Tout y est. Depuis la défense tous azimuts de plusieurs causes sans liens (liberté des femmes de se vêtir comme elles l’entendent, des SDF, chômeurs et précaires, des sans-papiers, des musulmanes voilées…) jusqu’à l’amalgame entre les dessinateurs de Charlie Hebdo, la presse conservatrice, la droite sarkozyste et, bien sûr, Marine Le Pen. Ici, ce qui frappe, c’est l’usage de l’amagalme comme méthode de discrédit. L’amalgame que les auteurs du texte dénoncent comme méthode inique lorsqu’il est fait entre djihadistes et musulmans. On remarquera aussi, en passant, la désignation d’un « Etat national-laïque », explicitement faite pour rappeler le national-socialisme. Le glissement de sens, l’amalgame pour culpabiliser, la confusion des ordres… tout est bon alors pour dénoncer Charlie Hebdo et la liberté d’expression.
Les auteurs de ce texte, publié trois jours seulement après l’incendie criminel qui a détruit les locaux du journal début novembre 2011, vont même jusqu’à considérer « qu’il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo, que les dégâts matériels seront pris en charge par leur assurance, que le buzz médiatique et l’islamophobie ambiante assureront certainement à l’hebdomadaire, au moins ponctuellement, des ventes décuplées, comme cela s’était produit à l’occasion de la première "affaire des caricatures" –bref : que ce fameux cocktail molotov risque plutôt de relancer pour un tour un hebdomadaire qui, ces derniers mois, s’enlisait en silence dans la mévente et les difficultés financières ».
De tels propos ont contribué à créer un climat, une ambiance, depuis quelques années, sous la forme d’un chantage à « l’islamophobie », contre tous ceux qui entendent défendre aussi bien la liberté de se moquer de la religion que, plus largement, la laïcité. Une liberté que les victimes de ces derniers jours ont payé de leur vie et que le peuple est descendu défendre dans la rue le 11 janvier.
On pouvait toutefois penser que l’horreur de ce que l’on vient de vivre mettrait fin, sinon à de tels discours, du moins à l’impunité médiatique dont bénéficient ceux qui les tiennent. Ce n’est pas le cas. Les mêmes apprentis-sorciers du radicalisme religieux ont en effet repris quasi-immédiatement leur travail de sape et leur discours de perversion de la liberté d’expression au profit de leur douteux combat ou de leur petite entreprise identitaire.
Après avoir condamné, pour la forme, les terroristes et évacué en vitesse les condoléances d’usage aux familles des victimes, les voilà qui s’empressent de dénoncer pêle-mêle comme responsables de ce qui vient d’arriver « l’islamophobie » ou la « lepénisation de l’islam qui le rend dangereux », quand ils ne mettent pas carrément en accusation « l’Etat » ou « la France ».
Les brebis galeuses sont désignées. Et elles n’enculent pas comme il faut des religieux (musulmans, de préférence).
Ceci dit, avant d’en arriver à ce truc là, il y a pleins de choses tout à fait corrects : le terrorisme c’est mal, les djihadistes sont méchants, et faut pas dire le contraire, c’est pas vrai. Camus doit être content d’être cité. Aussi. Je parle de l’auteur de romans évidemment. Pas de l’autre, de notre époque. Qui ne renierait pas tout d’ailleurs. Lui aussi, d’une certaine façon, il est cité.