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  • RTBF « Ici le monde » : Canada, le pays des tricheurs ? Esmeralda Labye

    Depuis plusieurs années, les facultés canadiennes signalent une forte augmentation de ce qu’elles appellent "les inconduites universitaires", "les atteintes à l’intégrité académiques" , comprenez la triche et le plagiat. 

    Pour réussir, sans se fatiguer, des milliers d’étudiants ont trouvé la combine… En toute légalité, face à la pression et par facilité, ils sont des milliers à recourir aux services de "copistes rémunérés" pour faire leurs devoirs ou réussir leurs examens.


    La "tendance" n’est pas neuve mais le nombre de candidats à la réussite facile est en augmentation. Une information développée par The Globe and Mail ainsi que par Courrier International où l’on apprend que 70.000 étudiants canadiens utilisent chaque année des services de triche. Des chiffres expliqués par Sarah Elaine Eaton, professeure à l’université de Calgary, dans son livre, Faux diplômes et titres frauduleux dans l’enseignement supérieur.

    Tuteurs en ligne
    L’histoire qui a défrayé la chronique remonte à 2021. Un étudiant de l’université de Toronto embauche alors un  "tuteur en ligne"  et lui demande de passer un examen en son nom. Une activité rémunérée 60 dollars canadiens soit environ 40 €. Le "faux étudiant" passe l’examen, une épreuve de comptabilité à distance. Il faut juste l’identifiant et le mot de passe du commanditaire. Selon le quotidien Globe and Mail, l’étudiant aurait contacté son "nègre" en lui disant : "J’ai besoin [d’une note] d’au moins 80% pour atteindre mon objectif, alors assurez-vous d’avoir la capacité de le faire".

    Seulement voilà, lors de la remise des résultats, l’étudiant tricheur ne reçoit qu’une note de 62%. Dépité, il manifeste donc sa déception. Une remarque qui ne plaît pas au "copiste". Ce dernier révèle alors la supercherie à l’université.

    L’étudiant-tricheur s’excuse devant les autorités académiques mais ne rentre pas dans le rang pour autant. 5 jours plus tard, il recrute un second "tuteur" pour passer un second examen, en sciences. Montant de la transaction 400 dollars canadiens soit environ 280 €.

    Mise au courant, l’université est furieuse et l’étudiant suspendu pour une durée de 5 ans.  "Son cas n’est que l’un des milliers d’exemples d’une tendance importante et troublante exacerbée par la pandémie. Plus d’étudiants semblent enfreindre les règles d’intégrité académique que par le passé, et davantage se font prendre" , note le Globe and Mail.

    Il existe d’autres cas où ce sont les plateformes facturant la tricherie qui n’hésitent pas à utiliser le chantage ou l’extorsion.  "Si les étudiants essaient d’annuler les paiements, elles peuvent menacer de contacter les administrateurs de l’université pour dénoncer la fraude" , décrit le  The Globe and Mail.

    Depuis la pandémie, les étudiants sont plus nombreux à enfreindre les règles d’intégrité académique. Lorsque le Covid 19 interdisait les cours en présentiels, certains ont vu une opportunité de "faciliter" le travail en ayant recours à des copistes.

    Rien qu’à l’université de l’Alberta, de Toronto, de Saskatchewan et à McMaster, les chiffres auraient été multipliés par 2.

    Le Covid, seul responsable ?
    Selon Leah Wafler, de l’Université de la Colombie-Britannique : "La pression, l’opportunité de passer à l’acte et la tendance à rationaliser le méfait quand on a le sentiment que tout le monde le fait" joue énormément.

    Les étudiants tricheurs seraient victimes d’une mauvaise gestion de leur temps, de la pression familiale pour atteindre certaines notes. Le monde du travail, toujours plus compétitif, y est aussi pour quelque chose.

    Comme le confirme, François Rihouay, le correspondant de la RTBF sur place : "Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte. Il faudrait d’ailleurs en faire une étude sociologique. Les pressions académiques et familiales augmentent. Pourtant le taux de chômage n’est que de 6,1% mais il y a des difficultés sociales autour de l’embauche et de l’emploi tant il y a d’étudiants. "

    Il est vrai que le Canada attire énormément de candidats venus de l’étranger. En décembre 2022, il y avait 58.675 étudiants internationaux rien que dans les universités québécoises, soit une augmentation de 10.000 par rapport à l’année précédente. Une estimation officielle indique que plus d’un million d’étudiants étrangers sont établis au Canada. Des chiffres qui pourraient s’inverser puisque cette année, le pays des érables a annoncé la mise en place d’un plafond sur les permis pour les élèves étrangers.

    Quoi qu’il en soit, la pratique s’est érigée en véritable business. Dix-neuf milliards d’euros seraient générés chaque année, et en toute légalité, par l’industrie de la triche au Canada.

    En toute légalité car il existe une myriade de plateformes dans le pays mais aussi à l’étranger contre lesquelles, le gouvernement canadien ne peut rien faire. Un exemple parmi d’autres, EXACT https://www.theglobeandmail.com , plateforme installée au Pakistan, 1800 employés copistes !

    L’Université du Manitoba qui compte 1127 cas d’inconduite académique en 2021-2022 a préféré sévir. “Les sanctions pour collaboration inappropriée comprenaient l’obtention d’une note de zéro sur un devoir, l’échec d’un cours, la suspension temporaire du programme, ainsi qu’une note sur le relevé de notes d’un étudiant”, rapporte CBC.

    Mais pour Jaron Rykiss, le président de l’association des étudiants de l’université juge ces pénalités injustes. “Il y a un manque de compréhension de ce qui se passe " . Il estime qu’il est primordial que l’établissement mette en place un système de soutien en cas d’inconduite.

    Que faire pour inverser la tendance ?
    Face à ce phénomène de triche rémunérée, associations d’étudiants comme universités ont décidé de réagir. Plusieurs établissements ont lancé des campagnes de sensibilisation, en rappelant que la triche peut entraîner une suspension de 5 ans, d’autres ont décidé de renforcer l’intégration des étudiants, d’organiser des soutiens académiques, des tutoriels, d’aider les jeunes à développer leurs compétences eux-mêmes et de façon éthique.

    #étudiants #étudiantes #tricheur #tricheuses #plagiat #examens #fraude #triche #université #canada #inconduite #business #plateformes #internet #réseau #numérique

    Source : https://www.rtbf.be/article/ici-le-monde-canada-le-pays-des-tricheurs-11361186

  • ☀️👀 sur X :
    https://twitter.com/zei_squirrel/status/1782048086589604128

    #Columbia University has always been a main hub of Zionist anti-Palestinian fascist censorship. When #Edward_Said taught there he was constantly subjected to harassment, death and bomb threats, Zionists infiltrating his classes, smearing him as a “terrorist”. Nothing has changed

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1782047384261767168/pu/vid/avc1/960x720/mMup5o0DXr-vw51O.mp4?tag=12

  • Covid : Autodéfense sanitaire - un guide express à destination de militant·es
    https://ricochets.cc/Covid-Autodefense-sanitaire-un-guide-express-a-destination-de-militant-es-

    Des infos et recommandations toujours d’actualité, avec des mises à jour. Pourquoi accepterait-on les effets d’un virus dangereux (attisé ou fabriqué par la civilisation industrielle) alors qu’on n’aime pas bouffer des PFAS et des pesticides ? Vaste sujet... Autodéfense sanitaire : un guide express à destination de militant·es d’extrême-gauche Avertissement : Il se pourrait que certaines des informations qui suivent vous fassent peur ou vous fassent culpabiliser. Ce n’est pas l’objectif de (...) #Les_Articles

    / #coronavirus

    https://iaata.info/Autodefense-sanitaire-un-guide-express-a-destination-de-militant-es-d-extrem

  • Gregory Klimov, The essentials of issue of degeneracy
    https://g-klimov.info/essence_en.html


    Pourquoi republier un tel bric-à-brac confus et réactionnaire ? D’abord parce que c’est un peu comme si on entrait dans la tête du Docteur Mabuse. Puis ca risque de disparaître à tout moment de la toile et c’est un condensé typique pour bien des systèmes de pensée attrayants pour les esprits sans formation philosophique ou politique.

    Alors attention, le texte suivant vous emmène sur un terrain que les Anglais appellent a slippery slope pour se montrer gentils.

    ... my readers start to give my books to all their friends as a test and quietly watch the reaction. Typical result – they loose half of their so-called friends.

    C’est l’auteur qui le dit. Vous aurez été prévenus ;-)

    The essentials of issue of degeneracy, Interview with Gregory Klimov

    01. You have been working with a special type of people with Power Complex for almost 50 years. What is Power Complex and why are these people special?

    02. How to find degenerates?

    03. How many degenerates are out there?

    04. How do you know that you are not a degenerate?

    05. Why don’t you suppose that all of us are degenerates?

    06. What about IMF?

    07. What about Yeltsyn & Co?

    08. Can Russia have a normal government?

    09. What do you think about “pure blood” nations?

    10. What do you think about re-birth (creation) of “New Nation”?

    11. What about Religion?

    12. What about masons (shriners etc.)?

    13. Do you think that “eternal plot” exists?

    14. Do you think that Mr.X is a degenerate?
    Q.: You have been working with a special type of people with Power Complex for almost 50 years. What is Power Complex and why are these people special?

    A.: When close relatives marry each other – children will be degenerates. This is an old, well-known fact. If a group of religious leaders forbid marrying outside of sect – this sect in 4-5 generations will be full of degenerates. Do you know any sect, which forbids marriages to outsiders and has been doing that for the last 5,000 years?

    Many degenerates have some unusual qualities like incredible desire to dominate, abnormal wish to rule, abnormal thirst for power. They feel themselves “chosen” (complex of superiority, in russian “mania velichia”) and at the same time they feel themselves persecuted (complex of been persecuted, in russian “mania presledovania”). This is pretty basic staff.

    Now we will talk Hi-Tech. Leaders of the world usually have complex of power which helps them to became world leaders. This complex is usually associated with suppressed sadism, which in turn is result of latent homosexuality. Anybody who has knowledge of this forbidden area can influence and promote these leaders-to-be to position of power.

    By default members of degenerative sect posess this knowledge and have been practicing it for 5,000 years.

    We all has seen pictures of insane or semi-insane person, not huge at all, but 5-6 well built medical workers have difficult time subduing him. This is perfect example of incredible energy that semi-insane sadistical power-hungry person can produce to achieve his goals.

    To find this person and to help him to rise to power – this is typical task of leaders of degenerative sect. This is like weapons of mass destruction – much more effective than nuclear weapons and almost as effective and dangerous as biological warfare.

    Many people have basic knowledge of how to build nuclear weapons, but only chosen few have knowledge and experience of actually producing and delivering it to the target.

    Degenerates hate normal people. It is pleasure for them to watch how one semi-insane sadistical leader, chosen by them, goes to war with another semi-insane sadistical leader of another country, also chosen by them. Millions of normal people are dying for the joy and sadistical pleasure of degenerates...

    Masons, Illuminates etc. – are clubs, where degenerates observe behavior of possible candidates and upon verifying real homo-sadistical inclination of the person – promote him into the real world of power.

    Q.: How to find degenerates?

    A.: Let us try first to understand what degeneracy is all about. Again I must point out that we use term degenerate as strictly medical term (in russian – “vyrozhdenec”, “vyrozhdency”) and not as an offensive word. In the real life degenerate can by quiet, well mannered professor of liberal art in the local college.

    Degeneracy is a natural process and has been with us for thousands years. It is part of the natural life cycle – birth, youth, maturity, decay, death. On the level of individual person this process is familiar to everybody and there is no need to explain it. We will be talking here about clan (family) level. As many historians noticed – clans history follow almost the same pattern of life cycle as individuals. It looks like God (or Mother Nature if you prefer) is trying to give every clan its fair share of time on this Earth.

    When particular clan pass maturity stage and enter into golden stage of decay, God (Mother Nature) gives signal to the members of this family that it’s time in this world is almost gone – by turning off sexual drive. If this is obedient family, it will follow God’s will and stay childless (or adopt somebody).

    By that time family is usually well funded and can participate in support of different good causes like normal art, normal science, normal literature. They quietly enjoy golden age of decay and finally leave this world with charity gifts and foundation created as good memory of their deeds.

    On the other hand, if this happen to be disobedient (rebellious) clan – it ignores God’s warning and will try to fool God by artificial insemination – in russian sounds like “palcem delannyye” ("made with the finger").

    Or to fool God by fake marriages (sleeping with wife, but imagining that he sleep with another man, or dog, or pig, or father, or mother in order to stimulate his sexual drive, “e... tvoju mat” (in russian – f...d your mother).

    Or to cheat God by using healthy member of local normal community – when wife, with husband’s permission (or without), goes to find some healthy cowboy in the local bar and bring him home for one night stand, in russtian – “na chuzom x...e v ray v’exat’” (to get to Eden on stranger’s Dick), etc. You see. Russian people knew about this type of people long time ago and language reflects this knowledge in the (meaningless on the first look) proverbs.

    This disobedient clan starts to support different degenerative causes – like degenerative art, degenerative science, degenerative literature. They will try to convince everybody thru mass media that what they are doing is normal, that this is nothing wrong with it and so on and so on. For those wise-ass (in russian – “khitrozhopykh”) pretty soon God (Mother Nature) gives a second warning by adding to their abnormal sexual practice – mental illnesses.

    If clan will stubbornly continue cheating God – third warning will come in form of inborn physical deformities (birth defect) (rus. – “vrozhdyonnyye defekty”) such as “dry hand” – like Stalin (rus. – “sukhoruchka”), “horse foot” – like Gebbels (rus. – “loshadinaja stopa”), “rabbit split lip” (rus. – “zajachja guba”), cleft palate (rus. – “volchja past”), strabism (rus. – “kosoglazie”), etc.

    In the normal primitive condition it will insure that this particular clan will be extinct in few generations. Who would like to marry a cock-eyed schizophrenical sexual pervert?

    Degeneracy has three stages:

    1. Sexual deviations.
    2. Mental illnesses.
    3. Inborn physical deformity.

    Now, once this is understood, we can talk about how to find degenerative clan. Very simple. Just look at the family tree of this clan. If family tree is healthy, has many new branches with many new and healthy leaves (children) – this is certainly normal and healthy clan. On the other hand, if family tree is drying up (childless couples). If it has many dying branches (suicides, mental illnesses) – you are looking at clan entering golden stage of decay.

    No questions about it. There are only one thing left – to determine is it obedient clan or rebellious clan. Just look what this clan supports in the real life. Does it spread poison of decadence in art, science, literature or does it support normal causes, normal art, normal science, normal literature.

    Q.: How many degenerates are out there?

    A.:Statistics for the 3rd stage of degeneracy (inborn physical deformity) and 2nd stage of degeneracy (mental illnesses) are readily available. You can find it by yourself. Statistics for the first stage of degeneracy (sexual deviations) are most difficult to obtain.

    Let us look at data published in the USA by Dr. Wittels and Dr. Kinsey. Dr. Wittels in his work “Sexual habits of American women” gives us the following statistics:

    Unmarried woman:
    20% had multiple homosexual relations with other women
    51% had dreams about homosexual relations with other women up to reaching orgasm

    Married women:
    15% had multiple homosexual relations with other women
    32% had dreams about homosexual relations with other women up to reaching orgasm

    What about men? Dr. Kinsey discovered that:
    4% had multiple homosexual relations with other men
    33% had dreams about homosexual relations with other men up to reaching orgasm

    Other scientists give us different results, but majority of them average out in 33-50% range.

    Every third (second) person had entered first stage of degeneracy.

    When this data was analyzed by profession (occupation) an interesting picture emerged:
    5% peasants (farmers)
    10% workers (factory)
    50% intellectuals
    75% literature, art
    90% mass media

    This gives new twist to the old idea of struggle of classes (rus. – “klassovaya bor’ba”). It is not about rich against poor, but degenerates against normal people.

    New York Times reported that group of American scientists analyzed 78 greatest persons in history and results was:
    37% had severe mental illnesses during life time
    83% had obvious signs of mental problems during life time
    10% had minor signs of mental problems during life time
    7% had no signs of mental problem during life time

    When group of greatest persons in history was narrowed to 35 – results was:
    40% had severe mental illnesses during life time
    90% had obvious signs of mental problems during life time

    This is why degeneralogy has three golden 90% rules:
    – 90% of all great persons in world history are degenerates
    – 90% of all serious crimes are committed by degenerates
    – 90% of all non-infection illnesses are caused by degeneracy

    After studying this subject during last 50 years – my recommendation is that degeneralogy should be studied by State Security Services of every country so we will never go to war again for the amusement of leaders of degenerative sect.

    I also strongly recommend that degeneralogy should be studied in last years of high school, early years of college so normal people will be aware of existence of huge community of degenerates and will make intelligent choices during critical time of creation of healthy family units

    Q.: How do you know that you are not a degenerate?

    A.: In previous question we talked about family tree test. That was simple and easy test for almost everybody. But there are special cases. What about orphans, who do not know family history. What about adoptive children, who were not told by their degenerative adoptive parents about it. They will be under total impression that they are one of them.

    There are so many diabolical variations in degenerative community, that “sam chort nogu slomit” (russian. – "even devil will break his leg before finding something). For example, do you know that degenerates adopt kids in big numbers. Hundreds of thousands a year. These adoptive children will not stay in marriages with real children of degenerates (see abnormal sexual practice), so they will keep looking around degenerative community and finally will find another adopted kid who will satisfy their dreams about healthy family with many healthy kids.

    These couples will be 100% normal, but everybody – including themselves – will be under total impression that they are degenerates, because they will support all causes of degenerative community with the zeal of healthy normal human being. You see, how situation gets complicated? This is why degeneralogy always have 90% rule.

    Some kids of these adoptive couples will scream, that they are degenerates in second, or third generation. LOOK AT US! WE ARE NORMAL! OUR KIDS ARE NORMAL! HOW DO YOU EXPLAIN THAT, MY FRIEND!!!

    Very simple. Everybody can do quick self-test. 3rd stage of degeneracy (inborn physical deformity) and 2nd stage of degeneracy (mental illnesses) are so obvious, that we will not talk about them here. What is left – 1st stage of degeneracy (sexual deviations).

    In our modern times many sexual deviations (under pressure from degenerative mass media) became a norm. Position 69 is recommended in US schools as good birth control method. Many healthy members of normal community are doing that. So, how to check yourself out for abnormal sexual practice? Simple.

    Try to do it normally (in missionary position). Few times. No cheating.

    Do not try to imagine when sleeping with your girlfriend – that you are actualy sleeping with your boyfriend, or dog, or pig.

    If results are positive you have nothing to worry about. You were just brainwashed by degenerates into doing stupid things. Or if “your family tree” is obviously dying – somebody did not tell your mother and father that they were adopted (or you are adopted).

    If results are negative – then help you God.

    Q.: Why don’t you suppose that all of us are degenerates?

    A.: Your question reminded me story about old prostitute summing up her life philosophy in one sentence: “Ves mir – bardak, Vse ludi – bl...di” (rus. – “All world is whorehouse, all people are prostitutes”). Same goes for philosophy of thieves, alcoholics and drug addicts. They honestly believe that all world are same as they are.

    Of cause, there are thieves, prostitutes, alcoholics and drug addicts out there. But there are also many normal people. They build skyscrapers, bridges, tunnels. they fly jumbo-jets and rockets to the moon. They create.

    There are so many of them that destructive activity of degenerates thru the millenniums could not completly destroy them. All family clans with healthy family tree are my witnesses.

    Q.: What about IMF?

    A.: Power and structure of degenerative sect in the west is basically same as power and structure of Communist Party used to be in the east (ex-USSR).

    Any Soviet organization for International Peace and Economic Development used to have many members of technical staff (referents) usually on the low levels of structure and few Hi-Fi communist leaders in key positions (decision making level).

    Can you imagine that any important Soviet organization will have non-party member in key position? Same thing is applicable to the western analog of Soviet Komintern – Homintern (International Brotherhood Of Degenerates).

    So, my guess will be that 90% of leaders of IMF are certifiable Hi-Fi members of degenerative community.

    The bulk of IMF personnel are probably technical specialists who are smart enough not to question motives behind “strange” decisions and recommendations made by there leaders.

    Q.: What about Yeltsyn & Co?

    A.: I think your confusion is based on misconception that current government of E.B.N. and appointed by him and other degenerates – all together are working on the problem of helping Russia. This is very dangerous misconception.

    They are gang of degenerates placed to do exactly what they are doing quite successfully now – ruin economy of wealthy country as soon as possible. Try to borrow as much money as possible. Waste it. Steal some for yourself and put coming generations in debt forever. I think they are doing quite well.

    Q.: Can Russia have a normal government?

    A.: Your question about Russian government (or any government) bring us to the advanced part of this discussion.

    You see, basic part makes us aware of existence of huge community of degenerates, fact – totally unknown to the community of normal people.

    Advanced part of this discussion will show us, that within degenerative community there are different types of degenerates. They can be good, bad or ugly.

    Again I should state that term degenerate is strictly medical term and should not be treated as offense. For example – Peter Ilych Tchaikovsky was obviously a degenerate. His abnormal sexual practice and absence of healthy kids are clear indication of that. But at the same time he wrote excellent music and was nice, quiet and well mannered person. His music was not decadent and he did not promote decay in art. Plus he did not have any kids.

    This allowed us to put him into good degenerate category.

    You will ask me – what does absence of kids have to do with it?

    You see, even if father (or mother) was a good degenerate and did many good things in this life by successfully fighting demons of degeneracy – there is no guarantee that their children will do the same.

    Quite opposite. Children of degenerates usually totally destroy all good deeds made by their parents and continue on their path of destruction till the end.

    Remember famous book by Etel Lylian Voynich “Ovod”? Father was archbishop, but son became a revolutionary and story end in tragedy? This is very typical.

    This is why celibacy is very important test for the members of good degenerate category.

    Once this is understood, we can continue with your question about normal government. Can a person with normal legs muscles participate and win in the race?

    Yes, he can. On the local school level.

    He can also participate and win at town level.

    He can participate and may win at regional level.

    He can participate and has no chance to win at national level.

    He could not even participate at world level competition.

    Did you get the picture? Only person with abnormally developed legs muscles can participate and has chance to win at national or world level competitions.

    Same things apply to the game of power.

    Only person with abnormal power drive (suppressed sadistical homo maniacs) will win in the race for position of power. It is an axiom of degeneralogy that degenerates will make it to the top in majority of the cases.

    As I mentioned before – degenerates are not homogenous entity. They can be good, bad or ugly. Good degenerates are our friends and allies. In the government they will always fight ugly degenerates, like policemen fight criminal elements.

    Bad degenerates in the government will behave like nothing is happening and will not do anything to stop ugly degenerates from attacking community of normal people. The ugly degenerates will usually attack good degenerates, because good degenerates are like immune system which can recognize, find and neutralize the ugly.

    After suppressing good degenerates – the ugly will ultimately declare full blown war against community of normal people.

    In marxist-leninist philosophy it was called the law of mutual union and eternal fight of the opposites as an engine for the historical progress. Thousands of years before them, Greeks put it like this: Similia Simlibus Curantur (rus. – “podobnoye poznayotsa podobnym”). Practical Americans translated it: It takes a thief, to catch a thief.

    How you can determine which degenerates rule in a particular country? Same way as we can determine if there is a cat in the barrel. We will place a mouse in front of the barrel and watch the reaction. Let’s put our mouse in front of a government: How is the government reacting to the homo movement?

    How is the government reacting to the death penalty for other degenerates (brotherhood of the criminals)? How well is the government protecting members of normal community? How well is the government protecting members of degenerative community? Simple questions. Simple answers. Simple test.

    Same test can be also applied to other groups (mass media, art, science, army). This will give you clear picture – which organizations are totally occupied by ugly degenerates, which are stagnant by bad degenerates, and which are under control of good degenerates and are viciously fighting back, protecting themselves and well being of community of normal people.

    You can ask me – can normal people be in the government?

    My answer will be – theoretically “yes”. But in practice – if normal person will get to the top – he will not (could not) stay there for long. “S volkami zhit’ – po volchyi vyt’” (rus. – “If you come to the wolf pack – behave as a wolf”).

    Q.: What do you think about “pure blood” nations?

    A.: Good God hates racism in any form. Good God hates any concepts of “chosen” nations.

    ANYBODY who tries to keep pure blood by forbidding marriages to the other normal people risks the danger of increasing degeneration process of his own nation. Especially if it is small nation. Keep in mind, that we are talking here about normal marriages between residents of community of normal people.

    Q.: What do you think about re-birth (creation) of “new nation”?

    A.: Let’s assume that somebody starts to bring members of degenerative sect to... Madagascar island for example.

    There will be degenerates from USA, Russia, Canada, Ethiopia, Iraq etc. Sooner or later they will start to marry each other.

    What do you think will be result of their marriages? Healthy children?

    That is my answer to your question about cross marriages between members of same degenerative sect and creation of NEW NATION.

    There is a different kind of problem with cross marriages between degenerate and a local resident.

    You see, degenerates have a difficult time to propagate themselves through natural process (vyrozhdeniye – vyrozhdency).

    To put it simply – their sexual habits are very well described in Russian “mat”.

    That is what they literally do to get exited.

    So, if a degenerate decides to marry a local resident – a normal person will not participate in his perverse sexual acts for the long time. Only freshly made local degenerate will satisfy him.

    Remember we talked about sponge effect and world sewage system?

    Degenerative sect pick up newly formed degenerates from local NORMAL community like sponge.

    THEY WORK LIKE WORLD SEWAGE SYSTEM PICKING UP REFUSE FROM ALL NATIONS IN THE WORLD.

    MAJORITY OF CROSS MARRIAGES BETWEEN MEMBERS OF DEGENERATE SECT AND LOCAL RESIDENTS ARE MARRIAGES BETWEEN TWO DEGENERATES – OLD ONE AND NEWCOMER.

    Only one way to stop this vicious cycle – celibacy and adoptions, but this is subject of another topic.

    Q.: What about Religion?

    A.: What is my religion... It does not matter. Really. Why does it concern you? Are you preparing a personal attack? Do you usually kill the messenger, when you do not like the message?

    Funny. It reminded me of Soviet time, when you could read in official newspapers: “...I did not read books by Alexander Solzenitzin, but I hate this scumbag and traitor of our motherland...”

    My advise to you will be same as I gave to my friends back in Soviet time: Read my books by yourself, all of them. And make up your own opinion. Do not listen to your degenerative friends.

    If you mean religion in general....

    As I said before – degeneracy is a natural process. It has been with us thousands and thousands years. It just was called differently.

    When a newly made local degenerate starts to understand that he is different from other normal people he has a choice: he can be good, bad or ugly.

    Let me give you an example. When a young sadistical homo teenager starts to feel demons of degeneracy for the first time (desire to dominate, to kill, to assault etc.) he can:

    1. Join street gang (or organize one) and kill and assault normal people in local normal community.

    2. Join police academy, become policeman and kill and assault members of criminal gang.

    Do you see the deference? Exactly same goes for religion.

    If you are young teenager and feel presence of DESTRUCTIVE DEMONS OF DEGENERACY – you can join ANY monk order, where brothers more experienced in LAW’S OF DEGENERACY will help you to fight these DEMONS.

    They (brothers) have THOUSANDS of years of PRACTICAL experience.

    You know – cut food intake, work hard, keep silence, be celibate etc.

    Because ONLY THOSE BROTHERS WHO PASS MULTI-YEAR TEST OF FIGHTING DEMONS OF DEGENERACY – ARE PROMOTED TO HIGHER POSITIONS.

    THEY KNOW WHAT WE ARE TALKING ABOUT HERE.

    THEY KNOW IT BY THEIR OWN SKIN.

    LEADER OF ALMOST ALL RELIGIONS ARE VERY EXPERIENCED IN RECOGNIZING DEGENERATES.

    Like EX-ALCOHOLICS are indispensable in ALKOGOL recovery programs.

    They are helping local newly formed DEGENERATES to make THE RIGHT CHOICE between GOD and EVIL.

    When priest is listening to the Sunday confession, he does not pay much attention to the simple regular staff.

    But immediately after he detects ANY SIGN OF DEGENERATIVE BEHAVIOR, ANY OF THREE (3) STAGES OF DEGENERACY (1ST – sexual deviations, 2ND – mental illness, 3RD – inborn physical deformity – remember we talked about it in DEGENERATES.HOW TO FIND ONE?) he starts to suggest for this teenager to join local seminary (POLICE ACADEMY) or local monastic order.

    Again, this is BIG SIMPLIFICATION, but I think you will get the picture.

    THIS IS GOOD.

    On the other hand, you can join DEGENERATIVE CLUBS (ILLUMINATES, MASONS etc) set up by the LEADERS OF DEGENERATIVE SECT to channel YOUR DESTRUCTIVE ENERGY AGAINST NORMAL PEOPLE, AGAINST NORMAL INSTITUTIONS OF GOVERNMENT.

    THIS IS UGLY.

    Now – what is BAD?

    BAD will be if you did not follow GOD (Brothers) and did not follow leaders of DEGENERATIVE sect (UGLY), but try to fool GOD by marrying NORMAL person and TOTALLY DESTROYING HER DREAMS OF HAPPY FAMILY WITH HEALTHY KIDS.

    THE CHOICE IS YOURS. ALWAYS YOURS.

    Q.: What about masons (shriners etc)?

    A.:Illuminate, Shriners, masons, theosophy, antroposofy – “imja im legion” (legion is our name, because there are many of us...) – are basically clubs for people, who feel “chosen”, special, oppressed and persecuted by bureaucracy, church, academy or any other normal government institution and are looking to get even.

    Depending on the field will profession they will join any of these clubs. Of couse there will be some normal curious bystanders, who always be in the background crowd as decoration. Real purpose of this clubs is TO SELECT ACTIVE SADISTICO-HOMOSEXUAL MANIACS WHO WILL NOT STOP AT COMMITTING ANY CRIME IN ORDER TO BE RECOGNIZED, PROMOTED TO THE POSITION OF POWER.

    Remember – power is strongest narcotic.

    This is like in USSR. Like Pioneers and Komsomoltzi. Few of them will make it to the PARTY rank and even fewer will make it to TSE-KA.

    BUT THOSE WHO WERE SELECTED – WILL STOP AT NOTHING TO PROMOTE MANIACAL IDEAS OF POLITBURO even without totally understanding consequences (KOMINTERN, EURO-KOMMINISM etc)

    Exactly same principals apply to those clubs. To us it should be specially easy to understand, because soviet pyramid was built by same rules and with same drawings.

    Q.: Do you think that eternal plot exists?

    A.:Eternal plot... You see degenerates are like microbes of plague. They destroy healthy body and die with it. They are like HIV virus, which destroy immune system of the body and bring it to death.

    Do microbes have a plan to kill human organism? Do HIV virus have eternal plan to destroy immune system? I do not think so. It is just in their nature – to destroy.

    Now, if somebody will put containers with plague microbes into strategic locations such as subway stations or airports in order to infect and kill as many people as possible? Do they have a plan?

    If somebody is placing degenerates into key strategic positions such as mass media, art, education, army? Do they have a plan? You tell me...

    Q.: Do you think that Mr.X is a degenerate?

    A.: My dear friends, all of you who are normal people, please re-read very carefully Q&A section of my web page.

    Even if somebody feel himself as a degenerate – he still has a choice. He can be good, bad or ugly.

    Many members of degenerative community are under false impression that they are also degenerates. Many of them were adopted or are children of parents, who were adopted.

    In any way 90% of greatest people in history are degenerates. Do you mean – that Mr.X is one of them? :-)

    Please be careful with degenerology. As I stated before – it is almost as effective and also as dangerous as biological warfare. You can not play home with plague microbes after finishing one-two hour lessons in the bio-laboratory.

    Study it. carefully. think a lot. do not rush to judgment.

    Plus another tip from me: I consider person as bio-negative degenerate only if he proves it. many times. As a rule – for the average person you need to confirm 5-6 degenerative attributes, plus analyze carefully actual behavior of this person.

    Even if he screams – I am 100% degenerate, but he fights his demons of degeneracy, he fights other bio-negative degenerates, he is still our friend and ally.

    And another tip – I have received hundreds of letters from my readers from different countries. From Australia, New Zealand, Russia, Israel, UK, France, USA, Germany, Japan... Almost all letters have one interesting observation – my readers start to give my books to all their friends as a test and quietly watch the reaction. Typical result – they loose half of their so-called friends. So, by observing reaction to my books, to my web page – you can make your own conclusions.

    #conspirationnisme #eugénisme #wtf #Russie #civilisation

  • Berlinskij Kreml / The Terror Machine, de Gregory Klimov, Le prix de la liberté, addendum à la deuxième édition du livre, 1971,
    https://g-klimov.info/klimov__pesn_pobeditelya_ru/pesn_pobeditelya_20.html

    On ne trouve ce texte en ligne que dans la version russe du livre. Vu d’aujourd’hui, plus de soixante dix ans après sa première publication et plus de cinquante ans après celle de l’addendum, ce texte nous révèle deux éléments intéressants de l’histoire de la guerre froide.

    D’abord Klimov raconte que le systéme de gestion des DP (displaced persons) états-unien était géré par des gangsters qui pillaient les réfugiés, les torturaient et les utilisaient comme monnaie d’échange pour leurs deals avec les services secrets de l’URSS. Il s’agit des observations personnelles du vécu l’auteur en 1947. Dans la deuxième partie du texte on découvre le résultat de la transformation d’un jeune homme brillant sous l’impression des persécutions stalinistes et états-uniennes et de sa tentative manquée to sort things out .

    En 1971 déjà Gregory Klimov se réfugie dans des idées dignes des médecins eugénistes nazis qui tournent autour de la décadence. Il explique cette vue du monde plus explicietement dans un autre texte. C’est remarquable car il anticipe une partie de la pensée russe post-soviétique dont se servent les poutinophobes pour dénoncer les Russes comme fascistes.

    Grigory Klimov « Le chant du vainqueur »
    Le prix de la liberté
    Addendum à la deuxième édition du livre
    De nombreux lecteurs de « Le Kremlin de Berlin » se sont demandé : « Et que s’est-il passé ensuite ? »
    Lorsque je leur en ai parlé, ils se sont exclamés : « Mon Dieu, c’est si intéressant ! Pourquoi ne l’avez-vous pas décrit ? »
    J’ai donc décidé de décrire les choses « intéressantes » que je n’avais pas décrites auparavant.
    Si aujourd’hui, en 1971, un touriste soviétique, un marin ou un Kagabeshnik saute d’un train ou d’un bateau à vapeur, il est immédiatement emmené en Amérique. Crier dans la presse qu’il a choisi la liberté américaine est une forme de guerre psychologique. Même la fille de Staline a été emmenée en Amérique.
    C’est parce qu’aujourd’hui, les États-Unis et l’URSS sont officiellement ennemis. Lorsque j’ai choisi la liberté, en 1947, ils étaient officiellement amis et alliés. Et il n’y avait pas encore de guerre psychologique. L’élection de la liberté était un peu différente à l’époque. À l’époque, je travaillais comme ingénieur principal pour la SVA, l’administration militaire soviétique en Allemagne.
    Dans ma quête de liberté, j’ai essayé de demander aux alliés occidentaux, les Britanniques et les Américains, ce que l’on appelle l’asile politique par le biais d’intermédiaires allemands. C’était un geste de courtoisie. Mais les gentilshommes alliés ne voulaient rien entendre.
    Au même moment, les journaux berlinois écrivaient que les Britanniques avaient échangé leur agent-espion Igor Stern, qui s’était endormi et avait été arrêté dans la zone soviétique, contre un officier soviétique qui avait choisi la liberté et demandait « l’asile politique » dans la zone anglaise.
    Quelques années plus tard, les Anglais ont condamné ce même Igor Stern à 10 ans de prison pour des faits délictueux. Et le Russe, qui cherchait la liberté, a payé de sa vie ce Stern.
    Comme j’ai été l’un des premiers à arriver au Kremlin à Berlin, j’ai eu un bon appartement et beaucoup de bonnes choses. Les officiers démobilisés avaient le droit d’emporter tout cela comme trophée. Je donnais maintenant toutes ces bonnes choses à mes bons amis. C’étaient des majors et des lieutenants-colonels du service du génie, presque tous membres du Parti. Lorsqu’ils ont reçu mes cadeaux, ils ont deviné que j’allais partir n’importe où, mais pas en URSS. Certains d’entre eux me l’ont directement laissé entendre. Mais moi, avec un pistolet dans ma poche, je me suis entêté :
    – Je vais à Moscou !
    Un camarade major, après s’être donné du courage avec un verre de vodka, m’a avoué qu’il avait un oncle à Paris et m’a proposé d’écrire son adresse. Je secouai la tête :
    – Je vais à Moscou !
    En guise de cadeau d’adieu, j’ai offert à Inga, une gentille petite amie allemande, toute une cargaison d’objets. Elle aussi a compris qu’un officier soviétique qui partait en Russie ne donnait pas toutes ses affaires, et elle m’a dit : "Écoute, veux-tu que je t’aide ?
    – Écoute, veux-tu que je t’aide à t’enfuir en Allemagne de l’Ouest ?
    Je me tais.
    « J’ai un camarade de classe », dit Inga. - Il était dans la SS pendant la guerre. Maintenant, il s’occupe de faire passer la frontière aux gens. C’est vrai, je devrais vous dire qu’à la frontière, il les tue, leur tire une balle dans la nuque et les vole..... Mais je lui dirai que tu es mon fiancé, et il ne te tuera pas.... Tu veux que je vienne avec toi ?"
    Je l’ai remerciée et j’ai dit que j’allais à Moscou. Oh, cette Inga était une bonne femme. Il est bon de s’en souvenir !
    Finalement, avec l’aide d’intermédiaires allemands, je suis arrivé en voiture dans un village frontalier de Thuringe. Le soir, deux guides, père et fils, paysans locaux, m’ont fait passer la frontière. Ils empruntaient souvent ces chemins forestiers pour se rendre chez leurs parents de l’autre côté de la frontière.
    C’était une nuit d’hiver lumineuse. Me souvenant de l’histoire d’Inga, je marche derrière mes guides - avec un parabellum dans ma poche - juste au cas où. Sous mon manteau est accroché à mon épaule, la bouche vers le bas, un fusil automatique allemand. Des grenades et des chargeurs de rechange pour la mitrailleuse sont éparpillés dans mes poches. C’était au cas où les gardes-frontières soviétiques nous croiseraient.
    Nous avons marché ainsi pendant deux ou trois heures. Et nous sommes arrivés sans encombre à la première gare de la zone américaine. Derrière le bâtiment de la gare, j’ai payé mes conducteurs : je leur ai donné, je crois, mille marks d’occupation, ce qui, à l’époque, représentait environ 5 dollars américains. C’était le premier paiement pour la liberté et, je dois le dire, je l’ai gagné très honnêtement. En guise de récompense, j’ai donné à mes guides mon parabellum, mon fusil automatique et mes grenades à main, ce dont ils m’ont vivement remercié et m’ont longuement salué. Peut-être ne s’attendaient-ils pas à avoir tout un arsenal derrière eux.
    Je suis monté dans le train. Allons-y. Je ne sais même pas où. Loin de la frontière. J’étais tellement concentré sur mon évasion de la zone soviétique que je n’ai pas pensé à ce que je ferais dans la zone américaine. Je me perdais parmi les Allemands, je jetais un coup d’œil et nous verrions ensuite. À cette fin, j’ai même obtenu une carte d’identité allemande au nom de Ralph Werner.
    Bientôt, la police militaire américaine commence à marcher le long du train : les Alliés vérifient les documents. Je montre ma kennecard et je suis arrêté. À la gare suivante, les Alliés me remettent à la police allemande. Je demande à l’aimable policier allemand ce qui se passe. Il s’avère que ma fichue carte d’identité provient de la zone soviétique et qu’ils ont d’autres cartes d’identité ici. Herr Werner sera donc renvoyé dans la zone soviétique par le prochain train. Le policier compatit beaucoup avec moi, mais c’est l’ordre des autorités d’occupation américaines : renvoyer tous les réfugiés allemands de la zone soviétique. Y compris Herr Werner.
    Voyant qu’il n’y avait rien à faire, j’ai sorti d’une autre poche ma carte d’identité SBA (Administration militaire soviétique), où j’étais représenté en uniforme d’officier soviétique.
    Le lendemain, je me suis retrouvé chez les Alliés, dans une villa de campagne près de Kassel, où il y avait une sorte de maison de vacances pour les officiers de renseignement américains. L’après-midi, l’un d’entre eux m’a invité à participer à une compétition de tir au pistolet. Nous avons tiré dans la cour sur des morceaux de bois de chauffage fraîchement sciés, en les mettant sur la crosse. L’éclaireur américain sortait de derrière sa ceinture un revolver court, presque sans canon, comme celui que portent les fringants agents du F.B.I. dans les films. Il a également tiré comme un cow-boy au cinéma - de la hanche, sans viser. Et, bien sûr, il ratait tout le temps.
    Il a ensuite sorti de sa poche un Colt de calibre 32 et me l’a tendu. Comme je tirais avec une arme normale et d’une manière normale, mes résultats étaient bien meilleurs. Mais je soupçonne qu’après cela, l’officier de renseignement américain a conclu que j’étais un tireur d’élite et donc un dangereux agent soviétique. Pour ma défense, je peux seulement dire qu’il était tout simplement impossible de tirer plus mal que lui.
    Quoi qu’il en soit, le lendemain, on m’a fait monter dans une jeep et on m’a conduit au Camp King à Oberursel, près de Francfort. Il s’agissait d’un ancien camp de concentration allemand où les Américains détenaient désormais principalement des criminels de guerre allemands. Le panneau au-dessus de la porte indiquait : « Quartier général du contre-espionnage américain en Europe ».
    Dans ce camp de concentration, j’ai été détenu pendant trois mois. En isolement. J’ai donc choisi la liberté - et pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvé derrière les barreaux. Avec des criminels de guerre allemands. Un allié rendant visite à un allié !
    Pendant tout ce temps, je crois que je n’ai été interrogé que deux fois. À l’époque, je parlais couramment l’allemand, mais en anglais, je pouvais seulement lire, mais je ne pouvais pratiquement pas parler. Lors du premier interrogatoire, une Galicienne portant l’uniforme d’un sergent américain a servi d’interprète russe. Mais elle ne comprenait pas le russe et je ne comprenais pas le galicien. Qu’a compris le jeune lieutenant américain de cet interrogatoire ? - Je n’en sais rien.
    Je me suis dit : "Mon Dieu, ils n’ont donc pas un seul interprète russe dans les quartiers principaux du service de contre-espionnage américain ! Les protocoles d’interrogatoire sont estampillés « top secret ». Et cette femme ne comprend pas la moitié de ce que je dis. Et ma vie en dépend. Quelle idiote !"
    Lors du deuxième interrogatoire, on m’a donné un interprète allemand. C’était un jeune homme juif portant l’uniforme d’un caporal américain, qui parlait yiddish au lieu d’allemand. Il ne comprenait pas l’allemand et je ne comprenais pas le yiddish. L’interrogatoire s’est déroulé comme suit :
    Question :
    – De quel établissement d’enseignement avez-vous été diplômé ?
    J’ai répondu en allemand :
    – Polytechnische Hochschule, c’est-à-dire l’Institut polytechnique, où l’on forme des ingénieurs. Le traducteur traduit en anglais comme suit :
    – Vokeschenal High School, ce qui, en Amérique, signifie une école de commerce où vont les plus mauvais élèves qui ne peuvent pas obtenir un diplôme d’une école secondaire normale.
    Les questions qui suivent permettent à l’enquêteur d’apprendre que j’ai obtenu mon diplôme à l’âge de 23 ans, alors que les Américains les plus stupides y parviennent à l’âge de 18 ans. Je suis donc une sorte de supercrétine. Et après ça, j’ai été l’ingénieur en chef du SAS. Qu’est-ce que l’interrogateur a retiré de cet interrogatoire ? - Je n’en sais rien.
    Je me disais : « Comment interroger des criminels de guerre allemands si vous n’avez même pas d’interprètes allemands ? (Soit dit en passant, l’un de ces interprètes des services de renseignement américains était un juif, Henry Kissinger, qui devint plus tard le bras droit du président Nixon). Et ce magasin est le siège du contre-espionnage américain en Europe ?! »
    À Moscou, j’ai obtenu par hasard un diplôme de l’Académie diplomatique militaire, où des milliers de personnes étudiaient toutes les langues du monde, jusqu’aux dialectes nègres d’Afrique. Et ici ?
    Pour être objectif, je dois dire que la nourriture était bonne. Tous les matins, au lever du drapeau, le haut-parleur de la cour diffusait l’hymne américain, que j’écoutais, je l’avoue, avec le plus grand dégoût. Aujourd’hui encore, 24 ans plus tard, lorsque j’écoute cet hymne, il me rappelle automatiquement le camp King.
    Une cellule d’isolement. Sur les murs, des inscriptions laissées par d’anciens prisonniers. Dans toutes les langues du monde, y compris le russe. Certaines d’entre elles sont manifestement des notes de suicide. Par la fenêtre, derrière les barreaux, on aperçoit un canon de char américain. Puis des barbelés. Derrière les barbelés se trouve un champ vert, sur lequel des lapins allemands courent tranquillement. Parfois, ces lapins grimpent même sous les barbelés et s’ébattent sous ma fenêtre.
    Et moi, je m’assois et je me dis : « Oh, pourquoi ne suis-je pas un lapin ? » Prisonnier numéro M-62. Un homme qui a choisi la liberté. Lors de l’interrogatoire, j’ai déclaré que j’avais quitté l’URSS pour des raisons politiques et que je me considérais comme un émigrant politique. Mais pourquoi suis-je détenu ? Pourquoi n’y a-t-il pas d’interrogatoire ? Après tout, mon cas est parfaitement clair. J’ai tous mes documents soviétiques sur moi. Mon nom figure dans les procès-verbaux du Conseil de contrôle allié à Berlin, où j’ai travaillé avec les Américains et les Britanniques. J’ai de nombreuses connaissances allemandes qui vivent dans les secteurs américain et anglais de Berlin et qui me connaissent depuis des années, tant dans le cadre de mon travail que sur le plan personnel. Et tout cela est très facile à vérifier.
    D’un point de vue juridique, il existe un traité sur l’échange mutuel des déserteurs. Mais j’ai un certificat de démobilisation de l’armée. Avec toutes les signatures et tous les sceaux. Et même un laissez-passer pour passer la frontière, sur du papier-monnaie avec filigrane et ma carte-photo. Seul le laissez-passer était à l’envers. Mais de toute façon, le traité d’échange des déserteurs ne s’applique pas à moi.
    Mais alors pourquoi suis-je détenu ? Et en isolement. Et sans interrogatoire. Et sous le sceau « top secret ». Peut-être, me suis-je dit, pour m’échanger contre un espion américain qui s’est endormi dans la zone soviétique, comme Igor Stern ? Oh, vous, les marchands de biens vivants !
    Je ne sais pas si, à l’époque, on n’a pas trouvé de biens convenables à échanger, ou si c’est pour une autre raison. Quoi qu’il en soit, trois mois plus tard, un major américain m’a informé avec indifférence que j’étais libéré. En passant, il a fait remarquer qu’ils allaient devoir m’acheter une nouvelle carte d’identité. Au marché noir. À mes frais, bien sûr, avec l’argent qu’on m’avait pris lors de mon arrestation.
    J’étais un peu surpris que le quartier général du contre-espionnage américain, et dans toute l’Europe, n’ait pas d’autre moyen d’obtenir les papiers d’une personne que de les acheter au marché noir. Mais à l’époque, je m’en fichais. Au moins, ils me laissent sortir.
    La nuit, avant même l’aube, un Tadjik, qui parlait à peine le russe et qui servait apparemment de chauffeur dans ce camp, m’a conduit en voiture du camp King à Stuttgart. En chemin, il s’est arrêté dans un camp DP et a pris un papier certifiant que moi, Herr Ralf Werner, un homme de nationalité indéterminée, j’avais été libéré du camp DP et que je déménageais dans un appartement privé, c’est-à-dire que je passais des mains américaines à l’économie allemande. Je passais donc des mains des Américains à celles de l’économie allemande. C’était là toute l’astuce de l’achat de documents au marché noir.
    Avec ce morceau de papier, nous sommes allés à la police allemande et mon Tadjik a commencé à obtenir de nouveaux documents pour moi. Mais il parlait allemand de telle manière que le policier ne le comprenait pas. J’ai alors fait appel aux services de renseignements américains et j’ai expliqué au policier que ce n’était pas ce Tadjik qui avait besoin de ces documents, mais moi, Herr Werner. J’ai donc obtenu une nouvelle kennkarta, un permis de séjour et des cartes de rationnement.
    C’est ainsi que le vainqueur a choisi le destin du vaincu.
    Après avoir pris congé du Tadjik, je me suis assis sur un banc public et j’ai ouvert le paquet scellé que le Tadjik m’avait glissé au dernier moment - au nom de ses supérieurs. Il était censé contenir mes documents et l’argent emporté lors de l’arrestation. Mais tous les documents avaient disparu. La moitié de mon argent a disparu avec eux - 20 000 marks d’occupation, le prix d’une nouvelle carte d’identité.
    Travaillant comme ingénieur principal pour la SVA, je gagnais en tout et pour tout 8 000 marks par mois. Il n’est donc pas surprenant qu’au moment où la « liberté » a été élue, je me sois retrouvé avec environ 40 000 marks d’occupation (et d’inflation).
    J’ai payé 1 000 marks aux guides allemands qui m’ont fait passer la frontière. Et c’était un gesheft honnête. Mais voilà que le service de renseignement américain me réclame 20 000 marks pour ma « liberté » et tous mes documents professionnels, y compris mon diplôme d’ingénieur, dont je pourrais encore avoir besoin à l’avenir. Cette affaire américaine ne m’a pas enthousiasmé.
    Traduits en monnaie américaine, 20 000 marks représentaient à l’époque une somme insensée, de l’ordre de 100 dollars. Mais les officiers de renseignement américains n’étaient pas dupes. Pour le réfugié que j’étais, cette somme n’avait pas la même signification. Après tout, à cette époque, les Allemands, parmi lesquels je devais vivre, recevaient 400 à 500 marks par mois.
    Si les services secrets américains n’avaient volé que moi, si cela avait été un accident, j’aurais simplement craché et je n’aurais pas décrit la situation avec autant de détails. Mais ce n’était pas un accident, c’était un système. C’est ainsi que presque tous les Soviétiques qui ont « choisi la liberté » ont été traités à l’époque, entre 1945 et 1950. Plus tard, en tant que président de l’Association centrale des émigrés d’URSS de l’après-guerre, c’est-à-dire des personnes qui avaient suivi un chemin similaire, j’ai entendu de nombreuses histoires similaires de leur part.
    Les services de renseignement américains sont officiellement appelés les services de renseignement du gouvernement américain. Mais je dois dire à l’oncle Sema que ce bras n’est pas tant un bras de renseignement qu’un bras de voleur.
    Je dois faire remarquer que le vol ou le cambriolage au Camp King a été effectué de manière assez organisée et prudente. La veille de ma libération, un sergent américain est entré dans ma cellule et m’a tendu un papier à signer, disant : « Je confirme par la présente que j’ai récupéré sains et saufs tous les documents, objets de valeur et, en général, tout ce qui m’a été enlevé lors de mon arrestation ».
    En regardant les mains vides du sergent, j’ai demandé :
    – Où sont toutes ces choses ?
    – Vous les aurez demain quand vous serez libéré", m’a répondu le sergent.
    Après trois mois d’isolement, et avec la perspective d’être renvoyé devant le peloton d’exécution, je n’avais pas particulièrement envie de me disputer avec le sergent pour quelques papiers. J’ai donc pris et signé le papier que le sergent m’a glissé.
    Ainsi, les services secrets américains m’ont non seulement volé, mais ils ont également reçu un reçu attestant que tout m’avait été rendu. C’est peut-être la seule raison pour laquelle ils m’ont gardé à l’isolement pendant trois mois - comme entraînement psychologique pour intimider une personne. Je ne vois pas d’autre raison logique.
    Après avoir vécu quelques jours à Stuttgart, j’ai commencé à réfléchir à ce que je devais faire ensuite. Les officiers soviétiques de la mission de rapatriement se promenaient encore dans Stuttgart à cette époque. Il était un peu étrange pour Herr Werner de regarder cet uniforme qu’il avait lui-même porté récemment.
    Pour une raison quelconque, je me suis souvenu du Conseil de contrôle allié à Berlin, où j’avais rencontré les Américains. Les véritables vainqueurs de l’Allemagne hitlérienne y étaient clairement identifiés. Les Soviétiques se sont comportés de manière résolument cavalière, tandis que les Américains ont fait preuve d’ingratitude. Ils ont tâté mes boutons et mes épaulettes et m’ont souri de manière flatteuse. Ensuite, il y avait des divisions de chars soviétiques derrière moi. Ils m’ont alors pris pour un Soviétique et j’ai pensé qu’ils étaient des gentlemen. Aujourd’hui, le soviétique est devenu russe et les gentlemen sont devenus des escrocs. Bien sûr, pas tous, mais...
    Mais je n’avais pas encore subi la psychologie du vainqueur du Conseil de contrôle. Et si j’allais voir le consul américain à Stuttgart et lui demandais conseil sur ce que je devais faire ? Après tout, les Américains du Conseil de contrôle ne demandaient qu’à me parler. Mais je n’ai pas pu le faire à l’époque. Aujourd’hui, je le peux. Eh bien, parlons-en. Après tout, vous êtes les patrons ici. Je n’ai rien à vous cacher. Même si les services secrets américains sont truffés d’escrocs, les diplomates américains doivent être des gentlemen.
    Je suis donc assis dans le bureau du consul. Il a l’air d’un gentil monsieur avec une bedaine. Mais pour une raison que j’ignore, ce monsieur est surtout intéressé de savoir où et comment j’ai obtenu mon kennkart.
    – Par la police allemande, réponds-je. - Mais avec l’aide des services secrets américains.
    – Et avez-vous payé quelque chose pour cela ?
    La question est assez délicate et même un peu provocatrice. Si je me tais, le consul peut vérifier, et alors on me demandera : « Pourquoi le cachez-vous ? Peut-être cachez-vous aussi quelque chose d’autre ? »
    – Oui et non", réponds-je.
    – Que voulez-vous dire ? - insiste le consul.
    – Je ne l’ai pas payé moi-même, mais ils me l’ont pris.
    – Combien ?
    – Vingt mille marks.
    – Par qui ?
    – Les services secrets américains.
    Après avoir découvert cette question financière, le monsieur à la bedaine s’est désintéressé de moi. C’est peut-être vrai que les Américains ne s’intéressent qu’à l’argent. - me suis-je dit. En me disant au revoir, le consul m’a promis qu’il ferait quelque chose.
    Et effectivement, le lendemain matin, la police militaire américaine m’a tiré du lit. Ils m’ont mis dans une jeep, avec toutes mes affaires, et m’ont emmené. Ils m’ont emmené au même Camp King, près de Francfort. Ils m’ont retiré ma nouvelle carte d’identité et m’ont de nouveau enfermé à l’isolement.
    J’y suis resté trois mois de plus. Sans un seul interrogatoire. Une seule fois pendant tout ce temps, trois messieurs sont entrés dans ma cellule - comme par hasard - un colonel, un major et un sergent qui servaient d’interprète de l’anglais à l’allemand, ou plutôt, de nouveau en yiddish, où je ne comprenais que quelques mots.
    Sur un ton de reproche, le colonel m’informa qu’ils voulaient m’aider, mais qu’au lieu de leur témoigner de la gratitude, je ne faisais que leur causer des ennuis - un trable - et qu’ils ne savaient tout simplement pas quoi faire de moi : apparemment, ils n’avaient qu’à me renvoyer. Après quoi, secouant la tête d’un air réprobateur, ces messieurs sont partis.
    Comme le colonel est apparemment l’un des chefs du camp, je me suis dit qu’il ne s’agissait pas du travail de certains officiers, mais d’un système : tout le quartier général du contre-espionnage américain est entre les mains de gangsters. Et le consul américain à Stuttgart n’est pas mieux. Ils forment tous un seul et même gang, messieurs de la route.
    Mon opinion personnelle est bien sûr absurde. Mais je n’étais pas le seul à le penser, des centaines de Soviétiques qui avaient choisi la liberté et subi une rééducation idéologique au camp King le pensaient aussi.
    Une nuit, je me suis réveillé en entendant un grondement dans l’une des cellules voisines. À travers les murs, on entendait un bruit de lutte, comme si on attachait quelqu’un, et de forts jurons.... russe... Des piétinements et des voix d’Américains... Puis quelqu’un est traîné dans le couloir.
    Eh, me suis-je dit, cela signifie que quelqu’un de notre côté a été traîné... Pour la restitution.
    Après cela, j’étais tellement dégoûté que j’ai décidé d’entamer une grève de la faim et de refuser de prendre le plateau du petit-déjeuner le matin. Mais le sergent a placé le plateau sur la couchette du haut et a fermé la porte à clé. Le petit-déjeuner est resté là jusqu’à l’heure du déjeuner. Au déjeuner, un autre sergent plaça un autre plateau, qui resta là jusqu’au dîner. Et le dîner restait sur la couchette du haut jusqu’au matin. Et ainsi de suite tous les jours. Pendant douze jours.
    Si quelqu’un pense qu’il s’agit d’une farine alléchante, il n’en est rien. Même si j’avais toujours de la nourriture au-dessus de ma tête, je n’avais pas du tout envie de manger. Ensuite, on ne boit même plus. Seules la fatigue et la somnolence apparaissent. Et tout cela est absolument indolore. Ceux qui veulent perdre du poids peuvent essayer. Mais il faut d’abord se retrouver dans le couloir de la mort.
    Finalement, après douze jours de grève de la faim, un major américain est venu dans ma cellule avec une pipe entre les dents et m’a demandé ce qui se passait. Je lui ai répondu que je voulais moi-même savoir ce qu’il en était. Et pourquoi suis-je détenu ici ?
    En regardant la pipe entre les dents du major, je me suis souvenu que je n’avais pas fumé depuis plusieurs jours et je lui ai demandé une cigarette. Le major fouilla dans ses poches, puis regarda sa pipe, qui était vide et même sans cendres, et m’informa qu’il n’avait ni cigarettes ni tabac. Il a sucé la pipe vide. Juste pour le style.
    J’imite Sherlock Holmes, me suis-je dit.
    D’ailleurs, du point de vue de la psychanalyse freudienne, si populaire en Amérique, les hommes impuissants aiment sucer une pipe vide pour se donner l’air puissant. Et l’impuissance est souvent liée au sadisme. Et le sadisme, à son tour, est souvent associé à une soif pathologique de pouvoir sur les autres. Et ces types pullulent dans tous les lieux maléfiques - Tchéka, Gestapo ou camp de concentration américain - où un homme peut abuser d’un autre en toute impunité.
    Suçant sa pipe vide, le major a dit entre ses dents que j’étais envoyé demain et m’a recommandé d’arrêter ma grève de la faim afin de prendre des forces pour le voyage.
    – Où vais-je être envoyé ? - demandai-je.
    – Je ne le sais pas, répondit le major.
    – Et est-ce que c’est certain que c’est demain ?
    – Je vous donne ma parole d’honneur en tant qu’officier américain", a dit le major, apparemment un peu vexé que je ne l’aie pas cru dès le premier mot.
    Eh bien, pensai-je, si demain on m’envoie dans un endroit inconnu, il vaut mieux, en effet, économiser des forces pour la route - vendre ma vie plus cher.
    Sans retirer sa pipe vide de la bouche, le major m’a souhaité un bon appétit et est parti. Mais comme la grève s’était terminée dans des termes assez vagues, malgré douze jours de grève de la faim, je n’avais pas d’appétit. Sur la couchette du haut, il y avait un plateau de repas froid. Mais j’ai attendu le dîner, quand on m’a apporté un service chaud, et c’est seulement à ce moment-là que j’ai mangé. Je n’avais pas d’appétit non plus.
    Le jour suivant s’est écoulé sans changement. Puis le deuxième. Et le troisième. La parole d’honneur de l’officier américain s’est donc révélée aussi fausse que sa pipe vide !
    Auparavant, en tant que criminel particulièrement dangereux, on m’avait emmené me promener seul. Maintenant, je me promenais en compagnie d’un général SS et d’un colonel de la Gestapo. Au début, j’ai eu honte de leur dire qui j’étais. Je n’avais pas honte de moi, mais des Américains. Lorsque j’ai finalement révélé mon secret, mes collègues de prison ont presque éclaté de rire. Ils s’attendaient à tout sauf à une telle absurdité.
    Mais je ne riais pas. Que faire ? Attendre qu’ils vous attachent comme un mouton la nuit et qu’ils vous rendent ? Et selon la loi soviétique, fuir à l’étranger est officiellement considéré comme de la haute trahison et est passible du peloton d’exécution. J’ai lu de telles phrases plus d’une fois dans les ordres du quartier général de la SVA.
    En proie à un sentiment de protestation impuissante, j’ai décidé d’essayer de me suicider. Bien sûr, je n’avais pas l’intention de me tuer sérieusement. Mais quand on est sur le point d’être tué par d’autres, pourquoi ne pas essayer d’abord soi-même ? Au moins, il y a l’avantage de pouvoir changer d’avis à la dernière minute. C’est pour l’instant ma seule liberté.
    Après le dîner, je me suis mis au travail. J’ai déchiré ma chemise en lanières, je les ai torsadées en harnais et je les ai enduites de savon. Je les ai ensuite attachées en une corde et j’ai fait une boucle à l’extrémité. Le seul endroit où la corde pouvait être accrochée était une grille au plafond, derrière laquelle était cachée une ampoule électrique.
    La cellule était déjà plongée dans la pénombre. Je me suis assis sur la couchette supérieure, j’ai attaché la corde à la grille et j’ai regardé le plafond. Puis j’ai appuyé sur le plafond avec ma main. Pour un ingénieur ayant étudié la résistance des matériaux, il était clair que le jeu n’en valait pas la chandelle : mon cou était bien plus résistant que le mince plafond en contreplaqué.
    Pour ne pas me tromper, j’ai décidé de tester d’abord le plafond. Et pour ne pas gaspiller mon cou, j’ai saisi la boucle à deux mains et j’ai sauté.
    Mes calculs sur la résistance des matériaux se sont avérés exacts. J’ai atterri en douceur, comme dans un gymnase, sur le sol. Toutes sortes de matériaux de construction et de fragments d’ampoules me sont tombés sur la tête.
    Comme je ne voulais pas encore dormir, j’ai décidé d’essayer une autre méthode pour me tuer. Dans l’obscurité, j’ai cherché à tâtons sur le sol une douille d’ampoule dont les bords étaient recouverts de fragments de verre aiguisés comme des scies. Je me suis assis sur la couchette inférieure et j’ai commencé à scier les veines de mon bras gauche avec cet instrument. Là où bat le pouls.
    Je ne me sentais pas mal à l’aise de scier les veines d’où venait le sang. J’ai beaucoup de sang. Pendant la guerre, j’ai souvent donné mon sang pour des transfusions - juste pour le plaisir, parce que j’en ai beaucoup. Mais, bizarrement, pour une raison quelconque, je me suis senti désolé de voir dans l’obscurité les tendons, qui sont quelque part tout près de moi. Après tout, me suis-je dit, en cas de problème, tu ne pourras pas serrer le poing.
    Quelque chose de chaud et de collant a coulé le long de mon bras, comme disent les écrivains. La scie avec les éclats de verre était plutôt inconfortable et déchirait la viande. Cette procédure ennuyeuse a fini par me lasser et j’ai eu envie de dormir. Je me suis allongé sur la couchette, j’ai posé ma main (je l’ai sentie - elle fuyait) et je me suis endormi.
    Dans mon sommeil, j’ai entendu la porte s’ouvrir, les débris de verre et de matériaux de construction crisser sur le sol. Le faisceau d’une lampe de poche a traversé la cellule et a touché une flaque de sang sur le sol. Puis l’alarme a retenti dans le couloir. On a appelé un médecin, on m’a bandé le bras, on m’a enlevé mes lunettes et on m’a transféré dans une autre cellule. Seul, bien sûr. Comme il est d’usage pour les criminels dangereux.
    Le lendemain soir, un visiteur est venu dans ma cellule. Il portait un uniforme militaire, avec le ventre volumineux d’un rentier prospère, un énorme pistolet sur son cul tout aussi volumineux, et un brassard noir avec une croix blanche sur sa manche. J’ai regardé et je me suis demandé si c’était un pirate ou un médecin. Mais il s’agissait en fait d’un prêtre protestant.
    La seule chose dont je me suis rendu compte, c’est qu’une fois et pour une raison quelconque, il s’était également suicidé. Je pense que lorsqu’il était missionnaire en Afrique, ses disciples ont décidé qu’il valait mieux le faire bouillir et le manger.
    Que les cannibales allaient manger le pasteur, il y avait une certaine logique à cela. Une logique cannibale, mais une logique tout de même. Le pasteur était gros et il serait utile aux cannibales affamés. Mais à quoi cela servait-il aux Américains de faire ce qu’ils étaient en train de me faire ? - Je ne pouvais pas comprendre cela.
    Car à l’époque, je me considérais comme un partisan aussi sincère de l’Occident que, par exemple, à l’inverse, ces communistes américains qui passent du côté soviétique. Mais si les services secrets soviétiques rencontraient ces communistes comme les Américains m’ont rencontré, tous ces escrocs et ces voleurs seraient abattus comme des chiens. Non pas pour avoir volé, mais pour avoir porté atteinte aux intérêts de l’État. Et ici ? Quelle sorte de démocratie est-ce là ?
    De temps en temps, des livres anglais en lambeaux étaient apportés dans la cellule. Il s’agissait de romans policiers ou d’espionnage. En les lisant, je me suis dit : « C’est dans ces livres que les espions américains apprennent à travailler ».
    Mais parfois, ils apportaient des journaux allemands. Dans l’un d’eux, j’ai lu un petit article sur un soldat soviétique qui s’était échappé à l’Ouest et qui était resté dans un hôpital américain en attendant d’être extradé vers les autorités soviétiques.
    Je me suis dit qu’il était peu probable que ce soldat se soit rendu à l’hôpital pour des maux d’estomac. Il a probablement aussi tenté de se suicider lorsqu’il a appris qu’il allait être extradé.
    La note poursuit en disant que lorsqu’un groupe d’Américains accompagnés d’officiers soviétiques s’est présenté à l’hôpital, le soldat condamné a arraché une mitrailleuse à quelqu’un, a tiré sur huit ou neuf personnes autour de lui, puis s’est suicidé.
    J’ai soigneusement déchiré cette note et l’ai glissée dans ma poche.
    Quelques jours plus tard, on m’a réveillé au milieu de la nuit, on m’a emmené à la douche et on m’a dit de me raser. Ensuite, on m’a fait monter dans une jeep accompagnée de deux policiers militaires. L’un d’eux avait un sac avec mes papiers.
    À l’aube, nous sommes entrés sur l’autoroute et j’ai lu le panneau : « Tant de kilomètres jusqu’à Leipzig ». Nous sommes donc en route vers la frontière soviétique. Il reste quatre heures.
    Un soldat s’est assis au volant, l’autre à côté de lui, et on m’a mis à l’arrière. C’étaient de simples Américains à l’arrière du crâne rasé et rose. Pour montrer leur démocratie, ils m’ont même offert du chewing-gum. Puis le second s’est endormi, et son colt de gros calibre s’est balancé par derrière et m’a tapé séduisamment sur le genou.
    Prends ce colt, me suis-je dit, tire sur ces têtes roses vides et cours. Il y a des bois et des buissons tout autour. Mais courir où ? Je ne peux pas aller à l’est. Et si je tue ces soldats, je ne pourrai pas aller à l’ouest.
    La jeep roulait à vive allure vers la frontière soviétique, et j’essayais dans mon esprit de prévoir toutes les possibilités de transfert et de mettre la main sur une arme. Je me suis souvenu d’une note dans ma poche. Ce soldat a eu de la chance de mettre la main sur un fusil automatique. La mitrailleuse a 72 cartouches, mais ce colt minable n’en a que 8, et on ne peut pas faire de feu d’artifice avec un colt.
    Le plus important, c’est d’arracher l’arme. Au moins, je n’étais pas ligoté comme ce chercheur de liberté qui jurait alors qu’on le traînait dans les couloirs du Camp King la nuit.
    Je n’avais même pas particulièrement envie de tirer sur les conseillers. Pourquoi ? Parce qu’ils pouvaient être des gens comme moi, des esclaves du système. Mais abattre plus d’Américains, c’est un oui... Suis-je une nuisance pour vous ? Pourquoi me livrez-vous à l’abattoir ?
    Bien sûr, ce n’est pas la faute des soldats américains qui m’emmènent. Quelle est ma faute ? Je ne suis qu’un animal chassé. J’aimerais pouvoir abattre les lieutenants, les majors et les colonels qui sont restés au Camp King...
    Et puis lâchez la mitrailleuse, levez les mains et allez vers vos hommes pour qu’ils soient fusillés. Mais avant le peloton d’exécution, je ne vous demanderai qu’une seule faveur : faire un discours devant les soldats et les officiers soviétiques. Pour une fois, quand j’étais écolier, j’ai été le premier orateur. Puis, devenu adulte, je me suis tu. La conscience m’en a empêché. Mais maintenant, je vais faire un tel discours, un tel discours, du fond du cœur, du fond de mon cœur :
    – Camarades, frères, battez ces salauds d’Américains jusqu’à la dernière balle ! Je serais bien le premier, mais vous voyez, je ne peux pas... Ne croyez pas un seul mot des Américains. Ce sont tous des voleurs et des menteurs. J’en ai fait l’expérience moi-même. Et leur glorieuse liberté - la voilà, regardez-moi ! Vous voyez ?
    J’étais tellement en colère que j’étais même prêt à rejoindre le parti communiste avant d’être fusillé. Je vais le dire :
    – "Camarades, frères, je n’ai plus rien à perdre. Je vais donc vous dire toute la vérité. Oui, j’ai évité de rejoindre le parti communiste parce que je pensais que tous les communistes étaient des idiots ou des salauds. Mais maintenant, je suis convaincu que les Américains sont encore plus idiots et plus salauds. Et comme il n’y a pas de vérité dans le monde, inscrivez-moi au parti communiste. Je veux mourir en communiste !
    Oui, je leur ferai la propagande qu’aucun responsable politique n’a pu inventer. Et tout cela du fond du cœur. Et comment vont-ils abattre l’homme dont les Américains ont fait un ardent communiste ?
    Et je me suis dit : il y aura un idiot de moins qui aura cru à la liberté.... Ah, les ailes d’un paysan.
    Il est arrivé quelque chose de similaire aux soldats soviétiques qui se sont rendus aux Allemands au début de la guerre. Après avoir traversé les camps de la mort allemands, si ces soldats se sont à nouveau engagés dans l’Armée rouge, ils se sont vraiment battus jusqu’à la dernière balle.
    Entre-temps, la jeep a roulé jusqu’à la gare frontière du chemin de fer Bebra West. La même gare où, six mois plus tôt, j’avais choisi la « liberté » pour passer ces six mois dans une prison américaine.
    L’un des accompagnateurs a pris le sac contenant mes papiers et s’est rendu chez le commandant militaire américain. Je me suis assis là, m’attendant à ce que cela commence maintenant.... En même temps que le commandant américain, les gardes soviétiques armés de fusils automatiques sortaient et.... Je voulais juste arracher la mitrailleuse. J’ai retiré le support, libéré la sécurité et, le doigt sur la gâchette, j’ai tiré sur les Américains.....
    Au bout d’un moment, l’escorte est sortie seule et m’a fait signe de la main de sortir. Ils ont donc décidé de m’emmener là-bas. Je suis sorti de la voiture pour me rendre au bureau du commandant.
    Mais l’escorte s’est mise au volant et a démarré le moteur, comme si elle allait partir. Je n’ai eu d’autre choix que de demander :
    – Où dois-je aller ?
    – Où vous voulez aller", répond le soldat en mâchant du chewing-gum. - Si vous voulez, allez par là", dit-il en faisant un signe de la main en direction du côté soviétique. - Et si vous ne voulez pas, allez où vous voulez...
    Le soldat a fait tourner la jeep et a donné un coup d’accélérateur, de sorte que les pierres sous les roues me sont tombées dessus, comme dans les films de gangsters. Et je me suis retrouvé seul.
    J’ai regardé autour de moi pour voir si j’étais suivi. Le soleil brillait, les Allemands se promenaient et personne ne faisait attention à moi. J’avais l’impression d’être à nouveau libre. Je me suis assis sur une pierre à l’entrée de la gare et j’ai essuyé la sueur de mon front. Intérieurement, je m’étais préparé à toutes les possibilités, sauf à celle-ci.
    J’avais déjà tellement dit adieu à la vie que le retour à la vie m’avait assommé. Au lieu de la joie ou du soulagement, je ne ressentais qu’une froide fureur. Encore une chose sournoise ! Quel est ce jeu du chat et de la souris ?
    Poste frontière. Des policiers allemands se promènent et vérifient les documents. Il y a aussi des députés américains. Il y a six mois, j’ai été arrêté ici alors que je vérifiais mes papiers. Pour m’apprendre la gratitude et les bonnes manières, ces messieurs du Camp King m’ont retiré la carte de séjour pour laquelle ils m’avaient pris 20 000 marks. Et maintenant, je n’avais plus de papiers du tout. Si un policier s’approchait de moi et me demandait mes papiers, il me renverrait à Kamp-King, d’où je venais, pour identification.
    Le prochain train pour Stuttgart ne part que le lendemain matin. Comme il était dangereux de passer la nuit à la gare, j’ai passé ma première nuit de liberté en première ligne : je suis simplement entré dans une maison bombardée loin de la gare, je me suis allongé sur une pile de briques, j’ai mis mon poing sous ma tête et je me suis endormi en regardant le ciel étoilé au-dessus de ma tête.
    À mon arrivée à Stuttgart, je me suis rendu au poste de police où j’avais obtenu ma carte d’identité et j’ai déclaré qu’on me l’avait volée. Bien entendu, ayant appris de ma triste expérience avec le consul américain, j’ai prudemment gardé le silence sur le fait que les voleurs qui avaient dérobé ma carte étaient le quartier général des services de renseignements américains en Europe. Herr Werner a donc reçu un duplicata de sa carte et a commencé une nouvelle vie.
    En 1947, l’Allemagne de l’Ouest à moitié détruite était envahie par des millions de personnes déplacées de tous les pays d’Europe de l’Est et par des millions de réfugiés allemands expulsés de ces mêmes pays d’Europe de l’Est. Il n’y avait aucune possibilité de travailler dans une spécialité. Un jour, j’ai lu dans le journal que les Américains recherchaient un électricien pour superviser les fours à maïs électriques du PX. J’ai posé ma candidature et j’ai dit honnêtement qu’avant cela, j’avais été ingénieur principal dans l’administration militaire soviétique et que j’avais dirigé des dizaines de grandes usines électriques travaillant sur les réparations, et que j’espérais donc pouvoir m’occuper de quelques fours électriques pour rôtir le maïs. Mais j’ai essuyé un refus. Et ils m’ont même dit honnêtement pourquoi : je n’étais pas politiquement fiable.
    Allez au diable, me suis-je dit. J’ai fui l’Union soviétique parce que j’y étais considéré comme politiquement peu fiable. Et ici, je suis aussi politiquement peu fiable !
    Pour tuer le temps, j’ai écrit quelques croquis de la vie au Kremlin à Berlin, c’est-à-dire dans le quartier principal de la SVA, et je les ai envoyés aux éditeurs de Posev. Après avoir lu mes croquis, ils ont décidé que j’étais un professionnel de la presse et m’ont longtemps persuadé d’avouer où j’avais écrit auparavant - dans la Pravda ou les Izvestia, et sous quel nom.
    Je vivais alors dans une mansarde d’un hôtel bon marché, le « White Deer », dans la banlieue de Stuttgart. Je dormais sur un lit, et sur l’autre - un korobeynik allemand borgne, qui gagnait sa vie en se promenant avec une boîte autour du cou dans les villages voisins et en vendant des lacets, de la cire, du fil et des épingles. Pendant qu’il marchait, je m’asseyais à la fenêtre du grenier et j’écrivais sur le Kremlin de Berlin.
    À l’automne, j’ai emménagé dans une petite maison avec une veuve russe. Lorsque la veuve fut convaincue que je ne préférais pas une vieille femme russe mais de jeunes Allemands, les complications patriotiques commencèrent. Je m’asseyais et écrivais mes essais, tandis que la vieille femme offensée s’asseyait et écrivait partout des dénonciations selon lesquelles j’étais un espion soviétique. Puis le gendre de cette vieille femme a sauté par la fenêtre du cinquième étage et s’est tué. Pouvez-vous imaginer quel genre de vieille femme elle était ?
    En hiver, ma cellule n’était pas chauffée et il faisait aussi froid à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le seul moyen de chauffage était les cigarettes faites avec du tabac noir de paysan - sucre, plus fort et plus puant que la mahorka. Le papier papyrus était un luxe trop grand pour mon budget, et j’ai filé des cigarettes à partir de « Posev », dans lequel j’étais imprimé, et que l’on m’envoyait en tant qu’exemplaires d’auteur. De cette façon, en une semaine, j’ai fumé tout The Seed.
    Toute la journée, je m’asseyais et j’écrivais - dans mon manteau, avec des gants et un chapeau sur la tête. Parfois, je devais faire des pauses lorsque l’encre de l’encrier gelait. La seule source de revenus était les droits d’auteur du Posev. À cette époque, la nourriture était très rare en Allemagne, et je devais parfois manger du hareng avec de l’eau et du pain pendant une semaine. Une autre semaine, je mangeais du miel artificiel, également avec de l’eau et du pain.
    J’ai essayé d’émigrer en France - on me l’a refusé. J’ai essayé d’émigrer en Australie - on me l’a refusé. Comme politiquement peu fiable. Au même moment, pour la troisième fois, tous mes documents ont mystérieusement disparu, y compris le duplicata de la malheureuse carte Kenn. Des DP expérimentés m’ont assuré que tous les fonctionnaires américains de l’UNRRA et de l’IRO chargés de l’émigration étaient des shantrapa internationaux, des compagnons de route communistes, des agents soviétiques ou simplement des voleurs qui vendaient même leur propre mère au marché noir, et qui avaient sans aucun doute vendu tous mes documents et questionnaires, dans lesquels je devais dire toute la vérité, aux services de renseignements soviétiques.
    Le deuxième hiver arriva, et je restai assis dans ma cellule à écrire. Mais à Noël, j’ai reçu un cadeau émouvant. L’un des lecteurs de Posev, qui gagnait sa vie en volant (un vol honnête), a volé une machine à écrire quelque part et me l’a apportée en cadeau :
    – Vous écrivez si bien, m’a-t-il expliqué, que j’en ai les larmes aux yeux. Et c’est le plus important, quand cela touche le cœur. Après tout, nous avons tous parcouru ce chemin. J’ai donc décidé d’aider la cause commune...
    En partant, il fait claquer ses talons comme un soldat et donne la visière de son chapeau de feutre :
    – Camarade ex-commandant, je vois que vous avez faim et froid ici. Même nous, les voleurs, nous ne vivons pas comme ça. Alors ne soyez pas timide... Si tu as besoin de quelque chose, tu n’as qu’à le dire... Nous t’aiderons.
    Oui, en parlant de voleurs. J’ai des photos de Kitty, une de mes amies berlinoises, qui manquent dans ma valise. J’ai récemment reçu ces photos par la poste. Elles n’ont pas pu se perdre. Mais qui les voudrait ? Seulement une agence de renseignements. Mais les services secrets soviétiques, en cas de besoin, ne prendront pas une photo, mais une Kitty en direct. Donc, selon la théorie des probabilités, il ne reste qu’une chose : les services secrets américains, les mêmes messieurs de Camp King.
    C’est amusant. Pendant que les voleurs russes me proposent leur aide, les services secrets américains fouillent mes valises. Et en même temps, pour la deuxième année consécutive, je publie chaque semaine dans Posev, qui est l’une des principales sources d’information pour les experts américains des affaires soviétiques. Cet épisode m’est revenu à l’esprit plus tard, après un nouvel échec et une flagellation publique de l’agence de renseignement américaine CIA, lorsque des badges ont été vendus dans tout Washington avec l’inscription suivante : "Notre travail est si secret qu’il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir : « Notre travail est si secret que nous-mêmes ne savons pas ce que nous faisons ».
    On dit que l’Amérique est un pays de merveilles. C’est pourquoi les vrais best-sellers russes sont écrits en Amérique par des écrivains fantômes. Et si quelqu’un a écrit son propre livre, ce n’est pas un phénomène normal.
    Les livres russes normaux sont écrits en Amérique de cette manière. C’est ainsi qu’est paru le livre « The Secret World » de Peter Deryabin, ancien lieutenant-colonel des services secrets soviétiques. La couverture indique honnêtement qu’il a été écrit par quelqu’un d’autre à partir des mots de Deryabin. Vient ensuite le film d’action suivant, Notes of Penkovsky, qui a été fusillé en URSS pour espionnage. Sur la couverture, on peut lire qu’au lieu de Penkovsky, ce livre a été écrit par Deryabin. Ce même Deryabin, qui ne pouvait même pas écrire son propre livre, écrit maintenant allègrement à la place du cadavre de Penkovsky. Miracles !
    Et moi, comme un idiot, je me suis assis pendant deux ans et j’ai écrit mon livre moi-même. Et dans des conditions telles que lorsque j’ai terminé mon travail, j’étais fermement convaincu que j’avais gagné la tuberculose.
    Fils d’un médecin gynécologue, j’ai toujours aimé feuilleter les livres de médecine de mon père. Peut-être parce qu’il s’agissait de livres sur les maladies féminines avec toutes sortes d’images intéressantes, si explicites qu’aujourd’hui en Amérique, même dans les magazines pornographiques, on ne les trouve pas. Après avoir regardé ces images, je me suis considérée comme une experte et, lorsque j’avais des douleurs, j’aimais me diagnostiquer moi-même.
    Ainsi, lorsque j’ai passé un examen médical, j’ai déclaré avec autorité que je devais avoir la tuberculose. Mais le médecin a secoué la tête et m’a dit que j’étais en pleine forme. J’ai d’abord été très surpris. Puis je me suis souvenue de mon père avec gratitude - il semble qu’il ait été médecin-gynécologue pour une bonne raison, il m’a formée selon toutes les règles de la science et de la technologie.
    En 1950, le pendule de la politique américaine est passé d’un extrême à l’autre. D’un extrême à l’autre. L’ère Roosevelt a été remplacée par l’ère McCarthy. L’un après l’autre, les procès d’espionnage atomique se déroulent en Amérique. Des centaines de pédés sont chassés du département d’État. Les compagnons de route communistes sont renvoyés des bureaux du gouvernement. La presse américaine crie à la chasse aux sorcières. Et les journaux allemands écrivaient que le consul américain à Stuttgart, un de mes amis, était tellement perturbé par tout cela qu’il en est mort le cœur brisé.
    En même temps, sur le front soviétique, les Américains ont commencé ce qu’on appelle la guerre psychologique. À Munich est apparu le Projet Harvard, qui se livrait à toutes sortes de recherches psychologiques, puis la radio Voice of America, Radio Liberty, et un certain Comité américain, qui a changé de nom si souvent que je ne sais même plus comment il s’appelle aujourd’hui.
    Tous les moineaux sur les toits de Munich ont gazouillé que l’agence de renseignement américaine CIA était derrière tout cela. La presse américaine elle-même l’a ensuite clairement confirmé. Le personnel américain de ce complexe de guerre psychologique, aussi étrange que cela puisse paraître, se composait principalement de fonctionnaires qui, pour une raison ou une autre, avaient été renvoyés du département d’État et qui, pour une raison ou une autre, avaient été pris sous leur aile par la CIA.
    À la même époque, l’Association centrale des émigrés d’URSS d’après-guerre (COPE) a été créée à Munich, réunissant tous les « nouveaux », et j’en suis devenu le président. Les « nouveaux » étaient nécessaires à la guerre psychologique. Mais grâce aux activités de Kamp-King, le flux des « nouveaux » s’est presque complètement arrêté. Pour comprendre pourquoi cela s’est produit, j’ai décrit en détail mes propres aventures dans ce Kamp-King.
    Un jour, un homme élégant, vêtu d’un costume tropical clair et de chaussures colorées, tel un gigolo italien, s’est présenté à mon appartement. Il se présenta comme le pasteur protestant qui avait failli être dévoré par des cannibales et qui avait eu le plaisir de me rencontrer au Camp King.
    En regardant le pasteur déguisé, je me suis dit : "Quel genre d’intelligence as-tu, mon oncle, de nos jours ?
    Remarquant ma mine déconfite, le pasteur s’est empressé de m’informer qu’une enquête gouvernementale spéciale avait été diligentée au sujet de Kamp-King, mais qu’à l’arrivée de la commission d’enquête, tous les documents relatifs aux activités de ce camp avaient été providentiellement brûlés. Aujourd’hui, cette commission tente de reconstituer indirectement ce qui s’est passé à Kamp-King. Et comme je suis le président de l’organisation représentant tous les citoyens soviétiques qui ont fui à l’Ouest après la guerre et qui ont donc subi une rééducation démocratique au camp King, c’est à ce moment-là que le pasteur s’est adressé à moi.
    Voici une petite illustration, par exemple. Un pédéraste soviétique s’est plaint bruyamment d’avoir caché des diamants dans son cul lorsqu’il s’est enfui, mais les messieurs du Camp King les ont trouvés même là et les ont volés. Ensuite, cet Ostap Bender n°2 a travaillé comme colonel de radio à Radio Liberty. Il y travaille encore aujourd’hui, depuis 20 ans.
    J’ajouterai quelques détails supplémentaires tirés de ma propre expérience. En plus des documents soviétiques et des timbres allemands que j’ai déjà mentionnés, les messieurs du camp King m’ont volé les babioles suivantes :
    1. Lorsque j’ai été démobilisé de l’armée, j’ai reçu 5 000 roubles pour ancienneté de service. Je n’ai pas eu le temps de les échanger contre des timbres. Les Américains ont empoché ces 5 000 roubles. Tout neufs, impeccables, tout droit sortis de la banque d’État. Pourquoi les espions américains en avaient-ils besoin ? Comme souvenirs ? Ou pour l’espionnage ?
    2) En tant qu’ingénieur de haut niveau, j’avais le droit de porter à la fois un uniforme militaire et un costume civil. Je me suis donc acheté une épingle à cravate en or avec une perle. Les Américains ont également volé cette épingle. Apparemment pour me débarrasser de mes habitudes bourgeoises.
    3. J’ai acheté aux Allemands, au marché noir, un stylo auto-écrivant américain Parker. Les Américains me l’ont volé au camp King.
    4. J’avais aussi un étui à cigarettes bon marché en métal jaune et émail noir. Les Américains l’ont apparemment pris pour de l’or et l’ont également empoché.
    Je ne me soucie pas de toutes ces petites choses. Mais si l’on raconte des anecdotes sur la façon dont les Russes ont volé des montres aux Allemands, pourquoi ne pas raconter comment les Américains ont volé des montres aux Russes ? Et certains, comme Ostap Bender #2, ont même regardé le cul.
    Tout cela s’est déroulé sous le drapeau des États-Unis flottant au vent. Et pour que les gens ne se trompent pas d’endroit, l’hymne national américain était diffusé par les haut-parleurs.
    Voice of America et Radio Liberty dépensaient des millions de dollars pour encourager les soldats et les officiers soviétiques stationnés en Allemagne de l’Est à choisir la liberté américaine. Les services de renseignement avaient besoin de langues, mais il n’y avait pas de transfuges.
    La propagande soviétique exploite pleinement les activités de Kamp King. Les troupes soviétiques recevaient constamment l’ordre de tirer sur les soldats et les officiers soviétiques qui avaient fui vers les Américains - et qui avaient été extradés. Bien sûr, cela décourageait l’élection de la liberté dans de telles conditions.
    Mais les Américains sont des gens pragmatiques. Afin d’augmenter le nombre de transfuges, les services de renseignements américains ont créé un bataillon spécial de prostituées à Berlin pour attirer les officiers soviétiques à l’Ouest, dans le cadre d’une forme de guerre psychologique. Les prostituées étaient payées sur la base d’une liste de prix fermes : 20 000 marks pour un lieutenant, 25 000 marks pour un capitaine et 30 000 marks pour un major. Et pas des marks d’occupation et d’inflation, mais des marks nouveaux et solides.
    Je me suis assis et j’ai fait un rapide bilan. Les braves scouts américains m’avaient déjà volé quelque chose comme 100 dollars. Et à cause de cela, ils paient maintenant des prostituées 7 500 dollars pour un tel homme ?! C’est ainsi que les contribuables américains paient les petits voleurs du camp King.
    Ensuite, dans le cadre de la guerre psychologique, un bataillon de prostitués masculins a été ajouté pour aider les prostituées féminines, c’est-à-dire les pédérastes allemands, qui ont repéré leurs semblables parmi les soldats et les officiers soviétiques - et les ont attirés à l’Ouest.
    Bien entendu, tous ces projets spéciaux de guerre psychologique étaient tellement confidentiels que même moi, le président de la CSPE, n’en avais pas connaissance. Mais comme ces personnes venaient ensuite me voir, j’en voyais les résultats. Tout cela ne peut être compris que rétrospectivement.
    Et les résultats sont les suivants. Plaisanter avec l’amour a mal fini. Les personnes qui ont été attirées à l’Ouest par des prostituées, femmes ou hommes, ont rapidement réalisé qu’elles avaient été trompées, se sont senties comme des poissons jetés dans le sable, se sont enivrées, ont sombré dans la misère sociale et, finalement, comme dernière forme de protestation impuissante, sont retournées en URSS - pour y être fusillées.
    À leur arrivée, Voice of America et Radio Liberty leur ont crié au ciel qu’ils avaient « choisi la liberté ». Lorsqu’ils sont repartis, il y a eu un silence sépulcral. Comme dans un bon salon funéraire. Ou bien, pour brouiller les pistes, ils faisaient courir une sale rumeur. La liberté était comme les ailes d’un citadin qui s’envole sur des ailes artificielles et qui tombe.
    Ainsi, si auparavant les services secrets américains volaient les transfuges soviétiques et les renvoyaient au peloton d’exécution, ils allaient maintenant eux-mêmes au peloton d’exécution. En partant, ils ont dit ouvertement :
    – "Les Américains ? Ce sont tous des prostitués. Nous préférons être fusillés par les nôtres !
    Entre-temps, mon « Kremlin de Berlin » a été traduit en allemand. Un jour, j’ai reçu une lettre de 12 pages d’un de mes lecteurs. Il s’agissait d’un colonel allemand, chevalier de la Croix de fer, la plus haute distinction de l’armée allemande. Le colonel avait perdu une jambe sur le front russe et avait passé sept ans en captivité en Union soviétique. De retour en Allemagne et après avoir lu mon « Kremlin », il a voulu me serrer la main pour ce livre - d’officier à officier.
    Le colonel allemand avait ramené de sa captivité russe une cuillère en bois faite maison, offerte par ses amis russes du camp de concentration, ainsi qu’une simple icône russe, offerte par un agriculteur collectif soviétique. Cet homme comprenait les problèmes du communisme et du peuple russe bien mieux que la plupart des experts occidentaux des affaires soviétiques.
    Un jour, j’ai reçu une lettre de ce type :
    "Cher Herr Klimov ! Aux jours de la victoire et de la défaite, vous, le vainqueur, avez trouvé dans votre « Kremlin de Berlin » des mots de sympathie et de gentillesse pour nous, les femmes et les enfants de l’Allemagne vaincue. En remerciement, je vous envoie ce médaillon, qui est consacré, et qu’il vous garde en sécurité."
    Edith Neugebauer.
    La lettre était accompagnée d’un médaillon catholique à l’effigie de la Madone et d’une chaîne à porter autour du cou.
    Quelques mois plus tard, j’ai effectué un long voyage d’affaires en voiture. En chemin, il y a eu un accident. Le chauffeur a été tué sur le coup. J’étais assis à côté du chauffeur, dans le couloir de la mort, mais je suis resté en vie.
    Lorsque je me suis réveillé à l’hôpital, j’ai vu que j’avais ce médaillon accroché à ma poitrine. Je n’avais jamais porté ce médaillon avant ou depuis. Mais lors de ce voyage, pour une raison que j’ignore, je l’ai porté. Je ne suis pas superstitieuse, mais...
    En général, tout s’est très bien passé avec les Allemands. J’ai même passé sans grande difficulté la procédure de dénazification, qui a été passée par tous les habitants de l’Allemagne, pour attraper tous les anciens nazis, la Gestapo, les SS et ainsi de suite. J’ai simplement écrit sur le formulaire que j’avais servi dans l’Armée rouge à l’époque et j’ai reçu un certificat officiel de dénazification. Avec tous les tampons, signatures et sceaux.
    Cependant, malgré le certificat de dénazification, on m’a à nouveau refusé l’émigration vers l’Amérique. Et ce, bien que j’aie été le chef du CITE, au sujet duquel tous les moineaux sur les toits de Munich gazouillaient qu’il s’agissait d’un projet spécial de la CIA, l’agence de renseignement américaine.
    Apparemment, les voleurs du Camp King m’avaient donné une mauvaise référence, pensai-je. Et le travail de la C.I.A. est tellement secret qu’ils ne savent pas ce qu’ils font.
    Peu à peu, la guerre psychologique est entrée dans une troisième phase. Cette troisième phase était principalement basée sur ce que l’on appelle le projet Harvard, qui a été réalisé à Munich en 1949-50, et où j’ai également travaillé un peu. Ce projet Harvard était principalement basé sur le mystérieux « complexe de Lénine », c’est-à-dire, comme les experts l’ont expliqué plus tard, sur le complexe d’homosexualité latente de Lénine.
    De quoi s’agit-il ? Il est assez difficile de l’expliquer. Mais en principe, d’un point de vue clinique, il s’agit d’une dégénérescence ou d’une dégénérescence composée de maladie mentale et de perversion sexuelle. C’est le poison corpulent de la race humaine, qui a ruiné la Grèce antique, la Rome antique, et qui a beaucoup contribué à la révolution en Russie. C’est donc un remède assez puissant. Et du point de vue de la religion, c’est ce que la Bible appelle le diable et le prince de ce monde.
    Après tout, les émigrés russes ont longtemps dit : "Contre les bolcheviks, même avec le diable ! Eh bien, les Américains pragmatiques ont pris ce même diable comme allié.
    Bien entendu, cette alliance inhabituelle a été si soigneusement classée que même le président du Comité central de l’Union soviétique n’en a pas eu connaissance. Tout cela ne peut être compris que rétrospectivement.
    Même si, à l’époque, je ne connaissais pas tous les secrets du projet Harvard, les services secrets soviétiques étaient au courant dès le début. Et ils ont pris leurs propres mesures. Il n’y a donc aucune raison de garder le silence à ce sujet. Pourquoi cette fausse honte ?
    Il est tout à fait naturel que pour une tâche aussi spécifique qu’une alliance avec le diable, vous ayez besoin du personnel approprié. Par exemple, j’avais un commissaire très sympathique de la C.I.A., un vrai charmeur. Mais il s’est avéré qu’au lieu de sa femme, ce commissaire préférait sa secrétaire.
    Vous savez, certaines personnes utilisent leur secrétaire et d’autres préfèrent leur secrétaire. On dit que c’est de là que vient le mot « secrétaire ». Du point de vue du projet Harvard, il s’agit là d’une des variantes du « complexe de Lénine ».
    Voici un autre exemple. Je faisais la cour à une charmante jeune femme de la Voix de l’Amérique. Mais il s’est avéré que cette charmante jeune femme courtisait ses amis, qu’elle était, pardonnez-moi l’expression, lesbienne. Oui, et aussi une sadique, comme celles qui travaillaient autrefois pour la Tchéka et qui, au bon vieux temps, étaient tout simplement brûlées sur le bûcher sous prétexte qu’elles étaient des sorcières. Et du point de vue des professeurs de Harvard, c’est le complexe de l’épouse de Lénine.
    Bien sûr, je ne peux pas dire que tous les employés de l’American Committee, de Radio Liberty, de Voice of America et d’autres organes de psycho-guerre étaient armés de ce complexe de Lénine. Mais je peux garantir que presque toutes les personnes que j’ai connues là-bas avaient cet ordre de Lénine. Et j’ai connu beaucoup de gens là-bas.
    Le projet de Harvard était une sorte de dramatisation du Besov de Dostoïevski, mise en scène par les services secrets américains. J’ai donc travaillé dans un environnement de dégénérés et de monstres, dont la moitié, selon les statistiques, sont des malades mentaux. C’est pourquoi, lors de la grande purge des années 30, Staline a détruit ces léninistes en les traitant de chiens enragés, Hitler les a conduits dans des chambres à gaz et des camps de concentration et, dans le bon vieux temps, on les a brûlés sur le bûcher en les traitant de sorciers et de sorcières. Pour ne froisser personne, nous pouvons ajouter que Staline et Hitler étaient eux-mêmes exactement les mêmes dégénérés.
    En général, dans un tel environnement, mon travail était agréable et je ne m’ennuyais pas.
    Certains appelaient le Comité américain « le Comité pour sauver la Russie des bolcheviks - avec l’aide des trotskistes et des mencheviks » ! Pourquoi ? C’est très simple. Après tout, le premier postulat du marxisme est l’unité et la lutte des contraires. Les Américains, rusés, ont donc décidé de vacciner les bolcheviks contre la rage, composée de la salive empoisonnée des trotskistes, des mencheviks et des SR.
    Mais cette chose est extrêmement confuse. Par exemple, il faut connaître la philosophie du chercheur de diable Berdyaev, qui prêchait l’union de Satan et de l’Antéchrist et le royaume du prince de ce monde qui en résulterait. Et si je l’explique, il y aura un tel hurlement, comme si nous avions marché sur la queue de Satan et de l’Antéchrist.
    Quels sont les « démons » du projet Harvard dans la pratique ? Du point de vue sociologique, il s’agit de « l’ordre de Lénine ». Du point de vue de la psychologie, il s’agit de l’"érotisme buccal" freudien. Et du point de vue de la langue russe, il ne s’agit pas de personnes, mais de jurons ineffaçables.
    Ces « porteurs d’ordre » font littéralement ce que disent ces jurons apparemment dépourvus de sens. Ce mystère fait d’eux une sorte de parti secret dont le nom est Légion, ce que la Bible appelle le prince de ce monde. Et derrière tout cela se cachaient des « démons », c’est-à-dire des maladies mentales.
    La tâche de ces démons était de mutiler à la radio ou dans la presse les mêmes démons en Union soviétique ou de les attirer à l’Ouest. Au début, cela se faisait avec l’aide de prostituées allemandes des deux sexes. Ensuite, ils ont eu recours à des prostituées de la radio.
    Comme ces « chercheurs de liberté » sont venus me voir à la CACE, j’ai vu les résultats de tout cela. Alors qu’auparavant les services de renseignement américains avaient volé les transfuges soviétiques et les avaient renvoyés pour qu’ils soient fusillés, ils allaient maintenant être fusillés eux-mêmes. D’autres se suicidaient. D’autres encore se retrouvaient dans des cliniques psychiatriques ou des centres d’isolement pour alcooliques. D’autres encore, de jeunes soldats soviétiques, choqués par tout cela, sont entrés dans un monastère.
    Pour ces personnes, la liberté s’est transformée en ailes de citadin, qui tente de voler avec des ailes artificielles - et tombe.
    Peu à peu, la guerre psychologique s’est transformée en une guerre de fous. Un psychiatre aurait dû siéger à la place du président de la CEPE. Mais comme je n’étais ni psychotique ni psychiatre, et que je n’avais pas le complexe de Lénine, je m’en suis simplement lavé les mains en 1955 et je suis parti en Amérique.
    Comme j’étais président de la CSPE, élu pour ainsi dire, j’étais censé rendre compte à mes électeurs, selon les règles démocratiques. Eh bien, me voici.
    Rétrospectivement, les discours de victoire de Voice of America et de Freedom Radio, qui parlaient de ceux qui avaient « élu la liberté », ressemblent aujourd’hui à des publicités de pompes funèbres. Franchement, si le Comité soviétique « Pour le retour à la mère patrie » était qualifié de comité-piège, le Comité américain avec sa Radio Liberty n’est pas moins un piège. Cette liberté n’est pas une simple liberté, mais une liberté spéciale, construite selon les recettes du chercheur de diables Berdyaev, où, comme en 69, le bien-mal et le mal-bien s’entremêlent, et où rien n’est rien. C’est pourquoi certains experts disent qu’il y a 69 façons d’être malheureux.
    Certains marchands d’âmes humaines n’apprécieront peut-être pas. Mais je dirai une chose : pour moi, une âme saine est plus proche qu’une âme malade. Et j’accorde plus de valeur à une âme vivante qu’à une âme morte. Et vous faites le commerce d’âmes malades ou mortes.
    Tels sont les résultats de la psycho-guerre américaine sur le front russe de 1945 à 1955. À cet égard, il convient de rappeler l’excellent livre d’Ariadna Delianich « Wolfsberg - 373 » (ce livre peut être obtenu auprès des rédactions des journaux « Russian Life » et « Russia » ou auprès des libraires), qui décrit comment, après la capitulation de l’Allemagne, les services secrets britanniques ont filtré les anticommunistes russes. De nombreux parallèles sont suggérés ici. Ici comme là, les résultats sont plutôt tristes.
    Par ailleurs, la troisième phase de la guerre psychologique, que j’ai décrite plus haut, se poursuit encore aujourd’hui. Les Américains utilisent toutes les méthodes de la guerre psychologique, par le biais de la radio et de la presse écrite, pour inciter les fous soviétiques de l’"Ordre de Lénine" à se révolter. Et le KGB soviétique, connaissant parfaitement tous les secrets et les mystères du projet Harvard, place discrètement ces « léninistes » dans des hôpitaux psychiatriques, que les fous eux-mêmes ont judicieusement baptisés « maisons de fous ».
    Dans le jargon professionnel du KGB, en pleine conformité avec le projet Harvard, ces fous sont classés selon Freud comme suit : type HS, type PL, type VRE, type GE, et ainsi de suite. Ces nouvelles abréviations soviétiques ne sont que des raccourcis de gros mots non imprimables. Ces victimes de la psycho-guerre américaine s’assoient dans des « maisons de fous » et chantent des chansons arméniennes :
    Eh, politika-malytica....
    Où es-tu, ma tête malade ?
    Et les dégénérés occidentaux, également comme HS, PL ou VRE, qui sont légion dans le nom, savent très bien que leurs frères sont mis dans des « maisons de fous » - et le crient au ciel. Voilà pour la quintessence de la psycho-guerre des 20 dernières années.
    C’est pourquoi les philosophes disent que le diable n’est dangereux que lorsqu’on ne le voit pas. Et quand on le voit, il est ridicule et pathétique. Les philosophes disent aussi que le diable est un mauvais allié.
    Les services secrets américains nourrissent ces fous et les services secrets soviétiques les exploitent. Et si nécessaire, ils seront écrasés comme les mouches bleues de Tarsis. Les mouches bleues sont des mouches de cadavres. Et elles transportent le poison des cadavres.
    À propos, pendant que le chef du renseignement américain Allen Dulles commandait la psycho-guerre, son fils était dans un asile de fous.
    Au siège de l’Agence centrale de renseignement des États-Unis, près de Washington, on peut lire sur la façade une phrase biblique : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jean 8:32). La Bible ne parle pas du tout de la liberté américaine, mais de la liberté par rapport au péché. D’accord, je vais vous dire une de ces vérités sans péché :
    Franchement, si l’empereur Nicolas II avait fait en son temps ce que le KGB fait aujourd’hui, c’est-à-dire enfermer les Lénine, Kamenev, Trotski et autres dans des « maisons de fous », il n’y aurait pas eu de révolution ni de pouvoir soviétique en Russie. L’Amérique aurait alors été plus calme. Mais à l’époque, l’Amérique faisait la même chose qu’aujourd’hui.
    En ce qui concerne les patients des « asiles de fous » soviétiques, dans la plupart des cas, vous verrez la même chose que ce que le philosophe noir Berdyaev appelait l’union de Satan et de l’Antéchrist, qui promet le royaume du prince de ce monde. Nous devons admettre que le vieux chercheur de diable Berdyaev n’était pas du tout un imbécile.
    Et les professeurs de Harvard avec leur « complexe de Lénine » ne sont pas non plus des imbéciles. La police secrète soviétique et ses « maisons de fous » ne sont pas non plus des imbéciles. Les seuls imbéciles sont ceux qui ne savent pas tout. Mais essayez de dire ceci...
    On dit que la vérité nue est parfois désagréable. Comme, par exemple, les démons nus de la guerre psychologique. Mais ils disent aussi que Dieu n’est pas dans la force, mais dans la vérité.

    New York. 20 décembre 1971.

    #conspirationnisme #eugénisme #anticommunisme #histoire #guerre_froide

  • Écolos, mais pas trop… - Mon blog sur l’écologie politique
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Ecolos-mais-pas-trop

    Jean-Baptiste Comby, Écolos, mais pas trop… Les Classes sociales face à l’enjeu environnemental, Raisons d’agir, 2024, 186 pages, 14 €

    Dans ce livre rapide et incisif, le sociologue Jean-Baptiste Comby analyse la manière dont les classes sociales, et au sein de celles-ci les pôles économique et culturel, interprètent diversement les problèmes écologiques actuels. Bourgeoisie, petite bourgeoisie et classes populaires font l’objet de trois grandes parties nourries par deux enquêtes, qualitative et quantitative, le tout étant illustré par des parcours biographiques et des extraits d’entretiens qui donnent à entendre le propos des enquêté·es.

    […]

    Lecture conseillée, donc, pour la précision des analyses en termes de classe et l’occasion pas si fréquente d’entendre les voix de personnes issues d’autres classes sur leur rapport à l’écologie. Vous pouvez aussi prendre connaissance du propos de Jean-Baptiste Comby dans une conférence gesticulée avec son camarade Anthony Pouliquen, une forme théâtralisée, à deux voix. Il y est question de yaourt bio compensé au Nutella (ou l’inverse) et de l’inspecteur Colombo. La captation vient elle aussi de sortir.

    https://www.youtube.com/watch?v=cpAY24KcGqw

    #recension #livre #Aude_Vidal #écologie #sociologie #classes_sociales #Jean-Baptiste_Comby #Anthony_Pouliquen #conférence_gesticulée

  • À Clermont-Ferrand, la success story de la librairie Les Volcans, sauvée par le modèle coopératif | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/200424/clermont-ferrand-la-success-story-de-la-librairie-les-volcans-sauvee-par-l

    Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).– « Nous nous sommes fait confiance. » En une phrase, Martine Lebeau révèle le secret de la réussite d’une entreprise que banquiers et autres experts jugeaient promise à un échec cuisant. En effet, comment de simples chef·fes de rayon et des caissiers et caissières auraient-ils pu gérer avec succès une librairie de plus de trente salarié·es, là où des managers confirmés n’avaient pu éviter la liquidation ? Et pourtant, ils et elles l’ont fait.

  • Gräuel und Vergeltung : Das Massaker der Hamas und Israels Krieg im Spiegel der Geschichte
    https://www.telepolis.de/features/Graeuel-und-Vergeltung-Das-Massaker-der-Hamas-und-Israels-Krieg-im-Spiegel


    Das Massaker von Kanpur in einer zeitgenössischen Darstellung. Bild : jenikirbyhistory

    L’attaque du Hamas contre l’état d’Israël n’a rien d’exceptionnel. La révolte des colonisès et la rèpression par les colons produisent systématiquement des tragédies. Voilà le cas de la révolte des Sepoys contre l’empire britannique en 1857. L’article cite un journaliste contemporain, un certain Karl Marx.

    20.4.2034 von Andreas Wehr - Der Aufstand der indischen Sepoys von 1857 und der Angriff der palästinensischen Hamas 2023. Parallelen und unangenehme Fragen. Ein Vergleich.

    Im Sommer 1857 kam es in dem von Großbritannien beherrschten Indien zu einem Aufstand, der durch seine Grausamkeiten weltweit Entsetzen und Abscheu auslöste, und der bis heute nachwirkt. Die damaligen Ereignisse sollen hier zunächst in aller Kürze dargestellt werden. Grundlage hierfür ist der Artikel „Indischer Aufstand: Das britische Trauma vom Massaker von Kanpur“ des Historikers Berthold Seewald in der Tageszeitung Die Welt.

    Ausgelöst durch das Gerücht, die Patronen ihrer neuen Enfield-Gewehre würden Fett von Kühen und Schweinen enthalten, hatten sich zunächst in Meerut Hindu- und Muslim-Sepoys der East India Company gegen ihre britischen Offiziere und Unteroffiziere erhoben.

    Hintergrund war, dass man die Hüllen der Patronen vor dem Laden mit den Zähnen aufbeißen musste, sodass die Soldaten Gefahr liefen, Spuren des Fetts ungewollt zu sich zu nehmen. Das war – was die Kühe betraf – für Hindus aus religiösen Gründen unerträglich, und für die Moslems stellte das Schweinefett ein unüberwindliches Hindernis dar.

    Andauernde Unterdrückung und Aufstand

    Diese Zumutungen waren aber nur Anlass für den Aufstand. Ursachen waren die andauernde Unterdrückung, Demütigung und Missachtung der einheimischen Bevölkerung durch die englischen Kolonialherren.

    Als Sepoys wurden die von der englischen Kolonialmacht unterhaltenen indischen Truppen bezeichnet. Die „Große Meuterei“, wie die Erhebung auch genannt wird, hatte Anfang Juni 1857 die Garnison in Kanpur (im heutigen indischen Bundesstaat Uttar Pradesh) unter dem Befehl des englischen Kommandanten Hugh Wheeler erfasst. Im Juni spitzte sich die Situation zu. Unter Führung des Großmoguls Nana Sahib schlossen sich die indischen Truppen dort dem Aufstand an.

    Kanpur 1857: Das Leiden der Belagerten

    Das Gros der 3.000 Sepoys verweigerte den Befehl. 300 europäische Soldaten, 80 indische sowie einige Hundert Zivilisten, darunter 400 Frauen und Kinder, zogen sich daraufhin in den befestigten Kern der Garnison zurück. Wassermangel, Hunger, Krankheiten, der Gestank der Leichen sowie die seelische Belastung untergruben bald den Durchhaltewillen der Belagerten.

    Als klar wurde, dass auf Ersatz nicht zu hoffen war – die Aufständischen hatten die Telegrafenleitungen gekappt –, beschlossen Wheeler und seine Offiziere, das Angebot Nana Sahibs anzunehmen: freier Abzug nach Aufgabe.

    Am 27. Juni 1857 verließen die Briten die Ruinen und marschierten zum Ganges, wo sie Boote erhalten sollten, mit denen sie sich nach Allahabad durchschlagen wollten.

    Waffen und Munition durften sie mitnehmen, doch das half ihnen wenig. Die Boote wurden in Brand geschossen und versenkt, vorwiegend Männer wurden dabei getötet.

    Ruhr und Cholera unter Flüchtlingen

    125 Frauen und Kinder wurden in einem Frauenhaus eingepfercht. Zusammen mit weiteren Flüchtlingen kampierten dort rund 200 Menschen unter entsetzlichen Bedingungen. Ruhr und Cholera dezimierten die Inhaftierten.

    Als britische Truppen auf Kanpur vorstießen, setzte Nana Sahib die Eingeschlossenen als Geiseln für Verhandlungen ein. Da sich die englischen Truppen unter Befehl des Generals Henry Havelock aber als überlegen erwiesen und vorrückten, beschloss die Führung der Rebellen, die Gefangenen umzubringen, bevor die Briten die Stadt erreichten.
    Mord an Frauen und Kindern

    Am 15. Juli wurden die wenigen verbliebenen Männer ermordet. Die Sepoys weigerten sich aber, auch die 65 Frauen und Kinder zu töten, die die Tortur bis dahin überlebt hatten.

    So wurden Fleischer aus dem Basar der Stadt gedungen. Sie sollen eine Stunde benötigt haben, um mit ihren Schlachtmessern das grausame Werk zu vollbringen. Die Opfer wurden nicht nur getötet, sondern regelrecht zerteilt. Anschließend wurden ihre Überreste in einen Brunnen geworfen. Auch einige Überlebende wurden hineingeworfen und starben unter der Last der Verstümmelten.

    Als die Briten am 17. Juli 1857 in die Stadt einrückten, fanden sie – folgt man den kolportierten Berichten darüber – Kinderschuhe, in denen noch die Füße steckten. Blutige Hand- und Fußabdrücke an den Wänden zeugten von der Passion der Opfer.

    „Im Hof fünf Zentimeter hoch das Blut, Haarzöpfe und Kleider der armen Ladys, alles wurde vorgefunden“, notierte eine entsetzte Queen Victoria im fernen London nach der Lektüre der Zeitungen in ihr Tagebuch.
    Maßlose Rache sorgte für Entsetzen

    Nicht allein in Großbritannien, in ganz Europa und im Rest der sogenannten westlichen, „zivilisierten“ Welt war das Entsetzen über das Geschehene groß.

    So sah auch Karl Marx Anlass, die Ereignisse in mehreren Artikeln zu beschreiben und zu kommentieren. Am 16. September 1857 erschien in der New York Daily Tribune von ihm der Zeitungsbericht „Der indische Aufstand“.1

    Marx stellte die von den Sepoys begangenen Taten keineswegs in Abrede, er verglich sie aber sogleich mit der Gewalt, die unter dem „Beifall des respektablen Englands“ regelmäßig ausgeübt wird, wenn sie nur der Wahrung der eigenen Interessen dient, ob sie nun von den Engländern selbst oder von anderen Völkern ausgeübt wird, ob in Europa oder in den Kolonien, entscheidend ist immer das Klasseninteresse. Marx schrieb:

    Die von den revoltierenden Sepoys in Indien begangenen Gewalttätigkeiten sind in der Tat entsetzlich, scheußlich, unbeschreiblich - so, wie man sie nur in Insurrektionskriegen, in Kriegen von Völkerstämmen und Geschlechtern und vor allem in Religionskriegen anzutreffen erwartet, mit einem Wort, solche Gewalttätigkeiten, wie sie den Beifall des respektablen Englands zu finden pflegten, wenn sie von den Männern der Vendée an den „Blauen“, von den spanischen Guerillas an den ungläubigen Franzosen, von den Serben an ihren deutschen und ungarischen Nachbarn, von den Kroaten an den Wiener Aufständischen, von Cavaignacs Garde mobile oder von Bonapartes Dezemberleuten an den Söhnen und Töchtern des proletarischen Frankreichs verübt wurden.
    Karl Marx, Der indische Aufstand, a.a.O. S. 285

    Marx kommt dann auf die Ursache der Gewalt zu sprechen:

    Wie schändlich das Vorgehen der Sepoys auch immer sein mag, es ist nur in konzentrierter Form der Reflex von Englands eigenem Vorgehen in Indien nicht nur während der Zeit der Gründung seines östlichen Reiches, sondern sogar während der letzten zehn Jahre einer lang bestehenden Herrschaft. Um diese Herrschaft zu charakterisieren, genügt die Feststellung, daß die Folter einen organischen Bestandteil ihrer Finanzpolitik bildete. In der Geschichte der Menschheit gibt es so etwas wie Vergeltung; und es ist eine Regel historischer Vergeltung, daß ihre Waffen nicht von den Bedrückten, sondern von den Bedrückern selbst geschmiedet werden.

    Der letzte Satz bezog sich auf die Tatsache, dass es von den Engländern ausgebildete und ausgerüstete Truppen waren, die diese Taten begangen. Britannien hatte die Sepoys erst geschaffen.

    In dem Artikel zeigt sich die Überlegenheit der marxschen Argumentation. Er beließ es nicht bei der üblichen bigotten Empörung über die begangenen Taten der Aufständischen, sondern verglich sie mit dem alltäglichen Terror der Unterdrücker, der nicht weniger grausam ist. Er ordnete die Ereignisse historisch ein und machte sie dadurch erklärbar.

    Von den Friedensorganisationen in England und in den USA wurden die indischen Ereignisse von 1857 unterschiedlich, ja gegensätzlich bewertet. Domenico Losurdo geht in seinem Buch „Gewaltlosigkeit. Eine Gegengeschichte“ darauf ein:

    Die im Westen vorherrschende Stimmung beeinflusste auch die American Peace Society. Deren Mehrheit argumentierte folgendermaßen: Selbst wenn die Herrschaft Englands in Indien unrechtmäßig entstanden sei, hätten die Regierungen dennoch die Pflicht, die Ordnung aufrechtzuerhalten und zu respektieren. Anders formuliert, seien die Aufständischen im Unrecht, wenn sie zur Gewalt griffen und die herrschenden Rechtsnormen verletzten. Letztendlich seien sie somit Banditen und Kriminelle. Es handle sich also nicht um einen Krieg, sondern um einen Zusammenstoß zwischen gewöhnlichen Verbrechern und Polizeikräften.

    Losurdo zieht daraus den Schluss: Das „allgemeine Prinzip der Gewaltlosigkeit“ konzentriert „seine Kritik auf die gewalttätige Rebellion der Unterdrückten, ohne Kritik an der (brutalen) Art der Wiederherstellung der Ordnung zu üben (…)“.

    Anders die Reaktion der Friedensfreunde auf der anderen Seite des Atlantiks:

    Die Schwestergesellschaft, die London Peace Society, die sich in England konstituiert hatte, identifiziert sich nicht mit der Haltung der American Peace Society, und spricht – sich von dieser distanzierend – hinsichtlich des Konflikts in Indien ohne Zögern von Krieg und verurteilt damit auch die Gewalt der englischen Regierung. Die Verurteilung konzentriert sich jetzt sogar in erster Linie (Losurdo zitiert dafür den US-amerikanischen Professor für religiöse Studien, Valerie H. Ziegler, aus seinem Buch „The Advocates of Peace in Antebellum America“, d.A.) auf die „maßlose Machtgier und Ambition“ der Kolonialmacht, auf „die unverschämten Aggressionen“, auf ihren Anspruch, „Indien mit dem Schwert zu regieren“, und auf die „Erniedrigung von 150 Millionen Personen“. Nicht viel anders ist die Haltung, die Marx der „Katastrophe“ gegenüber einnimmt.

    Es ist Marx, der darauf aufmerksam macht, dass man nicht vergessen sollte, dass, „während die Gräueltaten der Engländer als Zeugnisse militärischer Kraft dargestellt und einfach und schnell erzählt werden, ohne bei abscheulichen Einzelheiten zu verweilen, die Gewalttätigkeiten der Eingeborenen, so entsetzlich sie sind, noch vorsätzlich aufgebauscht werden.“
    Gräueltaten und Vergeltung

    Nach Berthold Seewald erkannte auch der Times-Reporter William Russell, der wenige Monate später Kanpur besuchte, dass die Medien vor allem aus Briefen schöpften, die „von geschickten Meistern in dieser Art Kochkunst, mit so viel Schrecken gepfeffert, wie sie die Einbildungskraft noch nie ersonnen“.

    Die tatsächlich begangenen Gräueltaten und erst recht die Hinzugedichteten wurden als Rechtfertigung benutzt, um jede noch so infame Vergeltungsmaßnahme der englischen Kolonialmacht zu rechtfertigen:

    Wenn das Grauen, das die Briten vor Ort sahen, bereits ausgereicht hatte, um brutale Vergeltung zu üben, so sorgte der Schwall nationaler Entrüstung aus Europa dafür, alle Hemmungen dabei abzuwerfen. Sepoys, die das Pech hatten, gefangen genommen zu werden, mussten den Boden des Frauenhauses mit ihren Zungen ablecken, bevor sie gehenkt wurden. Muslime wurden zuvor in Schweineschwarten genäht, Hindus zwang man, Rindfleisch zu essen. Ganze Dörfer wurden dem Erdboden gleichgemacht, Gefangene vor die Mündung von Kanonen gebunden, bevor man diese abfeuerte.
    Berthold Seewald

    Diese bestialischen Methoden der Vergeltung wurden aus einer besonderen Motivation heraus begangen: „Die besondere Schwere des Massakers von Kanpur bestand darin, dass es von einem unterworfenen Volk begangen wurde – von dunkelhäutigen Männern, die es wagten, das Blut ihrer Herren und das hilfloser Damen und Kinder zu vergießen.“

    „Herausragende Verbrechen“ im Sommer 1857

    So erklärte der britische Kriegsberichterstatter William Howard Russell das „herausragende Verbrechen“, das sich im Sommer 1857 auf dem Höhepunkt des indischen Aufstandes ereignete. Es sollte die Sicht der Briten auf ihre Untertanen nachhaltig prägen.

    Das Massaker von Kanpur wirkte auch nach der Niederschlagung des Aufstandes nach. Es wurde zur viel zitierten Begründung für das Trauma „von der stets lauernden Gefahr für die weiße Frau durch die ungezügelte Begierde des wilden Eingeborenen, die selbst bei Indern der Oberschicht bestenfalls unter einem dünnen Firnis angenommener europäischer Bildung und Sitten schlummerte“, wie es der Historiker Peter Wende formulierte. Derartige kolonialistische und rassistische Klischees sollten sich bis in die Gegenwart halten.
    Das Massaker der Hamas im Oktober 2023

    Am 7. Oktober 2023 überwanden Kämpfer des militärischen Arms der palästinensischen Organisation Hamas den schwer befestigten Grenzzaun zwischen dem Gaza-Streifen und Israel, überfielen dort Siedlungen und ein unmittelbar am Zaun stattfindendes Jugendfestival.

    Sie töteten etwa 1.200 Menschen, Israelis und Angehörige anderer Nationen. Das von Marx mit Blick auf die Taten der Sepoys gefällte Urteil als „in der Tat entsetzlich, scheußlich, unbeschreiblich“ trifft auch auf die Gewalt der Hamas zu.

    Neben Soldaten wurden Hunderte Unschuldiger, Männer, Frauen, Kinder getötet, ganze Familien wurden gemeinsam hingerichtet. Etwa 230 Geiseln wurden verschleppt.

    Das Massaker der Hamas und die Ausweglosigkeit der Palästinenser

    Wie seinerzeit kaum über die Ursachen für die in Indien ausgebrochene Gewalt gesprochen wurde, so wird heute über die Leiden, die Verzweiflung und die Ausweglosigkeit der Palästinenser in dem „offenen Gefängnis“ Gaza geschwiegen.

    Unerwähnt bleibt, dass sich das palästinensische Volk seit der Staatsgründung Israels 1947 einer Politik der Unterdrückung, der Vertreibung und des Terrors ausgesetzt sieht. Politik und Medien des Westens ignorieren dies weitgehend.

    Sie machen sich stattdessen die Sicht der American Peace Society von 1857 gegenüber dem Sepoy-Aufstand zu eigen, wonach es sich bei den Kämpfern der Hamas lediglich um „Banditen und Kriminelle“ handele, heute pauschal als „Terroristen“ abgetan.

    Es geht also nicht um einen Krieg, sondern nur um einen Zusammenstoß zwischen gewöhnlichen Verbrechern und Polizeikräften.
    Die maßlose israelische Rache

    Dementsprechend geht die israelische Regierung bei der Beschreibung ihres Krieges im Gaza-Streifen verharmlosend von „Antiterrormaßnahmen“ aus.

    In einem Kommentar der Frankfurter Allgemeinen Zeitung wird „die Dezimierung der Terrorbande“ als „Voraussetzung für einen dauerhaften Frieden verlangt“.2

    Lenin schrieb im Mai 1917 in seiner Schrift „Krieg und Frieden“ über diese Kolonialkriege, die eigentlich gar keine Kriege sein sollen:

    Nehmen sie die Geschichte der kleinen Kriege (…), weil in diesen Kriegen wenig Europäer, dafür aber Hunderttausende aus jenen Völkern umkamen, die sie versklavten, die von ihrem Standpunkt nicht einmal als Völker angesehen werden (irgendwelche Asiaten, Afrikaner – sind das etwa Völker?); mit diesen Völkern wurden Kriege folgender Art geführt: sie waren waffenlos, und man mordete sie mit Maschinengewehren.

    Und er fügte sarkastisch hinzu: „Sind denn das Kriege? Das sind doch eigentlich keine Kriege, das kann man der Vergessenheit anheimfallen lassen.“
    Vergeltung Israels ohne Proportionalität

    Wie die Rache der Engländer 1857 maßlos und extrem grausam war, so übersteigt auch die Vergeltung Israels heute jegliche Proportionalität und wird in ihrer Zerstörungswut zu Recht als Völkermord verurteilt:

    Mehr als 40.000 Tote, davon 36.330 Zivilpersonen, 14.861 Kinder, 9.273 Frauen bilanziert der ’Euro-Med Human Rights Monitor’ nach 160 Tagen Krieg gegen Gaza.

    74.400 Verletzte, zwei Millionen Vertriebene, 112.000 völlig zerstörte, 256.100 stark beschädigte Wohngebäude, 2.131 zerstörte Betriebe, 634 zerstörte Moscheen, drei zerstörte Kirchen, 200 zerstörte Stätten des Kulturerbes, 175 zerstörte oder stark beschädigte Medienbüros und 134 bei ihrer Berufsausübung getötete Journalisten.

    Während aber über jedes noch so kleine Detail des Schicksals der getöteten und verletzten Israelis wieder und wieder ausführlich berichtet wird, und für die verschleppten Geiseln eine weltweite Solidaritätsbewegung organisiert wurde, bleiben die in die Zehntausende zählenden palästinensischen Opfer gesichtslos und daher anonym.
    Gewalt als Zeugnis militärischer Kraft

    Schon allein die wahllosen Bombardierungen der israelischen Armee sorgen dafür, dass sich nur noch wenige Journalisten in den Gaza-Streifen trauen, und so gibt es auch immer weniger Nachrichten und Bilder von den Leiden der Palästinenser.

    Wie die Gräueltaten der Engländer in Indien werden auch die heutigen der Israelis – wie Marx schrieb – „als Zeugnisse militärischer Kraft dargestellt und einfach und schnell erzählt (…), ohne bei abscheulichen Einzelheiten zu verweilen“.
    Kolonialismus und „Herrenvolk“-Demokratie

    Es zeigt sich also, dass es auffällige Parallelen zwischen dem indischen Aufstand von 1857 und dem Angriff der Hamas im Jahr 2023 gibt. Auch die maßlosen Reaktionen darauf – seinerzeit der Engländer, heute der Israelis – ähneln sich. Und das ist alles andere als zufällig; existiert doch noch immer der Kolonialismus. Als „Herrenvolk“-Demokratie unterdrückt Israel die Palästinenser.

    1947, 90 Jahre nach dem Sepoy-Aufstand, erlangte Indien seine Unabhängigkeit und konnte damit das koloniale Joch abschütteln. Die Palästinenser warten seit 76 Jahren auf ihren Staat.

    #révolte #colonialisme #British_Raj #Inde #Palestine #histoire

  • Robert Kurz et la fin de toute forme d’argent

    L’effondrement de la modernisation a été écrit après la chute du mur de Berlin et a alors été un succès de librairie.

    Voici les dernières lignes de ce livre :

    Il est aujourd’hui probablement possible de s’entendre avec beaucoup de personnes pour dire que la « raison sensible » est devenue aussi indispensable qu’un morceau de pain, et que c’est précisément la logique abstraite et autonomisée de la rentabilité qui détruit le monde. Mais le sujet de la marchandise devient frileux et récalcitrant dès qu’il se rend compte que cela signifierait en conséquence la fin de toute forme d’argent - et donc la possibilité d’en gagner-, c’est-à-dire celle du fameux rapport marchandise-argent, hors duquel il ne connaît ni ne veut connaître ou développer d’autres formes de relation sociale. La critique de l’argent est immédiatement identifiée à une « utopie » irréalisable, alors que dans les conditions données, c’est exactement le contraire. « Comment cela est-il censé fonctionner en pratique ? », cette question, si elle était posée sérieusement, pourrait certainement déboucher sur des résultats concrets, une réflexion sociale et un processus pratique. Mais elle s’en tient au niveau d’une rhétorique péjorative et défensive.

    Personne ne peut prétendre connaître la voie royale pour sortir de la misère ; personne n’a dans son chapeau un programme d’abolition de la marchandise moderne. Le problème est que nous n’avons jusqu’à présent même pas commencé à en discuter. « Comment cela est-il censé fonctionner en pratique ? » Cette contre-question plus que justifiée est toujours ré-enfermée dans la logique dominante de destruction. Les passagers du Titanic veulent rester sur le pont et l’orchestre doit continuer à jouer. Si nous avons affaire à la « fin de l’histoire », ce ne sera pas un happy end.

    Il ne sert plus à rien d’opposer le marché à l’Etat, et réciproquement. L’échec de l’Etat et l’échec du marché sont les mêmes, car la forme sociale de reproduction de la modernité a fondamentalement perdu sa capacité à fonctionner, et donc son pouvoir d’intégration. Alors que les composantes occidentales du système global de production de marchandises commencent à subir les conséquences de la crise aussi durement que le reste du monde, toute attitude fuyante venant de la théorie comme de la pratique devient insoutenable. Hic Rhodus, hic salta.

    #critique-de-la-valeur #post-monétaire

  • Assurance maladie du Morbihan : une offensive sur les fraudeurs rapporte 4,6 M€ | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/bretagne/assurance-maladie-du-morbihan-une-offensive-sur-les-fraudeurs-rapporte-
    L’article commence par la présentation du cas d’une salariée dont « l’arnaque » est qualifiée de « perle ».

    […]
    Cette arnaque est l’une des « perles » que l’équipe de contrôle de la CPAM a débusquées en 2023. Une année record dans le Morbihan : l’administration a détecté et stoppé un montant de fraudes de 4,6 M€, contre 2 M € en 2022. Dans le cas de cette assurée, la caisse a récupéré le montant total des IJ versées (12 500 €) et a prononcé une pénalité financière de 4 000 €.

    Portée par une réglementation qui se durcit, la caisse participe à l’offensive nationale contre les arnaques, qui, dans le Morbihan, émanent des assurés dans 63 % des cas. Un chiffre trompeur car ce sont de petits resquilleurs, qui représentent 10 % des sommes détournées.

    Portée par une réglementation qui se durcit, la caisse participe à l’offensive nationale contre les arnaques, qui, dans le Morbihan, émanent des assurés dans 63 % des cas. Un chiffre trompeur car ce sont de petits resquilleurs, qui représentent 10 % des sommes détournées.[…]

    Le gros des fraudes, 90 % des sommes, provient des professionnels, des fournisseurs de services et de matériel médical et des établissements de santé. Depuis trois ans, l’arnaque au 100 % santé a la cote. Des escrocs vendent des prothèses auditives défectueuses, ou fabriquent de fausses ordonnances, pour toucher le remboursement à 100 % de l’Assurance maladie.

    Et un nouveau type de fraude occupe également la caisse du Morbihan : les « kits » clé en main vendus en ligne, principalement pour de faux arrêts de travail. « Ils sont directement proposés sur les réseaux sociaux, regrette Gaspard Lallich. C’est de plus en plus pratiqué, l’accès à la fraude est démocratisé ». Deux nouveaux délits sont créés, cette année, pour cibler ces fournisseurs de kits, dont un « délit de facilitation à la fraude sociale ».

    • c’est bien pour cela que l’offensive (médiatique) se concentre sur les petits resquilleurs

      « On a un meilleur échange de données avec les impôts, le parquet, l’ARS, la gendarmerie, les organismes sociaux, etc. On a aussi des outils prédictifs qui nous permettent de cibler des comportements de consommation de soins ou de prescription atypiques ».

    • Les flics de la CPAM auront une médaille pour avoir parfaitement médiatisé la récupération de 102% du montant des fraudes de la multitude des petits arnaqueurs * qui n’ont que ce qu’ils méritent, il faut sauver notre système de santé.

      En anglais, on parle de low hanging fruits 🍑

      * soit 10% du montant total de la fraude, suggestion de présentation, un crédit vous engage, document non contractuel, ne pas jeter sur la voie publique, le société décline toute responsabilité

    • En guise de diversion aussi, pointer des fraudes exceptionnelles effectuées au bas de l’échelle évite de mettre en lumière l’ordinaire de la fraude issue du coeur du système de santé et des soignants les plus gradés. Comme dans le cas de l’infirmière voyoute mais mégalomane et peu prudente qui vient cacher la forêt des arrangements rémunérateurs effectués au quotidien (labos et autres structures capitalistiques inclus).

      Fraude à l’Assurance-maladie : une infirmière condamnée pour avoir facturé des actes fictifs pour plus de 1,5 million d’euros
      https://www.lemonde.fr/livres/article/2024/04/18/l-esclavage-dans-les-mondes-musulmans-de-m-hamed-oualdi-tordre-le-cou-aux-cl

      #CPAM #santé #fraude

  • Ingérences Russes : Viginum & co sauvent [surtout] le personnel politique | Mediapart | 20.04.24

    https://www.mediapart.fr/journal/international/200424/les-dessous-de-la-bataille-francaise-contre-la-desinformation-russe

    Quant aux lois passées afin de prévenir les ingérences étrangères, elles posent des risques pour les libertés publiques, dénoncent certains. « Je me demande si le vrai piège que les Russes nous tendent ne consiste pas, au nom de notre défense, à durcir de nouveau nos lois, à restreindre encore nos libertés, s’interroge à voix haute le député (Renaissance) et cadre dans le numérique, Éric Bothorel. Il ne faut pas sous-estimer cette possibilité. »

    #célérusses

  • Il corpo del Teatro, riflesso del reale
    https://resistenzeincirenaica.com/2024/04/20/il-corpo-del-teatro-riflesso-del-reale

    Opera MundiRigoletto Experientia Un #Film_Musicale di Paolo Fiore AngeliniCon #Raffaele_Abete, #Scilla_Cristiano, #Vladimir_Stoyanov Martedì 23 aprile 2024, ore 21, #CINEMA Jollyvia G. Marconi 14, BolognaAlla presenza del regista e del cast #Opera_Mundi prende spunto dalla messa in scena del Rigoletto di Giuseppe Verdi al Comunale di #Bologna per narrare la vita del... Continua a leggere

    #Annessioni_e_connessioni #Barbara_Francesca_Serofilli #Cristian_Poli #Lavinia_Turra #Paolo_Fiore_Angelini #Teatro_Comunale_di_Bologna


    https://1.gravatar.com/avatar/a58008e2faff908bf3bce3deda6cae65d83f56b910f14098523ef4fc18c7427a?s=96&d=

  • Ukraine, Gaza : la politique étrangère de Joe Biden empêtrée dans ses contradictions
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/20/aux-etats-unis-la-politique-etrangere-de-joe-biden-empetree-dans-ses-contrad

    En cherchant à éviter l’escalade sans jamais imposer les conditions d’un règlement, les #Etats-Unis ont perdu de leur #crédibilité.

  • Photographe ouvrier (Daniel Challe : Photos de classe. Corps au travail)

    C’est au tout début de l’année 2022 qu’a débuté un reportage de sept mois sur les « Syndicalistes dans l’industrie » dans le cadre d’une Grande commande photojournalisme du ministère de la culture confiée à la Bibliothèque nationale de France « Radioscopie de la France, regards sur un pays traversé par la crise sanitaire ». Ce travail, cette enquête a donné naissance à ce livre qui traite en images du syndicalisme et du monde ouvrier.

    Daniel Challe : Photos de classe. Corps au travail

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/20/photographe-ouvrier-daniel-challe-photos-de-cl

    #travail #corps #photographie

  • Ce que dit le génocide perpétré à Gaza sur la destruction du monde :

    The Destruction of Palestine Is the Destruction of the Earth | Verso Books
    https://www.versobooks.com/blogs/news/the-destruction-of-palestine-is-the-destruction-of-the-earth

    The last six months of genocide in Gaza have ushered in a new phase in a long history of colonization and extraction that reaches back to the nineteenth century. To truly understand the present crisis, Andreas Malm argues, requires a longue durée analysis of Palestine’s subjugation to fossil empire.

    • 1840 was a pivotal year in history, for both the Middle East and the climate system. It marked the first time the British Empire deployed steamboats in a major war. Steam-power was the technology through which dependence on fossil fuels came into being: steam-engines ran on coal, and it was their diffusion through the industries of Britain that turned this into the first fossil economy. But steam-power would never have made an imprint on the climate if it had stayed inside the British Isles. Only by exporting it to the rest of the world and drawing humanity into the spiral of large-scale fossil fuel combustion did Britain change the fate of this planet: the globalisation of steam was a necessary ignition. The key to this ignition, in turn, was the deployment of steamboats in war. It was through the projection of violence that Britain integrated other countries into the strange kind of economy it had created – by turning fossil capital, we might say, into fossil empire.

      #paupericide #Gaza #Lybie #climat #collapsologie #génocide

  • Comité de soutien Assange – La bataille se poursuit !
    https://comiteassange.fr

    Julian Assange est un journaliste australien, il a fondé l’entreprise de presse #WikiLeaks en 2006, qui permet à des lanceurs d’alerte de transmettre des documents d’intérêt public de façon anonyme. Le site s’est fait mondialement connaître en 2010 en publiant des documents classifiés obtenus grâce à la lanceuse d’alerte #Chelsea_Manning, ex-analyste du renseignement militaire US. Ceux-ci révélaient notamment des crimes de guerre commis en Irak et en Afghanistan par l’armée états-unienne.

    Pour avoir accompli ce travail journalistique, pour avoir informé, Julian Assange est persécuté par Washington et certains de ses alliés. Privé de liberté sous une forme ou sous une autre depuis 14 ans, il est enfermé dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres depuis avril 2019. Les États-Unis réclament son extradition pour le traduire en justice. Il risque jusqu’à 175 ans de prison. La Haute Cour britannique examine en ce moment la recevabilité de son ultime appel au Royaume-Uni. Ses proches et des observateurs alertent depuis longtemps sur la dégradation de son état de santé physique et psychologique.

    Le Comité de soutien Assange a pour vocation d’informer et de mobiliser en France sur le cas de #Julian_Assange. Il ne s’agit pas seulement d’alerter sur le sort d’un prisonnier politique en Occident, de sauver un homme victime d’une immense injustice. Les enjeux de cette affaire sont immenses. Il en va bien sûr du droit d’informer (et donc d’être informé) puisqu’à travers la persécution du fondateur de WikiLeaks, c’est le journalisme d’investigation que l’on cherche à criminaliser. Plus largement, il s’agit d’une attaque contre la #liberté_de_la_presse, la liberté d’expression, mais aussi contre les idéaux démocratiques.

  • My thoughts after attending the “Workers Rising Everywhere” training – Organizing.work
    https://organizing.work/2021/07/my-thoughts-after-attending-the-workers-rising-everywhere-training

    Ce participant canadien d’un stage O4P admire l’efficacité de l’approche de Jane McAlevey pour gagner des majorités et conclure des contrats bénéfiques pour un grand nombre de prolétaires, mais il n’est pas d’accord avec le rôle à son avis trop passif des ouvriers impliqués dans les actions syndicales suivant O4P. Je me demande comment on peut arriver à de telles conclusions à moins d’être sous l’influence de l’idéologie individualiste petite bourgeoise typique pour l’ère néolibérale. On s’engage bien pour obtenir des augmentations garanties par des contrats signés entre le syndicat et les employeurs, n’est-ce pas ?

    My thoughts after attending the “Workers Rising Everywhere” training

    A grocery store worker reflects on his experience attending the latest installment of Jane McAlevey’s “Organizing for Power” series.

    Over the course of late May and June, I attended a training entitled “Workers Rising Everywhere,” part of the Organizing for Power (O4P) series, developed by Jane McAlevey and hosted/funded by the Rosa Luxemburg Stiftung. The training billed itself as “focus[ed] on building large (super!) majorities in settings such as workplaces, unions, and housing complexes in order to win the toughest campaigns and organizing battles.” As a non-unionized retail worker for Canada’s largest grocery chain, the pitch was certainly appealing.

    For a bit of background, the Rosa Luxemburg Stiftung is affiliated with DIE LINKE (literally, “The Left”), the German “democratic socialist” political party which succeeded the Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, who ruled East Germany from 1949 until 1989. Jane McAlevey is an American author, academic, and professional organizer who is best known for her work as a high-ranking staff person at the Service Employees International Union (SEIU). Other lead trainers were, as well, union staffers with impressive job titles like “Senior Organizer.”

    I must confess that this knowledge predisposed me to view things somewhat cynically from the outset. My personal experiences with socialist political parties and with union staffers have been a mixed bag. Nevertheless, McAlevey’s work is highly regarded by many labor organizers, and I figured the skills being taught might be valuable regardless of whatever strategic disagreements I might have with the teachers.
    Organizers versus workers

    Right from “go,” it felt like I was not the intended audience for the training. This was by professional organizers and for professional organizers. Though the word “coworker” did appear in two role-play descriptions, the framing was never a meeting between equals; role-play scenarios were about “the organizer” trying to get “the coworker” to sign a petition. It was always implicit that “the organizer” was working for “the union,” and never actually working alongside the object of the conversation.

    On an immediately practical level, there was no discussion whatsoever about any risks the organizer might face. The assumption seemed to be baked in that fear of retaliation was a problem for the people the organizer was speaking with, but never the organizer themself. It also seemed implicit that those of us in the training were above the messiness and complications of the workplace. We were never asked to think about our position, relationships, and so on.

    This runs entirely counter to my own experience “in the thick of it.” It’s as though, as organizers, we were assumed to have no skin in the game; to be able to act without any constraint or need for relational awareness. Of particular note, there was no training whatsoever on asking workers to meet one-on-one outside of work. It was heavily implied that organizing conversations could be had in break rooms or around the workplace. My own experience tells me that this is a recipe for getting pulled into a one-on-one meeting with the boss. Needless to say, not a lesson someone should be set up to learn the hard way.

    Anyway, if this framing of “the organizer” is problematic, its corresponding view of the people to be organized bordered on condescending. Despite the regular use of words like “empowerment,” and “participation,” it seemed that what was on offer was a model in which the organizer molds more-or-less pliable material. Questions about strategy, or even tactics, are never posed to the objects of organizing. While the organizer needs to understand the worker-object (e.g. to learn what their grievances are), this is solely so that the organizer can effectively pitch the way that their prefabricated solution will resolve those grievances.

    Put in more direct terms, there was no point in the O4P version of the “structured organizing conversation” in which we were encouraged to ask questions like, “What do you think we could do about this?” “How have you dealt with this issue in the past?” “What do you think it would take to change this?” If workers had any insights into what resolving a grievance might look like, we weren’t being trained to seek out and hear them.

    Unfortunately, in my view, this isn’t just an oversight or mistake. It reflects the essence of the strategy being promoted.
    Where is power?

    At the core of the Organizing for Power strategy is a particular notion of where power is located. In the materials we studied (chapters from McAlevey’s books), we were presented with victories won at the bargaining table and in the realm of legislation. The power we were being taught to organize for was never something exercised on the level of the day-to-day workplace, but always through institutional channels, always legalistic, and never oriented toward founding new types of power outside of these existing relationships.

    For example, in most of our role-playing, the goal was to gather signatures for a “majority petition.” The purpose of this petition was always to bolster the strength of the union at the negotiating table. To be clear, I’m not necessarily opposed to petitions, and have had some success using them in my own workplace, but there is a crucial difference. In O4P, the petition was always subordinate to the negotiation of a contract, and is never an immediate expression of a demand.

    Action was never about workers directly exercising their power on a particular problem. Even the the 2019 United Teachers Los Angeles (UTLA) strike is told through a lens which exemplifies the work of progressive union leaders and staffers in organizing the six-day strike, and declares an unqualified victory won in “twenty-two hour, marathon round-the-clock negotiation between the teachers’ union and management,” backed by the display of large rallies and marches. In this story, the teachers themselves appear as set-pieces, a sort of “Potemkin union,” displayed to awe the people McAlevey refers to as “political elites.”

    In this context, the orientation toward “supermajorities” takes on a very different meaning than I might have hoped. Rather than a supermajority of workers organized to realize their collective capacity for action, what we have is more like a big number to impress bosses. Rather than a model for direct democracy and workplace control, we have an army to be marched out (and back in) by labor’s generals.
    Workers rising

    My primary point of reference for seeing these differences is the Industrial Workers of the World’s Organizer Training (OT) programme, which is attentive to the details of how power functions in the workplace between bosses and workers. The OT emphasizes the relationships between workers, and their strategic understanding of their own workflow. It aims at developing workers as class-conscious organizers capable of building grassroots workplace democracy and exercising power directly.

    Where O4P tasks professional organizers with leading more-or-less recalcitrant workers to “victory,” the OT teaches workers to build solidarity with co-workers as peers. Where O4P encourages a specialized role for “activists” in taking action, the OT teaches building a workplace committee that democratically decides on actions. Where O4P sees “organic leaders” as necessary henchmen to be recruited, the OT sees leaders as embedded in a complex web of relationships which may need to be disrupted (see the excellent “Leadership is not Governance”).

    The fact is, in my day-to-day as a worker, the applications of the OT are readily apparent, and feel rooted in my direct experience. In contrast, “Workers Rising Everywhere” reminded me of the training I received in a job door-knocking to collect donations for an NGO. I don’t make the comparison simply to be dismissive — the NGO in question was genuinely interested in building power (in the form of membership, money, and signatures) to make positive change (ending the expansion of the Alberta tar sands). However, when we signed up members, it was so that their voice could be expressed through the NGO, which had ready-made infrastructure, strategy, and political relationships. And in a sense, this model really does work as far as its goal goes of gathering names, getting people to hold signs, and lobbying for reforms. What the NGO didn’t do, or to be fair promise to do, was transform the everyday relationships of power that shape people’s lives.
    Conclusion

    In the end, my disappointment with what I learned about “organizing for power” in McAlevey’s training isn’t that the methods aren’t a “winning” strategy. I genuinely believe that, as far as the goals of workplace contractualism and electoral politics are concerned, they’re excellent. Organizing membership, regularly testing capacity, and endeavouring to enter any negotiation with a strong majority is all extremely practical. Unfortunately, for deeper, more fundamental change — for building working-class power as I conceive of it — they are insufficient. In the end, despite radical-sounding phrases being thrown around, the “workers rising” was just bog-standard business unionism reunited with the lost enthusiasm of its heyday.

    x362014 is a grocery worker and IWW member living in .

    #syndicalisme #USA #Canada

  • Tunisie : la morgue de Sfax débordée par les corps de migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56547/tunisie--la-morgue-de-sfax-debordee-par-les-corps-de-migrants

    Tunisie : la morgue de Sfax débordée par les corps de migrants
    Par La rédaction Publié le : 18/04/2024
    D’une capacité de 35 places, la morgue de l’hôpital de Sfax, dans le centre de la Tunisie, est actuellement à saturation : une centaine de corps de migrants sont en attente d’inhumation. La région concentre les départs d’embarcations chargées d’exilés vers l’Europe.
    Il n’y a pas assez de place pour les cadavres. D’après un responsable de la santé basé à Sfax, la morgue de l’hôpital, d’une capacité de 35 places, est à saturation : une centaine de corps de migrants sont en attente d’inhumation.Face à la multiplication des décès en mer, les autorités tunisiennes locales souffrent d’un manque de capacités logistiques pour conserver ces corps, le temps que des tests ADN soient effectués pour identification et que des tombes soient réservées, explique Middle East Monitor.
    Ce n’est pas la première fois que la morgue de l’hôpital se retrouve dans cette situation. En mars 2023, les autorités avaient tiré la sonnette d’alarme, alors que 70 corps avaient été pris en charge.
    Pour répondre à l’urgence, le directeur régional de la santé avait lancé un appel « aux organisations de migration », en particulier l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), « pour soutenir les efforts du système de santé local en fournissant des conteneurs réfrigérés et un camion réfrigéré pour transporter les corps à l’hôpital ».
    En mai 2022 aussi, l’établissement avait reçu 92 corps de migrants morts en mer, tous originaires d’Afrique subsaharienne. Faute de place, une quarantaine d’entre eux étaient « entassés sur le sol », avait déploré le porte-parole du tribunal de Sfax, Mourad Turki.
    Des naufrages en chaîne Cette région du centre de la Tunisie est le principal point de départ des embarcations d’exilés en partance pour l’Europe. Et les naufrages sont très nombreux. Mercredi 10 avril, deux embarcations parties de Tunisie ont chaviré en mer. L’un au large de Lampedusa : neuf personnes, dont une fillette, sont décédés, et 15 sont portées disparues. Le second naufrage s’est produit au large des côtes tunisiennes, sans que l’on ne retrouve les 45 passagers du bateau. Parfois, il faut attendre des jours voire des semaines après un naufrage avant que la mer ne recrache des corps sur les différentes plages du pays.
    Début avril, les autorités tunisiennes avaient aussi récupéré 13 corps de migrants au large du pays. Le 25 mars aussi, cinq corps de migrants ont été retrouvés par les garde-côtes tunisiens, sur le littoral centre.Au cours du premier trimestre 2024, plus de 21 000 personnes parties des côtes tunisiennes ont atteint l’Italie, a déclaré à la radio Mosaïque FM le porte-parole de de la Garde nationale tunisienne, Houssam Eddine Jebabli.Les exilés embarquent dans de frêles bateaux en fer complètement inadaptés aux traversées en mer, poussés par des conditions de vie très difficiles dans le pays. Le racisme anti-Noirs, attisé par des propos du président Kaïs Saïed, est légion dans la région de Sfax notamment. Forcés de quitter la ville, des centaines de migrants survivent depuis plusieurs mois dans des camps délabrés, le long d’une route, sous des oliviers.
    Pour ces exilés qui survivent dans le dénuement le plus total, la seule solution reste un départ pour l’Europe. « Quand je suis arrivé en Tunisie, c’était pour y rester et construire ma vie : obtenir l’asile, continuer mes études dans l’informatique, et travailler un peu en parallèle, a raconté à InfoMigrants Miguel, un migrant camerounais installé dans un des camps près d’Al-Amra. Mais le racisme qu’il y a ici a tout chamboulé. Ça a cassé tous mes rêves ».Désormais le jeune homme n’aspire qu’à une chose : prendre la mer direction l’Italie. Malgré la dangerosité de la traversée. En 2023, 1 313 personnes parties des côtes tunisiennes ont disparu ou sont mortes en mer Méditerranée, selon les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). Un nombre jamais atteint jusqu’ici.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#mortalite#morgue#italie#traversee#mediterranee#sante

  • Expulsions en hausse à Chypre : plus de 3 300 migrants renvoyés depuis janvier - InfoMigrants
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    Expulsions en hausse à Chypre : plus de 3 300 migrants renvoyés depuis janvier
    Par Julia Dumont Publié le : 18/04/2024
    Les autorités chypriotes ont annoncé avoir expulsé plus de 3 300 étrangers du pays au cours des quatre premiers mois de 2024. Une augmentation qui illustre la volonté du gouvernement « débordé » par les arrivées de concentrer ses moyens sur les renvois dans les pays d’origine, plutôt que sur l’accueil.
    C’est un nombre qui reflète la volonté du gouvernement chypriote de réduire le nombre de demandeurs d’asile dans le pays. Au cours des quatre premiers mois de 2024, 3 337 migrants ont été expulsés de Chypre. Un nombre supérieur à la même période en 2023, où 2 348 expulsions avaient été enregistrées.Ces renvois, qui incluent des expulsions forcées, des retours volontaires et des relocalisations, concernent généralement les Maghrébins, les Africains subsahariens, les Bangladais et les Égyptiens. Pour rappel, les renvois contraints ne concernent pas les Syriens ou les Afghans, nombreux à Chypre, mais inexpulsables en raison de la situation politique de ces États.
    Une politique d’éloignement assumée à l’heure où Chypre fait face à une hausse considérable d’arrivées de Syriens sur son sol. Plus de 1 000 personnes ont débarqué sur des bateaux en provenance du Liban depuis le début du mois d’avril, dans un contexte d’aggravation des tensions au Moyen-Orient. Face à l’explosion des arrivées, Nicosie a annoncé suspendre le traitement des demandeurs d’asile syriens.
    Pour lutter contre les arrivées illégales sur son sol, Chypre mise, depuis plusieurs mois, sur son partenariat avec Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Le pays propose aussi une incitation financière aux migrants pour pousser les exilés à accepter un retour « volontaire » vers leur pays. Un bureau entier dédié à ces départs consentis : The Civil Registry and Migration Department (CRMD). C’est cette structure qui fournit à chaque exilé un billet d’avion retour, et la somme promise pour les faire partir. Le montant varie selon le pays d’origine : les Égyptiens, Marocains, Tunisiens, Algériens, Bangladais et Indiens touchent 1 000 euros. Les personnes en partance pour la Gambie, le Nigéria, le Sénégal, la RDC et le Cameroun, 1 500."Ici, les agents de la police de l’immigration nous proposent de nous donner 1 500 euros [...] pour qu’on parte", expliquait Steve à InfoMigrants, en juin dernier. Ce Camerounais de 23 ans est détenu dans le centre de détention Mennogia, au sud de l’île, en vue de son expulsion. « Moi, je viens de Douala, au Cameroun, mais je ne peux pas rentrer dans mon pays. J’ai un problème familial », détaillait le demandeur d’asile.
    En trois ans, le pays a multiplié les outils favorisant les renvois forcés. Depuis novembre 2020, un arrêté d’expulsion est automatiquement prononcé lors d’un rejet de la demande d’asile, même si le recours en justice est encore possible. Et ce, alors même que le taux de rejet à Chypre est considérable : en 2022, il s’élevait à 93 % pour 22 182 demandes, d’après une étude du Cyprus Refugee Council.
    Sur l’ensemble de l’année 2023, ce sont 12 750 migrants au total qui ont été rapatriés dans leur pays d’origine, principalement au Nigeria, en RDC et au Cameroun, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur chypriote. Ils étaient 7 500 en 2022 et un peu plus de 2 000 en 2021. Ces chiffres placent l’île méditerranéenne au premier rang des pays de l’UE en terme d’expulsions, proportionnellement au nombre de demandeurs d’asile sur son territoire, a annoncé le ministère de l’Intérieur en octobre dernier. Pour de nombreux candidats à l’exil, Chypre constitue une des portes d’entrée de l’Union européenne. D’après le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), fin septembre 2023, 26 995 demandeurs d’asile étaient en attente d’une réponse auprès du service de l’Asile, dont un tiers ayant déposé leur dossier cette même année. Fin 2022, un peu plus de 29 000 demandes étaient en attente, et quelque 13 000 en 2021.Les autorités se disent « débordées » et incapable de gérer autant de dossiers. L’accueil pèche : attente interminable d’un rendez-vous d’asile, absence d’hébergements dédiés, allocations versées au compte-goutte… Le quotidien de la majorité des exilés s’apparente parfois à un cauchemar.
    Chypre s’est aussi doté en 2021 d’un centre de rétention pour demandeurs d’asile déboutés à Limnes, dans le sud de l’île. En août dernier, le gouvernement a annoncé d’importants travaux d’agrandissement afin d’accélérer encore le retour des exilés dans leur pays d’origine. D’ici 24 mois, la structure, cofinancée par l’UE et la République de Chypre, comptera 1 000 places. Pour le ministre de l’Intérieur Constantinos Ioannou, « l’absence » jusqu’ici sur le territoire « d’un tel lieu constitue un obstacle à la réalisation de retours systématiques ».

    #Covid-19#migrant#migration#chypre#asile#retour#expulsion#rapatriement#HCR#FRONTEX#UE#sante#centrederetention

  • Espagne : plus de 60 corps de migrants retrouvés en mer d’Alboran, en 2023 - InfoMigrants
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    Espagne : plus de 60 corps de migrants retrouvés en mer d’Alboran, en 2023
    Par Marlène Panara Publié le : 19/04/2024
    Sur l’ensemble de l’année dernière, 67 cadavres ont été repêchés par les autorités espagnoles dans la mer d’Alboran. Située entre le Maroc, l’ouest de l’Algérie et le sud de l’Espagne, cette route migratoire a été traversée cette année-là par plus de 6 400 migrants, soit une augmentation de 61% en un an.
    La mer d’Alboran, un « cimetière de migrants ». D’après le ministère de l’Intérieur espagnol cité par El Debate, 67 corps ont été récupérés dans la zone en 2023, au large d’Almeria. Novembre a été le mois le plus meurtrier, avec 11 cadavres repêchés. Et entre juin et septembre, période où de nombreuses embarcations affluent dans le sud de l’Espagne, 27 ont été extraits de la mer.
    Toujours en 2023, 6 433 personnes réparties dans 492 bateaux ont été secourues par les autorités dans ces eaux, soit 61% de plus qu’en 2022. Juillet constitue la période la plus chargée pour les sauveteurs en mer : 1 339 personnes ont été secourues ce mois-là.
    Ce passage est généralement emprunté par les migrants algériens et marocains. Ils prennent la mer à bord de petits bateaux en fibre de verre depuis les côtes du royaume chérifien et d’Algérie, direction l’Andalousie. D’après l’ONG Caminando Fronteras, ce chemin « s’est véritablement consolidé en 2022 ». Mais si la distance à parcourir est moindre que sur les autres routes migratoires en Méditerranée, la traversée reste tout aussi dangereuse. Et les naufrages, nombreux.
    En 2024, trois personnes sont mortes et sept sont toujours activement recherchées après que leur bateau a coulé au large de Motril, dans le sud de l’Espagne, le 22 mars. L’embarcation était partie d’Algérie six jours auparavant. Et le 27 février, huit personnes sont décédées dans le naufrage de leur embarcation, un zodiac parti de la ville de Béni Chiker, près de Nador. Quatre victimes ont été identifiées pour le moment, selon la section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador.
    Depuis le début de l’année, une partie des exilés qui empruntent cette route a débarqué sur l’ilot d’Alboran, situé à 88km d’Almeria, et à 56km de Nador, au Maroc. Fin février, près de 200 personnes y sont arrivées en deux jours. Deux semaines avant, 89 migrants avaient aussi débarqué sur l’ilot.
    Mais sur ce petit territoire inhabité qui n’abrite que 21 militaires, rien n’est prévu pour accueillir les exilés. Alors face à l’augmentation des arrivées, le gouvernement espagnol a validé, le 17 avril, la construction d’un centre d’hébergement d’urgence pour migrants. D’un montant de 1,3 millions d’euros, ces nouvelles installations seront conçues « pour améliorer et optimiser » les infrastructures de l’île. Fin février, les exilés avaient en effet attendu plusieurs jours avant d’être évacués vers l’Espagne continentale, en raison des intempéries rendant impossible la navigation. Un homme qui présentait de forts symptômes d’hypothermie, une femme et quatre mineurs avaient, eux, quitté le territoire en hélicoptère avec les secours.L’exilé transféré n’avait en revanche pas survécu. Il est mort à l’hôpital d’Almeria six jours après son transfert, le 1er mars.
    Les deux frères « n’étaient pas très riches, mais ils n’étaient pas pauvres non plus », avait raconté à InfoMigrants leur cousine, Sarah*. « Mais depuis toujours, ils voient des gens revenir d’Europe avec des voitures neuves. Ils s’imaginent que de l’autre côté de la mer, c’est l’Eldorado »."Je pense que ce qui les a convaincus de partir, c’est de voir des vidéos de jeunes sur TikTok et Instagram qui filment leur traversée en musique, et célèbrent leur arrivée en Andalousie, pensait-elle. À l’écran, ça a l’air très facile".

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#mediterranee#traversee#mortalite#alboran#zodiac#sante#mineur#femme#imaginairemigratoire

  • Neuf corps, dont ceux d’un Malien et d’un Mauritanien, retrouvés dans un canot à la dérive au nord du Brésil - InfoMigrants
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    Neuf corps, dont ceux d’un Malien et d’un Mauritanien, retrouvés dans un canot à la dérive au nord du Brésil
    Par Raphaël Bernard Publié le : 19/04/2024
    Samedi 13 avril, neuf corps de migrants ont été retrouvés par des pêcheurs brésiliens au large du Pará, au nord du Brésil. Parmi eux, un ressortissant malien et un Mauritanien. Les autorités estiment que l’embarcation, probablement en route vers les îles Canaries, était partie des côtes mauritaniennes. Elle aurait pu contenir « au moins » 25 personnes."Il y a beaucoup de gens morts ici… Regardez-moi ça, quelle tristesse" se lamentent des pêcheurs de l’état du Pará, au nord du Brésil, dans une vidéo amateur publiée le samedi 13 avril. À l’écran, une barque en bois blanche et bleue, remplie d’eau boueuse, de laquelle on voit dépasser des jambes malingres. Ce sont les corps de neuf migrants, retrouvés ce samedi au large de l’île de Canelas, à quelques centaines de kilomètres de l’embouchure du fleuve Amazone. D’après les documents d’identité retrouvés par la police sur les victimes, l’une est mauritanienne, l’autre malienne.
    Le flou règne encore sur les circonstances du drame et l’identité des victimes. Mais, cinq jours après la découverte des corps, quelques éléments commencent à filtrer. D’abord annoncés comme haïtiens, à cause de la relative proximité géographique (3 500 kilomètres environ) et de la grave crise sécuritaire que traverse actuellement le pays, les 9 corps ont finalement été identifiés par la police fédérale brésilienne. Également retrouvés dans l’embarcation : 25 imperméables, ce qui a mené la police fédérale à déclarer que le nombre de morts s’élèverait « au moins » à 25 personnes. À ce stade, on ne peut donc pas exclure qu’il y ait également eu d’autres nationalités à bord.Des documents trouvés dans l’embarcation ont aussi permis de lever le voile - au moins partiellement - sur les circonstances du drame.
    Le lieu de départ de l’embarcation mène les autorités à penser que les passagers étaient en route pour les Îles Canaries, territoire européen le plus proche de la Mauritanie. Le bateau, une sommaire barque en bois de 13 mètres de long, ne possédait ni moteur, ni voile, ni gouvernail. L’hypothèse la plus probable est donc que le bateau se soit fait emporter par un courant marin qui l’aurait dévié de son itinéraire. Les passagers seraient ensuite progressivement morts de faim et de soif.Reste désormais à établir l’identité des 9 victimes retrouvées à bord, dont l’état de décomposition avancée ne permettait de déceler ni l’âge ni le genre. Après plus de 15h de travail pour remorquer l’embarcation sur la terre ferme, les corps ont été transportés à l’institut médico-légal de Belém, capitale de l’état du Pará.Ils passeront par la procédure d’Interpol de l’identification des personnes décédées : relevés de l’ADN, des empreintes digitales et dentaires, puis vérification du registre international des personnes disparues. Le travail d’identification est en cours depuis le 15 avril au soir. La police fédérale espère pouvoir mettre des noms sur les corps d’ici la fin de la semaine.
    Passée quasi inaperçue en Europe, la nouvelle a fait les gros titres des médias brésiliens, peu habitués à ce genre de faits divers sordides. En avril 2021, les corps de deux hommes et une femme - ainsi que 32 téléphones et des devises africaines - avaient été retrouvés à plus de 1 000 km de l’état du Ceará, dans le nord-est du pays. La même année, 6 autres embarcations avec des corps de migrants avaient été également retrouvées au large des Caraïbes et du Nicaragua, selon une enquête de l’Associated Press. L’année dernière, les images de quatre migrants nigérians arrivés au Brésil après avoir fait la traversée de l’Atlantique cachés sous le gouvernail d’un cargo avaient également fait le tour du monde. Ces dernières années, le nombre d’arrivées aux îles Canaries a explosé. L’archipel est désormais devenu la troisième route migratoire vers l’Europe depuis l’Afrique. En 2023 seulement, ce sont 39 000 migrants qui ont débarqué sur le territoire espagnol, pour la plupart issus des pays d’Afrique de l’Ouest (Mali, Sénégal, Mauritanie…). Un record. La plupart des embarcations partent de Mauritanie, et du Sénégal dans une moindre mesure. Le trajet vers les Canaries est également une des routes migratoires les plus mortelles, avec 6 000 morts recensés rien qu’en 2023, selon l’ONG Caminando Fronteras.

    #Covid-19#migrant#migration#bresil#canaries#mauritanie#nicaragua#atlantique#traversee#mortalite#sante

  • Royaume-Uni : le projet de loi d’expulsion des migrants clandestins vers le Rwanda de nouveau devant le Parlement
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/16/royaume-uni-le-projet-de-loi-d-expulsion-des-migrants-clandestins-vers-le-rw

    Royaume-Uni : le projet de loi d’expulsion des migrants clandestins vers le Rwanda de nouveau devant le Parlement
    Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, espère obtenir un vote final sur ce texte concernant les demandeurs d’asile après des mois d’un débat parlementaire tendu.
    Le Monde avec AFP
    Le projet de loi controversé du gouvernement conservateur britannique visant à expulser des demandeurs d’asile au Rwanda est revenu lundi 15 avril devant le Parlement, le premier ministre, Rishi Sunak, espérant désormais obtenir un vote final sur ce texte après des mois d’un débat parlementaire tendu. L’enjeu est de taille pour Rishi Sunak, qui a fait de cette loi le symbole de sa politique migratoire. Son ambition est d’affréter les premiers avions à destination du Rwanda au printemps, à quelques mois de législatives pour lesquelles les tories sont donnés perdants. Les conservateurs espèrent ainsi décourager les migrants clandestins d’arriver illégalement dans le pays en traversant la Manche sur des embarcations de fortune. Le projet de loi, d’abord voté par la chambre basse du Parlement, a été ensuite adouci par la Chambre des lords, très critique sur le texte, entraînant une phase dite de « ping-pong » entre les deux chambres, qui doivent désormais se mettre d’accord. Les débats interrompus pendant la pause pascale ont repris lundi en fin de journée à la Chambre des communes, où les conservateurs sont largement majoritaires et ont rejeté les amendements proposés par les Lords.
    Le nombre de personnes ayant traversé clandestinement la Manche à bord de petites embarcations a augmenté de 41,7 % au premier trimestre 2024 par rapport au premier trimestre 2023, atteignant un niveau record. Au total, 6 203 personnes ont effectué la traversée depuis le début de janvier selon un décompte de l’Agence France-Presse à partir des chiffres officiels, dont 534 pour la seule journée de dimanche, un record depuis le début de l’année. Initialement conclu sous Boris Johnson il y a près de deux ans, le projet d’expulser des migrants vers le Rwanda n’a jamais été mis en œuvre. Le texte en cours d’examen au Parlement vise à répondre aux conclusions de la Cour suprême, qui a jugé le projet illégal. Il définit notamment le Rwanda comme un pays tiers sûr. Le Rwanda se présente comme l’un des pays les plus stables du continent africain, mais le président, Paul Kagame, est accusé de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#payssur#exil#refugie#sante#droit#manche#traversee#politiquemigratoire

  • Au Tchad, les réfugiés soudanais racontent qu’au Darfour « la vie n’est plus possible, les gens ont tellement faim »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/16/au-tchad-les-refugies-soudanais-racontent-qu-au-darfour-la-vie-n-est-plus-po

    Au Tchad, les réfugiés soudanais racontent qu’au Darfour « la vie n’est plus possible, les gens ont tellement faim »
    Près de 600 000 personnes ont traversé la frontière depuis le début de la guerre, il y a un an. Une crise humanitaire dont les habitants de la région d’Adré subissent eux aussi les conséquences.
    Par Carol Valade (Adré, Tchad, envoyé spécial)
    Un vent sec et brûlant accueille les réfugiés soudanais au poste-frontière d’Adré. Ils sont près de 600 000 à avoir fui au Tchad depuis un an, après que les deux généraux Abdel Fattah Al-Bourhane et Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », se sont engagés dans une lutte à mort pour le pouvoir à Khartoum. Parmi eux, Khadija Abdallah, 25 ans, passe les contrôles de police à bord d’une petite calèche tractée par un cheval éreinté. Elle vient d’un village en périphérie d’Al-Geneina, la capitale du Darfour occidental, à 35 kilomètres de là. « Il n’y a plus rien à manger là-bas, plus rien à donner aux enfants, dit-elle. Nous n’avions pas d’autre choix que fuir. » Si les premiers réfugiés au Tchad, au printemps 2023, fuyaient majoritairement les combats pour le contrôle des villes et les massacres à grande échelle commis au Darfour, les derniers arrivés sont poussés par la faim qui gagne les campagnes, soumises aux pillages et au racket des milices. Alors que le conflit a rendu presque impossible toute forme d’agriculture, plus de 18 millions de Soudanais sont désormais en situation d’insécurité alimentaire, selon l’ONU.
    « C’est presque rien, concède Vanessa Boi, officière d’urgence au Programme alimentaire mondial, en remplissant des sacs de vivres. La ration est prévue pour quatre jours, en attendant les grandes distributions mensuelles. Mais, en raison du manque de financement, nous ne sommes actuellement pas en mesure de dire quand elles auront lieu, ni même si elles auront lieu. »Dans ce contexte, beaucoup de réfugiés revendent une partie de leur ration sur le marché d’Adré, afin de pouvoir préparer leur unique repas quotidien. « Je sais bien que c’est interdit, admet Djamila Hisseine Abdoulrahamane, tandis que sur son étal les monticules de sorgho brûlent au soleil. Mais comment faire une soupe sans condiment ? » En ce soir d’Aïd-el-Fitr, les huit membres de sa famille partagent un bol de bouillie, une poignée de haricots et quelques litres d’infusion de mauve, une plante herbacée très consommée dans la région, pour se remplir le ventre. « Nous sommes toujours mieux lotis que ceux qui sont restés de l’autre côté », se console-t-elle.
    « L’autre côté », c’est le Darfour. « Là, la vie n’est plus possible, les gens ont tellement faim, ils ont besoin d’aide », sanglote Assari Ismail, 17 ans, dans une interminable file d’attente pour recevoir des vivres. Vêtue d’une longue robe noire, elle a guidé son père aveugle sur près de 400 kilomètres en partant de Nyala, dans le sud du Darfour, vers la frontière tchadienne, lorsqu’elle a entendu parler des distributions alimentaires. Jusqu’à présent, ni le gouvernement soudanais ni l’ONU n’ont déclaré l’état de famine. Officiellement, le pays reste au stade 4 sur l’échelle IPC qui classifie l’insécurité alimentaire – le dernier palier avant que soit reconnue la catastrophe. A entendre les témoignages des rescapés, la famine semble pourtant déjà là.(...) Côté tchadien, l’ONG constate un afflux croissant d’enfants malnutris. De la grande tente blanche qui sert de clinique monte une polyphonie de pleurs de nourrissons aux bras amaigris et aux yeux creusés. Si la plupart sont des réfugiés soudanais, les enfants tchadiens sont de plus en plus nombreux à être pris en charge. (...)
    Avec plus de 1,2 million de réfugiés sur son sol pour une population de 18 millions d’habitants, le Tchad est devenu l’un des principaux pays d’accueil au monde, et les habitants du Ouaddaï, la région frontalière, en subissent les conséquences de plein fouet. Dans cette province aride, la majorité des produits manufacturés étaient importés du Soudan jusqu’au début de la guerre. Sur le marché, leurs prix ont été multipliés par trois ou quatre. L’eau minérale et le carburant sont devenus inabordables.(...) Adré, ville-frontière, s’est construite sur les échanges tchado-soudanais. Nombre de familles sont partagées entre les deux pays. Mais, dans les campagnes alentour, la cohabitation devient difficile. Dans le village de Tongori, des dizaines d’abris construits par l’Organisation internationale pour les migrations pour les Tchadiens revenus du Soudan ont été réduits en cendres par un incendie criminel.
    Des incidents de ce type pourraient se multiplier, avertit le colonel Ali Mahamat Sebey, préfet du département : « La zone est saturée. Des tensions apparaissent autour des points d’eau et sur le domaine foncier. Le Tchad mène une véritable guerre humanitaire aux côtés des ONG, mais nous manquons de soutiens, comme si cette crise était tombée dans la poubelle de la communauté internationale. » Un sentiment d’abandon largement partagé dans le milieu humanitaire, épuisé par un an de gestion d’une urgence sous-financée. Il y a vingt ans, le Darfour faisait pourtant la une, et des vedettes internationales, comme l’acteur George Clooney, attiraient les projecteurs sur cette tragédie.« Aujourd’hui, la crise soudanaise est reléguée au second plan par la situation à Gaza et en Ukraine, soupire Jérôme Merlin, représentant adjoint du HCR au Tchad. Mais, si l’on regarde les chiffres, c’est sans doute la crise humanitaire la plus grave dans le monde actuellement. » En privé, certains humanitaires confient leur colère, leur frustration, voire un sentiment d’injustice : « La réponse pour l’Ukraine est presque surfinancée, alors qu’ici nous ne recevons même pas de quoi couvrir 4 % des besoins », fulmine l’un d’eux, qui a travaillé dans les deux pays.« Cette crise peut paraître lointaine quand on la regarde de Paris ou de Bruxelles, poursuit Jérôme Merlin. Mais nos observations montrent que les mouvements de réfugiés soudanais vers l’Europe ont commencé, avec déjà plusieurs milliers d’arrivées en Italie. » Ce qui s’explique aussi par le profil des réfugiés, souvent venus des grandes villes du Darfour, notamment des cadres, médecins, avocats et professeurs, pour qui la vie dans un camp en rase campagne ne représente pas une perspective acceptable. « Le Tchad est une digue, mais elle est au bord de la rupture, conclut Jérôme Merlin. Si elle cède, il faut s’attendre à des mouvements migratoires de grande ampleur. »

    #Covid-19#migrant#migration#soudan#tchad#refugie#crise#famine#sante#humanitaire