• Le Mali, le Niger et le Burkina veulent harmoniser leurs passeports et pièces d’identité
    https://www.dakaractu.com/Le-Mali-le-Niger-et-le-Burkina-veulent-harmoniser-leurs-passeports-et-pie

    Le Mali, le Niger et le Burkina veulent harmoniser leurs passeports et pièces d’identité
    Les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) - le Mali, le Burkina Faso et le Niger - veulent harmoniser leurs documents de voyage et d’identité, pour une libre circulation de leurs ressortissants et leurs biens dans le nouvel ensemble qu’ils ont créé, selon un communiqué commun.Les ministres chargés de la Sécurité de ces trois pays se sont réunis vendredi à Bamako, selon ce communiqué daté de la capitale malienne et publié le même jour sur le réseaux sociaux.
    « La réunion avait pour objectif de valider les spécifications ethniques harmonisées des documents de voyage et d’identité (passeport et carte nationale d’identité) afin de favoriser la libre circulation des personnes et des biens dans une dynamique d’intégration plus poussée », dit le communiqué.
    Elle fait suite à une précédente rencontre entre experts tenue à Bamako les 2 et 3 octobre, selon la même source."Les ministres ont rappelé la nécessité de poser des actes concrets allant dans le sens de faciliter la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace AES", dit le communiqué. Les documents de voyage et d’identité « harmonisés seront soumis aux chefs d’État » pour leur approbation, dit le communiqué signé par les ministres de la Sécurité Mahamadou Sana (Burkina), Daoud Aly Mohammedine (Mali) et Mohamed Toumba (Niger).Ces trois États ont par ailleurs signé jeudi à Niamey un protocole d’accord sur la fin des frais d’itinérance des communications téléphoniques, appelés « roaming ». Cet accord lève ces frais entre leurs opérateurs de téléphonie mobile.
    Leurs trois juntes ont uni en 2024 leurs pays en une « confédération » qui compte environ 72 millions d’habitants. Dans le même temps, les militaires au pouvoir ont choisi de tourner le dos à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), une organisation qu’ils jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale avec laquelle ils ont multiplié les actes de rupture. Au Niger, au Burkina et au Mali, les gouvernements civils ont été renversés par des coups d’État militaires successifs depuis 2020. Ces trois anciennes colonies françaises se sont rapprochées de Moscou et éloignées de plusieurs de leurs voisins, dont la Côte d’Ivoire et le Bénin, qu’ils accusent de chercher à les déstabiliser.

    #Covid-19#migrant#migration#mali#burkinafaso#niger#CEDEAO#librecirculation#passeport#cartedidentite#sante

  • Capitaine Thomas Sankara
    https://www.youtube.com/watch?v=qSGu8S9NW-A

    Constitué exclusivement d’images d’#archives, le film évoque le parcours de #Thomas_Sankara et la politique qu’il conduisit à la tête du #Burkina_Faso au cours de la première révolution burkinabé entre 1983 et 1987. Réalisé 25 ans après l’assassinat de celui qui demeure une icône de la jeunesse africaine, Capitaine Thomas Sankara est à la fois le premier long métrage de Christophe Cupelin, et le premier long métrage consacré à Thomas Sankara.

    edit mdr campiste critique. avant la revanche du fantochisme qui lui coûta la vie il avait eu le temps de faire voler la voiture de Kadhafi et tenté de faire de même avec un Boeing libyen

    #film_documentaire #Afrique #anti-impérialisme

  • En Mauritanie, le flux de migrants «a atteint un seul critique» - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60866/en-mauritanie-le-flux-de-migrants-a-atteint-un-seul-critique

    En Mauritanie, le flux de migrants « a atteint un seul critique »
    Par La rédaction Publié le : 29/10/2024
    L’afflux de migrants, fuyant notamment l’insécurité au Sahel, « a atteint un seuil critique » en Mauritanie, a indiqué lundi le ministre de la Défense. Cette hausse d’arrivées dans le pays africain « entraîne une intensification du flux de migrants irréguliers traversant la Mauritanie » vers les Canaries, qui voient déjà des records de traversées irrégulières cette année. L’afflux de migrants en Mauritanie inquiète les autorités. Le ministre de la Défense, Hanena Ould Sidi, a affirmé lundi 28 octobre que « le flux de réfugiés sur le territoire mauritanien a atteint un seuil critique ».
    Cet exode vers la Mauritanie s’explique par la situation sécuritaire au Sahel qui « continue de se détériorer », a déclaré Hanena Ould Sidi qui recevait à Nouakchott son homologue espagnole Margarita Robles. La Mauritanie s’est en effet illustrée ces dernières années par sa stabilité par rapport au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où prospèrent des djihadistes et autres groupes armés.
    Face aux exactions de l’armée et à la menace terroriste, des dizaines de milliers de Maliens - mais aussi Nigériens et Burkinabés - ont trouvé refuge en Mauritanie ces derniers mois. Entre janvier 2023 et avril 2024, plus de 95 000 nouveaux réfugiés maliens sont arrivés dans le pays, en plus des 105 000 réfugiés précédemment enregistrés, selon le Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR). Au total, 275 000 réfugiés et demandeurs d’asile se trouvent actuellement en Mauritanie, d’après les chiffres de l’agence onusienne.
    « La détérioration des conditions sécuritaires dans la région entraîne une intensification du flux de migrants irréguliers traversant la Mauritanie vers l’Espagne », a averti le ministre mauritanien de la Défense. La Mauritanie, située à plus d’un millier de kilomètres des Canaries, est devenue ces derniers mois un point de départ privilégié pour les migrants du Sahel désireux de rejoindre l’Europe. Sur les plus de 22 000 personnes arrivées dans l’archipel espagnol au cours du premier semestre 2024, 13 000 sont parties des côtes mauritaniennes, contre environ 200 personnes l’année précédente. Soit une augmentation de 6 000 %. Et avec plus de 9 000 arrivées depuis janvier, les Maliens constituent désormais la nationalité la plus nombreuse parmi les immigrés arrivés de manière irrégulière en Espagne.
    Mais ils ne sont pas les seuls. Les Sénégalais, qui fuient une crise économique et un taux de chômage très élevé dans leur pays, tentent aussi de traverser l’Atlantique depuis les côtes mauritaniennes. Reste que cet afflux en Mauritanie « constitue une forte pression économique, sociale et sécuritaire sur les régions d’accueil » du pays, a encore dit le ministre mauritanien de la Défense. Face à cette situation, Nouakchott « souhaite renforcer ses programmes de coopération avec l’Espagne et l’Europe en général, en matière de migration sûre, ordonnée et régulière ». La Mauritanie reçoit depuis des années des fonds de l’Espagne pour contrôler l’immigration vers les îles. Chaque année, Madrid verse 10 millions d’euros à Nouakchott pour la formation et l’équipement des gardes-côtes. En échange, le pays s’engage à accueillir sur le sol mauritanien les exilés entrés de manière irrégulière aux Canaries après avoir quitté le pays, et à bloquer les départs des canots.
    Début février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, se sont rendus en Mauritanie dans le but de développer leur coopération sur la question migratoire. À l’issue de cette visite, Bruxelles a débloqué une enveloppe de 200 millions d’euros pour aider la Mauritanie à contrôler les flux de migrants. Fin août, Pedro Sanchez est retourné à Nouakchott pour signer des « mémorandums d’entente » bilatéraux de « migration circulaire », selon un communiqué de la présidence espagnole. Il s’agit de mettre en place un cadre pour permettre des entrées régulières sur le sol espagnol en fonction des besoins de main-d’œuvre. Cette migration contrôlée est censée faire une place particulière aux jeunes et aux femmes. En retour, la présidence mauritanienne s’était engagée à durcir sa législation contre l’immigration irrégulière.

    #Covid-19#migrant#migration#mauritanie#mali#senegal#burkinafaso#crise#sahel#espagne#routemigratoire#migrationirreguliere#sante#migrationcirculaire#economie

  • Mauritanie : l’afflux de réfugiés a atteint un « seuil critique » (ministre)
    https://www.seneweb.com/news/Afrique/mauritanie-l-afflux-de-refugies-a-attein_n_454412.html

    Mauritanie : l’afflux de réfugiés a atteint un « seuil critique » (ministre)
    Par : AFP - Seneweb.com | 28 octobre, 2024 à 19:10:00 | Lu 1160
    L’afflux en Mauritanie de réfugiés fuyant l’insécurité au Sahel a atteint « un seuil critique » et intensifie la migration clandestine vers l’Espagne et l’Europe, a déclaré lundi le ministre mauritanien de la Défense Hanena Ould Sidi.
    Selon un récent rapport de l’agence dédiée de l’ONU (UNHCR), 275.000 réfugiés et demandeurs d’asile se trouvent actuellement en Mauritanie, pays d’environ 4,9 millions d’habitants.
    Ils sont concentrés principalement dans le sud-est à la frontière avec le Mali, dont 112.000 enregistrés dans le seul camp de Mbera, saturé, dit l’agence. La majorité viennent du Mali, où ils ont fui l’insécurité et la faim, dit-elle.La Mauritanie s’est signalée ces dernières années par sa stabilité par rapport au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où prospèrent des jihadistes et autres groupes armés.
    « Le flux des réfugiés sur le territoire mauritanien a atteint un seuil critique » en raison de la situation sécuritaire au Sahel qui « continue de se détériorer », a déclaré le ministre mauritanien de la Défense, qui recevait à Nouakchott son homologue espagnole Margarita Robles. « La détérioration des conditions sécuritaires dans la région entraîne une intensification du flux de migrants irréguliers traversant la Mauritanie vers l’Espagne », a-t-il ajouté.
    La Mauritanie est située sur la route maritime empruntée par des dizaines de milliers d’Africains pour tenter de gagner l’Europe via l’Atlantique. L’archipel espagnol des Canaries représente sur cette route la première porte sur l’Europe.Au 15 octobre, 32.878 migrants irréguliers étaient arrivés aux Canaries par la mer, contre 23.537 au cours de la même période l’année dernière, selon le ministère espagnol de l’Intérieur. Le gouvernement espagnol s’emploie auprès des pays ouest-africains à endiguer le flux.L’afflux de réfugiés « constitue une forte pression économique, sociale et sécuritaire sur les régions d’accueil » de la Mauritanie, a dit le ministre mauritanien. Face à cette situation, Nouakchott « souhaite renforcer ses programmes de coopération avec l’Espagne et l’Europe en général, en matière de migration sûre, ordonnée et régulière », a-t-il ajouté.
    Nouakchott et Madrid se sont engagés fin août à coopérer pour lutter contre les passeurs de migrants illégaux vers l’Europe et favoriser la migration légale, lors d’une visite dans la capitale mauritanienne du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez.

    #Covid-19#migrant#migration#mauritanie#mali#sahel#espagne#burkinafaso#niger#crise#migrationirreguliere#routemigratoire#sante

  • Tunisie : plus de 4 100 migrants sont retournés « volontairement » dans leur pays via l’OIM - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/58832/tunisie--plus-de-4-100-migrants-sont-retournes-volontairement-dans-leu

    Tunisie : plus de 4 100 migrants sont retournés « volontairement » dans leur pays via l’OIM
    Par Leslie Carretero Publié le : 31/07/2024
    Depuis le début de l’année, l’Organisation internationale des migrations (OIM) a organisé le « retour volontaire » de plus de 4 100 migrants depuis la Tunisie vers leur pays d’origine, contre un peu plus de 2 500 pour l’ensemble de l’année 2023. Les violences de la part de la population et des autorités, les destructions quotidiennes de campements, les interceptions en mer et les expulsions de Subsahariens dans le désert expliquent cette forte hausse des retours.
    Mardi 23 juillet, 162 migrants burkinabé sont montés dans un avion depuis la Tunisie vers leur pays d’origine « en toute sécurité et dans la dignité », selon les mots de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Ces exilés ont bénéficié du programme de retour volontaire de l’ONU. « Aujourd’hui marque un nouveau départ pour de nombreux migrants bloqués en Tunisie qui vont retrouver leurs proches », s’est félicitée sur Facebook l’agence onusienne en Tunisie.
    À l’instar de ces Burkinabés, plus de 4 000 migrants vivant en Tunisie sont rentrés dans leur pays via l’OIM depuis janvier. La majorité d’entre eux sont des hommes seuls, originaires de Gambie, du Burkina Faso et de Guinée, précise l’agence à InfoMigrants.
    Un chiffre en nette augmentation : sur l’ensemble de l’année 2023, 2 557 personnes ont profité du « retour volontaire » depuis la Tunisie, ce qui représentait déjà une hausse de 45 % par rapport à 2022 où 1 614 exilés avaient bénéficié de ce programme.
    Cette augmentation s’explique par la situation délétère en Tunisie pour les Subsahariens. En effet, depuis le discours raciste du président Kaïs Saïed en février 2023 accusant les Noirs d’être la source de violences et de crimes, les exilés sont constamment harcelés par la population et les autorités.L’été dernier, des milliers d’entre eux ont été raflés dans les rues et les appartements de Sfax, puis envoyés dans le désert à la frontière libyenne ou algérienne. Abandonnés au milieu de nulle part, sans eau ni nourriture sous une chaleur écrasante, une centaine d’entre eux sont morts de soif, d’après les associations locales d’aide aux migrants. La photo de Fati et de sa fille de cinq ans, gisant sur le sable, avait fait le tour des réseaux sociaux.
    Ces expulsions collectives, pourtant illégales au regard du droit international, ont perduré. En janvier, InfoMigrants a reçu les témoignages de plusieurs Subsahariens arrêtés à Sfax et envoyés dans la montagne, près de la frontière algérienne. « Nous étions complètement perdus. Nous avons rencontré un berger, qui nous a aidés. Il nous a indiqué la bonne route à suivre », expliquait Fatma, une Sierra-Léonaise. Son groupe a marché pendant cinq jours pour rejoindre la première ville algérienne. Pendant ce trajet, il a « un peu neigé » mais surtout il a plu. « Ce fut très dur. Mais personne de notre groupe n’est mort. C’est déjà ça…. Il n’y a eu que des malades. »
    En mai, des migrants faisaient à nouveau état à InfoMigrants d’une vague d’"arrestations générales". Les exilés racontaient être traqués partout : dans les cafés, dans les rues, dans les gares, dans les taxis, dans les commerces ou dans les appartements. « Ils vont dans les maisons, cassent les portes, confisquent les passeports, volent tout ce qu’ils trouvent - téléphones, effets personnels, argent… - frappent les gens avec des matraques et les embarquent dans des bus », relatait Salif, un Guinéen vivant à Sfax.
    Si certains exilés sont livrés à eux-mêmes à la frontière algérienne, d’autres sont directement transmis aux forces libyennes, révélait en décembre InfoMigrants. L’échange, entre les policiers tunisiens et les milices libyennes, se fait discrètement en plein désert."Le véhicule s’est arrêté au niveau d’une montagne de sable. De l’autre côté, c’est la Libye. Les Tunisiens sont montés sur la montagne pour annoncer leur présence. Cinq minutes après, on a entendu des klaxons venus d’en face. Les policiers ont alors braqué leur kalachnikov sur nous et nous ont dit : ‘Haya, haya’ [’allez-y’, en français, ndlr] en montrant la Libye. Tout le monde avait peur", témoignait un autre Guinéen.
    Les migrants sont ensuite envoyés dans les prisons libyennes, où ils risquent d’y subir des violences, des viols, de l’extorsion, des privations de nourriture… Pour en sortir, les exilés doivent payer une rançon de plusieurs centaines d’euros.Les arrestations en Tunisie sèment la panique au sein de la population migrante vivant dans le pays. Fatigués de ce climat de terreur, beaucoup préfèrent ainsi faire marche arrière, et mettre fin à leur rêve européen.
    Dans le cadre du programme de retour volontaire de l’OIM, les migrants sont accompagnés à leur arrivée chez eux. L’agence « fournit une assistance qui comprend le transport jusqu’à la destination finale, l’aide à l’hébergement si nécessaire, ainsi qu’une assistance à plus long terme par le biais d’un soutien à la réintégration », détaille-t-elle.Les anciens exilés, qui présentent un projet fiable, sont accompagnés financièrement dans leurs démarches et la création, par exemple, d’un commerce ou d’une entreprise.
    Mais pour certains, l’accès à cette aide relève du parcours du combattant. L’an dernier, Ibrahim, un Guinéen de retour chez lui après six ans en Libye, affirmait à InfoMigrants attendre depuis 10 mois l’aide financière promise par l’OIM pour financer son projet.
    « Démotivé », le jeune homme de 22 ans a décidé de reprendre la route de l’exil vers l’Europe. « J’ai essayé de rester au pays. J’avais beaucoup d’espoir, je voulais tenter de faire quelque chose en Guinée. Mais cela faisait trop longtemps que j’étais parti, la réintégration était difficile. Quand j’ai quitté mon pays en 2017, j’avais 14 ans. Je n’avais pas fini mes études et je n’avais pas de travail. Aujourd’hui, je ne vois pas comment refaire ma vie au pays, sans l’aide de l’OIM. Il n’y a aucune perspective là-bas »

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#OIM#rapatriement#guinee#gambie#burkinafaso#algerie#reintegration#sante

  • Dans l’impasse en Tunisie, de plus en plus de migrants rapatriés dans leur pays d’origine
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/06/27/dans-l-impasse-en-tunisie-de-plus-en-plus-de-migrants-rapatries-dans-leur-pa

    Dans l’impasse en Tunisie, de plus en plus de migrants rapatriés dans leur pays d’origine
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 16h39, modifié hier à 17h29
    Le nombre de migrants africains rapatriés de Tunisie vers leur pays connaît une forte augmentation depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sur fond de montée d’un sentiment anti-immigrés alimenté par un discours officiel aux accents xénophobes.
    « Entre le 1er janvier et le 25 juin, l’OIM a facilité le retour volontaire d’environ 3 500 personnes depuis la Tunisie vers leur pays d’origine », soit une augmentation de 200 % par rapport à 2023 à la même période, a détaillé l’OIM, à Tunis, auprès de l’Agence France-Presse, qui précise que les principaux pays de retour sont la Gambie, le Burkina Faso et la Guinée.
    Les migrants rapatriés bénéficient du « programme d’assistance au retour volontaire et à la réintégration » de l’OIM, avec notamment une prise en charge du trajet de retour ainsi qu’une aide à la réintégration dans leur pays. Le caractère « volontaire » de ces rapatriements est néanmoins contesté par les défenseurs des droits.
    Pour Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), ces rapatriements sont le résultat d’une « politique antimigrants qui les voit comme une menace et contribue à leur précarité en les empêchant de travailler, de louer des appartements ou d’utiliser les transports publics ». Depuis un discours aux accents xénophobes du président tunisien Kaïs Saïed en février 2023, des milliers de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne séjournant de façon irrégulière en Tunisie ont perdu leur logement et leur travail.
    Leurs conditions de vie se sont encore détériorées quand ils ont été chassés de grandes villes comme Sfax pour s’entasser dans des campements de fortune insalubres, sans aucune ressource, dans l’attente d’un hypothétique départ.Selon M. Ben Amor, cette hausse des rapatriements est la conséquence de la « politique d’endiguement migratoire » voulue par l’Union européenne (UE). « L’UE a donné tous les moyens financiers, logistiques et techniques » à la Tunisie pour mettre en place cette politique, affirme-t-il.
    A l’été 2023, l’UE et la Tunisie ont conclu un « partenariat stratégique » qui prévoyait une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, incluant le financement du « retour volontaire » de 6 000 migrants irréguliers.
    La Tunisie est l’un des principaux points de départ des migrants qui risquent la périlleuse traversée de la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Selon le ministère de l’intérieur tunisien, environ 23 000 migrants irréguliers seraient actuellement présents dans le pays. Plus de 1 300 migrants sont morts ou ont été portés disparus en 2023 dans des naufrages au large des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#OMI#retour#UE#gambie#burkina#guinee#migrationirreguliere#sante

  • Le #Mali, le #Burkina_Faso et le Niger quittent la #Cedeao, la région ébranlée

    Les trois régimes issus de coups d’Etat prennent le risque de compromettre la #libre_circulation des biens et des personnes, et repoussent le retour des civils au pouvoir.

    En décidant de se retirer de la #Communauté_économique_des_Etats_d’Afrique_de_l’Ouest (Cedeao), les régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger issus de coups d’Etat prennent le risque de compromettre la libre circulation et repoussent le retour des civils au pouvoir. La Cedeao, organisation économique régionale de quinze pays, s’est opposée aux coups d’Etat ayant successivement porté au pouvoir les militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger, imposant de lourdes sanctions économiques au Niger et au Mali.

    En août 2023, elle est allée jusqu’à menacer d’intervenir militairement au Niger pour y rétablir l’ordre constitutionnel et libérer le président Mohamed Bazoum renversé. Le dialogue est pratiquement rompu entre l’organisation et les régimes de Bamako, Ouagadougou et Niamey, qui ont créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et accusent leurs voisins d’agir sous l’influence de « puissances étrangères », en premier lieu la France, ancienne puissance coloniale dans la région.

    Des élections étaient en théorie prévues au Mali et au Burkina Faso en 2024, censées assurer le retour à un gouvernement civil, préalable exigé par la Cedeao pour lever ses sanctions et rétablir ces pays dans ses instances décisionnelles. Mais les partisans des régimes militaires souhaitent allonger la durée des transitions, invoquant la lutte antidjihadiste. Le nouvel homme fort du Niger, le général Abourahamane Tiani, n’a pas encore annoncé de calendrier de transition.

    « Les Etats de l’AES ont anticipé un débat qui devait venir, celui de la fin des transitions. La sortie de la Cedeao semble remettre au second plan cette question », estime Fahiraman Rodrigue Koné, spécialiste du Sahel à l’Institut des études de sécurité (ISS). « Bien installés dans les palais et devant les délices du pouvoir, ils [les dirigeants des pays de l’AES] veulent s’éterniser dans les fauteuils présidentiels », fustige Le Patriote, quotidien du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire.

    L’inquiétude des ressortissants des trois pays

    La Cedeao garantit aux citoyens des pays membres de pouvoir voyager sans visa et de s’établir dans les pays membres pour y travailler ou y résider. L’annonce du retrait burkinabé, nigérien et malien, suscite donc l’inquiétude de centaines de milliers de ressortissants de ces pays, particuliers ou commerçants.

    Les trois pays enclavés du Sahel et leurs principaux partenaires économiques côtiers comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont toutefois membres de l’#Union_économique_et_monétaire_ouest-africaine (#Uemoa, huit pays), qui garantit elle aussi en principe la « liberté de circulation et de résidence » pour les ressortissants ouest-africains, ainsi que le dédouanement de certains produits et l’harmonisation des tarifs et des normes, à l’instar de la Cedeao.

    Les conséquences d’un #retrait pourraient être plus marquées aux frontières du Niger et du Nigeria, pays n’appartenant pas à l’Uemoa. Le géant économique d’Afrique de l’Ouest représente plus de la moitié du PIB de la Cedeao et est le premier partenaire économique du Niger dans la région. Les 1 500 kilomètres de frontière qui séparent les deux Etats sont toutefois mal contrôlés et en proie aux attaques des groupes armés. Une part importante des flux échappent aux contrôles douaniers.

    « Même si c’est par la contrebande, les biens et les personnes vont rentrer au Niger. Vous ne pouvez pas séparer Sokoto [nord du Nigeria] de Konni [Niger], c’est un même peuple », assure ainsi Chaïbou Tchiombiano, secrétaire général du Syndicat des commerçants, importateurs exportateurs et grossistes du Niger.

    « Juridiquement, un retrait sans délai n’est pas possible »

    Les régimes du Mali, du Burkina et du Niger ont annoncé leur retrait « sans délai », mais les textes de la Cedeao prévoient qu’une demande doit être déposée par écrit un an avant. La Cedeao a affirmé dimanche qu’elle n’avait pas encore reçu une telle notification. « Juridiquement, un retrait sans délai n’est pas possible. Ces Etats devront trouver une forme d’entente et des négociations iront dans le sens de trouver les moyens de faire ce retrait de manière progressive », estime Fahiraman Rodrigue Koné.

    Alors que les groupes djihadistes progressent au Sahel et jusqu’aux marges des Etats côtiers, « la région se fragmente, devient objet de concurrence géostratégique plus forte, et cela n’est pas une bonne nouvelle pour la stabilité », avertit le chercheur.

    Les vives critiques formulées par ces régimes et leurs partisans à l’encontre du franc CFA, la monnaie commune des pays membres de l’Uemoa, pourraient également conduire les pays de l’AES à quitter cette organisation, et à renoncer à la libre circulation des biens et des personnes en attendant l’émergence d’une #zone_de_libre-échange continentale africaine, encore à l’état de projet.

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/01/29/le-mali-le-burkina-faso-et-le-niger-quittent-la-cedeao-la-region-ebranlee_62
    #fin

  • Des compagnies aériennes décident de ne plus embarquer de Français vers le Niger
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/02/02/des-compagnies-aeriennes-decident-de-ne-plus-embarquer-de-francais-vers-le-n

    Des compagnies aériennes décident de ne plus embarquer de Français vers le Niger
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 10h04
    Des compagnies aériennes desservant Niamey, capitale du Niger, ont décidé de ne plus embarquer de passagers français vers cette destination, dont plusieurs ont récemment été refoulés à leur arrivée, a appris mercredi l’AFP de sources aéroportuaires. « Selon les autorités nigériennes, tout passager de nationalité française n’est plus autorisé à rentrer sur le territoire nigérien. Par conséquent, ces derniers ne seront plus acceptés sur nos vols sur cette destination », indique une note interne d’Air Burkina consultée par l’AFP.
    Dans un communiqué publié mercredi soir 31 janvier, la compagnie burkinabée affirme que « cette note n’émane pas » d’elle et qu’elle « ne saurait être tenue pour responsable des conséquences éventuelles qui pourraient en découler ». Le texte ne dit rien sur l’embarquement ou non de ressortissants français.
    Une source proche de la compagnie Royal Air Maroc (RAM) a indiqué que « les passagers français à destination de Niamey ne peuvent plus embarquer à bord » des avions de la RAM, « sans autorisation spéciale des autorités nigériennes et ce depuis près d’une semaine ». Sollicitées par l’AFP, d’autres compagnies desservant Niamey, Ethiopian Airlines, Asky, Air Tunisie et Turkish Airlines, n’ont pas répondu dans un premier temps à la question de savoir si elles continuaient à embarquer des ressortissants français vers le Niger.
    Egalement interrogées, les autorités nigériennes n’ont pour l’instant pas confirmé que les Français souhaitant ou devant venir à Niamey étaient désormais persona non grata sur leur territoire. Les relations entre le Niger et la France, ancienne puissance coloniale dans la région, n’ont cessé de se dégrader depuis le coup d’Etat militaire du 26 juillet 2023 qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum.
    L’ambassade de France au Niger, dont Paris avait annoncé la fermeture peu avant Noël, est officiellement close « jusqu’à nouvel ordre » et poursuivra ses activités depuis Paris, avait annoncé le ministère des affaires étrangères français, le 2 janvier. Le ministère soulignait que « depuis cinq mois, notre ambassade subit de graves entraves rendant impossible l’exercice de ses missions : blocus autour de l’ambassade, restrictions des déplacements pour les agents et refoulement de tous les personnels diplomatiques qui devaient rejoindre le Niger ».
    La fermeture d’une ambassade, mesure extrêmement rare, avait été décidée en parallèle au retrait des derniers soldats français déployés au Niger dans le cadre de la lutte antiterroriste, qui ont quitté le pays le 22 décembre 2023. Après le coup d’Etat du 26 juillet, les militaires au pouvoir avaient rapidement exigé le départ des soldats français – environ 1 500 déployés pour lutter contre les djihadistes – et dénoncé plusieurs accords militaires conclus avec Paris.
    Le régime militaire avait aussi prononcé fin août l’expulsion de l’ambassadeur de France, Sylvain Itté. Celui-ci était resté près d’un mois coincé à l’intérieur de la représentation diplomatique avant de la quitter sur décision du président Emmanuel Macron qui avait ordonné qu’il reste en place après le coup d’Etat. Le journal français Le Canard enchaîné a évoqué un veto du ministère français des affaires étrangères à la parution d’un livre de M. Itté qui, selon une source diplomatique contactée par l’AFP, aurait pu « être préjudiciable à nos intérêts de sécurité ».
    Depuis le départ de la France, le Niger comme le Mali et le Burkina Faso voisins également dirigés par des militaires issus de coups d’Etat et confrontés à la violence djihadiste se sont rapprochés d’autres partenaires, dont la Russie.Dans ce contexte, la Turquie a affirmé jeudi vouloir aider le Niger à « renforcer son indépendance » après l’annonce par Niamey de son retrait de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). « Le président Erdogan a exprimé le soutien de la Turquie aux mesures prises par le Niger pour renforcer son indépendance politique, militaire et économique », a indiqué la présidence turque à l’issue d’un tête-à-tête à Ankara entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine, nommé par le régime militaire au pouvoir à Niamey.
    La Turquie dit vouloir renforcer ses échanges commerciaux avec le Niger, qui a annoncé mardi – à la suite du Mali et du Burkina Faso – avoir notifié son retrait de la Cedeao, une décision aux conséquences potentiellement lourdes pour son économie et sa stabilité politique. La Cedeao s’est employée en vain à obtenir le retour le plus rapide possible de civils au pouvoir à Niamey, Bamako et Ouagadougou, où des coups d’Etat ont renversé les présidents élus.Selon la présidence turque, M. Erdogan a déclaré que « la Turquie s’opposait aux interventions militaires étrangères qui victimisent le peuple nigérien et continuerait à le faire ». Ankara, qui a étendu sa présence au Sahel et souhaite y accroître encore son influence en profitant notamment du départ forcé de la France, a adopté une position conciliante avec les militaires arrivés au pouvoir au Niger à l’issue d’un coup d’Etat fin juillet. La situation au Niger est scrutée de près par Ankara, le pays sahélien étant situé à la frontière sud de la Libye, où la Turquie possède de très nombreux intérêts.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#france#mali#burkinafaso#CEDEAO#circulation#vol#sante#turquie#maroc

  • Le #Mali, le #Niger et le #Burkina_Faso quittent la #Cédéao « sans délai »

    Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, trois pays dirigés par des régimes militaires, ont annoncé dimanche qu’ils quittaient la #Communauté_économique_des_Etats_d'Afrique_de_l'Ouest (Cédéao) avec effet immédiat. L’annonce a été faite via un communiqué lu à la télévision nigérienne.

    Les régimes militaires au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont décidé de retirer leur pays, avec effet immédiat, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), organisation sous-régionale de 15 membres, ont-ils annoncé dimanche 28 janvier dans un communiqué conjoint.

    Les dirigeants respectifs des trois États sahéliens, « prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest », dit le communiqué lu sur les médias d’État de ces pays.

    Les trois pays, confrontés à des problématiques similaires d’insécurité, de jihadisme et de pauvreté, ont des relations tendues avec la Cédéao depuis que des militaires y ont pris le pouvoir par la force, en 2020 au Mali, en 2022 au Burkina Faso et en 2023 au Niger.

    La Cédéao essaie d’endiguer les coups de force et de pousser au retour le plus vite possible des civils au pouvoir. Elle a pris de lourdes sanctions contre le Mali et le Niger et est allée jusqu’à menacer de recourir à la force dans ce dernier pays. Elle a suspendu les trois pays de ses organes.

    https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20240128-%F0%9F%94%B4-le-mali-le-niger-et-le-burkina-faso-quittent-la-c%C3
    #fin #Afrique_de_l'Ouest #coup_d'Etat

  • L’effet domino de la politique migratoire de l’UE au Sahel - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54008/leffet-domino-de-la-politique-migratoire-de-lue-au-sahel

    L’effet domino de la politique migratoire de l’UE au Sahel
    Par Ana P. Santos Publié le : 21/12/2023
    Le pouvoir militaire au Niger a récemment abrogé une loi censée lutter contre le trafic de migrants. La décision met à mal la stratégie de l’Union européenne à confier les politiques de contrôle migratoire aux pays d’origine.Les putschistes au pouvoir au Niger ont abrogé au mois de novembre une loi anti-passeurs de 2015. Les militaires ont également annulé les condamnations antérieures prononcées en vertu de cette loi. La loi contre le trafic de migrants criminalisait le transport de migrants depuis la ville d’Agadez, au centre-nord du Niger, vers la Libye et l’Algérie, deux points de départ courants pour les migrants subsahariens cherchant à atteindre l’Europe. Cette loi bénéficiait du soutien de l’Union européenne (UE) à travers le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique (FFUE) doté de 5 milliards d’euros. Sa suppression est le dernier épisode en date dans la dégradation des relations diplomatiques déjà limitées entre le Niger et l’UE.
    « En révoquant la loi de 2015, la junte militaire réitère la fin de la coopération avec l’UE, y compris en matière de migration, qui était cruciale pour la stratégie migratoire de l’UE », explique à InfoMigrants Alia Fakhry, chercheuse associée au Conseil allemand pour les relations étrangères (GCFR). Entre 2014 et 2020, plus d’un milliard d’euros du FFUE sont allés au Niger. Pendant que Bruxelles regrette l’abrogation de la loi anti-passeurs, une partie de la population locale semble bien accueillir la fin de la criminalisation.
    « Si nous voyons des migrants, nous les transportons », a déclaré à France 24 Sidi Mamadou, 42 ans, ancien passeur et militant pour l’immigration légale.
    Selon Alia Fakhry, « les contrebandiers étaient perçus comme des transporteurs qui faisaient passer des marchandises et des personnes à travers les frontières. Des convois militaires accompagnaient les convois des passeurs pour des raisons de sécurité, mais l’armée touchait également des pots de vin auprès des passeurs. D’une certaine manière, jusqu’en 2015, le trafic de migrants était approuvé par l’État. Il était en partie contrôlé par des acteurs militaires et générait des revenus ». Depuis, la loi anti-passeurs était notamment critiquée pour ses conséquences négatives sur les personnes qui bénéficiaient directement ou indirectement de la présence de migrants au Niger.
    La région d’Agadez était, jusqu’en 2015, une importante plaque tournante de ce transit. Migrants, commerçants et travailleurs saisonniers faisaient vivre l’économie. En 2015, « les passeurs, mais aussi les commerçants, les vendeurs de nourriture et ceux qui hébergeaient (des migrants) ont soudainement perdu leur emploi », explique Alia Fakhry. La décision de la junte militaire laisse ainsi entrevoir un possible retour à la situation d’avant 2015.
    L’inefficacité des politiques migratoires restrictives « L’obsession (de l’UE) pour l’immigration est bien connue », assure Yéra Dembele, présidente de la Fédération Euro-Africaine de Solidarité (FEASO), un groupe de réflexion sur la migration basé à Paris. Au cours des dernières décennies, l’Europe s’est détournée de sa politique migratoire d’après-guerre, qui visait à attirer la main-d’œuvre immigrée dont elle avait cruellement besoin pour se reconstruire après la Seconde Guerre mondiale. Ces dernières années, l’UE a décidé de renforcer les contrôles aux frontières terrestres et maritimes afin d’empêcher l’immigration irrégulière.
    Selon Yéra Dembele, « lorsque l’on observe l’évolution des flux au cours de ces différentes phases, on se rend compte que le durcissement des politiques n’a eu pratiquement aucun effet, si ce n’est d’augmenter le nombre de migrants noyés en mer ». Yéra Dembele en veut aussi aux politiques migratoires et de développement dans les pays d’origine, notamment en Afrique, qui s’alignent sur les pays d’accueil « sans réelle volonté politique de satisfaire les besoins qui poussent les jeunes à émigrer au péril de leur vie ».
    Des analystes estiment qu’il est trop tôt pour prédire à quel point le nouveau pouvoir au Niger va influencer la dynamique migratoire régionale. La chercheuse Alia Fakhry estime néanmoins que l’érosion du partenariat avec le Niger pourrait pousser l’UE à mettre en place des coopérations similaires avec d’autres pays africains dans la région, comme cela est déjà le cas avec la Tunisie et la Libye. « L’UE continue de consolider sa stratégie en matière de migration. L’accord conclu avec la Tunisie cet été (l’accord est au stade d’un mémorandum d’entente, ndlr) est une illustration de ce que nous pouvons décrire comme un effet domino. Avec la chute du Niger, un domino est tombé. L’UE cherche donc à consolider d’autres partenariats », affirme Alia Fakhry."Avec la fin de la coopération avec le Niger, il y a une leçon importante à tirer pour les Européens : en poursuivant une stratégie migratoire qui repose trop sur la coopération avec des partenaires de bonne volonté, les Européens deviennent la proie des sautes d’humeur et des changements de régime", ajoute-t-elle. Depuis 2020, sept coups d’État ont eu lieu en Afrique, dont cinq dans des pays situés dans la région du Sahel : au Burkina Faso, en Guinée, au Tchad, au Mali et enfin, dernier en date, au Niger, en juillet dernier. Les prises de pouvoir par les militaires s’inscrivent dans un environnement d’insécurité politique, de pauvreté et de terrorisme dans le Sahel.
    Les données de l’agence européenne de gestion des frontières Frontex indiquent que cette année a connu la plus forte augmentation depuis 2009 du nombre de passages irréguliers le long de la route de l’Afrique de l’Ouest, qui relie les pays de la sous-région aux îles Canaries en Espagne.Les traversées de l’océan Atlantique se font depuis le Maroc, le Sahara occidental, la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie, des pays et régions qui sont dans le prolongement du Sahel. L’UE et le Royaume-Uni ne réagissent souvent que ponctuellement en créant de nouvelles formes de contrôle aux frontières dans les pays d’origine. Toutefois, les experts et les défenseurs des droits de l’homme affirment que les politiques migratoires, qui sont principalement élaborées d’un point de vue européen, ne tiennent pas compte de la nature des mouvements en Afrique, qui sont influencés par l’histoire à la fois culturelle et coloniale. « Lorsque nous entendons parler de migration, nous pensons qu’il s’agit de quitter l’Afrique pour aller ailleurs, en Europe par exemple. Mais ce dont on parle rarement, c’est que les déplacements en Afrique se font principalement d’un pays africain voisin à l’autre, et ce depuis des siècles », rappelle Makmid Kamara, militant et chercheur sur les droits de l’homme. « Les frontières ont été mises en place par les puissances coloniales pour diviser les territoires qu’elles avaient conquis et, en ce sens, elles sont artificielles. Pour de nombreux Africains, le fait de se déplacer d’un pays voisin à un autre ne constitue pas un franchissement de frontière », constate Makmid Kamara.Selon lui, « ce que nous voyons de plus en plus, c’est comment l’instabilité politique récurrente déplace les gens et transforme les routes utilisées pour les mouvements économiques en voies de refuge ».Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) estime qu’environ 3,7 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Sahel et que plus d’un demi-million de réfugiés et de demandeurs d’asile cherchent une protection dans les pays voisins. Les régions du Centre-Nord au Burkina Faso accueillent le plus grand nombre de personnes déplacées et affichent les niveaux d’insécurité alimentaire les plus élevés.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#mali#burkinafaso#agadez#algerie#routemigratoire#sahel#migrationirreguliere#HCR#FRONTEX#insecurite#frontiere#vulnerabilite

  • Privés de visas, les étudiants sahéliens victimes collatérales des tensions entre la France et les régimes putschistes
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/12/05/prives-de-visas-les-etudiants-saheliens-victimes-collaterales-des-tensions-e

    Privés de visas, les étudiants sahéliens victimes collatérales des tensions entre la France et les régimes putschistes
    Malgré une inscription dans une université française, de nombreux Burkinabés, Maliens et Nigériens ont dû renoncer. Paris se défend de toute une mesure de rétorsion.
    Par Coumba Kane
    « Pour nous, cette année, c’est fini la France », souffle Fodé*. Admis à l’université d’Angers en licence économie et gestion, le jeune Burkinabé n’ira pas étudier dans l’Hexagone. Jusqu’au 30 septembre, date butoir pour rejoindre la faculté angevine, Fodé a espéré partir. Mais, à l’instar de centaines d’autres étudiants du Burkina Faso, mais aussi du Niger et du Mali, également inscrits dans des établissements français, il n’a pas pu déposer sa demande de visa. Depuis cet été, les services consulaires français sont fermés dans ces pays dirigés par des juntes, « pour des raisons de sécurité », justifie-t-on au ministère des affaires étrangères.
    La mesure a été annoncée en septembre en pleine crise diplomatique entre la France et le Niger. Après la prise de pouvoir par les militaires fin juillet, Paris a refusé de reconnaître les nouvelles autorités, qui maintiennent toujours le président Mohamed Bazoum captif. Les tensions ont abouti au départ précipité des troupes françaises et de l’ambassadeur de France.
    Pris au piège de ces dissensions politiques, les étudiants des Etats concernés oscillent entre désespoir et incompréhension. La sélection est si rude que Fodé pensait avoir fait « le plus dur » en réussissant à obtenir une admission via Campus France, l’agence française de promotion à l’étranger de l’enseignement supérieur français et de l’accueil des étudiants étrangers en France. (...)
    Côté français, on confirme le statu quo tout en se défendant d’avoir pris une mesure de rétorsion contre des régimes militaires qui affichent leur hostilité à la France. « Il ne faut pas inverser les responsabilités, ce sont les juntes qui portent atteinte à nos relations. Nous souhaitons préserver les liens avec les forces vives de ces sociétés, notamment les étudiants », réagit-on au Quai d’Orsay. Le ministère affirme ne pas avoir « de visibilité sur la suite », mais assure réévaluer « les conditions sécuritaires dans ces pays, de façon à ajuster au mieux la mesure ». Signe d’une légère accalmie, les services de Campus France ont rouvert le 1er octobre au Mali et au Burkina Faso. Les étudiants de ces pays peuvent à nouveau tenter une admission en France pour la prochaine année universitaire… sans garantie d’obtenir un visa. Reste à savoir si ceux qui avaient déjà été admis, devront reprendre la fastidieuse procédure à zéro. « Nous n’avons pas d’information sur ce point », répond-on à Campus France.
    Au Niger, où la plateforme demeure fermée « pour des raisons de sécurité », l’horizon apparaît plus incertain. Chaque fois qu’il passe devant le consulat français à Niamey, Houzaifa Hamma Issaka a le « cœur qui se serre ». L’étudiant nigérien titulaire d’une licence en droit avait obtenu une inscription à l’université de Nice. Il se préparait à déposer sa demande de visa quand le coup d’Etat s’est produit. « Mes démarches administratives m’ont coûté 150 000 francs CFA (228 euros), soit cinq fois le salaire moyen. Rien ne m’a été remboursé et je me retrouve sans perspectives d’études », se désole l’étudiant qui visait un master en droits humains.
    Comme lui, près d’une centaine de Nigériens admis dans des établissements publics et privés français a perdu une année universitaire. Désemparés, certains ont tenté, en vain, de déposer leur demande de visa au Bénin voisin. « J’ai fait 1 000 km pour tenter ma chance. Mais l’agent a refusé, car je n’ai pas de certificat de résidence. Pourquoi ne pas numériser les demandes ? », s’interroge Ibrahim Maiga. « L’option dématérialisée pour le dépôt d’un visa n’est pas possible ni au Sahel ni ailleurs, répond le ministère des affaires étrangères qui argue d’une procédure immuable. Lors du dépôt du dossier, les données biométriques des demandeurs sont prises, le passeport récupéré afin qu’on y accole une vignette. »Certains étudiants sahéliens, bénéficiaires d’une bourse française, ont néanmoins eu plus de chance. Visés par la mise à l’arrêt de la mobilité internationale fin août suite à la « suspension de l’aide au développement », ils avaient appris quelques jours avant leur départ pour la France l’annulation de leur séjour de recherche. Puis, début octobre, la mesure, dénoncée dans les milieux académiques, avait été levée pour leur permettre de se rendre en France.Koffi, étudiant en géographie à l’université de Ouagadougou, était attendu le 1er septembre à Paris-1 La Sorbonne. Mais deux jours avant, il a reçu un mail lapidaire. « En quelques lignes, on m’a expliqué que mon séjour d’études était annulé. Pourtant j’avais un visa, un logement. Ça a été un choc. » Le 1er novembre, il a finalement pu s’envoler pour Paris avec son visa initial de six mois. « Je vais pouvoir étudier jusqu’à fin janvier. Je suis bien loti car certains boursiers ont perdu beaucoup de temps avec ces restrictions. » En effet, malgré le déblocage de la situation, les durées de visa n’ont pas été allongées.
    Doctorant en géographie et titulaire d’une bourse octroyée par l’ambassade de France, Hamidou Zougouri bénéficiait d’un visa courant de septembre à décembre. Mais il n’a pu se rendre à Paris que début octobre. « J’ai perdu un mois de recherche » explique-t-il par téléphone, à peine rentré de France. « J’ai tout de même travaillé au mieux grâce à l’investissement de mon directeur de thèse », se réjouit l’étudiant rattaché au CNRS. « Mais il aurait fallu nous informer de cette décision des semaines à l’avance pour qu’on s’organise. On a eu l’impression que la France nous abandonnait en plein vol. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#niger#mali#burkina#sahel#etudiant#visas#politiquemigratoire#crise

  • « Ils jettent les migrants ici » : à El Amra en Tunisie, lieu de refoulement et port de départ vers l’Europe
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/28/ils-jettent-les-migrants-ici-a-el-amra-en-tunisie-lieu-de-refoulement-et-por

    « Ils jettent les migrants ici » : à El Amra en Tunisie, lieu de refoulement et port de départ vers l’EuropeA une trentaine de kilomètres au nord de Sfax, la petite ville est devenue un carrefour incontournable pour les candidats au départ vers l’île italienne de Lampedusa.
    Par Monia Ben Hamadi(Sfax, Tunisie, envoyée spéciale)
    Publié le 28 septembre 2023 à 08h00
    Le long de la route principale qui traverse le centre-ville d’El Amra, Tunisiens et clandestins cohabitent mais ne se mélangent pas. A chacun son café, son bout de trottoir. La bourgade, plantée au centre de la région côtière du centre-est de la Tunisie qui s’étend sur une soixantaine de kilomètres de Sfax à Chebba, est devenue l’un des principaux ports de départs vers l’île italienne de Lampedusa, à moins de 150 kilomètres au large de la Tunisie. Le trafic des passeurs, constructeurs de barques en métal, revendeurs de moteurs, guetteurs et intermédiaires en tout genre, y est florissant.
    Car, malgré le discours officiel de Tunis sur la lutte contre les trafiquants et le contrôle des frontières que lui a délégué l’Union européenne, le nombre de traversées n’a fait qu’augmenter au fil des mois. Mercredi 13 septembre, les autorités italiennes ont enregistré un nombre record d’arrivées de migrants en provenance de Tunisie, avec près de 7 000 personnes débarquées en 24 heures.En réaction, le ministère de l’intérieur tunisien a annoncé une opération sécuritaire de grande envergure : des centaines de clandestins qui avaient trouvé refuge dans le centre historique de Sfax après avoir été expulsés de leur logement et fait l’objet d’une véritable chasse à l’homme – avec le concours des forces de l’ordre –, ont été acheminées les 16 et 17 septembre vers les zones rurales, notamment vers les localités de Jebeniana et El Amra. Un déplacement qui les a encore rapproché des zones de départ vers l’Europe.
    « Ils ramènent l’essence à côté du feu », fustige Thameur Rouis, un habitant d’El Amra venu manifester avec une quinzaine d’autres personnes vendredi 22 septembre devant le siège local de la représentation de l’Etat contre l’arrivée de migrants en ville et dans les champs d’oliviers aux alentours. Pour ce père de famille aux cheveux grisonnants, le discours des autorités sur la lutte contre la migration irrégulière est en contradiction complète avec les agissements des forces de l’ordre. « El Amra est connue pour le trafic, mais ils jettent les migrants ici et font croire ensuite qu’ils contrôlent la mer », accuse-t-il.
    Les manifestants craignent que la présence des Subsahariens dans leur localité incite les jeunes des quartiers alentour, « sans argent, ni perspective d’avenir », à devenir passeurs. Pourtant, le quadrillage des forces de sécurité s’est considérablement renforcé dans la région depuis les arrivées massives à Lampedusa mi-septembre et l’évacuation du centre de Sfax. Des véhicules blindés de l’Unité spéciale de la garde nationale (USGN), une unité d’élite de la gendarmerie tunisienne, patrouillent en permanence sur les routes, tandis que des avions survolent le littoral.
    Pour prouver qu’il ne chôme pas, un agent de la garde nationale montre des vidéos d’opérations auxquelles il a participé. Sur les images, des Tunisiens, présentés comme des passeurs, et des dizaines de migrants subsahariens sont regroupés à l’intérieur d’habitations situées, dans le quartier populaire de Msatria, à quelques kilomètres du centre d’El Amra. Dans les cours de ces maisons, les forces de sécurité s’attellent à détruire des embarcations en métal en construction destinées à une prochaine traversée. Les clandestins – hommes, femmes et enfants – sont évacués en file indienne vers l’extérieur.
    Les milliers de migrants dispersés dans la région, en ville ou dans les nombreux champs d’oliviers qui s’étendent à perte de vue, ne semblent s’inquiéter outre mesure de cette présence sécuritaire. A El Amra, les guichets de la poste ne désemplissent pas. Dans les files d’attente, les ressortissants des pays d’Afrique subsaharienne se succèdent pour retirer de l’argent, transféré généralement par des proches. Si Kaïs Saïed avait menacé de sévir en juillet contre la multiplication de ces transferts opérés par la poste tunisienne, sur le terrain, la réalité est tout autre.
    Dans le quartier de Beliana situé à moins d’un kilomètre de la côte, une centaine de migrants a élu domicile sur un petit terrain à l’ombre des oliviers. En moyenne, dix personnes, souvent regroupées par nationalités, se partagent un même arbre. Le linge y est étendu sur les branches et des matelas en mousse, des couvertures ou de vieux canapés déchirés sont disposés au sol. A quelques mètres de là, certains propriétaires des maisons alentour ont mis à disposition des robinets d’eau ou des glacières pour venir en aide à leurs nouveaux voisins.
    Allongé sur une couverture, Inoussa, 27 ans, originaire du Burkina Faso, prend son mal en patience. Arrivé récemment à El Amra depuis l’Algérie, où il a séjourné près d’un an après un long périple, il a déjà tenté la traversée vers Lampedusa deux fois en moins d’un mois. Sans travail ni moyens de subsistance, c’est grâce à ses proches restés au pays qu’il a pu débourser 3 000 dinars (près de 900 euros) pour ses deux précédentes tentatives. A chaque fois, la garde maritime l’a rattrapé en pleine mer et contraint à faire demi-tour.Relâché au port de Sfax, il est retourné à pied dans la région en attendant que « la chance » lui sourit enfin. « Je dois me débrouiller pour trouver de l’argent, il n’y a pas de travail ici mais, dans tous les cas, je ne peux pas retourner au Burkina Faso, c’est impossible, c’est trop dangereux », affirme le jeune hommeEntre-temps, il partage l’ombre d’un olivier avec ses compatriotes, quand il ne se rend pas en ville pour tenter de trouver un peu d’argent et quelques vivres, grâce à l’aide de certains habitants ou à la solidarité de sa communauté. Mais pour Mohamed El Bekri, un Tunisien du quartier, la situation risque de s’aggraver, « avec l’hiver qui arrive et la cueillette des olives ». « Si l’Etat ne fait rien, les habitants d’El Amra vont aussi les aider à traverser », menace-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#italie#tunisie#sfax#algerie#burkinafaso#traversee#mediterranee#routemigratoire

  • 78e Assemblée générale de l’ONU : la leçon d’histoire de Bassolma Bazié - Vendémiaire (blog)

    Ma présence à cette tribune Honorable des Nations Unies, au nom du Burkina Faso, Pays des Hommes intègres, n’est pas pour ériger des murs de lamentations. Je ne suis pas non plus là pour vous livrer un discours de convenance. Mais j’ai été plutôt mandaté en sacrifice pour vous dire que le mensonge d’État, l’hypocrisie diplomatique, la boulimie du pouvoir, la recherche effrénée du gain, l’esprit démoniaque de domination et d’exploitation de l’Homme par l’Homme sont les vraies plaies qui gangrènent notre vivre ensemble et font courir toute la société à sa perte, y compris donc notre organisation, l’ONU.Au nom de Son Excellence le Capitaine Ibrahim TRAORÉ, Président de la Transition, Chef de l’État, recevez les salutations fraternelles du Peuple et du Gouvernement du Burkina Faso.

    http://vendemiaire.over-blog.org/2023/09/78e-assemblee-generale-de-l-onu-la-lecon-d-histoire-de-bassol


    #ONU #Burkina

  • La France suspend les visas pour les étudiants du #Mali, #Burkina_Faso et #Niger

    Paris a décidé de suspendre les visas pour les étudiants du Mali, du Burkina Faso et du Niger. La France justifie sa décision par la fermeture de ses #services_consulaires dans ces pays. Les relations avec ces trois États sont tendues depuis les #coups_d’État successifs.

    Les étudiants originaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger ne pourront plus obtenir de visa pour poursuivre leur scolarité en France. Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé samedi 16 septembre suspendre les visas pour ces trois pays. « Les services #campus_France et visas ne peuvent plus fonctionner normalement », indique le ministère, en raison de la fermeture des services consulaires français.

    Les étudiants maliens, burkinabè et nigériens déjà sur le territoire français ne sont en revanche pas concernés par la mesure. « Les artistes, étudiants et chercheurs déjà en France poursuivent normalement leurs activités et leurs études, et sont les bienvenus », ajoute la même source.

    Campus France, qui est l’agence française de promotion à l’étranger de l’#enseignement_supérieur français et de l’accueil des étudiants étrangers en France, précise que les bourses accordées aux étudiants de ces trois pays déjà sur le territoire français « restent actives ».

    La France compte actuellement quelque 3 000 étudiants maliens, 2 500 burkinabè et 1 200 nigériens dans ses établissements d’enseignement supérieur.

    « Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères n’a jamais donné instruction de suspendre la coopération avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ou leurs ressortissants. C’est la coopération de la France dans ces trois pays qui est suspendue, compte tenu du contexte sécuritaire et politique », a-t-il ajouté auprès de l’AFP.

    Vendredi, le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur avait indiqué à l’AFP être « contraint de suspendre [ses] services de visas et [sa] coopération civile pour des raisons de sécurité ». Pour autant « il n’est pas question de stopper des coopérations existantes avec des universités ou d’autres établissements scientifiques ».

    Pour des raisons de sécurité, la France a suspendu depuis le 7 août la délivrance de visas depuis Niamey, Ouagadougou et Bamako. Les relations avec ces trois pays sont tendues depuis les coups d’État successifs.


    https://www.infomigrants.net/fr/post/51896/la-france-suspend-les-visas-pour-les-etudiants-du-mali-burkina-faso-et

    #suspension #visas #France #étudiants #étudiants_étrangers #université #facs

  • De Bamako à Niamey, l’annonce de la suspension des demandes de visas plonge les étudiants dans l’incertitude
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/22/de-bamako-a-niamey-l-annonce-de-la-suspension-des-demandes-de-visas-plonge-l

    De Bamako à Niamey, l’annonce de la suspension des demandes de visas plonge les étudiants dans l’incertitude
    Le ministère des affaires étrangères français évoque le « contexte sécuritaire » au Mali, au Burkina Faso et au Niger dirigés par des juntes pour justifier une telle mesure.
    Par Coumba Kane
    David*, 22 ans, compte les jours. Son admission à l’université d’Angers sera annulée s’il ne s’y présente pas d’ici à la fin du mois de septembre, mais il est bloqué à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Comme d’autres étudiants burkinabés, maliens et nigériens, le jeune homme ne peut plus déposer de demande de visa vers la France depuis plusieurs jours. La raison ? Le « contexte sécuritaire » dans ces trois pays dirigés par des juntes, invoqué le 16 septembre par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, sollicité par l’AFP.
    « Les services Campus France [l’agence française de promotion à l’étranger de l’enseignement supérieur français et de l’accueil des étudiants étrangers en France] et visas ne peuvent plus fonctionner normalement », expliquait alors le Quai d’Orsay, tout en assurant que « les artistes, étudiants et chercheurs déjà en France poursuivent normalement leurs activités et leurs études, et sont les bienvenus ».
    Quelques jours plus tôt, une polémique a éclaté après la publication d’une directive administrative émanant des directions régionales des affaires culturelles qui appelait les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux et les scènes nationales à cesser toute collaboration avec les trois Etats sahéliens. Le président français Emmanuel Macron avait par la suite nuancé, assurant qu’il n’y avait « ni boycott ni représailles » et que la France allait continuer à accueillir des artistes du Sahel s’ils étaient en possession de visas.
    Mais du côté du ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur, qui indique « qu’il n’est pas question de stopper des coopérations existantes avec des universités ou d’autres établissements scientifiques », un certain embarras persiste. Dans un courriel envoyé aux établissements universitaires daté du 31 août et détaillant les instructions du Quai d’Orsay, le ministère disait « regretter les conséquences de cette situation pour les candidats à une mobilité en France », tout en précisant « qu’il s’agit d’une suspension des mobilités et non d’une annulation ».
    L’instruction, qui concerne aussi les invitations de chercheurs à des conférences et colloques, a entraîné la suspension des bourses pour les étudiants pourtant titulaires d’un visa. Pour les autres candidats à la mobilité en France, l’avenir est également suspendu. Au Burkina Faso, au moins 115 étudiants admis dans des établissements français sont en attente d’un visa, selon un décompte établi par le Collectif des étudiants burkinabés. Pour la plupart, la date limite d’arrivée en France est fixée à la fin de septembre.
    Comment rebondir alors que l’année universitaire est sur le point de débuter ? « Je bataille depuis décembre pour monter mon projet d’études. J’y ai mis du temps et mes économies. J’avais tout misé sur une formation en France. Maintenant, c’est dur de me projeter sereinement. Je me sens coincé malgré moi », se désole David. Le manque à gagner est aussi financier. « Entre l’assurance santé, la prise de rendez-vous pour déposer ma demande de visa et l’inscription auprès de Campus France, j’ai dépensé environ 250 000 francs CFA [quelque 380 euros] », calcule l’étudiant burkinabé. « La France est un pays souverain, je le comprends. Mais nous n’avons pas à subir la crise diplomatique avec nos dirigeants. Nous sommes les victimes collatérales de l’histoire », regrette-t-il, tout en espérant que la promesse du Quai d’Orsay de « réévaluer la situation à l’aune de l’évolution sécuritaire dans la région » aboutisse à une levée rapide de la mesure.
    Au Mali voisin, même stupéfaction chez Moulaye Simpara. L’étudiant de 23 ans en informatique aurait dû s’envoler pour Paris le 20 septembre. Lui aussi avait surmonté les obstacles administratifs, passé la sélection de Campus France, puis décroché une place dans une université privée à Vincennes et réglé les frais d’inscription de 3 150 euros. Il préparait son rendez-vous avec Capago, la société à laquelle les autorités françaises sous-traitent la prise en charge des demandes de visa, quand il a découvert sur les réseaux sociaux la décision du Quai d’Orsay. « Je ne comprends pas. Je suis déçu et en colère, soupire-t-il. Les problèmes entre la France et le Mali, nous, étudiants, n’y sommes pour rien. Pourquoi nous punir ? » L’étudiant bamakois avait choisi Vincennes pour parfaire sa formation en ingénierie et réseaux. « Il y a quelques semaines, le centre des impôts où j’étais en stage a subi une panne informatique pendant quatre jours. Cela a entraîné des pertes financières majeures. Faute de compétences chez nous, le centre a fait appel à un technicien européen pour résoudre la panne. Je voulais poursuivre mes études en France pour acquérir une expertise et rentrer servir mon pays », se justifie-t-il.
    Malgré les tensions politiques et diplomatiques qui opposent Paris aux capitales sahéliennes depuis deux ans, la France est restée une destination privilégiée pour les étudiants ouest-africains. Au cours de l’année 2022-2023, Campus France a recensé un total de 3 000 étudiants maliens, 2 500 Burkinabés et 1 200 Nigériens inscrits dans l’enseignement supérieur. Ces derniers pourront poursuivre leur cursus en France. Mais les conditions d’admission se compliquent.
    Au sein de l’association des étudiants en médecine du Burkina Faso qu’il préside, Cheikh Simpore constate ces difficultés persistantes pour ceux qui tentent de suivre un stage en France. « Les CHU français étaient traditionnellement les établissements d’accueil pour nos étudiants à la recherche d’un stage d’un mois. Mais face aux refus de visa qui coûte 50 000 francs CFA [quelque 75 euros] et qui n’est pas remboursé, depuis quelques années, ils se tournent vers la Belgique, le Maroc ou le Cameroun. Nous avons aussi des médecins qui ont dû ces derniers jours renoncer à des formations spécialisées en France à cause de cette mesure », explique-t-il.
    Même si les autorités françaises tentent de rassurer sur leur volonté de maintenir le lien avec les ressortissants du Sahel, la décision de suspendre les visas dans les trois pays suscite de nombreuses critiques de part et d’autre de la Méditerranée. « C’est un signal incompréhensible envoyé à la jeunesse africaine, alors que toute la stratégie du président Macron est justement fondée sur un renforcement des liens avec cette catégorie de la population. Quand on fait le sommet de Montpellier, c’est pour parler à ces jeunes. C’est par ailleurs contraire à nos valeurs et nos intérêts. Face aux juntes, nous incarnons un modèle de démocratie, d’accès à l’éducation. Instaurer un rapport de force avec des régimes autoritaires se défend, mais pas avec les populations que nos politiques de développement ont toujours tenté d’aider », regrette un élu de la majorité.
    « C’est un manque de tact que de s’en prendre aux étudiants, aux chercheurs et aux artistes. Ce sont les alliés naturels de la France car ils se retrouvent souvent dans des valeurs prônées par elle. En attaquant ces catégories, la France risque de renforcer le rejet dont elle se dit victime », craint un ministre ouest-africain.

    #Covid-19#migrant#migration#france#niger#mali#burkinafaso#crise#visas#politiquemigratoire#etudiant#chercheur#artiste

  • « Arrêter la circulation des idées, des savoirs et des créations artistiques avec l’Afrique est un contresens historique »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/20/arreter-la-circulation-des-idees-des-savoirs-et-des-creations-artistiques-av

    « Arrêter la circulation des idées, des savoirs et des créations artistiques avec l’Afrique est un contresens historique »
    Tribune
    Alors que 3 millions d’étudiants effectuent ces jours-ci leur rentrée dans les universités françaises, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, sur ordre de l’Elysée, donne instruction au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et à celui de la culture de suspendre toute coopération universitaire, scientifique et culturelle avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Sans même vouloir évoquer la Guinée, le Tchad, le Gabon, ou la Centrafrique, pour lesquels Paris n’a pas jugé utile de suspendre sa coopération universitaire, scientifique et culturelle, on peut se demander pourquoi les chercheurs, les étudiants, les acteurs culturels et les artistes du Burkina Faso, du Mali et du Niger sont ainsi visés par une suspension des visas d’entrée en France.
    Les chercheurs, les universitaires, les étudiants et les artistes sont les premières victimes des régimes autoritaires, tandis que la liberté d’expression et la pensée critique se rétrécissent dans ces pays en crise. La France ne veut-elle pas entendre ce que les intellectuels et les artistes maliens, burkinabés et nigériens ont à dire ? La tradition d’accueil des intellectuels et des artistes, et l’exception culturelle dont s’enorgueillit la France doivent-elles être brutalement bafouées ?
    Les intellectuels et les artistes ont en commun d’être des passeurs de savoirs et d’émotions mis en partage. Ils nous conduisent là où l’individuel, voire l’intime, et le collectif se rejoignent pour construire une histoire commune et inventer l’avenir. La connaissance et la culture, c’est ce qui nous relie les uns aux autres et qui fait notre humanité.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La France suspend les mobilités étudiantes avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso
    Tout débute, semble-t-il, le 24 mai 2021, avec le second coup d’Etat au Mali, qui met un terme au processus de transition difficilement négociée avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), au profit du colonel Assimi Goïta, nouveau chef de l’Etat. Ce coup d’Etat s’accompagne d’un changement d’alliance stratégique du Mali, qui fait alors appel à la Russie. Le 17 février 2022, la France décide de retirer ses forces au Mali, conduisant le pays hôte à mettre fin le 2 mai à l’accord de défense avec la France. Le 16 novembre, Paris cesse son aide publique au développement au Mali. Commence alors un processus similaire avec le Burkina Faso, puis le Niger. Le 30 septembre 2022, le Burkina connaît un second coup d’Etat militaire en moins de huit mois, avant de mettre fin à son tour à l’accord de défense avec la France, le 23 janvier.
    Le 18 février, Paris ordonne le retrait de ses troupes stationnées dans le pays. Le 26 juillet, un nouveau coup d’Etat intervient, cette fois au Niger. Trois jours plus tard, Paris réplique encore par la suspension de ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Niger, conduisant ce dernier à mettre fin le 4 août à l’accord de défense avec la France.
    Le Mali, le Burkina et maintenant le Niger ; cela commence à faire beaucoup. Le 7 août, la France décide la suspension collective de la délivrance des visas aux ressortissants burkinabés, maliens et nigériens, tandis que de son côté, appuyant cyniquement la décision de Paris, Air France stoppe ses dessertes aériennes sur les trois pays.
    Après l’arrêt des aides publiques au développement, puis celui de la délivrance des visas et des bourses d’étude, c’est désormais la suspension de toute coopération culturelle avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso qui est rendue publique à travers un banal courriel envoyé le 11 septembre par le haut fonctionnaire de défense et de sécurité du ministère de la culture, aux directions régionales des affaires culturelles.
    A en croire la communication officielle, la France punisseuse aurait le droit pour elle, arguant qu’en raison de la dégradation de la situation sécuritaire dans ces trois pays, les consulats ne sont plus en mesure de délivrer des visas de façon sereine. C’est là une curieuse réponse, lorsque la mise en danger du personnel consulaire et des ressortissants français n’est pas attestée dans les faits. En qualité de membre fondateur de l’Unesco, la France est en réalité tenue de respecter les engagements pris en vertu des accords et principes de cette organisation internationale. Et parmi ces engagements figure la promotion de la libre circulation des personnes dans le cadre des échanges culturels, scientifiques et éducatifs.
    Or une telle obligation ne peut souffrir du pouvoir discrétionnaire reconnu aux Etats en matière de protection de leur territoire national. Prise en défaut à l’égard de ces engagements dans le cadre d’une convention internationale qui a la primauté sur le droit interne, la France se met également hors du droit international au regard de son engagement pour la réalisation des objectifs de développement durables (ODD).
    La suspension des coopérations, des visas et des bourses aura en effet comme conséquence directe et immédiate d’entraver la participation des chercheurs, des enseignants, des étudiants, des acteurs culturels et des artistes maliens, nigériens et burkinabés à de nombreux programmes de recherche, d’éducation et de création. Enfin, l’illégalité dans laquelle l’Etat français s’est mis en sanctionnant ces trois pays du Sahel est susceptible de recours auprès des juridictions internationales, dès lors que les mesures prises touchent les peuples et les personnes, et non les régimes, dont on connaît par ailleurs la capacité de résistance, sinon de résilience face aux sanctions internationales. Le monde universitaire, de la recherche et de la culture a une dimension internationale et il se situe dans une temporalité qui n’est nullement celle de l’action politique et diplomatique. En revanche, il se nourrit, et depuis fort longtemps, de la circulation globalisée des personnes, des savoirs, des créations, des technologies.
    Si empêcher une telle circulation est illégal et même un non-sens, c’est aussi un contresens historique qui concourt à ce que la France se replie un peu plus sur elle-même et s’appauvrisse, au moins autant que ses partenaires sahéliens. Arrêter l’histoire, c’est hypothéquer l’avenir. Aussi, en tant que collectif d’universitaires, de chercheurs, d’acteurs culturels et d’artistes internationaux, nous demandons au gouvernement français le rétablissement immédiat de la délivrance des visas aux ressortissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger, ainsi que la reprise de tous les programmes de coopération culturelle, universitaire et scientifique avec ces trois pays. Texte à l’initiative de Fatoumata Coulibaly, géographe, université des sciences sociales et de gestion de Bamako (Mali) ; Charles Grémont, historien, IRD (France) ; Gilles Holder, anthropologue, CNRS (France) ; Stéphanie Lima, géographe, institut national universitaire Jean-François-Champollion (France) ; Emmanuelle Olivier, ethnomusicologue, CNRS (France) ; Ophélie Rillon, historienne, CNRS (France) ; Mathias Vicherat, directeur de Science Po Paris.Liste complète des signataires

    #Covid-19#migrant#migration#france#niger#mali#burkinafaso#afrique#cooperation#developpement#crise#visas#universitaire#chercheur#artiste#culture#politiquemigratoire

  • La France suspend les mobilités étudiantes avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/15/la-france-suspend-les-mobilites-etudiantes-avec-le-niger-le-mali-et-le-burki

    La France suspend les mobilités étudiantes avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso
    Fin août, des étudiants de ces trois pays ont reçu un message du ministère des affaires étrangères les informant de l’annulation de leur séjour en France en raison de la crise diplomatique en cours.
    Par Soazig Le Nevé
    L’e-mail est arrivé le 30 août, deux jours avant le départ pour la France de Koffi (les étudiants cités témoignent avec un prénom d’emprunt), étudiant burkinabé et doctorant en géographie. « J’ai le regret de vous informer que nous annulons notre soutien pour votre séjour en France, toutes les prestations de Campus France sont annulées (billet d’avion, allocations et assurance santé) », y annonçait un interlocuteur du ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
    La décision fait suite aux « événements intervenus à Niamey [Niger] fin juillet », poursuit l’auteur de ce message que Le Monde s’est procuré, en référence au coup d’Etat mené par des généraux désormais au pouvoir. « La France a suspendu son aide au développement à destination du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Cette décision concerne également les bourses de mobilité du gouvernement français, dont vous êtes bénéficiaire », acte-t-il. Soit une somme de 1 500 euros mensuels, pour une durée de trois mois, que devait percevoir Koffi durant son séjour de recherche en France.
    Le jeune homme avait pourtant un visa, valable jusqu’en février 2024, explique-t-il au Monde, ainsi qu’un billet d’avion payé par Campus France, l’agence française de promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger. « La situation s’étant dégradée au cours de l’été, les vols Air France ont été suspendus, relate l’étudiant de l’université Joseph-Ki-Zerbo, à Ouagadougou, dont la thèse est codirigée par une chercheuse de l’Institut des mondes africains, une unité du CNRS située à Aubervilliers. Malgré cela, Campus France m’avait acheté un nouveau billet, la semaine de mon départ. » L’espoir a donc été brutalement douché, à réception de l’e-mail, le 30 août.
    La déception fut tout aussi grande pour Aya, une autre étudiante burkinabée, qui devait démarrer un master d’informatique à l’université Lyon-II. « Tout était fin prêt, ma fille avait rendez-vous pour obtenir son visa le 8 août, mais c’est le 4 août que l’interdiction de les délivrer est tombée », se désole son père. Selon lui, des dizaines d’étudiants se retrouvent immobilisés pour une durée inconnue et sont « les victimes innocentes de la crise diplomatique actuelle ». Ce qui aura pour conséquence de restreindre l’influence de l’Hexagone, estime-t-il. « Tout est toujours si compliqué avec la France que de plus en plus de jeunes se tournent vers le Ghana pour apprendre l’anglais et partir ensuite faire des études aux Etats-Unis », relate-t-il.
    Le « contexte sécuritaire » a conduit à une forte réduction du nombre d’agents présents dans les consulats, ce qui limite la capacité à délivrer des visas, explique-t-on au Quai d’Orsay tout en soulignant que les étudiants ne sont pas spécifiquement visés par ces restrictions, pas plus que les artistes. Une directive administrative, émanant des directions régionales des affaires culturelles, a créé la polémique, le 14 septembre, demandant à cesser toute collaboration avec les trois Etats. Lors d’un déplacement en Côte-d’Or, vendredi 15 septembre, Emmanuel Macron a nuancé, en assurant qu’il n’y avait « ni boycott ni représailles » et que la France allait continuer à accueillir des artistes du Sahel s’ils étaient en possession de visas.
    Selon le père d’Aya, il sera possible de relancer les procédures de délivrance, qui, depuis 2022, sont en grande partie gérées par des employés burkinabés au sein de la société Capago, mandatée par le gouvernement français pour traiter les dossiers qu’ils transmettent in fine pour validation au consulat. Du côté du ministère de l’enseignement supérieur, on assure que concernant la délivrance de nouveaux visas, la situation sera « réévaluée dans les semaines à venir à l’aune de l’évolution sécuritaire dans la région ». « Il n’a jamais été question et il ne sera jamais question ni de faire payer les populations pour les erreurs de leurs dirigeants ni de confondre coopération scientifique et politique », justifie l’entourage de Sylvie Retailleau, ministre de l’enseignement supérieur.
    Les coopérations existantes avec des universités ou d’autres établissements scientifiques se poursuivront, ajoute-t-on. « Les intellectuels, les chercheurs et les étudiants qui doivent se rendre en France et qui détiennent déjà un visa pourront, comme les artistes, continuer de le faire », affirme l’entourage de la ministre. Le cas du doctorant Koffi montre pourtant que jusqu’ici, la détention d’un visa ne semble pas suffire pour permettre une mobilité. Une chose est sûre, selon le ministère : les étudiants originaires des trois pays qui poursuivent leurs études actuellement en France et bénéficient d’une aide financière d’un opérateur public continueront de la percevoir. Au cours de l’année 2022-2023, Campus France a recensé un total de quelque 3 000 étudiants maliens, 2 500 Burkinabés et 1 200 Nigériens.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mali#niger#burkinafaso#etudiant#intellectuel#chercheur#visas#politiquemigratoire#crise

  • En France, la crise au Sahel provoque une confusion diplomatico-culturelle
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/en-france-la-crise-au-sahel-provoque-un-cafouillage-diplomatico-culturel_618

    En France, la crise au Sahel provoque une confusion diplomatico-culturelle
    Un courrier demandant la suspension de tout projet de coopération avec les artistes du Mali, du Niger et du Burkina Faso a provoqué, jeudi, l’indignation des milieux du spectacle vivant et un spectaculaire rétropédalage de la part des autorités concernées.
    Par Joëlle Gayot, Sandrine Blanchard et Philippe Ricard
    Publié hier à 05h00, modifié hier à 11h55
    La polémique et la confusion qu’elle a suscitée jeudi 14 septembre sont à la hauteur des incertitudes générées par la suspension, par la France, de toute forme de coopération avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso, y compris dans le domaine de la culture, pourtant très loin des enjeux sécuritaires qui déchirent la région. La crise diplomatique qui sévit entre la France et les trois pays du Sahel, en raison d’une « épidémie » de coups d’Etat militaires dénoncée par le président de la République, Emmanuel Macron, vient de déborder sur le territoire artistique. Au point de déclencher, en quelques heures, l’indignation dans les milieux du spectacle vivant et un spectaculaire rétropédalage de la part des autorités concernées.(...)
    Tout commence jeudi matin, à l’initiative du tout-puissant Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). Ce dernier dénonce un courrier « au ton comminatoire » envoyé la veille par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC). « Sur instruction du ministère de l’Europe et des affaires étrangères », assène le document révélé par l’organisation syndicale, les établissements culturels subventionnés ont appris qu’ils devaient « suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso ».
    Ce message, expédié aux structures – les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux et les scènes nationales – qui dépendent des DRAC, est passé par le secrétariat du ministère de la culture. Les mesures préconisées sont radicales, à en croire le courrier mis en cause par le Syndeac : « Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée », est-il précisé en quelques lignes tranchantes.
    Cette rafale de consignes venue d’en haut provoque la stupeur dans les milieux culturels. « Nous n’avons jamais connu d’injonction de la sorte, explique Bruno Lobé, vice-président du Syndeac et directeur du Manège, scène nationale de Reims (Marne). La philosophie de la France vis-à-vis d’artistes vivant dans des pays avec lesquels elle est en conflit a toujours été de continuer à les inviter, sans jamais rompre le dialogue. Ces créateurs sont déjà empêchés de travailler par leurs propres gouvernants. Si nous en rajoutons une couche, ce sera, pour leur viabilité, mais aussi pour l’image de la France, une véritable catastrophe. »
    La mise en œuvre de l’approche préconisée par les autorités françaises constituerait un précédent. Et une incohérence que souligne Bruno Lobé : « Au début de la guerre en Ukraine, le discours tenu était le suivant : “Continuez à soutenir les artistes russes. Ils ne sont pas Vladimir Poutine.” Quelle est la différence entre un artiste burkinabé, malien, nigérien et un artiste russe ? » (...)
    Si les instructions de la missive devaient être suivies, non seulement des artistes feraient les frais de la dissension des politiques, mais les théâtres et les festivals seraient contraints de bouleverser leurs programmations de saison. Cependant, la polémique oblige très vite les deux ministères à clarifier leurs intentions.
    Si la coopération culturelle publique est bien à l’arrêt, tout comme l’aide au développement et l’appui budgétaire, seuls les artistes n’ayant pas encore reçu de visas sont concernés. Dans les trois pays, justifie encore le Quai d’Orsay, « nous avons suspendu la délivrance de visas, nos postes n’étant plus en mesure de traiter ces demandes du fait de la situation sécuritaire dégradée ».
    L’épisode pourrait néanmoins laisser des traces. « C’est sans doute un fonctionnaire zélé du ministère de la culture qui a rédigé le courrier sur la base de consignes un peu générales des affaires étrangères, qu’il a dû surinterpréter », observe une source sous couvert d’anonymat. Un nouveau message devait être envoyé vendredi par le ministère de la culture afin de clarifier la situation, a indiqué Mme Abdul Malak sur RTL. D’ici là, les professionnels du spectacle vivant risquent de rester sur leurs gardes. « Le fait que ce soient des zones d’influence ou d’anciennes colonies françaises doit jouer dans l’énervement du gouvernement », observe Bruno Lobé. « La sanction est politique, mais celle qui va véritablement souffrir de ses conséquences, c’est la population. Pourquoi viser la culture ? Ce n’est pas très malin », conclut Hassane Kassi Kouyaté.

    #Covid-19#migrant#migration#france#niger#burkinafaso#mali#artiste#visas#politiquemigratoire#crise#culture#postcovid

  • Projets artistiques avec le Sahel : « Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes et les lieux culturels », assure la ministre de la culture
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/15/projets-culturels-avec-le-sahel-il-n-est-pas-question-d-arreter-d-echanger-a

    Projets artistiques avec le Sahel : « Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes et les lieux culturels », assure la ministre de la culture
    Seuls les « nouveaux projets de coopération qui démarreraient maintenant et demanderaient des visas, ou d’envoyer des Français » au Burkina Faso, au Mali, au Niger, sont concernés par la demande de suspension, affirme Rima Abdul Malak.
    Confrontée à l’indignation du secteur culturel depuis la diffusion d’un message demandant la suspension de tout projet de coopération avec les ressortissants du Mali, du Niger et du Burkina Faso, la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, s’est employée, vendredi 15 septembre, à déminer le sujet.« Ce n’est pas un boycott, pas de représailles », a-t-elle affirmé sur RTL. « Il n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes et les lieux culturels, des musées, des festivals et des théâtres » du Niger, du Mali et du Burkina. « Tous les artistes qui ont déjà des visas et qui ont des tournées prévues ou des spectacles prévus, ceux-là vont pouvoir venir comme prévu. Tous ceux qui sont d’origine burkinabée, nigérienne ou malienne, mais qui vivent en France évidemment, ne sont pas du tout du tout concernés », a précisé la ministre. Sont concernés les « nouveaux projets de coopération qui démarreraient et nécessiteraient des visas, ou d’envoyer des Français là-bas », compte tenu du « contexte sécuritaire extrêmement dégradé ». Un « message » sera renvoyé vendredi pour repréciser les mesures.
    Le gouvernement est mis en cause depuis la diffusion, mercredi, d’un message émanant des directions régionales de la culture (DRAC), qui représentent le ministère et sont chargées de conduire la politique culturelle de l’Etat dans les régions et les départements, appelant à « suspendre sans délai, et sans aucune exception » tous les « projets de coopération qui sont menés (…) avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays ». « Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée », poursuivait le message.
    Ce message a provoqué la colère des acteurs culturels : « Cette interdiction totale concernant trois pays traversés par des crises en effet très graves n’a évidemment aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une erreur majeure d’un point de vue politique. C’est tout le contraire qu’il convient de faire », a cinglé le Syndeac dans un communiqué. « Cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine », a-t-il ajouté.
    Jeudi, confronté à la polémique, le ministère de la culture avait assuré n’avoir demandé « aucune déprogrammation d’artistes, de quelque nationalité que ce soit ». « Cette décision n’affecte pas les personnes qui seraient titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d’autres pays », a-t-il ajouté.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mali#niger#burkinafaso#culture#visas#politiquemigratoire#postcovid#artiste

  • 🛑 Une fois n’est pas coutume... on relaie l’éditorial du dernier numéro du journal « Lutte Ouvrière » (8 septembre)... avec lequel on partage l’essentiel du point de vue, si l’on fait abstraction de la rhétorique et de la déclamation hautement et indéniablement « trotsko-trotskyste »... 😅🙃

    « On vit chez les fous ! », s’est étranglé Macron, lundi dernier, à propos de la vague de putschs en Afrique, devant les ambassadeurs réunis à l’Élysée. Mais qui sont les fous dans cette histoire ? Ceux qui rejettent la présence française au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ou ceux qui, comme Macron, sont prêts à déclencher une nouvelle guerre qui enfoncera davantage le Sahel dans le chaos guerrier ?
    Macron joue les matamores contre la junte nigérienne et refuse de rappeler son ambassadeur. Il ne digère pas que la France soit poussée dehors. À l’entendre, l’armée française aurait sauvé le Sahel du djihadisme ! Mais la population est bien placée pour faire le vrai bilan de l’opération Barkhane, lancée il y a dix ans : les bandes armées continuent de pulluler, elles rackettent et sèment la terreur dans une zone de plus en plus étendue (...)

    #Afrique #putschs #Macron #Françafrique #exploitation #capitalisme #militarisme #guerre #djihadisme #dictature #Mali #Niger #BurkinaFaso #Congo-Brazzaville #Gabon #Bongo #Tchad... #domination #France #EtatsUnis #Russie #Chine #Néocolonialisme #impérialisme #LutteOuvrière

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    ▶️ https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/09/06/bas-la-francafrique-travailleurs-dafrique-et-de-france-memes
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  • #Niger coup: increasing instability, forced displacement & irregular migration across the #Sahel

    Niger coup: increasing instability, forced displacement & irregular migration across the Sahel, amidst billions of EU Trust Fund for Stability investments.

    On July 26, a military coup took place in Niger, when the democratically elected president was deposed and the commander of the presidential guard declared himself the leader. A nationwide curfew was announced and borders were closed. The military junta justified its actions claiming it was in response to the continuing deterioration of the security situation. On August 10, the leaders of the coup declared a new government, naming 21 ministers, including several generals, but with civilian economist Ali Mahaman Lamine Zeine as the new prime minister.

    This was the latest in a series of seven military coups in West and Central Africa since 2020, including in neighbouring Mali and Burkina Faso. In Mali, a coup within a coup took place in May 2021, when the junta leader of the 2020 coup stripped the president and prime minister of their powers and declared himself president. Burkina Faso suffered two military coups in 2022; in September 2022, the head of an artillery unit of the armed forces ousted the previous junta leader who had led a coup in January 2022, and declared himself president of Burkina Faso.

    To add to further potential instability and escalation in the region, the military governments of Burkina Faso and Mali quickly warned – in response to remarks by ECOWAS – that any military intervention against last week’s coup leaders in Niger would be considered a “declaration of war” against their nations. The coup leaders ignored an August 6 deadline by ECOWAS to relinquish power and release the detained elected president. At the August 10 ECOWAS emergency summit in Abuja, West African heads of state repeated that all options remain on the table to restore constitutional order in Niger and ordered the activation of its standby force.
    Niger, Mali, Burkina Faso: military coups in the three major recipients of the EU Trust Fund for Stability and addressing the root causes of irregular migration and displaced persons in the Sahel

    Interestingly, Niger, Mali and Burkina Faso have been prime target countries in the European Union’s efforts to increase stability in the region and address the root causes of irregular migration and displacement.

    In 2015, the European Union established the “EU Emergency Trust Fund for stability and addressing root causes of irregular migration and displaced persons in Africa”. Of a total fund of 5 billion EUR, the Sahel and Lake Chad is the biggest funding window, with 2.2 billion EUR committed between the start of the programme and the end of December 2022, across 214 projects.

    The three biggest recipient countries in the Sahel and Lake Chad region are indeed Niger (294 million), Mali (288 million) and Burkina Faso (190 million), in addition to 600 million for regional projects. Among the four various strategic objectives, overall the largest share of the budget (34%) went to security and governance activities (the other strategic priorities are economic opportunities, strengthening resilience and improved migration management). The security and governance objective has been the main priority in Mali (49% of all EUTF funding), Niger (42%) and Burkina Faso (69%) (as well as in Nigeria and Mauritania).

    However, the most recent EUTF monitoring report on the Sahel window offers a sobering read on the state of stability and security in these three countries. In summary:

    “In Burkina Faso, 2022 was marked by political instability and deepening insecurity. Burkina Faso has suffered from attacks from armed groups. The conflict has sparked an unprecedented humanitarian crisis. Burkina Faso is facing the worst food crisis in a decade”.

    In Mali, “the political process remains at risk considering the country’s worsening security situation and strained diplomatic relations. In an increasingly insecure environment, 8.8 million people were in need of humanitarian assistance in January 2023. In 2022, 1,378 events of violence were reported, causing 4,862 fatalities, a 31% and 155% increase, respectively, compared to 2021”.

    In Niger, it was estimated the country would “face an unprecedented food crisis during the 2022 lean season, resulting from conflict, drought, and high food prices. The humanitarian crisis is strongly driven by insecurity. The number of internal displacements and refugees in Niger kept rising.” These conclusions on Niger date from before the July 2023 coup.

    The report also concluded that 2022 was the “most violent and deadliest year on record for the countries of the Sahel and Lake Chad window, driven by the profound and continuing security crises in Nigeria, Mali, and Burkina Faso. Fatalities recorded in the ACLED database in Mali (4,867) and Burkina Faso (4,266) were the highest ever recorded, more than doubling (144% and 119%, respectively) compared to the average for 2020-2021.” Meanwhile, UNICEF reported 11,100 schools are closed due to conflict or threats made against teachers and students. The number of attacks on schools in West and Central Africa more than doubled between 2019 and 2020.

    In other words: despite billions of funding towards stability and addressing the root causes of irregular migration and displacement, we are seeing increasing instability, conditions in these countries actually driving more displacement and no lasting drop in irregular migration.
    Increasing forced displacement and irregular migration

    Indeed, as of July 2023, UNHCR reports a total of almost 3.2 million Internally Displaced Persons (IDPs) in the Sahel, compared to just under 50,000 when the EUTF was established in 2015. Similarly, UNHCR reports almost 1.5 million refugees and asylum seekers in the Sahel, compared to over 200,000 when the EUTF was established in 2015.

    Irregular migration across the Mediterranean between North Africa and Europe is also on the rise again. According to ISPI, the latest surge in irregular arrivals that Italy is experiencing (136,000 migrants disembarked in Italy in the twelve-month period between June 2022 and May 2023) is almost comparable, in magnitude, to the period of high arrivals in 2014-2017, when on average 155,000 migrants landed each year, which was one of the major drivers for establishing the EUTF. Between 2014 and 2017 close to 80% of all irregular arrivals along the Central Mediterranean route were citizens from sub-Saharan Africa. While figures for 2020-2022 show that the share of arrivals from sub-Saharan Africa fell – suggesting that the efforts to reduce migration may have had an impact – the trend has now reversed again. In the first five months of 2023, sub-Saharan Africans make up more than half of all arrivals again.
    Instability, displacement and irregular migration: because, despite, or regardless of billions of investments in stability and addressing root causes?

    Of course, despite all of the above, we cannot simply conclude the EUTF actually contributed to instability, more displacement and more irregular migration. We cannot even conclude that it failed to have much positive effect, as it not possible to establish causality and we do not have a counterfactual. Perhaps the situation in the Sahel would have been even worse without these massive investments. Surely, the billions of euros the EUTF spend on the Sahel have contributed to successful projects with a positive impact on people’s lives. However, we can conclude that despite these massive investments, the region is more unstable and insecure and faces much more forced displacement than when the EUTF investments started.

    As outlined in an earlier Op-Ed in 2020, the ‘root causes’ approach to migration is both dishonest and ineffective. One of the warnings referred to in that Op-Ed came from a 2019 report by the UK Foreign Affairs Committee concluding that the “EU’s migration work in the Sahel and Sub-Saharan Africa risks exacerbating existing security problems, fuelling human rights abuses, and endorsing authoritarian regimes. Preventing local populations from crossing borders may help cut the numbers arriving in Europe in the short term, but in the long term it risks damaging economies and creating instability—which in itself can trigger displacement”. This warning seems to be more valid then ever when looking at the current situation across the Sahel.

    In response to the latest coup in Niger, the EU announced immediate cessation of budget support and indefinite suspension of all cooperation actions in the domain of security. Similarly, France suspended all development aid and budget support with immediate effect. However, Niger has been a prime partner of the EU in fighting the jihadist insurgency in the Sahel and in curbing irregular migration to Europe. Niger’s new military leaders – when looking at the EU’s dealings with third countries to address irregular migration, most recently with Tunisia and Egypt, as well as earlier deals with Morocco and Turkey – are aware of the importance of migration cooperation with third countries for the EU. As such, they may use these issues as leverage in negotiations and to force acceptance of the new regime. It remains to be seen to what extent – and for how long – the EU will be able to maintain its current stance, and resist the pressure to engage with the new regime and resume cooperation, given the political importance that the EU and its member states accord to stemming irregular migration.
    Changing course, or not?

    The bigger question remains: it is becoming increasingly clear the current approach of addressing so-called root causes and trying to create stability to reduce migration and forced displacement is not really working. Now that we have seen military coups in all three major recipient countries of EUTF funding in the Sahel, will there be a significant change in the EU’s external migration policy approach in Africa and the Sahel going forward? Or will the current approach prevail, doing the same thing over and over again and expecting different results? What is ultimately needed is a more humane, rational, coherent and comprehensive approach to migration governance, which not only takes into account all aspects of migration (including visa policies, returns, labour migration, etc.), but goes beyond migration and migration-related objectives, and takes into account other policy areas, including trade, agriculture, arms and commodities exports, peace building and conflict resolution. When we are discussing the root causes of migration, we need honest debate and actions that include the real and very serious causes of migration and displacement.

    https://mixedmigration.org/articles/niger-coup-instability-displacement-migration

    #coup_d'Etat #migrations #politiques_migratoires #instabilité_politique #externalisation #EU_Emergency_Trust_Fund #Trust_Fund #Mali #Burkina_Faso #causes_profondes #root_causes #EUTF #insécurité #déplacés_internes #sécheresse

    ping @_kg_

  • « Les putschs en Afrique de l’Ouest annoncent la fin d’un cycle qui aura duré près d’un siècle », Achille Mbembe

    (...) on n’a en effet pas suffisamment souligné, (...) à quel point l’anticolonialisme et le panafricanisme auront contribué à l’approfondissement de trois grands piliers de la conscience moderne, à savoir la démocratie, les droits humains et l’idée d’une justice universelle. Or, le néosouverainisme se situe en rupture avec ces trois éléments fondamentaux. D’abord, se réfugiant derrière le caractère supposé primordial des races, ses tenants rejettent le concept d’une communauté humaine universelle. Ils opèrent par identification d’un bouc émissaire, qu’ils érigent en ennemi absolu et contre lequel tout est permis. Ainsi, quitte à les remplacer par la Russie ou la Chine, les néosouverainistes estiment que c’est en boutant hors du continent les vieilles puissances coloniales, à commencer par la France, que l’Afrique parachèvera son émancipation.

    Le culte des « hommes forts »

    Obnubilés par la haine de l’étranger et fascinés par sa puissance matérielle, ils s’opposent, d’autre part, à la démocratie qu’ils considèrent comme le cheval de Troie de l’ingérence internationale. Ils préfèrent le culte des « hommes forts », adeptes du virilisme et pourfendeurs de l’homosexualité. D’où l’indulgence à l’égard des coups d’Etat militaires et la réaffirmation de la force comme voies légitimes d’exercice du pouvoir.

    Ces basculements s’expliquent par la faiblesse des organisations de la société civile et des corps intermédiaires, sur fond d’intensification des luttes pour les moyens d’existence et d’imbrication inédite des conflits de classe, de genre et de génération. Effet pervers des longues années de glaciation autoritaire, les logiques informelles se sont étendues dans maints domaines de la vie sociale et culturelle. Le charisme individuel et la richesse sont désormais privilégiés au détriment du lent et patient travail de construction des institutions, tandis que les visions transactionnelles et clientélistes de l’engagement politique l’emportent.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/04/achille-mbembe-en-afrique-la-stabilite-passera-par-une-demilitarisation-effe

    #Afrique #putschs #Francafrique #néosouverainisme #Mali, #Guinée, #Burkina_Faso #Niger #décolonisation_limitée #décolonisation #diasporas #femmes

    • Mue par des forces, pour l’essentiel autochtones, [l’Afrique] est en train de se retourner sur elle-même. Pour qui veut comprendre les ressorts profonds de ce pivotage, les luttes multiformes qu’il entraîne et son inscription dans la longue durée, il faut changer de grille d’analyse et partir d’autres postulats. Il faut surtout commencer par prendre au sérieux les compréhensions que les sociétés africaines elles-mêmes ont désormais de leur vie historique propre. Le continent fait en effet l’expérience de transformations multiples et simultanées. D’ampleur variable, elles touchent tous les ordres de la société et se traduisent par des ruptures en cascade. A la faveur du multipartisme, les enjeux de masse sont de retour, tandis que ne cessent de se creuser de nouvelles inégalités et qu’apparaissent de nouveaux conflits, notamment entre genres et générations.

      Lame de fond

      L’arrivée dans l’espace public de celles et de ceux qui sont nés dans les années 1990-2000, et ont grandi dans un temps de crise économique sans précédent, constitue un événement charnière. Il coïncide avec le réveil technologique du continent, l’influence grandissante des diasporas, une accélération des processus de créativité artistique et culturelle, l’intensification des pratiques de mobilité et de circulation et la quête forcenée de modèles alternatifs de développement puisant dans la richesse des traditions locales. Enjeux démographiques, socioculturels, économiques et politiques s’entrecroisent désormais, ainsi que l’attestent la contestation des formats politico-institutionnels, issus de la décennie 1990, les mutations de l’autorité familiale, la rébellion silencieuse des femmes et une aggravation des conflits générationnels.

      https://justpaste.it/2tkx4

    • Qui l’eut cru. 50 ans à pousser les politiques d’ajustement structurel du FMI et des occidentaux en général tout en prétendant à la supériorité de la démocratie et à l’universalisme et voilà où on arrive, voilà où ils nous amènent finalement, à la barbarie, et à la gouvernance la plus rétrograde.

    • A la génération sacrifiée de l’époque des ajustements structurels (1985-2000) est venue s’en ajouter une autre, bloquée de l’intérieur par une gérontocratie rapace et interdite de mobilité externe, en conséquence des politiques antimigratoires européennes et d’une gestion archaïque des frontières héritées de la #colonisation. Ainsi, aux enfants-soldats des guerres de prédation d’hier s’est substituée la foule des adolescents et mineurs, qui, aujourd’hui, n’hésite pas à acclamer les putschistes, lorsqu’elle ne se retrouve pas aux premiers rangs des émeutes urbaines et des pillages qui s’ensuivent.

      #histoire #démographie #jeunesse

  • Thomas Sankara, une révolution mûrement réfléchie
    https://afriquexxi.info/Thomas-Sankara-une-revolution-murement-reflechie

    Il est fréquent depuis quelques temps, pour les partisans des putschistes ouest-africains, de se référer à Thomas Sankara pour justifier la prise du pouvoir par les armes. Mais n’est pas Sankara qui veut ! Biographe du révolutionnaire burkinabé, Brian J. Peterson nous rappelle que sa formation intellectuelle s’est nourrie de nombreuses expériences personnelles, d’innombrables lectures et de rencontres déterminantes, et qu’il n’est pas arrivé au pouvoir par hasard.

    #Burkina #Sankara #Sahel

  • sahelien.com sur Twitter : "« Toute intervention militaire contre le #Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le #Burkina_Faso et le #Mali » et « entrainerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la #CEDEAO. » Communiqué conjoint des gouvernements de transition du Mali et du Burkina Faso"
    https://twitter.com/sahelien_com/status/1686115155241828352

    • Dans les coms en dessous, de plusieurs ressortissants de pays autour :
      – 🤣🤣🤣🤣🤣trop drôle. C’est quoi déjà le poids militaire du Mali et du Burkina dans l’échiquier militaire de la Cedeao ? Les analyses doivent être plus pragmatiques. Non à l’émotion permanente. La déliquescence éthique et déontologique de certains militaires africains fait honte.
      – Le mali, c’est bien ce pays dont l’armée prend des raclées tous les jours par 200 jihadistes en tongs et en mobylette ? Ces menaces sont comiques.
      – Ça fait deux pays sous-développés de moins 😂 [dans la CEDEAO]
      – Le ridicule ne tue pas. Deux pays où les putschistes sont incapables de protéger l’intégrité de leurs propres territoires face à des groupes terroristes moins équipés et formés que les armées de la CEDEAO.