#brown_tech

  • Au Testet : « Ils m’ont écrasé la tête sur le bitume en me disant que je n’étais qu’une merde » - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6252

    J’ai 19 ans, je suis étudiante en 2e année de licence de droit à l’université Champollion d’Albi. Depuis quelques temps, je participe à la mobilisation contre le barrage inutile du #Testet. Ce matin, sur la ZAD du Testet, au lever, avec quelques dizaines de personnes, nous avons décidé de nous grouper pour ralentir la progression des gendarmes et bucherons qui menaçaient d’arriver sur le site par la route départementale D999.

    Vers 8 heures et quart, nous avons vu arriver de nombreux fourgons chargés de gardes mobiles et des voitures de gendarmerie. Au total, une bonne cinquantaine. À peine étaient-ils sortis des fourgons qu’ils brandissaient déjà leurs boucliers et leurs matraques télescopiques. Ils ont directement chargé sur nous, sans sommation. La plupart des militants ont aussitôt reculé. Avec Alain, mon voisin de circonstance, nous sommes restés pour nous opposer de manière non-violente. Mais nous n’étions plus que deux devant eux.

    J’ai reçu un premier coup de tonfa sur la fesse droite, la douleur m’a immobilisé par terre quelques instants. Les gendarmes ont alors continué à me tabasser au sol. Alors qu’Alain tentait de s’interposer, ils s’en prirent violemment à lui en disant : « On n’en n’a rien à foutre, qu’elle crève et toi aussi, tu n’as qu’à crever ». Ils s’en sont alors pris à ses jambes. Il a protesté expliquant un problème de santé au genou. Leurs coups ont alors redoublé sur sa rotule déjà meurtrie.

    Avant que je ne puisse réagir, ils m’ont tiré par les cheveux sur vingt mètres et m’on plaqué sur le dos en m’insultant copieusement : « Salope, connasse. Tu ferais mieux d’aller travailler ». Ils étaient extrêmement agressifs, quatre ou cinq sur moi et une trentaine autour. Ils ont continué de m’engueuler et m’ont ensuite frappé ma tête contre le sol à coups de pied.

    Ils m’ont ensuite hurlé dessus en me reprochant de ne pas me mettre sur le ventre, alors qu’ils m’empêchaient tout mouvement. L’un d’entre eux a sorti un couteau et tranché les lanières de mon sac à dos et de ma sacoche. L’un d’entre eux m’a écrasé la tête sur le bitume avec son pied et m’a répété : « On n’en a rien à foutre que tu crèves, pauvre connasse ». Il a alors écrasé ma tête avec ses rangers comme si j’étais une merde. C’était impressionnant, je pensais que je n’allais pas m’en tirer.

    Tout s’est passé très vite. Mais je me souviens qu’il était 8 heures 30 du matin quand ils m’ont passé les menottes m’ont signifié ma mise en garde à vue. Ils m’ont alors appris que j’étais accusée d’avoir lancé un cocktail molotov sur eux. Au cours des événements, je n’ai pas pu tout voir, mais si j’ai bien vu une bouteille vide brisée par terre à un moment donné, j’ai réagi de manière non violente et je n’ai certainement pas lancé de cocktail molotov.

    Une fois en garde à vue, j’ai fait valoir mes droits et j’ai pu avertir mes proches, voir un médecin qui a listé toutes mes contusions, puis disposer d’un avocat, que j’ai préféré commis d’office. J’ai été relâchée au bout de quatre heures, mon interpellation n’ayant aucun fondement. Alain a quant à lui été accusé indûment d’avoir jeté des pierres et a été relâché lui aussi au bout de quelques heures. J’ai encore beaucoup d’hématomes, je boite un peu mais je n’ai aucune lésion interne. Je m’appelle Nad’, je suis étudiante et je m’oppose à la construction du barrage du Testet.

    #gpii #terrorisme_d'état #déshumanisation #barbarie

  • Thierry Carcenac : « Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement bête » - 27/10/2014 - LaDépêche.fr
    http://www.ladepeche.fr/article/2014/10/27/1980186-thierry-carcenac-mourir-idees-est-chose-est-quand-relativement-bet

    « L’arrêt total du projet de barrage à #Sivens aurait des conséquences sur l’indemnisation aux entreprises. La reconfiguration du projet pose d’autres problèmes juridiques », a indiqué le président du conseil général du Tarn lors d’une conférence de presse. Il indique toutefois partager les préconisations des experts.

    En ce qui concerne le dramatique décès de Rémi, le jeune Toulousain mort sur le coup dans la nuit de samedi à dimanche, à cause d’une explosion d’origine indéterminée, Thierry Carcenac a déclaré : « Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête ». Néanmoins, je tiens à dire que je comprends et que je me mets à la place des parents dans cette situation".

    #salauds

  • Biden says US considering extending support to Ukraine in various areas
    http://www.kyivpost.com/content/ukraine/biden-says-us-considering-extending-support-to-ukraine-in-various-areas-35

    Ukrainian President Petro Poroshenko has had a telephone conversation with U.S. Vice President Joseph Biden, during which they discussed the situation in Donbas and the progress of the international inquiry into the circumstances of the crash of the Malaysia Airlines MH17 flight.

    Tiens, au hasard : augmenter l’indépendance énergétique de l’Ukraine en aidant le développement du gaz de schiste.

    Company In Which US Vice President Joe Biden’s Son Is Director Prepares To Drill Shale Gas In East Ukraine | Global Research
    http://www.globalresearch.ca/company-in-which-us-vice-president-joe-bidens-son-is-director-prepares-to-drill-shale-gas-in-east-ukraine/5393403

    Finally, recall our story from May that Joe Biden’s son, Hunter, just joined the board of the largest Ukraine gas producer Burisma Holdings.

    (…)
    R. Hunter Biden will be in charge of the Holdings’ legal unit and will provide support for the Company among international organizations. On his new appointment, he commented: “Burisma’s track record of innovations and industry leadership in the field of natural gas means that it can be a strong driver of a strong economy in Ukraine. As a new member of the Board, I believe that my assistance in consulting the Company on matters of transparency, corporate governance and responsibility, international expansion and other priorities will contribute to the economy and benefit the people of Ukraine.

    Burisma Holdings is a privately owned oil and gas company with assets in Ukraine and operating in the energy market since 2002. To date, the company holds a portfolio with permits to develop fields in the Dnieper-Donets, the Carpathian and the Azov-Kuban basins.

  • « Défendre nos villes contre les ravages du techno-capitalisme »
    http://www.lemonde.fr/technologies/article/2014/05/01/defendre-nos-villes-contre-les-ravages-du-techno-capitalisme_4410220_651865.

    Pourquoi avez-vous commencé à protester ?

    Etre témoin des expulsions de locataires à San Francisco, assister à la prolifération des technologies de surveillance, voir de nos yeux la dévastation de l’environnement a suffi à nous pousser à agir. Nous ne pouvions plus rester assis et regarder cette dynamique d’exploitation et d’avarice s’étendre sans rien faire.

    #anarchie #technologie #siliconvalley #surveillance

  • Crash on Demand: Welcome to the Brown Tech Future
    http://permaculturenews.org/2014/01/16/crash-demand-welcome-brown-tech-future

    My argument is essentially that radical, but achievable, behaviour change from dependent consumers to responsible self reliant producers (by some relatively small minority of the global middle class), has a chance of stopping the juggernaut of consumer capitalism from driving the world over the climate change cliff.

    [...] this could happen by reducing consumption and capital enough to trigger a crash of the fragile global financial system. This provocative idea is intended to increase understanding while taking the risk that the argument could turn people away from permaculture as positive environmentalism, and brand me a lunatic, if not a terrorist.

    #David_Holmgren
    #permaculture #climat #énergie

    • Brown tech; Here and now

      So, a decade after our “debate” I have to concede that Peter Harper was right about the climate emergency, and that so far, Peak Oil has accelerated GGE through the rapid development of coal, non-conventional oil and gas along with the biofuel fiasco. (9) Maybe those discussions with Peter had a substantial influence on Future Scenarios because only 5 years after I wrote the scenarios I have come to the conclusion that the Brown Tech world (of Severe climate change but Slow decline in energy ) is already emergent.

      Pour rappel :

      Brown Tech Scenario

      The political system could be described as Corporatist or Fascist (which Mussolini described as a merger of state and corporate power).

      The tendency in existing systems for massive centralised investment by corporations and governments, give priority to getting more energy out of lower grade non-renewable resources (eg. tar sands, coal and uranium) and biofuels from industrial agriculture and forestry. “Breakthrough” technologies provide the constant promise of a better future but much of the investment in energy harvesting accelerates global warming, at least in the short term.

      http://www.futurescenarios.org/content/view/28/48/index.html

    • La nécessité d’utiliser des masses considérables pour réaliser d’urgence le maximum de puissance crée dans l’armée moderne une société d’un type nouveau, société massive et organisée qui n’obéit qu’à des fins pratiques. Que le système militaire s’étende à la vie civile, et la société totalitaire est née : or, le propre de la guerre moderne est de s’étendre à tout. L’obligation et la volonté d’être efficace y imposent une mobilisation grandissante des hommes et des biens. Cette tâche, chaque jour plus considérable et complexe, absorbe les esprits dans l’immédiat, au moment où la décadence des religions déchaîne une soif d’action pratique que la guerre peut seule apaiser. Ainsi la guerre va jusqu’au bout de l’espace et du temps, jusqu’au bout de la société, jusqu’au bout de la morale. Sous la pression, et dans le culte de la nécessité, elle centralise tous les pouvoirs entre les mains d’une seule direction politique ; afin d’obtenir un rendement maximum elle substitue au libre jeu de la société le plan et l’organisation méthodique de toutes les fonctions.

      http://seenthis.net/messages/285552

  • Une famille de Kiribati qui demandait l’asile "climatique" en Nouvelle-Zélande a été déboutée...

    http://www.aftenposten.no/nyheter/uriks/Klimaflyktninger-avvist-pa-New-Zealand-7385550.html

    Le juge qui a refusé la demande d’asile admet que Kiribati est menacée par le changement climatique, et comprend que les demandeurs se sentent menacés par la montée inexorable des eaux. Le problème est que Teitiota et sa famille ne répondent pas aux critères exigés par la Convention sur les réfugiés pour obtenir le statut de réfugié.

    - Ce n’est pas le rôle de la Cour de redéfinir et d’étendre les dispositions de la Convention sur les réfugiés, a dit le juge. C’est aux législateurs de le faire. Si les dispositions de la Convention devaient être étendues, je ne peux que mettre en garde les législateurs contre les conséquences d’un tel changement de la loi pour notre pays.

    - Dans la Convention sur les réfugiés , souligne encore le juge Priestley, un réfugié est défini comme une personne qui craint d’être persécutée pour des motifs de race, de religion, de nationalité, pour son appartenance à un groupe social particulier ou pour ses opinions politiques. La Convention sur les réfugiés ne comprend pas actuellement les personnes qui se sentent "persécutées par le changement du climat" ironise-t-il pour conclure.

    Quelle générosité...

    –—

    « Klimaflyktninger » avvist på New Zealand - Aftenposten

    En familie fra stillehavsøya Kiribati har forsøkt å få status som verdens første klimaflyktninger. Men mottakerlandet, New Zealand, er ikke overbevist.

    #climat #nouvelle-zélande #kiribati #mer #océan #pacifique #réfugiés #réfugiés_climatiques #asile #cynisme

  • A Practical Utopian’s Guide to the Coming Collapse | David Graeber | The Baffler
    http://www.thebaffler.com/past/practical_utopians_guide

    What is a revolution? We used to think we knew. Revolutions were seizures of power by popular forces aiming to transform the very nature of the political, social, and economic system in the country in which the revolution took place, usually according to some visionary dream of a just society. Nowadays, we live in an age when, if rebel armies do come sweeping into a city, or mass uprisings overthrow a dictator, it’s unlikely to have any such implications; when profound social transformation does occur—as with, say, the rise of feminism—it’s likely to take an entirely different form. It’s not that revolutionary dreams aren’t out there. But contemporary revolutionaries rarely think they can bring them into being by some modern-day equivalent of storming the Bastille.

    P.S. Merci http://seenthis.net/messages/184058

    • If, on the other hand, we stop taking world leaders at their word and instead think of neoliberalism as a political project, it suddenly looks spectacularly effective. The politicians, CEOs, trade bureaucrats, and so forth who regularly meet at summits like Davos or the G20 may have done a miserable job in creating a world capitalist economy that meets the needs of a majority of the world’s inhabitants (let alone produces hope, happiness, security, or meaning), but they have succeeded magnificently in convincing the world that capitalism—and not just capitalism, but exactly the financialized, semifeudal capitalism we happen to have right now—is the only viable economic system. If you think about it, this is a remarkable accomplishment.

      How did they pull it off? The preemptive attitude toward social movements is clearly a part of it; under no conditions can alternatives, or anyone proposing alternatives, be seen to experience success. This helps explain the almost unimaginable investment in “security systems” of one sort or another: the fact that the United States, which lacks any major rival, spends more on its military and intelligence than it did during the Cold War, along with the almost dazzling accumulation of private security agencies, intelligence agencies, militarized police, guards, and mercenaries. Then there are the propaganda organs, including a massive media industry that did not even exist before the sixties, celebrating police. Mostly these systems do not so much attack dissidents directly as contribute to a pervasive climate of fear, jingoistic conformity, life insecurity, and simple despair that makes any thought of changing the world seem an idle fantasy. Yet these security systems are also extremely expensive. Some economists estimate that a quarter of the American population is now engaged in “guard labor” of one sort or another—defending property, supervising work, or otherwise keeping their fellow Americans in line. Economically, most of this disciplinary apparatus is pure deadweight.
      In fact, most of the economic innovations of the last thirty years make more sense politically than economically. Eliminating guaranteed life employment for precarious contracts doesn’t really create a more effective workforce, but it is extraordinarily effective in destroying unions and otherwise depoliticizing labor. The same can be said of endlessly increasing working hours. No one has much time for political activity if they’re working sixty-hour weeks.

      #brown_tech #néolibéralisme #oligarchie #surveillance
      #histoire #longue_durée

    • it’s only when we reject the idea that such labor is virtuous in itself that we can start to ask what is virtuous about labor. To which the answer is obvious. Labor is virtuous if it helps others. A renegotiated definition of productivity should make it easier to reimagine the very nature of what work is, since, among other things, it will mean that technological development will be redirected less toward creating ever more consumer products and ever more disciplined labor, and more toward eliminating those forms of labor entirely.
      At the moment, probably the most pressing need is simply to slow down the engines of productivity. This might seem a strange thing to say—our knee-jerk reaction to every crisis is to assume the solution is for everyone to work even more, though of course, this kind of reaction is really precisely the problem—but if you consider the overall state of the world, the conclusion becomes obvious. We seem to be facing two insoluble problems. On the one hand, we have witnessed an endless series of global debt crises, which have grown only more and more severe since the seventies, to the point where the overall burden of debt—sovereign, municipal, corporate, personal—is obviously unsustainable. On the other, we have an ecological crisis, a galloping process of climate change that is threatening to throw the entire planet into drought, floods, chaos, starvation, and war. The two might seem unrelated. But ultimately they are the same. What is debt, after all, but the promise of future productivity? Saying that global debt levels keep rising is simply another way of saying that, as a collectivity, human beings are promising each other to produce an even greater volume of goods and services in the future than they are creating now. But even current levels are clearly unsustainable. They are precisely what’s destroying the planet, at an ever-increasing pace.
      Even those running the system are reluctantly beginning to conclude that some kind of mass debt cancellation—some kind of jubilee—is inevitable.

      #dette #productivité #critique_techno #crise #climat

    • Occupy was surely right not to make demands, but if I were to have to formulate one, that would be it. After all, this would be an attack on the dominant ideology at its very strongest points. The morality of debt and the morality of work are the most powerful ideological weapons in the hands of those running the current system. That’s why they cling to them even as they are effectively destroying everything else. It’s also why debt cancellation would make the perfect revolutionary demand.

  • « La crise est une arnaque, un récit inventé par une oligarchie mondiale » - Libération

    Pour l’intellectuel Patrick Viveret, il est nécessaire de « mettre en scène et en chaîne » les initiatives populaires.

    http://www.liberation.fr/politiques/2013/09/13/la-crise-est-une-arnaque-un-recit-invente-par-une-oligarchie-mondiale_931

    En fait, comme l’ont pointé les Indignés, la crise est une arnaque. C’est le récit qu’a inventé une oligarchie mondiale pour préserver ses intérêts alors que le monde est bousculé par cette « grande transformation ».

    Cela passe notamment par le discours sur la dette. Michel Rocard et Pierre Larrouturou l’ont montré dans un livre récent : le processus de la dette est apparu avec les politiques reaganiennes et thatchériennes. Et cela relève davantage de l’escroquerie en bande organisée que de la crise.

    #capitalisme #crise_financir #dette

    • Je pense aussi depuis le début qu’il n’y a pas crise, mais mise en scène d’une panique qui a permis de mettre en place un programme de transfert massif des ressources du bas vers le haut particulièrement efficace.
      Je pense aussi qu’il s’agit là de la solution qui a été pensée et mise en œuvre délibérément en réponse à la problématique aigüe d’accès aux ressources communes et plus particulièrement au pétrole. Nous sommes dans une civilisation à 100 % dépendante du pétrole... bon marché.

      L’effort de conversion économique de notre société vers un modèle moins énergivore nécessite la mobilisation immédiate du gros nos ressources économiques et la fin très rapide de la société du gaspillage.
      Le truc, c’est que ce genre de mutation implique forcément une redistribution des cartes politiques, économiques et sociales. Or, comme chacun le sait, le changement de paradigme dans une civilisation implique immanquablement le déclin immédiat de la classe dominante. La classe dominante, c’est précisément ceux qui profitent le plus du modèle du gaspillage et donc qui ont le moins intérêt au changement.

      Donc, pour maintenir leur position dominante, leur mode de vie et leur privilège, l’autre solution consiste généralement à réduire drastiquement le nombre de convives autour du banquet. Moins de gaspilleurs = plus de ressources à gaspiller et plus longtemps. Ça implique de rendre les ressources inaccessibles de manière économique, dans un premier, puis par la violence, dans un second temps.

      Si l’on observe concrètement la manière dont « fonctionne » l’actuelle « crise économique », il est notable que son premier effet visible est de virer un maximum de monde de la table du banquet tout en concentrant les ressources sur ceux qui restent attablés.

      Je sais, ça fait complotiste, cet aimable vocable qui sert précisément à disqualifier toute parole remettant en cause l’aspect impartial, inéluctable et « naturel » de la crise en cours. Pourtant, il n’est pas très compliqué de percevoir que toutes les décisions prises depuis 2007 consistent non seulement à prolonger l’état de crise, mais immanquablement à l’amplifier et que toute suggestion pour un autre mode de fonctionnement, un autre paradigme socioéconomique, est immanquablement rejeté, disqualifié et non pris en compte.

      Il serait particulièrement naïf, à mon sens, de croire que les classes dirigeantes internationales cultivent l’entre-soi et la réunionite aigüe uniquement pour faire la teuf, parler de la météo ou œuvrer pour le bien commun, dont il a pourtant été maintes fois démontré qu’elles n’en ont rigoureusement rien à cirer.

      En fait, je dirais que la crise actuelle n’est jamais que du story telling destiné à occulter le fait que l’ensemble des politiques actuelles convergent selon toute logique vers un retour à la féodalité !

    • Pour rebondir plus sérieusement sur la réflexion de @monolecte et la question de la préméditation, je crois qu’il y a vraiment une posture idéologique sincère, qui convainc beaucoup de ces nantis qu’ils sont du côté de la vertu et non du vice. Ils ne complotent pas (tous) de façon cynique, mais ils mettent en oeuvre le pouvoir qu’ils ont pour organiser le monde de la façon qui va conforter à la fois leur situation matérielle et leurs paradigmes idéologiques.
      La pensée de droite c’est quand même « marche ou crève », dans leur pensée faut se souvenir que le danger vient des faibles, que si on s’oppose à la sélection naturelle, si on ne se plie pas à la justice du « mérite » (les riches méritent ce qu’ils ont, et les autres n’ont que ce qu’ils méritent), on risque de déclencher la colère des dieux, nous serons des peuples de dégénérés en proie aux famines et épidémies.

      Ainsi, le climat de crise a l’immense avantage de créer ce climat anxiogène de fin du monde qui correspond à leur paradigme d’existence, ça les conforte dans leur idée du droit chemin, de mérite, pour occulter l’injustice. Et ça leur permet effectivement de continuer à jouir des privilèges d’élus des dieux à ce fameux banquet restreint avec une bonne conscience galvanisée.

    • Féodalité, peur de l’an mille, peur de l’enfer... C’est étonnant d’en être revenu à un tel niveau d’irrationalité de la part du grand nombre. Quoique la masse d’informations qui nous submerge n’est pas forcément étrangère à cette sorte de comportement de lapin ébloui par les phares d’une voiture... tellement de lumière qu’il devient impossible de décider où aller, donc immobilité et irrationalité.
      Hier, il y avait la discussion à ce sujet sur Arte... A propos des médecins, et de leur façon de gérer la masse d’informations qui leur parviennent, avec cette étude qui a recensé toutes ces informations, et qui a tenté d’en discerner l’utile de l’inutile ou du carrément néfaste. En définitive, entre les courriers des labos, les documents laissés par les visiteurs médicaux, les prospectus... moins de 5% du total se révélait pertinent. Le reste pouvant se révéler contre-performant. Comment un humain normal (comme un médecin) réagit à ce flot ? Il se noie ? Choisi au hasard les informations qu’il décidera de prendre pour pertinentes ? Ignore tout simplement ?
      Bref.

    • C’est vrai que c’est pas très nouveau ce discours, a la cga et ailleurs, je disais que cette crise existe, puisque le capitalisme a besoin de toute façon de ses crises pour se renouveler, qu’elle font partie de son histoire. Mais cette crise est aussi avant tout « la convention d’une crise ». En fait, les banquiers et les actionnaires savaient que ça allaient pas, mais tant qu’ils pouvaient se faire du profit sur le dos du problème, ils ne disaient rien. Jusqu’au jour ou ils se sont rendu compte qu’ils allaient pas pouvoir récupérer des trucs a eux. Alors, et alors seulement, c’est avant tout pour eux-même qu’ils ont déclaré et acté qu’il y avait une crise. Histoire de récupérer leur pognon.

    • Ce qu’il y a de nouveau, c’est la grille de lecture par le #pétrole. Oui, le capitalisme exploite, confisque, détruit, etc. Mais la croissance exponentielle de la population, de la richesse et du gâchis s’est concentrée en très peu de temps à l’échelle même de notre histoire et encore plus de notre espèce, simplement parce que nous avons eu du pétrole : une énorme source d’énergie très efficace et très bon marché... jusqu’à présent. La quasi-totalité du système actuel repose uniquement sur le rendement énergétique et la plasticité du pétrole. Tout le reste a vocation à s’effondrer brutalement en cas de rupture de l’approvisionnement. La crise réelle actuelle, c’est la redistribution des cartes en fonction de cet unique facteur.

      Ce qu’il y a de bien avec la grille de lecture du pétrole, c’est que dès qu’on l’applique, des tas de décisions, d’événements, de tendances, face auxquelles on ne voyait aucune cohérence, aucune ligne directrice, que l’on pouvait trouver absurdes, illogiques, deviennent brutalement totalement rationnelles.
      Même le despotisme hydraulique (l’accès à l’eau est le second enjeu majeur en cours de notre civilisation) dépend largement de l’accès au pétrole, comme j’ai pu le tester lors de la tempête Klaus.

      La fin du pétrole bon marché implique 3 scénarios possibles :

      Anticipation totale : on décide de piloter le changement de paradigme en amont et pour la totalité de la population. Cela signifie, concrètement, qu’on devrait déjà, à l’heure actuelle, avoir consacré le gros de nos ressources financières, intellectuelles et énergétiques à développer de nouvelles solutions en vue d’une transition énergétique globale et un atterrissage en douceur. Personnellement, je ne vois rien de tel.

      Aucune anticipation : on ne voit rien, on ne décide de rien et on continue sur la même lancée, jusqu’au décrochage des prix des matières premières. Là, c’est une correction brutale, globale et le retour rapide à la société pré-pétrole... sauf qu’il n’y pas de retour possible, parce que le pétrole a créé la dépendance à l’énergie facile et abondante, à la chimie, à la mobilité forcenée. Autrement dit, beaucoup des savoir-faire, savoir-être et savoir-vivre de l’époque antérieure au pétrole sont perdus et là, c’est la méga merde comme vous ne l’avez jamais envisagé dans le pire de vos cauchemars. À côté, The Walking Dead, ça fait piquenique à la sauce Teletubbies. Cela dit, si c’était le cas, le monde ne serait qu’un vaste supermarché hédoniste lancé à tombeau ouvert vers le précipice. Bon, c’est peut-être le cas, mais c’est précisément la « crise » actuelle, les guerres en cours et l’explosion des écarts de patrimoines qui me font penser le contraire.

      L’anticipation ciblée ou le syndrome de l’arche de Noé. Ça c’est l’hypothèse héritée du fonctionnement intrinsèque de la mentalité capitaliste : les plus méritants doivent être sauvés. La classe dominante et dirigeante n’a pas grand intérêt à piloter l’adaptation globale, puisque, concrètement, c’est elle qui a le plus à perdre. Elle n’a pas non plus intérêt à se mettre la tête sous le sable, surtout quand l’anticipation du basculement est proche, c’est-à-dire pour la génération en cours. Le plan, c’est qu’on n’a pas trouvé mieux que le pétrole pour faire tout ce que peut faire le pétrole et que donc, on ne peut s’en passer. Les générations futures le devront, mais le capitalisme n’est pas connu pour ses grandes capacités d’anticipation au-delà de l’intérêt immédiat et supérieur de ses classes possédantes et dirigeantes. Donc, si on ne peut pas remplacer le pétrole ni s’en passer, la réponse est évidente, limpide et sans appel : on réserve son accès et son usage à ceux qui le méritent.
      Ce qui implique de trier et hiérarchiser les populations humaines en fonction de leur utilité pour les classes dominantes et de repousser les surnuméraires au-delà des confins de la civilisation du pétrole.
      Pour l’instant, c’est la gueule que ça prend.

    • C’est pas tant qu’il y a un complot, c’est aussi le principe de la « stratégie du choc » décrite par Naomi Klein : à certains moments de l’histoire, il y a de vraies catastrophes, prévues ou imprévues, naturelles, guerrières, ou financières, et les dominants sautent sur l’occasion pour renforcer leur pouvoir de diverses manières. Mais pas forcément en l’ayant toujours prévu en avance donc.

      Parce que criseS du capitalisme, il y en a pas mal quand même. Et notamment la crise consubstantielle de la valeur qui fait qu’il faut toujours trouver de nouvelle manière de la faire apparaître. Forcément régulièrement ça craque plus ou moins fort.

    • Je pense qu’il faudra (quand tout le monde aura fini de s’exprimer, reprendre ce billet et les commentaire pour en faire un papier collectif !

      Ici, un bon exemple du la #magie_seenthis, et quelqu’un que nous connaissons tous et que je ne dénoncerai pas dira encore à ce propos que c’est là l’embryon « d’un nouveau journalisme »...

    • @monolecte : absolument d’accord avec ton analyse. La crise a débuté en 1973. Fin du pétrole gratuit pour l’Occident. Les US luttent depuis se donner l’illusion que leur pétrole est encore gratuit, mais ça leur coûte quelques guerres (pour le plus grand bonheur du complexe militaro-pétrolier de l’ami Bush..)...

      Depuis 1973, les périodes de prospérité sont cannibales, la croissance se fait pour les uns au détriment des autres (mondialisation), et comme dit @rastapopoulos par le cycle traditionnel des crises (expansion rapide, dépression brutale et destructrice de la valeur qui part en fumée...).

      As-tu lu ce bouquin ? http://www.alternatives-economiques.fr/2030--le-krach-ecologique-par-genevieve-ferone_fr_art_799_4
      On y est en plein dedans.
      Le déni est dans les têtes. Un intervenant dans un dossier d’Alternatives Economiques parlait que seul une Pearl Harbor écologique pourrait réveiller l’opinion publique. Pourtant y a déjà eu Katrina, Klaus, etc.. et ça s’enchaine. Mais non, tu as raison, on est dans l’Arche de Noé, voire plus proche et plus exact : le Titanic...

    • @rastapopoulos : bien sûr qu’il y a opportunisme permanent, mais si tu lis bien le bouquin de Klein, les « solutions » mises en œuvre ne sont pas improvisées du tout, elles répondent toujours au même cahier des charges, elles font toujours référence aux mêmes fondements intellectuels, idéologiques et politiques qui ne sortent pas de nulle part. En amont du libéralisme, il y a des penseurs, des œuvres, des écoles, des financeurs de ce joyeux petit monde, des groupes de pression, de réflexion, des réunions, des clubs, des échanges, des journaux, etc. Je le répète, le mot complot sert à disqualifier par avance toute critique du côté parfaitement organisé et coordonné des politiques économiques mises en œuvre actuellement afin d’empêcher toute vision globale et systémique de la situation.
      Cela fait des années que je frémis quand je vois que, dans tous les pays du monde, tous les problèmes sociaux, économiques et politiques sont analysés selon une seule grille de lecture (capitalisme libéral) que ce sont toujours les mêmes solutions qui sont préconisées sous les mêmes prétextes et qu’elles apportent les mêmes « mauvais résultats » sans jamais être mises en perspective au niveau mondial (on laisse la population s’exaspérer contre les gouvernants locaux) et sans jamais s’interroger sur les objectifs réels de ces solutions, puisque leur inefficacité est très largement multiprouvée !

      @petit_ecran_de_fumee sur la question du syndrome de l’arche de Noé, j’ai commencé à y penser suite à des échanges, il y a bien longtemps, avec un ultralibéral qui fréquentait mon blog. Il avait fini par admettre l’impasse écologique dans laquelle nous sommes déjà très profondément engagés et il avait dégainé comme solution le bond technologique qui allait permettre à l’humanité de construire un vaisseau spatial et de se tirer de sa planète d’origine qu’elle avait si consciencieusement pourrie. J’ai lu assez de SF pour savoir que c’est un plan qui réjouit beaucoup les consciences transhumanistes.
      Je lui ai demandé où ses potes comptaient trouver les ressources nécessaires à l’évacuation et aux besoins des 6 milliards de personnes qu’il fallait évacuer avant que la planète devienne totalement impropre à la vie humaine. Évidemment, le plan n’a jamais été de sauver l’humanité, mais seulement la poignée de connards qui nous ont collés dans ce merdier par leur inconséquence, mais qui continuent par ailleurs de se penser meilleurs et plus méritants que tous les autres réunis.
      En gros, des parasites qui vivent aux dépens de l’essentiel de la population de notre espèce, qui n’ont aucune notion même d’espèce.

      J’ai une grande passion pour les films-catastrophes depuis toute petite et plus particulièrement pour les histoires de fin du monde. L’imaginaire collectif, à ce niveau, est assez uniforme, puisqu’il s’agit toujours d’un collapse qui éradique la quasi-totalité de notre espèce et de la manière dont les survivants méritants s’organisent pour la suite.
      Il est remarquable que notre imaginaire collectif ponde si peu de vision globale de crises de fin de civilisation ou de changement de paradigme pour l’espèce.

      La conception cynique de la crise comme phénomène régulateur des surnuméraires m’est apparue dans toute sa splendeur dans le récit du film 2012 qui met en scène de manière non ambiguë le principe de l’arche de Noé sauvant les élus, c’est à dire, ceux qui ont le pognon pour s’acheter une place.
      Pour ma part, il m’a toujours semblé évident que dans la vie, comme dans l’espace, comme dans la fin du monde, je préfère être entourée de bricoleurs géniaux, de cuistots de talents, de plombiers intuitifs que d’une troupe de riches parasites.
      Autrement dit, les riches ont oublié qu’ils sont totalement dépendants d’une société organique et que séparé du personnel de maison qu’ils méprisent si cordialement, ils seront bien en peine de seulement retrouver leur slip au petit matin.