• La pénurie de médicaments viole les droits de l’enfant, dénoncent des pédiatres ats/vic

    Les médicaments pour les enfants et les adolescents manquent un peu partout en Europe. En Suisse, en Allemagne, en Autriche, en France et en Italie, des associations de pédiatres demandent aux ministres de la Santé d’y remédier de manière rapide, durable et fiable.

    Les spécialistes de la santé enfantine ont formulé cette exigence dans une lettre ouverte, a indiqué lundi l’association professionnelle des pédiatres suisses. Il y a quelques années encore, il était inimaginable que des pénuries aiguës mettent en péril l’approvisionnement en antibiotiques, analgésiques, médicaments contre la fièvre, contre l’asthme ou même vaccins.


    Les enfants et les adolescents ont pourtant besoin de peu de médicaments, des médicaments relativement bon marché. Comme ceux-ci ne sont pas forcément interchangeables avec des médicaments pour adultes, les pénuries conduisent à ce que les traitements ne puissent plus être effectués selon les directives thérapeutiques adaptées aux enfants, mettent en garde les médecins.

    « De la responsabilité des décideurs politiques »
    « Nous considérons qu’il est de la responsabilité des décideurs politiques de garantir une production et un approvisionnement suffisants pour constituer des stocks de médicaments importants pour les soins pédiatriques de base en Europe », écrivent-ils encore.

    La Société suisse de pédiatrie (SSP) renvoie en outre à la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant : celui de bénéficier du meilleur état de santé possible y est inscrit. A leurs yeux, la production et le stockage insuffisants des médicaments de base pour les enfants violent donc ce droit.

    Des hausses de prix pour inverser la tendance ?
    En France, au cours des derniers mois, des tensions ont pesé sur les stocks de plusieurs médicaments. Cet hiver, plusieurs antibiotiques, dont l’amoxicilline, largement prescrite aux enfants, étaient ainsi en rupture.

    Début février, le ministre de la Santé avait annoncé un plan visant à prévenir toute future crise. Le gouvernement a notamment annoncé qu’il allait autoriser des hausses de prix pour certains génériques essentiels afin d’inciter les fabricants à poursuivre leur production.

    Source : https://www.rts.ch/info/monde/13986252-la-penurie-de-medicaments-viole-les-droits-de-lenfant-denoncent-des-ped
    #santé #enfants #médicaments #big_pharma #médecine #pharma #sante #médicament #santé_publique #brevets #pédiatres #industrie_pharmaceutique #marges #bénéfices

  • Haute mer : un traité entre pirates

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/03/08/haute-mer-un-traite-entre-pirates_540010.html

    Samedi 4 mars, un #traité de #protection_de_la_haute_mer a été signé sous l’égide de l’#ONU. Après quinze ans de négociations et alors que le #changement_climatique et la #pollution des océans deviennent toujours plus inquiétants, les représentants des grandes puissances comme ceux des #ONG y ont vu un pas en avant décisif pour la #protection_du_climat, de la #biodiversité et de la planète.

    On peut évidemment douter que l’ONU protégera plus la #haute_mer, soit 60 % de la surface de la planète, qu’elle ne protège la paix et les peuples. La pollution de l’océan et son #réchauffement viennent de l’activité humaine terrestre, régie par la course au profit, face à laquelle l’ONU n’a que des phrases, et encore, à proposer.

    Le traité envisage de transformer un tiers des #océans en #Aires_maritimes_protégées (#AMP), ce qui en ferait des sanctuaires de biodiversité d’où toute activité humaine serait proscrite. Or les AMP existent déjà dans des zones sous contrôle étatique et sont au mieux un affichage politique ou touristique, au pire une privatisation de l’océan. Ainsi, la mer d’Iroise, bordant le Finistère, est une zone protégée dans laquelle des algues vertes reviennent chaque année, sans qu’aucune mesure sérieuse ne soit prise. La Grande-Bretagne quant à elle a transformé en 2010 l’#archipel_des_Chagos, dans l’océan Indien, en AMP, y interdisant toute activité humaine… sauf celle de la #base_militaire américaine de #Diego_Garcia, avec ses milliers d’hommes, ses navires de guerre, ses bombardiers et jusqu’à sa prison secrète. La France a institué en 2016 une AMP de 2500 km² autour de l’#île_de_Clipperton dans le #Pacifique. Elle est entourée d’une zone de 4,5 millions de km² dédiée à la recherche de nodules polymétalliques, la zone où on peut polluer est donc près de 2 000 fois plus étendue que la zone dite protégée.

    La concurrence entre les grandes puissances et les entreprises privées qu’elles représentent compte bien plus que la protection de la nature. Les fosses océaniques recèlent en effet des espèces vivantes dont la découverte donne lieu à des brevets en #chimie, #biologie et même en cosmétique. Le traité indique simplement que 1 % du profit tiré de l’#exploitation de ces #brevets, qui ne peut être le fait que de grands groupes capitalistes occidentaux, devra revenir aux pays pauvres. Quant aux #métaux_rares qui reposent au fond des mers, on commence déjà à aller les chercher. 14 tonnes de #nodules_polymétalliques ont été extraites en décembre, par plus de 4 000 mètres de fond, dans la zone de Clipperton. L’impact de cette opération sur l’#environnement est inconnu à ce jour, celui d’une éventuelle exploitation industrielle encore plus. Quoi qu’en disent les scientifiques, elle risque pourtant d’être lancée et l’#Autorité_internationale_des_fonds_marins doit en décider avant la fin de l’année. L’ONG américaine très influente #Pew_Charitable_Trusts, en pointe dans la constitution d’AMP, se contente de demander qu’un tiers des fonds soient épargnés. C’est à de telles ONG, étroitement liées au grand patronat et aux États, que seront confiées les AMP si elles voient le jour.

    Tous les pays impérialistes sont aux aguets. Ainsi, le Sénat français, qui visiblement ne s’emploie pas seulement à démolir les retraites, a commandé en 2022 un rapport à ce sujet. Il conclut que l’exploitation des #fonds_marins peut rapporter gros et qu’en conséquence l’État doit prendre les mesures administratives, financières et diplomatiques permettant à la cinquantaine de sociétés françaises intéressées de ramasser le pactole. Le rapport enrobe bien sûr tout cela de considérations écologiques, mais recommande que dorénavant la #Marine_nationale soit plus présente sur les zones concernées et que ses frégates soient équipées de drones sous-marins capables de travailler en grande profondeur.

    En fait de #protection de la nature, les États impérialistes préparent des Aires maritimes protégées de la #concurrence, par la force des armes s’il le faut.

    #impérialisme #réchauffement_climatique

  • La pénurie de médicaments essentiels n’a rien d’accidentel

    Alors qu’ils sont produits par des entreprises qui figurent parmi les plus grandes multinationales du monde, certains médicaments se trouvent en pénurie de manière structurelle. Une situation qui n’a finalement rien de paradoxal et qui relève de la manipulation de marché.

    « Je ne peux pas supporter l’idée que mon mari soit décédé parce qu’il y avait une rupture d’approvisionnement » [1]. Une veuve n’en démord pas suite à la mort de son époux au CHU de Nantes en 2016. Celui-ci atteint d’un cancer du sang aurait pu survivre grâce à un médicament approprié. Malheureusement, ce dernier n’était momentanément plus accessible. Les médecins ont dû opter pour une solution alternative plus toxique. Le patient n’y a pas résisté.


    C’est par ce récit glaçant que Julie Lotz commence son reportage sur les médicaments en pénurie [2]. Elle y dénonce comment les multinationales pharmaceutiques ont créé cette situation absurde où des remèdes, pourtant classés comme essentiels par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sont devenus indisponibles parce qu’ils ne rapportent plus assez aux géants du secteur. Un scandale planétaire !

    Ainsi, la privation de soins élémentaires qui touchait déjà une partie des pays du tiers-monde, ce qui était déjà en soi inacceptable, s’étend maintenant à toute la planète, y compris aux États capitalistes avancés. Dans cette question, c’est toute la population mondiale qui se trouve à la merci des firmes de santé et à leur logique implacable de rentabilité.

    La grande enquête d’UFC-Que Choisir en France
    #UFC-Que Choisir est une des plus importantes organisations françaises de consommateurs. En novembre 2020, elle publie une vaste étude sur la situation de #pénuries des #médicaments en #France [3]. Son rapport est accablant.

    Dans un premier temps, l’association rappelle les notions de base légales pour caractériser les ruptures de stock et d’approvisionnement dans les #produits_pharmaceutiques, car la problématique est nouvelle et s’aggrave. Ainsi, le décret du 20 juillet 2016 définit la rupture de #stock comme « l’impossibilité pour un laboratoire de fabriquer ou d’exploiter un médicament ou un #vaccin ». En revanche, la rupture d’approvisionnement est « l’incapacité pour une pharmacie d’officine ou une #pharmacie à usage intérieur (…) de dispenser un médicament à un patient dans un délai de 72 heures ». On distingue également la tension d’approvisionnement, lorsqu’un fabricant dispose d’une quantité insuffisante de solutions pour fournir le marché [4]. Ces situations doivent être signalées aux autorités sanitaires. Ces dispositions, ou des règles similaires, se sont imposées dans la plupart des États capitalistes avancés.

    Dans ses rapports, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ( #ANSM ), l’institution publique chargée d’évaluer les risques sanitaires des médicaments en France, publie des statistiques sur les signalements officiels de problèmes dans la livraison de produits depuis 2008. Le nombre de ces avertissements explose littéralement : il décuple de 2008 à 2014, atteignant 438 notifications cette dernière année. Mais cela continue par la suite : elles sont 538 en 2017, 868 en 2018, 1.504 en 2019, puis 2.446 en 2020 [5].

    Cela signifie que, depuis 2008, ces signalements se sont multipliés par près de 56. Certes, on peut supposer qu’au début, le procédé d’avertissement, nouveau, n’a pas été utilisé massivement, d’autant que l’obligation de prévenir l’ANSM ne date que du décret du 28 septembre 2012 [6]. Mais, depuis 2016, les notifications ont sextuplé. De ce fait, « l’Académie nationale de pharmacie considère aujourd’hui les problèmes d’indisponibilité des médicaments comme chroniques » [7].

    En analysant en détail les données en date de juillet 2020, l’association des consommateurs constate que les médicaments en pénurie sont généralement anciens, considérés comme indispensables pour les autorités sanitaires et bon marché. Par exemple, 29% concernent des #génériques. Seuls 25% des produits manquants avaient une autorisation de mise sur le marché postérieure à 2000. 75% sont vendus à moins de 25 euros et 61% sont remboursés totalement ou partiellement par la sécurité sociale. Les secteurs les plus touchés se trouvent dans les domaines des anti-infectieux (antibiotiques), des anticancéreux et des solutions pour le système nerveux central (antiparkinsoniens, antiépileptiques) [8].

    UFC–Que Choisir observe également la durée parfois inquiétante de certaines pénuries, certaines se prolongeant parfois trois ou quatre ans.

    Les entreprises n’indiquent la cause de la rupture que dans 36% des cas. Dans 37% des situations, elles annoncent suppléer la carence par une importation d’un pays étranger. Dans 30%, elles promeuvent une thérapie alternative, sans vérifier si celle-ci est réellement équivalente pour le patient. Sinon, elles proposent de diminuer les doses ou de sélectionner les malades en fonction de la gravité de la pathologie. Pour 18% des carences, aucune solution n’est avancée [9].

    L’association des consommateurs pointe la responsabilité des firmes du secteur. Si le médicament ne rapporte pas assez, la compagnie ne produit plus ou désigne un seul site pour l’approvisionnement, qui peut tout à coup être victime d’une panne technique ou autre. Ou alors elle recourt à la #sous-traitance, mais la plupart du temps, vis-à-vis d’un ou deux fournisseurs, de préférence dans un pays à bas coût salarial. Et là aussi, on peut avoir soudainement des ruptures.

    UFC–Que Choisir remarque que les obligations de service public des entreprises ne sont pas toujours respectées, mais elles sont rarement sanctionnées.

    Face à cette dénonciation, la fédération patronale du secteur en France, le LEEM (Les entreprises du médicament), ne nie pas le problème. Elle s’avoue même préoccupée par son aggravation : « Chaque patient qui se rend en pharmacie doit pouvoir avoir accès aux médicaments dont il a besoin sans délais. La priorité absolue des entreprises du médicament consiste à mettre à la disposition des patients leur traitement en toute sécurité dans les meilleurs délais. Quel que soit le point de vue porté sur ces tensions ou ruptures, l’objectif est le même : les éviter autant que possible. »

    Mais, immédiatement, elle enchaîne : « Les tensions et ruptures d’approvisionnement ont pris plus d’ampleur ces dernières années en raison de la complexification de la chaîne de production, des technologies, des contrôles et des obligations réglementaires. Mais aussi de facteurs externes, notamment des capacités de production insuffisantes face à l’augmentation de la demande mondiale, des problèmes d’approvisionnement de principes actifs… Ainsi, la fabrication de certains médicaments anciens (notamment injectables) peut être complexe à réaliser et susceptible de générer des non-conformités en production ou en contrôle, sources de ruptures parfois récurrentes. » [10] Le LEEM estime que l’explosion des signalements constatée par l’association des consommateurs provient, en bonne partie, des exigences des pouvoirs publics à avertir de façon plus précoce les problèmes de fourniture et que, de ce fait, les firmes anticipent davantage les possibilités de blocage et les déclarent aux autorités sanitaires [11]. Pourtant, UFC–Que Choisir pointait justement le manque de transparence des compagnies à propos des pénuries.

    Dans un autre document, le LEEM écrit : « Les ruptures sont en grande majorité la conséquence de facteurs mondiaux, conduisant soit à une rupture de disponibilité des médicaments chez le fabriquant – on parle alors de rupture de stock – soit à une rupture dans la chaîne d’approvisionnement rendant momentanément impossible la délivrance du médicament au patient par son pharmacien – il s’agit alors d’une rupture d’approvisionnement. » [12]

    Il est clair que la fédération patronale tente de noyer la responsabilité manifeste des entreprises, dénoncée par l’organisation de la société civile, dans une série de causes annexes, comme des complexifications de production, des réglementations plus pointilleuses ou des carences de livraison à l’étranger. Comme si les géants du secteur n’avaient aucun pouvoir sur ces phénomènes et que ceux-ci leur étaient malencontreusement imposés !

    La montée inquiétante des pénuries en Europe
    Le constat est identique au niveau européen. La Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen écrit à ce sujet : « Ces pénuries (de médicaments) ont été multipliées par 20 entre 2000 et 2018 et par 12 depuis 2008, faisant courir des risques considérables aux patients et fragilisant les systèmes de #santé des États membres. » [13]

    En 2018, l’Association européenne des pharmaciens hospitaliers (EAHP selon le sigle en anglais [14]) a mené une vaste enquête auprès de ses membres pour connaître la situation dans leurs établissements. Ils ont reçu 1.666 réponses. Pour 90% de ces professionnels de la santé, la rupture d’approvisionnement est un problème récurrent dans leur clinique [15]. Ces difficultés sont quotidiennes dans 36% des cas, hebdomadaires dans 39% et mensuelles dans 16% [16].

    Les effets sont catastrophiques. Dans 59% des situations signalées, la pénurie a entraîné le report des soins. Pour 31%, ceux-ci ont été purement et simplement annulés. Pour un quart, cela a provoqué des erreurs de médication et, pour un autre 25%, les médecins ont dû trouver une solution alternative moins appropriée. Enfin, 12 décès ont été occasionnés selon le rapport [17]. 63% des réponses ont noté l’obligation de payer un prix plus élevé pour le traitement, 46% la plupart du temps, 17% en permanence [18].

    Les États-Unis ont connu une tendance similaire, lorsque les médicaments manquants sont passés de 58 en 2004 à 267 en 2011. Par la suite, ce nombre a diminué : en 2013, il n’y avait plus que 140 traitements en carence. Mais, en 2017 et 2018, deux grandes usines de fabrication ayant un impact sur la production de nombreux médicaments ont fermé pour assainissement [19]. Les pénuries ont de nouveau augmenté à 186 en 2018. Puis, elles ont à nouveau baissé : 114 en 2021 [20].

    Au centre de cette stabilisation se trouve la réglementation américaine quant à la constitution de stocks minimaux pour les remèdes essentiels. Aussi les autorités communautaires incitent les États membres à se lancer dans une politique similaire.

    La Belgique n’est pas épargnée par ces ruptures. En juin 2020, il y avait, selon l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS), 514 médicaments temporairement indisponibles [21]. C’est le cas notamment de l’Oncotice, une solution contre le cancer de la vessie. Or, son substitut éventuel, le BCG-Medac vient, lui aussi, à manquer.

    En novembre 2020, une étude réalisée par Test Achat Santé sur 2.000 personnes a remarqué que 28,5% des Belges interrogés avaient déjà été confrontés à l’indisponibilité du traitement approprié et que 16% l’ont été à plusieurs reprises [22]. La situation s’aggrave comme le soulignent de nombreux professionnels de la santé. Ainsi, Alain Chaspierre, président de l’Association pharmaceutique belge (APB), s’alarme : « Nous sommes confrontés à la pénurie pour toutes sortes de médicaments : des antibiotiques, de l’insuline, des traitements contre l’hypertension, le diabète, les glaucomes, l’asthme, des médicaments anticancéreux… » Yannis Natsis, responsable pour l’accessibilité des médicaments au sein de l’Alliance européenne de santé publique [23], une plateforme d’ONG actives dans le domaine sanitaire sur le vieux continent, renchérit : « Le phénomène n’est pas nouveau, mais son ampleur l’est. Cela fait longtemps que la pénurie de médicaments frappe les pays de l’Europe de l’Est et centrale. Mais depuis quelques années, des pays d’Europe occidentale comme la France, la Belgique et les Pays-Bas sont aussi touchés. » [24]

    Comment la pénurie est-elle organisée ou apparaît-elle en Europe ? Pour l’illustrer, nous reprenons deux exemples symptomatiques d’interruption d’approvisionnement, celui du #BCG produit par #Sanofi et celui de l’Alkeran fourni par la société sud-africaine Aspen Pharmacare.

    Le bacille introuvable de Sanofi
    Le vaccin bilié [25] de Calmette et Guérin, appelé communément BCG, est à l’origine un traitement contre la #tuberculose, découvert au début des années 1920 à l’Institut Pasteur en France à l’initiative des professeurs Albert Calmette (bactériologiste) et Camille Guérin (vétérinaire et biologiste). Cette maladie est une des plus mortelles au monde. Ainsi, l’OMS a placé ce remède parmi les médicaments les plus essentiels.

    Progressivement, les spécialistes se rendent compte que le BCG est un stimulateur de l’immunité et peut donc être utilisé contre certaines formes de cancer. C’est le cas de celui de la vessie, après l’opération chirurgicale qui soigne la pathologie ou lorsque la tumeur se situe sur la paroi de l’organe urinaire. À partir de 1976, la solution dérivée du BCG est employée à cet effet et, dans 50 à 70% des cas, la tumeur ne revient pas. En 2012, l’Institut Pasteur effectue des tests cliniques pour montrer l’efficacité de cette thérapie [26]. Dès lors, de nombreux pays s’approvisionnent en BCG.

    Mais le principal producteur est la multinationale française Sanofi [27] et elle dédie à ce produit un seul site, celui de #Willowdale, près de #Toronto au Canada. En effet, il s’agit d’une marchandise dont la fabrication est assez peu lucrative et non protégée, donc vendue à un prix relativement bas. Le médicament est commercialisé sous le nom d’ImmuCyst. Or, en 2012, les autorités sanitaires canadiennes trouvent une contamination au champignon dans l’usine. Aussitôt, celle-ci est arrêtée, occasionnant immédiatement une tension dans les hôpitaux qui se fournissaient auprès du groupe. Les autres entreprises ne sont pas capables de suppléer le marché.

    La production ne reprend qu’en 2014, mais à un rythme limité. Pour des raisons de sécurité bien compréhensibles, le Canada surveille étroitement la filiale de Sanofi. Le porte-parole de la multinationale explique : « Il est difficile de changer de technique (de production) sans changer le produit. Et si on modifie le produit, il faut refaire des études cliniques » [28]. Et tout cela coûte cher. En novembre 2016, le groupe français annonce la fin de la fabrication pour la mi-2017, échéance reportée finalement à fin juillet 2019. Son porte-parole prétend que la firme a bien tenté de résoudre les problèmes du site canadien, mais que ses efforts « ne peuvent garantir une continuité et un approvisionnement fiable du produit. » [29]

    Dès lors, la fourniture du BCG revient au petit laboratoire allemand #Medac. Mais celui-ci n’a pas les capacités pour remplir ce rôle. Avant 2012, il ne livrait pas la France par exemple. Il a dû investir massivement dans un processus manufacturier complexe, qui peut durer neuf mois entre les débuts de confection du médicament et son aboutissement [30]. Les difficultés d’approvisionnement se sont succédé.

    C’est pour cela que la Belgique s’est tournée vers l’Oncotice vendu par la compagnie américaine Merck et réalisé aux Pays-Bas. Mais, évidemment, tous les pays adoptent une stratégie similaire. La France doit importer son BCG, notamment du Danemark. Les tensions restent donc vivaces.

    Dans ces conditions, les médecins et les hôpitaux sont contraints de jongler avec les doses, les offrant aux patients les plus atteints, les refusant à d’autres ou les réduisant. Dans d’autres cas, il faut passer par l’ablation de la vessie comme seule solution pour éviter la perte du patient. Parfois, cela ne suffit même pas et arrive l’inévitable : le décès.

    En Belgique, l’Oncotice est en disponibilité limitée. Selon le site PharmaStatut [31], dépendant de l’AFMPS, le BCG-Medac ne serait plus livré depuis le 1er août 2020, en raison de problèmes prolongés de production entraînant l’interruption de la commercialisation de ce médicament. La situation est considérée comme critique par les autorités sanitaires. Un groupe d’experts s’est constitué pour trouver des solutions alternatives, avec la possibilité d’importer le traitement de Merck, mais avec le risque que celui-ci ne soit plus remboursé par la Sécurité sociale.

    La France, quant à elle, a également connu des problèmes d’approvisionnement de BCG-Medac. Elle a introduit un contingentement de ce produit à partir du 1er février 2021, mesure levée le 14 février 2022, vu les promesses du laboratoire allemand de fournir à l’Hexagone les doses souhaitées.

    « La pénurie de Bacille de Calmette Guérin (BCG) illustre les conséquences que peuvent avoir les ruptures : l’arrêt de production du BCG ImmuCyst par Sanofi, utilisé dans le traitement du cancer de la vessie, a été associé à une hausse du nombre de récidives de ce cancer, et à un plus grand nombre d’ablation totale de la vessie. » [32]

    Les patients sont désespérés. Un pharmacien hospitalier rennais, Benoît Hue, raconte : « Pour les patients, c’est très angoissant. Leur médicament est en rupture de stock et par effet domino, peu de temps après, l’alternative l’est aussi. Un malade a récemment appelé ma collègue pour demander son traitement, il était désespéré. Nous n’en avions pas en stock. Il lui a lâché : “Vous allez me laisser mourir”. » [33] Voilà les conséquences d’une décision de multinationale qui ne manque ni de profit ni de rentabilité [34].

    Le chantage à la mode d’Aspen
    #Aspen_Pharmacare est une multinationale sud-africaine créée en 1850 par un chimiste irlandais. Cette firme est spécialisée dans la fabrication de médicaments génériques. En 2008, elle acquiert plusieurs médicaments anticancéreux et autres commercialisés par GSK et, depuis longtemps, tombés dans le domaine public : Alkeran (en dehors des États-Unis), Lanvis, Leukeran, Myleran, Purinethol, Kemadrin (maladie de Parkinson), Septrin (infection bactérienne) et Trandate (hypertension artérielle). L’année suivante, la multinationale britannique cède son usine de Bad Oldesloe en Allemagne, à mi-chemin entre Lübeck et Hambourg, qui produit la plupart de ces solutions. En échange, elle prend 19% du capital d’Aspen Pharmacare [35]. Par la suite, d’autres opérations de cession ont lieu entre les deux entreprises, notamment avec la reprise des remèdes liés à la thrombose en 2013 et des anesthésiants en 2016 par Aspen.

    En 2012, la compagnie sud-africaine lance une campagne tous azimuts pour augmenter fortement le prix de ses anticancéreux. Elle cible l’Italie, avec des hausses allant de 300%, 400% et jusqu’à 1.500% pour certains traitements. Le pays est coincé, car certains médicaments sont indispensables et, même s’ils ne sont plus protégés par un brevet, ils n’ont quasiment pas de concurrents.

    Les autorités italiennes ne s’en laissent pas compter. Certes, elles doivent accepter ce qui apparaît nettement comme un chantage. Mais elles enquêtent officiellement sur ce qui pourrait justifier une telle progression tarifaire. Ce qu’elles découvrent est à la fois sensationnel et révélateur.

    Ainsi, elles découvrent un message de la direction sur la manière de négocier avec les différents États : « Les prix doivent être augmentés (…). C’est à prendre ou à laisser. (…) Si les ministères de la Santé, dans chaque pays, n’acceptent pas les nouveaux prix, on retire les médicaments de la liste des produits remboursables ou on arrête d’approvisionner. Aucune négociation possible. » [36]

    L’organisme sanitaire italien reçoit un ultimatum dans une lettre venant de la société sud-africaine : « C’est une priorité pour Aspen d’augmenter rapidement les prix de vente (…). Si aucune décision n’est prise dans la limite de temps indiquée (…) nous procéderons rapidement (…) à la suspension de la commercialisation des produits en Italie, à partir de janvier 2014. » Andrea Pezzoli, le directeur de l’agence de santé italienne, explique que juste avant la négociation la firme fournissait moins de remèdes, arguant des problèmes de production [37]. En septembre 2016, l’entreprise est condamnée à une amende de 5 millions d’euros pour chantage.

    Suite à cela, en mai 2017, la Commission européenne lance également des investigations, car elle se rend compte que 25 pays du vieux continent sont concernés. Ainsi, les hausses de prix en Belgique exigées par Aspen ont varié de 500 à 1.600%. Le tarif du Leukeran est passé de 10 à 118 euros par boîte [38]. En Angleterre et au Pays de Galles, le Myleran est vendu avec un renchérissement de 1.200%. En Espagne, la multinationale sud-africaine menace de détruire les stocks de ces produits si les autorités sanitaires n’acceptent pas ses nouvelles conditions majorées qui pouvaient atteindre 4.000% [39]. En France, trois personnes sont décédées à la suite de la prise d’Endoxan au lieu de l’Alkeran, dont le prix s’était envolé.

    L’enquête a duré quatre ans, se fondant sur ce que les autorités italiennes avaient déjà découvert. Le constat est édifiant : « L’analyse de la Commission a montré que tout au long des exercices 2013 à 2019 (couvrant la période allant du 1er juillet 2012 au 30 juin 2019), Aspen a de manière persistante engrangé des bénéfices très élevés grâce aux produits dans l’Espace économique européen, tant en termes absolus qu’en termes relatifs : les prix d’Aspen étaient en moyenne de près de 300 pour cent supérieurs à ses coûts correspondants (à savoir que les prix appliqués par l’entreprise étaient quasiment quatre fois supérieurs à ses coûts), y compris en tenant compte d’un rendement raisonnable. En outre, les bénéfices moyens d’Aspen dans l’Espace économique européen étaient plus de trois fois supérieurs aux niveaux de rentabilité moyens d’une sélection d’entreprises similaires du secteur pharmaceutique. Les bénéfices moyens d’Aspen étaient également plus élevés que les bénéfices moyens de chacun des comparateurs pris individuellement.

    L’enquête n’a révélé aucun motif légitime justifiant les niveaux de prix et de bénéfices d’Aspen. Les produits ne sont plus couverts par un brevet depuis environ 50 ans et Aspen ne leur a pas apporté d’innovation ni ne les a développés de manière significative. Aspen a externalisé la fabrication et la plupart des activités de commercialisation des produits. Du point de vue du client, Aspen n’a apporté aucune amélioration sensible aux produits ni à leur distribution. » [40]
Se sentant menacée, la multinationale a proposé de réduire les tarifs de 73% dans toute l’Europe, ce que la Commission européenne a accepté. En outre, la compagnie sud-africaine ne peut élever ses prix pendant une période de dix ans (jusqu’en 2030, avec la possibilité d’une révision des conditions en 2025) et doit garantir l’approvisionnement de ces médicaments sur le continent [41].

    On pourrait croire cette affaire totalement exceptionnelle. En fait, elle ne l’est guère. Il y a d’abord le cas de GSK qui est resté actionnaire jusqu’en septembre 2016, soit durant la période du chantage. Grâce à cela, le groupe britannique a bénéficié d’une multiplication du cours d’Aspen par plus de six [42]. Selon le Journal The Guardian, il aurait gagné dans cette opération un milliard et demi de livres, soit environ 1,9 milliard de dollars [43].

    Pour sa part, le 30 octobre 2017, #Roche a décidé de retirer du marché grec un nouveau remède oncologique, le Cotellic, parce que le gouvernement avait imposé une taxe de 25% sur le profit obtenu sur les nouvelles molécules brevetées [44]. Il s’agissait d’une mesure prise dans le cadre du remboursement de la dette et de l’austérité imposée par la Commission européenne. La suppression de ce médicament a entraîné un non-remboursement par la Sécurité sociale. La multinationale n’en était pas à son coup d’essai en la matière. Elle a fait partie de la cinquantaine de compagnies pharmaceutiques qui ont coupé l’approvisionnement des hôpitaux hellènes dès que la crise de l’endettement a occasionné les problèmes de solvabilité dans le pays en 2011 [45].

    En décembre 2016, #Pfizer a été condamné en Grande-Bretagne pour avoir conspiré avec une société de génériques, Flynn Pharma. Les deux entreprises avaient élevé le prix d’un traitement contre l’épilepsie de 2.600%, étant donné qu’aucun autre établissement ne le fabriquait [46].
On retrouve les trois firmes incriminées en Afrique du Sud en 2017 pour avoir surfacturé leurs solutions contre le cancer. Il s’agissait du Xalkori Crizotinib de Pfizer pour le cancer du poumon, de l’Herceptin et de l’Herclon de Roche pour celui du sein et du Leukeran, de l’Alkeran et du Myleran, déjà mentionné pour Aspen Pharmacare [47].

    Le rapport d’une mission d’information du Sénat français rendu en 2018 réitère le constat : des compagnies réduisent volontairement la fourniture en médicaments pour en tirer un bénéfice. Dans ce document, on peut effectivement lire : « Votre mission d’information a pu constater une certaine défiance quant aux pratiques des laboratoires concernant leurs médicaments anciens : ceux-ci sont suspectés de déployer des stratégies de raréfaction de certains de leurs médicaments peu rémunérateurs, ce qui leur permettrait de faire pression pour obtenir une hausse de leur prix. Au terme des travaux conduits par votre mission, de telles situations apparaissent à première vue sinon peu courantes, du moins difficiles à objectiver – bien qu’un des représentants du personnel de l’entreprise Sanofi entendu par votre mission d’information ait indiqué qu’il existerait des « stratégies de rupture visant à maintenir le niveau des prix. » [48]

    Il est précisé ensuite : « Le Claps [49] a par ailleurs souligné, dans ses réponses au questionnaire transmis par votre rapporteur, que « sauf exceptions, les médicaments anciens ne disparaissent pas du marché français ». Il arriverait plus fréquemment qu’un médicament ancien disparaisse du marché pour un certain temps, avant d’y être réintroduit sous un autre nom par un autre laboratoire, et à un prix plus élevé. Le Claps relève ainsi que « le plus souvent, ces molécules anciennes sont vendues par les laboratoires historiquement titulaires de l’autorisation de mise sur le marché à un autre laboratoire. Dans tous les cas, les prix pratiqués sur ces molécules anciennes par le nouveau laboratoire titulaire n’ont plus rien à voir avec les précédentes conditions : les prix peuvent être multipliés par deux ou par cinq » » [50].

    Des multinationales n’hésitent donc pas à créer elles-mêmes des pénuries, de sorte à créer des conditions favorables pour exiger des hausses tarifaires de leurs produits. Ce n’est sans doute pas la raison principale de ces ruptures d’approvisionnement, mais son utilisation montre quelles limites ces groupes sont prêts à franchir dans leur quête incessante de rentabilité.

    Les quatre chevaliers de l’apocalypse sanitaire
    Ce dossier des pénuries est donc explosif et n’est contesté par personne, tellement il est évident. Même les fédérations patronales en conviennent. Mais, en affirmant que les compagnies pharmaceutiques en souffrent autant que les patients et les hôpitaux, elles tentent surtout de dédouaner leurs affiliés de la responsabilité de ces ruptures d’approvisionnement.

    Elles trouvent auprès des autorités publiques, notamment en Europe, des alliés de circonstance. Au lieu de pointer les torts des groupes de santé, celles-ci soulignent la complexité des situations et la multiplicité des sources des problèmes.

    Ainsi, dans sa note sur la stratégie européenne pour le secteur, la Commission explique : « Les pénuries sont de plus en plus fréquentes pour les produits qui sont présents sur le marché depuis de nombreuses années et dont l’usage est répandu. Les raisons sont complexes : il y a entre autres les stratégies de commercialisation, le commerce parallèle, la rareté de certaines substances actives et de matières premières, la faiblesse des obligations de service public, les quotas d’approvisionnement et des questions liées à la tarification et au remboursement. » [51] Bref, une myriade de difficultés qu’on ne peut attribuer aux seules entreprises.

    Dans son rapport sur les ruptures d’approvisionnement, la mission d’information du Sénat français va encore plus loin : « Au terme des auditions conduites par votre mission d’information, il apparaît que cette chaîne de production et de distribution de médicaments et de vaccins ne saurait être mise en cause dans son ensemble dans la survenue d’épisodes de pénurie récurrents ». [52] Il poursuit : « Plutôt donc qu’un dysfonctionnement général, ce sont en réalité bien souvent des événements isolés qui sont en cause dans la formation des phénomènes de pénuries, en ce qu’ils tendent à se répercuter sur l’ensemble de la chaîne par le jeu d’un « effet domino » résultant de l’interdépendance de ses maillons. (…) Pour certains produits anciens mais essentiels, les acteurs sanitaires font face à un problème de prix trop bas et non trop élevés, dont il découle toute une série d’effets pervers. » [53]

    Pourtant, lorsqu’on rassemble les principaux facteurs entraînant les pénuries, on ne peut qu’observer la part essentielle des stratégies des multinationales pharmaceutiques, même au-delà des cas où les firmes créent elles-mêmes artificiellement des ruptures d’approvisionnement. On dénombre ainsi quatre raisons majeures aux raréfactions dans les stocks de vaccins et de médicaments.

    Premièrement, de plus en plus, la production d’une partie importante des solutions médicales se passe dans des pays à bas coût salarial, surtout en Asie. C’est le cas notamment de la confection des principes actifs (API [54]). La fabrication d’un remède homologué se décompose en trois étapes : la réalisation d’un API, la formulation d’un médicament et, enfin, son conditionnement [55]. Cela prend entre quatre et six mois pour qu’un produit pharmaceutique « classique » passe de sa composition initiale au contrôle final de la qualité en vue de la commercialisation. Pour un vaccin, cela va de six mois dans le cas de la grippe à trente-six pour un remède plus complexe [56].

    L’ingrédient actif est la substance chimique qui aura un effet thérapeutique ou préventif dans la composition du traitement. C’est la matière première de celui-ci. Le second stade consiste en l’ajout d’excipients pour que la solution ingérée soit aisément administrée et assimilée par l’organisme. Ceux-ci constituent 95% du médicament [57]. Enfin, il y a la dernière phase, qui concerne la forme exacte sous laquelle le produit sera présenté et conservé. Les deux derniers épisodes sont habituellement effectués ensemble.

    De plus en plus, tout est sous-traité. Mais ce sont surtout les API qui sont externalisés, même si ce sont les #multinationales qui conservent les #brevets. « Selon l’Agence européenne du médicament, 40% des médicaments finis commercialisés dans l’Union proviennent de pays tiers, et 80% des principes actifs sont fabriqués en Chine et en Inde ; en réalité, le seul moyen de minimiser les coûts consiste à recourir massivement aux sous-traitants en Asie où le coût du travail et les normes environnementales sont moindres » [58]. La région de Hubei, au sein de laquelle se trouve la grande métropole de Wuhan, « est devenue le laboratoire mondial des principes actifs, qui sont les plus simples, les plus faciles à produire », selon l’économiste française Nathalie Coutinet [59].
    
Mais, il n’y a souvent qu’une, deux ou trois firmes qui fournissent cet ingrédient. Ainsi, pour la mission informative du Sénat français, Catherine Simmonin, secrétaire générale de la Ligue contre le cancer, a décrit la situation dans son secteur : « Les trente-cinq molécules de base en oncologie sont fabriquées en Orient, notamment en Chine, par trois fabricants. Les lignes de fabrication sont contrôlées par la Food and Drug Administration qui arrête la fabrication en cas de problème de sécurité ou d’anomalies. Brusquement, la matière de base disparaît alors du monde entier. Aucun façonnier dans un laboratoire ne peut la fabriquer, alors qu’elle sert au quotidien et ne peut être remplacée par des innovations. » [60]

    Il y a une trentaine d’années, tout était encore exécuté en Occident. Depuis, l’essentiel a été délocalisé en Asie. Cela permet une économie de coûts estimée à 15 ou 20% [61]. Quant aux problèmes de pollution, ils ne font pas partie des préoccupations majeures des groupes pharmaceutiques. « La région d’Hyderabad, en Inde, abrite par exemple des dizaines d’usines de production d’antibiotiques pour tous les grands groupes internationaux, dans des conditions de sûreté environnementale minimales. Résultat ? Une grave pollution des eaux aux métaux lourds et aux antibiotiques de toutes sortes, qui font craindre l’émergence accélérée de « super-bactéries » résistantes à tous les traitements. » [62]

    Les multinationales peuvent expliquer qu’elles subissent cette situation d’approvisionnement des API en Chine et en Inde comme les autres acteurs de la santé en Occident. Mais il est clair qu‘elles l’ont créée, dans leur recherche insatiable de profit et donc de réduction des coûts. On évalue que cette cause des pénuries représenterait un tiers des cas de rupture d’approvisionnement [63].

    Deuxièmement, ces ruptures de livraisons sont également dues à la centralisation de la production des médicaments dans un nombre restreint d’usines. Un rapport de l’institut IMS, l’institution privée américaine qui récolte des données dans le domaine de la santé mondiale [64], établit que plus de la moitié des produits signalés à la FDA comme défaillants dans les stocks en octobre 2011 ne disposaient que de deux pourvoyeurs, voire moins [65].

    La plupart du temps, il s’agit d’une décision du groupe lui-même, préférant dédier ses sites à la réalisation des traitements les plus innovants qu’il peut vendre au prix le plus élevé possible. Mathieu Escot, directeur des études à UFC-Que Choisir, relève le manque d’enthousiasme de l’industrie pharmaceutique pour répondre aux ruptures d’approvisionnement : « Quand elle veut éviter les pénuries, quand elle veut une chaîne solide, pour être capable de faire face à une brusque augmentation de la demande mondiale par exemple, l’industrie sait faire. Ça se voit notamment pour tous les médicaments chers, les médicaments récents. » [66]

    Dès lors, les firmes ne consacrent qu’une unité de production pour ces remèdes anciens, tombés dans le domaine public et qui donc ne rapportent que peu. S’il n’y a qu’un ou deux fournisseurs, la tension sur le marché est palpable dès qu’un problème survient. Comme le précise encore Mathieu Escot : « Il suffit qu’un maillon de cette chaîne fasse défaut, pour que toute la chaîne soit paralysée. »

    À cette raréfaction provoquée par les géants du secteur, s’ajoutent les politiques des autorités publiques. Certains États comme la France ne sélectionnent qu’un seul pourvoyeur pour ces traitements. Il est évident que cela ne favorise pas l’approvisionnement.

    Par ailleurs, les acheteurs de produits pharmaceutiques ont tendance à se regrouper et à rassembler leurs demandes, de sorte à obtenir de meilleures conditions d’approvisionnement, notamment en matière de prix. Mais, ce faisant, ils découragent des entreprises plus modestes à se proposer comme candidates, celles-ci n’ayant pas les moyens de livrer de telles quantités. Ils se forment des monopoles par faute de concurrence [67], et cela facilite les ruptures dans les fournitures.

    Une troisième difficulté se trouve dans la situation des stocks jugés par tous quasiment comme trop faibles. De nouveau, la cause se situe à la fois au niveau des compagnies et à celui des pouvoirs publics.

    L’industrie pharmaceutique a généralisé la production en flux tendu dans ses usines. Comme l’explique très bien Benjamin Coriat, à propos de Toyota où cette organisation du travail a été introduite, il s’agit d’une « méthode de gestion des effectifs par les stocks » [68]. En réalité, pour la direction de la firme, il faut réduire le personnel à son minimum en abaissant continuellement les stocks pour voir là où se situent les problèmes des salariés à suivre la cadence et trouver des solutions à ceux-ci. Dans ces conditions, les stocks doivent être aussi bas que possible et en perpétuelle diminution.

    De l’autre côté, une politique similaire est suivie dans les hôpitaux et les officines. D’abord, parce qu’il y a un manque de place évident pour ces établissements. Ensuite, parce que cela fait partie des moyens pour compresser les coûts des institutions sanitaires et ainsi atteindre les objectifs budgétaires de l’État, notamment sur le plan européen. Au départ, cela permet de mieux affecter l’espace, mais, ensuite, cela provoque une insuffisance de médicaments pour des pathologies essentielles.

    Si la voiture ou le smartphone n’est pas là à l’instant précis où l’acheteur se présente, celui-ci peut revenir le lendemain ou le jour où la marchandise sera disponible. En revanche, si le traitement n’est pas présent lorsque le patient en a besoin, les conséquences sont rapidement dramatiques. C’est pour cela que toutes les autorités sanitaires des pays occidentaux ont récemment établi des protocoles où un minimum de stocks est requis, en nombre de mois, des obligations de livraison sont demandées aux groupes qui fabriquent ces remèdes et des sanctions, la plupart du temps financières, sont prévues en cas de non-respect de ces engagements.

    Quatrièmement, il est indéniable que la stratégie de profit poursuivie avec acharnement par les multinationales pharmaceutiques est un facteur central et spécifique des pénuries. Après les stratégies visant d’une part à se concentrer sur les produits innovants qu’on peut vendre au prix le plus élevé et avec des marges bénéficiaires sans commune mesure avec les autres secteurs, et d’autre part, à délaisser les solutions anciennes qui ne rapportent guère, avec l’exemple d’Aspen Pharma, nous avons montré des politiques volontaires de raréfaction de solutions afin de les fournir aux conditions les plus avantageuses pour le groupe.

    Ainsi, les traitements permettant de pallier à la défaillance d’un fournisseur et à l’absence de concurrents peuvent être vendus à des prix exorbitants. Éric Tabouelle, vice-président du Claps, estime, devant la mission informative du Sénat français, qu’il n’est pas rare que les tarifs des nouveaux traitements augmentent de 500 à 2.000% par rapport aux médicaments en rupture [69]. Pour les hôpitaux, il existe une procédure, appelée clause d’achat pour compte, qui permet à ceux-ci de réclamer la différence auprès de la firme titulaire qui a manqué ses obligations. Mais cela se passe en fin de négociation, donc avec retard.

    Au final, le délégué syndical de la CFDT de Sanofi en France, Yann Tran, résume assez bien ce qui provoque, selon lui, les pénuries : « En premier lieu, les industriels cherchent à réduire au maximum les coûts de production : ils privilégient la production à flux tendus en raison du caractère coûteux de la constitution et de la gestion de stocks. Une deuxième raison réside dans la nécessité de se fournir en matières premières auprès d’acteurs éloignés de la France − ce constat n’étant pas valable seulement pour Sanofi, mais pour l’ensemble du secteur. De leur côté, les fournisseurs de matières premières ont tendance à se concentrer pour atteindre une taille critique, ce qui contribue à alimenter les difficultés de l’ensemble de la chaîne de fabrication en cas de problème survenant chez l’un de ces fournisseurs. Enfin, une troisième raison résulte des stratégies mises en œuvre par les entreprises pharmaceutiques, qui choisissent de ne pas investir dans la création d’usines doublons qui permettraient de pallier la défaillance d’un site de production. » [70] Il souligne parfaitement la responsabilité écrasante des multinationales dans cette situation.

    Cela n’a pas empêché la mission informative du Sénat français de proposer, après avoir pourtant déjà énoncé tous les avantages fiscaux accordés aux groupes pharmaceutiques [71], de nouvelles exonérations d’impôt pour ceux-ci [72]. Il reprend aussi, sans le commenter, l’objectif de la fédération patronale du secteur d’obtenir une « revalorisation raisonnable du prix pour les médicaments dont l’absence de rentabilité ne permet pas de mettre en œuvre les investissements nécessaires à la sécurisation de l’approvisionnement » [73]. Il faut préciser que le président de cet organisme temporaire était le socialiste Yves Daudigny, soutien de Manuel Valls à la primaire de la « gauche » en 2017. Le rapporteur est membre de l’aile la plus conservatrice de l’UMP [74], ancêtre des Républicains, Jean-Pierre Decool.

    La responsabilité écrasante des multinationales pharmaceutiques
    Le rapport présenté au Sénat n’a pas convaincu, que du contraire. La représentante du groupe communiste et celle des Verts ont dénoncé les conclusions. Pour elles, il est clair que : « Le système actuel est gangréné par la recherche de profits et seule la sortie de la sphère marchande du médicament pourra mettre un terme aux ruptures de stocks. » [75]

    Un avis que partage France Assos Santé, qui regroupe 83 associations de patients et d’usagers de la santé, dont UFC-Que Choisir : « Les industriels sont très largement responsables de ces pénuries, principalement dues à des stratégies financières contestables, à un désengagement de certains médicaments et à une concentration des sites de productions. » [76]

    Même l’Agence européenne du médicament estime que « les stratégies commerciales de l’industrie pharmaceutique provoquent un problème mondial depuis une dizaine d’années et affectent de plus en plus l’Union européenne, avec un impact significatif sur les soins aux patients » [77]. C’est dire l’énervement des autorités sanitaires, pourtant peu enclines à dénoncer les multinationales de la santé.

    La pénurie de médicaments essentiels est le scandale le plus éclatant du secteur sanitaire. Il est la preuve indéniable qu’au-delà de la promotion et de la publicité des groupes pharmaceutiques, ceux-ci ne se préoccupent guère des besoins et des intérêts des patients. C’était déjà évident dans le cas des pays du tiers-monde. Aujourd’hui, les malades des contrées plus riches sont logés à la même enseigne : ils ne sont plus sûrs d’être soignés, parce que le traitement qui les sauverait n’est éventuellement plus disponible. Ces firmes sont centrées sur « une logique de réduction des coûts et de maximisation des profits qui s’oppose frontalement aux intérêts de santé publique des populations » [78]. Elles devraient être privées de leur droit absolu de propriété sur les outils de production, sur les solutions qui permettraient de soigner l’humanité. Ce sera une question fondamentale à l’avenir.

    Source : Gresea https://gresea.be/La-penurie-de-medicaments-essentiels
    Repris par https://www.investigaction.net/fr/la-penurie-de-medicaments-essentiels-na-rien-daccidentel

    Notes : 
    [1] Le Monde, 9 septembre 2021.
    [2] Lotz, J., « Pénuries de médicaments : à quoi jouent les labos ? », Complément d’enquête, France 2, 9 septembre 2021.
    [3] UFC-Que Choisir, Pénuries de médicaments. Devant les comportements délétères des laboratoires, les pouvoirs publics doivent sortir de leur complaisance, novembre 2020. UFC désigne l’Union fédérale des consommateurs.
    [4] . UFC-Que Choisir, op. cit., p.6.
    [5] UFC-Que Choisir, op. cit., p.6, et ANSM, « Médicaments ayant fait l’objet d’un signalement de rupture ou de risque de rupture de stock », 9 septembre 2021.
    [6] . UFC-Que Choisir, op. cit., p.7.
    [7] UFC-Que Choisir, op. cit., p.9.
    [8] UFC-Que Choisir, op. cit., p.10.
    [9] UFC-Que Choisir, op. cit., p.12.
    [10] LEEM, « Tensions et risque de ruptures des médicaments. L’urgence de la sécurisation des approvisionnements », juillet 2021, p.2.
    [11] LEEM, op. cit., p.3.
    [12] LEEM, « Pénurie de médicaments : comment les réduire ? », 17 septembre 2021, p.2.
    [13] Parlement européen, Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, « Rapport sur la pénurie de médicaments – comment faire face à un problème émergent », 22 juillet 2020, p.35.
    [14] European Association of Hospital Pharmacists.
    [15] EAHP, « Medicines Shortages in European Hospitals, EAHP Survey », novembre 2018, p.10.
    [16] EAHP, op. cit., p.11.
    [17] EAHP, op. cit., p.30.
    [18] EAHP, op. cit., p.29.
    [19] FDA, « Drug Shortages for Calendar Year 2020 », Report to Congress, juin 2021, p.2.
    [20] American Society of Hospital Pharmacists (ASHP), « National Drug Shortages : New Shortages by Year », January 2001 to December 31, 2021.
    [21] Pharma.be, « Pénuries de médicaments : le système belge est plus performant que d’autres », 9 mars 2022.
    [22] Test Achat Santé, 19 décembre 2020.
    [23] The European Public Health Alliance (EPHA) en anglais.
    [24] En Marche, 3 décembre 2019. En Marche est le bimensuel des Mutualités chrétiennes en Belgique.
    [25] C’est-à-dire qui contient de la bile, ce liquide sécrété par le foie pour aider à la digestion.
    [26] Institut Pasteur, « BCG et cancer de la vessie : vers un nouveau protocole pour les patients ? », Communiqué de presse, 6 juin 2012. L’article scientifique est signé Biot, C., Rentsch, C., Gsponer, J., Birkhäuser, F., Jusforgues-Saklani, H., Lemaître, F., Auriau, C., Bachmann, A., Bousso, P., Demangel, C., Peduto, L., Thalmann, G. & Albert, M., « Preexisting BCG-Specific T Cells Improve Intravesical Immunotherapy for Bladder Cancer », Science Translational Medicine, vol.4 n°137, 6 juin 2012. Le Science Translational Medicine est le journal le plus prestigieux dans le domaine de la médecine appliquée, dite translationnelle.
    [27] La firme livrait 60% du marché mondial (Libération, 27 juillet 2012).
    [28] Le Quotidien du Médecin, 22 novembre 2016.
    [29] Les Echos Investir, 18 novembre 2016. Cela n’empêche nullement la multinationale française de continuer à investir sur le site de Toronto, notamment 335 millions d’euros en 2018 pour la fabrication d’antigènes dans le cadre de la confection de vaccins et 600 millions en 2021 dans une unité de production d’antigrippaux.
    [30] France Bleu, 29 janvier 2020.
    [31] https://pharmastatut.be.
    [32] UFC-Que Choisir, op. cit., p.11.
    [33] Rozenn Le Saint, « Pénurie de médicament : un tri est fait pour soigner des cancéreux », Mediapart, 30 janvier 2020.
    [34] De nouveaux produits réalisés par d’autres firmes semblent venir en supplément pour faire face à cette carence actuelle.
    [35] GSK, « GSK extends strategic collaboration with Aspen », Press Release, 11 mai 2009.
    [36] Lotz, J., op. cit.
    [37] Lotz, J., op. cit.
    [38] Test Achat Santé, 11 février 2021.
    [39] The Times, 14 avril 2017.
    [40] Commission européenne, Communication de la Commission publiée conformément à l’article 27, paragraphe 4, du règlement (CE) no 1/2003 du Conseil dans l’affaire AT.40394 — Aspen, Journal officiel de l’Union européenne, 15 juillet 2020, p.C 233/8.
    [41] Commission européenne, Questions et réponses, 10 février 2021.
    [42] GSK, « GlaxoSmithKline announces intention to sell remaining holding in Aspen », Press Release, 28 septembre 2016.
    [43] The Guardian, 28 janvier 2017.
    [44] EurActiv, 31 octobre 2017.
    [45] El País, 27 septembre 2011.
    [46] The Guardian, 28 janvier 2017.
    [47] La Tribune Afrique, 15 juin 2017.
    [48] Sénat français, « Pénuries de médicaments et de vaccins : renforcer l’éthique de santé publique dans la chaîne du médicament », Rapport d’information n°737, 27 septembre 2018, p.89.
    [49] Le Club des Acheteurs de Produits de Santé (Claps) réunit les principaux acheteurs hospitaliers, privés et publics.
    [50] Sénat français, op. cit., p.90.
    [51] Commission européenne, « Stratégie pharmaceutique pour l’Europe », 25 novembre 2020, p.20.
    [52] Sénat français, op. cit., p.19.
    [53] Sénat français, op. cit., p.20.
    [54] Active Pharmaceutical Ingredient (ingrédient pharmaceutique actif).
    [55] Abecassis, P. et Coutinet, N., Économie du médicament, éditions La Découverte, Paris, 2018, p.82.
    [56] Sénat français, op. cit., p.61.
    [57] Abecassis, P. et Coutinet, N., op. cit., p.83.
    [58] Parlement européen, Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, « Rapport sur la pénurie de médicaments – comment faire face à un problème émergent », 22 juillet 2020, p.35.
    [59] Le Point, 11 août 2020.
    [60] Sénat français, op. cit., p.64.
    [61] Deleu, X. et Le Saint, R., « Médicaments : les profits de la pénurie », Arte, 26 avril 2022.
    [62] Petitjean, O., « Quand les labos abandonnent leur mission de santé publique pour ressembler à Nike ou Apple », Pharma Papers, 16 janvier 2019.
    [63] Biot, J., Benhabib, A. et Ploquin, X., « Rapport au Premier ministre. Mission stratégique visant à réduire les pénuries de médicaments essentiels », Ministère des Solidarités et de la Santé, 18 juin 2020, p.17.
    [64] Après la fusion avec un autre bureau d’études américain Quintiles, IMS est devenu IQVIA.
    [65] Sénat français, op. cit., p.64.
    [66] France Inter, 9 novembre 2020.
    [67] Sénat français, op. cit., p.91.
    [68] Coriat, B., Penser à l’envers, éditions Christian Bourgois, Paris, 1991, p.23.
    [69] Sénat français, op. cit., p.93
    [70] Sénat français, op. cit., p.264.
    [71] Sénat français, op. cit., p.75.
    [72] Sénat français, op. cit., p.9.
    [73] Sénat français, op. cit., p.95.
    [74] Au départ, lorsqu’il est fondé en 2002, UMP signifiait Union pour la majorité présidentielle. Il est devenu ensuite Union pour un mouvement populaire. En 2015, l’ancien président Nicolas Sarkozy transforme ce parti en Les Républicains.
    [75] Contribution de Cohen, L., sénatrice du Val-de-Marne, et Apourceau-Poly, C. au nom du groupe Communiste républicain citoyen et écologiste (CRCE) in Sénat français, Pénuries de médicaments et de vaccins : renforcer l’éthique de santé publique dans la chaîne du médicament, Rapport d’information n°737, p.292.
    [76] Les Echos, 17 janvier 2019.
    [77] Le Monde, 9 septembre 2021.
    [78] Gonçalves, A., « Pénuries de médicaments essentiels et explosion du prix des thérapies innovantes : pourquoi un pôle public du médicament est nécessaire », Economie & Politique, janvier-février 2021, p.49.

  • How a Drug Company Made $114 Billion by Gaming the U.S. Patent System - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/01/28/business/humira-abbvie-monopoly.html

    By Rebecca Robbins

    Jan. 28, 2023

    In 2016, a blockbuster drug called Humira was poised to become a lot less valuable.

    The key patent on the best-selling anti-inflammatory medication, used to treat conditions like arthritis, was expiring at the end of the year. Regulators had blessed a rival version of the drug, and more copycats were close behind. The onset of competition seemed likely to push down the medication’s $50,000-a-year list price.

    Instead, the opposite happened.

    Through its savvy but legal exploitation of the U.S. patent system, Humira’s manufacturer, AbbVie, blocked competitors from entering the market. For the next six years, the drug’s price kept rising. Today, Humira is the most lucrative franchise in pharmaceutical history.

    Next week, the curtain is expected to come down on a monopoly that has generated $114 billion in revenue for AbbVie just since the end of 2016. The knockoff drug that regulators authorized more than six years ago, Amgen’s Amjevita, will come to market in the United States, and as many as nine more Humira competitors will follow this year from pharmaceutical giants including Pfizer. Prices are likely to tumble.

    The reason that it has taken so long to get to this point is a case study in how drug companies artificially prop up prices on their best-selling drugs.

    AbbVie orchestrated the delay by building a formidable wall of intellectual property protection and suing would-be competitors before settling with them to delay their product launches until this year.

    The strategy has been a gold mine for AbbVie, at the expense of patients and taxpayers.

    AbbVie did not invent these patent-prolonging strategies; companies like Bristol Myers Squibb and AstraZeneca have deployed similar tactics to maximize profits on drugs for the treatment of cancer, anxiety and heartburn. But AbbVie’s success with Humira stands out even in an industry adept at manipulating the U.S. intellectual-property regime.

    “Humira is the poster child for many of the biggest concerns with the pharmaceutical industry,” said Rachel Sachs, a drug pricing expert at Washington University in St. Louis. “AbbVie and Humira showed other companies what it was possible to do.”

    Following AbbVie’s footsteps, Amgen has piled up patents for its anti-inflammatory drug Enbrel, delaying a copycat version by an expected 13 years after it won regulatory approval. Merck and its partners have sought 180 patents, by one count, related to its blockbuster cancer drug Keytruda, and the company is working on a new formulation that could extend its monopoly further.

    Humira has earned $208 billion globally since it was first approved in 2002 to ease the symptoms of rheumatoid arthritis. It has since been authorized to treat more autoimmune conditions, including Crohn’s disease and ulcerative colitis. Patients administer it themselves, typically every week or two, injecting it with a pen or syringe. In 2021, sales of Humira accounted for more than a third of AbbVie’s total revenue.

    In 2010, the Affordable Care Act created a pathway for the approval of so-called biosimilars, which are competitors to complex biologic drugs like Humira that are made inside living cells. Unlike generic equivalents of traditional synthetic medications, biosimilars usually are not identical to their branded counterparts and cannot be swapped out by a pharmacist.

    The hope was that biosimilars would drastically drive down the cost of pricey brand-name biologics. That is what has happened in Europe. But it has not worked out that way in the United States.

    Patents are good for 20 years after an application is filed. Because they protect patent holders’ right to profit off their inventions, they are supposed to incentivize the expensive risk-taking that sometimes yields breakthrough innovations. But drug companies have turned patents into weapons to thwart competition.

    AbbVie and its affiliates have applied for 311 patents, of which 165 have been granted, related to Humira, according to the Initiative for Medicines, Access and Knowledge, which tracks drug patents. A vast majority were filed after Humira was on the market.

    Some of Humira’s patents covered innovations that benefited patients, like a formulation of the drug that reduced the pain from injections. But many of them simply elaborated on previous patents.

    For example, an early Humira patent, which expired in 2016, claimed that the drug could treat a condition known as ankylosing spondylitis, a type of arthritis that causes inflammation in the joints, among other diseases. In 2014, AbbVie applied for another patent for a method of treating ankylosing spondylitis with a specific dosing of 40 milligrams of Humira. The application was approved, adding 11 years of patent protection beyond 2016.

    #Big_Pharma #Humira #Brevets #Santé_publique

  • Pluralistic: The public paid for “Moderna’s” vaccine, and now we’re going to pay again (and again and again) (25 Jan 2023) – Pluralistic: Daily links from Cory Doctorow
    https://pluralistic.net/2023/01/25/nationalize-moderna/#herd-immunity

    par Cory Doctorow

    Moderna is quadrupling the cost of covid vaccines, from $26/dose to $110-130. Moderna CEO Stephane Bancel calls the price hike “consistent with the value” of the mRNA vaccines. Moderna’s manufacturing costs are $2.85/dose, for a 4,460% markup on every dose:

    https://arstechnica.com/science/2023/01/moderna-may-match-pfizers-400-price-hike-on-covid-vaccines-report-says

    Now, obviously the manufacturing costs are only part of the cost of making a vaccine: there’s also all the high-risk capital that goes into doing the basic research. Whenever a pharma company like Moderna hikes its prices, we’re reminded that the rewards are commensurate with these risks.

    But the story of the Moderna vaccine isn’t one of a company taking huge gambles with shareholder dollars. It’s the story of the US government giving billions and billions of dollars to a private firm, which will now charge the US government – and the American people – a 4,460% markup on the resulting medicine.

    Writing for The American Prospect, Lily Meyersohn reminds us of the Moderna vaccine’s origin story: the NIH spent $1.4B developing the underlying technology and then the US government bought $8b worth of vaccines at $16/dose, giving Moderna a guaranteed 460% margin on each jab:

    https://prospect.org/health/2023-01-23-moderna-covid-vaccine-price-hike-bernie-sanders

    Moderna clearly does not feel that the billions it received in public funds came with any obligation to serve the public interest. The company falsified its patent applications, omitting the NIH scientists who co-developed the vaccine, claiming sole ownership:

    https://blog.petrieflom.law.harvard.edu/2022/01/06/nih-moderna-mrna-covid-vaccine-patent

    As Meyersohn writes, this omission allows Moderna to block the NIH from licensing the vaccine to foreign manufacturers – including vaccine manufacturers in the global south, home to many powerhouse producers of vaccines:

    https://pluralistic.net/2022/08/24/waivers-for-me-not-for-thee/#vaccine-apartheid

    Moderna claims to have capitulated to the NIH on the patent question, but it’s a lie – even as they were publicly announcing they would drop their bid to exclude NIH scientists from their patent application, they quietly filed for a continuance that would let them renew their exclusive claim later, when the heat has died down:

    https://www.nytimes.com/2021/12/17/us/moderna-patent-nih.html

    This maneuver, combined with Astrazeneca reneging on its promise to open its vaccine – a move engineered by Bill Gates – has deprived billions of the world’s poorest people of access to vaccines. Many of these people were previously blocked from accessing AIDS drugs when the Gates Foundation teamed up to block WTO vaccine waivers:

    https://pluralistic.net/2021/04/13/public-interest-pharma/#gates-foundation

    These immunucompromised, unvaccinated people are at increased risk of contracting covid, and when they do, they are sick for longer, creating more opportunities for viral mutation and new, more virulent variants.

    That was where we stood before Moderna announced its 400% vaccine price-hike. Now, millions of Americans will also be blocked from accessing vaccines, opening the door for rampant, repeated infections, more mutations, and more variants. As Alex Lawson of Social Security Works told Meyersohn, at that price, the US will not be able to achieve herd immunity.

    What will Moderna do with the billions it reaps through price-gouging? It won’t be research. To date, the company has spent >20% of its covid windfall profits on stock buybacks and dividends, manipulating its stock price, with more to come:

    https://www.levernews.com/how-big-pharma-actually-spends-its-massive-profits

    It’s not an outlier. Big Pharma is a machine for commercializing publicly funded research and then laundering the profits with financial engineering. The largest pharma companies each spend more on stock buybacks than research:

    https://www.levernews.com/how-big-pharma-actually-spends-its-massive-profits

    Moderna didn’t have a single successful product for its first decade of operation: it is only a going concern because it got billions in free public research and billions more in public commitments to buy its products at a huge markup.

    It wasn’t always this way. Until the 1990s, pharma companies that commercialized public research were bound to license terms that required “reasonable pricing.” NIH inventions were subject to non-exclusive licensing terms, ensuring a competitive market.

    The NIH could act to stem Moderna’s profiteering. Moderna’s vaccine (like virtually all mRNA vaccines) uses NIH patent 10,960,070 – though Moderna doesn’t license the ’070 patent. The NIH could use the threat of a patent infringement suit to force Moderna to put pandemic resilience and access to vaccines over financial engineering and executive bonuses.

    When it comes to patent enforcement to protect the public interest, the USG has a long history of channeling King Log, letting companies price-gouge with products built on public research.

    https://media.nature.com/original/magazine-assets/d41586-021-03535-x/d41586-021-03535-x.pdf

    The states are stepping in where the feds have failed to act, spinning up their own pharma production capacity to create a “public option” for medicine – think of California’s move to produce insulin and other meds:

    https://prospect.org/health/its-time-for-public-pharma

    Or Massachusetts’s MassBiologics, the “only non-profit, FDA-licensed manufacturer of vaccines” in the USA, which sells its generic tetanus and diptheria vaccines nationwide:

    https://www.umassmed.edu/massbiologics

    The US has a long way to go when it comes to using public production to offer competitive discipline to private pharma. Sweden privatized its pharma in 1970. Cuba got there in 1960, and is a pharma powerhouse:

    https://pluralistic.net/2021/11/28/somos-cuba/#omishambles

    Meyersohn closes her excellent article with a warning and a promise: though public covid vaccines are a long way away, new vaccines for RSV and even cancer are in the pipeline, and without “substantial intervention,” Moderna will be a “harbinger…of crises of inequitable access to come.”

    #Vaccins #Covid #Moderna #Big_Pharma #Brevets

  • OMC : Accord conclu sur la pêche, les levées des brevets sur les vaccins Covid et la sécurité alimentaire Le figaro
    https://www.lefigaro.fr/flash-eco/omc-accord-conclu-sur-la-peche-les-levees-des-brevets-sur-les-vaccins-covid

    Après plusieurs journées de tractations intenses, marqués l’intransigeance de l’Inde sur plusieurs textes, les négociateurs ont fini par s’entendre sur tous ces sujets.
    La ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a annoncé avoir approuvé vendredi 17 juin à Genève des accords « historiques » sur la pêche, la levée des brevets anti-Covid et l’insécurité alimentaire. C’est « un ensemble de résultats sans précédent. Il y a longtemps que l’OMC n’avait pas obtenu un nombre aussi important de résultats multilatéraux. Les résultats démontrent que l’OMC est capable de répondre aux urgences de notre époque » , a déclaré la directrice de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala, devant les chefs de délégation des 164 pays membres de l’organisation.


    La conférence avait pour ambition non seulement de s’attaquer à l’insécurité alimentaire créée par la Russie, mais elle voulait aussi supprimer des subventions qui facilitent la surpêche et vident les océans, lever temporairement les brevets qui protègent les vaccins anti-Covid ou encore réformer l’OMC elle-même. Après plusieurs journées de tractations intenses, marqués par de nombreuses incertitudes et l’intransigeance de l’Inde sur plusieurs textes, les négociateurs ont fini par s’entendre sur tous ces sujets, a annoncé le Président de la Conférence ministérielle Timur Suleimenov, chef de cabinet adjoint du président du Kazakhstan.

    L’OMC n’a toutefois pas publié dans l’immédiat les textes finaux. La ministérielle a duré pratiquement 36 heures de plus que prévu. C’est finalement aux alentours de 03H00 GMT que la directrice générale a abattu le marteau qui marque l’adoption formelle des textes.

    Insécurité alimentaire
    Le texte sur l’insécurité alimentaire était très attendu, bien qu’il ne s’agisse que d’une déclaration ministérielle. La guerre menée par les Russes prive le monde de céréales et d’engrais, fait flamber les prix et menace de faim des millions de gens dans le monde. Le document adopté souligne l’importance « de ne pas imposer de prohibitions ou de restrictions à l’exportation » qui soient contraires aux règles de l’OMC. Il demande que toutes mesures d’urgence introduites pour répondre à des préoccupations en matière de sécurité alimentaire, comme un gel des exportations, « soient temporaires, ciblées et transparentes » , et soient notifiées à l’OMC. Un second texte protège les achats de nourriture du Programme alimentaire mondial de restrictions qui pourraient être imposées par certains pays.

    Pêche miraculeuse
    Jusqu’à pratiquement la dernière minute, l’accord sur la pêche est resté incertain, et même si le texte est édulcoré par rapport aux ambitions initiales, Ngozi Okonjo-Iweala n’a pas moins revendiqué un succès. C’était l’un des sujets phares de cette ministérielle. Les négociations sur le sujet ont été lancées il y a plus de 20 ans et s’inscrivent dans les objectifs du développement durable de l’ONU. Il s’agit en particulier d’interdire certaines formes de subventions qui peuvent encourager les prélèvements illégaux. Pour aider les pays en développement, l’OMC veut mettre en place un fonds permettant d’apporter une assistance technique et renforcer leurs capacités afin que ces pays puissent mettre en œuvre l’accord et aider leurs pêcheurs à se tourner vers une pêche plus durable.

    Propriété intellectuelle
    Après deux ans et demi de lutte contre la pandémie de Covid-19 les États membres ont réussi à s’accorder vendredi sur la facilitation du commerce des biens médicaux nécessaires à la lutte contre les pandémies. Un sujet d’importance pour éviter que le commerce des ingrédients et matériels ne soit restreint au moment ou on en a le plus besoin. La levée temporaire des brevets protégeant les vaccins anti-Covid destinés aux pays en développement a également été adoptée. Ce sujet a fait l’objet d’âpres batailles entre le lobby pharmaceutique, des pays en développement et de nombreuses ONG. L’idée est de faciliter la production de sérum. Les États membres ont aussi reconduit le moratoire sur les transactions électroniques, malgré les réticences de l’Inde et de l’Afrique du Sud, qui regrettent de voir une potentielle douanière de ces échanges leur échapper.

    #omc #vaccins #médicaments #covid #brevets_pharmaceutiques #propriété_intellectuelle #pêche #tafta #libre-échange #ue #mondialisation #multinationales #commerce #coronavirus

  • South African scientists copy Moderna’s COVID vaccine [3 fév. 2022]
    https://www.nature.com/articles/d41586-022-00293-2

    When the #WHO launched its mRNA tech-transfer hub in #South_Africa last June, it asked #Moderna, Pfizer and BioNTech to help teach researchers in low- and middle-income countries how to make their #COVID-19 #vaccines. But the companies did not respond, and the WHO decided to go ahead without their help. Friede says the WHO chose to replicate Moderna’s shot because more information on its development is available publicly, compared with Pfizer–BioNTech’s vaccine, and because Moderna has vowed not to enforce its patents during the pandemic. Moderna did not respond to requests from Nature to comment on the WHO’s decision to copy its vaccine.

    With funds from countries including France, Germany and Belgium, South African researchers began chipping away at the project in late September. A team at the University of the Witwatersrand in Johannesburg took the lead on the first step: making a DNA molecule that would serve as a template to synthesize the mRNA. Although Moderna has controversially patented this sequence, researchers at Stanford University in California deposited it in the online database Virological.org in March last year.

    Patrick Arbuthnot, director of gene-therapy research at the University of the Witwatersrand, says, “We were not intimidated, because mRNA synthesis is a fairly generic procedure.” Despite delays in the shipment of raw materials, the team completed this process in ten weeks and sent vials of mRNA to Afrigen in early December.

    During this period, having heard about plans to mimic Moderna’s shot, scientists from around the world e-mailed Afrigen researchers to offer assistance. Some of them were at the US National Institutes of Health, and had conducted foundational work on mRNA vaccines. “It was extraordinary,” says Petro Terblanche, Afrigen’s managing director. “I think a lot of scientists were disillusioned with what had happened with vaccine distribution, and they wanted to help get the world out of this dilemma.”

    [...] The next set of challenges will be to make a lot more of the vaccine. Jason McLellan, a structural biologist at the University of Texas at Austin whose work was foundational to the development of several COVID-19 vaccines, says he is not surprised that South African researchers seem to have copied Moderna’s vaccine, but he adds that scaling up production of that original shot required a lot of extra innovation by manufacturers.

    For the next phase of the project, several companies in the global south will learn from Afrigen and attempt to create batches of vaccine themselves, in preparation for testing the shots in rodents. The WHO expects a Moderna mimic to be ready for phase I trials in people by the end of November.

    #brevets

  • Se tenir debout avec les infirmières est un projet féministe, Silvia Federici
    http://www.revue-ouvrage.org/debout-infirmieres

    Les syndicats d’#infirmières de vingt-huit pays s’attaquent aux gouvernements et à Big Pharma avec une demande simple : renoncer aux #brevets sur les #vaccins contre la #Covid-19 et mettre fin à la pandémie dès maintenant. Dans son texte, Silvia Federici appelle les #féministes à se rallier aux luttes des travailleuses de la santé.

    Quelle est l’image marquante de la pandémie de la Covid-19 ? À mon avis, c’est celle de l’infirmière au chevet du malade, en première ligne de cette urgence mondiale, surmontant sa propre peur de la maladie pour soigner les patientes et patients et leur apporter du réconfort face à une mort probable. Pour des millions d’infirmières vivant dans des pays où les vaccins contre la Covid-19 demeurent rares, c’est une image de la vie quotidienne. Même dans les pays où le pire de la maladie s’est dissipé, on commence seulement à comprendre le poids de ce travail — jour après jour — sur les épaules des infirmières.

    Nous leurs sommes redevables, et c’est pourquoi nous devons suivre leur exemple. À l’heure actuelle, les syndicats d’infirmières de vingt-huit pays se lèvent pour défendre les vies de celles-ci et protéger celles de leurs patientes et patients en attaquant en justice certains des gouvernements les plus puissants du monde avec une demande simple : renoncer aux brevets sur les vaccins contre la Covid-19 afin de mettre fin à la pandémie dès maintenant. Je crois qu’il est essentiel pour les mouvements féministes non seulement de soutenir ces syndicats dans leur bataille juridique, mais aussi de faire de cette lutte l’élément central de notre organisation dans les mois à venir.
    En avril 2021, le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, lors de ses interventions publiques largement diffusées après une semaine passée à l’hôpital pour se remettre de la Covid-19, a rendu hommage aux « deux infirmières qui se sont tenues à son chevet » durant son rétablissement. Environ un mois plus tard, l’une des infirmières, Jenny McGee, démissionnait de son poste, lassée du traitement réservé aux travailleuses de la santé par son gouvernement. « Le National Health Service m’a sauvé la vie, sans aucun doute », a-t-il déclaré. Un an plus tard, les travailleuses du NHS sont confrontées à l’érosion de leurs salaires et de leurs pensions.

    Aux États-Unis, on entend les infirmières raconter des histoires d’épuisement physique, de manque d’équipement adéquat et de douleur émotionnelle liée à la perte de patientes et patients dont elles s’occupaient. Des vies d’infirmières ont également été perdues. Selon l’Organisation mondiale de la santé, au moins 115 000 infirmières dans le monde sont mortes des suites d’une infection de la Covid-19, et beaucoup de ces vies auraient pu être épargnées si les vaccins avaient été produits et distribués de manière équitable.
    Malgré ces difficultés, les infirmières se mobilisent sans relâche. Elles dénoncent l’échec des hôpitaux, des systèmes sanitaires et des autorités locales et nationales. Et elles ont incité un mouvement mondial à les rejoindre : devant les fenêtres et debout sur les balcons, nous avons applaudi les infirmières en tant que « travailleuses essentielles », reconnaissant — pour la première fois, de mémoire — le rôle qu’elles jouent dans nos économies, nos sociétés et nos vies quotidiennes.

    #Silvia_Federici

  • Omicron : « iI n’est ni abordable, ni durable, ni nécessaire de vacciner la planète entière tous les 6 mois » - BBC News Afrique
    https://www.bbc.com/afrique/monde-59894093

    De l’importance de ne pas se limiter au titre, ni même au chapeau…
    vu via des sites antivax…

    Vacciner régulièrement tous les habitants de la planète contre le Covid-19 n’est ni durable, ni abordable, ni nécessaire, selon le professeur Andrew Pollard, le scientifique qui a participé au développement du vaccin d’Oxford-AstraZeneca contre le coronavirus.

    « Il n’est vraiment ni abordable, ni durable, ni même nécessaire de vacciner tous les habitants de la planète tous les quatre à six mois », confie M. Pollard à l’émission Today de la BBC Radio 4 mardi.

    Il s’agit plutôt d’identifier les personnes les plus exposées et de leur donner la priorité, ajoute-t-il.

    « Nous n’avons pas réussi à vacciner tout le monde en Afrique avec une seule dose, alors nous n’arriverons sûrement pas à un point où nous pourrons administrer une quatrième dose à tout le monde », dit-il.

  • « La pandémie de Covid-19 aura contribué à mettre au jour la crise de la gouvernance mondiale de la santé publique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/06/la-pandemie-aura-contribue-a-mettre-au-jour-la-crise-de-la-gouvernance-mondi

    Le récent accord pour rendre davantage accessibles aux pays pauvres les médicaments contre le Covid-19 n’est qu’un trompe-l’œil. Il faut penser la santé publique mondiale comme un bien commun, affirment les auteurs de cette tribune.

    Jean-François Alesandrini (Ancien directeur des affaires publiques à la DNDi)
    Benjamin Coriat (Economiste)
    Fabienne Orsi (Economiste)

    Pour qui se soucie d’aller au-delà de la surface des choses et des effets d’annonce (au demeurant soigneusement orchestrés par les agences de communication des grandes compagnies pharmaceutiques), cette séquence inédite offre un terrain d’analyse incomparable. On y perçoit la réalité des rapports de forces, des enjeux et des tensions qui se jouent depuis le début de la pandémie entre les géants de l’industrie, les gouvernements et la société civile, avec en toile de fond le contrôle de l’innovation thérapeutique et les conditions de son accès aux patients et aux citoyens de l’ensemble de la planète. L’enjeu financier se chiffre en centaines de milliards d’euros, avec en balance la question de l’accès pour tous, condition qui dicte celle du contrôle de la pandémie.

    Ainsi, selon la communication conjointe de Pfizer et du MPP, « 53 % de la population » mondiale seraient potentiellement concernés par cette stratégie dite de « responsabilité sociale ». Dès lors, le reste du monde demeurera « ordonné » par le modèle aujourd’hui hégémonique, celui qui permet aux grands laboratoires pharmaceutiques d’exercer un monopole sur les produits (même si la recherche, comme c’est souvent le cas, a été financée par des fonds publics) et pour lesquels ils détiennent des brevets, ce qui leur confère un pouvoir quasi discrétionnaire à la fois en matière de fixation des prix et de capacités de production.

    Si l’on entre plus avant dans la mise en œuvre des accords passés sur les deux médicaments, il faut bien constater que les progrès restent cantonnés à des pays et à des conditions d’administration si complexes qu’il s’agit finalement pour les deux compagnies pharmaceutiques concernées de « niches » et de marchés peu attractifs et rentables pour elles.

    Alors qu’une cinquième vague est en marche dans le monde et qu’un nouveau variant fait planer de nouvelles menaces, on peut raisonnablement présager qu’il sera bien difficile aux défenseurs de la propriété intellectuelle exclusive de justifier et de prolonger très longtemps le refus jusqu’ici opposé à la demande de levée de la propriété intellectuelle le temps de la pandémie. Ce d’autant que cette proposition de l’Afrique du Sud et de l’Inde bénéficie désormais du soutien de plus de 100 pays à revenu faible ou intermédiaire ainsi que de 60 parrainages.

    Dans ce contexte, les nouveaux accords avec le MPP ne sont-ils pas une aubaine pour les défenseurs du statu quo ? « Pfizer autorise la fabrication et la vente à moindre coût de son médicament dans les pays pauvres », titrait par exemple le New York Times quelques jours avant l’ouverture – finalement reportée – des nouvelles négociations à l’OMC sur le waiver, la levée temporaire des brevets !

    N’est-il pas temps, dans un contexte de situation exceptionnelle, d’espérer et d’envisager des mesures exceptionnelles pour atteindre les objectifs et la nécessité d’équité reconnue par tous, et dans l’intérêt de tous ? Les mots du docteur Tedros, directeur général de l’OMS, « Aucun d’entre nous ne sera en sécurité tant que nous ne le serons pas tous », devraient guider les moyens de cette ambition.

    N’est-il pas temps, conformément aux promesses si souvent faites par nos gouvernants d’aller au-delà des incantations sur le vaccin « comme bien public mondial » et de se pencher sur la manière de rendre le vaccin et les autres produits nécessaires à la lutte contre la pandémie accessibles universellement ?

    N’est-il pas temps, dans un contexte de situation exceptionnelle, d’espérer et d’envisager des mesures exceptionnelles pour atteindre les objectifs et la nécessité d’équité reconnue par tous, et dans l’intérêt de tous ? Les mots du docteur Tedros, directeur général de l’OMS, « Aucun d’entre nous ne sera en sécurité tant que nous ne le serons pas tous », devraient guider les moyens de cette ambition.

    N’est-il pas temps, conformément aux promesses si souvent faites par nos gouvernants d’aller au-delà des incantations sur le vaccin « comme bien public mondial » et de se pencher sur la manière de rendre le vaccin et les autres produits nécessaires à la lutte contre la pandémie accessibles universellement ?

    #Santé_publique #Propriété_intellectuelle #Brevets #Communs #Fabienne_Orsi

  • Sortons du « pass » et de l’impasse sanitaire – Pétition
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/sortons-du-pass-et-de-limpasse-sanitaire-20210804_VDDY3DSABFH5JLL4BBKXWFQ

    Dépassé, le gouvernement choisit d’imposer une vaccination tous azimuts qui laisse de côté les éternels oubliés. Une autre approche est possible : une politique de santé de proximité qui vise prioritairement les publics vulnérables, estiment la philosophe Barbara Stiegler, les députés François-Xavier Bellamy (LR) et François Ruffin (LFI) et des soignants.

    Nous, soignants, acteurs et chercheurs en santé, nous, parlementaires et élus, nous, citoyens, appelons au retrait du « pass sanitaire » car il transgresse les principes fondamentaux de l’éthique biomédicale et du droit des personnes. Il fracture en outre le corps social en deux camps qu’il rend ennemis. En cela, il ignore les principes de santé publique. En cela, il n’a rien de « sanitaire » puisqu’il risque plutôt de nous conduire à une impasse en creusant encore davantage les inégalités et laissant les personnes les plus vulnérables à la fois sans protection face au virus et sans voix pour exprimer leurs doutes ou leurs inquiétudes. En réalité, il existe une autre option qui, jusqu’ici, n’a pas été prise : déployer une véritable politique de santé de proximité, dont la vaccination est un des outils indispensables, mais qui ne peut en aucun cas être présentée comme la panacée qu’il faudrait imposer à toutes et tous.

    Les vaccins contre le Covid-19 ont fait la preuve de leur efficacité pour la plupart des personnes vulnérables – âgées ou avec des comorbidités. Mais en laissant chaque individu face à des applications numériques improvisées, en retirant l’acte de la vaccination aux médecins et professionnels de proximité, en évinçant l’expertise de santé publique dès le début de la crise (1), on ne s’est pas suffisamment donné les moyens d’« aller vers » les plus concernés. On ne s’est pas plus donné les moyens d’entendre les questions et les doutes des personnes, comme l’exige le « consentement libre et éclairé » inhérent à tout acte de soin, accroissant sans doute la méfiance actuelle des hésitants vaccinaux. Résultat : la France est la lanterne rouge de l’Europe de l’Ouest pour la vaccination des plus âgés (2).

    Dépassé, le gouvernement choisit d’imposer une vaccination tous azimuts en faisant montre d’autorité, qui laisse de côté les éternels oubliés et arrose le reste de la population. Ainsi, le vaccin est érigé en remède miracle pour pallier l’absence de stratégie de santé publique. Celle-ci appellerait au contraire une priorisation, un accompagnement et l’association des populations aux décisions qui les concernent.

    Raisonnement de classe favorisée

    On se retrouve ainsi avec des millions de personnes à faible risque vaccinées et des millions de personnes fragilisées sans protection vaccinale. Or, sur ces derniers, le chantage au QR code est souvent inopérant : brandir la carotte du TGV, du théâtre ou du restaurant est un raisonnement de classe favorisée, inadapté pour beaucoup de publics âgés, précaires, marginalisés.

    Toucher ces populations suppose de formuler et déployer une vaccination sans barrière d’accessibilité et dont les enjeux sont compris. Bref, c’est faire tout le contraire de ce que propose le gouvernement, un cocktail de technologisme, de répression et d’abandon des publics qui sont à la fois les plus fragiles face au virus et les moins vaccinés. Au lieu de cela, le « pass sanitaire » soumet, sans sommation, ces publics ainsi que les enfants et les jeunes, déjà durement éprouvés par les confinements successifs, à une logique de chantage et de punition, les obligeant à trouver « vite leur dose » – souvent introuvable – s’ils veulent avoir le droit de continuer à vivre normalement, voire de garder leur emploi ou d’accéder à l’éducation. Ceci est d’autant plus déroutant qu’il n’est à ce jour pas prouvé que la vaccination massive des populations jeunes en bonne santé soit une bonne stratégie. Il s’agit plutôt d’un pari (3) : celui de faire baisser la circulation virale pour protéger les non-vaccinés et éviter la multiplication des variants, pari que les dernières données israéliennes et américaines sur la contagiosité des vaccinés sont en train de remettre en cause.

    Par ailleurs, les vaccins n’ont pas, au vu des données disponibles à ce jour, démontré une balance bénéfice-risque favorable en termes individuels chez les adolescents en bonne santé. Des effets indésirables ont été déclarés dans plusieurs pays, notamment des myocardites, inflammations du muscle cardiaque, dont l’incidence et les effets à long terme restent à déterminer. Or, du point de vue de l’éthique, un bénéfice collectif, lui-même hypothétique, ne constitue pas à lui seul un motif suffisant. Enfin, rappelons de plus que, parce que les vaccins ne bénéficient pour l’heure que d’une autorisation de mise sur le marché temporaire, aucun gouvernement ne peut prendre le risque juridique de rendre ces nouveaux vaccins obligatoires. Par le « pass sanitaire », qui conduit à une obligation déguisée, le gouvernement français déplace en réalité une responsabilité qu’il se garde bien d’assurer lui-même, en particulier sur les parents.

    Levée des brevets

    Une vraie stratégie de santé publique serait de laisser vivre les jeunes et de mobiliser tous les moyens en direction des publics vulnérables. C’est ce que l’on appelle une approche proportionnée aux besoins. Il faut associer à cela des mesures de réduction des risques, en particulier pour limiter les contaminations en lieu clos. Le tout-vaccination oublie en effet toutes ces stratégies qui permettent de vivre en diminuant le risque pour soi et pour les autres.

    La réponse ne peut enfin pas être exclusivement nationale. Nous affrontons une pandémie qui nécessite une réponse mondiale. Les inégalités dans l’accès aux vaccins aboutissent à ce que moins de 2% des personnes en Afrique soient aujourd’hui vaccinées. Refuser l’accès d’une immense partie de la population mondiale à toutes les armes pour lutter contre cette pandémie est non seulement non éthique, mais c’est une ineptie d’un point de vue sanitaire. Pour répondre à cette crise, il faut notamment renforcer les capacités de production au niveau mondial, lever les barrières associées aux brevets et favoriser les transferts de technologies.

    En conclusion, ce « pass sanitaire » crée un précédent qui pourra être invoqué à chaque crise écologique ou sanitaire. Des milliers de manifestants se dressent contre ces mesures. Ces protestations sont trop souvent réduites dans les médias au seul discours d’antivax, de complotistes ou d’extrême droite, qui n’ont jamais été du côté des libertés ni de la santé publique. Veillons à ce que l’arbre ne cache pas la forêt. Nous appelons tous les médias éclairés et les mouvements collectifs – partis, syndicats, ligues, associations – à s’opposer au « pass sanitaire » et à demander de toute urgence la mise en œuvre d’une autre option : au lieu de l’autoritarisme et de la panique, le déploiement d’une véritable politique de santé qui mobilise les données scientifiques et qui favorise l’implication des citoyennes et citoyens.

    #brevets #vaccination #passe_sanitaire

    • Dépassé, le gouvernement choisit d’imposer une vaccination tous azimuts en faisant montre d’autorité, qui laisse de côté les éternels oubliés et arrose le reste de la population.

      On pourrait élargir cette problématique à l’échelle mondiale en parlant de l’accès à la vaccination pour les populations des pays dits « émergeants ».
      Le problème étant que, si on laisse circuler ce virus, on potentialise le risque d’apparitions de #variants. Et avec ces variants, on sait où ça commence mais pas où ça finit, enfin, plutôt avec des possibilités d’échappements immunitaires.

      On commence à envisager la possibilité d’injection d’une troisième dose. Les usines de production vont donc tourner à plein régime pour fournir des doses aux pays ... développés. L’OMS vient de demander de suspendre, par solidarité, ce projet d’administration d’une troisième dose.

      Le sujet est abordé ici : https://www.arte.tv/fr/videos/103697-006-A/28-minutes-samedi
      avec une intervention de Vaiju Naravane, éditorialiste pour le quotidien indien Hindustan Times (22’42) qui dénonce la duplicité des labos pharmaceutiques lorsqu’ils annoncent le renchérissements « inévitables » des vaccins.

      En fait, la stratégie de ce gouvernement ne fait qu’alimenter les tendances paranoïaques des théories du complots dont les médias et leurs commanditaires font leur miel.

    • Enfin, rappelons de plus que, parce que les vaccins ne bénéficient pour l’heure que d’une autorisation de mise sur le marché temporaire, aucun gouvernement ne peut prendre le risque juridique de rendre ces nouveaux vaccins obligatoires. Par le « pass sanitaire », qui conduit à une obligation déguisée, le gouvernement français déplace en réalité une responsabilité qu’il se garde bien d’assurer lui-même, en particulier sur les parents.

      Imaginons un futur où des effets secondaires à long terme de quelques uns de ces vaccins apparaitraient. Même bénins, même indolores, juste un peu gênants. Je suis à-peu-près certain que les antivax se compteraient alors par milliards, que les lois sanitaires ne seraient plus respectées et que tous les discours scientifiques seraient conchiés par les masses.

      Imaginons un futur où il n’y a pas ces effets secondaires. Toute méfiance à l’égard des vaccins sera éteinte, toute mesure liberticide semblera justifiée, tout discours teinté de science semblera vérité absolue.

      L’intelligence a déjà perdu.

  • G20 de la santé : cynisme et indécence
    https://www.pardem.org/g20-de-la-sante-cynisme-et-indecence-0

    Avez-vous entendu parler du Sommet du G20 sur la santé qui s’est tenu le 21 mai 2021 ? Un grand moment attendu par ceux qui croyaient au ciel néolibéral et ceux qui n’y croyaient pas !
Résultats : ceux qui croyaient aux bonnes intentions du G20 sur un “droit universel à la santé” sont déçus. Les réalistes, ceux qui n’y croyaient pas parce qu’ils savent que le G20, réunion des pays néolibéraux les plus riches, poursuit son offensive économique et de propagande pour dominer le monde au dépend des peuples, n’ont pas été surpris.


    Plongée dans la nasse du G20
    Le Sommet mondial de la santé du G20, dans sa Déclaration de Rome, ne fait pas une seule fois référence au « droit universel à la santé ». Pour lui, pas question de légitimer le principe de garantir les soins de manière universelle, c’est-à-dire à tous. Car cela serait une obligation institutionnelle pour les pouvoirs publics et les États. Or, pour les pays du G20 la santé se réduit à une option charitable envers les « pauvres » et rester une machine à profit pour les multinationales.


    Certes le G20 parle d’un « accès équitable et abordable » aux outils de lutte contre la pandémie de Covid-19 (vaccins, traitements médicaux, diagnostics et outils de protection individuelle). Il confirme les principes et objectifs du marché, l’échange monétisé (vente et achat) qui n’ont rien à voir avec le droit à la santé pour tous. La déclaration insiste sur le fait que les mesures nécessaires, qui seront prises dans les mois à venir pour « promouvoir l’accès de tous aux vaccins », doivent être définies dans le cadre des traités de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et en particulier des Traités OMC-ADPIC (Accord sur les droits de propriété intellectuelle liés au commerce). L’Organisation mondiale de la santé (OMS, agence des Nations unies) est ainsi évincée.


    Rappelons que, depuis des années, plus de 100 États, des centaines de prix Nobel, des scientifiques, des personnalités du monde de la culture et des milliers d’associations, d’organisations et de syndicats demandent que la santé soit le domaine de l’Organisation des nations unies (ONU) et en particulier de son agence l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La primauté de l’ONU et de l’OMS signifierait que les règles en la matière seraient établies conformément à la Déclaration universelle des droits de l’’Homme de 1948 et aux traités internationaux sur les droits civils, sociaux et politiques.

    Prétendre donc, comme le fait le G20, que l’objectif de la lutte mondiale contre la pandémie est de ne laisser personne de côté est un mensonge éhonté, une pure hypocrisie destinée à enfumer les peuples. La réalité est que la stratégie de lutte contre la pandémie, adoptée il y a un an et demi au nom de l’accès équitable et abordable aux vaccins et dans le respect des traités OMC/ADPIC, a privé de soins des centaines de millions de personnes exclues de la vaccination (seul 1% de la population africaine a été vacciné). Selon l’OMS, plus de la moitié de la population mondiale était, en 2020, toujours privée de couverture sanitaire de base et l’épidémie a aggravé la situation.

    Les pays du G20, chantres du néolibéralisme, maintiennent leur suprématie et leur pouvoir dans les domaines financier, technologique, scientifique, productif et commercial. Leurs entreprises privées restent les seuls propriétaires de la connaissance du vivant, les détenteurs de brevets, les producteurs et distributeurs de vaccins, les maîtres du commerce international, les fournisseurs de services médicaux, les contrôleurs des marchés de la santé, les maîtres de la digitalisation des systèmes de santé, etc.

    COVAX : nouveau nom de la charité et de la dépendance
    Le COVAX est le mécanisme de dépendance des pays du “Sud”, mis en place par les pays du Nord, en accord avec l’OMS, pour faciliter le partage de la recherche, le développement, l’achat et la distribution des vaccins en faveur des pays pauvres. Il est géré par deux organisations publiques-privées : le CEPI (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations) et la GAVI (Global Alliance on Vaccines and Immunisation). Les vaccins sont transférés sous forme d’aide, gratuitement, aux populations des pays dits à faibles revenus, et sous forme d’aide à prix réduit pour celles des pays dits à revenus moyens. Une version payante de la charité chrétienne sans doute…


    Mais la philanthropie a des limites.
La première, c’est que les pays riches et les organismes philanthropiques privés, tels que la fondation Gates, n’ont pas alimenté les finances du COVAX comme ils l’avaient promis la main sur le cœur. COVAX devait disposer de plus de 40 milliards de dollars mais aujourd’hui, seuls 12 milliards sont arrivés dans les caisses… Entre effet d’annonce publicitaire et réalité, il y a un fossé.


    La deuxième est la préservation des brevets qui consacre la propriété privée absolue pendant 20 ans, par les multinationales pharmaceutiques, des vaccins et des dispositifs médicaux. Le but étant de maintenir la domination politique, économique et sociale des pays du Nord sur les pays du Sud par le biais de la mainmise sur la santé des milliards d’êtres humains qui les peuplent.
Les dominants le savent. Refuser la levée des brevets est un comportement cynique, voire criminel.

    Le cirque de la suspension (provisoire) des brevets
    C’était le point le plus attendu du Sommet mondial de la santé du G20. Il a officiellement choisi de ne pas prendre de décision et de reporter le débat à la réunion du Conseil général de l’OMC… qui, depuis, discutaille…


    L’Union européenne est majoritairement opposée à la suspension du régime des brevets et encore plus à son abolition. Elle cherche à déplacer le débat sur la définition d’un nouveau traité mondial de coopération en matière de surveillance et de réponse aux pandémies actuelles et futures… L’Idée de l’UE est de proposer de signer un traité mondial reprenant les grandes lignes du système de coordination intra-européenne mis en place dans le cadre de la “création” (récente) de l’Union européenne de la santé.
La vice-présidente américaine Kamala Harris s’est dite favorable à une suspension des brevets, « à condition qu’elle soit ciblée et limitée dans le temps »…

    Quant à l’Inde, la suspension lui sert à renforcer son rôle de premier producteur mondial de vaccins à faible coût par le biais de l’entreprise privée Serum Institute of India avec le soutien
de l’université d’Oxford et de Astra Zeneca. Le laboratoire a d’ailleurs signé, en 2020, un accord portant sur la production de plus de 1,2 milliard de doses de son vaccin par le Serum Institute of In-dia. La stratégie indienne d’expansion économique dans le secteur pharmaceutique se pose, évidemment, en concurrence avec la Chine.


    De son côté, l’Indonésie (autre membre du G20) a clairement exprimé sa volonté, grâce à la réduction des contraintes imposées par les brevets, de devenir le principal hub de l’Asie du Sud-Est et ce en concurrence avec la Chine et l’Inde.
Bref, la concurrence capitaliste néolibérale au sein du G20 bat son plein.
L’échec prévisible du G20 concernant une coopération mondiale effective dans la lutte conte la Co-vid-19 s’est révélé au grand jour.

    Big Pharma : des profits stratosphériques
    Les pouvoirs publics ont pratiquement financé en totalité (vaccin Astra Zeneca) et en grande partie (vaccins Pfizer, Moderna, Johnson&Johnson, etc.) la conception, le développement, la production et la commercialisation des vaccins. S’il y a des vaccins, ce n’est pas grâce à Big Pharma mais aux colossales sommes d’argent public injectées par les États (plusieurs dizaines de milliards de dol-lars), par tous les moyens possibles, dont celui décisif, des engagements garantis d’achat public de milliards de doses commandées aux entreprises.

    Ce faisant, les entreprises ont empoché le pactole et, sans investissements majeurs, ont déjà récolté des milliards de bénéfices pour les distribuer à leurs actionnaires, sans que les États, les citoyens dont l’argent public a financé les multinationales, n’aient obtenu aucun avantage financier en retour. Les gouvernements ont financé et continuent à financer les entreprises qui , elles, continuent à faire des bénéfices.
Le Sommet mondial de la santé du G20 est bien une tragique mascarade. Car il est clair que la santé des gens n’est pas la priorité des puissants du monde. La réalité d’un droit universel à la santé est inexistante.


    Qui peut croire encore que sans sortie du capitalisme néolibéral tous les peuples, nation par nation, pourront accéder aux soins de santé universels et gratuits ?

    Joël Perichaud, secrétaire national du Parti de la démondialisation, chargé des Relations internationales

    #capitalisme & #vaccination #mascarade #test_pcr #covid-19 #isolement #cas_contact #travail #économie #coronavirus #santé #surveillance #confinement #covid #sars-cov-2 #pandémie #contacttracing #isolement #G20 #Inde #Indonésie #profits #Droit_à_la_santé #OMC #ADPIC #COVAX #brevets #ue #union_européenne

  • Le tocilizumab, deuxième médicament conseillé par l’#OMS pour le #Covid-19, restera inabordable et inaccessible pour la majeure partie du monde
    https://www.msf.ch/nos-actualites/communiques-presse/tocilizumab-deuxieme-medicament-conseille-loms-covid-19-restera

    Bien que le #tocilizumab soit sur le marché depuis 2009 pour le traitement des maladies rhumatologiques, l’accès à ce médicament reste un défi. Roche a maintenu le prix de ce médicament à un niveau très élevé dans la plupart des pays, avec des prix allant de 410 dollars en Australie, 646 dollars en Inde à 3 625 dollars aux États-Unis par dose de 600 mg pour le Covid-19. Le coût de fabrication du tocilizumab est estimé à seulement 40 dollars par dose de 400 mg, alors que les #coûts de fabrication des anticorps monoclonaux sont souvent inférieurs à 100 dollars par gramme lorsqu’ils sont produits à grande échelle. Roche devrait accepter de vendre le tocilizumab pour le Covid-19 à un prix beaucoup plus abordable qu’actuellement.

    Une exclusivité commerciale injuste et injustifiable

    Le #brevet principal du tocilizumab a expiré en 2017, mais plusieurs #brevets_secondaires subsistent sur le médicament dans un certain nombre de pays à revenu faible ou intermédiaire, ce qui peut être source d’incertitudes. Plusieurs versions "biosimilaires" sont en cours de développement, mais aucune n’a été approuvée par une autorité réglementaire, ce qui signifie que, bien que le brevet ait expiré, Roche continue de bénéficier d’une exclusivité commerciale de fait qui a un impact sur la disponibilité du médicament en l’absence d’un approvisionnement suffisant.

    Dans cette pandémie qui fait rage, alors que de nombreuses personnes dans les pays à revenu faible et intermédiaire continuent de tomber gravement malades en raison de l’afflux de Covid-19, la demande pour ce médicament devrait augmenter. Des pénuries de tocilizumab ont été observées dans de nombreux pays qui ont déjà commencé à l’utiliser pour le traitement du Covid-19. En Inde, lors de la deuxième vague en mai, le distributeur de Roche s’est retrouvé à court de médicament et pas un seul flacon n’était disponible dans le pays pour les patients critiques.

    « Au cours des derniers mois, nous avons assisté, impuissants, à la ruée des populations d’Asie du Sud pour obtenir du tocilizumab pour les patients atteints de formes graves de Covid-19 », a déclaré Leena Menghaney, conseillère mondiale en #propriété_intellectuelle pour la CAME. « Les fabricants basés dans les pays à revenu faible ou intermédiaire doivent de toute urgence enregistrer et augmenter leur production pour accroître l’offre mondiale. Avec plus de 3,9 millions de vies déjà perdues à cause du Covid-19, le monde ne peut plus attendre pour accéder à des traitements qui peuvent contribuer à augmenter les chances de survie. »

    Bien que peu de mAbs aient été approuvés par l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (US-FDA) pour le traitement du Covid-19, de nombreux mAbs plus récents sont actuellement à l’étude comme traitements potentiels. Cependant, les prix élevés et les volumes limités des mAbs devraient rester un obstacle à l’accès à ces médicaments dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Outre le tocilizumab, deux nouveaux mAbs antiviraux, le #casivirimab et l’#imdevimab, produits sous forme de cocktail par la société pharmaceutique américaine Regeneron, ont récemment démontré, lors d’un essai clinique, qu’ils réduisaient le risque de décès chez les patients séropositifs hospitalisés pour le Covid-19 qui étaient dans un état grave ou critique. Bien que ces mAbs ne soient pas encore recommandés par l’OMS, Regeneron a fixé le prix de ce cocktail à 820 dollars en Inde, 2 000 dollars en Allemagne et 2 100 dollars aux États-Unis.

    Le #sarilumba, autre mAbs recommandé par l’OMS aujourd’hui, fait l’objet d’une large protection par brevet au niveau mondial. Regeneron a demandé et obtenu des brevets sur le sarilumab et sa formulation dans au moins 50 pays à revenu faible ou intermédiaire, ce qui soulève des difficultés immédiates pour assurer une production et un approvisionnement continu par divers producteurs dans ces pays.

    « Avec plusieurs anticorps monoclonaux en cours de développement qui pourraient potentiellement être utiles dans la prévention et le traitement du Covid-19, mais aussi beaucoup d’autres déjà disponibles ou en cours de développement pour le traitement de nombreuses autres maladies, y compris divers cancers, les gouvernements doivent agir pour assurer une plus grande accessibilité et un prix plus abordable pour cette classe critique de médicaments. #MSF appelle également tous les gouvernements à surmonter les barrières de la propriété intellectuelle sur ces médicaments cruciaux en soutenant la "dérogation ADPIC" (« TRIPS waiver ») à l’Organisation mondiale du commerce et en poussant les sociétés pharmaceutiques à transférer la technologie à d’autres fabricants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire afin que davantage de personnes puissent avoir accès aux médicaments dont elles ont besoin pendant la pandémie et au-delà », conclut M. Potet.

    #pharma #sans_vergogne #complicité #dirigeants

  • Les grandes marges de la pharma avec les autotests

    Les pharmaciens et les distributeurs réalisent d’importantes marges avec les autotests pour le coronavirus, selon une enquête de la RTS. L’opération financée par la Confédération se révèle très onéreuse.

    Seize millions d’autotests pour le coronavirus ont été mis en circulation en Suisse depuis le mois d’avril, selon pharmaSuisse. Cinq unités sont fournies gratuitement chaque mois aux assurés du pays, aux frais de la Confédération.

    L’enquête du 19h30 débute dans une petite pharmacie de Lausanne, où les autotests distribués par le groupe pharmaceutique Roche en lot de 25 sont reconditionnés en lot de 5 unités, dans des sachets plastiques. La pharmacie perçoit 6 francs par sachet rempli par la comptable de l’établissement.

    « J’ai été un peu surprise par le prix. Il me semblait que c’était assez onéreux pour les assurances et la Confédération », explique Simone Golaz.

    Médecins lésés ?
    Avec ce travail et toutes les autres activités qui y sont liées, comme la distribution et le conseil, la marge du pharmacien sur l’autotest avoisine les 50%.

    Des chiffres qui font bondir les médecins. Ceux-ci s’estiment nettement moins bien payés pour vacciner.

    « Si quatre millions de Suisses vont chercher une fois par mois un sachet chez le pharmacien, ça revient à une marge pour les pharmaciens de 88 millions par mois, soit à peu près un milliard par année. Le prix paraît un peu exagéré », estime Philippe Eggimann, président de la Société vaudoise de médecine.

    « On ne vole personne »
    Pour les pharmaciens, ces émoluments, mêmes élevés, sont mérités. « J’ai l’impression qu’on ne vole personne. On a un gros travail qui est fait derrière de logistique, d’administratif, de soutien. Et il ne faut pas oublier que les pharmaciens étaient les premiers et les seuls à pouvoir faire rapidement ce travail, pendant les vacances de Pâques », rappelle Christophe Berger, président de la Société vaudoise de pharmacie.

    Facturé 12 francs, l’autotest Roche et sa distribution à la population suisse, après TVA, est rémunéré 5,60 francs au pharmacien et 5,50 francs au distributeur. Au total, avec la TVA, cela correspond à la virgule près au plafond tarifaire fixé par le Conseil fédéral pour les autotests dans l’ordonnance 3 sur les mesures destinées à lutter contre le coronavirus.

    Des chiffres qui interpellent Emidio Do Sacramento, PDG de l’entreprise Zenum. Celui-ci a développé au parc technologique Biopôle de Lausanne un test antigénique rapide homologué en Belgique.

    « Si on prend l’exemple d’un autotest de type sérologique ou antigénique, le coût de production ne dépasse pas les deux francs. Je pourrais vendre cet autotest à 2,20 francs au client final », indique-t-il.

    Nouvelle concurrence
    Le groupe Roche n’a pas souhaité s’exprimer sur le détail de ses prix. « Nous fixons nos prix de manière responsable afin qu’il n’y ait pas d’obstacle à l’accès pour les patients », répond l’entreprise aux sollicitations de la RTS.

    Les demandes de renseignement auprès de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) sont quant à elles restées sans réponse.

    La conseillère nationale vaudoise Léonore Porchet, membre de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique, regrette cette situation. « Ce qui est scandaleux, c’est la complicité de la Confédération avec la pharma, qui de tout temps lutte pour garder ses prix et ses marges. La Suisse est un des seuls pays qui s’est opposé à la suspension des brevets des vaccins, justement pour conserver les marges astronomiques de la pharma », relève l’élue verte.

    L’entreprise américaine BD, qui a domicilié son siège administratif à Eysins, près de Nyon, est le deuxième acteur à entrer sur le marché des autotests en Suisse, grâce à une autorisation obtenue auprès de Swissmedic. Malgré cette nouvelle concurrence, les prix ne devraient que peu varier. . . . . . . . . .

    Source : https://www.rts.ch/info/suisse/12250197-les-grandes-marges-de-la-pharma-avec-les-autotests.html

    #tests #autotests #Suisse #pharma #marge #bénéfices #santé #big_pharma #industrie_pharmaceutique #médicaments #brevets #corruption #big-pharma #médecine #multinationales #lobbying #covid-19

  • Levée des #brevets sur les #vaccins : Macron est « à la remorque des #Etats-Unis » | Public Senat
    https://www.publicsenat.fr/article/societe/levee-des-brevets-sur-les-vaccins-macron-est-a-la-remorque-des-etats-uni

    Signe que le revirement français est vraiment la conséquence de la décision américaine, le secrétaire d’Etat Cédric O exprimait, hier après-midi encore, au Sénat, l’opposition du gouvernement à la levée des brevets.

    [...]

    Laurence Cohen rappelle les gains exorbitants de certains laboratoires pharmaceutiques depuis le covid-19. « Pfizer, AstraZeneca et Johnson & Johnson ont versé en 2020 21,4 milliards d’euros en #dividendes et en rachat d’action. Cette somme permettrait de fournir le #vaccin à 1,35 milliard de personnes dans le monde », pointe la sénatrice PCF du Val-de-Marne.

    #France #comparses

  • Autour des brevets pour les vaccins anti-covid

    #Jérôme_Martin de l’Observatoire de la transparence médicale sur C ce soir, 06.05.2021 :

    « On a l’exemple du laboratoire Teva, un laboratoire israélien, un grand génériqueur israélien qui est en négociation depuis 3 mois avec les détenteurs de #brevets, qui ont refusé de déléguer la production. Si jamais ces brevets avaient été suspendus depuis le mois d’octobre - la première demande date du mois d’octobre... Depuis il y a eu 2 millions 300 miles morts dans le monde du #covid. Depuis cette période là on peut nous dire qu’il faut du temps, mais c’était depuis le mois d’octobre. On a pas de machine à remonter dans le temps pour réparer les erreurs et anticiper, faisons-le maintenant. Tout le monde le sait que ça prendra du temps et tout le monde sait que ce n’est pas la seule solution. La capacité de production au niveau mondiale, elle existe. Singapour, le Rwanda. La demande qui a été déposée en octobre est une demande de #suspension_provisoire des brevets. Elle est prévue par les accords de l’#OMC, par l’accord constitutif de l’OMC, l’article 9 de l’#accord_de_Marrakech, ça n’est pas la même chose que les licences obligatoires, qui sont des flexibilités qui sont déjà prévues. Les licences obligatoires, il n’y a pas besoin de passer par l’OMC pour avoir l’autorisation. La France pourrait le faire, ça n’a pas pas beaucoup d’intérêt dans ce cadre actuel parce que c’est national et qu’on a besoin d’une réponse mondiale. En levant les brevets, on permet à des laboratoires qui ont ces capacités de production de le faire. Ce qu’il faut ensuite, c’est qu’il y ait un #transfert_de_technologie. Il s’agit de quelque chose qui est au sein de l’accord de l’OMC, ça n’est pas du communisme, ce n’est pas la révolution. La décision de Biden est historique mais on reste dans un cas très contraint.
    (...)
    Elle est où la #légitimité des brevets quand il y a autant d’argent public qui a été investi ? »

    https://twitter.com/Ccesoir/status/1390418342448488451

    #propriété_intellectuelle #coronavirus

  • Uǧur Şahin und Özlem Türeci – wer sind unsere „Heilsbringer“ ?
    https://didf-jugend.de/ugur-s%cc%a7ahin-und-oezlem-tuereci-wer-sind-unsere-heilsbringer

    Cet article explique pourquoi la fortune des inventeurs du vaccin Biontec est bâti sur la misère de millions d’hommes et de femmes qui ne peuvent pas payer le prix élevé des vaccins protégés par des brevets. Au fond ces miiliardaires ne sont ni Turcs ni Allemands mais simplements des capitalistes et exploiteurs.

    4. Mai 2021 ,von Sedat Kaya - Es gibt nur wenige Dinge, nach denen sich die Menschen seit dem Ausbruch der Corona-Pandemie so sehr gesehnt haben, wie einen erfolgreichen Impfstoff gegen den Virus. Am 9. November 2020 war es dann soweit: das Mainzer Unternehmen Biontech meldete den weltweit ersten großen Durchbruch in der Forschung für den Impfstoff. Die „Köpfe“ dieser bahnbrechenden Entdeckung: das Forscher- und Ehepaar Uǧur Şahin und Özlem Türeci. Sie werden von der Financial Times als „Personen des Jahres“ und vom Spiegel als „Heilsbringer“ auf der Titelseite ihrer Zeitschrift hochgelobt. Insbesondere Şahin, Sohn einer türkeistämmigen Gastarbeiterfamilie, wird heuchlerisch von den gleichen Medien als Musterbeispiel der Integration gelobt, die in ihrer Vergangenheit schon oft genug gegen Migranten gehetzt haben. Was ist dran an dem Bild der beiden Forscher, die auf der einen Seite wahrscheinlich Millionen von Leben retten und damit auf der anderen Seite Milliarden von Dollars verdienen?

    Zum Hintergrund: ein Patent ist ein sogenanntes „gewerbliches Schutzrecht“ für eine Erfindung. Das bedeutet, dass jemand, der eine Erfindung macht, z.B. den Impfstoff „BNT162b“, diese bei einem Patentamt „offenlegt“. Durch diese Offenlegung stellt der Erfinder, z.B. das Unternehmen Biontech, seine Erfindung dar und verpflichtet sich, die entsprechenden Informationen frei zugänglich zu machen. Im Gegenzug erhält der Erfinder ein Patent, ein zeitlich-befristetes Monopol (alleiniges Vorrecht), das ihn dazu berechtigt, anderen die Nutzung der Erfindung für 20 Jahre zu untersagen bzw. eine Gebühr dafür zu verlangen. So weit so gut.

    „Patente töten!“

    Was zunächst als ein wichtiger Schutz für Erfinder aussieht, nützt faktisch insbesondere großen Unternehmen, die mit riesigen Forschungsabteilungen ein Patent nach dem anderen anmelden und damit ihre Monopolstellung auf dem Markt sichern. Insbesondere die Pharma-Industrie entwickelt vor allem Medikamente, die hohe Gewinne in lukrativen Märkten versprechen und macht durch Patente an medizinischen Produkten Milliardengewinne, in dem sie sich die Produktion und den Verkauf von lebensnotwendigen Medikamenten sichert, vor allem in der Krebstherapie. Bei Biontech sind das, neben dem Konzern selbst, die beiden Kooperationspartner Pfizer aus den USA und Fosun aus China, die sich bei der Entwicklung des Impfstoffes aus ihrem investierten Kapital einen großen Teil vom Kuchen abschneiden möchten.

    Deshalb haben die Gesundheits- und Menschenrechtsorganisationen medico international und Bundeskoordination Internationalismus (BUKO) gemeinsam mit vielen Unterzeichnern eine Erklärung mit dem Titel „Patente töten!“ veröffentlicht, die von zahlreichen Personen, die in der Öffentlichkeit stehen und Organisationen unterschrieben worden ist und mit der sie auf genau dieses Problem hinweisen: „Das Patentsystem hat die Wissensproduktion im medizinischen Bereich auf Gewinnmaximierung und Kapitalerträge ausgerichtet und nicht auf die Erforschung und Entwicklung lebensrettender Medikamente und deren gerechte Verteilung.“

    Und gerade in der Zeit der Corona-Pandemie ist das Patentsystem besonders tödlich. Das bedeutet konkret, dass sich z.B. die Produktion des Biontech-Impfstoffes „BNT162b“ auf den Konzern selbst beschränkt und nur gegen kostenpflichtige Lizenzen durch andere produziert werden darf. Damit können nicht ausreichende und kostengünstige Impfstoffe für alle produziert werden, insbesondere nicht für ärmere Länder. Zahlreiche Länder werden deshalb wahrscheinlich noch lange warten müssen, bevor sie ihre Bevölkerung impfen können – obwohl der Impfstoff bereits da ist und durch eine Freigabe des Patents in notwendiger Menge produziert werden könnte. In der Erklärung heißt es deshalb weiter: „Um Covid-19 tatsächlich erfolgreich entgegentreten zu können, müssen die Regierungen der Welt die Rahmenbedingungen dafür schaffen, dass Forschung transparent erfolgt und medizinisches Wissen und seine Endprodukte als Gemeingut der Menschheit betrachtet werden. Dies ist die unabdingbare Voraussetzung dafür, Medikamente zur Behandlung von Covid-19 und einen Impfstoff mit der gebotenen Sorgfalt zu entwickeln, flächendeckend zu produzieren und gerecht verteilen zu können.“

    Durch Patente werden Erfindungen, die eigentlich dem Wohle aller zugutekommen könnten, zu Waren gemacht und den Regeln des Marktes unterworfen. Häufig wird dies mit Argumenten legitimiert, wie z.B. „Innovation muss belohnt werden“ oder „wer das Risiko eingeht, soll auch daran verdienen dürfen“. Doch ist Geld die einzige Motivation, die ein ehrlicher Forscher haben kann? Und ist so ein Verständnis unseren hochgelobten Forschern würdig, die als „Personen des Jahres“ und „Heilsbringer“ einen Preis nach dem anderen erhalten?

    „Kann man die Sonne patentieren?“

    Dr. Jonas Salk, Entdecker des Impfstoffs gegen Kinderlähmung, antwortete in einem Interview im Jahre 1955 auf die Frage, wem das Patent auf den Impfstoff gehöre: „Naja, ich würde sagen, den Menschen. Es gibt kein Patent. Könnte man die Sonne patentieren?“. Im Jahr zuvor gab es in den USA über 50.000 Tausend Fälle von und 3.145 Tote durch Kinderlähmung. Salk, Sohn einer armen Familie mit russisch-jüdischen Migrationshintergrund, konnte nur durch ein Stipendium die Universität besuchen und Medizin studieren. Den Impfstoff, den er Jahre später entwickelte, testete er auch an sich selbst. Er verzichtete auf die Anmeldung eines Patents und damit ein Vermögen von schätzungsweise 7 Milliarden Dollar. Damit ermöglichte er gleichzeitig eine nahezu vollständige Ausrottung der Krankheit.

    Ein anderes Beispiel für diese Art von Forschung ist der Schweizer Dr. Didier Pittet. Er hatte 1994 beobachtet, dass die Handhygiene bei medizinischem Personal zu kurz kam, weil es zu viel Zeit in Anspruch nahm, wenn Pfleger sich wie empfohlen zwischen der Behandlung von jedem Patienten ein bis zwei Minuten die Hände waschen müssen. Durch das von ihm entwickelte Handdesinfektionsgel, das viele von uns heute wie selbstverständlich bei sich tragen, gingen die Infektionen um 50 Prozent zurück. Nach Schätzung der WHO werden durch Pittets Erfindung jedes Jahr das Leben von bis zu acht Millionen Menschen gerettet. Auch er hat verzichtet ein Patent anzumelden: „Die Handhygiene ist zu simpel und zu wichtig, um sich das patentieren zu lassen“ sagte er gegenüber der französischen Zeitung „Le Temps“.

    Was ist nun mit unseren „Vorbildern“?

    Der Biontech-Impfstoff ist ein wichtiger Durchbruch im Kampf gegen die Corona-Pandemie, keine Frage. Doch sind Şahin und Türeci die „Heilsbringer“, für die sie gehalten werden? Eigentlich dürften bei solchen Debatten nicht Einzelpersonen im Vordergrund stehen, weil ein ganzes System des Profits dahintersteckt. Doch werden beide so sehr in den Vordergrund geschoben, dass man sich auf sie als Personen beziehen muss. Und da bleibt zu sagen: solange Şahin und Türeci nicht auf ihren Profit aus ihrer Forschung verzichten, sind sie erstmal nichts Weiteres als Unternehmer. Die oben angeführten Beispiele zeigen, dass die Forschung zum Wohle der Menschheit nicht voraussetzt, damit Geld zu verdienen. Vielmehr sind Patente und der damit verbundene Profit eine große Hürde dabei, dem eigentlichen Ziel der Forschung gerecht zu werden: Leben zu retten.

    Und auch als Vorbilder der Integration taugen sie nicht: die türkeistämmige Jugend, die sich die Milliardäre Şahin und Türeci angeblich zum Vorbild nehmen soll, hat nichts gemeinsam mit der türkeistämmigen Jugend, die täglich rassistische und soziale Ausgrenzung in Betrieb, Stadtteil, Schule und Universität erfährt, die von Arbeitslosigkeit und Perspektivlosigkeit bedroht ist. Denn nirgendswo spielt es in den Medien eine große Rolle, dass Şahin und Türeci inzwischen auch mehrere hundert Patente halten, zu den 100 reichsten Menschen in Deutschland gehören und das Nettovermögen von Şahin (Vorstandsvorsitzender und CEO von Biontech) auf 5,2 Milliarden US-Dollar (Forbes) geschätzt wird. Man sieht also: außer unserer ähnlich klingenden Nachnamen verbindet uns daher nichts. In Erinnerung werden uns deshalb diejenigen Wissenschaftler und Forscher bleiben, die nicht den Profit, sondern nur eine Sache im Sinn hatten und haben: das Wohl der Menschheit.

    #capitalisme #maladie #covid-19 #brevets #exploitation

  • Gregg Gonsalves sur Twitter : “Lots of old #canards re: patents, capacity & global South. Will kill innovation, IP not problem, South can’t manufacture. Strange thing about ddiamond’s piece is that these excuses being made by those w/ huge conflicts of interest, but taken @ face value. https://t.co/wWVpbkXX5o” / Twitter
    https://twitter.com/gregggonsalves/status/1388212480145559552

    #brevets #propriété_intellectuelle #pseudo_journalisme #conflit_d’intérêt

  • Opinion | The World Needs Many More Coronavirus Vaccines - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2021/04/24/opinion/covid-vaccines-poor-countries.html

    Companies and countries are hoarding both raw materials and technical expertise, and have prevented poorer nations from suspending patents despite international treaties that allow for such measures in emergencies.

    En dehors de la suspension des #brevets les auteurs recommandent :

    Share technology and resources

    Ce à quoi les détenteurs de la #propriété_intellectuelle répondent que leurs réticences sont d’ordre purement patriotiques,

    Vaccine makers say IP waiver could hand technology to China and Russia | Financial Times
    https://www.ft.com/content/fa1e0d22-71f2-401f-9971-fa27313570ab

    #covid-19 #vaccins #vaccination

  • Course au #vaccin : la propriété intellectuelle, c’est le « vol » qui freine l’innovation
    https://theconversation.com/course-au-vaccin-la-propriete-intellectuelle-cest-le-vol-qui-freine

    Pourquoi ces deux Davids [BioNtech et Moderna, à l’origine de #vaccins basés sur l’ARN messager] des biotechnologies ont-ils terrassé, en matière d’innovation vaccinale contre la Covid-19, les Goliaths de l’industrie pharmaceutique ? Notre réponse : le régime légal de détention de la propriété intellectuelle freine l’innovation par les grandes entreprises.

    [...]

    Pour pasticher le père de l’anarchisme, Pierre-Joseph Proudhon, dans une société de la #connaissance, la #propriété_intellectuelle est « le #vol ». Elle dépossède en effet les chercheurs-salariés de leurs connaissances au #profit des #actionnaires des grands groupes. Cette #expropriation nuit à l’innovation car les réels détenteurs de la connaissance, à savoir les chercheurs-salariés des grandes entreprises n’ont aucune incitation à innover et les employeurs qui sont les détenteurs légaux des #brevets ne détiennent pas l’ensemble des connaissances tacites nécessaires à l’exploitation de l’invention.