• Émile Zola contre la Commune | Michèle Audin
    https://macommunedeparis.com/2019/01/22/emile-zola-et-la-commune

    Un des articles les plus visités de site est Édouard Manet et la Commune. J’en suis assez contente : c’est un article que j’ai pris plaisir à écrire, avec de la rigueur et des sources. Bien entendu, les lecteurs ne savent rien a priori de la qualité de l’article quand ils arrivent dessus. Je pense que c’est « Célébrité et la Commune » qui les amène là. Source : La Commune de Paris

  • Notes anthropologiques (LV)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-LV

    Notes sur la pensée comme aliénation

    Au début, avec l’émergence d’un peuple dominant qui va constituer l’aristocratie sociale, la pratique du don reste importante et forme encore le fondement de la vie en commun, son esprit. Cet aspect, je dois dire, ne ressort pas de l’étude des historiens, nous le retrouvons parfois au cinéma, dans les récits de voyage ou d’exploration, nous en faisons aussi l’expérience si nous nous donnons l’occasion de nous immerger dans d’autres civilisations que la nôtre. Il faut croire que les historiens ne vont pas au cinéma, ne lisent pas des récits de voyage et ne font pas d’autres expériences de vie que celle que leur impose leur civilisation. Il me semble que l’idéologie tient une place trop envahissante chez eux et qu’ils délaissent, pour des préjugés tenaces, l’ouverture sur le réel et sa diversité que leur propose encore le monde. C’est bien sur une conception grandiose du don, le don cérémoniel d’hospitalité, que repose le prestige de la classe dominante dans notre antiquité, mais le don sous une forme moins grandiloquente et ostentatoire n’a sans doute pas disparu de la vie sociale de la population et constitue encore l’esprit des échanges que les habitants ont entre eux.

    Pourtant cette pratique va se trouver chevauchée par une pratique tout autre, celle du marchand. Nous nous trouvons dans une société partagée entre l’esprit sous son aspect subjectif reposant sur le don et l’esprit sous son aspect que je qualifierai d’objectif lié à l’intérêt de l’individu, représenté par le marchand. (...)

    #pensée #aliénation #peuple #aristocratie #marchands #Antiquité #Sparte #monnaie #Lycurgue #Corinthe #Athènes #Solon #négoce #enrichissement #subjectivité #dette #bourgeoisie

  • Contre le virus capitaliste et sa société désolante

    Nedjib Sidi Moussa

    https://lavoiedujaguar.net/Contre-le-virus-capitaliste-et-sa-societe-desolante

    Les gardiens de l’ordre capitaliste martèlent à l’unisson qu’« il y aura un avant et un après cette épidémie ». Or, rien ne garantit un futur préférable à la situation qui prévalait pour la majorité de la population laborieuse avant l’apparition du Covid-19.

    La crise multidimensionnelle dans laquelle nous ont plongés les irresponsables gouvernementaux rappelle, s’il en était encore besoin, que la bourgeoisie et son État ne se contentent pas de reprendre d’une main ce qu’ils prétendent donner de l’autre.

    « Quoi qu’il en coûte », le pouvoir cherche en effet à protéger les intérêts des patrons au détriment de la santé des exploités. « Nous sommes en guerre », certes. Sauf que le conflit ne se cantonne pas au domaine sanitaire : il est éminemment politique et social.

    Quand, avec un cynisme certain, une porte-parole salue les salariés qui vont travailler « la boule au ventre », il s’agit surtout de refuser l’exercice du droit de retrait pour ceux dont les employeurs feraient respecter les fumeuses « mesures barrières ». (...)

    #capitalisme #virus #exploitation #bourgeoisie #État #Thanatos

  • Une meute de chasseurs terrorise un cerf jusque dans une gare en bloquant les trains plusieurs heures.
    https://actu.orange.fr/france/sncf-un-cerf-traque-par-des-chasseurs-bloque-la-circulation-des-trains-m

    Selon un témoin interrogé par France 3 Hauts-de-France, les chasseurs ont poursuivi le cerf « avec leurs chiens jusque dans la gare ». La même source rapporte que les forces de l’ordre ont dû intervenir pour repousser les chasseurs, et garder les curieux à distance.

    #chasseurs
    #france_de_merde
    #terreur

  • Un pas de plus dans l’infamie - Freddy Gomez, A Contretemps, Bulletin bibliographique
    http://acontretemps.org/spip.php?article818

    On ne sait pas comment ça finira, mais on n’aura pas cessé d’alerter sur comment ça a commencé et se poursuit. Ce « ça », c’est l’infamie qu’on expérimente depuis maintenant deux grosses années [quatre en fait, ndc], une infamie qu’on ne cherche pas à adjectiver, mais que l’on ne peut que constater à chaque rassemblement et #manifestation où nous nous rendons, une infamie qui nous livre à l’infinie violence d’une #police dépourvue de toute conscience – y compris celle de ses propres intérêts –, une infamie qui, de palier en palier et d’acte en acte, ne répond qu’à un seul objectif, fixé par l’#État_policier : briser nos résistances, terroriser nos indignations, mutiler nos colères, organiser l’auto-confinement de nos désirs pluriels et convergents d’émancipation.

    Le samedi 12 décembre, jour de manifestation parisienne « autorisée », un nouveau cap fut franchi dans « la méthode », comme disent les stratèges flicards de cabinet. Il s’agissait, clairement, d’expérimenter sur une foule compacte de plusieurs milliers de personnes [1] un nouveau dispositif à l’allemande procédant par « bonds offensifs » aléatoires, véloces et répétés à l’intérieur du cortège en distribuant des horions à tour de bras et en ramassant du gardé à vue pour faire du chiffre. Tout cela à partir de critères assez basiques pour être compris par les cognes de base : quand c’est habillé de noir, c’est du black bloc ; à défaut de noir, on tape à côté. Cinquante mètres après la place du Châtelet, d’où partait, en remontant le Sébasto, la manifestation déclarée « pour la défense des #libertés », la première pénétration sauvage de flics eut lieu, de droite et de gauche par charges multiples. Premier avantage : créer des situations de panique à l’intérieur du cortège ; second avantage : le scinder, le morceler, le maintenir sous contrôle serré, multiplier les nasses en son sein, le réduire à n’être plus qu’un troupeau qui peut être abattu sur place à tout moment. La « méthode » procède d’une scélératesse inouïe. Elle est pensée pour déstabiliser, frapper de stupeur, humilier, terrifier. L’impression dominante, c’est que la rue ne nous appartient plus, qu’on défile dans une cour de prison, que le destin nous échappe. Tout ce qui fait de la manifestation un moment unique de réappropriation de l’espace nous est refusé. La fuite aussi, d’ailleurs, puisque le nassage latéral ne la permet pas.

    Le 12 décembre, à Paris, plus de 3 000 flics dopés à la haine occupèrent, rue par rue, le périmètre de la manif, chargeant constamment et sans raison un cortège déjà réduit à n’être plus qu’une foule emprisonnée et vouée à la bastonnade. Comment admettre une telle pratique ? Au nom de quel intérêt supérieur de l’État ? Pour qui nous prend-on pour nous traiter ainsi ? Au nom de quelle logique devrait-on admettre que des flics surarmés interviennent à la féroce au sein d’un cortège déjà maté du fait de leur écrasante présence pour le disloquer sous les coups. Et ce, non pour des actes commis ou en voie d’être commis, mais à partir des seules intentions que la hiérarchie policière prêterait à tel ou tel manifestant. Comment nommer cela ? Il fut un temps où aucune manifestation placée sous contrôle serré des flics ne se passait sans que résonnât ici ou là, et parfois à voix forte, le rituel slogan « Le fascisme ne passera pas ! ». On pourrait être en droit de se demander pourquoi on ne le l’entend plus, désormais. Et avancer comme explication que, pour nombre de manifestants d’aujourd’hui, la police est devenue si détestable, sa hiérarchie si sûre d’être couverte et l’État si objectivement dépendant d’elle que la Macronie, née d’un « vote utile » contre l’extrême droite, chasse désormais – et comment ! – sur son terrain. Ce qui est passé avec elle, c’est une politique de dévastation généralisée où aucun droit social, aucune garantie démocratique gagnés de vieille lutte, aucun refus de se plier à ses diktats ne sauraient être tolérés. Ce régime s’est mis de lui-même dans les pognes d’une police dirigée par des psychopathes à casquette prêts à tout pour écraser la « canaille » que nous sommes. Ce 12 décembre 2020, on aura au moins compris à quoi elle est prête, cette police. Il n’est pas sûr que sa démonstration de force brutale nous ait définitivement découragés, mais il est certain que cette date, où aucun black bloc n’a pété aucune vitrine, restera à jamais celle où cette police s’est lâchée sans complexe contre celles et ceux qui, souvent très jeunes, manifestaient un réel courage dans la constance de leurs convictions.

    Au total, il y eut 149 interpellations, 123 gardes à vue de 24 à 48 heures dont la plupart des interpellés, éradiqués du cortège comme black blocs potentiels, seront relâchés sans charge. Six d’entre eux en revanche se verront déférés en comparution immédiate devant le tribunal pour « groupements en vue de… », pour « outrage » ou pour « dissimulation de visage », chef d’inculpation qui, en situation de Korona galopant, ne manque pas d’être ubuesque. Il faut vraiment être juge et macronard pour faire preuve d’une telle sagacité.

    Vue par les #médias mainstream et le journalisme de préfecture, l’infamante gestion policière de cette manifestation fut décrite comme une parfaite réussite. À preuve : les sauvages manifestants dont elle a l’habitude de faire son spectacle avaient été privés de saccages. (...)

    #fascisation

    • Il fut un temps où le bloc bourgeois ordonna à sa police de tirer au ventre. L’Histoire avec une grande hache fourmille d’exemples de tueries en masse de ce genre. Il en fut un autre où, au sein même du bloc bourgeois, des « démocrates sincères », porteurs d’une tradition d’humanisme intransigeant, furent capables de défendre, becs et ongles, cette essentielle #liberté_de_manifester qu’à juste titre ils voyaient comme une soupape. Car ces gens-là, simplement éclairés, étaient des opposants au désordre, mais dotés de la capacité d’en discerner les causes et les effets dans leur propre camp – c’est-à-dire celui où s’épanouissaient leurs privilèges, leurs statuts et leurs rangs – quand il pouvait être menacé par des foules hostiles prêtes à tout pour laver les offenses que leur classe leur faisait subir. Souvent apparentée à la gauche, mais débordant aussi ses rivages, cette fraction du bloc bourgeois était le fruit d’une tradition historique, celle de la Révolution française, qui fut interclassiste. Jusqu’à mai 68 et la décennie agitée qui suivit la convulsion, cette fraction joua son rôle : elle défendit la liberté d’expression et de manifestation et elle veilla, tant que faire ce pouvait, à dénoncer les agissements des polices d’un Papon ou d’un Marcellin.

      On s’étonna, au vu de la très sévère répression qu’on appliqua aux Gilets jaunes, de l’absence majuscule de réaction pétitionnaire ou manifestante de cette fraction éclairée du bloc bourgeois. La raison, pourtant, en était simple. C’est qu’elle avait cessé d’être, que ces « grandes consciences » ou ces « belles âmes » avaient tout bonnement disparu, comme s’étaient considérablement réduites les zones d’influence où elle s’exerçait (...)

      #tradition_humaniste #bourgeoisie #démocrates

  • La maire de Marseille, Michèle Rubirola, annonce démissionner pour raisons de santé
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/15/la-maire-de-marseille-michele-rubirola-annonce-sa-demission_6063475_823448.h

    Où l’on apprend que #Rubirola n’aime pas la tambouille électorale :

    « Benoît et moi, c’est un peu le yin et le yang. Il est très politique ; moi, je n’apprécie pas la tambouille électorale. Fonctionner en binôme, déléguer, faire confiance, c’est une vision écolo de la politique. J’aimerais porter une autre façon d’être maire »

    #Marseille

    • Sa démission était annoncé mi-octobre par le même journal
      « Tu es au courant que je ne reste que trois mois ? » : à Marseille, les débuts déroutants de Michèle Rubirola
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/10/14/tu-es-au-courant-que-je-ne-reste-que-trois-mois-a-marseille-les-debuts-derou

      Elue en juin, la maire écologiste s’interrogeait encore en octobre sur son rôle et laissait alors souvent la main à son premier adjoint, #Benoît_Payan.

      Qui est Benoit Payan, le futur plus jeune maire de Marseille ?
      https://www.challenges.fr/politique/benoit-payan-l-interi-maire_742197

      Depuis juillet dernier, Benoit Payan était maire officieux de Marseille. Il pourrait être, lundi prochain, maire officiel, ce qui aura le mérite de simplifier les choses. A 42 ans, il serait le plus jeune maire de Marseille, coiffant un autre socialiste, Gaston Deferre, au poteau d’une année – ce dernier ayant été élu à 43 ans.

      Benoît Payan
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Benoît_Payan

      Désolé, cette page a été récemment supprimée (dans les dernières 24 heures)

      15 décembre 2020 à 16:49 Cédric Boissière discuter contributions a protégé Benoît Payan [Créer=Autoriser uniquement les administrateurs] (expire le 18 décembre 2020 à 16:49) (Attendons son élection)

      15 décembre 2020 à 16:49 Cédric Boissière discuter contributions a supprimé la page Benoît Payan (Ne répond pas aux critères d’admissibilité)

      15 décembre 2020 à 16:33 Wikisud82 discuter contributions a créé la page Benoît Payan (Nouvelle page : ’’’Benoît Payan’’’ est un homme politique français. Premier adjoint à la maire de Marseille Michèle Rubirola de juillet à décembre 2020, il assure ces fonctions par…) Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile Modification sur mobile avancée

      24 juillet 2020 à 15:11 Enrevseluj discuter contributions a supprimé la page Benoît Payan (Décision communautaire)

      24 juillet 2020 à 15:01 Axelcortes13 discuter contributions a créé la page Benoît Payan (Création de la Page et de 3 sections plus d’une Infobox) Balise : Éditeur visuel

      2 février 2020 à 14:59 OT38 discuter contributions a supprimé la page Benoît Payan (Page supprimée suite à une décision communautaire)

      [je vois pas plus d’historique, ndc]

      Pas du coin, sauf brèves incursions, je suis certain qu’on entendra du "Cochon de Payan", du " Payan ! Au bagne !" et d’autres compliments idoines dans la ville un de ces quatre. Mais peut-être en existe-t-il déjà ?
      #PS

    • Municipales à Marseille : les raisons du succès de l’écologiste Michèle Rubirola , Gilles Rof (Marseille, correspondant) et Solenn de Royer, 01 août 2020, Màj le 04 août 2020
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/08/01/municipales-marseille-les-raisons-du-succes-de-l-ecologiste-michele-rubirola

      Une note de la Fondation Jean-Jaurès, que dévoile « Le Monde », met en évidence le rôle joué par une « classe moyenne et supérieure éduquée » dans la victoire du Printemps marseillais.

      Et « l’inconcevable » se produisit à Marseille. Médecin et conseillère départementale écologiste, Michèle Rubirola, âgée de 63 ans, totalement inconnue du grand public il y a six mois, a été élue maire de la deuxième ville de France, le 4 juillet, après vingt-cinq ans de règne de Jean-Claude Gaudin. Comment ce basculement historique a-t-il pu se produire et pourquoi ? Dans une épaisse note dévoilée par Le Monde, intitulée « Comment la gauche néomarseillaise a éjecté la bourgeoisie locale ? » , la Fondation Jean-Jaurès – qui s’est penchée sur les résultats des deux tours des élections municipales – donne quelques clés.

      Le think tank progressiste [et youplaboum] analyse ainsi la montée en puissance de la « gauche culturelle » dans cette commune de 870 000 habitants, dont une partie s’est renouvelée au cours des dernières années. S’ils concèdent que la #gentrification reste un phénomène « homéopathique (…) peu susceptible de faire bouger les équilibres locaux » , et qu’il serait « absurde d’attribuer aux seuls #néo-Marseillais la victoire » de Michèle Rubirola, le géographe Sylvain Manternach et l’essayiste Jean-Laurent Cassely soulignent le « rôle moteur » joué par une « classe moyenne et supérieure éduquée » dans le succès du Printemps marseillais.

      Comme à Lyon ou à Bordeaux, qui ont vu le triomphe des écologistes, un électorat « rajeuni, culturellement favorisé et mobile » a eu raison d’un électorat de notables, plus âgés et installés dans les beaux quartiers, ou alors issus de la petite bourgeoisie. Le vote pour le Printemps marseillais a été ainsi d’autant plus fort dans les quartiers qui ont vu leur population changer depuis une quinzaine d’années, notent les auteurs de la note. Les trois arrondissements qui ont connu un renouvellement de plus de 30 % de leur électorat (le 1er, le 6e et le 2e) ont tous les trois donné au Printemps marseillais des scores supérieurs à 30 % au premier tour, soit 6 points au-dessus de sa moyenne (23,44 %).

      Elan de centre-ville, militant et dégagiste

      L’arrondissement le plus renouvelé, le 1er, est celui qui offre au Printemps marseillais son meilleur score, avec une majorité absolue de 54,7 % des voix dès le premier tour, écrivent Sylvain Manternach et Jean-Laurent Cassely. A l’inverse, poursuivent-ils, dans les arrondissements d’« autochtones », « là où une plus forte part des électeurs est restée stable par rapport à la précédente élection, le score du Printemps marseillais est de 7 à 9 points en dessous de sa moyenne de premier tour ».

      L’analyse de la Fondation Jean-Jaurès relève également avec justesse [oh ben dis donc] que le Printemps marseillais a obtenu ses meilleurs scores dans les quartiers les plus centraux de la ville – un territoire clairement défini qui chevauche les 1e, 5e et 6e arrondissements. Le 1er est « peuplé d’#étudiants et d’#intellectuels_précaires » , le 5e a été gagné par le processus de gentrification et le 6e est plus bourgeois. « C’est aussi dans ces quartiers et arrondissements que réside une #classe_moyenne alternative à la petite bourgeoisie traditionnelle votant à droite », observent les auteurs de la note.

      Dans l’hypercentre, l’émergence d’une force politique homogène traduit « un vote de militants de gauche, porté par les populations diplômées et d’intellos précaires du centre-ville, proches des nombreux collectifs et associations bâtis autour de l’écologie, de la mixité sociale, de l’aménagement urbain ». Un vote qui, dans un contexte d’#abstention « historiquement élevée » – 64 % au second tour à Marseille –, voit son poids électoral prendre « une importance stratégique jamais acquise dans un scrutin jusqu’à présent ».

      L’analyse des bureaux les plus favorables au Printemps marseillais fait clairement émerger un cercle d’un ou deux kilomètres de diamètre dont l’épicentre est le quartier de #la_Plaine. Dans cette zone d’habitat dense, où prédominent les immeubles typiques en « trois fenêtres marseillais » , prisés par les nouveaux arrivants, une dizaine de bureaux ont voté à près de 80 % pour les listes de Michèle Rubirola au second tour. De cet élan de centre-ville, militant et dégagiste, la Fondation Jean-Jaurès différencie un vote d’adhésion au Printemps marseillais plus centriste, dont une partie est « Macron-compatible » .

      Rejet de l’équipe sortante

      « Un vote émanant de quartiers préservés qui subissent de plein fouet l’urbanisation et la #bétonisation de Marseille, lié à une population nouvellement arrivée qui, installée dans les quartiers de bord de mer, se confronte géographiquement et socialement à la bourgeoisie locale historique dont elle ne partage ni les valeurs ni la vision de la ville », explique la Fondation. Une bourgeoisie de néo-Marseillais « plus moderne et plus mobile » qui rêve d’une ville enfin en phase avec ses attentes dans les domaines de la propreté, du transport et du confort urbain.

      Les quartiers qui donnent de très bons scores au Printemps marseillais sont aussi ceux où s’est cristallisé le rejet de l’équipe sortante, dont Martine Vassal, la candidate Les Républicains, est l’héritière. Les arrondissements du centre-ville ont vécu très directement deux des crises majeures du dernier mandat du maire sortant, Jean-Claude Gaudin. D’une part, les effondrements de la #rue_d’Aubagne, le 5 novembre 2018, qui ont fait huit morts et ouvert une crise du logement indigne frappant directement près de 4 000 délogés – et donc beaucoup d’électeurs –, notamment en centre-ville.

      Mais aussi la « bataille de la Plaine », affaire plus locale mais à la forte capacité de mobilisation. Une violente polémique autour d’un projet de rénovation de la place Jean-Jaurès (6e), brutalement imposé par la municipalité. Le chantier, débuté en octobre 2018, est toujours en cours. Il a transformé ce lieu de vie du centre-ville alternatif en un chaos de travaux à ciel ouvert qui n’a fait qu’accentuer la colère des habitants contre l’équipe en place. Le poids de cette opération d’aménagement controversée se lit dans les résultats du premier tour. Avec un électorat moins renouvelé que celui des quartiers voisins (26,73 % de nouveaux inscrits de plus de 24 ans), la Plaine a donné au Printemps marseillais un de ses meilleurs scores (41,7 %).

      L’étude du vote dans le 3e secteur, remporté par Michèle Rubirola en personne, est sûrement celle qui apporte le plus de valeur à l’analyse de la Fondation Jean-Jaurès. On y voit le poids du Printemps marseillais dans une trame de rues en complète transformation dont la colonne vertébrale est le boulevard Chave. Cette artère jusqu’alors somnolente voit éclore, depuis quelques années, bars et restaurants nocturnes, épiceries paysannes et commerces branchés.

      Basculement géographique inédit

      Le vote pour le sénateur Bruno Gilles (ex-Les Républicains, LR), vainqueur sans discontinuer des municipales dans ce secteur depuis 1995, apparaît comme repoussé vers une ceinture périphérique, par l’avancée de ce « nouveau Marseille ». Il illustre un « Marseille d’avant » qui s’appuie plus fortement sur des réseaux traditionnels, notamment à travers les comités d’intérêt de quartier, les clubs de boulistes ou de sport. Ce territoire prend naissance au-delà du Jarret, sorte de périphérique marseillais, et des voies de la gare Saint-Charles, et reste encore à l’écart du nouvel épicentre dynamique. L’étude observe ainsi « une ligne de séparation assez nette entre le Marseille dense des immeubles anciens, qui vote à gauche, et un Marseille périphérique, pavillonnaire et des immeubles plus récents, résidences ou grands ensembles, au nord et à l’est ».

      Les auteurs observent en revanche que « l’élan réformateur du Printemps marseillais » a rencontré moins d’écho dans le sud de la ville, « où s’est installée de longue date une #bourgeoisie plus économique que culturelle », ou à l’est, « où s’épanouit une version plus périurbaine de la vie marseillaise ». Même si certaines enclaves du sud, notamment autour du port de la Pointe-Rouge, que l’étude définit comme un « micromarché immobilier très prisé des nouveaux arrivants », se sont montrées plus favorables au changement. Il s’agit d’un basculement géographique inédit du centre de gravité de la gauche marseillaise.

      A l’échelle de la ville, outre la rupture entre nord et sud, encore clairement visible à travers le vote favorable à Martine Vassal au premier tour, concentré au sud d’une ligne prolongeant le Vieux-Port, c’est une opposition entre gauche de centre-ville et droite périphérique que dessine la victoire de Michèle Rubirola. Les quartiers qui votent LR sont « pour la plupart moins denses, peu mixtes socialement et ethniquement et adoptent un modèle périurbain » qui s’appuie sur l’utilisation de la voiture.
      Reflet de cette « gauche de centre-ville », le Printemps marseillais n’a d’ailleurs pas convaincu le gros de l’électorat populaire, notamment celui des #quartiers_nord de Marseille. A l’instar des autres métropoles, dans lesquelles les listes écologistes et citoyennes ont fait campagne, le discours des candidats du Printemps marseillais s’est principalement adressé aux habitants plutôt favorisés, en tout cas culturellement, et vivant dans le centre-ville. « Les militants des listes écologistes et citoyennes n’ont pas su appréhender les attentes des quartiers excentrés à forte composante immigrée », résument les auteurs.

  • #Paris : occupation d’un local du Petit Cambodge
    https://fr.squat.net/2020/12/15/paris-occupation-d-un-local-du-petit-cambodge

    Mauvaise foi et risque d’expulsion Depuis plusieurs semaines, nous, habitant·e·s du quartier de la place Sainte Marthe ou non, avec ou sans papiers, avec un domicile fixe ou sans, étudiant·e·s, travailleur·se·s précaires, chomeur.euse.s, RSA-stes…, occupons un deuxième local dans le quartier de la place Sainte Marthe au #1_rue_Jean_et_Marie_Moinon. Cette occupation […]

    #gentrification #ouverture #quartier_Sainte-Marthe

  • Les secrets d’une puissance invisible

    Derrière une propagande bien rôdée, la #Suisse fait partie des grandes nations impérialistes de ce monde. L’historien #Sébastien_Guex expose les stratégies mises en place pour parvenir à déployer un impérialisme helvétique « masqué ou feutré », ainsi que les dégâts, inhérents à une politique capitaliste, que ce modèle a causé et continue de causer.

    Proportionnellement à sa taille, mais aussi dans l’absolu, la Suisse fait partie des principales puissances impérialistes du monde depuis longtemps. J’y reviendrai. Mais il n’existe guère en Suisse, y compris au sein du mouvement ouvrier ou de la gauche, de conscience directe de ce phénomène. Plusieurs raisons contribuent à l’absence de cette conscience.

    Tout d’abord, la Suisse n’a jamais eu de véritables colonies et n’a donc pas été directement engagée dans la manifestation la plus claire du colonialisme ou de l’impérialisme, c’est-à-dire la guerre coloniale ou la guerre impérialiste.

    Au contraire, la bourgeoisie industrielle et bancaire suisse s’est depuis très longtemps avancée de manière masquée : derrière la neutralité politique, c’est-à-dire avançant dans l’ombre des grandes puissances coloniales et impérialistes (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Etats-Unis) ; masquée aussi derrière un discours propagandiste omniprésent essayant et réussissant souvent à faire passer la Suisse pour le pays de la politique humanitaire, à travers la Croix-Rouge, les Bons offices, la philanthropie, etc. ; enfin, masquée par un discours, complémentaire au précédent, que j’ai appelé la « rhétorique de la petitesse » 1, présentant toujours la Suisse comme un David s’affrontant à des Goliath, un petit Etat faible et inoffensif.2

    Pour ces différentes raisons, certains auteurs ont caractérisé l’impérialisme suisse d’impérialisme secondaire. Mais l’expression me semble mal choisie, car elle entretient l’idée que l’impérialisme suisse serait de peu de poids, marginal, bref, beaucoup moins important que l’impérialisme des autres pays. Or la Suisse est une importante puissance impérialiste. Je préfère donc l’expression d’impérialisme masqué ou feutré.

    Au cœur des impérialismes européens

    Depuis des siècles, le capitalisme suisse est au cœur du développement du capitalisme européen. Au XVIe siècle déjà, les grands marchands et banquiers de Genève, Bâle, Zurich, sont au cœur des réseaux internationaux de circulation des marchandises et des crédits. Dès le XVIIe siècle, et surtout au XVIIIe, jusqu’au milieu du XIXe siècle, les milieux capitalistes bâlois, genevois, neuchâtelois, saint-gallois, zurichois, bernois, etc., participent de manière dense à cette immense opération d’exploitation et d’oppression du reste du monde par le capitalisme ouest et sud-européen en plein essor, soit le commerce triangulaire. L’origine de la fortune de la grande famille bourgeoise des de Pury, l’un des inspirateurs du fameux Livre blanc de 1993, vient de l’exploitation de centaines d’esclaves importés de force d’Afrique vers d’immenses domaines agricoles en Amérique.

    En 1900, la Suisse est le pays qui compte le plus de multinationales au monde par milliers d’habitants. Nestlé est probablement la multinationale la plus internationalisée au monde, c’est-à-dire qui compte le plus de filiales à l’étranger. Mais de l’autre côté, les milieux industriels et bancaires suisses sont entravés dans la course à la colonisation du monde par un gros obstacle : ils ne disposent que d’une puissance militaire relativement faible, et surtout, ils n’ont pas d’accès direct aux océans, à la différence de la Hollande ou de la Belgique, pays comparables dont le débouché sur la mer leur a permis de se lancer dans la conquête coloniale.

    Durant la période qui va de la guerre franco-prussienne de 1870 aux débuts de la Première Guerre mondiale, les cercles dirigeants de la Suisse rêvent d’un agrandissement territorial de la Confédération, soit du côté italien soit du côté français, qui leur donnerait accès à la mer (Gênes ou Toulon). En 1914 et 1915 par exemple, ils envisagent sérieusement d’abandonner la neutralité et d’entrer en guerre aux côtés de l’impérialisme allemand dans l’espoir d’obtenir, en cas de victoire, une part du butin, c’est-à-dire un couloir vers la Méditerranée, accompagné de quelques colonies en Afrique.3 Mais ils jugent finalement l’aventure trop risquée, sur le plan intérieur et extérieur, et choisissent de poursuivre dans la voie de la neutralité. Ce choix se révélera rapidement extrêmement payant, puisqu’il permettra aux industriels et banquiers helvétiques de faire de formidables affaires avec les deux camps belligérants.
    Dans l’ombre des puissants

    C’est cette position particulière qui va marquer les formes et aussi le contenu de l’impérialisme suisse depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui : comme la grande bourgeoisie industrielle et bancaire helvétique ne peut pas miser sur l’atout militaire, elle va apprendre et devenir virtuose dans l’art de jouer sur les contradictions entre grandes puissances impérialistes afin d’avancer ses propres pions. Dans ce sens, elle utilise de manière combinée deux atouts :

    - La politique de neutralité, alliée à celle des Bons offices et à la politique humanitaire (Croix-Rouge, etc.) permettent à l’impérialisme suisse de ne pas apparaître comme tel aux yeux de très larges pans de la population mondiale, ce qui lui confère une forte légitimité. Elles lui permettent aussi d’être fréquemment choisie pour jouer les arbitres ou les intermédiaires entre les grandes puissances impérialistes. Camille Barrère, Ambassadeur de France à Berne de 1894 à 1897, avait déjà compris cette stratégie lorsqu’il écrivait : « La marine de la Suisse, c’est l’arbitrage ».4
    – La bourgeoisie industrielle et bancaire suisse est capable d’offrir une série de services spécifiques (secret bancaire, fiscalité plus que complaisante, extrême faiblesse des droits sociaux, etc.), dont les classes dominantes des grandes puissances impérialistes ont fortement besoin, mais qu’elles peuvent difficilement garantir dans leur propre pays, généralement pour des raisons politiques internes. L’impérialisme helvétique ne leur apparaissant pas comme un rival trop dangereux, en raison de sa faiblesse militaire notamment, ces puissances accepteront que le pays s’installe et se spécialise durablement dans plusieurs niches hautement profitables (celle de paradis fiscal et de place financière internationale, en particulier).

    Les exemples qui illustrent la manière et la précocité avec laquelle la bourgeoisie suisse a su avancer ses propres intérêts dans le sillage des grandes puissances impérialistes, en jouant au besoin sur leurs contradictions, sont nombreux. Prenons-en deux :

    - Dès 1828, des Missionnaires bâlois, rapidement suivis par les commerçants d’une société, la Basler Handelsgesellschaft, fondée par le cœur de l’oligarchie bâloise (les familles Burckhardt, Merian, Iselin, Ehinger, Vischer), s’installent sur la côte de l’actuel Ghana. Ils vont jouer un rôle décisif dans la colonisation de cette région par la Grande-Bretagne. Dans les années 1860, ils entreprennent dans ce sens un véritable travail de lobbying, couronné de succès, auprès du Parlement anglais et ils participeront directement à la longue guerre coloniale menée par l’Angleterre contre le Royaume Achanti.5
    - En récompense, les négociants bâlois verront leurs affaires facilitées dans le Ghana placé sous tutelle britannique, de telle sorte que la Basler Handelsgesellschaft devient au début du XXesiècle l’une des plus grandes sociétés au monde d’exportation de cacao (le taux de profit net qu’elle dégage au Ghana atteint 25% en moyenne annuelle entre 1890 et 1910). Une anecdote permet à elle seule de mesurer l’influence acquise dans le pays par les négociants suisses et de montrer à quel point ils le considèrent comme leur pré carré. En mars 1957, le Ghana est la première colonie européenne d’Afrique à conquérir son indépendance. L’événement est historique. Cela n’empêche pas, quatre mois plus tard, lors de la fête organisée par les expatriés helvétiques pour le 1er août 1957, l’orateur suisse de conclure son discours devant des centaines d’invités par ces mots : « Vive le canton suisse Ghana ! ».6
    – Mais en parallèle à la carte anglaise, le capitalisme helvétique sait aussi jouer de la carte allemande ou française. Les Suisses vont même jouer un rôle de premier plan dans la politique coloniale allemande en Afrique, ce qui leur permettra, en retour, de disposer de la bienveillance des autorités coloniales et de développer de florissantes affaires.

    La stratégie évoquée ci-dessus s’est révélée particulièrement efficace, de sorte que la Suisse s’est transformée, au cours du XXe siècle, en une puissance impérialiste de moyenne importance, voire même, dans certains domaines, de tout premier plan. En voici deux illustrations :

    – Les multinationales suisses appartiennent au tout petit nombre des sociétés qui dominent le monde dans une série de branches, que ce soit dans la machinerie industrielle (ABB : 2erang mondial), de la pharmacie (Roche : 2e rang ; Novartis : 4e rang), du ciment et des matériaux de construction (LafargeHolcim : 1er rang), de l’agroalimentaire (Nestlé : 1er rang), de l’horlogerie (Swatch : 1er rang), de la production et de la commercialisation de matières premières (Glencore : 1er rang ; Vitol : 2e rang), de l’assurance (Zurich : 10e rang) ou encore de la réassurance (Swiss Re : 2e rang).
    – Dès la Première Guerre mondiale, la Suisse est également devenue une place financière internationale de premier plan, qui est aujourd’hui la quatrième ou cinquième plus importante au monde. Mais sur le plan financier, l’impérialisme helvétique présente à nouveau une spécificité. Les banques suisses occupent en effet une position particulière dans la division du travail entre centres financiers : elles sont le lieu de refuge de prédilection de l’argent des capitalistes et des riches de la planète entière et se sont donc spécialisées dans les opérations liées à la gestion de fortune.

    Exploitation massive

    Reste à souligner un dernier aspect, très important, de l’impérialisme suisse. Le rapport impérialiste ne consiste pas seulement à aller, comme cela a été dit plus haut, vers la main-d’œuvre taillable et corvéable à merci des pays pauvres. Il consiste aussi à faire venir sur place des travailleur-ses étranger-ères dans des conditions telles qu’ils et elles peuvent être exploité-e-s à peu près aussi férocement. Dans ce domaine également, le patronat helvétique s’est distingué en important massivement une main-d’œuvre immigrée, fortement discriminée par un savant système de permis de séjour axé sur le maintien de la plus grande précarité et par l’absence de droits politiques. Bref, il s’est distingué par l’ampleur de la politique de « délocalisation sur place », selon l’expression parlante d’Emmanuel Terray, qu’il a menée depuis très longtemps. Dès la fin du XIXe siècle, les travailleur-ses étranger-ères en Suisse représentent plus de 10% de la population (16% en 1913). Aujourd’hui, ils/elles constituent environ 25% de la population résidant en Suisse, soit plus de deux millions de personnes, la plupart salariées et n’ayant pas le droit vote fédéral, auxquelles il faut rajouter environ 200 000 travailleur-ses clandestin-e-s exploité-e-s.

    Notes
    1. ↑ Sébastien Guex, « De la Suisse comme petit Etat faible : jalons pour sortir d’une image en trompe-l’œil », in S. Guex (éd.), La Suisse et les Grandes puissances 1914-1945, Genève, Droz, 1999, p. 12.
    2. ↑ Cf. par exemple Documents diplomatiques suisses, vol. 6, pp. 146-148, 166-167 et 240-243.
    3. ↑ Lire Hans-Ulrich Jost, « Le Sonderfall, un mythe bien pratique », Moins ! n°49.
    4. ↑ Cité dans Jean-Claude Allain, « La politique helvétique de la France au début du XXe siècle (1899-1912) », in R. Poidevin, L.-E. Roulet (Dir.), Aspects des rapports entre la France et la Suisse de 1843 à 1939, Neuchâtel, La Baconnière, 1982, p. 99.
    5. ↑ Sébastien Guex, « Le négoce suisse en Afrique subsaharienne : le cas de la Société Union Trading Company (1859-1918) », in H. Bonin, M. Cahen (Dir.), Négoce blanc en Afrique noire, Bordeaux, Société française d’histoire d’outre-mer, 2001, p. 237.
    6. ↑ H. W. Debrunner, Schweizer im kolonialen Afrika, Basel, Basler Afrika Bibliographien, 1991, p. 19.

    https://lecourrier.ch/2020/12/06/les-secrets-dune-puissance-invisible

    #colonialisme #colonialisme_sans_colonies #impérialisme #capitalisme #guerres_coloniales #guerres_impérialistes #bourgeoisie_industrielle #bourgeoisie_bancaire #neutralité #discours #propagande #rhétorique_de_la_petitesse #impérialisme_secondaire #impérialisme_masqué #impérialisme_feutré #banquiers #banques #commerce_triangulaire #histoire #esclavage #de_Pury #multinationales #accès_à_la_mer #industrie #Bons_offices #humanitaire #politique_humanitaire #légitimité #arbitrage #paradis_fiscal #Basler_Handelsgesellschaft #Burckhardt #Merian #Iselin #Ehinger #Vischer #Ghana #Afrique #lobbying #Royaume_Achanti #cacao #finance #délocalisation_sur_place #Pury #Neuchâtel

    ping @cede

    • Intéressant le lien que l’auteur fait entre l’impérialisme suisse dans l’histoire et l’#exploitation des #travailleurs_étrangers sans droits politiques voire sans papiers plus contemporaine :

      Reste à souligner un dernier aspect, très important, de l’impérialisme suisse. Le rapport impérialiste ne consiste pas seulement à aller, comme cela a été dit plus haut, vers la main-d’œuvre taillable et corvéable à merci des pays pauvres. Il consiste aussi à faire venir sur place des travailleur-ses étranger-ères dans des conditions telles qu’ils et elles peuvent être exploité-e-s à peu près aussi férocement. Dans ce domaine également, le patronat helvétique s’est distingué en important massivement une main-d’œuvre immigrée, fortement discriminée par un savant système de permis de séjour axé sur le maintien de la plus grande précarité et par l’absence de droits politiques. Bref, il s’est distingué par l’ampleur de la politique de « délocalisation sur place », selon l’expression parlante d’Emmanuel Terray, qu’il a menée depuis très longtemps. Dès la fin du XIXe siècle, les travailleur-ses étranger-ères en Suisse représentent plus de 10% de la population (16% en 1913). Aujourd’hui, ils/elles constituent environ 25% de la population résidant en Suisse, soit plus de deux millions de personnes, la plupart salariées et n’ayant pas le droit vote fédéral, auxquelles il faut rajouter environ 200 000 travailleur-ses clandestin-e-s exploité-e-s.

      #sans-papiers #droits_politiques #saisonniers

  • La chasse, son business, les #chasseurs et leur défense de la nature | Le mensuel Lutte de Classe n°211 - novembre 2020 (20  octobre 2020)
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2020/10/25/la-chasse-son-business-les-chasseurs-et-leur-defense-de-la-n

    – Droit de #chasse et droit de propriété
    – Les chasses gardées de la #bourgeoisie
    – Le mouvement ouvrier face aux privilèges de la bourgeoisie
    – L’industrie de la chasse  : une affaire profitable
    – Protéger les éleveurs, la nature, réguler les espèces  ?
    – La chasse aux électeurs
    – Pour réconcilier l’homme et la nature  : en finir avec le #capitalisme

  • Ils adorent prendre les gens pour des cons | PrototypeKblog
    https://prototypekblog.wordpress.com/2020/10/15/ils-adorent-prendre-les-gens-pour-des-cons

    Le niveau de détail des prescriptions du régime Macron pour les lieux de vies sociales, personnelles et familiales m’a frappé. Il y mettait même une certaine délectation. Son enthousiasme à se mêler de la vie personnelle des gens contraste singulièrement avec son refus de s’interférer avec leur vie dans le monde du travail. Le régime Macron n’en finit pas de rendre impénétrable le monde merveilleux de l’entreprise, à coups de lois sur le « secret des affaires » (typiquement la « loi ASAP » actuellement soumise au Parlement), à coups de canifs dans la liberté de la presse et dans les statuts type « lanceur d’alerte » ou « délégué syndical », à coup de sabre dans le code du travail, ou encore à force de désarmement et de démantèlement de l’inspection du travail et autres institutions de l’Etat.

    Ce qui se passe dans les entreprises : de plus en plus opaque ! Vous comprenez, n’est-ce pas, il faut faire confiance aux entrepreneurs, il ne faut pas parler de ce qui peut les gêner, il faut libérer les énergies, il faut protéger les investissements.

    Ce qui se passe dans les logements : de plus en plus transparent ! Vous comprenez, n’est-ce pas, on ne peut pas faire confiance aux gens, ils sont trop cons les gens, c’est à cause d’eux l’épidémie de Covid-19 !

  • Contre l’offensive capitaliste, un programme de combat pour les travailleurs | Le mensuel de LO

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2020/07/05/contre-loffensive-capitaliste-un-programme-de-combat-pour-le

    Lutte de Classe n°209 - juillet - août 2020 https://mensuel.lutte-ouvriere.org

    Un Premier ministre chasse l’autre... Le nouveau, #Jean_Castex, formaté à l’ENA, haut fonctionnaire et accessoirement élu local, est passé par le cabinet ministériel de Xavier Bertrand et par le secrétariat de l’Élysée avec Sarkozy. C’est un exemple standard comme les hautes institutions de la #bourgeoisie savent en fabriquer par centaines et parmi lesquels celles-ci piochent pour la servir. Il a en somme été dressé pour servir les intérêts de la bourgeoisie avec autant de compétence que possible, mais surtout avec loyauté. #Macron peut donc entamer la deuxième mi-temps de son quinquennat...


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  • « La bourgeoisie, c’est l’apprentissage de l’ignorance » - Edouard Louis

    Cerveaux non disponibles sur Twitter : " « C’est quoi le macronisme ? » Réponse juste, en un mot - et en cent - d’Edouard Louis ! "
    https://twitter.com/CerveauxNon/status/1272791267852894208

    La bourgeoisie, c’est l’apprentissage de l’ignorance ; le fait d’apprendre à ignorer les autres. [...] Il faut des années d’apprentissage pour en arriver là, pour pouvoir avoir cette espèce de distance, cette espèce de déni, totalement, de la souffrance des gens.

    Pour voir l’ensemble de l’interview d’Edouard Louis, les Cerveaux non disponibles renvoient vers Youtube, Clique, Edouard Louis : Histoire de la violence
    https://www.youtube.com/watch?v=XLqZGVfA0mc

    #bourgeoisie #ignorance #apprentissage_de_l_ignorance #macronisme
    #Edouard_Louis

  • Reclasser les agriculteurs
    http://www.laviedesidees.fr/Gilles-Laferte-Embourgeoisement-enquete-cerealiers.html

    À propos de : Gilles Laferté, L’Embourgeoisement : une enquête chez les céréaliers, Raisons d’agir. Accumulation patrimoniale, rôle politique local, pavillons ostentatoires, études supérieures des enfants, retraite en ville, ce sont là les traits caractéristiques d’une #bourgeoisie agricole hésitant à se constituer comme telle. G. Laferté nous invite à y voyager.

    #Société #agriculture #paysannerie
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200506_gentlemenfarmers.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200506_gentlemenfarmers.pdf

  • Non, je vais pas tenir un journal de confinée.
    Juste témoigner de ce qui se met en place ici #en_temps_de_pandémie.
    Mes voisin·es ont créé, la semaine dernière, un groupe sur WhatsApp pour s’organiser, s’entraider, s’informer, se soutenir, faire des courses groupées.
    J’ai pris le train en route car je n’ai pas de forfait internet sur mon mobile mais j’ai accès grâce au Wifi. J’avais reçu un message il y a quelques jours mais je ne savais ce que c’était. Ben, voilà, c’était une invitation à rejoindre le groupe, c’est fait. Et ça fait du bien cette #solidarité de voisinage #ça_fait_du_bien !

    • Tant mieux nous ici à 40km de Paris les choses se mettent en place aussi, je croise les doigts pour que les gens profite de ce confinement pour sortir de leur léthargie, et lisent des choses importantes qu’ils n’ont normalement pas le temps de lire. Mais j’ai très peut d’espoir. Surtout qu’ils mettent les bouchés doubles coté lois. amitiés Odilon, f.

    • #confinement_solidaire à opposer à #confinement_inégalitaire ou #confinement_violent ? Encore à la recherche d’un tag. Profite bien ! Ici dans la courée de Ménilmontant mes hôtes n’ont encore reçu aucune invitation des voisin·es à avoir des contacts réguliers alors qu’il s’agit d’une voie privée et que ça crée des liens comme une copro. Elle et il ont noté que certain·es qui avaient l’habitude de mettre leur bien en AirBnB sont parti·es sans prêter leur maison à des ami·es moins bien logé·es. Des maisons confortables avec jardin qui restent vides... Pas la grande classe.
      #bourgeoisie

  • Racisme d’en haut en bas de page | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2019/12/24/racisme-den-haut-en-bas-de-page-2

    Alors qu’en France ces derniers temps le racisme en milieu populaire a été sur-médiatisé et sur-étudié. Un petit tour parmi les commentaires sous un article en ligne du journal Le Monde célébrant la performance des Judokates Françaises aux Mondiaux de Tokyo offre au sociologue un bon terrain pour analyser le racisme distingué en vigueur dans le milieu des élites et des classes supérieures. Rediffusion du 20 septembre 2019.

    Derrière paywall (et grrr les majuscules à judokates françaises, personne pour éditer correctement !)
    #racisme

    • Pour ne pas désespérer du genre humain, il semble assez conseillé d’éviter de lire certains commentaires d’internautes des articles parus en ligne dans la presse. Ce « a fortiori » si vous êtes l’auteur d’un de ces derniers. Il est même quasi vital de respecter cette abstention de lecture des commentaires en ligne si vous avez le malheur d’accoler à votre nom le titre de sociologue qui est le vôtre.

      Que vous soyez chercheur CNRS ou même simple universitaire, on ne vous rate pas : vous êtes illico l’objet de la part des internautes, le doigt sur le clic, de commentaires furieux et souvent délirants, qui n’ont presque jamais aucun rapport avec ce que vous avez essayé de dire, même avec prudence et maintes circonlocutions.

      Il se trouve que parfois vous tombez sur des commentaires intéressants, soit par leur capacité d’analyse et de développement de l’article en question, soit parce qu’ils font symptôme, avec un effet de révélateur qui incite à penser. Dans cette deuxième catégorie, on voudrait prendre ici l’exemple d’un commentaire de deux lignes paru très peu de temps après la parution – le 29 août 2019, sur le site du Monde – d’un article intitulé sobrement « Mondiaux de judo : à Tokyo, l’équipe de France brille grâce à ses judokates », signé Anthony Hernandez (un des journalistes chargé de la rubrique sport dans ce quotidien).

      Lors de ce Mondial de Tokyo fin août 2019 , le bilan des judokates françaises est impressionnant.
      Pour comprendre le sens de ce commentaire, commençons par résumer assez longuement cet article qui mettait l’accent sur la réussite exceptionnelle de l’équipe de France de judo au Mondial de Tokyo fin août 2019 : la plus belle « moisson de médailles d’or » depuis 2014. La forte particularité de ce succès tient à ce que ce sont trois femmes qui ont fait retentir La Marseillaise : Clarisse Agbegnenou (catégorie des moins de 63 kg), Marie-Eve Gahié (– 70 kg), Madeleine Malonga (– 78 kg). Pour comprendre ce succès indubitable de l’équipe de France féminine, hommage est d’abord rendu à son responsable depuis 2016, Larbi Benboudaoud (45 ans), médaille d’argent aux JO de 2000, présenté, sans doute à raison, comme l’un des grands artisans du succès des judokates françaises. Il est particulièrement réputé pour son exigence et sa soif de victoires (« On les prépare pour qu’elles aillent chercher des médailles, pas seulement pour participer… »).

      Lors de ce Mondial, le bilan des judokates françaises est impressionnant. Dans les sept catégories féminines, toutes , sauf une (Anne-Fatoumata M’Bairo), sont parvenues au stade des quarts de finale. Outre les quatre médaillées (ajoutons Margot Pinot, médaille de bronze), deux ont échoué au pied du podium : Sarah-Léonie Cysique (21 ans) et Amandine Buchard (24 ans). L’article met en relief la performance de Clarisse Agbegnenou qui, à 26 ans, est le véritable leader ce cette équipe féminine. À Tokyo, elle est sacrée championne du monde pour la quatrième fois.

      Les spécialistes ont été unanimes pour juger magnifique son combat en finale contre la Japonaise Miku Tashiro : une victoire à l’arraché lors du golden score (les prolongations) après onze minutes de combat acharné. Le journaliste du Monde reprend les propos tenus sans fausse modestie de la championne peu après son exploit : « J’ai marqué les esprits de beaucoup de judokas. Beaucoup m’ont dit que la finale était magnifique et que c’était beau à voir. J’ai montré que mentalement je ne lâcherai rien. C’est bien d’avoir conservé mon statut de numéro un. »

      Par ailleurs l’article insiste, par contraste, sur le maigre butin de l’équipe française masculine : une seule médaille de bronze (Alexis Cleret), Teddy Riner étant « en congé ». Est toutefois évoqué un motif d’espoir avec l’arrivée de jeunes prometteurs comme Alpha Djalo (22 ans). En conclusion, la parole est donnée à Jean-Luc Rougé, président de la Fédération française de judo : « Battre les Japonais au Japon, c’est exceptionnel. On les voyait énorme pour les JO, on en avait tous peur, nos judokates ont fait voir aux autres pays que c’était possible. En quelques jours, on a ouvert une porte… » Le journaliste du Monde écrit, en guise de chute de son article : « Les maîtres japonais du judo sont prévenus. Les Français n’ont pas peur du sacrilège ».

      Pour être tout à fait complet, notons que l’article est joliment illustré de trois photos des judokas – deux femmes, un homme – en action sur le tatami. Elles font apparaître avec évidence le fait que ces derniers sont noirs de peau, comme peuvent d’ailleurs le suggérer leurs patronymes : Agbegnenou, Malonga, Djalo. Sous la première photo plein cadre de l’une d’entre elles, on lit : « Les Françaises, à l’image de Clarisse Agbegnenou, ont brillé lors des Mondiaux de Tokyo. Sous la deuxième « Madeleine Malonga est championne du monde des -78 kg » et, sous la troisième, « Alpha Djalo est l’un des espoirs du judo masculin français ».

      Tout au long de son texte comme pour la légende des photos, le journaliste du Monde a pris bien soin de ne pas mentionner la couleur de peau des trois championnes du monde françaises. Par ailleurs il n’a pas non plus souhaité indiquer que toutes trois sont d’origine africaine, plus précisément du Togo (Agbegnenou), Congo (Malonga), Côte d’Ivoire (Gahié). Il a préféré les présenter – et ainsi les définir – comme des « combattantes françaises ».

      Or 45 minutes après la parution en ligne de cet article sur le site du lemonde.fr, à 16H01, un lecteur dissimulé derrière un pseudo assez sophistiqué (Albireo [1]) et premier internaute à le commenter, écrit ceci : « Pauvres japonais qui refusent le métissage, adieu les breloques sportives… Bon, par contre ils continuent de gagner les prix Nobel de physique et Tokyo est classée ville la plus sûre du Monde… »

      Tentons de nous mettre à la place de ce lecteur assidu du Monde, sans doute fort lettré, pour ne pas dire « cultivé ». Pour réagir ou, plus exactement, pour dégainer aussi vite, il doit être constamment à l’affût d’articles publiés sur le site du Monde, sans doute pour y traquer les articles qui lui paraissent exprimer toute forme de « politiquement correct ». Nous allons essayer d’entreprendre une sorte de « démontage » sociologique de l’inconscient social qui suinte dans ce petit texte réactif [2].

      Si ce commentaire m’a interloqué ou, plus exactement, profondément choqué, c’est aussi parce que je m’intéresse au sport comme sociologue et, depuis une dizaines d’années, travaille (un peu) sur le football (cf. le livre Traîtres à la nation, La Découverte, 2011) sans compter que, depuis 2016, je tiens une chronique mensuelle, intitulée « Sport et culture » dans le journal Sud-Ouest.

      Ce qui m’astreint à une lecture régulière de L’Équipe qui contribue à me donner progressivement une assez bonne culture générale dans le domaine du sport, avec un tropisme prononcé pour l’étude du profil sociologique des sportifs de haut niveau (football, rugby, handball, basket-ball, athlétisme, cyclisme, judo, natation, etc). Il m’arrive fréquemment de faire des fiches et encore plus souvent d’archiver des portraits détaillés de ces « champions ». De ce fait, ce commentaire au venin (de racisme soft..) savamment distillé m’a donné tout de suite envie de réagir (un commentaire sur le site du Monde de la réaction d’Albireo e a été tenté puis abandonné…). Au fond, que nous révèle ce commentaire ?

      Primo, le commentateur connaît sans doute très bien la forte spécificité de la démographie du Japon : un pays en crise démographique avec, depuis 25 ans, un nombre de décès supérieur à celui des naissances (l’indice conjoncturel de fécondité est stable à 1,4 enfant par femme, loin du chiffre de 2, 1 qui assure la reproduction de la population d’un pays). Il connaît tout aussi bien la non moins grande spécificité de la politique d’immigration du Japon, à savoir une fermeture quasi-totale aux immigrés. Comme le dit Gilles Pison, démographe à l’INED : « À court terme, c’est-à-dire les prochaines décennies en langage de démographe, le Japon va se retrouver face à une diminution des effectifs d’âge actif et des problèmes de recrutement.

      Les pays développés ont traditionnellement recours à la main d’œuvre immigrée en cas de besoin. Mais le Japon est jusqu’ici resté un des pays les plus fermés à l’immigration. S’ouvrir à celle-ci et accepter un métissage de sa population est pour lui l’un des grands défis de demain ». Bref, le Japon est ici présenté en creux comme une sorte de modèle de politique d’« immigration zéro » , à l’inverse de la France, pays passoire qui serait entièrement ouvert à tous les courants migratoires venus d’Afrique.

      Secundo, par l’emploi du terme de « métissage » dès la première phrase, l’auteur masqué du commentaire entend, dans une logique de dévoilement, lever un lièvre en portant au jour ce fait qui aurait été soigneusement « caché » dans l’article du Monde : à savoir que les judokates françaises médailles d’or du Mondial 2019 sont des « Noires ». Ce sport individuel, où la France occupe la deuxième place au monde derrière le Japon depuis trente ans, serait en train de devenir – comme c’est déjà le cas du football, basket-ball, handball, et même dorénavant du rugby – un lieu de « métissage ». On peut penser que ce dernier mot sert en fait, pour notre internaute masqué, à dire de manière euphémisée la forte présence de Noirs (l’envahissement ?…) dans ce sport de « Blancs » dans l’Europe d’après 1945, même si son berceau historique se situe en Extrême Orient.

      Tertio, la comparaison qui est dessinée en creux entre la France et le Japon se donne à voir aussi sous la forme d’une opposition terme à terme qui est lourde de sous-entendus culturalistes et politiques. À la différence de la France qui se prévaudrait et se gargariserait de vaines médailles (« breloques » pour le dire de manière péjorative comme notre Albireo, fort irrité) conquises dans le sport (panem et circenses), qui plus est, par la seule grâce de jeunes ressortissants issus de pays de l’ex-Afrique coloniale, le Japon s’attelle, quant à lui, à des tâches plus sérieuses, notamment faire fructifier le capital scientifique de son pays, par l’intermédiaire de la fabrication de prix Nobel de physique made in Japan. Sans compter, cerise sur le gâteau, que dans le système d’oppositions hâtivement bâti par l’auteur, définir Tokyo comme « la ville la plus sûre du monde », lui permet de faire un clin d’œil poussé au lecteur du type : « Suivez mon regard », c’est-à-dire allez voir du côté de la capitale française, Paris (y compris sa banlieue), pour y observer l’une des villes les moins sûres des pays développés.

      Ce commentaire « moisi », dont on peut malheureusement retrouver aujourd’hui pléthore d’équivalents sur la toile, est un révélateur de l’air du temps.
      Dans ce commentaire, rien n’est explicitement dit, tout est suggéré, c’est au lecteur de reconnaître la petite musique de la France envahie et/ou en perdition (celle du « suicide français » de Zemmour pour le dire vite). Il s’agit de glisser dans l’oreille du lecteur du Monde que tout ce qui a été écrit dans cet article n’est qu’un écran de fumée ou un tissu de balivernes.

      Il faut, aux yeux de notre internaute héros d’un jour, tout faire pour saper, en quelques mots, l’idée centrale qui transparaît à l’évidence dans cet article : aujourd’hui la France gagne des médailles d’or du fait de l’arrivée à maturité d’une génération brillante de judokates d’origine africaine, sous la houlette d’un ancien grand champion de judo d’Aubervilliers – Larbi Benboudaoud – dont on peut supposer assez facilement qu’il aurait comme seul défaut, pour notre internaute, de porter un prénom et un nom bien peu gaulois.

      Au fond, ce commentaire « moisi », dont on peut malheureusement retrouver aujourd’hui pléthore d’équivalents sur la toile, est un révélateur de l’air du temps. Il nous a aussi fait immédiatement penser à un livre d’entretiens de Gérard Noiriel, paru en 2007 chez Textuel et intitulé Racisme : la responsabilité des élites, qui n’a sans doute pas rencontré l’écho qu’il aurait mérité. On sait bien que, dans la société française des vingt dernières années, la question du racisme et des « relations inter-raciales » (race relations) est devenue omniprésente et même obsédante.

      On sait aussi que les principaux « accusés » dans des affaires de racisme appartiennent aux classes populaires, comme si le racisme était leur seul apanage. Les sociologues d’enquête (notamment ethnographique) s’efforcent, sur cette question, de mettre en relation étroitement, d’une part, l’expression de propos et d’actes racistes et, d’autre part, les situations de concurrence exacerbée que les membres des classes populaires affrontent au travail, dans la sphère du logement et, par l’intermédiaire de leurs enfants, dans celle de l’École. C’est ce que nous avions développé avec Michel Pialoux dans le chapitre 9 du livre Retour sur la condition ouvrière (La Découverte-Poche, 2011) sur le terrain des ouvriers Peugeot de Sochaux-Montbéliard, une analyse qui, à nos yeux, reste d’actualité et conserve une certaine pertinence.

      On doit mettre l’accent sur ce qui nous paraît être une erreur de perspective sur ce sujet assez crucial du racisme. Pour des questions d’accès au terrain et de fortes inégalités sociales dans la protection de l’entre-soi et la maitrise des registres de langage, le racisme en milieu populaire est sur-médiatisé et sur-étudié alors que les diverses formes de racisme en vigueur dans le milieu des élites et des classes supérieures sont largement invisibles (ou invisibilisées). Ce sinistre commentaire anonyme a pour avantage, si l’on peut dire, de faire apparaître en pleine lumière ce qu’il peut y avoir aujourd’hui dans la tête de certains lecteurs du Monde appartenant aux catégories sociales favorisées, baignant dans la culture des « nouveaux réactionnaires ». Une certaine prudence leur fera certes éviter de se référer explicitement à la théorie du « grand remplacement » mais elle ne les empêchera pas, comme cet Albireo, d’étaler, sous une forme polie et euphémisée, une vision du monde qui semble profondément élitiste et raciste.

      Car ce qui est le plus frappant dans ce commentaire est l’impossibilité chez son auteur de de concevoir et de penser le « ET ». Comme si (ici) les sportives de haut niveau ne pouvaient pas être en même temps de « bonnes » élèves. Comme si les jeunes d’origine africaine ayant grandi en France ne pouvaient pas être en même temps de bons citoyens, et comme s’ils étaient tous voués à emprunter la seule voie de la délinquance et à rendre dangereuses les rues de nos grandes villes.

      Or, maintes enquêtes l’attestent, on peut, en étant d’origine africaine en France, exceller en sport ET réussir des études supérieures. On peut aussi, en étant toujours d’origine africaine, trouver sa place en France et ne pas passer par la case du commissariat de police et de la prison. Le prisme racial, voire l’obsession raciale, du commentaire en question ne permet pas à son auteur de voir que, au-delà de cette seule variable dite de la race, opèrent d’autres variables lourdes comme la PCS (Profession et Catégorie Socioprofessionnelle) et le niveau de diplôme des parents, le lieu de résidence, etc., qui permettent d’expliquer conjointement la diversité des trajectoires sociales des membres de ce groupe, malgré tout hétérogène, de cette seconde génération issue de l’immigration africaine en France.

      La seule lecture régulière de la presse (sportive ou locale) nous apprend ainsi que ces judokates françaises d’origine africaine ont presque toutes grandi en province (Chambly, Amiens) ou en banlieue parisienne (Asnières) et rarement dans des « cités ». Surtout elles ont été élevées dans des familles immigrées africaines appartenant souvent aux classes moyennes (et celles-ci existent !..) . Clarisse Agbegenou est née à Rennes d’une mère comptable et d’un père vétérinaire au Togo devenu un « grand scientifique » en France.

      Madeleine Malonga a deux parents qui sont infirmiers en psychiatrie. Les parents ne choisissent pas au hasard tel ou tel sport pour leurs enfants. Le judo est réputé pour son exigence et, en France, pour la très grande qualité des encadrants, tous d’anciens très bons judokas. Ce sport est aussi connu pour avoir de grandes vertus éducatives : il apprend l’humilité, le sens de l’effort et sert à « cadrer » des jeunes débordants d’énergie physique. Par exemple, Clarisse Agbegnenou est venue au judo grâce à sa directrice d’école, qui conseilla à sa mère de faire en sorte que sa « costaude » canalise son énergie.

      La pédagogie anti-raciste ne doit pas viser seulement les publics dits populaires ; elle gagnerait aussi à être dirigée vers une partie de nos élites.
      Il se trouve aussi que la plupart d’entre elles ont dû quitter leur famille à 13/14 ans pour suivre une section sports-études (à Orléans pour Clarisse Agbegenou) puis entrer à 15/16 ans dans ce temple de la formation des sportifs de haut niveau qu’est l’INSEP à Vincennes. En même temps que la pratique intensive de leur sport, elles ont poursuivi des études secondaires ou supérieures : Clarisse Agbegenou est titulaire d’un bac en sciences et technologies, Marie-Eve Gahié d’un BTS.

      En outre, notre internaute masqué doit certainement ignorer que le judo est un sport terriblement exigeant et ingrat. Accéder au haut niveau nécessite des milliers d’heures d’entrainement et de combat, accompagnées d’innombrables moments de doute et de petites crises de croyance dans tous ses sacrifices faits au quotidien. La moindre erreur ou distraction ne pardonne pas sur le tatami et se paye cash. La question du poids est aussi cruciale, il faut surveiller de très près son alimentation. Un jour, Clarisse Agbegenou est arrivée à la pesée en 2012 aux Masters au Kazakhstan avec un excédent de poids de 200g : elle n’a pas pu participer à la compétition et a été durement sanctionnée par la Fédération française de judo qui lui a interdit de participer au tournoi de Paris. On pourrait sur ce sujet développer longuement.

      Ces exemples suffisent à montrer ce que notre commentateur zélé ignore à l’évidence : la personnalité comme le « mental » de ces sportives de haut niveau et des chercheurs en physique (ou des autres sciences) ne sont pas si différents. Ce qui les a menés « tout en haut », c’est une somme difficilement imaginable d’efforts, d’ascèses et d’investissements hors du commun.

      Peu importe la couleur de peau. En judo, comme dans beaucoup d’autres sports, ce qui va in fine départager des compétiteurs de qualité égale, c’est l’« état d’esprit », ce qui est désigné comme le « mental » et ce que les coaches aiment appeler la « niaque ». S’il existe aujourd’hui une forte surreprésentation de judokates d’origine africaine dans l’équipe de France, c’est sans doute parce que, pour surmonter les multiples préjugés qui sont encore aujourd’hui liés à leur couleur de peau, elles ont dû déployer une énergie peu commune pour reculer le plus loin la douleur et ainsi refuser la défaite.

      On aura voulu ici introduire davantage d’éléments de contexte pour éclairer la lanterne de ces lecteurs « d’en haut », comme cet Albireo, prisonnier de leurs préjugés socio-raciaux. La pédagogie anti-raciste que peuvent offrir en acte les travaux en sciences sociales ne doit pas viser seulement les publics dits populaires ; elle gagnerait aussi à être dirigée vers une partie de nos élites qui se caractérise par son étroitesse d’esprit. Ce commentaire à la fois furibard et policé d’Albireo est une petite – mais très « belle » – source en ce qu’elle dévoile bien, à sa manière, ce qui peut se trouver tapi au fond de l’inconscient social : une forme de racisme distingué et, pour cela, d’autant plus dangereux.

      La mise en avant dans les médias de la réussite sportive de nos « championnes françaises » (comme l’écrivait à juste titre le journaliste du Monde) permet de faire un peu mieux comprendre à l’opinion publique la manière dont ces jeunes français à trait d’union – franco-togolais, franco-congolais, franco-ivoiriens – font partie de notre pays et sont en train d’y prendre toute leur place. Certes peu d’entre eux deviendront prix Nobel de Physique (mais qui sait ?…). En attendant, comme il est désormais permis aux lecteurs du site Internet du Monde de signaler des « abus » lorsque certains commentaires dépassent les bornes, nous l’avons fait et le commentaire rance d’Albireo a été supprimé du site lemonde.fr.

      Cet article a été publié pour la première fois le 20 septembre 2019 dans AOC.

      [1] Albireo est une étoile double, hébergée par la constellation du Cygne, aux couleurs particulièrement contrastées. Le Blog Cielmania de J-B. Feldmann (photographe du ciel) indique que c’est un « joyau accessible aux astronomes amateurs. »

      [2] Ceci, sous une forme d’esquisse ici, pourrait prolonger le travail sur les formes de jugement, d’appréciation, que Francine Muel Dreyfus avait appelées « pré-réflexives » dans son travail sur les adhésions au régime de Vichy, cf. Francine Muel Dreyfus Vichy et l’éternel féminin. Contribution à une sociologie politique de l’ordre des corps, Seuil, 1996.

  • Fleurs de barricade - l’#anarchie chantée en #Italie

    Curés, patrons, militaires, flics, chefs d’état : il n’existe aucune catégorie d’oppresseurs qui n’ait été attaquée, insultée, ridiculisée, menacée dans les #chansons_libertaires. Souvent vulgaire et irrévérencieux, toujours exagéré, rhétorique et fataliste, le chant a toujours accompagné les anarchistes dans leurs #luttes quotidiennes contre l’#exploitation, les #inégalités, la #pauvreté, la #répression mais aussi l’allié contre les grands ennemis de toujours : “l’#état, l’#église, la #bourgeoisie cupide”, cette triade arrogante qui depuis toujours opprime l’humanité.

    Dans ce spectacle qui mêle musique et histoires, accompagné par un équipage variable en fonction des occasions, #Lorenzo_Valera propose un florilège de chants italiens qui ont accompagné un siècle de luttes libertaires.

    https://www.terracanto.org/fr/fleurs-de-barricade-lanarchie-chant%C3%A9e-en-italie
    #musique_et_politique #chants #chansons

    Et ici les paroles des chants traduits en français, à télécharger:
    https://nextcloud.alekos.net/s/m22dGjNcfBZ96Hi#pdfviewer

    ping @sinehebdo @albertocampiphoto @wizo

  • « Privilèges » : avec ce mot, la bourgeoisie attribue aux autres ce qu’elle est la seule à avoir - FRUSTRATION
    https://www.frustrationlarevue.fr/privileges-avec-ce-mot-la-bourgeoisie-attribue-aux-autres-ce-quel

    Pour Laurent Alexandre, chroniqueur au Monde, à L’Express et au Huffington Post, chirurgien-urologue de son état, ce n’est pas évident : selon lui, un ouvrier de 2019 vit mieux que Louis XIV. Donc on vous aide à y voir plus clair :

    Les privilèges des nobles de l’Ancien Régime venaient s’ajouter à la somme d’avantages déjà monopolisés par eux comme la possession de terres, l’accès à la santé et de sacrés beaux châteaux. En fait, si vous voulez, c’est comme pour les avantages fiscaux des bourgeois de nos jours – flat tax, suppression de l’ISF… – qui viennent s’ajouter à leurs revenus élevés, leurs bonnes écoles et leurs bonnes assurances. A contrario, les « privilèges » des ouvriers d’entreprises publiques comme la SNCF ou la RATP viennent compenser les désavantages de leur profession : une espérance de vie inférieure à celle de la moyenne de la population, du travail en 3×8, la peur de l’accident, le travail de nuit et un management agressif qui conduit nombre d’entre elles et eux au suicide.

    Les avantages d’un noble de l’Ancien régime s’obtenaient par la naissance ou par une grande révérence à l’égard du pouvoir en place ; pour que vous compreniez bien, c’était un peu comme les avantages scolaires, culturels, financiers et fiscaux d’un bourgeois de nos jours qui s’obtiennent par naissance ou par connivence politique et sociale ! A l’opposé, les « privilèges » des ouvriers d’entreprises publiques et de certains secteurs comme l’automobile, la banque ou la sidérurgie ont été obtenus par organisation collective centenaire, âpres luttes provoquant la mort de milliers de camarades, participation active à la Résistance pendant la seconde guerre mondiale, grèves occasionnant des jours sans salaire, affrontements avec la police et les milices patronales.

    Astuce : C’est pour ça que le mot réel pour « privilège » est « conquête sociale », car ça n’est pas tombé tout cuit dans le bec, contrairement aux avantages des nobles de l’Ancien régime (et des bourgeois de nos jours).

  • La « connardisation » de la ville | Ainsi va la vllle
    https://cause-commune.fm/podcast/ainsi-va-la-ville-12

    Nous allons aujourd’hui parler d’un processus. Celui qu’on observe si souvent qu’on ne le commente même plus : Taxiphones, lavomatics, bars PMU et boucheries hallal ferment leurs portes pour laisser s’ouvrir celles des usines à brunchs, des marchands de smoothies et de toute une industrie de la nuit pour la jeunesse dorée des centre-villes. Durée : 58 min. Source : Cause Commune

    https://cause-commune.fm/podcast-download/11182/ainsi-va-la-ville-12.mp3

  • « Premières de corvée » : le labeur oublié des travailleuses domestiques
    https://lemediapresse.fr/social/premieres-de-corvee-le-labeur-oublie-des-travailleuses-domestiques

    Dans « Premières de corvée », le journaliste Timothée de Rauglaudre raconte le quotidien des travailleuses domestiques et s’interroge sur l’invisibilisation d’un secteur aux conditions de travail particulièrement difficiles. Entretien.

    #Social #Bourgeoisie #Nounou #Nourrice #Société

  • C’est tellement plus éclairant et jubilatoire d’écouter une Pinçon-Charlot plutôt qu’une Loiseau... sauf si tu es #ultrariche (et encore...)

    Dans cet épisode de Vieille Branche, Marie Misset a rencontré Monique Pinçon-Charlot. La sociologue de la #bourgeoisie l’a accueillie dans sa maison, au coeur d’un quartier paisible des Hauts-de-Seine. Ensemble, elles ont discuté de la bourgeoisie, passée et actuelle, du couple qu’elle forme avec Michel Pinçon, et avec qui elle a effectué la majorité de ses recherches et travaux.

    https://art19.com/shows/vieille-branche/episodes/98b68d3d-c485-431d-aad3-b1f76f23e9bb #radio #podcast #sociologie & #politique