• « Nous sommes le 5 janvier et le protocole sanitaire annoncé le 2 par Blanquer pour entrer en pratique le 3 est déjà abandonné car il est inapplicable.
    Ce n’est pas de l’amateurisme, c’est une mise en danger délibérée.
    Une seule réponse, le droit de retrait.
    #BlanquerDemission »


    https://twitter.com/realmarcel1/status/1478729350719680524?cxt=HHwWmMC5ydCgwIUpAAAA
    Rupture de stocks d’auto tests, le ministre autorise que les tests à J+2 et J+4 ne soient pas réalisés, donc le Mininistère de l’éducation s’assoit sur le protocole qu’il met en place ! #COVID19 #ProtocoleTousInfectes

  • Que les #actionnaires du CAC 40 soient mis fortement à contribution ! - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/170420/que-les-actionnaires-du-cac-40-soient-mis-fortement-contribution

    Bruno #Le_Maire a demandé aux entreprises qui font payer leurs #salaires par l’État via le chômage partiel de ne pas servir de dividendes à leurs actionnaires. Beaucoup de groupes du #CAC_40 ne respectent pas la consigne. Ils devraient plutôt être mis à #contribution. Et fortement.

    • quel #faux_derche ce Lemaire. Il espère abuser qui en faisant semblant de morigéner ses potes ?

      Sans doute Bruno Le Maire a-t-il pensé éteindre la semaine passée la polémique qui commençait à monter autour des dividendes versés par certains grands groupes français à leurs actionnaires. Prenant la posture énergique dont il est coutumier, il a donné de la voix pour signifier à ces entreprises qu’en ces temps de pandémie et de souffrance pour tout le pays, le moment serait vraiment mal choisi de couvrir d’or leurs actionnaires. Il a même été encore plus énergique que cela. Appelant ces entreprises à la modération, il a enjoint à celles d’entre elles qui font payer leurs salaires par l’État via le recours à la procédure du chômage partiel de ne pas verser de dividendes du tout. Question de décence et de civisme ! On ne peut pas solliciter l’argent public et précisément, au même moment, faire des ponts d’or à ses actionnaires…

      Le ministre des finances a parlé de manière si volontaire et pressante que la polémique s’est très vite éteinte. D’autant plus vite qu’une cascade de groupes ont annoncé qu’ils renonceraient à tout versement de dividendes. De scandale, il n’y en a donc pas eu. Et Bruno Le Maire a pu penser un moment qu’il avait bien piloté sa barque.

      Eh bien, non ! La vérité, c’est que le ministre des finances risque de sortir passablement ridiculisé par cet intermède. Et la polémique de repartir de plus belle. Car une belle ribambelle de groupes parmi les plus importants, dont certains du CAC 40, n’ont que très peu minoré le montant des dividendes versés à leurs actionnaires. Selon notre enquête, il s’en est même trouvé, comme Publicis, Vivendi, Michelin ou Capgemini, qui n’ont tenu aucun compte des propos de Bruno Le Maire, et qui, souhaitant avoir accès au chômage partiel, entendent verser tout de même de colossaux dividendes à leurs actionnaires. En clair, ce sont les impôts des contribuables qui seront mis à contribution pour payer les salaires, tandis que les actionnaires pourront continuer à arrondir leur magot.

      C’est d’autant plus choquant qu’en ces temps de crise, c’est exactement l’inverse qui devrait advenir. Ces actionnaires richissimes du CAC 40 ne devraient pas empocher des dividendes exorbitants et solliciter de l’argent public pour payer les salaires de leur groupe ; ils devraient à l’inverse être mis fortement à contribution pour aider le pays à traverser la crise. Et cette exigence devrait aussi concerner les groupes qui ne sollicitent pas d’aides publiques et qui prennent des postures vertueuses, alors qu’ils empochent aussi d’énormes dividendes, ou ne les réduisent qu’à peine. Et cette mise à contribution, on sait bien la forme qu’elle pourrait prendre : soit le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ; soit l’assujettissement, comme par le passé, des dividendes à l’impôt sur le revenu, en lieu et place de cette « flat tax », qu’Emmanuel Macron a créée et qui a constitué un formidable cadeau pour les plus riches – plus important encore que la suppression de l’ISF.

      Reprenons donc l’histoire à ses débuts pour comprendre comment Bruno Le Maire s’est fait berner (« à l’insu de son plein gré »). Le 30 mars au matin, il est l’invité de RMC et, d’un ton tranchant, essaie de convaincre l’opinion que, sous autorité, les directions des grandes entreprises n’auront pas de comportements cupides et pourraient même se montrer exemplaires, sinon citoyennes : « Je les invite à faire preuve, pour toutes les grandes entreprises qui ont accès aujourd’hui au chômage partiel, c’est-à-dire qui ont leurs salariés payés par l’État, à faire preuve de la plus grande modération en matière de versement de dividendes, et j’irai plus loin : soyez exemplaires », dit le ministre des finances.

      Et il ajoute à leur adresse : « Si vous utilisez le chômage partiel, ne versez pas de dividendes. Je pense que c’est quelque chose que chacun peut comprendre, et que chacun doit être exemplaire. Beaucoup de grandes entreprises l’ont compris, ont déjà pris la décision de ne pas verser de dividendes, parce qu’elles vont avoir besoin de cette trésorerie demain pour investir, pour payer leurs charges, pour relancer leur activité, donc j’invite toutes les grandes entreprises qui bénéficient du chômage partiel, soit à faire preuve de modération, soit… : mieux, donnez l’exemple et ne versez pas de dividendes. J’ajoute un point sur ce sujet, qui est très important, c’est que nous ne tolèrerons pas, non plus, que des entreprises fassent des rachats d’actions et versent des dividendes à leurs actionnaires. Les rachats d’actions, ils ne doivent pas être possibles quand on veut verser des dividendes, parce que c’est une façon d’augmenter les dividendes de manière artificielle, donc les rachats d’actions ne seront pas compatibles avec le bénéfice du soutien de la trésorerie de l’État. »

      L’appel de
      @BrunoLeMaire
      "Si vous utilisez le chômage partiel, ne versez pas de dividendes (...) On ne peut à la fois dire ’Je n’ai pas de trésorerie, j’ai besoin de l’Etat pour reporter mes charges’ et en même temps ’J’ai de la trésorerie pour mes actionnaires’"
      #BourdinDirect
      pic.twitter.com/CRk7Yt2qmu
      — RMC (@RMCinfo)
      March 30, 2020

      La vérité, pourtant, c’est sans doute que le message était à destination de l’opinion, pour la convaincre que le gouvernement veillait au grain, et non pas à destination des grandes entreprises qui, elles, visiblement, n’attachent pas trop d’importance aux propos ministériels. Car elles ont fait strictement ce qu’elles voulaient. Et même, en certains cas, exactement le contraire de ce que leur demandait le ministre.

      Et cela s’explique sans peine : si le ministre des finances fait mine de hausser le ton, il ne prend aucune mesure contraignante pour forcer les entreprises à respecter la ligne de conduite qu’il vient de fixer. En clair, les entreprises qui n’écoutent pas la recommandation ministérielle et servent des dividendes à leurs actionnaires savent qu’elles pourront tout de même accéder à la procédure d’activité partielle et que l’État paiera les salaires comme prévu. Il suffit d’ailleurs de se reporter au site Internet du ministère du travail pour vérifier que dans les conditions d’accès à la procédure, il n’est pas fait mention des dividendes.

      Concrètement, en cas d’activité partielle et si l’administration a accepté le dossier, l’employeur doit verser au salarié une indemnité correspondant à 70 % de son salaire brut par heure chômée, soit environ à 84 % du salaire net horaire dans la limite de 4,5 Smic. Et cette somme est ensuite remboursée par l’État. Cela correspond donc à une dépense publique absolument considérable, puisqu’au dernier pointage, jeudi matin, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, annonçait que 751 000 entreprises, soit plus d’une entreprise sur deux en France, avaient sollicité cette procédure du chômage partiel, portant sur 9 millions de salariés.

      19,2 millions de dividendes pour Élisabeth Badinter

      Pour une dépense aussi exorbitante, l’État était donc en droit de poser ses conditions. Comme le gouvernement s’y est refusé, des abus pour le moins choquants se sont multipliés. Résultat : notre enquête nous a permis de repérer assez vite des grandes entreprises qui versent des dividendes à leurs actionnaires mais ont aussi demandé, sans le moindre scrupule, l’accès à la procédure d’activité partielle.

      En voici quatre exemples – mais il en existe sûrement de nombreux autres.

      L’un de ces groupes est Publicis, le géant français de la publicité. Ultra-prospère, le groupe, qui est l’une des valeurs du CAC 40, a d’abord joué ouvertement la carte de l’égoïsme social en décidant de maintenir en l’état ses prévisions initiales de versement de dividendes. Mais, face aux polémiques qui montaient, il a pris quelques mesures, de portée surtout cosmétique, pour signifier qu’il n’était pas indifférent aux difficultés du pays en général et de ses salariés en particulier. Les dirigeants du comité exécutif et du directoire vont ainsi voir diminuer leur rémunération fixe de 20 % aux deuxième et troisième trimestres de 2020, et même de 30 % dans le cas du patron exécutif du groupe, Arthur Sadoun, et du président du conseil de surveillance Maurice Lévy, dont les rémunérations étaient respectivement de 1 million et 2,8 millions d’euros. Mais quid de la rémunération variable qui, dans le cas d’Arthur Sadoun, atteignait en 2018 la somme faramineuse de 3,1 millions d’euros ? L’entreprise n’a pas jugé utile d’apporter cette précision.

      Quant aux dividendes, l’entreprise a fait un geste, en les réduisant de moitié par rapport à ce qui était prévu initialement en février. Mais ce qui était envisagé était tellement considérable que les sommes qui vont être finalement versées donnent toujours le tournis. Concrètement, la réduction du dividende de 2,30 euros par action à 1,15 euro conduira le groupe à verser la somme totale de 276 millions d’euros à ses actionnaires. Libération prend soin de préciser que Maurice Lévy, qui a longtemps été l’une des grandes figures du capitalisme parisien, et qui a défrayé la chronique, en 2012, avec son mégabonus de 16 millions d’euros quand il a abandonné la direction exécutive du groupe, va donc empocher 5,4 millions d’euros en dividendes.

      Mais pour la fille du fondateur de Publicis, Marcel Bleustein-Blanchet (1906-1996), qui n’est autre que la philosophe Élisabeth Badinter, la somme est encore plus considérable : comme elle contrôle 7 % du groupe, elle va percevoir la somme faramineuse de 19,2 millions d’euros en dividendes.

      Or, sans la moindre gêne, le groupe est l’un de ceux, parmi les plus importants, selon nos informations, qui ont recours au dispositif de l’activité partielle. Il l’a notamment sollicité pour les salariés du Drugstore, sur les Champs-Élysées, qui est fermé depuis le début de la crise sanitaire.

      Comment Élisabeth Badinter, qui est vice-présidente du conseil de surveillance de Publicis, peut-elle justifier cela ? Dans le passé, elle a souvent été mise en cause pour le grand écart dont elle est coutumière entre les positions morales qu’elle prend dans le débat public et son rôle dans la vie du capitalisme parisien, et l’immense fortune qu’elle accumule (son patrimoine est évalué par Challenges à 850 millions d’euros). Mais dans le cas présent, l’affaire est encore plus choquante car, de facto, Élisabeth Badinter, qui comme son mari a longtemps accompagné le parti socialiste, s’enrichit, tout comme Maurice Lévy, sans la moindre gêne, sur le dos des contribuables. Avec l’assentiment tacite de Bruno Le Maire.

      Le groupe Capgemini est aussi à classer dans la même catégorie des valeurs vedettes du CAC 40 qui n’ont aucun scrupule à solliciter le dispositif de l’activité partielle, tout en couvrant d’or leurs actionnaires.

      Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce groupe-là est aussi prospère et évolue dans un secteur qui est moins exposé que d’autres aux violentes turbulences du moment. Il suffit de se référer aux bilans financiers qu’il vient lui-même de publier. Pour l’année 2019, le groupe a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 14,1 milliards d’euros, en hausse de 7 %, et un résultat net de 856 millions d’euros, en hausse de 17 %. Preuve que tout va pour le mieux pour ce groupe dont le PDG est Paul Hermelin, ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn à l’Industrie et ami de François Hollande.

      Sans la moindre gêne non plus, imperméable aux logiques de solidarité, le groupe compte donc continuer à enrichir fortement ses actionnaires, comme si de rien n’était. Il a donc annoncé qu’il verserait à ceux-ci un dividende de 1,90 euro par action, en hausse de… 12 % ! Or, comme le groupe précise que le taux de distribution du résultat net est de 35 %, on peut en déduire que ce sont donc 299 millions d’euros qui vont être distribués aux actionnaires.

      En ces temps de crise, les personnels soignants manquent de tout : de masques, de blouses, de matériel, de moyens. Mais les actionnaires de Capgemini continuent de s’enrichir spectaculairement.

      Or, le plus invraisemblable, c’est que le même groupe, dirigé par un patron qui lui aussi a été longtemps proche des socialistes, sollicite le bénéfice du chômage partiel. Selon nos informations, cela a été annoncé mercredi devant l’un des comités sociaux et économiques (CSE) du groupe, celui de la division dite « Infra ». Le groupe a annoncé aux élus du personnel qu’elle envisageait « de recourir au chômage partiel sur une période prévisionnelle allant du 16 mars au 30 juin 2020 selon les différentes modalités suivantes : fermeture temporaire de services avec impossibilité de télétravailler ; aménagement à la baisse des horaires de travail en réduisant le nombre d’heures, de jours travaillés ».

      Cette décision présente une incongruité : on constate en effet que le groupe entend recourir au chômage partiel malgré la richesse qu’il affiche et dont profitent ses actionnaires ; mais, encore plus culotté, il entend profiter de la procédure de manière rétroactive… au 16 mars ! Il sera intéressant de vérifier si l’administration accepte aussi ce passe-droit.

      Selon un document syndical de la CFTC, un conseil d’administration pourrait se tenir le 27 avril, avec à son ordre du jour une réduction du dividende. Mais devant le CSE, aucune indication de ce genre n’a été apportée aux représentants du personnel.

      Un dividende en hausse de 20 % chez Vivendi

      Le groupe Michelin fait également partie du lot. Il a en effet pris lui aussi des mesures pour montrer qu’il prenait en compte la crise et réduisait les largesses dont profitent habituellement ses dirigeants et ses actionnaires. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a été fait… chichement ! Dans un communiqué, le groupe annonce ainsi que « Florent Menegaux et Yves Chapot, gérants du groupe Michelin, ont choisi de diminuer d’environ 25 % leur rémunération », mais cela ne vaut pour l’instant que… « pour les mois d’avril et de mai 2020 », ce qui est donc purement symbolique. Et « les membres du comité exécutif du groupe ont volontairement décidé de baisser leur rémunération d’environ 10 % pendant la même période ». Ce qui est encore plus microscopique. Le communiqué ajoute ceci : « Cette baisse sera reconduite aussi longtemps que des salariés du groupe se trouveront en situation d’activité partielle au motif de la crise sanitaire du Covid-19. »

      Mais le groupe Michelin n’a pas décidé de supprimer le versement des dividendes. Il a seulement choisi de les réduire un peu, même pas de moitié, les abaissant des 3,85 euros qui avaient été initialement annoncés à 2 euros l’action, le versement devant intervenir le 3 juillet.

      Or, le groupe Michelin, comme il le dit lui-même, a aussi sollicité la procédure de chômage partiel. Concrètement, toutes les usines du groupe ont été fermées en France les deux dernières semaines de mars. Pendant cette période, l’entreprise a rémunéré les salariés pendant deux jours et leur a demandé de prendre le solde en jours de congé ou de récupération.

      Puis le groupe a mis en chômage partiel près de 9 500 salariés, ceux de la logistique et de la production, avec l’idée de relancer cette dernière, si possible, vers la mi-avril. Près de 1 500 salariés ont dans cette perspective repris le travail la semaine passée, et près de 2 500 de plus cette semaine.

      Dans la même catégorie, il y a aussi le groupe Vivendi, piloté par Vincent Bolloré. Nos confrères du journal Les Jours racontent que dans la convocation pour l’assemblée générale des actionnaires prévue pour le 20 avril, le président du conseil de surveillance, Yannick Bolloré (le fils du père), et le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, font cette annonce : « Cette année, le directoire vous propose le versement d’un dividende de 0,60 euro par action au titre de 2019, en progression de 20 %, représentant une distribution globale de 697 millions d’euros. »

      Avec une hausse de 20 % du dividende, Vivendi se moque donc totalement des recommandations de modération formulées par Bruno Le Maire. Mais cela ne s’arrête pas là. Les Jours précisent que la sixième résolution prévue pour l’assemblée générale des actionnaires envisage le rachat par Vivendi de ses propres actions, « dans la limite de 10 % du capital », en vue de les annuler. Or, c’est aussi ce que Bruno Le Maire avait vivement prohibé dans les termes dont on se souvient : « Nous ne tolèrerons pas, non plus, que des entreprises fassent des rachats d’actions et versent des dividendes à leurs actionnaires. Les rachats d’actions, ils ne doivent pas être possibles quand on veut verser des dividendes, parce que c’est une façon d’augmenter les dividendes de manière artificielle, donc les rachats d’actions ne seront pas compatibles avec le bénéfice du soutien de la trésorerie de l’État. »

      Or, cela n’empêche nullement Vivendi de recourir au chômage partiel. C’est le cas dans certaines branches de sa filiale Editis. Alors que le monde de l’édition est évidemment frappé par la quasi-interruption de la vente des livres en librairie, Editis n’a pas été la première maison à recourir au chômage partiel – le Seuil a commencé bien avant –, mais elle y est finalement venue, notamment dans ses divisions de distribution. Certaines maisons d’édition appartenant à la galaxie ont aussi suivi finalement le mouvement. Et l’autre grande filiale de Vivendi qu’est Canal+ recourt aussi au chômage partiel, aussi prospère que soit son actionnaire.

      En somme, des groupes parmi les plus importants du CAC 40 ont fait un véritable bras d’honneur à Bruno Le Maire, qui lui-même n’a rien fait pour leur interdire de solliciter des fonds publics. C’est donc une prédation consentante qui est actuellement à l’œuvre sur l’argent public.

      Il faut d’ailleurs observer que, même quand elles ne recourent pas au chômage partiel, beaucoup d’entreprises n’ont pas entendu les appels à la modération du ministre des finances sur le versement des dividendes.

      Dans cette autre catégorie, il y a d’abord les entreprises richissimes qui ont ignoré le ministre mais en signifiant qu’elles n’auraient pas, à la différence d’autres, l’indécence d’aller mendier de l’argent public pour payer leurs salariés. C’est le cas de L’Oréal, qui a maintenu le versement hors-norme de ses dividendes (pour 2,4 milliards d’euros) mais a promis de maintenir « la totalité des emplois », et sans recourir « au chômage partiel jusqu’à fin juin ».

      Toujours indifférent aux polémiques qu’il suscite chaque année pour l’énormité des sommes qu’il distribue à ses actionnaires, le groupe Total, lui, leur a versé le 1er avril la somme gigantesque de 1,7 milliard, soit le quart du dividende prévu sur l’année. Mais lui aussi a précisé, comme pour s’excuser, qu’il ne « ne sollicitera[it] pas le soutien de l’État […], que ce soit sous forme de soutien de trésorerie (prêts bancaires garantis, report de paiement des charges sociales ou fiscales) ou de recours au dispositif exceptionnel de chômage partiel ».

      Enfin, Air liquide a aussi choisi de maintenir le versement de ses dividendes, tout comme Dassault Système, dont le dividende va même augmenter (à 70 centimes l’action, contre 65 l’année précédente).

      Il y a encore une autre catégorie d’entreprises, la catégorie de celles qui ont choisi de baisser un peu leurs dividendes, même si c’est parfois de manière infime. C’est le cas par exemple du groupe de luxe Hermès, qui abaissé son dividende de 5 à 4,55 euros l’action (soit une diminution de 40 millions d’euros, au total) et dit « disposer d’une trésorerie suffisante » pour traverser cette période « sans avoir recours aux aides publiques exceptionnelles », dont le chômage partiel. On est donc là encore très loin de la modération prônée par Bercy.

      Le conseil d’administration du géant du luxe LVMH, réuni le 15 avril a, de son côté, annoncé qu’il allait proposer à l’assemblée générale du groupe le 30 juin « un dividende réduit de 30 % par rapport au montant annoncé le 28 janvier 2020 ». Ainsi, le dividende de l’exercice 2019 serait de 4,80 euros par action. En outre le conseil d’administration « a été informé de la décision prise par Bernard Arnault, en sa qualité de PDG, et par chacun des autres administrateurs exerçant des fonctions exécutives au sein du groupe de renoncer à leur rémunération pour les mois d’avril et mai 2020 ainsi qu’à toute rémunération variable au titre de l’année 2020 ».

      Pour Bernard Arnault, il s’agit donc de gestes purement symboliques. Il est désormais la troisième fortune mondiale, avec un patrimoine évalué par Forbes à 105,1 milliards de dollars (96,8 milliards d’euros). Alors, deux petits mois de salaire, c’est une goutte d’eau pour un milliardaire, dont la fortune prospère surtout avec ses dividendes. Le montant de son salaire brut variable ne sera fixé qu’au terme de l’exercice en cours, mais à titre de comparaison, celui qui sera soumis au vote des actionnaires en juin au titre de 2019 s’élève à 2,2 millions d’euros. Il faut par ailleurs noter que le groupe ne dit rien sur un éventuel recours au chômage partiel, à la différence par exemple de Hermès.

      Dans les baisses modestes du dividende, on peut encore citer des groupes comme Legrand ou Veolia.

      Autre sous-catégorie, il y a encore les groupes richissimes qui ont reporté leurs annonces ou qui ne semblent pas très pressés de les faire, sans doute pour ne pas attiser la polémique, et disposer ultérieurement de davantage de liberté. Le géant du luxe Kering n’a ainsi pas encore annoncé ses intentions.

      Alors que la plupart des banques ont annulé le versement de dividendes, BNP Paribas a seulement choisi de suspendre toute décision et de la renvoyer à un conseil d’administration après le 1er octobre.

      Dans le cas des entreprises publiques ou de celles où l’État a des participations, le gouvernement avait indiqué qu’il attendait d’elles qu’elles ne versent aucun dividende. Or, là encore, on relève des entorses. Pourtant ébranlée par la crise, l’entreprise publique Aéroport de Paris a annoncé qu’elle aurait recours au chômage partiel, mais, pour les dividendes, elle n’a pas choisi d’en annuler le versement en totalité : un acompte de 0,70 centime a été versé et c’est seulement le solde qui ne le sera pas.

      Tout aussi surprenant, l’entreprise Transdev, dont la Caisse des dépôts est actionnaire à hauteur de 34 %, versera un dividende de 23 millions d’euros, soit la moitié de son résultat net. Qu’en pense l’État actionnaire ? Tout cela montre bien qu’il s’agit d’une histoire en trompe-l’œil.

      Reste bien sûr une grande cohorte de groupes qui ont renoncé à verser des dividendes. Dans le lot, il y a Accor, Airbus, EDF (hormis un acompte déjà versé !), Eiffage, Engie ou encore Safran.

      Quoi qu’il en soit, les grandes annonces de Bruno Le Maire apparaissent pour ce qu’elles sont : une pantalonnade. Et les contribuables seront les dindons de la farce. Ce qui, en cette période de crise et de souffrances sociales, est particulièrement indécent.

      La morale de l’histoire, on la devine : le gouvernement devrait sur-le-champ prendre des mesures contraignantes pour que les groupes du CAC aidés par l’État via la procédure du chômage partiel ne puissent pas verser des dividendes. Plus généralement, les actionnaires de ces grands groupes devraient sur-le-champ être mis à contribution. Ceux de Total aussi bien que ceux de L’Oréal, en passant par ceux de Capgemini, de LVMH ou encore de Michelin. Ne serait-il pas juste qu’Élisabeth Badinter, à la tête d’une si gigantesque fortune, soit conviée à un effort de solidarité ? Et Bernard Arnault, qui est plus riche encore, et qui se moque du monde en baissant de manière si minime sa rémunération, ne devrait-il pas lui aussi être invité à participer à l’effort de toute la nation ? Ce ne serait que justice.