• RTS  : La « conduite inappropriée » de certains soldats israéliens à Gaza dénoncée

    En Israël, l’avocate générale des armées met en garde contre des comportements inacceptables de la part de certains soldats à Gaza. En effet, plusieurs d’entre eux ont affiché leurs faits d’armes sur les réseaux sociaux, notamment des actes de #vengeance.

    Dans une lettre envoyée au bureau du procureur militaire, l’avocate générale des armées fait état de « conduites inappropriées qui s’écartent des valeurs de l’armée israélienne » : des recours à la force injustifié, des #pillages, des #destructions de biens civils…

    Moqueurs, sans-gêne, destructeurs...
    Plusieurs publications de vidéos prises en territoire palestinien par des soldats israéliens ont été dénoncés. Par exemple, sur l’une d’elles, un soldat assis sur une chaise sort d’un sac posé devant lui des maillots de football de grands clubs européens.

    Sur d’autres images, un militaire montre un pendentif qu’il compte, dit-il, ramener à sa petite amie. Tandis qu’un autre joue avec une guitare trouvée dans les décombres et que d’autres forcent un petit coffre-fort.

    Dans une autre vidéo, tournée dans une papeterie du camp de réfugié de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, un militaire renverse un présentoir encore rempli de crayons et d’autocollants. Il jette les cahiers qui se trouvent sur les étagères de cette petite boutique alors que son camarade le filme en riant.

    Des images de soldats qui mettent le feu à des cartons de nourriture et à des packs d’eau trouvés à l’arrière d’un camion dans un entrepôt ont aussi été diffusées. Le militaire qui filme retourne la caméra vers lui et conclut tout sourire par souhaiter à tous de bonnes vacances et de joyeuses fêtes de #hanouka.

    Un préjudice stratégique
    Selon l’avocate générale de l’armée israélienne, de tels actes causent à l’Etat d’israël et à l’armée un préjudice stratégique sur la scène internationale. Certains incidents dépassent le seuil disciplinaire et franchissent le seuil pénal, poursuit Yifat Tomer Yérushalmi.

    Ces actes entachent l’image des forces de défenses israéliennes qui se sont longtemps targuées d’être l’armée la plus morale au monde.

    Dans une lettre envoyée tout récemment à ses troupes, le chef d’état-major de l’armée, Herzi Halevi, rappelle notamment aux soldats qu’il ne faut rien prendre qui ne leur appartient pas et qu’il ne faut pas filmer de vidéos de vengeance.

    Sujet radio : Charlotte Derouin
    Adaptation web : juma
    Publié vendredi à 09:57 Modifié vendredi à 09:58

    Source : https://www.rts.ch/info/dossiers/2023/guerre-entre-israel-et-le-hamas/2024/article/la-conduite-inappropriee-de-certains-soldats-israeliens-a-gaza-denoncee-28413706

    #vols #destruction #moralité #armée #militaires #exactions #soldats #violence #butin #racisme #religion

  • Atlas der Abwesenheit
    Kameruns Kulturerbe in Deutschland

    Une somme énorme de savoir sur les pillages allemands, les cruelles expéditions punitives et les « butins », etc...

    Le livre en format livre est enfin arrivé en Norvège, 520 pages en format 25 x 25. C’est en Allemand, et je sais qu’il y a des germanophones ici qui seront peut-être intéressés, j’en ai deux copies en plus que j’offre très volontiers à celles et ceux qui le demanderont ! (les premièr·es arrivés seront les premiers servis) !

  • Chef-d’œuvre en péril : la cité-jardin de la Butte-Rouge
    https://metropolitiques.eu/Chef-d-oeuvre-en-peril-la-cite-jardin-de-la-Butte-Rouge.html

    Édifiée au milieu du XXe siècle, la Butte-Rouge à #Châtenay-Malabry est exemplaire des cités-jardins. Dans un ouvrage retraçant son #histoire, Élise Guillerm expose les qualités urbaines et architecturales de cet écoquartier avant l’heure, dont l’existence est aujourd’hui menacée par un projet de #rénovation_urbaine. L’analyse des politiques urbaines, et singulièrement des politiques de rénovation urbaine, invalide l’idée suivant laquelle la connaissance historique permettrait d’éviter la reproduction des #Commentaires

    / #urbanisme, rénovation urbaine, #cité-jardin, #HLM, #peuplement, #patrimoine, #paysage, #développement_durable, #environnement, histoire, (...)

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-epstein2.pdf

  • Rente foncière et mixité contre droit à la ville
    https://metropolitiques.eu/Le-projet-de-renovation-du-quartier-de-la.html

    Le projet de rénovation du quartier de la Butte-Rouge, à #Châtenay-Malabry, suscite diverses mobilisations, visant à préserver le patrimoine et la vocation sociale de la #cité-jardin. Azadeh Akrami-Castanon pointe les hésitations de l’État et l’insuffisance des politiques de logement à l’échelle régionale. Le quartier de la Butte-Rouge, cité-jardin située à Châtenay-Malabry (92), comporte environ 4 300 logements « très sociaux ». Ce modèle emblématique de l’urbanisme social de l’entre-deux-guerres est reconnu #Essais

    / cité-jardin, #logement_social, #démolition, #rénovation_urbaine, Châtenay-Malabry

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-akrami-castanon.pdf

  • LES OTAGES. #Contre-histoire d’un #butin_colonial

    Derrière les objets issus des guerres coloniales que nous admirons dans les musées se trouve une histoire violente, il est temps de l’écouter.

    1890 : un colonel français entre dans #Ségou, ville d’Afrique de l’Ouest, et s’empare d’un trésor. Parmi les #objets du butin, des bijoux et un sabre. Alors que le #Sénégal réclame la #restitution du sabre depuis des décennies, symbole de sa mémoire collective, la #France peine à répondre, prise dans un carcan idéologique et juridique. Ironie du sort, les bijoux ont, eux, été perdus, oubliés ou volés.
    Partie sur les traces de ce trésor, T. Tervonen découvre une #histoire_coloniale violente dont les objets sont les témoins silencieux, une histoire dont nous resterons prisonniers tant qu’elle ne sera pas racontée.

    https://www.editions-marchialy.fr/livre/les-otages
    #objets #colonialisme #colonisation #livre #Taina_Tervonen #histoire

    ping @isskein @karine4 @reka @cede @_kg_ @olivier_aubert

    • La stèle éthiopienne de Rome. Objet d’un conflit de mémoires

      En mars 1937, un an après la conquête de l’Éthiopie par l’Italie, les forces d’occupation fascistes décidaient de prendre comme trophée de guerre une des stèles géantes d’Axoum, le plus haut lieu de l’Éthiopie antique. Ce monument haut de 24 mètres fut installé à Rome, parmi les obélisques témoignant de la grandeur de l’Empire romain, avec laquelle le régime de Mussolini voulait renouer. Après-guerre, le traité de paix signé par l’Italie prévoyait au chapitre des réparations de guerre que les pièces du patrimoine éthiopien qui avaient été pillées fussent rendues. Jusqu’à aujourd’hui la stèle a fait l’objet d’un contentieux entre les deux pays. Le processus de restitution n’a véritablement pris forme que depuis quelques années, sous la pression d’intellectuels ayant donné un puissant écho médiatique à cette revendication dans le sentiment national éthiopien. Après quelques tergiversations, la stèle éthiopienne de Rome a récemment été démontée, et attend encore que les problèmes de transport soient résolus avant de pouvoir retrouver son site d’origine. Pour examiner ce cas de restitution et discuter des limites de son extrapolation dans la jurisprudence sur les biens culturels illégalement acquis, cet article s’applique à situer ce monument dans une histoire longue des usages politiques du patrimoine archéologique et des références à l’Antiquité qui structurent fortement les mémoires nationales, tant en Italie qu’en Éthiopie.

      https://journals.openedition.org/etudesafricaines/4648
      #stèle_d'Axoum #stele_di_Axum

      signalé par @olivier_aubert —> j’ajoute à ce fil de discussion plutôt qu’à la métaliste (je vais donc effacer de la métaliste, Olivier, pour une question d’organisation des informations)

  • Meta dévoile ses prototypes futuristes de casques de réalité virtuelle | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/meta-devoile-ses-prototypes-futuristes-de-casques-de-realite-virtuelle-1414

    Le groupe de Menlo Park a présenté une série de casques de réalité virtuelle (VR) sur lesquels travaillent ses ingénieurs. Chacun doit résoudre un problème précis pour avoir, à terme, un affichage impossible à distinguer de la réalité.

    #vr #réalité_virtuelle #mark_zuckerberg #meta #business #finance #reality_labs #test_de_turing #virtuel #casque_vr #casque_de_réalité_virtuelle #présentation #butterscotch #3d #résolution #quest_2 #écran #half_dome #starbust #holocake #mirror_lake #batterie #project_cambria #cambria #prototype #recherche_et_développement #rnd

  • Mark Zuckerberg dévoile plein de prototypes de casques VR pour piéger votre cerveau - Numerama
    https://www.numerama.com/tech/1010412-mark-zuckerberg-devoile-plein-de-prototypes-de-casques-vr-pour-pie

    Lors d’une table ronde avec plusieurs journalistes, Mark Zuckerberg et d’autres représentants de Meta ont présenté plusieurs prototypes de casques de réalité virtuelle. L’entreprise a plusieurs idées pour rendre son « métaverse » aussi réaliste que le vrai monde.

    #vr #réalité_virtuelle #mark_zuckerberg #meta #quest_2 #casque_vr #casque_de_réalité_virtuelle #présentation #butterscotch #3d #luminosité #écran #hololake_2 #prototype #cambria

  • Le passé trouble des liens entre l’aristocratie allemande et le parti nazi Robert Philpot - Time of Israel
    https://fr.timesofisrael.com/le-passe-trouble-des-liens-entre-laristocratie-allemande-et-le-par
    Des faits rapportés dans une réclamation d’indemnisation de la famille royale allemande pourraient relancer la polémique sur le rôle de la noblesse sous le régime de Hitler

    LONDRES – Aucun moment de l’histoire de la résistance allemande au nazisme n’a fait l’objet d’autant d’attention – ou n’a été autant mythifié – que le « complot de juillet » de 1944, lorsque la bombe du comte Claus von Stauffenberg a failli assassiner Adolf Hitler. Les conspirateurs, comme l’avait dit l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl en 1994, étaient « les plus nobles et les plus grands » individus « qui aient jamais été produits dans l’histoire de l’humanité ».

    La bravoure de Stauffenberg et de ses compagnons de conspiration – et leurs origines aristocratiques – a cimenté dans l’imaginaire populaire l’idée selon laquelle la noblesse allemande était à l’avant-garde de l’opposition intérieure au national-socialisme.

    Mais, selon le Dr Stephan Malinowski, auteur de Nazis & Nobles : The History of a Misalliance, la réalité est un peu plus complexe. Non seulement l’écrasante majorité des conspirateurs ont apporté « une contribution substantielle à l’ascension de la dictature nazie », écrit-il, mais nombre de ceux qui ont tenté de tuer Hitler au cours de l’été 1944, alors que l’Allemagne se dirigeait vers la défaite, avaient eux-mêmes eu auparavant une relation profondément ambiguë avec le Troisième Reich.

    Le rôle des échelons supérieurs de la société allemande dans l’accession au pouvoir des nazis est un pan de l’Histoire souvent négligé et oublié.

    « Il est fascinant de constater que… nous avons des livres sur l’histoire de la paysannerie, des femmes et des commerçants, mais que très peu a été écrit sur la noblesse et sur ces familles encore très puissantes et très influentes », explique Malinowski dans une interview au Times of Israël . « C’est difficile à expliquer. »

    Le livre de Malinowski, qui vient d’être publié en anglais pour la première fois, arrive donc à point nommé. Les médias allemands se penchent actuellement sur les démarches juridiques entreprises par l’ancienne famille royale allemande pour réclamer une compensation pour les biens qui lui ont été confisqués par les Soviétiques après 1945.

    Mais pour que sa demande aboutisse, la famille Hohenzollern doit prouver que le prince héritier Wilhelm, fils du Kaiser qui s’est exilé à la fin de la Première Guerre mondiale, n’a pas apporté de « soutien substantiel » aux nazis.

    Malinowski, dont les recherches ont mis en évidence le soutien public du « petit Willie » aux premières mesures prises par les nazis contre les Juifs en Allemagne en mars 1933, est l’un des quatre experts chargés de fournir des avis confidentiels dans cette affaire.

    « Mon sentiment personnel est qu’en suscitant l’intérêt des historiens, la famille a ouvert une boîte de Pandore qu’elle pourrait, avec le recul, regretter. Ce que les historiens vont découvrir sur la famille après 1919 n’est pas très agréable », estime Malinowski.


    L’historien Stephan Malinowski, auteur de ‘Nazis & Nobles.’ (Crédit : Manfred Thomas/ Autorisation)

    Bien sûr, comme le dit Malinowski, la noblesse allemande n’était pas un groupe homogène, mais divisée selon des critères de richesse, de religion et de géographie. L’aristocratie catholique du sud, par exemple, s’est avérée bien plus insensible à l’appel des nazis que la noblesse protestante de Prusse. De même, la « petite noblesse » – ceux qui se situent aux échelons inférieurs de l’aristocratie sur le plan social et économique – a adopté le national-socialisme avec plus d’enthousiasme que la « grande noblesse », ancienne propriétaire terrienne et toujours immensément riche.

    Néanmoins, les haines partagées – et l’opportunité de gain personnel que les nazis leur faisaient miroiter – ont contribué à forger ce que Malinowski appelle une « mésalliance », terme aristocratique désignant un mariage scandaleux entre un membre de la noblesse et une personne de rang inférieur. Ces haines – vis-à-vis de Weimar et de sa démocratie, du libéralisme, de la gauche, de la classe moyenne supérieure, des intellectuels et des villes – étaient soudées par la « colle symbolique » d’un antisémitisme enragé.

    Au lendemain de la révolution de 1918, qui a renversé l’ordre social et politique de l’Allemagne impériale et inauguré la république démocratique de l’entre-deux-guerres, il n’y a pas eu de « Terrorisme rouge » dirigé contre la noblesse, comme celui qui sévissait alors en Russie.

    Mais la révolution a déclenché un processus crucial de déclin social et de radicalisation politique au sein d’une grande partie de l’aristocratie. La noblesse a subi des pertes concrètes de pouvoir et de statut.



    « Nazis & Nobles, » écrit par le docteur Stephan Malinowski. (Autorisation)

    Les « réseaux de vieux garçons » aux plus hauts niveaux de la fonction publique se sont effondrés et, surtout, le traité de Versailles a décimé le corps des officiers allemands, frappant particulièrement la petite noblesse. Sur les quelque 10 000 nobles qui avaient servi dans l’armée du Kaiser, seuls 900 environ ont trouvé un emploi dans la nouvelle Reichswehr.

    Parallèlement, la fuite du Kaiser et la fin de la monarchie laissent la noblesse à la dérive sur le plan idéologique, créant un vide symbolique et politique fatal. Ce vide a laissé l’aristocratie à la merci de la pensée radicale de la « Nouvelle Droite » des intellectuels de la classe moyenne, avec lesquels elle partageait le désir de renverser ce que l’un des leurs, l’avocat et journaliste Edgar Julius Jung, appelait le « règne des inférieurs » de la république démocratique.

    Les DAG de la guerre
    Principalement, mais pas exclusivement, issue des rangs de la petite noblesse, la Société noble allemande (DAG) – à laquelle appartenait, selon les estimations, un tiers de tous les aristocrates adultes à son apogée en 1925 – a à la fois illustré et contribué au processus de radicalisation. En 1919, la société a été la première organisation aristocratique à déclarer son désir de « se débarrasser de l’esprit juif et de sa culture ».

    Un an plus tard, alors que le futur président de Weimar, le maréchal général Paul von Hindenburg, occupait le poste de président d’honneur, la conférence annuelle de l’organisation a adopté un « paragraphe aryen » dans ses statuts excluant les futurs membres d’ascendance juive. Cette disposition fut rapidement étendue à l’adhésion de tout aristocrate qui « est ou était » marié à une personne qui n’était pas « racialement pure ». (Bien que les sociétés nobles catholiques aient tenu des débats similaires, les principales organisations telles que l’Association des aristocrates catholiques ont choisi de ne pas suivre l’exemple de la DAG).

    Les premières années de la République sont également marquées par la décision de commencer à compiler un registre de tous les membres de la noblesse éligibles sur le plan racial. Lors d’une conférence tenue en 1920, il a été décidé que pour être admis, un aristocrate devait fournir « une déclaration écrite selon laquelle le demandeur… n’a, à sa connaissance, aucun ou, tout au plus, un individu sémite ou de couleur parmi ses 32 ancêtres paternels ou maternels en ligne directe ou ceux de son conjoint ».



    Le président Paul von Hindenburg et Adolf Hitler en 1933. (Crédit : Bundesarchiv bild/via Wikimedia Commons)

    « Ce qui m’a frappé lorsque je me suis penché pour la première fois sur le sujet il y a une vingtaine d’années, c’est le degré et la rapidité avec lesquels la noblesse allemande, et notamment prussienne, s’était adaptée aux aspects raciaux et biologiques [de l’antisémitisme] », explique Malinowski. Ces débats, affirme-t-il, préfigurent à certains égards « la logique » appliquée dans les lois de Nuremberg. »

    Néanmoins, comme l’explique Malinowski, le discours national-socialiste sur la « révolution » et – pour ceux qui répondaient à ses critères raciaux stricts – sur une « Volksgemeinschaft » (ou « communauté nationale ») égalitaire « a dû paraître assez horrible aux oreilles des nobles » et le langage parfois « opaque » du parti sur la propriété a constitué un point de tension réel entre l’aristocratie et les nazis.

    Conscient du danger que représentent de tels sentiments lorsqu’il cherche à séduire les élites de la classe moyenne supérieure et de l’aristocratie, Hitler se veut rassurant en affirmant qu’il ne cherchera « jamais » à démanteler ou à confisquer les grands domaines et que la propriété privée est en sécurité entre ses mains.

    La méfiance, la suspicion et le ressentiment mutuels étaient également à la base des relations entre une aristocratie qui croyait en son droit inné à gouverner et la revendication véhémente du pouvoir exprimée par le mouvement nazi, composé essentiellement de membres issus de la classe moyenne inférieure. En 1932, par exemple, Hindenburg qualifia Hitler de « caporal bohémien » qu’il ne nommerait jamais chancelier, tandis que le chef nazi lui-même s’en prenait publiquement aux « dames et messieurs de haut rang qui appartiennent à une humanité complètement différente du fait de leur rang ».

    L’ennemi de mon ennemi…
    Mais pour autant, Malinowski estime que les affinités entre les nazis et les nobles – principalement leurs ennemis communs – l’emportaient finalement sur les différences. De plus, le succès d’Hitler aux élections de 1930 et 1932 a clairement montré que les nazis étaient les mieux placés pour combattre ces ennemis et aider l’aristocratie à remplacer Weimar par un État autoritaire dans lequel ils joueraient le rôle principal.



    Franz von Papen. (Crédit : Bundesarchiv bild/ via Wikimedia Commons)

    Leur attitude est résumée par Franz von Papen, qui, après son propre passage éphémère au pouvoir en 1932, persuade Hindenburg de nommer Hitler chancelier. Von Papen – « le plus puissant, le plus pompeux et le plus malavisé de tous les représentants de l’aristocratie allemande », selon les termes de l’auteur – a d’abord été vice-chancelier d’Hitler dans un cabinet qui ne comptait que trois nazis. Sa conviction que les vieilles élites avaient engagé le leader national-socialiste à leur service, et qu’il l’aurait bientôt « poussé si loin dans un coin qu’il grincerait », s’est avérée être l’une des erreurs les plus fatales et les plus tragiques de l’Histoire.

    La noblesse a applaudi la destruction de la gauche par les nazis – se sentant soulagée que, comme l’a dit le grand-duc Friedrich Franz von Mecklenburg-Schwerin, Hitler ait « promu un état d’esprit nationaliste parmi de larges couches de la population qui, autrement, seraient tombées dans le camp marxiste ou communiste » – et a montré peu de scrupules à propos de leur persécution des Juifs. En fait, c’est tout le contraire.

    En 1933, par exemple, le DAG renforce une fois de plus sa clause aryenne, l’alignant ainsi sur les règles de pureté raciale des SS. Cette mesure a déclenché une vague d’expulsions d’aristocrates – et la colère des branches catholiques du sud de l’organisation – mais a suffisamment impressionné les nazis pour qu’elle soit autorisée à poursuivre ses activités dans l’État totalitaire en pleine émergence.

    « La notion populaire selon laquelle la noblesse cultivait des formes ‘modérées’ d’antisémitisme et laissait de côté les souches les plus brutales de l’idéologie, écrit Malinowski, n’est pas du tout étayée par les sources historiques. »

    La carotte, pas le bâton
    Ces affinités idéologiques avaient été renforcées par les gains matériels offerts par les nazis à la noblesse. Les purges dans les services civils et la vaste expansion dans les rangs de la Wehrmacht et chez les SS offraient des perspectives de carrière qui avaient disparu sous la république de Weimar.



    Adolf Hitler et le président Paul von Hindenburg lors de la Journée de Postdam, au mois de mars 1933. (Crédit : Bundesarchiv bild/ via Wikimedia Commons)

    Le prince Otto von Bismarck (petit-fils du chancelier allemand du même nom), par exemple, avait écrit avec excitation une lettre à sa mère, trois jours avant l’arrivée au pouvoir de Hitler, où il évoquait les nouvelles opportunités qui, pensait-il, se présenteraient bientôt à lui. Il devait ensuite connaître une ascension rapide dans le domaine de la diplomatie.

    Les quartiers de noblesse les plus modestes n’avaient pas été les seuls à embrasser avec enthousiasme les opportunités offertes par le Troisième Reich : Le prince Christoph von Hessen, qui avait rejoint le parti nazi en 1931 mais qui n’avait jamais été à l’université, s’était rapidement hissé à un poste de haut-fonctionnaire et il devait finir directeur de recherche au sein du ministère des Forces aériennes.

    L’aristocratie avait aussi épousé avec ferveur les ambitions impérialistes dans l’Est et, une fois la guerre enclenchée, elle avait commencé à exercer des pressions pour toucher sa part du butin. Des requêtes de terres ou de biens immobiliers gratuits avaient néanmoins été occasionnellement rejetées avec dédain.

    « Votre intention de reprendre possession de cette propriété sans un centime en échange ne me paraît guère satisfaisante », avait écrit sèchement Himmler à un certain Ludolf von Alvensleben au mois de septembre 1940.



    Le comte Albrecht von Bernstorff-Stintenburg. (Crédit : Domaine public)

    Malinowski estime que seule une petite partie de la noblesse – principalement composée de membres inférieurs de l’aristocratie qui s’étaient sentis désavantagés au niveaux social et économique sous la république de Weimar, mais pas seulement – avait rejoint le parti nazi.

    Toutefois, une « large majorité » avait apporté son soutien au régime. L’auteur utilise le terme de « collaboration » pour décrire le soutien apporté par les aristocrates à la coalition nazie conservatrice arrivée au pouvoir en 1933. Mais, note-t-il, et contrairement au gouvernement français en 1940, les collaborateurs issus de la noblesse n’avaient subi aucune pression – ils avaient tous été volontaires.

    La légende de la résistance
    Comme le souligne Malinowski, certains membres de l’aristocratie devaient servir Weimar avec loyauté et ils s’étaient opposés aux nazis dès le début. Le comte Albrecht von Bernstorff-Stintenburg, par exemple, qui ne cachait pas ses convictions de gauche, avait été renvoyé de son poste à l’ambassade allemande de Londres, en 1933, et il avait ensuite apporté son aide aux émigrants et aux réfugiés juifs. Arrêté en 1940, il avait été assassiné par les SS quelques jours avant la fin de la guerre. De tels exemples, explique l’auteur, sont néanmoins restés « extrêmement atypiques » dans la noblesse en général.

    Il n’est pas non plus possible, dit Malinowski, de retrouver un lien « décisif, ininterrompu » attestant d’une résistance des aristocrates face aux nazis qui aurait remonté à la république de Weimar et qui aurait connu son apogée avec l’explosion de la bombe de Stauffenberg. Tandis que ceux qui ont été à l’origine du complot méritent « le plus grand respect », ajoute-t-il, une majorité des conspirateurs appartenant à la noblesse avait soutenu l’arrivée de Hitler au pouvoir, en 1933.



    Claus von Stauffenberg, à l’extrême gauche, avec Hitler. (Crédit : Bundesarchiv bild/ via Wikimedia Commons)

    Le comte Fritz-Dietlof von der Schulenburg, un acteur déterminant de ce complot du mois de juillet, avait, par exemple, intégré le parti nazi en 1932 comme l’avaient fait, jusqu’au mois de janvier suivant, 16 autres membres de sa famille – et en 1945, d’une manière qui caractérise certains « clans » de l’aristocratie allemande, 41 membres de la famille Schulenberg étaient des adhérents du parti nazi. Stauffenberg lui-même avait formé des « chemises brunes » de 1930 à 1932 et il aurait pris la parole devant une foule de partisans de Hitler dans la soirée où ce dernier était devenu chancelier.

    Bien sûr, au vu de la capacité des nazis à étouffer toute opposition, un complot visant à éliminer Hitler et à renverser le régime, en 1944, ne pouvait venir que de l’intérieur des institutions du Troisième Reich lui-même, en particulier de la Wehrmacht.

    La « légende de la résistance » qui se rattache à la noblesse s’est révélée très tenace. Elle est apparue rapidement après la guerre, dans un discours prononcé par le président Theodor Heuss à l’occasion du dixième anniversaire du complot de juillet, en 1954 – une allocution dans laquelle il avait déclaré que « l’aristocratie chrétienne de la nation allemande » avait été une composante déterminante de cette conspiration.

    Cette légende a été, de plus, « l’un des récits les plus importants sur lequel l’identité politique toute entière de l’État d’Allemagne de l’ouest a été fondé », écrit Malinowski. Il estime que la culpabilité allemande, dans l’après-guerre – ce sentiment que tout, dans le passé, avait « dépassé l’horreur » – avait entraîné le désir de créer un modèle positif, un « garde-corps auquel s’accrocher » alors même que le pays cherchait à se construire une nouvelle identité positive.

    Dans ce contexte, Malinowski le reconnaît, un grand nombre n’avaient pas souhaité se pencher de trop près sur les antécédents et sur les actions passées de certains des comploteurs.



    Martin Bormann, Hermann Göring et Bruno Loerzer dans la salle de conférence endommagée de Hitler, le 20 juillet 1944. (Crédit : Bundesarchiv bild)

    Malheureusement pour la famille Hohenzollern et ses initiatives visant à obtenir des indemnités pour les trésors royaux saisis en 1945 dans l’Est de l’Allemagne, les actions du prince semblent sans équivoque.

    Enthousiasmé très tôt par la « brutalité ingénieuse » de l’Italie fasciste, il avait exhorté Hindenburg à utiliser la « force impitoyable » pour « éliminer » les gêneurs politiques et, dans une lettre adressée à Hitler, il avait salué son « mouvement merveilleux ».

    En 1932, le prince avait ouvertement apporté son soutien à Hitler face à Hindenburg pour les élections présidentielles et, une fois les nazis au pouvoir, il avait pris part aux cérémonies de la « Journée de Potsdam » qui avaient été organisées au mois de mars 1933. Cet événement auquel avait assisté Hindenburg, écrit Malinowski, avait représenté « une propagande réussie pour le régime » qui, en parvenant à convaincre que le Troisième Reich saurait maintenir et respecter « le meilleur des traditions prusses », avait aidé à persuader les membres conservateurs du Reichstag de voter pour la législation qui devait finalement entraîner la destruction de la démocratie allemande.



    Georg Friedrich Ferdinand, Prince de Prusse avec son épouse Sophie en 2011 ? (Crédit : Wikimedia commons/ CC BY-SA 4.0/ Rainer Halama)

    Le prince – qui était apparu en public à plusieurs occasions en portant un brassard à croix gammée et qui, en 1933, avait écrit à des amis américains en niant toute persécution nazie à l’encontre des Juifs – n’avait pas été le seul, au sein de sa famille, à offrir son soutien à Hitler. Son frère, le prince August Wilhelm von Preussen, avait adhéré au parti et il faisait des apparitions lors de ses rassemblements.

    De tels soutiens – tous comme ceux offerts par d’autres membres de la haute noblesse – avaient aidé à donner une image plus acceptable et respectable aux nazis dans les cercles conservateurs.

    Les actions du prince ont-t-elles constitué un « soutien substantiel » ? Son arrière-petit-fils, Georg Friedrich Prinz von Preussen, a déclaré au mois de mars au New York Times que si le prince avait assurément manqué de « force morale et de courage », il n’était pas sûr néanmoins que ce comportement s’était apparenté à un « soutien substantiel ».

    Les historiens eux-mêmes sont largement en désaccord avec la famille. La décision finale en reviendra aux juges – qui ont été aux prises avec des milliers d’autres dossiers de ce type au cours des deux dernières décennies.

    Malinowski, de son côté, a peu de doute. « S’il ne s’agit pas là d’un soutien substantiel, alors je ne sais pas comment on peut définir cette formule », s’exclame-t-il.

    Cette affaire pourrait toutefois avoir une signification bien plus large que la famille Hohenzollern, ses peintures, ses livres et ses porcelaines, estime Malinowski.

    « Je pense que c’est une chance qui nous est offerte de redécouvrir la constellation en 1933 – la coalition entre les conservateurs et les nazis, et la responsabilité politique qui est intervenue dans la fabrication du Troisième Reich. Une relecture des faits très intéressante, réalisée à travers cette famille et ses pairs, à partir d’un point de vue qui a rarement été examiné », continue-t-il.

    #allemagne #résistance au #nazisme de la #noblesse_allemande #aristocratie #prusse #von_stauffenberg #adolf_hitler #noblesse #aristocratie #dictature #hohenzollern #collaboration #juifs #antisémitisme #races #national-socialisme #Weimar #DAG #hindenburg #butin #hohenzollern #haute_noblesse

    • Manquent pas d’air les hohenzollern !
      Les médias allemands se penchent actuellement sur les démarches juridiques entreprises par l’ancienne famille royale allemande pour réclamer une compensation pour les biens qui lui ont été confisqués par les Soviétiques après 1945.

  • La petite photo du jour : "Ni renonce, ni recule..." ~ premières renoncules dans la courette 💚
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/51160917649

    Flickr

    ValK. a posté une photo :

    #photodujour #pictureoftheday #photooftheday #picoftheday #fotodeldia #fleur #bleuñv #flower #flor #renoncule #ranuculus #buttercup #ranúculo
    .
    5 mai 2021, #Nantes.
    « les petites photos »
    ¤ autres photos : https://vu.fr/valkphotos
    ¿ infos audios : frama.link/karacole
    ☆ oripeaux : frama.link/kolavalk
    ◇ rdv locaux : 44.demosphere.net
    ○ réseaux : twitter.com/valkphotos
    ♤ me soutenir : liberapay.com/ValK

  • Non au démembrement de la cité-jardin de la Butte Rouge
    https://topophile.net/savoir/non-au-demembrement-de-la-cite-jardin-de-la-butte-rouge

    Les habitants constitués en collectif en appellent aux architectes, urbanistes, sociologues, militants écologistes, acteurs engagés de la société civile et simples citoyens, pour les aider à s’opposer à un projet de transformation qui se soldera par la disparition d’un « grand ensemble » témoin d’une conception humaniste exceptionnelle dans l’histoire de l’habitat populaire en région parisienne. La cité-jardin de... Voir l’article

  • Where to put #buttons on #forms
    https://adamsilver.io/articles/where-to-put-buttons-in-forms

    Align the primary button to the left edge of the inputs

    illuminate a clear path to completion. Aligning inputs and actions with a strong vertical axis clearly communicates how to go about completing a form."

    This layout also helps screen magnifier users to see it without having to pan across.

    Les boutons des formulaires de #SPIP seraient mal placés ?

  • I Grew Up Gifted, but My Life Didn’t Turn Out the Way I Expected (h...
    https://diasp.eu/p/9135461

    I Grew Up Gifted, but My Life Didn’t Turn Out the Way I Expected

    HN Discussion: https://news.ycombinator.com/item?id=20059589 Posted by pseudolus (karma: 27130) Post stats: Points: 143 - Comments: 136 - 2019-05-31T10:11:48Z

    #HackerNews #but #didnt #expected #gifted #grew #life #out #the #turn #way HackerNewsBot debug: Calculated post rank: 140 - Loop: 95 - Rank min: 100 - Author rank: 87

  • La Butte Rouge : d’un grand Paris social au grand Paris immobilier
    https://chroniques-architecture.com/butte-rouge-chatenay-malabry

    Il était une fois, un idéal social. Un idéal qui voulait que chaque ouvrier puisse bénéficier d’un logement décent entouré de verdure, de culture et de services. Un idéal pour une population ouvrière qui aspirait à un loyer modeste car ne pouvant accéder au marché privé. C’est l’histoire encore aujourd’hui de la Butte Rouge de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).

    Après la 1ère guerre mondiale, Henri Sellier, maire de Suresnes et président de l’office départemental des habitations à bon marché de la Seine, prévoit la construction de 21 cités-jardins. Dans l’entre-deux-guerres, 15 seront finalement construites. Les cités-jardins préfigurent l’idée du Grand Paris de Sellier : un grand Paris social, ouvrier et vert.

    #cité_jardins #urban_matter

  • #Memoree_Joelle : Je tiens à partager ceci
    https://tradfem.wordpress.com/2019/02/15/je-tiens-a-partager-ceci

    Je tiens à partager ceci parce que tout le monde doit être informé, si ce n’est pas déjà le cas, d’à quel point est devenue envahissante la pression sur les adolescentes pour qu’elles « changent de sexe ». Ceci n’est qu’une histoire, mais il y en a beaucoup d’autres.

    Hier soir, une amie qui agit comme mentore une jeune fille de 15 ans (qui s’est récemment identifiée comme lesbienne) m’a demandé si j’accepterais de parler à cette adolescente au téléphone qui se sentait poussée par ses camarades, sa thérapeute et ses parents, à choisir si elle était une lesbienne « butch » ou une trans garçon. Elle n’a aucun modèle de rôle lesbien plus âgé dans sa vie, là où elle vit en Caroline du Sud. Heureusement, elle a une mentore qui se trouve être une de mes amies de longue date depuis nos années d’université.

    Mon amie m’a appelée depuis sa voiture pour que la fille puisse me parler pendant qu’elles traversaient leur quartier en regardant les illuminations de Noël. Cela a contribué à faire baisser la pression pour qu’elle puisse me poser des questions difficiles à aborder pour une adolescente. Nous avons parlé de choses comme ne pas aimer notre corps, de l’apparence et du comportement que les femmes sont censées avoir aux yeux de la société, et de la façon dont les gens dénigrent les lesbiennes butch dans ce monde.

    Elle m’a dit des choses qu’elle ressentait à propos d’elle-même et de son corps, et que j’ai confirmées être tout à fait normales pour une lesbienne. Beaucoup de lesbiennes butch, par exemple, n’aiment pas avoir des seins. Cela ne fait pas de nous le sexe opposé. Et cela ne signifie certainement pas que quelque chose « ne va pas » avec nous.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.facebook.com/memoreejoelle?__tn__=%2CdCH-R-R&eid=ARB7geHkeZjBuGEoUk4TqNjWYfBBYr15E9VeMi

    #lesbiennes #trans #butch #estime_de_soi #patriarcat

    • Ils veulent l’amener à se plier à leurs règles de genre et elle n’est pas obligée de le faire. Ils peuvent tous aller se faire foutre si cela ne leur plaît pas. (Oui, j’ai dit ça à une adolescente, ok ?)

      Et d’ailleurs, il est de loin préférable d’être une lesbienne butch dure à cuire qu’un homme. Elle en convenait.

      Donc, en voilà une de sauvée. Mais qu’en est-il des autres ? Il devient évident que les institutions préfèrent les hormones et la chirurgie à ce qui aurait pu être un dialogue de mentorat à cœur ouvert.

  • How to use #gatsby with a Headless #cms
    https://hackernoon.com/how-to-use-gatsby-with-a-headless-cms-ba365bb77733?source=rss----3a8144e

    Learn how to build a Gatsby blog using #buttercms. The code examples in this article let you combine Gatsby and ButterCMS in just a few minutes, no matter if you are a beginner or an expert.Why Gatsby and ButterCMS?Gatsby is a static site generator based on React and GraphQL. ButterCMS is a headless CMS and blogging platform. What does that mean and why should you use them?A static site (HTML, CSS, and JavaScript) is fast, secure and flexible. There is no database or server-side code that attackers can exploit. A static site generator pulls data from APIs, databases or files and generates pages using templates.As a developer, you probably want to write your content as Markdown files. However, if your static site’s content has to be managed by non-developers, they’ll prefer a CMS. A (...)

    #gatsbyjs #headless-cms

  • Rosa Bonheur est évoquée ici :
    https://seenthis.net/messages/750758

    Mais ça m’a donné envie de lui consacrer une entrée pour elle toute seule, à partir de sa page Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosa_Bonheur

    Introduction :

    Marie-Rosalie Bonheur, dite Rosa Bonheur, née le 16 mars 1822 à Bordeaux et morte le 25 mai 1899 à Thomery, est une artiste peintre et sculptrice française, spécialisée dans les scènes de genre avec des animaux, la peinture et la sculpture animalière.

    La gloire qu’elle connait de son vivant faiblit rapidement après sa mort ; sa peinture est trop éloignée des tendances modernes. À partir de 1980, des publications biographiques l’associent aux débuts du féminisme en raison de la vie très émancipée qu’elle a menée.

    Vie privée :

    Au cours de ses années de jeunesse à la campagne, au château Grimont à Quinsac, Rosa Bonheur a la réputation d’être un garçon manqué, réputation qui la suivra toute sa vie et qu’elle ne cherchera pas à faire mentir, portant les cheveux courts et fumant des havanes. Elle se dit consciente qu’elle aurait été plus épanouie en étant à la fois artiste et mère, mais a toujours refusé de se marier, afin de rester indépendante, et en raison des mauvais souvenirs que lui a laissés l’attitude de son père vis-à-vis de sa mère. Et puisque le mariage fait des femmes des subalternes de l’homme, elle considère que cela l’aurait empêchée de se dévouer à son art. Considérée comme homosexuelle par nombre d’auteurs — ce que Rosa Bonheur a toujours réfuté —, elle a vécu avec deux femmes. La première, Nathalie Micas, rencontrée en 1837 (Rosa avait quatorze ans et Nathalie douze), qui deviendra peintre comme elle, et dont elle ne sera séparée qu’à la mort de cette dernière en 1889 ; la seconde, après le décès de Nathalie Micas, en la personne de l’Américaine Anna Klumpke, également artiste-peintre de talent, « boiteuse, de visage ingrat, lui témoignant une admiration totale qui ne demandait qu’à se muer en affection », qu’elle connut à l’automne 1889 et qu’elle reverra à plusieurs reprises. Elle vint vivre avec elle à By en juin 1898 pour faire son portrait (elle en fera 3, entre 1898 et 1899), et écrire ses mémoires. À la demande de Rosa Bonheur, elle y restera et deviendra sa légataire universelle.

    La vie émancipée que menait Rosa Bonheur n’a pas fait scandale, à une époque pourtant très soucieuse des conventions. Comme toutes les femmes de son temps, depuis une ordonnance datant de novembre 1800, Rosa Bonheur devait demander une permission de travestissement, renouvelable tous les six mois auprès de la préfecture de Paris, pour pouvoir porter des pantalons dans le but de fréquenter les foires aux bestiaux ou de monter à cheval. Nathalie Micas avait également une autorisation de travestissement (visible au musée-château de By)

    Toutefois de nombreuses rumeurs sur sa vie privée circulent et la font souffrir. Après son départ du foyer familial recomposé et la mort de son père, elle a réglé les dettes de ce dernier, et continué à aider financièrement son demi-frère : certains l’accusent d’en être la mère. Les soupçons d’homosexualité la peinent aussi ; elle fait valoir que l’époque est tolérante avec les artistes féminines, et que si elle l’avait été, il lui aurait très simple de l’assumer.

    Pionnière :

    En 1865, elle est la première femme artiste à recevoir la légion d’honneur. L’impératrice Eugénie la lui remet en mains propres, voulant démontrer que « le génie n’avait pas de sexe ». En 1894, elle devient la première femme promue au grade d’officier.

    Elle accède à la grande peinture malgré toutes les barrières dévolues aux femmes avec son tableau Le Labourage nivernais en 1849, par le thème, la taille (H. 1,34 ; L. 2,6 m) et la composition. Cette œuvre fait référence à la peinture hollandaise et à La Mare au diable de George Sand. Les bovins traversent le tableau sur une ligne horizontale.

    Elle dessine une stratégie commerciale pour assurer son indépendance financière. Elle constitue un atelier de production avec Nathalie Micas et Juliette Bonheur. Ses œuvres sont reproduites en estampes par la maison Goupil qui souhaite mettre l’art à la portée de tous, lui assurant une large diffusion. Elle donne interviews et photographies pour forger une légende autour de son personnage. Elle part en tournée avec son marchand d’art pour trouver son réseau de vente et faire la promotion de ses tableaux.

    Elle est la première artiste dans l’histoire de la peinture qui voit le marché de l’art spéculer sur ses tableaux de son vivant.

    Hommages :

    Surpris qu’elles n’y soient pas, j’ai ajouté à la page Wikipédia un lien vers les guinguettes Rosa Bonheur (que je connaissais alors que je ne connaissais pas la peintre). La guinguette des #Buttes-Chaumont joue un rôle important dans le livre #Vernon_Subutex de #Virginie_Despentes... :
    http://rosabonheur.fr

    En hommage à la peintre, trois guinguettes parisiennes portent le nom de Rosa Bonheur. La première ouvre en 2008 dans le Parc des Buttes-Chaumont, la deuxième en 2014 en bords de Seine, au Port des Invalides, et la troisième en 2017 à Asnières-sur-Seine.

    #Rosa_Bonheur #peintre #historicisation #femmes #pionnières #guinguette

  • « Gilets jaunes » : la révolte des ronds-points
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/15/sur-les-ronds-points-les-gilets-jaunes-a-la-croisee-des-chemins_5397928_3224

    Adélie a 28 ans, employée aux pompes funèbres, sa vocation. A ceci près que la spécialité est verrouillée dans le coin et travailler plus loin revient trop cher en essence, en garde d’enfant, en temps. Bref, chômeuse. En fait, à cet instant précis, Adélie s’en fout. Depuis quand sa vie ne lui avait pas semblé si excitante ? Laisser le téléphone allumé en rentrant à la maison. Ne plus regarder les dessins animés avec la petite, mais les infos. Parler à des gens auxquels elle n’aurait jamais osé adresser la parole, Stéphane par exemple, avec sa barbichette tortillée en deux tresses et sa dégaine de gouape. Un routier, en fait, adorable. « Sinon, on fait quoi de nos journées ? », dit Adélie. Etre au cœur du réacteur, cette fois au moins.

    #Florence_Aubenas #Paywall

    • La grande reportrice Florence Aubenas et le photographe Edouard Elias racontent cette France qui se retrouve depuis un mois sur les carrefours giratoires.

      Deux bâches sont tendues en plein vent sur une charpente en bois récupéré. Un coin fait cuisine, Butagaz, table bricolée. Deux canapés occupent le fond, un générateur, quatre drapeaux français et le sapin de Noël, apporté par un club de motards. C’est « la cahute », appellation officielle : combien y en a-t-il aujourd’hui en France, posées sur le bord des ronds-points ? Celle-là est à côté du Leclerc, à l’entrée de Marmande (Lot-et-Garonne). « On dirait un campement roumain », jubile Adélie. Des flammes s’élancent de trois gros bidons.

      Adélie a 28 ans, employée aux pompes funèbres (...) au cœur du réacteur, cette fois au moins.

      On est le 6 décembre, il est midi. Trois semaines que le mouvement a démarré, avec l’impression, ici, que tout ne fait que commencer. Un noyau de 150 « gilets jaunes » occupent par roulement le rond-point Leclerc. « Macron, nous te retirons ta Légion d’honneur », proclame la pancarte.

      A la ronde, deux autres ronds-points sont aussi occupés, chacun avec son identité et sa cahute : celui du Leclerc est le plus gros, la vitrine locale du mouvement, le rond-point VIP, baptisé « le QG ». Là se brassent les nouvelles, vraies ou fausses. Bruxelles ne veut plus d’agriculteurs en France, vous êtes au courant ? Les banques vont faire faillite, l’argent sera bloqué, retirez tout ce que vous avez. Quelqu’un a vu l’adjudant de la gendarmerie, celui qui est beau gosse ? Le seul sujet dont personne ne parle, c’est le moratoire pour la taxe sur les carburants, que vient juste d’annoncer le gouvernement. La hausse de son montant avait déclenché le mouvement, mais ça n’intéresse plus personne. Trop tard. Tant pis. Déjà ailleurs. Certains ne sont même pas au courant.

      Trois dames, employées dans une grande surface – dont l’une tricote aussi des bonnets pour 2 euros –, rangent des fromages dans une glacière. La plus jeune a sauté le déjeuner. Trop cher. Il faut s’habituer à entendre l’expression, elle revient sans cesse sur le rond-point. « Moi, c’est pareil, sauf le dimanche de la Fête de la mère », précise la tricoteuse. « Mais ici, c’est gratuit, on pourrait manger », glisse la troisième. La plus jeune râle : « Ah non, j’ai peur d’y prendre goût. »

      Les syndicats de routiers FO-transports et la CGT ont annoncé une grève illimitée. Les paysans devraient les rejoindre, les lycéens aussi. La France pourrait être paralysée. Devant la cahute, les gendarmes boivent le café. « Vous défendez tout le monde ou quoi ? », risque un gradé. « On ne défend pas tout le monde, on défend M. et Mme Tout-le-Monde. Vous
      voyez la nuance ? »

      Vendredi 7 décembre, rond-point de la Satar, 9 heures

      Coralie arrive la première. A son mari, apiculteur, certains sont allés dire : « On a vu ta femme sur le #rond-point avec des voyous et des #cas_soc’. » « Moi aussi, je suis un cas social », constate Coralie, 25 ans. Elle a mis un temps à digérer le mot, mais « objectivement », dit-elle, c’est bien celui qui pourrait la définir. Elle vient de déposer à l’école ses deux fils d’un premier mariage. Garde le souvenir amer d’un élevage de chevaux catastrophique. Aimerait devenir assistante maternelle. Il fait très froid, il faudrait rallumer le feu éteint dans le bidon. « Qu’est-ce que je fais là ? », se demande Coralie. Et puis, un grand gars arrive, qui voudrait peindre un slogan sur une pancarte. « Je peux écrire “Pendaison Macron” ? », il demande.

      « Vas-y, fais-toi plaisir », dit Coralie. Personnellement, elle ne voit aucune urgence à pendre Macron. Et alors ? On affiche ce qu’on veut. Le gilet jaune lui-même sert à ça, transformer chacun en homme-sandwich de son propre message, tracé au feutre dans le dos : « Stop au racket des citoyens par les politiques » ; « Rital » ; « Macron, tu te fous de ton peuple » ; « Non au radar, aux 80 km/h, au contrôle technique, aux taxes, c’est trop » ; « 18 ans et sexy » ; « Le ras-le-bol, c’est maintenant » ; « Marre d’avoir froid » ; « Fatigué de survivre » ; « Staff du rond-point » ; « Frexit » ; « Le peuple en a assé, Macron au buchet. »

      Depuis des mois, son mari disait à Coralie : « Sors de la maison, va voir des copines, fais les magasins. » Ça a été les « #gilets_jaunes », au rond-point de la Satar, la plus petite des trois cahutes autour de Marmande, plantée entre un bout de campagne, une bretelle d’autoroute et une grosse plate-forme de chargement, où des camions se relaient jour et nuit.

      L’activité des « gilets » consiste ici à monter des barrages filtrants. Voilà les autres, ils arrivent, Christelle, qui a des enfants du même âge que ceux de Coralie, Laurent, un maréchal-ferrant, André, un retraité attifé comme un prince, 300 chemises et trois Mercedes, Sylvie, l’éleveuse de poulets. Et tout revient d’un coup, la chaleur de la cahute, la compagnie des humains, les « Bonjour » qui claquent fort. Est-ce que les « gilets jaunes » vont réussir à changer la vie ? Une infirmière songeuse : « En tout cas, ils ont changé ma vie. »

      Le soir, en rentrant, Coralie n’a plus envie de parler que de ça. Son mari trouve qu’elle l’aime moins. Il le lui a dit. Un soir, ils ont invité à dîner les fidèles du rond-point. Ils n’avaient jamais reçu personne à la maison, sauf la famille bien sûr. « Tu l’as, ton nouveau départ. Tu es forte », a glissé le mari. Coralie distribue des tracts aux conducteurs. « Vous n’obtiendrez rien, mademoiselle, vous feriez mieux de rentrer chez vous », suggère un homme dans une berline. « Je n’attends rien de spécial. Ici, on fait les choses #pour_soi : j’ai déjà gagné. »

      Rond-point Leclerc, 11 heures

      Une clameur au bout de la rue, 150 #élèves débarquent du lycée Val-de-Garonne, à Marmande, vers le rond-point Leclerc. Ils ont longtemps hésité à faire grève, les classes comptent une majorité de #boursiers, anxieux pour leurs subsides.

      Depuis les années 1990, Marmande et ses riches terres agricoles se sont abîmées dans le croissant de la pauvreté. « Si je vois mon fils dans le cortège, ça va barder : il est censé préparer le bac S », dit Antoine, un ancien de la pub et fervent « gilet jaune ».

      D’un pas traînant d’ados, les lycéens embraient vers le Centre Leclerc, en face de la cahute. « On va faire des pillages, comme à Paris ? », se renseigne l’un, pas étonné. Ici, Leclerc, c’est bien plus qu’un hypermarché, un empire battant sa propre monnaie et tenu par une famille surnommée « les nababs de Marmande ». Très haut par-dessus les pompes, le prix du gasoil clignote en rouge : 1,39 euro aujourd’hui. On le consulte comme ailleurs le Dow Jones. En général, les autres grandes surfaces s’alignent.

      Au début, ça se passait au mieux entre Leclerc et les « gilets jaunes », l’hyper leur avait même livré une palette de bouteilles d’eau. Puis le patron a estimé que la contestation avait assez duré et a envoyé des employés détruire la cahute pendant la nuit. « On est restés deux jours sans abri : plus personne ne venait. Sans cabane, le mouvement disparaît », dit un « gilet jaune ». Une autre a été construite de l’autre côté du rond-point.

      Voyant arriver les lycéens, vigiles et gendarmes s’approchent. La jeune troupe a déjà fait demi-tour, traînant un unique chariot pour #butin. Christophe, dit « Kéké », les accueille entre deux pins parasols, au milieu du rond-point. Employé à la SNCF, motard, prof de handball, syndiqué Sud Rail, un gros charisme et une petite barbe, Kéké est une des figures des « gilets jaunes » : « On vous applaudit, les jeunes, mais que ce soit clair : si vous faites les cons, nous, les adultes, on se retirera et on vous laissera seuls avec les gendarmes. Vous vous ferez gazer, ce sera plié en une heure. »

      Les lycéens sont contre la réforme du bac, contre Parcoursup, contre la pause déjeuner qui dure quarante-cinq minutes seulement. « Il faut faire un tract », propose l’un. « Un quoi ? »

      Un « gilet jaune » passe parmi eux avec des gâteaux sur un plateau. Installée depuis peu dans la région, Cécile se présente : « Je suis une vilaine mélenchoniste. Je suis zadiste, j’ai fait Notre-Dame-des-Landes. » Des cèpes poussent dans sa cuisine, elle a son propre potager. Demain, le 8 décembre, un samedi annoncé « noir », elle compte manifester à Paris. « Ce sera violent, mais le monde a besoin d’images de violence pour se réveiller. Il faut un référendum pour renverser Macron. »

      Trois lycéennes parlementent : « C’est très dangereux, madame, Marine Le Pen va passer. Vous êtes dans le Lot-et-Garonne, il y a une majorité de personnes blanches qui vivent là depuis des générations. » Cécile, abasourdie : « Tu ne veux pas destituer Macron ? » Les lycéennes : « Vous ne venez pas de province, vous ne comprenez pas. »

      Samedi 8 décembre. Rond-point Leclerc, 14 heures

      Finalement, personne n’ira manifester à Paris. A Bordeaux non plus, et même Agen paraît soudain bien loin. La veille, Dorothée aussi était tentée « de monter au front » : « Je sais que ce ne sera pas la féria, mais j’ai besoin de voir par moi-même. » Finalement non.

      Dorothée, 42 ans, monteuse-câbleuse, 1 100 euros net, est l’une des deux porte-parole des « gilets » de Marmande. « Ça faisait des années que je bouillais devant ma télé, à me dire : “Personne ne pense comme moi, ou quoi ?” Quand j’ai entendu parler des “gilets jaunes”, j’ai dit à mon mari : “C’est pour moi.” »

      A l’autre bout du rond-point, Yohann, l’autre porte-parole, est en train de se faire traiter de « traître » : il a négocié avec le maire (Constructifs/Agir) de Marmande, Daniel Benquet, et certains agriculteurs pour éviter le blocage de la ville. « On doit être des “gilets jaunes” exemplaires, aucune dégradation », sermonne Yohann, ton de bon pasteur. D’autres se mettent à l’accuser de viser une carrière politique, la pire insulte sur le rond-point. Lui, plus fort : « Je veux juste faire chier, je le jure. »

      Kéké propose une action : tout le monde rentre dans le Leclerc « en civil » – c’est-à-dire sans gilet jaune –, remplit un chariot, puis se dirige vers les caisses. Coup de trompette, on enfile les gilets et on abandonne les courses en criant : « On est le 8 du mois, et, désolés, on n’a déjà plus d’argent ! » Quelques petites voix se font entendre. Ici, tout le monde a plus ou moins un lien avec Leclerc, des proches qui y travaillent ou bien comme client, tout simplement. « Je ne suis pas assez culottée pour y aller », murmure quelqu’un.

      Une vingtaine de volontaires finissent par se disperser dans les rayons, sous les affiches célébrant la « foire au porc ». Aucune consigne n’a été donnée sur la façon de remplir les chariots. Mais sans se concerter, tous – ou presque – y entassent la même chose : leurs fantasmes. L’une accumule des #cadeaux de Noël démesurés pour les enfants (« J’en ai trois à charge et 25 euros de budget pour chacun »). Béret et allure de rentier bonhomme, Christian rafle des dessous féminins par brassées, bas et culottes exclusivement. Un couple s’offre les courses dont il rêve, que de la marque, même pour les boîtes de thon, et sans regarder les prix. C’est la première fois : « D’habitude, on a la calculatrice à la main, ça prend des heures. » Martine est perdue, elle ne va plus au Leclerc depuis longtemps. « Trop cher. »

      Aujourd’hui, les virées dans les hypermarchés ont changé de goût. Fini la grande fête innocente des années 1980, avec son sentiment d’opulence et de liberté. « On y va, bien obligé, mais humilié. Un jour, ça pétera aussi. La rage n’est plus très loin », dit quelqu’un. Coup de trompette. Les gilets sortent, en même temps qu’une Marseillaise. Certains photographient le chariot qu’ils ne prendront pas. « C’est déjà ça. »

      Dimanche 9 décembre. Rond-point de Samazan, 15 heures

      On se croirait à un barbecue en famille, ça discute par groupes, un gobelet à la main. « Au début, on ne savait pas où on mettait les pieds », raconte une retraitée. Des gens arrivaient de partout, seuls en général, sans se connaître, pas très sûrs de rester. Personne n’osait vraiment se parler, certains n’ont rien dit pendant longtemps, dos courbé dans un coin. On les a vus peu à peu se redresser.

      Et puis, que s’est-il passé ? Comment tout le monde s’est soudain retrouvé à déballer devant de parfaits inconnus – « Des gens à qui on aurait marché dessus chez Leclerc à peine deux semaines plus tôt, sans les saluer » – les choses les plus profondes de sa vie ? Des choses si intimes qu’on les cachait soigneusement jusque-là, « sauf parfois entre amis, mais c’était gênant ». La cahute est devenue le lieu où « les masques tombent ». Plus de honte. « Ça fait dix ans que je vis sans sortir, à parler à ma chienne. Aujourd’hui, les digues lâchent », dit une infirmière.

      Chacun a son histoire, toujours très compliquée, mais toutes se ressemblent au fond, un enchevêtrement de problèmes administratifs, de santé, de conditions de travail. Pris à part, chacun des éléments paraît logique, voire acceptable, mais placés bout à bout, ils finissent par former une infernale machine à broyer.

      Il est question, par exemple, de ces trois frères, placés dans trois centres aérés différents à cause des écoles, mais il est impossible de payer les trois notes et de les convoyer tous le mercredi : alors il a fallu choisir lequel resterait à la maison. Ou bien ce laboratoire de biotechnologie végétale, un des quatre en France, qui n’arrive pas à recruter : Marmande, c’est trop loin, disent les écoles, on préfère envoyer nos stagiaires au Kenya.

      Vous voyez ces maisons en bord de route, que les voitures frôlent en passant ? Eux, c’est là qu’ils habitent. La mairie et l’école sont à 2 km, la poste à 7 km, le médecin et les impôts à 8 km, Intermarché à 9 km, l’hôpital à 25 km. Le travail de monsieur à 26 km. Ils ont une seule voiture. La suite du feuilleton dure une bonne heure. Mais dans la cahute, tout le monde la réclame.

      « Ici, il n’y en a pas un plus haut que l’autre, personne pour te juger. » Un jeune homme en fauteuil roulant continue : « Dépendre de la société, c’est ce qui pouvait m’arriver de pire. On a une espèce de fierté, lâchons le mot. » Cet autre, un petit costaud, joue le Père Noël dans les écoles et les supermarchés, payé en nature. « Je vis au black, en fait. » La voiture de celui-là roule sans contrôle technique. « On est tous passés hors la loi, sans même le vouloir. On n’a même plus peur des gendarmes. Qu’est-ce qu’on va devenir ? »

      Le rond-point de Samazan se trouve entre le péage de l’autoroute – dont les « gilets jaunes » ouvrent régulièrement les barrières sans faire payer – et le village du même nom, 883 habitants. Si les maires des alentours soutiennent en général le mouvement, l’édile de Samazan est un des seuls à porter le gilet jaune. Cette année, deux agriculteurs de la commune se sont fait saisir les terres. Quatre tracteurs de la Coordination rurale viennent parfois tourner sur les carrefours, solidaires, mais avec leurs propres problèmes. Finalement, les routiers ne feront pas grève, revendications acceptées. Les lycéens non plus : pas de transport collectif, et les parents renâclent à les conduire au rond-point.

      Lundi 10 décembre. Rond-point Leclerc, 20 heures

      On est quel jour ? Le 10 ? Celui où Emmanuel Macron doit prendre la parole ? Non, celui où les #retraites sont versées, voilà la grande attente qui occupe les conversations.

      Ça y est, le président s’est mis à parler, on le regarde dans la cahute sur une tablette. « Il annoncera son départ », pronostique Kéké. Macron est l’unique homme politique dont le nom est prononcé sur les ronds-points de Marmande, jamais aucun autre.

      La politique est prohibée : un militant communiste a bien essayé de tracter, puis un petit couple – lui en costume, elle en blouson de cuir –, se disant France insoumise. Tous ont été chassés. Le seul discours commun évoque les « privilégiés de la République », députés, énarques, ministres, sans distinction, à qui « on ne demande jamais de sacrifices ». En fait, c’est à eux qu’on en veut, bien davantage qu’aux multinationales ou aux patrons.

      Fabien attend un coup d’Etat militaire, « restaurer la discipline et le respect ». Un autre est sûr qu’Emmanuel Macron va lever une armée de migrants, « qui sont tous des guerriers », pour mater les pays récalcitrants dans l’Union européenne. Cette armée pourrait finir par le renverser. Chacun s’écoute sans broncher, personne ne contredit personne. « On va vers la troisième guerre mondiale », conclut quelqu’un. Puis ça rigole quand même. « Vous vous imaginez dire ça à table, en famille ? Tout de suite, ça déraperait. »

      L’allocution est finie. Macron est toujours président. « Il nous a servi du flan, ou quoi ? », demande Nico, interloqué. Silence général. Dehors, un gendarme monte la garde. « Des gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer se mettent ensemble. Ça fait peur. »

      Mardi 11 décembre. Rond-point Leclerc, 8 heures

      Des « gilets » du rond-point de Samazan sont venus en visite. On échange quelques mots.

      « A votre rond-point, vous avez des gens de couleur ?

      – Pourquoi ?

      – On dirait que le mouvement ne les arrange pas. Ici, il n’y a que des gens comme moi, des purs Français.

      – Attention, je ne suis pas raciste. Je vais prendre leur défense.

      – Moi non plus, je ne suis pas raciste, sauf pour une tranche d’âge, les 12-25 ans. Pas plus. En tout cas, c’est la première fois que je parle avec quelqu’un qui soutient les migrants. »

      Le premier samedi où elle est venue, cette présidente d’association a failli s’en aller. « J’étais à la torture. Ils se lâchaient sur les Arabes qui profitent. » Puis elle s’est dit : « On est là, il faut essayer. » Curieusement, son mari, fonctionnaire, ne s’est pas mis en colère comme avec leurs amis qui votent Marine Le Pen. Il discute. Oui, ici, c’est possible, chacun fait en sorte que tout se passe bien. La conversation a repris. « Certains Arabes peuvent être méchants, ça dépend de leur degré de religion. »

      Comme par miracle, Zara et Fatma apparaissent à cet instant précis, en foulards imprimés léopard, pour offrir un grand plat de couscous. « Trop timides pour se faire voir », disent-elles, en repartant sur la pointe des pieds. Tout le monde mange du couscous. Un gendarme passe. La direction de #Leclerc vient de couper ses dotations aux associations et à certaines communes : trop d’argent perdu à cause des « gilets jaunes ».

      Mercredi 12 décembre. Rond-point Leclerc, 17 heures

      Mathieu, un routier, gare son camion sur le terre-plein. Il annonce avoir reçu un message du maire de Marmande, Daniel Benquet : « Je souhaiterais avoir les doléances des “gilets jaunes” pour en faire part au premier ministre. » Mathieu a immédiatement répondu : le référendum d’initiative citoyenne, visant notamment certains personnages politiques quand le peuple ne se sent plus représenté. Emmanuel Macron, par exemple. Le maire – qui n’avait pas l’air emballé, selon Mathieu – a demandé s’il y en avait d’autres.

      « Je me suis permis de dire que c’était la seule », dit Mathieu. Sous la cahute, Yohann vient d’arriver. « Moi, je vais monter à Paris. Il faut les attaquer intra-muros : aller marcher sur les bobos. » « Les quoi ? », demande quelqu’un. « Les gens de la métropole qui nous qualifient de sauvages, qui nous méprisent parce qu’on ne pense pas et qu’on ne vit pas comme eux. » Yohann bombe le torse, en mimant des « Bonjour », lèvres pincées. Il est lancé : « Oui, je me suis durci. J’ai une haine, ça me bouffe, ça me réveille la nuit. Je me retiens depuis si longtemps. »

      Il irait même tout de suite, s’il pouvait. Mais il y a celle qui vient de lui téléphoner et qu’il appelle « Madame », puis cette maison pour laquelle il s’est endetté et qui est sa « revanche à prendre ». Dehors, ça pleut dru. Il remet son manteau. Le père de Yohann est employé à la blanchisserie de l’hôpital. Sa mère est femme de ménage. Lui travaille dans les pièces détachées pour automobiles. Classe moyenne, dit-il. Les mains se serrent. Ça va aller ? Il s’excuse. « Je ne sais pas ce qui m’a pris. »

      Un « gilet jaune » demande qu’on le raccompagne à sa voiture : celle des gendarmes est à côté, on ne sait jamais. Lui, c’est un petit retraité qui se met soudain à raconter sa guerre d’Algérie. Puis s’arrête. « Est-ce qu’on va nous laisser respirer ? » Alors, un gendarme : « La lutte continue. » A la demande d’un hôtel cette fois, la cahute a dû être à nouveau déplacée.

      #ouvrières #ouvriers #mobilisation #rencontre

  • “But It’s Your Major.” So what ?
    https://hackernoon.com/but-its-your-major-so-what-df5eb280f5d9?source=rss----3a8144eabfe3---4

    How #college makes students reconsider their love of programmingphoto by MochiMagazineI’ve heard this phrase too many times since coming into college, and I can’t help but feel as though there is a great deal of stigma towards people trying to discover their passion.I am currently in my first semester as a college freshman at New York University’s Tandon School of Engineering, and I am an Asian person studying computer science. I enjoy attending #hackathons — not for the Soylent, not for the free food, but simply to learn. My computer desktop is littered with cloned GitHub repositories, and my CPU constantly jacked by unclosed Terminal windows, Sublime Text files, and StackOverFlow tabs. My laptop case is plastered by stickers, all of which I have acquired from hackathons.The classic, bon fide (...)

    #copmuter-science #computer-science-class #but-its-your-major

  • #Janice_Turner : Si la politique identitaire a gain de cause, un homme de 69 ans peut en avoir 49…
    http://tradfem.wordpress.com/2018/11/15/si-la-politique-identitaire-a-gain-de-cause-un-homme-de-69-ans-pe

    L’animateur télé néerlandais Émile Ratelband a 69 ans, mais il a l’impression d’être un « jeune Dieu » de 49 ans. Ses médecins reconnaissent qu’il a la constitution d’un homme beaucoup plus jeune.

    Ratelband se bat donc devant les tribunaux néerlandais pour changer sa date de naissance légale de 1949 à 1969, afin de pouvoir obtenir une hypothèque, un meilleur emploi et, surtout, attirer davantage de jeunes femmes sur le réseau de rencontres Tinder.

    Un homme qui s’identifie comme femme, affirme-t-il, peut obtenir un nouveau certificat de naissance de sexe féminin, alors pourquoi ne pourrait-il pas effacer 20 ans de son âge ?

    Un tribunal a fait valoir que cela voudrait dire effacer une partie de la vie de M. #Ratelband, mais est-ce si différent des personnes transgenres qui demandent que l’on ne fasse plus aucune mention de leur nom de naissance et de leur enfance ?

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.thetimes.co.uk/article/if-identity-politics-win-a-man-of-69-can-be-49-bqh6rsjqw

    #Butler #trans #auto-identification #imposture