujourd’hui été brouillée d’une manière jamais envisagée par le gouvernement israélien. Les habitants civils cooptés pour faire partie du mur vivant de l’enveloppe de Gaza ont subi le pire des deux mondes. Ils ne pouvaient pas se défendre comme des soldats et n’étaient pas protégés comme des civils.

    Les images des installations dévastées ont permis à l’armée israélienne d’obtenir carte blanche de la part de la communauté internationale et de lever les restrictions qui avaient pu être imposées précédemment. Les hommes politiques israéliens ont appelé à la #vengeance, avec un langage explicite et annihilationiste. Les commentateurs ont déclaré que Gaza devrait être « rayée de la surface de la Terre » et que « l’heure de la Nakba 2 a sonné ». #Revital_Gottlieb, membre du Likoud à la Knesset, a tweeté : « Abattez les bâtiments ! Bombardez sans distinction ! Assez de cette impuissance. Vous le pouvez. Il y a une légitimité mondiale ! Détruisez Gaza. Sans pitié ! »

    L’échange de prisonniers

    Les otages civils des installations dont Israël a fait un « mur vivant » sont devenus pour le Hamas un #bouclier_humain et des atouts pour la #négociation. Quelle que soit la façon dont le #conflit se termine, que le Hamas soit ou non au pouvoir (et je parie sur la première solution), Israël ne pourra pas éviter de négocier l’#échange_de_prisonniers. Pour le Hamas, il s’agit des 6 000 Palestiniens actuellement dans les prisons israéliennes, dont beaucoup sont en #détention_administrative sans procès. La prise en otages d’Israéliens a occupé une place centrale dans la #lutte_armée palestinienne tout au long des 75 années de conflit. Avec des otages, l’#OLP et d’autres groupes cherchaient à contraindre Israël à reconnaître implicitement l’existence d’une nation palestinienne.

    Dans les années 1960, la position israélienne consistait à nier l’existence d’un peuple palestinien, et donc qu’il était logiquement impossible de reconnaître l’OLP comme son représentant légitime. Ce déni signifiait également qu’il n’y avait pas à reconnaître les combattants palestiniens comme des combattants légitimes au regard du droit international, et donc leur accorder le statut de #prisonniers_de_guerre conformément aux conventions de Genève. Les Palestiniens capturés étaient maintenus dans un #vide_juridique, un peu comme les « combattants illégaux » de l’après 11-septembre.

    En juillet 1968, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a détourné un vol d’El-Al et l’a fait atterrir en Algérie, inaugurant une série de détournements, dont l’objectif explicite était la libération de prisonniers palestiniens. L’incident d’Algérie a conduit à l’échange de 22 otages israéliens contre 16 prisonniers palestiniens, bien que le gouvernement israélien ait nié un tel accord. Seize contre 22 : ce taux d’échange n’allait pas durer longtemps. En septembre 1982, après l’invasion du Liban par Israël, le Commandement général du FPLP d’Ahmed Jibril a capturé trois soldats de l’armée israélienne ; trois ans plus tard, dans le cadre de ce qui a été appelé l’accord Jibril, Israël et le FPLP-CG sont finalement parvenus à un accord d’échange de prisonniers : trois soldats contre 1 150 prisonniers palestiniens. Dans l’accord de 2011 pour la libération de Gilad Shalit, capturé par le Hamas en 2006, le taux d’échange était encore plus favorable aux Palestiniens : 1 027 prisonniers pour un seul soldat israélien.
    Directive Hannibal

    Anticipant de devoir conclure de nombreux accords de ce type, Israël s’est mis à arrêter arbitrairement davantage de Palestiniens, y compris des mineurs, afin d’augmenter ses atouts en vue d’un échange futur. Il a également conservé les corps de combattants palestiniens, qui devaient être restitués dans le cadre d’un éventuel échange. Tout cela renforce l’idée que la vie d’un colonisateur vaut mille fois plus que la vie d’un colonisé, calcul qui évoque inévitablement l’histoire du #colonialisme et du commerce d’êtres humains. Mais ici, le taux de change est mobilisé par les Palestiniens pour inverser la profonde asymétrie coloniale structurelle.

    Tous les États ne traitent pas de la même manière la capture de leurs soldats et de leurs citoyens. Les Européens et les Japonais procèdent généralement à des échanges secrets de prisonniers ou négocient des rançons. Les États-Unis et le Royaume-Uni affirment publiquement qu’ils ne négocient pas et n’accèdent pas aux demandes des ravisseurs et, bien qu’ils n’aient pas toujours respecté cette règle à la lettre, ils ont privilégié l’abstention et le silence lorsqu’une opération de sauvetage semblait impossible.

    Cette attitude est considérée comme un « moindre mal » et fait partie de ce que les théoriciens des jeux militaires appellent le « jeu répété » : chaque action est évaluée en fonction de ses éventuelles conséquences à long terme, les avantages d’obtenir la libération d’un prisonnier étant mis en balance avec le risque que l’échange aboutisse à l’avenir à la capture d’autres soldats ou civils.

    Lorsqu’un Israélien est capturé, sa famille, ses amis et ses partisans descendent dans la rue pour faire campagne en faveur de sa libération. Le plus souvent, le gouvernement y consent et conclut un accord. L’armée israélienne déconseille généralement au gouvernement de conclure des accords d’échange, soulignant le risque pour la sécurité que représentent les captifs libérés, en particulier les commandants de haut rang, et la probabilité qu’ils encouragent les combattants palestiniens à prendre davantage d’otages. Yahya Sinwar, qui est aujourd’hui le chef du Hamas, a été libéré dans le cadre de l’#accord_Shalit. Une importante campagne civile contre ces échanges a été menée par le mouvement religieux de colons #Gush_Emunim, qui y voyait une manifestation de la fragilité de la société « laïque et libérale » d’Israël.

    En 1986, à la suite de l’#accord_Jibril, l’armée israélienne a publié la directive controversée Hannibal, un ordre opérationnel secret conçu pour être invoqué lors de la capture d’un soldat israélien par une force armée irrégulière. L’armée a nié cette interprétation, mais les soldats israéliens l’ont comprise comme une autorisation de tuer un camarade avant qu’il ne soit fait prisonnier. En 1999, #Shaul_Mofaz, alors chef de l’état-major général, a expliqué cette politique en ces termes : « Avec toute la douleur que cela implique, un soldat enlevé, contrairement à un soldat tué, est un problème national. »

    Bien que l’armée ait affirmé que le nom de la directive avait été choisi au hasard par un programme informatique, il est tout à fait approprié. Le général carthaginois Hannibal Barca s’est suicidé en 181 avant J.-C. pour ne pas tomber aux mains des Romains. Ceux-ci avaient fait preuve d’une détermination similaire trente ans plus tôt : lorsque Hannibal tenta d’obtenir une rançon pour les soldats qu’il avait capturés lors de sa victoire à Cannes, le Sénat, après un débat houleux, refusa et les prisonniers furent exécutés.

    Le 1er août 2014, lors de l’offensive sur Gaza connue sous le nom d’« #opération_Bordure_protectrice », des combattants palestiniens ont capturé un soldat de Tsahal près de Rafah, et la #directive_Hannibal est entrée en vigueur. L’armée de l’air a bombardé le système de tunnels où avait été emmené le soldat, tuant 135 civils palestiniens, dont des familles entières. L’armée a depuis annulé la directive. Toutefois, la plupart des bombardements actuels vise les #tunnels où se trouvent les postes de commandement du Hamas et les otages : le gouvernement semble ainsi, par ces bombardements aveugles, non seulement menacer les Gazaouis d’une #destruction sans précédent, mais aussi revenir au principe de préférer des captifs morts à un accord. #Bezalel_Smotrich, ministre israélien des finances, a appelé à frapper le Hamas « sans pitié, sans prendre sérieusement en considération la question des captifs ». #Gilad_Erdan, ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, a déclaré que les otages « ne nous empêcheraient pas de faire ce que nous devons faire ». Mais dans cette guerre, le sort des #civils de Gaza et des Israéliens capturés est étroitement lié, tout comme celui des deux peuples.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/041123/taux-de-change-retour-sur-la-politique-israelienne-des-otages
    #Israël #Palestine #Eyal_Weizman #à_lire

  • #Ta-Nehisi_Coates Speaks Out Against Israel’s “Segregationist Apartheid Regime” After West Bank Visit

    As pressure builds for a ceasefire after 27 days of Israel’s bombardment of Gaza, author and journalist Ta-Nehisi Coates joins us in a broadcast exclusive interview to discuss his journey to Palestine and Israel and learning about the connection between the struggle of African Americans and Palestinians. “The most shocking thing about my time over there was how uncomplicated it actually is,” says Coates, who calls segregation in Palestine and Israel “evil.” “There’s no way for me, as an African American, to come back and stand before you, to witness segregation and not say anything about it.” Coates acknowledges the suppression of those advocating for Palestinian rights but says this is not new for Black writers and journalists. “I have to measure my fear against the misery that I saw.”

    https://www.democracynow.org/2023/11/2/ta_nehisi_coates

    extraits avec sous-titres en français ici :

    "J’ai passé 10 jours en Palestine, dans les #territoires_occupés et en Israël proprement dit. (...) Je pense que ce qui m’a le plus choqué, c’est que dans tous les éditoriaux ou reportages que j’ai lus sur Israël et sur le conflit avec les Palestiniens, il y a un mot qui revient tout le temps et c’est celui de « #complexité ». (...) Je m’attendais à une situation dans laquelle il était difficile de discerner le bien et le mal, difficile de comprendre la dimension morale, difficile de comprendre le conflit. Et ce qui était peut-être le plus choquant, c’est que j’ai immédiatement compris ce qui se passe là-bas. Le meilleur exemple qui me vient à l’esprit est probablement le deuxième jour, lorsque nous sommes allés à Hébron et que la réalité de l’#occupation est devenue évidente. Nous sortions de Jérusalem-Est en voiture. J’étais avec PalFest, et nous sortions de Jérusalem-Est pour aller en Cisjordanie. Et vous pouviez voir les colonies, ils nous les montraient du doigt. Je me suis soudain rendu compte que je me trouvais dans une région du monde où certaines personnes pouvaient voter et d’autres non. Et cela m’était évidemment très familier. Je suis arrivé à Hébron, notre groupe d’écrivains est sorti, et un guide palestinien nous a fait visiter la ville. Nous sommes arrivés dans une rue et il nous a dit : ’Je ne peux pas marcher dans cette rue. Si vous voulez continuer, vous devez continuer sans moi’. (...) Hébron est très pauvre. (...) Son marché était fermé, mais il y a quelques vendeurs que je voulais soutenir. Je marchais pour atteindre le vendeur, et j’ai été arrêté à un #checkpoint. Il y a des checkpoints dans toute la ville, dans toute la Cisjordanie. Votre #liberté_de_circulation est totalement restreinte, et la liberté de circulation des Palestiniens est totalement restreinte. Et comme je me dirigeais vers le checkpoint, un garde israélien en est sorti, probablement de l’âge de mon fils. Et il m’a dit : ’Quelle est ta #religion, l’ami ?’ Et j’ai répondu : ’Je ne suis pas vraiment religieux’. (...) Et il m’a apparu clairement que si je ne professais pas ma religion, et la bonne religion, je n’allais pas être autorisé à passer. Il m’a dit : ’D’accord, quelle était la religion de tes parents ?’ J’ai répondu qu’ils n’étaient pas très religieux non plus. Il a dit : ’Quelle était la religion de tes grand-parents ?’. J’ai répondu : ’Ma grande-mère était chrétienne’. Et il m’a laissé passer. J’ai alors compris très clairement ce qui se passait là-bas. Et je dois dire que cela m’était assez familier. J’étais dans un territoire où votre #mobilité était entravée, où votre droit de vote est entravé, où votre droit à l’eau est entravé, où votre droit au logement est entravé, et tout cela sur la base de l’#appartenance_ethnique. Et cela m’a semblé extrêmement familier. Et donc, ce qui m’a plus choqué pendant mon séjour là-bas, c’est de voir à quel point, en fait, les choses ne sont pas compliquées. Je ne dis pas que les détails ne sont pas compliqués, l’histoire est toujours compliquée. Les événements du présents sont toujours compliqués, mais la façon dont les médias occidentaux en rendent compte donnent l’impression qu’il faut un doctorat en études moyen-orientales pour comprendre la #moralité élémentaires du maintien d’un peuple dans une situation dans laquelle ne dispose pas de #droits_fondamentaux, y compris le droit que nous chérissons plus, le droit de suffrage, le droit de vote. Et déclarer ensuite que cet Etat est une #démocratie. (...) C’est en effet assez familier pour ceux qui d’entre nous connaissent l’histoire afro-américaine.
    (...)
    Martin Luther King a passé sa vie à lutter contre la ségrégation. Israël est une société marquée par la ségrégation. Les territoires occupés sont marqués par la ségrégation. (...) Il y a des panneaux pour indiquer où certaines personnes peuvent aller. Il y a des #plaques_d'immatriculation différentes qui interdisent à certaines personnes d’aller à certains endroits. Les autorités vous diront qu’il s’agit d’une #mesure_de_sécurité. Mais si vous revenez à l’#histoire de #Jim_Crow, dans ce pays, elles vous diront exactement la même chose. Les gens ont toujours de bonnes raisons, en dehors de ’je déteste’ et ’je ne t’aime pas’ pour justifier leur droit d’imposer un #régime_oppressif à d’autres personnes. (...)
    J’ai grandi dans une époque et dans un endroit où je ne comprenais pas vraiment l’éthique de la #non-violence. Et par éthique, j’entends que la #violence en elle-même est corruptrice, qu’elle corrompt l’âme. Et je n’avais pas vraiment compris cela. Si je suis vraiment honnête avec vous, autant je voyais ma relation avec le peuple palestinien, et autant la nature de cette relation était claire, il était également clair qu’il y avait une sorte de relation avec le peuple israélien, et ce n’était pas une relation que j’appréciais particulièrement. Parce que je comprenais la #rage qui naît d’un passé d’#oppression. Je comprenais la #colère. Je comprenais le sentiment d’#humiliation que l’on ressent lorsque des personnes vous soumettent à une oppression multiple, à un #génocide, et que les gens détournent le regard. Je suis la descendance de 250 ans d’#esclavage, je viens d’un peuple où la violence sexuelle et le viol sont inscrits dans nos os et dans notre ADN. Et je comprends comment, lorsque vous avez l’impression que le monde vous a tourné le dos, vous pouvez alors tourner le dos à l’éthique du monde. Mais j’ai également compris à quel point cela peut être corrupteur. J’écoutais hier soir (...) être interviewé et le journaliste lui a demandé combien d’enfants, combien de personnes devaient être tués pour justifier cette opération. Est-ce qu’il y a un seuil au nombre de personnes tuées au-delà duquel on se dit : ’C’est trop, ça n’est pas possible, ça ne justifie pas’. Et ce membre du congrès ne pouvait pas donner de chiffre. Et je me suis dit que cet homme avait été corrompu. Cet homme s’est perdu. Il s’est perdu dans l’humiliation. Il s’est perdu dans la #vengeance. Il s’est perdu dans la violence. J’entends toujours ce terme répété encore et encore, le ’#droit_de_se_défendre'. Et le #droit_à_la_dignité ? Et le droit à la #moralité ? Et le droit d’être capable de dormir la nuit ? Parce que je sais, c’est que si j’étais complice, et je le suis, de #bombardements d’enfants, de bombardements de camps de réfugiés, peu importe qui s’y trouve, j’aurais du mal à dormir la nuit. Et je m’inquiète pour l’âme des gens qui peuvent faire cela et qui peuvent dormir la nuit.

    https://twitter.com/caissesdegreve/status/1720224934964699412

    #à_écouter #à_lire #Israël #Palestine #apartheid #Cisjordanie #visite #ségrégation #apartheid #droit_de_vote

  • Confirming a Strike on #Jabalia Refugee Camp as Israeli Forces Approach Gaza City

    A strike on Jabalia Refugee Camp north of #Gaza_City killed dozens on Tuesday, as the #Israel_Defense_Forces (#IDF) continued advancing into the Gaza Strip. Video and satellite analysis by Bellingcat has confirmed a strike on the Jabalia Refugee Camp, and identified several points where IDF forces have gathered on the outskirts of Gaza’s largest city.
    Jabalia Strike Highlights Concerns of Civilian Harm

    Reports began to appear online about 2:30 pm local time that an airstrike had hit the Jabalia Refugee Camp in the northern Gaza Strip.

    Videos and images have also appeared in various Telegram channels showing widespread destruction as well as injured and dead civilians at a location that Bellingcat was able to geolocate to the following coordinates in Jabalia, here: 31.53271, 34.49815.

    Three distinct buildings in the background of a photograph taken by Palestinian photojournalist Anas al-Sharif match up with satellite imagery taken on October 30.

    A Reuters live stream filming towards Jabalia and Gaza City appears to have captured a large explosion at approximately 2:24pm local time, consistent with the earliest reports of the strike on Jabalia.

    By using a technique called intersection, where known points in a view are aligned, we can identify that this explosion matches exactly with the location of the impact at Jabalia.

    At least 40 people were reportedly killed in the strike.

    The IDF confirmed an airstrike was carried out on Jabalia, stating, “The strike damaged Hamas’s command and control in the area, as well as its ability to directly military activity against IDF soldiers operating throughout the Gaza Strip.”

    Asked about civilian casualties on CNN, International IDF spokesman Lt Col Richard Hecht reiterated calls for civilians to “move south” and said the IDF is “doing everything we can to minimise” civilian casualties.

    The UN has urged Israel to reconsider its evacuation order with both humanitarian and medical organisations working in Gaza outlining that it is not possible for all civilians in northern Gaza to evacuate south, as Israel has repeatedly ordered them to do.

    The Jabalia Refugee Camp has been hit by multiple airstrikes in the past month, resulting in scores of casualties. An October 9 airstrike killed 60, an October 19 airstrike killed 18, and an October 22 airstrike killed 30.

    ”More than two million people, with nowhere safe to go, are being denied the essentials for life — food, water, shelter and medical care — while being subjected to relentless bombardment,” said UN Secretary-General António Guterres on October 29, two days prior to the latest strike. “I urge all those with responsibility to step back from the brink.”

    In Gaza City, civilians have also been struggling to access food and basic necessities. A video posted on TikTok on Sunday, October 29 showed a long queue at a bakery in Gaza. Bellingcat confirmed the location of the bakery as the New Sharq Bakery in the Jabalia refugee camp (31.5356, 34.5038).
    Attack on a Vehicle on Salah al-Din Road

    Separately, a video posted Monday morning on Instagram by Youssef Al Saifi, a Palestinian journalist, appears to show an IDF tank firing at a station wagon on Salah al-Din road. Salah al-Din had previously been identified by the IDF as a safe evacuation route for civilians within Gaza City.

    The video was geolocated by Benjamin den Braber, a Senior Investigator at the Centre for Information Resilience, to these coordinates: (31.470545, 34.432676) and independently verified by Bellingcat. The vehicle is travelling north on Salah al-Din road before encountering an IDF tank and an IDF armoured bulldozer. As the vehicle attempts a three-point turn, the tank fires at it.

    The armoured bulldozer in the video appears to be building a roadblock across Salah al-Din road. Bellingcat contacted the IDF Press Office, but they did not respond to a request for comment prior to publication. An IDF spokesperson was previously asked specifically about the tanks at a briefing and declined to give more information.

    Satellite Imagery Reveals Beginnings of a Ground Invasion

    The vehicle attack and camp strike follow an increasing presence of IDF ground troops in the Gaza Strip, which first entered the territory on October 27, according to Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu. Since then, satellite imagery shows the IDF have entered from at least three places: two along the territory’s northern border, and one to the southeast of Gaza City.

    Satellite imagery taken on October 30 reveals more than 50 armoured military vehicles and extensive demolition in the Al-Karama area, located approximately three to five kilometres southwest of the Gaza border.

    Israel’s ground movements have come more slowly than expected. Military specialists told Reuters on Monday that the IDF is possibly proceeding this way to draw Hamas fighters out of tunnels and densely populated areas, while also allowing for more time to negotiate for the release of hostages taken by militants during the October 7 attacks. Other reports have noted some of Israel’s allies, including the US, have advised the country to delay a full invasion.
    Approaching Gaza from the North and South

    Starting on Sunday, October 29, images began to appear on social media showing IDF vehicles and troops in northern Gaza.

    A video showed IDF soldiers raising an Israeli flag over a building geolocated inside Gaza approximately three kilometres south of the border. The geolocation was shared on X by the Geoconfirmed account, and independently confirmed by Bellingcat.

    As Israeli soldiers and vehicles have entered Gaza, some of their activities are visible on satellite imagery.

    One neighbourhood that appears to have been heavily bombed, prior to the ground invasion, was full of IDF vehicles as of October 30.

    Low-resolution satellite imagery reveals at least three major entry points for Israeli ground troops: one along Gaza’s northern border near the Mediterranean Sea, one near the Erez border crossing north of Beit Hanoun, and one southeast of Gaza City.

    Along Gaza’s northern border, imagery from October 26 showed vehicle tracks approximately 1km from the Mediterranean Sea. These tracks were joined on October 28 by a second set of tracks, closer to the sea, stretching 3km south. Satellite imagery on October 30 showed a third set of tracks, 7km to the east near the Erez border crossing towards Beit Hanoun.

    Additional tracks can be seen south-southeast of Gaza City and north of Wadi Gaza in October 28 imagery.

    The latest footage and satellite imagery shows the situation in Gaza continues to deteriorate for civilians, particularly for those located in the northern part of the territory, which remains the focus of Israeli strikes and now the ground invasion.

    Bellingcat will continue to monitor the latest war in Israel-Palestine with the aim of documenting civilian harm.

    https://www.bellingcat.com/news/2023/10/31/confirming-a-strike-on-jabalia-refugee-camp-as-israeli-forces-approach-g
    #Gaza #camp_de_réfugiés #Palestine #Israël #images_satellites #images_satellitaires #destruction #architecture_forensique #armée_israélienne #bombardements #visualisation #cartographie #Al-Karama

    • En ce lundi, l’#armée_israélienne affirme avoir frappé, via les airs et au sol, plus de 600 cibles dans #Gaza ces vingt-quatre dernières heures. Dans le détail : « des dépôts d’armes, positions de lancement de missiles antichar, caches du #Hamas » et « des dizaines » de chefs du mouvement islamiste tués. Des chars israéliens sont postés à la lisière de #Gaza_City et le principal axe routier nord-sud est coupé. C’est vendredi en fin de journée que l’État hébreu a lancé son opération d’envergure, annoncée depuis près de deux semaines déjà. Mêlant #incursions_terrestres localisées – surtout dans le nord de l’enclave palestinienne – et #bombardements intensifiés. Samedi, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a prévenu : la #guerre sera « longue et difficile ».

      Vendredi, 17 h 30. La #bande_de_Gaza plonge dans le noir. Plus d’électricité, plus de réseau téléphonique, ni de connexion internet. Le #black-out total. Trente-six heures de cauchemar absolu débutent pour les Gazaouis. Coupés du monde, soumis au feu. L’armée israélienne pilonne le territoire : plus de 450 bombardements frappent, aveugles. La population meurt à huis clos, impuissante. Après avoir quitté Gaza City au début de la riposte israélienne (lire l’épisode 1, « D’Israël à Gaza, la mort aux trousses »), Abou Mounir vit désormais dans le centre de la bande de Gaza, avec ses six enfants. Ce vendredi, il est resté cloîtré chez lui. Lorsqu’il retrouve du réseau, le lendemain matin, il est horrifié par ce qu’il découvre. « Mon quartier a été visé par des tirs d’artillerie. L’école à côté de chez moi, où sont réfugiées des familles, a été touchée. Devant ma porte, j’ai vu tous ces blessés agonisants, sans que personne ne puisse les aider. C’est de la pure #folie. Ils nous assiègent et nous massacrent. Cette façon de faire la guerre… On se croirait au Moyen-Âge », souffle le père de famille, qui dénonce « une campagne de #vengeance_aveugle ». L’homme de 49 ans implore Israël et la communauté internationale d’agir urgemment. « La seule et unique solution possible pour nous tous, c’est la #solution_politique. On l’a répété un million de fois : seule une solution politique juste nous apportera la paix. »

      Toujours à Gaza City avec sa famille, la professeure de français Assya décrit ce jour et demi d’#angoisse : « On se répétait : “Mais que se passe-t-il, que va-t-il nous arriver ?” On entendait les bombardements, boum, boum, boum… Ça n’arrêtait pas ! Ma petite-fille de 1 an, la fille de mon fils, quand il y avait de grosses explosions, elle pleurait. Alors nous, on faisait les clowns pour lui faire croire que c’était pour rire. Et elle se calmait… Chaque matin, c’est un miracle qu’on soit encore là… » Chaque jour aussi, Assya demande si nous, journalistes, en savons plus sur un cessez-le-feu.

      Plus de 8 000 Gazaouis ont péri, mais leurs suppliques résonnent dans le vide jusqu’à présent. Elles sont pourtant de plus en plus pressantes, face à la #situation_humanitaire qui se dégrade dramatiquement. Ce samedi, des entrepôts des Nations unies ont été pillés. « C’est le signe inquiétant que l’ordre civil est en train de s’effondrer après trois semaines de guerre et de #siège de Gaza. Les gens sont effrayés, frustrés et désespérés », a averti Thomas White, directeur des opérations de l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. Assya confirme : l’un de ses cousins est revenu avec des sacs de sucre, de farine, des pois chiches et de l’huile. Quand elle lui a demandé d’où ça venait, il lui a raconté, le chaos à Deir Al-Balah, dans le sud de l’enclave. « Les gens ont cassé les portes des réserves de l’UNRWA, ils sont entrés et ont pris la farine pour se faire du pain eux-mêmes, car ils n’ont plus rien. La population est tellement en #colère qu’ils ont tout pris. » Depuis le 21 octobre, seuls 117 camions d’#aide_humanitaire (lire l’épisode 2, « “C’est pas la faim qui nous tuera mais un bombardement” ») ont pu entrer dans la bande de Gaza dont 33 ce dimanche), via le point de passage de Rafah au sud, à la frontière égyptienne. L’ONU en réclame 100 par jour, pour couvrir les besoins essentiels des Gazaouis. Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a averti : « Empêcher l’acheminement de l’aide peut constituer un #crime. […] Israël doit s’assurer sans délai que les #civils reçoivent de la #nourriture, des #médicaments. »

      Les corps des 1 400 victimes des attaques du 7 octobre sont dans une #morgue de fortune. Beaucoup ont subi des sévices, ont été brûlés. L’#horreur à l’état pur

      En écho à cette situation de plus en plus dramatique, Israël a intensifié sa guerre de la #communication. Pas question pour l’État hébreu de laisser le Hamas ni les Palestiniens gagner la bataille de l’émotion au sein des opinions. Depuis une dizaine de jours, les autorités israéliennes estiment que les médias internationaux ont le regard trop tourné vers les Gazaouis, et plus assez sur le drame du 7 octobre. Alors Israël fait ce qu’il maîtrise parfaitement : il remet en marche sa machine de la « #hasbara ». Littéralement en hébreu, « l’explication », euphémisme pour qualifier ce qui relève d’une véritable politique de #propagande. Mais cela n’a rien d’un gros mot pour les Israéliens, bien au contraire. Entre 1974 et 1975, il y a même eu un éphémère ministère de la Hasbara. Avant cela, et depuis, cette tâche de communication et de promotion autour des actions de l’État hébreu, est déléguée au ministère des Affaires étrangères et à l’armée.

      Un enjeu d’autant plus important face à cette guerre d’une ampleur inédite. C’est pourquoi, chaque jour de cette troisième semaine du conflit, l’armée israélienne a organisé des événements à destination de la #presse étrangère. Visites organisées des kibboutzim où les #massacres de civils ont été perpétrés : dimanche dans celui de Beeri, mercredi et vendredi à Kfar Aza, jeudi dans celui de Holit. Autre lieu ouvert pour les journalistes internationaux : la base de Shura, à Ramla, dans la banlieue de Tel Aviv. Elle a été transformée en morgue de fortune et accueille les 1 400 victimes des attaques du 7 octobre, afin de procéder aux identifications. Dans des tentes blanches, des dizaines de conteneurs. À l’intérieur, les corps. Beaucoup ont subi des sévices, ont été brûlés. L’horreur à l’état pur.

      Mais l’apogée de cette semaine de communication israélienne, c’est la convocation générale de la presse étrangère, lundi dernier, afin de visionner les images brutes des massacres. Quarante-trois minutes et quarante-quatre secondes d’une compilation d’images des GoPro embarquées des combattants du Hamas, des caméras de vidéosurveillance des kibboutzim, mais aussi des photos prises par les victimes avec leurs téléphones, ou par les secouristes. Le tout mis bout à bout, sans montage. Des images d’une violence inouïe. Une projection vidéo suivie d’une conférence de presse tenue par le porte-parole de l’armée israélienne, le général Daniel Hagari. Il le dit sans détour : l’objectif est de remettre en tête l’ignominie de ce qui s’est passé le 7 octobre dernier. Mais également de dire aux journalistes de mieux faire leur travail.

      Il les tance, vertement : « Vous ! Parfois, je prends trente minutes pour regarder les infos. Et j’ai été choqué de voir que certains médias essayent de COMPARER ce qu’Israël fait et ce que ces vils terroristes ont fait. Je ne peux pas comprendre qu’on essaye même de faire cette #comparaison, entre ce que nous venons de vous montrer et ce que l’armée fait. Et je veux dire à certains #médias qu’ils sont irresponsables ! C’est pour ça qu’on vous montre ces vidéos, pour qu’aucun d’entre vous ne puisse se dire que ce qu’ils font et ce que nous faisons est comparable. Vous voyez comment ils se sont comportés ! » Puis il enfonce le clou : « Nous, on combat surtout à Gaza, on bombarde, on demande aux civils d’évacuer… On ne cherche pas des enfants pour les tuer, ni des personnes âgées, des survivants de l’holocauste, pour les kidnapper, on ne cherche pas des familles pour demander à un enfant de toquer chez ses voisins pour les faire sortir et ensuite tuer sa famille et ses voisins devant lui. Ce n’est pas la même guerre, nous n’avons pas les mêmes objectifs. »

      Ce vendredi, pour finir de prouver le cynisme du Hamas, l’armée israélienne présente des « révélations » : le mouvement islamiste abriterait, selon elle, son QG sous l’hôpital Al-Shifa de Gaza City. À l’appui, une série de tweets montrant une vidéo de reconstitution en 3D des dédales et bureaux qui seraient sous l’établissement. Absolument faux, a immédiatement rétorqué le Hamas, qui accuse Israël de diffuser « ces mensonges » comme « prélude à la perpétration d’un nouveau massacre contre le peuple [palestinien] ».

      Au milieu de ce conflit armé et médiatique, le Président français a fait mardi dernier une visite en Israël et dans les territoires palestiniens. Commençant par un passage à Jérusalem, #Emmanuel_Macron a réaffirmé « le droit d’Israël à se défendre », appelant à une coalition pour lutter contre le Hamas dans « la même logique » que celle choisie pour lutter contre le groupe État islamique. Il s’est ensuite rendu à Ramallah, en Cisjordanie occupée, au siège de l’Autorité palestinienne. « Rien ne saurait justifier les souffrances » des civils de Gaza, a déclaré Emmanuel #Macron. Qui a lancé un appel « à la reprise d’un processus politique » pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hamas. Tenant un discours d’équilibriste, rappelant que paix et sécurité vont de pair, le Président a exigé la mise en œuvre de la solution à deux États, comme seul moyen de parvenir à une paix durable. Une visite largement commentée en France, mais qui a bien peu intéressé les Palestiniens.

      Car si les projecteurs sont braqués sur Israël et Gaza depuis le début de la guerre, les Palestiniens de #Cisjordanie occupée vivent également un drame. En à peine trois semaines, plus de 120 d’entre eux ont été tués, selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. Soit par des colons juifs, soit lors d’affrontements avec les forces d’occupation israéliennes. Bien sûr, la montée de la #violence dans ce territoire avait commencé bien avant la guerre. Mais les arrestations contre les membres du Hamas, les raids réguliers menés par l’armée et les attaques de colons prennent désormais une autre ampleur. Ce lundi matin encore, l’armée israélienne a mené un raid sur le camp de Jénine, au nord de la Cisjordanie, faisant quatre morts. Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, plus de 100 véhicules militaires et deux bulldozers sont entrés dans le camp. Déjà, mercredi dernier, deux missiles tirés depuis les airs en direction d’un groupe de personnes avait fait trois morts à #Jénine.

      À chaque mort de plus, la colère monte derrière les murs qui encerclent les Territoires. À Gaza, mais aussi en Cisjordanie

      À chaque mort de plus, la colère monte derrière le mur qui encercle les territoires palestiniens. Du sud, à Hébron, au nord, à Naplouse, en passant par Jénine et Ramallah, les #manifestations ont émaillé ces trois dernières semaines, s’intensifiant au fil du temps. À chaque fois, les Palestiniens y réclament la fin de l’#occupation, la mise en œuvre d’une solution politique pour un #accord_de_paix et surtout l’arrêt immédiat des bombardements à Gaza. Ce vendredi, quelques milliers de personnes s’étaient rassemblés à Ramallah. Drapeaux palestiniens à la main, « Que Dieu protège Gaza » pour slogan, et la rage au ventre. Yara était l’une d’entre eux. « Depuis le début de la guerre, le #traitement_médiatique en Europe et aux États-Unis est révoltant ! L’indignation sélective et le deux poids deux mesures sont inacceptables », s’énerve la femme de 38 ans. Son message est sans ambiguïté : « Il faut mettre un terme à cette agression israélienne soutenue par l’Occident. » Un sentiment d’injustice largement partagé par la population palestinienne, et qui nourrit sa colère.

      Manal Shqair est une ancienne militante de l’organisation palestinienne Stop The Wall. Ce qui se passe n’a rien de surprenant pour elle. La jeune femme, qui vit à Ramallah, analyse la situation. Pour elle, le soulèvement des Palestiniens de Cisjordanie n’est pas près de s’arrêter. « Aujourd’hui, la majorité des Palestiniens soutient le Hamas. Les opérations militaires du 7 octobre ont eu lieu dans une période très difficile traversée par les Palestiniens, particulièrement depuis un an et demi. La colonisation rampante, la violence des colons, les tentatives de prendre le contrôle de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem et enfin le siège continu de la bande de Gaza par Israël ont plongé les Palestiniens dans le #désespoir, douchant toute perspective d’un avenir meilleur. » La militante ajoute : « Et ce sentiment s’est renforcé avec les #accords_de_normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes [les #accords_d’Abraham avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan, ndlr]. Et aussi le sentiment que l’#Autorité_palestinienne fait partie de tout le système de #colonialisme et d’occupation qui nous asservit. Alors cette opération militaire [du 7 octobre] a redonné espoir aux Palestiniens. Désormais, ils considèrent le Hamas comme un mouvement anticolonial, qui leur a prouvé que l’image d’un Israël invincible est une illusion. Ce changement aura un impact à long terme et constitue un mouvement de fond pour mobiliser davantage de Palestiniens à rejoindre la #lutte_anticoloniale. »

      #7_octobre_2023 #à_lire

    • Ma petite-fille de 1 an, la fille de mon fils, quand il y avait de grosses explosions, elle pleurait. Alors nous, on faisait les clowns pour lui faire croire que c’était pour rire.

      C’est exactement ce qu’on faisait ma femme et moi à notre fils de 4 ans en 2006 au Liban.

  • 🟥 VIDEO. "On n’a rien à voir avec ceux qui veulent se battre" : à Gaza, l’appel à la « pitié » d’habitants victimes de la crise humanitaire...

    La situation humanitaire est « de plus en plus désespérée » à Gaza, a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dimanche.
    Des immeubles éventrés, et à chaque fois, des corps sans vie dans les décombres. Des bombardements ont eu lieu, dimanche 29 octobre, à Rafah, dans le sud de Gaza, là même où Israël a demandé à la population de se rendre pour fuir les opérations lancées dans le nord du territoire palestinien. La colère monte. « Tous les jours, nous voyons la même chose : des enfants de 2 ou 3 ans, des bébés d’un ou deux mois, des femmes de plus de 50 ou 60 ans tués… Alors où sont les combattants qu’ils visent ? », s’interroge un Palestinien.

    #Gaza #solidarité #massacre #bombardements #StopBombingCivilians #DroitsHumains #Paix

    https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/guerre-entre-israel-et-le-hamas-une-situation-humanitaire-de-plus-en-pl

  • #Rima_Hassan : « Nous subissons une #punition_collective »

    Pour Rima Hassan, juriste et fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés, ce qui se passe à #Gaza est un « #carnage », qui relève d’une logique de « #génocide ». Elle dénonce le #cynisme de #Nétanyahou et la #récupération du #Hamas.

    Rima Hassan, 30 ans, est une Palestinienne dont toute la vie s’est déroulée en exil. Apatride jusqu’à ses 18 ans, aujourd’hui française, elle suit la guerre depuis la Jordanie, où elle séjourne actuellement pour une recherche à travers plusieurs pays sur les camps de réfugié·es palestinien·nes. Juriste autrice d’un mémoire de master en droit international sur la qualification du crime d’apartheid en Israël, dans une approche comparative avec l’Afrique du Sud, cette fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés dénonce aujourd’hui un « génocide » et la #responsabilité d’#Israël dans la création du Hamas. Elle répond par téléphone à Mediapart samedi après-midi, alors que toutes les communications avec Gaza étaient coupées depuis la veille au soir.

    Mediapart : Qu’avez-vous comme informations sur ce qu’il se passe depuis vendredi soir à Gaza ?

    Rima Hassan : Les seules informations dont je dispose sont celles des journalistes d’Al Jazeera. C’est un carnage qui est en train de se passer. Jusqu’ici, l’#armée_israélienne prévenait tout de même avant de bombarder : #Tsahal larguait des centaines de petits coupons de papier sur la population gazaouie, pour avertir et donner quelques heures aux civils pour évacuer. Mais cette nuit-là, d’après Al Jazeera, il n’y a même pas eu d’annonce. Ce sont des #attaques_indiscriminées, par tous les moyens dont dispose l’armée israélienne. Il faudra mettre en perspective le nombre de responsables du Hamas tués par rapport au nombre de #victimes_civiles. D’après l’UNRWA, l’agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens, 1,2 million de personnes de la bande Gaza ont par ailleurs déjà été déplacées.

    Ce qui se passe est inédit, paralysant, il est très compliqué de réfléchir. Depuis vendredi en fin de journée, on ne peut plus joindre personne dans la bande de Gaza.

    Comment qualifier les événements ?

    Cela relève du génocide. On n’a pas encore les chiffres précis, les Palestiniens ne sont plus en mesure de compter leurs morts. Ce vendredi 27 octobre était de toute façon une nuit sans précédent en termes d’intensification des #bombardements, dans l’un des territoires les plus densément peuplés au monde.

    Mais au-delà des morts, c’est tout ce qui entoure cette offensive qui caractérise le génocide : le fait de ne pas laisser de passages sûrs accessibles aux civils pour pouvoir fuir les combat, d’empêcher les humanitaires de passer, de ne pas prévenir les lieux qu’on cible, et le #blackout. En coupant toutes les communications, les autorités israéliennes veulent minimiser l’écho international de ce qui s’est passé dans la nuit de vendredi à samedi à Gaza. Je rappelle que 34 journalistes ont été tués dans le territoire depuis le 7 octobre.

    On fait tout pour concentrer une population sur un même espace, et précisément au moment où une résolution est adoptée à la majorité à l’ONU en faveur d’un cessez-le feu, on intensifie les bombardements, tout en bloquant tous les canaux de #communication : tout est mobilisé pour que les dégâts soient maximaux.

    Israël a tué bien plus à Gaza depuis le 7 octobre qu’au cours des vingt dernières années.

    Estimez-vous qu’il y a une intention génocidaire ?

    Il suffit d’écouter les déclarations des officiels israéliens. L’#animalisation du sujet palestinien est constante, de la même manière que les Juifs et les Tutsis étaient comparés à des animaux. Toutes les catégories des groupes ayant fait l’objet de #massacres ont été déshumanisées dans le but de justifier leur exclusion de la communauté humaine ; c’était un préalable à leur #extermination. « Nous combattons des #animaux_humains », a dit le ministre israélien de la défense #Yoav_Gallant le 9 octobre…

    Les médias israéliens répandent en outre l’idée qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza : les civils tués sont assimilés au Hamas, à des terroristes – dans ces circonstances, un #dommage_collatéral n’est pas très grave. Les propos tenus sont sans ambiguïté : « #incinération_totale », « Gaza doit revenir à Dresde », « annihiler Gaza maintenant », etc. Voilà ce qu’a pu dire jeudi #Moshe_Feiglinun, ancien membre de la Knesset, sur un plateau télé.

    On a entendu dire également par #Benyamin_Nétanyahou que les Palestiniens pouvaient être accueillis dans le #Sinaï [territoire égyptien frontalier d’Israël et de la bande de Gaza – ndlr], ce qui renvoie, là aussi, à une logique de #disparition : c’est une population indésirable que l’on souhaite exclure.

    Toute cela s’inscrit dans une logique colonialiste de la part d’Israël, depuis sa création. Depuis longtemps on observe, chez les officiels israéliens, une constante à déshumaniser les Palestiniens, qui, bien avant le 7 octobre 2023, ont été comparés à des #cafards ou à des #sauterelles. « Les Palestiniens seront écrasés comme des sauterelles (…) leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs », disait le premier ministre israélien #Yitzhak_Shamir en 1988. « Lorsque nous aurons colonisé le pays, il ne restera plus aux Arabes qu’à tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille », avait déclaré le chef d’état-major #Raphael_Eitan en 1983 d’après le New York Times.

    Les massacres du 7 octobre ont été perçus comme quelque chose d’explosif. En termes de vies civiles perdues, c’est sans précédent. Mais il faut rappeler que cela s’inscrit dans un #conflit_colonial_asymétrique, où les #réfugiés_palestiniens ont vu l’abolition de leur #droit_au_retour, où les Palestiniens de #Cisjordanie vivent sous #colonisation et sous #occupation, où les Palestiniens citoyens d’Israël se sont vu octroyer un statut de seconde zone après un régime militaire jusqu’en 1967, et où les Palestiniens de Gaza vivent un #blocus illégal depuis dix-sept ans.

    Quelle est l’importance du facteur religieux ?

    Ce n’est pas un #conflit_religieux. Même si l’on a au pouvoir des gens liés à une #radicalité_religieuse, du côté du pouvoir israélien comme du Hamas. On observe une #dérive_religieuse dans les extrêmes des deux sociétés.

    La population palestinienne ne fait pas de reproche aux Israéliens pour ce qu’ils sont – des Juifs –, mais pour ce qu’ils font : la colonisation.

    Rappelons que les personnes à l’origine de la fondation de l’État d’Israël étaient des laïques, et non pas des religieux. L’identité palestinienne a par ailleurs toujours été multiconfessionnelle.

    Il est inconcevable de confisquer une souffrance palestinienne vieille de 75 ans avec la #récupération qui est faite aujourd’hui par le Hamas. Pour nous, c’est la #double_peine.

    Côté israélien, c’est d’un #cynisme sans nom : c’est Nétanyahou lui-même qui a soutenu le Hamas, car l’organisation islamiste était perçue comme rivale du #Fatah [parti nationaliste palestinien fondé par Yasser Arafat – ndlr]. Voilà ce qu’il déclarait par exemple en mars 2019, comme l’a rappelé récemment un article d’Haaretz : « Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et transférer de l’argent au Hamas. » Israël a une responsabilité majeure dans la création de l’organisation islamiste. Ce sont les autorités israéliennes qui ont nourri le monstre.

    Nous subissons avec ce blocus une punition collective. Nous qui utilisons le droit international et la voie diplomatique, qui nous battons depuis des dizaines d’années pour un État laïque, nous nous trouvons face à des autorités qui ont soutenu le Hamas... et qui aujourd’hui nous bombardent.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/291023/rima-hassan-nous-subissons-une-punition-collective
    #Palestine #7_octobre_2023 #déshumanisation #religion #à_lire

  • La #destruction de #Gaza vue du ciel

    La CNN a publié une série d’images satellites (https://edition.cnn.com/2023/10/25/middleeast/satellite-images-gaza-destruction/index.html) avant et après les bombardements sur Gaza. Les images post-destructions, très choquantes, montrent l’#anéantissement presque complet de nombreux quartiers d’habitations de Gaza. Des milliers de tonnes d’explosifs se sont abattus sur des immeubles et des lotissements, détruisant tout et tuant des habitants par milliers. Et les #photos_satellites datent déjà du 21 octobre. Depuis, #Israël a encore intensifié ses frappes. À cette date, 11.000 #bâtiments à Gaza avaient déjà été détruits. Selon l’ONU, environ 45% des habitations de la bande de Gaza ont été endommagées depuis le 7 octobre !

    Cela n’a rien évidemment à voir avec une prétendue « opération anti-terroriste » comme le répètent tous les médias occidentaux pour manipuler l’opinion. Et les frappes n’ont rien de ciblées, elles ne cherchent même pas à l’être. C’est une opération d’#élimination d’une #population_civile, de ses #infrastructures et de ses lieux de vie, par un régime fasciste. Certains dirigeants d’extrême droite israéliens l’assument ouvertement, il s’agit de #raser_Gaza.

    Un tel niveau de #destruction_urbaine comporte aussi d’importants risques de #contaminations, de #pollutions, de nouvelles explosions. Les millions de tonnes de #décombres comportent des matériaux dangereux pour la santé, des restes de munitions défectueuses… Et la population de Gaza n’a rien pour y faire face.

    Regardez bien ces photos. Voilà à quoi servent les armes que nous vendons à Israël. Voilà à quoi le gouvernement français apporte son « soutien inconditionnel ». Voilà ce qui est fait au nom de la France, de l’Europe, des USA.


    https://contre-attaque.net/2023/10/27/la-destruction-de-gaza-vue-du-ciel
    #bombardements #images #visualisation #images_satellites #images_satellitaires #imagerie #Palestine

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1023504

  • Bombardements à Gaza

    Les #bombardements de civils par l’#armée_israélienne se concentrent sur le sud de #Gaza, où les habitants du nord ont été « déplacés ».

    Avec une concentration de bombes à l’endroit où l’aide est supposée rentrer…

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    Maps: Tracking the Attacks in Israeland Gaza (pour les cartes du 26 octobre)

    An analysis of satellite imagery shows the tremendous structural damage that northern Gaza has sustained since Oct. 17, adding to already significant damage from the preceding 11 days. The Israeli military said Wednesday that it had struck more than 7,000 targets inside Gaza.


    Photographs taken in Gaza show the enormous range of buildings damaged by strikes in the past week, which include bakeries, a supermarket, a restaurant and many houses and residential buildings. The 19-day bombing campaign has become one of the most intense of the 21st century.

    The area around Gaza City has been hit particularly hard. On the morning of Oct. 23, smoke blanketed much of that region. A soft drink manufacturing facility in an eastern area of the city, its roof covered with solar panels, was burning.

    Over the past two weeks, Israel has ramped up airstrikes in southern Gaza even after demanding the relocation of hundreds of thousands of residents of northern Gaza to the south. The increase in strikes in the south also coincides with the arrival of aid convoys through the Rafah crossing on the border with Egypt. These maps do not capture strikes that did not result in damage to manmade structures.

    Deadliest period for Palestinians in the West Bank in 15 years

    More Palestinians have been killed in the Israeli-occupied West Bank in the past few weeks than in any similar period in at least the past 15 years, according to Palestinian health authorities and historical data from the United Nations.

    Israeli forces and settlers have killed 95 Palestinians in the Israeli- occupied West Bank since the Hamas attacks on Oct. 7, health officials said, a surge in violence in what was already a particularly deadly year in the West Bank. One Israeli soldier was also killed in clashes.

    Most of the Palestinian deaths in the West Bank have been in clashes with Israeli forces, while others were the result of settler attacks

    Masked settlers shot and killed three Palestinians in the village of Qusra on Oct. 11, according to Palestinian health officials. At a funeral procession for the victims the next day, settlers attacked again, killing two more Palestinians, a father and son.

    The Israeli military carried out a rare airstrike in the West Bank on a mosque in Jenin on Saturday night, killing two. Israel’s military said it was targeting a “terror compound” beneath the mosque that it said was being used to organize an attack.

    A raid by Israeli forces on the Nur Shams refugee camp on Thursday ended in the deaths of 13 Palestinians, including five children, as well as an Israeli soldier. The soldier was the first Israeli to have died in the West Bank since Oct. 7, according to U.N. data.

    “We are extremely alarmed by the rapidly deteriorating human rights situation in the occupied West Bank and the increase in unlawful use of lethal force,” said Ravina Shamdasani, a spokeswoman for the U.N. human rights chief, Volker Türk.

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    21 octobre 2023

    First aid trucks move through Rafah crossing as southern Gaza is pummeled by strikes

    The first convoy of aid trucks moved through the Rafah crossing on Saturday at Gaza’s southern border with Egypt. The convoy of 20 trucks came after days of intense negotiations.

    Satellite imagery from Tuesday showed crowds in Gaza waiting at the gate, aid trucks stuck in Egypt and several craters where U.N. officials said Israeli strikes had damaged the road.

    The convoy of aid, which the World Health Organization warned would “barely begin to address the escalating health needs” in Gaza, comes as conditions have further deteriorated in southern Gaza. With clean drinking water in short supply, many Gazans have resorted to drinking polluted water.

    The Israeli military has intensified strikes throughout the region over the past week, despite ordering the entire population of northern Gaza to relocate to the south last Friday.

    Israel has hit dozens of targets in the south since Oct. 13, according to The Times’s reporting, news imagery and WAFA, the official news agency of the Palestinian Authority — a rival of Hamas that administers parts of the Israel-occupied West Bank. The Hamas-run health ministry in Gaza said on Thursday that at least 81 Palestinians had been killed in southern Gaza in the previous 24 hours.

    Gazan authorities also reported Israeli airstrikes throughout the week in the southern areas of Khan Younis and Rafah, as well as Deir al Balah in central Gaza, which also falls below the evacuation zone. In photos and videos, many children appeared to be among those killed. Gazan authorities have also reported that at least 21 members of the same family died in one Israeli strike.

    About one million Gazans have been displaced from their homes since the beginning of the conflict, according to the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs, some 367,500 in central and southern Gaza. While the exact number and location of internally displaced people who evacuated from the north is unclear, satellite imagery and photos show that, in at least one instance, tents were erected in the past week in the courtyard of a U.N.-run vocational training center.

    Scores of U.S. citizens and Palestinians with foreign passports have been waiting at the border with suitcases, trash bags and other belongings in the hope of receiving permission to leave Gaza. It remains unclear if or when they will be permitted to do so.

    https://www.nytimes.com/interactive/2023/10/07/world/middleeast/israel-gaza-maps.html

    https://piaille.fr/@Pr_Logos/111305663632352757

    #Palestine #Israël #cartographie #visualisation

  • #Judith_Butler : Condamner la #violence

    « Je condamne les violences commises par le #Hamas, je les condamne sans la moindre réserve. Le Hamas a commis un #massacre terrifiant et révoltant », écrit Judith Butler avant d’ajouter qu’« il serait étrange de s’opposer à quelque chose sans comprendre de quoi il s’agit, ou sans la décrire de façon précise. Il serait plus étrange encore de croire que toute #condamnation nécessite un refus de comprendre, de #peur que cette #compréhension ne serve qu’à relativiser les choses et diminuer notre #capacité_de_jugement ».

    Les questions qui ont le plus besoin d’un #débat_public, celles qui doivent être discutées dans la plus grande urgence, sont des questions qui sont difficiles à aborder dans les cadres existants. Et même si l’on souhaite aller directement au cœur du sujet, on se heurte à un cadre qui fait qu’il est presque impossible de dire ce que l’on a à dire. Je veux parler ici de la violence, de la violence présente, et de l’histoire de la violence, sous toutes ses formes. Mais si l’on veut documenter la violence, ce qui veut dire comprendre les #tueries et les #bombardements massifs commis par le Hamas en Israël, et qui s’inscrivent dans cette histoire, alors on est accusé de « #relativisme » ou de « #contextualisation ». On nous demande de condamner ou d’approuver, et cela se comprend, mais est-ce bien là tout ce qui, éthiquement, est exigé de nous ? Je condamne les violences commises par le Hamas, je les condamne sans la moindre réserve. Le Hamas a commis un massacre terrifiant et révoltant. Telle a été et est encore ma réaction première. Mais elle n’a pas été la seule.

    Dans l’immédiateté de l’événement, on veut savoir de quel « côté » sont les gens, et clairement, la seule réaction possible à de pareilles tueries est une condamnation sans équivoque. Mais pourquoi se fait-il que nous ayons parfois le sentiment que se demander si nous utilisons les bons mots ou comprenons bien la situation historique fait nécessairement obstacle à une #condamnation_morale absolue ? Est-ce vraiment relativiser que se demander ce que nous condamnons précisément, quelle portée cette condamnation doit avoir, et comment décrire au mieux la ou les formations politiques auxquelles nous nous opposons ?

    Il serait étrange de s’opposer à quelque chose sans comprendre de quoi il s’agit, ou sans la décrire de façon précise. Il serait plus étrange encore de croire que toute condamnation nécessite un refus de comprendre, de peur que cette compréhension ne serve qu’à relativiser les choses et diminuer notre capacité de jugement. Mais que faire s’il est moralement impératif d’étendre notre condamnation à des #crimes tout aussi atroces, qui ne se limitent pas à ceux mis en avant et répétés par les médias ? Quand et où doit commencer et s’arrêter notre acte de condamnation ? N’avons-nous pas besoin d’une évaluation critique et informée de la situation pour accompagner notre condamnation politique et morale, sans avoir à craindre que s’informer et comprendre nous transforme, aux yeux des autres, en complices immoraux de crimes atroces ?

    Certains groupes se servent de l’histoire de la violence israélienne dans la région pour disculper le Hamas, mais ils utilisent une forme corrompue de raisonnement moral pour y parvenir. Soyons clairs. Les violences commises par #Israël contre les Palestiniens sont massives : bombardements incessants, assassinats de personnes de tous âges chez eux et dans les rues, torture dans les prisons israéliennes, techniques d’affamement à #Gaza, expropriation radicale et continue des terres et des logements. Et ces violences, sous toutes leurs formes, sont commises sur un peuple qui est soumis à un #régime_colonial et à l’#apartheid, et qui, privé d’État, est apatride.

    Mais quand les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard (Harvard Palestine Solidarity Groups) publient une déclaration disant que « le régime d’apartheid est le seul responsable » des attaques mortelles du Hamas contre des cibles israéliennes, ils font une erreur et sont dans l’erreur. Ils ont tort d’attribuer de cette façon la #responsabilité, et rien ne saurait disculper le Hamas des tueries atroces qu’ils ont perpétrées. En revanche, ils ont certainement raison de rappeler l’histoire des violences : « de la #dépossession systématique des terres aux frappes aériennes de routine, des #détentions_arbitraires aux #checkpoints militaires, des séparations familiales forcées aux #assassinats ciblés, les Palestiniens sont forcés de vivre dans un #état_de_mort, à la fois lente et subite. » Tout cela est exact et doit être dit, mais cela ne signifie pas que les violences du Hamas ne soient que l’autre nom des violences d’Israël.

    Il est vrai que nous devons nous efforcer de comprendre les raisons de la formation de groupes comme le Hamas, à la lumière des promesses rompues d’Oslo et de cet « état de mort, à la fois lente et subite » qui décrit bien l’existence des millions de Palestiniens vivant sous #occupation, et qui se caractérise par une #surveillance constante, la #menace d’une détention sans procès, ou une intensification du #siège de #Gaza pour priver ses habitants d’#eau, de #nourriture et de #médicaments. Mais ces références à l’#histoire des Palestiniens ne sauraient justifier moralement ou politiquement leurs actes. Si l’on nous demandait de comprendre la violence palestinienne comme une continuation de la violence israélienne, ainsi que le demandent les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard, alors il n’y aurait qu’une seule source de #culpabilité_morale, et même les actes de violence commis par les Palestiniens ne seraient pas vraiment les leurs. Ce n’est pas rendre compte de l’autonomie d’action des Palestiniens.

    La nécessité de séparer la compréhension de la violence omniprésente et permanente de l’État israélien de toute justification de la violence est absolument cruciale si nous voulons comprendre quels peuvent être les autres moyens de renverser le #système_colonial, mettre fin aux #arrestations_arbitraires et à la #torture dans les prisons israéliennes, et arrêter le siège de Gaza, où l’eau et la nourriture sont rationnés par l’État-nation qui contrôle ses frontières. Autrement dit, la question de savoir quel monde est encore possible pour tous les habitants de la région dépend des moyens dont il sera mis fin au système colonial et au pouvoir des colons. Hamas a répondu de façon atroce et terrifiante à cette question, mais il y a bien d’autres façons d’y répondre.

    Si, en revanche, il nous est interdit de parler de « l’#occupation », comme dans une sorte de Denkverbot allemand, si nous ne pouvons pas même poser le débat sur la question de savoir si le joug militaire israélien sur la région relève du #colonialisme ou de l’#apartheid_racial, alors nous ne pouvons espérer comprendre ni le passé, ni le présent, ni l’avenir. Et beaucoup de gens qui regardent le carnage dans les médias sont totalement désespérés. Or une des raisons de ce #désespoir est précisément qu’ils regardent les #médias, et vivent dans le monde sensationnel et immédiat de l’#indignation_morale absolue. Il faut du temps pour une autre #morale_politique, il faut de la patience et du courage pour apprendre et nommer les choses, et nous avons besoin de tout cela pour que notre condamnation puisse être accompagnée d’une vision proprement morale.

    Je m’oppose aux violences que le Hamas a commises, et ne leur trouve aucune excuse. Quand je dis cela, je prends une position morale et politique claire. Je n’équivoque pas lorsque je réfléchis sur ce que cette condamnation implique et présuppose. Quiconque me rejoint dans cette position se demande peut-être si la condamnation morale doit reposer sur une compréhension de ce qui est condamné. On pourrait répondre que non, que je n’ai rien besoin de connaître du Hamas ou de la Palestine pour savoir que ce qu’ils ont fait est mal et pour le condamner. Et si l’on s’arrête là, si l’on se contente des représentations fournies par les médias, sans jamais se demander si elles sont réellement utiles et exactes, et si le cadre utilisé permet à toutes les histoires d’être racontées, alors on se résout à une certaine ignorance et l’on fait confiance aux cadres existants. Après tout, nous sommes tous très occupés, et nous n’avons pas tous le temps d’être des historiens ou des sociologues. C’est une manière possible de vivre et de penser, et beaucoup de gens bien-intentionnés vivent effectivement ainsi, mais à quel prix ?

    Que nous faudrait-il dire et faire, en revanche, si notre morale et notre politique ne s’arrêtaient pas à l’acte de condamnation ? Si nous continuions, malgré tout, de nous intéresser à la question de savoir quelles sont les formes de vie qui pourraient libérer la région de violences comme celles-ci ? Et si, en plus de condamner les crimes gratuits, nous voulions créer un futur dans lequel ce genre de violences n’aurait plus cours ? C’est une aspiration normative qui va bien au-delà de la condamnation momentanée. Pour y parvenir, il nous faut absolument connaître l’histoire de la situation : l’histoire de la formation du Hamas comme groupe militant, dans l’abattement total, après Oslo, pour tous les habitants de Gaza à qui les promesses de gouvernement autonome n’ont jamais été honorées ; l’histoire de la formation des autres groupes palestiniens, de leurs tactiques et de leurs objectifs ; l’histoire enfin du peuple palestinien lui-même, de ses aspirations à la liberté et au #droit_à_l’autodétermination, de son désir de se libérer du régime colonial et de la violence militaire et carcérale permanente. Alors, si le Hamas était dissous ou s’il était remplacé par des groupes non-violents aspirant à la #cohabitation, nous pourrions prendre part à la lutte pour une Palestine libre.

    Quant à ceux dont les préoccupations morales se limitent à la seule condamnation, comprendre la situation n’est pas un objectif. Leur indignation morale est à la fois présentiste et anti-intellectuelle. Et pourtant, l’indignation peut aussi amener quelqu’un à ouvrir des livres d’histoire pour essayer de comprendre comment un événement comme celui-ci a pu arriver, et si les conditions pourraient changer de telle sorte qu’un avenir de violence ne soit pas le seul avenir possible. Jamais la « contextualisation » ne devrait être considérée comme une activité moralement problématique, même s’il y a des formes de contextualisation qui sont utilisées pour excuser ou disculper. Est-il possible de distinguer ces deux formes de contextualisation ? Ce n’est pas parce que certains pensent que contextualiser des violences atroces ne sert qu’à occulter la violence ou, pire encore, à la rationaliser que nous devrions nous soumettre à l’idée que toute forme de contextualisation est toujours une forme de #relativisme_moral.

    Quand les Groupes Solidarité pour la Palestine de Harvard disent que « le régime d’apartheid est le seul responsable » des attaques du Hamas, ils souscrivent à une conception inacceptable de la responsabilité morale. Il semble que pour comprendre comment s’est produit un événement, et ce qu’il signifie, il nous faille apprendre l’histoire. Cela veut dire qu’il nous incombe tout à la fois d’élargir la perspective au-delà de la terrible fascination du moment et, sans jamais nier l’horreur, de ne pas laisser l’#horreur présente représenter toute l’horreur qu’il y a à représenter, et nous efforcer de savoir, de comprendre et de nous opposer.

    Or les médias d’aujourd’hui, pour la plupart d’entre eux, ne racontent pas les horreurs que vivent les Palestiniens depuis des décennies, les bombardements, les tueries, les attaques et les arrestations arbitraires. Et si les horreurs des derniers jours ont pour les médias une importance morale plus grande que les horreurs des soixante-dix dernières années, alors la réaction morale du moment menace d’empêcher et d’occulter toute compréhension des #injustices_radicales endurées depuis si longtemps par la Palestine occupée et déplacée de force.

    Certains craignent, à juste titre, que toute contextualisation des actes violents commis par le Hamas soit utilisée pour disculper le Hamas, ou que la contextualisation détourne l’attention des horreurs perpétrées. Mais si c’est l’horreur elle-même qui nous amenait à contextualiser ? Où commence cette horreur et où finit-elle ? Si les médias parlent aujourd’hui de « guerre » entre le Hamas et Israël, c’est donc qu’ils proposent un cadre pour comprendre la situation. Ils ont, ainsi, compris la situation à l’avance. Si Gaza est comprise comme étant sous occupation, ou si l’on parle à son sujet de « prison à ciel ouvert », alors c’est une autre interprétation qui est proposée. Cela ressemble à une description, mais le langage contraint ou facilite ce que nous pouvons dire, comment nous pouvons décrire, et ce qui peut être connu.

    Oui, la langue peut décrire, mais elle n’acquiert le pouvoir de le faire que si elle se conforme aux limites qui sont imposées à ce qui est dicible. S’il est décidé que nous n’avons pas besoin de savoir combien d’enfants et d’adolescents palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Gaza cette année ou pendant toutes les années de l’occupation, que ces informations ne sont pas importantes pour comprendre ou qualifier les attaques contre Israël, et les assassinats d’Israéliens, alors il est décidé que nous ne voulons pas connaître l’histoire des violences, du #deuil et de l’indignation telle qu’est vécue par les Palestiniens.

    Une amie israélienne, qui se qualifie elle-même d’« antisioniste », écrit en ligne qu’elle est terrifiée pour sa famille et pour ses amis, et qu’elle a perdu des proches. Et nous devrions tous être de tout cœur avec elle, comme je le suis bien évidemment. Cela est terrible. Sans équivoque. Et pourtant, il n’est pas un moment où sa propre expérience de l’horreur et de la perte de proches ou d’amis est imaginé comme pouvant être ce qu’une Palestinienne éprouve ou a éprouvé de son côté après des années de bombardement, d’incarcération et de violence militaire. Je suis moi aussi une Juive, qui vit avec un #traumatisme_transgénérationnel à la suite des atrocités commises contre des personnes comme moi. Mais ces atrocités ont aussi été commises contre des personnes qui ne sont pas comme moi. Je n’ai pas besoin de m’identifier à tel visage ou à tel nom pour nommer les atrocités que je vois. Ou du moins je m’efforce de ne pas le faire.

    Mais le problème, au bout du compte, n’est pas seulement une absence d’#empathie. Car l’empathie prend généralement forme dans un cadre qui permette qu’une identification se fasse, ou une traduction entre l’expérience d’autrui et ma propre expérience. Et si le cadre dominant considère que certaines vies sont plus dignes d’être pleurées que d’autres, alors il s’ensuit que certaines pertes seront plus terribles que d’autres. La question de savoir quelles vies méritent d’être pleurées fait partie intégrante de la question de savoir quelles sont les vies qui sont dignes d’avoir une valeur. Et c’est ici que le #racisme entre en jeu de façon décisive. Car si les Palestiniens sont des « #animaux », comme le répète Netanyahu, et si les Israéliens représentent désormais « le peuple juif », comme le répète Biden (englobant la diaspora juive dans Israël, comme le réclament les réactionnaires), alors les seules personnes dignes d’être pleurées, les seules qui sont éligibles au deuil, sont les Israéliens, car la scène de « guerre » est désormais une scène qui oppose les Juifs aux animaux qui veulent les tuer.

    Ce n’est certainement pas la première fois qu’un groupe de personnes qui veulent se libérer du joug de la #colonisation sont représentées comme des animaux par le colonisateur. Les Israéliens sont-ils des « animaux » quand ils tuent ? Ce cadre raciste de la violence contemporaine rappelle l’opposition coloniale entre les « civilisés » et les « animaux », qui doivent être écrasés ou détruits pour sauvegarder la « civilisation ». Et lorsque nous rappelons l’existence de ce cadre au moment d’affirmer notre condamnation morale, nous nous trouvons impliqué dans la dénonciation d’une forme de racisme qui va bien au-delà de l’énonciation de la structure de la vie quotidienne en Palestine. Et pour cela, une #réparation_radicale est certainement plus que nécessaire.

    Si nous pensons qu’une condamnation morale doive être un acte clair et ponctuel, sans référence à aucun contexte ni aucun savoir, alors nous acceptons inévitablement les termes dans lesquels se fait cette condamnation, la scène sur laquelle les alternatives sont orchestrées. Et dans ce contexte récent qui nous intéresse, accepter ce cadre, c’est reprendre les formes de #racisme_colonial qui font précisément partie du problème structurel à résoudre, de l’#injustice intolérable à surmonter. Nous ne pouvons donc pas refuser l’histoire de l’injustice au nom d’une certitude morale, car nous risquerions alors de commettre d’autres injustices encore, et notre certitude finirait par s’affaisser sur un fondement de moins en moins solide. Pourquoi ne pouvons-nous pas condamner des actes moralement haïssables sans perdre notre capacité de penser, de connaître et de juger ? Nous pouvons certainement faire tout cela, et nous le devons.

    Les actes de violence auxquels nous assistons via les médias sont horribles. Et dans ce moment où toute notre attention est accaparée par ces médias, les violences que nous voyons sont les seules que nous connaissions. Je le répète : nous avons le droit de déplorer ces violences et d’exprimer notre horreur. Cela fait des jours que j’ai mal au ventre à essayer d’écrire sans trouver le sommeil, et tous les gens que je connais vivent dans la peur de ce que va faire demain la machine militaire israélienne, si le #discours_génocidaire de #Netanyahu va se matérialiser par une option nucléaire ou par d’autres tueries de masse de Palestiniens. Je me demande moi-même si nous pouvons pleurer, sans réserve aucune, pour les vies perdues à Tel-Aviv comme pour les vies perdues à Gaza, sans se laisser entraîner dans des débats sur le relativisme et sur les #fausses_équivalences. Peut-être les limites élargies du deuil peuvent-elles contribuer à un idéal d’#égalité substantiel, qui reconnaisse l’égale pleurabilité de toutes les vies, et qui nous porte à protester que ces vies n’auraient pas dû être perdues, qui méritaient de vivre encore et d’être reconnues, à part égale, comme vies.

    Comment pouvons-nous même imaginer la forme future de l’égalité des vivants sans savoir, comme l’a documenté le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, que les militaires et les colons israéliens ont tué au minimum 3 752 civils palestiniens depuis 2008 à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Où et quand le monde a-t-il pleuré ces morts ? Et dans les seuls bombardements et attaques d’octobre, 140 enfants palestiniens ont déjà été tués. Beaucoup d’autres trouveront la mort au cours des actions militaires de « #représailles » contre le Hamas dans les jours et les semaines qui viennent.

    Ce n’est pas remettre en cause nos positions morales que de prendre le temps d’apprendre l’histoire de la #violence_coloniale et d’examiner le langage, les récits et les cadres qui servent aujourd’hui à rapporter et expliquer – et interpréter a priori – ce qui se passe dans cette région. Il s’agit là d’un #savoir_critique, mais qui n’a absolument pas pour but de rationaliser les violences existences ou d’en autoriser d’autres. Son but est d’apporter une compréhension plus exacte de la situation que celle proposée par le cadre incontesté du seul moment présent. Peut-être d’autres positions d’#opposition_morale viendront-elles s’ajouter à celles que nous avons déjà acceptées, y compris l’opposition à la violence militaire et policière qui imprègne et sature la vie des Palestiniens dans la région, leur droit à faire le deuil, à connaître et exprimer leur indignation et leur solidarité, à trouver leur propre chemin vers un avenir de liberté ?

    Personnellement, je défends une politique de #non-violence, sachant qu’elle ne peut constituer un principe absolu, qui trouve à s’appliquer en toutes circonstances. Je soutiens que les #luttes_de_libération qui pratiquent la non-violence contribuent à créer le monde non-violent dans lequel nous désirons tous vivre. Je déplore sans équivoque la violence, et en même temps, comme tant d’autres personnes littéralement stupéfiées devant leur télévision, je veux contribuer à imaginer et à lutter pour la justice et pour l’égalité dans la région, une justice et une égalité qui entraîneraient la fin de l’occupation israélienne et la disparition de groupes comme le Hamas, et qui permettrait l’épanouissement de nouvelles formes de justice et de #liberté_politique.

    Sans justice et sans égalité, sans la fin des violences perpétrées par un État, Israël, qui est fondé sur la violence, aucun futur ne peut être imaginé, aucun avenir de #paix_véritable – et je parle ici de paix véritable, pas de la « #paix » qui n’est qu’un euphémisme pour la #normalisation, laquelle signifie maintenir en place les structures de l’injustice, de l’inégalité et du racisme. Un pareil futur ne pourra cependant pas advenir si nous ne sommes pas libres de nommer, de décrire et de nous opposer à toutes les violences, y compris celles de l’État israélien, sous toutes ses formes, et de le faire sans avoir à craindre la censure, la criminalisation ou l’accusation fallacieuse d’antisémitisme.

    Le monde que je désire est un monde qui s’oppose à la normalisation du régime colonial israélien et qui soutient la liberté et l’autodétermination des Palestiniens, un monde qui réaliserait le désir profond de tous les habitants de ces terres de vivre ensemble dans la liberté, la non-violence, la justice et l’égalité. Cet #espoir semble certainement, pour beaucoup, impossible ou naïf. Et pourtant, il faut que certains d’entre nous s’accrochent farouchement à cet espoir, et refusent de croire que les structures qui existent aujourd’hui existeront toujours. Et pour cela, nous avons besoin de nos poètes, de nos rêveurs, de nos fous indomptés, de tous ceux qui savent comment se mobiliser.

    https://aoc.media/opinion/2023/10/12/condamner-la-violence

    ici aussi : https://seenthis.net/messages/1021216

    #à_lire #7_octobre_2023 #génocide

    • Palestinian Lives Matter Too: Jewish Scholar Judith Butler Condemns Israel’s “Genocide” in Gaza

      We speak with philosopher Judith Butler, one of dozens of Jewish American writers and artists who signed an open letter to President Biden calling for an immediate ceasefire in Gaza. “We should all be standing up and objecting and calling for an end to genocide,” says Butler of the Israeli assault. “Until Palestine is free … we will continue to see violence. We will continue to see this structural violence producing this kind of resistance.” Butler is the author of numerous books, including The Force of Nonviolence: An Ethico-Political Bind and Parting Ways: Jewishness and the Critique of Zionism. They are on the advisory board of Jewish Voice for Peace.

      https://www.youtube.com/watch?v=CAbzV40T6yk