• Guerre Israël-Hamas : Des exécutions et des viols de femmes palestiniennes ont eu lieu à Gaza, estiment des experts La Libre - Belga

    Des experts indépendants liés aux Nations unies sont profondément préoccupés par des “allégations crédibles” d’exécutions et de viols de filles et de femmes par les forces israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. C’est ce qu’a annoncé lundi un groupe d’experts du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

    Ces experts, dont la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence à l’égard des femmes, Reem Alsalem, ont dit avoir reçu des informations sur des exécutions “ciblées” de femmes palestiniennes dans la bande de Gaza, souvent en compagnie de membres de leur famille et d’enfants.

    Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, des centaines d’autres Palestiniennes, dont des défenseures des droits de l’homme, des journalistes et des travailleuses humanitaires, auraient également été détenues arbitrairement à Gaza et en Cisjordanie.

    ”De nombreuses femmes auraient été soumises à des traitements inhumains et dégradants, privées de serviettes hygiéniques, de nourriture et de médicaments, et gravement maltraitées. Lors d’un incident au moins, des femmes palestiniennes de Gaza auraient été détenues dans une cage sous la pluie et dans le froid, sans nourriture”, dénoncent ces experts dans un communiqué de presse.

    Un nombre inconnu de femmes seraient par ailleurs portées disparues après avoir été en contact avec l’armée israélienne.

    Les experts, qui travaillent bénévolement pour les Nations unies, se disent particulièrement préoccupés par les “multiples formes d’agression sexuelle” dont sont victimes les prisonnières palestiniennes de la part des forces israéliennes. Elles seraient notamment fouillées nues.

    Selon les informations disponibles, au moins deux prisonnières palestiniennes auraient été violées et d’autres menacées de viol et de violence sexuelle.

    On ignore d’où proviennent les informations relayées par ce groupe d’experts et s’il les a vérifiées de manière indépendante.

    Ces experts du Conseil des droits de l’homme des Nations unies appellent en tous les cas à une enquête indépendante sur ces allégations et demandent à Israël d’y coopérer.

    #Femmes en #cage et leur #Filles #Palestiniennes #génocide #violence #viols #exécutions #agressions #disparitions #ONU #Gaza #israel

    Source : https://www.lalibre.be/international/moyen-orient/2024/02/20/guerre-israel-hamas-des-executions-et-des-viols-de-femmes-palestiniennes-ont

  • Livre de #Cagé et #Piketty : les #data sont un sport de combat | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/120923/livre-de-cage-et-piketty-les-data-sont-un-sport-de-combat?userid=554f9cc5-

    dommage de ne pas parler de la théorie du #bloc_bourgeois de #bruno_amable et #stefano_palombarini, qui étudient ces sujet et avaient identifié une large série de résultats de cette étude il y a plus de 10ans, et dont la primauté n’est rappelé dans aucun média...

    • oups, merci @rastapopoulos

      le voici :

      Livre de Cagé et Piketty : les data sont un sport de combat
      L’essai de la rentrée s’intitule « Une histoire du conflit politique ». Constats implacables fondés sur des données inédites, formulation de propositions, mais aussi limites politiques et méthodologiques. Recension critique.

      Joseph Confavreux

      12 septembre 2023 à 16h52


      SortiSorti en librairie vendredi 8 septembre, Une histoire du conflit politique (Le Seuil), signé Julia Cagé et Thomas Piketty, caracole déjà en tête des ventes de « non-fiction ». Pourquoi ce pavé aride de géographie électorale rencontre-t-il un tel succès, bien que ses conclusions ne soient que rarement contre-intuitives et qu’une partie du monde de la recherche fasse la fine bouche, en jugeant que beaucoup d’éléments synthétisés dans ce livre sont déjà connus ?

      La réponse ne tient qu’en partie à la notoriété de ses auteurs et à la mécanique bien huilée d’une promotion qui réserve au groupe Le Monde et à Radio France le droit de briser l’embargo avant parution auquel les autres journalistes sont prié·es de se tenir.

      Le succès public et médiatique du livre tient avant tout à ce qu’il existe peu de chercheurs et de chercheuses n’espérant rien de moins que trouver des solutions concrètes aux dysfonctionnements de la démocratie française, aux impasses de la vie politique du pays et aux inégalités qui en sapent les contours. L’ouvrage prolonge d’ailleurs souvent certaines analyses et propositions déjà élaborées dans Le Capital au XXIe siècle pour Thomas Piketty et Le Prix de la démocratie pour Julia Cagé.

      Il existe encore moins de chercheurs et de chercheuses qui élaborent à l’appui de leurs démonstrations – en en ayant les moyens financiers et humains – des bases de données aussi volumineuses qu’inédites. L’ouvrage de Cagé et Piketty, avec le site exceptionnel d’accessibilité et d’exhaustivité qui lui est adossé (unehistoireduconflitpolitique.fr), constitue en effet un outil qui dépasse parfois ceux de la statistique publique.

      Un des plus grands mérites du projet est ainsi d’avoir numérisé les résultats de toutes les élections, à l’échelle communale, en France métropolitaine, depuis la Révolution. Et de saisir ainsi une histoire politique en profondeur, alors que nous avons collectivement tendance à nous contenter des évolutions depuis l’après-Seconde Guerre mondiale.

      Cette profondeur historique permet notamment, jugent Cagé et Piketty, de mieux saisir la tripartition politique actuelle entre un bloc de gauche, un bloc social-libéral et un bloc national-patriote, qui ne peut « être correctement analysée qu’en remontant deux siècles en arrière », et notamment à la répartition en trois blocs ayant déjà existé entre 1848 et 1910. De ce fait, « au-delà de son intérêt historique et de la nouvelle base de données qu’il propose, cet ouvrage permet d’apporter un regard neuf sur les crises du présent et leur possible dénouement », vantent les deux chercheurs.

      Et il est vrai qu’en analysant les « déterminants socioéconomiques des comportements politiques » ou, dit plus simplement, « qui vote pour qui et pourquoi », Julia Cagé et Thomas Piketty proposent avec cette large enquête historique un socle pour penser plusieurs éléments essentiels de la politique contemporaine.

      La « régression » démocratique
      Le premier constat documenté est celui d’« une crise d’une ampleur inégalée de notre système démocratique ». Ce constat n’est pas neuf, mais il se révèle vertigineux sous la plume de Julia Cagé et Thomas Piketty. Il s’observe notamment par la chute de la participation électorale au cours des dernières décennies et par le fait qu’elle « s’accompagne d’un écart croissant de participation entre les territoires riches et pauvres, écart qui n’existait pas (ou beaucoup moins nettement) au cours des périodes précédentes, que ce soit au XXe siècle ou au XIXe siècle ».

      Nous avons donc sous les yeux une « régression démocratique particulièrement inquiétante. La démocratie se fonde en effet sur une promesse de participation du plus grand nombre aux décisions publiques, or, deux siècles après la Révolution française, les classes populaires semblent se retirer du jeu électoral dans des proportions inédites. »

      La participation législative, qui oscillait entre 70 % et 80 % de 1848 jusqu’aux années 1980-1990, a ainsi dévissé pour se retrouver à tout juste 50 % en 2017 et 2022. Un déclin étroitement corrélé à la pauvreté puisque, aux dernières élections législatives, le taux de participation moyen dans les 10 % des communes les plus aisées a été supérieur de près de 11 points à celui observé dans les 10 % des communes les plus pauvres.

      En première approche, on pourrait penser que « la montée des inégalités pourrait avoir contribué à nourrir un sentiment d’abandon et un découragement politique au sein des communes les plus pauvres ». Mais, notent Cagé et Piketty, les « écarts de richesse entre communes étaient encore plus élevés au XIXe siècle ou au début du XXe siècle que ce qu’ils sont en ce début de XXIe siècle, et pourtant les écarts de taux de participation n’étaient pas aussi importants qu’aujourd’hui. La perception d’une forte injustice ne nourrit pas nécessairement l’abstention : dans l’absolu, elle peut tout aussi bien alimenter une forte mobilisation, suivant la nature de l’offre politique qui est proposée ».

      Le facteur déterminant est donc l’offre politique et sa capacité de représenter des territoires et des populations. Alors que la participation aux élections est généralement plus forte dans le monde rural que dans le monde urbain pendant quasiment deux siècles, de 1848 à 2022, il existe une exception importante entre 1920 et 1970, en lien avec une forte mobilisation ouvrière en direction du Parti communiste qui se concentre dans les villes et banlieues.

      Le fait que les ouvriers participent relativement moins aux élections est certes un résultat connu. Mais ce que permet de mettre au jour l’approche historique sur plus de deux siècles est « la nouveauté de ce phénomène et son aggravation » aussi récente que massive.

      De ce fait, le vote pour le « bloc central libéral-progressiste » enregistré lors du scrutin de 2022 apparaît comme le plus « bourgeois » de toute l’histoire électorale française depuis la Révolution…

      Les contours de la classe géo-sociale
      Le second enjeu majeur de l’ouvrage consiste, à la suite d’autres chercheuses et chercheurs, à complexifier la notion de classe afin d’inscrire les inégalités de richesse dans les territoires. Pour les auteurs, « la classe sociale existe et n’a jamais cessé de jouer un rôle déterminant dans la confrontation politique, mais pour être féconde, elle doit être envisagée dans une perspective multidimensionnelle et spatiale ».

      Ils reprennent la notion de « classe géo-sociale », proposée par le philosophe Bruno Latour, mais « comprise de façon plus large dans ses dimensions socio-économiques », comprenant notamment la question des inégalités d’accès aux transferts sociaux et aux services publics (écoles, hôpitaux, équipements sportifs et culturels…), la détention des moyens de production, la hiérarchie des salaires et des revenus, l’accès à la propriété et au logement…

      Soucieux de s’adresser à un « lecteur-citoyen », Julia Cagé et Thomas Piketty exposent les différences de comportements électoraux dans des unités territoriales qui parlent à tout le monde : les métropoles, les banlieues, les bourgs et les villages.

      Les principales conclusions de cette lecture socio-spatiale de deux siècles d’élections sont d’abord que les inégalités territoriales, qui avaient connu une réduction significative depuis le XIXe siècle, sont reparties à la hausse depuis les années 1980-1990, d’une façon encore plus prononcée que les inégalités de revenus ou de patrimoine. En 2002, le revenu moyen des 1 % des communes les plus riches est ainsi plus de huit fois plus élevé que celui des 1 % des communes les plus pauvres, alors que cet écart était à peine supérieur à cinq au début des années 1990.

      Toutefois, la « convergence vers le bas des banlieues pauvres et des bourgs pauvres », sous l’effet de la polarisation spatiale accrue du territoire français et de la concentration des richesses dans les métropoles, est à mettre en regard du fait que « les comportements politiques de ces différents territoires ont profondément divergé au cours des dernières décennies ». Tout l’ouvrage vise à comprendre ce paradoxe et les conditions de son possible dépassement.

      Le rapport déterminant à la propriété
      Ces analyses socio-spatiales permettent ensuite de mettre au centre du conflit électoral et politique le rapport à la propriété. L’ouvrage insiste à plusieurs reprises sur la nécessité de différencier les inégalités face aux revenus et à la propriété parce qu’elles « sont imparfaitement corrélées et ont toutes deux un impact majeur sur les conditions de vie, et d’autre part car elles nourrissent des imaginaires, des visions du monde et des comportements politiques » qui ne sont pas exactement les mêmes.

      Depuis 1990-2000, une des variables les plus significatives pour expliquer les différentiels de participation est la proportion de ménages propriétaires de leur logement, alors qu’il n’existait aucun effet significatif de ce type auparavant. L’impact de la proportion de propriétaires sur le vote pour les différents courants politiques est également patent, « avec en l’occurrence un effet de plus en plus net sur le vote FN-RN depuis 2000-2010 ».

      La proportion de ménages propriétaires de leur logement a toujours été plus élevée dans les villages et les bourgs, puis dans les banlieues et enfin dans les métropoles. Or, écrivent Piketty et Cagé, le fait de « se retrouver durablement endetté pour rembourser son pavillon, avec les efforts d’épargne et de stabilité professionnelle et personnelle que cela implique, contribue en outre à forger des valeurs et des identités qui se définissent en partie par opposition à d’autres groupes qui ne sont pas lancés dans une telle trajectoire ».

      Que ces « différences soient en partie artificielles », parce qu’un loyer peut aussi demander des efforts contraignants, n’enlève « rien à leur force, dans un monde où la connaissance des autres classes socio-spatiales et de leurs expériences concrètes de vie est par nature relativement limitée ».

      Si les partis de gauche et écologistes souhaitent regagner du terrain auprès des classes populaires des villages et des bourgs [...], il faudra également soutenir les aspirations populaires à la propriété individuelle.

      Julia Cagé et Thomas Piketty
      Pour Cagé et Piketty, une des raisons de la croissance du vote FN-RN (Front National-Rassemblement national) est à chercher là. Avec le diplôme, la « seconde distinction extrêmement marquée entre le vote de gauche et le vote FN concerne la relation à la propriété », dans la mesure où le bulletin Le Pen serait largement un vote de « petits-moyens » accédants à la propriété.

      Ce qui expliquerait notamment pourquoi le RN a proposé, lors des élections de 2022, une importante extension du PTZ (prêt à taux zéro), où chaque famille pourrait désormais bénéficier de la part de l’État d’un prêt de 100 000 euros sans intérêts, et ajouté que ce prêt ne serait plus remboursé à partir de la naissance du troisième enfant, mêlant ainsi deux éléments clés du discours lepéniste : l’accession à la propriété et la thématique nataliste.

      « Si les partis de gauche et écologistes souhaitent regagner du terrain auprès des classes populaires des villages et des bourgs, jugent donc les auteurs, il ne suffira pas de défendre les services publics. Il faudra également soutenir les aspirations populaires à la propriété individuelle, aussi bien d’ailleurs dans le monde rural que dans le monde urbain. »

      Tripartition politique et division spatiale des classes populaires
      Ces données socio-spatiales aident ainsi à saisir la dynamique de certains partis, comme le RN, ou au contraire les difficultés d’autres organisations, notamment à gauche. Julia Cagé et Thomas Piketty y lisent aussi la source de la tripartition politique contemporaine, le bloc centriste-libéral au pouvoir profitant de la division entre les classes populaires rurales et urbaines, que les forces de gauche étaient parvenues à réduire à plusieurs époques du XXe siècle.

      Cette impasse structurelle du bloc de gauche n’est soluble, pour les auteurs, qu’à une condition : briser la « tendance répétée à considérer le monde rural comme structurellement conservateur, éternellement soumis aux puissants et perpétuellement rétif au progrès et à la démocratie, alors que le monde urbain serait porteur de valeurs de modernité et de changement ».

      Si tant de paysans ont tourné le dos à la Révolution française, rappellent Piketty et Cagé en reprenant les études fondatrices de Paul Bois et de Charles Tilly, « ce n’est pas parce qu’ils seraient subitement devenus conservateurs. C’est parce qu’ils ont été profondément déçus dans leur espoir d’accéder à la propriété et de cesser de travailler pour les autres ».

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      La configuration actuelle est similaire, dans la mesure où le monde des villages et des bourgs perçoit, à juste titre, l’évolution des inégalités non comme « la conséquence de forces naturelles ou exogènes », telles que la mondialisation ou le progrès technique, mais comme découlant de choix politiques : priorité donnée aux TGV sur les TER, choix de localisation des hôpitaux et des écoles…

      La difficulté supplémentaire est que le creusement du clivage politico-spatial a, tout récemment, été préempté par le FN-RN et catalysé par un phénomène d’ampleur, à savoir la « ruralisation » du vote pour le FN-RN. L’évolution est « spectaculaire » puisque lors des législatives de 1986-1988, le vote FN est concentré dans les banlieues et les métropoles.

      Lors des législatives de 2017-2022, la situation « a changé du tout au tout » : le bloc social-écologique rassemblant les partis de gauche et écologiques est beaucoup mieux implanté dans le monde urbain que dans le monde rural, alors qu’à l’inverse le bloc national-patriote réalise des scores près de deux fois plus élevés dans les villages et les bourgs que dans les banlieues et les métropoles.

      © Infographie Mediapart
      Contre l’idée d’une progression inéluctable du parti de Marine Le Pen, les auteurs rappellent toutefois que le vote FN a pu baisser, passant au premier tour des législatives de 15 % en 1997 et 11 % en 2002 à 4 % en 2007. En 2007-2012, le score ne s’est pas envolé par rapport à 1986-1988 mais « le profil territorial s’est complètement inversé ».

      Autre enseignement : lors des législatives de 1988, le vote FN n’est pas seulement urbain, « il est concentré au sein des communes urbaines ayant la plus forte proportion d’étrangers ». Une relation avec la présence étrangère qui disparaît presque complètement en 2017-2022…

      Cet élément fait partie du troisième enjeu crucial du livre : sa volonté de montrer que, même si les thématiques identitaires saturent l’espace médiatique et politique, elles ne structurent pas pour autant les comportements électoraux, qui demeurent déterminés, en premier lieu, par les conditions socio-économiques.

      Le faux-nez des thématiques identitaires
      Les auteurs reconnaissent bien qu’il est difficile de séparer « ce qui relève du conflit identitaire et du conflit classiste » car ces dimensions sont imbriquées, hier comme aujourd’hui : « À la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, le conflit religieux est intiment lié à la question de la redistribution des terres de l’Église et de leur accaparement par les élites urbaines, puis à la question du système scolaire et particulièrement de la scolarisation des jeunes filles, largement oubliées par le système public et étatique. À la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, le conflit migratoire est étroitement imbriqué avec la question des territoires et des services publics et les perceptions croisées d’abandon et de favoritisme qui se sont développées à ce sujet, notamment entre bourgs et banlieues. »

      Mais, en dépit de la nouvelle diversité des origines qui composent la société française et d’une diversité religieuse inédite, l’un des principaux résultats de l’enquête est que « les variables sociologiques liées à la richesse, à la profession ou au diplôme sont des déterminants autrement plus importants de vote que les variables liées aux origines ». Pour les auteurs, « le fait que le débat public se focalise souvent sur les questions identitaires témoigne avant tout de l’oubli de la question sociale et de l’abandon de toute perspective ambitieuse de transformation du système économique ».

      On voit à quel point un système rigide de catégories ethno-raciales du type blanc / noir / maghrébin / asiatique inspiré de celui appliqué aux États-Unis pourrait avoir des effets pervers dans le contexte français.

      Julia Cagé et Thomas Piketty
      La France demeure certes le pays « où l’écart entre la perception et la réalité est le plus élevé » concernant la présence de l’islam, puisque les personnes interrogées répondent en moyenne que les musulman·es représentent 31 % de la population, soit 23 points de plus que la réalité (8 %) ! Toutefois, l’interpréter comme « le signe d’une peur de submersion culturelle et migratoire et de “grand remplacement” à laquelle aucun argument rationnel et aucune tentative ne pourraient s’opposer » serait d’un pessimisme excessif, jugent les auteurs. Pour au moins deux raisons.

      D’abord, le processus de métissage « se déroule beaucoup plus rapidement que ce que l’on imagine parfois, au sens où les origines mixtes deviennent ultra-majoritaires dès la troisième génération ». L’enquête TeO organisée par l’Ined (Institut national d’études démographiques) et l’Insee montre par exemple que la proportion d’intermariages atteint 30-35 % pour les personnes ayant une origine nord-africaine à la génération précédente, soit le même niveau que pour celles ayant une origine portugaise.

      Compte tenu de cette prépondérance des origines mixtes, estiment Julia Cagé et Thomas Piketty à propos d’un débat récurrent, « on voit à quel point un système rigide de catégories ethno-raciales du type blanc / noir / maghrébin / asiatique inspiré de celui appliqué aux États-Unis pourrait avoir des effets pervers dans le contexte français. Il obligerait chacun à devoir choisir une identité principale au détriment des autres et pourrait contribuer à rigidifier ainsi les frontières entre groupes et à exacerber les antagonismes ».

      Ensuite, ces thématiques identitaires portées médiatiquement et politiquement ne « prennent » pas vraiment électoralement. « Les facteurs liés à la religion ou aux origines jouent un rôle non négligeable, écrivent les auteurs. Simplement, ce rôle est quantitativement beaucoup moins important que celui de la classe géo-sociale et tend à être absorbé par cette dernière. Ces résultats s’inscrivent en faux contre l’idée d’une “ethnicisation” du conflit politique français et d’une inexorable montée en puissance des clivages “communautaires”, très diffusée dans le débat public. »

      Les scores désastreux aux dernières élections législatives de personnages comme Manuel Valls ou Jean-Michel Blanquer, qui en ont fait leur fonds de commerce, pourraient constituer d’autres signes de ces affirmations.

      Ces éléments structurants posés, les auteurs formulent plusieurs propositions et hypothèses qui, davantage que leurs analyses, prêtent le flanc à la discussion ou à la critique.

      Une tripartition politique instable ?
      La plus importante est leur idée que la tripartition politique actuelle serait suffisamment instable pour envisager sa disparition prochaine. Ce qui serait, selon eux, une bonne nouvelle dans la mesure où la bipolarisation, « particulièrement forte entre 1910 et 1992, a eu un impact déterminant et largement positif pour le développement démocratique, social et économique du pays au cours du XXe siècle ».

      Néanmoins, la dimension prédictive des sciences sociales étant quasiment nulle, si l’on excepte peut-être la démographie, il est délicat de se fonder sur l’histoire pour éclairer l’avenir. Il y a certes des leçons à tirer du fait que la « première tripartition » entre 1848-1910 avait comme point commun avec l’actuelle « la division des classes populaires urbaines et rurales entre bloc de gauche et de droite » et qu’un retour de la gauche au pouvoir implique de mettre fin à cette division.

      Ou encore, en cette période de cacophonie à gauche, du fait que « ce sont avant tout les contradictions au sein de l’alliance des trois partis progressistes (communistes, socialistes, radicaux-socialistes) autour du contenu du socialisme démocratique et du régime de propriété qu’ils souhaitent mettre en place » qui ont limité la capacité de ce bloc de gouverner durablement le pays.

      Mais la fin de la tripartition actuelle pourrait mener, comme ils l’évoquent, non à une bipolarisation gauche/droite porteuse de progrès social et démocratique, mais à une bipolarisation entre un bloc libéral et un bloc national-patriote, à l’instar de ce qui se passe en Pologne, où le PiS (Droit et justice) a réussi à conquérir le pouvoir sur la base d’une plateforme sociale axée sur la défense des retraites et la création d’importantes allocations familiales, complétée par un violent discours nationaliste, et se trouve désormais comme seul rival face à un bloc libéral-progressiste.

      On peut aussi estimer que si la tripartition peut effectivement se « lire comme une forme de rente permettant à un bloc opportuniste de se maintenir au pouvoir à moindre risque tout en arrêtant le mouvement vers l’égalité sociale », il demeure optimiste de penser que cette « tripartition est structurellement instable et n’est pas appelée à perdurer sous sa forme actuelle », tant les divisions actuelles de la gauche et son inaptitude à réunir les classes populaires urbaines et rurales sont aujourd’hui flagrantes.

      La possibilité d’une victoire d’une « classe écologique » qui réponde à la fois aux attentes des classes populaires et à la transformation, aussi nécessaire que radicale, du système productif, semble ainsi demeurer lointaine, et impossible si les plus défavorisé·es ne sont pas convaincu·es au préalable que la répartition des efforts et des bénéfices est la plus juste possible.

      Des pistes pour la gauche
      Il n’en reste pas moins que les deux chercheurs font des propositions susceptibles de constituer le socle d’une gauche unie. Comme mettre en place « un système de parité sociale contraignant les partis à présenter au moins 50 % d’ouvriers et d’employés (soit approximativement leur part dans la population active actuellement) sous peine de sanctions dissuasives », sur le modèle de la parité hommes-femmes qui a montré son efficacité.

      Ou encore empêcher qu’en matière scolaire les « établissements privés échappent entièrement » aux « procédures communes », alors que « les questions éducatives ont joué un rôle structurant dans le conflit politique et électoral au cours des deux derniers siècles » et qu’il « en ira certainement de même à l’avenir ».

      Surtout, les auteurs proposent d’agir sur la répartition des richesses pour redistribuer « la propriété en général », au-delà même de la question de l’accès au logement. La gauche pourrait pour cela, jugent les auteurs, « proposer de mettre en place un héritage minimum pour tous à 25 ans, qui, pour fixer les idées, pourrait être à terme de l’ordre de 120 000 euros (environ 60 % du patrimoine moyen par adulte actuellement) ».

      Celui-ci serait financé par les impôts sur le revenu et les patrimoines. À titre d’exemple, rappellent-ils, il suffirait d’introduire « un taux de CSG de 2 % sur les plus grandes fortunes du pays pour rapporter 20 milliards d’euros par an, soit deux fois plus de ressources que toutes les économies réalisées par le projet de réforme des retraites qui a mis le pays à feu et à sang en 2023 ».

      Cette action sur les richesses est sans doute le meilleur moyen de contrer la progression du parti lepéniste, qui a toujours « autant de difficultés à formuler des propositions explicites de mise à contribution des plus riches ».

      Le vote comme expérience subjective
      Une seconde réserve est d’ordre méthodologique. Elle tient en partie au projet lui-même qui est de proposer une « histoire des comportements électoraux et des inégalités socio-spatiales en France de 1789 à 2022 ». La puissance du livre risque, en cherchant à dégager des grandes structures du vote sur le long terme, de se retourner en faiblesse pour penser une partie de la politique contemporaine.

      Par exemple, le soulagement de constater que les crispations identitaires demeurent aujourd’hui des facteurs négligeables du vote par rapport aux inégalités socio-spatiales sera-t-il encore valable demain, alors que les « guerres culturelles » atteignent une intensité rarement égalée dans la structuration des débats publics ?

      Plus généralement, en étudiant sur le long terme les raisons du vote, les auteurs ne manquent-ils pas une large part de celui-ci ? Julia Cagé et Thomas Piketty le reconnaissent : une des « limitations importantes de [leur] démarche et des données [qu’ils ont] rassemblées » est d’avoir observé les élections « au niveau de communes et de territoires, et non au niveau des électeurs individuels ». Peut-on à cette échelle rendre compte de ce qu’ils désignent eux-mêmes comme « la complexité des expériences et des subjectivités individuelles » ?

      Le vote est volatil et les représentations personnelles peuvent influer fortement sur une élection. Et ce jusqu’au tout dernier instant – qu’on se rappelle l’effet de l’affaire « Papy Voise » sur l’élection de 2002 ayant pour la première fois propulsé le FN au second tour de l’élection présidentielle. Ne pourrait-il pas en être de même demain à propos de la guerre en Ukraine ou d’une catastrophe écologique majeure, même si la déflagration climatique peine à se traduire dans les urnes ?

      Un « bloc national-patriote » hétérogène
      Une autre limite méthodologique est que le projet du livre vise, au fond, à donner des éléments pour contrer la progression du bloc « national-patriote » en dénonçant les effets délétères de la mainmise sur le pouvoir du « bloc centriste libéral » et en donnant pour cela quelques outils au bloc de gauche.

      Mais la définition du bloc « national-patriote » qui agrège RN, Reconquête et Les Républicains (LR) est-elle suffisamment solide ? Julia Cagé et Thomas Piketty reconnaissent que « le “bloc national-patriote” n’est pas véritablement un bloc politique au sens où ses différentes composantes auraient bien du mal à gouverner ensemble ».

      Ses trois principales composantes se caractérisent en effet par des bases sociales, territoriales et programmatiques extrêmement différentes, voire totalement opposées. Que les droites soient aujourd’hui en fusion est une réalité largement établie, en France comme en Europe. Mais sur quelles bases distinguer le bloc centriste libéral macroniste de LR, quand le président de la République parle de « décivilisation » et prépare des mesures migratoires que le RN aurait bien du mal à renier ? En outre, dans certains territoires particuliers, une droite encore républicaine ne constitue-t-elle pas encore un rempart contre le RN ?

      Les limites du « conflit politique »
      Une dernière critique conjugue réserves politiques et méthodologiques. En donnant une définition étroite du conflit politique, limité à l’affrontement électoral, Julia Cagé et Thomas Piketty prennent un risque dont ils sont conscients. « L’expérience des années 1920 montre que le basculement institutionnel peut s’opérer très vite et rappelle l’importance décisive du contexte historique et des luttes sociales, au-delà des résultats électoraux obtenus par les différents blocs », écrivent-ils par exemple.

      Dans ces années, « l’ironie veut que ce soit l’une des chambres parlementaires les plus à droite de l’histoire de la République [...] qui a mis en place l’impôt progressif sur les très hauts revenus le plus élevé que le pays n’ait jamais connu ». Un changement de pied qui n’est pas seulement lié aux conséquences de la guerre ou à la révolution de 1917 en URSS, puisqu’il se manifeste aussi aux États-Unis, où l’influence de ces événements est moindre, mais où la demande d’égalité portée par des structures syndicales et partidaires est tout aussi puissante qu’en Europe, surtout après la crise de 1929 perçue comme une faillite des élites libérales.

      Cette réduction du « conflit politique » au cadre électoral est fondée avant tout sur un choix scientifique et méthodologique. Mais n’exprime-t-elle pas aussi une approche du politique qui risque d’être trop mesurée ?

      À propos, par exemple, de la question déterminante de savoir si l’État social forgé au XXe siècle peut continuer à croître, les auteurs notent bien qu’il est « frappant de constater à quel point le développement de l’État social s’est interrompu dans l’ensemble des pays européens depuis 1980-1990 ». Pourtant, écrivent-ils aussi, cela ne doit pas empêcher d’entendre les critiques sur « l’efficacité de l’action publique », voire sur les risques d’augmenter la contribution fiscale des plus mobiles et entreprenants.

      Cagé et Piketty balayent ainsi par exemple d’un revers de main l’idée que « la création monétaire » serait la « solution miracle permettant de financer l’État social et de définir un nouveau modèle économique pour le XXIe siècle », alors que celle-ci est pourtant portée par une partie de la gauche européenne et états-unienne.

      La volonté des deux auteurs de convaincre un public large en restant raisonnables et en mettant la focale sur le cadre électoral est compréhensible, mais elle risque de laisser certains lecteurs et certaines lectrices désemparé·es. Leur analyse de l’accélération et du durcissement des inégalités socio-spatiales peut en effet laisser penser que la priorité, comme les auteurs le rappellent à plusieurs reprises, est certes la reformulation d’une offre politique ambitieuse susceptible d’ébranler les structures du vote mises au jour. Mais que cette reconfiguration électorale risque aussi d’avoir du mal à exister sans quelques coups de béliers politiques portés hors des isoloirs.

      Julia Cagé et Thomas Piketty,
      Une histoire du conflit politique. Élections et inégalités sociales en France, 1789-2022,
      Éditions du Seuil,
      864 pages, 27 euros

    • Une histoire du conflit politique. Elections et #inégalités_sociales en #France, 1789-2022

      Qui vote pour qui et pourquoi ? Comment la structure sociale des élec­torats des différents courants politiques en France a-t-elle évolué de 1789 à 2022 ? En s’appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques des 36 000 communes de France couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une his­toire du vote et des inégalités à partir du laboratoire français.

      Au-delà de son intérêt historique, ce livre apporte un regard neuf sur les crises du présent et leur possible dénouement. La tripartition de la vie politique issue des élections de 2022, avec d’une part un bloc central regroupant un électorat socialement beaucoup plus favorisé que la moyenne – et réunissant d’après les sources ici rassemblées le vote le plus bourgeois de toute l’histoire de France –, et de l’autre des classes populaires urbaines et rurales divisées entre les deux autres blocs, ne peut être correctement analysée qu’en prenant le recul historique nécessaire. En particulier, ce n’est qu’en remontant à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, à une époque où l’on observait des formes similaires de tripartition avant que la bipolarisation ne l’emporte pendant la majeure partie du siècle dernier, que l’on peut comprendre les tensions à l’oeuvre aujourd’hui. La tripartition a toujours été instable alors que c’est la bipartition qui a permis le progrès économique et social. Comparer de façon minutieuse les différentes configurations permet de mieux envisager plusieurs trajectoires d’évolutions possibles pour les décennies à venir.

      Une entreprise d’une ambition unique qui ouvre des perspectives nouvelles pour sortir de la crise actuelle. Toutes les données collectées au niveau des quelques 36 000 com­munes de France sont disponibles en ligne en accès libre sur le site unehistoireduconflitpolitique.fr, qui comprend des centaines de cartes, graphiques et tableaux interactifs auxquels le lecteur pourra se reporter afin d’approfondir ses propres analyses et hypothèses.

      https://www.seuil.com/ouvrage/une-histoire-du-conflit-politique-julia-cage/9782021454543
      #histoire #élections

    • Manuel Bompard - Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ?
      https://tendanceclaire.org/breve.php?id=43582

      Cela permet d’abord de tordre le cou à une première idée forte, très largement diffusée ces dernières années : non, ce n’est pas l’obsession identitaire qui structure les comportements électoraux mais bien la situation sociale. C’est une mise à distance claire des thèses d’un Christophe Guilly ou d’un Jérôme Fourquet voulant transposer dans notre pays la thèse du choc des civilisations présentée dans le cadre des relations internationales par Samuel Huttington et les néoconservateurs américains.

      Non, la gauche n’a pas perdu le vote populaire

      L’analysé de Cagé et Piketty confirme la structuration du champ politique en 3 blocs distincts que l’on a pu observer lors des élections présidentielles et législatives de 2022. On y retrouve un bloc libéral autour d’Emmanuel Macron : Cagé et Piketty démontrent que le vote pour Emmanuel Macron est « le vote le plus bourgeois de l’histoire. » En effet son volume croît de manière très forte en même temps que le niveau de richesse des individus. A droite, si l’on regroupe l’électorat de Marine le Pen, d’Éric Zemmour et de Valérie Pécresse dans un même bloc « nationaliste », on voit aussitôt combien il est marqué par une très forte contradiction sociale. Car si le vote pour Marine le Pen est davantage populaire que bourgeois, les votes pour Zemmour et Pécresse sont au contraire largement surreprésentés parmi les électeurs les plus riches du pays. Enfin, le bloc social-écologiste qui rassemble les partis de la NUPES se caractérise par des scores plus importants que la moyenne parmi les plus bas revenus et des scores beaucoup plus faibles que la moyenne parmi les plus hauts revenus.

      La présentation de la « composition sociale » des votes des différents blocs permet d’écarter une deuxième idée fausse. Non, la gauche n’a pas « perdu les catégories populaires » : son électorat reste très largement déterminé par le niveau de revenu et c’est dans le vote Mélenchon en 2022 que l’on trouve la plus grande surreprésentation des 10% les plus pauvres du pays. L’électorat traditionnel de l’ancienne gauche s’est désarticulé, sa composante bourgeoise convergeant avec la composante bourgeoise de droite dans le bloc macroniste, tandis que sa composante populaire s’est reportée sur la nouvelle gauche incarnée par la France insoumise. Autrement dit, les classes populaires se sont détachées de « la gauche d’avant », mais elles l’ont fait pour se tourner vers les insoumis.

  • Petit rappel qu’en 2014 la municipalité d’#Angoulême installait des #grillages autour de #bancs_publics situés proches d’un centre commercial pour décourager les SDF. Aujourd’hui ce sont des amendes de 35 € si tu occupe l’espace public.


    Photo Pierre Duffour/AFP

    #mobilier_urbain #anti-sdf #anti-réfugiés #cages #espace_public #amende

    ajouté à la métaliste sur le #mobilier_urbain #anti-sdf / #anti-réfugiés :
    https://seenthis.net/messages/732278

    Et sur les cages à Angoulême :
    https://seenthis.net/messages/769639

  • L’appel de la cagette - Agnès Stienne - Visionscarto
    https://visionscarto.net/l-appel-de-la-cagette

    Et moi je regardais les cagettes. Avec soudain un regard nouveau. Quelle industrie peut bien se cacher derrière cet emballage anodin qu’on jette d’un geste négligé ou que l’on brûle après un unique usage ? Et les palettes ? Et les allumettes ?

    J’allais faire de ces cagettes, si pratiques mais si maltraitées, des boîtes précieuses enrichies de graines récoltées à l’automne dernier, des écrins, des œuvres d’art. Puis vint le temps de se pencher sur leur production.

    #peuplier #arbre #recyclage #emballage #écologie #environnement #art #cagette_qui_en_jette :)

  • Käfigfrei-Kampagne

    Noch immer ist das Thema »#Käfighaltung« nicht erledigt. Das Bundesverfassungsgericht hat schon im Jahr 1999 festgestellt, dass die Haltung von Legehennen in herkömmlichen und ausgestalteten Käfigen tierquälerisch ist und abgeschafft werden muss. Die Eier-Industrie hat daraufhin mit dem »Kleingruppen«-Käfig ein neues System geschaffen, das den Grundbedürfnissen der Hennen ebenfalls nicht gerecht wird.

    Auch wenn es mit 2025 (in Härtefällen 2028) nun ein konkretes Ausstiegsdatum für die Käfighaltung gibt, verliert unsere Initiative nicht an Bedeutung. Denn bis zum Ausstieg ist es noch ein langer Weg und die Lebensmittelindustrie importiert nach wie vor Käfigeier als Zutat. Daher werden wir unsere Arbeit fortsetzen und Unternehmen weiterhin davon überzeugen, auf Käfigeier und -eiprodukte zu verzichten.
    Nur ein erster Schritt

    Von Käfig- auf Boden-, Freiland- oder Biohaltung zu wechseln, ist nur ein erster Schritt. Leider sind die Bedingungen in diesen alternativen Haltungsformen meistens deutlich schlechter als VerbraucherInnen das erwarten. Wir nutzen deshalb die Gespräche mit der Lebensmittelwirtschaft auch, um pflanzliche Ei-Alternativen vorzustellen und diese als beste Lösung zu bewerben.
    Transparenz

    Klicken Sie auf ein Bild, um zu erfahren, welche Unternehmen der jeweiligen Branche die Verwendung von Käfigeiern bereits beendet haben und welche Firmen die Käfighaltung vermutlich unterstützen.

    https://albert-schweitzer-stiftung.de/kampagnen/kaefigfrei

    #oeufs #campagne #alimentation #agriculture #industrie_agro-alimentaire #poules #élevage_intensif

    • Vu dans ce #film #documentaire sur arte :

      Pauvres poulets - Une géopolitique de l’#oeuf

      Plus de 90 % des oeufs consommés en France et en Allemagne proviennent d’#élevages_intensifs. Enquête sur le marché européen de l’oeuf et du poulet, tentaculaire, opaque et parfois peu respectueux de l’animal.

      Nous consommons en moyenne 230 œufs par an. Malgré un intérêt déclaré pour le bien-être animal, un grand nombre de personnes optent pour des œufs à bas prix. Si les conditions d’élevage des #poules_pondeuses restent mal connues, plus de 90 % des œufs consommés en France et en Allemagne proviennent d’élevages intensifs, que ce soit en #cage, au #sol (dans des hangars sans accès à l’extérieur), en #plein_air ou même #bio. En France, l’#élevage_en_cage – officiellement banni depuis 2012 par Bruxelles – représente encore 69 % de la production, et les conditions d’élevage au sol, polluant et peu respectueux des gallinacés, ne sont guère plus enviables…

      Conditions indignes
      Alors que le consommateur peut choisir l’origine des œufs en coquille, celle des œufs entrant dans la composition de gâteaux du commerce ou cuisinés, à la cantine ou au restaurant, s’avère plus difficile à contrôler : souvent importés, ils proviennent d’élevages en cage. Quant aux poules pondeuses, après avoir été abattues et congelées, elles inondent le marché africain à des prix dérisoires, aux côtés de poulets de chair dont on a ôté le blanc, prisé des Européens. Face à cette concurrence, l’ensemble du secteur avicole a ainsi périclité au #Ghana. Législation européenne trop peu contraignante, publicité mensongère, dumping et hygiène douteuse… : de la #Lettonie jusqu’en Afrique, ce documentaire coréalisé par #Jens_Niehuss (Le vrai coût de la viande pas chère) dévoile les secrets d’une industrie opaque, et montre les conditions de vie indignes des poules qui nous nourrissent.

      https://www.arte.tv/fr/videos/078194-000-A/pauvres-poulets-une-geopolitique-de-l-oeuf
      #élevage #industrie_avicole #aviculture #Allemagne #France

  • From Bosnia and Herzegovina a video showing seven adults and five children detained in cage-like detention cells in #Klobuk near #Trebinje as part of the #International_Border_Crossing (#MGP) was published. It is terrifying to read the official statement of the BiH Border Police, where they state how all is in line with EU standards- we must ask whether inhumane and humiliating treatment of people who migrate is an EU standard?

    #Bosnie #Bosnie-Herzégovine #Monténégro #frontières #asile #migrations #réfugiés #route_des_Balkans #Balkans

    –-> signalé par Inicijativa Dobrodosli, via leur mailing-list (29.04.2019)

    Held in a cage?!

    We have received footage and photos displaying two detained families after they were pushed back in the border area between Bosnia and Herzegovina with Montenegro, Klobuk border crossing near Trebinje.


    Video and the photos show people being held in cage-like detention cells, previously also seen and mentioned with the case of the Houssiny family. There were reportedly 7 adults and 5 children among the detained people. The youngest is 3 years old.

    They were detained in this way and stayed over night. However, the authorities claim everything is “by the book” and in accordance with the EU standards.

    They say since the border crossing where people were later taken to is not a firm building, they have no barred rooms to detain people, so they use this — ironically funded by the European Commission — in order to “provide daylight” to the people and they stress the people were not locked inside.

    Either way, the question remains — is this the standard and a collective decision to treat and detain currently the most vulnerable group in the planet, refugees?

    Will anyone finally bring into question and condemn the methods and current human rights breaking detention and push back practice?

    https://medium.com/are-you-syrious/ays-daily-digest-23-4-19-weekend-of-violent-push-backs-from-croatia-and-bosn

    Lien vers la vidéo:
    https://www.youtube.com/watch?v=T4YAoBPGBHw


    #cages #cage #vidéo #animalisation #brutalisation

    • In our neighbouring country Bosnia and Herzegovina, the local authorities consider volunteers to disturb public order and peace by helping migrants. As a result, the work of some of them has been banned - you can read more about it in this article: https://www.telegram.hr/politika-kriminal/vlasti-bih-smatraju-da-volonteri-remete-javni-red-i-mir-tako-sto-pomazu-mig. This is the last example of the criminalization of solidarity work, yet it’s not the only one: nowadays Europe is becoming more and more a place of repression towards those who are willing to oppose hate speech and intolerance, promoting and everyday practicing solidarity. You can read more about it in this article: http://novilist.hr/Komentari/Kolumne/Pronadena-zemlja-Borisa-Pavelica/BORIS-PAVELIC-Brigade-bespomocnih?meta_refresh=true.

      Reçu via la mailing-list Inicijativa Dobrodošli, le 31.05.2019

    • Migrants dying in Bosnia: Red Cross

      Thousands of migrants and refugees are stranded in Bosnia on their way to Western Europe. They are in desperate need of humanitarian assistance. The international Red Cross says some have died while trying to find shelter.

      About 6,000 people have entered Bosnia and Herzegovina since the start of the year, according to the country’s security agencies. But all the transit centers, which can accommodate around 3,500 people, are full, forcing thousands to sleep rough.

      “People are sleeping in parks, in carparks, on the footpath, and in dangerous buildings,” said Indira Kulenovic, operations manager for the International Federation of Red Cross and Red Crescent Societies (IFRC) in Bosnia.

      “A few weeks ago, three migrants sheltering in an abandoned building burned to death when a candle they were using caused a fire. Soon after, another fell from the top floor of a building he was sheltering in. Psychological stress among migrants is high – just last week one man set himself on fire in desperation,” Kulenovic said.

      ‘Humanitarian crisis’

      Bosnia is on the route of thousands of people from Asia and North Africa who try to enter Europe via neighboring Croatia, an EU member state. Last year, about 25,000 people entered Bosnia from Serbia and Montenegro.

      Mobile teams from the Bosnian Red Cross society have been handing out food, water, clothes, blankets and first aid to the migrants, as well as trying to provide psychological support.

      Red Cross workers are also distributing information about active landmine fields to warn people of the dangers of unexploded bombs. Bosnia and Herzegovina is one of the most landmine-contaminated countries in Europe.

      The Red Cross is working in five migrant centers across the country providing meals for 3,000 people a day, as well as clothing, bedding, tents and first aid. Meanwhile, the UN migration agency, IOM, is providing food supplies.

      Despite their efforts, the head of the Bosnian Red Cross, Rajko Lazic, says living conditions for many people remain inadequate in the centers and worse for those outside. “The situation has reached a critical point. This is a humanitarian crisis,” Lazic said.

      Disease outbreaks

      In migrant reception centers, overcrowding has led to an increase in infectious diseases. The Bosnian health minister, Nermina Cemalovic, said on 15 May there were 800 cases of scabies in transit centers in Bihac, one of the western towns where migrants are concentrated.

      Health workers have also been trying to prevent an outbreak of measles after aid workers were hospitalized with the disease.

      “We are extremely concerned for people on the move in Bosnia and Herzegovina,” the IFRC’s Kulenovic said. “They are arriving in poor condition, and many, including children, have walked for weeks. They are hungry, exhausted, sick and cold and traumatized by their journeys. The recent wet weather has just made their journeys worse.”

      Kulenovic added that the local population was also suffering from the pressure that extra numbers had put on services, land and property. The IFRC and the Red Cross Society of Bosnia aim to provide food, first aid and other assistance to 7,600 of the most vulnerable migrants as well as cash grants for 1,500 host families during 2019.

      https://www.infomigrants.net/en/post/17218/migrants-dying-in-bosnia-red-cross?ref=tw
      #mourir_en_Bosnie #morts #décès #Kljuc #OIM #IOM #Croix-Route

  • #Angoulême : deux ados dans la #cage #anti-SDF (#vidéo)

    Grillages anti marginaux à Angoulême, suite et certainement pas fin. Deux adolescents, Jeanne et Saco, 14 ans, ont poussé la logique de la cage jusqu’au bout... en s’installant à l’intérieur, avec la complicité d’adultes munis de pinces coupantes, qui ont déboité une des fameuses cages.

    http://www.charentelibre.fr/2014/12/25/angouleme-deux-ados-dans-la-cage-anti-sdf-video,1932175.php
    #sans-abris #SDF #pics #intolérance #espace_urbain #bancs_publiques

    Article qui date de 2014, que je mets ici pour archivage, et car je viens de mieux organiser la métaliste sur le sujet :
    https://seenthis.net/messages/732278

  • Comparutions des gilets jaunes : communiqué adopté à l’unanimité des membres du conseil de l’Ordre de Paris | Avocats de Paris
    http://www.avocats.paris/actualites-evenements/comparutions-des-gilets-jaunes-communique-adopte-lunanimite-des-membres-d
    /sites/grand-public/themes/grandpublic/favicon/open-graph.png

    Lundi, de nombreux manifestants du mouvement des gilets jaunes ont été jugés en comparution immédiate.

    Contre tout principe de droit et de dignité, ils ont comparu devant leurs juges dans des cages de verre.

    #justice

  • #métaliste sur le #mobilier_urbain #anti-sdf / #anti-réfugiés.
    En commentaire, les différents mobiliers urbains #anti-sdf regroupés par pays.

    Sur le #design_défensif , des articles sur le fond :
    https://seenthis.net/messages/666521
    https://seenthis.net/messages/445966
    –-> Avec exemple #Londres, #UK #Angleterre

    « L’ architecture du mépris a des effets sur nous tous »
    https://seenthis.net/messages/814817

    #Livre : Reprendre place. Contre l’#architecture_du_mépris
    https://seenthis.net/messages/826234

    Et ici des initiatives de #résistance/#dénonciation :
    https://seenthis.net/messages/732278#message769645

    #urban_matter #villes #architecture_défensive #SDF #sans-abri #anti-SDF #architecture_du_mépris #architecture_hostile

    J’ai peut-être oublié des liens, mais ça fait déjà une longue liste de #cruauté_humaine...

    #urbanisme_défensif

  • Julia Cagé : « En France, les plus pauvres paient pour satisfaire les préférences politiques des plus riches » - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/09/07/julia-cage-en-france-les-plus-pauvres-paient-pour-satisfaire-les-preferen

    Le prix d’un vote ? 32 €. Dans son dernier livre, l’économiste soutient, chiffres inédits à l’appui, que l’argent a un rôle déterminant dans le résultat d’une élection. Pire : l’Etat subventionne davantage les orientations politiques des plus aisés, favorisant ainsi les partis de droite.

    La France est-elle vraiment protégée des groupes de pression ? Sans doute moins qu’elle aimerait le croire. Notre démocratie repose-t-elle sur l’équation « un homme = une voix » ? Pas tout à fait, selon Julia #Cagé. Après avoir étudié le financement des médias (Sauver les médias, Le Seuil, 2015), l’économiste, professeure à Sciences-Po Paris, poursuit son exploration des ressorts et des inégalités de notre système représentatif. A partir d’une base de données inédite des financements publics et privés de la vie politique, aux États-Unis, en France ou ailleurs en Europe, elle démontre dans son dernier livre, le Prix de la démocratie (Fayard), que ces questions, en apparence techniques, pourraient bien avoir leur rôle dans le sentiment d’abandon des classes moyennes et populaires, et dans la montée des populismes (1). Car, non seulement l’expression politique est capturée par les intérêts privés des plus riches, mais cette confiscation peut avoir un sacré impact sur le résultat des élections. En France, depuis les années 90, le financement de la vie politique est fondé sur quelques grands principes : les dons des particuliers sont encadrés (pas plus de 7 500 euros pour les partis par individu et par an, pas plus de 4 600 euros par élection) ; les entreprises ne peuvent verser des fonds aux candidats ; en contrepartie, l’État finance une grande partie de la vie politique. Un système bien imparfait, révèle Julia Cagé, qui subventionne en réalité les préférences politiques des plus riches et favorise donc les partis de droite.

    « Qui paie gagne », écrivez-vous : en France aussi, l’argent fait l’élection. Cela explique l’improbable accession au pouvoir d’Emmanuel #Macron, candidat sans parti ni élu ?
    C’est un cas exemplaire. J’ai commencé à travailler sur le financement de la vie politique en 2014. L’une de mes hypothèses était qu’il fallait une réforme urgente du système de financement public des partis politiques, car il favorise l’immobilisme : l’argent donné par l’État aux candidats dépend des résultats obtenus aux dernières législatives. Ça ne permet pas l’émergence de nouveaux mouvements… sauf à attirer suffisamment de dons privés pour compenser ce handicap. Ce n’était encore jamais arrivé en France. C’est exactement ce que Macron a réussi à faire. Fin 2016, En marche !, né en avril, a déjà réuni 4,9 millions d’euros de dons privés. Contre 7,45 millions d’euros pour Les Républicains et seulement 676 000 euros pour le PS. L’innovation politique ne peut pas naître sans être financée. Or, dans toutes les démocraties occidentales, les dons privés vont d’abord aux partis conservateurs qui prônent une politique économique favorable aux plus aisés.

    Quel est le profil des donateurs ?
    On pourrait imaginer que les classes populaires donnent massivement, même pour de faibles montants. Ce n’est pas le cas. En France - comme aux États-Unis, en Italie ou en Grande Bretagne -, ce sont les plus aisés qui financent la vie politique. Ils ne sont d’ailleurs pas nombreux. Chaque année, seuls 290 000 foyers fiscaux français font un don, 0,79 % des Français adultes. Mais si on regarde parmi les 0,01 % des Français aux revenus les plus élevés, on s’aperçoit que 10 % d’entre eux font un don. Et ces 0,01 % des Français les plus riches versent en moyenne 5 245 euros par an. Les 50 % des Français les plus pauvres donnent, eux, quand ils donnent, seulement 120 euros par an en moyenne. Mais le scandale, c’est que les dons privés des plus aisés sont financés par l’ensemble des citoyens.

    Pourquoi ?
    Il existe trois formes de financements publics de la démocratie. La première, c’est celui des partis politiques, déterminé tous les cinq ans en fonction des résultats aux législatives : il s’élève à 63 millions d’euros. La deuxième, c’est le remboursement des dépenses de campagnes : 52 millions d’euros par an en moyenne. Et la troisième, dont on ne parle jamais, ce sont les déductions fiscales : votre don à un parti politique est remboursé à 66 %, par le biais d’une réduction d’impôt. Ces réductions représentent 56 millions d’euros par an pour les seuls dons aux partis politiques ! 56 millions d’euros offerts à seulement 290 000 individus qui ont choisi de financer un parti ? Même pas ! Car on ne peut bénéficier de déductions d’impôt… que si on paie l’impôt sur le revenu, ce qui n’est le cas que d’un Français sur deux. Pour le dire autrement si vous êtes parmi les 10 % des Français les plus fortunés, et que vous faites un don de 7 500 euros, celui-ci vous reviendra au final à 2 500 euros. Et le coût de votre don pour l’ensemble des citoyens sera de 5 000 euros. Mais, si vous êtes smicard, étudiant ou travailleur précaire, et que vous donnez 600 euros à un parti, votre générosité vous reviendra à… 600 euros, puisque vous n’êtes pas imposable sur le revenu. Bref, en France, les plus pauvres paient pour satisfaire les préférences politiques des plus riches.

    Le financement de la vie politique expliquerait la « droitisation » des gauches occidentales ?
    Si tous les partis et les candidats recevaient autant de financements privés, ce ne serait pas forcément problématique. Mais ce n’est pas le cas. Les Républicains touchent en moyenne, en France, 11 fois plus de dons privés que le Parti socialiste. On retrouve exactement le même déficit dans les autres pays. Or, on s’aperçoit qu’au Royaume-Uni avec Tony Blair, aux Etats Unis avec Hillary Clinton, en Italie avec Renzi, les partis de gauche se sont engagés dans une course aux financements privés. Ils abandonnent leur électorat populaire pour promouvoir des politiques économiques favorables aux plus aisés.

    Un parti peut-il vraiment « acheter » les électeurs ?
    J’ai analysé, avec Yasmine #Bekkouche, doctorante à l’Ecole d’économie de Paris, toutes les #élections municipales et législatives en France depuis 1993. Le résultat est net : statistiquement, en moyenne, les candidats les plus dotés et qui dépensent le plus remportent les élections. Bien sûr il y a des exceptions - le cas de Benoît Hamon à la présidentielle le prouve. J’ai estimé le prix d’un vote à 32 euros. Si un candidat met 32 euros de plus que son concurrent dans une campagne, il récolte une voix de plus. Au fond, ce n’est pas très cher un vote…

    Mais la victoire d’un candidat plus riche peut aussi s’expliquer par son talent ?
    Nous avons neutralisé l’effet de la popularité d’un parti une année donnée, le taux de chômage local, le niveau d’éducation moyen et les revenus fiscaux de la circonscription, le nombre de créations d’entreprises localement, le niveau d’investissement de la municipalité, etc. Résultat : toutes choses égales par ailleurs, le budget d’une campagne a bien un impact sur le résultat d’une élection. Mieux, selon nos analyses, l’« étrange défaite » de la droite après la dissolution surprise de Jacques Chirac en 1997, pourrait s’expliquer par l’interdiction, en 1995, des dons des entreprises aux campagnes électorales. Elle n’a eu d’effet que pour les candidats de droite qui touchaient des dons importants venant d’entreprises.

    Comment expliquer que l’argent ait un tel rôle ?
    Les meetings coûtent chers, comme les frais de transports, les conseils en communication et toutes les stratégies qui reposent sur l’utilisation des big datas. Cette utilisation des réseaux sociaux a d’ailleurs un effet pervers. Dans un monde où un candidat pourrait cibler ses électeurs, et si quelques milliardaires peuvent aider une campagne plus sûrement que des milliers d’électeurs, c’est sur cette poignée de personnes qu’il ciblera sa campagne. Encore une fois, les politiques risquent de se couper des classes populaires et moyennes.
    Vous dites que les donateurs de Macron « en ont eu pour leur argent » avec la suppression de l’ISF. N’est ce pas un peu rapide ?

    Derrière la formule, il y a une évidence : une personne soumise à l’ISF qui a donné 7 500 euros à la République en marche, ce qui lui est revenu à 2 500 euros, et qui voit l’ISF supprimé a effectivement fait un bon investissement. Le politiste américain Martin Gilens a comparé les souhaits des citoyens américains exprimés dans les sondages depuis 1950 (sur la politique économique, étrangère ou sociale), à leur niveau de revenus, et aux politiques effectivement mises en œuvre. Il montre que lorsqu’il y a divergence entre les Américains les plus riches et la majorité des citoyens, les gouvernements tranchent systématiquement en faveur des 1 % les plus riches. Pourquoi n’y a-t-il pas de révolution ? Gilens a une formule extraordinaire : il parle de « démocratie par coïncidence ». Sur beaucoup de sujets - la légalisation de l’avortement ou l’intervention en Irak -, les plus riches sont en phase avec la majorité. Mais c’est pure coïncidence. Le salaire minimum réel, lui, a baissé depuis les années 50. Ce sentiment de dépossession alimente le populisme.

    Que proposez-vous pour y remédier ?
    Certainement pas de supprimer tout financement public des partis parce qu’ils seraient « pourris », comme l’a obtenu le mouvement Cinq Etoiles en Italie ! La démocratie a un prix. Si ce coût n’est pas porté de manière égalitaire par l’ensemble des citoyens, il sera capturé par les intérêts privés. Il faut au contraire renforcer le financement public de la démocratie. Je propose la création de « Bons pour l’égalité démocratique ». Il ne s’agit pas de dépenser plus, mais autrement : tous les ans, an cochant une case sur sa feuille d’impôt, chaque citoyen aura la possibilité d’allouer 7 euros au mouvement politique de son choix. Il ne les sort pas de sa poche, mais il demande à l’Etat de donner 7 euros du fonds pour le financement des partis à celui de son choix.

    Et quand on est abstentionniste ou antiparti ?
    Alors vos 7 euros sont donnés en fonction des résultats aux dernières législatives. C’est une manière de favoriser l’émergence de nouveaux mouvements, et c’est égalitaire : un même montant fixe est alloué à chaque citoyen.

    Vous supprimez les dons privés ?
    Je les limite à 200 euros par an, c’est déjà beaucoup par rapport au revenu moyen français. Si on cherche l’égalité politique, on ne peut pas permettre aux citoyens de donner 7 500 euros à un parti puisque c’est un geste impossible à beaucoup.

    Vous prônez également la création d’une « Assemblée mixte » où seraient mieux représentés les ouvriers et les employés. Comment sera-t-elle élue ?
    Le Congrès américain compte moins de 5 % d’ouvriers et d’employés alors qu’ils représentent la moitié de la population. Aucun #ouvrier ne siège aujourd’hui à l’Assemblée nationale française. Je propose de laisser inchangées les règles de l’élection des deux tiers des #députés. Mais qu’un tiers de l’Assemblée soit élu à la proportionnelle intégrale, par scrutin de liste, où sera imposée une moitié de candidats ouvriers, employés, chômeurs ou travailleurs précaires. Comme pour la parité entre hommes et femmes il faut se saisir des outils de l’Etat de droit pour imposer l’égalité démocratique.

    (1) Voir aussi le site Leprixdelademocratie.fr, où sont recensées toutes les données du livre et où l’on peut « tester » les hypothèses de Julia Cagé sur son propre député.
    Sonya Faure

    Déjà pointé par ailleurs mais je mets le texte complet pour ceux et celles qui sont limités en nombre d’articles sur libération.

    #démocratie #argent #financement #partis #lutte_des_classes #impôts #inégalités

  • « Ce n’est pas un logement, c’est un cercueil »

     ?️ ?À Barcelone, des promoteurs immobiliers construisent des appartements de 1 mètre sur 2, pour + de 150 000 € à l’achat, et 200 € de loyer ??️

    Pendant ce temps la touristification & AirBnB continuent de mettre les habitant·es dehors...

    Via https://twitter.com/HiginiaRoig/status/1037280742185861122

    Et voir ici : https://www.elperiodico.com/es/barcelona/20180831/una-empresa-trata-de-implantar-los-pisos-colmena-en-barcelona-7012344

    et ici : https://beteve.cat/economia/pisos-rusc-habitatge-barcelona

  • « Pour saisir la situation, il faut voir les photos d’enfants enfermés dans des cages, recouverts de couvertures de survie posées sur des matelas à même le sol. »

    La glaciation Romain Dumont - 23 Juin 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/531024/la-glaciation

    C’est tristement drôle comment les abréviations d’initiales sont parfois longues de symbolisme ; aujourd’hui, les trois lettres de #ICE, l’agence américaine pour « l’#Immigration and Customs Enforcement », sont devenues l’étendard d’une milice au coeur, justement, de glace. D’une bande de red-necks qui exécute de sang-froid des lois néroniennes. Pour saisir la situation, il faut voir les photos d’enfants enfermés dans des #cages, recouverts de couvertures de survie posées sur des matelas à même le sol. Leur sommeil laissé entre les mains de ce que la démocratie électorale a de plus dégueulasse ; les politiques démagogues. L’indignation est tellement généralisée que même l’ancien directeur du ICE en est venu à déclarer que ce genre de politiques pourrait créer des milliers d’enfants orphelins.

    Le terme « créer » est important, car ce sont des orphelins artificiels. Ils ne sont pas issus de la fatalité d’un monde, mais de la #cruauté volontaire des hommes. Le message qu’ils veulent passer, est que si vous essayez de passer la frontière vous risquez de perdre vos enfants. Je suis contre ces camps, je suis contre l’argumentaire des sans-dessein, ils ne sont rien d’autre que répulsif, on ne sépare pas les familles, point, mais nous pouvons gueuler aussi fort que nous le voulons, une chose qui semble évidente à travers ce gouvernement c’est qu’il se fout éperdument de la pression internationale et que ça ne le fera pas changer d’un poil. Bien sûr, ce n’est pas une raison pour se taire, il faut s’indigner, annuler ses vacances mêmes, c’est magnifique comme sentiment et ça rend libre, mais il faut surtout être libre de penser et de savoir comment notre indignation peut être utilisée de manière opérante, sinon ce n’est que pure fantaisie et pure flatterie d’intellos qui aiment s’autoproclamer humanistes. Je suis convaincu que le devoir de s’insurger vient avec celui de le rendre le plus efficace possible.

    Ici, on parle des pensionnats #autochtones comme le symbole de nos #barbaries ancestrales, mais dans la même phrase on se rassure : « Nous, contrairement à nos voisins américains, nous avons évolué. » Peut-être, mais pas assez pour se réjouir. Dire que cela n’existe plus est insuffisant. Les statistiques parlent pour elles-mêmes ; la moitié des enfants placés par les services de protection de la jeunesse sont issus de la communauté autochtone ou #inuite. C’est une crise humanitaire. J’ai relu le récit de Xavier Moushoom, un Algonquin de Lac-Simon, et je vous assure, on n’est pas beaucoup plus humains qu’à l’époque des pensionnats. Certes, c’est une oeuvre plus précise, plus propre, mais ça garde l’aspect de blanchissement industriel et de mécanisme bien huilé de déracinement définitif. Ils ne sont peut-être pas en cage, mais on cadenasse tout de même leur culture et leur langue. Après, ils deviennent adultes et on les laisse là, étrangers de tous, le cul entre deux chaises. Tributaires d’une histoire qu’ils ne savent pas raconter puisqu’on ne leur a jamais lue. Il faut en parler de ça aussi si c’est par humanité, l’humanisme est englobant et ne doit pas seulement être dicté par l’actualité journalistique.

    Je ne suis pas venu dire ce dont on devrait ou l’on ne devrait pas parler, je suis convaincu qu’il faut hurler sur tous les toits du monde le désespoir de ces #enfants arrachés à leur famille rendus coupables d’avoir rêvé à l’Amérique, mais dans cette même phrase, dans ce même pénible hurlement de révolte, il faut aussi pointer du doigt ce qui se passe chez nous. Sinon, cela n’est qu’hypocrisie théâtrale visant à blâmer tout le monde sauf nous-mêmes. L’#hypocrisie, elle, se soigne par la pertinence de mots les plus éclairés, informatifs et précis possible. Il y a des dizaines de mots pour désigner la glace en inuktitut, par exemple ; sikuaq, qui signifie « petite glace », ou bien igalaujait pour décrire « les glaçons minces qui s’accrochent aux herbes et aux végétaux ». À bien y penser, il en faudrait peut-être un nouveau, en anglais cette fois, pour décrire l’ICE with humanity.

    #usa #vomir #trump