• L’#extrême_droite britannique multiplie les #raids racistes sur le littoral français

    Les attaques de militants de l’#UKIP visant des exilés se sont succédé ces derniers mois autour de #Dunkerque, s’ajoutant à de nombreuses pressions. Des associatifs dénoncent le laisser-faire des autorités et craignent l’escalade.

    La #vidéo ne dure qu’une quarantaine de secondes. Sur les premières images, on distingue une douzaine de personnes, de nuit, portant une banderole floquée du message « Islamist invaders not welcome in Britain » (« Les envahisseurs islamistes ne sont pas les bienvenus en Grande-Bretagne »). Dans la séquence suivante, au moins sept hommes, casquettes noires vissées sur le crâne, marchent à vive allure dans les rues de #Grand-Fort-Philippe, en périphérie de Dunkerque, dans le Nord.

    L’un d’entre eux porte un drapeau de l’Angleterre, un autre, celui de l’Union Jack. On les voit, munis de puissantes lampes torches, se rapprocher puis s’en prendre à un groupe d’une vingtaine de personnes exilées, assises et assoupies sur le trottoir. Ces dernières sont réveillées dans leur sommeil, la plupart semblent stupéfaites. La bande-son de la vidéo se résume à un slogan, qui tourne en boucle : « You shall not pass ! » (« Vous ne passerez pas ! »)

    Cette vidéo, rendue publique le 30 septembre sur les réseaux sociaux du parti d’extrême droite britannique UKIP (#United_Kingdom_Independence_Party), a été tournée dans la nuit du 9 au 10 septembre. « Ce soir-là, les militants du UKIP ont insulté les exilés, ils ont également volé les gilets de sauvetage de certains et sont même allés jusqu’à frapper plusieurs personnes, dont une femme », détaille Salomé Bahri, coordinatrice de l’association Utopia 56.

    Au cours de leur maraude nocturne, les bénévoles de cette association ont rencontré les exilés victimes de cette #agression et ont recueilli leurs témoignages. « Ils ont vraiment eu peur, certains ont cru qu’ils allaient mourir », confie Salomé Bahri.

    À leur tête, un leader raciste et masculiniste

    Cette agression xénophobe, préméditée et mise en scène, perpétrée par des militants d’extrême droite britanniques sur le littoral nord de la France n’est pas un événement isolé. Ces dernières semaines, les actes d’#intimidation ou de #violence à l’encontre de personnes exilées et de leurs soutiens se sont succédé à Dunkerque et #Calais. Le 7 novembre au matin, encore à Grand-Fort-Philippe, une petite dizaine de militants britanniques d’extrême droite du mouvement « Raise The Colours » (« hissez les couleurs ») se filme au bord du fleuve Aa en exhibant un immense drapeau de l’Union Jack tout en proférant leur haine des personnes migrantes.

    Alors que le #Royaume-Uni est confronté depuis plusieurs mois à d’importantes mobilisations anti-immigrés, les plages de la #Côte_d’Opale sont devenues le nouveau terrain de jeu de l’extrême droite britannique, suscitant peu de réactions des pouvoirs publics.

    « Il y a toujours eu cette menace de l’extrême droite sur le littoral, mais cela s’est nettement accéléré ces derniers temps », note Salomé Bahri. Début juin, les militants de l’UKIP sont restés plusieurs jours à Calais et ont multiplié les intimidations envers les exilés et les personnes solidaires, postant systématiquement ensuite leurs vidéos sur les réseaux. À leur tête, une des figures du parti, #Nick_Tenconi, ouvertement islamophobe, masculiniste et anti-LGBT+, promeut l’expulsion en masse des immigrés présents sur le territoire britannique.

    Les humanitaires dépeints comme des « terroristes de l’intérieur »

    « Nick Tenconi et son groupe sont restés entre une heure trente et deux heures devant l’accueil de jour à nous menacer et à nous insulter, nous traitant de “terroristes de l’intérieur” et de “méchants petits communistes” », se remémore Léa Biteau, du Secours catholique. Les images publiées sur X montrent le leader de l’UKIP, dans une posture d’intimidation, accuser les équipes du Secours catholique « d’être complices de l’envoi de migrants illégaux vers le Royaume-Uni ».

    Dans une autre vidéo postée le 7 juin, Nick Tenconi, mégaphone en main, hurle sur un groupe d’exilés attendant le début d’une distribution alimentaire : « Vous êtes tous filmés ! Nous allons transmettre ces images aux services de renseignement britanniques ! Vous n’êtes pas les bienvenus en Grande-Bretagne, faites-le savoir à vos amis et vos familles ! »

    Le parti d’extrême droite a lancé pendant l’été une cagnotte en ligne destinée à « maintenir une présence dans le nord de la France » de ses militants « afin de localiser et stopper les bateaux ». Plus de 21 000 euros ont pour l’heure été récoltés par la plateforme GiveSendGo, déjà épinglée pour avoir hébergé des appels à dons en faveur de militants suprémacistes et #néo-nazis. Ces raids de militants de l’UKIP ne constituent toutefois pas la seule menace à laquelle ont dû faire face les personnes exilées et leurs soutiens ces derniers mois sur le Calaisis et la Côte d’Opale.

    Croix gammée, doigts d’honneur et excréments

    « Ces dernières semaines, nous avons constaté que certaines cuves d’eau avaient été sabotées : des robinets ont été volés, l’#eau a été polluée par du produit vaisselle ou encore des personnes ont volontairement déversé le contenu », indique Lachlan Macrae de Calais Food Collective.

    Ce groupe de solidaires installe des citernes d’eau sur les camps de fortune où survivent les exilés, palliant ainsi les carences assumées de l’État français en matière d’accès à l’eau, un droit pourtant fondamental. « Dernièrement, une des citernes a même été taguée d’une #croix_gammée », ajoute le militant.

    « Le 26 septembre, nous avons découvert un sac d’excréments à l’entrée de l’entrepôt », détaille Jade Lamalchi de l’Auberge des migrants, en reprenant un document sur lequel elle consigne, avec d’autres solidaires, les #menaces et intimidations auxquelles ils et elles font face. La responsable associative évoque également le cas récent de filatures, par un couple dans un véhicule, au cours desquelles les personnes solidaires ont été prises en photo. « On se demande si c’est une manière de préparer de futures actions », s’inquiète la jeune femme.

    « Il y a un climat ambiant qui favorise ce type d’agissements isolés, cela décomplexe le passage à l’acte », estime Léa Biteau du Secours catholique, également confrontée à « des actes de #vandalisme, tels que des dépôts d’excréments ou de la glue dans les serrures des locaux ».

    La salariée associative n’impute toutefois pas directement ces actes à l’extrême droite organisée, mais souligne que ces actions, qui peuvent venir d’habitants, participent à « décourager les initiatives solidaires ». Un constat partagé par Salomé Bahri qui observe régulièrement des riverains du camp de #Loon-Plage, près de Dunkerque, « faire des doigts d’honneur ou insulter des bénévoles d’Utopia et des personnes exilées ».

    Les groupuscules néo-fascistes français en embuscade

    « À Londres comme à Paris, les responsables politiques usent d’un discours politique toujours plus dur et déshumanisant à l’encontre des personnes exilées, cela normalise ces idées et ce type de comportements, s’alarme Lachlan Macrae, ce n’est pas surprenant ensuite de voir ces agitateurs fascistes se sentir encouragés pour agir ». Le militant de Calais Food Collective rappelle que Nick Tenconi et le parti UKIP étaient aux avant-postes du mouvement anti-immigrés qui s’est répandu cet été outre-Manche.

    Dans de nombreuses villes du Royaume-Uni, des rassemblements hostiles, attisés sur les réseaux sociaux par l’extrême droite, ont eu lieu devant les hôtels hébergeant les demandeurs d’asile, avec comme slogan principal « Send them home, protect our kids ! » (« Renvoyez-les chez eux, protégez nos enfants ! ») « Après ça, pour Nick Tenconi et l’UKIP galvanisés par ces mobilisations, la prochaine étape était de venir à Calais », observe Lachlan Macrae.

    « On craint que les actions menées par UKIP sur le #littoral ne donnent des idées à des groupes d’extrême droite locaux », analyse Salomé Bahri. Le 1er septembre, les groupuscules #identitaires #Nouvelle_droite, basé à Lille, et #Les_Normaux, venus de Rouen, se sont retrouvés pour une action de communication sur une plage proche du #cap_Gris-Nez. Les militants d’extrême droite se sont pris en photo arborant des banderoles « #Stop_the_boats » et en soutien à #Tommy_Robinson, un ancien hooligan à l’origine de l’#English_Defence_League, un groupuscule nationaliste et islamophobe. L’activiste d’extrême droite, très influent sur les réseaux sociaux, est à l’origine de la manifestation anti-immigrés qui a rassemblé 100 000 personnes au cœur de Londres le 13 septembre dernier.

    Les autorités très lentes à réagir

    Le raid de l’UKIP de début septembre a donné lieu à un signalement d’Utopia 56 auprès du parquet de Dunkerque le 18 septembre. Ce n’est toutefois qu’après la publication de la vidéo sur X de l’agression perpétrée contre des exilés que la procureure de Dunkerque a ouvert une enquête. Contacté par Basta !, le parquet de Dunkerque n’a pas partagé de nouveaux éléments relatifs à cette affaire. Plusieurs associatifs restent toutefois sceptiques quant à la capacité de réaction des autorités françaises, les mêmes qui, par ailleurs, organisent des expulsions de campements toutes les 48 heures à Calais ou cautionnent les interceptions violentes de zodiacs sur les plages du littoral.

    « Une ligne rouge a été dépassée : les pouvoirs publics laissent faire les propos et actes racistes et nous, en tant qu’associatifs, on se retrouve à devoir s’organiser, faire de la veille sur les réseaux sociaux afin de prévenir de futurs agissements de l’extrême droite », estime Jade Lamalchi, de l’Auberge des migrants, qui a de son côté signalé les cas de filatures auprès de la sous-préfecture de Calais, sans suite pour le moment. « On essaie désormais d’anticiper de nouvelles menaces de l’extrême droite, abonde Salomé Bahri. On prévient les bénévoles et les personnes exilés via des stories WhatsApp et on adapte nos missions sur le terrain. »

    Fin septembre, dans un courrier adressé au Premier ministre britannique, Keir Starmer, un collectif de 150 organisations de la société civile britannique appelle à une réponse forte des autorités face aux intimidations et menaces grandissantes de l’extrême droite auxquelles elles sont confrontées.

    Salomé Bahri conclut : « En #Angleterre comme en #France, cette volonté de beaucoup de responsables politiques de ne pas pointer du doigt les discours et les actes racistes est un terreau fertile, c’est une incitation à continuer et aller plus loin. »

    https://basta.media/extreme-droite-britannique-multiplie-les-raids-racistes-sur-littoral-franca
    #racisme #UK #Manche

  • #Frontex, agent intouchable du #renseignement_migratoire

    L’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex, est devenue, en vingt ans [1], le bras armé des politiques sécuritaires de l’Union européenne (UE) et de ses États membres. Initialement créée pour coordonner le contrôle des #frontières, organiser les #expulsions et produire des « #analyses_de_risques » des mouvements de populations, Frontex a élargi son champ d’intervention bien au-delà des questions migratoires.

    Nonobstant des enquêtes institutionnelles et journalistiques ayant démontré que ses officiers s’étaient rendus coupables de graves #violations_de_droits, tout semble organisé pour que la responsabilité de l’agence Frontex ne soit ni engagée ni reconnue. En sus de ses traditionnelles activités de #surveillance et de #contrôle des frontières prévues dans le règlement (UE) 2019/1896, l’agence tentaculaire dotée de moyens exponentiels est devenue tout à la fois agent du renseignement, négociateur, influenceur et membre d’un réseau de dissuasion violente, que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter.

    Produire de l’information, qu’importe sa véracité

    Comme pour tout bon agent du renseignement, recueillir et exploiter des informations relevant de la vie privée est un axe essentiel du travail de Frontex. Elle collecte ces #données par le biais des États membres, d’agences européennes et d’organisations partenaires, mais aussi dans le cadre de ses propres opérations (maritimes, aériennes, terrestres). Elle est présente aux #frontières_maritimes (Méditerranée centrale et Manche), ainsi qu’aux #frontières_terrestres et aériennes de plusieurs pays (#Albanie, #Géorgie, #Monténégro, #Serbie, #Macédoine_du_Nord, #Moldavie, #Ukraine). Elle a progressivement élargi ses activités vers la zone #pré-frontière de l’UE et ouvert des bureaux #satellites temporaires dans des pays tiers du voisinage méridional et en #Afrique_de_l’Ouest [2].

    Quantité d’informations sont susceptibles d’être enregistrées : certaines sont générales, telles les routes migratoires empruntées, les dates de franchissement de frontière, les listes de passagers ou le pays de provenance ; d’autres, plus spécifiques, sont relatives aux #données_biographiques, aux incidents au cours d’opérations, jusqu’au lieu où se cachent les personnes au moment du contrôle. Les données recueillies nourrissent divers fichiers, parmi lesquels celui d’#Eurosur, instrument de surveillance et d’échange d’informations entre Frontex et les États membres, ou le #Joint_Operation_Reporting_Application (#Jora). Elles donnent aussi – et surtout – lieu à la production de #rapports_analytiques, avec une photographie de la situation aux frontières, supposés permettre de déterminer le niveau de « #risques » de déplacements vers le continent européen.

    Le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) estime que, malgré les moyens déployés, les « analyses de risques » produites par l’agence sont fondées sur des informations peu fiables, obtenues lors d’entretiens menés sans le consentement des migrant·es ni protection de leur identité [3]. Il a également émis des réserves quant à la sécurisation des données et l’ampleur de la collecte.

    L’#opacité des activités de Frontex inquiète aussi le Médiateur européen, qui a traité plusieurs plaintes concernant l’impossibilité d’accéder à des documents et informations. Il faut préciser que l’agence est très réticente à fournir les informations demandées, y compris à ses propres contrôleurs, chargés depuis 2019 d’évaluer en permanence le respect des droits fondamentaux dans ses activités opérationnelles [4].

    Frontex reconnaît elle-même que ses chiffres comportent des #erreurs : alors qu’elle communique chaque année sur le nombre de franchissements de frontières non autorisés, elle admet qu’« il n’existe aucun dispositif permettant d’établir le nombre exact de personnes ayant franchi les frontières [5] ». Mais pour elle, il s’agit presque d’une question secondaire : selon sa directrice adjointe, Aija Kaljana, « il est essentiel de devenir une organisation axée sur le #renseignement, car les ressources humaines et techniques sont limitées [6] ». L’ambition de Frontex est donc de passer d’une agence du contrôle migratoire à un #service_de_renseignement.

    Travailler en synergie, y compris hors du champ migratoire

    L’agence, au cœur d’un vaste réseau d’échanges de données, coopère avec de nombreux services, civils ou militaires, ayant des objets aussi variés que la pêche, la lutte contre le #narcotrafic ou la #sécurité_aérienne [7]. Frontex a créé, en 2018, la #Maritime_Intelligence_Community–Risk_Analysis_Network (#MIC-RAN), soit une communauté du #renseignement_maritime et un réseau d’analyse des risques, pour collecter des données et diffuser des rapports sur les #menaces_maritimes (i.e. l’appropriation illégale des zones maritimes, les conséquences du réchauffement climatique, les « usages illégaux » de la mer). Autre illustration de la diversité de ses collaborations : l’agence négocie des accords avec des sociétés d’affrètement comme #EASP_Air, #DEA_Aviation ou #Airbus [8] qui fournissent des #aéronefs, le personnel pour les exploiter et l’infrastructure technique pour la transmission des données enregistrées, en temps réel, au siège à Varsovie [9]. Elle capte également des données depuis l’espace, car elle a conclu un contrat avec #Unseenlabs, une entreprise française spécialisée dans la surveillance maritime par radiofréquence depuis l’espace, ou se sert des satellites du programme #Copernicus d’observation de la Terre qui sont utilisés pour la sécurité, la protection civile, la gestion de l’environnement et la recherche sur le changement climatique [10].

    Engagée dans des projets de recherche et développement, l’agence finance ceux qui se focalisent sur le matériel de surveillance [11]. Elle a étroitement suivi les avancées du programme #ITFlows, un outil de prédiction des flux migratoires à partir de techniques d’analyse automatisée de données, en y contribuant activement via la fourniture d’informations récoltées dans le cadre de ses missions [12]. Dans le même registre, elle a organisé avec des garde-côtes italiens, début 2025, un atelier international intitulé Évolution des garde-côtes : l’#intelligence_artificielle et les systèmes sans pilote améliorent les opérations de recherche et de sauvetage. Vaste programme à l’heure où le recours à l’intelligence artificielle (#IA) pose de sérieuses questions éthiques [13].

    Au-delà des frontières de l’Europe, Frontex multiplie des #campagnes qui sont de véritables opérations de séduction, afin de s’assurer du concours des États tiers pour empêcher les départs depuis les pays d’origine. Ainsi est-elle à l’initiative du projet #Africa–Frontex_Intelligence_Community (#Afic) dans huit pays africains (#Côte_d’Ivoire, #Gambie, #Ghana, #Mauritanie, #Niger, #Nigeria, #Sénégal et #Togo), officiellement lancé pour « collecter et analyser des données sur la #criminalité_transfrontalière et soutenir les autorités impliquées dans la #gestion_des_frontières ». Frontex a également organisé des séances opérationnelles de #sensibilisation à la lutte contre la #fraude_documentaire et la fraude à l’identité en #Albanie, #Bosnie-Herzégovine, #Égypte, #Géorgie, #Moldavie, #Macédoine_du_Nord, #Serbie et en #Tunisie.

    Comme pour conforter sa place centrale dans le réseau d’information qui surveille tout et constamment, c’est avec les services de répression, tels l’#Office_européen_de_police (#Europol) et l’#Organisation_internationale_de_police_criminelle (#Interpol), que l’agence a intensifié ses relations. Depuis 2008, Frontex signe des accords de coopération et des plans d’action conjoints avec Europol pour partager avec cette agence les informations qu’elle recueille, singulièrement via Eurosur, à des fins de lutte contre la criminalité ou le terrorisme. Sur le terrain, cette entente s’est notamment matérialisée durant des opérations relevant de la politique de sécurité et de défense commune (opérations #Sophia et #Jot_Mare en 2015). Plus surprenant : en 2024, Frontex a codirigé une opération internationale visant à lutter contre la #contrebande_de_drogue par voie maritime en fournissant un soutien technique et opérationnel [14] ; elle est aussi intervenue pour des opérations de soutien pendant les #Jeux_olympiques en France [15], pendant la compétition de l’Euro en Allemagne, ou encore durant la guerre en Ukraine... Elle outrepasse ainsi sa mission initiale et s’érige comme un organe de « super-contrôle ».

    De son côté, Interpol travaille avec l’UE et Frontex dans le domaine de la sécurisation des frontières, sous forme de collaborations techniques, de #formations et de projets de recherche communs. Frontex a élaboré un manuel de référence contenant des alertes de falsification et des cartes de contrôle rapide servant d’aides visuelles à la décision lors de la vérification de documents. Ce dispositif est désormais au cœur du système de bibliothèque électronique de documents #Frontex-Interpol (#Fields). Les #bases_de_données d’une agence de surveillance des frontières et celles d’une organisation de lutte contre la criminalité sont dès lors interconnectées.

    Une agence opaque et délétère qui influence les législations

    Plusieurs enquêtes documentées décrivent les actes illicites commis par l’agence sur ses terrains d’intervention. Il n’est plus à démontrer qu’elle s’est rendue complice ou coupable, à de nombreuses reprises, de #refoulements (#push-backs) en Grèce, pourtant interdits par le droit international. Des refoulements qui sont recensés dans sa base de données #Jora comme de simples opérations de « #prévention_de_départs [16] ». Des pratiques similaires ont été dénoncées à la frontière bulgare, où des violences ont été commises par des garde-frontières participant aux opérations de Frontex [17]. À #Chypre, de nombreux ressortissant·es syrien·nes ont été illégalement enfermé·es et d’autres ont été expulsé·es vers la Syrie, sous les yeux d’officiers de Frontex [18]. Des pratiques épinglées par l’Office européen de lutte antifraude (Olaf), qui a émis des doutes sur « la capacité de l’agence FRONTEX à […] veiller au respect et à la protection des droits fondamentaux dans toutes ses activités aux frontières extérieures ».

    L’agence va jusqu’à fabriquer de fausses informations lorsqu’elle prétend sauver des vies en mer, alors qu’elle transmet la position des embarcations en détresse aux #garde-côtes_libyens, dont les comportements violents envers les personnes migrantes sont notoires [19]. Il lui arrive aussi d’interrompre la prise de vue aérienne au-dessus de la mer Méditerranée pour ne pas avoir à référer d’abandon de personnes en mer [20]. En 2023, un navire où s’entassaient près de 200 migrants au large des côtes italiennes (Crotone) ne présentait, selon le rapport d’incident de Frontex, « pas d’intérêt particulier ». La même année, Frontex a omis d’envoyer un signal de détresse lors du naufrage de l’Adriana (Pylos), provoqué par une manœuvre des garde-côtes grecs [21]. Faut-il le rappeler, alerter les secours relève pourtant d’une obligation internationale de droit maritime. La multiplication des cas de refoulements ou le silence gardé à la vue d’embarcations en détresse contribuent à abaisser les standards de protection. L’agence fait en outre croire qu’elle s’intéresse au sort des personnes expulsées, voire améliore leur situation, lorsqu’elle met en avant les effets bénéfiques qu’aurait eu le retour dans le pays d’origine [22]. La violation des #droits_fondamentaux se banalise et, dans un contexte d’impunité généralisée, est traitée en matière migratoire comme un dommage collatéral.

    Malgré ces multiples mises en cause, Frontex exerce une influence croissante sur les instances politiques et les législations européennes. Ses « analyses de risques » sont l’unique source d’information de la Commission européenne, et l’image construite d’une perpétuelle « #crise aux frontières » qu’elles donnent à voir sert à justifier l’augmentation des contrôles et des mesures sécuritaires. Depuis des années, l’agence véhicule une image négative de la migration en la présentant comme une menace dont il faudrait se protéger.

    Cette image trouve sa traduction dans les réformes législatives. L’insistance de Frontex à alerter, dans ses rapports d’activité, sur « les #mouvements_secondaires […] à grande échelle » ou sur la persistance de la #pression_migratoire a sans nul doute contribué à l’adoption, en 2024, du #pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile. Un pacte dans la mise en œuvre duquel Frontex détient un rôle clé, avec, notamment, les nouvelles attributions qui lui sont confiées aussi bien lors des procédures frontalières (« #filtrage ») que dans l’organisation des #expulsions. Onze États sont en train de s’équiper d’un système informatique numérisé de gestion des retours sur le modèle du #Return_Case_Management_System (#Recamas) mis au point par Frontex.

    La réforme du règlement #Eurodac ouvre une nouvelle brèche en permettant à l’agence de consulter le #répertoire_central_des_rapports_et_statistiques (#CRRS) et d’avoir accès aux #statistiques de l’agence de l’Union européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle au sein de l’espace de liberté, de sécurité et de justice (#EU-Lisa).

    Enfin, la #réforme en cours des directives « Facilitation » et « Retour » risque de renforcer les pouvoirs de l’agence, en augmentant – encore – son #budget et en l’autorisant à transférer à des pays tiers des données relatives à des ressortissants aux fins de #réadmission.

    Une agence peu fiable, mais intouchable

    Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 74 352 personnes ont trouvé la mort depuis 2014 en tentant de franchir les frontières [23]. En dehors du champ de la migration, l’acteur, personne physique ou morale, qui serait impliqué dans une telle hécatombe serait poursuivi et jugé, voire condamné. Malgré les preuves tangibles de la #responsabilité de Frontex, comme de l’UE et de ses États membres, dans ces drames, aucun d’entre eux n’a jamais été inquiété. Bien au contraire, la Commission européenne confirme son agenda politique basé sur la mise à l’écart des personnes exilées en donnant à l’agence un rôle de premier plan dans les politiques migratoires européennes et en proposant de tripler ses effectifs. Les États s’appuient toujours plus sur Frontex : en 2024, la #Belgique a adopté une loi pour permettre le déploiement d’officiers de l’agence sur son territoire afin de soutenir la police fédérale dans l’exécution des expulsions. Le #Royaume-Uni a signé un accord de coopération avec Frontex sur divers aspects de la gestion des frontières, comme la surveillance et l’évaluation des risques, l’échange d’informations, le renforcement des capacités et le partage d’expertise. Dans ces conditions, pourquoi l’agence intouchable s’arrêterait-elle là, même coupable du pire ? La meilleure défense étant l’attaque, la criminalisation des solidarités et la décrédibilisation de celles et ceux qui dénoncent ses actions – à l’image de la campagne Abolish Frontex accusée de « discours haineux » – sont érigées en stratégie de dissuasion. De même, celles et ceux qui pallient l’action défaillante des États, comme les ONG de sauvetage en mer, sont assimilées à des réseaux de passeurs. Une #rhétorique qui ressemble à s’y méprendre à celle des partis populistes.

    https://migreurop.org/article3472.html
    #migrations #réfugiés #directive_retour #directive_facilitation

    ping @karine4 @reka

  • Côte d’Ivoire : une élection pour prolonger le système Ouattara ?
    https://lvsl.fr/cote-divoire-une-election-pour-prolonger-le-systeme-ouattara

    Quelque 8,7 millions d’électeurs ivoiriens ont été appelés aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle – la septième depuis l’instauration du multipartisme en 1990. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest bordé par le golfe de Guinée, la jeunesse domine une population de plus de 32 millions d’habitants. Dans l’un des derniers maillons de la #Françafrique, l’enjeu est majeur. #Alassane_Ouattara, parvenu au pouvoir à l’issue d’une guerre civile, a tenté de verrouiller le scrutin.

    #International #Côte_d'Ivoire #élection_présidentielle

  • #Algues_vertes, l’histoire interdite

    Pas moins de 3 hommes et 40 animaux ont été retrouvés morts sur les plages bretonnes. L’identité du tueur est un secret de polichinelle : les algues vertes. Un demi-siècle de fabrique du silence raconté dans une enquête fleuve.Des échantillons qui disparaissent dans les laboratoires, des corps enterrés avant d’être autopsiés, des jeux d’influence, des pressions et un silence de plomb. L’intrigue a pour décor le littoral breton et elle se joue depuis des dizaines d’années. Inès Léraud et Pierre Van Hove proposent une enquête sans précédent, faisant intervenir lanceurs d’alerte, scientifiques, agriculteurs et politiques.

    https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-algues-vertes-l-histoire-interdite/album-algues-vertes-l-histoire-interdite
    #BD #livre #bande-dessinée
    #Bretagne #algues #plages #hydrogène_sulfuré (#H25) #Côtes_d'Armor #intoxication #santé_publique #Halte_aux_marées_vertes #omerta #Thierry_Morfoisse #justice #Nicol_Environnement #Screg-Colas #Bouygues #Sauvegarde_du_Trégor #silence #déni #agriculture #modernisation #remembrement #industrialisation #élevage_hors-sol #industrice_porcine #agriculture_intensive #pollution #eau_potable #Marc_Le_Fur #porcherie #nitrates #modernisation_agricole #engrais #Institut_scientifique_et_technique_de_l'environnement (#ISTE) #Christian_Bursan #industrie_agro-alimentaire #stratégie_de_l'incertitude #plan_algues_vertes (#PAV) #subventions #lisier #CRESEB #CSEB #conseil_régional_de_bretagne #France #comité_de_convergence_des_intérêts_bretons (#CCIB) #Produit_de_Bretagne #Institut_de_Locarn #Club_des_Trente #Breizh_Europe #Les_dîners_celtiques #Les_amis_du_cochon #tourisme #dépendance #terreur #suicides #banques #grande_distribution #argent_public #élevage #sodiaal #Triskalia #Synutra #Laïta #Jean-René_Auffray #vasières_du_Guessant

    • Les marées vertes

      Qu’y a-t-il de commun entre les plages de Bretagne, la lagune de Venise, et le littoral chinois de Qingdao ?

      Tous les trois ont fait la « une » des journaux en raison d’impressionnantes « marées vertes », causées par l’accumulation estivale de macroalgues du genre Ulva.

      Ces marées vertes sont la forme la plus visible d’un enrichissement excessif des eaux marines. Cela ne doit pas faire oublier la forme planctonique, bien plus étendue vers le large, qu’on appelle « eaux colorées ». Ces phénomènes peuvent s’avérer dangereux tant pour la faune marine, que pour le promeneur du littoral ou le consommateur de coquillages. Alors quelle est la cause de ce soudain dérèglement ? Peut-on y remédier ?

      Depuis quand y a-t-il des marées vertes ? Est-ce un phénomène permanent ou saisonnier ? Que fait-on pour se débarrasser d’une marée verte déjà formée ? Quels sont les impacts sur l’écosystème marin ? Quelles sont les nuisances pour la société humaine ? Peut-on tirer de l’énergie des algues vertes ? Quelle est l’attitude du monde agricole ? Que fait l’administration pour diminuer la nuisance ? Eaux « rouges » contre marées « vertes » : quelles différences pour l’environnement ?

      Autant de questions auxquelles ce petit livre répond sans complaisance ni catastrophisme, au plus près de la connaissance scientifique actuelle, loin des polémiques qui masquent trop souvent la réalité ! Il intéressera les personnes soucieuses de la qualité de leur environnement côtier.

      https://www.quae.com/produit/1402/9782759225552/les-marees-vertes

  • Romania ed erosione costiera: la sostenibilità può attendere
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Romania/Romania-ed-erosione-costiera-la-sostenibilita-puo-attendere-239718

    Per difendere il litorale minacciato dall’avanzata del mar Nero, il governo di Bucarest e Bruxelles avevano promesso soluzioni basate su un approccio che metteva al centro la protezione degli ambienti naturali. Alla fine, però, purtroppo ha prevalso la “cura del cemento”

  • #Sénégal : plus de 1 900 migrants interpellés au 1er trimestre 2025

    Selon le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), 1 946 migrants ont été interpellés, 74 convoyeurs arrêtés et 32 #pirogues saisies par les forces de sécurités sénégalaises durant le 1er semestre 2025. Des chiffres qui relatent l’ampleur du phénomène migratoire au Sénégal malgré les efforts entrepris pour lutter contre l’immigration clandestine vers l’Europe.

    Au premier trimestre 2025, les forces de défense et de sécurité sénégalaises ont interpellé « 1 946 personnes tentant de prendre la mer, dont une majorité d’étrangers - 1 000 personnes - utilisant le Sénégal comme point de départ » a indiqué mardi 2 septembre le secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), Modou Diagne.

    Le contrôleur général de police a également précisé que 32 pirogues avaient été saisies et 74 suspects, des convoyeurs, arrêtés et déférés devant la justice. Ces chiffres ont été présentés à l’occasion d’un atelier s’inscrivant dans le cadre de la #Stratégie_nationale_de_lutte_contre_la_migration_irrégulière avec la #vision_Sénégal_2050 (#SNLMI).

    « La migration irrégulière est un défi de longue date, qui ne peut être résolu par un coup de baguette magique » a déclaré #Modou_Diagne. « Nous voulons réduire drastiquement ce phénomène à l’horizon 2035 », a-t-il cependant insisté.

    Face à l’ampleur de ces #départs irréguliers vers l’Europe, le Sénégal a accentué ses efforts ces dernières années afin de freiner le flux des migratoires.

    Multiplication des efforts

    Les #opérations_de_contrôle menées par les autorités de Dakar se sont donc multipliées sur le #littoral ces derniers mois. Un renforcement notamment dû au renouvellement d’accords de #coopération entre les #pays_de_transit (dont le Sénégal mais aussi la Mauritanie) et l’#Union_européenne, pour limiter les départs d’embarcations clandestines vers l’Europe. Dakar avait ainsi reçu une aide de 30 millions d’euros en octobre 2024 pour contrer ces départs mais aussi secourir les migrants en mer.

    « La #surveillance renforcée des #côtes commence à porter ses fruits », a souligné le Modou Diagne, saluant notamment les avancées réalisées dans le démantèlement des filières de #passeurs et l’intensification de la #répression à leur encontre.

    La SNLMI, validée en 2023 afin de lutter contre le phénomène d’ampleur de l’immigration clandestine au Sénégal, s’axe sur cinq volets : #prévention et #sensibilisation, répression des #filières_de_passeurs, gestion et #surveillance_des_frontières, #protection, retour et #réintégration des migrants. C’est pour coordonner toute ses actions que la CILMI a été créé en 2024 par le président de la République du Sénégal.

    L’accent est notamment mis sur la prévention pour dissuader les jeunes Sénégalais de partir clandestinement. Plusieurs campagnes de sensibilisation sont menées dans le pays depuis le début de l’année et des comités départementaux et régionaux de #lutte_contre_la_migration_irrégulière ont également été mis sur pied pour « impliquer les communautés dans cette #prévention ».

    https://x.com/Min_Interieur/status/1889799947647959160

    Le secrétaire permanent a insisté sur « la nécessité d’aller au-delà du volet sécuritaire » et d’"offrir aux jeunes et aux femmes des alternatives crédibles pour bâtir un avenir au Sénégal". Des #programmes_économiques générateurs de #revenus sont aussi en cours de déploiement dans le pays pour tenter de dissuader la population de prendre la route de l’exil.

    Une route très empruntée, mais très meurtrière

    Depuis une dizaine d’années, la route migratoire au départ des côtes ouest-africaines pour rejoindre les îles Canaries, en Espagne, est devenue l’un des principaux itinéraires empruntés par les migrants subsahariens. Après un record en 2024, le nombre d’arrivées a fortement chuté cette année. Selon le ministère de l’Intérieur espagnol, 12 126 exilés sont arrivés aux #Canaries depuis janvier par pirogues, contre 25 571 sur la même période l’année dernière. Soit une baisse de 52,6%.

    En 2024, le Sénégal est devenu le second pays de départ vers cette destination selon le rapport de la Sécurité nationale espagnole. Si les départs sont moins nombreux cette année depuis les côtes sénégalaises en raison des mesures répressives et sécuritaires adoptées, cela ne signifie pas pour autant que les pirogues ne partent plus. La route de l’Atlantique s’est simplement déplacée plus au nord faisant désormais de la #Mauritanie, le principal lieu de départ des personnes désireuses de gagner les Canaries. La route au départ de la #Guinée est aussi de plus en plus utilisée par les migrants.

    Dans un pays touché par un #chômage_de_masse et une #crise_économique ainsi que par la raréfaction des #poissons due à la #surpêche, des milliers de jeunes Sénégalais tentent de traverser l’Atlantique pour rejoindre les Canaries, prenant des #risques énormes. Il faut au moins cinq jours de navigation pour parcourir les 1 500 km qui séparent le pays de l’archipel, dans des conditions décrites comme terribles par les survivants, à la merci de la faim et la soif, du soleil, des intempéries et des avaries.

    Cela en fait l’une des routes les plus meurtrières avec de fréquents naufrages recensés. L’un des derniers drames en date remonte au 28 août. Partie de Gambie avec plus 160 personnes à bord, toutes gambiennes et sénégalaises, une pirogue a fait naufrage au large de la Mauritanie. Au moins 69 corps ont été repêchés et seuls 17 migrants ont pu être secourus.

    Plus de 10 400 migrants sont morts ou ont disparu en mer en tentant de rejoindre l’Espagne en 2024, selon l’ONG Caminando Fronteras. Un chiffre sous-estimé car de nombreuses embarcations perdues en mer ne sont jamais retrouvées. Au cours des cinq premiers mois de 2025, un total de 1 482 décès a été comptabilisé par l’ONG sur cette route.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/66735/senegal--plus-de-1-900-migrants-interpelles-au-1er-trimestre-2025
    #statistiques #chiffres #2025 #migrations #réfugiés #route_atlantique #dissuasion #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #frontières #externalisation
    ping @6donie

  • Une immense #mine pollue la #Bretagne, l’État ferme les yeux

    Des analyses réalisées par le média breton Splann ! révèlent comment la mine à ciel ouvert de #Glomel, en Bretagne, contamine son environnement aux métaux toxiques. Cette année, l’État a prolongé son exploitation de vingt ans.

    Des ruisseaux, des tourbières, des prairies humides... La commune de #Glomel, dans le centre de la Bretagne, étendue sur près de 80 km2, abrite la #réserv_ naturelle régionale des #landes et #marais de Glomel, ainsi que deux sites #Natura_2000 et plusieurs zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique.

    Le paradoxe est qu’elle abrite aussi la plus grande mine à ciel ouvert en activité de l’Hexagone : sur place, la multinationale #Imerys peut extraire chaque année jusqu’à 1,5 million de tonnes de roches et raffine dans ses deux usines un quart de la production mondiale d’#andalousite.

    La « #Damrec » comme on dit ici en référence à l’ancien nom d’Imerys, est longtemps passée inaperçue. Déjà, qui connaît l’andalousite, ce minéral résistant aux très hautes températures ? On le retrouve sous forme d’additif dans les bétons ou les peintures, dans les blocs moteurs de camions ou dans les fours de toute l’industrie, de la métallurgie au nucléaire. Mais si l’andalousite est couramment utilisée par la grande industrie pour ses propriétés réfractaires, nous n’avons jamais directement affaire à elle.

    D’autre part, le site de Glomel est resté d’autant plus discret qu’il n’est, aux yeux de l’administration, qu’une carrière : on imagine un modeste carreau au bord d’une route déserte, quelques camions. Sauf que…

    Sauf qu’il s’agit bel et bien d’une mine avec ses immenses cratères, ses usines, ses bassins de décantation remplis d’eau acide et ses montagnes de #déchets qui avancent dans le paysage, avalant les champs, les fermes et les chemins. Tout ceci inquiète nombre de riverains, qui voient se multiplier les cas de #cancer et se demandent ce qu’il restera des zones humides, des sources et des captages dans cet avenir où rien ne sera plus précieux que l’eau.

    Un trou grand comme quinze terrains de football

    Mais Imerys compte bien aller au bout de ce #gisement. Après une enquête publique houleuse et d’âpres débats, l’État vient de l’autoriser à poursuivre l’exploitation jusqu’en 2044 en creusant une quatrième #fosse_d’extraction : un trou grand comme quinze terrains de football et aussi profond que cinq immeubles parisiens empilés.

    Sur le site internet d’Imerys Glomel, on lit qu’« une des priorités du site concerne la gestion des rejets aqueux […] dans les rivières, zones humides et nappes souterraines alentour ». L’enjeu est de taille, puisqu’en aval de la mine se trouve la réserve naturelle régionale de #Magoar_Penvern. Puis, à 6 km du site industriel, un premier captage d’eau potable dans l’#Ellé alimente les 6 000 habitants des communes voisines.

    Dans le #Kergroaz, un minuscule #ruisseau qui serpente dans le sous-bois, Imerys rejette chaque année environ 1,5 million de mètres cubes d’#eaux_usées. Ces eaux sont traitées, et les exigences de la préfecture ont conduit l’entreprise à investir récemment dans une unité destinée à limiter la quantité de #manganèse et de #fer dans ses rejets. Mais même après traitement, ils contiennent des quantités très importantes de contaminants : la préfecture des Côtes-d’Armor autorise le site à rejeter chaque jour dans ses eaux usées jusqu’à 9 kg d’#hydrocarbures et, entre autres, jusqu’à 11 kg par jour au total de #cobalt et de #nickel, des métaux cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

    Pourtant, Imerys assure n’avoir « aucun impact sur les eaux » et a financé une étude sur cinq ans de l’état écologique du #Crazius, où se jette le Kergroaz. Cette étude payée par l’industriel conclut à un « bon état » du cours d’eau pour certains paramètres, mais ce qui frappe, c’est que les métaux les plus toxiques émis par le site ne semblent pas avoir été recherchés dans le cours d’eau.

    Pourquoi s’intéresser à la présence de fer et d’#aluminium, et non à des contaminants bien plus redoutables comme l’#arsenic, le #cadmium, le cobalt ou le nickel, qui sont par ailleurs présents dans les déchets de cette mine ? Interrogé, Imerys n’a pas souhaité répondre à nos questions. Pour y voir plus clair, Splann ! a décidé de faire analyser les sédiments du Crazius.

    En juillet puis en septembre, Splann ! a prélevé plusieurs jeux d’échantillons de sédiments dans le lit du ruisseau d’abord en amont du point de rejet de la mine, pour disposer d’un échantillon « témoin » ; puis dans un deuxième temps au niveau où Imerys rejette ses eaux usées ; et finalement à 2 km de là en aval dans le même cours d’eau, dans la réserve naturelle régionale.

    Des concentrations en nickel jusqu’à 60 fois supérieures à la valeur guide

    Ces sédiments ont été analysés par un laboratoire accrédité Cofrac. Les résultats de ces analyses ont été interprétés avec l’aide de Frédéric Gimbert, spécialiste des pollutions minières et chercheur en écotoxicologie au Centre nationale de la recherche scientifique (CNRS) de Besançon.

    Alors que les sédiments du prélèvement témoin, en amont, ne présentent aucune contamination, au niveau du point de rejet d’Imerys, les concentrations en nickel sont jusqu’à 60 fois supérieures à la valeur guide pour un bon état écologique des sédiments d’eau douce. Les concentrations en cobalt sont jusqu’à 20 fois supérieures à cette valeur. Les analyses révèlent aussi la présence de métaux toxiques qu’Imerys n’est pas censé déverser : les sédiments contiennent quatre fois la valeur guide pour l’arsenic et une teneur anormale en cadmium, tous deux également cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

    « De telles quantités de contaminants présentent manifestement un #danger et un #risque pour l’#environnement, dit Frédéric Gimbert. Il faudrait également rechercher ces mêmes contaminants dans les #sols où se déposent les #poussières issues de l’activité minière et conduire plus largement une étude d’évaluation des risques, pour l’environnement, mais aussi pour la #santé_publique. »

    Nos analyses révèlent également que la contamination s’étend au-delà du périmètre immédiat de la mine. À 2 kilomètres en aval du site, au cœur de la réserve naturelle régionale de Magoar Penvern, les concentrations en cobalt et en nickel sont plus de dix fois supérieures aux valeurs guides pour un cours d’eau en bon état écologique.

    Un #captage d’#eau_potable en aval de la mine

    Qu’en est-il à 6 km en aval, dans la rivière Ellé, où #Eau_du_Morbihan prélève une partie de l’eau qui sera ensuite traitée pour être distribuée aux communes voisines ? Pour le savoir, notre équipe s’est rendue à #Toultreincq, qui signifie « trou saumâtre » en breton, dont l’usine de potabilisation est justement en pleins travaux. Une toute nouvelle unité de traitement est en construction pour un coût de 6 millions d’euros d’argent public.

    « La pollution de l’eau par la mine ? C’est simple : ce n’est pas un sujet. Il n’y a aucun problème », déclare, dès le début de notre visite, #Dominique_Riguidel, le directeur d’Eau du Morbihan qui s’est déplacé en personne pour nous le dire. L’ouverture de nouveaux captages d’eau souterraine permettront de « diversifier les ressources et de limiter les prélèvements dans l’Ellé », explique-t-il. C’est-à-dire précisément à limiter la dépendance au captage de Pont Saint-Yves, sur l’Ellé, en aval de la mine.

    Mais le directeur d’Eau du Morbihan est formel : tout ceci n’a aucun rapport avec le fait qu’Imerys rejette chaque année 1,5 million de mètres cubes d’eaux usées contenant des sulfates, des hydrocarbures et des métaux lourds en amont de ce captage. « La nouvelle unité permettra de mieux traiter les pesticides et les médicaments », justifie-t-il.

    Un ingénieur chimiste, expert en contaminations pour des organismes de santé publique, s’interroge : « J’ai du mal à croire que tous ces travaux n’aient aucun rapport avec l’agrandissement de la mine. Vu l’argent que ça coûte de changer une installation, ça ne se fait pas sans raison objective. Et il n’est pas courant d’avoir de tels traitements de l’eau en tête de bassin versant, où elle est normalement moins polluée. »

    Pour connaître la qualité de l’eau sur l’Ellé, en aval de la mine, le plus simple est de s’adresser à l’agence régionale de santé (ARS), qui surveille les captages. Nous lui avons demandé de nous communiquer les analyses de l’eau captée en aval de Glomel.

    « Il n’existe pas de contrôle sanitaire sur la ressource “Pont Saint-Yves” exclusivement », a répondu l’ARS. Le captage d’eau le plus exposé aux pollutions de la mine ne serait donc pas surveillé : l’agence publique ne contrôle pas la qualité des eaux brutes qu’après qu’elles ont été mélangées à la station de traitement. Une fois dilués dans les eaux prélevées ailleurs, les contaminants d’Imerys passent inaperçus. Ce qui pousse certains riverains désabusés à résumer ainsi la situation : « La mine de Glomel utilise la réserve naturelle régionale comme station d’épuration » pour traiter ses effluents chargés en métaux toxiques. « Mais si la contamination continue d’augmenter, explique l’ingénieur chimiste, l’eau de ce captage risque de ne plus être utilisable pour produire de l’eau potable. »

    Les déchets miniers ont contaminé les #eaux_souterraines

    « Quand j’étais ado, par une chaude journée d’été, je m’amusais à repérer les plans d’eau des environs sur les photos satellites. J’ai découvert un lagon bleu à Glomel. J’ai demandé à ma mère : “pourquoi on n’est jamais allées s’y baigner ?” » Voilà comment Camille a découvert la mine de Glomel : un espoir de baignade. Espoir déçu : le lac de 12 hectares dont elle parle, une ancienne fosse d’extraction, recueille en continu des #eaux_acides et les boues de traitement des usines du site.

    Une autre riveraine se rappelle : « Pendant une réunion en 2022, j’ai demandé ce que contenait cette fosse qu’on appelle “la fosse 2”. Imerys m’a répondu “du mica et des oxydes de fer”. » Pas de quoi s’inquiéter, donc, Camille aurait pu s’y baigner. Mais dans un tableau perdu dans les 3 000 pages du dossier d’enquête publique, on apprend que ces boues contiennent de fortes concentrations de cadmium, de #chrome, de cobalt, de nickel et de plomb : des métaux dits « lourds », cancérigènes, neurotoxiques et reprotoxiques.

    Les boues de cette fosse contiennent aussi les produits chimiques utilisés dans l’usine. Lors d’une réunion publique, les porte-parole de l’entreprise ont assuré que « le procédé d’extraction ne fait pas intervenir de composés chimiques ». Pourtant, les documents de l’enquête publique indiquent que les usines de Glomel utilisent 75 tonnes par an de substances nocives pour l’environnement et la santé.

    Par exemple, le #méthyl-isobutyl_carbinol, un #solvant dangereux pour les #nappes_souterraines, l’#acrylamide, cancérigène, mutagène et reprotoxique, le #sulfonate_de_sodium et l’#amylxanthate, toxiques pour la vie aquatique.

    Chaque année, une trentaine de tonnes de ces produits sont déversées dans le « joli lac ». Imerys affirme que la fosse est « étanche », mais aucune membrane n’empêche ces boues acides de s’infiltrer dans les eaux souterraines. Et il en va de même dans tous les autres espaces du site où sont entreposées ces boues : la « fosse no 1 » (2 millions de m3) et « l’ancienne digue » (900 000 m3).

    Les contaminants de ces déchets toxiques ont commencé à migrer vers les eaux souterraines : c’est ce qu’indiquent certains éléments qu’Imerys a communiqués à l’administration. L’un des appareils de mesure de l’industriel relève que les taux de contaminants ont explosé entre 2012 et 2021.

    Ainisi, les déchets de la mine contiennent des concentrations importantes de nickel, un métal qui provoque des cancers du poumon et des sinus et des maladies cardiovasculaires. Or, sous le site minier, les eaux souterraines contiennent quarante fois la teneur en nickel maximale autorisée pour les eaux brutes destinées à la consommation. Les autres contaminants (cobalt, cadmium, arsenic, produits chimiques…) susceptibles d’avoir migré vers la nappe ne semblent pas surveillés.

    En juin 2024, en prolongeant l’exploitation de vingt ans, les services de l’État ont autorisé l’entreprise à générer au total environ 12 millions de m3 de déchets supplémentaires, autant de déchets qui seront entreposés sur place et qui sont censés ne pas entrer en contact avec les eaux souterraines pour les décennies et les siècles à venir. Alors que jusqu’ici, Imerys n’a pas réussi à empêcher la contamination des eaux souterraines.

    Qui traitera les eaux acides en l’an 2150 ?

    En 2044, en théorie, l’extraction d’andalousite sera terminée et viendra le temps de la « remise en état », comme on dit. Mais la roche exploitée à Glomel a une particularité : elle contient de la #pyrite, c’est-à-dire du #soufre. Quand la roche mise à nu par l’extraction ou les déchets miniers du site rencontrent de l’eau (la pluie par exemple), cette eau se transforme naturellement en #acide_sulfurique et entraîne vers l’aval les contaminants présents dans la roche. C’est ce qu’on appelle le drainage minier acide, l’une des pollutions les plus redoutables liées à l’activité minière.

    Actuellement, toutes les eaux qui ruissellent sur le site sont collectées et traitées par lmerys pour perdre leur acidité. Qui va traiter ces #eaux_de_ruissellement dans un siècle pour empêcher cette marée acide de contaminer le bassin de l’Ellé ? Dans les documents de l’enquête publique, Imerys assure qu’après la #remise_en_état, « les eaux pluviales ne seront plus susceptibles de s’acidifier ». Les montagnes de déchets seront « étanchéifiées » avec une couche de résidus miniers très fins puis quelques centimètres de terre. L’entreprise assurera un suivi du site pendant dix ans après la fin de l’activité.

    On sait pourtant que le drainage minier acide est sans limite de temps, comme le rappelle l’association de géologues miniers SystExt. À #Chessy-les-Mines, dans le Rhône, un gisement riche en pyrite a été exploité depuis le Moyen Âge. La mine a fermé après un effondrement dans la galerie principale, survenu en 1877. Un rapport confidentiel du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) publié en 2019, que Splann ! s’est procuré, décrit le traitement des eaux acides mis en place à #Chessy.

    L’État a constaté que ces #eaux_minières, quoique traitées « depuis 130 ans », étaient trop polluantes, si bien qu’il a dû y construire une toute nouvelle station de traitement en 2005. Le drainage minier acide de Chessy dure donc depuis 150 ans sans que, d’après le rapport, l’#acidité ou les concentrations de métaux dans les eaux n’aient baissé au cours du temps.

    Des eaux acides dont devront s’occuper les générations suivantes

    À Chessy, le problème se pose sur 20 hectares ; à Glomel, il se poserait sur 265 hectares. La création d’une nouvelle fosse et de nouveaux stockages de déchets augmentent d’autant la quantité d’eaux acides dont auront à s’occuper les six ou sept générations à venir.

    « Les pollutions minières du passé posent des problèmes insurmontables, et l’État, qui doit les gérer tant bien que mal, le sait très bien, dit Dominique Williams, membre d’Eau et rivières de Bretagne. Pourtant, il reproduit les mêmes erreurs à une échelle dix fois supérieure. Les services de la préfecture ont délivré cette autorisation sans prendre la mesure de l’ampleur de cette pollution ».

    La préfecture des #Côtes-d’Armor et la direction régionale de l’environnement ont été alertées de la contamination aux #métaux_lourds que révèle notre enquête, et des problèmes soulevés par l’étendue considérable du #drainage_minier_acide après la fermeture du site. La Région Bretagne a elle aussi « soumis ces informations à l’État afin qu’il puisse répondre aux inquiétudes exprimées » tout en indiquant à Splann ! qu’elle prenait « au sérieux l’alerte émise » sur la pollution de la réserve naturelle régionale.

    Or, malgré nos sollicitations, l’État ne s’est pas exprimé. Quant au groupe Imerys, notre rédaction lui a donné la possibilité de revenir sur ses déclarations concernant l’absence de métaux lourds et d’impact sur les eaux : il n’a pas souhaité nous répondre. L’extension de la mine est d’ores et déjà contestée devant la #justice. Fin octobre, l’association Eau et rivières de Bretagne a déposé un recours contre l’ouverture de la nouvelle fosse au tribunal administratif de Rennes.

    IMERYS PARLE EMPOUSSIÈREMENT

    « Vous voyez cette poussière ? Nos animaux la boivent dans leurs abreuvoirs, nos enfants la respirent », s’inquiète une habitante de Glomel, femme d’agriculteur. Sur l’avant-toit de sa maison, la gouttière que montre Émilie (le prénom a été modifié) est tapissée d’un dépôt noir épais de plusieurs centimètres. « Je l’ai nettoyé, mais il n’a mis que quelques mois à revenir », explique-t-elle.

    En plus des trois usines du site, le principal responsable de cette poussière s’appelle le « Sabès » : une montagne de résidus de trente mètres de haut occupant l’équivalent d’une cinquantaine de terrains de football. Quand le vent souffle, ces poussières forment un panache qui saupoudre la campagne.

    À force de plaintes, l’État a demandé à Imerys de poser des jauges « Owen » dans les hameaux voisins, des récipients en plastique juchés sur des poteaux. Selon l’entreprise, la « mesure des retombées de poussière à proximité du site » n’indique « aucun dépassement des seuils réglementaires ». Elle omet simplement de dire que seule la quantité de poussière est mesurée, et pas sa qualité. Sur ce point, Imerys a affirmé aux habitants que « les poussières de la mine se composent principalement d’aluminium ».

    Dans un document du groupe, on peut même lire que « les résidus sableux stockés sur le Sabès sont constitués de sables fins propres. Ils ne contiennent aucun produit chimique ». La véritable composition de ces résidus miniers qui forment ces poussières, bien plus inquiétante, est renseignée quelque part dans les 3 000 pages du dossier d’enquête publique. On y trouve le même cortège de métaux cancérigènes que dans les sédiments analysés par Splann ! : chrome, nickel, arsenic, plomb…

    Certains habitants relient l’activité de la mine, et en particulier ces poussières, à ce qu’ils considèrent comme une épidémie de cancers dans le voisinage du site. Jean-Yves Jego, éleveur dans un hameau voisin et conseiller municipal d’opposition à Glomel, se souvient d’une remarque de l’agent de la Mutualité sociale agricole, quand il a créé son élevage de chèvres en 2011 : « À moitié pour plaisanter, il m’a demandé : “Vous êtes sûr que vous voulez vous installer ici ? Il y a eu trois jeunes hommes morts du cancer à proximité !” »

    https://reporterre.net/Une-immense-mine-pollue-la-Bretagne-l-Etat-ferme-les-yeux
    #pollution #contamination #métaux_lourds #eau #extractivisme #France

  • Les #parcs africains ou l’histoire d’un #colonialisme_vert

    Derrière le mythe d’une Afrique #sauvage et fascinante se cache une histoire méconnue : celle de la mise sous cloche de la #nature au mépris des populations, orchestrée par des experts occidentaux. L’historien #Guillaume_Blanc raconte.

    Vous avez longuement enquêté sur les politiques de #protection_de_la_nature mises en place en #Afrique depuis la fin du XIXe siècle. Comment, dans l’esprit des experts occidentaux de la conservation de la nature, a germé cette idée que le continent africain constituait le dernier éden sauvage de la planète, qu’il s’agissait de préserver à tout prix ?

    Guillaume Blanc1 Mon enquête historique s’appuie en effet sur plus de 130 000 pages de documents issus de 8 fonds d’archives répartis entre l’Europe et l’Afrique. Pour comprendre ce mythe de la nature sauvage, il faut se mettre à la place des #botanistes et des #forestiers qui partent tenter l’aventure dans les #colonies à la fin du XIXe siècle, et laissent derrière eux une Europe radicalement transformée par l’industrialisation et l’urbanisation. En arrivant en Afrique, ils sont persuadés d’y retrouver la nature qu’ils ont perdue chez eux.

    Cette vision est en outre soutenue par un ensemble d’œuvres relayées par la grande presse. C’est par exemple #Winston_Churchill qui, en 1907, publie Mon voyage en Afrique, dans lequel il décrit le continent africain comme un « vaste jardin naturel » malheureusement peuplé d’« êtres malhabiles ». Dans les années 1930, c’est ensuite #Ernest_Hemingway qui évoque, dans Les Neiges du Kilimandjaro, un continent où les #big_five – ces mammifères emblématiques de l’Afrique que sont le #lion, le #léopard, l’#éléphant, le #rhinocéros noir et le #buffle – régneraient en maîtres. Depuis, le #mythe de cette Afrique édénique a perduré à travers les reportages du #National_Geographic et de la BBC ou, plus récemment, avec la sortie du célèbre film d’animation #Le_Roi_Lion.

    Qui sont les principaux acteurs des politiques de protection de la nature en Afrique, depuis les premières réserves de faune sauvage jusqu’à la création des parcs nationaux ?
    G. B. En Afrique, la création des #réserves_de_chasse à la fin du XIXe siècle par les colonisateurs européens vise surtout à protéger le commerce des troupeaux d’éléphants, déjà largement décimés par la #chasse. À partir des années 1940, ces #réserves deviennent ensuite des espaces dédiés presque exclusivement à la contemplation de la #faune_sauvage – une évolution qui témoigne d’une prise de conscience de l’opinion publique, qui considère comme immoral le massacre de la grande #faune.

    Les principaux acteurs de cette transformation sont des écologues administrateurs, à l’image de #Julian_Huxley, le tout premier directeur de l’#Unesco, nommé en 1946. On peut également citer #Edgar_Worthington, qui fut directeur scientifique adjoint du #Nature_Conservancy (une orga­ni­sa­tion gouvernementale britannique), ou l’ornithologue #Edward_Max_Nicholson, l’un des fondateurs du #World_Wildlife_Fund, le fameux #WWF. À partir des années 1950, ces scientifiques issus de l’administration impériale britannique vont s’efforcer de mettre la #science au service du gouvernement, de la nature et des hommes.

    À l’époque coloniale, la nature africaine semble toutefois moins menacée qu’elle ne l’est aujourd’hui. N’y a-t-il pas comme une forme de contradiction de la part des experts de la conservation à vouloir présenter ce continent comme le dernier éden sauvage sur Terre et, dans le même temps, à alerter sur le risque d’extinction de certaines espèces ?
    G. B. Si on prend l’exemple des éléphants, ce sont tout de même 65 000 animaux qui sont abattus chaque année à la fin du XIXe siècle en Afrique de l’Est pour alimenter le commerce de l’#ivoire. À cette époque, les administrateurs coloniaux sont pourtant incapables de réaliser que le massacre auquel ils assistent relève de leur propre responsabilité. Car, tout autour des espaces de protection qu’ils mettent en place pour protéger la nature, la destruction des #ressources_naturelles se poursuit – ce sont les #plantations de #cacao en #Côte_d’Ivoire qui empiètent toujours plus sur la #forêt_tropicale, ou le développement à grande échelle de la culture du #café en #Tanzanie et au #Kenya.

    À mesure que ce #capitalisme_extractiviste s’intensifie, la protection de la faune et de la flore se renforce via la multiplication des #zones_protégées. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ceux qui entendent préserver la nature en établissant des réserves de chasse, puis des parcs nationaux, sont aussi ceux qui la détruisent en dehors de ces espaces de protection.

    Une initiative baptisée « #Projet_spécial_africain » illustre bien cette vision de la nature africaine. En quoi consiste cette grande #mission_écologique, largement promue par les experts internationaux de la conservation ?
    G. B. Le Projet spécial africain est lancé à Varsovie en 1960 par l’#Union_internationale_pour_la_conservation_de_la_nature (#UICN), sous l’égide des Nations unies. En septembre 1961, une grande conférence internationale est organisée à Arusha, en Tanzanie, afin de promouvoir les programmes de conservation auprès des dirigeants africains arrivés au pouvoir après les indépendances. Elle réunit une centaine d’experts occidentaux ainsi qu’une trentaine de dirigeants africains.

    D’un commun accord, ces derniers déclarent vouloir poursuivre les efforts accomplis par les colons européens dans les parcs nationaux africains qui ont vu le jour depuis la fin des années 1920. Pour, je cite, « aider les gouvernements africains à s’aider eux-mêmes », des experts internationaux sont alors envoyés en Afrique. Le Projet spécial africain, qui se poursuivra jusqu’à la fin des années 1970, prend donc la forme d’une alliance entre les dirigeants africains et les experts internationaux.

    Dans le livre que vous avez publié il y a peu, La Nature des hommes, vous rappelez que les institutions internationales ont fortement incité les pays africains à exclure leurs populations des territoires de ce qui allait devenir les parcs nationaux…
    G. B. Parmi les institutions impliquées, il y a, d’un côté, les agences des Nations unies comme l’Unesco et la FAO, mais aussi des organisations non gouvernementales comme l’UICN, le WWF ou la Fauna & Flora International (FFI). Ces deux grandes catégories d’institutions ont tout d’abord servi de machine à reconvertir les administrateurs coloniaux en experts internationaux de la conservation. Ce sont elles qui vont ensuite imposer les mesures conservationnistes à l’intérieur des parcs.

    La FAO va, par exemple, conditionner son aide au Kenya, à l’Éthiopie ou à la Tanzanie pour l’achat de matériel agricole à l’acceptation des règles édictées par l’Unesco – à savoir que soient expulsées les populations qui vivent dans les parcs pour préserver les grands mammifères. C’est donc un véritable système international qui se met en place, dans lequel les agences des Nations unies vont avoir recours à des experts qu’elles vont mandater auprès de l’UICN, du WWF ou de la #FFI.

    Dans les années qui suivent la #décolonisation, les dirigeants africains participent eux aussi à cette #mythification d’un continent foisonnant de vie, car préservé des activités humaines. Quelle est leur part de responsabilité dans la construction de cet #imaginaire ?
    G. B. S’ils n’ont pas choisi ce cadre culturel imposé par les experts internationaux de la conservation, selon lequel l’Afrique serait le dernier refuge mondial de la faune sauvage, ils savent en revanche le mettre au service de leurs propres intérêts. Au #Congo, rebaptisé Zaïre en 1971 par le président Mobutu, ce dernier explique lors d’une conférence de l’UICN qui se tient à Kinshasa que son pays a créé bien plus de parcs que le colonisateur belge qui l’a précédé.

    En 1970, soit près de 10 ans après son indépendance, la Tanzanie a de son côté quadruplé son budget dédié aux parcs nationaux, sous l’impulsion de son Premier ministre #Julius_Nyerere, bien conscient que le parc national représente une véritable #opportunité_économique. Si Julius Nyerere n’envisage pas de « passer (s)es vacances à regarder des crocodiles barboter dans l’eau », comme il l’explique lui-même dans la presse tanzanienne, il assure que les Occidentaux sont prêts à dépenser des millions de dollars pour observer la faune exceptionnelle de son pays. Julius Nyerere entend alors faire de la nature la plus grande ressource économique de la Tanzanie.

    Certains responsables politiques africains mettent aussi à profit le statut de parc national pour contrôler une partie de leur population…
    G. B. Pour une nation comme l’Éthiopie d’#Hailé_Sélassié, la mise en parc de la nature donne la #légitimité et les moyens financiers pour aller planter le drapeau national dans des territoires qui échappent à son contrôle. Lorsque l’UICN et le WWF suggèrent à l’empereur d’Éthiopie de mettre en parc différentes régions de son pays, il choisit ainsi le #Simien, dans le Nord, une zone de maquis contestant le pouvoir central d’Addis-Abeba, l’#Awash, dans l’Est, qui regroupe des semi-nomades vivant avec leurs propres organisations politiques, et la #vallée_de_l’Omo, dans le Sud, où des populations circulent librement entre l’Éthiopie et le Kenya sans reconnaître les frontières nationales.

    En Afrique, la mise sous protection de la nature sauvage se traduit souvent par l’#expulsion des peuples qui vivent dans les zones visées. Quelles sont les conséquences pour ces hommes et ces femmes ?
    G. B. Ce #déplacement_forcé s’apparente à un véritable tremblement de terre, pour reprendre l’expression du sociologue américain Michael Cernes, qui a suivi les projets de #déplacement_de_populations menés par les Nations unies. Pour les personnes concernées, c’est la double peine, puisqu’en étant expulsées, elles sont directement impactées par la création des parcs nationaux, sans en tirer ensuite le moindre bénéfice. Une fois réinstallées, elles perdent en effet leurs réseaux d’entraide pour l’alimentation et les échanges socio-économiques.

    Sur le plan environnemental, c’est aussi une catastrophe pour le territoire d’accueil de ces expulsés. Car, là où la terre était en mesure de supporter une certaine densité de bétail et un certain niveau d’extraction des ressources naturelles, la #surpopulation et la #surexploitation de l’#environnement dont parlent les experts de la conservation deviennent réalité. Dans une étude publiée en 20012, deux chercheurs américain et mozambicain ont tenté d’évaluer le nombre de ces expulsés pour l’ensemble des parcs nationaux d’Afrique. En tenant compte des lacunes statistiques des archives historiques à ce sujet, les chercheurs ont estimé qu’entre 1 et 14 millions de personnes avaient été contraintes de quitter ces espaces de conservation au cours du XXe siècle.

    Depuis la fin des années 1990, les politiques globales de la #conservation_de_la_nature s’efforcent d’associer les populations qui vivent dans ou à côté des #aires_protégées. Comment se matérialise cette nouvelle philosophie de la conservation pour les populations ?
    G. B. Cette nouvelle doctrine se traduit de différentes manières. Si l’on prend l’exemple de l’#Ouganda, la population va désormais pouvoir bénéficier des revenus du #tourisme lié aux parcs nationaux. Mais ceux qui tirent réellement profit de cette ouverture des politiques globales de conservation sont souvent des citadins qui acceptent de devenir entrepreneurs ou guides touristiques. Les habitants des parcs n’ont pour leur part aucun droit de regard sur la gestion de ces espaces protégés et continuent de s’y opposer, parfois avec virulence.

    En associant les populations qui vivent dans ou à proximité des parcs à la gestion de la grande faune qu’ils abritent, la conservation communautaire les incite à attribuer une valeur monétaire à ces animaux. C’est ce qui s’est produit en #Namibie. Plus un mammifère est prisé des touristes, comme l’éléphant ou le lion, plus sa valeur pécuniaire augmente et, avec elle, le niveau de protection que lui accorde la population. Mais quid d’une pandémie comme le Covid-19, provoquant l’arrêt de toute activité touristique pendant deux ans ? Eh bien, la faune n’est plus protégée, puisqu’elle n’a plus aucune valeur. Parce qu’il nie la singularité des sociétés auxquelles il prétend vouloir s’adapter, le modèle de la #conservation_communautaire, qui prétend associer les #populations_locales, se révèle donc souvent inefficace.

    Des mesures destinées à exclure les humains des espaces naturels protégés continuent-elles d’être prises par certains gouvernements africains ?
    G. B. De telles décisions restent malheureusement d’actualité. Les travaux de l’association Survival International l’ont très bien documenté au #Cameroun, en #République_démocratique_du_Congo ou en Tanzanie. En Éthiopie, dans le #parc_du_Simien, où je me suis rendu à plusieurs reprises, les dernières #expulsions datent de 2016. Cette année-là, plus de 2 500 villageois ont été expulsés de force à 35 km du parc. Dans les années 2010, le géographe américain Roderick Neumann a pour sa part recensé jusqu’à 800 #meurtres liés à la politique de « #shoot_on_sight (tir à vue) » appliquée dans plusieurs parcs nationaux d’Afrique de l’Est. Selon cette doctrine, toute personne qui se trouve à l’intérieur du parc est soupçonnée de #braconnage et peut donc être abattue par les éco-gardes. Dans des pays où le braconnage n’est pourtant pas passible de peine de mort, de simples chasseurs de petit gibier sont ainsi exécutés sans sommation.

    En Europe, les règles de fonctionnement des parcs nationaux diffèrent de celles qui s’appliquent aux espaces de protection africains. Si on prend l’exemple du parc national des Cévennes, l’agriculture traditionnelle et le pastoralisme n’y sont pas prohibés, mais valorisés en tant qu’éléments de la culture locale. Comment expliquer ce « deux poids, deux mesures » dans la façon d’appréhender les espaces de protection de la nature en Europe et en Afrique ?
    G. B. Le parc national des Cévennes, créé en 1970, abrite plus de 70 % du site des Causses et Cévennes, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial depuis 2011. Or la valeur universelle exceptionnelle qui conditionne un tel classement est, selon l’Unesco, « l’agropastoralisme, une tradition qui a façonné le paysage cévenol ». C’est d’ailleurs à l’appui de cet argumentaire que l’État français alloue des subventions au parc pour que la transhumance des bergers s’effectue à pied et non pas en camions, ou bien encore qu’il finance la rénovation des toitures et des murs de bergeries à partir de matériaux dits « traditionnels ».

    En revanche, dans le parc éthiopien du Simien, la valeur universelle exceptionnelle qui a justifié le classement de ce territoire par l’Unesco est « ses #paysages spectaculaires ». Mais si les #montagnes du Simien ont été classées « en péril3 » et les populations qui y vivaient ont été expulsées, c’est, selon les archives de cette même organisation internationale, parce que « l’#agropastoralisme menace la valeur du bien ».

    À travers ces deux exemples, on comprend que l’appréciation des rapports homme-nature n’est pas univoque en matière de conservation : il y a une lecture selon laquelle, en Europe, l’homme façonne la nature, et une lecture selon laquelle, en Afrique, il la dégrade. En vertu de ce dualisme, les activités agropastorales relèvent ainsi d’une #tradition à protéger en Europe, et d’une pratique destructrice à éliminer en Afrique.

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/parcs-Afrique-colonialisme-histoire-nature-faune
    #colonialisme #animaux #ingénierie_démographique

    • La nature des hommes. Une mission écologique pour « sauver » l’Afrique

      Pendant la colonisation, pour sauver en Afrique la nature déjà disparue en Europe, les colons créent des parcs en expulsant brutalement ceux qui cultivent la terre. Et au lendemain des indépendances, avec l’Unesco ou le WWF, les dirigeants africains « protègent » la même nature, une nature que le monde entier veut vierge, sauvage, sans hommes.
      Les suites de cette histoire sont connues : des millions de paysans africains expulsés et violentés, aujourd’hui encore. Mais comment a-t-elle pu advenir ? Qui a bien pu organiser cette continuité entre le temps des colonies et le temps des indépendances ? Guillaume Blanc répond à ces questions en plongeant le lecteur au cœur d’une étrange mission écologique mondiale, lancée en 1961 : le « Projet spécial africain ».
      L’auteur raconte l’histoire de ce Projet, mais, plutôt que de suivre un seul fil narratif, il redonne vie à quatre mondes, que l’on découvre l’un après l’autre : le monde des experts-gentlemen qui pensent l’Afrique comme le dernier refuge naturel du monde ; celui des colons d’Afrique de l’Est qui se reconvertissent en experts internationaux ; celui des dirigeants africains qui entendent contrôler leurs peuples tout en satisfaisant les exigences de leurs partenaires occidentaux ; celui, enfin, de paysans auxquels il est demandé de s’adapter ou de disparaître. Ces hommes ne parlent pas de la même nature, mais, pas à pas, leurs mondes se rapprochent, et ils se rencontrent, pour de bon. Ici naît la violence. Car c’est la nature des hommes que d’échanger, pour le meilleur et pour le pire.

      https://www.editionsladecouverte.fr/la_nature_des_hommes-9782348081750
      #livre

  • #Rostrenen : comme un poison dans l’eau
    https://nantes.indymedia.org/posts/143769/rostrenen-comme-un-poison-dans-leau

    grouperenelochu.noblogs.org Rostrenen : comme un poison dans l’eau Splann ! et Médiapart nous ont révélé dernièrement que le captage de #Coadernault, qui alimente en #Eau potable les villes de #Plouguernevel et Rostrenen, avait été contaminé, à haute dose, aux #PFAS (substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées autrement appelées #polluants éternels). On…

    #cancer #Ecologie #Pollution #Santé #Vie #Blavet #Bretagne #Côtes-d'Armor #Kerne_Uhel #Kreiz_Breizh_Argoat #Local

  • La Côte d’Ivoire face au défi de l’accueil des réfugiés burkinabés
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/03/la-cote-d-ivoire-face-au-defi-de-l-accueil-des-refugies-burkinabes_6575637_3

    La Côte d’Ivoire face au défi de l’accueil des réfugiés burkinabés
    Par Morgane Le Cam (Bouna et Doropo, Côte d’Ivoire, envoyée spéciale)
    Le Burkina Faso, leur pays, n’est qu’à quinze kilomètres de là, au bout de la seule route goudronnée qui traverse Doropo, commune du nord-est de la Côte d’Ivoire. Pour la famille Sidibé, c’est une impasse. « Nous ne sommes pas près de rentrer chez nous. Nos villages ne cessent d’être attaqués par les groupes armés », raconte la vieille Aminatou, qui ne connaît pas son âge et aurait préféré rester chez elle, à Dérégoué. En mars 2024, une attaque des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), de jeunes miliciens qui agissent en supplétifs de l’armée et ciblent en particulier la communauté peule qu’ils assimilent aux djihadistes, a précipité son exode et celui de dix membres de sa famille. Ce jour-là, neuf de ses proches ont été tués.
    Depuis un an, son refuge à Doropo est une bâtisse en construction, qu’elle loue 20 000 francs CFA (30 euros). A chaque fin de mois, « on court partout, pour réunir l’argent auprès de nos proches ou en vendant certains de nos bœufs », explique-t-elle. Depuis 2021, selon l’ONU, plus de 243 000 Burkinabés ont fui leur pays pour échapper aux violences des groupes djihadistes ou de l’armée et de ses supplétifs civils. La Côte d’Ivoire est le pays voisin qui en accueille le plus : près de 70 000.
    Pour les accueillir, le gouvernement a construit deux « centres de transit ». Mais les centaines de petites baraques en béton, édifiées sur des sites clôturés en périphérie des villes de Bouna et de Ouangolodougou, ne peuvent accueillir que 12 000 personnes au total. Alors, comme les Sidibé, la plupart des réfugiés burkinabés en Côte d’Ivoire comptent sur la solidarité communautaire pour trouver un hébergement.
    Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) verse aux réfugiés burkinabés une aide mensuelle de 5 000 francs CFA (7,60 euros). Avant mai 2024, elle était de 10 000 francs CFA. « Ça couvre à peine 35 % des besoins alimentaires d’une personne. L’aide a baissé car le gouvernement ivoirien ne reconnaît pas qu’il y a une crise des réfugiés. Cela a compliqué la recherche de financements », souligne un acteur humanitaire occidental à Abidjan.
    L’annonce fin février du gel de l’aide internationale américaine est venue ajouter une difficulté financière supplémentaire pour le HCR. « C’est l’effet domino. Nous souffrons d’une baisse drastique des financements cette année. Pour l’instant, nous avons seulement 3,8 millions de dollars pour 2025, sur les 57 millions nécessaires pour mettre en œuvre nos programmes en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo, au Bénin et au Liberia », s’alarme Olivier Beer, le représentant résident du HCR en Côte d’Ivoire.
    D’un geste fébrile, Aminata Sidibé sort de son boubou un document qu’elle conserve précieusement dans une enveloppe : son laissez-passer pour bénéficier de l’aide alimentaire du HCR. Sur l’attestation, il est indiqué que la vieille femme est demandeuse d’asile, et non réfugiée. Les Burkinabés ayant fui leur pays pourraient prétendre à ce statut, plus protecteur, mais la Côte d’Ivoire refuse pour le moment de le leur accorder. « Le document est sur la table du gouvernement. Il sera signé dans les prochaines semaines », assure un cadre du HCR en Afrique de l’Ouest. Pour convaincre Abidjan, l’agence onusienne a fait valoir qu’elle « organisait le rapatriement des réfugiés et pas des demandeurs d’asile », poursuit le même cadre. Contactées, les autorités ivoiriennes n’ont pas donné suite aux sollicitations du Monde.
    Le dossier est d’autant plus délicat que le pouvoir ivoirien entretient des relations tendues avec le chef de la junte au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. Deux gendarmes ivoiriens y ont été détenus entre septembre 2023 et décembre 2024 après avoir franchi la frontière par mégarde. Des accrochages se produisent régulièrement à la frontière des deux pays, où chaque armée a renforcé ses capacités aériennes. A l’approche de l’élection présidentielle, prévue en octobre 2025, les partisans du président Alassane Ouattara craignent, en outre, de voir la question des réfugiés instrumentalisée par l’opposition. Une partie de celle-ci accuse le pouvoir ivoirien, très ancré dans le Nord, d’utiliser des allogènes comme du « bétail électoral », en enrôlant des non-nationaux sur les listes. La Côte d’Ivoire accueille officiellement au moins 6,5 millions d’étrangers et la moitié d’entre eux sont burkinabés.
    A Abidjan, la question des demandeurs d’asile relève du Conseil national de sécurité (CNS), une institution directement rattachée à la présidence. Pour obtenir le statut de demandeur d’asile, les Burkinabés sont soumis à un enregistrement biométrique. « Le gouvernement est dans une logique tout-sécuritaire. Il veut garder le contrôle à 100 %, car il redoute des infiltrations djihadistes », prévient une autre source humanitaire occidentale sur place. Tandis que le Burkina Faso s’enfonce dans la violence – plus de 28 000 morts depuis 2016 ont été recensés par l’ONG Acled – la Côte d’Ivoire a pour l’instant résisté aux tentatives de pénétration de l’hydre djihadiste.
    Depuis les dix-neuf morts de l’attentat de Grand Bassam en mars 2016, seize attaques attribuées aux islamistes armés ont été menées sur le territoire ivoirien. Toutes perpétrées dans le nord du pays, elles ont causé la mort de 24 militaires et civils, selon Acled. La dernière en date a eu lieu le 16 mars 2024 à Bolé lorsque des hommes soupçonnés d’appartenir au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida) ont kidnappé et tué le fils du chef du village.
    Si Abidjan résiste pour l’instant, la présence massive de déplacés étrangers est toutefois une source de tensions dans le Nord. Malgré l’interdiction d’entrée sur le territoire « du bétail des réfugiés » décrétée en mai 2023 par le CNS afin de « préserver la cohésion sociale », les bergers burkinabés de la communauté peule ont continué à traverser la frontière avec leurs troupeaux. Leur cheptel est leur capital. Mais l’arrivée de dizaines de milliers de têtes a déstabilisé les équilibres fragiles de la zone, où existaient déjà des conflits entre éleveurs peuls et agriculteurs de la communauté lobi.
    Assis dans son salon, à Bouna, Binsare Hien, le chef des Lobi sur place, est tourmenté. La récolte de l’anacarde vient de commencer, celle de mil bat son plein, mais les champs sont ravagés par les bœufs qui, faute d’espace de pâturage disponible, se rabattent sur ses plantations. « Les animaux des réfugiés mangent tout ce qu’on plante. Il y a de plus en plus de conflits. Pour l’instant, on arrive à les régler par nos médiations, mais on sent que la colère des agriculteurs monte. Ça risque de dégénérer. D’autant plus que ces réfugiés et leurs animaux vont rester ici longtemps », s’inquiète-t-il.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, à nouveau frères ennemis
    A Doropo, à 75 kilomètres de là, les coupures d’eau, déjà nombreuses avant l’arrivée des réfugiés, sont devenues quotidiennes, pointe également Adrahmane Dicko, le chef de la communauté peule. Les loyers et le prix des denrées alimentaires de base ont augmenté. Il faut compter « 25 000 francs CFA [38 euros] pour un sac de cent kilos de maïs contre 20 0000 francs CFA [30 euros] avant l’arrivée des réfugiés », détaille Abdrahmane Dicko, inquiet également, comme d’autres responsables communautaires du nord-est de la Côte d’Ivoire, de la hausse du banditisme. Une multiplication des vols de bétail et de braquages qu’ils attribuent à l’arrivée de réfugiés burkinabés.
    Selon une étude réalisée en décembre 2024 par les ONG Equal Access International, Seed et Indigo dans trois régions du nord de la Côte d’Ivoire auprès de 1 451 personnes, plus d’un répondant sur quatre pense qu’il y a davantage d’insécurité depuis l’arrivée des demandeurs d’asile burkinabés. Un quart des personnes interrogées estiment aussi que tous les Peuls sont impliqués ou complices des actes de banditisme et de terrorisme. Les autorités ivoiriennes savent le danger d’une mise à l’index d’une communauté et tentent d’empêcher une reproduction du drame burkinabé sur leur sol.

    #Covid-19#migrant#migrant#cotedivoire#burkinafaso#refugie#conflit#sante#HCR#insecurite

  • Symptôme d’une [paupérisation et d’une] crise du logement qui n’épargne plus personne, la demande HLM a explosé ces dix dernières années
    https://www.aefinfo.fr/depeche/713780-symptome-d-une-crise-du-logement-qui-n-epargne-plus-personne-la-deman

    Selon les dernières données communiquées par l’USH à AEF info, plus de 2 763 000 demandes de logement social étaient actives sur le Système national d’enregistrement à fin 2024. Exacerbée par une crise du logement sans fin, la demande a augmenté de 40 % en neuf ans sur le territoire national.

    #paywall #logement #logement_social #paupérisation

    • Création de logements : 2024 a été en France « la pire année depuis plus de 50 ans »
      https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/biens-d-equipement-btp-immobilier/creation-de-logements-2024-a-ete-en-france-la-pire-annee-depuis-plus-de-50

      L’année dernière, 59 000 nouveaux logements [privés] ont été livrés dans l’Hexagone. C’est moitié moins que deux ans auparavant. Une nouvelle illustration de la grave crise qui secoue l’#immobilier_neuf.

      La crise n’en finit pas. En 2024, la France a créé 59 000 nouveaux logements, soit moitié moins que deux ans auparavant. Une nouvelle illustration de la grave crise qui secoue l’immobilier neuf. Hors année du Covid, environ 125 500 logements ont été mis en vente par an en moyenne entre 2017 et 2022. En 2024, ce chiffre n’atteint plus que 59 014, soit 29 % de moins que l’année précédente, et presque moitié moins qu’en 2022, selon les données publiées ce mercredi par le ministère de l’Aménagement du territoire.

      Les particuliers ont réservé 67 906 nouveaux logements l’année passée, 5 % de moins qu’en 2023, année déjà catastrophique pour la production de nouveaux logements en raison de la hausse des coûts de construction, et des taux d’intérêt qui ont bloqué les projets d’achat immobilier de nombreux ménages. Le nombre de réservations est près de 40 % inférieur au niveau de 2022, et est moitié moins que le niveau moyen 2017-2022.

      « La pire année depuis 50 ans »

      «  Tout est à jeter en 2024, c’est la pire année depuis plus de 50 ans et le début de nos statistiques  », a réagi auprès de l’AFP Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers. «  La crise a nourri la crise  : comme on ne vendait pas, on n’a pas produit [de nouveaux logements, NDLR], donc on n’a pas acheté de terrains et on a moins de collaborateurs  », poursuit-il.
      Optimiste pour 2025, Pascal Boulanger s’inquiète néanmoins du redémarrage «  de la machine  » qui pourrait provoquer des hausses de prix  : en raison de salaires plus importants «  pour faire revenir les 5 000 collaborateurs qui ont quitté le métier  » et de surenchères sur les terrains à vendre si tous les #promoteurs se remettent «  tous à acheter du foncier  ». Au quatrième trimestre, le prix moyen au mètre carré des appartements neufs commercialisés a été de 4 756 euros, en légère hausse de 0,5 %, par rapport au trimestre précédent.

      Deux à trois ans pour se remettre

      Le nombre de nouveaux logements commercialisés entre octobre et décembre 2024 a légèrement rebondi de 6,4 % par rapport au trimestre précédent, à 14 335.
      Ce sont surtout des appartements qui ont été mis en vente au dernier trimestre (+8,1 % sur un trimestre), tandis que le nombre de maisons commercialisées a continué de ralentir, de 15,5 %.

      [...]

      Recycler les bureaux obsolètes, une première clé dans la crise du logement en Île-de-France

      Le stock de logements proposés à la vente, qui atteint un plus haut au milieu de l’année 2023, se résorbe très lentement  : 117 472 logements étaient disponibles au dernier trimestre, 3 % de moins que lors des trois mois précédents. «  On a plein de stocks, car on n’a plus du tout de réservations, mais si les réservations reprennent à une vitesse normale, on a deux fois moins d’offres que lors d’une année normale  », souligne Pascal Boulanger.

      Des mesures pour relancer le marché

      Les mesures inscrites dans le budget 2025 de l’État pourraient relancer l’achat de logements chez les particuliers, selon le porte-parole des promoteurs, même s’il ne s’attend pas à «  atteindre des sommets en 2025  ». «  Il faudra entre deux et trois ans pour remettre la machine en route  »_, prévient Pascal Boulanger.

      Sur le territoire, les zones les plus tendues en matière de logements disponible (#Paris, une grande partie de l’#Île-de-France, la #Côte d’Azur et la zone frontalière avec la Suisse) ont concentré 50,7 % des réservations et 47,2 % des mises en vente comptabilisées au quatrième trimestre. Les autres grandes agglomérations de plus de 250 000 habitants ont représenté 40,4 % des réservations et 39,4 % des mises en vente.

  • Un vaste réseau d’escroquerie piège de jeunes Ivoiriens tentés par un départ vers l’Europe - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62589/un-vaste-reseau-descroquerie-piege-de-jeunes-ivoiriens-tentes-par-un-d

    Un vaste réseau d’escroquerie piège de jeunes Ivoiriens tentés par un départ vers l’Europe
    Par RFI Publié le : 03/02/2025
    L’ambassade de Côte d’Ivoire à Abuja tire la sonnette d’alarme. Un vaste réseau d’escroquerie piège des jeunes Ivoiriens, attirés au Nigeria par la promesse trompeuse d’un départ vers l’Europe. Dans un courrier adressé au ministère ivoirien des Affaires étrangères, daté du 30 janvier et publié ce week-end, elle alerte sur le sort de plusieurs victimes. Dix d’entre elles ont réussi à échapper à leurs ravisseurs. Elles ont été rapatriées et sont attendues cet après-midi à Abidjan.
    Ils rêvaient d’un avenir meilleur en Europe. Mais leur voyage s’est arrêté brutalement au Nigeria. Un réseau bien organisé leur faisait miroiter une traversée vers l’Eldorado, moyennant entre 500 000 et 3 millions de francs CFA. Une somme conséquente pour un piège bien ficelé. Une fois sur place, les choses basculent : leurs documents administratifs sont confisqués, les contacts avec l’extérieur coupés. Piégés dans un système d’exploitation, ces jeunes se retrouvent à la merci de leurs ravisseurs. Difficile pour l’heure de savoir combien ils sont.
    Ces derniers mois, l’ambassade de Côte d’Ivoire à Abuja a recueilli plusieurs rescapés. Dix d’entre eux ont été rapatriés et devraient arriver ce lundi à Abidjan où ils seront accueillis par la direction des Ivoiriens de l’extérieur et l’OIM. Mais de nombreux autres restent bloqués au Nigeria, livrés à eux-mêmes. Dans son courrier, la représentation diplomatique s’inquiète : « De nombreux autres compatriotes se trouvent encore en situation de détresse au Nigeria, pris au piège des mêmes réseaux d’arnaque ».

    #Covid-19#migrant#migration#nigeria#cotedivoire#emigration#trafic#OIM#droit#sante#violence

  • #algues_vertes : le rapport d’autopsie du joggeur décédé en 1989 aurait été détruit
    https://splann.org/algues-vertes-autopsie-joggeur-detruit

    Le Dr Pierre Philippe a été le premier médecin lanceur d’alerte dans l’affaire des algues vertes, car il a directement été confronté à des cas d’intoxication à l’hydrogène sulfuré, aux urgences de Lannion (22). Dès 1999, il a prévenu sa tutelle et dès 2008, il a témoigné dans les médias. L’article Algues vertes : le rapport d’autopsie du joggeur décédé en 1989 aurait été détruit est apparu en premier sur Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne.

    #Pollutions #Côtes_d'Armor

  • #Intoxication minière en #Bretagne

    #Glomel : 1 400 habitants. #Imerys : 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le mastodonte de l’#industrie_minière pèse lourd dans cette petite commune des #Côtes-d’Armor. La #multinationale s’agrandit encore : elle vient d’obtenir l’autorisation d’ouvrir une nouvelle fosse, un quatrième immense cratère, à creuser sur 80 mètres de profondeur pour extraire de l’#andalousite, un matériau résistant aux hautes températures utilisé, entre autres, dans les fours industriels.

    https://splann.org/enquete/intoxication-miniere-en-bretagne
    #minières #toxicité #France #mines #extractivisme #cartographie #visualisation #argent #démocratie_locale #contamination #pollution

  • La France tente de promouvoir les « retours volontaires » en Côte d’Ivoire
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/12/04/la-france-tente-de-promouvoir-les-retours-volontaires-en-cote-d-ivoire_64298

    La France tente de promouvoir les « retours volontaires » en Côte d’Ivoire
    Quand elle nous reçoit dans son petit local à Cocody, un quartier d’Abidjan, Myriam Quanteny, 29 ans, pantalon de costume vert émeraude et chemise blanche bien repassée, ne manque pas d’activité. En France, elle était employée au service des ressources humaines d’une grande entreprise. Depuis son retour en Côte d’Ivoire, en septembre 2023, elle s’est reconvertie en entrepreneure dans la restauration.
    Myriam Quanteny fait partie des 230 « migrants de retour volontaire » en Côte d’Ivoire, selon les éléments de langage utilisés par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). S’ils ne sont que quelques dizaines à avoir choisi d’être accompagnés dans leur retour au pays, faute de titre de séjour valide dans l’Hexagone, leur parcours est mis en valeur par Paris, qui caresse l’espoir qu’il fera modèle.
    Myriam Quanteny a demandé un retour volontaire avant même de recevoir une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Les planètes de son installation en France semblaient pourtant alignées : après un master en droit du travail et en ressources humaines effectué entre la faculté de Nanterre et l’Institut des hautes études économiques et commerciales, l’entreprise où elle travaillait en CDD comme chargée de recrutement lui avait proposé de faire évoluer son contrat en CDI. Mais son visa étudiant a expiré dans l’intervalle. La jeune femme a alors perdu son travail et son logement en même temps que son titre de séjour.
    Après un an de précarité, elle a découvert en janvier 2023 le dispositif de « retour aidé » de l’OFII par une recherche Internet. Elle s’est rendue dans les locaux de l’Office, puis a reçu une convocation à la préfecture de police quelques semaines plus tard. Son retour par avion a été arrangé et la jeune femme s’est retrouvée à Abidjan, avec un pécule de 650 euros en poche et un projet « d’insertion professionnelle » à monter.
    L’OFII finance les projets de retour, incluant un encadrement dispensé par des sous-traitants, des cabinets de conseil, à hauteur de 10 000 euros maximum par personne. « On passe par toutes les étapes d’un projet entrepreneurial, détaille-t-elle : étude de faisabilité, business plan, étude de marché… Et quand le projet est mûr, on est auditionnés par un comité de l’OFII qui décide d’accorder ou non les financements et l’accès aux formations complémentaires. »
    Sur la quinzaine de personnes que comptait la promotion de Myriam Quanteny, les deux tiers ont vu leur projet validé par l’OFII, y compris sa société de restauration, L’Africaine. Les autres ne se sont pas présentés devant le comité ou n’ont pas convaincu.
    Pour tous, le défi est de rebondir vite, alors que le retour, même « volontaire », est souvent perçu comme un échec. « Surtout quand on revient avec presque rien, souligne Togny Elysée, un autre bénéficiaire. Parce que les procédures à la préfecture sont très longues et on a souvent dépensé toutes nos économies avant de prendre la décision de rentrer. »
    Lui aussi est un « bon élève » de l’OFII. Faute de trouver un poste immédiatement après sa soutenance de thèse en lettres et communication à l’université de Limoges en 2019, Togny Elysée n’a pas réussi à transformer son visa étudiant en visa de travail. Après la réception d’une OQTF, il a accepté en 2022 de rentrer en Côte d’Ivoire, suspendant ses ambitions dans la recherche ou l’enseignement pour ouvrir une société de nettoyage, Nikel Services. Il estime à 7 000 euros la somme investie par l’OFII, qui est depuis devenue l’un de ses clients. Sa petite entreprise est déjà florissante et a dépassé, depuis son lancement au mois d’avril, les 5 millions de francs CFA (7 660 euros) de chiffre d’affaires.
    Tous deux jugent que c’est « un bon dispositif que la France a mis en place ». « Ça nous est bénéfique à nous, mais c’est aussi bénéfique à la France », indique Myriam Quanteny, en laissant échapper un petit rire. Cela, les responsables de l’OFII le reconnaissent volontiers. « L’objectif pour la France est de faire baisser l’immigration irrégulière et d’augmenter les retours volontaires. Même si le retour volontaire n’exclut pas le retour contraint », souligne Didier Leschi, son directeur général, après l’inauguration en grande pompe, le 21 novembre, des locaux d’Abidjan, dont les bureaux sont encore provisoires. « Leur intérêt est d’accepter le retour volontaire. Il est quand même plus digne de revenir avec un projet entrepreneurial que les poches vides, entre deux policiers », vante-t-il, qualifiant l’OFII d’« organisme de microdéveloppement ».
    Didier Leschi reconnaît toutefois que les chiffres sont encore modestes. Depuis le lancement de son activité en juillet 2023, l’OFII à Abidjan a permis la création de 113 commerces, 12 exploitations agricoles, 42 élevages, 51 entreprises de services, pour un total de 1,21 million d’euros d’aides directes au démarrage de l’entreprise.
    De la « dentelle », admet le directeur général, mais dont l’OFII espère faire un exemple pour dissuader les candidats à l’exil de Côte d’Ivoire et, surtout, pour les immigrés sans titre de séjour en France. D’après le dernier rapport de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, la Côte d’Ivoire était le sixième pays d’origine des demandeurs d’asile en France en 2023, avec 7 130 personnes dans l’Hexagone.
    Or le retour aidé coûte nettement moins cher à la France que le retour forcé, expliquait en 2019 un rapport parlementaire des ex-députés Jean-Noël Barrot (Yvelines, MoDem), l’actuel ministre français des affaires étrangères, et Alexandre Holroyd (Français établis hors de France, Renaissance). Il en ressortait un coût moyen de 13 800 euros par éloignement forcé, contre 2 500 à 4 000 euros en moyenne par retour aidé. Dans son rapport de janvier 2024, la Cour des comptes évaluait le coût de la politique de lutte contre l’immigration irrégulière à 1,8 milliard d’euros par an, alors que la France est le pays qui procède au plus de retours forcés de l’Union européenne. « Le coût d’une journée de rétention s’élève à 602 euros, souligne le rapport de la Cour des comptes. (…) La lutte contre l’immigration irrégulière mobilise environ 16 000 fonctionnaires et militaires à temps plein, dont trois quarts sont des agents de la police aux frontières. » D’après l’institution, entre 2019 et 2022, 16 000 Ivoiriens ont été visés par une OQTF et 500 ont effectivement été expulsés.

    #Covid-19#migrant#migration#france#OFII#retour#sante#cotedivoire#eloignement#frontiere

  • 700 million plastic bottles: we worked out how much microplastic is in Queensland’s Moreton Bay

    When it rains heavily, plastic waste is washed off our streets into rivers, flowing out to the ocean. Most plastic is trapped in estuaries and coastal ecosystems, with a small fraction ending up offshore in the high seas.

    In the coastal ocean, waves and tides break down plastic waste into smaller and smaller bits. These micro and nanoplastics linger in the environment indefinitely, impacting the health of marine creatures from microorganisms all the way up to seabirds and whales, which mistake them for food.

    When we look at the scale of the problem of microplastics (smaller than 5mm) and nanoplastics (defined as 1 micrometer or less), we find something alarming. Our new research shows the shallow embayment of Moreton Bay, off Brisbane in Southeast Queensland now has roughly 7,000 tonnes of accumulated microplastics, the same as 700 million half-litre plastic bottles.

    This bay accumulates plastics fast, as the Brisbane River funnels the city’s waste into it, along with several other urban rivers. The research hasn’t yet been done, but we would expect similar rates of microplastics in Melbourne’s Port Phillip Bay and Sydney Harbour.

    Our research shows how much plastic waste from a big city makes it into its oceans.

    Plastic buildup in Moreton Bay

    What volume of microplastics does a large city accumulate offshore? It’s hard to measure this for cities built on open coastlines. That’s because sediments and microplastics are rapidly washed away from the original source by waves and currents.

    But Moreton Bay is different. The large sand islands, Moreton (Mugulpin) and North Stradbroke (Minjerribah) Islands largely protect the bay from the open ocean. This is why the bay is better described as an enclosed embayment. These restricted bays act as a trap for sediments and pollutants, as waves and currents have limited ability to wash them out. These bays make it possible to accurately measure a city’s microplastic build-up.

    The bay supports a range of marine habitats from mangroves, seagrass and coral reefs, as well as an internationally recognised wetland for migrating seabirds. Dugong and turtles have long grazed the seagrass in Moreton Bay’s shallow protected waters, while dolphins and whales are also present. But microplastic buildup may threaten their existence.

    Most types of plastic are denser than water, which means most microplastics in coastal seas will eventually sink to the seafloor and accumulate in sediment. Mangroves and seagrass ecosystems are particularly good at trapping sediment, which means they trap more microplastics.

    We wanted to determine whether Moreton Bay’s varying ecosystems had accumulated different amounts of plastics in the sediment.

    We measured the plastic stored in 50 samples of surface sediment (the top 10cm) from a range of different ecosystems across Moreton Bay, including mangroves, seagrass meadows and mud from the main tidal channels.

    The result? Microplastics were present in all our samples, but their concentrations varied hugely. We found no clear pattern in how plastics had built up. This suggests plastics were entering the bay from many sources.

    We tested for seven common plastics: polycarbonate (PC), polyethylene (PE), polyethylene terephthalate (PET), poly (methyl methacrylate) (PMMA), polypropylene (PP), polystyrene (PS), and polyvinyl chloride (PVC).

    Of these, the most abundant microplastic was polyethylene (PE). This plastic is widely used for single-use plastic items such as chip packets, plastic bags and plastic bottles. It’s the most commonly produced and used plastic in Australia and globally.

    In total, we estimate the bay now holds about 7,000 tonnes of microplastic in its surface sediments.

    In our follow-up paper we explored how rapidly these plastics had built up over time. We took two sediment cores from the central part of the bay, where sediment is accumulating. Cores like this act as an archive of sediment and environmental changes over time.

    The trend was clear. Before the 1970s, there were no microplastics in Moreton Bay. They began appearing over the next three decades. But from the early 2000s onwards, the rate rose exponentially. This is in line with the soaring rate of plastic production and use globally. Our analysis shows a direct link between microplastic concentration and population growth in Southeast Queensland.

    The challenge of measuring microplastics

    To date, we have had limited knowledge of how much plastic is piling up on shallow ocean floors. This is because measuring microplastics is challenging. Traditionally, we’ve used observation by microscope and a technique called absorption spectroscopy, in which we shine infrared light on samples to determine what it’s made up of. But these methods are time-consuming and can only spot plastic particles larger than 20 micrometres, meaning nanoplastics weren’t being measured.

    Our research team has been working to get better estimates of microplastic and nanoplastic using a different technique: pyrolysis-gas chromatography mass spectrometry. Here, a sample is dissolved in a solvent and then heated until it vaporises. Once in vapour form, we can determine the concentration of plastic and what types of plastics are present.

    This method can be used to estimate how much plastic pollution is present in everything from water to seafood to biosolids and wastewater.
    What’s next?

    It’s very likely microplastics are building up rapidly in other restricted bays and harbours near large cities, both in Australia and globally.

    While we might think microplastics are safe once buried in sediment, they can be consumed by organisms that live in the sediments. Currents, tides and storms can also wash them out again, where marine creatures can eat them.

    This is not a problem that will solve itself. We’ll need clear management strategies and policies to cut plastic consumption and improve waste disposal. Doing nothing means microplastics will keep building up, and up, and up.

    https://theconversation.com/700-million-plastic-bottles-we-worked-out-how-much-microplastic-is-

    #plastique #bouteilles_en_plastique #pollution #Queensland #Moreton_Bay #pollution_plastique #déchets #côtes #micro-plastique #nano-plastique #Australie #rivière #eau #villes #océan

    • Plastic Deposition in Sediments of Moreton Bay, Australia: A Historical Perspective and Potential Future Projections

      Since their discovery in the mid-20th century, the production and use of plastics has surged globally, resulting in large amounts of plastic waste. Some of this has landed in landfills, but a significant proportion has ended up in the ocean, contaminating marine ecosystems. However, the extent of marine plastic contamination is poorly understood. In this study, two sediment cores collected from the Central Bay of Moreton Bay, Australia, were analyzed for seven plastic polymers. The total concentration for ∑7 plastics was 8620 μg/g dw at the top of the core and decreased with core depth and sediment age, with no evidence of plastic at core depths aged earlier than 1975. Polyethylene was present at the highest concentrations (5680 μg/g dw) in the surface layer followed by polyvinyl chloride, polypropylene, and polyethylene terephthalate. Compared to factors influencing plastic abundance, the year, plastic production, and population were among the best predictors for plastic concentration in the core sediments. Projections on current findings suggest plastic concentrations in the Central Bay sediments could reach 2–4% of the sediment by 2050. An improved understanding of the types and quantities of plastic trapped in Moreton Bay will inform management to reduce plastic use and disposal to minimize future concentrations in the bay.

      https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acsestwater.4c00536

  • Emigration clandestine : 41 migrants en détresse secourus par la Marine nationale
    https://www.dakaractu.com/Emigration-clandestine-41-migrants-en-detresse-secourus-par-la-Marine-nat

    Emigration clandestine : 41 migrants en détresse secourus par la Marine nationale
    Une pirogue en partance pour l’Espagne avec à son bord 41 candidats à l’émigration irrégulière a été secourue par la Marine sénégalaise en collaboration avec le cargo Alkhudair Star au large du Maroc.D’après la note de la Dirpa sur sa page X (ex Twitter), « la Marine nationale sénégalaise a secouru 41 migrants en détresse lors d’une opération de sauvetage en relation avec le cargo ALKHUDAIR STAR qui a croisé la pirogue en panne et à la dérive au large du Maroc. Le PHM Walo a fait jonction avec le cargo pour récupérer les migrants ». Elle ajoute que « les 41 migrants clandestins, dont 12 sénégalais, 28 maliens et 1 ivoirien, ont été débarqués par le patrouilleur WALO à la base navale de Dakar, ce 28 août vers 17h 00 ».

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#migrationirreguliere#routemigratoire#maroc#mali#cotedivoire#sante

  • Face à l’afflux de migrants africains vers les côtes méditerranéennes : Le visa d’entrée au Maroc instauré pour les Ivoiriens
    https://www.dakaractu.com/Face-a-l-afflux-de-migrants-africains-vers-les-cotes-mediterraneennes-Le-

    Face à l’afflux de migrants africains vers les côtes méditerranéennes : Le visa d’entrée au Maroc instauré pour les Ivoiriens
    À l’issue d’une concertation avec les autorités marocaines, le gouvernement ivoirien vient d’engager une procédure de réinstauration du visa d’entrée au Maroc pour tous les détenteurs de passeports ordinaires ivoiriens.L’objectif étant de faire « face à l’afflux de migrants africains vers les côtes méditerranéennes, avec pour point de transit, les pays du Maghreb dont le Maroc, les États d’accueil de ces candidats à l’immigration clandestine, en collaboration avec les services compétents des Ambassades ivoiriennes, ont procédé à un profilage », a-t-on lu dans une note rendue publique.
    « Il ressort de ce profilage que la plupart de ces immigrants clandestins, sont des ressortissants étrangers se prévalant de la citoyenneté ivoirienne. A titre d’exemple, sur 14 800 migrants débarqués à Lampedusa, se présentant comme des citoyens ivoiriens, seuls quelques dizaines ont été identifiés comme ressortissants de la Côte d’Ivoire », ont déclaré les autorités ivoiriennes.
    Dans cette même note, les autorités ivoiriennes ont indiqué : « face à la découverte de réseaux parfaitement organisés, disposant de spécimens de faux passeports et des cachets contrefaits, le gouvernement ivoirien se devait de prendre des mesures, certes douloureuses pour certains de nos compatriotes, mais présentant l’avantage d’assécher les sources d’approvisionnement des réseaux de faussaires, en renforçant ipso-facto, la crédibilité du passeport ivoirien et la sécurité nationale... Il ne s’agit pas d’une réinstauration définitive de l’obligation de visa d’entrée au Maroc, mais d’une suspension temporaire du bénéfice de l’exemption de visa pour deux années au maximum, assortie d’une évaluation des effets de la mesure, au bout de la première année », a-t-on précisé.
    Avant de préciser « Cette décision ne s’applique ni aux citoyens marocains désireux de se rendre en Côte d’Ivoire, ni aux Ivoiriens détenteurs de passeports diplomatiques ou de service, ni aux titulaires de cartes de séjour marocain, ni aux bénéficiaires de visas Schengen, des Emirats Arabes Unis, des Etats-Unis d’Amérique ou du Canada ».

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#cotedivoire#visa#politiquemigratoire#sante

  • Migration : les États membres s’efforcent de transférer les procédures d’immigration à des États non membres de l’UE

    Un groupe d’États membres de l’UE, emmené par la #République_tchèque et le #Danemark, prépare une #lettre à la #Commission_européenne demandant que les migrants qui tentent d’atteindre l’UE soient transférés vers des États tiers sélectionnés avant d’atteindre les #côtes de l’Union — une procédure qui, selon les experts, risque d’être difficile à appliquer dans le cadre de la législation européenne actuelle sur l’immigration.

    Selon la lettre obtenue par les journaux tchèques, les signataires appellent à la conclusion d’#accords avec des pays tiers vers lesquels les États membres de l’UE pourraient envoyer les migrants interceptés en mer. L’ensemble de l’UE pourrait alors adopter un modèle similaire à celui conclu en novembre 2023 entre l’#Italie et l’#Albanie.

    « Là, une solution permanente pourrait être trouvée pour eux », peut-on lire dans la lettre, comme le rapporte le journal Hospodářské noviny.

    Selon ce plan, les migrants qui se dirigent vers l’Europe sans les documents nécessaires n’atteindraient même pas les côtes de l’UE, peut-on également lire dans la lettre.

    Le plan prévoit également le transfert des personnes qui se trouvent déjà dans un pays de l’UE, mais qui n’y ont pas obtenu l’asile, suggérant que ces migrants pourraient être emmenés dans un pays tiers, où ils resteraient jusqu’à ce qu’ils puissent être expulsés.

    Cette lettre a été rédigée à l’initiative du Danemark et de la République tchèque, et soutenue par plusieurs États membres. Une telle approche est soutenue par la majorité des Vingt-Sept, dont les #Pays-Bas, les États baltes et l’Italie, a appris Euractiv.

    L’Italie a été le premier État membre à signer un accord bilatéral avec un pays tiers — l’Albanie — sur l’externalisation des procédures de migration.

    « L’#externalisation et la #relocalisation des demandes d’asile ont une triple fonction : lutter plus efficacement contre les organisations criminelles dédiées au #trafic_d’êtres humains, comme outil de #dissuasion contre les départs illégaux, et comme moyen de soulager la pression migratoire sur les pays de première entrée, comme l’Italie, la Grèce, l’Espagne, Chypre ou Malte », a déclaré à Euractiv Italie le sous-secrétaire d’État au ministère italien de l’Intérieur, le député de la Lega Nicola Molteni (Identité et Démocratie).

    La #Hongrie est également favorable à une externalisation, mais n’a pas encore signé la lettre. Comme l’a confié un diplomate à Euractiv République tchèque, Budapest est « toxique » et pourrait nuire à la pertinence de la lettre.

    Le débat sur l’externalisation a battu son plein peu après l’approbation par le Parlement européen du nouveau pacte européen sur la migration et l’asile, et les États membres devraient formellement approuver le paquet législatif le 14 mai.

    L’externalisation des procédures d’immigration sera également abordée lors de la conférence internationale sur l’immigration qui se tiendra à Copenhague lundi (6 mai).

    « La conférence sera une bonne occasion de présenter les propositions du groupe de travail dirigé par le Danemark, avec la représentation de la majorité des États membres de l’UE, pour compléter le pacte sur la migration et l’asile après les élections européennes avec de nouvelles mesures, en particulier dans la dimension de la migration extérieure [y compris l’externalisation], basée sur un nouveau type de partenariat aussi complet », a déclaré Hana Malá, porte-parole du ministère tchèque de l’Intérieur, à Euractiv République tchèque.

    Les partenariats avec les États membres ne faisant pas partie de l’UE sont également soutenus par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

    « Parallèlement à la mise en œuvre du Pacte sur les migrations, nous poursuivrons nos partenariats avec les pays d’origine et de transit afin de nous attaquer ensemble aux causes profondes des migrations », a-t-elle déclaré.

    Cependant, certains émettent des doutes quant à l’externalisation. C’est notamment le cas des libéraux français.

    Pour le député français Sacha Houlié, qui fait partie de l’aile gauche du parti majoritaire du président Emmanuel Macron, Renaissance (Renew Europe), l’externalisation des processus migratoires est aux antipodes du pacte sur la migration et l’asile adopté par le Parlement européen.

    « Envoyer des personnes dans des pays qui n’ont rien à voir avec leur pays d’origine, comme l’Albanie ou le Rwanda, pose un problème moral et éthique », a fustigé M. Houlié.

    L’externalisation de la gestion des migrations a également été qualifiée d’« inacceptable » par l’eurodéputé italien Brando Benifei, chef de la délégation du Parti démocrate (Partido Democratico, Socialistes et Démocrates européens) au sein de l’hémicycle européen.
    Critiques des ONG

    Les organisations de défense des droits de l’Homme se montrent particulièrement critiques concernant l’externalisation des procédures d’immigration, y compris l’accord italo-albanais.

    « Il est grand temps que les institutions européennes reconnaissent que l’accord entre l’Italie et l’Albanie créerait un système illégal et nuisible, auquel il faut mettre fin. Au lieu d’accroître la souffrance des individus, les autorités devraient garantir l’accès à une procédure d’asile efficace, à un accueil adéquat et à des itinéraires sûrs et réguliers », a souligné l’organisation Amnesty International en février.

    Selon l’expert en migration Vít Novotný, la proposition d’externaliser le traitement des demandes d’asile risque d’être difficile à mettre en œuvre, car les règles européennes, même dans le cadre du nouveau pacte migratoire, sont basées sur des procédures d’asile se déroulant uniquement sur le territoire de l’Union.

    « Le changement est concevable, la porte est là, mais le chemin juridique est long », a déclaré M. Novotný du Centre Wilfried Martens pour les études européennes à Euractiv République tchèque, soulignant que cette situation est encore spéculative.

    Il a expliqué que les propositions sur le retour des demandeurs déboutés pourraient être beaucoup plus faciles à obtenir un consensus et que l’initiative pourrait aider à résoudre le problème de longue date des déportations.

    Toutefois, il est essentiel de trouver des pays partenaires adéquats — un problème qui, selon M. Novotný, persiste.

    « La question est de savoir dans quelle mesure l’UE a essayé de trouver de tels pays. Il est possible qu’elle n’ait pas suffisamment essayé », a-t-il affirmé.

    « Maintenant que même l’Allemagne parle de solutions similaires, ce qui était impensable il y a seulement un an ou deux, il y a peut-être plus de chances de trouver un ou plusieurs pays de ce type. Mais pour l’instant, je ne fais que spéculer », a-t-il ajouté.

    M. Novotný a également rappelé les efforts de l’UE en 2018, lorsque le président du Conseil européen de l’époque, Donald Tusk, a déclaré que l’UE avait essayé de se mettre d’accord avec l’Égypte pour reprendre les personnes secourues en mer.

    « Et [le président Abdel Fattah] al-Sisi avait répondu très fermement à l’époque qu’il n’y avait pas moyen. Maintenant, cela se fait de manière un peu plus diplomatique, ce qui est probablement une meilleure façon de réussir », a conclu l’expert.

    https://www.euractiv.fr/section/all/news/migration-les-etats-membres-sefforcent-de-transferer-les-procedures-dimmigr

    #UE #Union_européenne #EU #asile #migrations #réfugiés #Europe #externalisation #pays_tiers

    • A Copenhague, une #conférence sur les #partenariats pour l’immigration

      Les représentants de plusieurs gouvernements européens se sont retrouvés, lundi, au Danemark, pour discuter des partenariats avec des pays tiers, dans le but de réduire l’immigration en Europe.

      La première ministre danoise, Mette Frederiksen (à gauche), avec la commissaire européenne chargée des affaires intérieures et des migrations, Ylva Johansson, lors d’une conférence internationale sur les migrations, à Copenhague, le 6 mai 2024. MADS CLAUS RASMUSSEN / AFP

      En janvier 2023, le gouvernement danois annonçait renoncer, temporairement, à sous-traiter le droit d’asile au Rwanda. A l’époque, le ministre de l’immigration et de l’intégration, Kaare Dybvad, faisait valoir que son pays souhaitait avancer avec ses partenaires européens, reconnaissant qu’une solution danoise ne réglerait pas le problème auquel faisait face l’Union européenne. « Nous nous sommes aussi rendu compte qu’après nous avoir envoyés balader, de plus en plus de pays semblaient intéressés par ce que nous avions à proposer », explique-t-on aujourd’hui au ministère.

      Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Pacte européen sur la migration et l’asile : « Le régime d’asile actuel est inhumain par nature ; il doit être réformé en profondeur »

      Lundi 6 mai, Copenhague accueillait une conférence internationale sur l’immigration. Plus de 250 responsables politiques et représentants d’organisations internationales, dont le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l’Organisation internationale pour les migrations ou Europol, y ont évoqué différents types de « solutions durables », sous forme de « partenariats » avec des pays tiers, destinés à endiguer les arrivées et à accélérer les retours.

      Le ministre de l’intérieur italien, Matteo Piantedosi, ses homologues autrichien et tchèque, Gerhard Karner et Vit Rakusan, de même que le ministre de l’immigration néerlandais, Eric van der Burg, ont fait le déplacement. La Belgique, l’Allemagne et la Suède étaient, quant à elles, représentées par leurs secrétaires d’Etat à l’intérieur et à l’immigration.

      « Une base solide »

      Venue accueillir les délégués, la première ministre sociale-démocrate danoise, Mette Frederiksen, a constaté que « le système actuel de l’immigration et de l’asile s’était de facto effondré », rappelant que le nombre d’arrivées en Europe « était comparable à 2015 ». « Le pacte européen sur la migration et l’asile est une base solide sur laquelle nous pouvons nous appuyer. Mais nous avons également besoin de partenariats plus larges et plus égaux, et d’un engagement en faveur d’une solution durable à long terme », a-t-elle déclaré, en ouverture de la conférence.

      Au cours de la journée, il a notamment été question de la loi, adoptée le 23 avril, par le Parlement britannique, qui va permettre au Royaume-Uni d’expulser des demandeurs d’asile vers le Rwanda. Un modèle très controversé, imaginé par le Danemark, qui avait été le premier pays à légiférer, dès 2021, avant de signer un accord de coopération bilatérale avec Kigali en septembre 2022, puis de suspendre son projet d’y délocaliser la prise en charge des demandeurs d’asile et des réfugiés.

      Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Transférer les demandeurs d’asile au Rwanda : l’obstination du gouvernement de Rishi Sunak

      Copenhague, cependant, n’y a pas renoncé, selon M. Dybvad, qui estime qu’« une coopération européenne commune avec un ou plusieurs pays tiers en dehors de l’Europe devrait réduire l’incitation à y venir ». D’après le gouvernement danois, un tel système serait « plus humain et plus juste », car il réduirait le pouvoir des trafiquants et permettrait d’accorder l’asile à ceux « qui en ont vraiment besoin ».

      « Partenariats stratégiques »

      L’accord migratoire, signé entre l’Italie et l’Albanie, en janvier, a également été évoqué ainsi que les « partenariats stratégiques », passés par l’Union européenne, avec la Turquie, la Tunisie, le Maroc, l’Egypte et la Mauritanie. « Il n’est pas possible de penser que nous pouvons gérer l’immigration seuls au sein de l’UE », a observé Ylva Johansson, la commissaire européenne aux affaires intérieures, vantant le partenariat avec la Tunisie, qui a permis de « réduire d’environ 80 % les départs depuis que l’accord a été signé », en juillet 2023.

      Pour autant, pas question de sous-traiter l’asile à un pays tiers : « Ce n’est pas possible dans le cadre du pacte sur la migration » et « cela ne semble pas être un gros succès au Royaume-Uni », a-t-elle asséné. Le ministre autrichien de l’intérieur, M. Karner, n’est pas de cet avis : « Nous n’avons pas besoin d’une, mais de plusieurs solutions », martèle-t-il, affirmant qu’une des priorités, pour la prochaine Commission européenne, devra être de « modifier le cadre réglementaire », notamment « le critère de connexion », qui interdit aux pays européens d’envoyer un demandeur d’asile dans un pays où il n’a aucune connexion.

      Conseiller du ministre des affaires étrangères mauritanien, Abdoul Echraf Ouedraogo plaide, lui, pour « une réponse holistique ». La seule solution durable est de « s’attaquer aux facteurs structurels à l’origine de l’immigration, notamment aux inégalités de développement », dit-il, rappelant, par ailleurs, que les pays européens manquent de main-d’œuvre et auraient tout intérêt à faciliter les voies légales d’immigration vers l’UE.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/07/a-copenhague-une-conference-sur-les-partenariats-pour-l-immigration_6232022_

  • UK : Government considers ’Rwanda-like’ deals with four other countries

    The UK’s so-called Rwanda deal, which would see asylum seekers in the UK flown out to Rwanda to be processed, has yet to be passed into law; but already, the government is reportedly considering similar deals with four other countries.

    The UK government’s Rwanda deal, which intends to fly asylum seekers from the UK to Rwanda to have their claims assessed there, may pass into law within days despite strong opposition.

    The plan has been highly contested, both within parliament and by organizations supporting migrant and refugee rights.

    But despite facing setbacks for almost two years, the British government is now reportedly also considering striking similar deals with at least four other countries, modelled after the same principle.

    The Times newspaper revealed at the weekend that it had obtained “leaked documents” from government officials, listing Armenia, Ivory Coast, Costa Rica and Botswana as potential target countries for the government to set up similar deals to process asylum seekers in third countries.

    The Daily Mail, which reported on the Times’ exclusive, adds that the British Foreign Office was also considering deals with other Latin American countries, including Paraguay, Peru, Brazil and Ecuador, adding, however, that these governments are thought to have “less interest” in signing up to such a scheme compared to the four aforementioned governments.

    According to the reports, bilateral talks on asylum pacts are being scheduled to take place in the foreseeable future.

    ’Reserve list’ of potential partners

    The Daily Mail highlights that a series of other countries are also on a “reserve list,” including Cape Verde, Senegal, Tanzania and Sierra Leone.

    According to the right-wing newspaper, these governments could be “approached, if talks with other, more favored countries didn’t succeed.”

    The leaked information also suggests that other countries such as Morocco, Tunisia and Namibia all “explicitly declined” to enter discussions about becoming third-country processing centers for the UK, and were thus ruled out by UK officials as “non-starters.”

    Some of the information reported suggests that civil servants have laid out specific “feasibility criteria” reported the Daily Mail, which included assessing “the size of the territory and its population.”

    The Daily Mail added that this had resulted in some smaller states such as Suriname and Belize being ruled out.

    ’Following the Rwanda process closely’

    These new plans have, however, reportedly been hampered by fears that the problems that have dogged the Rwanda plan for two years could put potential new partners off.

    Reports highlighting the costs of the Rwanda scheme, compared to the actual number of potential asylum seekers who might eventually be flown, there have also recently drawn increased criticism from political opposition within the UK parliament.

    Armenia, is reported to be waiting for the outcome of the current Rwanda policy to become finalized and public before it decides whether to enter talks with the UK.

    Meanwhile, the Daily Mail also reported that officials working at the Home Office expressed fears about the problems the Rwanda Bill is having an impact on discussions with officials at the Foreign Office hoping to expand the model to other countries.

    According to the Daily Mail, one unnamed senior Foreign Office official was reported to have written the following in communications with the Home Office:

    “We are conscious that many potential partner countries are following the UK legal process on the partnership with Rwanda and may be cautious about engaging substantively until this process is satisfactorily resolved.”

    Although the government has not commented directly on specific countries nor confirmed or denied the reports, a government spokesperson told the Daily Mail that the UK was “continuing to work with a range of international partners to tackle global illegal migration challenges.”

    Government focus on passing Rwanda bill first

    The spokesperson continued: “Our focus right now is passing the Safety of Rwanda Bill, which builds on the Illegal Migration Act, and putting plans in place to get flights off the ground as soon as possible.”

    Britain’s Prime Minister Rishi Sunak meanwhile met with Rwandan President Paul Kagame last week in London for further talks about the bill.

    At the time, both leaders were reportedly looking forward to seeing planes taking off “in spring” — i.e. within a matter of weeks.

    The Rwanda plan was first announced in spring 2022, and has gone through several iterations under the leadership of various Home Secretaries as part of UK government efforts to actually get a plane carrying asylum seekers to take off from the UK to Rwanda to be processed there.
    From file: Stopping boats from crossing the English Channel is one of Prime Minister Rishi Sunak’s five main pledges - something he has so far failed to successfully accomplish | Photo: James Manning/AP/picture alliance

    Last week, as the British and Rwandan leaders met, the Times, the Daily Telegraph and the Daily Mail also reported that some of the homes earmarked for asylum seekers in Rwanda and built with British funding in a private-public partnership in Rwanda had since been sold off to Rwandan clients.

    Government still looking for airline partner

    Meanwhile, the Daily Mail reported on April 15, that it is unlikely that any asylum seekers will head to Rwanda “before June” despite the UK government marking spring as the launch window of flights.

    The newspaper added that this was due to the UK government having “so far failed to secure an airline to carry out the flights.”

    In the past, campaigners have targeted airlines which had agreed to operate government deportation flights in a bid to try and stop them participating in such schemes.

    This has resulted in some airline partners withdrawing from potential agreements; others were reported to loathe to have their reputations associated with the scheme.

    In 2022, the Spain-based Privilege Style airline, which had been hired to operate government flights to Rwanda, pulled out of the deal following pressure from campaigners, reports the newspaper.

    Even Rwanda’s state-owned airline, RwandAir, reportedly turned down any involvement with the scheme, states the Daily Mail.
    Political ping-pong

    Before the Easter recess, parliament’s upper house, the House of Lords, pushed the Safety of Rwanda Bill back to the lower house, the House of Commons, with a reinsertion of a number of amendments and recommendations.

    This is part of a parliamentary process in the UK which has become known as ’political ping pong.’

    The bill, now in its final stages, has to be voted on again by the House of Commons before it is then passed to the final Royal Assent stage before it can become law. This requires the signature of the Sovereign, which currently is King Charles III, who cannot break with tradition and reject the bill.

    The divisive Bill is expected to win a majority in the parliament this week but many of the amendments suggested by the Lords have meanwhile caused further ruptures in the ruling Conservative Party, which tabled the bill and the entire Rwanda plan in the first place.

    Some right-wing members of the Conservative Party, such as former Home Secretary Suella Braverman, have declared the bill ineffective if it is allowed to pass with the current amendments.
    New bill ’seeks to respond to [court] findings’

    The British government continues to insist that the “quicker we can begin flights, the quicker we can stop the boats,” meaning migrant boats departing from the French and Belgian coasts for the UK.

    Rishi Sunak, who is currently experiencing new lows in his popularity ratings, has staked part of his and his government’s reputation on making the Rwanda bill work. “Stopping the small boats” from crossing the Channel is one of his five main pledges for this legislature.

    With mere months to go to fresh elections in the UK, it is unclear whether Sunak will succeed in achieving this as his legacy. Even if the Safety of Rwanda Bill passes as expected, it remains uncertain if and how airplanes will be cleared to take asylum seekers to the small African nation.

    According to the government fact sheet on the Safety of Rwanda Bill, the new bill does not seek to override the UK Supreme Court’s judgement which deemed that Rwanda is not safe for migrants, but rather seeks to “respond to its key findings to ensure the policy can go ahead.”

    The bill, says the government, “ensures asylum seekers relocated to Rwanda … are not at risk of being returned to a country where their life or freedom would be threatened — known as refoulement.”

    The new treaty, they say, will also strengthen Rwanda’s asylum system, requiring the country to establish a new appeal body within its court system in order to hear appeals against refusals of asylum or humanitarian protection claims.

    Finally, under the new bill, the government has also set up an independent monitoring committee, which will oblige all signatories to make sure the terms and obligations of the treaty are upheld and adhered to in practice.

    https://www.infomigrants.net/en/post/56446/uk-government-considers-rwandalike-deals-with-four-other-countries

    #Arménie #Côte_d'Ivoire #Costa_Rica #Botswana #externalisation #asile #migrations #réfugiés #UK #Angleterre #externalisation_de_la_procédure

    –-

    et ajouté à la métaliste sur la mise en place de l’#externalisation des #procédures_d'asile au #Rwanda par l’#Angleterre (2022) :
    https://seenthis.net/messages/900122

  • Climat : la #France identifie 500 communes bientôt situées dans des zones côtières inhabitables

    Entre un millier de bâtiments en 2028 et plusieurs centaines de milliers d’ici à 2100 seront potentiellement touchés par l’érosion côtière.

    En France, certaines zones côtières vont vite devenir inhabitables (https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/climat-un-rapport-inquietant-sur-l-erosion-en-france_6436846.html) face à la progression des océans, a mis en garde jeudi 4 avril le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. Ses services publieront vendredi les cartes des territoires menacés. Près de 500 communes à risques sont d’ores et déjà identifiées et le gouvernement travaille avec les maires pour mettre en place des « plans sur mesure », a-t-il déclaré sur TF1.

    « Il y aura des zones qui seront inhabitables » sur le littoral, dont 20% est grignoté par l’érosion côtière, a affirmé Christophe Béchu. « L’équivalent d’un terrain de football disparaît chaque semaine dans notre pays sous l’effet de la progression des océans, un phénomène qui s’accélère », a ajouté le ministre. « On a identifié 500 communes et on a commencé à travailler avec les maires » pour mettre en place « des plans sur mesure », a-t-il précisé.
    L’érosion grignote 900 km de littoral

    Entre un millier de bâtiments en 2028 et plusieurs centaines de milliers d’ici à 2100 seront ppotentiellement touchés par l’érosion côtière en France, révèle un rapport du Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement. La France est particulièrement vulnérable au recul du trait de côte. L’érosion grignote environ 900 km de littoral. Pour anticiper ses conséquences, le Cerema a dressé trois scénarios à horizon 2028, 2050 et 2100 en s’appuyant notamment sur des photos aériennes et des données satellite.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/climat-la-france-identifie-500-communes-bientot-situees-dans-des-zones-
    #habitabilité #inhabitabilité #France #côtes #recensement #mer #océan #climat #changement_climatique #érosion #littoral #it_has_begun

  • Côte d’Ivoire : plus de 150 000 euros distribués à des migrants rentrés au pays - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55980/cote-divoire--plus-de-150-000-euros-distribues-a-des-migrants-rentres-

    Côte d’Ivoire : plus de 150 000 euros distribués à des migrants rentrés au pays
    Par Marlène Panara Publié le : 22/03/2024
    Quatre-vingt-seize exilés ivoiriens rentrés dans le pays ont reçu un chèque d’environ 1 500 euros chacun, de la part des autorités. Objectif de cette aide ? Faciliter leur réinsertion dans la société, un processus qui s’avère souvent long et difficile.
    Plus de 150 000 euros distribués, environ 98 millions de francs CFA. C’est le montant total de l’enveloppe allouée au gouvernement ivoirien à 96 migrants, dont 28 femmes, de retour dans le pays. Les quelques 1 500 euros reçus par chacun des exilés prennent la forme d’un prêt remboursable sur deux ans, afin « de les accompagner dans leur parcours d’insertion professionnelle », a indiqué le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, Mamadou Touré.
    C’est lui qui a remis leur chèque aux exilés bénéficiaires mercredi 20 mars dans le quartier du Plateau à Abidjan, en compagnie de Wautabona Ouattara, ministre délégué chargé de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’Extérieur. Le partenaire financier du programme Orange Bank était aussi présent.Les secteurs d’activité des migrants de retour sont le commerce (50 projets), les services (19), l’élevage (15), l’artisanat (cinq), la restauration (quatre), le transport (deux) et l’agriculture (un), affirme un communiqué du ministère de la Promotion de la jeunesse. (...)
    Durant la distribution, Mamadou Touré a par ailleurs invité les bénéficiaires à « être des ambassadeurs de la Côte d’Ivoire dans la campagne de sensibilisation contre l’immigration irrégulière » et à faire comprendre aux jeunes qu’il existe des dispositifs d’insertion professionnelle pour eux.En 2023, 150 personnes rentrées en Côte d’ivoire ont bénéficié de ce même programme, d’un montant total cette année-là de 143,8 millions de francs CFA, soit environ 218 000 euros.Parmi les candidats à l’exil qui empruntent chaque année les routes migratoires menant à l’Europe, nombreux sont les citoyens ivoiriens. En 2023, sur les 157 000 migrants débarqués en Italie, 16 000 étaient Ivoiriens. Soit la troisième nationalité représentée, derrière la Guinée et la Tunisie. En octobre 2023, l’agence européenne de surveillance des frontières extérieures Frontex comptabilisait 14 000 Ivoiriens arrivés de manière irrégulière en Europe, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 12 500.
    Des chiffres que conteste le gouvernement ivoirien. Après la publication de ces données, le ministre ivoirien de l’intérieur Vagondo Diomandé s’était offusqué « d’une situation qui tend à ternir l’image de notre pays » et avait contredit les chiffres donnés par les deux agences. Selon lui, beaucoup de migrants se diraient Ivoiriens mais seraient en réalité originaires d’un autre pays.
    Pour inciter ses ressortissants à rentrer au pays, les autorités ont, il n’empêche, lancé divers programmes d’aide à la réinsertion économique et sociale, en partenariat avec l’OIM. En 2023, plus de 1 700 Ivoiriens - poussés notamment par les attaques anti-Noirs en Tunisie - sont revenus chez eux, un record depuis 2013. Et près de 800 ont demandé l’aide proposée par l’État. Mais beaucoup attendent encore de toucher ces sommes d’argent.
    Pour pallier les carences de l’État, des ONG tentent d’aider les migrants, souvent traumatisés par un passage en Libye ou une traversée périlleuse de la Méditerranée. L’Association pour la réinsertion des migrants de retour en Côte d’Ivoire (Arm-ci), basée à Abidjan, aide par exemple les exilés à « réintégrer le tissu social », avait assuré à InfoMigrants Boniface N’Groma, son fondateur. D’abord en leur permettant de gagner leur indépendance financière, car beaucoup de migrants de retour doivent rembourser des personnes qui leur ont prêté de l’argent pour leur voyage. Puis en leur apportant un soutien psychologique, indispensable à leur réinsertion. « Une fois rentrés, par honte, beaucoup se cachent et ne préviennent pas leurs parents, avait confié Florentine Djiro, présidente du Réseau africain de lutte contre l’immigration clandestine (Realic). Le regard de la famille et de l’entourage sur eux est très dur. Dans certaines zones du pays, ces migrants de retour, on les appelle ‘les maudits’ ».

    #Covid-19#migrant#migration#cotedivoire#retour#rapatriement#OIM#jeunesse#ONG#reinsertion#sante#emploi

  • Eight #AFIC risk analysis cells set a benchmark in Africa

    This week, Frontex together with the European Commission and representatives from eight African countries forming part of the #Africa-Frontex_Intelligence_Community (AFIC) met in Dakar, Senegal, to wrap up the European Union-funded project on “Strengthening of AFIC as an instrument to fight serious cross-border crimes affecting Africa and the EU”.

    Launched in 2017 and funded by the European Commission, the project aimed to enhance the capacity and capability of AFIC countries to work jointly on identifying key threats impacting border management in Africa.

    After years of hard work and despite the challenges caused by the COVID-19 pandemic, Frontex has completed its latest project and is proud to announce the handover of equipment to trained border police analysts who are carrying out their tasks in the risk analysis cells of eight AFIC countries: Côte d’Ivoire, The Gambia, Ghana, Mauritania, Niger, Nigeria, Senegal and Togo.

    The role of the cells, which are run by local analysts trained by Frontex, is to collect and analyse data on cross-border crime and support authorities involved in border management.

    Frontex delivered a comprehensive risk analysis solution that meets the needs of the eight African border management authorities and enhances the safety and security of borders.

    The handover of the equipment marks the end of the project and the beginning of an intensive cooperation between the AFIC countries. Frontex stays committed and ready to continue to support the RACs by organising joint activities - such as workshops, trainings, plenary meetings – together with the AFIC partner countries, aiming at further developing AFIC risk analysis capacities.

    The AFIC project in numbers:

    – Establishment of eight risk analysis cells in Niger, Ghana, Gambia, Senegal, Nigeria, Ivory Coast, Togo and Mauritania;
    - 14 training sessions for analysts from African countries;
    - 10 regional workshops in Gambia, Ghana, Italy, Niger, Senegal, Nigeria, Kenya, Poland and Ivory Coast;
    - 17 joint analytical field visits in the EU and Africa.

    About AFIC

    The Africa-Frontex Intelligence Community was launched in 2010 to promote regular exchanges on migrant smuggling and other border security threats affecting African countries and the EU. It brings together Frontex analysts with those of partner African border authorities. A central element of the network are risk analysis cells, run by local analysts trained by Frontex. There are currently eight cells operating in Côte d’Ivoire, The Gambia, Ghana, Mauritania, Niger, Nigeria, Senegal and Togo.

    https://www.frontex.europa.eu/media-centre/news/news-release/eight-afic-risk-analysis-cells-set-a-benchmark-in-africa-uwxHJU

    #Frontex #Afrique #externalisation #migrations #réfugiés #frontières #EU #UE #Union_européenne #coopération #équipement #risk_analysis #Côte_d'Ivoire #Gambie #Ghana #Mauritanie #Niger #Nigeria #Sénégal #Togo #données #border_management #contrôles_frontaliers #RACs #training #risk_analysis_cells #formation #gardes-côtes

  • Produire du #logement abordable en #Afrique_de_l'Ouest : les États face à la demande et aux réalités locales
    https://metropolitiques.eu/Produire-du-logement-abordable-en-Afrique-de-l-Ouest-les-Etats-face-

    À partir de ses missions de conseil en Afrique de l’Ouest, Mathilde Mouton pointe les limites des programmes de logements sociaux impulsés par les États. Elle appelle à une meilleure prise en compte des initiatives du secteur informel pour produire du logement adapté aux besoins et aux ressources des populations locales. Programme de 100 000 logements au #Sénégal, programme de 150 000 logements sociaux en #Côte_d'Ivoire, programme de 40 000 logements au Burkina Faso, programme de 20 000 logements au #Terrains

    / #logement_social, #habitat_informel, Sénégal, Afrique de l’Ouest, logement, Côte d’Ivoire

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_mouton.pdf