Vexés. Emmanuel Macron et sa majorité semblent prendre bien mal l’action juridique intentée par 16 jeunes, dont l’iconique Greta Thunberg, contre cinq pays – dont la France – pour inaction climatique. La jeune suédoise avait pourtant été invitée à l’Elysée, et mise en valeur, en février. Mais ça, c’était avant qu’elle s’en prenne au pays où a été signée la COP21 – et dont la France n’est pas vraiment la meilleure élève. Au point de devenir soudain, dans la bouche d’Emmanuel Macron au micro d’Europe 1 depuis New York, quelqu’un aux « positions très radicales qui antagonise nos sociétés ».
Message reçu 5 sur 5 par le gouvernement. Qui répète en stéréo ce mardi matin que la France ne mérite pas ce traitement beaucoup trop injuste. « C’est le premier gouvernement européen à avoir annoncé la fermeture des centrales à charbon », évacue Agnès Buzyn sur CNews. Puis la ministre de la Santé, irritée, insiste : « Nous sommes les premiers à dénoncer les accords commerciaux lorsqu’un pays avec lequel on doit signer un accord ne tient pas compte de l’accord de Paris sur le climat. Donc c’est un gouvernement qui agit, le président de la République est totalement engagé sur ces questions écologiques depuis le début. Je trouve fort de café que la France soit attaquée pour son inaction climatique et pas les plus gros pollueurs alors que la France est un pays qui émet assez peu de CO2. » Et de conclure, en mode complotiste : « Je me demande ce qui est derrière cette attaque. »
Second Calimero de l’exécutif à s’exprimer, Brune Poirson. Sur France Inter, la secrétaire d’Etat à la transition énergétique attaque : « C’est important d’avoir des personnes qui éveillent les consciences. Quelles sont les solutions qu’elle met sur la table ? Je ne sais pas. On ne peut pas mobiliser avec du désespoir, presque de la haine. […] La France est moteur. Nous sommes moteur. Nous entraînons les autres pays. » Vraiment trop injuste donc.
Et qu’en pense Jean-Michel Blanquer, qui craint que cette menace climatique ne crée « une génération de déprimés » ? « Il faut dépasser le stade du cri. La France est un de ceux qui en font le plus. Ça ne sert à rien de tirer sur une locomotive », balance dans une punchline le ministre de l’Education nationale qui « en a assez des discours d’angoisse ». Avant d’ajouter, pour qu’on comprenne bien à quel point la lanceuse d’alerte écolo se fourvoie et comment la France est au top du top dans la lutte contre le dérèglement climatique (ce qui reste à prouver) : « La France en fait énormément à l’ONU, au G7. […] Ça ne sert à rien d’attaquer la France car si un pays se bat pour ce sujet, c’est bien la France. »
En somme, Greta Thunberg devrait plutôt aller manifester en Pologne, ce méchant pays accusé par Emmanuel Macron d’empêcher la France et l’Europe d’avancer sur l’écologie.
(Extrait de Chez Pol, notre newsletter politique quotidienne réservée à nos abonnés)