• Au #Cambodge, un important projet de #compensation #carbone viole les droits d’un #peuple_autochtone | Mediapart

    https://www.mediapart.fr/journal/international/290224/au-cambodge-un-important-projet-de-compensation-carbone-viole-les-droits-d

    Human Rights Watch a enquêté dans une réserve forestière créée pour vendre sur les marchés le carbone stocké par ses arbres. Des communautés chong ont été expulsées de leurs terres et ne bénéficient pas des retombées financières du projet, révèle l’ONG.

    Mickaël Correia

    29 février 2024 à 08h07

    C’est une #forêt tropicale étalée sur près d’un demi-million d’hectares. Dans le sud du #Cambodge, le massif des #Cardamomes est l’un des trente-six « points chauds » de la #biodiversité mondiale et renferme une soixantaine d’espèces menacées, comme l’éléphant d’Asie, l’ours malais ou la panthère nébuleuse.

    Depuis janvier 2015, le gouvernement cambodgien et l’organisme de conservation Wildlife Alliance (créé par l’Américaine Suwanna Gauntlett, héritière du géant pharmaceutique Upjohn) ont décidé de protéger cette vaste zone forestière grâce à la compensation carbone.

    Sous l’égide d’un mécanisme onusien lancé en 2008 et nommé REDD+ (Réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts), l’objectif est de mettre en vente, sur le marché international, des crédits carbone en échange de la protection de cet espace forestier. En somme, une entreprise, pour compenser ses émissions de CO2, peut acheter du carbone stocké par les arbres de la forêt des Cardamomes. La firme peut ensuite déduire ce CO2 de son bilan carbone.

    Baptisé Southern Cardamom #REDD+, ce projet de compensation carbone, considéré comme l’un des plus importants au monde, a fait l’objet d’une enquête de deux ans menée par Human Rights Watch (#HRW). Dans un volumineux rapport qu’elle publie jeudi 29 février, l’organisation dévoile que le projet a été mis en œuvre au détriment des communautés autochtones chong qui vivent dans la région depuis des siècles.

    Human Rights Watch a recueilli de nombreux témoignages qui démontrent que ce projet de #compensation_carbone a démarré deux ans et demi avant qu’ait été demandé « le consentement préalable, libre et éclairé » des familles chong. Par ailleurs, plusieurs habitants chong de ce territoire ont rapporté des faits d’expulsion et d’arrestation par la police cambodgienne pour avoir pratiqué l’agriculture sur leurs propres terres, ou prélevé des produits forestiers traditionnels tels que de la résine d’arbre.

  • Alonso Gurmendi :
    https://threadreaderapp.com/thread/1745927363806834811.html

    I think it’s important to situate the Genocide Convention and South Africa’s case within socio-legal context in which they operate. I think it will help explain the dissonance between people’s excitement at South Africa’s arguments and my more cautious view🧵

    […]

    To be clear: this is not bc ICJ Judges are just realpolitik agents of their states. They are serious competent jurists. But they do operate within the socio-legal context of an int’l law that conceives genocide a “once in a lifetime” crime that ought to be very difficult to prove

    • @biggrizzly Je ne le lis pas comme ça, plutôt le contraire. Il rappelle que la convention contre le génocide a été écrite en 1948, c’est-à-dire à une époque où les « occidentaux » veulent donner l’apparence d’interdire l’holocauste, tout en évitant de se rendre immédiatement coupables parce qu’ils continuent à pratiquer, très officiellement, la colonisation et la ségrégation raciale :

      This is bc when the term “genocide” was created states were careful to make sure it would cover the Holocaust (and now Rwanda), but not Jim Crow, and not colonialism in Africa, etc. Only the most obvious genocides could be genocide, not my national mythos!

      Il ne dit donc pas qu’il n’y a pas génocide dans le cas présent, il dit que c’est difficile à « démontrer » dans un cadre légal qui a été défini par des gens qui pratiquaient eux-mêmes des formes génocidaires (colonialisme, déplacements de population, ségrégation…).

    • Je fais partie des personnes qui pensent que vouloir à tout prix coller le mot génocide sur ce qui relève du massacre à relativement petite échelle, bien que la volonté de faire disparaître soit manifeste, c’est effectivement contre productif. Faire juger le crime contre l’humanité et le crime de guerre, ce serait déjà pas mal. Ceci dit la jurisprudence récente est en faveur de l’accusation actuelle. Ne reste qu’à attendre de voir si les juges souhaitent déjà annuler cette jurisprudence...

    • Plus d’une vingtaine de rapporteurs de l’organisation des Nations unies (ONU) s’inquiètent d’« un génocide en cours » à Gaza. Est-ce que vous employez ce terme ?

      Il y a deux sens au terme de « génocide ». Il y a le #génocide tel que défini par l’avocat polonais Raphael Lemkin en 1948, la seule définition juridique existante, aujourd’hui intégrée au protocole de Rome créant la #CPI [Cour pénale internationale – ndlr]. Lemkin a été obligé, pour que ce soit voté par les Soviétiques et par le bloc de l’Est, d’éliminer les causes politiques du génocide – massacrer des gens dans le but de détruire une classe sociale –, parce qu’il aurait fallu reconnaître le massacre des koulaks par les Soviétiques.

      La définition de Lemkin implique que ceux qui commettent un génocide appartiennent à un autre peuple que celui des victimes. D’où le problème aussi qu’on a eu avec le #Cambodge, qu’on ne pouvait pas appeler un génocide parce que c’étaient des Cambodgiens qui avaient tué des Cambodgiens. Là, on est dans une définition étroite. C’était le prix à payer pour obtenir un accord entre les deux Blocs dans le contexte du début de la #guerre_froide.

      Vous avez ensuite une définition plus large du terme, celui d’une destruction massive et intentionnelle de populations quelles qu’en soient les motivations.

      Il existe donc deux choses distinctes : la première, ce sont les actes, et la seconde, c’est l’intention qui est derrière ces actes. Ainsi le tribunal international pour l’ex-Yougoslavie a posé la différence entre les nettoyages ethniques dont la motivation n’est pas génocidaire parce que l’#extermination n’était pas recherchée, même si le nombre de victimes était important, et les actes de génocide comme celui de Srebrenica, où l’intention était claire.

      On voit ainsi que le nombre de victimes est secondaire. Pour Srebrenica, il est de l’ordre de 8 000 personnes.

      L’inconvénient de cette #logique_judiciaire est de conduire à une casuistique de l’intentionnalité, ce qui ne change rien pour les victimes.

      Au moment où nous parlons, le nombre de victimes dans la bande de #Gaza est supérieur à celui de Srebrenica. On a, semble-t-il, dépassé la proportion de 0,5 % de la population totale. Si on compare avec la France, cela donnerait 350 000 morts.

      Le discours israélien évoque des victimes collatérales et des boucliers humains. Mais de nombreux responsables israéliens tiennent des discours qui peuvent être qualifiés de génocidaires. L’effondrement des conditions sanitaires et l’absence même de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse avec des controverses à n’en plus finir sur les intentionnalités.

      Henry Laurens : « On est sur la voie d’un processus de destruction de masse » à Gaza, entretien avec Rachida El Azzouzi (Mediapart, 19 novembre 2023, https://seenthis.net/messages/1028271).

      –—

      Du même historien (chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France), je vous conseille vivement cette conférence de 2h :
      https://www.youtube.com/live/lMZAGlZcNo0?si=7hZuI3YREkiMsEId

  • #Violences et fabrique de la #subalternité_foncière à #Sihanoukville, Cambodge

    Depuis le milieu des années 2010, la ville de Sihanoukville au Cambodge, principal #port du pays et petit centre de villégiature, fait l’objet d’un #développement_urbain éclair porté par la construction de nouvelles infrastructures de transport et de zones logistiques, de casinos (plus de 150 nouveaux casinos depuis 2015) et la mise en place de #mégaprojets_immobiliers à vocation touristique qui nourrissent une #spéculation_foncière galopante. Ces transformations territoriales sont notamment le fruit d’une coopération technique, politique et économique entre le Cambodge et la #Chine au nom de la #Belt_and_Road_Initiative, la nouvelle politique étrangère globale chinoise lancée en 2013 par #Xi_Jinping. Pour le gouvernement cambodgien, Sihanoukville et sa région doivent devenir, au cours de la prochaine décennie, la seconde plateforme économique, logistique et industrielle du pays après Phnom Penh, la capitale (Royal Government of Cambodia, 2015). Ce développement urbain très rapide a entraîné une évolution concomitante des logiques d’échange et de valorisation des #ressources_foncières. Comme le relève régulièrement la presse internationale, il nourrit d’importants #conflits_fonciers, souvent violents, dont pâtissent en premier lieu les habitants les plus pauvres.

    Cette recherche veut comprendre la place et le rôle de la violence dans le déploiement des mécanismes d’#exclusion_foncière à Sihanoukville. Pour reprendre les mots de Fernand Braudel (2013 [1963]), alors que ces #conflits_fonciers semblent surgir de manière « précipitée », notre recherche montre qu’ils s’inscrivent aussi dans les « pas lents » des relations foncières et de la fabrique du territoire urbain. Dans ce contexte, le jaillissement des tensions foncières convoque des temporalités et des échelles variées dont la prise en compte permet de mieux penser le rôle de la violence dans la production de l’espace.

    Les processus d’exclusion foncière au Cambodge s’inscrivent dans une trajectoire historique particulière. Le #génocide et l’#urbicide [1] #khmers_rouges entre 1975 et 1979, l’abolition de la #propriété_privée entre 1975 et 1989 et la #libéralisation très rapide de l’économie du pays à partir des années 1990 ont posé les jalons de rapports fonciers particulièrement conflictuels, tant dans les espaces ruraux qu’urbains (Blot, 2013 ; Fauveaud, 2015 ; Loughlin et Milne, 2021). Ainsi, l’#appropriation, l’#accaparement et la #valorisation des ressources foncières au Cambodge, et en Asie du Sud-Est en général, s’accompagnent d’une importante « #violence_foncière » tant physique (évictions et répression) que sociale (précarisation des plus pauvres, exclusion sociale), politique (criminalisation et dépossession des droits juridiques) et économique (dépossession des biens fonciers et précarisation).

    Cet article souhaite ainsi proposer une lecture transversale de la violence associée aux enjeux fonciers. Si la notion de violence traverse la littérature académique portant sur les logiques d’exclusion foncière en Asie du Sud-Est (Hall, Hirsch et Li, 2011 ; Harms, 2016) ou dans le Sud global plus généralement (Peluso et Lund, 2011 ; Zoomers, 2010), peu de recherches la placent au cœur de leurs analyses, malgré quelques exceptions (sur le Cambodge, voir notamment Springer, 2015). Par ailleurs, la violence est souvent étudiée en fonction d’ancrages théoriques fragmentés. Ceux-ci restent très divisés entre : 1) des travaux centrés sur le rôle de l’État et des systèmes de régulation (notamment économiques) dans le déploiement de la violence foncière (Hall, 2011 ; Springer, 2013) ; 2) des analyses politico-économiques des formes de dépossession liées aux modes de privatisation du foncier, à la propriété et à l’accumulation du capital, parfois resituées dans une lecture historique des sociétés coloniales et postcoloniales (voir par exemple Rhoads, 2018) ; 3) des approches considérant la violence comme stratégie ou outil mobilisés dans la réalisation de l’accaparement foncier et la répression des mouvements sociaux (voir par exemple Leitner and Sheppard, 2018) ; 4) des analyses plus ontologiques explorant les processus corporels, émotionnels et identitaires (comme le genre) qui découlent des violences foncières ou conditionnent les mobilisations sociales (voir par exemple Brickell, 2014 ; Schoenberger et Beban, 2018).

    Malgré la diversité de ces approches, la notion de violence reste principalement attachée au processus de #dépossession_foncière, tout en étant analysée à une échelle temporelle courte, centrée sur le moment de l’#éviction proprement dit. Dans cet article et à la suite de Marina Kolovou Kouri et al. (2021), nous défendons au contraire une approche multidimensionnelle des violences foncières analysées à des échelles temporelles et spatiales variées. Une telle transversalité semble indispensable pour mieux saisir les différentes forces qui participent de la construction des violences et de l’exclusion foncières. En effet, si les conflits fonciers sont traversés par diverses formes de violences, celles-ci ne découlent pas automatiquement d’eux et sont également déterminées par le contexte social, économique et politique qui leur sert de moule. Ces violences restent ainsi attachées aux différents #rapports_de_domination qui organisent les #rapports_sociaux en général (Bourdieu, 2018 [1972]), tout en représentant une forme d’#oppression à part entière participant des #inégalités et #injustices sociales sur le temps long (Young, 2011).

    Nous voyons, dans cet article, comment des formes de violence variées structurent les rapports de pouvoir qui se jouent dans l’appropriation et la valorisation des ressources foncières, ainsi que dans la régulation des rapports fonciers. Nous montrons que ces violences servent non seulement d’instrument d’oppression envers certains groupes de populations considérés comme « indésirables », mais aussi qu’elles les maintiennent dans ce que nous nommons une « subalternité foncière ». En prenant appui sur Chakravorty Spivak Gayatri (2005) et Ananya Roy (2011), nous définissons cette dernière comme la mise en place, sur le temps long et par la violence, d’une oppression systémique des citadins les plus pauvres par leur #invisibilisation, leur #criminalisation et l’#informalisation constante de leurs modes d’occupations de l’espace. La #subalternité foncière représente en ce sens une forme d’oppression dont la violence est l’un des dispositifs centraux.

    Cet article s’appuie sur des recherches ethnographiques menées à Phnom Penh et à Sihanoukville, entre 2019 et 2021. Elles comprennent un important travail d’observation, la collecte et l’analyse de documents officiels, de rapports techniques, d’articles de presse et de discours politiques, ainsi que la réalisation de près de soixante-dix entretiens semi-directifs (effectués en khmer principalement, parfois en mandarin, et retranscrits en anglais) auprès d’habitants de Sihanoukville, de représentants territoriaux locaux, d’experts et de membres de groupes criminels. Dans ce texte, le codage des entretiens suit la dénomination suivante : « OF » désigne les employés publics, « EX » des experts ayant une connaissance privilégiée du sujet, « RE » les résidents des zones d’habitat précaire et « F » les acteurs de la criminalité ; le numéro qui suit la lettre est aléatoire et sert à distinguer les personnes ayant répondu à l’enquête ; vient ensuite l’année de réalisation de l’entretien. De nombreux entretiens avec les habitants ont été conduits en groupe.

    https://www.jssj.org/article/violences-et-fabrique-de-la-subalternite-fonciere

    #foncier #Cambodge #Chine #violence

  • Henry Laurens : « On est sur la voie d’un processus de destruction de masse » à Gaza, entretien avec Rachida El Azzouzi (19 novembre 2023).

    Pour l’historien, spécialiste de la Palestine, professeur au collège de France, « l’effondrement des conditions sanitaires et l’absence de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse » dans la bande de Gaza.

    L’historien et universitaire Henry Laurens est l’un des plus grands spécialistes du #Moyen-Orient. Professeur au Collège de France où il est titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du #monde_arabe, il a mis la question palestinienne au cœur de son travail. Il est l’auteur de très nombreux livres dont cinq tomes sans équivalent publiés entre 1999 et 2015, consacrés à La question de Palestine (Fayard).
    Dans un entretien à Mediapart, il éclaire de sa connaissance l’exceptionnalité du conflit israélo-palestinien et le « corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer » dans lesquels les deux peuples sont pris depuis des décennies. Il dit son pessimisme quant à la résolution du conflit qui peut durer « des siècles » : « Vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. Aujourd’hui, ils sont 500 000 dont quelques dizaines de milliers qui sont des colons ultrareligieux et armés. »

    Plus d’une vingtaine de rapporteurs de l’organisation des Nations unies (ONU) s’inquiètent d’« un génocide en cours » à Gaza. Est-ce que vous employez ce terme ?

    Il y a deux sens au terme de « génocide ». Il y a le #génocide tel que défini par l’avocat polonais Raphael Lemkin en 1948, la seule définition juridique existante, aujourd’hui intégrée au protocole de Rome créant la #CPI [Cour pénale internationale – ndlr]. Lemkin a été obligé, pour que ce soit voté par les Soviétiques et par le bloc de l’Est, d’éliminer les causes politiques du génocide – massacrer des gens dans le but de détruire une classe sociale –, parce qu’il aurait fallu reconnaître le massacre des koulaks par les Soviétiques.

    La définition de Lemkin implique que ceux qui commettent un génocide appartiennent à un autre peuple que celui des victimes. D’où le problème aussi qu’on a eu avec le #Cambodge, qu’on ne pouvait pas appeler un génocide parce que c’étaient des Cambodgiens qui avaient tué des Cambodgiens. Là, on est dans une définition étroite. C’était le prix à payer pour obtenir un accord entre les deux Blocs dans le contexte du début de la #guerre_froide.

    Vous avez ensuite une définition plus large du terme, celui d’une destruction massive et intentionnelle de populations quelles qu’en soient les motivations.

    Il existe donc deux choses distinctes : la première, ce sont les actes, et la seconde, c’est l’intention qui est derrière ces actes. Ainsi le tribunal international pour l’ex-Yougoslavie a posé la différence entre les nettoyages ethniques dont la motivation n’est pas génocidaire parce que l’#extermination n’était pas recherchée, même si le nombre de victimes était important, et les actes de génocide comme celui de Srebrenica, où l’intention était claire.

    On voit ainsi que le nombre de victimes est secondaire. Pour Srebrenica, il est de l’ordre de 8 000 personnes.

    L’inconvénient de cette #logique_judiciaire est de conduire à une casuistique de l’intentionnalité, ce qui ne change rien pour les victimes. 

    Au moment où nous parlons, le nombre de victimes dans la bande de #Gaza est supérieur à celui de Srebrenica. On a, semble-t-il, dépassé la proportion de 0,5 % de la population totale. Si on compare avec la France, cela donnerait 350 000 morts.

    Le discours israélien évoque des victimes collatérales et des boucliers humains. Mais de nombreux responsables israéliens tiennent des discours qui peuvent être qualifiés de génocidaires. L’effondrement des conditions sanitaires et l’absence même de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse avec des controverses à n’en plus finir sur les intentionnalités. 

    La solution à deux États n’est plus possible.

    La crainte d’une seconde « #Nakba » (catastrophe), en référence à l’exil massif et forcé à l’issue de la guerre israélo-arabe de 1948, hante les #Palestiniens. Peut-on faire le parallèle avec cette période ?

    La Nakba peut être considérée comme un #nettoyage_ethnique, en particulier dans les régions autour de l’actuelle bande de Gaza où l’#intentionnalité d’expulsion est certaine. Des responsables israéliens appellent aujourd’hui à une #expulsion de masse. C’est d’ailleurs pour cela que l’Égypte et la Jordanie ont fermé leurs frontières.

    Dans l’affaire actuelle, les démons du passé hantent les acteurs. Les juifs voient dans le 7 octobre une réitération de la Shoah et les Palestiniens dans les événements suivants celle de la Nakba.

    Faut-il craindre une annexion de la bande de Gaza par Israël avec des militaires mais aussi des colons ?

    En fait, personne ne connaît la suite des événements. On ne voit personne de volontaire pour prendre la gestion de la bande de Gaza. Certains responsables israéliens parlent de « dénazification » et il y a une dimension de vengeance dans les actes israéliens actuels. Mais les vengeances n’engendrent que des cycles permanents de violence.

    Quelle est votre analyse des atrocités commises le 7 octobre 2023 par le Hamas ?

    Elles constituent un changement considérable, parce que la position de l’État d’Israël est profondément modifiée au moins sur deux plans : premièrement, le pays a subi une invasion pour quelques heures de son territoire, ce qui n’est pas arrivé depuis sa création ; deuxièmement, le 7 octobre marque l’échec du projet sioniste tel qu’il a été institué après la Seconde Guerre mondiale, un endroit dans le monde où les juifs seraient en position de sécurité. Aujourd’hui, non seulement l’État d’Israël est en danger, mais il met en danger les diasporas qui, dans le monde occidental, se trouvent menacées ou, en tout cas, éprouvent un sentiment de peur.

    Le dernier tome de votre série consacrée à « La question de Palestine » (Fayard) était intitulé « La paix impossible » et courait sur la période 1982-2001. Vous étiez déjà très pessimiste quant à la résolution de ce conflit, mais aussi concernant l’avenir de la région, comme si elle était condamnée à demeurer cette poudrière. Est-ce que vous êtes encore plus pessimiste aujourd’hui ? Ou est-ce que le #conflit_israélo-palestinien vous apparaît soluble, et si oui, quelle issue apercevez-vous ?

    La réelle solution théorique serait d’arriver à un système de gestion commune et équitable de l’ensemble du territoire. Mais un État unitaire est difficile à concevoir puisque les deux peuples ont maintenant plus d’un siècle d’affrontements.

    Qu’en est-il de la solution à deux États, dont le principe a été adopté en 1947 par l’ONU, après la fin du mandat britannique ? Est-elle possible ?

    La solution à deux États n’est plus possible dès lors que vous avez 500 000 colons, dont quelques dizaines de milliers qui sont des #colons ultrareligieux et armés. Vous avez une violence quotidienne en #Cisjordanie. La sécurité des colons ne peut se fonder que sur l’insécurité des Palestiniens. Et l’insécurité des Palestiniens provoque la violence qui engendre l’insécurité des colons.

    C’est un cercle vicieux et vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette #décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. On pouvait, sans trop de dégâts, faire une décolonisation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. 

    Aujourd’hui, nous sommes dans une position de domination, et cette solution peut prendre des siècles parce qu’il y a l’exceptionnalité juive qui crée une exceptionnalité israélienne qui elle-même crée une exceptionnalité palestinienne. C’est-à-dire que sans être péjoratif, les Palestiniens deviennent des juifs bis.

    Qu’entendez-vous par là ?

    Nous sommes depuis le 7 octobre devant un grand nombre de victimes. Mais ces dernières années, nous en avons eu bien plus en Irak, en Syrie, au Soudan et en Éthiopie. Cela n’a pas provoqué l’émoi mondial que nous connaissons aujourd’hui. L’émotion a été suscitée parce que les victimes étaient juives, puis elle s’est déplacée sur les victimes palestiniennes. Les deux peuples sont dans un corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer.

    Les années 1990 ont été marquées par les accords d’Oslo en 1993. Relèvent-ils du mirage aujourd’hui ?
     
    Non, on pouvait gérer une décolonisation. Mais déjà à la fin des accords d’Oslo, il n’y a pas eu décolonisation mais doublement de la #colonisation sous le gouvernement socialiste et ensuite sous le premier gouvernement Nétanyahou. Ce sont l’occupation, la colonisation, qui ont amené l’échec des processus. Il n’existe pas d’occupation, de colonisation pacifique et démocratique.

    Aujourd’hui, c’est infiniment plus difficile à l’aune de la violence, des passions, des derniers événements, des chocs identitaires, de la #haine tout simplement. Qui plus est, depuis une trentaine d’années, vous avez une évolution commune vers une vision religieuse et extrémiste, aussi bien chez les juifs que chez les Palestiniens.

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre.

    Vous voulez dire que le conflit territorial est devenu un conflit religieux ?

    Il a toujours été religieux. Dès l’origine, le mouvement sioniste ne pouvait fonctionner qu’en utilisant des références religieuses, même si ses patrons étaient laïcs. La blague de l’époque disait que les sionistes ne croyaient pas en Dieu mais croyaient que Dieu leur avait promis la Terre promise.

    Le projet sioniste, même s’il se présentait comme un mouvement de sauvetage du peuple juif, ne pouvait fonctionner qu’en manipulant les affects. Il était de nature religieuse puisqu’il renvoyait à la Terre sainte. Vous avez une myriade d’endroits qui sont des #symboles_religieux, mais qui sont aussi des #symboles_nationaux, aussi bien pour les #juifs que pour les #musulmans : l’esplanade des Mosquées, le tombeau des Patriarches, le mur des Lamentations. Et puis il y a les gens qui se sentent mandatés par Dieu.

    De même, les musulmans ont cherché des alliés en jouant sur la solidarité islamique. Dès les années 1930, la défense de la mosquée Al-Aqsa est devenue un thème fédérateur.

    Pourquoi est-il devenu difficile d’invoquer une lecture coloniale du conflit depuis les massacres du Hamas du 7 octobre ?

    Le sionisme est à l’origine un corps étranger dans la région. Pour arriver à ses fins, il a eu besoin d’un soutien européen avant 1914, puis britannique et finalement américain. Israël s’est posé comme citadelle de l’#Occident dans la région et conserve le #discours_colonial de la supériorité civilisatrice et démocratique. Cet anachronisme est douloureusement ressenti par les autres parties prenantes.

    Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les responsables sionistes n’hésitaient pas à se comparer à la colonisation britannique en Afrique noire avec la nécessité de mater les protestations indigènes. 

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre. La constitution de l’État juif impliquait un « transfert » de la population arabe à l’extérieur, terme poli pour « expulsion ». La #confiscation des #terres détenues par les Arabes en est le corollaire. Les régions où ont eu lieu les atrocités du 7 octobre étaient peuplées d’Arabes qui ont été expulsés en 1948-1950.

    Dire cela, c’est se faire accuser de trouver des excuses au terrorisme. Dès que vous essayez de donner des éléments de compréhension, vous vous confrontez à l’accusation : « Comprendre, c’est excuser. » Il faut bien admettre que le #Hamas dans la bande de Gaza recrute majoritairement chez les descendants des expulsés. Cela ne veut pas dire approuver ce qui s’est passé.

    Le slogan « From the river to the sea, Palestine will be free » (« De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ») utilisé par les soutiens de la Palestine fait polémique. Est-ce vouloir rayer de la carte Israël ou une revendication légitime d’un État palestinien ?

    Il a été utilisé par les deux parties et dans le même sens. Les mouvements sionistes, en particulier la droite sioniste, ont toujours dit que cette terre devait être juive et israélienne au moins jusqu’au fleuve. Le parti de l’ancêtre du Likoud voulait même annexer l’ensemble de la Jordanie.

    Chez certains Palestiniens, on a une vision soft qui consiste à dire que « si nous réclamons un État palestinien réunissant la bande de Gaza et la Cisjordanie, nous considérons l’ensemble de la terre comme la Palestine historique, comme partie de notre histoire, mais nous ne la revendiquons pas dans sa totalité ».

    Israël depuis sa fondation n’a pas de #frontières définies internationalement. Il a toujours revendiqué la totalité de la Palestine mandataire, voire plus. Il a ainsi rejeté l’avis de la Cour internationale de justice qui faisait des lignes d’armistice de 1949 ses frontières permanentes.

    Cette indétermination se retrouve de l’autre côté. La libération de la Palestine renvoie à la totalité du territoire. D’autres exigeaient la carte du plan de partage de 1947. Pour l’Organisation de libération de la Palestine (#OLP), faire l’#État_palestinien sur les territoires occupés en 1968 était la concession ultime.

    Les Arabes en général ont reçu sans grand problème les réfugiés arméniens durant la Grande Guerre et les années suivantes. Ces Arméniens ont pu conserver l’essentiel de leur culture. Mais il n’y avait pas de question politique. Il n’était pas question de créer un État arménien au Levant.

    Dès le départ, les Arabes de Palestine ont vu dans le projet sioniste une menace de dépossession et d’expulsion. On ne peut pas dire qu’ils ont eu tort…

    Le mouvement islamiste palestinien, le Hamas, classé #terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, est aujourd’hui le principal acteur de la guerre avec Israël…

    Définir l’ennemi comme terroriste, c’est le placer hors la loi. Bien des épisodes de décolonisation ont vu des « terroristes » devenir du jour au lendemain des interlocuteurs valables. 

    Bien sûr, il existe des actes terroristes et les atrocités du 7 octobre le sont. Mais c’est plus une méthodologie qu’une idéologie. C’est une forme de guerre qui s’en prend aux civils selon les définitions les plus courantes. Jamais un terroriste ne s’est défini comme tel. Il se voit comme un combattant légitime et généralement son but est d’être considéré comme tel. Avec l’État islamique et le 7 octobre, on se trouve clairement devant un usage volontaire de la cruauté.

    La rhétorique habituelle est de dire que l’on fait la guerre à un régime politique et non à un peuple. Mais si on n’offre pas une perspective politique à ce peuple, il a le sentiment que c’est lui que l’on a mis hors la loi. Il le voit bien quand on dit « les Israéliens ont le droit de se défendre », mais apparemment pas quand il s’agit de Palestiniens.

    D’aucuns expliquent qu’Israël a favorisé l’ascension du Hamas pour qu’un vrai État palestinien indépendant ne voie jamais le jour au détriment de l’#autorité_palestinienne qui n’administre aujourd’hui plus que la Cisjordanie. Est-ce que le Hamas est le meilleur ennemi des Palestiniens ? 

    Incontestablement, les Israéliens ont favorisé les #Frères_musulmans de la bande de Gaza dans les années 1970 et 1980 pour contrer les activités du #Fatah. De même, après 2007, ils voulaient faire du Hamas un #sous-traitant chargé de la bande de Gaza, comme l’Autorité palestinienne l’est pour la Cisjordanie. 

    Le meilleur moyen de contrer le Hamas est d’offrir aux Palestiniens une vraie perspective politique et non de bonnes paroles et quelques aides économiques qui sont des emplâtres sur des jambes de bois. 

    Quel peut être l’avenir de l’Autorité palestinienne, aujourd’hui déconsidérée ? Et du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, pressé par la base de renouer avec la lutte armée et le Hamas ?

    Le seul acquis de l’Autorité palestinienne, ou plus précisément de l’OLP, c’est sa légitimité diplomatique. Sur le terrain, elle est perçue comme un sous-traitant de l’occupation israélienne incapable de contrer un régime d’occupation de plus en plus dur. Elle est dans l’incapacité de protéger ses administrés. Le risque majeur pour elle est tout simplement de s’effondrer.

    Le Hamas appelle les Palestiniens de Cisjordanie à se soulever. Un soulèvement généralisé des Palestiniens peut-il advenir ?

    En Cisjordanie, on a surtout de petits groupes de jeunes armés totalement désorganisés. Mais la violence et la répression sont devenues quotidiennes et les violences permanentes. À l’extérieur, l’Occident apparaît complice de l’occupation et de la répression israéliennes. L’Iran, la Chine et la Russie en profitent.

    Le premier tome de votre monumentale « Question de Palestine » s’ouvre sur 1799, lorsque l’armée de Napoléon Bonaparte entre en Palestine, il court jusqu’en 1922. Avec cette accroche : l’invention de la Terre sainte. En quoi cette année est-elle fondatrice ?

    En 1799, l’armée de Bonaparte parcourt le littoral palestinien jusqu’à Tyr. En Europe, certains y voient la possibilité de créer un État juif en Palestine. Mais l’ouverture de la Terre sainte aux Occidentaux est aussi l’occasion d’une lutte d’influences entre puissances chrétiennes. 

    Dans le tome 4, « Le rameau d’olivier et le fusil du combattant » (1967-1982), vous revenez sur ce qui a été un conflit israélo-arabe, puis un conflit israélo-palestinien. Est-ce que cela peut le redevenir ?

    Jusqu’en 1948, c’est un conflit israélo-palestinien avant tout. En 1948, cela devient un #conflit_israélo-arabe avec une dimension palestinienne. À partir de la fin des années 1970, la dimension palestinienne redevient essentielle.

    Ben Gourion disait que la victoire du sionisme était d’avoir transformé la question juive en problème arabe. Les derniers événements semblent montrer que le #problème_arabe est en train de redevenir une #question_juive.

    Le rôle des États-Unis a toujours été déterminant dans ce conflit. Que nous dit leur position aujourd’hui ? 

    La question de Palestine est en même temps une question intérieure pour les pays occidentaux du fait de l’histoire de la Shoah et de la colonisation. Il s’y ajoute aux États-Unis une dimension religieuse du fait du biblisme protestant et du « pionniérisme ». Les Palestiniens leur semblent être quelque part entre les Indiens et les Mexicains…

    La « République impériale » vient encore de montrer son impressionnante capacité de projection militaire dans la région, mais aussi son incapacité à obtenir un règlement politique satisfaisant.

    Pourquoi ce conflit déclenche-t-il autant de passions et clive-t-il autant dans le monde entier, où comme en France, le président appelle à « ne pas importer le conflit » ?

    C’est un conflit gorgé d’histoire. La Terre sainte est celle des trois religions monothéistes. Le conflit lui-même porte avec lui la mémoire de la Shoah et de la colonisation, d’où l’extraordinaire position d’exceptionnalité des acteurs.

    Vous avez écrit cinq tomes sur la question de Palestine. Après l’ultime « La Paix impossible », quel pourrait être le sixième ?
     
    Peut-être le retour de la question juive, mais c’est loin d’être une perspective encourageante.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/191123/henry-laurens-est-sur-la-voie-d-un-processus-de-destruction-de-masse-gaza

    #discours_génocidaire #religion (s) #sionisme

  • Ceux qui sont restés là-bas

    « Il aurait fallu rester jusqu’à la fin. Il aurait fallu mourir. Avoir quitté les lieux avant les autres, c’est être coupé de l’Histoire. Je suis entré dans le noir qu’on appelle la #survie. Je n’ai pas vu de mes yeux jusqu’au bout, je n’ai pas payé de ma vie comme les autres. Cependant, si l’enfance détermine tout, alors je suis un enfant des camps. »
    1978. Narang a six ans. Il fuit le Cambodge avec sa mère. Comme une foule d’autres #rescapés, tous deux tentent de rejoindre la Thaïlande. Épuisés par des jours de marche, harassés par la faim et la soif, ils sont parqués dans un #camp à leur arrivée. Cela aurait pu être la fin de leur tragédie. Mais ça ne sera que le début d’une autre. Fulgurante, celle-ci. #Jeanne_Truong restitue avec force et pudeur l’horreur du cauchemar cambodgien. Elle revient sur un épisode méconnu de cette période sanglante. Le récit de Narang, habité par les obsessions qui hantent les survivants, est saisissant de vérité et d’humanité.

    https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782072888045-ceux-qui-sont-restes-la-bas-jeanne-truong
    #Cambodge #génocide #massacre #histoire #Thaïlande #réfugiés_cambodgiens #livre

    • Citations :

      « En 1978, le sort nous a tirés des cabanes de la mort. On doit avoir pitié de ceux qui n’ont pas vécu cette apocalypse jusqu’au bout, de ceux qui ont réussi à partir et qui n’ont pas partagé cette souffrance. Cette souffrance manquée est un trou qu’on ne peut combler. Ceux qui en ont réchappé ont le sentiment d’avoir été exclus de l’histoire. Pourtant la honte d’avoir évité le pire devrait leur signaler qu’ils sont aussi les enfants de cette tragédie qu’on ne peut désigner. »

      (p.13)

      –-

      « Ainsi étaient ces morts, Marxime, Prolétariat, Parti communiste… Lénine et Marx étaient des noms de dieux inconnus qui nous donnaient le tournis par leur étrangeté, aussi étranges pour nous que les Vishnu et Shiva aux oreilles d’un Européen. On peut dire qu’on nous a terrorisés par des sons inédits, par des sons difficiles et rocailleux. Ces mots n’étaient pas faits pour nos oreilles ni pour nos estomacs. Ils étaient là pour les blesser. Nous sommes morts pour ces mots indigestes. […] Nous sommes vraiment morts pour des mots que nous n’avons même pas compris, dont nous n’avons pas reconnu la couleur, ni la matière, ni l’odeur. Ces mots que Pol Pot a importés après son séjour en France. Il est revenu avec ces mots qui terrorisent, agenouillent, parce que notre peuple s’était déjà agenouillé devant les écoles, les administrations, la langue des étrangers. La terreur, il en avait lu le mode d’emploi dans les livres d’histoire. Il a importé la terreur de la Révolution française. Lui, le fils de son peuple, avait bien sûr le droit plus que les autres de l’asservir. Il a décrété que les siens étaient des attardés, qu’ils n’avaient pas encore la lumière, que le communisme, la dictature du prolétariat, la science, la méthode allaient la leur apporter, et ranimer cette populace abrutie d’idiotie, de mentalité corrompue. Et nous, qui dormions tranquillement dans nos campagnes et nos villes, noirs et languissants, cherchant à traverser nos souffrances, nous avons été brutalement réveillés par la ferraille cacophonique, la ferraille coupante des armes, par l’ère de l’acier, nous qui n’étions qu’à l’âge de pierre, du bois, des feuilles et des fleurs. »

      (p.15-16)

      –-

      « Les Américains n’étaient pourtant pas les premiers à s’installer chez nous. Les premiers nous avaient fait connaître leur langue, leur dieu et leur hymne. Leur histoire n’avait plus aucun secret pour nous. A leur arrivée, ils nous avaient tué nos guerriers, nos musiciens, nos poètes. Puis les territoires qu’ils avaient conquis, ils les avaient baptisés d’un nom mythique, empreint de nostalgie : Indochine. Chez eux, les plus empathiques d’entre eux parlaient de nos terres amoureusement. Sans y avoir mis les pieds, ils pensaient à nos sols comme à leurs plus tendres terroirs. Pendant ce temps, nous apprenions leur langue. Mais nous n’étions que des indigènes. Le sommeil nous gagnait dans les salles de classe, nos yeux se fermaient, nos têtes chanchelaient sous le regard de nos maîtres qui suaient abondamment dans leurs robes épaisses. »

      (pp.21-22)

      –-

      « Nous comprîmes que pour ces lointains envahisseurs, nous étions vraiment des animaux, et que les animaux étaient moins que des pierres. Ils ne savaient pas que nous étions des êtres sensibles, doués de la même intelligence, que nous avions les mêmes groupes sanguins, les mêmes gènes. Vus de haut, de leurs appareils, nous étions des insectes. Ils faisaient exploser leurs bombes sur nos têtes comme ils auraient écrasé de simples cafards »

      (p.24)

      –-

      « Avec le temps, moi, Narang, je sais qu’en réalité, les génocidaires ne soutiennent aucun idéal, en croient en aucune idéologie. Ils ne poursuivent que leur but trivial, leur intérêt criminel, leur logique froide et mécanique. Le bien, le mal n’existent pas pour eux. Il n’y a ni homme, ni frère, ni mère, ni père. Il n’y a que des unités, des entités abstraites sur lesquelles ils appliquent leur solution systématique et globale. Pour Pol Pot, cette solution s’est appelée dictature du prolétariat. Elle s’est appelée Angkar. Elle aurait pu tout aussi bien prendre un autre nom. L’expérience me dit que la justice, l’amour, la compassion n’ont aucune bannière. Ce sont des valeurs qui appartiennent à la seule conscience éveillée. »

      (pp.235-235)

  • Ceux qui sont restés là-bas

    « Il aurait fallu rester jusqu’à la fin. Il aurait fallu mourir. Avoir quitté les lieux avant les autres, c’est être coupé de l’Histoire. Je suis entré dans le noir qu’on appelle la survie. Je n’ai pas vu de mes yeux jusqu’au bout, je n’ai pas payé de ma vie comme les autres. Cependant, si l’enfance détermine tout, alors je suis un enfant des camps. »
    1978. Narang a six ans. Il fuit le Cambodge avec sa mère. Comme une foule d’autres rescapés, tous deux tentent de rejoindre la Thaïlande. Épuisés par des jours de marche, harassés par la faim et la soif, ils sont parqués dans un camp à leur arrivée. Cela aurait pu être la fin de leur tragédie. Mais ça ne sera que le début d’une autre. Fulgurante, celle-ci.
    Jeanne Truong restitue avec force et pudeur l’horreur du cauchemar cambodgien. Elle revient sur un épisode méconnu de cette période sanglante. Le récit de Narang, habité par les obsessions qui hantent les survivants, est saisissant de vérité et d’humanité.

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Ceux-qui-sont-restes-la-bas#

    #Cambodge #génocide #livre #camps_de_réfugiés #massacre #Jeanne_Truong

  • Cambodge : Ceux d’en bas

    Le Cambodge a connu vingt années de guerre civile : d’abord, le coup d’État de Lon Nol contre Sihanouk en 1970 (1970 – 1975), puis la dictature des khmers rouges (1975-1979, et ensuite l’occupation vietnamienne (1979-1989) qui met fin au régime khmer rouge, mais le Cambodge replonge dans la guerre lorsque les khmer rouges (soutenus en premier lieu par les Américains) réoccupent une partie du territoire et compromettent la reconstruction du pays1. Depuis le Cambodge semble un pays ‘sans histoire’, avec un régime de plus en plus autoritaire, sous la direction d’Hun Sen, qui au fil des années a consolidé son pouvoir en éliminant progressivement les autres partis. Le Tribunal international contre les khmers rouges, longtemps attendu, n’a jugé que cinq haut dirigeants khmers rouges. À souligner également : le Cambodge est le premier pays au monde pour le nombre d’ONG par habitants (5000 ONG recensées en 2019). Dans le domaine de la santé et de l’éducation, les ONG jouent un rôle essentiel, palliant les graves défaillances du pouvoir dans ce domaine.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/05/08/cambodge-ceux-den-bas

    #international #cambodge

  • Cambogia: il patrimonio forestale in bilico

    La Cambogia ha il triste primato di essere un campione mondiale di deforestazione: ha perso 64 chilometri quadrati di foresta pluviale solo nel 2021. E se si considerano gli ultimi dieci anni, il record negativo si estende alla metà di quella che un tempo era considerata l’Amazzonia del sudest asiatico continentale.

    Con il supporto del Pulitzer Center, abbiamo seguito nella giungla gli attivisti cambogiani che combattono contro il traffico illegale di legno, documentando l’impatto della deforestazione, che inasprisce gli effetti del cambiamento climatico.

    Un disboscamento che avviene per rivendere il prezioso legname, principale risorsa naturale del Paese, ma anche per lasciare spazio alle grandi piantagioni. Uno dei leader del movimento è #Heng_Sros, 27 anni, già incarcerato dal regime di Phnom Penh per la sua lotta contro i trafficanti e le denunce sulle complicità dei militari. Con Sros abbiamo fermato dei trafficanti in diretta. E con il suo aiuto abbiamo ricostruito come il legno pregiato è trasportato in Vietnam per poi prendere la via dei mercati internazionali con false certificazioni.

    https://www.rsi.ch/rete-due/programmi/cultura/laser/Cambogia-il-patrimonio-forestale-in-bilico-16097554.html
    #podcast #audio #Cambodge #déforestation #forêt

  • Au #Cambodge, les plaignants de #Bolloré ont les yeux tournés vers le #Cameroun

    Au Cambodge comme au Cameroun, des communautés autochtones poursuivent le groupe Bolloré qu’elles estiment responsable de l’accaparement de leurs terres ancestrales. Une avancée de la #plainte venant du Cameroun redonne espoir aux plaignants cambodgiens.

    (#paywall)

    https://www.courrierinternational.com/article/justice-au-cambodge-les-plaignants-de-bollore-ont-les-yeux-to
    #accaparement_des_terres #terres #peuples_autochtones #pillage #extractivisme

  • No justice for Indigenous community taking on a Cambodian rubber baron
    https://news.mongabay.com/2022/12/no-justice-for-indigenous-community-taking-on-a-cambodian-rubber-baro

    “We’ve lived on the land for generations. Traditionally our ancestors made a living collecting resin. This tradition was passed down, we lived off our own labor, we could get everything we needed from the forest,” she says. “There were no challenges, we lived comfortably in solidarity, we shared resources among our community. There was no need for people to buy or sell things — until 2011, when a company bought a chunk of our land.”[...] As of December 2021, 946,926 hectares (2.34 million acres) spread across 157 land concessions had been allocated for rubber plantations, although of that, 153,141 hectares (378,420 acres) appear to be mixed plantations harboring other crops besides purely rubber.

    #Cambodge #terres #plantation #hévéa #caoutchouc

  • Lecture d’un extrait du livre « Corps flottants » de Jane Sautière, paru aux éditions Verticales, en 2022.

    http://liminaire.fr/radio-marelle/article/corps-flottants-de-jane-sautiere

    Les corps flottants sont des fragments du corps vitré, taches qui se déplacent avec les mouvements de l’œil. Dans ce récit, ils prennent différentes formes, tour à tour tâches, cigarettes, cicatrices ou fantômes. « Toute cette vie passée dans la fumée du rêve. Ne se souvenir de rien, si invraisemblablement peu. » Jane Sautière évoque son adolescence à Phnom Penh au Cambodge entre 1967 et 1970. Elle décrit les bruits de la nuit, la touffeur tropicale de la forêt. Les gens qu’elle y côtoie. Camarades de classe, premières amours. L’éveil du désir dans ce pays qui va sombrer. Les massacres perpétrés par les Khmers rouges. (...) #Radio_Marelle / #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Littérature, #Enfance, #Mémoire, #Histoire, #Cambodge, #Société (...)

    http://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_corps_flottants_jane_sautiere.mp4

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Verticales/Verticales/Corps-flottants

  • Quand l’élite cambodgienne ensable les lacs de Phnom Penh et que le reste de la population s’enlise dans la pauvreté - Nouvelles de l’environnement
    https://fr.mongabay.com/2022/11/quand-lelite-cambodgienne-ensable-les-lacs-de-phnom-penh-et-que-le-rest

    Les lacs de Phnom Penh sont remblayés et morcelés pour laisser place à des projets immobiliers de luxe qui profitent à quelques nantis jouissant de bonnes relations politiques.
    Les familles, qui depuis des générations pratiquent la pêche et l’aquaculture dans les lacs et les zones marécageuses environnantes risquent l’expulsion et la perte de leur gagne-pain.
    Les experts mettent en garde contre l’assèchement de ces réservoirs naturels de stockage des eaux de pluie qui augmente les risques d’inondation dans la capitale cambodgienne.
    La publication de ce récit a été soutenue par le Rainforest Investigations Network (RIN) du Centre Pulitzer, dont Gerald Flynn est membre.

    #Cambodge #terres #prédation #oligarchie

  • Terres suisses d’outre-mer

    Les traders domiciliés en Suisse possèdent de gigantesques territoires agricoles à l’étranger qu’ils cultivent souvent sans égard pour les populations locales et la nature.

    Des superficies de plantations équivalentes à près de sept fois les terres arables de la Suisse. C’est ce que quatorze des principaux négociants en matières premières basés en Helvétie contrôlent dans des pays du Sud, comme le Brésil, le Cameroun et le Laos. C’est le résultat d’une nouvelle enquête de Public Eye, ONG qui surveille de près depuis 2011 le secteur des matières premières, dont la Suisse est devenue la première place mondiale depuis une quinzaine d’années1. Ainsi, des traders qui opèrent principalement depuis Genève ou Zoug tels que Cargill, Cofco ou LDC ont la haute main sur au moins 2,7 millions d’hectares dans 561 plantations de 24 pays. Canne à sucre, huile de palme, céréales, oléagineux et caoutchouc tiennent le haut du pavé.

    Cette mainmise s’accompagne souvent de violations des droits humains, d’atteintes à l’environnement et prive les populations locales de leurs moyens de subsistance. « La concurrence pour la terre entre les multinationales de l’agro-industrie et les communautés locales augmente alors que ces dernières ont un besoin vital de ces ressources », détaille Silvie Lang, responsable du dossier chez Public Eye. Un accaparement des terres (land grabbing) qui a explosé depuis la crise financière de 2008 et qui est aussi régulièrement dénoncé pour sa dimension néocoloniale (lire ci-après).

    En tant qu’hôte de ces géants de l’agronégoce, la Suisse aurait une responsabilité toute particulière pour réglementer leurs activités dans ce secteur à risque, mais elle n’en prendrait pas le chemin. Publiée il y a quinze jours, l’ordonnance du Conseil fédéral sur l’application du contre-projet à l’initiative pour des multinationales responsables n’imposerait presque aucune obligation à ces dernières (lire ci-dessous).
    Dépossédés sans compensation

    Pourtant, expulsions de populations, déforestations illégales, dégâts environnementaux seraient légion autour des plantations contrôlées par les traders helvétiques. En coopération avec ses partenaires de la société civile locale, Public Eye a documenté dix cas problématiques dans neuf pays. Ils sont présentés sur une carte interactive constellée de petits drapeaux suisses où sont recensés de nombreux autres « territoires suisses d’outre-mer ».

    En Ouganda, les 4000 personnes expulsées de force il y a vingt ans pour faire place nette à une plantation de café aux mains du groupe allemand Neumann Kaffee (NKG) attendent toujours une indemnisation digne de ce nom. « La filiale suisse de NKG, qui gère non seulement le négoce de café vert mais aussi les plantations – y compris en Ouganda –, a une part de responsabilité à assumer », estime Public Eye.

    De même, 52 familles d’agricultrices et d’agriculteurs auraient perdu leurs moyens de subsistance sur le plateau du Boloven au Laos au bénéfice du trader Olam, qui dispose d’un de ses principaux départements de négoce en Suisse. Histoire similaire en Tanzanie, où nombre d’habitants assurent, selon l’association allemande Misereor, avoir été dépossédés de 2000 hectares par Olam qui cultive des caféiers sur leurs terres. En 2015, mille personnes œuvraient dans ces plantations dans des conditions de travail déplorables, privées d’accès à l’eau, à une nourriture décente, et exposées à l’épandage de pesticides dangereux, selon l’ONG.
    Une autorité de surveillance ?

    Au Brésil aussi, en plus de l’accaparement des terres, les pesticides posent des problèmes insolubles dans les plantations de canne à sucre. Le négociant Biosev, propriété jusqu’à peu du groupe suisse Louis Dreyfus, n’a toujours pas réparé les destructions environnementales occasionnées sur et autour de vastes étendues de terres qu’il exploitait illégalement dans la région de Lagoa da Prata.

    Au Cambodge, enfin, l’expulsion des autochtones qui a eu lieu en 2008 sous la responsabilité de Socfin pour y exploiter le caoutchouc n’aurait pas encore abouti à une réparation. Un processus de médiation entre la firme et les communautés, initié en 2017 et cofinancé par la Suisse, devait finalement permettre de trouver une solution à l’amiable. Mais « les personnes concernées sont insatisfaites de la procédure totalement opaque et globalement inutile », indique Public Eye, relayant les rapports de plusieurs autres ONG. Pain pour le prochain et Alliance Sud avaient pour leur part dénoncé en octobre les pratiques d’évasion fiscale agressive de Socfin au Cambodge à destination de Fribourg, qui privent ce pays de précieuses ressources3.

    Ce nouveau dossier donne toujours plus d’arguments à Public Eye pour réclamer une action déterminée des autorités fédérales. Les mannes financières apportées par les traders en Suisse entraîneraient une responsabilité correspondante : « Le Conseil fédéral reconnaît certes officiellement que le secteur des matières premières est confronté à des défis à prendre au sérieux, notamment en matière de droits humains, mais il continue de miser principalement sur la bonne volonté des entreprises à assumer leurs responsabilités. » Regrettant l’échec de l’initiative pour des multinationales responsables, l’ONG recommande à nouveau la création d’une autorité de surveillance du secteur des matières premières (Rohma), proposée en 2014 déjà. Celle-ci s’inspirerait de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), créée en 2009 sous la pression internationale.

    –-

    Un accaparement ralenti mais prometteur

    Le phénomène de l’accaparement des terres a fait grand bruit au début des années 2010. Après la crise financière de 2008, on avait assisté à une ruée sur ce nouvel investissement estimé plus sûr et prometteur pour les détenteurs et détentrices de grands capitaux. Le tumulte s’est ensuite calmé avec le tassement progressif du nombre de terres achetées depuis. Entre 2013 et 2020, indique le dernier rapport de l’initiative de monitoring Land Matrix, qui dispose d’une base de données étendue sur l’accaparement dans les pays à revenus bas et moyens, seuls 3 millions d’hectares supplémentaires ont été enregistrés, sur un total de 30 millions. Le grand bon avait été réalisé entre 2006 (6 millions d’hectares environ) à 2013 (27 millions).

    Différentes raisons expliquent ce ralentissement, selon Land Matrix. D’abord, l’envolée attendue des prix dans la décennie 2010 des produits alimentaires, des agrocarburants et du pétrole n’aurait pas atteint les niveaux espérés. D’autre part, alertés par la société civile, certains Etats ont pris de mesures : « Citons, notamment, les moratoires sur les terres dans d’importants pays cibles, la diminution du soutien aux biocarburants de première génération et les restrictions sur la vente de terres aux investisseurs étrangers, dans certains cas », explique l’initiative.

    Les prix repartent à la hausse

    Mais la vapeur pourrait s’inverser sitôt la crise du Covid-19 passée, craint Land Matrix, d’autant que les prix reprennent l’ascenseur. « Certains pays, dont l’Indonésie et l’Inde, ont déjà libéralisé leurs marchés fonciers afin d’attirer les investissements étrangers. » Le Brésil représente également une plateforme florissant en matière agro-industrielle et connaît des évolutions favorables à un possible boom de l’accaparement des terres, indique un rapport en voie de publication de l’Université fédérale rurale de Rio de Janeiro (nous y reviendrons dans une prochaine édition.)

    Cette situation inquiète la société civile, qui souligne les conséquences souvent désastreuses du phénomène pour les populations paysannes, les autochtones, l’environnement et le climat. Certaines ONG, cependant, se focalisent parfois uniquement sur les violations des droits humains qui accompagnent le processus, sans remettre en cause sur le fond les dynamiques néocoloniales de l’accaparement et l’expansion du capitalisme foncier basé sur l’expropriation des communautés locales, regrettent certains observateurs : « Nous observons aujourd’hui un véritable processus d’enclosure (clôture des parcelles provenant de la division des terrains) à l’échelle mondiale », observe Michel Merlet, ex-directeur de l’Association pour l’amélioration de la gouvernance de la terre, de l’eau et des ressources naturelles (AGTER) en France. « Tout comme en Angleterre avant et pendant la révolution industrielle, ce phénomène se traduit par la dépossession des populations rurales, le développement d’un prolétariat rural, de nouvelles modalités de gestion des pauvres, une foi aveugle dans le progrès. » Une logique qui s’oppose de front à la terre en tant que bien commun.

    –-

    La Suisse, carrefour du land grabbing ?

    Difficile de connaître l’importance relative de la Suisse dans l’accaparement de terres dans le monde. Pour l’heure, aucune étude exhaustive n’existe. Observons pour commencer que le chiffre de 2,7 millions d’hectares contrôlés par des traders suisses est très élevé comparé au total de 30 millions d’hectares de territoires agricoles recensés par Land Matrix dans le monde (qui n’incluent pas les traders basés en Suisse recensés par Public Eye). Un indicateur à considérer avec prudence toutefois, car cette base de données est probablement loin d’être exhaustive, selon plusieurs sources.

    D’autres acteurs helvétiques possèdent-ils ou louent-ils sur une longue durée des terres ? Firmes, fonds de pension, banques, assureurs disposent-ils de ce type d’actifs ? Land Matrix a recensé 6,3 millions d’hectares contrôlés via des investissements de firmes helvétiques, incluant des territoires forestiers cette fois, en plus des terres agricoles. A noter toutefois que 5,9 millions de ces 6,3 millions d’hectares se trouvent en Russie et concernent des concessions forestières, via la société Ilim, domiciliée en Suisse (les fonds pourraient provenir de Russie, ou d’ailleurs).

    Autres pays concernés : la Tanzanie, le Cameroun, la Sierra Leone, le Paraguay, l’Argentine, le Brésil, etc. En tout sont impliquées une quarantaine d’entreprises suisses, dont Nestlé, Louis Dreyfus, Chocolats Camille Bloch, Novartis et Addax Bioenergy SA.

    Aucune information, en revanche, sur les acteurs purement financiers : « Nos données n’incluent pas de banques ou de fonds de pension suisses. Nous ne savons pas s’ils sont impliqués dans ce type d’affaires. Leur investissement n’est pas transparent. Beaucoup passent par des paradis fiscaux ou des hubs financiers, comme Chypre, Singapour, Hong-Kong et les île Vierges », détaille Markus Giger, coresponsable de Land Matrix et chercheur au Centre pour le développement et l’environnement de l’université de Berne.

    L’opacité règne donc. On sait par ailleurs que le secteur financier helvétique cible par exemple des investissements dans l’agriculture, surtout là où il y a de fortes opportunités de profits, et les proposent ensuite sous forme de fonds. Les entreprises financées de cette manière peuvent elles-mêmes être impliquées dans l’accaparement de terres.

    En tant qu’une des principales places financières du monde, la Suisse joue indéniablement un rôle dans les transactions opérées sur nombre de ces terres. Après avoir enquêté sur l’accaparement et la financiarisation des terres au Brésil, le chercheur Junior Aleixo a pu le constater : « De nombreux acteurs impliqués dans l’achat ou la location de terres passent par des intermédiaires suisses ou possèdent des comptes dans des banques helvétiques parce que la Suisse dispose de législations peu regardantes et permet l’évasion fiscale », a confié au Courrier l’universitaire, membre du Groupe d’étude sur les changements sociaux, l’agronégoce et les politiques publiques (GEMAP) de l’Université fédérale rurale de Rio de Janeiro. Le gouvernement suisse lui-même voit d’un bon œil ces investissements sur le principe : « Le Conseil fédéral est d’avis que des investissements privés effectués avec circonspection dans l’agriculture ont des répercussions positives, à condition que les standards sociaux et écologiques soient respectés », avait-il répondu en 2011 à une interpellation de la conseillère nationale verte Maya Graf. Le gouvernement prône des normes et des codes de nature volontaire pour réglementer ce négoce et éviter la spoliation des communautés locales.

    https://lecourrier.ch/2021/12/16/terres-suisses-doutre-mer
    #traders #matières_premières #terres #accaparement_des_terres #Suisse #plantations #Cargill #Cofco #LDC #Canne_à_sucre #huile_de_palme #céréales #oléagineux #caoutchouc #multinationales #industries_agro-alimentaires #colonialisme #néo-colonialisme #agronégoce #dépossession #Neumann_Kaffee (#NKG) #Laos #Boloven #Olam #Tanzanie #Brésil #Biosev #Louis_Dreyfus #Lagoa_da_Prata #Cambodge #Socfin #biocarburants #enclosure #prolétariat_rural #opacité

    • Agricultural Commodity Traders in Switzerland. Benefitting from Misery?

      Switzerland is not only home to the world’s largest oil and mineral traders; it is also a significant trading hub for agricultural commodities such as coffee, cocoa, sugar, or grains. The majority of the globally significant agricultural traders are either based here or operate important trading branches in the country.

      The sector is highly concentrated with ever fewer powerful companies who also control the production and processing stages of the industry. In low-income countries, where many of the commodities traded by Swiss-based companies are produced, human rights violations are omnipresent, ranging from the lack of living wages and incomes, to forced and child labour as well as occupational health and safety hazards. Moreover, the risk of tax dodging and corruption has been shown to be particularly high within agricultural production and trade.

      Public Eye’s 2019 report Agricultural Commodity Traders in Switzerland – Benefitting from Misery? sheds light on the opaque sector of agricultural commodity trade and the human rights violations related to activities in this business and also highlights Switzerland’s refusal to regulate the sector in ways that could address these issues, and it outlines ways to tackle the challenges at hand.

      https://www.publiceye.ch/en/publications/detail/agricultural-commodity-traders-in-switzerland

      #rapport #Public_Eye

    • La culture de l’iniquité fiscale

      Le groupe agroalimentaire #Socfin transfère des bénéfices issus de la production de matières premières vers Fribourg, un canton suisse à faible fiscalité. Au détriment de la population vivant dans les zones concernées en Afrique et en Asie.

      La culture de l’#iniquité_fiscale

      Le groupe agroalimentaire luxembourgeois Socfin transfère des bénéfices issus de la production de matières premières vers #Fribourg, un canton suisse à faible fiscalité. Cette pratique d’#optimisation_fiscale agressive équivaut à l’expatriation de bénéfices au détriment de la population vivant dans les zones concernées en Afrique et en Asie. Pour la première fois, un rapport rédigé par Pain pour le prochain, Alliance Sud et le Réseau allemand pour la #justice_fiscale met en lumière les rouages de ce mécanisme. La Suisse porte elle aussi une part de #responsabilité dans ce phénomène, car la politique helvétique de #sous-enchère en matière d’imposition des entreprises représente l’un des piliers de ce système inique.

      La société Socfin, dont le siège se trouve au #Luxembourg, s’est vu octroyer dans dix pays d’Afrique et d’Asie des #concessions d’une superficie supérieure à 380 000 hectares, soit presque l’équivalent de la surface agricole de la Suisse. Dans ses 15 plantations, le groupe produit du caoutchouc et de l’huile de palme qu’il écoule ensuite sur le marché mondial. Si l’entreprise est dotée d’une structure complexe, il apparaît toutefois clairement qu’elle commercialise une grande partie de son caoutchouc par l’intermédiaire d’une filiale établie à Fribourg, à savoir #Sogescol_FR. Et c’est une autre filiale elle aussi basée à Fribourg, #Socfinco_FR, qui se charge d’administrer les plantations et de fournir des prestations aux autres sociétés du groupe.

      En 2020, Socfin a enregistré un bénéfice consolidé de 29,3 millions d’euros. Le rapport, qui procède à une analyse du bénéfice par employé·e dans les différents pays où opère Socfin, met en évidence la distribution particulièrement inégale de ces revenus. Ainsi, alors que le bénéfice par employé·e avoisinait 1600 euros dans les pays africains accueillant les activités de Socfin, il en va tout autrement au sein des filiales helvétiques du groupe, où ce chiffre a atteint 116 000 euros l’année dernière, soit un montant près de 70 fois supérieur. En Suisse, le bénéfice par employé·e a même en moyenne dépassé les 200 000 euros entre 2014 et 2020.

      À faible #fiscalité, bénéfices élevés
      Comment expliquer ces écarts dans la distribution des bénéfices à l’intérieur d’un même groupe ? Selon le rapport publié par Pain pour le prochain, Alliance Sud et le Réseau allemand pour la justice fiscale, la réponse est à trouver dans la fiscalité des pays accueillant les activités de Socfin. En effet, c’est là où les impôts sont le plus bas que le bénéfice par employé·e de l’entreprise est le plus élevé. Dans les pays africains où Socfin est active, le taux d’impôt varie ainsi de 25 à 33 %, contre moins de 14 % en Suisse. Il s’agit là d’un schéma classique de transfert de bénéfices entre filiales à des fins d’optimisation fiscale agressive.

      Cette pratique très répandue parmi les sociétés multinationales n’est pas forcément illégale, mais elle n’en demeure pas moins en tout état de cause inique, car elle prive les pays producteurs de l’hémisphère sud des recettes fiscales indispensables à leur développement et creuse de ce fait les inégalités mondiales. Chaque année, environ 80 milliards d’euros de bénéfices réalisés dans des pays en développement sont ainsi expatriés vers des territoires peu taxés comme la Suisse, ce qui représente bien plus que la moitié des enveloppes publiques annuelles allouées à la coopération au développement à l’échelle mondiale.

      Le transfert de bénéfices au sein de #multinationales est généralement difficile à appréhender pour l’opinion publique (en raison de l’opacité qui l’entoure) et pour les administrations fiscales (faute de volonté en ce sens ou de moyens suffisants). Dans le cas de Socfin, en revanche, les rapports financiers ventilés par zone publiés par la société livrent des informations sur la structure et l’objet des transactions entre filiales. Qu’elles portent sur le négoce, des prestations de conseil, des licences ou des services d’autre nature, les opérations intragroupe délocalisent en Suisse une grande partie des revenus générés en Afrique et en Asie. Et seul un examen approfondi réalisé par des administrations fiscales permettrait de vérifier si ces prix de transfert sont, ainsi que l’affirme Socfin, conformes aux règles édictées par l’OCDE en la matière.

      La Suisse doit faire œuvre de plus de transparence
      La réalité des plantations dans l’hémisphère sud représente le revers de la médaille des juteux bénéfices enregistrés en Suisse. En effet, Socfin dispose dans ces pays de concessions extrêmement avantageuses, mais n’offre pas une compensation suffisante à la population touchée, ne rétribue le dur labeur des ouvriers·ères que par de modiques salaires et n’honore pas totalement ses promesses d’investissements sociaux. En dépit de ce contexte particulièrement favorable, certaines exploitations du groupe, comme la plantation d’#hévéas de #LAC au #Liberia, n’en affichent pas moins des pertes persistantes – ce qui, selon le rapport, vient encore appuyer l’hypothèse de transfert de bénéfices de l’Afrique vers le paradis fiscal helvétique.

      Et cette pratique profite aujourd’hui considérablement à la Suisse, ces transactions générant près de 40 % des recettes de l’impôt sur les bénéfices des entreprises à l’échelon cantonal et fédéral. Afin de lutter contre les abus qui en découlent, il est impératif que notre pays améliore la transparence de sa politique fiscale et rende publics les #rulings, ces accords que les administrations fiscales concluent avec les sociétés. Il en va de même pour les rapports que les multinationales sont tenues de déposer en Suisse dans le cadre de la déclaration pays par pays de l’OCDE et dont l’accès est actuellement réservé aux administrations fiscales. Avant toute chose, il est primordial que la Suisse promeuve un régime international d’imposition des entreprises qui localise la taxation des bénéfices dans les pays où ils sont générés et non sur les territoires à faible fiscalité.

      Mobilisation à Fribourg
      Ce matin, Pain pour le prochain mène une action de mobilisation devant le siège de Sogescol et de Socfinco à Fribourg afin d’exhorter Socfin à cesser ses pratiques immorales de transfert de bénéfices et d’optimisation fiscale au sein de ses structures. Il importe en outre que le groupe réponde aux revendications des communautés locales, restitue les terres litigieuses et garantisse à tous les ouvriers·ères des plantations le versement de salaires décents.

      https://www.alliancesud.ch/fr/politique/politique-fiscale-et-financiere/politique-fiscale/la-culture-de-liniquite-fiscale

      Pour télécharger le rapport (synthèse en français) :
      https://www.alliancesud.ch/fr/file/88274/download?token=32SEeILA

  • Twenty years after Pol Pot died a broken man, his memory looms large | Phnom Penh Post
    https://phnompenhpost.com/national-post-depth/twenty-years-after-pol-pot-died-broken-man-his-memory-looms-large

    13.4.2018

    Two decades have passed, but Mea Chron still stands by Pol Pot. Most days he also stands by the mass murderer’s cremation site, keeping guard in the Khmer Rouge’s last stronghold of Anlong Veng.

    Pol Pot, the widely reviled despot who spearheaded the Khmer Rouge regime that presided over the deaths of at least 1.7 million people, died 20 years ago on Sunday. Today, despite the horrors of the killing fields having long since been brought to light, he remains a revered figure for some.

    “I regret that when Pol Pot died, I could not go to the funeral,” said Chron, now 65. The former chief of a Khmer Rouge bodyguard unit, Chron found Pol Pot a strict operator, but one he considered a close companion whose ideology he admired.

    “Pol Pot’s opinion is not bad – he liked to help people and he did not want to discriminate between poor and rich. Everyone has a fair life,” he said. “But the lower level cadre started killing people. That’s why [the movement] became bad.”

    Rampant paranoia and factional splintering ultimately led to the movement turning on the man who created it.

    Ever an enigmatic figure, some mystery still shrouds the circumstances of his death, which came hours after the Khmer Rouge leadership had decided to hand him over to an international tribunal.

    What was sceptically reported as a “heart attack” was later reported as a suicide by a nevertheless ailing and finished man, according to journalist Nate Thayer.

    Thayer, who covered a 1997 jungle show trial in which Pol Pot was convicted of ordering a hit on senior Khmer Rouge figure Son Sen and his family, went on to conduct the first interview with Pol Pot in 18 years.

    “He was an old and frail and broken and defeated man who had seen his life’s work and his life’s vision rejected by his own people,” Thayer said this week.

    Hearing reports of the dictator’s death, Thayer crossed the Thai border to view the body. He stuck his hand in the mouth of the deceased and pulled out two front false teeth. Thayer had no doubt this was Pol Pot.

    Pol Pot’s movement to drive people out of the cities to fulfil the dream of an agrarian utopia, which ultimately amounted to forced labour and mass murder, had ultimately boiled down to “a bloated corpse in the tropical heat”.

    “What a waste,” Thayer said. “Twenty years later, Cambodians have never felt anything remotely acceptable to justice.”

    After a deal was brokered to bring the remnants of the Khmer Rouge back into the fold in the late 1990s, ex-cadres were instated in government positions. They were essentially back in power in the areas they had continued to rule, Thayer said.

    “It sends a terrible message to people who maybe want to commit crimes against humanity, genocide, war crimes, torture, and other abominations and violations of international law – that maybe they can do it and get away with it too.”

    Pol Pot, born Saloth Sar in 1925, was the son of relatively well-off rice farmers.

    As a child, he lived for a time in a Phnom Penh Buddhist monastery near the royal palace, where his cousin was a dancer in the royal ballet and his sister was a concubine at the royal court.

    He attended a French Catholic school before turning his hand to carpentry. A scholarship to study radio technology took him to Paris, where he became involved in the communist party and met like-minded Cambodians.

    After flunking his studies, he returned to Cambodia and became a teacher before he began building support from ethnic minorities in the east, many of whom had been displaced by American bombing related to the Vietnam War.

    Despite reports of coercion and fear during this time, Phi Phoun, a now-deceased Jarai man who served as a bodyguard to Pol Pot in Ratanakkiri in the 1970s, said people from the province “respected him and loved him very much”.

    “I was filled with a sense of responsibility and I loved him. I considered him a comrade in arms,” he said. “His words were mesmerising and revealing his goodness, while showing a lot of modesty. We had full confidence in him and were ready to put our lives back into his hands.”

    In 1970, then-Prince Norodom Sihanouk was overthrown by US-backed Lon Nol and simmering guerrilla warfare erupted into all-out civil war. It was during this period that the Khmer Rouge cemented and expanded its supporter base after a radio call from Sihanouk for the people to support the guerrilla group. Pol Pot took Phnom Penh on April 17, 1975. Immediately, he implemented “Year Zero”.

    City-dwellers were evacuated from the capital and so began a regime of enslavement and forced agricultural work. Former members of Lon Nol’s forces were targeted for execution, as were the educated and the wealthy.

    His was a secretive leadership. His own siblings, one of whom lost a son to the regime, did not know their brother Saloth Sar was the mastermind of their suffering until 1978, towards the end of the regime, when a portrait of Pol Pot was released.

    More than 12,000 people, many of them Khmer Rouge cadre accused as traitors, were tortured and killed at the regime’s most notorious prison, S-21, a bloody pattern that was replicated across the country.

    Elizabeth Becker was one of the only journalists to gain entry into the isolated country during Pol Pot’s reign, on a trip in which a fellow traveller, academic Malcolm Caldwell, was shot dead after a private audience with the dictator.

    “Pol Pot is a reminder of the menace of rulers who amass total power over a state. When I interviewed him he was a dictator who exuded more than a hint of megalomania,” she said this week. “He was also charming and confident that he would rule Cambodia for decades to come.”

    He was overthrown by the Vietnamese army and force of Khmer Rouge defectors, led by current Prime Minister Hun Sen, just a few weeks later, on January 7, 1979. He was sentenced to death in absentia in a show trial that same year.

    Pol Pot’s forces fled to the Thai border and regrouped, continuing to wreak havoc on the country from their Anlong Veng stronghold during the 1980s and early 1990s.

    “When Pol Pot died it was as if the world had already moved on and considered him a monster of the past,” Becker said. “I would say he is rightfully the embodiment of the horror of Democratic Kampuchea.”

    The fact he died before facing an international tribunal was “a gross injustice perpetrated by geopolitics”, Becker said. China supported Pol Pot, while the Soviet Union supported Vietnam. The UN, Europe and the US for years continued to recognise Pol Pot as the legitimate ruler of Cambodia despite the mass murder committed by his regime.

    “I can’t help but imagine that Cambodian history if Pol Pot had been arrested and tried. Transitional justice would have been achieved at the beginning of peace,” she said in an email. “Revisionist history would have been difficult. The world would have acknowledged Cambodia’s suffering rather than put it under the rug for decades. That would have greatly aided Cambodians’ difficult recovery.”

    Political analyst Ou Virak agreed that Cambodia’s tragedy had been largely forgotten.

    “Given that the vast majority of the people are born after that period, I fear history could repeat itself,” he said. “It’s a huge opportunity to try to learn a very tragic and important lesson and to commit to prevent it from happening again.”

    While Hun Sen’s government often justifies its actions, including arrests of political opponents, as necessary to prevent a return to civil war, this is also a “double-edged sword for the ruling party”, Virak said.

    “They want to be seen as the saviour for ending it but their connection to the Khmer Rouge past as well as communism itself could undermine their narrative,” he said in a message.

    Both Hun Sen and Funcinpec leader Prince Norodom Ranariddh, the joint prime ministers in the 1990s, were courting the Khmer Rouge bloc in order to oust each other.

    Ever paranoid, Pol Pot suspected his comrades Son Sen and Ta Mok of making alliances with the Cambodian government. Son Sen and at least 10 of his family members, including children, were shot dead and run over by trucks.

    As Pol Pot, aged and ailing, fled into the jungle on a stretcher, Ta Mok seized power and put him on trial in an ad hoc “people’s tribunal”. Pol Pot was kept under house arrest.

    By this time, Pol Pot was a diminished man. He’d had a stroke, was blind in one eye and was plagued by heart problems. The Post at the time questioned whether the Khmer Rouge had “cut off the head to save the body”. Historian David Chandler penned an article on the dictator under a headline reading: “A small, muddled, erratic, frightened man.”

    Yet the soft-spoken, even “gentle” Pol Pot still cut a charismatic figure, and without him, the Khmer Rouge as a movement was ultimately proved untenable.

    But Pol Pot was hardly a lone wolf, and his “Brother Number Two”, Nuon Chea, and head of state, Khieu Samphan, have since been convicted of crimes against humanity, as has S-21 prison operator Kaing Guek Eav, better known as Duch.

    “Even though Pol Pot has passed away 20 years ago without a fair trial of what he did to nearly 2 million Cambodians who lost their lives under his rule, he remains in the hearts of many of his former comrades,” said Youk Chhang, executive director of the Documentation Centre of Cambodia.

    That was not true for former soldier Sou Nat, 65, who had few words for the man who caused such a rupture in Cambodia’s psyche that the ripples of the damage are felt even now.

    “I never heard of anyone regretting his death. I never heard anyone crying,” he said.

    Reflecting that same mood, former Post reporter Peter Sainsbury described Pol Pot’s cremation in Anlong Veng on a hot April day as a “rubbish fire” – a makeshift coffin piled high with car tyres and scrap wood, a heap bearing little resemblance to the funeral pyre of a beloved leader.

    “Pol Pot died empty,” he wrote 20 years ago. “He had long ago rid himself of humanity and compassion.”

    Read Sainsbury’s account here

    For Youk Chhang, it is important to remember Pol Pot and the monster he created.

    “It is a risk if we failed to educate our young generations about what happened during his rule,” he said in an email. “Sometimes, we just cannot escape from such a terrible memory; though we should not be enslaved by it.”

    Additional reporting by Yon Sineat and Kong Meta

    #Cambodge #khmer_rouge #histoire #Asie

  • Stock photo agencies cash in on Khmer Rouge tragedy | Phnom Penh Post
    https://phnompenhpost.com/national-post-depth/stock-photo-agencies-cash-khmer-rouge-tragedy

    Quinn Libson | Publication date 23 April 2018 |

    A woman with short-cropped hair stares directly into the camera, her head cocked slightly to the side. On her lap is a sleeping infant just barely in the frame. The woman was the wife of a Khmer Rouge officer who fell out of favour, and one of thousands of prisoners at S-21 whose photograph was taken on arrival at the infamous torture centre.

    Shortly afterwards, her baby was taken from her and killed. The portrait is among dozens of S-21 photographs for sale by at least two international stock-image companies. For $199.99 a business can purchase this image of the mother and her baby from UK-based photo site Alamy for use in a “marketing package”. The webpage notes that no model release form was signed by the subject of the image.

    Alamy is not alone – at least one other company, US-based Sprague Photo Stock, is also selling S-21 prisoner intake portraits on its website.

    Regional magazine Mekong Review first called attention to the sale of the portraits on Tuesday, and in several tweets called into question the practice of selling the images for commercial use on legal and moral grounds.

    “These portraits were taken by Khmer Rouge cadres, before they tortured and killed these people. This is wrong,” they wrote on Twitter.

    The photos being sold on both stock-image sites appear to have come from photographers who took them while inside the museum where the images are displayed. The museum forbids visitors from capturing any pictures while inside the former prison, and it is unclear if the photographers were visiting with press permissions.

    The director of the Tuol Sleng Genocide Museum, Chhay Visoth, said he was not previously aware that these photographs were being sold online.

    “Selling or using the victim’s pictures for commercial purposes is legally and morally unacceptable because they were already victimised in that regime, and they should not be victimised again by such selfish purposes,” Visoth said.

    Youk Chhang, the director of the Documentation Center of Cambodia, and a Khmer Rouge survivor himself, said in a message to The Post that the sale of the photographs “is very perplexing”.
    “It is a memory of the nation and should be properly used with respect.”

    Youk noted that these photographs have been copied and disseminated widely for educational purposes, in part to keep the memory of victims alive.

    “Documents and photographs of the regime have been duplicated and flooded across the globe because we as the victims want to tell the world of the millions of Cambodians who have perished brutally under the Khmer Rouge. And we want justice for both those who have passed away and those who have survived the regime,” he said.

    Nonetheless, who uses the photos, and for what purpose, is a major concern. As an example of proper use, Youk cited his own organisation’s archive of S-21 prisoner photographs, created with permission.

    Neither Alamy nor Sprague responded to requests for comment, though the former appeared to be in the process of removing the photographs from its site on Friday. One of the photographers that Alamy credits for the S-21 prisoner portraits, John Lander, said via email that he would take the image down as it “shows peoples’ faces – which I can well imagine are sensitive to some people”.

    This isn’t the first time the question of ownership of these harrowing photographs has been raised.

    The original photographer who took many of the portraits, a former low-ranking Khmer Rouge cadre, is still alive and contends the rights should be his. Nhem En, now 58, worked as a photographer for three years at S-21, and it was his job to capture images of the prison’s detainees.

    “I took those pictures so the copyright should belong to me, but copyright just does not matter in Cambodia,” he said. “My pictures are used by media all over the world, but no one give me credit for that. Foreigners may not know about me, but the government should do something about it.”

    According a 2001 sub-decree, the Cambodian government has legal control over the images to protect them from exactly this sort of misuse. The sub-decree extends to historical documents – maps, blueprints and photos, for example – that it describes as “priceless assets of the country for generations”.

    Museum Director Visoth cited this ownership arrangement in an email to The Post, saying that to publish the images a person “must submit a request to MoC [Ministry of Culture], informing them how they will be used and agreeing not to give them to anyone without permission”. In that instance, the credit for the photograph would go to the museum.

    When reached for comment, Culture Ministry spokesman Thai Norak Satya called the issue “a very small matter” and did not appear to know for sure which entity retains legal control, by way of copyright, of the S-21 images.

    Visoth said he would study further what might be done to address the situation. “No matter what,” he said, “we will show the willingness for negotiation and ask the sellers to stop doing that.”

    “If they won’t,” he said, “we will monitor our capacity for legal enforcement.”

    Mekong Review founding editor and publisher Minh Bui Jones said it was clear the agencies are “treading on thin ice, both legally and ethically”, and questioned if the images would be up for sale if they depicted victims from a Western country.

    “If anyone owns them, it’s the people of Cambodia. If those companies had sought and were given permission by the Cambodian government to sell them, then they’re legally clear,” he said. “But if they haven’t, then they’re simply thieves, or grave robbers. You can’t sink any lower than this.”

    Additional reporting by Rinith Taing

    Phnom Penh Post | The Phnom Penh Post is the oldest and most comprehensive independent newspaper covering Cambodia. cambodia news, phnom penh news
    https://phnompenhpost.com

    #Cambodge #photographie

  • Land Grabbing and Migration in a Changing Climate: Comparative Perspec
    https://www.routledge.com/Land-Grabbing-and-Migration-in-a-Changing-Climate-Comparative-Perspectives/Vigil/p/book/9781032044262

    This book provides a theoretical and empirical examination of the links between environmental change, land grabbing and migration, drawing on research conducted in Senegal and Cambodia.

    #accaparements #terres #environnement #climat #migrations #Sénégal #Cambodge #livre

  • Net rebond de la pandémie en Asie du Sud-Est
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/04/30/net-rebond-de-la-pandemie-en-asie-du-sud-est_6078685_3210.html

    Les trois « bons élèves » de la planète Covid, Thaïlande, Cambodge et Laos, trois pays d’Asie du Sud-Est qui avaient su jusque-là faire preuve d’une maîtrise singulièrement efficace de la pandémie, connaissent à leur tour un rebond inquiétant des infections. Si les taux de diffusion du virus restent relativement bas, comparés au reste du monde, ils n’en sont pas moins alarmants.En Thaïlande, les décès dus au Covid-19 ont plus que doublé en un mois : entre le début de la pandémie et vendredi 30 avril, 178 personnes sont mortes du virus. Chaque jour, plus de 2 000 cas positifs supplémentaires sont désormais signalés, portant à 61 700 le nombre d’infections.Pour une population de près de 70 millions d’habitants, ces chiffres sont certes incomparables avec les situations cauchemardesques en train de se développer en Inde ou en Amérique latine, et restent très en deçà des statistiques françaises et celles d’autres pays européens. Face à cette nouvelle flambée inattendue, les autorités ont cependant pris des mesures strictes dans un pays où la crainte du virus est particulièrement aiguë (...).
    La cause de ce rebond épidémique, qui est en train de placer sur la sellette le premier ministre, Prayuth Chan-o-cha, et son très controversé ministre de la santé, Anuthin Charnvirakul, a été provoquée au début du mois par l’apparition de clusters dans des boîtes de nuit du quartier de Thonglor, à Bangkok. Les mouvements de population dans tout le pays à l’occasion de Songkran, le Nouvel An thaïlandais – qui tombe le 13 avril –, n’ont rien arrangé.Les opposants au gouvernement accusent le premier ministre de mauvaise gestion et se déchaînent contre le ministre de la santé, qualifié d’incapable. Une pétition qui a déjà réuni plusieurs centaines de milliers de signatures circule pour demander sa démission. Selon un sondage, près de 80 % des Thaïlandais font peu ou pas du tout confiance dans la capacité gouvernementale à maîtriser le virus.
    « La Thaïlande n’a pas perdu le contrôle de l’épidémie », avance néanmoins François Nosten, professeur en médecine tropicale installé dans le pays depuis trente ans. Célèbre pour la lutte sans relâche qu’il mène pour l’éradication du paludisme, le directeur de la Shoklo Malaria Research Unit, basée dans la ville de Mae Sot, à la frontière birmane, estime que « jusqu’à 3 000 cas par jour, les autorités peuvent gérer la propagation du virus. Au-delà, cela deviendrait problématique ». Le médecin français souligne aussi que la Thaïlande dispose de « l’un des meilleurs systèmes de santé de la région », avantage auquel s’ajoute un réseau étendu de volontaires bénévoles, ainsi qu’une politique résolue de tests et de traçage des cas contacts.
    Si l’épidémie devait se développer dans des proportions inquiétantes, les hôpitaux n’auraient toutefois pas la capacité d’absorber le nombre de malades gravement atteints dans un pays où toute personne positive est contrainte à l’hospitalisation – même si elle n’a pas développé de symptômes. D’immenses hôpitaux de campagne, similaires à ceux montés par les Chinois à Wuhan, épicentre originel de la pandémie, ont été ouverts autour de Bangkok et de Chiangmai pour accueillir des personnes testées positives sans symptômes graves.Le Cambodge avait, lui aussi, semblé avoir été épargné par le virus. Mais la courbe des cas a soudainement augmenté depuis fin février avant de faire un bond spectaculaire – à la verticale – mi-avril, passant d’une cinquantaine d’infections journalières à des pics de plus de 600. A ce jour, 88 morts ont été recensés pour 11 761 cas – une hausse plus que significative dans ce royaume de 17 millions d’habitants. Les raisons de cette brutale augmentation s’expliquent par la fuite, de l’hôtel où elles effectuaient une quarantaine de rigueur, de quatre Chinoises fraîchement arrivées de République populaire : le 20 février, elles ont donné de l’argent à leurs gardes en échange d’une permission de sortie. Les jeunes femmes, dont deux avaient été testées positives au Covid-19, sont ensuite allées faire la fête dans Phnom Penh, dispersant le virus dans la capitale.A Phnom Penh, où un confinement est en vigueur depuis la mi-avril, les autorités sanitaires ont annoncé que la capacité hospitalière avait déjà été dépassée et que des écoles et des bâtiments normalement réservés à des fêtes de mariage avaient été transformés en centres médicaux. Hun Sen a menacé de prison tout contrevenant aux nouvelles réglementations. La fermeture des marchés alimentaires risque d’avoir des conséquences sérieuses pour tous les travailleurs précaires et les ouvriers du textile, l’un des secteurs d’activité les plus importants du pays, qui font face à des difficultés d’approvisionnement en nourriture.
    L’exemple du Laos montre que nul pays n’est à l’abri d’une nouvelle vague. Ce petit pays de 7 millions d’habitants, enclavé entre la Chine, la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge, et dirigé de main de fer par un Parti communiste issu de la guerre du Vietnam et de la « révolution » de 1975, avait longtemps fait figure d’exception : selon les chiffres officiels, tandis qu’aucun mort n’était à déplorer, le niveau d’infection est resté quasi négligeable durant des mois. Tout a basculé durant la fête du Pi Mai – le Nouvel An laotien – quand une jeune femme a contracté le virus après avoir festoyé avec des Thaïlandais ayant clandestinement franchi le Mékong, au niveau de la capitale, Vientiane.

    #Covid-19#migrant#migration#laos#cambodge#thailande#chine#sante#contamination#circulation#frontiere

  • Au Cambodge, les faux sourires des victimes des Khmers rouges choqu...
    https://diasp.eu/p/12750541

    Au Cambodge, les faux sourires des victimes des Khmers rouges choquent

    Un artiste a retouché les clichés de prisonniers de la célèbre prison khmère rouge S-21 : en les colorisant, il leur a ajouté un sourire. Une modification digitale dénoncée par de nombreux Cambodgiens pour qui la mémoire du génocide est toujours vive.

    Un article publié vendredi 9 avril sur le site anglophone du magazine Vice a provoqué une onde de choc. Il s’agit d’une interview du coloriste irlandais Matt Loughrey accompagnée de sept photographies en couleur de détenus de la prison S-21 : les clichés, censés « humaniser » les victimes selon l’artiste, montrent de très jeunes hommes et femmes, certains avec une carnation étonnement pâle, des traits lissés, et surtout de bien étranges sourires.

    Interrogé à ce sujet, Matt Loughrey les (...)

  • Cambodia at risk of being last in line for vaccines - Asia Times
    https://asiatimes.com/2021/01/cambodia-at-risk-of-being-last-in-line-for-vaccines

    With an exceptionally weak healthcare system, feeble bureaucracy and faltering finances, Cambodian hopes for entering a post-pandemic era in 2021 are fast diminishing as richer states buy up limited vaccines for their own citizens.“No one knows anything at all” about when the vaccine rollout will begin, a source with knowledge of the Cambodian government’s planning who spoke to Asia Times on condition of anonymity said.
    “Cambodia is really still in ‘will we get it’ mode rather than ‘vaccine preparation’ mode,” the source said, adding that sentiment in Phnom Penh is that it’s a “long way off” before vaccines start to arrive in the country.
    The government has been mainly mum on the matter since stating in December that it would only accept vaccines approved by the World Health Organization (WHO), which currently includes only those produced by Pfizer-BioNTech, a German-US partnership.
    The most pessimistic of projections among sources tracking the government’s response is that inoculation of the majority of Cambodia’s 16.7 million population won’t take place until late 2022, if not mid-2023.
    The Economist Intelligence Unit recently forecast that vaccines won’t be widely available in Cambodia until at least April 2022, a prediction that noted the emerging stark contrast in vaccine access between rich and poor nations. Because Cambodia is “largely dependent” on the WHO-backed global health initiative COVAX to access vaccines, which currently only guarantees inoculations for a fifth of a country’s population, “it may take time for COVAX to increase this, and Cambodia only has limited fiscal resources to purchase vaccines independently,” Imogen Page-Jarrett, an EIU research analyst, said.
    “We therefore do not expect Cambodia to immunize 60% of its population until sometime between June 2022 and June 2023,” she added.Phnom Penh’s attention is for now diverted by the more pressing issue of preventing further viral outbreaks, a major concern since the more-virulent variant of Covid-19, first detected in the UK, was found last week in neighboring Vietnam and Thailand.
    New restrictions on border crossings have been imposed by Cambodia on both countries.Cambodia has officially not recorded any Covid-19 fatalities, although fears were raised after community outbreaks emerged in November. At the time of writing, credibly or not, there have only been 383 documented coronavirus cases nationwide. There are now also concerns about whether returning migrant workers from Thailand, several of whom have tested positive for Covid-19 in recent days, will spark another viral wave and community spread when they return to their home villages, sources say. Earlier images of mass vaccinations in Europe in December appeared to signal the beginning of the pandemic’s end, with many Cambodians sensing that it might be over within a matter of months. Although there have been few social distancing restrictions imposed in Cambodia, its economy is reeling from the pandemic. Unemployment rates reached near record-highs in 2020 whilst the true number of Cambodians pushed back into poverty will only be clear in the coming months. The Asian Development Bank in August reported that 8% of the population could be thrust back into poverty because of the pandemic

    #Covid-19#migrant#migration#cambodge#thailande#retour#travailleurmigrant#test#pauvrete#vaccination#systemesante

  • Hints Hun Sen starting to look away from China - Asia Times
    https://asiatimes.com/2020/12/hints-hun-sen-starting-to-look-away-from-china

    When Cambodian Prime Minister Hun Sen announced this week that his country will order its first batch of Covid-19 vaccines from the United Nations-backed COVAX facility, it was notable that Cambodia’s first inoculations were not coming from China.“Cambodia is not a dustbin.. and not a place for a vaccine trial,” Hun Sen said in blunt terms during a marathon speech on December 15, adding that he will only trust and accept vaccines approved by the World Health Organization (WHO).According to reports, Cambodia’s government has so far collected US$48 million in donations, mostly from wealthy tycoons allied to Hun Sen’s ruling Cambodian People’s Party (CPP), which will go towards the US$200 million needed to purchase inoculations.The vaccine collection drive comes amid fears a community-transmission outbreak that started late last month may still be spreading. A first batch of China’s Sinovac vaccines has already been delivered to Indonesia, yet there has been no official comment on whether Beijing will donate doses to its so-called “ironclad friend” Cambodia. This is despite pledges from Chinese Premier Li Keqiang in August that mainland Southeast Asian states would be given priority once shots are ready.

    #Covid-19#migrant#migration#chine#cambodge#vaccin#circulationtherapeutique#sante

  • How have Thailand and Cambodia kept Covid cases so low? | Coronavirus | The Guardian
    http://www.theguardian.com/world/2020/dec/16/thailand-cambodia-covid-19-cases-deaths-low
    https://i.guim.co.uk/img/media/79e30e66d2600fdbfabd2308bbe52ecbb69ac83f/0_74_2892_1736/master/2892.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    In both countries the pandemic has proved economically devastating. In Thailand, strict entry restrictions have halted tourism, contributing to millions of job losses. Over recent weeks, a small cluster of cases has emerged, linked to people travelling undetected over the Myanmar border, prompting fears the virus could spread among migrant workers, who may be reluctant to report symptoms if they have not crossed into the country through an official route. Anyone entering Thailand is required to quarantine in designated facilities for 14 days, and undergo multiple Covid-19 tests.

    #Covid-19#migrant#migration#cambodge#thailande#sante#depistage#travailleurmigrant

  • Documenter la douleur des autres : #souvenirs, #identités et #appartenance dans les imaginaires diasporiques des #Teochew

    La #mémoire_traumatique est un héritage avec lequel les descendants des #rescapés du #génocide_cambodgien doivent négocier pour trouver leur place dans une #histoire rompue, celle de leurs parents, et en France, pays où ils sont nés. Pour certains d’entre eux, l’#art et la #littérature sont un moyen de réparer les #blessures.

    La #migration s’accompagne invariablement d’une expérience de bouleversement, mais les circonstances du déplacement des #réfugiés du Cambodge – dont un nombre important de Chinois originaires du sud de la #Chine, les Teochew – équivaut à une réelle rupture. Le génocide mené par les #Khmers_rouges qui a anéanti près d’un quart de la population a laissé une génération dépourvue d’anciens et une fracture qui n’a pas été refermée quatre décennies plus tard. Pour les #réfugiés_cambodgiens, cette #séparation forcée est accentuée par l’apparente permanence de l’#exil. Comme pour tous les réfugiés et survivants cambodgiens, cette expérience du génocide est au cœur de la #mémoire_diasporique des Teochew, une mémoire déjà compliquée par l’histoire de #déplacements répétés (de la Chine au Cambodge et du Cambodge à la #France) et par un rapport ambivalent non seulement envers le Cambodge et son passé génocidaire mais aussi envers la Chine qui est restée silencieuse face à la persécution de ses diasporas.

    Comme mes recherches l’ont montré, ces histoires sont largement cryptées dans le #silence qui hante les familles de réfugiés, projetant les ombres du passé génocidaire à travers les générations. Les réflexions sur le travail de mémoire sino-cambodgien éclairent la relation entre lieux – de vie et d’appartenance –, mémoire et identité diasporique. Elles éclairent les conditions qui facilitent ou entravent la #transmission_intergénérationnelle ainsi que les luttes des générations post-réfugiées – celles qui n’ont pas vécu les #traumatismes mais qui sont néanmoins hantées par eux – pour récupérer cette histoire, et, à travers elle, leur place et leur appartenance à de multiples espaces de connexion.

    Ce texte fait référence aux prises de paroles de descendants de réfugiés cambodgiens (Jenny Teng, Mathieu Pheng et Lana Chhor) lors de la conférence « Générations Post-refugié.e.s » organisée à Sciences Po en décembre 2018. L’analyse de leur parole démontre à quel point le silence autour de la mémoire du génocide des Khmers rouges est un élément constitutif des identités des descendants nés et éduqués en France.

    Les générations post-génocide face au silence

    Dans ses réflexions sur le silence « post-génocide », Jenny Teng, cinéaste française d’origine cambodgienne Teochew, souligne qu’il existe « une culture du récit, de l’histoire, de la transmission des mots, qui est fondatrice de la diaspora et la culture juive » qu’on ne retrouve pas chez les Sino-cambodgiens, ce qui rend le témoignage encore plus difficile. Liant le silence à la honte et la culpabilité des survivants face à de telles violences et de telles pertes, elle note : « Les témoignages viennent ouvrir quelque chose qui était très secret. Et c’est peut-être parce que, dans ce secret, il y a une forme de culpabilité et une honte que ces enfants, que cette deuxième génération porte depuis l’enfance. » Pour Lana Chhor, auteure d’origine sino-cambodgienne, le silence engendre des effets dévastateurs non seulement « pour celui qui porte le silence mais aussi pour ceux à qui il est imposé. » Soulignant l’effet du silence qui, de manière simultanée, lie et fracture, elle compare la famille enveloppée par le silence à une « prison » où « chacun [se trouve] dans des cellules individuelles ». Les générations suivantes se retrouvent ainsi sans les outils nécessaires pour reconstruire et comprendre ces histoires et ces récits non seulement au sens linguistique mais aussi culturel et expérientiel. Comme le note Lana Chhor, « il est douloureux de grandir dans le silence car les mêmes questions reviennent, mais toujours sans réponses. »

    « Quelle place on donne aux disparus, aux défunts qui n’ont pas reçu de sépultures ? Les survivants ont en mémoire et au quotidien gardé une place, quelle est cette place ? »

    #Jenny_Teng, cinéaste et chercheure

    Le credo républicain de l’assimilation en France ne laisse pas de place à la pluralité des histoires, ce qui invisibilise non seulement les histoires des communautés diasporiques en France mais aussi les enchevêtrements de ces histoires avec l’histoire coloniale et post-coloniale de la France. Cet effacement permet à la France de ne considérer les réfugiés que comme des personnes à sauver et les politiques d’asile comme une action humanitariste plutôt que comme une responsabilité. Pour beaucoup, comme l’exprime Jenny Teng, le vide créé par l’inconnu et le non reconnu provoque un questionnement existentiel : « où se sent-on chez soi, physiquement, symboliquement ? » Pour les générations post-réfugiées, historiciser leur identité est donc un moyen d’affirmer leur humanité et individualité (personhood) et, comme le dit Lana Chhor, « d’enlever les étiquettes que la société nous met malgré nous ». En récupérant ces histoires enfouies et désavouées, ils récupèrent un lien avec un passé, et à travers ce passé une place dans le présent – au Cambodge, en Chine, en France – et une identité collective qui s’oppose à l’invisibilisation, à l’altérité, et à un « entre-deux » qui signifie essentiellement être à l’extérieur.
    Les générations post-génocide face à la mémoire

    Comme pour d’autres histoires traumatiques, avec le passage des générations, les questions de transmission et de conservation de la mémoire acquièrent une certaine urgence. Écrivant sur la transmission de la « tutelle de l’Holocauste », l’écrivaine Eva Hoffman décrit la deuxième génération comme « la génération charnière dans laquelle les connaissances reçues et transférées des événements sont transformées en histoire ou en mythe1. Comment les générations « postmémoire », ainsi que les appelle une autre écrivaine, Marianne Hirsch, reçoivent-elles et négocient-elles ces « expériences puissantes, souvent traumatisantes, qui ont précédé leur naissance mais qui leur ont pourtant été si profondément transmises qu’elles semblent constituer des souvenirs pleins ? » Comment raconter et aborder la « douleur des autres sans se l’approprier » comme la philosophe Susan Sontag l’a si bien décrit ? Et comment faire cela avec seulement des fragments de souvenirs, glanés ici et là, et à distance depuis son perchoir générationnel ? Quelles sont, le cas échéant, les négociations entre éthique et esthétique de la mémoire ?

    « Le credo républicain de l’assimilation en France ne laisse pas de place à la pluralité des histoires, ce qui invisibilise non seulement les histoires des communautés diasporiques en France mais aussi les enchevêtrements de ces histoires avec l’histoire coloniale et post-coloniale de la France. »

    Khatharya Um

    Significativement, à partir de leur « proximité distanciée », les générations post-réfugiées peuvent s’engager dans cette histoire traumatisante d’une manière impossible pour les survivants de la première génération. Les « entre-deux » spatiaux, temporels et générationnels, des lieux que #Mathieu_Pheng, documentariste d’origine franco-cambodgienne, décrit comme « les endroits où ça frictionne » – ne sont pas seulement des espaces de tension mais aussi de possibilité, où la distance générationnelle offre de nouvelles perspectives, un sentiment d’urgence renouvelé, où le créatif et le critique peuvent émerger des ruines de la guerre, du génocide et de l’exil. Pour Jenny Teng, qui centre ses œuvres sur cette notion d’« entre », la création est un pont entre le passé et le présent, et la caméra une fenêtre vers un passé douloureux qui « permet à la personne qui témoigne, de se constituer en témoin dans le sens premier, c’est-à-dire qu’elle va dire ce qu’elle a vu, ce qu’elle a connu pour l’inscrire dans l’histoire. Le documentaire a cette force-là, qui est de sortir du cercle familial et de l’affect, peut-être trop chargé, pour s’adresser à la fenêtre qu’ouvre la caméra. » Les documentaires offrent également une opportunité de dialogue intergénérationnel et de co-création qu’elle considère comme ouvrant la voie « pour sortir du tabou familial » même si cela prend du temps.

    Si l’art et l’écriture ont leur rôle dans la promotion des liens intergénérationnels et de la guérison, ils ne peuvent ni consoler ni restaurer les pertes subies par les réfugiés. Pour Jenny Teng, la possibilité offerte par la création artistique n’est pas forcément la récupération, qu’elle juge impossible, mais un moyen de « permettre à la solitude d’être un petit peu apaisée… Donc c’est vraiment consoler la souffrance de la souffrance, pas la souffrance en elle-même. » Également investie dans la potentialité réparatrice de l’art, Lana Chhor voit les mots comme aidant à suturer le vide et la blessure engendrés par le silence spectral de l’histoire : « Autant qu’ils peuvent blesser, je suis intimement convaincue que les mots peuvent réparer. »

    http://icmigrations.fr/2020/11/18/defacto-023-03

    #diaspora #douleur #mémoire #Cambodge #génocide

  • Cambodian PM isolating after Covid outbreak linked to Hungarian minister | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2020/nov/11/cambodian-pm-quarantined-after-covid-outbreak-linked-to-visit-by-hungar
    https://i.guim.co.uk/img/media/ddd6f359d014a38faaa3c6ac8c91186861988927/0_169_5568_3341/master/5568.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Cambodia’s prime minister, Hun Sen, has gone into quarantine and the country has locked down schools, bars and cinemas in the capital, Phnom Penh, and a surrounding province, after an outbreak of coronavirus cases linked to a visit by the Hungarian foreign minister, Péter Szijjártó.Szijjártó made a short visit to Cambodia on 3 November as part of a planned trade tour to the region, then tested positive for Covid-19 when he arrived in Thailand later the same day. All his meetings were cancelled and he flew home the next day on a private plane.
    Since then, the trip has been linked to at least four cases of coronavirus in Cambodia, where at least 1,000 people connected with the visit have been tested, including Hun Sen and his wife. Four cabinet ministers were also quarantined after meeting Szijjártó. The country has largely escaped the ravages of the global pandemic through strict entry and quarantine requirements, with only 301 infections and no deaths recorded. With a weak and badly funded healthcare system, Cambodia could face a devastating toll if the disease took hold.

    #Covid-19#migrant#migration#hongrie#cambodge#sante#contamination#quarantaine#elite#politique#circulation

  • Vietnam restarts flights with six cities in Asia for business travellers, citizens | South China Morning Post
    https://www.scmp.com/week-asia/economics/article/3101746/vietnam-restarts-flights-six-cities-asia-business-travellers

    Vietnam is restarting passenger flights with six Asian cities as it moves to shore up an economy battered by the coronavirus pandemic
    by boosting business activity.Foreigners travelling for business or study, along with Vietnamese nationals and their family members, will be allowed in from the southern Chinese city of Guangzhou, South Korea’s Seoul, Japan’s Tokyo, and Taipei, the government said on Tuesday, adding that flights to and from Cambodia’s Phnom Penh and Laos’ Vientiane would start next week. There will be two round trips a week between Vietnam and the selected destinations. All travellers must test negative for Covid-19 before boarding their flight and again upon landing. Those staying in Vietnam for fewer than 14 days will not need to be quarantined but have to be tested, wear a mask and refrain from shaking hands

    #Covid-19#migrant#migration#vietnam#sante#japon#chine#cambodge#laos#coreedusud#test#quarantaine

  • Douch, symbole total
    https://www.justiceinfo.net/fr/tribunaux/tribunaux-mixtes/45263-douch-symbole-total.html

    Kaing Guek Eav, mieux connu sous son surnom révolutionnaire Douch, est mort à Phnom Penh, le 2 septembre. L’ancien directeur de la sinistre prison S-21 sous le régime de Pol Pot était devenu le symbole malgré lui du crime de masse commis par les Khmers rouges. Sa mort intervient alors que le maigre effort de justice accompli sur la tragédie cambodgienne est lui-même à bout de souffle.

    23 ans de prison, plus de 25 ans d’une vie de révolutionnaire, dont 8 années à superviser la torture et l’exécution de milliers d’ennemis présumés et le plus souvent imaginaires, ont finalement eu raison de la robustesse de Kaing Guek Eav, alias Douch. L’ancien tortionnaire khmer rouge, condamné à la prison à vie en 2012, est mort dans un hôpital de la capitale cambodgienne, peu après minuit, le 2 septembre, à l’âge de 77 (...)

    #Tribunaux_mixtes