• #Mauvaises_mères

    Le dossier du mois met à l’honneur les #daronnes. Celles auxquelles on reproche d’être trop ceci, pas assez cela, qu’on juge si facilement et qu’on excuse si difficilement, alors qu’elles sont prises en tenaille entre les injonctions du #capitalisme et du #patriarcat. Ici, des voix s’élèvent pour revendiquer d’autres manières d’être femmes et mères, et tracer des lignes émancipatrices pour des #maternités_libérées.


    https://cqfd-journal.org/CQFD-no221-juin-2023

    #maternité #femmes #jugement #émancipation

    ping @_kg_

  • 🛑 99,8% des français contaminés au glyphosate - Contre Attaque

    LES RÉSULTATS DE CETTE ÉTUDE AVAIENT ÉTÉ PUBLIÉS LE 12 JANVIER 2022 DANS LA REVUE SCIENTIFIQUE SPÉCIALISÉE ENVIRONMENTAL SCIENCE AND POLLUTION. LES CHIFFRES SONT SANS APPEL : 99,8% DES ÉCHANTILLONS D’URINE TESTÉS CONTIENNENT DU GLYPHOSATE, UN HERBICIDE TOXIQUE (...)

    🛑 ☠️ ☠️ #pesticides #glyphosate #Danger #santé #écologie #planète #environnement #produitschimiques #productivisme #capitalisme...

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    ▶️ https://contre-attaque.net/2023/09/07/998-des-francais-contamines-au-glyphosate

  • « L’aggravation récente des effets du réchauffement coïncide, et c’est une autre cause de sidération, avec un retour apparent du climatoscepticisme », Stéphane Foucart

    Il n’est pas possible de décrire en quelques lignes l’état de sidération dans lequel l’été qui s’achève a plongé les chercheurs en sciences du climat. A l’impressionnante succession de catastrophes visibles et d’événements extrêmes qui ont frappé (et continuent de frapper) les populations des deux hémisphères se sont ajoutés des phénomènes bien plus discrets, qui n’ont pas généré d’images spectaculaires, mais qui ont fortement impressionné les scientifiques.

    L’envolée des températures de l’Atlantique Nord, le défaut de reconstitution des glaces de mer autour de l’Antarctique, notamment, ont suscité chez nombre d’observateurs une terreur teintée d’incrédulité. Au premier coup d’œil sur les courbes de températures de l’océan, un chercheur confie avoir eu le réflexe de penser que les radiomètres du système de surveillance par satellite Copernicus étaient peut-être défectueux. Ce n’était – hélas – pas le cas.

    Cette aggravation récente des effets du réchauffement coïncide, et c’est une autre cause de sidération, avec un retour apparent du climatoscepticisme dans la conversation publique. Très marqués sur les réseaux sociaux ces derniers mois, les discours niant la réalité du changement climatique et/ou ses causes anthropiques seraient sur une pente ascendante depuis quelques années. Une enquête d’opinion internationale, coordonnée par EDF et l’institut Ipsos, suggère un essor du climatoscepticisme dans plusieurs grands pays entre 2019 et 2022. En France, selon ce sondage, environ 37 % de la population serait climatosceptique en 2022, en augmentation de huit points par rapport à l’année précédente.

    Mille nuances de scepticisme

    D’autres enquêtes, comme celle publiée en 2022 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), suggèrent des chiffres supérieurs : 43 % des Français estimeraient que la contribution humaine au réchauffement est nulle ou non déterminante. A l’inverse, le baromètre annuel de l’Ademe, mené avec l’institut OpinionWay, ne retrouve pas un tel niveau de défiance et évaluait l’an dernier à environ 81 % la proportion de Français convaincus par la réalité et les causes humaines du réchauffement. Fait remarquable : à l’inverse des précédentes études, ce baromètre met en évidence, ces dernières années, un accroissement de la confiance des Français dans le consensus scientifique sur la réalité et les causes du changement climatique.

    Une part de ces divergences s’explique probablement par la forme des questions posées, l’ordre dans lequel elles sont posées, le contexte général de chaque enquête, etc. Et même, peut-être, par la météo du jour, lorsque les participants ont répondu aux questionnaires. Aucune enquête d’opinion, si bien menée soit-elle, ne permet d’épuiser la question du climatoscepticisme. Et, si l’on étend sa définition à ce qu’elle devrait être – c’est-à-dire en tenant aussi compte de la perception de l’échelle des dégâts prévisibles du réchauffement et l’ampleur des transformations socio-économiques à accomplir pour les atténuer –, il est probable que le climatoscepticisme soit, en réalité, à peu près généralisé dans la société.

    Le monde politique en est le reflet. Il n’y existe aujourd’hui presque plus de déni pleinement assumé sur le sujet. Néanmoins, il persiste, à travers tout l’échiquier politique, une variété de prises de position ou de déclarations trahissant mille nuances de scepticisme. A commencer par le président de la République, qui, dans ses vœux pour l’année 2023, marquée par des températures caniculaires et la pire sécheresse depuis quatre siècles en Europe, s’est interrogé : « Qui aurait pu prédire (…) la crise climatique aux effets spectaculaires, cet été dans notre pays ? » Ce n’est pas un lapsus.

    Un tel texte n’a pas été prononcé sans avoir été méticuleusement relu par les collaborateurs d’Emmanuel Macron : que cette phrase, ignorant plus de trois décennies d’expertise internationale sur le changement climatique, ait pu être énoncée suggère une forme inconsciente de climatoscepticisme, non seulement chez le chef de l’Etat, mais dans tout son entourage.

    Déclarations convenues

    Ce qui est vrai à l’Elysée l’est aussi à tous les niveaux de responsabilité, et à travers presque tout le spectre politique. De l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui attribue la crise climatique à la démographie africaine, au député (RN) du Loiret Thomas Ménagé, qui estime que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) « exagère ». Dans des communes de la « banlieue rouge » de Paris, on fait arracher des arbres centenaires – un des meilleurs remparts contre les îlots de chaleur urbains – pour des aménagements urbains contingents, comme si la prochaine canicule était la dernière.

    Quant à Carole Delga, la présidente (PS) du conseil régional d’Occitanie, elle assure placer très haut la question climatique dans l’ordre de ses priorités, tout en soutenant l’abattage de centaines d’arbres et le bétonnage de plus de 300 hectares de terres agricoles pour construire l’A69, entre Castres et Toulouse.

    Faire de la politique, c’est bien sûr faire des choix et les assumer, en dépit de ce que peut être l’état de la connaissance. Mais ces arbitrages trahissent chez ceux qui les prennent, au-delà des déclarations convenues, un for intérieur profondément sceptique sur la réalité de la menace et tout son potentiel d’aggravation.

    « Nous sommes tous climatosceptiques », déclarait le philosophe australien Clive Hamilton, en 2018, dans un entretien au Monde. Deux records, tombés cet été, en offrent une saisissante illustration. Juillet a été le plus chaud jamais mesuré à la surface de la planète et, le 6 de ce mois-là, l’aviation commerciale battait son record, avec 134 386 liaisons effectuées au cours de cette seule journée.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/10/l-aggravation-recente-des-effets-du-rechauffement-coincide-et-c-est-une-autr

    #déni #climat #réchauffement_climatique #écologie #climatoscepticisme #capitalocène

    • « Nous sommes tous des climatosceptiques », 2018.

      Pour le philosophe australien Clive Hamilton, il est « presque impossible d’accepter toute la vérité sur ce que nous avons fait subir à la Terre ».

      Pourquoi est-il si compliqué d’agir contre le changement climatique ?

      L’une des raisons réside dans le déni de la réalité scientifique. Aux Etats-Unis, le climatoscepticisme a été inventé et propagé par l’industrie des énergies fossiles dans les années 1990. Mais ensuite, la science climatique, à la fin des années 2000, a été intégrée à une guerre culturelle qui n’a plus rien à voir avec les faits ou les preuves.

      Pour les conservateurs, rejeter la science est devenu l’expression de leur identité. Ils considèrent que la science climatique est promue par l’#écologie_politique. Or ils combattent l’écologie, au même titre que tous les progrès sociaux survenus dans les années 1960 (l’émancipation des femmes, le mouvement des droits civiques, les mouvements LGBT ou encore le pacifisme) qui, selon eux, sapent les bases d’une société chrétienne. Pour les faire évoluer sur le changement climatique, il faudrait changer leur identité, leur conception d’eux-mêmes en tant qu’êtres politiques, ce qui est extrêmement difficile.


      Donald Trump montre, avec sa main, la faiblesse du réchauffement climatique qui est, selon lui, en cours, alors qu’il annonce le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, le 1er juin 2017 à Washington. KEVIN LAMARQUE / REUTERS
      Le problème vient donc surtout des climatosceptiques américains ?

      Il serait facile de seulement rejeter la faute sur les climatosceptiques et sur le président américain Donald Trump, mais la réalité est que nous sommes tous climatosceptiques. Il est presque impossible d’accepter toute la vérité sur ce que nous avons fait subir à la Terre . C’est si radical, si choquant, qu’il est très difficile de vivre avec tous les jours, cela nous en demande trop d’un point de vue émotionnel. J’ai vu des gens vivre avec cette idée au quotidien, ils ont développé une forme de folie.

      Accepter la totalité du message des scientifiques sur le climat signifierait abandonner le principe fondamental de la modernité, c’est-à-dire l’idée d’un progrès. Cela signifie renoncer à l’idée selon laquelle le futur est toujours une version améliorée du présent, ce qu’il ne sera plus à l’avenir. Il faudrait au contraire se résigner à un changement de vie radical. Or même ceux qui critiquent le capitalisme en sont dépendants.
      https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/11/19/nous-sommes-tous-des-climatosceptiques_5385641_1652612.html
      https://justpaste.it/czmpt

      #climatologie #vérité #capitalisme

    • Accepter la totalité du message des scientifiques sur le climat signifierait abandonner le principe fondamental de la modernité, c’est-à-dire l’idée d’un progrès. Cela signifie renoncer à l’idée selon laquelle le futur est toujours une version améliorée du présent, ce qu’il ne sera plus à l’avenir. Il faudrait au contraire se résigner à un changement de vie radical. Or même ceux qui critiquent le capitalisme en sont dépendants.

      #progressisme #parle_pour_toi :p

    • @RastaPopoulos, un article pour toi :

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/10/hartmut-rosa-la-logique-moderne-est-intrinsequement-agressive_6188676_3232.h

      Dans Pourquoi la démocratie a besoin de la religion, vous considérez que notre société est captive de « l’accélération » et qu’elle a « perdu le sens du mouvement ». Quelle est la nature de la « situation de crise » qui en découle ?

      Cette formule renvoie à notre expérience quotidienne. Depuis le XVIIIe siècle, la conviction que demain serait meilleur qu’hier guidait chacun : nous allions vers plus de liberté, de savoir, de confort. La sensation d’aller de l’avant dérivait de trois facteurs, que sont la croissance économique, l’accélération technologique et l’innovation culturelle. C’est cette combinaison qui donne la caractéristique première de nos sociétés que j’appelle la « stabilisation dynamique », c’est-à-dire qu’elles sont vouées à accélérer pour maintenir leur équilibre. Nous devons nous développer, innover toujours plus vite pour rester exactement là où nous sommes, coincés dans ce que j’appelle une « immobilité frénétique ». A l’exception de notre société moderne, née au XVIIIe siècle, aucune civilisation n’a jamais vécu dans un tel schéma.
      Lire aussi l’entretien (2016) Hartmut Rosa : « Plus on économise le temps, plus on a la sensation d’en manquer »

      Longtemps, cet imaginaire du progrès a justifié de travailler dur pour que ses enfants aient une vie meilleure. Désormais, cet élan est perdu. Je situerais le point de rupture autour de l’an 2000. Les données montrent que l’écrasante majorité des Américains, des Européens, mais aussi des Coréens et des Japonais avaient perdu la foi de leurs parents. L’objectif est alors devenu que la situation de ses enfants ne recule pas.

      La nouveauté de cette crise n’est donc pas l’accélération, intrinsèque à la modernité, mais la perte du « sens du mouvement », autrement dit du sentiment d’aller de l’avant. Ainsi, les automobiles sont nocives pour l’environnement, mais nous continuons à en fabriquer toujours plus, car le système économique allemand repose sur cette industrie. Nous avons suffisamment de voitures, d’ordinateurs et de vêtements, mais nous devons continuer à en concevoir pour ne pas nous effondrer : sans cela, nous ne pouvons pas maintenir les hôpitaux, payer les retraites, financer les écoles.

    • Hartmut Rosa, penseur de l’accélération : « L’accélération conduit à un état d’agressivité, particulièrement sensible chez les individus des sociétés occidentales »
      https://justpaste.it/ava7d
      in Le Monde des religions et des spiritualités
      heureusement qu’on trouve des gens intelligents pour nous expliquer autrement que "nous ne pouvons pas maintenir les hôpitaux, payer les retraites, financer les écoles" sans le capitalisme.

      #foi #résonance

    • #qui_aurait_pu_predire : que cette phrase, ignorant plus de trois décennies d’expertise internationale sur le changement climatique, ait pu être énoncée suggère une forme inconsciente de climatoscepticisme, non seulement chez le chef de l’Etat, mais dans tout son entourage.

      Forme inconsciente ??? Ça euphémise carrément au Monde.

    • la chose foireuse dans cette phrases c’est le timing (3 décennies, on rigole). quant à la puissance du déni, du refus de reconnaître la réalité d’une perception, d’un savoir, d’un fait traumatisants, c’est un mécanisme de défense du moi, bien ordinaire.
      qu’il s’agisse de la pandémie, du réchauffement climatique ou, plus proche de ce qui se manifeste ici même, de l’antisémitismedegauche, le mensonge s’impose pour sauver le moi et pas simplement comme fruit d’un calcul, comme tant de mensonges. nos maîtres sont des gens biens ordinaires, dans une aliénation transcendantale qui tutoie la folie.

  • ★ À PROPOS DES ANARCHISTES, DES SYNDICATS ET DES PARTIS - Socialisme libertaire

    Une question se pose aux anarchistes investis dans les luttes sociales menées dans les entreprises où ils travaillent : quelle pratique révolutionnaire poursuivre au quotidien ? Le problème n’est pas nouveau pour nous. Ni d’ailleurs pour toutes les organisations de gauche ou d’extrême-gauche, avant-gardes autoproclamées du prolétariat ; dès le 19e siècle la plupart des sociaux-démocrates avaient ajouté la voie parlementariste à leur catalogue « révolutionnaire ». La conquête du pouvoir politique a suffisamment démontré partout, que gauche ou extrême-gauche une fois arrivées aux commandes d’un pays n’ont jamais aboli le capitalisme. Tout au plus l’a-t-on remplacé par un capitalisme d’État avec une nomenklatura prenant le relais de la classe bourgeoise. Nomenklatura qui, au moyen de la dictature du prolétariat (ou mieux dit, la dictature sur le prolétariat) a perpétré l’exploitation de l’homme par l’homme et tous les rapports de domination (...)

    #anarchosyndicalisme #anarchisme #anticapitalisme #antiétatisme
    #politique #pouvoir #étatisme #capitalisme #gauche #extrêmegauche

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    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2019/08/a-propos-des-anarchistes-des-syndicats-et-des-partis.html

  • Unhinged Conspiracies, AI Doppelgangers, and the Fractured Reality of Naomi Klein | WIRED
    https://www.wired.com/story/covid-conspiracies-ai-doppelgangers-naomi-klein

    Très intéressant interview de Naomi Klein

    The thing I find disingenuous is when you hear, oh, we’re going to have so much leisure time, the AI will do the grunt work. What world are you living in? That’s not what happens. Fewer people will get hired. And I don’t think this is a fight between humans and machines; that’s bad framing. It’s a fight between conglomerates that have been poisoning our information ecology and mining our data. We thought it was just about tracking us to sell us things, to better train their algorithms to recommend music. It turns out we’re creating a whole doppelganger world.

    We’ve provided just enough raw material.

    When Shoshana Zuboff wrote The Age of Surveillance Capitalism, it was more about convincing people who’d never had a sense that they had a right to privacy—because they’d grown up with the all-seeing eye of social media—that they did have a right to privacy. Now it’s not just that, even though privacy is important. It’s about whether anything we create is going to be weaponized against us and used to replace us—a phrase that unfortunately has different connotations right now.

    Take it back! The right stole “shock doctrine,” you can nab “replace us” for the AI age.

    These companies knew that our data was valuable, but I don’t even think they knew exactly what they were going to do with it beyond sell it to advertisers or other third parties. We’re through the first phase now, though. Our data is being used to train the machines.

    Fodder for a Doppelganger sequel.

    And about what it means for our ability to think new thoughts. The idea that everything is a remix, a mimicry—it relates to what you were talking about, the various Marvel and Mattel universes. The extent to which our culture is already formulaic and mechanistic is the extent to which it’s replaceable by AI. The more predictable we are, the easier it is to mimic. I find something unbearably sad about the idea that culture is becoming a hall of mirrors, where all we see is our own reflections back.

    #Naomi_Klein #Sosie #Doppelganger #Intelligence_artificielle

  • 🛑 La faim justifie les moyens... - Contre Attaque

    Se nourrir coûte 25% de plus qu’en janvier 2022 selon l’UFC Que Choisir. Dans le même temps, les salaires n’ont quasiment pas augmenté. L’argument du gouvernement pour ne pas rehausser les salaires était que cela risquait d’accélérer l’inflation. L’inflation est là, et les salaires stagnent. Cela veut dire qu’en valeur réelle, les salaires ont massivement baissé. C’est comme si tous les patrons avaient amputé massivement toutes les paies ! (...)

    ⚡️ #capitalisme #CAC40 #patronat #profits #bénéfices #milliardaires
    #anticapitalisme #inégalité #précarité #pauvreté #faim...

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    ▶️ https://contre-attaque.net/2023/09/03/la-faim-justifie-les-moyens-2

  • L’élite oligarchique américaine et son impact sur le monde - Chris Hedges

    Elucid (Les crises) : L’élite oligarchique américaine et son impact sur le monde Chris Hedges - Olivier Berruyer

    Chris Hedges est un journaliste américain, lauréat d’un prix Pulitzer. Il a été correspondant de guerre pour le New York Times pendant quinze ans. Reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, il a également enseigné aux universités Columbia et Princeton. Dans cette interview par Olivier Berruyer pour Elucid, il propose une critique de ce qu’il appelle « l’élite progressiste » américaine, l’hypocrisie de ses valeurs et son accointance avec les puissances d’argent ("les entreprises"). Il décortique le rôle de cette oligarchie, comment elle a pris le pouvoir et comment elle impacte dorénavant le monde entier.

    La vidéo =>  : https://elucid.media/politique/lelite-oligarchique-americaine-et-son-impact-sur-le-monde-chris-hedges/?mc_ts=crises

    #usa #néolibéralisme #capitalisme #médias #journalisme #universités #censure #chris_hedges #inégalités #guerre #oligarchie

  • « L’ubérisation, on ne sait toujours pas si ça va devenir rentable »

    https://www.liberation.fr/resizer/mmHZAL575_nP_IOHmjcDaAdcxZQ=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(3900x2396:3910x2406)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/DVJCVBT2IJESRFE4DGB2ZH2HMM.jpg

    Flink, Weezy, Getir, Gorillas… Arrivées en France il y a deux ans, profitant du contexte de la pandémie de Covid-19, ces plateformes de quick commerce (« commerce rapide ») qui promettent la livraison de courses à domicile en un temps record ont disparu cet été, aussi vite qu’elles étaient arrivées, laissant sur le carreau des milliers de salariés sans emploi. Dernières fermetures en date : les sociétés Getir et Gorillas, mises en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris le 19 juillet 2023, après que plusieurs municipalités (Lyon, Toulouse, Paris…) ont contesté l’implantation des « #dark_stores » en centre-ville. Que dit cet échec de « l’ubérisation » de notre société ? Pour la sociologue Sophie Bernard, autrice de l’essai #Uberusés. Le capitalisme racial de plateforme (PUF, 2023), si l’opinion porte un regard plus critique sur les conditions de travail des employés, les plateformes sont loin de fournir des réponses satisfaisantes.

    Comment expliquer un échec si rapide du quick commerce en France ?

    Avant de parler de l’échec, il faut comprendre la stratégie de ces sociétés. Le modèle économique d’Uber et des sociétés de quick commerce comme Gorillas ou Getir est toujours le même, celui de la croissance à tout prix : pour s’imposer rapidement face à la concurrence, elles proposent des prestations à bas coût, permis par des investissements très importants. L’objectif est d’obtenir une position de quasi-monopole pour ensuite augmenter les tarifs. Là où ça coince systématiquement, c’est que ces sociétés adoptent une stratégie du « fait accompli », consistant à ne pas se préoccuper de la législation en vigueur ou de la contourner.

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/luberisation-on-ne-sait-toujours-pas-si-ca-va-devenir-rentable-20230829_K
    https://justpaste.it/czj79

    #emploi #capitalisme_de_plateforme #quick_commerce #ubérisation

  • Thierry Breton : un néo-fascisme néolibéral, pourquoi pas ? - Vu du Droit Régis de Castelnau - vududroit.com

    Avec la fin du gaullisme politique porté en terre par les successeurs du Général, avec la disparition d’un PCF outil puissant de la classe ouvrière, avec la trahison du Parti socialiste fourrier du néolibéralisme, la France a emprunté le toboggan du déclin la conduisant à la sortie de l’Histoire. Pour faire bon poids le même Parti socialiste a offert à nos oligarques un président de la République conforme à leurs vœux, incapable politique, corrompu et soucieux de leurs intérêts.


    Tout à son anomie dépressive et son pessimisme foncier, notre pays continue à se passionner pour des polémiques secondaires quand elles ne sont pas dérisoires. Face à la catastrophe économique qui vient, confronté à une crise migratoire majeure, à une perte du contrôle public de parties considérables de son territoire, à l’effondrement de son système éducatif, celui de son système de santé, chassé d’Afrique, dirigé par un incompétent dépassé, il se passionne pour les conséquences et se désintéresse des causes. Et les domestiques d’un système médiatique asservi essaient de nous intéresser à une rencontre entre le chef de l’État et les dirigeants des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Rencontre sans autre intérêt que de démontrer la servilité de ces mêmes partis qui ont tous été à la soupe pour assurer Macron de leur connivence. Et s’il en était besoin, de démontrer une fois de plus l’inconscience narcissique de celui-ci réclamant qu’on lui offre la possibilité d’un troisième mandat !

    Diversion vestimentaire
    Gabriel Attal, malgré son jeune âge, est un politicien roué. Après les polémiques Sardou/Armanet, Médine chez les verts, le voilà qui a lancé une opération de diversion de grand style. Plutôt que de parler de l’effondrement du système éducatif français, du nombre et du niveau des professeurs, des moyens de l’éducation nationale, il a jeté un chiffon rouge en forme de vêtement à « intention » religieuse sur lequel l’infosphère s’est précipitée.

    La bande de Mélenchon et Mélenchon lui-même, organisant un festival d’hypocrisie et de mauvaise foi, et bénéficiant du soutien des belles âmes intellectuelles habituelles. Parmi celles-ci, un certain Jean-Bernard Spitz, « spécialiste de philosophie politique » assène sans mollir un certain nombre d’énormités relayées avec gourmandise par des cohortes d’ignorants trouvant là, l’aliment de la supériorité morale qu’ils s’attribuent.  « L’idée même d’un vêtement “religieux” est une absurdité. Dans une république laïque, aucun vêtement n’est ni musulman, ni juif, ni chrétien. »  Ah bon ? La kippa, un vêtement qui couvre une partie de la tête, n’est pas juif ? Les habits « sacerdotaux » que portent prêtres, évêques, cardinaux et papes ne sont pas chrétiens ? Notre spécialiste en philosophie va plus loin :  « Car, dans un État qui prétend être respectueux des droits des individus, on ne juge pas les intentions, mais les actes. L’idée d’un vêtement religieux par destination conduirait à juger différemment un seul et même acte — le port d’une robe longue — en fonction de l’intention de celle qui l’accomplit. C’est la définition même de l’arbitraire, car un État de droit applique une règle uniforme à des actes extérieurement identiques. »  Mais dites cher spécialiste, c’est ce que fait le Code pénal à longueur d’articles, à rechercher et à qualifier les intentions. Pour leur appliquer des règles différentes. Par exemple, je renverse un piéton en voiture et le tue. Je n’ai pas fait exprès : homicide involontaire. Je l’ai fait exprès, homicide volontaire avec arme (par « destination » justement), la voiture. J’avais prémédité mon coup, assassinat avec arme. Un seul acte, cinq qualifications possibles, cinq peines différentes. Et c’est précisément parce qu’il est respectueux des individus qu’un État civilisé opère de cette façon.

    Et pendant que se poursuivent ces polémiques rageuses qui sont autant d’opérations de diversion et dont le niveau témoigne de la pauvreté, les mauvais coups se succèdent.

    Thierry Breton en mode Jdanov
    Dernier en date, celui que Thierry Breton, le commissaire politique nommé par Macron à la Commission européenne pour faire régner l’ordre numérique, nous a annoncé avec gourmandise. Depuis le 25 août, un règlement du Parlement européen et du Conseil est désormais applicable à l’ensemble de l’Union. Composé de 82 articles et de 155 considérants, ce texte interminable et particulièrement confus ne poursuit en fait qu’un seul objectif, celui de doter les institutions des pays de l’UE d’un pouvoir de censure a priori sur les réseaux sociaux.

    Dès le début de l’exposé des motifs, on annonce la couleur :  « De plus en plus, les États membres adoptent ou envisagent d’adopter des législations nationales sur les matières relevant du présent règlement, imposant notamment des obligations de diligence aux fournisseurs de services intermédiaires en ce qui concerne la manière dont ils devraient combattre les contenus illicites, la désinformation en ligne ou d’autres risques pour la société. »  Il s’agit tout simplement d’obliger les plates-formes numériques qui gèrent les réseaux sociaux à censurer ceux-ci.

    On sait que les sociétés privées qui gèrent YouTube, Facebook, Twitter et autres TikTok pratiquent depuis longtemps la censure. Elles ont mis des algorithmes et des comités de surveillance qui doivent supprimer les contenus des mal-pensants, soit carrément les bannir. On sait le rôle qu’elles ont joué au moment de l’élection présidentielle américaine de 2020, avec notamment la suppression brutale du compte Twitter d’un des candidats, à savoir Donald Trump, malgré le fait qu’il soit suivi par 98 millions de personnes. On sait aussi sa chasse aux contenus faisant état preuve à l’appui de la corruption du fils de l’autre candidat Joe Biden. Mais pour les gouvernements occidentaux, ce n’est pas suffisant et on a vu se multiplier les tentatives pour mettre en place des dispositifs contraignants pour les plates-formes.

    C’est ce qui s’est produit en France avec la loi scélérate présentée par l’ancienne députée Laetitia Avia et votée par le groupe macroniste accompagné des parlementaires LR, jamais en retard d’une atteinte aux libertés publiques. Le texte était une grossière violation de la Déclaration des droits de l’Homme qui fait partie de notre Constitution, et le Conseil constitutionnel n’a pu faire autrement que de l’annuler. Faisant sortir la destruction d’une liberté publique fondamentale par la porte, que Thierry Breton vient triomphalement de faire rentrer par la fenêtre européenne.

    Pour bien comprendre l’enjeu de cette forfaiture, il faut rappeler une fois de plus les principes de la liberté d’expression telle qu’ils sont garantis par notre Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen et par toutes celles qui s’en sont inspirées. Les articles 10 et 11 consacrent la liberté d’opinion qui est absolue et la liberté d’expression qui l’est également, mais avec la possibilité, si un intérêt général supérieur l’exige, de certaines restrictions. En France ce sont celles qui sont contenues dans la loi de 1881 improprement appelée « loi sur liberté de la presse ». Avec des conditions de procédure très strictes, elle pose deux principes : tout d’abord le contrôle des excès de la liberté d’expression ne peut se faire qu’a posteriori, ensuite ce contrôle et les sanctions éventuelles qui s’y attachent ne peuvent être effectuées que par un juge.

    Un néo-fascisme néolibéral, pourquoi pas ?
    C’est de tout cela que Thierry Breton veut se débarrasser. Au nom d’une soi-disant protection des citoyens et des consommateurs, le pouvoir administratif veut se doter d’un pouvoir de censure  a priori . Comme on l’a vu, la régulation de la liberté d’expression sur les réseaux se faisait de deux façons, tout d’abord par la censure pratiquée par les plates-formes elle-même et ensuite par le biais des procédures judiciaires diligentées par les victimes des infractions.

    Mais pour les gouvernements européens, ce n’est pas suffisant. Pour des systèmes où tous les grands médias sont aujourd’hui confisqués par les oligarchies, la liberté de parole et les possibilités offertes par les réseaux numériques de s’opposer, de contester et de combattre les pouvoirs en place leurs sont insupportables. C’est la raison pour laquelle il a été décidé de ne plus s’en remettre au bon vouloir des plateformes pour pratiquer leur censure interne, mais de les obliger à le faire. Cette sous-traitance va utiliser un moyen très simple : dès lors que les pouvoirs en place auront repéré un contenu qui les gêne, elles useront d’un pouvoir d’injonction donné aux supports concernés pour le supprimer immédiatement. À défaut d’obéir à cette injonction, les plateformes s’exposeront à des amendes aux montants considérables pouvant aller jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires global. Mais elles courront également le risque d’être supprimées, ni plus ni moins. On imagine évidemment le pouvoir d’intimidation considérable d’un tel dispositif, d’abord sur les fournisseurs, mais également sur l’autocensure que ne manqueront pas de pratiquer ceux qui veulent pouvoir continuer à s’exprimer. Quant au respect de la Déclaration des droits de l’Homme, est-il nécessaire de faire un commentaire ?

    Concernant les critères qui permettent d’ouvrir la voie à la procédure d’injonction et par conséquent de censure, le règlement n’y va pas par quatre chemins et annonce la couleur dans son considérant 12 :  « Il convient, en particulier, de donner une définition large de la notion de “contenu illicite” de façon à ce qu’elle couvre les informations relatives aux contenus, produits, services et activités illégaux. »  S’agissant d’une législation répressive, c’est le contraire qui devrait s’appliquer, celui de l’interprétation stricte. Mais envoyer par-dessus bord les principes fondamentaux des libertés publiques, ce n’est pas ce qui gêne Thierry Breton. Lequel a d’ailleurs annoncé la couleur lors d’une interview télévisée expliquant clairement sa volonté de criminaliser, certes, les « contenus haineux », mais aussi et surtout « les appels à la révolte ». Cette passion du commissaire politique pour la censure s’est d’ailleurs transformée en rage avec l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter et son annonce d’en faire un espace de liberté d’expression.

    L’installation de la société autocratique voulue par le bloc qui a installé Emmanuel Macron à l’Élysée se poursuit sans que les organisations politiques représentées à l’Assemblée nationale ne s’en émeuvent, preuve de l’effondrement de leur culture des libertés. Les parlementaires européens des mêmes organisations ont tranquillement voté le texte européen scélérat. À l’exception du Rassemblement national qui s’est courageusement abstenu…

    #néo-fascisme #capitalisme #ue #union_européenne #censure #bruxelles #thierry_breton #gabriel_attal #en_vedette #surveillance #numérique #médias #YouTube #Facebook #Twitter #TikTok #vêtement

    Source : https://www.vududroit.com/2023/09/thierry-breton-un-neo-fascisme-neoliberal-pourquoi-pas

  • Nous gaspillons des milliards dans une révolution robotique qui n’arrivera pas Matthew Lynn - The Daily Telegraph

    Les espoirs placés dans la révolution robotique de la décennie 2020 se sont heurtés à des défis majeurs. Des échecs retentissants dans le domaine des robots cuisiniers et des taxis autonomes ont mis en évidence les limites techniques, les coûts élevés et les exigences de perfectionnement auxquels font face les innovations robotiques. Malgré les investissements massifs, la transition vers une automatisation généralisée semble encore lointaine et complexe.

    Les années 2020 étaient censées être la décennie où la révolution robotique décollait réellement. Nous serions tous en train de rouler dans des taxis contrôlés par ordinateur, de prendre des boissons auprès de robots barmans et de rentrer chez nous dans des maisons nettoyées par des serviteurs androïdes efficaces. Mais cela n’est pas encore arrivé et c’est pas pour demain.


    Au lieu de cela, à San Francisco, les voitures sans conducteur se détraquent ; tandis qu’en Grande-Bretagne, une start-up financée par des millions de dollars pour fabriquer des robots chefs a connu un échec spectaculaire. En réalité, la révolution des robots s’effondre – et des milliards sont sur le point d’être gaspillés dans le processus.

    Ce fut une semaine qui donne à réfléchir pour les évangélistes de l’industrie robotique. Vous pensez peut-être que San Francisco avait suffisamment de problèmes avec les vagabonds et la criminalité de rue, mais elle a désormais ajouté les taxis sans conducteur excentriques à sa liste de défis.

    Quelques jours après que l’unité Cruise de General Motors ait obtenu l’autorisation d’exploiter une flotte de taxis entièrement contrôlés par ordinateur, le chaos a éclaté dans les rues, obligeant à réduire de moitié le nombre de ces véhicules. L’un d’eux a heurté un camion de pompiers, tandis qu’un camion entièrement vide a été impliqué dans une collision avec un autre véhicule.


    Ce démarrage tumultueux n’est certainement pas ce que l’entreprise espérait, et il ne semble pas non plus susceptible d’inciter d’autres villes à permettre à Cruise, ou à des concurrents comme Waymo de Google, de déployer leurs véhicules sur leurs routes en toute liberté.

    De ce côté-ci de l’Atlantique, la startup spécialisée dans les robots cuisiniers, Karakuri, qui avait reçu d’importants financements, notamment de la part d’Ocado et du gouvernement, connaît actuellement des difficultés majeures. Les 4 millions de livres sterling investis par Ocado pour acquérir une participation de 20 % ont pratiquement été perdus, tout comme la majeure partie des autres investissements. En fin de compte, les actifs restants de l’entreprise ont été vendus pour seulement 350 000 livres sterling.

    Ses machines sophistiquées conçues pour préparer des sushis parmi une gamme de plats, remplaçant les chefs traditionnels, ont eu du mal à trouver une place rentable sur le marché. De même, Creator, une entreprise américaine qui construisait un restaurant de hamburgers entièrement géré par des robots, a fermé ses portes en mars.

    Pendant ce temps, il y a peu d’indications que les robots sont en train de conquérir le monde. Très peu d’entre nous possèdent encore des robots aspirateurs, et bien qu’il existe de nombreuses tondeuses à gazon automatisées sur le marché, la plupart d’entre nous préfèrent toujours la méthode traditionnelle de tonte manuelle dans le jardin.

    Mis à part quelques essais, la plupart de nos colis Amazon sont toujours livrés par des êtres humains, et nous continuons à acheter des produits auprès de vendeurs réels plutôt que d’opter pour des solutions électroniques. L’automatisation a eu un certain impact sur notre vie quotidienne. Les caisses en libre-service sont désormais courantes pour effectuer des achats rapides, et les chatbots sont là pour répondre à des questions simples lorsque nous souscrivons une nouvelle assurance.

    Cependant, il est frappant de constater à quel point la robotique a eu jusqu’à présent peu d’impact et combien de startups autrefois prometteuses ont été laissées de côté.

    Et ce, malgré d’énormes investissements. En 2021, l’industrie du capital-risque a injecté 17 milliards de dollars (13 milliards de livres sterling) dans le secteur, et presque autant l’année dernière, et ce n’est que l’argent destiné aux start-ups. Les grandes entreprises ont investi encore plus. Et il devrait y avoir une forte demande.

    Nous sommes tous conscients des pénuries de main-d’œuvre souvent paralysantes au Royaume-Uni, mais elles sont tout aussi graves en Allemagne, aux États-Unis et dans de nombreuses autres économies développées.

    Dans des secteurs comme l’hôtellerie et la logistique, les entreprises se plaignent constamment du manque de personnel. On pourrait penser qu’elles seraient enthousiastes à l’idée de faire appel à des robots pour effectuer le travail à leur place, mais malgré tous les investissements consentis, il n’y a pas grand-chose à montrer pour le moment. En réalité, trois défis majeurs se dressent devant elles.

    Tout d’abord, la technologie n’est généralement pas suffisamment performante. Il est relativement facile de créer une présentation convaincante pour attirer des investissements de sociétés de capital-risque et de concevoir un prototype capable d’accomplir quelques tâches simples en laboratoire. Cependant, transformer ce prototype en un produit fini pouvant être fabriqué en série est une tout autre histoire. Jusqu’à présent, il y a peu de preuves montrant que de nombreuses startups de robotique ont réussi à passer de la phase de développement à une intégration réussie dans le monde réel.

    Deuxièmement, le coût est souvent trop élevé. Pour ne prendre qu’un exemple, il existe déjà un certain nombre de robots barmen parmi lesquels choisir, et peut-être que certains d’entre eux préparent même un Martini assez décent. Mais une recherche rapide sur le Web révèle qu’ils coûtent généralement entre 116 000 et 151 000 euros pièce. C’est beaucoup.

    Il en va souvent de même pour les robots chefs, les serveuses ou le personnel d’enregistrement. Le simple fait est que les robots sont généralement conçus pour remplacer les compétences de bas niveau, qui, de toute évidence, se situent à l’extrémité la moins chère du marché du travail. Il est difficile de justifier de payer 116 000 euros pour un robot barman alors que vous pouvez en embaucher un vrai pour 29 000 euros par an.

    Bien sûr, avec des volumes plus importants et des séries de production plus longues, le coût de nombreux robots pourrait commencer à baisser, mais les prix devront baisser considérablement avant qu’ils ne deviennent réellement une proposition commercialement viable. Les entreprises ne remplaceront pas les gens par des machines tant qu’elles ne seront pas payées pour le faire.

    Enfin, les tâches pour lesquelles les robots pourraient être utilisés nécessitent des niveaux de perfection qu’ils ne peuvent pas encore atteindre. Personne ne veut d’un taxi sans chauffeur.

    robots #robot #travail #robotique #algorithme #robotisatio #automatisation #intelligence_artificielle #technologie #économie #capitalisme #santé #en_vedette #ia #numérique #société #startups

    Source : https://www.telegraph.co.uk/business/2023/08/27/robotics-revolution-falling-flat-metal-face
    Traduction : https://lemediaen442.fr/nous-gaspillons-des-milliards-dans-une-revolution-robotique-qui-narrive

  • Fishing communities’ blues. The impacts of the climate crisis in Senegal

    This action-research documentary focuses on the climate crisis in Senegal and its devastating impacts on the livelihoods of those living in small fishing communities in Dakar and Saint Louis.

    Through stories of local people and activists, the film challenges depoliticised constructs of the climate crisis as solely ’natural’ and instead draws attention to the ongoing colonial continuities underpinning the climate crisis and the structures of racial capitalism that create socio-spatial inequalities in environment and mobility.

    This documentary was produced from the climate justice initiativ Climate of Change (climateofchange.info). It was produced with the fincial support of the European Union. Its contents are the sole responsibility of Südwind and do not necessarily reflext the views of the European Union.

    https://www.youtube.com/watch?v=mFKJrT1ndLc

    #Sénégal #pêche #climat #changement_climatique #Dakar #Saint-Louis #continuité_coloniale #capitalisme_racial #capitalisme #pêcheurs #néolibéralisme #urbanisation
    #film #film_documentaire #documentaire

  • Book Review Roundtable: Against the Commons: A Radical History of Urban Planning
    https://urbanpolitical.podigee.io/68-against-the-commons

    Against the Commons underscores how urbanization shapes the social fabric of places and territories, lending awareness to the impact of planning and design initiatives on working-class communities and popular strata. Projecting history into the future, it outlines an alternative vision for a postcapitalist urban planning, one in which the structure of collective spaces is defined by the people who inhabit them.

    #Commons,Commoning,Radical_Planning,Berlin,Enclosure,Agrarian_Question,Milan,New_York,Chicago
    https://audio.podigee-cdn.net/1204327-m-7c57eda7252ce5d46d0d1f7cea9d8acc.m4a?source=feed

  • Truman City
    http://carfree.fr/index.php/2023/08/31/truman-city

    Friedrich Engels écrivait en 1845 qu’une #ville comme #londres est une chose étrange. La centralisation colossale, « cet entassement de deux millions et demi d’êtres humains en un seul point », a Lire la suite...

    #Destruction_de_la_planète #Etalement_urbain #Fin_de_l'automobile #capitalisme #critique #densité #histoire #nature #politique #stockholm #urbanisme #ville_compacte

  • ★ Le parlement est la représentation politique de la société bourgeoise - GLJD

    (...) Nous faisons partie du peuple, cette partie du peuple qui exprime de manière presque corporelle son rejet total de ce qu’est la démocratie parlementaire, mais surtout en affirmant de manière très simple qu’on ne perçoit pas de changement fondamental dans notre vie à voter ou à ne pas voter. Tant de politiciens nous ont trompés, nous ont volés. En votant pour eux, la vie allait changer. Mais au lendemain des élections, les petits chefs commandaient toujours à l’usine. Les inspecteurs inspectaient toujours les enseignants et les fins de mois étaient toujours aussi difficiles. La domination du petit peuple continuait. Parfois même avec un changement de gouvernement. Les gens essayaient la gauche puis revenaient à la droite, c’est ce qu’on appelait l’alternance. De nos jours, avec le RN, on parle de tripartition de la politique française. C’est un nouveau terme pour dire qu’il y a maintenant trois pôles qui aspirent au pouvoir et non plus deux comme auparavant (...)

    #politique #bourgeoisie #capitalisme #parlementarisme #vote #élections #politiciens #gauche #droite #extrêmedroite #abstention #antiélectoralisme #antiétatisme #anarchisme #anticapitalisme #émancipation #autogestion

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    ▶️ https://le-libertaire.net/le-parlement-est-la-representation-politique-de-la-societe-bourgeoise

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  • 🛑 Les dividendes continuent d’augmenter dans le monde, et encore plus en France...

    Les plus grandes entreprises dans le monde ont versé plus de 560 milliards de dollars de dividendes au deuxième trimestre, un record sur cette période, avec une tendance encore plus accentuée en France.
    Entre avril et juin, les 1 200 plus importantes entreprises cotées en Bourse, recensées par le gestionnaire d’actifs Janus Henderson, ont redistribué 568,1 milliards de dollars en dividendes à leurs actionnaires (...)

    #capitalisme #profits #dividendes... #anticapitalisme

    ⏩ Lire l’article complet...

    ▶️ https://www.nouvelobs.com/economie/20230830.OBS77496/les-dividendes-continuent-d-augmenter-dans-le-monde-et-encore-plus-en-fra

  • Coop ou pas coop de trouver une alternative à la grande distribution ?

    Un #magasin sans client, sans salarié, sans marge, sans contrôle, sans espace de pouvoir où la confiance règne vous y croyez ? Difficile, tant le modèle et les valeurs de la grande distribution, et plus largement capitalistes et bourgeoises ont façonnés nos habitus. Néanmoins, parmi nous certains cherchent l’alternative : supermarchés coopératifs, collaboratifs, épiceries participatives, citoyennes, etc. Des alternatives qui pourtant reprennent nombre des promesses de la grande distribution et de ses valeurs. Les épiceries “autogérées”, “libres” ou encore en “gestion directe” tranchent dans ce paysage. Lieux d’apprentissage de nouvelles habitudes, de remise en cause frontale du pouvoir pyramidal et pseudo-horizontal. Ce modèle sera évidemment à dépasser après la révolution, mais d’ici-là il fait figure de favori pour une #émancipation collective et individuelle.

    Le supermarché : une #utopie_capitaliste désirable pour les tenants de la croyance au mérite

    Le supermarché est le modèle hégémonique de #distribution_alimentaire. #Modèle apparu seulement en 1961 en région parisienne il s’est imposé en quelques décennies en colonisant nos vies, nos corps, nos désirs et nos paysages. Cette utopie capitaliste est devenue réalité à coup de #propagande mais également d’adhésion résonnant toujours avec les promesses de l’époque : travaille, obéis, consomme ; triptyque infernal où le 3e pilier permet l’acceptation voire l’adhésion aux deux autres à la mesure du mérite individuel fantasmé.

    Malgré le succès et l’hégémonie de ce modèle, il a parallèlement toujours suscité du rejet : son ambiance aseptisée et criarde, industrielle et déshumanisante, la relation de prédation sur les fournisseurs et les délocalisations qui en découlent, sa privatisation par les bourgeois, la volonté de manipuler pour faire acheter plus ou plus différenciant et cher, le greenwashing (le fait de servir de l’écologie de manière opportuniste pour des raisons commerciales), etc., tout ceci alimente les critiques et le rejet chez une frange de la population pour qui la recherche d’alternative devient motrice.

    C’est donc contre ce modèle que se (re)créent des #alternatives se réclamant d’une démarche plus démocratique, plus inclusive, ou de réappropriation par le citoyen… Or, ces alternatives se réalisent en partant du #modèle_dominant, jouent sur son terrain selon ses règles et finalement tendent à reproduire souvent coûte que coûte, parfois inconsciemment, les promesses et les côtés désirables du supermarché.
    Comme le dit Alain Accardo dans De Notre Servitude Involontaire “ce qu’il faut se résoudre à remettre en question – et c’est sans doute la pire difficulté dans la lutte contre le système capitaliste -, c’est l’#art_de_vivre qu’il a rendu possible et désirable aux yeux du plus grand nombre.”
    Le supermarché “coopératif”, l’épicerie participative : des pseudo alternatives au discours trompeur

    Un supermarché dit “coopératif” est… un supermarché ! Le projet est de reproduire la promesse mais en supprimant la part dévolue habituellement aux bourgeois : l’appellation “coopératif” fait référence à la structure juridique où les #salariés ont le #pouvoir et ne reversent pas de dividende à des actionnaires. Mais les salariés ont tendance à se comporter collectivement comme un bourgeois propriétaire d’un “moyen de production” et le recrutement est souvent affinitaire : un bourgeois à plusieurs. La valeur captée sur le #travail_bénévole est redistribuée essentiellement à quelques salariés. Dans ce type de supermarché, les consommateurs doivent être sociétaires et “donner” du temps pour faire tourner la boutique, en plus du travail salarié qui y a lieu. Cette “#coopération” ou “#participation” ou “#collaboration” c’est 3h de travail obligatoire tous les mois sous peine de sanctions (contrôles à l’entrée du magasin pour éventuellement vous en interdire l’accès). Ces heures obligatoires sont cyniquement là pour créer un attachement des #bénévoles au supermarché, comme l’explique aux futurs lanceurs de projet le fondateur de Park Slope Food le supermarché New-Yorkais qui a inspiré tous les autres. Dans le documentaire FoodCoop réalisé par le fondateur de la Louve pour promouvoir ce modèle :”Si vous demandez à quelqu’un l’une des choses les plus précieuses de sa vie, c’est-à-dire un peu de son temps sur terre (…), la connexion est établie.”

    L’autre spécificité de ce modèle est l’#assemblée_générale annuelle pour la #démocratie, guère mobilisatrice et non propice à la délibération collective. Pour information, La Louve en 2021 obtient, par voie électronique 449 participations à son AG pour plus de 4000 membres, soit 11%. Presque trois fois moins avant la mise en place de cette solution, en 2019 : 188 présents et représentés soit 4,7%. À Scopeli l’AG se tiendra en 2022 avec 208 sur 2600 membres, soit 8% et enfin à la Cagette sur 3200 membres actifs il y aura 143 présents et 119 représentés soit 8,2%

    Pour le reste, vous ne serez pas dépaysés, votre parcours ressemblera à celui dans un supermarché traditionnel. Bien loin des promesses de solidarité, de convivialité, de résistance qui n’ont su aboutir. Les militants voient de plus en plus clairement les impasses de ce modèle mais il fleurit néanmoins dans de nouvelles grandes villes, souvent récupéré comme plan de carrière par des entrepreneurs de l’#ESS qui y voient l’occasion de se créer un poste à terme ou de développer un business model autour de la vente de logiciel de gestion d’épicerie en utilisant ce souhait de milliers de gens de trouver une alternative à la grande distribution.

    #La_Louve, le premier supermarché de ce genre, a ouvert à Paris en 2016. Plus de 4000 membres, pour plus d’1,5 million d’euros d’investissement au départ, 3 années de lancement et 7,7 millions de chiffre d’affaires en 2021. À la création il revendiquait des produits moins chers, de fonctionner ensemble autrement, ne pas verser de dividende et de choisir ses produits. Cette dernière est toujours mise en avant sur la page d’accueil de leur site web : “Nous n’étions pas satisfaits de l’offre alimentaire qui nous était proposée, alors nous avons décidé de créer notre propre supermarché.” L’ambition est faible et le bilan moins flatteur encore : vous retrouverez la plupart des produits présents dans les grandes enseignes (loin derrière la spécificité d’une Biocoop, c’est pour dire…), à des #prix toujours relativement élevés (application d’un taux de 20% de marge).

    À plus petite échelle existent les épiceries “participatives”. La filiation avec le #supermarché_collaboratif est directe, avec d’une cinquantaine à quelques centaines de personnes. Elles ne peuvent généralement pas soutenir de #salariat et amènent des relations moins impersonnelles grâce à leur taille “plus humaine”. Pour autant, certaines épiceries sont des tremplins vers le modèle de supermarché et de création d’emploi pour les initiateurs. Il en existe donc avec salariés. Les marges, selon la motivation à la croissance varient entre 0 et 30%.

    #MonEpi, startup et marque leader sur un segment de marché qu’ils s’efforcent de créer, souhaite faire tourner son “modèle économique” en margeant sur les producteurs (marges arrières de 3% sur les producteurs qui font annuellement plus de 10 000 euros via la plateforme). Ce modèle très conforme aux idées du moment est largement subventionné et soutenu par des collectivités rurales ou d’autres acteurs de l’ESS et de la start-up nation comme Bouge ton Coq qui propose de partager vos données avec Airbnb lorsque vous souhaitez en savoir plus sur les épiceries, surfant sur la “transition” ou la “résilience”.

    Pour attirer le citoyen dynamique, on utilise un discours confus voire trompeur. Le fondateur de MonEpi vante volontiers un modèle “autogéré”, sans #hiérarchie, sans chef : “On a enlevé le pouvoir et le profit” . L’informatique serait, en plus d’être incontournable (“pour faire ce que l’on ne saurait pas faire autrement”), salvatrice car elle réduit les espaces de pouvoir en prenant les décisions complexes à la place des humains. Pourtant cette gestion informatisée met toutes les fonctions dans les mains de quelques sachant, le tout centralisé par la SAS MonEpi. De surcroit, ces épiceries se dotent généralement (et sont incitées à le faire via les modèles de statut fournis par MonEpi) d’une #organisation pyramidale où le simple membre “participe” obligatoirement à 2-3h de travail par mois tandis que la plupart des décisions sont prises par un bureau ou autre “comité de pilotage”, secondé par des commissions permanentes sur des sujets précis (hygiène, choix des produits, accès au local, etc.). Dans certains collectifs, le fait de participer à ces prises de décision dispense du travail obligatoire d’intendance qui incombe aux simples membres…

    Pour finir, nous pouvons nous demander si ces initiatives ne produisent pas des effets plus insidieux encore, comme la possibilité pour la sous-bourgeoisie qui se pense de gauche de se différencier à bon compte : un lieu d’entre-soi privilégié où on te vend, en plus de tes produits, de l’engagement citoyen bas de gamme, une sorte d’ubérisation de la BA citoyenne, où beaucoup semblent se satisfaire d’un énième avatar de la consom’action en se persuadant de lutter contre la grande distribution. De plus, bien que cela soit inconscient ou de bonne foi chez certains, nous observons dans les discours de nombre de ces initiatives ce que l’on pourrait appeler de l’#autogestion-washing, où les #inégalités_de_pouvoir sont masqués derrière des mots-clés et des slogans (Cf. “Le test de l’Autogestion” en fin d’article).

    L’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Et on pourrait s’en contenter et même y adhérer faute de mieux. Mais ne peut-on pas s’interroger sur les raisons de poursuivre dans des voies qui ont clairement démontré leurs limites alors même qu’un modèle semble apporter des réponses ?

    L’épicerie autogérée et autogouvernée / libre : une #utopie_libertaire qui a fait ses preuves

    Parfois nommé épicerie autogérée, #coopérative_alimentaire_autogérée, #épicerie_libre ou encore #épicerie_en_gestion_directe, ce modèle de #commun rompt nettement avec nombre des logiques décrites précédemment. Il est hélas largement invisibilisé par la communication des modèles sus-nommés et paradoxalement par son caractère incroyable au sens premier du terme : ça n’est pas croyable, ça remet en question trop de pratiques culturelles, il est difficile d’en tirer un bénéfice personnel, c’est trop beau pour être vrai…Car de loin, cela ressemble à une épicerie, il y a bien des produits en rayon mais ce n’est pas un commerce, c’est un commun basé sur l’#égalité et la #confiance. L’autogestion dont il est question ici se rapproche de sa définition : la suppression de toute distinction entre dirigeants et dirigés.

    Mais commençons par du concret ? À #Cocoricoop , épicerie autogérée à Villers-Cotterêts (02), toute personne qui le souhaite peut devenir membre, moyennant une participation libre aux frais annuels (en moyenne 45€ par foyer couvrant loyer, assurance, banque, électricité) et le pré-paiement de ses futures courses (le 1er versement est en général compris entre 50€ et 150€, montant qui est reporté au crédit d’une fiche individuelle de compte). À partir de là, chacun.e a accès aux clés, au local 24h/24 et 7 jours/7, à la trésorerie et peut passer commande seul ou à plusieurs. Les 120 foyers membres actuels peuvent venir faire leurs courses pendant et hors des permanences. Ces permanences sont tenues par d’autres membres, bénévolement, sans obligation. Sur place, des étagères de diverses formes et tailles, de récup ou construites sur place sont alignées contre les murs et plus ou moins généreusement remplies de produits. On y fait ses courses, pèse ses aliments si besoin puis on se dirige vers la caisse… Pour constater qu’il n’y en a pas. Il faut sortir une calculatrice et calculer soi-même le montant de ses courses. Puis, ouvrir le classeur contenant sa fiche personnelle de suivi et déduire ce montant de son solde (somme des pré-paiements moins somme des achats). Personne ne surveille par dessus son épaule, la confiance règne.

    Côté “courses”, c’est aussi simple que cela, mais on peut y ajouter tout un tas d’étapes, comme discuter, accueillir un nouveau membre, récupérer une débroussailleuse, participer à un atelier banderoles pour la prochaine manif (etc.). Qu’en est-il de l’organisation et l’approvisionnement ?

    Ce modèle de #commun dont la forme épicerie est le prétexte, cherche avant tout, à instituer fondamentalement et structurellement au sein d’un collectif les règles établissant une égalité politique réelle. Toutes les personnes ont le droit de décider et prendre toutes les initiatives qu’elles souhaitent. “#Chez_Louise” dans le Périgord (Les Salles-Lavauguyon, 87) ou encore à #Dionycoop (St-Denis, 93), comme dans toutes les épiceries libres, tout le monde peut, sans consultation ou délibération, décider d’une permanence, réorganiser le local, organiser une soirée, etc. Mieux encore, toute personne est de la même manière légitime pour passer commande au nom du collectif en engageant les fonds disponibles dans la trésorerie commune auprès de tout fournisseur ou distributeur de son choix. La trésorerie est constituée de la somme des dépôts de chaque membre. Les membres sont incités à laisser immobilisé sur leur fiche individuelle une partie de leurs dépôts. Au #Champ_Libre (Preuilly-Sur-Claise, 37), 85 membres disposent de dépôts moyens de 40-50€ permettant de remplir les étagères de 3500€ selon l’adage, “les dépôts font les stocks”. La personne qui passe la commande s’assure que les produits arrivent à bon port et peut faire appel pour cela au collectif.

    D’une manière générale, les décisions n’ont pas à être prises collectivement mais chacun.e peut solliciter des avis.

    Côté finances, à #Haricocoop (Soissons, 02), quelques règles de bonne gestion ont été instituées. Une #créditomancienne (personne qui lit dans les comptes bancaires) vérifie que le compte est toujours en positif et un “arroseur” paye les factures. La “crédito” n’a aucun droit de regard sur les prises de décision individuelle, elle peut seulement mettre en attente une commande si la trésorerie est insuffisante. Il n’y a pas de bon ou de mauvais arroseur : il voit une facture, il paye. Une autre personne enfin vérifie que chacun a payé une participation annuelle aux frais, sans juger du montant. Ces rôles et d’une manière générale, toute tâche, tournent, par tirage au sort, tous les ans afin d’éviter l’effet “fonction” et impliquer de nouvelles personnes.

    Tout repose donc sur les libres initiatives des membres, sans obligations : “ce qui sera fait sera fait, ce qui ne sera pas fait ne sera pas fait”. Ainsi, si des besoins apparaissent, toute personne peut se saisir de la chose et tenter d’y apporter une réponse. Le corolaire étant que si personne ne décide d’agir alors rien ne sera fait et les rayons pourraient être vides, le local fermé, les produits dans les cartons, (etc.). Il devient naturel d’accepter ces ‘manques’ s’il se produisent, comme conséquence de notre inaction collective et individuelle ou l’émanation de notre niveau d’exigence du moment.

    Toute personne peut décider et faire, mais… osera-t-elle ? L’épicerie libre ne cherche pas à proposer de beaux rayons, tous les produits, un maximum de membres et de chiffre d’affaires, contrairement à ce qui peut être mis en avant par d’autres initiatives. Certes cela peut se produire mais comme une simple conséquence, si la gestion directe et le commun sont bien institués ou que cela correspond au niveau d’exigence du groupe. C’est à l’aune du sentiment de #légitimité, que chacun s’empare du pouvoir de décider, de faire, d’expérimenter ou non, que se mesure selon nous, le succès d’une épicerie de ce type. La pierre angulaire de ces initiatives d’épiceries libres et autogouvernées repose sur la conscience et la volonté d’instituer un commun en le soulageant de tous les espaces de pouvoir que l’on rencontre habituellement, sans lequel l’émancipation s’avèrera mensongère ou élitiste. Une méfiance vis-à-vis de certains de nos réflexes culturels est de mise afin de “s’affranchir de deux fléaux également abominables : l’habitude d’obéir et le désir de commander.” (Manuel Gonzáles Prada) .

    L’autogestion, l’#autogouvernement, la gestion directe, est une pratique humaine qui a l’air utopique parce que marginalisée ou réprimée dans notre société : nous apprenons pendant toute notre vie à fonctionner de manière autoritaire, individualiste et capitaliste. Aussi, l’autogestion de l’épicerie ne pourra que bénéficier d’une vigilance de chaque instant de chacun et chacune et d’une modestie vis-à-vis de cette pratique collective et individuelle. Autrement, parce que les habitudes culturelles de domination/soumission reviennent au galop, le modèle risque de basculer vers l’épicerie participative par exemple. Il convient donc de se poser la question de “qu’est-ce qui en moi/nous a déjà été “acheté”, approprié par le système, et fait de moi/nous un complice qui s’ignore ?” ^9 (ACCARDO) et qui pourrait mettre à mal ce bien commun.

    S’affranchir de nos habitus capitalistes ne vient pas sans effort. Ce modèle-là ne fait pas mine de les ignorer, ni d’ignorer le pouvoir qu’ont les structures et les institutions pour conditionner nos comportements. C’est ainsi qu’il institue des “règles du jeu” particulières pour nous soutenir dans notre quête de #confiance_mutuelle et d’#égalité_politique. Elles se résument ainsi :

    Ce modèle d’épicerie libre diffère ainsi très largement des modèles que nous avons pu voir plus tôt. Là où la Louve cherche l’attachement via la contrainte, les épiceries autogérées cherchent l’#appropriation et l’émancipation par ses membres en leur donnant toutes les cartes. Nous soulignons ci-dessous quelques unes de ces différences majeures :

    Peut-on trouver une alternative vraiment anticapitaliste de distribution alimentaire ?

    Reste que quelque soit le modèle, il s’insère parfaitement dans la #société_de_consommation, parlementant avec les distributeurs et fournisseurs. Il ne remet pas en cause frontalement la logique de l’#économie_libérale qui a crée une séparation entre #consommateur et #producteur, qui donne une valeur comptable aux personnes et justifie les inégalités d’accès aux ressources sur l’échelle de la croyance au mérite. Il ne règle pas non plus par magie les oppressions systémiques.

    Ainsi, tout libertaire qu’il soit, ce modèle d’épicerie libre pourrait quand même n’être qu’un énième moyen de distinction sociale petit-bourgeois et ce, même si une épicerie de ce type a ouvert dans un des quartiers les plus défavorisés du département de l’Aisne (réservée aux personnes du quartier qui s’autogouvernent) et que ce modèle génère très peu de barrière à l’entrée (peu d’administratif, peu d’informatique,…).

    On pourrait aussi légitimement se poser la question de la priorité à créer ce type d’épicerie par rapport à toutes les choses militantes que l’on a besoin de mettre en place ou des luttes quotidiennes à mener. Mais nous avons besoin de lieux d’émancipation qui ne recréent pas sans cesse notre soumission aux logiques bourgeoises et à leurs intérêts et institutions. Une telle épicerie permet d’apprendre à mieux s’organiser collectivement en diminuant notre dépendance aux magasins capitalistes pour s’approvisionner (y compris sur le non alimentaire). C’est d’autant plus valable en période de grève puisqu’on a tendance à enrichir le supermarché à chaque barbecue ou pour approvisionner nos cantines et nos moyens de lutte.

    Au-delà de l’intérêt organisationnel, c’est un modèle de commun qui remet en question concrètement et quotidiennement les promesses et les croyances liées à la grande distribution. C’est très simple et très rapide à monter. Aucune raison de s’en priver d’ici la révolution !
    Le Test de l’Autogestion : un outil rapide et puissant pour tester les organisations qui s’en réclament

    À la manière du test de Bechdel qui permet en trois critères de mettre en lumière la sous-représentation des femmes et la sur-représentation des hommes dans des films, nous vous proposons un nouvel outil pour dénicher les embuscades tendues par l’autogestion-washing, en toute simplicité : “le test de l’Autogestion” :

    Les critères sont :

    - Pas d’AGs ;

    - Pas de salarié ;

    - Pas de gestion informatisée.

    Ces 3 critères ne sont pas respectés ? Le collectif ou l’organisme n’est pas autogéré.

    Il les coche tous ? C’est prometteur, vous tenez peut être là une initiative sans donneur d’ordre individuel ni collectif, humain comme machine ! Attention, le test de l’autogestion permet d’éliminer la plupart des faux prétendants au titre, mais il n’est pas une garantie à 100% d’un modèle autogéré, il faudra pousser l’analyse plus loin. Comme le test de Bechdel ne vous garantit pas un film respectant l’égalité femme-homme.

    Il faut parfois adapter les termes, peut être le collectif testé n’a pas d’Assemblée Générale mais est doté de Réunions de pilotage, n’a pas de salarié mais des services civiques, n’a pas de bureau mais des commissions/groupe de travail permanents, n’a pas de logiciel informatique de gestion mais les documents de gestion ne sont pas accessibles sur place ?
    Pour aller plus loin :

    Le collectif Cooplib fait un travail de documentation de ce modèle de commun et d’autogestion. Ses membres accompagnent de manière militante les personnes ou collectifs qui veulent se lancer (= gratuit).

    Sur Cooplib.fr, vous trouverez des informations et des documents plus détaillés :

    – La brochure Cocoricoop

    – Un modèle de Statuts associatif adapté à l’autogestion

    – La carte des épiceries autogérées

    – Le Référentiel (règles du jeu détaillées)

    – Le manuel d’autogestion appliqué aux épiceries est en cours d’édition et en précommande sur Hello Asso

    Ces outils sont adaptés à la situation particulière des épiceries mais ils sont transposables au moins en partie à la plupart de nos autres projets militants qui se voudraient vraiment autogérés (bar, librairie, laverie, cantine, camping,…). Pour des expérimentations plus techniques (ex : garage, ferme, festival,…), une montée en compétence des membres semble nécessaire.

    D’autres ressources :

    – Quelques capsules vidéos : http://fede-coop.org/faq-en-videos

    – “Les consommateurs ouvrent leur épiceries, quel modèle choisir pour votre ville ou votre village ?”, les éditions libertaires.

    https://www.frustrationmagazine.fr/coop-grande-distribution
    #alternative #grande_distribution #supermarchés #capitalisme #épiceries #auto-gestion #autogestion #gestion_directe #distribution_alimentaire

    sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/1014023

  • De nombreux cas de rachitisme inquiètent l’Écosse afp - Le figaro

    Le rachitisme, qui frappait les quartiers pauvres au Royaume-Uni au XIXe siècle, est en essor en Écosse, selon des données obtenues par le journal The Times .

    Au total, 442 cas de rachitisme, une maladie liée à un manque d’exposition au soleil et à une malnutrition, ont été observés en Écosse en 2022, contre 354 en 2018, selon les données des autorités locales de santé.

    L’espérance de vie la plus faible au Royaume-Uni
    « Des maladies généralement évitables comme celles-ci illustrent aussi que l’Écosse a l’espérance de vie la plus faible du Royaume-Uni » , a expliqué au Times Chris Williams, coprésident du Royal College of General Practitioners Scotland. La maladie, qui peut entraîner des déformations squelettiques lors de la croissance comme des jambes arquées ou des genoux cagneux, est liée à un manque d’exposition au soleil et donc de vitamines D, que l’on peut aussi trouver dans des aliments comme les poissons gras ou les œufs.

    En comparaison aux 442 cas en Écosse, 482 cas de rachitisme ont été enregistrés en Angleterre, pour une population pourtant dix fois plus importante. Le rachitisme a quasiment disparu au Royaume-Uni il y a plus d’un demi-siècle après des campagnes pour améliorer les régimes alimentaires et l’exposition au soleil.

    En Écosse, la plupart des cas ont été recensés autour de Glasgow, l’une des régions les plus pauvres de la province, avec un tiers des enfants vivant dans la pauvreté selon les dernières études. Selon des données de 2019, les hommes vivant dans les quartiers les plus pauvres de Glasgow vivent en moyenne 15 ans de moins que ceux qui vivent dans les quartiers les plus riches.

    Diversité ethnique
    Certains professionnels de santé suggèrent que l’augmentation de la diversité ethnique à Glasgow, avec certains types de peau réduisant la production de vitamines D, le développement d’activités plus sédentaires et une mauvaise alimentation peuvent expliquer la recrudescence de la maladie.

    D’autres maladies, comme la tuberculose ou la scarlatine, sont également en pleine augmentation en Écosse, rapporte le Times. Ces maladies sont des « maladies de pauvreté et sont fréquentes dans certaines parties du monde où les gens sont pauvres », explique un scientifique interrogé par le Times.

    #pauvreté #misère #Ecosse #Angleterre #capitalisme #Enfants #rachitisme #maladie #surnuméraires

    Source : https://www.lefigaro.fr/international/de-nombreux-cas-de-rachitisme-inquietent-l-ecosse-20230821

    • Les vols à l’arraché de montres de luxe suisses se multiplient à Londres Hélène Krähenbühl - RTS

      Le vol de montres suisses est en plein boom dans la plupart des grandes villes. Mais c’est à Londres que la situation est la plus grave. Dans la capitale britannique, une centaine de Rolex et une cinquantaine de Patek Philippe sont volées chaque mois, souvent en plein jour et avec une extrême violence.

      C’est lors d’une journée ensoleillée, peu avant la pandémie, que Paul Thorpe, propriétaire d’un magasin de bijoux et de montres dans la banlieue londonienne, a vu sa vie basculer.

      « Je venais de quitter le magasin et je marchais vers ma voiture. J’ai vu une moto passer sur ma gauche. Et soudainement, deux hommes qui portaient des masques m’ont attaqué par derrière. Ils m’ont tabassé et ont volé ma montre qui valait 55’000 francs », témoigne-t-il dimanche dans l’émission Mise au point. Le passionné de montres se retrouve inconscient et en sang sur le trottoir. La police ne retrouvera jamais les criminels.

      Toutes les dents de Paul Thorpe ont été cassées, fissurées ou broyées. Elles ont dû être remplacées. « Malheureusement, là où j’ai reçu l’impact initial, il n’y avait rien à faire. Du coup, j’ai perdu ces dents à jamais et je porte un dentier. Mon dentiste m’a facturé 22’000 francs », explique le Londonien, encore traumatisé par cette douloureuse expérience.

      Une patrouille spéciale dans les rues de Londres
      Ce type de scène d’une extrême violence est de plus en plus fréquent dans la capitale britannique
      . . . . . . .
      La suite : https://www.rts.ch/info/monde/14253657-les-vols-a-larrache-de-montres-de-luxe-suisses-se-multiplient-a-londres

      #luxe #montres #bourgeoisie #violence des #riches

  • Opinion | Our Economy Thrives on Bad Feelings - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/08/18/opinion/inequality-insecurity-economic-wealth.html

    As the British political theorist Mark Neocleous has noted, the modern word “insecurity” entered the English lexicon in the 17th century, just as our market-driven society was coming into being. Capitalism thrives on bad feelings. Discontented people buy more stuff — an insight the old American trade magazine “Printers’ Ink” stated bluntly in 1930: “Satisfied customers are not as profitable as discontented ones.” It’s hard to imagine any advertising or marketing department telling us that we’re actually OK, and that it is the world, not us, that needs changing. All the while, manufactured insecurity encourages us to amass money and objects as surrogates for the kinds of security that cannot actually be commodified — connection, meaning, purpose, contentment, safety, self-esteem, dignity and respect — but which can only truly be found in community with others.

    #capitalisme #insécurité

  • #Otto_Neurath, sur les traces d’une #planification_écologique

    Organiser l’#économie à partir des #besoins, en se focalisant sur des #grandeurs_physiques plutôt que leur #valeur en monnaie, tel était le projet subversif de ce philosophe des sciences qui eut à affronter les néolibéraux et les fascistes de son temps.

    Otto #Neurath, un philosophe autrichien du début du siècle dernier, tiendrait-il sa revanche ? La planification écologique, dont on peut le considérer comme étant un des ancêtres intellectuels, est en tout cas sortie des catacombes doctrinales. Pièce maîtresse du programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon, elle est également devenue, avec des intentions certes différentes, un objectif affiché par le pouvoir macroniste. Un secrétariat général auprès de la première ministre lui est dévolu, et des annonces détaillées sont prévues pour la fin de cet été.

    Parler de planification tout court n’a pas toujours été aussi évident dans le débat public. Il fallait montrer patte blanche, en rappelant qu’il a existé des planifications différentes, et que toutes n’ont pas conduit à l’autoritarisme et aux dysfonctionnements de l’Union soviétique et de la Chine maoïste. Mais au moins y avait-il des précédents historiques à invoquer, des travaux intellectuels à citer. La planification écologique, elle, souffre du handicap supplémentaire de ne pas s’être déjà incarnée dans des expériences à grande échelle.

    Celles et ceux qui la promeuvent aujourd’hui ont à surmonter une défaite vieille de près d’un siècle, lorsque de rares penseurs socialistes ont élaboré des modèles économiques démocratiques, attentifs à l’environnement et aux générations futures. Une « brèche écologiste [qui] fut dans l’ensemble colmatée et oubliée », regrette Serge Audier dans son travail sur L’Âge productiviste (La Découverte, 2019). Encore plus qu’à Karl Polanyi (1886-1964), connu pour ses appels à « réencastrer » l’économie dans la société, c’est à un autre intellectuel de la Mitteleuropa que l’on doit cette brèche : Otto Neurath.

    Philosophe des sciences, économiste, ce dernier a connu la prison pour avoir participé à la république des conseils de Bavière en 1919. Durant la décennie suivante, il a polémiqué avec certains des pères fondateurs du néolibéralisme, Ludwig von Mises (1881-1973) et Friedrich Hayek (1899-1992). Dans le même temps, il s’impliquait dans la vie politique et associative de « Vienne la Rouge ». Après que celle-ci a été écrasée par la dictature du chancelier Dollfuss en 1934, il a pris le chemin de l’exil, d’abord aux Pays-Bas puis au Royaume-Uni, où il est mort en 1945.

    En dépit de ce pedigree, on aurait tort de voir en lui une tête brûlée imprégnée d’idéaux marxistes. Tout aussi pacifiste et attaché à la préservation des ressources qu’il fût, il serait également déraisonnable d’en faire un « Vert » avant l’heure. Mais à quelques décennies de distance, sa figure intéresse à la fois la tradition socialiste et la tradition écologiste : d’abord par sa critique frontale et assumée de la logique de marché, ensuite par sa quête optimiste d’un chemin rationnel et méthodique vers l’amélioration du bien-être collectif.
    Un cocktail d’ingénierie et d’utopies sociales

    Né en 1882 à Vienne, le jeune Otto Neurath est élevé dans une famille de la bourgeoisie intellectuelle austro-hongroise, qui lui fait profiter du dynamisme culturel de la capitale impériale autant que de contacts répétés avec la nature.

    Dans un mémoire universitaire en forme de biographie intellectuelle, Billal Tabaichount mentionne l’influence durable exercée sur Neurath par son père. Ce dernier portait en effet un regard négatif sur la concurrence capitaliste, en raison de ses conséquences socialement décevantes et moralement dommageables sur la population.

    Le même chercheur souligne aussi l’influence de l’intellectuelle suédoise Ellen Key (1849-1926), avec qui Neurath a entretenu une correspondance. De cette féministe engagée sur les questions de pédagogie, le jeune homme aurait retenu qu’une « réforme sociale » désirable doit viser le « bonheur humain », compris de façon non religieuse, et ne doit pas « passe[r] uniquement par l’élite d’une société, mais […] concerner de larges pans de la population ».

    Formé aux sciences sociales à Berlin, Neurath revient à Vienne en 1907. Il y côtoie des intellectuels réunis par leur insatisfaction envers les approches idéalistes et métaphysiques qui dominent dans l’université de l’époque. D’horizons différents, ils privilégient les faits observables et les raisonnements logiques pour mieux appréhender le monde réel, et tenter d’améliorer l’insertion et le développement de l’humanité en son sein.

    Spécialisé en économie, Neurath travaille sur la théorie de la valeur. Il se familiarise notamment avec des travaux de statisticiens réfléchissant aux méthodes les plus rationnelles pour répondre à la subsistance des populations. Il observe le fonctionnement de sociétés en guerre, d’abord dans les Balkans au début des années 1910, puis dans toute l’Europe à partir de 1914. Il est alors frappé par la capacité de la puissance publique à répertorier, affecter et redistribuer des ressources de manière volontariste, la décision politique se substituant au « laisser-faire » du marché.

    « L’économie monétaire qui existait avant la guerre, écrit-il en 1916, n’était pas capable de remplir les nouvelles exigences qui étaient celles de peuples intéressés par la victoire. Il est apparu que la guerre se mène avec des munitions et de la nourriture, pas avec de la monnaie. » Dès lors, explique-t-il, l’attention s’est focalisée sur les structures concrètes de production et de distribution. L’évolution de ces dernières était pourtant jusque-là négligée, ou considérée comme une fatalité même lorsqu’elle causait des souffrances sociales.

    L’épisode conforte Neurath dans son rejet de l’aspect anarchique et « sous-optimal » du #capitalisme. Sa condamnation ne repose pas tant sur les asymétries de pouvoir, les rapports d’exploitation et l’aliénation que ce mode de production implique, que sur son caractère irrationnel. Comme le résume l’économiste Gareth Dale dans la revue Jacobin, « le capitalisme n’est pas suffisamment moderne » à ses yeux.

    De la révolution bavaroise à #Vienne la Rouge

    Même en temps de paix, pense Neurath, un autre ordre économique est possible, qui ne serait plus structuré par la maximisation individuelle du profit. Grâce à la délibération et l’expertise, la société doit pouvoir s’organiser consciemment pour mieux diffuser le bien-être. Neurath est d’ailleurs avide d’expériences dans ce sens. Selon le chercheur Thomas Kayzel, historien de la planification économique aujourd’hui affilié au CEE de Sciences Po, « c’est un penseur pragmatique, politiquement flexible et toujours à la recherche de nouvelles voies d’engagement et de réalisation ».

    Ainsi se comprend sa participation à la #révolution déclenchée contre la monarchie bavaroise, en novembre 1918. Nommé à la tête du Conseil économique central de Munich, dans le cadre de la république nouvellement instituée, il œuvre en faveur de la socialisation de l’économie de la région. Il y acquiert la conviction qu’un tel programme nécessite de forger un « bloc anticapitaliste » allant bien au-delà de la classe ouvrière industrielle.

    Dans l’immédiat, cependant, il se heurte aux intérêts du patronat, à ceux de la paysannerie, mais aussi aux velléités anarchisantes des groupes les plus révolutionnaires, là où lui défend la centralisation des décisions économiques une fois les besoins identifiés. Et s’il s’efforce de défendre une conception « technique » de sa tâche pour mieux l’isoler des soubresauts politiques permanents de l’expérience bavaroise, ceux-ci le rattrapent.

    Après qu’un gouvernement de type soviétique a pris le contrôle de Munich, une violente répression s’abat au printemps 1919. Elle est soutenue par les sociaux-démocrates au pouvoir à Berlin, qui ont déjà maté une première insurrection en début d’année dans la capitale – celle au cours de laquelle Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht furent assassinés. Neurath échappe à un sort aussi funeste, mais il est emprisonné pour haute trahison, avant d’être exfiltré en Autriche grâce au social-démocrate Otto Bauer, ministre des affaires étrangères de ce pays.

    Si c’est à Vienne que l’économiste s’épanouira, ces années tumultueuses sont importantes. Elles sont d’abord l’occasion pour Neurath d’exprimer sa croyance en la nécessité d’« #utopies_scientifiques », contre tout fatalisme ou déterminisme historique. Sous ce terme, il désigne des conceptualisations de futurs possibles, d’ordres sociaux améliorés, qui tiennent compte des contraintes naturelles et du type de personnalités qui auront été façonnées par l’ordre antérieur. Ces exercices intellectuels ne peuvent se substituer à des mobilisations sociales et politiques, mais sont propres à les encourager, en leur fixant un cap à la fois désirable et atteignable.

    Ensuite, ces années de guerre et de sortie de guerre sont celles où Neurath formule la proposition iconoclaste de se passer des prix, exprimés en argent, pour prendre des décisions économiques, voire pour échanger des biens et des services. « Ce qui remplaçait le motif du profit comme principe conducteur, dans la conception de Neurath d’une économie socialisée, était le plan économique, résume le philosophe des sciences Thomas Uebel, spécialiste de son œuvre. Ce plan était basé sur des calculs statistiques de production et de consommation – et ceci en nature, pas en termes monétaires. »
    Un plaidoyer pour une économie « en nature »

    Son approche suscite une réplique de l’économiste autrichien Ludwig von Mises, attaché à démontrer l’irrationalité du socialisme. Le débat sur la possibilité d’un calcul économique dans une économie collectivisée se poursuivra tout au long des années 1920, mais ne deviendra fameux qu’après avoir changé de nature. Entretemps, il a en effet impliqué l’économiste polonais Oskar Lange, qui s’est efforcé de défendre la rationalité d’un socialisme de marché.

    Neurath, qui a été oublié au passage, défendait le point de vue plus radical d’une économie sans marché, c’est-à-dire sans système de prix pour décider de l’allocation des ressources. Comme le précise Bilal Tabaichount, « Neurath ne veut pas d’une économie de troc, [mais] plutôt d’une économie où les biens et services transitent par des organisations centrales de coordination », les ménages pouvant disposer de « bons de rationnement non échangeables ».

    À l’époque, von Mises pointe la difficulté d’appliquer une telle proposition à grande échelle. Neurath ne lui répond que partiellement et tardivement. Mais son argument le plus important, qui n’implique pas forcément de se passer de tout marché, réside dans son refus de réduire les choix économiques à une seule unité de mesure.

    « Neurath conteste que la monnaie puisse être un résumé adéquat de la valeur des choses, explique la militante et chercheuse Claire Lejeune, engagée dans une thèse en science politique sur la planification. La réduction aux prix lui semble une mesure trop grossière pour penser notre rapport aux ressources et au temps. » Cette conviction vaut d’ailleurs pour toute autre unité de mesure à prétention universelle. Pour lui, il y a une incommensurabilité indépassable entre les différentes facettes du bien-être à travers les générations.

    C’est ici que se repère la dimension écologique de l’argument de Neurath. Dans un article de 1925 paru dans la presse sociale-démocrate, il affirme que l’économie socialiste doit viser « le bien-être de tous ses membres ». « Dès le début, ajoute-t-il, doit être déterminé ce qu’est “l’intérêt de la totalité sociale”. Est-ce que cela inclut la prévention de l’épuisement prématuré des mines de charbon ou de la karstification des montagnes ou encore, par exemple, de la santé et de la force de la prochaine génération ? »

    Comme l’illustrent aujourd’hui les émissions excessives de carbone et les nouveaux projets d’exploitation d’énergies fossiles, la centralité du marché et de la quête de profit est incompatible avec un tel souci pour le long terme. « L’argument écologique fut le principal argument de Neurath contre le fondamentalisme de marché, c’est-à-dire l’idée que les marchés sont la clé de résolution universelle des problèmes de coordination sociale », remarque Thomas Uebel.

    Cela fait-il de Neurath un écologiste ? L’homme avait conscience du caractère irréversible de certains dégâts infligés à la nature. Dressant une comparaison avec la reprise d’une production de pain ou la reconstitution d’un cheptel, il relève dans un de ses derniers textes « qu’il faut un temps beaucoup plus long pour reboiser des vastes zones de territoires et pour en changer le climat – et en quel temps bref une forêt et un climat peuvent être détruits ! ».

    Pour autant, il a aussi défendu avec peu de prescience la monoculture en matière agricole. Plus généralement, Thomas Kayzel le voit davantage comme une source d’inspiration que comme un véritable précurseur de l’économie écologique. Celle-ci conçoit l’économie comme un sous-système inscrit à l’intérieur du système Terre et soumis à la finitude des ressources planétaires, ce qui correspond à des intuitions mais pas à une vision aboutie chez Neurath.
    Pédagogie et délibération

    On peut également estimer incomplète sa compréhension du capitalisme. Focalisé sur la concurrence et la quête du profit, il a négligé la domination et la conflictualité sociales inhérentes à ce mode de production, de même que ses effets sur d’autres sphères de l’existence, comme l’oppression de genre et les rivalités impérialistes. Selon Gareth Dale, il a ainsi manqué la façon dont le capitalisme – a fortiori un capitalisme d’État – pouvait trouver un intérêt fonctionnel à la planification. Pour les mêmes raisons, sa critique du nationalisme et du racisme serait restée « rudimentaire ».

    Il n’en reste pas moins qu’Otto Neurath s’est distingué par sa conception « inclusive » de la planification. « Sa position est celle d’une construction démocratique de la rationalité, affirme Claire Lejeune. À ses yeux, les planificateurs et le centre politique n’ont pas le monopole de la décision, il est important de ménager une place à la pluralité des visions de ce que doit être un bon ordre social. »

    S’il s’est lui-même présenté comme un ingénieur social, il ne confondait pas ce rôle avec celui de philosophe-roi, ou d’un expert au-dessus des masses ignares. « Sa foi était grande dans le fait de définir et d’appliquer des programmes, précise Thomas Kayzel. Mais l’aspect délibératif comptait, car le but de la planification ne peut pas être établi de manière solitaire. Les “bonnes conditions de vie”, ce n’est pas quelque chose que des économistes et des ingénieurs peuvent calculer, les communautés concernées doivent s’exprimer dessus. »

    Neurath a ainsi distingué deux types de plans : un « plan directeur », fruit d’un processus démocratique d’identification et de hiérarchisation des besoins ; et un « plan technique », par lequel les experts mettent concrètement en musique la satisfaction de ces besoins, en tenant compte des diverses contraintes et en optimisant les ressources. Pour cela, Neurath accorde beaucoup d’importance aux données statistiques collectées et partagées de manière compréhensible par les pouvoirs publics.

    Ce n’est pas un hasard si l’économiste a travaillé pour plusieurs musées d’économie, notamment à Vienne, et sur la mise en forme visuelle d’informations, qu’elles soient chiffrées ou non. Avec sa compagne graphiste Marie Neurath et l’artiste Gerd Arntz, il a fondé un langage visuel international connu sous le nom de « système isotype », dont sont issus des pictogrammes que nous croisons tous les jours. « Sa visée était plus pédagogique que scientiste, défend Claire Lejeune. Il souhaitait inclure le corps social dans une prise de décision consciente. »

    La pensée de Neurath s’inscrit ainsi dans une tradition socialiste souhaitant poursuivre l’ambition des Lumières dans ses implications les plus radicales, c’est-à-dire l’exercice collectif de la raison, y compris dans le domaine de la production où l’on s’est habitués à ce que des décisions structurantes soient prises par une poignée de personnes, selon des critères éloignés de l’intérêt général et de la justice.

    C’est l’objectif de la démocratie économique qui est ainsi pointé. Rendu nécessaire pour lutter contre les « forçages » dont le système Terre fait l’objet, il a été perdu de vue par la social-démocratie au cours du XXe siècle. Ici réside l’actualité de Neurath, en plus du refus de la monétarisation et de la marchandisation des richesses naturelles.

    Même son souhait de raisonner « en nature » et « hors marché », qui pourrait apparaître hors de portée au regard de la complexité des économies actuelles, rencontre les nouvelles possibilités techniques de calcul et d’accumulation des données. Il fait en tout cas écho à la diversité des indicateurs dont le guidage de l’économie a désormais besoin, au lieu du simpliste produit intérieur brut (PIB).

    « Nous disposons aujourd’hui d’une grande quantité d’informations, qui devraient être considérées comme des “communs” pour naviguer dans l’anthropocène, et perfectionner nos outils d’action publique, estime Claire Lejeune. Otto Neurath nous rappelle qu’il ne sert à rien de rejeter la modernité en bloc, comme sont tentés de le faire certains écolos. L’héritage des Lumières comme l’histoire du socialisme ne sont pas monolithiques. »

    Neurath apparaît en tout cas comme une figure ayant plaidé pour une coordination centralisée et démocratique des activités économiques, au nom d’une répartition égale du bien-être qui ne soit pas opérée au détriment des générations futures. Si son socialisme proto-écologique laisse à désirer et n’offre pas de solutions clés en main à un siècle de distance, les coordonnées du défi qu’il proposait de relever nous sont familières.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/190823/otto-neurath-sur-les-traces-d-une-planification-ecologique

  • Pandémie et Planète | Sudipta Saha
    https://cabrioles.substack.com/p/pandemie-et-planete-sudipta-saha

    Nous devons comprendre la pandémie de Covid-19 comme une sous-crise de la crise climatique.

    Sudipta Saha est chercheur en santé publique à Harvard et s’intéresse à l’économie politique de la santé. Ses recherche actuels se situent à l’intersection des théories d’épidémiologie sociale et des modèles de maladies infectieuses. Il s’intéresse particulièrement à l’analyse du capitalisme racial comme cause fondamentale des inégalités en matière de santé. Il est impliqué dans Climate Justice Toronto.

    Ce n’est que quelques mois après la grève mondiale pour le climat, peut-être la plus grande mobilisation mondiale jamais organisée pour agir contre la crise climatique, que la pandémie de #Covid-19 a englouti le monde. Une crise s’est superposée à une autre. Les parallèles entre la pandémie et la #crise_climatique sont nombreux ; toutes deux peuvent être comprises comme des manifestations de la crise plus large du #capitalisme. En parcourant certains points de rencontre entre les deux, peut être pourrons-nous apprendre quelque chose pour nous aider à les affronter.

    Le capitalisme, à la fois origine et terrain

    Au cours des deux dernières décennies, le mouvement pour la justice climatique a articulé une analyse qui désigne le capitalisme et le colonialisme comme causes fondamentales du changement climatique. Le capitalisme repose sur l’exploitation continue du travail de personnes qui transforment les ressources naturelles en objets ayant une valeur marchande. C’est un système mû par la-croissance-ou-la-mort qui, en son cœur, suppose une expropriation sans fin du monde naturel pour être utilisé dans son processus de production. La majeure partie des profits tirés de la dégradation de l’environnement et des humains est reversée à une petite classe capitaliste : les 1% les plus riches du monde sont responsables de deux fois plus d’émissions que les 50% les plus pauvres. Le développement capitaliste racial s’est historiquement appuyé, et continue de s’appuyer, sur la violence, l’esclavage et la dépossession des terres indigènes pour assouvir son besoin de croissance constante. Dans le même temps, et de manière disproportionnée, il se décharge des effets de la destruction de l’environnement sur cell·eux qui sont déjà les plus exploité·es : les communautés noires, indigènes et pauvres du monde entier. L’idéologie suprémaciste blanche est utilisée pour rationaliser ce développement.

    Le #capitalisme_racial, le #colonialisme et la suprématie blanche sont des causes fondamentales non seulement du changement climatique, mais aussi de la pandémie. L’#extractivisme et la dépossession des terres ont conduit à de plus grandes perturbations des écosystèmes par les humains, augmentant ainsi les risques de débordement zoonotique, où un nouvel agent pathogène est transmis des animaux non humains aux humains. Le changement climatique lui-même, avec ses phénomènes météorologiques extrêmes et ses chocs sur les écosystèmes existants, peut accroître le risque de ces débordements.

    Ces causes fondamentales du changement climatique et de la pandémie façonnent le terrain des inégalités raciales et économiques sur lequel les crises se déroulent. Les communautés les plus touchées par le #capitalisme_racial sont également celles qui ont été rendues les plus vulnérables aux crises écologiques et épidémiologiques, tandis que les riches sont en mesure de mobiliser des ressources pour se protéger des événements climatiques extrêmes (par exemple, en construisant des dispositifs de protection contre les inondations ou en déménageant) et s’abriter chez ell·eux du SARS-CoV-2 (ou même se déplacer à travers le monde pour le fuir). Ce n’est pas une coïncidence si les habitant·es des quartiers anciennement « redlined » (communautés à prédominance noire aux États-Unis qui ont d’abord été exclues des prêts au logement, puis ciblées par des politiques de prêts prédatrices) sont affecté·es de manière disproportionnée non seulement par les chaleurs extrêmes et les inondations, mais aussi par le COVID-19. Et par les catastrophes sociales qui ont suivi, comme les expulsions.

    #climat #meurtre_social

    • Lorsque Friedrich Engels a écrit sur la mort des membres de la classe ouvrière à Manchester en 1845, il a utilisé la notion de « meurtre social ». Il a rassemblé des preuves que ces décès étaient le résultat de conditions créées par le #capitalisme, et que la classe capitaliste le savait et avait choisi de ne pas agir. Il en a été de même tout au long de la pandémie de #Covid-19. Et l’inaction de la classe dirigeante à laquelle nous assistons actuellement devrait mettre un terme à toute idée selon laquelle une inaction similaire face au changement climatique serait due au fait que ses effets sont « abstraits ». Contrairement aux modèles climatiques, les modèles de la maladie infectieuse Covid-19 prévoyaient et prévoient encore des cas et des décès dans un avenir très proche, et pourtant la plupart des dirigeant·es politiques ont choisi de tolérer une quantité importante de maladies et de décès afin de maintenir les circuits de capitaux. À l’heure actuelle, aux États-Unis, il y a environ 300 décès dus au Covid-19 chaque jour, pourtant, les directives du CDC, les messages de l’administration Biden et la suppression des avantages sociaux et des moratoires contre les expulsions ont tous fait pression sur les travailleur·euses pour qu’iels retournent sur des lieux de travail souvent dangereux. Pendant ce temps, la croissance de la richesse des milliardaires aux États-Unis s’est accélérée pendant la pandémie. L’inaction face au changement climatique, comme l’inaction face au Covid-19, n’est pas liée à un manque de reconnaissance de la gravité de ces crises, mais est due au problème de privilégier la création de richesse au détriment des vies humaines. Les décès dus à ces deux crises sont des meurtres sociaux.

      #maladie_professionnelle

  • ★ Les libertaires ont-ils perdu la bataille des idées ? - GLJD Le Libertaire

    (...) Si l’on prend le terme anglo-américain woke (« éveillé ») et qui désigne le fait d’être conscient des problèmes liés à la justice sociale et à l’égalité raciale, les anarchistes peuvent être considérés comme partisans du wokisme.
    Cela fait longtemps que les libertaires sont conscients des injustices subies par les minorités ethniques, sexuelles, religieuses, ou de toutes formes de discrimination. Cela recoupe souvent l’exploitation capitaliste. Prenons l’exemple des catholiques irlandais en Ulster, ces derniers ne trouvaient du travail qu’après les protestants dans les années 1970. Dire aujourd’hui que les musulmans sont discriminés, ce n’est un scoop pour personne. Lucy Parson connaissait parfaitement les discriminations raciales. Emma Goldman parla dans ses meetings de l’homosexualité…
    (...) Dire que l’on ne peut pas écrire sur l’Islam car c’est la religion des opprimés, c’est un non-sens pour un anarchiste car toute religion opprime. La religion est liberticide ; elle opprime les hommes, les femmes, les enfants, les animaux. Elle opprime souvent bien plus les femmes ; c’est un constat intemporel. Et les islamistes ainsi que leurs séides, idiots utiles ou pas, peuvent toujours nous traiter d’islamophobes, cela ne changera pas notre conception de la liberté. Et Dieu et l’Etat de Bakounine est un ouvrage qui restera d’actualité tant que les Etats et les religions existeront. Et nous souhaitons à l’Islam et aux autres religions, le sort de l’église catholique qui périclite d’année en année (...)
    Grâce au wokisme, il existe maintenant un véritable clivage dans le féminisme. S’il y a toujours consensus contre le patriarcat, les viols, les féminicides, le harcèlement… ça se déchire sur le port du voile par exemple, les Trans…. Parallèlement à aucun moment le wokisme analyse la domination des femmes aux postes de pouvoir. Elles y exercent aussi tyranniquement que les hommes. De mémoire, Margaret Thatcher en Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est la Méloni en Italie et peut-être demain Marine Le Pen en France. Elles font aussi bien le travail que les hommes pour ce que le capital exige (...)

    #Anarchisme #émancipation...
    🛑 #wokisme #discrimination #oppression #injustice #capitalisme #extrêmedroite #étatisme #pouvoir #luttedesclasses #féminisme #patriarcat #femmes #marchandisation #profits #GPA #homophobie #validisme... ...

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  • Cédric de Queiros, Réflexions sur une épidémie, 2020 – Et vous n’avez encore rien vu…
    https://sniadecki.wordpress.com/2023/08/18/queiros-epidemie

    Un texte fort honnête, ne faisant pas l’impasse sur le fait que c’est pas pendant une grosse crise en plein milieu qu’on peut tout d’un coup retrouver plein d’autonomie. Car durant des crises de cette ampleur là, il est relativement difficile de se passer des moyens industriels et/ou étatiques pour « calmer », diminuer (mais certainement pas résoudre vraiment) les problèmes.

    Enfin la liquidation des services publics, et en particulier la dégradation des systèmes de santé, induites par les politiques néolibérales (dans les pays industrialisés où ces systèmes de santé existent) joue aussi un rôle décisif dans la mortalité de la maladie. On sait par exemple qu’il y a un lien direct entre le nombre de lits disponibles en réanimation dans un pays et le nombre de morts que va y faire l’épidémie. C’est l’aspect le plus visible et le plus commenté dans les médias du lien entre l’épidémie et l’état de notre société ; cet aspect est évidemment réel mais ne doit pas faire oublier les liens plus profonds évoqués ci-dessus : il s’agit dans un cas du traitement de la crise, et dans l’autre de ces causes et de sa prévention.

    […]

    On voit ici, une fois de plus, que si les productions de notre époque sont catastrophiques, ce n’est pas nécessairement parce que des choses absolument nouvelles adviennent, mais aussi parce qu’elles adviennent à une échelle et à un rythme qui sont eux tout-à-fait inédits.

    […]

    Ces mesures sont à l’image de notre société : inégalitaires et injustes, autoritaires et infantilisantes, et souvent arbitraires voire irrationnelles. Elles sont une opportunité rêvée pour les gouvernants d’accélérer les transformations de la société auxquels ils aspirent (numérisation, état d’urgence permanent) qui, toutes, vont dans le sens d’une perte toujours aggravée de liberté. Mais il n’y a à peu près personne pour remettre en cause le principe de ces mesures ; tout simplement parce que personne n’a rien de mieux à proposer pour faire face à cette crise, étant donné la situation dans laquelle se trouve notre société. Aussi mauvaises et horribles que soient ces mesures de confinement autoritaire, elles ont probablement une certaine efficacité ; et si les États ne les avaient pas prises, la situation – en tout cas la propagation de l’épidémie – aurait sans doute été aggravée.

    Le texte publié dans le Creuse-citron n°62 devrait donc, pour correspondre à notre situation actuelle, être modifié comme suit : « Les gouvernements font partie du problème sanitaire et écologique en cours, mais si ils ne font pas partie de la solution, ils sont quand même les seuls à disposer d’un remède d’urgence, qui permettra au moins de limiter la casse… en attendant la prochaine fois. »

    Les gouvernements sont effectivement des pyromanes-pompiers, mais dans la situation d’urgence dans laquelle nous nous trouvons, avec la dépendance dans laquelle nous sommes tombés depuis si longtemps, il n’y a pas d’autre choix que de s’en remettre à ces pompiers-là, car ce sont les seuls disponibles.

    […]

    La situation de crise aiguë que nous vivons est un révélateur de notre situation ordinaire, avant la crise, et certainement après elle. La pandémie révèle l’ampleur de notre dépendance à l’État, à la médecine industrielle, aux moyens de communication de masse, à la grande distribution, aux marchandises produites dans des pays lointains, aux transports internationaux, etc. Et elle illustre cruellement la folie de cette dépendance. Nous avons les meilleures raisons – sensibles, morales, politiques, « écologiques », ou même esthétiques – de rejeter ces réalités aliénantes. Mais nous dépendons de chacune d’elles. Et bien évidemment cette dépendance ne date pas de la crise – mais la crise les aggrave, mortellement, et en somme, grotesquement. C’est ce que les auteurs de Catastrophisme, administration du désastre, et soumission durable (Jaime Semprun & René Riesel, éd. l’Encyclopédie des nuisances, 2008) appellent « l’incarcération dans le monde industriel ».

    […]

    Il est possible que le Covid-19 apparaisse après coup comme un épisode relativement mineur, au regard des événements plus graves (pandémies ou autre) qui lui succéderont inévitablement à plus ou moins brève échéance. Mais il aura illustré assez clairement que ce n’est pas pendant une crise que l’on peut arriver à construire plus d’autonomie et plus de liberté ; quand la crise est là, il est le plus souvent trop tard. Ceux qui se sont penchés sérieusement « au-dessus du gouffre nucléaire » nous l’avait déjà dit de longue date

    #covid #santé #crise #capitalisme #États #autonomie #anti-industriel

  • ★ L’étincelle révolutionnaire de l’activisme climatique ? - GLJD Le Libertaire

    Les climatosceptiques y vont de leur couplet. Regardez l’été pourri que l’on a eu au-dessus de la Loire. Même si les canicules en Rhône-Alpes vont bon train aujourd’hui. Ils ressortent les vieilles archives de l’été 1911 où durant deux mois la population française a suffoqué avec un bilan très lourd de 40 000 décès notamment des enfants en bas âge.
    Le RN s’engouffre dans la brèche sans toutefois remettre en cause l’origine anthropique du réchauffement climatique ; le consensus scientifique est passé par là. Mais il lui reste des marges de manœuvre. C’est un parti qui concurrence le PC de Roussel et inversement. Il ne faut pas emmerder les Français et il faut arrêter l’écologie punitive. Il faudrait une écologie de bon sens et le tour est joué. Il faudrait aller vers les jours heureux et stopper tout ce qui est pessimiste et alarmiste. Voilà les recettes magiques des politiciens du terroir. Car l PC tout comme LFI aimeraient bien s’implanter dans le monde rural tandis que Marine Le Pen entend, elle, cliver les citadins avec son électorat rural et rurbain. On égratigne au passage Sandrine Rousseau et ses propos sur le barbecue et on se fait les défenseurs du consommer Français et des coutumes françaises ; les thématiques identitaires ne sont jamais loin à l’extrême droite. Chez certains communistes non plus (...)

    🛑 💥🌍 #écologie #environnement #climat #productivisme #consumérisme #croissancisme #dérèglementclimatique... #dénialisme #climatosceptique... #capitalisme #RN #confusionnisme #Roussel... #greenwashing...
    #Anticapitalisme #antiproductivisme #décroissance #anarchisme

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    ▶️ https://le-libertaire.net/letincelle-revolutionnaire-de-lactivisme-climatique

  • Gradual Measures Won’t Save Us From Climate Disaster
    https://jacobin.com/2023/08/climate-change-carbon-emissions-gradualism-crisis


    On peut résumer cet artcle en trois mots : we’re fucked.
    J’ai l’impression que les élites du monde entier vivent suivant la devise des nazis pendant les derniers mois de leur guerre :

    Genießt den Krieg, denn der Friede wird schrecklich.

    Faisons la fête tant que dure la guerre. La paix sera horrible.
    Contrairement à 1945 il n’y a pas de paix en vue.

    14.8.2023 by Kate Mackenzie, Tim Sahay - This July has been the hottest in our recorded history and, most likely, over the last 120,000 years. Four “heat domes” across the northern hemisphere — over West Asia, North America, North Africa, and Southern Europe — contributed to soaring temperatures, not just breaking but shattering records by several degrees. High up in the Andes, winter has turned to a blazing summer. The sun has been blotted out by Canada’s enormous fires.

    Together with deadly heat came unprecedented rains and flooding, most notably in Delhi and Beijing. It’s not just the carbon cycle but the water cycle that’s been supercharged by fossil-fueled modernity. We should never have called it Earth; ours is an oceanic planet, and most of the extra heat is being absorbed by oceans now hotter than ever before. Their warmed currents have meant that a Mexico-sized chunk of Antarctica failed to refreeze this year.

    Increased amounts of water vapor — itself a powerful greenhouse gas — caused by warming on Planet Ocean are in turn turbocharging the vast atmospheric heat engine, causing more extreme weather. Not for nothing has UN Secretary General António Gueterres declared a new era of “global boiling.” Look closely at the chart below: July 2023 is more than four standard deviations outside the 1979–2000 mean.
    The first three weeks of July shattered temperature records. EU’s Copernicus satellite data shows the globally averaged surface air temperature for 1–23 July for each year from 1940 to 2023.

    Amid the weather crises, other records have been smashed too: the most air-travel passengers in a single day in the United States; the highest-ever profits for European carriers IAG and Air France-KLM; record oil consumption and record coal production. Between climate extremes and record fossil fuel profits, political backlash to climate action by right-wing parties is gathering strength.
    Flow and Stock

    When I (Tim) was a graduate student in the 2010s, I was miserable about mass denial of the climate emergency. Global warming remained a fringe cause and an afterthought in national politics. In 2012, climate wasn’t even mentioned in the final presidential debate between Mitt Romney and Barack Obama. How could it? Polls had climate at the bottom of ranked concerns, with the economy at the top.

    This decade is different. We are being battered by extraordinary events at an accelerating clip, and today’s public is increasingly aware that we live in an omnicidal anthropocene. That awareness, however, does not necessarily lead to action. On the contrary, there is a threat that the positive but partial developments in climate mitigation could perpetuate the delusion that present action is sufficient.

    While we have begun to shift marginal activities — new car purchases, new efficient buildings — to greener technologies, there remains a risk of discounting the extraordinary threat of the already-accumulated carbon in the atmosphere.

    This comes down to a distinction between the flow and stock of carbon. The planet does not care about the annual rate of emissions (the flow); what matters is the accumulated stock of carbon in the atmosphere — that’s what governs the degree of warming. The thousands of news articles during the pandemic wondering if a drop in emissions predicted a drop in temperatures exemplified the flow misconception. “Climate is a stock-not-a-flow problem” should be something that people are taught in schools. And it’s not just laypeople. A classic paper by John Sterman tested engineers and scientists at MIT and found that they too were clueless about stocks in their mental models of climate change: “Adults’ mental models of climate change violate conservation of matter.”

    The correct mental model is a bathtub. As long as more is flowing from the tap (our emissions) into the tub (atmospheric stock of carbon) than is being drained by the sink (rain forests, oceans, and so on), the water level in the tub will keep rising. The past five years have been the hottest ever on record — as have twenty of the past twenty-two. This consistent warming trend is a direct consequence of the rising water in the bathtub. It will only get worse as the stock of CO2 rises year on year.
    Gradualism and Gradualists

    Ignorance about the stock problem has corresponded to climate mitigation frameworks long dominated by gradualism. This sanguine orientation assumes that planetary instability is a problem that can be solved over the next few decades through making incremental changes to energy use. Powerful interests prefer that deep cuts to carbon be completed far away in the discounted future, when we would, of course, all be richer.

    That motivated gradualism fed into policy tools — implemented or merely proposed — like carbon pricing and “energy transition pathways,” and popularized by concepts like the “McKinsey abatement cost curve.” The consultants asked: What are the cheapest emissions to abate? The low-hanging fruit? Gradualism is rooted in heavily criticized cost-benefit models. Their logic sounds reasonable if we think that the problem is the rate of carbon emissions, and that cutting the flow of emissions will reduce global warming. This is not the case. The reason has to do with the stock logic of the greenhouse gas effect.
    An irresistible force — the international diffusion of fossil machines — has met an immovable object: planetary catastrophe if exponential accumulation of CO2 continues. Gt = Billion tons.

    In 2018, gradualism started to lose its grip. That year, the Intergovernmental Panel on Climate Change Special Report on the impacts of a 1.5 degree Celsius change to global temperature — and the “hothouse earth” paper — were published, and a then-fifteen-year-old Greta Thunberg began leading student strikes for climate awareness every Friday.
    Here and Now

    In India, the Yamuna River broke its banks and flooded three water treatment plants; the Delhi state government warned that it would ration drinking water. Drought in Uruguay left more than half its population without safe tap water to drink. The government is providing people with bottled water, as the situation is expected to last for months.
    Whacking the climate stick causes cascading infrastructure breakdowns.

    Extremes put enormous stress on farms, power grids, ecosystems, and lives. Subway stations, sewers, roads, bridges, transmission cables, and foundations are all designed with a tolerance level. Supercharged with carbon, nature breaks our engineered world. Never forget that the economy is a wholly owned subsidiary of nature.
    Presentation by John Holdren, former science adviser to President Barack Obama.

    All these disasters spark talk of a “new normal.” That, too, is a form of denial. What we face is planetary instability and disruption of everyday life as burning carbon loads the climate dice so that it throws six after six. Mark Blyth calls it “a giant non-linear outcome generator with wicked convexities. In plain English, there is no mean, there is no average, there is no return to normal. It’s one way traffic into the unknown.” The earth system is an “angry beast” that we are poking with the carbon stock stick.
    Burning Oil, Gushing Cash

    The oil and gas sector has seen record profits over the past two years, both in total and for individual companies. The International Energy Agency (IEA) estimates that a staggering $4,000 billion in profits was made by the entire industry last year, compared to typical annual estimates of $1,500 billion. The five biggest international oil companies alone reported a combined $199 billion in net profits in 2022. National oil companies profited the most. Saudi Aramco earned $161 billion.

    The use of these profits is revealing. In oil booms of the past, high prices consistently attracted financiers and producers to invest heavily in new capacity. Exploration continues despite the fact that no new resources can be exploited if we are to stay within the 1.5 degree Celsius limit. But in contrast to the last oil price boom, international companies have pledged smaller amounts of cash to drilling more polluting fuels, suggesting tacit acknowledgement by finance of the faltering prospects for oil and gas demand.

    Are they investing in green? No. Companies are responding defensively to a certain future of falling demand. The supermajors are returning cash to shareholders at a furious pace. Petrostates, however, from Saudi Arabia to the Brazilian municipality of Marica, are diverting earnings toward diversifying away from a sunsetting industry.
    Distribution of cash spending by the oil and gas industry, 2008–2022. (Source: IEA 2023; License: CC BY 4.0)
    A Billion Machines

    Today rebuilding the world to be cleaner and more resilient will take vast amounts of physical effort and skilled manual work. Whatever your beliefs about — or definition of — economic growth, deindustrialization is not an option.

    Social democrats the world over share a correct diagnosis of the climate crisis. The wealthiest create CO2 through: consumption; controlling production; and corralling democracy. The proposed solutions — expand the welfare state and build a “big green state” — create powerful enemies. That is the planetary impasse that we find ourselves in.

    If the Inflation Reduction Act showering money on a new cohort of US green industrial interests offers the possibility (not without risks and troubling geopolitical escalations) of green capitalism bridging the impasse, some focus must be brought to bear on another stock. Billions of fossil-burning machines — engines, turbines, furnaces—produce CO2 each day. A “shock of the old” is that we still live in the machine age of Victorians.

    The climate crisis requires rapid electrification; new ways and machines to move, heat, cool, melt, and make things. All those machines have to be made, financed, marketed, and installed.
    The twenty-first century is the Age of Consequences. Industrial machines that burn fossil fuels — engines, turbines, furnaces — and brought us prosperity are now unleashing planetary instability. Their early retirement and replacement rate dictates future warming. (Saul Griffith)

    We are very early in this process. The IEA estimates that decarbonization will require the amount of power transmission and distribution lines to double and almost triple by 2050. Demand for grain-oriented electrical steel would have to double by 2030.

    Cars are one illustration of the stocks and flows problem. There are a billion plus cars on the planet. Sales of internal combustion engine vehicles peaked six years ago, but emissions from road transport won’t peak until 2029. The shift in the flows (sales) toward EVs is already upending political constituencies and threatening international allegiances.
    The Future Is Now

    Even catastrophes — such as the blazing summer heat still ravaging Europe — don’t directly lead to action. A study found that heat waves in Europe last year killed over sixty-one thousand people. Europe was supposed to be shocked into action after the infamous 2003 heatwave, which killed over seventy thousand people, and was the subject of one of the first climate event attribution studies. Without social movements, inaction dominates. Wealthy societies aren’t protected, but they are complacent. The deranged idea — as Amitav Ghosh describes it — that we are safe, that things are under control, that bad things only happen to people who are far away, persists. Anticipating future ruin, we fail to act in the here and now.

    Community emergency services can help keep vulnerable elderly and infants cool. Governments can do more to cool people by opening air-conditioned public facilities. China has gone further, opening underground bomb shelters to citizens seeking to escape the heat. In Arizona, thirty one days of above 43 degrees Celsius/110 degrees Fahrenheit heat has led to a surge of deaths, and, in a rerun of COVID, the government has resorted to extra trailer morgues.

    Creative adaptation is urgent. So is cutting the stocks of CO2 in the atmosphere. This is not the logic of costs and benefits, but of means and ends. Not of economics, but survival.

    #climat #capitalisme

  • Crisi climatica, mobilità e giustizia sociale

    Un paese, il Senegal, due luoghi di ricerca, Dakar e St. Louis, quattro punti di vista, otto mani, e dodici storie raccolte sul campo. Attraverso il dialogo tra diverse prospettive di ricerca, questo libro restituisce un racconto corale sulla relazione complessa tra crisi climatica e diversi regimi di mobilità. Le quattro ricercatrici europee, bianche, durante il periodo trascorso in Senegal, si sono interrogate sulla loro posizionalità, sui loro privilegi, su metodologie di ricerca intersezionali e decoloniali, sforzandosi di riflettere con le persone in loco e non solo su di loro, valorizzando il più possibile la voce dei e delle protagoniste. Di fatto, che si tratti di crisi climatica o della cosiddetta crisi migratoria, nel Nord globale le immagini mediatiche e le narrazioni politiche sono sempre dominate da una prospettiva eurocentrica, che alimenta una percezione del cambiamento climatico come minaccia puramente naturale e dei migranti come invasione: entrambi nemici da combattere. Tramite le testimonianze delle persone che vivono ogni giorno gli effetti del clima che cambia, il libro racconta le diverse sfaccettature della crisi più ampia in atto, denunciando la matrice capitalistica, razzista, coloniale e patraircale della crisi stessa.

    https://deriveapprodi.com/libro/crisi-climatica-mobilita-e-giustizia-sociale

    #Sénégal #régime_de_mobilité #crise_climatique #migrations #capitalisme #racisme #colonialisme #patriarcat #crise #climat #justice_sociale #complexité #livre