• Je retiens :
      – L’IA qui joue au GO consomme 400KW quand son adversaire humain consomme 20W. Cette IA ne peut que jouer au GO.
      – L’IA qui reconnait les chats a eu besoin de 200K images pour fonctionner, quand un enfant de 2 ans a besoin de 2 images. L’IA ne reconnait pas le chat dans la pénombre, l’enfant si. Cette IA ne peut que reconnaître des chats, et encore avec un taux de réussite imparfait.
      – L’IA Google de conduite automatique ne sait pas faire la différence entre un panneau stop brandi par un humain pour faire une blague, et un vrai panneau stop.
      – Une IA est un outil, comme le marteau pour enfoncer le clou, construit par l’humain pour résoudre un type de problème particulier. L’IA qui résout tous les problèmes n’existe pas, car l’IA telle qu’elle est construite actuellement se fonde sur des données existantes. L’IA ne crée rien, l’IA régurgite.

    • Ce qui manque ici, comme souvent quand il est question d’IA, c’est de savoir comment la problématique s’inscrit sur le long terme dans les processus de production industrielle ; en particulier pour optimiser la productivité dans l’industrie informatique .

      La question à été un peu traitée à la fin de la vidéo, mais de façon absolument non critique et en ne l’abordant pas du tout sous l’angle spécifique des métiers de la filière informatique, ce qui est quand même un comble devant un public d’étudiantEs du secteur (si j’ai bien compris).

      Je n’ai aucun domaine de compétence pour confirmer l’hypothèse mais je me demande quand même si, avec ces techniques, permettant d’automatiser certaines tâches spécialisées, les développeurs (et de façon générale, les « informaticiens ») n’ont pas du soucis à se faire.

      Un des passages les plus intéressants du Capital (Marx), de mon point de vue, explique comment on est passé de l’artisanat à la manufacture puis à la grande industrie, les ouvriers spécialisés, fabricant, dans un premier temps, à la main des pièces mécaniques destinées à être assemblées dans des machines, puis, les « progrès technologiques » aidant, il n’a plus été nécessaire d’avoir recours au savoir-faire manuel de l’artisan (des métiers de l’horlogerie, notamment) pour construire ces pièces mécaniques. Il était devenu plus rentable de construire ce pièces avec des machines car on y passait moins de temps et cela coûtait moins cher ; c’est ce qu’on appelle la productivité. La question du remplacement ne se posait essentiellement alors qu’en ces termes, de la même façon que la problématique essentielle se pose pour Bezos de savoir s’il est plus rentable de conserver des humains travaillant comme des robots dans ses entrepôts, plutôt que de tout automatiser.

      On gagnerait, il me semble, à ne pas oublier ces déterminants économiques dans l’observation du « progrès technologiques », même si la fiabilité, le respect des sources, la régulation, etc. de ChatGPT,évoquées ici ou là, sont des questions importantes.

      On a essayé de construire tout un tas de machines volantes plus délirantes les unes que les autres avant d’arriver à un produire un modèle d’avion opérationnel. On sait déjà, avec le peu de recul de l’ère internet, que tout le monde s’était emballé, il y a quelques années sur des soit-disant faits historiques qui n’étaient que des fétus de paille (les CD, le web 2.0, etc.). De ce point de vue la vidéo est très utile, en analysant de façon plus rationnelle ce qu’est l’IA (improprement nommée). Pour autant, si on comprend mieux ce qu’est l’IA, on en sait pas beaucoup plus sur les conditions réelles, d’un point de vue industriel, de sa mise en place est sur les raisons pour lesquelles ceux qui ont le pouvoir de décision industriel l’emploient aujourd’hui.

      Comme l’évoquait justement Bookchin, nous ne savons pas exactement à quelle étape de l’évolution capitaliste nous en sommes.Nous n’avons à notre disposition que la focale du réel (avec le recul de l’histoire). Mieux vaut éviter d’essayer de lire dans le marc de café avec des discours sensationnels et de nous en tenir qu’aux réalités tangibles : notamment l’incontournable présence des pouvoirs économiques sur le court des choses.

      Néanmoins, il existe peut-être dans le réel d’aujourd’hui des signes qui peuvent nous indiquer de quoi sera fait l’avenir immédiat.

      Ma question : ne risque pas t-on d’avoir un processus similaire, à celui évoqué ci-dessus par Marx (passage de la fabrication manuelle à une production mécanique), dans les métiers informatiques ? Les professionnels de l’informatique seront-ils pas obligés de passer prochainement par des processus entièrement automatisés pour produire plus ou moins de lignes de code, jusqu’à ce que le savoir-faire du développeur et sa présence ne soient plus nécessaire ?

      Il m’est arrivé de poser la question à des professionnels et j’ai été surpris de constater que la réponse s’imposait presque toujours par la négative (après quand même quelques moments d’hésitation). La question est à nouveau posée ici.

      (Merci de ne pas m’allumer si je raconte des conneries ou si la réponse vous semble évidente)

      Des métiers, des savoir-faire, des gestes techniques, des cultures professionnelles disparaissent, parfois très vite et cela prouve que « ce n’est pas nous qui décidons », contrairement à ce qui est énoncé avec beaucoup de naïveté dans la vidéo.

      Les professionnels qui se retrouvent sur le carreau parce que leur métier n’existe plus sont souvent pris de court car ils ont souvent eu tendance à se rassurer dans une attitude bravache en affirmant, devant les signes avant-coureurs de leur éjection du « marché du travail », que « tout cela ne les touchera pas ». Je peux en témoigner car j’ai travaillé comme photograveur dans les années 80.

    • @cabou je suis bien d’accord et il n’y a pas d’illusion à se faire sur la capacité critique et encore moins marxienne, d’un co créateur de Siri. La vidéo a l’avantage pour moi de dissiper les fantasmes de ce que la soi-disant « IA » est ou n’est pas. À partir de là, une fois les fantasmes voire délires mis de côté, on peut discuter de ce dont tu parles toi, et qui est bien évidemment largement plus central.

      À ce propos : https://seenthis.net/messages/1011672

      Comme pour les autres secteurs de l’économie angoissés par la diffusion des outils d’automatisation (c’est à dire à peu près tous, de la creative class aux artisans, ouvriers, médecins, profs, etc), la déclaration de Fran Drescher mérite d’être rectifiée : ce ne sont pas « les machines » qui vont remplacer « les humains » mais le patronat qui, depuis les premiers théorèmes d’Adam Smith, tente éternellement d’accaparer les nouveaux outils de production pour optimiser l’extraction de la force de travail des employé·es dans le but de maximiser les profits réalisés. De la machine à vapeur à l’IA générative, (presque) rien n’a changé sous le soleil rouge de la lutte des classes, excepté le degré d’efficacité et de violence du processus.

      Évidemment ça marche aussi pour les devs, en tout cas pour de nombreux cas, comme pour à peu près n’importe quel métier spécialisé quoi (plus c’est technique spécialisé, plus c’est facile à reproduire avec assez de data aspirée).

      Plus d’IA, ça veut dire toujours plus de surnuméraires, de gens qui ne créent plus de valeur au sens capitaliste, qui ne servent à rien pour cette organisation du monde.

      #valeur #capitalisme #technologie #surnuméraires

    • merci @rastapopoulos. Content de voir qu’il y a au moins un professionnel qui estime que mon hypothèse n’est pas complètement farfelue :-)

      J’avais zappé ce lien vers Arrêt sur images à cause du paywall et je n’y suis pas revenu après !

      La réinterprétation de la révolte luddite qui a lieu depuis une trentaine d’années me semble effectivement très intéressante. On n’y voit plus forcément une bande d’attardés rétrogrades (à peu de chose près ce qu’en disait Marx et ce qu’en disent encore certains marxistes) mais plutôt l’expression d’une résistance à un pouvoir économique, imposant en guise de « progrès technologique inéluctable », la mise en place directe d’un nouveau type de rapport social de production (eh oui !), une dégradation brutale des revenus et des conditions de vie, une remise en cause du mode vie communautaire (ou social), des savoir-faire de métiers et du rapport qualitatif à ce qui est produit (le « travail bien fait »).

      En clair, il s’avère que le luddisme, n’est ni plus ni moins le premier mouvement de lutte sociale contre l’émergence de la révolution industrielle, elle-même, décrite comme l’étape décisive de la mise en place de la société capitaliste dans laquelle nous sommes encore empêtréEs. Lire, notamment, à ce sujet, le livre de Kirkpatrick Sale La révolte des Luddite , récemment réédité.

      Voilà effectivement qui ne pourra qu’être indispensable à savoir aujourd’hui, à un moment où il est non seulement vital de remettre en cause radicalement ce progrès qui nous est imposé mais qu’en plus, comme tu le fais justement remarquer, c’est le travail en tant que tel, et de façon générale, qui demande à être critiqué et pas seulement le savoir-faire et le rapport qualitatif qui y sont incorporés (comme à l’époque luddite).

    • Je ne sais pas si les IA vont remplacer les développeurs mais penser qu’un développeur n’est qu’un pondeur de code qu’on pourrait automatiser en deux coups de cuillère à pot est une erreur. Je vois bien que la plus grosse difficulté aujourd’hui pour beaucoup de développeurs (notamment débutants), ce n’est pas vraiment coder mais plutôt comprendre et analyser les besoins. Cela fait d’ailleurs des années que les développeurs sont très assistés dans leur flux de travail, pour ce qui est de produire du code en tout cas. A la limite on peut se plaindre que le métier est devenu bien plus industriel et moins artisanal, si on veut faire un parallèle avec les luddites.

    • ravi que cela te rappelle visiblement de bons souvenir, @simplicissimus ;-) mais pour ce qui me concerne, justement, autant je porte grand intérêt à l’œuvre de Marx - avec toute la distance critique qui s’impose (et là, je n’évoque même pas sa pratique politique plus que contestable au moment de la première internationale) - autant je n’ai jamais pris cette affaire de « baisse tendancielle du taux de profit » pour quelque chose de bien utile à la théorie révolutionnaire ! Je garde, au contraire, les pires souvenirs de débats furieux sur ce thème de la part de militants empêtrés dans des logiques religieuses défendant des textes sacrés.

      Il n’en reste pas moins que la question du travail à l’heure d’une extrême numérisation et de l’automatisation des moyens de production, quel que soit le secteur d’activité, doit être interrogée aujourd’hui en terme de stratégie de résistance au capitalisme.

      Sans vouloir lancer un quelconque troll je pense que Marx s’est même fourvoyé sur nombre de prédictions globalisantes et autres « lois », sous couvert de scientificité, qui se sont avérées fausses avec le temps ; dont la fameuse baisse tendancielle du taux de profit et l’inéluctabilité de la faillite du capitalisme...

      Voir également à ce sujet, via @colporteur, ce que disait Tronti et qui me semble très pertinent à propos de la prédiction de Marx concernant la prolétarisation croissante et « le passage de l’ouvrier-masse au bourgeois-masse »

      https://seenthis.net/messages/1012626#message1012639

    • Mais pas confond’ le taux de profit, calculable par les prix, et pour des entreprises précises (qui peuvent gonfler ou crasher), et la baisse tendencielle de la valeur qui depuis des décennies est à l’échelle mondiale, globale. Peu importe que telle entreprise ou milliardaire gonfle irrationnellement, ça change rien que sur le système entier ya de moins en moins de valeur (et donc de plus en plus de surnuméraires, entre autre).
      http://www.palim-psao.fr/2015/07/critique-de-la-valeur-et-societe-globale-entretien-avec-anselm-jappe.html

      Cela démontre son caractère intrinsèquement irrationnel, destructeur et auto-destructeur. Le capitaliste particulier doit s’imposer dans la concurrence s’il ne veut pas être écrasé par elle. Il doit donc produire avec le moins de main d’œuvre possible pour vendre à meilleur marché. Cependant, cet intérêt du capitaliste particulier s’oppose absolument à l’intérêt du système capitaliste dans son ensemble, pour lequel la baisse du taux de plus-value, et finalement de la masse de plus-value, représente une menace mortelle, à la longue. Ce qui caractérise la société capitaliste est exactement cette absence d’une véritable instance qui assure l’intérêt général, ne fût-ce que l’intérêt capitaliste. Le capitalisme se base sur la concurrence et l’isolement des acteurs économiques. Là où règne le fétichisme de la marchandise, il ne peut pas exister de conscience au niveau collectif. Toutes les tentatives historiques de « régulation », que ce soit à travers l’État ou à travers des cartels, des accords entre capitalistes, etc., n’ont marché que temporairement. Pendant une longue période, entre les années 1930 et 1970, on parlait souvent de « capitalisme monopoliste » ou « régulé » : l’intérêt général du système capitaliste aurait triomphé sur les intérêts des capitaux particuliers, disait-on, à travers des États très forts et à travers la concentration du capital sous forme de monopoles. Beaucoup de théoriciens marxistes, même parmi les meilleurs, comme l’École de Francfort, Socialisme ou Barbarie ou les situationnistes, y ont vu un stade définitif du capitalisme, marqué par la stabilité. Ensuite, le triomphe du néo-libéralisme a démenti ces pronostics. La concurrence sauvage a fait son retour sur fond de crise, et la dérive autodestructrice du système est devenue visible. Dans l’économie comme dans l’écologie, comme dans le désordre social, chaque acteur contribue, pour assurer sa survie immédiate, à une catastrophe globale qui finalement le frappera avec certitude.

  • 🛑 ☠️ ☢️ « LE NUCLÉAIRE, C’EST L’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE »...

    L’uranium qui sert de combustible aux centrales nucléaires ne pousse pas dans les arbres. La France est totalement dépendante des pays qui possèdent ce minerais dans leur sol. C’est le premier mensonge des nucléocrates : « l’indépendance énergétique » n’a jamais existé. La totalité de l’uranium servant aux 56 réacteurs nucléaires françaises vient de l’étranger, importé du Niger, du Kazakhstan, d’Australie… ou de la Russie. Macron, qui veut relancer la filière nucléaire, rendrait donc la France encore toujours plus tributaire des aléas géopolitiques (...)

    🛑 ☠️ ☢️ 🌍 #Niger #néocolonialisme #écologie #environnement #contamination #pollution #uranium #radioactivité #nucléaire #nucléocratie #capitalisme #danger... #antinucléaire !

    🏴 ★ #Anticapitalisme #antiproductivisme #décroissance #anarchisme

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    ▶️ https://contre-attaque.net/2023/08/01/le-nucleaire-cest-lindependance-energetique
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  • ★ Gestion verte pour petits bourgeois éclairés - OCL - Organisation Communiste Libertaire

    Si, comme on l’entend souvent dire, avoir été maire d’une grande ville est un atout important pour postuler à un destin national en ce que cet exercice confère à l’impétrant à la magistrature suprême une expérience importante qui lui servira de boussole et de modèle, alors il n’est pas inutile de faire un tour dans la gestion municipale des nouveaux élus Vert de quelques cités d’importance pour avoir une idée de la sauce à laquelle nous allons être mangés si, par inadvertance, l’une ou l’un d’entre eux était élu au sommet de l’État (...)

    #écologie #capitalisme #anarchisme #anticapitalisme #antiétatisme...

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article2927

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  • Le retour du travail des enfants est le dernier signe du déclin des Etats-Unis Steve Fraser

    En 1906, un vieux chef amérindien visitait New York pour la première fois. Il était curieux de la ville et la ville était intéressée à lui. Un journaliste d’un magazine demande au chef amérindien ce qui l’a le plus surpris dans ses déplacements en ville. « Les petits enfants qui travaillent », répondit le visiteur.

    Le travail des enfants aurait pu choquer cet étranger, mais il n’était que trop banal à l’époque dans les Etats-Unis urbains et industriels (et dans les fermes où il était habituel depuis fort longtemps). Plus récemment, cependant, il est devenu beaucoup plus rare. La loi et la pratique l’ont presque fait disparaître, supposent la plupart d’entre nous. Et notre réaction face à sa réapparition pourrait ressembler à celle de ce chef : choc, incrédulité.


    Mais nous ferions mieux de nous y habituer, car le travail des enfants revient en force. Un nombre impressionnant d’élus entreprennent des efforts concertés ( The New Yorker , « Child Labor is on the Rise », 4 juin 2023 sur le site) pour affaiblir ou abroger les lois qui ont longtemps empêché (ou du moins sérieusement freiné) la possibilité d’exploiter les enfants.

    Reprenez votre souffle et considérez ceci : le nombre d’enfants au travail aux Etats-Unis a augmenté de 37% entre 2015 et 2022. Au cours des deux dernières années, 14 États ont introduit ou promulgué des lois annulant les réglementations qui régissaient le nombre d’heures pendant lesquelles les enfants pouvaient être employés, réduisaient les restrictions sur les travaux dangereux et légalisaient les salaires minimums pour les jeunes.

    L’État de l’Iowa autorise désormais les jeunes de 14 ans à travailler dans des blanchisseries industrielles. A l’âge de 16 ans, ils peuvent occuper des emplois dans les domaines de la toiture, de la construction, de l’excavation et de la démolition et peuvent utiliser des machines à moteur. Les jeunes de 14 ans peuvent même travailler de nuit et, dès l’âge de 15 ans, ils peuvent travailler sur des chaînes de montage. Tout cela était bien sûr interdit il n’y a pas si longtemps.
    +++
    Les élus donnent des justifications absurdes à ces entorses à des pratiques établies de longue date. Le travail, nous disent-ils, éloignera les enfants de leur ordinateur, de leurs jeux vidéo ou de la télévision. Ou encore, il privera le gouvernement du pouvoir de dicter ce que les enfants peuvent ou ne peuvent pas faire, laissant aux parents le contrôle – une affirmation déjà transformée en fantasme par les efforts visant à supprimer la législation sociale protectrice et à permettre aux enfants de 14 ans de travailler sans autorisation parentale formelle.

    En 2014, l’Institut Cato, un groupe de réflexion de droite, a publié « A Case Against Child Labor Prohibitions » (Un cas contre les interdictions du travail des enfants), arguant que de telles lois étouffaient les perspectives pour l’avenir des enfants pauvres, et en particulier les enfants noirs. La Foundation for Government Accountability (Fondation pour l’obligation du gouvernement de rendre des comptes), un groupe de réflexion financé par une série de riches donateurs conservateurs, dont la famille DeVos [Betsy DeVos, secrétaire d’Etat à l’Education sous l’administration Trump], a été le fer de lance des efforts visant à affaiblir les lois sur le travail des enfants, et Americans for Prosperity, la fondation milliardaire des frères Koch [très engagés dans les investissements pétroliers], s’est jointe à eux.

    Ces attaques ne se limitent pas aux États rouges (républicains) comme l’Iowa ou ceux du Sud. La Californie, le Maine, le Michigan, le Minnesota et le New Hampshire, ainsi que la Géorgie et l’Ohio, ont également été l’objet d’interventions dans ce sens. Au cours des années de pandémie, même le New Jersey a adopté une loi, augmentant temporairement les heures de travail autorisées pour les jeunes de 16 à 18 ans.


    +++
    La vérité toute crue est que le travail des enfants est rentable et qu’il est en train de devenir remarquablement omniprésent. C’est un secret de Polichinelle que les chaînes de restauration rapide emploient des mineurs depuis des années et considèrent simplement les amendes occasionnelles comme faisant partie du coût de fonctionnement. Dans le Kentucky, des enfants d’à peine 10 ans ont travaillé dans de tels centres de restauration et d’autres, plus âgés, ont dépassé les limites horaires prescrites par la loi. En Floride et au Tennessee, les couvreurs peuvent désormais avoir 12 ans.

    Récemment, le Département du Travail a découvert plus de 100 enfants âgés de 13 à 17 ans travaillant dans des usines de conditionnement de viande et des abattoirs du Minnesota et du Nebraska. Et il ne s’agissait pas d’opérations véreuses. Des entreprises comme Tyson Foods et Packer Sanitation Services – qui appartient au fonds d’investissement BlackRock, la plus grande société de gestion d’actifs au monde [voir l’article sur ces fonds publié sur ce site le 7 juillet 2023] – figuraient également sur la liste.

    A ce stade, la quasi-totalité de l’économie est remarquablement ouverte au travail des enfants. Les usines de vêtements et les fabricants de pièces automobiles (qui fournissent Ford et General Motors) emploient des enfants immigrés, parfois pendant des journées de travail de 12 heures. Nombre d’entre eux sont contraints d’abandonner l’école pour ne pas être pénalisés. De la même manière, les chaînes d’approvisionnement de Hyundai et de Kia dépendent des enfants qui travaillent en Alabama.

    Comme l’a rapporté le New York Times en février dernier (« Alone and Exploited, Migrant Children Work Brutal Jobs Across the U.S. » par Hannah Dreier, 25 février 2023) – contribuant à faire connaître le nouveau marché du travail des enfants – des enfants mineurs, en particulier des migrants, travaillent dans des usines d’emballage de céréales et des usines de transformation alimentaire. Dans le Vermont, des « illégaux » (parce qu’ils sont trop jeunes pour travailler) font fonctionner des machines à traire. Certains enfants participent à la confection de chemises J. Crew [grande firme de prêt-à-porter] à Los Angeles, préparent des petits pains pour Walmart [le plus grand distributeur des Etats-Unis] ou travaillent à la production de chaussettes Fruit of the Loom [firme très connue]. Le danger guette. Les Etats-Unis sont un environnement de travail notoirement dangereux et le taux d’accidents chez les enfants travailleurs est particulièrement élevé, avec un inventaire effrayant de colonnes vertébrales brisées, d’amputations, d’empoisonnements et de brûlures défigurantes.

    La journaliste Hannah Dreier a parlé d’une « nouvelle économie de l’exploitation », en particulier lorsqu’il s’agit d’enfants migrants. Un instituteur de Grand Rapids, dans le Michigan, observant la même situation difficile, a fait la remarque suivante : « Vous prenez des enfants d’un autre pays et vous les mettez presque en servitude industrielle. »

    Il y a longtemps, aujourd’hui
    Aujourd’hui, nous pouvons être aussi stupéfaits par ce spectacle déplorable que l’était ce chef amérindien au tournant du XXe siècle. Nos ancêtres, eux, ne l’auraient pas été. Pour eux, le travail des enfants allait de soi.

    En outre, les membres des classes supérieures britanniques qui n’étaient pas obligés de travailler dur ont longtemps considéré le travail comme un tonique spirituel capable de réfréner les impulsions indisciplinées des classes inférieures. Une loi élisabéthaine de 1575 prévoyait l’affectation de fonds publics à l’emploi d’enfants en tant que « prophylaxie contre les vagabonds et les indigents ».

    Au XVIIe siècle, le philosophe John Locke [1632-1704, auteur de l’ Essai sur l’entendement humain , un des principaux acteurs de la Royal African Company, pilier de la traite négrière], alors célèbre « défenseur de la liberté », soutenait que les enfants de trois ans devaient être inclus dans la force de travail. Daniel Defoe, auteur de Robinson Crusoé , se réjouissait que « les enfants de quatre ou cinq ans puissent tous gagner leur propre pain ». Plus tard, Jeremy Bentham [1748-1832, précurseur du libéralisme], le père de l’utilitarisme, optera pour quatre ans, car sinon, la société souffrirait de la perte de « précieuses années pendant lesquelles rien n’est fait ! Rien pour l’industrie ! Rien pour l’amélioration, morale ou intellectuelle. »

    Le rapport sur l’industrie manufacturière publié en 1791 par le « père fondateur » états-unien Alexander Hamilton [1757-1804, secrétaire au Trésor de 1789 à 1795] notait que les enfants « qui seraient autrement oisifs » pourraient au contraire devenir une source de main-d’œuvre bon marché. L’affirmation selon laquelle le travail à un âge précoce éloigne les dangers sociaux de « l’oisiveté et de la dégénérescence » est restée une constante de l’idéologie des élites jusqu’à l’ère moderne. De toute évidence, c’est encore le cas aujourd’hui.


    +++
    Lorsque l’industrialisation a effectivement commencé au cours de la première moitié du XIXe siècle, les observateurs ont noté que le travail dans les nouvelles usines (en particulier les usines textiles) était « mieux fait par les petites filles de 6 à 12 ans ». En 1820, les enfants représentaient 40% des travailleurs des usines dans trois Etats de la Nouvelle-Angleterre. La même année, les enfants de moins de 15 ans représentaient 23% de la main-d’œuvre manufacturière et jusqu’à 50% de la production de textiles de coton (« Child Labor in the United States », Robert Whaples, Wake Forest University).

    Et ces chiffres ne feront qu’augmenter après la guerre de Sécession [1861-1865]. En fait, les enfants d’anciens esclaves ont été ré-esclavagisés par le biais d’accords d’apprentissage très contraignants. Pendant ce temps, à New York et dans d’autres centres urbains, les padroni italiens ont accéléré l’exploitation des enfants immigrés tout en les traitant avec brutalité. Même le New York Times s’est offusqué : « Le monde a renoncé à voler des hommes sur les côtes africaines pour kidnapper des enfants en Italie. »

    Entre 1890 et 1910, 18% des enfants âgés de 10 à 15 ans, soit environ deux millions de jeunes, ont travaillé, souvent 12 heures par jour, six jours par semaine.Leurs emplois couvraient le front de mer – trop littéralement puisque, sous la supervision des padroni , des milliers d’enfants écaillaient les huîtres et ramassaient les crevettes. Les enfants étaient également des crieurs de rue et des vendeurs de journaux. Ils travaillaient dans des bureaux et des usines, des banques et des maisons closes. Ils étaient « casseurs » et « ouvreurs de portes en bois permettant l’accès d’air » dans les mines de charbon mal ventilées, des emplois particulièrement dangereux et insalubres. En 1900, sur les 100 000 ouvriers des usines textiles du Sud, 20 000 avaient moins de 12 ans.

    Les orphelins des villes sont envoyés travailler dans les verreries du Midwest. Des milliers d’enfants sont restés à la maison et ont aidé leur famille à confectionner des vêtements pour des ateliers clandestins. D’autres emballent des fleurs dans des tentes mal ventilées. Un enfant de sept ans expliquait : « Je préfère l’école à la maison. Je n’aime pas la maison. Il y a trop de fleurs. » A la ferme, la situation n’est pas moins sombre : des enfants de trois ans travaillent à décortiquer des baies.

    Dans la famille
    Il est clair que, jusqu’au XXe siècle, le capitalisme industriel dépendait de l’exploitation des enfants, moins chers à employer, moins capables de résister et, jusqu’à l’avènement de technologies plus sophistiquées, bien adaptés aux machines relativement simples en place à l’époque.


    En outre, l’autorité exercée par le patron était conforme aux principes patriarcaux de l’époque, que ce soit au sein de la famille ou même dans les plus grandes des nouvelles entreprises industrielles de l’époque, détenues en grande majorité par des familles, comme les aciéries d’Andrew Carnegie. Ce capitalisme familial a donné naissance à une alliance perverse entre patron et sous-traitants qui a transformé les enfants en travailleurs salariés miniatures.

    Pendant ce temps, les familles de la classe ouvrière étaient si gravement exploitées qu’elles avaient désespérément besoin des revenus de leurs enfants. En conséquence, à Philadelphie, au tournant du siècle, le travail des enfants représentait entre 28% et 33% du revenu des familles biparentales nées dans le pays Monthly Labor Review, « History of child labor in the United States—part 1 : little children working », January 2017) . Pour les immigrés irlandais et allemands, les chiffres étaient respectivement de 46% et 35%. Il n’est donc pas surprenant que les parents de la classe ouvrière se soient souvent opposés aux propositions de lois sur le travail des enfants. Comme l’a noté Karl Marx, le travailleur n’étant plus en mesure de subvenir à ses besoins, « il vend maintenant sa femme et son enfant, il devient un marchand d’esclaves ».

    Néanmoins, la résistance commence à s’organiser. Le sociologue et photographe Lewis Hine a scandalisé le pays avec des photos déchirantes d’enfants travaillant dans les usines et dans les mines. (Il put accéder à à ces lieux de travail en prétendant qu’il était un vendeur de bibles.) Mother Jones [1837-1930], la militante syndicaliste, a mené une « croisade des enfants » en 1903 au nom des 46 000 ouvriers du textile en grève à Philadelphie. Deux cents délégués des enfants travailleurs se sont rendus à la résidence du président Teddy Roosevelt [1901-1909] à Oyster Bay, Long Island, pour protester, mais le président s’est contenté de renvoyer la balle, affirmant que le travail des enfants relevait de la compétence des Etats et non de celle du gouvernement fédéral.

    Ici et là, des enfants tentent de s’enfuir. En réaction, les propriétaires ont commencé à entourer leurs usines de barbelés ou à faire travailler les enfants la nuit, lorsque leur peur de l’obscurité pouvait les empêcher de s’enfuir. Certaines des 146 femmes qui ont péri dans le tristement célèbre incendie de la Triangle Shirtwaist Factory en 1911 dans le Greenwich Village de Manhattan – les propriétaires de cette usine de confection avaient verrouillé les portes, obligeant les ouvrières prises au piège à sauter vers la mort depuis les fenêtres des étages supérieurs – n’avaient pas plus de 15 ans. Cette tragédie n’a fait que renforcer la colère grandissante à l’égard du travail des enfants.
    +++
    Un comité national sur le travail des enfants a été créé en 1904. Pendant des années, il a fait pression sur les Etats pour qu’ils interdisent, ou du moins limitent, le travail des enfants. Les victoires, cependant, étaient souvent à la Pyrrhus, car les lois promulguées étaient invariablement faibles, comportaient des dizaines d’exemptions et étaient mal appliquées. Finalement, en 1916, une loi fédérale a été adoptée qui interdisait le travail des enfants partout. En 1918, cependant, la Cour suprême l’a déclarée inconstitutionnelle.

    En fait, ce n’est que dans les années 1930, après la Grande Dépression, que les conditions ont commencé à s’améliorer. Compte tenu de la dévastation économique, on pourrait supposer que la main-d’œuvre enfantine bon marché aurait été très prisée. Cependant, face à la pénurie d’emplois, les adultes, et en particulier les hommes, ont pris le dessus et ont commencé à effectuer des tâches autrefois réservées aux enfants. Au cours de ces mêmes années, le travail industriel a commencé à incorporer des machines de plus en plus complexes qui s’avéraient trop difficiles pour les jeunes enfants. Dans le même temps, l’âge de la scolarité obligatoire ne cessait de s’élever, limitant encore davantage le nombre d’enfants travailleurs disponibles.
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    Plus important encore, l’air du temps a changé. Le mouvement ouvrier insurrectionnel des années 1930 détestait l’idée même du travail des enfants. Les usines syndiquées et les industries entières étaient des zones interdites aux capitalistes qui cherchaient à exploiter les enfants. En 1938, avec le soutien des syndicats, l’administration du New Deal du président Franklin Roosevelt a finalement adopté la Fair Labor Standards Act qui, du moins en théorie, a mis fin au travail des enfants (bien qu’elle ait exempté le secteur agricole dans lequel ce type de main-d’œuvre restait courant).

    En outre, le New Deal de Roosevelt a transformé les mentalités à l’échelle du pays. Un sentiment d’égalitarisme économique, un nouveau respect pour la classe ouvrière et une méfiance sans bornes à l’égard de la caste des entreprises ont rendu le travail des enfants particulièrement répugnant. En outre, le New Deal a inauguré une longue ère de prospérité, avec notamment l’amélioration du niveau de vie de millions de travailleurs et travailleuses qui n’avaient plus besoin du travail de leurs enfants pour joindre les deux bouts.

    Retour vers le passé
    Il est d’autant plus étonnant de découvrir qu’un fléau, que l’on croyait banni, revit. Le capitalisme états-unien est un système internationalisé, ses réseaux s’étendent pratiquement partout. Aujourd’hui, on estime à 152 millions le nombre d’enfants au travail dans le monde. Bien sûr, tous ne sont pas employés directement ou même indirectement par des entreprises états-uniennes. Mais ces millions devraient certainement nous rappeler à quel point le capitalisme est redevenu profondément rétrograde, tant chez nous qu’ailleurs sur la planète.

    Les vantardises sur la puissance et la richesse de l’économie des Etats-Unis font partie du système de croyances et de la rhétorique des élites. Cependant, l’espérance de vie aux Etats-Unis, mesure fondamentale de la régression sociale, ne cesse de diminuer depuis des années. Les soins de santé sont non seulement inabordables pour des millions de personnes, mais leur qualité est devenue au mieux médiocre si l’on n’appartient pas au 1% supérieur. De même, les infrastructures du pays sont depuis longtemps en déclin, en raison de leur âge et de décennies de négligence.

    Il faut donc considérer les Etats-Unis comme un pays « développé » en proie au sous-développement et, dans ce contexte, le retour du travail des enfants est profondément symptomatique. Même avant la grande récession qui a suivi la crise financière de 2008, le niveau de vie avait baissé, en particulier pour des millions de travailleurs mis à mal par un tsunami de désindustrialisation qui a duré des décennies. Cette récession, qui a officiellement duré jusqu’en 2011, n’a fait qu’aggraver la situation. Elle a exercé une pression supplémentaire sur les coûts de la main-d’œuvre, tandis que le travail devenait de plus en plus précaire, de plus en plus dépourvu d’avantages sociaux et non syndiqué. Dans ces conditions, pourquoi ne pas se tourner vers une autre source de main-d’œuvre bon marché : les enfants ?

    Les plus vulnérables d’entre eux viennent de l’étranger, des migrants du Sud, fuyant des économies défaillantes souvent liées à l’exploitation et à la domination économiques états-uniennes. Si ce pays connaît aujourd’hui une crise frontalière – et c’est le cas – ses origines se trouvent de ce côté-ci de la frontière [et non pas avant tout en Amérique centrale ou au Mexique].

    La pandémie de Covid-19 de 2020-2022 a créé une brève pénurie de main-d’œuvre, qui est devenue un prétexte pour remettre les enfants au travail (même si le retour du travail des enfants est en fait antérieur à la pandémie). Il faut considérer ces enfants travailleurs au XXIe siècle comme un signe distinct de la pathologie sociale présente. Les Etats-Unis peuvent encore tyranniser certaines parties du monde, tout en faisant sans cesse étalage de leur puissance militaire. Mais chez eux, ils sont malades.

    #capitalisme #profits #travail des #enfants #exploitation #usa #Etats-Unis #élites #esclavage #ouvrières #ouvriers #migrants #Lewis_Hine

    Source originale : Tom Dispatch https://tomdispatch.com/caution-children-at-work
    Traduit de l’anglais par A l’encontre https://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/le-retour-du-travail-des-enfants-est-le-dernier-signe-du-declin-des-etat

  • Lecture d’un extrait du livre « Sucre, journal d’une recherche » de Dorothée Elmiger (traduction de l’allemand par Marina Skalova et Camille Luscher), paru aux Éditions Zoé, en 2023.

    https://liminaire.fr/radio-marelle/article/sucre-journal-d-une-recherche-de-dorothee-elmiger

    Dorothee Elmiger compose son récit par petits bouts sous la forme d’un journal de recherche d’une obsession, celle du sucre. Ces fragments provenant de différentes sources (citations, observations, réflexions, rêves, fiction biographique et faits historiques) sont agencés dans un apparent désordre, suivant un long cheminement de pensée et d’enquête, et selon des points de vue variés qui explorent le sujet sans jamais l’aborder frontalement, en se focalisant sur ce qu’il évoque ou provoque.

    (...) #Radio_Marelle, #Écriture, #Langage, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Histoire, #Désir, #Colonisation, #Capitalisme, #Sucre (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_le_sucre_dorothe_e_elmiger.mp4

    http://www.editionszoe.ch/livre/sucre-journal-d-une-recherche

  • L’eau : un bien commun pollué par le profit
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/07/26/leau-un-bien-commun-pollue-par-le-profit_725770.html

    Partout dans le monde, les pénuries d’eau, les rivières à sec, les nappes phréatiques vidées, les plaintes des agriculteurs et les déclarations lénifiantes des gouvernements mettent à la une le problème de l’approvisionnement en eau.

    En France, l’utilisation de l’eau se répartit ainsi : 57 % pour l’agriculture, 26 % pour l’#eau_potable, 12 % pour le refroidissement des centrales électriques et 5 % pour les industriels. Mais derrière ces chiffres se cachent d’autres réalités. Si nourrir la population est évidemment une priorité, près de la moitié de l’eau utilisée pour l’irrigation est destinée aux champs de maïs, un maïs dont les #trusts_agroalimentaires de France et d’Europe ont besoin dans le cadre de leur compétition mondiale.

    Au pompage des #nappes_phréatiques qu’opère ainsi l’#agriculture_capitaliste s’ajoute le rejet anarchique de toute une partie des #déchets animaliers, chimiques et autres, qui aboutit à la pollution dramatique des eaux. On le voit en Bretagne avec la #pollution de l’eau par les nitrates et en conséquence la prolifération des #algues_vertes.

    Le prix de l’eau n’est pas le même pour les agriculteurs et les industriels, d’un côté, et les particuliers de l’autre. L’eau d’irrigation, celle-là même qui assèche rivières et nappes phréatiques, revient entre 0,18 centimes et au maximum 2,13 centimes le mètre cube, suivant les moyens de captage utilisés. Le particulier, en revanche, paie un prix moyen qui varie entre 3,70 et 4,30 euros le mètre cube, auquel s’ajoutent de multiples taxes qui peuvent faire doubler le prix final. L’#eau à usage domestique revient donc 500 à 800 fois plus cher que celle dirigée vers l’irrigation ou des utilisations industrielles. Ainsi la dépollution des eaux contaminées par l’agriculture, mais aussi par les industriels, est en grande partie assurée par les compagnies privées délégataires de la fourniture d’eau potable. Elle est presque quasi exclusivement payée par les usagers individuels.

    Tout cela est à l’image d’une société pourrie par la recherche du profit à tout prix, l’irresponsabilité et l’incurie généralisées. Le bien public dont les uns et les autres osent se prévaloir est une offense à la simple vérité.

    #capitalisme

  • Les déchets d’emballages plastiques augmenteront de 46 % en Europe d’ici à 2030

    L’Union européenne a pourtant fixée pour objectif de réduire les déchets plastiques de 15 % d’ici à 2040 et adopté des directives concernant les plastiques à usage unique et les emballages.

    Les Nations unies ont [pourtant] adopté une résolution visant à mettre fin à la #pollution_plastique et à parvenir à un accord contraignant d’ici à 2024.

    (Les Échos)

    Bref : réglementation ou pas, c’est toujours le capital qui décide et a le dernier mot. Qu’on se le dise si on a encore des illusions réformistes.

    #capitalisme #réformisme

  • 3eme guerre mondiale : les préparatifs vont bon train

    27 milliards d’euros d’#exportations_d’armes françaises en 2022, selon un rapport annuel au Parlement consulté par l’AFP. Une performance historique comparée aux 11,7 milliards d’euros de l’année précédente, qui doit son succès à la hausse des #budgets_militaires et aux ventes de Rafale. Durant une année marquée par la guerre en Ukraine, les #dépenses_militaires des Etats n’ont jamais été aussi grandes depuis la guerre froide, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. En 2022, le budget militaire des Etats s’est élevé à 2 240 milliards de dollars (2,2 % du PIB mondial).

    (Libération)

    Plus généralement, les dépenses militaires mondiales n’ont jamais été aussi importantes depuis trente ans et la fin de la Guerre froide, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
    Dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine, les dépenses des Etats pour leurs armées et équipements se sont élevées à 2.240 milliards de dollars, soit 2,2 % du PIB mondial.

    (Les Échos)

    #militarisation #guerre #capitalisme

  • TikTok, le roi de l’économie de l’attention
    https://lesechos.fr/tech-medias/medias/tiktok-le-roi-de-leconomie-de-lattention-1965285

    […] Un public captif et captivé de plus d’un milliard d’utilisateurs mensuels actifs qui, sans être aussi valorisé par les annonceurs qu’une audience plus mûre au pouvoir d’achat supérieur, est prisé pour sa capacité à façonner les tendances de demain. « #TikTok est devenu le point de destination d’une génération sur Internet, souligne Alexandre Mahé, de Fabernovel. De toutes les plateformes, il reste celle où l’on peut toucher l’audience la plus jeune. » Les annonceurs apprécieront cette statistique : 46 % des sondés par Kantar affirment « ne pas se laisser distraire » lorsqu’ils sont sur TikTok.

    « Temps de cerveau humain disponible »

    Car le dernier-né des réseaux a réussi une véritable prouesse : capter l’intérêt des usagers dans un univers ultra-concurrentiel dans lequel « l’abondance d’informations crée une rareté de l’#attention », comme le théorisait, en 1971, le psychologue et économiste américain Herbert A. Simon. Le concept d’« économie de l’attention » n’est pas né d’hier. En 2004, Patrick Le Lay, PDG du groupe TF1, avait déjà reconnu que son métier consistait à « vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible ». Les géants du numérique ont encore professionnalisé l’opération.

    « Si les plateformes ont des usages multiples et proposent des fonctionnalités distinctes, leur modèle économique est sensiblement le même : il consiste à transformer le temps que nous y passons en revenus publicitaires, expose Arthur Grimonpont dans ’#Algocratie, vivre libre à l’heure des #algorithmes', paru en 2022 chez Actes Sud. De là naît une compétition redoutable pour se partager une ressource rare et précieuse : notre #temps_d'attention. »

    Et TikTok exploite mieux que quiconque ce « nouveau pétrole » grâce à son algorithme, aussi mystérieux que surperformant, qui génère un flux infini de recommandations en rapport avec les centres d’intérêt de chaque usager à partir de ses « scrolls » passés, de ses interactions, des vidéos regardées jusqu’au bout ou même visionnées plusieurs fois, etc. […]

    (Les Échos)

    #capitalisme #capitalisme_de_surveillance

  • Seine Exzellenz der Android
    https://www.nachdenkseiten.de/?page_id=7726
    Ce roman de science fiction de 1907 est à la fois une parodie de la société austro-hongroise sous le dernier empereur, une utopie et une réflexion sur ce qu’on allait appeller plus tard les robots, les hommes cybernétiques ou androïdes. C’est une jolie lecture d’été.

    Lire gratuitement en ligne
    https://www.projekt-gutenberg.org/gilbert/automat

    Seine Exzellenz der Automat. Ein phantastisch-satirischer Roman. Mit einem Geleitwort von Rudolf Goldscheid. Schuster & Lößler, Berlin & Leipzig 1907.

    Biographie de Leo Silberstein-Gilbert
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Leo_Gilbert

    Im Jahr 1907, mitten in der Belle Époque, auch als Fin de Siècle bezeichnet, veröffentlichte der Wiener Wissenschaftsjournalist Leo Silberstein-Gilbert einen „phantastisch-satirischen Roman“, der heute als eines der ersten Science-Fiction-Werke gelten kann. 1933 geriet er in die Zensur und wurde aus den Bibliotheken im Herrschaftsbereich des NS-Regimes aussortiert. Die von Nathanael Riemer unter dem Titel „Seine Exzellenz der Android“ herausgegebene Neuauflage will das eliminierte Buch und die Erinnerung an seinen Autor neu beleben, denn es nimmt gut 100 Jahre, bevor KI hier ein großes Thema wurde, die Gefahren der Künstlichen Intelligenz klug, erschreckend sowie humorvoll vorweg. Der Protagonist des Romans, der geniale Physiker Frithjof Andersen, konstruiert den vollkommenen Androiden Lars. Dessen Körperbau, seine Gesichtszüge, Pulsieren der Adern und selbst Gefühlsregungen imitieren den Menschen auf so natürliche Weise, dass die perfekte Täuschung gelingt. Doch das Geschöpf emanzipiert sich von seinem Schöpfer Andersen – der Android Lars macht als Großindustrieller Karriere und wird vom König zum Minister ernannt. Als er schließlich einen Krieg vorzubereiten beginnt und das Volk seine Misere in Hurrapatriotismus ertränkt, sieht sich Andersen in der Pflicht, sein eigenes Geschöpf zu zerstören… Ein Auszug.

    Der Eindruck, den Lars machte, war durchaus der eines Mannes von Geltung. Er saß bequem im Lehnstuhl, hielt Zeitung und Zigarre in den Händen, lächelte mit dem zuvorkommenden Lächeln, das ihm Andersen beigebracht hatte, und erwiderte auf alle Fragen je nach den Stichworten. Frithjof gewann die Überzeugung: Sein Android war gelungen, ganz Mensch! Er unterschied sich durch nichts von den anderen als durch den Mangel von Herz und Gemüt. Und vielleicht nicht einmal dadurch. Lars machte auf Frithjof ganz den Eindruck eines vornehmen Mannes. Die einladende Handbewegung, das entgegenkommende Lächeln, das nicht in Grinsen ausarten darf, die Bereitschaft, mit Frithjof stets einer Meinung zu sein, die Kunst, gedankenlos zu versprechen. Der Doktor freute sich, alles wiederzusehen, was er in seinen Automaten hineingesteckt. Lars bedauerte ihn, Lars tröstete ihn, Lars versprach, ihm eine bescheidene Sekretärstelle zu verschaffen, und Frithjof lachte innerlich darüber. Er sah das Werk seiner Hände, das er Rädchen für Rädchen zehn Jahre lang unter den Fingern gehabt, nach und nach sein Gönner werden. Sein Automat protegierte ihn! Er dachte an das schöne Goethesche Wort: „Am Ende hängen wir noch ab von Kreaturen, die wir machten.” Und er hatte nicht übel Lust, auf Lars zuzuspringen und ihn zu zertrümmern. Aber der linke Ellbogen schmerzte ihm noch von jenem Vorfall, als er den Androiden verkaufen wollte.

    Er suchte sich einzureden, daß sein Zorn unberechtigt sei, daß es nur eine Maschine wäre, das Werk seines Geistes, auf das er schließlich stolz sein könne; daß Lars nur einem Naturgesetz folge, freilich einem Naturgesetz, das noch von keinem Professor entwickelt und in keiner unserer Schulen gelehrt wird, das aber einst den Mittelpunkt der wichtigsten aller Wissenschaften bilden werde, der Gesellschafts-Wissenschaft: Lars war mit tausend anderen das Produkt der Verhältnisse. Man schob ihn, er ließ sich schieben, man hob ihn, er ließ sich heben. Freilich gehört dazu eine Art Geschicklichkeit; man muß beim Geschobenwerden immer eine Lage einzunehmen wissen, die für sich und die Hebenden nicht unbequem ist. Einfach wie das Schwimmen! Wer es gelernt hat, wundert sich, daß sich von der Flut tragen zu lassen erst gelernt werden müsse. Doch gibt es störrische Leute, Phlegmatiker, die auch von den besten Verhältnissen sich nicht heben lassen. Ihre Wehleidigkeit verträgt diesen oder jenen Griff nicht, oder sie machen sich zu schwer. Lars, der berechnete und berechnende Lars, widersprach niemals, weil er weder sentimentale Anwandlungen noch ein reizbares Temperament besaß, weil er sich wahrhaft jenseits von Gut und Böse befand.

    Frithjof hätte auch aus einem anderen Grunde nicht den zertrümmernden Faustschlag ausgeführt: Er schauderte zurück, es war ihm, als ob er ein Menschenleben vernichten sollte, wie ihn Lars herablassend mit den grau-grünen Reptilaugen anblickte, die so nichtssagend naiv waren, daß sich dahinter alles Denkbare verstecken konnte. Lars, der eben den Rauch seiner Zigarre – wie man am Duft spürte, eine der feinsten Sorten – in die Luft blies, Lars mit den frischen, roten, natürlichen Wangen war ihm eine zu lebendige Persönlichkeit, als daß er nicht gefürchtet hätte, einen Mord zu begehen. Und schließlich, wer beweist ihm, daß er sich nicht täuscht? Daß er, Andersen, nicht wirklich im Wahn herumwandelt? Daß dieser Mann wirklich kein Mann, sondern ein Android ist? Allerdings kannte er Stück für Stück und Härchen für Härchen an ihm. Diese nichtssagenden Augen, die grasgrüne Glashülle für jede Tücke, die natürlichsten, die er beim Optiker gefunden, hatte er ihm selbst mit diesen seinen eigenen Händen eingesetzt. Die Haut mit den vollen Wangen und dem elastischen Muskelspiel hatte er selbst monatelang zwischen diesen seinen eigenen Fingern gehabt, ehe sie vollkommen täuschend funktionierte. Er kannte die Gelenke dieser Arme und sah bei jeder Handbewegung im Geist unter dem feinen Kammgarnrock die Stahlsehnen, die anzogen. Er wußte, daß unter diesem üppigen Haarwuchs sich das komplizierteste Räderwerk verbarg, die beste Rechenmaschine der Neuzeit. Er wußte, daß in der linken Seite dieser Brust, wo bei anderen Menschen sich das Herz befindet, nichts lag als eine gewöhnliche metallene Pumpe, die durch Elektrizität in Bewegung gesetzt, die rote Flüssigkeit dirigierte, die den Menschen, ohne daß er weiß, warum, erröten und erblassen macht. Ein künstliches Schamgefühl, eine rein physikalische Erscheinung!

    Und doch, wer bürgt ihm dafür, daß dies alles nicht Einbildung, nicht das Produkt eines hitzigen Fiebertraumes ist? Vielleicht haben die Leute wirklich recht, wenn sie von seiner ausbrechenden Tollheit munkeln?

    Leo Gilbert: „Seine Exzellenz, der Android“, ein phantastisch-satirischer Roman, herausgegeben von Nathanael Riemer, 318 Seiten, Edition W, 13. März 2023

    #sciene_fiction #auf_deutsch #Autriche #histoire #parodie #capitalisme #robots

  • Just Money
    https://justmoney.org
    Vive le #capitalisme !

    On this website, we approach money as a legal project. Created to meet demands both public and private, money depends on law for its definition, issue, and operation. That legal structure of money – its design – matters deeply. In the words attributed to an early banker, “those who create and issue money . . . direct the policies of government and hold in the hollow of their hands the destiny of the people.” Our aim is to encourage discussion, debate, and scholarship on money’s design and its reform towards a world that is as just as it is (economically) productive.

    #économie

  • 🛑 Tout comprendre au scandale “Uber Files” en 5 points et 10 minutes - @frustration1

    Début juillet 2022, des journalistes d’investigation de plusieurs rédactions internationales, dont Le Monde et Radio France, ont relevé un ensemble d’informations sur la façon dont l’entreprise Uber s’est imposée violemment dans plusieurs pays, dont la France. Un an plus tard, le rapport de la commission parlementaire chargée d’enquêter sur cette affaire en ont confirmé ses principaux points. Ces « Uber Files » reposent principalement sur une source, qui est aussi l’un des principaux acteurs de cette violence : Mark McGann, lobbyiste en chef de la zone Europe, Afrique et Moyen-Orient chez Uber. Il raconte comment les lois ont été contournées, détournées avec, en France, l’aide précieuse du ministre de l’Economie de l’époque, un certain Emmanuel Macron. Ce dernier a rencontré en secret à de nombreuses reprises le PDG d’Uber et a manigancé la transformation de la loi en sa faveur. Mark McGann l’a ensuite aidé à récolter des fonds pour sa campagne présidentielle victorieuse de 2017. Tout comprendre sur ce scandale qui prouve une fois encore pour qui travaille le président, et qui raconte comment le capitalisme contemporain fonctionne : par la brutalité, l’influence et la corruption (...)

    🛑 #Macron #magouille #uber #UberFiles #capitalisme#Anticapitalisme

    ⏩ Lire l’article complet…
    ▶️ https://www.frustrationmagazine.fr/uber-files

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  • 🛑 Trop d’argent public dans les banlieues ? « Un vaste mensonge à des fins racistes et anti-pauvres » - Basta !

    Après les révoltes urbaines, des commentateurs ont accusé les banlieues d’engloutir les fonds publics. La réalité ce sont plutôt des services publics moins bien dotés qu’ailleurs, et des travailleurs essentiels plus nombreux dans ces quartiers (...)

    ⚡️ #pauvreté #précarité #prolétariat #capitalisme #ostracisme #paupérisation #racisme #méprisdeclasse...

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://basta.media/trop-d-argent-public-dans-les-banlieues-un-vaste-mensonge-a-des-fins-racist

  • Jairus Banaji’s Work Has Transformed Our Understanding of the Origins of Capitalism
    https://jacobin.com/2023/07/jairus-banaji-medieval-commercial-capitalism

    Le titre de l’article est trompeur car sa lecture n’apporte pas tellement une nouvelle idée de l’histoire du capitalisme mais une bonne idée de son interprétation par les courants marxistes et de gauche historiques.

    13.7.2023 by Paolo Tedesco - Jairus Banaji’s book A Brief History of Commercial Capitalism, first published in 2020, sets out to uncover the deep historical roots of capitalist development. The book touches upon important theoretical debates, especially within the Marxist tradition, about the origins of capitalism.

    Banaji’s work brings into question several entrenched narratives about global economic history, including the vision of an economically regressive Middle Ages and the idea of a linear transition to modernity. The pictures that Banaji sketches out through a breathtaking set of illustrative cases from around the globe, spanning nearly a millennium, raises many fundamental issues for anyone who wants to understand how the world economic system came to be and how it might continue to develop in the future.

    A Brief History of Commercial Capitalism has already had a major impact in the world of scholarship and attracted many responses from Banaji’s fellow historians. But it should be of great interest to nonspecialists as well. In what follows, I will give a brief summary of Banaji’s intellectual background and the key arguments that he makes, before looking at the discussion that the book has provoked.
    Commercial Capitalism

    Jairus Banaji was born in Poona in 1947, the year India gained its independence, and was schooled in England before returning to his native country to be a political activist. In his scholarly work, Banaji is a historian of the late antique and medieval Mediterranean and Middle East whose interests also lie in the long history of capitalism. His work touches on a variety of topics, including the fate of peasantries in the context of a rapidly globalizing economy and the history of the mercantile economy over the last millennium.

    Banaji’s main objective in A Brief History is to re-center the concept of commercial capitalism as a key category for investigating the formation of the modern global economy. In his work, this term is used to describe a profit-driven economic system whereby merchants employ their capital not only to circulate commodities but also to gain direct control over production and thus subordinate it to their interests.

    Banaji’s emphasis on merchant control over production is a frontal attack on the traditional Marxist dichotomy between the world of commerce (the “sphere of circulation”) and that of production — a dichotomy that led Marxist economists and historians such as Maurice Dobb to discount the very idea of commercial capitalism as a contradiction in terms.

    As Banaji points out, it was largely historians working outside the Marxist tradition, or more freely engaging with it, who adopted the category. The most notable case is Fernand Braudel, who defined commercial capitalism as the most useful term to describe the nature of production and mercantile exchange in Europe and the Mediterranean between the fifteenth and eighteenth centuries.

    A Brief History is the last in a series of volumes tackling these issues, following Agrarian Change in Late Antiquity (2001), Theory as History (2010), and Exploring the Economy of Late Antiquity (2016). While Banaji writes from within the Marxist scholarly tradition, his key reference points in the Marxist galaxy differ from those of most Western Marxist historians. In particular, Banaji draws on the work of three Russian scholars from the early twentieth century: the historian Mikhail N. Pokrovsky (1868–1932), the economist Yevgeni A. Preobrazhensky (1886–1937), and the agrarian economist Alexander V. Chayanov (1888–1939).
    Pokrovsky, Preobrazhensky, Chayanov

    Mikhail N. Pokrovsky was one of the most influential intellectuals in Soviet society in the 1920s. He enjoyed enormous, in fact unequalled, prestige among Soviet historians of his time. In a radical departure from what would become enshrined as the orthodox Marxist account under Joseph Stalin, Pokrovsky’s interpretation of Russian history emphasized the centrality of commercial capital as an agent of socioeconomic change between the seventeenth and nineteenth centuries. However, he explicitly stated that the existence and operation of commercial capital did not mean that a capitalist economy had come into being.

    Yevgeni A. Preobrazhensky was a pioneering student of the consequences of the “lateral penetration” of industrial capital into the countryside. Like Pokrovsky before him, Preobrazhensky saw petty commodity production as being typical of commercial capitalism while also being one of the chief constraints on its further expansion. In line with Agrarian Marxists such as Lev N. Kritsman, Preobrazhensky thus saw capitalism as a force uprooting the peasantry and eventually bringing about its demise.

    He believes that this happened as a result of two processes. On the one hand, there was the internal development of capitalist relations within the ranks of the peasantry itself, with the formation of a class of rich peasants that controlled large-scale farming. On the other hand, in more sweeping and catastrophic fashion, there was the external subordination of rural areas to large-scale industry, with the creation of a class of landless peasants working in cash-crop farming.

    Alexander V. Chayanov was one of the major agrarian economists of his era. In his work The Theory of Peasant Economy, Chayanov stressed the resilience of peasant households and their ability to adapt so they could withstand the onslaught of capitalism, in direct contrast to the agrarian Marxists and Preobrazhensky. He argued that the development of capitalist tendencies and productive concentration in agriculture did not necessarily result in peasant dispossession and the rise of large capitalist farms.

    For Chayanov, commercial and finance capital could also exercise its control more subtly by establishing an economic hegemony over considerable sectors of agriculture. Meanwhile, those sectors could remain much the same as before when it came to production — that is, composed of small-scale peasant undertakings based on family labor.

    Banaji’s work shows that we can reconcile these apparently incompatible models. Each describes a different possible trajectory of capital penetration in the countryside. But they also reflect different phases of Banaji’s own intellectual pathway.

    In his earlier writings, Banaji embraced Preobrazhensky’s idea of capital’s lateral penetration to show the destructive effect of industrialization on the peasantry in late nineteenth and early twentieth-century Russia. In that context, Preobrazhensky’s model was useful as a point of comparison for Banaji’s analysis of peasantries all over the world. In subsequent studies, however, Banaji came to view Preobrazhensky’s reconstruction as just one of the possible ways for industrial capital to penetrate into the countryside.

    He was influenced in this turn by a renewed interest in the work of Chayanov, particularly the works that Henry Bernstein later developed and expanded. Chayanov’s conceptualization of the relation between the peasantry and capital therefore takes center stage as the primary source of inspiration for Banaji’s A Brief History.

    This reassessment of Chayanov’s work leads Banaji to include in his model the historical circumstances in which peasant households withstood the penetration of capitalism. We have to understand such “resilience” in the sense that peasant households were not uprooted but “incorporated” — an act which in turn allowed for conflict and resistance on their part. While such households continued to exist in vast numbers, their cycle of social reproduction was now largely and crucially shaped by capital.
    Merchants and Manufacturing

    In A Brief History, unlike his earlier works, Banaji is not so concerned with drawing a theoretical distinction between what Karl Marx called “the capitalist mode of production” and non-capitalist modes. Instead, he deals with capitalism in less normative terms, contending in particular that a kind of “commercial capitalism” existed long before industrialization in certain regions of the world, in a period ranging from the twelfth century (or even earlier) to the eighteenth.

    While Banaji does not offer a formal definition of commercial capitalism, we can capture its meaning by combining the analysis in the book with his previous theoretical writings. Fernand Braudel saw capitalism as a global network of bankers and big merchants who presided over the economy of everyday life from their urban financial centers while lacking any direct control over the primary producers. Banaji, on the other hand, identifies the long history of capitalism in terms of its characteristic social relations.

    Capitalism is a system in which the holders of capital have limited control of the means of production and then reduce labor to a factor within the production process — a simple commodity one can buy and sell. The confrontation between a capitalist and a peasant or a craftsman — a person who survives by selling his or her labor — occupies the very center of Banaji’s analysis.

    Starting from this distinction, he argues against the widespread Marxist view that mercantile wealth does not constitute capital in the Marxian sense, because it remains external to the process of production. Since merchant wealth is, according to Marx, separated from what he called the real subsumption of labor to capital, it merely skimmed off the products of the primary producers, and merchants made profits by selling them.

    For his part, Banaji argues that mercantile wealth does indeed consist of capital, and that from the twelfth to the eighteenth centuries, merchants systematically used this capital to control and to exploit the labor of a significant part of the population all over the Afro-Eurasian world. He identifies two realms of production where the penetration of commercial capital were particularly significant.

    The first was in the sector of cash-crop agriculture, where “commercial capitalists” appropriated vast amounts of unpaid family labor through various expedients, thereby imposing relations of debt on peasants. Commercial capitalists were landowners who became merchants; sometimes they were also merchants (including moneylenders) who became interested in controlling cash-crop estates. They formed a floating category that is historically very hard to pin down.

    Despite their differences, the productive base for most of the produce trades was a mixed labor force. This is a point that Banaji has demonstrated in his examination of the small peasants of Deccan in the late nineteenth century, and it receives further support from the work of Lorenzo Bondioli on the eleventh-century Egyptian peasantry.

    The second sector is that of craft production, or “merchant manufacturing,” as Banaji calls it. In this sector, merchants forced the rural and urban poor to process silk, wool, and cotton for the market. This meant that they were not merely selling their surplus but working for the merchants on “a cottage-based piece rate.”
    Trajectories of Accumulation

    In A Brief History, Banaji scrutinizes the “trajectories of accumulation” leading from commercial to industrial capitalism. Whereas merchant capitalists prize the opening of agriculture — along with mining, the exploitation of marine resources, etc. — to capitalist exploitation, industrial capitalists carry that process to a different level altogether. The sheer scale of subordination, the nature of its impact, and the degree of subsumption all distinguish the subjugation of the countryside to industrial accumulation from earlier cycles of “capitalism.”

    Not only does Banaji see a rapid intensification in the mechanisms of exploitation under industrial capitalism. He also notices a radical shift in the repartition of profit shares between merchants and industrialists to the benefit of the latter. In the late nineteenth century, the economic actors directly controlling production thus succeeded in marginalizing the merchants, achieving the subordination of commercial capital to industrial capital described by Marx.

    This seems to be the clue to an enduring separation in Banaji’s view between the era of commercial capitalism and that of industrial capitalism, an era fully deserving of the label of a capitalist mode of production. However, these trajectories from commercial to industrial capitalism were multilinear in time and space. They did not follow a rigid sequence of stages, and they were not irreversible, as contemporary trends demonstrate.

    The global retailers operating on the world market nowadays control manufacturing through the flows of commercial capital without owning the means of production. As Nelson Lichtenstein observed:

    Retail hegemony in the twenty-first century echoes, even replicates, features of the mercantile regime once presided over by the great seventeenth- and eighteenth-century merchants and banking houses of Amsterdam, Hamburg, and the City of London.

    In short, a sort of Braudelian entrepreneur has “returned to undergird the contemporary global system.”

    Banaji’s exposition of “commercial capitalism” can therefore accommodate several levels and varying degrees of integration between production and circulation, pointing to the driving force of capital as a common denominator that cuts across different configurations. The resulting model of commercial capitalism is one of uneven and combined development. This model rejects the notion of a linear succession between different modes of production — ancient, feudal, and capitalist — and rescues the histories of capitalism from Eurocentrism and Orientalism alike.
    Critical Perspectives

    Since its publication in 2020, A Brief History has attracted the attention of a broad and diverse community of specialists in the field of the history of capitalism, leading to multiple reviews of Banaji’s work. While each author voiced different concerns about various aspects of his vision of capitalism, we can identify three broad themes: (1) the definition of commercial capitalism; (2) the relation between the rise of commercial capitalism and the state; and (3) the impact of commercial capitalism and colonialism on social life.

    The first criticism arises from Banaji’s loose definition of commercial capitalism. Lorenzo Bondioli notes that the infrastructures of commercial capitalism Banaji has identified as first appearing in the ninth century CE all have deeper roots than A Brief History suggests. Their foundations were laid in the late antique period (occasionally with roots going back to antiquity proper), and they continued to operate without any dramatic discontinuities into the Middle Ages.

    Starting from this observation, Bondioli isolates three possible definitions of capitalism and tries to outline a non-teleological relationship between them. First, there is the capitalism of capitalist merchants who deployed monetary wealth as capital by extracting surplus value from variously subordinated producers; second, there is the capitalism of colonial mercantile states that put organized violence in the service of accumulation by capitalist merchants; third, there is the capitalism of modern industrial capitalist society — in other words, of a fully-fledged capitalist mode of production.

    State intervention in the world economy is the second criterion Banaji deploys in his analysis of commercial capitalism. Banaji sees in the “collusion between commerce and state” — that is, in the rise of mercantilist states in late medieval and early modern Europe — a significant shift in the process of capital accumulation and labor subordination. Yet we can observe “collusion” per se, and particularly the involvement of merchants in state finances, in many historical contexts.

    This suggests that, as Martha Howell clearly demonstrates, it was not the mere presence of a state colluding with merchants that determined an acceleration in the scale of capital accumulation. Neither was it just any kind of state — such as the Muslim tributary states or Chinese dynasties examined by Andrew Liu — that determined a shift in the scale of capital accumulation and labor subordination.

    Rather, it was only the state serving as an exporter of aggression and violence that controlled such a shift. This insight also re-centers the key link between commercial capitalism and colonialism, stressing that it was colonial violence that brought about a change in the quality and functioning of commercial capital.

    With this point, we move to the third item of contention emerging from Banaji’s account: the relationship between commercial capitalism and colonialism. As both Priya Satya and Sheetal Chhabria perceptively observe, Banaji does not disentangle race from class or caste from class. Yet these distinctions matter, as they allow us to diagnose the point at which commercial capitalism intersected with colonialism and started to depend on racialization or caste identity.

    This lacuna also points in the direction of a broader criticism. In his analysis of the relations of production, Banaji does not always make clear how commercial capitalism violently impacted and remade the social life of people subordinated to it. In other words, we are left to wonder to what extent commercial capitalism, as Banaji describes it, fundamentally transformed, or did not transform, the modes of social life in different places and at different times.

    This question could open up a number of promising research avenues that all seem to point in one direction. We cannot write the history of capitalism without considering the intersection of different mechanisms of oppression such as race, gender, ethnicity, and national origin in addition to social class. These offer a richer picture of how “separate levels of oppression” changed the lives of ordinary people under capitalism.

    Contributors

    Paolo Tedesco teaches history at the University of Tübingen. His main research interests include the social and economic history of late antiquity and the early Middle Ages, comparative agrarian history, the fate of the peasantry across different types of societies, and historical materialism.

    cf. textes dans storia
    https://www.viella.it/download/7299/4042cd4fe0ac/storica-83-84-forum.pdf

    #histoire #capitalisme #commerce #colonialisme

  • 🛑 Moins on mange, plus ils encaissent : l’inflation gave les bourgeois - Frustration

    C’est à n’y rien comprendre. C’est la crise, l’inflation reste très élevée, l’économie n’est ni remise du Covid ni de la guerre en Ukraine qui se poursuit. Et pourtant, les profits atteignent des records, les dividendes sont plus hauts que le ciel, et les milliardaires n’ont jamais accumulé autant de milliards. Si on n’y regarde pas de plus près, on pourrait considérer comme paradoxale une situation qui est parfaitement logique. Pour accumuler les milliards, il faut accumuler les dividendes. Pour accumuler les dividendes, il faut accumuler les profits. Pour accumuler les profits, il faut appauvrir la population en augmentant les prix et en baissant les salaires réels. Ça vous parait simpliste ? Alors, regardons de plus près les chiffres (...)

    #inflation #capitalisme #profits #bourgeoisie... #anticapitalisme !

    ▶️ via @frustration1

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.frustrationmagazine.fr/inflation-bourgeois

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  • 🛑 Tout le monde déteste les bourgeois - Rebellyon.info

    Ça ne vous aura sûrement pas échappé, mais un petit sous-marin remplit de milliardaires, sans doutes tous plus méritant les uns que les autres à disparu la semaine dernière. Et même si vous ne regardez pas la télé, n’écoutez pas la radio, ou ne lisez pas les journaux, je suis quasiment sûre que vous avez entendu parler de la nouvelle. Notamment grâce à l’avalanche de même et de postes blaguant sur la mort potentielle des 5 mégas bourgeois.
    Parce que c’est bien de cela qu’on parle, du capitalisme qui en arrive à un tel point de radicalité qu’il nous faut l’appeler post capitalisme, de profits si démesurément élevés qu’ils en deviennent des superprofits et d’entreprise si hors du contrôle des états qui les ont vus naître qu’elles se transforment en multinationales.
    Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les super riches n’ont jamais concentrés autant de richesses entre leurs petites mains oisives qu’à notre époque. Les sociétés médiévales ou celles de l’Egypte antique, aussi sombres et inégalitaires qu’elles nous apparaissent l’étaient sans doutes moins que la France du XXIème siècle. Et il y a sûrement de plus gros écarts de richesses entre celles qui fabriquent des sacs Louis Vuitton et leur PDG Bernard Arnault, qu’entre des paysans et leur seigneur au XIIIème siècle.
    Que peut on encore attendre de la vie quand à l’instar de Jeff Bezos, on gagne 10 000 € toutes les trois secondes (...)

    #bourgeoisie #milliardaires #capitalisme...

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    ▶️ https://rebellyon.info/Tout-le-monde-deteste-les-bourgeois-25066

  • ★ LES RICHES HEURES DU MÉPRIS DE CLASSE... - Le Monde Libertaire

    ARTICLE EXTRAIT DU MONDE LIBERTAIRE N° 1851 DE JUIN 2023 :

    Le mépris totalement décomplexé, et qui ne cherche même pas à masquer la profonde répugnance que lui inspire le commun, a, avec l’hubris du gouvernement Macron, un parfum d’ancien régime – d’un régime à la dérive. Louis-Philippe avant 1848.
    Le sentiment de supériorité dédaigneuse, cette conscience de soi qui abolit la simple notion de décence, s’étonnant même que l’on puisse subir de mauvaises grâce le génie inspiré qui nous « dirige ». L’ingratitude du peuple mérite le mépris hautain « des esprits supérieurs ». La décence n’embarrasse pas ses amis, anciens militants socialistes devenus – la peste soit des fan-clubs - les fossoyeurs de la volonté populaire et surtout, comme conséquence, de l’esprit critique.
    La « contre-réforme » liquide, sous leurs applaudissements, l’héritage social-démocrate de l’après-guerre. Comme s’il s’agissait pour eux de renoncer, enfin, au spectacle de leurs mimiques compatissantes, de se débarrasser enfin d’un masque si peu conforme avec leur sentiment de supériorité dont ils agitent les grelots les jours de campagne électorale. Ils sont enfin eux-mêmes, affirmant sans l’ombre d’un regret « que le peuple ne mérite pas mieux qu’eux ». Il devrait au contraire leur dire merci (...)

    #macronisme #bourgeoisie #mépris #autoritarisme #capitalisme...

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://monde-libertaire.fr/?articlen=7355

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  • ★ LE RÔLE VÉRITABLE DE L’ARMÉE... - Socialisme libertaire

    Le régime social présent repose sur le Vol, l’Imposture et la Violence. 

    Toutes les institutions fonctionnent au profit de ces trois malfaiteurs-types (chacun d’eux représentant une espèce plus ou moins nombreuse, mais également redoutable et malfaisante) : le voleur, l’imposteur, l’assassin. 
    Celui qui vole incarne la Propriété.
    Celui qui ment incarne l’Autorité.
    Celui qui tue incarne la Force.
    Ces trois bandits s’entendent merveilleusement pour dépouiller et asservir les travailleurs, et pour les massacrer s’ils tentent de mettre fin à la spoliation et à l’esclavage qui les accablent.

    Proudhon qui, comme tous les précurseurs, fut un des hommes les plus incompris et les plus vilipendés de son temps, a résumé ses études sur la Propriété en cette formule lapidaire devenue classique : la propriété, c’est le vol ! (...)

    #capitalisme #étatisme #bourgeoisie #Etat #armée #militarisme #domination #répression...
    #Antimilitarisme #Anticapitalisme #Liberté

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2018/02/le-role-veritable-de-l-armee.html

  • Birte spielt nicht mehr mit
    https://www.kontextwochenzeitung.de/gesellschaft/639/birte-spielt-nicht-mehr-mit-8943.html

    Les stations de télévision publiques allemandes ne tolèrent pas la mise en cause du système capitaliste en place dans ses émissions. Il n’y a pas de censure traditionnelle mais on n’invite pas les personnes connues pour leurs positions radicales. Ceci va de pair avec la criminalisation systématique des participants de chaque mouvement contestataire qui prend de l’ampleur au niveau national.

    La comédienne Christine Prayon a pris du recul pour récupérer ses forces après avoir subi de graves symptômes suite à la vaccination contre le Covid. Elle ne retournera pas à l’écran de si tôt car depuis un an sa manière de parodier les puissants n’est plus compatible avec les émissions humoristiques « officielles ».

    28.6.2023 von Susanne Stiefel (Interview)| - Christine Prayon alias Birte Schneider tritt nicht mehr in der „heute-show“ auf. Welke & Co. machten „Stimmung gegen Andersdenkende“, kritisiert die Kabarettistin. Und bezieht „Die Anstalt“ und Böhmermann mit ein.
    ...
    Ich habe mit der Art, wie die großen gesellschaftlich prägenden Themen seit Corona behandelt werden, zunehmend Bauchschmerzen bekommen. Ich habe auch mit den Verantwortlichen dort geredet und betont, dass ich mich nicht daran beteiligen will, Andersdenkende der Lächerlichkeit preiszugeben. Satire darf sich nicht daran beteiligen, den Diskurs zu verengen. Und jetzt findet genau dies wieder statt beim Krieg in der Ukraine. Da werden Narrative und Positionen von Gruppen, die gesellschaftlich in der Hierarchie weit oben stehen, unablässig wiederholt und gleichzeitig wird Stimmung gegen Andersdenkende gemacht. Das hat nach meinem Dafürhalten nichts mehr mit Satire zu tun.

    Alles vorbei, Türe zu bei Welke & Co.?

    Die Tür wurde mir offen gelassen, falls ich das mal wieder anders sehen oder mich wohlfühlen sollte. Das finde ich auch schön. Aber ich habe diesen Schlussstrich für mich gezogen. Nein, und offiziell sind auch bei der „Anstalt“ im ZDF keine Türen zu. Aber man wird halt immer weniger gefragt, bis man irgendwann nicht mehr gefragt wird, und das hat Gründe. Ich habe mich wohl erfolgreich mit meinem Programm und meinen Ansichten aus vielen Sachen rauskatapultiert. Ich glaube zum Beispiel auch, wenn man das große Fass Kapitalismuskritik aufmacht und das wirklich ernst meint, ist man draußen.
    ...
    In der realen Welt werden junge Menschen, die sich auf Straßen kleben, in den Knast gesteckt.

    Das Kriminalisieren von Gruppen, das kennen wir auch noch von S 21. Das hat man mit allen versucht, weil man gemerkt hat, jetzt wird es gefährlich. In Stuttgart wurde der Protest immer größer, es waren über 100.000 auf der Straße, da musste man gucken, dass das so nicht mehr geht. Und das, was die Letzte Generation macht, ob sie sich dessen bewusst ist oder nicht, ist ein Angriff auf das bestehende System. An einer empfindlichen Stelle, und sie bringen es zum Bröckeln, indem sie den Verkehr lahmlegen, sodass die Leute nicht zur Arbeit kommen. Das ist eine Attacke auf eine heilige Kuh. Das kann man doch im Kapitalismus nicht machen, aber hallo, ja, wo kämen wir denn da hin?

    Ha, Sie sind schon wieder auf der Bühne. Aber zurück in die Realität: Entsprechend sind auch die Reaktionen. Etwa der Autofahrer.

    Das wundert mich nicht. Das stört. Demonstrieren an einem dafür ausgesuchten Platz stört nicht. Es sei denn, die Demonstration wird so groß, dass man sie nicht mehr wegreden oder wegleugnen kann, wie S 21 damals. Aber der zivile Ungehorsam ist natürlich erlaubt, doch er kippt, wenn er zu etwas gemacht wird, was nicht sein darf. Ziviler Ungehorsam gleich kriminell. Das ist doch beängstigend. Wo geht denn das hin? Wenn wir diese Mittel nicht mehr zur Verfügung haben? Wie sollen wir uns denn noch wehren, wenn wir Unrecht sehen? Ja, demonstrieren?

    Oder eben auch nach den Utopien schauen. Ernst Bloch sagt im Prinzip Hoffnung, Utopien haben einen Fahrplan, sie gehen von Missständen aus und in die Richtung auf ein besseres, gerechteres Leben. Und Sie sagen, Utopien sind nicht lustig.

    Dystopien ja, aber Utopien... was mach ich da? Vortrag halten?

    Über die Regierung lästern. Über den Porsche-Lindner …

    Aber das ist doch sooo langweilig.

    Aber immer noch notwendig. Aufklärung ist notwendig, deshalb bin ich Journalistin geworden. Und jetzt kommt die Prayon daher und sagt, wir wissen doch schon alles, die Sauereien sind alle bekannt, alles transparent. Stimmt doch nicht.

    Was hilft es uns, dass wir wissen, was bei Stuttgart 21 gelaufen ist? Ist doch alles da, die Lügen, die Korruption. Wir wissen doch auch, was beim NSU passiert ist. Wir kennen die ganzen Skandale, wir sehen das alles, und was folgt daraus? Natürlich ist Aufklärung nötig, die soll auch nicht aufhören. Für mich war nur der Punkt, dass das, was normalerweise für die Aufgabe des Kabaretts gehalten wird, also die Kritik am Bestehenden, dass das alleine mich nicht interessiert, wenn man nicht gleichzeitig darüber redet, was noch möglich ist. Und wenn man auch nicht gleichzeitig über die tieferen Ursachen spricht. Für mich ist es immer Ausdruck eines kranken Systems. Wie soll ich jemandem vorwerfen, dass er sich bereichert hat, wenn das innerhalb des Systems verlangt wird? Oder finden Sie, dass der Kapitalismus auch nur eines der gewaltigen Probleme unserer Zeit in den Griff kriegt? Und auch mit einem grün angepinselten Kapitalismus werden wir die Erde nicht retten.

    https://www.christineprayon.de
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Christine_Prayon

    #Allemagne #théâtre #satire #télévision #cabaret #censure #capitalisme