• Une expérience de militantisme à l’université.

    Cet article a été écrit en 2007 suite au mouvement étudiant contre la LRU (Loi de Réforme des Universités) aussi appelé Loi Pécresse.

    #militantisme #handicap #mouvement_étudiant #Bordeaux #2007 #LRU #compensation #fac

    Deuxième partie :

    Etudiant depuis sept ans, j’ai connu deux universités différentes de Bordeaux et ce parcours m’a donné l’occasion de rencontrer pas mal d’étudiants concernés par l’accueil lamentable des administrations et des relais handicap. La stratégie adoptée par les universités face à un étudiant qui revendique de meilleures conditions d’études, qui se plaint trop souvent de devoir faire le tour d’un bâtiment pour accéder à un amphi ou qui refuse de demander à un collègue de lui photocopier ses cours est toujours la même. « C’est un râleur, il n’est jamais content alors que tout le monde est tellement gentil avec lui. D’ailleurs, la preuve, les autres étudiants ne se sont jamais plaints ».
    Ce qui est faux : certains se plaignent, mais de manière individuelle et encore faut t-il savoir écouter. A de rares occasions nous avons tout de même pu nous regrouper, à trois ou quatre, sur des problématiques précises suffisamment visibles pour la télé. En mai 2005 nous avons ainsi pu alerter France 3 et avoir droit à trois minutes du flash local. Au prix d’images ridicules où trois handicapés franchissaient vaillamment les portes de l’Université un temps plein fut libéré trois mois plus tard par l’administration.
    Mais cette expérience reste unique. Les contraintes organisationnelles empêchent, pour une part, les étudiants concernés de se réunir, d’échanger leurs expériences et de revendiquer ensemble. Mais la raison la plus importante est le manque de conscience des étudiants de leur propre condition d’oppression.
    En octobre 2007 commence le mouvement étudiant contre la loi LRU. Le blocage de l’université Bordeaux 3 est voté en Assemblée Générale. Je souhaite alors prendre part au maximum au mouvement dans cette université ainsi réinvestie. Le rythme imposé aux militants est largement insoutenable pour moi, on s’absente quelques heures, on loupe une réunion et on ne comprend plus rien. C’est pourquoi je décide de m’investir sur les problématiques que je maîtrise à savoir celles du handicap. J’inscris bien sûr ma démarche dans celle, plus globale, d’opposition à une loi qui remet en cause le service public. Il y a tout à faire, profitons-en.

    Suite à la seconde assemblée générale, les étudiants handicapés ont le plaisir de recevoir un mail du relais handicap les informant que le blocage est maintenu. L’expéditrice du mail (E.) déplore ainsi cette « mauvaise nouvelle » et nous demande de :

    « ne pas perdre de temps, ces journées sans cours ne sont pas des vacances, continuez si vous le pouvez à travailler chez vous ou en petits groupes. »

    Très en colère je réponds donc ceci :

    « E. ,
    merci beaucoup de relayer des infos liées au blocage. Je te demande cela dit de te contenter de mails strictement informatifs. Même handicapé, notre esprit critique est suffisamment aiguisé, je crois, pour nous laisser seuls juges de la portée d’un événement. 

    Je n’en profiterais pas pour faire état des conséquences que peut avoir la LRU sur les conditions d’accueils des étudiants handicapés (ni sur ton propre poste).

    Les étudiants de Bordeaux III sont tous tenus d’avoir obtenu un bac (ou équivalent), cela est largement suffisant pour décider nous même de nos activités durant le blocage.

    Cordialement,

    R. »

    Le mail de E. préjuge ainsi de la situation de victime des personnes handicapées.Ils seraient d’abord passifs devant ce mouvement social et surtout évidemment hostiles.
    Par un excès d’enthousiasme je commets l’erreur d’envoyer ma réponse à l’ensemble des étudiants handicapés. Je reçois dans les jours suivants plusieurs messages de reproches plus ou moins violents concernant la réponse faite à E. .
    Beaucoup de messages témoignent d’abord de la mauvaise compréhension de mes reproches faits au Relais handicap. Ainsi je n’apprécie pas l’aide apportée au quotidien par E. et V., mon mail était agressif (« rabaisser un professionnel du handicap est inacceptable. »). Mes critiques faites sur les stéréotypes systématiquement renvoyés aux étudiants passent complètement à la trappe :

    « Ca ne se fait pas…car elle a écrit ce message dans de bonnes intentions »

    C’est en fait bien plus qui m’est reproché. En évoquant les difficultés rencontrées à l’université, en refusant d’être absolument remerciant des services apportés par le Relais handicap et en me permettant de faire des reproches à son personnel j’ai remis en cause une autorité intouchable. La fonction professionnelle donne ainsi une légitimité que je ne dois pas remettre en cause : « laisse les gens compétents faire leur travail ». Une étudiante prie même E. de m’excuser en lui expliquant que tout le monde ne pense pas comme moi.
    C’est enfin le principe même de revendication qui est contesté :

    « on n’a pas le droit de profiter de notre situation d’handicapé pour tout le temps se plaindre »

    Une étudiante me dit même que contrairement à moi elle ne « porte pas son handicap en bannière » et me conseille : « occupe toi de ton handicap tu as l’air de mal le vivre ».
    Ces phrases ne témoignent pas seulement d’une méconnaissance de la notion de droit à compensation et d’un contresens fait sur la notion d’autonomie qui reviennent au final à un déni manifeste de la situation de handicap, elles sont le témoin criant d’une situation de grande oppression sociale. D’après mon propre vécu il me semble que, pour beaucoup d’étudiants concernés, l’accès à l’université représente une victoire exceptionnelle (on ne s’en étonne pas si on regarde la proportion d’étudiants chez les personnes handicapées, 0,24 % en 2005), une extraction de la condition de personne handicapée. Il paraît donc inconcevable de revendiquer sur des questions spécifiques liées au handicap et encore plus inconcevable de s’organiser à plusieurs. D’autre part, pour beaucoup cette « ascension sociale » est accompagnée d’injonctions de l’environnement (familial et professionnel) à « ne pas se plaindre ». « On te permet d’être étudiant, d’être parmi les autres, c’est exceptionnel, regarde comme tu as de la chance, et en plus tout le monde est tellement bon avec toi alors qu’ils n’y sont pas obligés ». On retrouve le statut exceptionnel de la personne handicapée tout juste tolérée. Invoquer les théories concernant la culpabilité renvoyée, explicitement ou insidieusement, aux personnes handicapées demanderait un développement beaucoup plus long. Pour résumer, si je proteste et que je n’ai pas de raisons de me plaindre c’est bien que je suis aigri et très malheureux de mal vivre mon handicap.
    Toujours est-il que cette anecdote témoigne de la grande misère sociale et politique des étudiants handicapés dont beaucoup ont intégré les représentations de leur propre oppression. Ils en sont donc moteurs. Alors que le rôle du Relais handicap serait non seulement de travailler à l’amélioration des conditions d’accueil mais aussi de faire prendre conscience aux intéressés de leurs droits d’étudiants, celui-ci entretient en fait une infantilisation qui passe notamment par un tutoiement systématique.
    Dans l’une des réponses des étudiants à mon mail une phrase retient mon attention : « Soyez conscients que pour certains le blocage représente un vrai cauchemar. »

    To be continued …

  • Une expérience de militantisme à l’université.

    Cet article a été écrit en 2007 suite au mouvement étudiant contre la LRU (Loi de Réforme des Universités) aussi appelé Loi Pécresse.
    #militantisme #handicap #mouvement_étudiant #Bordeaux #2007 #LRU #compensation #fac

    Première partie :

    Les universités françaises doivent donner à tous les étudiants qui les fréquentent les mêmes moyens d’étudier. Qu’en est-il pour les étudiants handicapés ? De moins en moins enfermés dans des foyers, ayant de plus en plus de moyens pour vivre à peu près « normalement », les personnes handicapées comptent de plus en plus d’écoliers, de lycéens, d’étudiants, de travailleurs, de citoyens impliqués dans la vie sociale.
    Au fil des années, les étudiants handicapés ont donc été de plus en plus nombreux. Les handicaps peuvent être de plusieurs types (sensoriel, mental, moteur…) chacun d’eux entraîne des besoins spécifiques qui doivent (et qui peuvent aujourd’hui) être compensés par des aides techniques ou humaines. Par exemple, un fauteuil électrique permet de compenser une incapacité à marcher. On peut estimer qu’un fauteuil électrique est un bon moyen de compensation tant qu’il permet d’accéder aux mêmes fonctions de déplacement que la marche à pied. Un escalier rend évidemment un fauteuil inefficace, un ascenseur permet alors de compenser l’impossibilité de déplacement causée par l’escalier.
    Bref, pour faire face aux diverses difficultés et questions posées par l’accueil des étudiants handicapés, chaque université dispose d’un chargé de mission. C’est en fait un membre du corps enseignant ou du personnel administratif qui est particulièrement chargé de cette mission.
    Celui-ci n’est pas particulièrement formé, il dispose de peu de moyens alloués spécifiques et assure sa mission en plus de sa première fonction (d’enseignant ou d’administratif). Son rôle se limite donc la plupart du temps à accueillir les étudiants handicapés en début d’année et à organiser des conditions particulières d’examen.
    A Bordeaux quelques temps-pleins spécifiquement dédiés à l’accueil des personnes handicapés ont pu être débloqués, à vrai dire un par université. Ainsi depuis quelques années existe à Bordeaux III un relais handicap, le même type de bureau est ouvert à Bordeaux I et Bordeaux II depuis moins de deux ans. Les personnes employées dans ces relais handicaps n’ont toujours pas de formation spécifique mais ont en revanche une bonne volonté exemplaire qu’elles ne manquent pas de faire valoir comme principale preuve de leur légitimité.
    Pourtant, cela ne suffit largement pas. Les besoins spécifiques des personnes lourdement handicapées motrices (par exemple) ne s’expriment évidemment pas dans la seule période des examens, mais bien durant toute l’année universitaire. Et ils ne s’expriment pas seulement à propos des problèmes d’accessibilité des bâtiments.
    Les problèmes d’infrastructures sont loin d’être les seuls à gêner la bonne scolarisation des étudiants. Ils sont bien souvent l’arbre médiatisé qui cache la forêt. Un mec en fauteuil coincé devant un escalier c’est très photogénique. Cela permet en plus, non seulement de dresser le constat que personne n’y peut rien dans l’instant (« ça a mal été conçu au départ ») mais aussi de montrer le personnel de l’administration « tout faire » pour rendre, malgré tout, les conditions d’accueil les meilleures possibles. En effet, il y aurait beaucoup à faire, car en dehors des difficultés d’accès, les problèmes sont multiples.
    Un étudiant lourdement handicapé moteur qui ne peut pas écrire lui-même, qui a besoin d’aide pour appeler un ascenseur, pour aller aux toilettes, pour manger, pour enfiler et enlever son manteau ou encore pour éteindre son téléphone en début de cours, passe à peu près tout son temps universitaire à galérer. En cours, celui-ci a intérêt à être attentif car il ne peut pas prendre de notes, il devra donc trouver, à la fin du cours, un « gentil-camarade » qui accepte de l’accompagner et de photocopier ses notes. Tant pis si le « gentil-camarade » écrit mal, s’il ne prend pas bien les notes, s’il ne vient pas à tous les cours, s’il écrit en rose fluo, s’il a autre chose à faire. Pour l’ensemble des prestations toilette-repas, notre ami handicapé a le choix entre se retenir et ne pas manger, demander à un « gentil-camarade » ou s’organiser à faire venir, à l’université, des auxiliaires de vie qui interviennent habituellement à son domicile et à d’autres horaires. Cette dernière possibilité présente pour notre ami un coût en énergie et en organisation difficilement imaginable. Il doit prévoir plusieurs jours à l’avance l’heure à laquelle il souhaitera aller aux toilettes par exemple.
    Dernier problème pour notre ami : le travail personnel. Dans son ambition d’autonomisation de l’étudiant, l’université prévoit un minimum de cours pour un maximum de travail personnel (recherches, dossiers à rendre, etc.). L’étudiant doit alors travailler chez lui ou en bibliothèque et ce travail ne peut se faire sans aide (secrétariat, prise de notes sous la dictée, aide à la recherche dans des grosses encyclopédies). Encore une fois l’université ne prévoit pas d’aide spécifique, enfin presque pas, pas pour tout le monde, et pas en début d’année.
    Pour ce problème particulier, on pourrait facilement imaginer que l’université, via les relais-handicap, trouve des étudiants intéressés pour ce genre d’emplois, précaires mais sympathiques. Les étudiants handicapés auraient ainsi à leur disposition un certain nombre d’étudiants sous contrat avec la fac liés par un cadre professionnel et évacuant du même coup les problèmes d’organisation et de demande.
    Car aujourd’hui, c’est cette fameuse demande à des collègues que l’université envisage comme évidente sans voir les aspects néfastes. En étant toujours dans une relation de demande à ses collègues étudiants, la personne handicapée est placée en position de complète dépendance, et sacrifie en fait son intégration sociale aux nécessités matérielles. L’université ne veut pas entendre qu’en étant obligée de demander de l’aide à un camarade, et ce dès la première heure du premier cours, une personne handicapée propose son handicap comme premier et seul élément de relation sociale. Il ne s’agit pas, bien sûr, de nier auprès des autres étudiants le handicap et ses conséquences. Mais en le considérant à sa juste valeur, en donnant à la personne les moyens de compensation dont elle a besoin, le handicap est socialement et littéralement effacé. Libre à elle, après coup, d’en faire part, dans le cadre de sa relation sociale comme aspect plus ou moins important de sa vie.
    En s’appuyant sur la bienveillance individuelle des étudiants, sur le soi-disant devoir d’aider son prochain, l’université transforme bien la solidarité collective en charité individuelle. Et ce n’est pas seulement un problème de principe. En appliquant cette politique irresponsable, l’université met l’étudiant dans des situations aux conséquences relationnelles et sociales dramatiques (en étant, par exemple, obligé de demander de l’aide à des amis pour aller aux toilettes). Outre l’état de misère sociale et relationnelle dans lequel sont souvent tenues les personnes handicapées, outre aussi les conséquences désastreuses sur le taux de réussite à l’université, cette politique est le symptôme du désengagement progressif de l’université dans sa mission de service public.
    Etre seul prestataire d’enseignement, en offrant un service aux conditions normées et en déléguant toutes les tâches spécialisées à des prestataires de services extérieurs (ménage, entretien, traduction en langue des signes, auxiliaires de vie, secrétariat…), voilà ce à quoi aspirent les administrations de l’université.
    En 2005 a été créée la MDPH (maison départementale des personnes handicapées), cette institution regroupe l’ancienne COTOREP augmentée de tous les dispositifs de financement pour permettre la compensation humaine ou technique du handicap. Et en effet tous les dispositifs de compensation sont relativement simplifiés pour les personnes handicapées. Cela présente en revanche le danger d’un service tout dédié au handicap vers lequel est systématiquement renvoyé l’usager de n’importe quelle institution dès lors qu’il est atteint d’un handicap. « Votre emploi du temps ne vous convient pas car certaines salles de cours ne sont pas accessibles ? Adressez-vous à la MDPH pour les besoins particuliers entraînés par votre handicap. » ; « Vous avez envie de pisser entre deux cours ? Nous avons à votre disposition des toilettes accessibles. Un accompagnement ? Une aide humaine ? Cela relève du soin, pas de l’université, adressez-vous à la MDPH. ». Ces deux exemples sont très différents mais relèvent de la même logique : considérer le handicap comme un cas à part, un élément malheureux qui relève de l’exceptionnel et qui, sous prétexte de besoins spécifiques, nécessite l’intervention d’une institution spécifique et autrement spécialisée.
    Si l’université ne veut même pas discuter, sous couvert de l’évidence, de sa responsabilité dans l’accompagnement aux toilettes, elle est davantage mise en porte-à-faux pour ce qui concerne ces fameux besoins d’accompagnements « pédagogiques ». C’est que la MDPH, pour le moment, n’est pas claire : les allocations individuelles couvrent les besoins « vitaux » pas les besoins « pédagogiques ». L’université a donc davantage de difficultés à se justifier dans son refus de financement et d’organisation de l’aide pédagogique.
    Depuis deux ans l’université accepte donc de donner, au cas par cas, une enveloppe, censée couvrir les dépenses liées à l’embauche de secrétaires. Elle en profite aussi pour exprimer son grand regret de ne pas voir la MDPH prendre en charge ce surcoût. Elle incite enfin les étudiants concernés à poursuivre les demandes auprès de la MDPH tout en rendant cette enveloppe de plus en plus exceptionnelle et de plus en plus difficile à obtenir.
    To be continued …

    • Je ne suis plus, ni étudiant ni Bordelais mais je ne suis pas vraiment sûr malgré l’amélioration progressive des conditions d’étude des étudiants et étudiantes handicapés que des moyens de compensation précis est été d’avantage mis en place depuis. J’attend que des étudiants et des étudiantes d’aujourd’hui me disent si un accompagnement total est aujourd’hui pensable ...

  • GI Informatique, entreprise d’insertion par l’activité économique

    Accueil personnalisé, prix compétitif, large sélection de produits, la réputation de la boutique Groupement d’Initiatives Informatique (GI Informatique) n’est plus à faire dans la région. Si cette entreprise d’informatique n’est pas comme les autres, c’est parce qu’elle a pour but de former et d’accompagner des personnes en difficulté pour un retour vers un emploi durable.

    Aujourd’hui, 7 salariés sur 12 sont en contrat d’insertion. Grâce au soutien de la Fondation Agir Pour l’Emploi (FAPE), GI Informatique, cette entreprise va pouvoir rénover ses infrastructures pour améliorer le quotidien de ses salariés.

    https://www.youtube.com/watch?v=JLf3D_IcE4Y#t=33

    #réemploi
    #DEEE
    #bordeaux

  • Bordeaux : les conférences d’extrême droite sont les bienvenues dans les salles municipales
    http://lahorde.samizdat.net/2014/12/16/bordeaux-les-conferences-dextreme-droite-sont-les-bienvenues-dans-

    Lu sur Bordeaux Bordel : Les salles municipales sont à disposition des assos, syndicats, partis politiques de la ville, quelle que soit leur tendance. Et c’est tant mieux. Mais ces derniers temps, j’ai cru être victime d’hallucinations paranoïaques tant le nombre de conférences organisées par l’extrême-droite dans ces salles a augmenté durant l’année écoulée. La dernière [&hellip

    #Extrême_droite_institutionnelle

  • 5ème Rencontre permaCOOLe : CULTIVER UNE TERRASSE EN VILLE
    https://www.facebook.com/events/1548195205392127

    Rendez-vous pratiques autour de la #permaculture, ouvert à tous !

    Mardi 2 décembre, 18h-22h
    ô Plafond, 14 rue St Vincent de Paul (sur inscription)
    #Bordeaux

    Comment se nourrir en pleine jungle urbaine ? Comment repenser la ville pour la cultiver ? Sachez que la population urbaine augmentera de 70% d’ici 2030 et leur autonomie est de plus en plus limitée, alors pas question de fuir face à ce défi. Sous les pavés, la Terre. Mais.. est-ce vraiment raisonnable ? Et pour celui du 7e étage ?

    Difficile à croire, et pourtant : les balcons, les terrasses, les trottoirs pourraient bientôt se mettre à respirer sans leur précieux lien au sol ! L’autoproduction en milieu urbain est possible et bien moins compliquée à mettre en œuvre lorsqu’elle est progressive : elle permet de trouver des solutions innovantes aux enjeux de souveraineté alimentaire dans un contexte de transition économique et sociale de plus en plus nécessaire.

    Le hors-sol, c’est le sujet permaCOOLe de l’automne 2014 qui fleurit les cités et donne le sourire aux passants. Curieux d’en savoir plus ? L’association Place aux jardins vous invite à la prochaine rencontre permaCOOLe, cette fois-ci sous le caractère de l’urbanité ! Au programme :

    18h - Présentation du projet Ô Plafond
    19h - Video /discussion sur les cultures hors-sol
    20h - Auberge espagnole et échanges d’idées

    #agriculture_urbaine

    Psst @rastapopoulos

  • Suite à l’occupation de l’OCDE... - IAATA
    http://iaata.info/Suite-a-l-occupation-de-l-OCDE-416.html

    Jusqu’ici nous avons porté nos actions en direction des lieux d’application des politiques libérales : agences et directions de #pôle_Emploi, #Unedic, Ministères, etc.
    Aller à l’OCDE nous a inspiré l’idée d’élargir le champ de nos actions. Nous les porterons donc désormais aussi en direction des institutions productrices de cette religion du marché et de son clergé. Institutions internationales, écoles de commerce, universités, chaines de radio ou de télévision, journaux économiques, chroniqueurs ou prétendus experts, nos actions ne leur laisseront pas de pause.
    Nous invitons aussi tous ceux qui le désirent et le peuvent à s’engager dans ce même mouvement d’occupation, d’obstruction et de #blocage de tous les lieux de conception et de diffusion de la doxa du marché.

    Ils prétendent occuper nos vies, nous remettre au travail ? Nous occuperons leurs bureaux, nous perturberons leur sale boulot.

    Samedi 6 Décembre : mobilisation nationale contre le #chômage et la #précarité !
    Grande manifestation à #Paris, mais aussi #Bordeaux, #Marseille, #Toulouse...

  • #Willy_Sagnol’s Race Problem
    http://africasacountry.com/willy-sagnols-race-problem

    If you tell a lie enough times then people will start believing it as gospel. You know, stuff like ‘He’s not that sort of player’ or ‘Actually it’s about ethics in games journalism.’ The football world is replete with this sort of thing. First there’s The Guardian‘s presentation of Luis Suárez’s interview with Simon Hattenstone. […]

    #FOOTBALL_IS_A_COUNTRY #Bordeaux #France #racism

  • 20 ans de critique des médias, avec Serge Halimi, Pierre Carles, Philippe Poutou, les cheminots...
    http://upbordeaux.fr/Evenements#ancre_189

    Une après-midi d’éducation populaire qui promet, avec @mdiplo en la personne de Serge Halimi lui-même, et son vieil ami Pierre Carles. :)

    C’est à Bordeaux, mardi 11 novembre après-midi, au centre social St-Michel.

    C’est l’heure du bilan (même un jour férié). L’heure du bilan critique. Cela va faire 20 ans que Pierre Bourdieu sortait « Sur la télévision », petit livre qui fit grands bruits, aussi bien dans la polémique qu’il provoqua que comme succès de librairie inattendu (100 000 exemplaires vendus et traduit en 26 langues). Le sociologue y prouvait une homogénéisation croissante de l’information soumise aux lois du marché et de la concurrence. Les légendes auto-satisfaisantes sur l’indépendance et la pluralité volaient en éclats au milieu des cris d’orfraie de quelques-uns.

    20 ans après qu’est-ce qui a changé ? Et surtout, le mouvement de critique des médias, où en-est-il aujourd’hui ? Qu’a t’il accompli ? Quelles ont été ses erreurs ? Quelles sont ses perspectives ?

    Nos deux invités participent de ce mouvement depuis longtemps. L’un, rescapé de la télévision avec ses documentaires montrant les coulisses du journalisme, l’autre au Monde Diplomatique se battant pour un journal indépendant d’analyses politiques et internationales choisissant le parti de l’émancipation.

    Nous creuserons ça trois heures durant avec eux. Mais pas qu’avec eux, avec vous aussi, comme le veulent nos habitudes d’éducation populaire politique à l’UPB. Donc pas de grande messe mais plutôt au menu des débats mouvants et autres ateliers où vous pourrez vous exprimez. Et s’il y a quelques motivés parmi nous, qui sait, peut-être envisagerons nous sérieusement des pistes concrètes d’actions locales liées à la critique des médias. Du moins c’est notre souhait.

    #agenda #2014-11 #2014-11-11 #Bordeaux #Serge_Halimi #Pierre_Carles #Pierre_Bourdieu #Bourdieu #critique_médias #éducation_populaire

    (promis, dans pas longtemps l’UP aura des meilleurs URL plus pérennes)

  • « Le renard libre dans le poulailler libre » : l’Utopia, le cinéma indé, et en SCOP, de Bordeaux menacé de disparition par UGC.

    Un nouveau gros complexe UGC a été accepté, même pas loin d’un autre déjà existant, ce qui monte à 31 salles (31 !) UGC en centre-ville. Avec tout cet attirail UGC n’a aucun problème à programmer des block-busters ET des films d’art et essai, indépendant, etc.

    Super cadeau pour fêter les 15 ans d’Utopia…

    http://www.cinemas-utopia.org/U-blog/bordeaux/index.php?post/2014/10/30/%C2%AB-Le-renard-libre-dans-le-poulailler-libre-%C2%BB

    Ce que nous avions pris pour une bonne blague de Sud-Ouest, voire un simple effet d’annonce, comme il est de tradition avant les élections, se vit confirmé à notre grande stupeur à la fin de l’été par une décision votée à l’unanimité par une fantomatique Commission Départementale d’Aménagement Cinématographique (CDAC) : oui ! Il y aurait bien 13 salles UGC supplémentaires au Bassin à Flots, à quelques encablures seulement des 18 salles d’UGC Ciné-Cité de la rue Georges Bonnac qui ne seront, quant à elles, nullement menacées de fermeture… La nouvelle, on s’en doute, nous fit passer le goût du champagne et des petits fours tant il est toujours difficile de garder l’esprit festif à l’annonce de son très proche trépas.

    #Bordeaux #cinéma #Utopia #UGC #culture

  • Le centre-ville de #Bordeaux vu par les jeunes femmes

    Bordeaux est loin d’être une ville dangereuse. La #nuit pourtant, les #femmes pressent le pas dans certaines rues ou en évitent d’autres. Promenez-vous avec elles dans les quartiers du centre-ville.

    http://rue89.nouvelobs.com/2014/08/05/centre-ville-bordeaux-vu-les-jeunes-femmes-253916

    #géographie_urbaine #géographie_de_la_nuit #dangerosité #perception #ville

  • Les femmes ont un usage réduit de l’espace public
    le Monde 22 août 2014
    http://diaconam.blogspot.fr/2014/08/les-femmes-ont-un-usage-reduit-de.html

    La #rue serait-elle devenue un univers masculin ? Avec ses commerces, ses cafés, ses squares et ses terrains de jeux, l’espace public apparaît ouvert et mixte. Pourtant, plusieurs études et expériences montrent que la ville demeure un lieu sexué. Où l’on se croise mais où on ne partage pas la même liberté de mouvement selon qu’on soit #femme ou #homme. Et où des « #murs invisibles » sont dressés à l’encontre de celles qui tentent d’y évoluer. Une réalité plus prégnante encore en banlieue.
    Selon une étude de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus), plus d’une femme sur trois éprouve un « sentiment d’#insécurité » dans son quartier, contre une femme sur cinq dans les centres-villes. Et d’après l’enquête de victimation annuelle réalisée par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France auprès de 10 500 femmes, la peur fait partie du vécu de 69 % des Franciliennes, " au moins de temps en temps «  le soir.
    Si les agressions ne sont pas plus fréquentes ni nombreuses dans les cités, cette sensation y est cependant plus ancrée :  » Il n’y a pas plus de harcèlement en banlieue mais l’effet grand ensemble y est patent. Le contrôle social collectif qui s’exerce au bas des tours est plus fort qu’ailleurs « , remarque le géographe Yves Raibaud. Or, observent les sociologues, le sentiment d’insécurité provient beaucoup des injonctions sociales que les femmes reçoivent – leur place n’est pas dehors, dans la rue.
    Selon le sexe, l’usage de la rue n’est donc pas le même : les hommes occupent les trottoirs, les cafés, les bas d’immeubles de manière statique ; les femmes, elles, ne stationnent pas. Elles sont en mouvement, flânant rarement et évitant les lieux trop masculins. Leur usage de la rue est plus pratique que ludique : aller chez le médecin ou au métro pour rejoindre son travail, faire ses courses…
    C’est ce qu’a pu mettre au jour l’ethnologue-urbaniste Marie-Christine Hohm dans une étude réalisée en 2012 dans le quartier du Grand Parc, dans le nord de Bordeaux, auprès de femmes recrutées en trois groupes : lycéennes et étudiantes, femmes précaires et isolées, et seniors. Toutes avaient une » #carte_mentale « de leur quartier avec des rues fréquentées et d’autres à éviter, a noté cette responsable de l’Agence d’urbanisme de Bordeaux métropole Aquitaine.
    Jeunes ou plus anciennes, elles adoptent des stratégies pour ne pas se faire remarquer et être tranquilles, surtout le soir. Vêtements passe-partout, baskets, marchant vite sans répondre aux interpellations, un baladeur sur les oreilles. Elles sortent de préférence en groupe. Dans les transports, elles s’assoient près du chauffeur.  » Les femmes ne se sentent pas légitimes dans l’espace public. Elles n’y sont pas avec la même insouciance « , assure Mme Hohm.
    Les politiques d’aménagement ont renforcé cet aspect sexué de la ville avec une géographie de lieux de loisirs essentiellement masculine. On sait que les cafés restent majoritairement fréquentés par les hommes. Mais pas seulement. Terrains de pétanque pour les seniors, city stades, skateparks, terrains de football, studios de répétition… autant d’espaces où les femmes sont absentes.
    75 % des budgets publics servent à financer les loisirs des garçons, a ainsi constaté M. Raibaud.  » Or en consacrant des espaces virils et dominants, on renforce la présence des hommes dans l’espace public « , remarque-t-il.
    Cette tendance s’inscrit aussi dans les politiques locales en direction de la jeunesse : les équipements comme les dispositifs de loisirs sont pensés pour les #garçons. Edith Maruéjouls, doctorante à l’université de Bordeaux a ainsi montré, en mêlant toutes les activités proposées dans une commune populaire de l’agglomération – sections sportives, accueil loisirs, maisons de jeunes, écoles de musique et de danse, médiathèques – que 60 % sont fréquentées par des garçons. Avec 100 % pour les terrains de sports d’accès libre, ou encore 70 % pour les séjours d’été organisés pour les jeunes de banlieue, les maisons de quartier ou de jeunes.
    Les #filles, elles, disparaissent de ces structures à l’entrée du collège.  » Cela interroge sur les #stéréotypes. Il faut que les pouvoirs publics se demandent pourquoi le sport pratiqué de manière mixte au collège, ne l’est pas à l’extérieur ", insiste la sociogéographe.
    Pour l’heure, la prise de conscience de cette ville genrée n’est qu’embryonnaire.
    Sylvia Zappi

    #espace_public

  • Quelques mots de Christine Delphy sur la procréation, l’adoption et la filiation.

    Est-ce que cette prégnance de l’essentialisme, y compris dans le mouvement féministe, n’explique pas en partie l’importance dans la société française d’aujourd’hui du statut et du rôle de « mère » ?

    Le refus de la procréation et de la maternité était, en effet, très présent dans le mouvement des femmes des années 1970 – non seulement de la maternité, une fois que l’enfant est né, comme division sexuelle du travail mais aussi de l’idéologie de la « mère ». Et puis il y a eu un retour de bâton dans les années 1980. À mon sens, cependant, l’essentialisme n’est pas seulement et exclusivement fondé sur la maternité. Repartons du départ : il y a un système de genre que la plupart des gens ne perçoivent pas en tant que tel – ils le perçoivent comme « division » et « hiérarchie naturelle » entre les sexes. Donc, prouver que tout ça est socialement construit est très difficile.

    Le féminisme et les études féministes ont mis en lumière, de plus en plus, ce qui est « construction sociale » – dans la perception différente des sexes, dans la différenciation des rôles, dans la division sexuelle du travail – et son lien avec la hiérarchie. Il y a donc une avancée évidente de l’idée que beaucoup de choses sont socialement construites, mais la majorité des féministes trouve difficile d’accepter l’idée que le genre construit le sexe. Chez certaines féministes – qui acceptent pourtant la construction sociale des sexes – il y a l’idée que quand même on ne tient pas assez compte, dans certaines situations, du biologique et de la « différence » des sexes. Une de ces « situations » est précisément la reproduction puisque, à l’évidence, ce sont les femmes qui portent les enfants et pas les hommes. Cette idée, véhiculée par l’idéologie commune, a toujours été présente dans la pensée féministe, y compris dans les années 1970 avec Antoinette Fouque et Psychépo. Aujourd’hui l’argument triomphe grâce aux succès de livres comme ceux de Françoise Héritier qui disent la même chose sous des formes pseudo-scientifiques (Héritier 1996), qui hypostasient les différences biologiques en prétendant que, dans l’humanité « première », ce qui séparait les sexes, à l’exclusion de tout autre chose, c’est que les femmes « mettaient bas ». Ce qui est plus grave encore, c’est que des femmes comme Françoise Héritier prétendent que sans l’existence et la reconnaissance de cette « distinction » première, l’humanité n’aurait pas été capable de penser ! Or, pour ridicule qu’il soit, cet argument est très difficile à dépasser aujourd’hui. Autant les gens vont admettre que c’est bien une « construction sociale » qui empêche les femmes de grimper aux arbres ou de ne pas être président de la république, autant ils ont des difficultés à ne pas voir comme une « évidence naturelle » la différence des rôles procréatifs.

    Même quand la technique permet de dépasser le caractère « biologique » de la procréation à l’image de la PMA ?

    En effet, cela montre – et il n’est pas étonnant que la France ait été un des premiers pays à mettre en place un comité dit de « bioéthique » – que l’on était très inquiet, dans ce pays, à l’idée que le « naturel » pouvait être mis en danger. Le résultat de toutes les lois inspirées par ce comité de bioéthique consiste donc à faire en sorte que tout ce qui pouvait apparaître comme « non naturel » soit éradiqué – ce qui est une absurdité parce que par définition quelque chose qui peut exister est forcément naturel. C’est une tautologie de dire ça. La nature ne peut pas être conçue de manière « positive ». La nature, ce n’est qu’une série de limites. Or, les limites, elles changent constamment sous l’effet de l’action humaine. Se baser sur l’idée d’une reproduction « classique » – qui serait le produit d’une copulation entre une femme et un homme – et sur une vision très occidentale de la filiation, qui serait induite exclusivement par un acte hétérosexuel, est quand même problématique. Notre vision de la nature de la filiation est d’ailleurs le produit d’une considérable transformation du droit romain qui était, en ce domaine, beaucoup plus clair. Depuis les lumières, notre monde n’a cessé d’être « naturalisé ». Ce phénomène est peut-être du, en partie, à la déchristianisation de notre société mais, quoi qu’il en soit, la « nature » a pris une place de plus en plus importante. Dans l’évolution de nos lois, en dehors même de ces questions récentes de PMA (procréation médicalement assistée) et de techniques médicales, on voit bien que l’on essaie de calquer la filiation sur le biologique. Or, c’est absurde parce que la biologie ne connaît pas de filiation. La filiation, c’est un phénomène social. La filiation, ça implique des obligations sociales réciproques. La biologie, elle, ne connaît pas ça. Elle peut nous dire si une cellule en a engendré une autre, mais elle ne peut pas nous dire si la cellule A, par exemple, a des devoirs moraux vis-à-vis de la cellule B. Elle ne peut pas nous dire si la cellule A doit élever la cellule B ; lui changer ses couches, l’envoyer à l’école… Elle ne nous dit pas non plus que la cellule B doit assistance à la cellule A quand cette dernière vieillit. La filiation, bien loin du biologique, est un ensemble de règles évidemment mises en place par la société.

    Ce que nous dit la biologie, dans ce cadre, n’est-ce pas que la filiation doit être hétérosexuelle à l’exclusion de toute autre chose et notamment, par exemple, de l’adoption ?

    Cette question est, en effet, liée à la biologisation — depuis une trentaine d’années – de la filiation. Dans le droit romain, l’adoption était courante et codifiée. On a eu longtemps cette règle, qui a changé avec la reconnaissance des enfants adultérins, que le mari d’une femme devait reconnaître tous les enfants procréés, dans le cadre d’un mariage légitime, par elle. C’était donc le caractère social de la filiation qui primait alors dans le droit. C’est vrai que les Romains ne connaissaient pas de couples homosexuels qui voulaient avoir des enfants – encore que, peut-être… – mais la filiation était alors si clairement sociale qu’on pourrait très bien l’imaginer. Si nous étions restés fidèles aux principes du droit romain, il y aurait, aujourd’hui, une plus grande évidence de la nature sociale de la filiation. Or à l’inverse, nous sommes dans un processus de « naturalisation » d’un droit positif que nous camouflons derrière l’idée d’une « imitation » ou d’un « respect » de la nature. On cherche de plus en plus à se rapprocher d’une nature qui, en réalité, ne nous fournit pas de réponses. Comment la nature – ou la biologie – pourrait-elle d’ailleurs nous donner des réponses sur nos institutions humaines ? La nature est devenue un point de repère : est censée être un point de repère, mais comme la biologie ne nous dit pas que la reproduction doit forcément être hétérosexuelle, puisque la biologie ne dit rien, ce point de repère en cache un autre. On fait avec la biologie comme avec Dieu. On injecte dans l’idée de divinité une morale et des obligations qui lient, les uns vis-à-vis des autres, les membres de la société. Cette « morale » et ces « obligations » sont des phénomènes séculiers que l’on prétend être l’œuvre d’un Dieu transcendant. C’est la même chose, aujourd’hui, pour la biologie. L’obligation de l’hétérosexualité : on nous dit qu’elle dépendrait de la biologie. C’est absurde. Même si la procréation demande en effet la réunion de deux cellules – l’une qui vient d’un corps défini, dans notre société, comme « femme » et l’autre d’un corps défini comme « homme » – ce n’est pas la biologie qui trace la frontière des droits et des devoirs entre chaque sexe. L’hétérosexualité n’est pas la réunion de deux cellules. C’est la réunion de deux êtres qui sont des créations sociales. La réunion des cellules nécessaires à la procréation n’entraîne pas l’hétérosexualité, elle n’entraîne rien d’ailleurs, au-delà d’elle-même. Derrière le masque de la biologie c’est la société qui s’exprime, en ventriloque.

    Pourquoi, dès lors, l’instrumentalisation du biologique devient-il, dans notre société, un enjeu si fondamental ?

    Justement parce que nous n’avons plus de Dieu. Nous l’avons remplacé, depuis l’époque des Lumières, par la science. Maintenant, c’est la « science » qui nous explique comment nous devons vivre, quelles règles nous devons suivre – c’est du moins ce que l’on prétend. Or, encore une fois, c’est impossible. Comment la science – et tout particulièrement les sciences physiques – pourrait-elle nous dire quelque chose de pertinent sur nos arrangements humains ? La science ne transforme pas nos rapports sociaux. Il ne faut donc pas se leurrer sur la capacité de la science à modifier notre environnement social et notre système de genre. Même lorsqu’on change de sexe, on le voit bien, il s’agit de passer d’un genre à un autre. On ne peut évidemment pas dire ça aux gens qui se font opérer parce que pour eux, on le comprend bien, c’est essentiel. Mais, si on avait une conscience claire que ce qui est social ne doit rien à la nature, on sauterait complètement ce stade-là et on changerait de genre sans passer par une transformation du sexe. On retrouve le même problème en ce qui concerne l’adoption. Dans le Pacifique, chez les Polynésiens par exemple, le don d’enfant est très couramment pratiqué. Là, on n’a pas besoin de PMA puisqu’il suffit de demander ou d’accepter un « don ». Pourquoi, en effet, un enfant procréé appartiendrait-il forcément à sa génitrice « naturelle » ou à son géniteur « naturel » ? D’une certaine manière, la PMA n’a pas posé au droit plus de problèmes que l’adoption. Le droit savait déjà résoudre la question. Et c’est bien là le problème. Dans le droit romain comme dans certains droits coutumiers, à l’image de l’exemple polynésien, l’adoption était chose courante. Le caractère social de ce que l’on appelle aujourd’hui la parentalité était donc totalement reconnu. Alors qu’aujourd’hui en France, c’est l’idéologie inverse qui s’est imposée. On voit très bien les difficultés que rencontrent les candidats à l’adoption. Adopter un enfant en France, aujourd’hui, c’est un véritable parcours du combattant. Au point que les parents adoptifs ont l’obligation de dire aux enfants qu’ils ont été adoptés et qu’ils ont des « vrais » parents quelque part. Qu’est-ce que c’est que cette idée de « vrais » parents ? À quoi ça sert de savoir qu’on a une mère biologique ? Je me suis opposée avec vigueur à la modification de la loi – qui se trouve malheureusement dans la Convention des droits de l’enfant – d’accouchement sous X. En France, sur 700 enfants concernés par cette disposition, – qui sont pour moi des adolescents qui auraient eu, quel que soit le type de famille dans lequel ils auraient évolué, des difficultés – 10 % ont des problèmes avec leur origine. C’est un problème classique de l’adolescence de se fantasmer d’autres parents. Seulement ceux-là, ils ont soi disant une base réelle à leur fantasme parce qu’ils ont été adoptés. Ils recherchent donc leur « mère biologique ». Or, si leur mère biologique a accouché sous X, c’est qu’elle avait ses raisons. Maintenant, ces enfants voudraient que le secret de ces femmes – qui est une des rares avancées du droit français – soit divulgué pour qu’ils puissent aller les traquer n’importe où. C’est une absurdité. D’ailleurs, le peu d’enfants qui ont retrouvé leur « mère biologique » ont été horriblement déçus. Il est évident, en effet, qu’expulser un fœtus de son corps ne fait pas d’une femme une « mère ». Pour faire bien, certaines de ces femmes disent alors qu’elles ont des regrets. C’est peut-être vrai ou peut-être faux. Le problème, c’est qu’on sentimentalise, de façon excessive, des processus physiologiques. Cette tendance, qui a commencé au 18e siècle, n’a cessé de croître depuis. Or, selon moi, les nouvelles techniques médicales n’ont pas amené de situations inédites. Et d’ailleurs, parler de « nouvelles techniques » pour dénommer la petite canule qui sert à mettre du sperme dans le vagin d’une femme, c’est un peu prétentieux. Les lesbiennes américaines, qui sont moins légalistes que nous, ne s’emmerdent pas à aller chercher leur procréateur dans une banque de sperme. Elles emploient la technique dite du « turkey baster » – ustensile très courant, une espèce de grosse seringue, qui permet de récupérer la sauce de la dinde. Le problème tient donc plutôt, selon moi, à la question de la naturalisation de notre droit vis-à-vis, notamment, de l’adoption. Entre des sociétés qui comme la nôtre l’admettent avec difficulté, des sociétés, comme en Polynésie, qui la pratiquent très facilement et de manière presque informelle et des sociétés, par exemple musulmanes, qui la refusent totalement – le panel est large. Or, dans toutes ces sociétés, les enfants sont produits par les mêmes mécanismes. Ces sociétés ont pourtant, par rapport à la filiation, des attitudes radicalement différentes. Certaines croient que l’adoption est une véritable filiation. D’autres, comme la nôtre, pensent que c’est une filiation « fictive », de plus en plus délégitimée. Sans parler des sociétés où l’adoption est purement et simplement interdite. On le voit, l’idée que l’on se fait, en ce domaine, de la « nature », est très variable selon les lieux et les contextes. Les sociétés ont souvent beaucoup de mal à accepter et à reconnaître que les règles viennent d’elles-mêmes. C’est pourquoi, elles les font venir d’un « extérieur », d’un principe transcendant qui pouvait être Dieu par le passé – ce qui est encore le cas dans de nombreuses sociétés – et qui aujourd’hui, chez nous, est la biologie hypostasiée.

    Parité, procréation, prostitution, foulard, entretien avec Christelle Taraud [1] | Le blog de Christine Delphy
    http://delphysyllepse.wordpress.com/2013/05/08/parite-procreation-prostitution-foulard-entretien-avec-chr

    #procréation #filiation #adoption #Christine-Delphy #femmes #famille #genre #mère #féminisme #essentialisme
    cc @aude_v @pacoo :)

  • A voir en #Europe : #Bob_Dylan et #fête_de_la_musique à l’honneur
    http://fr.myeurop.info/2014/06/19/a-voir-en-europe-bob-dylan-fete-de-la-musique-14040

    Delphine Nerbollier Elise Gazengel Effy Tselikas Ariel Dumont Ludovic Clerima

    Que faire cette semaine à #Athènes, #Paris, #Barcelone, #Berlin ou encore #Rome ? Expos, #concerts, ciné, spectacles et inclassables : les coups de cœur de nos correspondants en Europe.

    Semaine spéciale dédiée à la fête de la musique. Venez vibrer partout en Europe aux rythmes des groupes amateurs et professionnels. lire la (...)

    #Musiques #Scènes #CULTURES #Allemagne #Espagne #France #Grèce #Italie #Bizet #Bordeaux #Carmen #Festival #Hambourg #idées_sorties #idées_week-end #porno #Rennes

  • #Résistance_naturelle” ou l’insurrection des papilles

    C’est un #film vif, simple, naturel.

    A l’image du « Secondo di Pacina », le vin jeune de Giovanna Tiezzi, Résistance Naturelle, le nouveau film de #Jonathan_Nossiter sur le #vin – dix ans après Mondovino - relève d’une simplicité que seule l’expérience permet d’atteindre. Fruit d’une longue méditation esthétique et d’un engagement personnel, il est sorti tout seul, l’été dernier, sans crier gare, comme un éclat de rire collectif, moqueur et généreux… Et puis il a mûri, s’est bonifié au montage et a vite trouvé des distributeurs en France et en Italie ainsi qu’une place au dernier festival de Berlin. Une éclosion spontanée rare dans le contexte économique actuel. Une bulle d’audace et de liberté dans un monde de contrôle et d’austérité.

    http://culturevisuelle.org/luciddreams/archives/509

  • Les mâles sont en rues - Libération
    http://next.liberation.fr/sexe/2014/06/03/les-males-sont-en-rues_1032848

    L’esplanade Charles-de-Gaulle et le quartier de Mériadeck sont typiques de l’architecture des années 60-70. De grandes tours en béton où se concentrent des administrations et, à leurs pieds, l’esplanade arborée. Quelques hommes sont assis en grappes autour des bassins, parlent entre eux. Des femmes passent, mais ne s’arrêtent pas, elles ne font que traverser le lieu. « Les hommes balisent la ville de leur présence. Dans l’imaginaire collectif, les seules femmes qui occupent la rue, ce sont les prostituées », explique le géographe.

    A ses côtés, une de ses élèves, Laura Van Puymbroeck, a réalisé son mémoire sur le harcèlement de rue à Bordeaux. Elle désigne deux groupes d’hommes qui se font face, postés en haut d’escaliers. « Les filles ont parfois l’impression de devoir franchir des "péages d’hommes". Ils les regardent arriver, font des commentaires en les scrutant, les matent une fois parties. Alors elles calculent leur allure, ni trop vite ni trop lentement, changent leurs trajectoires pour être invisibles. » Elles lui ont décrit une pression continue, des regards soutenus, des réflexions, qui rappellent aux femmes qu’elles sont de potentielles proies. « L’agression sexuelle reste l’exception, mais le sentiment de harcèlement est très répandu : drague lourde, agression verbale, frotteurs-frôleurs dans les transports en commun… Voilà ce qui limite les femmes dans leurs déplacements, détaille Laura Van Puymbroeck. 72% des étudiantes que j’ai interrogées évitent certains quartiers. Alors que 90% des étudiants se sentent globalement bien dans la ville. »

    #urbanisme #genre #ville #feminisme

  • A voir en #Europe : #David_Bowie, palais romains et apéro gourmet
    http://fr.myeurop.info/2014/05/22/voir-en-europe-david-bowie-palais-romains-apero-gourmet-13898

    Elise Gazengel Ariel Dumont Delphine Nerbollier Effy Tselikas Ludovic Clerima

    Que faire cette semaine à #Athènes, #Paris, #Rome, #Berlin ou bien #Barcelone ? #Expos, concerts, spectacles et inclassables : les coups de cœur de nos correspondants en Europe.

    Se déchaîner en #concert au son des Pixies à Barcelone ou revivre le parcours de David Bowie à Berlin. lire la (...)

    #Musiques #Scènes #CULTURES #Allemagne #Espagne #France #Grèce #Italie #Bordeaux #Festival #Heures_Heureuses #idées_week-end #Marseilles #musique #Ô_4_Vents #Piknic_Electronik #Primavera_Sound #spectacle #Strasbourg #week-end_en_Europe

  • La chanson des glaciers américains ? Une chanson d’un racisme crasse et frontal.

    Recall That Ice Cream Truck Song ? We Have Unpleasant News For You, by Theodore R. Johnson, III


    http://www.npr.org/blogs/codeswitch/2014/05/11/310708342/recall-that-ice-cream-truck-song-we-have-unpleasant-news-for-you

    I came across this gem while researching racial stereotypes. I was a bit conflicted on whether the song warranted a listen. Admittedly though, beneath my righteous indignation, I was rather curious how century-old, overt racism sounded and slightly amused by the farcical title. When I started the song, the music that tumbled from the speakers was that of the ever-recognizable jingle of the (For the record, not all ice cream trucks play this same song, but a great many of them do.)

    Browne: “You niggers quit throwin’ them bones and come down and get your ice cream!”

    Black men (incredulously): “Ice Cream?!?”

    Browne: “Yes, ice cream! Colored man’s ice cream: WATERMELON!!”

    Nigger love a watermelon ha ha, ha ha!

    Nigger love a watermelon ha ha, ha ha!

    For here, they’re made with a half a pound of co’l

    There’s nothing like a watermelon for a hungry coon

    #racisme #chansons #musique #etats_unis #ice_cream

  • @heautontimoroumenos
    théorie du genre : les vigigender exigent le retrait d’une exposition à Bordeaux

    U

    ne nouvelle exposition intitulée « Des elles, des ils ». Pour le centre d’animation et d’exposition de Bordeaux, cette exposition tente de casser tous les stéréotypes. A travers cinq ateliers, les enfants de 3 à 6 ans, observent que les goûts des uns des autres ne dépendant pas de leur sexe, de la couleur de leur peau, des origines sociales ou de leur handicap.

    Mercredi dernier, le collectif de parents d’élèves Vigigender 33 a lancé une pétition demandant le retrait de cette exposition. Cette dernière, hébergée sur un site espagnol inspiré « d’une conception chrétienne de la personne et de l’ordre social », avait recueilli lundi soir plus de 13.700 signatures. Y est jointe une vidéo sous-titrée « Endoctrinement des petits Girondins au profit des idéologues pervers » qui entend « décrypter » le film de présentation de l’exposition.

    De son côté, Cap Science insiste sur le fait que cette exposition est programmée depuis deux ans et figure dans son programme diffusé en début de saison. « Cette exposition n’aborde pas du tout les thèmes de la sexualité ou de l’identité sexuelle mais évoque les différences de couleurs, d’âges, de sexes. Elle montre que nous sommes tous pareils, tous différents. C’est la question du vivre-ensemble qui est abordée

    http://www.sudouest.fr/2014/04/07/theorie-du-genre-des-parents-demandent-le-retrait-d-une-exposition-a-bordea

  • Bordeaux : le grand déménagement
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=490

    C’est arrivé chez vous, ou ça va arriver. Votre petite ville doit grossir ; votre grande ville doit exploser : métropole. A Grenoble, on a « GIANT », à Bordeaux, ils ont « Euratlantique ». Et chez vous ? Mais de quoi s’agit-il exactement ? D’un des plus monstrueux projets urbains en France, vendu sous l’habillage de « Ville lente, ville verte », et « d’écoquartier de Haute qualité environnementale ». Avec la ligne de TGV Bordeaux-Paris pour mettre la capitale à deux heures de la cité de Montaigne, la communauté urbaine veut devenir une métropole d’un million d’habitants en 2030. Elle le veut, elle le fait. « Quand des aménageurs aménagent, les aménagés déménagent ». Parmi ces déménagés, il s’en est trouvé un pour dire tout le mal qu’il faut penser de ces opérations mégalopolitiques - et pour le dire bien. Effets (...)

    #Faits_divers
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Bre_ve_Re_ponse-2.pdf

  • Depuis le mois dernier, le #cinéma #Utopia de #Bordeaux passe en #SCOP, et les autres cinémas suivront !

    VIVE LE CINÉMA SCOP ! - U-BLOG 33
    http://www.cinemas-utopia.org/U-blog/bordeaux/index.php?post/2013/12/10/VIVE-LE-CINÉMA-SCOP- !

    Utopia Bordeaux a pu se faire grâce au Fonds de Soutien des autres Utopia et l’aventure continue à être collective : après Bordeaux, première salle à se transformer en SCOP, les autres Utopia suivront dans la foulée. Montpellier, Toulouse / Tournefeuille, Avignon, Saint Ouen l’Aumône… sont engagés dans le processus de transformation, la structuration finale se faisant autour de la pierre d’angle : une SCOP centrale, composée des fondateurs et d’un représentant de chaque SCOP locale, qui détient le nom (inscrit à l’INPI *), la charte qui va avec et offre un certain nombre de prestations mutualisées.

    #coopérative #mouvement-coopératif

  • Alexander #Grothendieck , sur les routes d’un génie
    http://grothendiecklefilm.tumblr.com/tagged/catherine-aira

    Grothendieck est un inconnu célèbre qui fait infiniment parler, surtout depuis son silence. Ce très grand #mathématicien de la seconde moitié du vingtième siècle a interrompu ses recherches pour émettre une protestation éthique, puissamment visionnaire contre les conditions actuelles de la science, et, plus largement, contre l’homme tel qu’il semble se corrompre. Il s’est retiré du monde.
    Le film vise à montrer les effets de ce retrait sur des individus divers, qui sont des mathématiciens, des paysans, des poètes, des aventuriers de la spiritualité...Loin de faire un portrait en pied du grand homme, il met en œuvre les recherches hasardeuses qui ont mené quelques individus vers Grothendieck, dont ils ne savaient d’abord rien, et dont le retrait et la puissance ne cessent de les interroger. La France actuelle, l’histoire de l’Europe, le statut de la science, la question de la fin des temps se trouvent embarqués dans cette quête.

  • La contre-histoire des internets + débat à #Bordeaux le lundi 21 octobre à l’#Utopia. Avec #Valentin-Lacambre et #Bluetouff. Organisé par #Aquilenet.

    Projection/#Débat : La contre-histoire des Internets | Aquilenet
    http://www.aquilenet.fr/content/projectiondébat-la-contre-histoire-des-internets

    Évidemment ça tombe pile en vacances, lorsque je dois amener fils à grand-père à l’autre bout de la France.

    On me dit qu’il y aura peut-être une captation audio de la rencontre.

    #agenda #2013-10 #internet #geek #hacker