• Un pour cent des #foyers_fiscaux français perçoivent-ils 96% des #dividendes ?

    En pleine polémique autour du #déficit plus important que prévu de la France, le gouvernement fait la chasse aux économies. Le ministre de l’Economie #Bruno_Le_Maire refuse de taxer les dividendes. Mais Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France, assure que seulement 1% des ménages touchent 96% des dividendes. C’est vrai, plus précisément 1% des foyers fiscaux.

    Bruno Le Maire n’en démord pas : pas question d’envisager une #taxe sur les dividendes. Alors que le gouvernement cherche des économies à réaliser, sur fond de déficit plus important que prévu, le ministre de l’Economie affirme que taxer les dividendes reviendrait à pénaliser trois millions de salariés actionnaires. Mais pour #Cécile_Duflot, la directrice d’Oxfam France, les dividendes vont surtout aux plus #riches : « 96% des dividendes vont à 1% des ménages », affirme-t-elle. Vrai ou faux ?

    Un pour cent des foyers fiscaux concentrent bien 96% des dividendes

    C’est vrai, ou plus précisément 1% des foyers fiscaux. Les chiffres mis en avant par Cécile Duflot se trouvent dans un #rapport officiel de #France_Stratégie (https://www.vie-publique.fr/en-bref/291443-impot-de-solidarite-sur-la-fortune-isf-le-cout-de-son-remplaceme), un organe rattaché à Matignon. En 2021, 400 000 foyers fiscaux sur 40 millions concentraient bien 96% des dividendes versés.

    Le document montre même que 0,01% des foyers fiscaux captent à eux seuls un tiers des dividendes. Concrètement, cela veut dire que 4 000 foyers fiscaux perçoivent chacun plus d’un million d’euros. Ces proportions sont en hausse depuis 2018.

    Changement de #fiscalité en 2018 et dividendes record en 2023

    Depuis 2018, les dividendes sont en effet moins taxés qu’avant, car à partir de cette année-là, les revenus du capital sont soumis à un #prélèvement_forfaitaire unique de 30%. Emmanuel Macron en avait fait une promesse de campagne : c’est la « #flat_tax », qui concerne les revenus du capital, les intérêts et les dividendes. Le rapport de France Stratégie montre que depuis la mise en place de cette nouvelle fiscalité, les versements de dividendes ont augmenté.

    L’an dernier, le versement des dividendes a battu des records en France, pour atteindre un peu plus de 67 milliards d’euros. Un niveau inédit, dans le sillage de la tendance mondiale.

    La France est le pays de l’Union européenne où les entreprises versent le plus de dividendes aux #actionnaires. Ces sommes records sont liées aux #superprofits de certaines entreprises, des superprofits qu’une partie de la classe politique veut taxer, notamment au sein de l’opposition de gauche. Le Premier ministre Gabriel Attal assure ne pas avoir de dogme à ce sujet, alors que le déficit de la France est à 5,5% du PIB, soit 154 milliards d’euros.

    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/1-des-foyers-fiscaux-francais-percoivent-ils-96-des-dividendes_6424687.
    #France #fisc

  • The #Rainforest_Tribunal

    “The forest is gone – where is the money?” – Malaysian indigenous leaders, anti-corruption activists and international experts cover alleged corruption and environmental crimes under the late Malaysian politician Abdul Taib Mahmud in this explosive new film

    https://www.youtube.com/watch?v=ggeWljY7VVo


    #forêt #Malaysia #justice #justice_transformatrice #film #film_documentaire #déforestation #Sarawak #Bruno_Manser_Fonds #Malaisie #peuples_autochtones #Penan

    • Naufragio a Cutro

      https://www.youtube.com/watch?v=8DqKAVz7KSs&t=31s

      Li han visti nel buio aggrappati alle sponde,
      li hai sentiti gridare in mezzo alle onde.
      Hanno detto che c’era tempesta sul mare,
      la guardia costiera li ha guardati annegare.

      Fuggiti da guerre, violenze e da fame,
      da città sbriciolate fra bombe e pietrame
      Dove anche ai bambini è vietato sognare
      l’Europa civile non vuole aiutare.

      Addio, Mohamed, addio, Rashida,
      addio, Bashar, piccola Jalina.
      Non siete persone per chi è a governare,
      ma solo migranti annegati nel mare.

      Rischiare la pelle, i figli e i parenti,
      stipati su barche sfasciate e cadenti
      Ha detto il ministro, non è cosa da fare,
      vi respinge l’Europa, potete annegare.

      Un orsacchiotto incrostato di sabbia,
      fra assi divelte rimane la rabbia.
      Restan soltanto nei vari rottami,
      speranze spezzate di poveri umani.

      Addio, Mohamed, addio, Rashida,
      addio, Bashar, piccola Jalina.
      Non siete persone per chi è a governare,
      ma solo un carico residuale.

      Per giorni e per notti affiorano i corpi,
      li cercano in mare, li cercano in molti.
      Riemergeranno, basta avere pazienza,
      sono dell’Europa la sporca coscienza.

      Addio, Mohamed, addio, Rashida,
      addio, Bashar, piccola Jalina.
      Non siete persone per chi è a governare,
      ma solo migranti annegati nel mare.

      Addio, Mohamed, addio, Rashida,
      addio, Bashar, piccola Jalina.
      Non siete persone per chi è a governare,
      ma solo migranti annegati nel mare.

      #Marina_Corti #Bruno_Podestà #migrations #naufrage #chanson #musique #musique_et_politique #Cutro #mourir_aux_frontières #mourir_en_mer #Méditerranée #mer_Méditerranée #26_février_2023

  • Chasse aux #arrêts_de_travail : des médecins dénoncent « une campagne d’#intimidation générale »

    L’#Assurance_maladie contrôle des centaines de #médecins_généralistes qui prescriraient, selon elle, trop d’arrêts de travail, et leur impose des #quotas au mépris de la situation des patients. Des médecins, « écœurés », contestent la démarche.

    « Ça m’a fait perdre confiance en ma pratique. Je me suis dit : où est le problème, qu’est-ce que je ne fais pas bien ? » Comme d’autres confrères et consœurs, Valérie* [1] fait partie des 1000 médecins généralistes ciblés par l’Assurance maladie, parmi 6000 préalablement identifiés. En cause : leur trop grande prescription d’arrêts de travail. En juin 2023, le ministre de l’Économie, #Bruno_Le_Maire, dénonçait l’« explosion » des arrêts de travail et disait vouloir lutter contre les « #dérives » et « #abus ».

    Selon le gouvernement, les arrêts maladie auraient augmenté de 7,9 % en un an, et de 30 % entre 2012 et 2022, passant de 6,4 millions arrêts prescrits en 2012 à 8,8 millions désormais. Les #indemnités_journalières, versées par l’Assurance maladie pour compenser le salaire lors d’un arrête maladie, coûteraient 16 milliards d’euros par an.

    D’où la #chasse_aux_arrêts_de_travail, initiée par le gouvernement, qui se poursuit avec le projet de loi de financement de la #Sécurité_sociale pour 2024, adopté le 4 décembre dernier. Parmi les mesures que la #loi prévoit : la limitation à trois jours des arrêts de travail prescrits lors d’une téléconsultation, sauf prescription par le médecin traitant ou incapacité de se rendre chez le médecin. « Il y a véritablement eu un changement de politique en 2023 », constate Théo Combes, vice-président du syndicat des médecins généralistes MG France. L’homme voit dans cette offensive « une campagne d’intimidation générale contre la profession ».

    La particularité des patients oubliée

    « Qu’on discute de nos pratiques oui, mais on est dans le #soin, pas dans l’abus », réagit Valérie. Installée en Vendée, elle a eu la surprise de recevoir en juin dernier un courrier recommandé de l’Assurance maladie l’informant de sa trop grande prescription d’indemnités journalières. « En six ans, il y a une personne de 36 ans qui m’a demandé de lui faire un arrêt pour un rhume, que j’ai refusé. Là je suis d’accord qu’il ne faut pas abuser, mais ça m’est arrivé une fois ! » met-elle en avant. Surtout, les critères de contrôles ne tiennent selon elle pas du tout compte des particularités des patientèles.

    Partagée entre son cabinet en libéral et l’hôpital, Valérie est spécialisée en addictologie. « Pour les patients avec des problématiques d’addiction, on sait que les arrêts de travail, pour virus ou autre, sont source de rechute. Donc après, la pente est plus longue à remonter, et les arrêts aussi par conséquent. Pareil pour des patients qui ont des troubles psychiatriques, pour qui c’est vraiment source de décompensation », explique-t-elle. La professionnelle de santé a en effet constaté que ses prescriptions d’indemnités journalières ne font qu’augmenter : « Mais parce que ma patientèle ciblée augmente », précise-t-elle.

    Médecin depuis 30 ans dans le troisième arrondissement de Lyon et membre du Syndicat des médecins libéraux (SML), Laurent Negrello fait le même constat : « Je suis dans un quartier un peu défavorisé, avec 50 % de logements sociaux et plus de difficultés, ce qui impacte probablement mes quotas d’arrêts de travail », appuie-t-il. Contrôlé pour la deuxième fois en cinq ans, il insiste aussi sur le contexte sanitaire global, qu’il a vu nettement évoluer ces dernières années. « L’inflation des arrêts est à mon avis aussi due à des #conditions_de_travail qui sont devenues très difficiles. Les gens sont en #burn-out, ont des #accidents, une pression de rentabilité… ». Les conditions de travail (contraintes posturales, exposition à des produits toxiques, risque d’accidents, etc.) ne se sont globalement pas améliorées depuis 30 ans selon le ministère du Travail.

    Crainte de dépasser le quota

    Et il devient de plus en plus compliqué d’obtenir un rendez-vous chez un spécialiste. « À Lyon, il faut trois mois pour voir un orthopédiste ou un rhumatologue, et je ne parle même pas des psys, avec qui c’est impossible… », explique le généraliste. Plus les délais de prise en charge s’allongent, plus l’état d’un patient peut se dégrader et nécessiter un arrêt de travail. La #Caisse_nationale_d’Assurance_maladie (#Cnam) assure de son côté à Basta ! que ses données sont « standardisées » : « On essaie d’avoir des patientèles comparables. » La limite d’arrêts à ne pas dépasser, c’est plus de deux fois la moyenne du département. « Une approche purement statistique », déplore Théo Combes de MG France, qui pointe une « méthodologie contestable à plusieurs niveaux ».

    Alors que Michel Chevalier, médecin depuis 36 ans à Ousse, près de Pau, se remémore d’anciens contrôles par « entretiens confraternels », il déplore aujourd’hui « une absence de dialogue ». Après la réception d’un courrier recommandé en juin, il a été convoqué avec deux jeunes consœurs : « L’une exerce dans un quartier très pauvre de Pau et une autre dans un désert médical. Elle a 34 ans et n’en dort plus depuis le mois de juin », rapporte ce membre du Syndicat de la médecine générale (SMG). Valérie confie elle aussi s’être sentie « stressée d’être pointée du doigt » à la réception de ce courrier : « Je trouve la procédure violente en elle-même. Sachant qu’on a des délégués médicaux qui viennent régulièrement nous voir, avec qui ça se passe très bien. Je pense que ça aurait pu être fait autrement », met-elle en avant.

    À la réception du courrier, chaque médecin dispose d’un mois pour répondre et faire ses observations à l’Assurance maladie, qui décidera si les éléments apportés sont « suffisamment probants », nous détaille le service communication de la Cnam. Si ce n’est pas le cas, la procédure prévoit qu’il soit proposé au médecin ciblé une #mise_sous_objectif (#MSO) : pendant six mois, ce dernier doit réduire ses prescriptions d’arrêts de travail de 15 à 20 %. Ce que Valérie a refusé, comme de nombreux autres : « Heureusement, car au sein du cabinet médical où j’exerce, plus personne ne prend de nouveaux patients sauf moi quand ça touche des problématiques d’addiction. »

    Déjà contrôlé il y a cinq alors, Laurent Negrello avait alors accepté « la mise sous objectif » : « Pendant six mois, j’ai réduit mon temps de travail, donc les patients allaient voir ailleurs et j’ai atteint mes objectifs », relate-t-il avec ironie. Cette année, il a refusé ce procédé qu’il juge « très pesant et stressant » : « On travaille toujours dans la #crainte de dépasser le quota qui nous est imparti. Mais on est un peu dans le #flou parce qu’on ne sait pas vraiment quels sont les quotas exacts. On nous dit qu’il faut baisser de 20 %, mais c’est une zone grise, on ne sait pas comment baisser nos arrêts. Quels sont les critères ? On a face à nous des situations concrètes, donc baisser de 20 % c’est absurde », critique-t-il.

    En cas de refus de mise sous objectif, les médecins peuvent être « mis sous accord préalable », procédure pendant laquelle un médecin conseil de l’Assurance maladie doit valider tous les arrêts de travail prescrits par le médecin sous 48 heures. Valérie raconte avoir été convoquée à une commission ayant pour but de statuer sur sa soumission à ce dispositif en novembre.

    Convoqués à des « #commissions_des_pénalités »

    « Ça m’a occasionné beaucoup de stress et pris beaucoup de temps. J’ai préparé un argumentaire, fait des recherches. Sans compter les deux heures de route pour 30 minutes d’entretien prises sur ma journée de repos », relate-t-elle. La commission a voté à l’unanimité le refus de sa « #mise_sous_accord_préalable ». Mais la professionnelle de santé a dû attendre la réception d’un courrier de la CPAM, mi-décembre, pour avoir la confirmation de « l’abandon de la procédure ».

    Le 7 novembre dernier, Théo Combes a participé à l’une de ces « commissions des pénalités », notamment composées de représentants syndicaux et médecins d’un côté, et de représentants des employeurs et salariés de l’autre. « Des médecins sont venus s’expliquer. Ils étaient proches de la rupture d’un point de vue moral et psychologique, avec des risques suicidaires qui transparaissaient. J’aurais pensé que leurs récits auraient ému un mort, même si c’est peut-être un peu fort. Mais après quatre heures d’audition on s’est dit que c’était vraiment une #mascarade. C’est un système pour broyer les gens, les humilier », décrit le vice-président de MG France, écœuré.

    À l’issue des contrôles, des #pénalités_financières de plusieurs milliers d’euros peuvent s’appliquer s’il n’y a pas d’évolution du nombre de prescriptions d’arrêts de travail. « C’est très, très infantilisant. On a l’impression d’être dans la #punition plutôt que dans le dialogue, et de faire ça intelligemment », déplore Valérie, qui craint pour ses patients tout autant que pour sa profession. « On peut très bien imaginer maintenant que les médecins vont sélectionner les patients et ne plus s’occuper de ceux qui leur font faire trop d’arrêts », ajoute Michel Chevalier.

    L’Assurance maladie espère de son côté avoir un bilan chiffré de ces mesures « autour du deuxième trimestre 2024 ». Michel Chevalier, lui, ne sera plus là : « Le côté dramatique, c’est que j’ai décidé de prendre ma retraite à la suite de ces contrôles, ça a été la goutte d’eau. » Comme il n’a pas trouvé de successeur, ses patients n’ont plus de médecin depuis le 1er janvier.

    https://basta.media/chasse-aux-arrets-de-travail-medecins-denoncent-campagne-intimidation

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1041346
    #santé #France #humiliation #infantilisation #macronisme

    • Pourquoi ce médecin prescrit trois fois plus d’arrêts de travail que la moyenne à #Dieppe

      Le docteur Tribillac exerce au #Val-Druel, à Dieppe. Sanctionné pour avoir délivré trop d’arrêts de travail, il tente en vain d’expliquer la situation à l’Assurance maladie.

      « Je suis un lanceur d’alerte ! », commence #Dominique_Tribillac. Depuis 35 ans, ce médecin de famille exerce dans le quartier du Val-Druel, à Dieppe (Seine-Maritime). Âgé de 70 ans, il est ce que l’on appelle « un retraité actif ».

      Il devrait prendre bientôt sa retraite, avant l’été, mais un problème administratif l’occupe fortement depuis plusieurs mois : l’Assurance maladie l’a sanctionné car il donne trop d’arrêts de travail.

      La Sécurité sociale a fait les calculs, entre le 1er septembre 2022 et le 28 février 2023 : 4 911 journées indemnisées ont été prescrites.
      Trois fois plus d’arrêts de travail

      « Le nombre d’indemnités journalières versées, rapporté au nombre de patients a été de 16,7 », indique l’Assurance maladie. « En Normandie et au sein du groupe de communes semblables au sens de l’indice de défavorisation de l’Insee, l’institut national de la statistique et des études économiques, pour les praticiens exerçant une activité comparable, le nombre d’indemnités journalières versées par nombre de patients est de 5,90. »

      Le médecin du Val-Druel prescrit donc trois fois plus d’arrêts de travail.

      Une lettre aux médecins de France

      Mais le docteur Tribillac ne se laisse pas faire. Il conteste notamment l’indice de défavorisation mis en place par la Sécurité sociale. Selon lui, il ne reflète pas la réalité. « Il est très mal conçu, souligne-t-il. Il fait le contraire de ce qu’il est censé faire ». C’est-à-dire protéger et prendre en compte les populations les plus fragiles.

      « J’ai débusqué une véritable saloperie, ajoute Dominique Tribillac qui a le sentiment qu’on l’empêche d’aller au bout de sa démarche : « L’Assurance maladie essaie d’étouffer l’affaire. »

      Il va même envoyer une lettre ouverte à tous les médecins de France pour raconter son histoire et sa trouvaille concernant le référentiel sécu.
      Une population défavorisée

      Ce docteur, très apprécié de ses patients, ne cesse d’invoquer l’usure de ces derniers, dans un quartier prioritaire de la cité dieppoise. « Un quartier fermé avec une patientèle qui ne bouge pas, précise le professionnel. En tant que médecin de famille, j’ai vu les grands-parents, les parents, les enfants… Les gens qui vivent là y restent. »

      Au Val-Druel, « plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, indique-t-il. Les #polypathologies sont donc plus fréquentes, en moyenne deux fois plus élevées ». Le secteur dans lequel le médecin évolue est principalement touché par des problématiques psychologiques, de l’obésité, de chômage, de tabac, de cancers…

      Manque de spécialistes

      Selon lui, la moitié des habitants de ce quartier populaire arrive à la retraite invalide. « Ce sont des travailleurs qui ont des conditions de travail difficiles, explique Dominique Tribillac. Jusqu’à 45 ans, ils n’ont pas d’arrêt, et après ça commence.

      L’usure se déclare à cause de mouvements répétitifs qui sollicitent les mêmes membres ou muscles. « On arrive donc à une situation bancale en fin de carrière. Le patient peut-il encore travailler ou non, faire le même job… »

      Le médecin pointe aussi le manque de spécialistes dont les délais d’attente pour un rendez-vous sont de plus en plus élevés : « Les gens ne peuvent donc pas reprendre leur travail sans les avoir vus. »

      Un médecin dans l’#illégalité

      Mais tous ces arguments n’ont pas convaincu l’Assurance maladie. Ainsi, le docteur Tribillac a été sanctionné malgré un avis favorable d’une commission consultative pour le laisser exercer sereinement. C’était sans compter sur la direction de la CPAM de Seine-Maritime qui en a décidé autrement. Cette dernière n’a d’ailleurs pas souhaité répondre à nos questions au sujet du médecin du Val-Druel.

      Il exerce donc sa fonction dans l’illégalité depuis le 1er février 2024, refusant de remplir des papiers supplémentaires permettant à un médecin-conseil de vérifier les prescriptions d’arrêts maladie du docteur Tribillac. On appelle cette procédure une MSAP, une mise sur accord préalable.

      « Pas coupable »

      « Je ne suis pas coupable ! », argue-t-il. « Je ne remplirai pas ces dossiers. Ce médecin-conseil devrait plutôt voir ou appeler lui-même mes patients. »

      Conséquence pour ces derniers : ils ne peuvent plus toucher leurs indemnités journalières versées par la Sécu.

      https://actu.fr/normandie/dieppe_76217/pourquoi-ce-medecin-prescrit-trois-fois-plus-darrets-de-travail-que-la-moyenne-

  • Activité pas seulement productive et besoin sans manque (Bruno Astarian)

    http://www.hicsalta-communisation.com/accueil/chapitre-9-quels-sont-les-enjeux#9.2.3.1

    Avec Astarian, on est à l’opposé du programme prolétarien d’affirmation du travail contre la classe capitaliste bourgeoise et la propriété privée permettant d’aller vers le communisme, comme par exemple aujourd’hui avec le Réseau salariat. Pour Astarian et les autres communisateurs, ce programme est obsolète à partir des années 1970 : il n’est plus possible de passer des luttes quotidiennes (revendicatives) du travail contre le capital à des luttes révolutionnaires pour le communisme. Une des explications à cela est la déqualification des prolétaires conjointement à la complexification croissante des moyens de production.

    Je passe sur ces points. Ce qui m’intéresse ici est de constater que les travaux d’Astarian sur la théorie de la valeur aboutissent à des formulations de qu’est le communisme conduisant à remettre en cause, non pas simplement la marchandise, l’échange, la valeur et l’argent, mais également les catégories de production et de besoin que l’on pourrait facilement considérer comme "naturelles" (selon la vision que dans un monde communiste il faudrait toujours produire pour répondre à des besoins).

    Dans son livre L’abolition de la valeur , dans les chapitres précédents et dans la perspective de prendre ses distances avec la critique de la valeur (Postone, Jappe etc) et la notion de "travail abstrait", Astarian a cherché à caractériser le travail producteur de marchandises en aboutissant à deux critères : la recherche de productivité et la normalisation. Une société communiste est donc pour lui une société où ce travail n’a plus lieu, et d’où émergent à la place l’ activité pas seulement productive (APSP) et le besoin sans manque (BSM).

    L’activité pas seulement productive :

    Si on envisage une activité productive qui ne recherche pas la productivité, la première chose qui ressort est un bouleversement complet du rapport au temps. Certes, le temps ne cesse pas d’exister parce qu’on arrête de le compter. Mais son passage inexorable cesse de contraindre l’acte productif dès lors qu’il n’est plus le critère de son évaluation. La société marchande admet ou refuse la participation à la société de telle marchandise, et donc de tel ou tel producteur, en évaluant le temps qu’il a fallu pour la produire et en le comparant à d’autres productions de même type. La contrainte qui en résulte pour le producteur est alors de toujours produire dans le minimum de temps. Le non-respect de cette contrainte l’exclut de la société des producteurs en excluant sa marchandise du marché. La négation de la productivité remplace cette appréciation quantitative temporelle de la légitimité d’une activité productive et de son produit par une évaluation qualitative. Ici, les mots nous font défaut pour définir la nature du rapport que les hommes auront à leur production dans une société sans valeur. « Appréciation » renvoie à « prix », « évaluation » à « valeur ». Ce sont des mots de la société marchande, de la quantité. Ils ne peuvent pas convenir entièrement pour désigner, dans le communisme, la satisfaction qualitative qu’une activité productive engendre, ou non, pour ceux qui y participent et pour ceux qui en utilisent les résultats. Une des raisons pour cela est que l’activité que nous considérons n’est pas seulement productive.

    (...)

    Dans les sociétés de classes, la production des conditions matérielles de la vie et la jouissance de cette vie sont donc des activités séparées par une contradiction. Une société qui serait débarrassée de cette contradiction serait aussi débarrassée de la valeur. Et dès lors que la production par unité de temps n’est plus le critère de la justification sociale d’une production, les « producteurs » ont le temps. En fait, on ne peut plus les définir comme producteurs. A l’opposé du travail, la production qui a le temps peut jouir immédiatement de sa propre activité. Elle peut être rapport à soi. Certes, l’effort lui-même, la fatigue, ne sont pas exclus. Mais pour une activité productive libérée de la contrainte du temps, ce sont des dimensions qui font partie de la jouissance du corps et de l’esprit dès lors qu’on peut s’arrêter, discuter, faire autre chose, modifier, s’adapter aux possibilités ou aux demandes des participants, etc. Autrement dit, cette production n’est pas seulement productive. Il n’existe pas de mot pour cela, et il faut donc proposer un néologisme. Appelons activité-pas-seulement-productive (APSP) cette activité totalisante où les hommes ne renoncent pas à jouir de leurs rapports sous prétexte qu’ils produisent des objets.

    Dans l’activité-pas-seulement-productive, tout est à tout moment à discuter, à remettre en cause, à ajuster aux rapports que les individus concernés développent. A ne considérer que la part productive proprement dite de l’activité-pas-seulement-productive, on peut envisager deux points de vue. Prise du point de vue « production », l’APSP résulte d’une interaction autour du qui participe, du comment la production s’organise, du quand l’activité se met en place. Prise du point de vue des besoins à satisfaire, l’APSP doit décider le quoi (qu’est-ce qu’on produit) et le pour qui. C’est ici qu’intervient la négation de la normalisation.

    Le besoin sans manque

    Rappelons que la normalisation des produits et du travail est une conséquence de la séparation où se trouve le producteur privé et indépendant par rapport aux besoins que sa production doit couvrir. Le dépassement de la normalisation oblige à définir ce que pourrait être l’abolition de séparations qui nous paraissent aujourd’hui complètement normales. Pour ce qui nous concerne ici, la séparation se situe entre le besoin et l’objet qui le satisfait et, a fortiori, l’activité qui produit cet objet. C’est cette séparation qui fait que la marchandise doit se présenter comme valeur d’utilité, normalisée de telle sorte qu’elle couvre un large éventail de besoins particuliers et, en même temps, occulte précisément la particularité dans laquelle les besoins de chacun se manifestent nécessairement. Si, selon notre hypothèse, on pose la propriété positivement abolie, la certitude de trouver satisfaction définit le besoin comme besoin-sans-manque (BSM). Ce besoin tranquille a la possibilité de faire valoir sa particularité, non pas comme caprice individuel (je veux des fraises tout de suite) mais comme discussion, interaction, définition d’un projet qui, dès lors, n’est pas seulement consommation. Il s’agit ainsi de redéfinir la notion de besoin.

    Face à la pression du réalisme, il convient d’interroger les catégories que nous utilisons. Dans le cas présent, il faut envisager sous un jour non économique la question des ressources et des besoins. Et, ici, discuter de la notion même de besoin. Dans le communisme, doit-on continuer à poser les besoins comme une « demande », une variable quasi-naturelle face à laquelle l’activité productive répond comme une « offre » soumise à la nécessité ? La réponse est non. On peut bien sûr partir d’une évidence apparemment naturelle et dire que 6 milliards d’individus ont besoin de 2000 calories par jour et que cela impose une production de x blé + y viande + z lait… Car, dit le bon sens, le communisme ne supprimera pas plus la faim que la pesanteur. La faim nous rappelle à tout moment que nous appartenons à la nature et qu’aucune révolution ne peut abolir les lois de la nature. Certes. Mais, dans sa manifestation actuelle, la faim telle que nous la connaissons nous rappelle aussi que nous sommes séparés par la propriété non seulement de l’objet de sa satisfaction mais aussi de l’activité qui produit cet objet. La faim nous rappelle en même temps que nous appartenons à la nature et que nous en sommes séparés par la propriété. Notre faim, en ce sens, n’est pas que naturelle. Nous ne connaissons la faim, phénomène naturel s’il en fût, que pervertie par la propriété et l’exploitation, que comme souffrance, comme peur du manque, comme soumission au règne de la propriété sur l’objet qui rassasie. Dès lors, qui nous dit que la sensation de faim telle que nous la connaissons est purement naturelle, n’est pas déterminée socialement ? Même le rythme de ses manifestations n’est-il pas dicté par celui de l’exploitation, de la journée de travail ? Inversement, dès lors qu’elle serait tranquille et sûre d’être rassasiée, pourquoi la faim ne serait pas aussi jouissance, comme le désir dans les préalables de l’amour, lesquels participent activement et positivement à la satisfaction du besoin exprimé par le désir ? Le besoin de base (2000 calories) reste le même mais, besoin-sans-manque, il devient partie prenante de l’activité-pas-seulement-productive (la gastronomie ?) qui en même temps le manifeste et le satisfait.

    Le besoin-sans-manque s’invite ainsi dans l’activité-pas-seulement-productive pour s’y manifester comme partie prenante et assurer que l’activité productive reste particulière aux individus qui y sont engagés, et non pas générale et abstraite pour répondre à une demande séparée. Ceci est totalement anti-productif, au sens où beaucoup de temps sera « perdu » pour formuler le besoin dans sa particularité, tant en fonction de la nature de l’objet à produire que des possibilités dont on dispose pour ce faire. De façon générale, le besoin n’est plus envie individuelle. Mais si le besoin-sans-manque participe à l’APSP, ce n’est pas parce que les individus concernés auront intégré dans leur conscience individuelle la nécessité d’extraire du charbon pour couvrir les besoins d’autres productions. C’est parce que l’extraction de charbon se fera de telle sorte que les rapports entre les « mineurs » seront satisfaisants en eux-mêmes et pour eux-mêmes. Il n’y aura aucun sacrifice à produire des biens non consommables immédiatement, des biens pour d’autres. Cela s’applique bien sûr aussi aux biens consommables immédiatement. Les réalistes disent : « il y aura toujours du sale boulot, il faudra bien qu’on le fasse ». Je crois qu’il faut le dire clairement : il n’y aura plus de sale boulot. Les tâches actuellement sales, dégradantes, ennuyeuses, etc. seront soit abandonnées soit transformées. Sinon, on tombe dans les tours de rôle, avec leurs gestionnaires et leur passe-droit – ou alors on envisage que les hommes et femmes communistes sont des militants.

    Il n’y aura donc aucun temps « perdu ». L’interaction constante entre APSP et BSM se concrétise comme activité et jouissance sociale des individus. Parce qu’il n’est pas déterminé par le manque comme impérieux, urgent, le besoin se manifeste concrètement et activement dans l’APSP, qui lui en laisse tout le loisir puisqu’elle n’est pas seulement productive. L’activité prime sur son résultat productif au sens où le besoin fondamental est celui d’exister socialement, de profiter de la société des autres. Le besoin (momentané) de solitude ne contredit pas cela. Marx dit que le travail sera le premier besoin, parce que c’est pour lui l’activité subjective fondamentale (générique) de l’homme. Il faut élargir cette proposition, et dire que l’activité sociale, c’est-à-dire la jouissance d’être libre et conscient, naturel et social, actif et passif, sera le premier besoin. La notion de besoin-sans-manque veut exprimer la possibilité d’un besoin existant comme interaction entre les individus, comme projet conscient.

    La négation de la normalisation suppose donc de ne plus concevoir les besoins naturels (2000 calories) comme une variable exogène. Les besoins ne sont pas une contrainte naturelle qui nous imposerait un certain réalisme. Ils nous apparaissent comme tels dans la société de classes, où en fait ils ne sont pas si naturels puisque c’est le travail et la propriété qui engendrent la séparation du besoin et de son objet, et posent le besoin comme manque. Si l’on pose le travail et la propriété positivement dépassés, il faut aussi envisager un besoin sans manque, qui fait partie, en fin de compte, de la définition de l’activité-pas-seulement-productive.

    Le livre contient un épilogue non publié sur le site, titré "Théorie de la valeur et théorie communiste". Je le mettrai ultérieurement.

    #Astarian #communisation #communisme #post-capitalisme #besoin #production

  • #Chartreuse : un #marquis privatise la #montagne, les randonneurs s’insurgent

    Des centaines de personnes ont manifesté dans le massif de la Chartreuse contre un marquis qui interdit de traverser ses terres. Elles réclament un véritable #droit_d’accès à la nature.

    « Entends nos voix, #marquis_de_Quinsonas… » Malgré la fraîcheur de cette matinée de dimanche, ils étaient plusieurs centaines, jeunes et vieux, à être venus pousser la chansonnette au #col_de_Marcieu (#Isère), aux pieds des falaises du massif de la Chartreuse. L’objet de leur chanson et de leur colère ? #Bruno_de_Quinsonas-Oudinot, marquis et propriétaire d’une zone de 750 hectares au cœur de la #Réserve_naturelle_des_Hauts_de_Chartreuse, et sa décision, il y a quelques semaines, d’en fermer l’accès aux randonneurs.

    C’est fort d’une loi du 2 février 2023, qui sanctionne le fait de pénétrer sans autorisation dans une « propriété privée rurale et forestière » [1] que le marquis a fait poser pendant l’été des panneaux « #Propriété_privée » aux abords de son terrain. Et si ces panneaux changent la donne, c’est parce qu’ils sont désormais suffisants pour verbaliser le randonneur qui voudrait entrer ici, chamboulant ainsi des siècles de culture de partage des montagnes.

    Immédiatement après la découverte de ces panneaux, une #pétition rédigée par le #collectif_Chartreuse a été publiée en ligne, réclamant « la liberté d’accès à tout-e-s à la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse » et récoltant plus de 35 000 signatures en quelques semaines (https://www.change.org/p/pour-la-libert%C3%A9-d-acc%C3%A8s-%C3%A0-tout-e-s-%C3%A0-la-r%C3%A9serve-nat). Ciblant le « cas » de la Chartreuse, elle s’oppose « plus globalement à l’accaparement du milieu naturel par quelques personnes pour des objectifs financiers, au détriment du reste de la population », souligne le collectif.

    Car c’est aussi ce qui cristallise la grogne des manifestants en Chartreuse. Tout en fermant l’#accès de son terrain aux #randonneurs et autres usagers de la montagne, le marquis de Quinsonas y autorise des parties de #chasse_privée au chamois, autorisées par le règlement de la #réserve_naturelle, que paient de fortunés clients étrangers.

    « C’est complètement hypocrite »

    « C’est complètement hypocrite », disent Stan et Chloé, deux grenoblois âgés d’une trentaine d’années, alors que le marquis avait justifié sa décision par la nécessité de protéger la faune et la flore de son terrain des dommages causés par le passage des randonneurs.

    « On n’a rien contre les chasseurs, et les #conflits_d’usage ont toujours existé. Mais on dénonce le fait qu’il y a deux poids, deux mesures », explique Adrien Vassard, président du comité Isère de la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM), venu « déguisé » en marquis pour mieux moquer le propriétaire des lieux.

    Beaucoup de manifestants craignent que l’initiative du marquis ne fasse des émules parmi les propriétaires privés d’espaces naturels, alors que 75 % de la forêt française est privée. « On n’est pas là pour remettre en cause la propriété privée, mais un propriétaire ne peut s’octroyer le droit d’accès à toute une montagne, il faut laisser un #droit_de_circulation », martèle Denis Simonin, habitant du massif et bénévole du collectif Chartreuse.

    Propriété privée contre liberté d’accéder à la nature, faudra-t-il choisir ? Les députés Les Écologistes de l’Isère Jérémie Iordanoff et de la Vienne Lisa Belluco ont en tout cas annoncé leur volonté de déposer un projet de loi pour abroger la contravention instaurée par la loi de février 2023, pour ensuite engager « un travail commun vers un vrai droit d’accès à la nature ». Rejoignant les revendications des manifestants, toujours en chanson : « Sache que les gueux ne s’arrêt’ront pas là, notre droit d’accès, oui on l’obtiendra ! »

    https://reporterre.net/Chartreuse-un-marquis-privatise-la-montagne-les-randonneurs-protestent
    #privatisation #résistance

    • Dans le massif de la Chartreuse, #mobilisation contre la « privatisation » de la montagne

      Fort d’une nouvelle législation, le propriétaire d’une zone de 750 hectares dans une réserve naturelle de la Chartreuse a décidé d’en restreindre l’accès aux randonneurs. Partisans d’un libre accès à la nature et défenseurs de la propriété privée s’affrontent.

      « Chemin privé – Passage interdit. » Tous les 500 mètres, le rouge vif des petits panneaux tranche sur le vert des arbres ou le gris de la roche. Les indications parsèment le chemin qui mène jusqu’à la tour Percée, une immense arche rocheuse émergeant à environ 1 800 mètres d’altitude, au cœur de la réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, à quelques kilomètres de Grenoble (Isère). Ces panneaux, tout récemment posés, cristallisent depuis quelques semaines un conflit entre les différents usagers de la montagne… et ses propriétaires.

      (#paywall)
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/15/dans-le-massif-de-la-chartreuse-mobilisation-contre-la-privatisation-de-la-m

    • .... « Chemin privé – Passage interdit. » Tous les 500 mètres, le rouge vif des petits panneaux tranche sur le vert des arbres ou le gris de la roche. Les indications parsèment le chemin qui mène jusqu’à la tour Percée, une immense arche rocheuse émergeant à environ 1 800 mètres d’altitude, au cœur de la réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, à quelques kilomètres de Grenoble (Isère).
      ... Théoriquement, un randonneur qui se rendrait à la tour Percée pourrait donc désormais recevoir une amende allant jusqu’à 750 euros.
      ... le conflit en Chartreuse est devenu « le cas d’école d’une situation qui va se développer sur tout le territoire ». « L’intention affichée du texte, de limiter l’engrillagement pour permettre la circulation de la faune sauvage, était bonne », souligne Jérémie Iordanoff. Mais, quand 75 % de la forêt est privée, ce n’est pas acceptable de dire aux gens qu’ils ne peuvent se promener que sur 25 % du territoire. »
      ... Dans les faits, l’application de la loi du 2 février et de la contravention qu’elle instaure s’avère complexe. Selon les textes, seuls les gendarmes et les gardes privés, agréés par la préfecture puis assermentés par le tribunal judiciaire, peuvent verbaliser les randonneurs au titre de la violation de la propriété privée rurale et forestière. Un sujet qui a pu faire naître des tensions autour de la tour Percée, des chasseurs ayant reçu la mission – informelle – de surveiller la propriété. Selon les informations du Monde, à l’heure actuelle, aucun garde privé n’a été dûment habilité pour contrôler le terrain du marquis.

      La tour Percée est une double arche de 30 mètres de haut, située sur la parcelle du marquis de Quinsonas-Oudinot, à 1 800 mètres d’altitude. Le 8 octobre 2023. SOPHIE RODRIGUEZ POUR « LE MONDE »

      avec une série de photos

      https://archive.ph/yCAI1

      #forêts #propriété_foncière

  • [#livres] Nicolas Mathieu : la macronie s’en délecte, elle le débecte

    Après ses textes au lance-flammes contre la réforme des retraites, l’auteur préface un ouvrage collectif contre la censure d’un livre pour adolescents par Gérald Darmanin [https://actualitte.com/dossier/363/bien-trop-petit-le-livre-qu-a-censure-gerald-darmanin#:~:text=BienTropPe—%20Le%2017%20juillet%20dernier,décision%20qui%20sentait%20la%20naphtaline]. Le Prix Goncourt reste pourtant lu et apprécié par les proches du Président qui revendiquent une compréhension des « vraies gens »

    .... Dans les allées du pouvoir, on continue à lire et complimenter les romans de cet opposant acharné. « Il décrit une grande partie de la France telle qu’elle est. C’est important que les politiques se plongent dans les textes littéraires qui, parfois, décrivent mieux la société que des études scientifiques ou des récits journalistiques », vante le député Renaissance et ex-conseiller du Président David Amiel. « Trop souvent le politique – je mets Emmanuel Macron à part – a cessé de parler avec les mots de la vie des gens, observe l’ex-plume du chef de l’Etat Jonathan Guémas. Nicolas Mathieu parle avec les mots de la vie des gens. C’est pour ça qu’il a du succès. »

    Grande lectrice, la députée et cofondatrice d’En marche Astrid Panosyan a suivi sur Instagram le mois que Mathieu vient de passer aux Etats-Unis. « Il a cette force à la Bruce Springsteen de redonner de la grandeur et de la dignité aux existences de ceux que l’on appelle en anglais les ordinary people, sans esprit larmoyant ou pathos », apprécie-t-elle. Dès 2019, le Monde avait repéré le succès de Leurs enfants après eux dans les ministères. « C’est le livre macronien par excellence, il faut le lire ! » s’enthousiasmait Julien Denormandie, alors ministre chargé de la Ville et du Logement. Arrivés au pouvoir sur la promesse de lutter contre « les assignations à résidence » [par les voyages en jet], ils retrouvaient dans les personnages du roman le sentiment de relégation de la France des ronds-points, les pesanteurs de la reproduction sociale. « Il y a eu un effet de récupération, se souvient Nicolas Mathieu. Après les gilets jaunes, c’était sans doute une façon de dire qu’ils comprenaient cette France-là. Le livre leur servait de preuve. » A l’époque, il décline les sollicitations de conseillers ministériels qui souhaitaient le rencontrer par curiosité personnelle.

    .... Le Président raffole de ses « braconnages de concepts », de la « planification écologique » piquée à Jean-Luc Mélenchon, ou du « nos vies valent plus que leurs profits » que Macron a osé entonner à son grand meeting de la Défense en avril 2022. Et tant mieux si la gauche enrage ! #Bruno_Roger-Petit rit encore du tour qu’il a joué à Edouard Louis en confiant à l’Opinion en 2018 que Qui a tué mon père était un « diagnostic très macronien », très lu à l’Elysée. Les hauts cris et le « j’écris pour vous faire honte » proférés en réponse par l’écrivain l’ont beaucoup amusé.
    https://www.liberation.fr/politique/nicolas-mathieu-la-macronie-sen-delecte-elle-le-debecte-20231020_I7ITA2AE https://justpaste.it/bavn1

    travail mafieux. il ne s’agit pas d’inventer une langue nouvelle mais de la détruire et avec elle tout sens commun et toute critique.
    la conscience de ce phénomène se vérifie dans le refus fréquent de toute prise de parole publique, supposé prévenir son exploitation et son renversement par les dominants.

    #destructivité_capitaliste #littérature #communication

  • Livre de #Cagé et #Piketty : les #data sont un sport de combat | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/120923/livre-de-cage-et-piketty-les-data-sont-un-sport-de-combat?userid=554f9cc5-

    dommage de ne pas parler de la théorie du #bloc_bourgeois de #bruno_amable et #stefano_palombarini, qui étudient ces sujet et avaient identifié une large série de résultats de cette étude il y a plus de 10ans, et dont la primauté n’est rappelé dans aucun média...

    • oups, merci @rastapopoulos

      le voici :

      Livre de Cagé et Piketty : les data sont un sport de combat
      L’essai de la rentrée s’intitule « Une histoire du conflit politique ». Constats implacables fondés sur des données inédites, formulation de propositions, mais aussi limites politiques et méthodologiques. Recension critique.

      Joseph Confavreux

      12 septembre 2023 à 16h52


      SortiSorti en librairie vendredi 8 septembre, Une histoire du conflit politique (Le Seuil), signé Julia Cagé et Thomas Piketty, caracole déjà en tête des ventes de « non-fiction ». Pourquoi ce pavé aride de géographie électorale rencontre-t-il un tel succès, bien que ses conclusions ne soient que rarement contre-intuitives et qu’une partie du monde de la recherche fasse la fine bouche, en jugeant que beaucoup d’éléments synthétisés dans ce livre sont déjà connus ?

      La réponse ne tient qu’en partie à la notoriété de ses auteurs et à la mécanique bien huilée d’une promotion qui réserve au groupe Le Monde et à Radio France le droit de briser l’embargo avant parution auquel les autres journalistes sont prié·es de se tenir.

      Le succès public et médiatique du livre tient avant tout à ce qu’il existe peu de chercheurs et de chercheuses n’espérant rien de moins que trouver des solutions concrètes aux dysfonctionnements de la démocratie française, aux impasses de la vie politique du pays et aux inégalités qui en sapent les contours. L’ouvrage prolonge d’ailleurs souvent certaines analyses et propositions déjà élaborées dans Le Capital au XXIe siècle pour Thomas Piketty et Le Prix de la démocratie pour Julia Cagé.

      Il existe encore moins de chercheurs et de chercheuses qui élaborent à l’appui de leurs démonstrations – en en ayant les moyens financiers et humains – des bases de données aussi volumineuses qu’inédites. L’ouvrage de Cagé et Piketty, avec le site exceptionnel d’accessibilité et d’exhaustivité qui lui est adossé (unehistoireduconflitpolitique.fr), constitue en effet un outil qui dépasse parfois ceux de la statistique publique.

      Un des plus grands mérites du projet est ainsi d’avoir numérisé les résultats de toutes les élections, à l’échelle communale, en France métropolitaine, depuis la Révolution. Et de saisir ainsi une histoire politique en profondeur, alors que nous avons collectivement tendance à nous contenter des évolutions depuis l’après-Seconde Guerre mondiale.

      Cette profondeur historique permet notamment, jugent Cagé et Piketty, de mieux saisir la tripartition politique actuelle entre un bloc de gauche, un bloc social-libéral et un bloc national-patriote, qui ne peut « être correctement analysée qu’en remontant deux siècles en arrière », et notamment à la répartition en trois blocs ayant déjà existé entre 1848 et 1910. De ce fait, « au-delà de son intérêt historique et de la nouvelle base de données qu’il propose, cet ouvrage permet d’apporter un regard neuf sur les crises du présent et leur possible dénouement », vantent les deux chercheurs.

      Et il est vrai qu’en analysant les « déterminants socioéconomiques des comportements politiques » ou, dit plus simplement, « qui vote pour qui et pourquoi », Julia Cagé et Thomas Piketty proposent avec cette large enquête historique un socle pour penser plusieurs éléments essentiels de la politique contemporaine.

      La « régression » démocratique
      Le premier constat documenté est celui d’« une crise d’une ampleur inégalée de notre système démocratique ». Ce constat n’est pas neuf, mais il se révèle vertigineux sous la plume de Julia Cagé et Thomas Piketty. Il s’observe notamment par la chute de la participation électorale au cours des dernières décennies et par le fait qu’elle « s’accompagne d’un écart croissant de participation entre les territoires riches et pauvres, écart qui n’existait pas (ou beaucoup moins nettement) au cours des périodes précédentes, que ce soit au XXe siècle ou au XIXe siècle ».

      Nous avons donc sous les yeux une « régression démocratique particulièrement inquiétante. La démocratie se fonde en effet sur une promesse de participation du plus grand nombre aux décisions publiques, or, deux siècles après la Révolution française, les classes populaires semblent se retirer du jeu électoral dans des proportions inédites. »

      La participation législative, qui oscillait entre 70 % et 80 % de 1848 jusqu’aux années 1980-1990, a ainsi dévissé pour se retrouver à tout juste 50 % en 2017 et 2022. Un déclin étroitement corrélé à la pauvreté puisque, aux dernières élections législatives, le taux de participation moyen dans les 10 % des communes les plus aisées a été supérieur de près de 11 points à celui observé dans les 10 % des communes les plus pauvres.

      En première approche, on pourrait penser que « la montée des inégalités pourrait avoir contribué à nourrir un sentiment d’abandon et un découragement politique au sein des communes les plus pauvres ». Mais, notent Cagé et Piketty, les « écarts de richesse entre communes étaient encore plus élevés au XIXe siècle ou au début du XXe siècle que ce qu’ils sont en ce début de XXIe siècle, et pourtant les écarts de taux de participation n’étaient pas aussi importants qu’aujourd’hui. La perception d’une forte injustice ne nourrit pas nécessairement l’abstention : dans l’absolu, elle peut tout aussi bien alimenter une forte mobilisation, suivant la nature de l’offre politique qui est proposée ».

      Le facteur déterminant est donc l’offre politique et sa capacité de représenter des territoires et des populations. Alors que la participation aux élections est généralement plus forte dans le monde rural que dans le monde urbain pendant quasiment deux siècles, de 1848 à 2022, il existe une exception importante entre 1920 et 1970, en lien avec une forte mobilisation ouvrière en direction du Parti communiste qui se concentre dans les villes et banlieues.

      Le fait que les ouvriers participent relativement moins aux élections est certes un résultat connu. Mais ce que permet de mettre au jour l’approche historique sur plus de deux siècles est « la nouveauté de ce phénomène et son aggravation » aussi récente que massive.

      De ce fait, le vote pour le « bloc central libéral-progressiste » enregistré lors du scrutin de 2022 apparaît comme le plus « bourgeois » de toute l’histoire électorale française depuis la Révolution…

      Les contours de la classe géo-sociale
      Le second enjeu majeur de l’ouvrage consiste, à la suite d’autres chercheuses et chercheurs, à complexifier la notion de classe afin d’inscrire les inégalités de richesse dans les territoires. Pour les auteurs, « la classe sociale existe et n’a jamais cessé de jouer un rôle déterminant dans la confrontation politique, mais pour être féconde, elle doit être envisagée dans une perspective multidimensionnelle et spatiale ».

      Ils reprennent la notion de « classe géo-sociale », proposée par le philosophe Bruno Latour, mais « comprise de façon plus large dans ses dimensions socio-économiques », comprenant notamment la question des inégalités d’accès aux transferts sociaux et aux services publics (écoles, hôpitaux, équipements sportifs et culturels…), la détention des moyens de production, la hiérarchie des salaires et des revenus, l’accès à la propriété et au logement…

      Soucieux de s’adresser à un « lecteur-citoyen », Julia Cagé et Thomas Piketty exposent les différences de comportements électoraux dans des unités territoriales qui parlent à tout le monde : les métropoles, les banlieues, les bourgs et les villages.

      Les principales conclusions de cette lecture socio-spatiale de deux siècles d’élections sont d’abord que les inégalités territoriales, qui avaient connu une réduction significative depuis le XIXe siècle, sont reparties à la hausse depuis les années 1980-1990, d’une façon encore plus prononcée que les inégalités de revenus ou de patrimoine. En 2002, le revenu moyen des 1 % des communes les plus riches est ainsi plus de huit fois plus élevé que celui des 1 % des communes les plus pauvres, alors que cet écart était à peine supérieur à cinq au début des années 1990.

      Toutefois, la « convergence vers le bas des banlieues pauvres et des bourgs pauvres », sous l’effet de la polarisation spatiale accrue du territoire français et de la concentration des richesses dans les métropoles, est à mettre en regard du fait que « les comportements politiques de ces différents territoires ont profondément divergé au cours des dernières décennies ». Tout l’ouvrage vise à comprendre ce paradoxe et les conditions de son possible dépassement.

      Le rapport déterminant à la propriété
      Ces analyses socio-spatiales permettent ensuite de mettre au centre du conflit électoral et politique le rapport à la propriété. L’ouvrage insiste à plusieurs reprises sur la nécessité de différencier les inégalités face aux revenus et à la propriété parce qu’elles « sont imparfaitement corrélées et ont toutes deux un impact majeur sur les conditions de vie, et d’autre part car elles nourrissent des imaginaires, des visions du monde et des comportements politiques » qui ne sont pas exactement les mêmes.

      Depuis 1990-2000, une des variables les plus significatives pour expliquer les différentiels de participation est la proportion de ménages propriétaires de leur logement, alors qu’il n’existait aucun effet significatif de ce type auparavant. L’impact de la proportion de propriétaires sur le vote pour les différents courants politiques est également patent, « avec en l’occurrence un effet de plus en plus net sur le vote FN-RN depuis 2000-2010 ».

      La proportion de ménages propriétaires de leur logement a toujours été plus élevée dans les villages et les bourgs, puis dans les banlieues et enfin dans les métropoles. Or, écrivent Piketty et Cagé, le fait de « se retrouver durablement endetté pour rembourser son pavillon, avec les efforts d’épargne et de stabilité professionnelle et personnelle que cela implique, contribue en outre à forger des valeurs et des identités qui se définissent en partie par opposition à d’autres groupes qui ne sont pas lancés dans une telle trajectoire ».

      Que ces « différences soient en partie artificielles », parce qu’un loyer peut aussi demander des efforts contraignants, n’enlève « rien à leur force, dans un monde où la connaissance des autres classes socio-spatiales et de leurs expériences concrètes de vie est par nature relativement limitée ».

      Si les partis de gauche et écologistes souhaitent regagner du terrain auprès des classes populaires des villages et des bourgs [...], il faudra également soutenir les aspirations populaires à la propriété individuelle.

      Julia Cagé et Thomas Piketty
      Pour Cagé et Piketty, une des raisons de la croissance du vote FN-RN (Front National-Rassemblement national) est à chercher là. Avec le diplôme, la « seconde distinction extrêmement marquée entre le vote de gauche et le vote FN concerne la relation à la propriété », dans la mesure où le bulletin Le Pen serait largement un vote de « petits-moyens » accédants à la propriété.

      Ce qui expliquerait notamment pourquoi le RN a proposé, lors des élections de 2022, une importante extension du PTZ (prêt à taux zéro), où chaque famille pourrait désormais bénéficier de la part de l’État d’un prêt de 100 000 euros sans intérêts, et ajouté que ce prêt ne serait plus remboursé à partir de la naissance du troisième enfant, mêlant ainsi deux éléments clés du discours lepéniste : l’accession à la propriété et la thématique nataliste.

      « Si les partis de gauche et écologistes souhaitent regagner du terrain auprès des classes populaires des villages et des bourgs, jugent donc les auteurs, il ne suffira pas de défendre les services publics. Il faudra également soutenir les aspirations populaires à la propriété individuelle, aussi bien d’ailleurs dans le monde rural que dans le monde urbain. »

      Tripartition politique et division spatiale des classes populaires
      Ces données socio-spatiales aident ainsi à saisir la dynamique de certains partis, comme le RN, ou au contraire les difficultés d’autres organisations, notamment à gauche. Julia Cagé et Thomas Piketty y lisent aussi la source de la tripartition politique contemporaine, le bloc centriste-libéral au pouvoir profitant de la division entre les classes populaires rurales et urbaines, que les forces de gauche étaient parvenues à réduire à plusieurs époques du XXe siècle.

      Cette impasse structurelle du bloc de gauche n’est soluble, pour les auteurs, qu’à une condition : briser la « tendance répétée à considérer le monde rural comme structurellement conservateur, éternellement soumis aux puissants et perpétuellement rétif au progrès et à la démocratie, alors que le monde urbain serait porteur de valeurs de modernité et de changement ».

      Si tant de paysans ont tourné le dos à la Révolution française, rappellent Piketty et Cagé en reprenant les études fondatrices de Paul Bois et de Charles Tilly, « ce n’est pas parce qu’ils seraient subitement devenus conservateurs. C’est parce qu’ils ont été profondément déçus dans leur espoir d’accéder à la propriété et de cesser de travailler pour les autres ».

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      Julia Cagé démonte une démocratie privatisée
      30 août 2018
      La configuration actuelle est similaire, dans la mesure où le monde des villages et des bourgs perçoit, à juste titre, l’évolution des inégalités non comme « la conséquence de forces naturelles ou exogènes », telles que la mondialisation ou le progrès technique, mais comme découlant de choix politiques : priorité donnée aux TGV sur les TER, choix de localisation des hôpitaux et des écoles…

      La difficulté supplémentaire est que le creusement du clivage politico-spatial a, tout récemment, été préempté par le FN-RN et catalysé par un phénomène d’ampleur, à savoir la « ruralisation » du vote pour le FN-RN. L’évolution est « spectaculaire » puisque lors des législatives de 1986-1988, le vote FN est concentré dans les banlieues et les métropoles.

      Lors des législatives de 2017-2022, la situation « a changé du tout au tout » : le bloc social-écologique rassemblant les partis de gauche et écologiques est beaucoup mieux implanté dans le monde urbain que dans le monde rural, alors qu’à l’inverse le bloc national-patriote réalise des scores près de deux fois plus élevés dans les villages et les bourgs que dans les banlieues et les métropoles.

      © Infographie Mediapart
      Contre l’idée d’une progression inéluctable du parti de Marine Le Pen, les auteurs rappellent toutefois que le vote FN a pu baisser, passant au premier tour des législatives de 15 % en 1997 et 11 % en 2002 à 4 % en 2007. En 2007-2012, le score ne s’est pas envolé par rapport à 1986-1988 mais « le profil territorial s’est complètement inversé ».

      Autre enseignement : lors des législatives de 1988, le vote FN n’est pas seulement urbain, « il est concentré au sein des communes urbaines ayant la plus forte proportion d’étrangers ». Une relation avec la présence étrangère qui disparaît presque complètement en 2017-2022…

      Cet élément fait partie du troisième enjeu crucial du livre : sa volonté de montrer que, même si les thématiques identitaires saturent l’espace médiatique et politique, elles ne structurent pas pour autant les comportements électoraux, qui demeurent déterminés, en premier lieu, par les conditions socio-économiques.

      Le faux-nez des thématiques identitaires
      Les auteurs reconnaissent bien qu’il est difficile de séparer « ce qui relève du conflit identitaire et du conflit classiste » car ces dimensions sont imbriquées, hier comme aujourd’hui : « À la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, le conflit religieux est intiment lié à la question de la redistribution des terres de l’Église et de leur accaparement par les élites urbaines, puis à la question du système scolaire et particulièrement de la scolarisation des jeunes filles, largement oubliées par le système public et étatique. À la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, le conflit migratoire est étroitement imbriqué avec la question des territoires et des services publics et les perceptions croisées d’abandon et de favoritisme qui se sont développées à ce sujet, notamment entre bourgs et banlieues. »

      Mais, en dépit de la nouvelle diversité des origines qui composent la société française et d’une diversité religieuse inédite, l’un des principaux résultats de l’enquête est que « les variables sociologiques liées à la richesse, à la profession ou au diplôme sont des déterminants autrement plus importants de vote que les variables liées aux origines ». Pour les auteurs, « le fait que le débat public se focalise souvent sur les questions identitaires témoigne avant tout de l’oubli de la question sociale et de l’abandon de toute perspective ambitieuse de transformation du système économique ».

      On voit à quel point un système rigide de catégories ethno-raciales du type blanc / noir / maghrébin / asiatique inspiré de celui appliqué aux États-Unis pourrait avoir des effets pervers dans le contexte français.

      Julia Cagé et Thomas Piketty
      La France demeure certes le pays « où l’écart entre la perception et la réalité est le plus élevé » concernant la présence de l’islam, puisque les personnes interrogées répondent en moyenne que les musulman·es représentent 31 % de la population, soit 23 points de plus que la réalité (8 %) ! Toutefois, l’interpréter comme « le signe d’une peur de submersion culturelle et migratoire et de “grand remplacement” à laquelle aucun argument rationnel et aucune tentative ne pourraient s’opposer » serait d’un pessimisme excessif, jugent les auteurs. Pour au moins deux raisons.

      D’abord, le processus de métissage « se déroule beaucoup plus rapidement que ce que l’on imagine parfois, au sens où les origines mixtes deviennent ultra-majoritaires dès la troisième génération ». L’enquête TeO organisée par l’Ined (Institut national d’études démographiques) et l’Insee montre par exemple que la proportion d’intermariages atteint 30-35 % pour les personnes ayant une origine nord-africaine à la génération précédente, soit le même niveau que pour celles ayant une origine portugaise.

      Compte tenu de cette prépondérance des origines mixtes, estiment Julia Cagé et Thomas Piketty à propos d’un débat récurrent, « on voit à quel point un système rigide de catégories ethno-raciales du type blanc / noir / maghrébin / asiatique inspiré de celui appliqué aux États-Unis pourrait avoir des effets pervers dans le contexte français. Il obligerait chacun à devoir choisir une identité principale au détriment des autres et pourrait contribuer à rigidifier ainsi les frontières entre groupes et à exacerber les antagonismes ».

      Ensuite, ces thématiques identitaires portées médiatiquement et politiquement ne « prennent » pas vraiment électoralement. « Les facteurs liés à la religion ou aux origines jouent un rôle non négligeable, écrivent les auteurs. Simplement, ce rôle est quantitativement beaucoup moins important que celui de la classe géo-sociale et tend à être absorbé par cette dernière. Ces résultats s’inscrivent en faux contre l’idée d’une “ethnicisation” du conflit politique français et d’une inexorable montée en puissance des clivages “communautaires”, très diffusée dans le débat public. »

      Les scores désastreux aux dernières élections législatives de personnages comme Manuel Valls ou Jean-Michel Blanquer, qui en ont fait leur fonds de commerce, pourraient constituer d’autres signes de ces affirmations.

      Ces éléments structurants posés, les auteurs formulent plusieurs propositions et hypothèses qui, davantage que leurs analyses, prêtent le flanc à la discussion ou à la critique.

      Une tripartition politique instable ?
      La plus importante est leur idée que la tripartition politique actuelle serait suffisamment instable pour envisager sa disparition prochaine. Ce qui serait, selon eux, une bonne nouvelle dans la mesure où la bipolarisation, « particulièrement forte entre 1910 et 1992, a eu un impact déterminant et largement positif pour le développement démocratique, social et économique du pays au cours du XXe siècle ».

      Néanmoins, la dimension prédictive des sciences sociales étant quasiment nulle, si l’on excepte peut-être la démographie, il est délicat de se fonder sur l’histoire pour éclairer l’avenir. Il y a certes des leçons à tirer du fait que la « première tripartition » entre 1848-1910 avait comme point commun avec l’actuelle « la division des classes populaires urbaines et rurales entre bloc de gauche et de droite » et qu’un retour de la gauche au pouvoir implique de mettre fin à cette division.

      Ou encore, en cette période de cacophonie à gauche, du fait que « ce sont avant tout les contradictions au sein de l’alliance des trois partis progressistes (communistes, socialistes, radicaux-socialistes) autour du contenu du socialisme démocratique et du régime de propriété qu’ils souhaitent mettre en place » qui ont limité la capacité de ce bloc de gouverner durablement le pays.

      Mais la fin de la tripartition actuelle pourrait mener, comme ils l’évoquent, non à une bipolarisation gauche/droite porteuse de progrès social et démocratique, mais à une bipolarisation entre un bloc libéral et un bloc national-patriote, à l’instar de ce qui se passe en Pologne, où le PiS (Droit et justice) a réussi à conquérir le pouvoir sur la base d’une plateforme sociale axée sur la défense des retraites et la création d’importantes allocations familiales, complétée par un violent discours nationaliste, et se trouve désormais comme seul rival face à un bloc libéral-progressiste.

      On peut aussi estimer que si la tripartition peut effectivement se « lire comme une forme de rente permettant à un bloc opportuniste de se maintenir au pouvoir à moindre risque tout en arrêtant le mouvement vers l’égalité sociale », il demeure optimiste de penser que cette « tripartition est structurellement instable et n’est pas appelée à perdurer sous sa forme actuelle », tant les divisions actuelles de la gauche et son inaptitude à réunir les classes populaires urbaines et rurales sont aujourd’hui flagrantes.

      La possibilité d’une victoire d’une « classe écologique » qui réponde à la fois aux attentes des classes populaires et à la transformation, aussi nécessaire que radicale, du système productif, semble ainsi demeurer lointaine, et impossible si les plus défavorisé·es ne sont pas convaincu·es au préalable que la répartition des efforts et des bénéfices est la plus juste possible.

      Des pistes pour la gauche
      Il n’en reste pas moins que les deux chercheurs font des propositions susceptibles de constituer le socle d’une gauche unie. Comme mettre en place « un système de parité sociale contraignant les partis à présenter au moins 50 % d’ouvriers et d’employés (soit approximativement leur part dans la population active actuellement) sous peine de sanctions dissuasives », sur le modèle de la parité hommes-femmes qui a montré son efficacité.

      Ou encore empêcher qu’en matière scolaire les « établissements privés échappent entièrement » aux « procédures communes », alors que « les questions éducatives ont joué un rôle structurant dans le conflit politique et électoral au cours des deux derniers siècles » et qu’il « en ira certainement de même à l’avenir ».

      Surtout, les auteurs proposent d’agir sur la répartition des richesses pour redistribuer « la propriété en général », au-delà même de la question de l’accès au logement. La gauche pourrait pour cela, jugent les auteurs, « proposer de mettre en place un héritage minimum pour tous à 25 ans, qui, pour fixer les idées, pourrait être à terme de l’ordre de 120 000 euros (environ 60 % du patrimoine moyen par adulte actuellement) ».

      Celui-ci serait financé par les impôts sur le revenu et les patrimoines. À titre d’exemple, rappellent-ils, il suffirait d’introduire « un taux de CSG de 2 % sur les plus grandes fortunes du pays pour rapporter 20 milliards d’euros par an, soit deux fois plus de ressources que toutes les économies réalisées par le projet de réforme des retraites qui a mis le pays à feu et à sang en 2023 ».

      Cette action sur les richesses est sans doute le meilleur moyen de contrer la progression du parti lepéniste, qui a toujours « autant de difficultés à formuler des propositions explicites de mise à contribution des plus riches ».

      Le vote comme expérience subjective
      Une seconde réserve est d’ordre méthodologique. Elle tient en partie au projet lui-même qui est de proposer une « histoire des comportements électoraux et des inégalités socio-spatiales en France de 1789 à 2022 ». La puissance du livre risque, en cherchant à dégager des grandes structures du vote sur le long terme, de se retourner en faiblesse pour penser une partie de la politique contemporaine.

      Par exemple, le soulagement de constater que les crispations identitaires demeurent aujourd’hui des facteurs négligeables du vote par rapport aux inégalités socio-spatiales sera-t-il encore valable demain, alors que les « guerres culturelles » atteignent une intensité rarement égalée dans la structuration des débats publics ?

      Plus généralement, en étudiant sur le long terme les raisons du vote, les auteurs ne manquent-ils pas une large part de celui-ci ? Julia Cagé et Thomas Piketty le reconnaissent : une des « limitations importantes de [leur] démarche et des données [qu’ils ont] rassemblées » est d’avoir observé les élections « au niveau de communes et de territoires, et non au niveau des électeurs individuels ». Peut-on à cette échelle rendre compte de ce qu’ils désignent eux-mêmes comme « la complexité des expériences et des subjectivités individuelles » ?

      Le vote est volatil et les représentations personnelles peuvent influer fortement sur une élection. Et ce jusqu’au tout dernier instant – qu’on se rappelle l’effet de l’affaire « Papy Voise » sur l’élection de 2002 ayant pour la première fois propulsé le FN au second tour de l’élection présidentielle. Ne pourrait-il pas en être de même demain à propos de la guerre en Ukraine ou d’une catastrophe écologique majeure, même si la déflagration climatique peine à se traduire dans les urnes ?

      Un « bloc national-patriote » hétérogène
      Une autre limite méthodologique est que le projet du livre vise, au fond, à donner des éléments pour contrer la progression du bloc « national-patriote » en dénonçant les effets délétères de la mainmise sur le pouvoir du « bloc centriste libéral » et en donnant pour cela quelques outils au bloc de gauche.

      Mais la définition du bloc « national-patriote » qui agrège RN, Reconquête et Les Républicains (LR) est-elle suffisamment solide ? Julia Cagé et Thomas Piketty reconnaissent que « le “bloc national-patriote” n’est pas véritablement un bloc politique au sens où ses différentes composantes auraient bien du mal à gouverner ensemble ».

      Ses trois principales composantes se caractérisent en effet par des bases sociales, territoriales et programmatiques extrêmement différentes, voire totalement opposées. Que les droites soient aujourd’hui en fusion est une réalité largement établie, en France comme en Europe. Mais sur quelles bases distinguer le bloc centriste libéral macroniste de LR, quand le président de la République parle de « décivilisation » et prépare des mesures migratoires que le RN aurait bien du mal à renier ? En outre, dans certains territoires particuliers, une droite encore républicaine ne constitue-t-elle pas encore un rempart contre le RN ?

      Les limites du « conflit politique »
      Une dernière critique conjugue réserves politiques et méthodologiques. En donnant une définition étroite du conflit politique, limité à l’affrontement électoral, Julia Cagé et Thomas Piketty prennent un risque dont ils sont conscients. « L’expérience des années 1920 montre que le basculement institutionnel peut s’opérer très vite et rappelle l’importance décisive du contexte historique et des luttes sociales, au-delà des résultats électoraux obtenus par les différents blocs », écrivent-ils par exemple.

      Dans ces années, « l’ironie veut que ce soit l’une des chambres parlementaires les plus à droite de l’histoire de la République [...] qui a mis en place l’impôt progressif sur les très hauts revenus le plus élevé que le pays n’ait jamais connu ». Un changement de pied qui n’est pas seulement lié aux conséquences de la guerre ou à la révolution de 1917 en URSS, puisqu’il se manifeste aussi aux États-Unis, où l’influence de ces événements est moindre, mais où la demande d’égalité portée par des structures syndicales et partidaires est tout aussi puissante qu’en Europe, surtout après la crise de 1929 perçue comme une faillite des élites libérales.

      Cette réduction du « conflit politique » au cadre électoral est fondée avant tout sur un choix scientifique et méthodologique. Mais n’exprime-t-elle pas aussi une approche du politique qui risque d’être trop mesurée ?

      À propos, par exemple, de la question déterminante de savoir si l’État social forgé au XXe siècle peut continuer à croître, les auteurs notent bien qu’il est « frappant de constater à quel point le développement de l’État social s’est interrompu dans l’ensemble des pays européens depuis 1980-1990 ». Pourtant, écrivent-ils aussi, cela ne doit pas empêcher d’entendre les critiques sur « l’efficacité de l’action publique », voire sur les risques d’augmenter la contribution fiscale des plus mobiles et entreprenants.

      Cagé et Piketty balayent ainsi par exemple d’un revers de main l’idée que « la création monétaire » serait la « solution miracle permettant de financer l’État social et de définir un nouveau modèle économique pour le XXIe siècle », alors que celle-ci est pourtant portée par une partie de la gauche européenne et états-unienne.

      La volonté des deux auteurs de convaincre un public large en restant raisonnables et en mettant la focale sur le cadre électoral est compréhensible, mais elle risque de laisser certains lecteurs et certaines lectrices désemparé·es. Leur analyse de l’accélération et du durcissement des inégalités socio-spatiales peut en effet laisser penser que la priorité, comme les auteurs le rappellent à plusieurs reprises, est certes la reformulation d’une offre politique ambitieuse susceptible d’ébranler les structures du vote mises au jour. Mais que cette reconfiguration électorale risque aussi d’avoir du mal à exister sans quelques coups de béliers politiques portés hors des isoloirs.

      Julia Cagé et Thomas Piketty,
      Une histoire du conflit politique. Élections et inégalités sociales en France, 1789-2022,
      Éditions du Seuil,
      864 pages, 27 euros

    • Une histoire du conflit politique. Elections et #inégalités_sociales en #France, 1789-2022

      Qui vote pour qui et pourquoi ? Comment la structure sociale des élec­torats des différents courants politiques en France a-t-elle évolué de 1789 à 2022 ? En s’appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques des 36 000 communes de France couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une his­toire du vote et des inégalités à partir du laboratoire français.

      Au-delà de son intérêt historique, ce livre apporte un regard neuf sur les crises du présent et leur possible dénouement. La tripartition de la vie politique issue des élections de 2022, avec d’une part un bloc central regroupant un électorat socialement beaucoup plus favorisé que la moyenne – et réunissant d’après les sources ici rassemblées le vote le plus bourgeois de toute l’histoire de France –, et de l’autre des classes populaires urbaines et rurales divisées entre les deux autres blocs, ne peut être correctement analysée qu’en prenant le recul historique nécessaire. En particulier, ce n’est qu’en remontant à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, à une époque où l’on observait des formes similaires de tripartition avant que la bipolarisation ne l’emporte pendant la majeure partie du siècle dernier, que l’on peut comprendre les tensions à l’oeuvre aujourd’hui. La tripartition a toujours été instable alors que c’est la bipartition qui a permis le progrès économique et social. Comparer de façon minutieuse les différentes configurations permet de mieux envisager plusieurs trajectoires d’évolutions possibles pour les décennies à venir.

      Une entreprise d’une ambition unique qui ouvre des perspectives nouvelles pour sortir de la crise actuelle. Toutes les données collectées au niveau des quelques 36 000 com­munes de France sont disponibles en ligne en accès libre sur le site unehistoireduconflitpolitique.fr, qui comprend des centaines de cartes, graphiques et tableaux interactifs auxquels le lecteur pourra se reporter afin d’approfondir ses propres analyses et hypothèses.

      https://www.seuil.com/ouvrage/une-histoire-du-conflit-politique-julia-cage/9782021454543
      #histoire #élections

    • Manuel Bompard - Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?
      https://tendanceclaire.org/breve.php?id=43582

      Cela permet d’abord de tordre le cou à une première idée forte, très largement diffusée ces dernières années : non, ce n’est pas l’obsession identitaire qui structure les comportements électoraux mais bien la situation sociale. C’est une mise à distance claire des thèses d’un Christophe Guilly ou d’un Jérôme Fourquet voulant transposer dans notre pays la thèse du choc des civilisations présentée dans le cadre des relations internationales par Samuel Huttington et les néoconservateurs américains.

      Non, la gauche n’a pas perdu le vote populaire

      L’analysé de Cagé et Piketty confirme la structuration du champ politique en 3 blocs distincts que l’on a pu observer lors des élections présidentielles et législatives de 2022. On y retrouve un bloc libéral autour d’Emmanuel Macron : Cagé et Piketty démontrent que le vote pour Emmanuel Macron est « le vote le plus bourgeois de l’histoire. » En effet son volume croît de manière très forte en même temps que le niveau de richesse des individus. A droite, si l’on regroupe l’électorat de Marine le Pen, d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse dans un même bloc « nationaliste », on voit aussitôt combien il est marqué par une très forte contradiction sociale. Car si le vote pour Marine le Pen est davantage populaire que bourgeois, les votes pour Zemmour et Pécresse sont au contraire largement surreprésentés parmi les électeurs les plus riches du pays. Enfin, le bloc social-écologiste qui rassemble les partis de la NUPES se caractérise par des scores plus importants que la moyenne parmi les plus bas revenus et des scores beaucoup plus faibles que la moyenne parmi les plus hauts revenus.

      La présentation de la « composition sociale » des votes des différents blocs permet d’écarter une deuxième idée fausse. Non, la gauche n’a pas « perdu les catégories populaires » : son électorat reste très largement déterminé par le niveau de revenu et c’est dans le vote Mélenchon en 2022 que l’on trouve la plus grande surreprésentation des 10% les plus pauvres du pays. L’électorat traditionnel de l’ancienne gauche s’est désarticulé, sa composante bourgeoise convergeant avec la composante bourgeoise de droite dans le bloc macroniste, tandis que sa composante populaire s’est reportée sur la nouvelle gauche incarnée par la France insoumise. Autrement dit, les classes populaires se sont détachées de « la gauche d’avant », mais elles l’ont fait pour se tourner vers les insoumis.

  • La presse mainstream et l’extrême-droite

    L’ensemble des personnels du JDD (groupe Lagardère tout juste racheté par Bolloré) viennent de voter (à 99%) une grève de 24 heures.

    Motif, l’actuel directeur de la rédaction, Jérome Béglé prend la direction de Paris-match (itou Bolloré).

    Remplacé par Geoffroy Lejeune, grand ami de Zemmour et Le Pen la jeune, tout juste viré du Point pour extrémisme :-)

    Qui sera secondé par Charlotte d’Ornenas, la nouvelle Jeanne d’Arc des fachos...

    2027 c’est demain...

    • Geoffroy Lejeune, une croisade réactionnaire jusqu’au « Journal du dimanche »
      https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2023/06/24/geoffroy-lejeune-une-croisade-reactionnaire-jusqu-au-journal-du-dimanche_617

      Une décennie qu’il fait sien le conseil livré en 2012 par l’idéologue d’extrême droite #Patrick_Buisson : « Investissez les médias. »

      A sa sortie de l’Ecole supérieure de journalisme de Paris et d’un stage au Point, en 2011, Geoffroy Lejeune atterrit à Valeurs actuelles, recruté par le patron de l’époque, Guillaume Roquette, actuel directeur de la rédaction du Figaro Magazine. Le titre des droites anti-gaullistes vivote. Un nouveau directeur, Yves de Kerdrel, doit le relancer pour en faire le journal de « la droite qui s’assume ». En 2016, la revue célèbre ses 50 ans, le milliardaire franco-libanais Iskandar Safa vient de la racheter. Geoffroy Lejeune est promu directeur de la rédaction, il a 27 ans. Sa mission : faire oublier les excès, comme cette « une » sur les Roms ayant valu au journal d’être condamné pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence.
      Déterminé à mener le « combat culturel », Geoffroy Lejeune fait venir Charlotte d’Ornellas, qui a débuté au site d’extrême droite Boulevard Voltaire, proche des catholiques traditionalistes et des sphères identitaires. Mais aussi son propre frère, Bastien Lejeune, promu rédacteur en chef. Son ami Tugdual Denis, venu du Point, devient son adjoint. « Les Charlotte d’Ornellas, Eugénie Bastié, Alexandre Devecchio restent des exceptions dans le milieu médiatique », déplore-t-il, en appelant au « sursaut » à l’école créée par Marion Maréchal, l’une de ses amies les plus chères depuis l’adolescence.
      Pas de deux avec la Macronie jusqu’à l’irruption de Zemmour
      Outre la nièce de Marine Le Pen – à qui il consacre de nombreux numéros –, ses intimes comptent le chanteur Vianney, l’humoriste Gaspard Proust, avec qui il part en vacances dans son chalet des Alpes, ou encore l’écrivain aux accents réactionnaires Michel Houellebecq. En avril 2019, ce dernier l’invite à l’Elysée pour sa remise de Légion d’honneur, décision à laquelle #Geoffroy_Lejeune a concouru… à travers son ami Bruno Roger-Petit, actuel conseiller mémoire d’Emmanuel Macron.

      suivi de Comment l’extrême droite a infiltré les médias, juin 2022
      https://justpaste.it/agiif

      #media #extrême_droite #Vincent_Bolloré

    • L’impact de La Manif pour tous

      Le quinquennat de François Hollande marque un coup d’accélérateur. La droite conservatrice, pourtant peu habituée à battre le pavé, n’en revient pas du succès de La Manif pour tous, qui s’oppose au mariage entre personnes de même sexe. « J’ai été étonnée du nombre et de la durée de la mobilisation. Ça a créé un désir militant », se souvient Charlotte d’Ornellas, catholique conservatrice revendiquée, partie prenante du mouvement. Tandis que le couple Ménard lance le site de la droite « hors les murs » Boulevard Voltaire, des jeunes gens aux antipodes des caricatures poussiéreuses de la génération Le Pen ou des Versaillais en chaussures bateau trouvent le chemin des chaînes d’infos, qui cherchent justement des personnalités tranchées pour pimenter les débats – et soutenir les audiences.

    • Pourtant, de l’aveu même de ses protagonistes, la conquête gramsciste de l’opinion, qui vise à remporter la bataille culturelle des idées, ne cesse d’avancer. « Dans les années 1980, ceux qui critiquaient l’immigration, la mondialisation, on les voyait comme des Bourvil à vélo, des vieux cons des années 1950 », décrit le député RN Philippe Ballard, quarante ans de journalisme, dont vingt-cinq à TF1, et passé au RN en 2021. Selon eux, le réel aurait simplement rattrapé des médias idéologiquement aveuglés. Pourtant, alors qu’Eric Zemmour et les rédactions revenaient, cet automne, de manière obsessionnelle sur l’immigration, ce sujet ne figurait pas en tête des préoccupations des Français. « Un combat culturel est gagné quand un sujet devient normal dans la tête des gens », insiste Charlotte d’Ornellas.

    • En cinq ans, les choses ont changé : « Quand Emmanuel Macron a été élu, les chaînes d’infos faisaient l’actu. Maintenant, c’est une espèce de système réseaux sociaux-YouTube-chaînes d’opinion », constate une source à l’Elysée

    • re : https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2023/06/24/geoffroy-lejeune-une-croisade-reactionnaire-jusqu-au-journal-du-dimanche_617

      cité par @colporteur plus haut,

      En avril 2019, [#Michel_Houellebecq] l’invite à l’Elysée pour sa remise de Légion d’honneur, décision à laquelle #Geoffroy_Lejeune a concouru… à travers son ami #Bruno_Roger-Petit, actuel conseiller mémoire d’Emmanuel Macron.

      Si le « conseiller mémoire » de Macron est membre du club des réacs, c’est pas juste les médias / mainstream qui sont « investis » par l’extrême droite ; c’est carrément, officiellement, la tête de l’état :-)

      Plus les pieds, vu qu’on a réussi collectivement à envoyer presque 90 FN au parlement.

    • « Tableau de chasse » de #Vincent_Bolloré :

      https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/canal-i-tele-paris-match-avant-le-jdd-la-mainmise-de-vincent-bollore-su

      Vincent Bolloré récidive. Spécialisé à l’origine dans la papeterie, l’homme d’affaires a débuté la construction de son empire médiatique il y a près de dix ans, en 2014, en accédant à la présidence du conseil de surveillance du groupe Vivendi, et du même coup de sa filiale Canal+. Récemment, le milliardaire a étendu sa toile en lançant une OPA (offre publique d’achat) sur les médias du groupe Lagardère. Après la validation de l’opération par la Commission européenne, le patron ultra-conservateur est entré en conflit avec la rédaction du JDD.

    • Soutien au « JDD » : la droite défend Geoffroy Lejeune, Jean-Luc Mélenchon détonne à gauche
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/06/29/soutien-au-jdd-la-droite-defend-geoffroy-lejeune-jean-luc-melenchon-detonne-

      Les trois chefs de partis de gauche ont signé la tribune de soutien où l’on retrouve des élus de La France insoumise (LFI), comme les députés Clémentine Autain, Manon Aubry, Louis Boyard, Alexis Corbière, Eric Coquerel et Raquel Garrido. Mais pas de trace de Jean-Luc Mélenchon. Une décision assumée en interne par l’ancien candidat à l’élection présidentielle, qui renoue avec ses critiques contre la presse. Dans une tonalité qui dépasse largement la critique, consensuelle à gauche, de la concentration des médias.

      Dans une boucle interne, M. Mélenchon a estimé que signer la tribune n’avait « pas de sens ». Il justifie : « Le JDD nous a insultés et traînés dans la boue toutes les semaines depuis au moins un an. Et dans son dernier numéro paru, encore. C’était d’ailleurs un véritable tract pro-Le Pen. » Il ajoute que « tous les larbins de Bolloré qui composent cette rédaction vont reprendre le travail pour lequel ils sont payés depuis longtemps, promouvoir l’extrême droite ».

    • J’en parlais ici des grévistes du JDD :
      https://seenthis.net/messages/1007908#message1007917

      Les grévistes du JDD ont-ils une explication au fait qu’ils ont zappés eux aussi ce naufrage sur ordre de Frontex ? Ont-ils une explication sur leur « point de vue équilibré » dans leur compte-rendu sur les évènements qui ont ponctué la réforme des retraites ? Pourquoi vont-ils s’étonner quand ils vont s’apercevoir que plus personne n’est en mesure de les soutenir, à la façon de l’histoire du « quand ils s’en sont pris aux juifs, je n’ai rien fait, etc... » ?

  • 70 % des haies ont disparu depuis 1950 en France alors qu’elles sont indispensables Karine Durand - futura-sciences.com

    Un rapport du ministère de l’Agriculture, paru le 27 avril, dresse un bilan dramatique sur la disparition des haies en France. Ces réservoirs de biodiversité, indispensables à la régulation du climat et à l’épuration des eaux, sont en train d’être complètement effacés du paysage français.

    Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français, soit 1,4 million de kilomètres de végétaux indispensables à la nature. Le rapport pointe du doigt la volonté de cultiver le moindre mètre carré disponible : l’agriculture intensive moderne considère en effet les haies comme un espace inutile responsable d’un manque à gagner. Mais les haies ont des bénéfices inestimables : elles sont un réservoir de biodiversité en fournissant un habitat à de nombreuses espèces (merle, tourterelle, lapin, etc.), elles protègent les cultures et animaux domestiques du vent, elles permettent de stocker le carbone et donc d’atténuer le réchauffement climatique, elles régulent les crues et filtrent l’eau. 

    Les bocages et haies les plus étendus et les mieux conservés se situent en Normandie, Bretagne, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et Bourgogne Franche-Comté selon l’Office français de la biodiversité.


    En vert foncé et bleu, les plus grandes densités de haies en France. © Office français de la biodiversité

    Plus de 20 000 km de haies disparaissent chaque année
    La prise de conscience commence à peine à émerger, mais celle-ci ne se traduit pas de manière concrète. Si quelques kilomètres de haies sont replantés tous les ans, la destruction de celles existantes s’est accélérée ces dernières années : 23 571 kilomètres de haies ont été retirés chaque année, en moyenne, entre 2017 et 2021 selon le rapport. Entre 2006 et 2014, cela tournait autour de 10 400 kilomètres en moyenne par an, la destruction des haies s’est donc nettement accélérée depuis cinq ans.


    Le rythme de disparition des haies a atteint un niveau record depuis 2017. Ici, des haies dans la Meuse. © Capnord, Adobe Stock

    Rappelons que la taille des haies est totalement déconseillée entre le 15 mars et le 15 août pour ne pas nuire à la reproduction des oiseaux.

    #Haies #France #Biodiversité #Arbre #Agriculture

    Source : https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/biodiversite-70-haies-ont-disparu-depuis-1950-france-alors-quelles-

    • Pour nourrir sa famille Bruno Le Maire obligé d’improviser avec des restes de saumon Le Gorafi - La Rédaction

      Le ministre de l’Économie et des Finances s’est une fois de plus épanché sur son rôle de père de famille nombreuse et les difficultés à « boucler les fins de mois ».

      Comme beaucoup de Français, Bruno Le Maire subit de plein fouet l’augmentation des prix en France. Lui qui déclarait lors de son passage dans l’émission Quelle Époque attendre avec impatience une baisse des prix sur les produits de première nécessité a de nouveau pris la parole pour évoquer ses difficultés financières.

      « Je ne gagne que 11 000 euros par mois. Quand on enlève les charges, les courses et les impôts qui nous prennent un bras, il ne reste plus que quelques milliers d’euros à la fin du mois »

      Pour nourrir sa famille, le ministre affirme avoir changé ses habitudes et être devenu un fervent défenseur du système D. « Nous nous privons de viande deux jours par semaine. Et pas plus tard qu’hier, j’ai dû improviser avec les moyens du bord. Un gratin à base de restes de saumon, quelques morceaux de truffe récupérés au fond d’un tiroir » raconte le ministre. Des privations à répétition qui ont des effets concrets sur sa morphologie. « Ajouter un point à une ceinture Gucci est un vrai crève-cœur » déclare-t-il en ajoutant avoir perdu deux tailles de pantalon depuis le début de l’inflation en France.

      Pour éviter d’être dans le rouge, le ministre affirme rogner sur tous les budgets de la famille. Chez les le maire, toute la famille est mise à contribution. Le ministre admet avoir même été obligé de demander, la mort dans l’âme, à ses enfants de choisir entre leur cour de harpe et leur club de voile.

      #France #bruno_le_maire #Inflation #prix

  • 🛑 Le gouvernement tente de détourner la colère populaire vers les pauvres et les immigrés... - Rapports de Force

    Totalement décrédibiliser auprès d’une grande majorité de la population, Emmanuel Macron veut tourner la page de la réforme des retraites rapidement. Pour ce faire, son gouvernement n’hésite pas à user de basse politique : réorienter la colère sociale, dont il est responsable, vers des « responsables » de substitution. À savoir : les bénéficiaires des minimas sociaux et les immigrés (...)

    #Macron #macronie #BrunoLeMaire #bonimenteurs #ostracisme #RSA #MinimaSociaux #immigration #xénophobie #MéprisdeClasse...

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://rapportsdeforce.fr/classes-en-lutte/le-gouvernement-tente-de-detourner-la-colere-populaire-vers-les-pauv

  • SVB, Crédit suisse  : le spectre de 2008
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2023/04/02/leconomie-capitaliste-entre-ravin-et-precipice_588676.html

    Le 9 mars, la banque californienne #SVB, qui hébergeait les comptes de nombreuses entreprises de la Silicon Valley, a subi la plus grande panique bancaire de l’histoire. En une seule journée, ses clients ont voulu récupérer, par un simple clic, 42 milliards de dollars. Cette banque, qui n’était pas classée parmi les trente banques internationales jugées «  trop grosses pour faire faillite  », n’avait pas fait d’opérations douteuses ou frauduleuses. Elle ne possédait pas de titres pourris, comme les subprimes qui ont provoqué la faillite de la banque d’affaires #Lehman_Brothers en 2008 et déclenché la crise du système bancaire. Elle avait placé l’argent de ses clients dans des #bons_du_Trésor américain à longue échéance, les titres les plus sûrs au monde. Mais, justement, la valeur de ces obligations d’État a baissé, du fait de la remontée des taux de la Fed. Avec des taux plus hauts, les nouvelles obligations émises par l’État rapportent plus aux financiers qui vendent les anciennes, provoquant leur dévaluation. Un autre effet collatéral de la remontée des taux et du recul de l’argent facile, qui s’ajoute à la crise économique, c’est une plus grande difficulté pour les start-up, californiennes ou autres, de lever des fonds pour accroître leur capital. Quand certaines de ces #start-up, ayant besoin d’argent frais, ont commencé à retirer leurs fonds, la SVB s’est retrouvée piégée, incapable d’honorer les retraits.

    Devant la panique provoquée par la faillite de SVB, la #Fed est intervenue sans délai. Biden en personne s’est exprimé pour assurer les banquiers que l’État garantirait, quoi qu’il en coûte, tous les fonds placés dans les banques. L’État est toujours là pour sauver la mise des capitalistes avec l’argent public. Comme le faisait remarquer un observateur  : «  Les entrepreneurs californiens sont tous libertariens, jusqu’à ce qu’ils soient frappés par une hausse des taux d’intérêt.  » Cette intervention immédiate montre que les dirigeants de la bourgeoisie savent que leur économie est instable et qu’ils redoutent en permanence une nouvelle crise systémique.

    Pratiquant la méthode Coué, comme #Christine_Lagarde, alors ministre de l’Économie de Sarkoky, qui déclarait en 2008  : «  Ceci n’est pas un krach  », #Bruno_Le_Maire a déclaré après la faillite de SVB  : «  Je ne vois pas de risque de contagion en Europe.  » Patatras, moins de vingt-quatre heures plus tard, le #Crédit_suisse, deuxième banque helvétique, était menacé de faillite, tandis que les actions de la #BNP et de la #Société_générale perdaient 30 % à la #Bourse_de_Paris. Le Crédit suisse étant l’une des trente banques dont la faillite menacerait la stabilité de tout le système, les autorités suisses ont imposé à UBS, en moins d’un week-end, de racheter le Crédit suisse pour 3 milliards d’euros. Les emplois des salariés de la banque, eux, n’ont pas été sécurisés. Ils risquent de disparaître par milliers, alors que le Crédit suisse a déjà licencié 9 000 de ses 52 000 salariés au cours des deux dernières années. Pour convaincre les patrons d’#UBS, réticents malgré le prix bradé, car bien placés pour savoir que les coffres du Crédit suisse pouvaient contenir des titres douteux, les autorités suisses leur ont ouvert avec l’argent public un fonds de garantie de 9 milliards. Le Crédit suisse, comme UBS et tant d’autres banques dans le passé, a été récemment mis en cause dans divers scandales de corruption, d’opérations de blanchiment ou d’évasion fiscale, de manipulations de taux. Il avait des participations dans un fonds spéculatif, Archeos, qui a fait faillite en 2021. Toutes les casseroles du Crédit suisse ont fini par faire douter les autres financiers de sa solidité. La faillite de la SVB, en semant le doute sur la solidité de chaque banque, a accéléré sa chute.

    D’autres banques pourraient être entraînées par la chute de la SVB et du Crédit suisse. La #Deutsche_Bank, première banque allemande, pourrait être le prochain domino à tomber. Le 24 mars, son cours boursier a commencé à chuter dangereusement. Dans un #climat_de_défiance générale, l’annonce qu’elle souhaitait rembourser par anticipation certaines de ses créances, au lieu de rassurer les marchés, a déclenché leur méfiance. Les rodomontades de Christine Lagarde, présidente de la #BCE, qui déclarait le 20 mars, lors du sommet des dirigeants de l’UE  : «  Le #secteur_bancaire de la zone euro est résilient  », ne suffiront pas à protéger la société du risque d’une nouvelle #crise_financière systémique. Depuis 2008, les banques ont trouvé le moyen de contourner les mesures dites prudentielles qui leur avaient été imposées pour éviter des faillites en chaîne. Elles ont inventé de nouveaux instruments pour spéculer et s’enrichir par tous les moyens, s’exposant à des faillites en cas de retournements brutaux. Quand les marchés financiers, c’est-à-dire une poignée de grands banquiers ou de grands fonds d’investissement comme #BlackRock, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, perdent confiance dans telle ou telle banque soupçonnée d’être trop exposée, ce qui est le cas de la Deutsche Bank, ils peuvent la faire couler en peu de temps. […]

    #capitalisme #taux_d’intérêt #spéculation

  • « Ces images, c’est la réalité du pouvoir depuis la fin du quinquennat Hollande et surtout le régime de Macron.
    Tous les bourgeois macronards et les crétins qui ont voté pour soi-disant « faire barrage », vous êtes des ordures. »

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1636883635734298625/pu/vid/640x360/Ydyj5xDftDTJnnjL.mp4?tag=12

    Un Policier étrangle une manifestante elle dit ne plus pouvoir respirer, multiples arrestation d’une rare violence #Revolution #Police #arrestation

    https://twitter.com/bruno_amable/status/1637032978000822280?cxt=HHwWkIC2tb609LctAAAA

    • Je pige pas bien la logique de dénoncer le vote pour « faire barrage », puisque si on utilise cette expression c’est pour le deuxième tour de la Présidentielle. Et au deuxième tour, si je me souviens bien, l’alternative c’était La Pen, pas Méluche.

      Je vois pas qu’ici on reproche aux gens d’avoir voté contre La Pen, tout de même.

    • #BrunoAmable —>
      Le quinquennat de la matraque
      https://reflets.info/articles/le-quinquennat-de-la-matraque
      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1637189801014177792/pu/vid/640x360/RETiRHrHYKPq0Ptm.mp4?tag=12

      Gaz lacrymogène, matraque et garde à vue arbitraire, une méthode de gouvernement

      C’est une véritable plongée dans une dystopie qu’Emmanuel Macron impose aux Français, année après année. La violence physique via un maintien de l’ordre désormais sans limites n’est que l’aboutissement d’une violence psychologique bien plus pernicieuse.

      Il faut se souvenir de l’émission de Mediapart dans laquelle Emmanuel Macron était invité en 2016 pour expliquer son programme. Un vrai ChatGPT avant l’heure. Des tombereaux de bla-bla et au sortir de plusieurs heures d’interview : un vide sidéral. Emmanuel Macron a énormément parlé pour, au final, ne rien dire du tout. Cela aurait dû alerter les observateurs et les électeurs. Le personnage s’est révélé dans cette entrevue. On pouvait entendre là, au pire, un vendeur de snake oil, et au mieux, un startupper pitchant son projet creux devant la BPI.

      A peine élu, je me revois discutant de ses choix de ministres avec un journaliste du Canard Enchaîné. J’étais effaré du niveau et des déclarations de l’époque. « Ils sont tout simplement incompétents, je n’ai jamais vu ça », lance mon interlocuteur qui a une longue expérience en ce domaine. Il n’avait pas tort. Emmanuel Macron s’est entouré d’incompétents durant tout son premier et son second quinquennat. La technique est connue de tous les jupitériens en herbe : cela trahit une volonté de tout contrôler sans que personne ne puisse devenir un potentiel challenger.

      L’homme est un fin connaisseur, il a éjecté François Hollande de la course à l’Elysée avant même qu’elle ne commence. L’enfant-roi, incapable d’entendre la moindre critique, persuadé de tout savoir et de tout faire mieux que les autres va laisser libre cours à ses élucubrations ultra-libérales dignes d’un Ronald Reagan sous stéroïdes. S’en prendre systématiquement aux plus pauvres qui seraient la cause de tous les maux de la société, cela ne va pas passer inaperçu. « Le pognon de dingue », la chasse aux chômeurs qui n’auraient pourtant qu’à « traverser la rue » pour trouver un job, la stigmatisation de « ceux qui ne sont rien »... Cette violence gratuite, cette façon de s’en prendre aux plus vulnérables, comme un enfant harceleur dans la cour de récréation, cela va laisser des traces.

      Le mouvement des Gilets Jaunes va le prendre de court, lui qui pensait que l’on pouvait taper continuellement et sans conséquences sur « ceux qui ne sont rien », avec un mépris de classe sans précédent dans l’histoire politique contemporaine. Tout en assénant horreurs après horreurs, tout en énonçant ineptie après ineptie (surtout sur le plan économique et financier), Emmanuel Macron a le don de se présenter en ange de la démocratie, le contraire de ce qu’il est. Comme une sorte d’inversion du sens permanente. Sur un air de « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Avec en cerise sur le gâteau, un principe assez pervers : reprocher aux autres ce que l’on fait soi-même. Les Français sortent de ces six ans éreintés psychologiquement. Le covid, la crise économique, la violence mentale qui leur est infligée par le pouvoir, c’est tout simplement insupportable. Et lorsqu’ils vont tenter d’exprimer leur naturelle colère après tant de harcèlement, Emmanuel Macron va passer à la violence physique. Et pas une petite violence. Une terrible violence. Il restera dans l’Histoire comme le président le plus violent. Bel héritage.

      La période des Gilets Jaunes a marqué les esprits. Ceux de la majorité qui a eu peur de perdre pied. Mais aussi et surtout ceux des premiers concernés également, qui ont envahi les ronds-points, mené un combat politique inédit, manifesté sans relâche tous les samedis, essuyé le maintien de l’ordre le plus violent, systématique et continu depuis, probablement, octobre 1961. Ce n’est pas un discours de gauchiste ou de black bloc. Entre autres instances internationales, les Nations unies, le Défenseur des droits ou le Conseil de l’Europe ont dénoncé l’usage excessif de la force par les autorités françaises. Mais au delà de l’addition morbide des milliers de blessés, les 353 blessés à la tête, les 30 éborgnés, les mutilés (voir décompte de David Dufresne), la violence a marqué la population dans son ensemble. La graine était semée : contesté, le pouvoir répondra par une fureur inouïe, n’ayant qu’un but, dissuader tout contestataire de descendre dans la rue.

      A l’usage massif des LBD et leur cortège de personnes défigurées (lire notre enquête ici, là et là), l’État va ajouter des tonnes de gaz lacrymogène. Qui viendrait manifester pacifiquement en famille, avec des enfants, avec la certitude en tête que des nuages de lacrymos vont recouvrir les manifs ? « D’un point de vue très personnel, alors que je suis syndicaliste, j’ai presque peur d’aller manifester demain. J’ai peur de qui ? J’ai peur des policiers ! Moi, j’ai peur demain des gaz lacrymogènes, j’ai peur de prendre une grenade de désencerclement ou bien un tir de LBD. Le Syndicat de la magistrature l’a dénoncé déjà depuis plusieurs mois, il y a un constat de violences policières… qui a engendré des atteintes à l’intégrité physique de nombreux manifestants… » , avait estimé la magistrate Sarah Massoud dans un live sur Mediapart

      Et comme si tout cela n’est pas suffisant, le gouvernement a eu une idée fantastique : demander aux forces du désordre de faire du chiffre. Arrêter, mettre en garde à vue... Des personnes, souvent prises au hasard, seront ainsi déférées après 24 heures de garde à vue (10.000 la première année). Des centaines de Gilets Jaunes vont venir encombrer les salles d’audience. Leur crime ? Souvent « la participation à un groupement en vue de commettre des violences » avant même que la moindre violence ait eu lieu. Une garde à vue qui pouvait être signifiée à la descente d’un train arrivant à Paris depuis la province un samedi...

      Ces méthodes indignes d’une démocratie dans laquelle le droit de grève et de manifestation devraient être respectés, étrennées durant Nuit Debout, affinées avec les gilets Jaunes, est remise en route ces derniers jours avec la contestation de la réforme des retraites après le passage en force via le 49.3

      La reporter du Parisien Catherine Gasté indiquait le 18 mars que seules 9 personnes sur 292 interpellés le soir du 49.3 sur la place de la Concorde avaient fait l’objet de poursuites. Les motifs des interpellations ne tenaient pas la route.

      A chaque étape de ce cercle de la violence, vient s’agglutiner un peu plus de rancune, de haine recuite, de désespoir. Il faudrait être aveugle et stupide pour ne pas voir, à la lumière des manifestations spontanées qui s’organisent chaque jour depuis l’usage du 49.3 sur les retraites, que la violence déployée jusqu’ici n’a pas calmé les Français. Au contraire. Jusqu’où veut aller l’exécutif exactement ?

    • « On interpelle en masse, on humilie, on hurle sur la presse

      Tout ça s’est passé à Paris, ce 18 mars 2023. Ce pouvoir ne tient plus que par les nervis casqués de la BRAV, les BAC, et les derniers endormis qui ont vu en Macron un rempart. Réveillez-vous ! »

      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1637179632033095682/pu/vid/640x360/9y7VcArZWr-oikPc.mp4?tag=12

      https://twitter.com/alancelin/status/1637386517676007424?cxt=HHwWgIC9oZqXlbktAAAA

  • #MDR La France demande à Berne de « régler » les problèmes de Credit Suisse letemps.ch

    La première ministre française Elisabeth Borne a demandé mercredi aux autorités suisses de régler les problèmes de la banque Credit Suisse, dont la situation suscite des inquiétudes sur les marchés financiers. Plusieurs établissements français, comme BNP Paris et Société Générale ont chuté dans le sillage de Credit Suisse : de 11,11% pour la première et 11,01% pour la seconde, selon les données disponibles vers 11h30.

    « Ce sujet est du ressort des autorités suisses. Il doit être réglé par elles », a affirmé devant le Sénat la première ministre française, lors de la séance des questions au gouvernement. Elle a précisé que le ministre français des Finances Bruno Le Maire « aurait un contact avec son homologue suisse dans les prochaines heures ». Ni Karin Keller-Sutter, conseillère fédérale chargée des Finances, ni le Conseil fédéral, n’a pour l’heure commenté l’information.

    Inquiétudes sur les marchés
    Les Bourses chutaient lourdement mercredi à cause de craintes sur la solidité du secteur bancaire et en particulier de la banque helvétique. Ces inquiétudes suivent de quelques jours la faillite d’une banque américaine, la Silicon Valley Bank (SVB). La cheffe du gouvernement français a réaffirmé que les banques françaises n’étaient pas affectées par cette faillite.

    « Je vous confirme, comme le ministre des Finances l’a rappelé hier, que les banques françaises ne sont exposées à aucun risque à la suite de la faillite de la SVB », a-t-elle dit.

    #banques #EnMarche #bourse #cac40 #Credit_Suisse #bruno_le_maire #SVB #krach #élisabeth_borne #finances #ridicule et #lamentable

    Source : https://www.letemps.ch/economie/france-demande-berne-regler-problemes-credit-suisse

  • Les prix des produits alimentaires se sont envolés de 15 % sur les 12 derniers mois dans la zone €.

    La #hausse_des_prix de l’énergie ralentit quand on la regarde sur un an dans la #zone_euro mais les prix de l#'alimentation continuent, eux, à accélérer. Tant et si bien que, sur les douze derniers mois, le prix des produits alimentaires a augmenté plus vite que celui de l’énergie pour la première fois depuis l’été 2021. Les prix de l’alimentation, y compris le tabac et l’alcool, ont bondi de 15 % dans la zone euro et le constat est le même dans tous les pays du Vieux Continent. C’est désormais un problème politique dans toute l’#Europe.

    En France, la hausse du prix des #produits_alimentaires a certes atteint 14,5 % sur un an. Mais la situation est pire de l’autre côté du Rhin où les prix alimentaires ont crû de 21,8 % en un an. Au Royaume-Uni, les prix ont grimpé de 16,7 % selon l’institut Kantar, ce qui représente une dépense supplémentaire de près de 800 livres sur une année complète pour le ménage britannique moyen.

    Certains produits sont particulièrement touchés. Le prix du sucre s’est envolé de 54 % en un an dans la zone euro et celui du beurre et du lait, de l’ordre de 27 %, selon les chiffres d’Eurostat. [en Hongrie] Des pénuries ont fait leur apparition et les supermarchés ont été obligés de limiter les achats de lait ou d’huile de leurs clients.

    (Les Échos)

    Les causes de l’#inflation sont expliquées dans ce papier de Lutte de Classe : L’inflation, une forme de la guerre de classe
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2022/02/20/linflation-une-forme-de-la-guerre-de-classe_213408.html

    Fondamentalement, la seule et unique voie pour supprimer l’inflation, c’est-à-dire empêcher qu’un nombre de plus en plus restreint de grandes fortunes accaparent les richesses créées par les travailleurs pendant que l’immense majorité de la population s’appauvrit, c’est d’arracher le pouvoir aux capitalistes et de les exproprier. Les grands groupes utilisent aujourd’hui leurs puissants moyens de recensement, de planification et de production pour faire monter les prix et gonfler leurs profits. Aux mains des travailleurs, ces mêmes moyens pourront être utilisés pour satisfaire tous les besoins humains, en minimisant le temps de travail humain et les coûts énergétiques et environnementaux.

    #lutte_de_classe

  • MMR Nmd : « Sur Inter, #LesNouveauxChiensDeGarde du 13h ne confondent pas #Greve des #SansDents et grève des #GensBiens . » - Framapiaf
    https://framapiaf.org/@MMRnmd@todon.eu/109619731122784909

    Sur Inter, #LesNouveauxChiensDeGarde du 13h ne confondent pas #Greve des #SansDents et grève des #GensBiens .

    Les contrôleurs de la #SNCF réclamaient 10% d’augmentation sur un salaire médian de 2418€ net mensuels, ils ont cessé le travail 72h à Noël : ils prennent « la France en otage » disaient les #LeaDemorand ou #BrunoHaskiDuvic

    Aujourd’hui, les médecins libéraux reconduisent leur grève pour une 4ème semaine, exigeant une augmentation de 100% de leurs honoraires avec un salaire médian de 5700€ net mensuels (en 2017 avec une progression de 2% / an).
    #BrunoDuvic parle de « grève largement comprise par les patients » ( 02/02/2023 à 13h09)...honoraires bloqués depuis 2008...pas de vie privée...honoraires les plus bas d’Europe...

    Plus c’est gros, plus ça passe.

    #RadioParisMent #DoxaUltaliberale

  • Philippe Descola, Bruno Latour et Ramsès II - La Hutte des Classes
    http://www.lahuttedesclasses.net/2022/11/philippe-descola-bruno-latour-et-ramses.html

    (...) j’avais souligné à quel point les positions philosophiques de l’anthropologue Philippe Descola, tout en se gardant de l’assumer trop clairement, ouvraient la porte à un relativisme dévastateur. Et je tentais de montrer que la manière dont il abordait sa classification des «  ontologies  » (le terme lui-même est tout sauf innocent) suggérerait qu’il n’est pas de représentation du monde plus juste, ou plus fidèle, qu’une autre. Il suffit d’un peu de logique pour comprendre que cette position revient à affirmer que la réalité elle-même n’existe pas indépendamment de l’idée qu’on s’en fait – même si, une fois encore, P. Descola se gardait bien de tirer cette conclusion explicitement.

    Or, ce pas avait été franchi sans ambages par son collègue et ami Bruno Latour, qui vient de décéder et qui était considéré depuis longtemps comme un intellectuel majeur par de nombreux chercheurs en sciences sociales (je crois nos collègues des sciences expérimentales globalement beaucoup moins sensibles à sa rhétorique, pour des raisons assez évidentes).

    Parmi les nombreux écrits de B. Latour, il en est un qui possède le mérite d’être bref, relativement simple, et de permettre à tout un chacun de juger des fruits que porte son arbre. Il s’agit d’un article paru en 1998 dans La Recherche, sous le titre «  Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques  ?  », où l’auteur explique en substance que Ramsès II n’a pas pu mourir de la tuberculose étant donné que le bacille n’a été découvert par Koch qu’au 19e siècle. Je renvoie tous ceux, incrédules, qui pensent que j’invente, que je caricature ou que je déforme ses propos, à l’article en question, en y relevant notamment ce passage  :

    Avant Koch, le bacille n’a pas de réelle existence. Avant Pasteur, la bière ne fermente pas encore grâce à la Saccharomyces cerevisiae. (...) Affirmer, sans autre forme de procès, que Pharaon est mort de la tuberculose découverte en 1882, revient à commettre le péché cardinal de l’historien, celui de l’anachronisme .

    (...) on peut, et on doit, tout autant s’interroger sur les raisons qui font que des positions aussi manifestement absurdes exercent une fascination sur une large fraction du monde intellectuel. Tout comme pour la religion, la persistance (ou la résurgence) d’idées aberrantes ou réfutées depuis longtemps ne peut s’expliquer que par des causes étrangères à leur force de conviction propre  : ces idées satisfont un besoin, et possèdent une fonction sociale.

    #Philippe_Descola #Bruno_Latour #relativisme_généralisé #idéalisme_philosophique

    • Citons le texte de Latour, qui, de mon point de vue, ne dit rien de bien méchant.

      Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ?
      https://books.openedition.org/pressesmines/170

      On peut croire que Ramsès II crachait déjà des bacilles de Koch en postillonnant contre Moïse ; on ne peut le savoir avec certitude qu’en le faisant venir au Val de Grâce.

      C’est ce que le journaliste de Paris-Match a si bien compris : 3 000 ans plus tard, « nos savants » rendent enfin Ramsès II malade et mort d’une maladie découverte en 1882 et diagnostiquée en 1976.

      L’an – 1000 se compose, par exemple, d’un Pharaon mort de cause inconnue, et, à partir de l’année 1976, d’un Pharaon mort de cause parfaitement connue. Toutes les années – 1000 produites « à partir » de 1976 vont comporter ce trait nouveau : un Ramsès II dont la bouche était remplie de bacilles de Koch.

      L’an – 1000, solidement ancré, grâce au Val de Grâce, dans la médecine moderne, comprend dorénavant et jusqu’à preuve du contraire, un bacille qui causa la mort de son plus célèbre Pharaon.

    • Je crois qu’elle sert – et là est la clé de son succès – précisément à ne servir à rien. Son utilité consiste à permettre à qui l’endosse de se perdre dans les infinies circonvolutions et dans les faux-semblants d’une prétendue profondeur, sans jamais l’engager à quelque confrontation que ce soit avec le réel. Elle sert, par essence, à prendre des poses.

    • Ramsès II à Paris :

      Sa momie, gravement endommagée par des parasites, avait besoin d’une sérieuse restauration. Les savants français ont été choisis pour en être les maîtres d’œuvre.

      Où l’on voit que « Bruno » ne voyait que ce qu’il voulait voir, puisque ce n’est pas la tuberculose qui amenait le pharaon à Paris mais une exposition et des parasites.

      Donc @lyco, tout comme il fait dire à James des choses qu’il ne dit pas, Nono le sacro-saint, fait dire à Paris Match des choses qu’il ne dit pas et tous les graphiques du monde n’y changeront rien, dans le passé ou le présent, quel que soit le moment de la découverte (ou redécouverte donc) de ses raccourcis expéditifs ravageurs.

      Ce ne serait pas bien méchant, si certains milieux, notamment artistiques et culturels, ne lisaient pas de travers en plus, ses idées ou leurs succédanés pour achever une dépolitisation encore plus grande de ces espaces sociaux, et finir par mettre sur le même plan des chamans et des laboratoires d’analyses médicales. Ou dire que les virus ne sont qu’une question de point de vue.

      https://www.lhistoire.fr/rams%C3%A8s-ii-%C3%A0-paris

    • mais aussi sans doute @supergeante qu’il a récemment remis en cause son relativisme généralisé en raison d’un contexte de catastrophe écologique. en venir, par exemple, à évoquer Schmitt pour ne défendre la nécessité de ne pas rester neutre dans un polythéisme des valeurs où le climatonégationnisme (comme le déni de la pandémie) aurait non seulement une existence mais une légitimité.

      le souci, pour s’en tenir à un pragmatisme des effets, c’est que la réception fait l’oeuvre (d’où l’utilité du papier de Jeanpierre), et que des artistes aux académiques, des journalistes aux révolutionnaires (LM et d’autres), ça baigne dans un brouet de confusion qui crée des conflits superflus et nuisibles au lieu d’orienter une écologie politique consistante (cf. encore, le déni de la pandémie, entre autres).

    • Y’a beaucoup de choses à redire sur Latour, c’est dommage d’aller l’asticoter sur Ramses (j’étais sûr que c’était déjà sorti sur ST, mais j’ai dû rêver). Pour moi ça se résume à : Un événement datant de -1000 a été écrit de plusieurs façons depuis ; en 1976 on a fait une découverte importante sur cet événement qui ne nous fera plus l’écrire de la même façon ; cette découverte ne doit pas pour autant justifier de tout réécrire rétrospectivement, au risque d’aplatir l’histoire et d’en faire perdre la dimension sédimentaire. Ca me semble assez banal comme propos.

      Quand il dit : Grâce à la science moderne on sait maintenant avec certitude que Ramsès 2 est mort de la tuberculose, le gars conclut : Latour ne tient aucun compte des faits, il se fout de la réalité. Je comprends pas…

      Alors y’a cette phrase citée qui vient du début du texte de Latour :

      Affirmer, sans autre forme de procès, que Pharaon est mort de la tuberculose découverte en 1882, revient à commettre le péché cardinal de l’historien, celui de l’anachronisme.

      L’important là-dedans c’est « sans autre forme de procès ». Bien sûr que les petits gènes du bacille de Koch n’ont pas attendu Koch pour avoir une existence matérielle. Ce serait en effet stupide de dire le contraire (et c’est pour ça que personne ne dit le contraire – vaut toujours mieux partir du principe que personne n’est stupide). Mais Latour rejette cette idée que l’action des scientifiques ne consiste qu’à lever le voile sur une réalité déjà là à côté de nous. Pas parce qu’il n’y a rien à côté de nous, mais parce que les scientifiques ne lèvent pas de voile – ils produisent des faits. Et c’est bien plus compliqué. (C’est d’ailleurs parce qu’il sait que c’est plus compliqué qu’il met en valeur la découverte scientifique faite au val de grâce - c’est aussi pour ça qu’il ne discute pas les faits scientifiques, qu’il fait confiance à l’institution et qu’il prône le recours positif à l’argument d’autorité, etc.) Et ces faits ont une histoire, etc.

      Bref, je vois pas où ça peut se résumer à « tout se vaut » ou « tout n’est qu’une question de point de vue ».

      Par contre je sais que sur seenthis y’a plein de critiques intéressantes de Latour (le Latour écolo dernière période), par exemple ce très bon texte de LM (j’arrange pas mon cas) : https://seenthis.net/messages/699971

      ... où d’autres, de Frédéric Neyrat ou Andréas Malm :
      https://seenthis.net/messages/492604
      https://seenthis.net/messages/772354

    • De même qu’il n’y a de visible qu’indexé à un point de vue, il n’y a de vrai qu’ancré dans des épreuves et dans les réseaux qui le soutiennent : il n’y a de vérité que conjonctive.

      Nous touchons ici au cœur du malentendu que Bruno Latour a suscité au cours de sa carrière, à savoir son « relativisme ». On le lui a reproché au point de le faire passer pour un mystificateur. Pourtant, loin de s’en défendre, il revendiquait ce relativisme – « le contraire est l’absolutisme », avait-il pour habitude de rétorquer. Le quiproquo était parfait : lui et ses détracteurs ne s’accordaient pas même sur la signification du terme « relativisme ».

      #Dominique_Linhardt, « No Sociology ! »
      https://revuepragmata.wordpress.com/les-numeros/6-2023

  • La macronie n’aime pas la démocratie
    https://www.blast-info.fr/emissions/2022/la-macronie-naime-pas-la-democratie-bTJOt8KiSyGVd1TO3sLiaQ

    La #Grève est un droit. La grève est même un droit constitutionnel. Il faut le rappeler inlassablement, et à très haute voix. 
En effet, le gouvernement semble avoir des problèmes avec le droit de grève. 
La première ministre, Elisabeth Borne, le ministre…

    #Bruno_Le_Maire #Emmanuel_Macron
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-la-macronie-naime-pas-la-democratie-bTJOt8KiSyGVd

  • Bruno Latour : la destitution des Modernes | par Laurent Jeanpierre
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2022/10/19/latour-destitution-modernes

    Pour ses détracteurs, #Latour était relativiste, postmoderne, anhistorique, irrationaliste, spiritualiste, conservateur, irénique, obscur, cavalier, esthète, et aussi de droite, cela va de soi. La plupart des sociologues ont décrété que Latour ne pouvait pas se déclarer sociologue. La plupart des philosophes ne l’ont pas reconnu comme l’un des leurs. Les institutions académiques parmi les plus prestigieuses du pays lui ont fermé leurs portes alors qu’il était déjà l’un des auteurs les plus lus et cités au monde. Lorsqu’il est arrivé à Science Po Paris, en 2007, le malentendu avec les politistes de l’institution était quasi permanent. Une grande partie de la gauche radicale intellectuelle a, elle aussi, fait de Latour un repoussoir. Derrière ces attaques ou ces rejets, il y a une cause principale, pas toujours consciente, mais à prendre au sérieux : avec un sens consommé de l’humour (parfois potache) et de la provocation, Latour s’est livré à une opération de destitution méthodique et, pour beaucoup, inacceptable des fondements de la culture occidentale, en particulier de ses manières d’envisager la science et la politique.

    • (...) Dans la dernière phase de l’œuvre, depuis l’Enquête sur les modes d’existence, la politique n’est plus immanente au social, comme elle l’était dans les premiers travaux de Latour où les relations de pouvoir étaient partout disséminées dans de vastes réseaux d’actants. Elle est plutôt conçue désormais comme un régime de vérité et d’épreuve particulier. Toute action politique est d’abord locale (« le système est en bas », disait-il pendant le mouvement des Gilets jaunes dont il fut l’un des seuls intellectuels à saisir la nouveauté) au sens où elle doit passer par un patient travail d’associations visant à produire des collectifs, et qui ne peut être mené que de proche en proche, en tenant compte des médiations et des compromis nécessaires, par traduction et par transformation de soi et des autres.

      Le motif de la paix a longtemps dominé cette théorie politique latourienne à travers les modèles de l’assemblée (Politiques de la nature, 1999), de la diplomatie, de la composition. Une inflexion décisive a cependant été apportée depuis 2015 et Face à Gaïa (La Découverte) lorsque Latour évoque Carl Schmitt et inclut le problème des ennemis dans sa représentation du monde. Dans un entretien récent à Socialter, il illustrait ainsi ce tournant : « Ma vision politique de la nature dans les années 1990 était une version sociale-démocrate : maintenant nous sommes entrés dans un conflit de mondes. Je reconnais que la notion de diplomatie est tendue car depuis quatre ans avec Donald Trump et Greta Thunberg, ce n’est plus une dispute que l’on peut résoudre par la diplomatie mais un conflit planétaire. La vision peut-être un peu naïve du Parlement des choses, avec la représentation des non-humains, était une approche probablement beaucoup trop optimiste de la situation. Reste qu’il faut bien trouver un moyen, et quelle que soit la vision, démocrate ou tragique, que nous essayons d’inventer, il faut simultanément accepter l’état de guerre et en même temps trouver des solutions qui évitent l’extermination. »

      (merci @lyco j’avais manqué ce papier là)

      #Bruno_Latour #anthropologie #écologie #politique

  • Les trois raisons pour lesquelles vous aurez froid cet hiver…

    Pourquoi il y a des coupures de courants ?
    Et pourquoi votre facture d’électricité a été multipliée par 10 ?
    Ne parlons pas de la taxe carbonne sur les centrales électriques, surtout

    Voici les trois raisons pour lesquelles vous aurez froid cet hiver :
    – La transition écologique,
    – Les embargos,
    – Le marché de l’électricité européen.
    Conclusion d’ursula van der leyen : c’est la faute à Moscou.

    https://www.youtube.com/watch?v=T7WC_6RFvUw&feature=emb_logo

    00:00 Intro
    00:23 Raison n°1 : La transition écologique
    18:00 Raison n°2 : La hausse des prix de l’énergie
    26:55 Raison n°3 : Le marché de l’électricité Européen
    1:06:00 Conclusion / Résumé

    #spéculation #vol #énergie #gaz #électricité #charbon #irresponsabilité #transition_écologique #pillage
    C’est la faute à la #Russie pas à celle de l’#union_européenne #ue #information #allemagne #bruno_lemaire #emmanuel_macron #impôts

  • Entretien avec Bruno Latour
    https://www.arte.tv/fr/videos/RC-022018/entretien-avec-bruno-latour

    A l’automne 2021, le philosophe et sociologue des sciences Bruno Latour déroulait face à Nicolas Truong ses réflexions sur le nouveau monde qui s’impose avec le changement climatique et précisait les grands éléments de sa pensée. Il nous a quittés le 9 octobre 2022.

    N°5 La nouvelle classe écologique

    Cette nouvelle classe sociale doit mettre l’habitabilité de la planète au centre des débats politiques.

    #bruno_latour #ecologie #réjouissant #5étoiles #philosophie

  • Et soudain, il ne se passa rien | Mediapart | 04.10.22

    – Désolé, cher président, je ne serai pas là mercredi pour le conseil des ministres : je comparaîs devant la Cour de justice de la République.

    – Dans ce cas, pas de problème, cher Éric. Vous connaissez mon attachement à la présomption d’innocence. N’hésitez pas à prendre quelques jours pour préparer au mieux votre défense.

    Si c’est à Ibiza, sait-on jamais : peut-être que les médias s’empareront de l’affaire.

    Michaël Hajdenberg / Mediapart


    ...

    dans un autre article :

    « Ça va finir comme d’habitude, prophétise un député au sujet de l’avenir d’Éric Dupond-Moretti. La pression va monter, ils vont faire bloc dans un premier temps puis ils seront obligés de céder. C’est intenable. Contrairement à Kohler, qui est le double de Macron, ça ne coûte pas cher de le larguer. »

    • 2020 : Affaire Kohler : l’ardoise de #MSC s’élève à 2,6 milliards d’euros pour l’Etat
      https://www.mediapart.fr/journal/france/260620/affaire-kohler-l-ardoise-de-msc-s-eleve-26-milliards-d-euros-pour-l-etat

      C’est aussi cela la traduction du conflit d’intérêts d’#Alexis_Kohler. Gravement touché par la crise du Covid-19, l’armateur a obtenu la suspension de tous ses remboursements de crédits pendant un an. L’État se retrouve surexposé au risque du croisiériste. Une conséquence des facilités qui ont été consenties à MSC, lequel a obtenu pendant des années « un accès à la liquidité publique » sans contrainte.

      En mars, la Sfil, la banque publique qui assure le refinancement des crédits exports en France, a reçu une mauvaise nouvelle. Durement frappé par la crise du Covid-19, le groupe MSC, qui figure parmi ses principaux clients, lui a demandé, selon nos informations, de pouvoir suspendre le remboursement de toutes ses échéances pour cette année, puis d’étaler les arriérés sur cinq ans. Montant des sommes en jeu : 2,6 milliards d’euros. Et ce n’est qu’une partie de l’addition. Car il faut ajouter les garanties, les assurances consenties par les différentes entités publiques pour des montants inconnus.

      « L’information concernant une exposition individuelle comme celle sur MSC n’est pas publique. Nous vous confirmons néanmoins que l’ensemble des engagements de la Sfil sur MSC est effectivement de l’ordre de 2,6 milliards d’euros. Ceci n’est pas notre première exposition sur le secteur de la croisière puisque nos engagements avec le concurrent de MSC, l’armateur américain RCCL [Royal Caribbean – ndlr], sont supérieurs », nous a confirmé la direction de la Sfil.

      Celle-ci précise que la décision d’accepter la suspension de échéances et l’étalement sur cinq ans, consentis aussi bien à MSC qu’à son concurrent Royal Caribbean, s’inscrit dans le cadre de la gestion de la crise provoquée par la pandémie. « L’ensemble des pays européens disposant de chantiers navals actifs dans la croisière, dont la France mais aussi l’Italie et la Finlande, s’est rallié à l’initiative du gouvernement allemand, portée notamment par la banque publique KfW, de proposer à un certain nombre d’acteurs des secteurs les plus touchés, à savoir l’aéronautique et les transports maritimes, un étalement sur cinq ans des échéances de principal tombant au cours des 12 prochains mois », nous indique-t-elle.

      Cette mauvaise nouvelle n’est malheureusement pas une surprise. Avec le covid-19, le secteur des croisières fait face à la plus grande crise de son histoire. Et MSC, troisième groupe mondial de croisières, n’y échappe pas. Comme tous ses concurrents, l’armateur italo-suisse, qui exploite des paquebots gigantesques, a vu son activité s’effondrer en quelques semaines. Au fil du développement de la crise sanitaire, les croisières ont viré au cauchemar.

      Ces monstres marins qui accueillent entre 5 000 et 6 000 personnes, déjà décriés pour leur absence de sécurité – personne ne sait comment évacuer autant de personnes en cas d’avarie –, extrêmement polluants et sources d’énormes nuisances dans les villes où ils font escale, sont devenus des bombes sanitaires pendant la crise du coronavirus. Paquebots contaminés, croisiéristes confinés dans leur cabine, interdiction de faire escale… : le secteur est totalement sinistré. Et peut-être pour longtemps.

      Tous les groupes de croisières font eau de toutes parts. MSC comme les autres. Mais à la différence d’autres, lui a réussi à faire porter une partie de ses risques par un tiers : l’État français.
      Comment l’État français se retrouve-t-il exposé dans un des secteurs les plus risqués et les plus critiqués ? C’est toute l’histoire d’une capture organisée par un groupe familial privé, qui a su, usant de chantage, détourner à son profit les légitimes préoccupations industrielles, sociales et d’#emploi du monde politique pour ses chantiers navals.

      Mais une capture à si grande échelle n’aurait pas été possible sans une connaissance de l’appareil d’État et des appuis en son sein. Car c’est aussi cela la traduction du conflit d’intérêts d’Alexis Kohler. Il ne s’agit pas seulement d’une question de principe et de légalité. Les années durant lesquelles Alexis Kohler a accepté de dissimuler ses liens familiaux avec la famille Aponte, principal actionnaire de MSC, les arrangements entre petits comités, les interventions et les surveillances doivent se lire dans la ligne d’une stratégie précise.
      Une stratégie que MSC expose sans fard. En avril 2013, le groupe dévoile ses exigences par l’intermédiaire d’un mail du directeur financier de STX France, Jean-Philippe Neau : « Avoir accès à la liquidité publique sur la durée la plus long possible. » Bref, que l’État subventionne et finance sans restriction l’armateur italo-suisse – qui, au passage, ne paie quasiment pas d’#impôts en France –, en se cachant derrière le prétexte du carnet de commandes des chantiers de Saint-Nazaire.

      Jean-Philippe Neau, qui deviendra par la suite directeur financier de MSC au départ d’Alexis Kohler pour l’Élysée – sans que cela ne semble non plus soulever quelque problème que ce soit –, précisera dans le même mail que MSC « demande une réflexion de la France sur le leasing opérationnel, MSC n’étant pas attaché à être propriétaire de ses bateaux ». En d’autres termes, que l’État devienne propriétaire des bateaux en lieu et place du groupe italo-suisse et assume tous les risques.

      Officiellement, l’État français n’est pas encore #armateur de #paquebots_de_croisières, mais c’est tout comme. Car à l’exception des pertes d’exploitation, la garantie de l’État porte sur tout – le principal, les intérêts, les primes d’assurance et les dommages et intérêts éventuels – jusqu’à l’amortissement final de tous les prêts liés à l’acquisition de chaque navire. Les financements et les garanties pour assurer les commandes de MSC ont été conclus sur des durées longues, très longues. Plus de dix-sept ans en moyenne. Bien au-delà de la norme des financements habituels. L’État se retrouve donc engagé au long cours.

      Les pouvoirs publics auraient pu éviter de se retrouver dans un tel cul-de-sac. La concurrence entre les #chantiers_navals dans le monde est certes féroce. Les conditions de financement des bateaux – payés à crédit au moins à hauteur de 80 % – figurent parmi les éléments décisifs dans le choix d’un chantier par rapport à un autre. À cela s’ajoute un facteur typiquement européen : au nom de la « concurrence libre et non faussée », l’Europe interdit de subventionner les fabricants d’équipements mais pas les clients.

      Pourtant, malgré toutes ces contraintes, l’État actionnaire aurait peut-être pu impulser une nouvelle approche industrielle – développement de nouvelles activités, adossement à un groupe afin de pouvoir passer les gigantesques creux conjoncturels du maritime –, pour éviter de se retrouver coincé dans un chantage sans fin aux commandes et au financement. C’est d’ailleurs ce que recommandait une note d’un conseiller ministériel en 2010 : « Nous sommes bien d’accord. STX France doit absolument se diversifier », écrivait-il, en jugeant que miser toute l’activité de Saint-Nazaire sur les immenses paquebots était dangereux.

      Le chantage des commandes

      Mais les chantiers navals de Saint-Nazaire n’ont jamais pu s’extraire du piège qui leur était tendu par ses clients croisiéristes, à commencer par MSC. Et cela avec la complicité du directeur des chantiers Laurent Castaing et de l’État. Rabais incessants, équipements gratuits supplémentaires, financements sur mesure… MSC a tiré sur toutes les cordes, en faisant miroiter à chaque fois de nouvelles commandes pour obtenir des conditions toujours plus exorbitantes, obligeant Saint-Nazaire à travailler à perte. En un mot, l’État français lui a financé sa flotte.

      Et ce sans que l’administrateur représentant l’État chez STX, Alexis Kohler, ne s’en inquiète. Au contraire. Dès son deuxième conseil aux chantiers navals en avril 2009, où il s’agit d’approuver une commande passée par MSC, ce dernier prend la parole et fixe la stratégie : « Tous les efforts devront être déployés pour obtenir de nouvelles commandes de MSC », déclare-t-il .

      Tous les efforts vont être effectivement déployés. Dès l’année suivante, alors que le secteur maritime est durement atteint par la crise financière – les banques refusant le moindre crédit au secteur –, les chantiers de Saint-Nazaire enregistrent plusieurs annulations de commandes. Bien que très mal en point, MSC s’avance comme sauveur. Il est prêt à passer commande d’un nouveau bateau pour aider STX. Mais il n’a pas d’argent. Alors STX va devenir le banquier de MSC et lui avancer les 60 millions d’euros d’acomptes qu’il doit légalement verser. Un crédit qui ne sera jamais remboursé (voir notre article).

      En 2011, nouvelle catastrophe à Saint-Nazaire : un client libyen annule une commande après l’éclatement de la guerre en Libye. MSC se précipite en sauveur. Pour « rendre service », il est prêt à se substituer au client libyen et à reprendre la commande. Naturellement avec quelques aménagements. Les acomptes qu’a versés le client libyen, qui normalement reviennent au chantier naval, lui seront décomptés du prix final. Et tous les aménagements et équipements supplémentaires pour équiper le paquebot selon les normes de MSC seront gratuits.

      En 2013, MSC fait miroiter une nouvelle commande de deux paquebots gigantesques. Ce contrat Vista de 1,2 milliard d’euros doit se traduire par des millions d’heures de travail à Saint-Nazaire et sauver le plan de charge des chantiers de Saint-Nazaire, fait miroiter le directeur de STX, Laurent Castaing.

      L’ennui est que MSC est prêt à commander mais pas à payer. Aux côtés des 80 % financés à crédit avec l’aide et la garantie de l’État, l’armateur doit normalement assurer les 20 % restants au nom d’une prise de risque partagée. De retour d’une visite au siège de MSC à Genève, en octobre 2013, Laurent Castaing écrit au cabinet du ministre des finances Pierre Moscovici : « MSC a indiqué ne pouvoir apporter que 10 % pour les deux navires (130 millions d’euros). Il faut donc trouver les 10 % manquants. »

      L’alerte de la direction du budget

      Qu’à cela ne tienne, l’État y pourvoira. Les dossiers STX et MSC représentent des dizaines, voire des centaines d’heures de travail – on a même l’impression que, pour certains, c’est un temps plein – aux cabinets du ministre des finances et du redressement productif, à l’Agence des participations de l’État et au Trésor. Car c’est Bercy qui, à chaque fois, démarche les banques, négocie les contrats, apporte sa caution et sa signature, qui imagine les montages financiers pour le compte de MSC. Et cela dure pendant des mois. Alexis Kohler est informé de tout.
      Car le groupe italo-suisse souhaite bénéficier de tout, de l’accès au système bancaire grâce à l’appui de l’État, des crédits à taux imbattables avec la signature de l’État, de la prise en charge des risques par des structures publiques ou parapubliques, mais aussi de tous les montages « d’optimisation fiscale ». Et s’il rencontre un soupçon de résistance, l’armateur italo-suisse ne manque pas alors de faire savoir qu’un autre chantier naval lui a fait des propositions bien plus intéressantes qu’il est prêt à examiner.

      Bercy se retrouve ainsi à négocier avec les banques la création de special purpose vehicule (SPV), des entités ad hoc logées au Panama ou dans quelque autre #paradis_fiscal, qui servent à porter le financement de chaque bateau, MSC n’en étant que l’exploitant jusqu’au remboursement final.

      Au cabinet du ministre des finances, certains conseillers finissent par se demander si cette situation est bien normale, si c’est vraiment la fonction d’un cabinet ministériel d’aider un groupe étranger à échapper à la fiscalité française. Finalement, le feu vert est donné. « Les autorités fiscales pourraient accepter un tel schéma si cela respecte la politique fiscale et si la marge de STX reste acceptable », tranche le cabinet du ministre.
      Toutes les notes engageantes sur les financements publics signées par Bercy s’achèvent ainsi : préserver les intérêts de STX France. Dans les faits, les chantiers navals de Saint-Nazaire survivent à peine. Ils perdent des millions chaque année. Tous les efforts de productivité pour abaisser les coûts, les accords de performance tant vantés par Emmanuel Macron, les plans d’ajustement sont captés par ces deux grands clients – MSC et Royal Caribbean –, sans bénéfice aucun pour les chantiers de Saint-Nazaire. Car toutes les commandes sont prises à perte.

      En juillet 2016, une note portant sur une nouvelle commande de deux paquebots par MSC pour livraison 2019-2020 confirme les avertissements de l’Agence des participations de l’État, qui avait mis son veto à une commande en 2014. « L’allongement de la série devrait permettre à STX France d’équilibrer les pertes réalisées sur les deux premiers navires », écrit-elle. Saint-Nazaire a donc bien perdu encore de l’argent sur les commandes de MSC. La note poursuit : « Après la livraison des navires, l’exposition de l’État au risque MSC devrait atteindre 3,2 milliards d’euros, compte tenu des autres crédits Coface, et demeure acceptable, compte tenu de la mise en place d’un schéma de sûreté, notamment d’une hypothèque de 1er rang. »

      Une analyse que ne partage pas du tout la direction du Trésor. Dans une note en date du 15 juillet 2016, celle-ci avertit que l’exposition de l’État dans le secteur des croisières est déjà de 7,3 milliards d’euros. Elle demande que des négociations soient engagées avec les deux croisiéristes – MSC et Royal Caribbean –, afin de rehausser les taux de garantie de l’État dont ils bénéficient, pour mieux assurer le risque.
      Mais c’est la direction du budget, qui n’est jamais associée aux discussions sur les contrats de paquebots, qui se montre la plus alarmiste et la plus visionnaire. Dans une note de juillet 2016 toujours, dont Alexis Kohler est destinataire, celle-ci sonne l’alarme sur les risques pris par l’État sur STX et MSC. Elle insiste sur le fait que l’État négociant directement avec les banques et apportant sa garantie, aucune analyse de risque précise des groupes emprunteurs, comme les banques en font sur tous les dossiers de financement, n’est réalisée, donc que le risque MSC n’est pas évalué comme il se doit. Elle ajoute que les hypothèques prises sur les bateaux, présentées comme des garanties sûres, pourraient se révéler très illusoires, la valeur des bateaux pouvant être réduite à rien, en cas de crise.

      Dans les poches des épargnants français

      La fronde larvée de certains services de l’Etat contre les facilités exorbitantes accordées à STX et MSC est comme un avertissement. Mais entretemps, le cabinet du ministre des finances a trouvé une solution : faire dériver les risques et les engagements, trop visibles et contrôlés, pris par les finances publiques vers la #Caisse_des_dépôts. Vers l’épargne des Français, donc.

      Il y a longtemps que le ministère des finances lorgne sur les richesses accumulées de la Caisse des dépôts qui lui échappent. Mais là, c’est l’occasion rêvée. Le cabinet du ministre des finances a repéré la structure idéale pour faire disparaître le risque maritime des comptes publics : la Société de financement local (#Sfil). Une structure si discrète que tout le monde a oublié son existence.
      À l’origine, cette structure de défaisance a été créée pour gérer la suite de la faillite de Dexia, notamment les encours des prêts toxiques consentis aux collectivités locales. Cette entité présente de nombreux avantages : elle est hors bilan, donc ses engagements n’entrent pas dans les calculs de Maastricht ; elle bénéficie de la signature de la Caisse des dépôts, aussi bonne que celle de l’État ; elle se refinance aux conditions de l’État et est éligible auprès de la Banque centrale européenne. Autant dire que ses conditions de financement sont imbattables.

      Enfin, sa structure byzantine, où les responsables jonglent avec plusieurs entités (Caffil et Sfil), permet d’éviter un contrôle vigilant. Les parlementaires, qui normalement ont la responsabilité du contrôle de la Caisse des dépôts depuis la loi de 1816, sont de fait quasiment exclus. Et c’est bien ce que cherche le ministère des finances : contourner cette loi qui les empêche de disposer comme ils l’entendent de l’épargne des Français

      Le cabinet du ministre des finances Pierre Moscovici a été extrêmement sollicité dans la recherche de ce sur mesure, Alexis Kohler en tête, selon nos informations. Pierre Moscovici décide en 2014 d’une nouvelle mission pour la Sfil : celle de faire du crédit export et de l’assurance export pour les très grands contrats.
      Malgré les protestations de la Caisse des dépôts (#CDC) et de la Banque postale, qui sont actionnaires minoritaires de la Sfil aux côtés de l’État, la transformation est imposée. Pour renforcer les fonds propres de la Sfil afin de financer ce nouveau métier, la CDC et la Banque postale sont priées d’apporter 12,5 milliards d’euros, dont plus de 11 milliards pour la seule CDC. Mais l’État a désormais l’outil qui lui permet d’offrir un financement imbattable aux paquebots de MSC

      Il faudra quelque temps cependant pour obtenir le feu vert de la Commission européenne. Début 2017, tout est en place. Et les premières annonces de refinancement des crédits exports de la Sfil seront pour Royal Caribbean et MSC. « Sans un dispositif public, il n’aurait pas été possible de faire entrer en vigueur ces contrats si importants », avait assuré Jean-Philippe Neau, toujours directeur financier de STX France à l’époque, auprès du directeur de la Sfil, Philippe Mills, lors de la signature des premiers contrats de 2016-2017. C’est dire que tout le monde est sur la même longueur d’onde.

      Une surexposition aux risques maritimes

      Selon nos informations, la Sfil est surexposée dans son activité de crédit à l’exportation aux risques des deux #croisiéristes, bien au-delà des ratios prudentiels requis. Une situation que la direction de la Sfil conteste : « La Sfil applique rigoureusement toutes ses obligations en matière prudentielle et bancaire. Elle est supervisée depuis sa création par l’Acpr [l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution – ndlr] et, depuis novembre 2014, par la Banque centrale européenne, dont les revues concluent à un faible niveau de risque de nos activités (le plus faible même sur les 128 grandes banques européennes). »

      Elle nous indique également qu’elle a une parfaite connaissance de la situation financière de MSC et des risques potentiels : « MSC a fourni à la Sfil l’ensemble des informations et documents nécessaires pour accorder un crédit bancaire, notamment en termes d’actionnariat, de bénéficiaires finaux et d’éléments financiers. »
      Pourtant, il semble que l’armateur italo-suisse ait toujours le droit à un traitement un peu privilégié par rapport à son concurrent, comme nous l’avons déjà raconté. Le 19 juin 2018, à l’occasion de nouvelles négociations pour la commande de deux paquebots supplémentaires par MSC, un mail est ainsi adressé à l’ensemble des responsables de la Sfil pour faire état des demandes de l’armateur, qui se dit pressé de conclure. « MSC et STX ont insisté et demandent à la Sfil de considérer une baisse de notre prix de l’ordre de 5 points de base et de leur apporter les premiers éléments de réponse sur ce point le 25 juin. Nous comprenons qu’il s’agit d’une demande de baisse à caractère commercial car dans les faits, avec des prix à 60 points de base en deuxième phase, MSC aurait déjà un prix inférieur de 10 points de base à sa transaction précédente. Mais MSC, soutenu par STX, précise que l’ensemble des parties prenantes (Fininter et les banques commerciales) ont déjà consenti un effort significatif et qu’ils attendent également un geste de la Sfil », écrit un des négociateurs.
      « Et si on faisait un effort, on aurait quelle marge ? », lui demande dans les minutes qui suivent le président de la Sfil. Certaines parties prenantes feront valoir que les conditions de marché ne justifient pas un tel cadeau. Mais MSC réussit toujours à obtenir ce qu’il veut. Selon nos informations, les conditions de refinancement accordées au groupe italo-suisse par rapport à celles signées à quelques mois de distance par Royal Caribbean montrent que le spread de crédit, c’est-à dire la rémunération qu’exige la Sfil en tant que prêteur par rapport au taux conventionnel de l’Euribor, est de 20 à 25 % inférieure pour MSC. Sur des années, cet avantage se chiffre en dizaines de millions.

      Interrogée, la direction de la Sfil conteste faire la moindre faveur à MSC : « Nous précisions pour commencer que le taux d’intérêt payé par un emprunteur comme MSC est négocié avec l’ensemble des banques prêteuses initiales. Sfil intervient en refinancement des banques initiales qui souhaitent faire appel à Sfil (ce qui n’est pas le cas de toutes les banques prêteuses et, pour celles qui font appel à Sfil, pas pour la totalité de leur part dans le crédit).

      En tous les cas, votre affirmation est erronée. La Sfil applique une tarification vis-à-vis des banques qui est fonction des caractéristiques de l’opération (taille, durée, risque) et des conditions de marché en vigueur à la date de négociation du crédit. La méthodologie de cette tarification est la même pour l’ensemble des opérations de crédit export. »

      En guerre contre Fincantieri

      Dans un tel contexte, où MSC semble disposer sans restriction des garanties de l’État, la nervosité de l’armateur italo-suisse au sujet de la recomposition actionnariale des chantiers navals se comprend mieux. Tout changement majeur pourrait le priver de « l’accès à la liquidité publique ».

      Dès que la faillite de l’actionnaire principal de Saint-Nazaire, le sud-coréen STX, se confirme en 2013, MSC est sur le pont. Il fait savoir qu’il est prêt à prendre une participation dans les chantiers navals aux côtés de l’État. À Bercy, on planche aussi beaucoup pour trouver une solution. L’agence de participations de l’État plaide alors pour une recapitalisation urgente de Saint-Nazaire et pour une recomposition du tour de table. Mais rien ne se concrétise. Comme le dit Alexis Kohler, « le statu quo ne pose pas de problème ».

      Quand les chantiers navals publics italiens, Fincantieri, se portent candidats pour reprendre la participation du sud-coréen, l’APE plaide en faveur de cette solution. Ce rachat permettrait, selon elle, d’adosser industriellement Saint-Nazaire et de le soustraire du chantage exercé par ses clients. Même Julien Denormandie, officiellement chargé du dossier STX au cabinet du ministre, semble favorable à cette solution. Il se prend une volée de bois de vert par mail en retour de la part d’Alexis Kohler, qui lui rappelle qu’il y a une lettre d’intention de commandes signée avec MSC.

      Le directeur de STX France, Laurent Castaing, se dit lui aussi publiquement hostile à une reprise par Fincantieri. L’entrée de ses clients croisiéristes dans le capital de son entreprise lui semble être la meilleure solution, non pas pour obtenir de meilleures conditions pour leur commandes, « ce qui est fait » souligne-t-il, mais pour s’assurer des capacités de construction à l’avenir.
      Le 2 septembre 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, rencontre Gianluigi Aponte, le fondateur de MSC, et négocie directement avec lui. Il donne son accord à la proposition de l’armateur d’entrer au capital de STX France en faisant une proposition de racheter la participation de STX au liquidateur sud-coréen. En complément, le groupe italo-suisse est disposé à lever les options prises sur la commande de deux nouveaux paquebots.

      Mais l’accord s’enlise. La justice sud-coréenne traîne à trancher la liquidation de STX. MSC et Royal Caribbean se révèlent dans l’incapacité de monter un tour de table avec le constructeur naval néerlandais Damen, comme ils l’avaient promis, et de mobiliser 76 millions d’euros pour racheter la participation de STX dans les chantiers navals de Saint-Nazaire. Plusieurs services de l’État sont radicalement opposés à cette solution et défendent soit la nationalisation de Saint-Nazaire, soit le rachat par Fincantieri.

      En avril 2016, alors que les rumeurs de départ d’Emmanuel Macron du ministère s’amplifient, Laurent Castaing, le directeur de STX France, écrit une lettre pressante au directeur de l’APE, Martin Vial, et à Alexis Kohler. « Le statut quo n’est pas souhaitable, écrit-il. Sans assurance que nos chantiers ne peuvent tomber entre des mains considérées comme hostiles par nos clients [MSC et Royal Caribbean – ndlr], ils auront du mal à aller plus loin dans leur volonté de commandes. […] L’intérêt des armateurs pour les chantiers navals n’est jamais un intérêt prédateur. […] Pour conclure : je recommande une alliance avec MSC afin de débloquer le dossier actionnarial bloqué depuis trop longtemps. »
      Malgré ses efforts et les tentatives du cabinet d’Emmanuel Macron pour débloquer la situation, le dossier n’avance pas. Après son départ, Christophe Sirugue, secrétaire d’État à l’industrie, reprend le dossier et finit par se ranger à l’avis des services de l’État. Le 12 avril 2017, quelques jours avant l’élection présidentielle, un accord est signé entre l’État et Fincantieri autorisant ce dernier à reprendre la participation de STX France.
      C’est pour contrer cet accord que le gouvernement décide d’aller contre tous ses principes de libéralisation. Le 27 juillet, le ministre des finances, #Bruno_Le_Maire, annonce la #nationalisation surprise des chantiers de Saint-Nazaire, l’État décidant à faire jouer son droit de préemption sur la participation détenue par le sud-coréen STX. La décision crée une crise diplomatique avec le gouvernement italien.

      Mais certains intérêts semblent plus importants à préserver que d’autres. Et puis, le gouvernement l’assure : il ne s’agit que d’une nationalisation « temporaire » en vue de rééquilibrer les pouvoirs à Saint-Nazaire
      Mais cette nationalisation qui devait être provisoire s’éternise. Si les pouvoirs publics ont réussi à associer Naval Group (DCNS) et des industriels locaux au tour de table, les deux croisiéristes clients de Saint-Nazaire, eux, manquent toujours à l’appel. Finalement, en 2018, Bercy se résout à signer un accord final avec Fincantieri. Au même moment, Alexis Kohler négocie dans son bureau de l’Élysée un rapprochement entre Fincantieri et Naval Group. Un projet contre lequel nombre de spécialistes sont vent debout, dénonçant « un nouveau bradage industriel français » et la désintégration de l’industrie navale militaire.

      D’après l’accord signé, les chantiers publics italiens entreront comme actionnaire minoritaire mais l’État acceptera de lui prêter 1 % pour lui assurer la direction opérationnelle. Surtout, Laurent Castaing, directeur de Saint-Nazaire, reste en fonction. C’est bien là l’essentiel ! L’État ne saurait se passer d’un dirigeant qui a su si bien défendre les intérêts de ses clients.
      Le rachat de Saint-Nazaire par Fincantieri a été soumis à direction de la concurrence de la Commission européenne. Celle-ci devait rendre son avis en avril. Mais avec la crise du covid-19, tout est suspendu. Et il n’est pas sûr que les chantiers navals italiens aient aujourd’hui envie de reprendre les chantiers français, alors que le secteur des croisières est sinistré.

      Dans l’intervalle, le jeu avec MSC a pu continuer. En janvier, l’Élysée a annoncé des projets d’investissements à hauteur de 4 milliards d’euros pour prouver l’attractivité de la France. Et parmi eux, un grand contrat signé par MSC avec les Chantiers de l’Atlantique. À elle seule, la commande de deux nouveaux paquebots passée par l’armateur italo-suisse aux chantiers navals de Saint-Nazaire représentait la moitié des sommes annoncées. La construction à Saint-Nazaire des deux nouveaux paquebots de 6 700 passagers va générer « 14 millions d’heures de travail, correspondant à 2 400 emplois pendant trois ans et demi », et deux milliards d’euros d’engagements, s’était alors réjoui l’Élysée.
      Aujourd’hui, la sombre prédiction de la direction du budget de 2016 est en train de se réaliser. L’État se retrouve avec des engagements financiers immenses à l’égard du transport maritime, des garanties qui risquent de n’avoir aucune valeur et un chantier naval stratégiquement important mais sans vision industrielle, faute de l’avoir contraint à abandonner le court-termisme. Et dans cette affaire, il risque de ne pas y avoir d’ardoise magique. Ce sont bien les contribuables et les épargnants français qui vont devoir payer l’addition.

      #renard_libre #épargne #fiscalité #niche_fiscale

  • Steglitz-Zehlendorf: Reise ins Mittelalter, bestes Essen und Spionagetunnel
    https://www.berliner-zeitung.de/ratgeber/berlin-bezirke-serie-ratgeber-tipps-steglitz-zehlendorf-reise-ins-m

    2.10.2022 von Nicole Schulze - Authentische Thai-Gerichte, schönste Villenviertel und beeindruckende Zeitreisen: Unsere Wochenend-Serie entführt Sie in den Berliner Südwesten.

    Berlin ist ein Dorf. Sagt man so, und das stimmt auch, wenn man genauer hinguckt. Aber wer tut das schon? Wer fährt einfach mal in einen anderen Kiez, um zu gucken, was da so los ist? Das wollen wir ändern. In der Bezirke-Serie stellen wir alle 12 Berliner Bezirke vor, lassen Einheimische zu Wort kommen, verraten Geheimtipps, tauchen ein in die Vielfalt der Möglichkeiten. Heute: #Steglitz-Zehlendorf.

    Der Berliner Südwesten galt schon immer als schicker und teurer als andere Kieze Berlins. Dabei ist es längst nicht überall „posh“ und etepetete, siehe Thermometersiedlung in Lichterfelde.

    Rund um die #Fahrenheitstraße stehen um die 60 Plattenbauten und Hochhäuser, die Tausenden von Steglitzern ein Zuhause sind. Das Zusammenleben war und ist nicht immer einfach, der Kiez wurde 2017 als ‚Gebiet mit besonderem Aufmerksamkeitsbedarf‘ eingestuft. Der Rapper Fler ist hier groß geworden.

    Aber natürlich haben wir alle die sprachlos machenden Villen vor Augen, wenn wir an die Architektur von Steglitz und Zehlendorf denken. Falls Sie nicht wissen, was gemeint ist: Fahren Sie zum Bahnhof Lichterfelde-West und machen dann einen Spaziergang. Zuerst entlang der #Curtiusstraße, wo Sie an der Villa Holzhüter vorbeikommen, benannt nach ihrem Bauherrn. Besichtigen kann man das südländisch wirkende Gebäude zwar nicht, aber von außen bestaunen. Immerhin.

    Weiter geht’s über den #Kadettenweg zur #Kommandantenstraße, wo sich ein Prachtbau an den nächsten reiht. In Höhe der #Friedrichstraße sollten Sie einmal kurz innehalten und das Rother-Stift näher betrachten, ein Backsteinbau vom Ende des 19. Jahrhunderts. „Im Jahr 1840 wurde von dem preußischen Minister Christian Rother die Rother-Stiftung gegründet. Diese Stiftung sollte unverheirateten Töchtern von Offizieren und Beamten im Alter Unterkunft bieten“, weiß Wikipedia zu berichten. Heute sind dort Wohnungen. Eine traumhafte Vorstellung, nicht wahr?

    Wenn Sie die Kommandantenstraße weiter entlanglaufen und die #Ringstraße überquert haben, kommen Sie zur Kreuzung #Weddingenweg. Biegen Sie nach links ab und laufen bis zur #Paulinenstraße – staunen Sie über Villen, die wie kleine Burgen aussehen, mit Türmchen und Zinnen, mit (nicht echten) Zugbrücken und so vielen Details, dass man am liebsten sofort Umzugspläne schmieden möchte.

    Was macht Steglitz-Zehlendorf so besonders?

    Michael Pawlik, Leiter der Wirtschaftsförderung des Bezirkes: „Das Besondere an Steglitz-Zehlendorf ist aus meiner Sicht die besondere Lage innerhalb Berlins. Im Norden des Bezirks tummelt sich eine mobile Urbanität rund um die Steglitzer #Schloßstraße mit ihrem bekannten ‚Bierpinsel‘, auf der ein riesiges Shopping-Angebot präsentiert wird, und gleichzeitig locken im Umfeld dieser großen Einkaufsstraße kulturelle Angebote wie der #Titania-Palast, die #Schwartzsche_Villa oder das #Schloßparktheater unter der Intendanz von Dieter Hallervorden.“

    Mittendrin befänden sich grüne Oasen wie der #Stadtpark_Steglitz oder der #Bäkepark in unmittelbarer Nähe des Naturschutzgebietes Schlosspark Lichterfelde sowie „die größte Oase: der Botanische Garten“, so Michael Pawlik, der im dortigen Mittelmeerhaus vor zehn Jahren seine Frau geheiratet hat.

    „Man spürt deutlich, dass auch immer mehr junge Familien in den Bezirk ziehen, da die Lehreinrichtungen wie Kitas, Schulen und die ansässige #Freie_Universität Berlin mit zahlreichen Forschungsinstituten sich berlinweit auf dem höchsten Niveau befinden“, so der Wirtschaftsförderungs-Chef. „Hinzu kommen Sport- und Freizeitangebote an der Havel und am Wannsee für Wasserbegeisterte. Unzählige Radwege durch Wald- und Grünanlagen, auf denen die Natur zu erleben ist und versteckte Plätze wie das #Kleist-Grab zu finden sind.“

    Damit nicht genug: „Kulturelle Angebote mit Alleinstellungsmerkmal wie beispielsweise das Alliiertenmuseum, das #Museumsdorf_Düppel, das #Brücke-Museum oder die #Domäne_Dahlem runden die vielfältigen Angebote des Bezirkes ab“, so Michael Pawlik.

    Für Architekturfans wartet Steglitz-Zehlendorf gleich mit mehreren Highlights auf, wie der Fachmann berichtet: „Die besondere Architektur der Villenkolonie Lichterfelde, für die es einen empfehlenswerten Audio-Walk gibt, ist sehenswert, ebenso die der Wald-Siedlung Zehlendorf, bekannt als #Bruno-Taut-Siedlung. Diese wurde als siebte ‚Siedlung der Berliner Moderne‘ für die Unesco-Welterbeliste vorgeschlagen.“

    Die Tipps des Locals: Das muss man gesehen haben

    Eigentlich stolpert man von einem Highlight zum nächsten, wenn man nach Steglitz-Zehlendorf fährt. Ein vielleicht nicht alltägliches, aber doch beliebtes Ausflugsziel ist der mit altem Baumbestand gesäumte #Waldfriedhof_Zehlendorf (Potsdamer Chaussee 75), wo unter anderem Willy Brandt, Günter Pfitzmann und Ernst Reuter begraben liegen.

    Noch schöner ist der #Waldfriedhof_Dahlem (Hüttenweg 47) mit seinen vielen Grüften, Engelsstatuen und einer ebenso hohen Promidichte. Hier ruhen Harald Juhnke, Horst Buchholz, Udo Walz, Heinz Berggruen und Richard von Weizsäcker.

    Das Grab des Literaten #Heinrich_von_Kleist hingegen finden Sie auf keinem Friedhof, sondern zwischen der Bismarckstraße und dem Kleinen Wannsee. Eingezäunt und unter hohen Bäumen steht hier sein Grabmal. Zusammen mit seiner schwer kranken Freundin Henriette Vogel beging von Kleist im November 1811 Suizid – und damals wurden „Selbstmörder“ nicht auf Friedhöfen, sondern außerhalb der Friedhofsmauern bestattet. Nicht ganz klar ist, ob der Freitod tatsächlich an dieser Stelle stattfand.

    Szenenwechsel. Nach dem Krieg gehörte Steglitz-Zehlendorf zum amerikanischen Sektor, ebenso wie Kreuzberg, Tempelhof, Schöneberg und Neukölln. Heute erinnert das #Alliiertenmuseum (Clayallee 135) an jene Zeit. Anschaulich wird hier die Geschichte der Westmächte in Berlin dargestellt.

    Zu sehen gibt es beispielsweise einen US-Jeep aus den Nachkriegsjahren, Carepakete mit originalem Inhalt, das Rias-Leuchtschild, ein Stück der #Berliner_Mauer (bemalt von Thierry Noir!), ein Kontrollhäuschen vom Checkpoint Charlie, ein Luftbrücken-Flugzeug ebenso wie die Taschentuch-Fallschirmchen oder auch einen Spionagetunnel. Alles ist im Original vor Ort. Der Eintritt ist übrigens kostenlos.

    Ebenso kostenfrei kommen Sie in die #Schwartzsche_Villa (Grunewaldstraße 55), eine kommunale Galerie. Gegenwartskunst, Regionalgeschichte, Zimmertheater, Konzerte, Lesungen, Performances – hier ist für alles Platz. Der Bankier Carl Schwartz ließ das herrschaftliche Gebäude zwischen 1895 und 1898 errichten, es war sein Sommersitz. Nach dem Krieg war hier ein Waisenhaus untergebracht, aber es stand auch viele Jahre leer. Seit 1983 steht es unter Denkmalschutz und wurde 1995 als Kulturhaus eröffnet.

    Es werden Kunstkurse für Kinder angeboten, ebenso wie kolonialhistorische Stadtspaziergänge durch Lichterfelde, aber man kann auch Räume mieten. Im Erdgeschoss gibt es ein kleines, feines Café, das man sich nicht entgehen lassen sollte. Es sitzt sich hier nett. Und: Hier haben einige Menschen mit Behinderungen einen Job gefunden. Die Schwartzsche Villa bietet nicht nur für alles Dingliche Platz, sondern auch für jeden von uns, egal, wie und wer wir sind. Schön.

    Etwas rustikaler geht’s im #Museumsdorf_Düppel (#Clauertstraße 11) in Nikolassee zu. Hier dreht sich alles ums Leben im Mittelalter, inklusive der damaligen Tierhaltung (Schafe, Ochsen, Schweine, Ziegen). Im Freilichtmuseum stehen zudem originalgetreue Häuser aus der Zeit um 1200, auch altes Handwerk wird gezeigt, das Schmieden und das Bronzegießen. Selbstverständlich werden auch mittelalterliche Pflanzen angebaut und erklärt.

    Aber Achtung: Das Museumsdorf Düppel hat nur bis zum 6. November geöffnet. Dann ist es bis zum Frühling geschlossen. Ganzjährig geöffnet ist hingegen die #Domäne_Dahlem (#Königin-Luise-Straße 49), wo Sie auch hiesige Tierarten sowie echte in Handarbeit auf dem Feld beobachten können. Die hier angebauten und geernteten Lebensmittel können Sie unter anderem im Hofladen kaufen.

    Wo kann man in Steglitz-Zehlendorf gut essen?

    4,7 von 5 möglichen Sternen bei 460 Google-Rezensionen, 4,5 von 5 bei Tripadvisor. Und der kritische Guide Michelin schreibt: „Sympathisch-leger und ungezwungen ist hier die Atmosphäre, schmackhaft und frisch die Küche, die sich bei der Produktwahl an der Saison orientiert. Tipp: Lassen Sie sich mit einem 3-Gänge-Menü überraschen. Dazu wird man freundlich umsorgt.“ Offenkundig ist das Restaurant Jungbluth (#Lepsiusstraße 63) eines der besten Restaurants der Stadt.

    Die Steglitzer interpretieren die deutsche Küche neu, legen Wert auf viel Gemüse. Untergebracht ist das stilvolle, stuckverzierte Restaurant in einem ehemaligen Wein-Ecklokal, von dem der alte Bartresen erhalten geblieben ist.

    Das Jungbluth liegt vis-à-vis der thailändischen Botschaft, von deren Botschafter man sich erzählt, dass er gern mal ums Eck in ein kleines Restaurant essen geht: Das Dokmai Thai ist nur wenige Schritte entfernt (#Muthesiusstraße 38) und bietet authentische thailändische Küche – keine Tourikost, wie wir es vielfach serviert bekommen. Eigentlich ist das Dokmai Thai mit seiner Handvoll Tischen eher ein Imbiss, aber das tut dem kulinarischen Genuss keinen Abbruch. Absoluter Geheimtipp!

    Ein Potpourri für alle Sinne finden Sie bei Mutter Fourage in Wannsee (#Chausseestraße 1 a), wo es nicht nur eine Galerie samt Kunsthandel sowie eine Gärtnerei gibt, sondern auch allerhand Leckereien. Egal, ob Sie zum Frühstück hierherkommen, mittagessen wollen oder bei Kaffee und Kuchen die ruhige Abgeschiedenheit eines kleinen alten Hinterhofes genießen möchten.

    Früher wurde hier Viehfutter gehandelt, und optisch erzählt noch einiges von den vergangenen Zeiten. Lassen Sie sich entführen und verführen – Auge und Gaumen kommen hier voll auf ihre Kosten. Es gibt vieles auch zum Mitnehmen, sogar liebevoll arrangierte Präsentkörbe.

    Und wo wir gerade bei Kaffee und schönen Blumen sind: Das Café der Königlichen Gartenakademie ist ein Muss für Pflanzenfans und Freunde des gepflegten Schlemmens. Die Gerichte sind auf den Punkt, die Bedienung ausgesprochen freundlich – und das Ambiente in der Tat eine grüne Oase. Die Außenterrasse schließt saisonbedingt im Laufe des Oktobers, aber auch drinnen in dem Glashaus lässt es sich ganz formidabel sitzen, schlemmen und gucken.

    Last, but not least: Das Lutter & Wegner im Schloss Glienicke (#Königstraße 36) ist nicht nur, aber auch wegen seiner unvergleichlichen Lage einen Besuch wert. Das nach antikem Vorbild erbaute Schloss liegt unweit der Glienicker Brücke und war einstmals die Sommerresidenz des Prinzen Carl von Preußen.

    Man kann das Schloss besichtigen: „In das Schloss gelangt der Besucher über einen mit Passionsblumen und Pfeifenwinde berankten Laubengang, dessen Wände zahlreiche Marmorfragmente von antiken Skulpturen und Sarkophagen schmücken“, schreibt die Stiftung Preußische Schlösser und Gärten in Berlin und Brandenburg.

    Auch drinnen wird nicht gegeizt: „Das Zentrum bildet der Rote Saal, an den sich der grüne Salon, das türkise Schlafzimmer, das Marmorzimmer und die tiefblaue Bibliothek anschließen. Vor den kräftigen Farben der Wände leuchten die Goldrahmen der Gemälde, funkeln die Kronleuchter, setzen Marmorkamin und das edle Mobiliar reizvolle Akzente“, heißt es weiter.

    Falls Sie nach dem Besichtigen oder vor dem Spaziergang durch den wunderschönen Park eine Pause brauchen, ist das Lutter & Wegner in der Remise genau richtig. Ausgewählte Gerichte, nicht abgehoben, sondern eher gutbürgerlich-delikat, dazu natürlich herrlichste Weine inmitten einer royalen Location. So lässt sich’s leben!

    #Berlin #Setglitz #Zehlendorf #Wannsee #Lichterfelde #Lichterfelde-Süd #Lichterfelde-West #Tourismus #Gaststätte #Botanischer_Garten #Glienicke

  • Contre l’imposture et le pseudo-rationalisme | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-zilsel-2020-2-page-15.htm

    Rien ne distingue en soi un énoncé scientifique d’un autre qui ne l’est pas ; ce n’est pas plus le statut de l’énonciateur qui confère un caractère scientifique à son énoncé. Ce qui établit la scientificité, ce sont les normes de probation scientifiques, qui ont une histoire et présentent de légères variations selon les domaines, composant une géographie disciplinaire. La véridiction savante repose sur la recension de faits objectivables, publiés avec leur appareil probatoire (données, graphiques, raisonnements, développement en métalangage mathématique, etc.), avec une bibliographie établissant l’état de l’art sur le sujet. Elle suppose l’absence de conflits d’intérêts, ou leur explicitation, quand ils ne sont pas de nature à fausser l’objectivité. Elle passe par la disputatio des résultats obtenus avec les pairs, c’est-à-dire avec les autres scientifiques ayant produit un travail savant dans un sujet connexe : il n’y a de vérité scientifique que comme visée collective, jamais comme dévoilement individuel d’une vérité préexistante.

    […]

    Le pseudo-rationalisme se nourrit ainsi de la frustration de cadres supérieurs qui conjuguent un attrait pour la science et un éloignement prolongé vis-à-vis de sa pratique : la formation professionnelle des Grandes Écoles ne les a jamais confrontés qu’à des problèmes qui admettent des solutions calculatoires préétablies. Il témoigne de l’héritage délétère du système napoléonien, fondé sur le concours, qui n’a jamais réussi à se réformer pour se rapprocher du système humboldtien, fondé sur la science.

    […]

    Pourtant, de la méthode scientifique, telle que je l’ai définie plus haut, il ne reste presque rien hormis la reproduction objectivée et raisonnée de phénomènes présentés comme paranormaux. En particulier, toute la dimension collective du travail de véridiction scientifique s’en trouve évacuée. La zététique prétend au contraire transposer la méthode scientifique à l’échelle de l’individu comme mode d’appréhension de son environnement quotidien, le doute méthodique et l’exercice du raisonnement étant supposés lui permettre de réfuter des croyances par leur seul exercice. Comparé au rationalisme, c’est non seulement l’institution scientifique qui est congédiée au profit du seul doute, mais aussi la responsabilité du savant dans le développement technoscientifique.

    […]

    Plus récemment, Michael Shermer, fondateur et président de la Skeptics Society, et rédacteur en chef de la revue Skeptic, fondamentaliste chrétien devenu « libertarien », a écrit que Mussolini et Hitler étaient les représentants de la gauche italienne et allemande des années 1920, puis ceci, qui témoigne du degré de finesse analytique de cette communauté : « Good to remember that Nazi = National Socialism. Not far right but far left. » On peut conclure a minima que le bréviaire du doute méthodique et des biais cognitifs n’immunise pas contre la falsification historique, et ne saurait remplacer ni la fréquentation de livres d’histoire ni une solide culture en sciences humaines. Cependant, il convient de s’interroger sur la permanence d’une porosité de la communauté pseudo-rationaliste au confusionnisme politique.

    […]

    La seconde caractéristique des pseudo-rationalistes est de substituer la « vulgarisation » à la publication scientifique. […] Il s’agirait donc de substituer l’exercice du doute et de la raison individuelle au régime collectif de véridiction scientifique. Wikipedia qui privilégie ordinairement les sources secondaires (quotidiens, rapports d’agences gouvernementales, etc.) sur les sources proprement scientifiques, a peut-être contribué à façonner le vocabulaire des plus jeunes des pseudo-rationalistes, qui ne cessent de se revendiquer du « consensus » contre le « cherry-picking » – termes inusités dans la recherche scientifique. À supposer qu’il y ait une crise du journalisme scientifique, liée au double impératif de rendre compte de l’« actualité » et de capter l’attention, l’éthique minimale consisterait à promouvoir les références à la littérature scientifique primaire. S’il faut prêter attention à ces polémiques, c’est plutôt comme symptôme d’un mal réel plus profond : l’abandon graduel de l’éducation du plus grand nombre au raisonnement et à la science.

    (signalé dans un com par @colporteur mais méritait un seen dédié)

    #Bruno_Andreotti #raison #rationalisme #science #scientificité #épistémologie #méthode_scientifique #extrême-droite #confusionnisme #marxisme_culturel