• En Californie, la famille d’une pompière brisée par les expulsions
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/27/en-californie-la-famille-d-une-pompiere-brisee-par-les-expulsions_6616065_32

    En Californie, la famille d’une pompière brisée par les expulsions
    Par Corine Lesnes (Ventura [Californie], envoyée spéciale)
    Dans l’Amérique de Donald Trump et des expulsions de masse, chaque histoire est un crève-cœur. Celle de la famille d’Erika Perez, par exemple. Le 4 juin, la jeune femme de 31 ans, membre du corps des pompiers de Californie, accompagnait sa mère au siège de l’ICE, la police de l’immigration, à Ventura, à 100 kilomètres à l’ouest de Los Angeles. La maman devait faire renouveler son autorisation temporaire de séjour et aller ensuite au travail. Elle n’a même pas pu rentrer chez elle, ne serait-ce que pour faire ses bagages.
    Maria Valeriano Perez, 52 ans, agente d’entretien dans un complexe d’appartements, vivait aux Etats-Unis depuis l’âge de 17 ans. Dans les années 1990, son mari et elle avaient essayé d’obtenir la régularisation de leur statut, dans la foulée de l’amnistie octroyée en 1986 par le président Ronald Reagan à 3 millions de sans-papiers – la dernière tentative sérieuse de réorganiser le système d’immigration aux Etats-Unis. Depuis, des générations d’élus déplorent qu’il soit « cassé », mais le consensus politique manque pour le réformer.
    Maria et son époux sont tombés sur un escroc qui se faisait passer pour un juriste. Il a déposé pour eux une demande d’asile politique, alors que les Mexicains n’ont pas le droit d’y recourir aux Etats-Unis. Un juge a prononcé un arrêté d’expulsion. Quand la police est venue cueillir le père à leur domicile pour l’expulser, Erika, l’aînée des trois enfants, a ouvert la porte, ce dont elle culpabilisera probablement toujours. « Mais je ne savais pas que mes parents n’avaient pas de papiers », se désole-t-elle. Au Mexique, son père a fini par refaire sa vie.
    Pendant des années, Maria Perez, de son côté, a vécu sous la menace de cet ordre d’expulsion, ce qui ne l’a pas empêchée d’occuper un emploi. Chaque année, elle versait 500 dollars pour la reconduction de son permis de travail. Elle payait des impôts et contribuait au budget de la Social Security, le système de retraite américain, sans avoir droit aux prestations. Sa fille Erika ne croit pas à une réforme de l’immigration. Ne serait-ce que parce qu’il faudrait donner une retraite à des millions d’immigrés. « Cela coûterait trop cher. »
    Le 5 juin, la maman a été placée dans un bus à destination de Tijuana. Erika a pris sa voiture et est allée lui porter quelques valises, de l’autre côté de la frontière, ainsi qu’un billet d’avion pour Oaxaca, où il lui reste une sœur. Maria Perez est désormais interdite de séjour aux Etats-Unis pour dix ans. Erika porte le deuil. « C’était une bonne personne, dit-elle. Elle ne méritait pas ça. »
    L’histoire se répète. Les Etats-Unis ont connu une période similaire, pendant laquelle les Mexicains ont été « déportés » – comme il se dit en anglais –, arrachés à leur famille et à leur emploi. L’épisode est peu connu, enfoui dans les mémoires, y compris de la communauté mexicaine. Il porte le nom de « Mexican Repatriation » (« rapatriement des Mexicains »), et s’est déroulé sous la présidence du républicain Herbert Hoover.
    Entre 1929 et 1936, près de 2 millions de personnes d’origine mexicaine ont été expulsées des Etats-Unis. Depuis les années 1920, la main-d’œuvre mexicaine avait remplacé les ouvriers chinois et japonais. Avec la Grande Dépression, le chômage s’est installé et la Border Patrol (la police aux frontières), qui venait d’être créée, a lancé des opérations d’expulsions massives, sans faire la distinction entre immigrés et citoyens. Quelque 60 % de ceux qui ont été renvoyés « chez eux » étaient des citoyens américains, nés aux Etats-Unis, et qui n’avaient jamais vu leur pays supposé. « Les républicains avaient décidé que la manière de créer des emplois était de se débarrasser de quiconque portait un nom à consonance mexicaine », affirmait l’ancien sénateur californien Joseph Dunn, dans une enquête publiée en 2004 sur les expulsions des années 1930. Parfois, les Mexicains ont préféré partir d’eux-mêmes, sous la pression et les menaces.
    En 2006, l’Etat de Californie a adopté un texte offrant des excuses à la communauté mexicaine pour les traitements subis. Dans les années 1930, quelque 400 000 résidents d’origine mexicaine – qualifiés d’« étrangers illégaux » alors que beaucoup avaient des papiers en règle – ont été expulsés de Californie vers le Mexique. Les autorités avaient négocié leur transport avec les compagnies ferroviaires ou maritimes. Souvent, leurs biens étaient vendus pour financer leur expulsion. A Los Angeles, le premier raid a eu lieu en 1931. Les autorités visaient particulièrement les immigrés qui bénéficiaient de l’aide sociale. Des aides-soignants ont mis les malades sur des brancards et les attelages ont été déposés à la frontière. Des années après, des expulsés avaient encore la nostalgie de leurs années américaines. Une partie d’entre eux a fini par revenir lorsque la seconde guerre mondiale a relancé le recours à la main-d’œuvre mexicaine pour la production militaire. Erika Perez espère qu’il en sera de même pour sa mère. « Je vais la faire revenir », jure-t-elle.

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  • A Los Angeles, le couvre-feu est levé mais la garde nationale reste déployée dans l’attente d’une décision de justice
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/18/a-los-angeles-le-couvre-feu-est-leve-dans-l-attente-d-une-decision-de-justic

    A Los Angeles, le couvre-feu est levé mais la garde nationale reste déployée dans l’attente d’une décision de justice
    Le calme est revenu dans la mégapole californienne, tandis que le gouverneur de Californie tente de reprendre le contrôle de la garde nationale envoyée par Donald Trump face aux manifestants contestant sa politique migratoire.
    Le Monde avec AFP
    Le couvre-feu instauré dans le centre-ville de Los Angeles aura duré une semaine. La maire de la mégapole californienne, Karen Bass, a décidé, mardi 17 juin, de lever cette mesure exceptionnelle lancée le 10 juin pour mettre fin aux violences et aux dégradations constatées lors de manifestations contre la politique de Donald Trump. L’indignation d’une partie de la population était née d’une vague d’interpellations musclées de sans-papiers par la police de l’immigration (ICE).
    Le président américain a alors accusé les autorités locales démocrates d’avoir perdu le contrôle de la ville, et a envoyé 4 000 soldats de la garde nationale de Californie, ainsi que 700 militaires des marines. Une décision largement dénoncée par les responsables locaux, qui ont accusé Donald Trump d’instrumentaliser la situation.
    Malgré des images spectaculaires de voitures de taxis sans chauffeur incendiés, des pillages et des heurts avec la police, les incidents se sont concentrés sur quelques rues du centre-ville. Le couvre-feu nocturne décidé par la maire démocrate couvrait à peine 13 km² de cette ville tentaculaire. Cette mesure « a largement contribué à protéger les magasins, les restaurants, les entreprises et les communautés résidentielles contre les malfaiteurs qui se moquent du sort de la communauté immigrée », a estimé la démocrate mardi, en annonçant sa levée.
    Depuis ce week-end, où la marche « No Kings » (« Pas de rois ») a vu des milliers de personnes protester dans le calme, la tension est largement retombée à Los Angeles. Mardi, le centre-ville était peuplé de passants circulant au milieu de nombreux commerces encore barricadés et parfois recouverts de graffitis. Mais la maire s’est dite prête « à réinstaurer » un couvre-feu si besoin.
    En intensifiant son offensive anti-immigration à Los Angeles, Donald Trump s’est attaqué à la Californie, Etat sanctuaire pour les sans-papiers, avec une importante population immigrée. Son déploiement de la garde nationale, sans le consentement du gouverneur de l’Etat – qui a aussi autorité sur ce corps militaire – est une première depuis 1965 aux Etats-Unis.
    Le gouverneur, Gavin Newsom, a dénoncé une manœuvre autoritaire et lancé une procédure judiciaire pour en récupérer le contrôle. La semaine dernière, un juge fédéral lui a donné raison, en estimant ce déploiement illégal et que la violence constatée, limitée à quelques quartiers, est « bien loin » de la « rébellion » invoquée par le gouvernement fédéral. Mais l’exécution de sa décision a immédiatement été repoussée, le temps qu’une cour d’appel de San Francisco puisse examiner l’appel du ministère de la justice.
    Une trentaine de personnes poursuivies
    Lors d’une audience devant la cour mardi, le représentant du ministère, Brett Shumate, a affirmé que les « membres de la garde nationale sont essentiels » à Los Angeles. Leur mission est de « protéger les bâtiments fédéraux contre de nouvelles violations et des émeutes violentes impliquant des feux d’artifice, des cocktails Molotov et des morceaux de béton lancés sur les agents » de la police de l’immigration, a-t-il insisté, en rappelant qu’ils n’ont « pas de mission de maintien de l’ordre ».
    De son côté, le représentant de la Californie, Samuel Harbourt, a déclaré que les forces de l’ordre locales « font leur travail » et gèrent la situation. La police de Los Angeles a effectué près de 600 arrestations depuis le début des manifestations et, mardi, le procureur local a annoncé des poursuites contre une trentaine de personnes.Dans ces conditions, le déploiement de la garde nationale est une « mesure extrême » et injustifiée, selon M. Harbourt. Elle risque « d’aggraver encore les tensions et le risque de violence dans la ville de Los Angeles ». Attendue dans les prochains jours, la décision de la cour d’appel sera scrutée de près. L’affaire aura des conséquences importantes sur le pouvoir d’un président américain pour utiliser l’armée sur le sol national, et pourrait remonter jusqu’à la Cour suprême, à majorité conservatrice. « Je suis convaincu que le bon sens prévaudra ici », a estimé, mardi, M. Newsom, dans un communiqué en marge de l’audience. « L’armée américaine a sa place sur le champ de bataille, pas dans les rues américaines », a ajouté le gouverneur démocrate.

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  • « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/15/fiere-d-etre-brune-a-los-angeles-le-sursaut-de-solidarite-de-la-jeunesse-lat

    « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Les jeunes latinos ont montré samedi 14 juin à Los Angeles qu’ils n’avaient pas peur de descendre dans la rue pour défendre leur communauté. Donald Trump est prévenu. « Tu t’attaques à la mauvaise génération », lançait une pancarte brandie par une étudiante d’ascendance mexicaine, dans le rassemblement organisé dans la deuxième ville du pays.
    Dans tout le pays, la « No Kings day » (« la journée sans roi »), a dépassé les attentes. Le groupe 50501, l’un des organisateurs, a estimé le nombre des manifestants à 11 millions dans plus de 2000 localités. A Los Angeles, quelque 20 000 personnes se sont pressées dans Downtown, le centre-ville, entre la mairie et le Centre de détention fédéral où sont conduits les sans papiers arrêtés depuis le 6 juin. Une autre Amérique existe. Au premier rang, celle des jeunes issus de l’immigration.
    Les jeunes sont venus en force. En groupe, avec banderoles et drapeaux, dans une atmosphère pleine d’énergie et de klaxons. L’un porte le jersey de l’équipe mexicaine de foot. Un autre sa planche de surf, barrée d’une inscription réclamant le départ de la police de l’immigration du paysage de Los Angeles, et celui de Trump, de Washington.La génération L.A est dans la rue, par solidarité. Au nom des parents, des grands-parents, et de tous ceux qui n’ont pas, comme elle, la chance d’être protégés par leur passeport américain. « Les jeunes manifestent pour défendre les droits de leurs parents, explique un étudiant d’origine péruvienne. Pour nous, c’est très personnel. »
    Angie Larroque, une patissière de 34 ans, est « fière d’avoir été élevée par des immigrants ». Elle rend hommage à leur parcours. « Pour que ce qu’ils ont enduré ne soit pas oublié. » Hector explique qu’il essaie de « donner une voix » à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Ceux que les raids de l’ICE, la police de l’immigration, ont contraint à se terrer chez eux, qui ne vont plus au travail et envoient les enfants faire les courses à leur place.
    Selon une étude de 2020 de l’Université de Californie du Sud, la ville compterait près de 900 000 immigrés sans papiers, dont beaucoup installés aux Etats-Unis depuis plus de dix ans. Près d’une personne sur cinq vit dans une famille dont un membre au moins est en situation irrégulière.
    Assis sur l’herbe, dans le Parc Gloria Molina, l’espace vert au pied de la mairie, nommé d’après la première latina conseillère municipale de la ville, trois filles et un garçon venus de la localité de Pomona, mettent la dernière touche de feutre à leurs pancartes. L’une s’inquiète de la détresse américaine. « Can we fix our nation’s broken heart ? » (« Pouvons-nous réparer le cœur brisé de notre nation ? »), titre d’une chanson de Stevie Wonder. « Il y a toujours eu des expulsions. Mais il faut que cela soit fait dans la dignité », plaide Derrick, 28 ans, en masters de sociologie.
    Nicole (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), 23 ans, explique pourquoi certains membres de sa famille sont toujours en situation irrégulière, après plus de vingt ans aux Etats-Unis. « Cela prend des années pour obtenir une régularisation. Il faut payer un avocat. » Ses parents ont investi d’abord dans leur maison et, elle leur en est « reconnaissante », dans son éducation. Régulièrement, les élus du Congrès promettent d’ouvrir « une voie vers la citoyenneté » aux plus de 11 millions de sans papiers mais la réforme n’a jamais été adoptée. On en est plus loin que jamais. « Les gens sont arrêtés alors qu’ils sont au palais de justice pour leur convocation », s’indigne Jessica, 23 ans.
    En s’en prenant aux migrants, Donald Trump s’attaque à une ville dont 36 % des habitants sont nés hors des Etats-Unis. Où « tous les pays du monde, tous sans exception » sont représentés, affirmait vendredi la maire, Karen Bass, en plaidant une nouvelle fois pour l’arrêt des raids indiscriminés menés par la police de l’immigration.
    Dans le comté de Los Angeles, plus de 2 millions d’habitants ont moins de 25 ans. Face à des discours qui les ostracisent, les jeunes latinos ne craignent pas de revendiquer leur identité. Ils sont Américains, la peur a changé de camp. Une fille affiche sur son T-shirt sa « fierté d’avoir la peau brune ». Une autre vante son « héritage mexicain ». Charlie Mejia, instructeur de boxe dans un club de fitness, porte haut son affiche en lettres majuscules : « Ça se prononce Los Angeles », une manière de rappeler où l’administration Trump est venue semer le chaos : dans une ville qui porte la mémoire mexicaine dans ses noms de rues, sa culture, et considère que les hommes n’ont jamais traversé une frontière. « C’est la frontière qui les a traversés », comme l’écrit le journaliste Enrique Acevedo, dans le Washington Post.
    Tous les drapeaux sont de sortie, à commencer par le mexicain, qui donne de l’urticaire aux républicains. Une bannière qui se veut le signe de la résistance à « l’effacement » souhaité par la droite et propagé par les généralisations venimeuses de Donald Trump – qui dès 2016 qualifiait les Mexicains de « violeurs ». « Non, à la stigmatisation de toute une population, s’indigne Mark Gonzalez, membre de l’assemblée de Californie. D’accord, nous sommes dans la construction, dans la restauration. Mais nous sommes aussi médecins, professeurs et élus politiques », disait-il au lendemain de l’humiliation infligée à Alex Padilla, le premier latino à représenter la Californie au Sénat, expulsé manu militari d’une conférence de presse tenue par Kristi Noem, la secrétaire à la sécurité intérieure.
    La surprise, c’est la présence en nombre de drapeaux américains. Il est vrai que ce 14 juin est dit « flag day », la célébration annuelle de la bannière étoilée et que les organisateurs en ont distribué à la foule. Il y a d’autres drapeaux, encore. Le Salvadorien, bleu et blanc, tout comme le Nicaraguayen. Un grand costaud porte même les bannières de Guam et de Samoa sur une perche. « On ne pouvait pas ne pas venir manifester », dit Jeremy le surfeur. C’est l’identité de Los Angeles qui est attaquée.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#californie#ICE#politiquemigratoire#expulsion#latino#sante

  • A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/11/a-los-angeles-la-peur-des-rafles-je-pensais-qu-ils-cherchaient-les-criminels

    A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Elle est prostrée, sur un banc de Grand Park, à l’écart de la manifestation. Noemi Ciau est sans nouvelles de son mari depuis déjà plus de vingt-quatre heures. Jesus Cruz a été arrêté, dimanche 8 juin, à la station de lavage auto de Westchester, près de l’aéroport de Los Angeles, où il travaillait depuis dix ans. Elle n’a pas encore prévenu le dernier de leurs quatre enfants. Sur la pancarte que quelqu’un a donnée à la mère de famille, il est écrit que la police de l’immigration (ICE) n’est pas la bienvenue à Los Angeles, ville de près de 4 millions d’habitants, dont une moitié de Latino-Américains, et que « nul être humain n’est illégal ». Elle porte le panneau, à l’envers, mécaniquement, tête baissée. « Je voudrais juste savoir où ils l’ont emmené », murmure-t-elle.
    Jesus Cruz, 51 ans, vivait à Los Angeles depuis trente ans. Il était environ 15 heures, dimanche, quand un véhicule banalisé a déposé les agents de l’immigration à la station de lavage. Sept employés ont été emmenés. Noemi Ciau n’ignorait pas que le gouvernement de Donald Trump avait décidé de s’en prendre aux sans-papiers. Elle n’avait jamais vraiment eu de craintes pour son mari, malgré son absence de papiers en règle. Elle pensait que la police « cherchait les criminels ». Ce même dimanche, Arturo Vasquez, 48 ans, faisait laver sa voiture dans un autre car wash, à Culver City. Il n’y travaillait pas, il n’était qu’un client. Il a été arrêté devant ses enfants. Avant d’être menotté, il a demandé à l’un de ses fils, Brian, 16 ans, de lui promettre de s’occuper de son frère et de leur mère. Deux jours plus tard, la famille ne savait toujours pas où il était détenu.
    Au cinquième jour des raids de la police de l’immigration dans l’agglomération de Los Angeles, le scénario est devenu familier. Des habitants, établis de longue date dans une ville qui se fait une fierté de sa diversité, sont brusquement séparés de leur famille, victimes d’un système qui a toléré leur présence pendant des décennies sans parvenir à une régularisation de leur situation, faute de consensus des responsables politiques.
    Sans prévenir, l’ICE débarque à l’endroit ciblé, parfois dans des véhiculés banalisés, pour éviter que sa présence soit immédiatement relayée sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours, elle s’est attaquée aux stations de lavage de voitures, confirme Flor Rodriguez, du Clean Car Wash Worker Center, une association qui lutte contre l’exploitation des quelque 10 000 carwasheros de Los Angeles.
    La police de l’immigration est aussi intervenue dans une bibliothèque à Whittier, dans le sud-est de la ville, et dans des entreprises. La chaîne de magasins de bricolage Home Depot est l’une de ses cibles. Les journaliers ont l’habitude de s’y regrouper pour trouver du travail. Selon The Wall Street Journal, c’est Stephen Miller, architecte de la politique d’expulsion de Donald Trump, qui leur a conseillé de viser cet établissement populaire parmi les ouvriers de la construction.
    La Coalition for Humane Immigrant Rights a recensé des opérations dans une maison de retraite, une boutique de donuts ou la fabrique de vêtements Ambiance. A l’école élémentaire Gratts Learning Academy, dans le quartier de Westlake du centre de Los Angeles, la rumeur a couru d’une rafle imminente, des véhicules de police ayant été aperçus sur un parking voisin. Les parents se sont dispersés, les enfants sont restés désemparés. La population est terrifiée, s’est désolée Karen Bass, la maire démocrate de Los Angeles : « Les gens ne savent pas s’ils doivent aller travailler, aller à l’école. » Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a dénoncé, lui aussi, la cruauté des rafles. « Ils ont arrêté des cuisiniers, des couturières, des laveurs de vaisselle. Ils traumatisent nos communautés, s’est-il indigné. Cela semble être [leur] but. »
    La maire de Los Angeles, Karen Bass, lors d’un rassemblement organisé contre les raids de la police de l’immigration à Grand Park, Los Angeles, le 10 juin 2025.
    La police a annoncé que 45 personnes avaient été arrêtées dans la journée de dimanche. Lundi, cinq raids ont eu lieu. Les ONG de défense des migrants estiment à une centaine le nombre d’interpellations depuis le 6 juin. Un bilan plutôt maigre, compte tenu des moyens déployés. Lundi, le Pentagone a chiffré à 134 millions de dollars (117 millions d’euros) le coût du déploiement des 700 marines dépêchés de la base de Twentynine Palms, dans le désert californien.
    La Californie a été le premier Etat à se déclarer en totalité « sanctuaire » pour les migrants, un terme correspondant à une politique de protection codifiée par la loi sur les valeurs californiennes de 2017. Elle limite la coopération entre forces locales et agences fédérales pour les expulsions, sauf pour crimes graves. Les migrants en situation irrégulière se sont habitués à une réelle impunité concernant leur situation administrative. Ils paient des impôts, leurs enfants sont, pour la plupart, américains.
    Les descentes de police ont créé un choc encore plus important qu’ailleurs, comme en témoigne l’ampleur de la mobilisation pour faire reculer la police. Lundi, la municipalité de Glendale, au nord de Los Angeles, a préféré résilier un contrat qui la liait depuis dix-huit ans avec l’ICE pour héberger des migrants en attente d’expulsion. Les responsables scolaires ont, eux, annoncé qu’ils allaient protéger les écoles à l’approche des cérémonies de fin d’année.
    Grâce aux réseaux sociaux, les images circulent ; choquantes, comme celle d’une future mère bousculée par un policier ; déchirantes, comme celles montrant des mères de famille refusant de toutes leurs forces de monter dans les véhicules policiers. A chaque fois, le contraste est saisissant entre les migrants, désarmés, en tee-shirt, robe, sandales, et les agents de l’ICE en tenue de combat. La mission a changé, a dénoncé Karen Bass. « Au début, il était question de criminels violents, de trafiquants de drogue. Je ne sais pas comment ça peut coller avec ces images que l’on voit maintenant de gens courant sur les parkings de Home Depot. »
    Au début de sa campagne d’expulsion, la Maison Blanche estimait avoir marqué des points dans l’opinion en montrant des « criminels » menottés par-delà leurs tatouages, accusés d’être membres de gangs vénézuéliens. Aujourd’hui, elle risque d’en perdre avec ses rafles organisées devant les établissements scolaires et les magasins de bricolage.

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  • A Los Angeles, les syndicats en première ligne pour défendre les migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/10/a-los-angeles-les-syndicats-en-premiere-ligne-pour-defendre-les-migrants_661

    A Los Angeles, les syndicats en première ligne pour défendre les migrants
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Dans le centre de Los Angeles, la mobilisation semble chaque jour monter davantage contre les raids de la police de l’immigration et le déploiement de la garde nationale. « C’est notre ville, ce sont nos rues, explique Elizabeth Strater, vice-présidente du syndicat des ouvriers agricoles United Farm Workers. On ne va pas laisser faire sans réagir. » Les syndicalistes manifestaient, lundi 9 juin, aux pieds de la mairie de Los Angeles, sous les jacarandas de Grand Park. Ils étaient plus d’un millier, aux couleurs de leurs organisations respectives. Violet pour les membres de l’Union internationale des employés des services (SEIU), le puissant syndicat des services. Jaune pour celui des travailleurs de l’alimentation et du commerce. Dans la foule, les panneaux hostiles au « dictateur qui kidnappe les papas et les mamans » ou à la United States Immigration and Customs Enforcement (ICE), la police de l’immigration. « Arrêtez les raids ! », « Nous sommes tous des migrants ».
    Principale revendication : obtenir la libération de David Huerta, le chef du SEIU pour la Californie, une figure importante de la scène californienne. Agé de 58 ans, ancien agent d’entretien, le syndicaliste a été arrêté, vendredi, devant l’entrepôt d’une entreprise de vêtements soupçonnée d’employer des immigrés en situation irrégulière, où la police était venue perquisitionner. La justice lui reproche d’avoir fait obstruction à l’opération. Une vidéo le montre poussé à terre par un agent. Il a été légèrement blessé.
    L’administration Trump ignorait-elle qui il était ? A-t-elle voulu montrer, une nouvelle fois, que « nul n’est au-dessus de la loi fédérale » ? L’incarcération de M. Huerta a contribué au déclenchement des protestations désormais quotidiennes devant le centre de détention, dans Downtown LA. Elle a aussi suscité l’émotion des élus nationaux. En même temps qu’à Los Angeles, des manifestations ont eu lieu, lundi, à Washington, à Boston et à San Francisco pour réclamer sa libération.
    En début d’après-midi, David Huerta a été remis en liberté sous caution, mais il reste poursuivi pour complot empêchant l’action de la police fédérale. Un agent en civil a affirmé l’avoir vu consulter son téléphone et envoyer des messages, alors que des manifestants essayaient de tourner en rond devant la grille pour perturber les entrées. Pour Elizabeth Strater, il n’est pas surprenant que la mobilisation soit importante. « En Californie, on ne s’attaque pas au mouvement ouvrier », dit-elle. Les syndicats sont un facteur important d’intégration pour les Latinos. Ils offrent des bourses d’études aux enfants, des aides judiciaires, voire des possibilités de régularisation aux sans-papiers. « Est-ce que Trump se rend compte que les membres de la garde nationale qu’il a mobilisés sont, eux aussi, les enfants d’agents d’entretien ou d’ouvriers agricoles ? », interroge la responsable.
    Le Golden State est aussi l’Etat qui compte le plus grand nombre de personnes en situation irrégulière, notamment dans la Vallée centrale, où plus de la moitié des travailleurs agricoles sont sans statut légal. Mme Strater se moque des propos des partisans du président, qui prétendent « libérer » la Californie de ses « criminels » sans papiers. « Un Américain sur trente-cinq habite dans le comté de Los Angeles, souligne-t-elle. Et ils veulent nous libérer ? Mais l’Amérique, c’est nous ! »

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  • Après les opérations contre les migrants à Los Angeles, le Mexique s’inquiète du sort de ses ressortissants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/10/politique-migratoire-de-donald-trump-le-mexique-s-inquiete-du-sort-de-ses-re

    Après les opérations contre les migrants à Los Angeles, le Mexique s’inquiète du sort de ses ressortissants
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Lundi 9 juin, la conférence de presse quotidienne de la présidente mexicaine a exceptionnellement commencé par la lecture d’un communiqué sur les « événements de Los Angeles », comme les a qualifiés Claudia Sheinbaum : « Les Mexicains qui vivent aux Etats-Unis sont des travailleurs honnêtes ; la majorité a la citoyenneté américaine ou une résidence légale. Nous lançons donc un appel respectueux mais très ferme aux autorités américaines pour qu’ils soient traités dignement. »
    Le ministre des affaires étrangères, Juan Ramon de la Fuente, a ensuite pris la parole pour donner des chiffres : 42 Mexicains ont été arrêtés depuis le 6 juin à Los Angeles. « Sur les 40 millions de Mexicains qui vivent aux Etats-Unis, seuls 4,9 millions sont illégaux et 95 % de ces clandestins vivent dans ce pays depuis plus de cinq ans. » En rappelant ces données, le gouvernement mexicain entend d’abord répondre au président américain, Donald Trump, qui évoque sans cesse « une invasion par des criminels venus de l’étranger ».
    Il cherche aussi à rassurer la population, inquiète face aux images violentes de Los Angeles, présentée au Mexique comme « la deuxième plus grande ville mexicaine au monde après Mexico » en raison de ses 3,8 millions de descendants. Tout le week-end, les photos des manifestants détenus et les opérations de la police migratoire américaine ont alimenté les commentaires sur le racisme dont font l’objet les Latinos aux Etats-Unis.
    Le Mexique avait préparé depuis février des installations à la frontière pour recevoir des migrants refoulés par les Etats-Unis, jusqu’à présent bien peu utilisées. Depuis les manifestations à Los Angeles, les Mexicains ont désormais le sentiment que les expulsions de masse vont commencer. « Nous sommes à un tournant, le plus difficile, le plus complexe, le plus violent. Pas à cause des manifestations mais de l’appareil d’Etat, qui (…) cherche à réaliser l’un des rêves de Trump : celui de la déportation massive », a déclaré Tonatiuh Guillén, ancien commissaire de l’Institut national de migration, au site Aristegui noticias. Comme de nombreux éditorialistes, ce sociologue de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) craint l’adoption du prochain budget aux Etats-Unis : « Donald Trump veut donner à la police migratoire les moyens d’intervenir partout : aller chercher les personnes chez elles, sur les lieux de travail, dans les écoles, les églises. Il n’y a pas de limite. »
    Si elles deviennent massives, ces expulsions auront des conséquences économiques quasi immédiates au Mexique : les « remesas », les envois de devises des migrants, ont atteint un nouveau record en 2024 : 64,5 milliards de dollars (56,5 milliards d’euros) en 2024, soit 4 % du produit intérieur brut, selon la Banque du Mexique. Cet argent est souvent indispensable pour les familles les plus démunies : les dix Etats les plus pauvres du pays en reçoivent plus de la moitié.Le gouvernement mexicain a condamné les violences des manifestations du week-end, mais le parti au pouvoir, Morena, avait organisé un rassemblement mardi, devant l’ambassade des Etats-Unis à Mexico. Dans la soirée de lundi, celle-ci a finalement été repoussée « à une date ultérieure ». Plus tôt dans la journée, des manifestants ont brûlé des drapeaux américains et une effigie de Donald Trump devant les grilles de l’ambassade. Le rassemblement avait été convoqué par le slogan « Personne n’est illégal sur une terre volée ». Une allusion au fait que la Californie faisait partie du territoire mexicain jusqu’en 1846 et que nombre de Mexicains la considèrent toujours comme leur terre.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#politiquemigratoiore#expulsion#californie#sante

  • Comment Donald Trump exploite les heurts à Los Angeles pour durcir sa politique migratoire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/09/comment-donald-trump-exploite-les-tensions-a-los-angeles-pour-durcir-sa-poli

    Comment Donald Trump exploite les heurts à Los Angeles pour durcir sa politique migratoire
    Piotr Smolar
    Une surréaction calculée et préméditée, juridiquement contestable, aux conséquences imprévisibles : ainsi se résume le recours à la garde nationale par Donald Trump, dans la soirée du 7 juin, face à des scènes de violences urbaines très localisées, apparues dans deux villes de l’agglomération de Los Angeles (Californie). Cette décision controversée, qui permet au président de court-circuiter le gouverneur démocrate, Gavin Newsom, a entraîné, dès dimanche, le déploiement sur place de 300 premiers soldats pour protéger de façon préventive des bâtiments fédéraux.
    Plusieurs rassemblements, d’abord pacifiques, puis émaillés de quelques heurts, ont eu lieu en ville et sur l’autoroute 101 dans une atmosphère de tension accrue. Le récit recherché par la Maison Blanche était posé : l’ordre fédéral contre le chaos, la traque des clandestins étant contrariée par des élus démocrates laxistes et des émeutiers extrémistes. « Ils crachent, on frappe », a résumé Donald Trump. La formule lapidaire voulait marquer une sévérité. Elle disait aussi, en creux, à quel point la menace réelle était grossie, dans la chambre d’écho des réseaux sociaux, malgré les images spectaculaires de taxis Waymo sans chauffeur incendiés et couverts de graffitis.
    La veille, des affrontements avaient eu lieu dans deux villes situées en périphérie de Los Angeles, Paramount et Compton, en raison de la multiplication des opérations coup de poing menées par les policiers de l’ICE, l’agence chargée du contrôle des frontières et de l’immigration. Une loi de 1878, le Posse Comitatus Act, interdit, en principe, l’utilisation de soldats sur le plan intérieur, pour des missions dévolues à la police. Mais une exception antérieure existe, l’Insurrection Act (1807). Si la loi fédérale ne peut plus être appliquée dans la pratique, en raison d’un défi sécuritaire et politique grave lancé à l’autorité du gouvernement, alors l’intervention de l’armée peut se justifier. Or rien, dans les événements de ces derniers jours à Los Angeles, ne relève de ce cadre d’exception.
    Pour l’heure, Donald Trump s’est gardé d’invoquer ce texte de 1807. Mais il n’excluait pas de faire appel aux marines, dont un bataillon de 700 hommes était mobilisé lundi. Quelle serait la barre qualificative ? « La barre sera ce que j’en pense, a répondu le président. Si nous voyons un danger pour notre pays et nos citoyens, nous serons très, très forts en termes de loi et d’ordre. »
    La préméditation de Donald Trump et de ses conseillers ne fait aucun doute. Dès avril 2024, dans un entretien au magazine Time, le candidat républicain de l’époque justifiait la mobilisation de la garde nationale contre l’immigration illégale, aux frontières comme à l’intérieur du pays. Ce serait illégal en vertu du Posse Comitatus Act, rétorquaient les journalistes. « Eh bien, ce ne sont pas des civils, lâchait Donald Trump, au sujet des clandestins. Ce sont des gens qui ne sont pas légalement dans notre pays. Une invasion comme aucun pays n’en a probablement vu un jour. » Dimanche, le président ne disait pas autre chose du déploiement ordonné, dans un message sur Truth Social. L’objectif : « Libérer Los Angeles de l’invasion des migrants. »
    Le milliardaire n’a pas toujours manifesté le même entrain pour défendre l’intégrité du pays et ses institutions. Le 6 janvier 2021, alors que des milliers de manifestants donnaient l’assaut au bâtiment du Capitole pour empêcher la certification de l’élection présidentielle, Donald Trump, assis devant la télévision à la Maison Blanche, n’avait pas demandé l’intervention de la garde nationale. Il en avait ensuite tenu pour responsable la speaker démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, élue de Californie. En revanche, l’ancien secrétaire à la défense, Mark Esper, avait raconté dans ses mémoires que Donald Trump, en 2020, s’était enquis auprès de l’état-major s’il était possible de tirer dans les jambes des manifestants, lors des protestations ayant suivi la mort de George Floyd.
    Depuis des jours, à Los Angeles, la pression de la police fédérale ne cessait de monter, avec des interpellations de clandestins en plein jour. Paramount est une cité ouvrière essentiellement peuplée de migrants hispaniques, employés notamment dans l’industrie hôtelière et la restauration. Samedi matin, en face d’un magasin de bricolage Home Depot, des agents de l’ICE ont été signalés, provoquant assez vite un rassemblement. Les réseaux sociaux ont diffusé la nouvelle à grande vitesse, tandis que les incidents débutaient : grenades assourdissantes et gaz lacrymogène du côté de la police, jets de pierre et d’autres objets du côté des manifestants. Une voiture a été incendiée et du matériel urbain détérioré.
    Le décret présidentiel de Donald Trump prévoit le déploiement de 2 000 membres de la garde nationale de Californie pendant au moins soixante jours. Les juristes s’interrogent sur la marge de manœuvre des effectifs rassemblés à Los Angeles. Ont-ils le droit de répondre à des émeutiers ? De les interpeller ? Le message est clair : les autorités passent à une nouvelle phase dans la confrontation avec les villes dites « sanctuaires », gouvernées par des démocrates, accusées de faire obstruction aux interpellations fédérales. Fin avril, Donald Trump a demandé à son administration de préparer la liste des Etats ou des villes se mettant en travers de son chemin répressif. Renouant avec une très ancienne thématique de son premier mandat, il a promis que les fonds alloués à ces supposés « sanctuaires » – un terme ne correspondant à aucune réalité objective en droit – seraient coupés, ouvrant ainsi un nouveau front en justice.
    Publié ce week-end, un sondage CBS News/YouGov révélait que 54 % de la population américaine soutient la campagne d’expulsion menée par l’administration. Mais le périmètre de cette campagne n’est jamais clairement défini par les autorités. Il fut d’abord question des criminels clandestins endurcis, cible prioritaire. Mais il semble à présent ne plus y avoir de graduation, pour remplir l’objectif de 3 000 expulsés par jour, fixé par l’administration américaine. Dès lors, cette question est devenue particulièrement polarisée. Selon ce même sondage, 82 % des démocrates et 51 % des indépendants désapprouvent la ligne suivie, applaudie, en revanche, par 93 % des républicains.
    Dans un message sur son réseau Truth Social, dans la nuit de samedi à dimanche, Donald Trump félicitait déjà les soldats de la garde nationale pour leur intervention, alors même qu’ils n’étaient pas encore déployés. « Ces manifestations d’extrême gauche, par des instigateurs et des fauteurs de troubles souvent payés, ne seront pas tolérées, écrivait le président. Par ailleurs, à partir de maintenant, on ne sera plus autorisé à porter des masques lors de manifestations. »
    Cette escalade tombe particulièrement bien sur un plan politique pour Donald Trump, qui a subi l’onde de choc de sa séparation avec Elon Musk. Cette crise sécuritaire attisée permet aussi de mettre la pression sur les sénateurs républicains qui traînent les pieds, au sujet du « Big Beautiful Bill ». Ce train de dépenses essentiel pour la Maison Blanche, renforçant, entre autres, les moyens de la sécurité intérieure, a passé l’épreuve de la Chambre des représentants. Mais un nombre menaçant de sénateurs conservateurs pensent, comme Elon Musk, que ce projet de loi est bien trop dépensier. A la lumière des événements de Los Angeles, l’exécutif leur demandera de choisir : être du côté de l’ordre ou du côté des émeutiers. Du président ou des élus extrémistes et laxistes.
    L’appel à l’armée pour une mission de maintien de l’ordre n’a guère de sens, sauf si l’on tient compte de la logique choisie par l’administration Trump en matière migratoire, le cœur de cette crise. Cette logique repose sur une militarisation partielle de cette politique, pour organiser la plus vaste campagne d’expulsion de clandestins de l’histoire américaine, conformément à la promesse de campagne de Donald Trump, qui parle, sans justification, de 21 millions de clandestins dans le pays.
    Pour cela, la Maison Blanche a d’abord privilégié des symboles, comme l’utilisation très onéreuse d’appareils militaires pour mener des vols de reconduite. Elle a aussi annoncé l’utilisation – très limitée à ce jour – de la base de Guantanamo (Cuba), symbole funeste de la lutte antiterroriste sans fin, comme centre de rétention. Elle a également appuyé sa campagne sur un texte très poussiéreux, l’Alien Enemies Act (1798). Celui-ci donne au gouvernement le droit d’expulser, sans recours aucun, les ressortissants d’un pays en guerre avec les Etats-Unis ou fomentant une invasion dans ce pays. Sa dernière utilisation remonte à la seconde guerre mondiale, lorsque des dizaines de milliers de Japonais avaient été emprisonnés sans procès.
    La maire Karen Bass a promis que Los Angeles continuerait de se tenir aux côtés de tous ceux qui « appellent notre ville leur maison ». Elle a dénoncé une « escalade chaotique », décidée par la Maison Blanche, diffusant la « peur » au sein de la population. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a, pour sa part, mis en cause la « fabrication d’une crise », en estimant que Donald Trump « espère plus de chaos pour pouvoir justifier plus de répression, plus de peur et plus de contrôle ». Le gouverneur a appelé les citoyens en colère à ne pas employer la violence et à s’exprimer pacifiquement.
    Mais l’administration Trump n’a pas fini d’exploiter ces événements, à la fois pour punir les élus démocrates et la Californie en général, et pour l’exemple. Dans le Wisconsin, la juge Hannah Dugan, du comté de Milwaukee, a été arrêtée et poursuivie pour avoir permis à un sans-papiers de se dérober à son interpellation par des agents de l’immigration, à l’intérieur même de l’enceinte du tribunal. Le 9 mai, c’est le maire de Newark (New Jersey), Ras Baraka, qui avait été interpellé devant le centre de rétention de Delaney Hall, alors qu’il demandait à connaître les conditions de détention de migrants arrêtés. Le piège est classique dans le trumpisme comme dans tout mouvement autoritaire. La contestation de la ligne suivie est, par définition, illégitime. Et répréhensible.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#californie#detention#ICE#expulsion#droit#sante

  • Gavin Newsom’s latest rebranding effort is available to download - Los Angeles Times
    https://www.latimes.com/california/newsletter/2025-04-01/gavin-newsom-podcast-charlie-kirk-maga-2028-election-essential-california?s

    Il y a un côté assez fascinant de voir comment les « figures » démocrates s’empressent de singer le trumpisme. Et Le LA Times qui parle tranquillement « d’atténuer la forte polarisation de notre pays ».... comme si ce qui se passait n’était pas un coup d’Etat institutionnel ?
    Il faut dire que sous pression de son propriétaire, le LATimes avait refusé de prendre parti (i.e. pour Kamala Harris) lors des dernières élections. Tout ça se discute entre gens biens, avec les cadors de l’extrême droite US...
    Heureusement qu’il nous reste Bernie et Alexandria Ocasio Cortez...

    By Ryan FonsecaStaff Writer
    April 1, 2025 6:30 AM PT

    Good morning. Here’s what you need to know to start your day.

    Newsom has a lot to say about his ‘toxic’ party.
    As children are pulled into immigration court, many must fend for themselves.
    Nine affordable lunch spots in L.A. for a meal that costs $15 or less.
    And here’s today’s e-newspaper.

    Newsom goes full podcaster

    Since everyone and their mother has a podcast these days, it’s not too surprising that California Gov. Gavin Newsom dove into the space with the recent launch of “This Is Gavin Newsom.”

    “It’s time to have honest discussions with people who agree AND disagree with us,” the show description states. “It’s time to answer the hard questions and be open to criticism, and debate without demeaning or dehumanizing one other.”

    Just a few episodes in, Newsom’s venture has quickly garnered both criticism and kudos. Some on the left feel betrayed by the prominent liberal leader’s willingness to sit down with major MAGA personalities and break from Democratic talking points on some polarizing issues. Other political thinkers view his approach as a much-needed attempt to soften the nation’s stark polarization — and\or the latest vehicle for Newsom’s own political ambitions.

    “A common takeaway from the podcast is that Newsom is attempting to shape-shift into a moderate as he gears up to run for president in the aftermath of the Democratic Party’s disastrous 2024 election,” Times reporter Taryn Luna explained this week.
    A group of people stand to applaud
    California Gov. Gavin Newsom, center right, applauds as Kamala Harris speaks during the Democratic National Convention in Chicago in 2024.
    (Paul Sancya / Associated Press)

    What does Newsom talk about on his podcast?

    Newsom takes his party to task as he shares space with some of MAGA’s biggest names.

    In the inaugural episode, the governor hosted MAGA activist Charlie Kirk and quickly found himself in a political firestorm after saying transgender women’s participation in sports is “deeply unfair.”

    In subsequent episodes Newsom sat down with conservative commentator Michael Savage, and later with former Trump advisor Steve Bannon.
    Photo collage of three men
    From left, Charlie Kirk, Gavin Newsom and Steve Bannon.
    (Associated Press)

    Newsom defends his show as critiques fly

    Critics accused him of platforming right-wing voices in a misguided attempt at centrism.

    “He has always been more or less a tech bro from Northern California with the same kind of politics as we thought,” Lorena Gonzalez, president of the California Federation of Labor Unions, told Taryn. “He’s done playing liberal and now he’s just going to be himself.”

    While his conservative guests made reliable jabs at Democrats and their policies, Newsom has also been critical of his party — both on his show and in other media.

    In an interview with Taryn, Newsom said Democrats had “lost our way” and are suffering the consequences of their “toxic” brand.

    “Our party’s getting our ass kicked … people don’t think we make any damn sense,” he said. “They don’t think we have their values. They think we’re elite. We talk down to people. We talk past people. They think we just think we’re smarter than other people, that we’re so judgmental and full of ourselves.”
    A man in a hat pats another man on the back
    President Trump and California Gov. Gavin Newsom walk to speak to reporters after arriving on Air Force One at Los Angeles International Airport.
    (Mark Schiefelbein / Associated Press)

    It’s not as if Newsom is the only liberal popping the hood to diagnose Democrats’ problems and try to get them back on the road to victory for 2026’s midterm and 2028’s general elections.

    New York Times opinion columnist Ezra Klein has been on a media tour dissecting liberalism’s governing failures, with a special focus on the Golden State. He was the guest on Newsom’s show last week, where the two talked bureaucracy, CEQA and California’s grand plan for high-speed rail that’s running at least a decade behind schedule.

    “There is something wrong in a [political] culture that so often fails to deliver what it promises,” Klein said during their conversation.

    A ‘Joe Rogan of the left’?

    Times columnist Anita Chabria wrote recently that the early episodes of Newsom’s podcast were “cringe” and “appalling,” but added that the governor’s effort was “undeniably smart.”

    “He understands there is a new political order, and it’s not about rising through the ranks of the party or appeasing a base,” she argued. “It’s about audience, politics aside, and Newsom is savvy enough to chase it.”

    Fellow columnist Mark Z. Barabak was less impressed.

    “If Newsom really hopes to be president someday, the best thing he could do is a bang-up job in his final 22 months as governor. Not waste time on glib and self-flattering diversions,” he wrote last month. “People have told Newsom as much. But the only voice he seems to care about [is] his own.”

    Kambiz Akhavan, managing director for the USC Dornsife Center for the Political Future, views Newsom’s foray into podcasting as an effort to “[position] himself as the Joe Rogan of the left.”

    He doesn’t view that as a bad thing.

    “Podcasts are a powerful way to get inside people’s heads with long-form substantive content that is largely absent from our TikTok, 30-second, dopamine-hit, doom-scrolling media diets,” Akhavan wrote in an emailed comment. “Reaching across the aisle to explore issues and talk respectfully across differences is a welcome treat in our polarized society.”

    #Podcast #Gavin_Newsom #Californie #Politique_USA #Démocrates #Modérés_de_droite

  • (la bien nommée) #Crystal_Heath, une #lanceuse_d’alerte face à la propagation de la #grippe_aviaire en #Californie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/05/crystal-heath-une-lanceuse-d-alerte-face-a-la-propagation-de-la-grippe-aviai

    Vétérinaire à Los Angeles, Crystal Heath profite de ses week-ends pour arpenter les terres agricoles du sud de la Californie. Depuis la pandémie de Covid-19, la jeune femme est préoccupée par les épizooties. Maintenant que la grippe aviaire s’est propagée aux troupeaux laitiers, elle parcourt la Vallée centrale californienne, première région d’élevage des Etats-Unis, pour essayer de prendre la mesure du danger. Les informations sont rares sur la grippe aviaire. Le nombre de #vaches infectées n’est pas connu et les fermes ne sont pas identifiées. « Les autorités veulent que le consommateur garde confiance », explique-t-elle.

    D’ordinaire, Crystal Health, 43 ans, pratique la médecine vétérinaire dans un refuge pour chats et chiens errants près d’Hollywood. La propagation du virus H5N1 l’a transformée en lanceuse d’alerte. A l’automne 2024, elle a commencé à poster sur les réseaux sociaux des images de carcasses de vaches mortes au bord des fermes en Californie du sud. Elle a photographié des bovins squelettiques, entourés de mouches, les naseaux ruisselant, un signe de la maladie, et parfois des fœtus, laissés par des vaches qui venaient d’avorter.

    Dans le comté de Kern, elle a aussi aperçu des ouvriers agricoles non protégés, manipuler les animaux morts sans masques ni lunettes, alors que le virus peut entraîner une conjonctivite sévère. Aucun panneau n’indiquait que la zone est susceptible d’être un foyer de H5N1. « Il devrait y avoir une signalisation prévenant le public des risques éventuels, souligne-t-elle. Et beaucoup plus de transparence en général. Mais nous continuons à entendre la même histoire sur la grippe aviaire : pas d’inquiétude à avoir. »

  • Ecologie du feu et apocalypse : la seconde nature de Californie | Mike Davis
    https://agitationautonome.wordpress.com/2020/10/01/ecologie-du-feu-et-apocalypse-la-seconde-nature-de-la-c

    La majorité des nouveaux logements en Californie ont été construits au cours des vingt dernières années dans des zones à haut risque d’incendie, une démarche rentable mais insensée. L’« exurbanisation », en grande partie due à la « fuite des Blancs » (white flight) hors des zones de Californie à forte diversité raciale, favorise partout la contre-révolution botanique. Mais ses habitants n’aperçoivent pas les mauvaises herbes que cache la forêt. Source : via Agitations, octobre 2020

  • Incendies meurtriers en Californie : « Les pauvres sont ceux qui souffrent le plus »

    https://reporterre.net/Incendies-meurtriers-en-Californie-Les-pauvres-sont-ceux-qui-souffrent-l

    Derrière les villas carbonisées des stars, des quartiers pauvres subissent aussi les incendies en Californie. Leurs résidents sont bien plus durement touchés, pendant et après les feux, explique la chercheuse Sayanti Mukherjee.

    Vingt-quatre morts et plus de 140 000 personnes évacuées. Aux États-Unis, le bilan des incendies meurtriers qui font rage en Californie du Sud s’alourdit. Après trois jours d’accalmie, les multiples foyers, galvanisés par des rafales de vent chaud et une végétation asséchée, ont atteint des zones jusque-là épargnées. Ce weekend, les sapeurs-pompiers ne sont toujours pas parvenus à contenir les murs de flammes.

    #États-Unis
    #incendies
    #Californie

  • En Californie, la peur se répand parmi les ouvriers agricoles sans papiers après l’opération « Retour à l’envoyeur »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/17/en-californie-la-peur-se-repand-parmi-les-ouvriers-agricoles-sans-papiers-ap

    En Californie, la peur se répand parmi les ouvriers agricoles sans papiers après l’opération « Retour à l’envoyeur »
    Par Corine Lesnes (envoyée spéciale à Bakersfield)
    Avant même l’investiture de Donald Trump, les raids anti-immigration ont déjà commencé dans la Vallée centrale, la région agricole de la Californie. « Comme s’il s’agissait d’une répétition », observe le professeur d’économie Richard Gearhart, enseignant à l’université d’Etat à Bakersfield.
    Dans le comté de Kern, à deux heures à l’est de Los Angeles, la police aux frontières est arrivée le 7 janvier. Ses fourgonnettes blanc et vert, garées devant la station essence où les journaliers attendent l’embauche, ont été immédiatement repérées, et leur signalement a été diffusé dans les groupes WhatsApp. Questionné par la presse locale, le porte-parole de la Border Patrol, Gregory Bovino, a expliqué qu’il s’agissait de l’opération « Return to Sender » (« retour à l’envoyeur »), une opération anticartels visant à renvoyer les « criminels » dans leurs pays.
    A Bakersfield, la capitale du comté, le paysage humain a aussitôt changé. Les jardiniers ont disparu des pelouses, certains cuisiniers des restaurants, les rendez-vous annulés se sont accumulés chez les médecins. Dans les champs, les oranges – c’est la saison de la récolte – sont restées sur les arbres. Le premier jour, 25 % des ouvriers agricoles ne se sont pas présentés au travail, et 75 % le lendemain, selon le président du groupement des producteurs d’agrumes California Citrus Mutual, Casey Creamer.
    Début janvier, les sans-papiers se sont terrés chez eux, sachant que la police fédérale, chargée de l’immigration, ne peut pas se présenter à leur domicile sans mandat judiciaire. L’opération « Retour à l’envoyeur » n’a duré que trois jours, mais elle a répandu la peur et elle a donné un avant-goût de l’après, si Donald Trump met à exécution son plan de mass deportations (« expulsions massives »).
    Bakersfield est un morceau de Californie rurale largement ignoré des villes côtières. Un monde à part, légèrement rétro, entre poussière et pétrole. Une terre républicaine – c’était le fief de Kevin McCarthy, l’ancien président de la Chambre des représentants – mais surtout agricole. Le comté produit un tiers des agrumes de la Californie, des raisins et des noix. L’air est chargé de l’odeur du bétail, parfois des oranges ou de l’ail. Le train de marchandises qui remonte la Vallée centrale siffle comme dans les films.
    Sur les 900 000 habitants du comté, 180 000 ne sont pas nés aux Etats-Unis. Plus de la moitié des ouvriers agricoles sont sans papiers, soit quelque 50 000 personnes. En 2007, le républicain George W. Bush avait mis en place un mécanisme facilitant la vérification des permis de travail par les entreprises et durcissant les amendes pour l’emploi de clandestins. L’effet a été minime, le système rapidement contourné. Les travailleurs continuent à être recrutés par des intermédiaires (les majordomos) qui ferment les yeux sur leurs cartes de sécurité sociale falsifiées. Dans l’équation entrent aussi quelques pots-de-vin, précise un familier du système.
    Le quartier des farm workers (« ouvriers agricoles ») se trouve au sud-est de Bakersfield, derrière le supermarché Mercado Latino. Des maisons sans étage, modestes, aux cours encombrées : ici une chèvre, là une voiture qui aura peine à redémarrer. Ce 10 janvier, dans le salon de Bruno et Olivia (ils n’ont pas souhaité donner leur nom, les prénoms ont été changés), les décorations de Noël sont encore suspendues au plafond. Une peinture montre Jésus-Christ brisant le pain. Sur la nappe fleurie, Olivia a posé des paquets de biscuits. Ils sont une demi-douzaine autour de la table de bois foncé. Le couple, quelques amis, tous Mexicains d’origine, tous ouvriers agricoles, sauf Bruno, qui a un vrai permis de travail et livre des meubles pour un magasin.
    « Miedo » (« peur », c’est le mot qui est sur toutes les lèvres. Les migrants ont peur des voitures de la « migra », la police de l’immigration, qui rôde autour des fermes. La veille, leur voisine Marisa leur a demandé de prévenir les enfants qu’elle allait rentrer tard de la cueillette des oranges. La police était sur la route. Le contremaître, qui a des papiers en règle, est allé en éclaireur vérifier si la voie était libre. Dans une ferme, les employés ont demandé à bénéficier d’une navette pour leur éviter tout risque de croiser la « migra » sur le chemin du travail. L’employeur a refusé.
    Les migrants essaient de se préparer à l’après-20 janvier. « On doit faire des plans », se convainc Olivia. Le syndicat United Farm Workers (UFW), comme d’autres associations et les églises, tient des séances d’autodéfense juridique, dites « Know your rights » (« connaissez vos droits »), dans toute la région. On y apprend qu’il ne faut surtout pas ouvrir la porte si la police frappe, qu’il ne faut signer aucun papier, qu’un parent expulsé ne peut pas laisser ses enfants à la garde d’un proche sans établir une procuration légale… Les participants reçoivent une petite carte rouge à porter en permanence dans leur poche ou leur portefeuille, et à faire lire aux policiers en cas de besoin. Elle stipule que la Constitution s’applique non seulement aux citoyens, mais à tous ceux qui vivent sur le sol américain.
    Depuis l’élection de Donald Trump, le 5 novembre 2024, les enfants sont inquiets. Sur son tee-shirt, Hilda porte une inscription « Believe » (« croire »). Hier, son fils de 13 ans a prétexté des maux de ventre et refusé d’aller à l’école. Sa mère l’y a conduit quand même. « J’essaie de ne pas alimenter sa peur. » Mais elle a demandé à un cousin d’aller le chercher. L’enfant « ne veut pas que sa mère soit expulsée à cause de lui, pour l’avoir emmené à l’école », explique-t-elle.
    Près de trois quarts des sans-papiers vivent avec un proche qui est un résident légal. Les parents sont confrontés à la question de la séparation si l’un d’eux tombe dans un coup de filet et se fait expulser. Que deviennent les enfants ? Juan, employé dans une laiterie, et son épouse en ont discuté avec leurs deux garçons. Le grand est au lycée. Il est tellement inquiet qu’il « se jette dans mes bras quand je rentre, relate le père. Mais il faut bien que je travaille ». La famille est partagée entre rester ou repartir au Mexique, bien que les enfants ne connaissent pas le pays. « Il y a des risques des deux côtés », dit l’ouvrier.
    Sous les présidences de Barack Obama puis de Joe Biden, la police de l’immigration a largement fermé les yeux sur le statut des ouvriers agricoles. Olivia voudrait que Donald Trump en fasse autant et « ouvre son cœur ». « Nous sommes travailleurs, nous payons des impôts, nos enfants grandissent comme des enfants américains, souligne-t-elle. A tous les coins de rue, on voit des gens qui quémandent de l’argent. Nous, nous sommes dans les champs, l’hiver, l’été, par tous les temps. » La mère de famille ne se fait pas d’illusions sur les intentions du futur président. « Mais, au moins, qu’il nous laisse en paix ! »
    Pour l’économie du comté (55 milliards de dollars, soit 53,5 milliards d’euros), les expulsions massives évoquées par Donald Trump auraient des conséquences désastreuses, explique le professeur Gearhart. L’agriculture représente 10 % du produit brut du comté, souligne-t-il, juste derrière le pétrole (15 %). Les pertes pourraient aller jusqu’à 5 milliards de dollars. Un ralentissement « pire que le Covid », un retour « à l’époque des Raisins de la colère », craint-il, en référence au roman de John Steinbeck qui montre la misère des travailleurs migrants pendant la Grande Dépression des années 1930. S’ajoutent les conséquences indirectes dans le secteur de la restauration, de l’hôtellerie, du nettoyage, voire sur le réseau des écoles gratuites que les fermes subventionnent pour former la future main-d’œuvre. Selon l’économiste, la majorité des sans-papiers va rester. « Ils vont attendre que l’orage passe, mais cela aussi va avoir des conséquences négatives sur l’activité économique. »
    Une main-d’œuvre moins chère
    La plupart des fermiers ont interdit aux agents de l’immigration de pénétrer sur leur propriété pour y interpeller des migrants. A Bakersfield, le Farm Bureau, l’office qui représente les exploitations, a rappelé leur importance – et leur expertise – dans la collecte des fruits et légumes. Pour autant, « les exploitants ne sont pas vraiment inquiets, affirme Roman Pinal, vice-président du syndicat UFW. Leur souhait, c’est de parvenir au remplacement de ces travailleurs par d’autres en élargissant le programme de visa H-2A ». Ce visa, d’une durée d’un à trois ans, permet de travailler, mais pas de s’installer. Les fermes y trouveraient une main-d’œuvre qu’ils pourraient payer encore moins cher que les farm workers actuels. « L’équivalent du H-1B dans la tech », ajoute le syndicaliste.
    Selon Aaron Hegde, directeur du Grimm Family Center for Agricultural Business à l’université de Bakersfield, la plupart des exploitants sont favorables à cette solution. Sur la régularisation des sans-papiers, en revanche, « les opinions sont partagées », explique-t-il, sans exclure que les positions évoluent au printemps, quand viendra la saison des récoltes et que les fermes seront confrontées à une pénurie de main-d’œuvre encore plus aiguë que d’habitude.
    Après trois jours d’opération dans le comté, la Customs and Border Protection a annoncé avoir arrêté 78 personnes en situation irrégulière, originaires du Mexique, du Salvador, du Honduras, d’Equateur et aussi de Chine. Quelques expulsés avaient été condamnés pour divers délits (agression sexuelle, conduite en état d’ivresse, trafic de drogue). La Border Patrol n’a pas nié qu’elle avait aussi interpellé des migrants sans aucun antécédent judiciaire. Son porte-parole s’est fait l’écho de la doctrine Trump, popularisée par son « border tsar », Tom Homan : « Franchir la frontière et résider illégalement aux Etats-Unis est contraire à la loi. » Autrement dit, les clandestins sont par définition des délinquants.
    Les patrons des exploitations – de grands groupes agroalimentaires aussi bien que des fermes familiales – ont mis en garde l’équipe Trump contre des projets d’expulsions qui déstabiliseraient la chaîne alimentaire nationale et entraîneraient pénuries et augmentations de prix. Aaron Hegde souligne que les raids pré-investiture ont été conduits par la police aux frontières et non par l’unité chargée du contrôle de l’immigration (l’Immigration and Customs Enforcement). « Au-delà de la rhétorique électorale, il faut voir quel sera le plan » de l’administration Trump. Mais, à la veille de l’investiture de son champion, la base républicaine semble indifférente aux conséquences économiques de sa politique migratoire. « Il y a un soutien tacite important pour les expulsions massives dans la population », constate le professeur Gearhart

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#migrationirreguliere#economie#agriculture#californie#mexique#visas#H-2A#sante#deportation

  • Joan Didion and Mike Davis understood LA through its fires. Even they couldn’t predict this week | Adrian Daub | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2025/jan/11/joan-didion-mike-davis-los-angeles-fires
    https://i.guim.co.uk/img/media/32e458c2ab5567492f2cb10058e919aff93468cc/0_310_5422_3254/master/5422.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Adrian Daub sur les incendies de Los Angeles au travers de la relecture de deux livres importants sur la régularité des incendies lors des épisodes Santa Anna.

    Fire is an inextricable part of the region’s identity, as the writers knew. But the way this divided city burns has been transformed
    Sat 11 Jan 2025 19.00 CET

    Talking about fire and Los Angeles is an exercise in repetition. Southern California does have seasons, Joan Didion once noted in Blue Nights, among them “the season when the fire comes”.

    Fire in Los Angeles has a singular ability to shock, with its destruction that takes “grimly familiar pathways” down the canyons and into the subdivisions. The phrase comes from the writer and activist Mike Davis’s 1995 essay The Case for Letting Malibu Burn, and it is as true for the fires as for our talk of the fires. Even our reflections take on that grim familiarity: we cite Didion citing Nathanael West. We fall in with the great writers of this great city who are always so ready to judge it.

    LA’s fires are usually interpreted as a verdict on LA. Eve Babitz tells the story of the silent film star Alla Nazimova, who had to save her possessions from a fire and decided to rescue none of them: “It’s a morality tale,” Babitz says, “of the unimportance of material things, though there are those who will say it’s about how awful LA is.” Davis was different: in books such as City of Quartz, Ecology of Fear and Dead Cities: And Other Tales, he defended the city and its people, reserving his indictments for the forces of untrammeled capitalism and white supremacy that had molded it into near-uninhabitability. He read the city as a sign of what was to come, leery of a world that had assigned this complex, maddening, beguiling place “the double role of utopia and dystopia for advanced capitalism”.

    Davis wrote The Case for Letting Malibu Burn under the impression of the conflagrations of the late fall of 1993 – including one in Topanga Canyon that dived down the hillsides towards Malibu, and one in Eaton Canyon that ripped through Altadena. Two places, that is, that are aflame this week again.
    Didion smokes on porch overlooking beach next to man and girl
    Joan Didion, right, with her husband, John Gregory Dunne, and daughter Quintana Roo Dunne in Malibu in 1976. Photograph: John Bryson/Getty Images

    And yet, without much changing, much has changed.

    #Adrian_Daub #Los_angeles #Joan_Didion #Mike_Davis

  • 2000 maisons détruites à Pacific Palisades, Los Angeles, Californie
    https://www.youtube.com/watch?v=S9uZ7tPnY80


    L’année dernière 1600 foyers de la région ont perdu leurs contrats d’assurance parce qu’une augmentation des primes n"a pas été autorisée et les assureurs ont tout fait pour protéger leurs profits.

    Pacific Palisades, Los Angeles
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Pacific_Palisades,_Los_Angeles


    Le rêve américain est en train de brûler dans les feux annoncés. Il n’y a pas de raison pourquoi les responsables et profiteurs de la catastrophe traiteraient mieux le reste du monde. Il faudra sortir l’Europe de leur étreinte .

    Pacific Palisades was formally founded in 1921 by a Methodist organization. The Palisades would later be sought after by celebrities and other high-profile individuals seeking privacy.[9] It is known for its seclusion, being a close-knit community with a small-town feel, Mediterranean climate, hilly topography, natural environment, abundance of parkland and hiking trails, a 3-mile (4.8 km) strip of coastline, and for being home to several architecturally significant homes.[10][11] As of 2022, the community’s population was 23,121.

    Starting on January 7, 2025, the majority of Pacific Palisades was severely affected and destroyed by the Palisades Fire, a part of the ongoing Southern California wildfires.

    Pacific Palisades is a largely residential community and does not attract many tourists other than day visitors to Gladstones Malibu, the local beaches, the Getty Villa or the Self-Realization Fellowship Lake Shrine.

    Nicknamed The Palisades and Pali by surfers and locals, the Palisades coast spans from after Sorrento Beach in Santa Monica to the south, and ends at Sunset Point Beach and Malibu to the north. Beaches along the Pacific Palisades coast include: Will Rogers State Beach, Sunset Point Beach, and one of the few unofficially gay beaches in Los Angeles, Ginger Rogers Beach. The many parks within the Santa Monica Mountains National Recreation Area lie along the ridges above the community, along with local parks that include Will Rogers State Historic Park.

    The Palisades is bounded by Brentwood to the east, Malibu to the west, Santa Monica to the southeast, the Santa Monica Bay to the southwest, Topanga and the Santa Monica Mountains to the north.

    The Los Angeles Fires Didn’t Have to Be This Bad
    https://jacobin.com/2025/01/los-angeles-fires-climate-austerity

    10.1.2025 by Ben Burgis - I keep rewatching a video of a McDonald’s in flames in Los Angeles. Blazing palm trees are buffeted by extreme winds. Sparks fly from the golden arches. It feels like an image out of Mike Davis’s 1998 book Ecology of Fear: Los Angeles and the Imagination of Disaster.

    Writing there about a fire five years earlier, Davis argued that if Southern Californians seemed “unprepared for this trial by fire,” the region had little excuse. “The conflagrations of 1993 came down grimly familiar pathways” and there had been “no shortage of omens.”

    In the case of today’s still-raging fires in Los Angeles, it’s far too early to know precisely what caused them. But omens have been plentiful.

    For decades, environmental activists have been shouting from the rooftops that Southern California will be increasingly vulnerable to more and worse wildfires as global temperatures continue to climb. But despite their urging, little movement has been made. In 2019, the phrase “Green New Deal” was everywhere, a punchy way of summarizing a range of proposals for the federal government to take dramatic action to arrest climate change, rapidly converting the nation’s energy infrastructure, and creating millions of union jobs in the process. Today the slogan can feel like a curious relic of a bygone era, like those Whip Inflation Now (WIN) buttons from the Gerald Ford administration.

    The institutional breakdown starts at the federal level, with years of climate policy paralysis, and cascades down through California’s state government to Los Angeles County and City Hall. We don’t have the full picture yet of how these fires happened, but we know, for example, that the state government’s failure to force for-profit energy monopoly PG&E to properly secure its transmission lines has made the state far more vulnerable to similar blazes.

    We also know that in a city, county, and state historically resistant to redistributing their considerable wealth through progressive taxation, public services have suffered. There’s been fierce debate about which numbers most accurately represent the changes to the Los Angeles Fire Department (LAFD) budget in the 2024–2025 fiscal year. Defenders of Mayor Karen Bass insist that a much smaller budget this year than last year shouldn’t be counted as a “cut” because the LAFD got a budgetary boost to deal with particular expenses the year before. Los Angeles city controller Kenneth Mejia disagrees. Meanwhile, if more money has been requested but not yet delivered, should that count as an increase? What about the cuts to the LAFD’s overtime pay and the department’s inability to fill new positions?

    However you slice all of this, what’s clear is that the LAFD was understaffed to begin with and had several million dollars less this fiscal year than it was expecting. On December 4, city fire chief Kristin Crowley warned in a letter that these cuts had “severely limited the department’s capacity to prepare for, train for, and respond to large-scale emergencies, including wildfires.” A little over a month later, 130,000 residents have fled from the spreading flames.

    An article at the right-wing New York Post linked the cuts to extra spending on homeless services. (The timing is pretty amazing for the Post’s insinuation that the city should be less generous to the unhoused, given that so many Angelenos have become homeless themselves overnight.) Meanwhile, the left-wing Intercept has linked the budget cuts to extra funding for the police. Countless other stories could surely be told by connecting budgetary dots this way, but the boring truth is that money is fungible. Particular funds that don’t go to firefighting aren’t thereby “going to” any particular alternate line on the budget. And in a saner and less unequal city, state, and country, an entire suite of public services could be generously funded.

    Crowley’s equivalent at Los Angeles County, fire chief Anthony Marrone, confirmed at a press conference that neither the county nor “the 29 fire departments in our county” were “prepared for this type of widespread disaster.” They could have handled “[o]ne or two major brush fires,” but they don’t have anything like the personnel required to rapidly contain five such fires. The county’s firefighting capacity has been stretched thin by years of austerity and tight budgets, even as climate change has increased fire risks.

    Meanwhile, hundreds of prison inmates have been brought in to help fight the fires for far less than minimum wage. California’s state minimum wage is $16.00 an hour. Los Angeles’s municipal minimum wage is $17.28. Salaries of the city’s firefighters work out to average about $30. The incarcerated firefighters are paid within a range that goes from $5.80 and $10.24 a day, although you’ll be relieved to hear that “they can make an additional $1 per hour when responding to an active emergency.” It’s hard to imagine a grimmer symbol of our literally burning late-capitalist hellscape than a locale that’s home to so much lavish and conspicuous wealth bringing in incarcerated firefighters to risk their lives for less per day than their free equivalents would make in an hour — if only the city had been willing spring for a few more of them.

    None of this has to be this way. We could have had a Green New Deal in 2019, or better yet decades earlier when the facts about anthropogenic climate change were already well-established. We could eliminate private monopolies like PG&E that cut corners for profit. We could make far more planned and deliberate decisions about housing density to minimize the dangers posed by the “lethal combination of homeowners and brush” that Mike Davis wrote about in Ecology of Fear (in a chapter provocatively entitled “The Case for Letting Malibu Burn”).

    We certainly don’t need to leave fire insurance in the hands of for-profit companies that have demanded that the government let them keep ratcheting up premiums as the threat of wildfires increased and, when they didn’t get what they wanted, simply dropped 1,600 policyholders in Pacific Palisades in 2024. And any polity as prone to wildfires as Los Angeles is in the 2020s could make adequately funding fire protection a serious priority.

    Wildfires predate both climate change and the politics of austerity. Nevertheless, both greatly exacerbate their risks. It would be a mistake to either blame this entirely on “nature” or to broadly condemn human civilization itself as a blight on nature. One of the core functions of an organized society is to minimize the dangers posed to its members by the ravages of nature. Sociologically and ecologically, ours has failed spectacularly.

    #USA #Californie #incendie #capitalisme #néolibéralisme

  • Let Malibu Burn: A political history of the Fire Coast, Mike Davis, 1996.
    https://la.indymedia.org/js/?v=cont&url=/news/2007/10/208946.json

    Fire in Malibu has a relentless, staccato rhythm. The rugged coastline is scourged by a large fire, on average, every two and a half years, and at least once a decade a blaze in the chaparral grows into a terrifying firestorm consuming hundreds of homes in an inexorable march across the mountains to the sea. In one week last month, 10 homes and 14,000 acres of brush went up in smoke.

    And it will only get worse. Such periodic disasters are inevitable as long as private residential development is tolerated in the fire ecology of the Santa Monicas.

    Make your home in Malibu, in other words, and you eventually will face the flames.

    Shangri-la

    From the very beginning, fire has defined Malibu in the American imagination. Sailing northward from San Pedro to Santa Barbara in 1835, Richard Henry Dana described (in Two Years Before the Mast) a vast blaze along the coast of Jose Tapia’s Rancho Topanga Malibu Sequit. Despite (or, perhaps, because of) Spanish prohibition of the Chumash and Gabrielino Indians’ practice of annual burning, mountain infernos repeatedly menaced the Malibu area throughout the 19th century. During the boom of the late 1880s, the entire ex-Tapia latifundium was sold at $10 per acre to the Boston Brahmin millionaire Frederick Rindge. In his memoirs, Rindge described his unceasing battles against squatters, rustlers and, above all, recurrent wildfire. The great fire of 1903, which raced from Calabasas to the sea in a few hours, incinerated Rindge’s dream ranch in Malibu Canyon and forced him to move to Los Angeles, where he died in 1905.

    #Santa_Ana #Santana #urbanisation #Californie #incendies #feu #histoire #Los_Angeles #Mike_Davis #histoire

  • California wildfires raise alarm on water-guzzling #AI like #ChatGPT

    If there weren’t enough of an argument against AI from an environmental standpoint, a new waterfall of data might push even the most ambivalent consumer over the edge.

    Per the International Energy Agency, energy consumption by global data centers could more than double by 2026, “reaching levels that exceed large nations.” Ironically, “while we’re using AI to solve some of the world’s biggest challenges—from climate modeling to health-care breakthroughs—we’re also contributing to an environmental crisis of a different kind,” Chris Gladwin, a tech founder and CEO, wrote for Fortune recently.
    How much water does AI use?

    Now, reporting finds that OpenAI’s ChatGPT—which uses the GPT-4 language model—consumes 519 milliliters or just over one bottle of water, to write a 100-word email. That’s according to the Washington Post in a research collaboration with the University of California, Riverside.

    In order to shoot off one email per week for a year, ChatGPT would use up 27 liters of water, or about one-and-a-half jugs. Zooming out, WaPo wrote, that means if one in 10 U.S. residents—16 million people—asked ChatGPT to write an email a week, it’d cost more than 435 million liters of water.

    While much has been made about the power usage each ChatGPT prompt immediately necessitates, the water conversation has gained additional steam in recent months.

    As WaPo explained, every prompt a user enters into ChatGPT is quickly turned into code, and “flows through a server that runs thousands of calculations to determine the best words to use in a response.” All those calculations go through real, physical servers which are housed in enormous data centers around the world. Spitting out an answer—or answering a command—makes the servers heat up, like an under-duress old laptop.
    Why does AI use water?

    This is where water comes in; to keep those ever-important servers from overheating and breaking down, the data centers rely on cooling mechanisms, often via “cooling towers” that themselves require water. Each facility, depending on the climate where it’s based, uses a different amount of water and electricity. West Des Moines, Iowa, is quickly becoming a popular destination, owing to a temperate climate that calls for fewer cooling interventions.

    “We haven’t come to the point yet where AI has tangibly taken away our most essential natural water resources,” wrote Shaolei Ren, an associate professor of engineering at UC Riverside who has been trying for years to quantify AI’s climate impact. Nonetheless, Ren called AI’s increasing water usage “definitely concerning.”

    Amid rapid population growth and a changing climate, “depleting water resources and aging water infrastructures” are some of the most preeminent challenges, he wrote in November. “The concern is not only about the absolute amount of AI models’ water usage, but also about how AI model developers respond to the shared global challenge of water shortage.”
    How are AI companies addressing water and energy use?

    Droughts, he noted, are among the most immediate consequences of climate change, and it’s incumbent upon businesses to address water usage in their operations—and tech firms using generative AI top that list. “We already see heated tensions over water usage between AI data centers and local communities,” Ren wrote. “If AI models keep on guzzling water, these tensions will become more frequent and could lead to social turbulence.”

    #Google and #Microsoft report rising water consumption

    In Microsoft’s sustainability report last year, the company said its global water consumption had spiked 34% between 2021 and 2022. Over the same period, Google’s water usage rose 20%, it wrote in its own report. “It’s fair to say” that the majority of that growth at both companies “is due to AI,” Ren told the AP at the time. (Microsoft’s data center used up 700,000 liters of water in training GPT-3, WaPo reported.)

    Holly Alpine, who was once Microsoft’s senior program manager of Datacenter Community Environmental Sustainability, resigned from the company earlier this year on principle, she wrote for Fortune, due to the company’s ecologically irresponsible AI development.

    “Analyst reports suggest that advanced technologies—such as AI or machine learning—have the potential to increase fossil fuel yield by 15%, contributing to a resurgence of oil and potentially delaying the global transition to renewable energy,” Alpine wrote. “The real-world impacts are staggering: A single such deal between Microsoft and ExxonMobil could generate emissions that exceed Microsoft’s 2020 annual carbon removal commitments by over 600%.”

    When she was a Microsoft employee, she wrote, she witnessed “dozens” of such deals.

    https://fortune.com/article/how-much-water-does-ai-use
    #eau #IA #intelligence_artificielle #Californie

  • Visual explainer: why are the LA wildfires so bad?

    https://www.theguardian.com/us-news/2025/jan/08/fire-map-la-palisades-explainer?CMP=share_btn_url

    Santa Ana winds, drought and a hotter planet have helped exacerbate the Palisades, Hurst and Eaton fires in California. Even in a state that’s become grimly accustomed to severe conflagrations, the rapid surge of wildfire that has torched the Los Angeles area has been shocking, triggering mass evacuations that have left behind charred suburban homes.

    #climat
    #feux
    #États-Unis
    #Californie
    #Los_Angeles

  • En Californie, la crise des sans-abri s’invite dans la campagne électorale
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/10/01/en-californie-la-crise-des-sans-abri-s-invite-dans-la-campagne-electorale_63


    La maire de Los Angeles, Karen Bass, dans un campement de rue, lors d’une opération de promotion du programme « Inside Safe » offrant le relogement de sans-abri dans des hôtels, à Los Angeles, le 26 septembre 2024. MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

    Une décision récente de la Cour suprême octroie désormais le droit aux municipalités de l’ouest du pays de criminaliser les personnes qui dorment dans la rue. Les démantèlements de tentes se multiplient, les démocrates souhaitant prouver aux républicains qu’ils savent gérer cette épineuse question.
    Par Corine Lesnes (San Francisco, correspondante)

    Un tournant dans la crise des #sans-abri ? Depuis que la Cour suprême a décidé fin juin qu’il n’existait aucun droit constitutionnel à dormir dans la rue, les municipalités de l’Ouest américain commencent à démanteler les #campements, et notamment en #Californie, l’Etat qui compte quelque 186 000 homeless, soit un tiers des personnes sans logement aux Etats-Unis.

    Le 28 juin, la Cour suprême a renversé une jurisprudence de 2019 qui interdisait aux villes de criminaliser le fait de dormir dans un lieu public si elles n’étaient pas en mesure de proposer un hébergement aux sans-abri – ceci au nom du 8e amendement de la Constitution qui prohibe les châtiments « cruels et inhabituels ».

    La Cour a estimé que le 8e amendement ne s’appliquait pas à la situation des #homeless. Une décision majeure qui permet de nouveau aux municipalités d’imposer des #amendes voire des peines de #prison aux sans-abri, même si aucune solution d’hébergement n’est disponible.

    (...) En période électorale, les élus ne peuvent ignorer que le spectacle des homeless prostrés sur les trottoirs est un crève-cœur de plus en plus intolérable pour leurs concitoyens.

    https://justpaste.it/cf8dv

    #logement #droit_au_logement

  • California governor vetoes expansive AI safety bill | Digital Trends
    https://www.digitaltrends.com/computing/california-governor-vetoes-ai-safety-bill

    Aller-retour des lois. Il n’y a pas qu’en France que les dirigeants politiques se contrefoutent de ce que votent les Parlements.

    By Andrew Tarantola September 30, 2024 10:33AM
    California Governor Gavin Newsom speaking at a lecturn.
    Gage Skidmore / Flickr

    California Gov. Gavin Newsom has vetoed SB 1047, the Safe and Secure Innovation for Frontier Artificial Models Act, arguing in a letter to lawmakers that it “establishes a regulatory framework that could give the public a false sense of security about controlling this fast-moving technology.”

    “I do not believe this is the best approach to protecting the public from real threats posed by the technology,” he wrote. SB 1047 would have required “that a developer, before beginning to initially train a covered model … comply with various requirements, including implementing the capability to promptly enact a full shutdown … and implement a written and separate safety and security protocol.”

    However, Newsom noted that 32 of the top 50 AI companies are based in California, and that the bill would focus on only the largest firms. “Smaller, specialized models may emerge as equally or even more dangerous than the models targeted by SB 1047,” he stated.

    “While well-intentioned, SB 1047 does not take into account whether an Al system is deployed in high-risk environments, involves critical decision-making or the use of sensitive data,” Newsom wrote. “Instead, the bill applies stringent standards to even the most basic functions – so long as a large system deploys it.”

    SB 1047 sparked heated debate within the AI industry as it made its way through the legislature. OpenAI stridently opposed the measure, resulting in researchers William Saunders and Daniel Kokotajlo publicly resigning in protest, while xAI CEO Elon Musk came out in favor of the bill. Many in Hollywood also expressed support for SB 1047, including J.J. Abrams, Jane Fonda, Pedro Pascal, Shonda Rhimes, and Mark Hamill.

    “We cannot afford to wait for a major catastrophe to occur before taking action to protect the public. California will not abandon its responsibility. Safety protocols must be adopted. Proactive guardrails should be implemented, and severe consequences for bad actors must be clear and enforceable,” Newsom wrote. However, “ultimately, any framework for
    effectively regulating Al needs to keep pace with the technology itself.”

    Monday’s announcement comes less than a month after the governor signed AB 2602 and AB 1836, both backed by the SAG-AFTRA union. AB 2602 requires performers grant informed consent prior to using their “digital replicas,” while AB 1836 strengthened protections against ripping off the voice and likeness of deceased performers.

    #Intelligence_artificielle #Californie #Nouvelles_méthodes_politiques #Cybersécurité

  • Google’s deal to avoid ‘journalism usage fee’ puts taxpayers on hook - Los Angeles Times
    https://www.latimes.com/california/newsletter/2024-08-30/california-struck-a-deal-with-google-to-fund-local-journalism-journalists-a

    Good morning. It’s Friday, Aug. 30. Here’s what you need to know to start your day.

    Why journalists aren’t fans of the deal California struck with Google.
    Michigan surpassed California as the largest cannabis market in the country.
    How to choose the best Hollywood studio tour for you.
    And here’s today’s e-newspaper

    Google and California reach agreement on funding newsrooms. Is it enough?

    A state bill with bipartisan support that aimed to throw a lifeline to California’s struggling news industry is no more.

    In place of the proposed “journalism usage fee” levied on Google and Meta annually to help fund local newsrooms, state officials announced a nearly $250-million public-private partnership wherein Google would pay a fraction of what they might have owed under the proposed law.

    The agreement would also put state taxpayers on the hook for tens of millions. Meta, which owns Facebook and Instagram, is not part of the deal and state lawmakers are not currently pursuing one with them.

    The proposed deal has torn wider the rift between lawmakers, legacy publishers, smaller digital outlets and the labor groups that represent the state’s journalists, which called the outcome a “shakedown,”
    A man looks at a newspaper
    A pressman looks over a paper for possible print corrections at the Los Angeles Times Olympic Printing Plant on February 15, 2024. The plant closed in March.
    (Genaro Molina / Los Angeles Times)

    What happened?

    The California Journalism Preservation Act, introduced last year by Assemblymember Buffy Wicks (D-Oakland), received wide support in the state legislature and was modeled off similar fee structures developed in Australia and Canada.

    Supporters pointed to the “vise grip” the tech giants have on digital advertising, arguing that Google and Meta swallowed up billions in ad revenue many publications rely on to fund their journalism.

    State Sen. Steve Glazer introduced a related proposal this year, seeking to charge Big Tech a “data extraction mitigation fee” that would fund tax credits for news organizations to hire more reporters.

    Full transparency: Clearly I and fellow L.A. Times journalists have a stake in these efforts. Our unit is part of the Media Guild of the West, which represents hundreds of state news workers and endorsed both bills.

    Meta and Google opposed the bills, funding a major ad campaign (you may have seen it during the Olympics) and threatening to pull news content from their platforms. Meta actually did that in Canada rather than pay news organizations.

    Wicks told me uncertainty had grown in recent weeks about whether Gov. Gavin Newsom would sign her bill. She also worried it could face years of legal challenges. She said her options were: “this or nothing.”

    “From my perspective, this deal that we landed is the largest deal that we were going to get for today,” she said.

    What’s in the deal?

    The state would establish a nonprofit News Transformation Fund, to be administered by UC Berkeley’s School of Journalism.

    Google would pitch in nearly $173 million over five years, according to a framework document shared by Wicks’ office. But the majority of the company’s contributions would not go directly to fund local newsrooms.

    Under the five-year framework, Google would pay:

    $55 million into the journalism fund, $15 million of that in the first year
    A separate $50 million to boost funding for the company’s existing journalism programs
    Google would also funnel nearly $68 million into a separate fund for artificial intelligence research, including a “National AI Accelerator.”

    Details of that AI research are vague and were not part of Wicks’ initial bill. She said the goal would be to “create tools that actually help and augment [but] not replace or replicate journalism.”

    California (aka taxpayers) would pay $70 million into the journalism fund — $30 million in 2025 and $10 million each of the following four years — into the journalism fund. No public dollars will go toward AI development, Wicks emphasized. The framework states that investments could increase based on available state and private funds.

    The agreement is not a tax on Google, has no enforcement mechanism and only outlines funding for five years. And it appears Google’s contributions to the journalism fund would be tax deductible, according to Wick’s office.

    In contrast, Canada’s government passed a law last year under which Google agreed to pay news organizations there $74 million U.S. dollars every year, with no term limit.

    Sen. Glazer released a statement calling Google’s contributions “completely inadequate” and said the agreement “seriously undercuts our work toward a long term solution to rescue independent journalism.”

    ‘A huge missed opportunity’

    While Wicks, Newsom, Google executives and the state’s publishing lobby lauded the agreement, many organizations that represent California journalists are not happy.

    Media Guild of the West blasted the agreement, saying worker groups were cut out of an “undemocratic and secretive deal.”

    “The future of journalism should not be decided in backroom deals,” media labor leaders wrote in a joint letter to state lawmakers. “The Legislature embarked on an effort to regulate monopolies and failed terribly. Now we question whether the state has done more harm than good.”

    Wicks did not address why news workers unions were not involved in the final deal, but contended the California News Publishers Association is the key player in state policy related to publishing issues and was best positioned to negotiate with Google.

    For tech writer Brian Merchant, the deal “represents a huge missed opportunity to meaningfully claw back some of the power that tech monopolies like Google and Facebook have solidified over our information ecosystem.”

    Merchant is a former columnist for The Times and author of “Blood in the Machine,” which chronicles the 19th century Luddite movement and traces it to the growing pushback on Big Tech today (he also writes a newsletter by the same name).

    He pinned the fate of Wicks’ bill on Newsom’s “cold political calculus.”

    “Google is a major power broker in Silicon Valley and in California, and Gavin Newsom did not want to pick a fight with them at this point in time,” Merchant said. “He would rather not alienate … Silicon Valley and its prospective donor base than come out swinging to try to save California’s news industry.”
    A protester holds a picket sign
    Members of the community fill De La Guerra Plaza in front of the Santa Barbara News-Press newspaper’s office during a rally on July 18, 2006. The Pulitzer Prize-winning Santa Barbara News-Press, one of California’s oldest newspapers, ceased publishing after its owner declared the 150-year-old publication bankrupt.
    (Michael A. Mariant / Associated Press)

    What will this mean for the state’s struggling newsrooms?

    The deal still needs to be approved by the state legislature and there are a lot of unknowns — including how much money each news publication would receive through the distribution formula outlined in the deal.

    Wicks called the agreement “a down payment” and expressed hope that it represents “the floor, not the ceiling” in an ongoing effort to get Big Tech to pay news publishers their fair share.

    But Merchant believes the “toothless deal” won’t achieve anything meaningful, other than “continuing the race to the bottom that these tech companies set in motion.”

    “Google is going to continue to capture an outsized share of the ad market, buffeted by the work that human creators produce,” he said. “It will put more AI in play that could potentially serve as a direct competitor to some of the remaining journalists out there, lowering the quality of actual human-collected news.”

    This all comes as the industry continues a decades-long decline, with fewer reporters in hollowed-out newsrooms as subscriptions and web traffic dip. When communities don’t have rigorous news media keeping tabs on people with power, corruption and misinformation can flourish. Residents — often marginalized to begin with — are the ones who pay the price.

    The best way to support the local journalism that you value is with a paid subscription or donation. Maybe that’s The Times or maybe it’s one of the hundreds of other print and digital publications across the state that help you understand the challenges and triumphs of your community and the forces that shape it.

    #Journalisme #Californie #Google #Financement #Publicité

  • Why California Is Considering Banning Food Dyes in Schools - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/08/26/well/eat/food-dye-california-ban.html

    For decades, researchers have been trying to answer a hotly contested question: Do the synthetic dyes used to add vibrant colors to foods like certain breakfast cereals, candies, snacks and baked goods cause behavioral issues in children?

    A bill before the California Senate, which is expected to come to a vote this week, has reignited the debate. If passed, it would prohibit K-12 public schools in California from offering foods containing six dyes — Blue No. 1, Blue No. 2, Green No. 3, Yellow No. 5, Yellow No. 6 and Red No. 40.

    Between 1963 and 1987, the Food and Drug Administration approved nine synthetic dyes to be used in foods in the United States, and the agency maintains that they are safe.

    Yet some studies have raised concerns that they may have an effect on some children’s behavior.
    What the Research Suggests

    In the 1970s, a pediatric allergist from California caught the attention of physicians and parents when he suggested that a diet without artificial food colors, flavors and preservatives could help treat the majority of children with A.D.H.D.

    That was an enthusiastic but exaggerated claim, said Dr. L. Eugene Arnold, a professor emeritus of psychiatry and behavioral health at the Ohio State University College of Medicine. Ensuing research from the 1980s “pretty much debunked” the idea that strict elimination diets were helpful for treating A.D.H.D., he said, so many physicians concluded that they were ineffective.

    But scientists continued conducting trials on one element of the elimination diets — synthetic food dyes — during the next decades.

    #Colorants #Santé #Californie #Troubles_attention #Controverse_scientifique

  • California’s forest carbon offsets buffer pool is severely undercapitalized

    California operates a large forest carbon offsets program that credits carbon stored in forests across the continental United States and parts of coastal Alaska. These credits can be sold to buyers who wish to justify ongoing emissions, including in California’s cap-and-trade program. Although fossil CO2 emissions have effectively permanent atmospheric consequences, carbon stored in forests is inherently less durable because forests are subject to significant socioeconomic and physical risks that can cause temporarily stored carbon to be re-released into the atmosphere. To address these risks, California’s program is nominally designed to provide a 100-year guarantee on forest carbon claims based on a self-insurance program known as a buffer pool. Projects contribute credits to the buffer pool based on a suite of project-specific risk factors, with buffer pool credits retired as needed to cover carbon losses from events such as wildfire or drought. So long as the buffer pool remains solvent, the program’s permanence claim remains intact. Here, we perform an actuarial analysis of the performance of California’s buffer pool. We document how wildfires have depleted nearly one-fifth of the total buffer pool in less than a decade, equivalent to at least 95 percent of the program-wide contribution intended to manage all fire risks for 100 years. We also show that potential carbon losses from a single forest disease, sudden oak death, could fully encumber all credits set aside for disease and insect risks. These findings indicate that California’s buffer pool is severely undercapitalized and therefore unlikely to be able to guarantee the environmental integrity of California’s forest offsets program for 100 years.

    https://www.frontiersin.org/journals/forests-and-global-change/articles/10.3389/ffgc.2022.930426/full

    #forêt #Californie #feu_de_forêt #incendie #crédits_carbone #buffer_pool #zone_tampon #USA #Etats-Unis

    • Offsets on fire

      UP IN SMOKE: The Park Fire blazing near Chico, California — now the fourth largest in state history — has burned 400,000 acres and destroyed some 640 structures.

      About 43,000 of those acres are forests that were supposed to stay intact for at least 100 years under California’s carbon offset program, says the nonprofit research group CarbonPlan.

      That’s a problem for California’s climate goals because companies are relying on carbon to stay in those trees. When the trees burn, they release the CO2 that companies paid to trap in lieu of reducing their own emissions under the state’s cap-and-trade program.

      The last two years were more quiet on the fire front, but this year, after wet winters fueled vegetation growth that’s turned into kindling in a hot, dry summer, fires are rearing their head.

      “This is a wild summer for this,” said William Anderegg, a professor at the University of Utah who researches forest carbon offsets and buffer pools. “This is feeling a lot like those very big fire years from two, three years ago.”

      The four offset parcels burning in the Park Fire belong to Sierra Pacific Industries, the second largest lumber company in the U.S. They were enrolled to sell credits under cap-and-trade with the promise that they would be protected for 100 years to substitute for refineries, factories and other big emitters reducing their own greenhouse gas emissions. At the moment, one of the parcels, where an oil refiner and an energy trading company tapped 2,700 tons worth of credits to meet their cap-and-trade obligations in 2022, is roughly 20 percent burned.

      California regulators thought of this when they designed their offset program. They created an extra pool of credits that forest project developers have to deposit some credits into — roughly a 10 to 20 percent margin — in order to serve as insurance against fires and other destruction.

      But as fires keep destroying offset projects, there are serious questions about whether the buffer pool is big enough.

      “There is a lot of evidence that California’s buffer pool is not big enough,” said Grayson Badgley, a research scientist with CarbonPlan, who in 2022 published a report showing that wildfires over the past decade had already depleted one-fifth of the buffer pool, and almost all of the buffer pool set aside for fire risk, which is meant to last a century.

      “It is not ready to deal with a warmer future where fires are more frequent and more intense, and that’s what we’re seeing across North America, especially in the American West,” he said.
      A map shows burned areas overlapping with carbon offset projects in the footprint of the Park Fire.

      https://www.politico.com/dims4/default/92126b3/2147483647/resize/762x/quality/90/?url=https%3A%2F%2Fstatic.politico.com%2F94%2Fb3%2Fff3326cb43f6b3813b596fd

      These aren’t the only forests in California’s offset program that are going up in smoke right now.

      In Washington State, a complex of fires, now mostly contained, just burned through 17,000 acres of a project on the Colville Indian Reservation, one of the largest sellers of carbon credits under the California cap-and-trade program. A project run by the Mescalero Apache Tribe in New Mexico that has sold over a million credits to Chevron lost about 13,000 acres, roughly six percent of its project area, to this summer’s Salt and South Fork fires.

      This also isn’t the first time the California Air Resources Board has had to deal with these threats to the carbon credits in its program, which mostly come from forests.

      The summers of 2020 and 2021 saw a spate of fires burn through compliance forests, including the Bootleg Fire, which wiped out 3.3 million tons of carbon dioxide from Green Diamond Resources Corporation land in Oregon and required CARB to retire more than 1.1 million credits from the buffer pool. The fires currently ablaze on the Colville Indian Reservation, in Washington, mark the fourth year the project has burned since 2015; in 2020 and 2021, fires wiped out over 3.7 million credits.

      It could take up to two years for state regulators to calculate the carbon losses from this year’s fires and decide how much to tap from the buffer pool. A lot depends on how severe the fires are that burn through the forests, and whether or not they burn along the ground or jump into the canopy and destroy whole trees.

      “This all just further underscores how vulnerable these [offsets] are to climate risks and how crucial it is to have an adequate buffer pool,” he said.

      CARB, which is currently revising its cap-and-trade program to make it more stringent, has said it doesn’t plan to update its forest offset protocol or reassess the risk of wildfires this time around.

      “Our regulation has provisions to address any impacts of wildfires on compliance forestry offset projects,” said spokesperson David Clegern.

      But the agency has said it’s interested in revisiting how it calculates the risk of losing forest credits to wildfire and last year contracted researchers to develop new risk assessments for use in the next protocol. CARB says they have nothing to share yet from the research. — BB

      https://www.politico.com/newsletters/california-climate/2024/08/06/offsets-on-fire-00172970

  • Surf Nazis Must Die (1987)
    https://www.youtube.com/watch?v=d32G8o6qnJ8


    Film entier en HD et VO. Avec le beau temps de retour il était temps de nous rappeller que les #nazi_surfer guettent leur proie sur les plages.

    Les nuls de chez les nuls.


    Elle veut more franklins mails elle est trop nulle pour se maquiller d’une croix gammée sérieuse ... #LOL

    https://en.m.wikipedia.org/wiki/Surf_Nazis_Must_Die

    Surf Nazis Must Die is a 1987 American post-apocalyptic exploitation action film directed by Peter George, and starring Gail Neely, Barry Brenner and Robert Harden. It was produced by The Institute, a production company formed by George, Craig A. Colton and Robert Tinnell, and distributed by Troma Entertainment, a company known for low-budget exploitation films.

    L’histoire promet ...

    An earthquake leaves the California coastline in ruins and reduces the beaches to a state of chaos. A group of neo-Nazis led by Adolf (Brenner), the self-proclaimed “Führer of the new beach”, takes advantage of the resulting chaos by fighting off several rival surfer gangs to seize control of the beaches.

    Meanwhile, an African American oil well worker named Leroy (Harden) is killed by the surf Nazis while jogging on the beach. Leroy’s mother, “Mama” Washington (Neely), devastated by the loss of her son, vows revenge. After arming herself with a handgun and grenades, she breaks out of her retirement home and exacts vengeance on the Surf Nazis.

    La bande d’annonce
    https://seenthis.net/messages/81000#message81005 (2012) @arno
    https://seenthis.net/messages/314382 (2014) @klaus
    https://seenthis.net/messages/416220 (2015) @supergeante

    #merci @baroug pour les #nazisharks

    #nanar #nazis #Californie