• US to be hit worse than almost any other country by climate change, report says | The Independent
    https://www.independent.co.uk/environment/climate-change-global-warming-effects-country-us-india-saudi-arabia-a

    The research is the first time that researchers have developed a reliable set of data that allows each country to know just how much economic damage will be done by carbon dioxide emissions. And the surprising results show that considerable damage could be done to some of the world’s greatest powers.

    [...]

    And it also found that the damage being done worldwide by those emissions is significantly higher than in estimates used by authorities including the US government.

    Le pays qui fera les frais du réchauffement climatique révélé par des chercheurs - Sputnik France
    https://fr.sputniknews.com/sci_tech/201809241038222883-rechauffement-climatique-etude-differents-pays

    La première victime du réchauffement climatique sera les #États-Unis qui devront débourser 250 milliards de dollars par an pour parer aux conséquences, tandis que la Russie et les pays de l’Union européenne pourraient améliorer leur vie en cas de remontée des #températures moyennes.

    #climat #business

  • Le #climat s’affole dans les #villes européennes | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/climat-saffole-villes-europeennes/00086214

    « La maison urbaine brûle. » A Kiruna, une ville minière du nord de la Suède, les températures moyennes annuelles étaient au XXIe siècle (jusqu’au 31 décembre 2017) supérieures de 3 °C à la moyenne annuelle du XXe siècle. A Grenade, à Cordoue et à ­Malaga, trois villes d’Andalousie, les températures moyennes annuelles sont supérieures au XXIe siècle d’au moins 1,5 °C à celles du XXe siècle. A Bucarest, capitale de la Roumanie, cette hausse est de + 1,4 °C. En France, à Avignon, ville qui enregistre la plus forte hausse de l’Hexagone, elle est de + 1,2 °C.

    Dans plusieurs villes d’Europe, hébergeant plusieurs millions d’habitants, le seuil de 1,5 °C est donc d’ores et déjà franchi. C’est pourtant la limite que s’étaient fixés en décembre 2015 les 195 membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, lors de l’Accord de Paris. A savoir « limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle », une période que l’on situe généralement entre 1850 et 1900. Certes, l’objectif de cet accord international est global et non local, ce qui signifie qu’il intègre notamment le niveau de réchauffement des océans et de toutes les régions du monde, dont les pôles Nord et Sud. Mais ces données exclusives permettent d’évaluer précisément les répercussions locales du réchauffement.

    De nombreuses villes en ­Europe ont déjà dépassé l’objectif de l’accord de Paris, signé en décembre 2015, de limiter le réchauffement global à deux degrés Twitter

    Sur le même sujet
    Entretien Jean Jouzel : « Face au changement climatique, la fenêtre de tir est très étroite »
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    Ces chiffres sont issus d’une grande enquête intitulée « Europe, un degré plus chaud » (Europe One Degree Warmer), menée par le consortium de médias European Data Journalism Network (­EDJNet), dont fait partie Alternatives Economiques et qui regroupe une vingtaine de médias européens. Ils ont été obtenus après l’analyse de plus de 100 millions de données fournies par le Centre européen de prévision météorologique à moyen terme (CEPMMT), une organisation intergouvernementale qui procède à la « réanalyse » des données météorologiques issues d’une multitude de sources, comme les stations météo, les ballons-sondes, les bouées et les satellites. C’est la première fois que des données de réanalyse sont rendues accessibles à une telle échelle.

    Ecart entre les températures moyennes enregistrées entre 2000 et 2017 et tout au long du XXe siècle dans différentes villes européennes, en °C

    Les flèches montrent l’intensité de l’augmentation des températures depuis le siècle dernier. Leur inclinaison varie selon l’intensité. Source : EDJnet

    Ecart entre les températures moyennes enregistrées entre 2000 et 2017 et tout au long du XXe siècle dans différentes villes françaises, en °C

    Les flèches montrent l’intensité de l’augmentation des températures depuis le siècle dernier. Leur inclinaison varie selon l’intensité. Source : EDJnet

    Ces informations permettent d’étudier les phénomènes climatiques sur des périodes supérieures à un siècle, en harmonisant les données de milliers de sources différentes, autorisant ainsi des comparaisons dans le temps et l’espace. Si les valeurs absolues diffèrent des données provenant directement des stations météo (essentiellement parce que les villes sont sujettes à l’effet « îlot de chaleur », en raison duquel les températures de l’intérieur des villes peuvent être supérieures de 10 °C à celles des campagnes alentour), les tendances générales restent les mêmes.
    Retrouvez le détail de l’évolution des températures entre le XXe et le XXIe siècle dans 558 villes européennes
    Ecart entre les températures moyennes enregistrées entre 2000 et 2017 et au XXe siècle, en °C

    En cliquant sur le nom des villes listées, vous pouvez accéder à un rapport détaillé propre à chacune de ces communes avec de nombreuses informations complémentaires.
    Source : EDJnet

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    En se penchant sur les données journalières, EDJNet a pu montrer que le nombre de jours chauds et froids avait également évolué au cours des 117 dernières années. A Split par exemple, deuxième ville de Croatie, le nombre de jours où la température moyenne atteint 27 °C a bondi de 6 par an au XXe siècle à 14 par an au XXIe siècle. Inversement, le nombre de jours froids a reculé dans la plupart des villes. A Riga, capitale de la Lettonie, le nombre de jours où la température moyenne était inférieure à -1 °C est ainsi tombé de 75 au siècle dernier à 57 au XXIe siècle.
    Zoom Une enquête data collaborative

    L’enquête « Europe, un degré plus chaud » est basée sur l’analyse de plus de 100 000 données météorologiques recueillies auprès du European Centre for Medium-Range Weather Forecasts (ECMWF). Ce centre international calcule des données météorologiques dites « re-traitées », basées sur une variété de sources telles que des stations et des ballons météorologiques, des bouées et des observations satellites.

    Cette méthode d’harmonisation permet d’observer des données sur de longues périodes et de faire des comparaisons entre différents lieux. Elle permet aussi de dégager une tendance, indépendamment de l’effet d’îlot de chaleur urbaine, qui peut se traduire par un différentiel de températures entre un centre-ville et sa périphérie.

    Le traitement des données et les réponses des collectivités ont ensuite été effectués de manière collaborative par les membres du European Data Jouralism Network (EDJNet) sous la coordination de l’agence de data journalisme Journalism++ Stocklholm.

    Cliquez ici pour en savoir plus.
    De lourds impacts

    Même limitée à 2 °C ou moins, l’élévation des températures peut être lourde de conséquences, observe Mojca Dolinar, responsable du département de climatologie à l’Agence slovène de l’environnement, un service de l’État. Une atmosphère plus chaude absorbe davantage d’eau avant de la libérer sous forme de pluie, explique-t-il. Résultat : les épisodes pluvieux sont plus espacés dans le temps et les sécheresses s’aggravent. Dans le même temps, les précipitations, du fait de la plus forte concentration d’eau dans l’atmosphère, ont tendance à être plus intenses, entraînant des inondations plus graves.

    La hausse des températures a des conséquences sur la mortalité, les infrastructures, la concentration des élèves… Twitter

    L’élévation des températures et les vagues de chaleur en particulier ont été responsables de plusieurs milliers de décès depuis 2000. La canicule de 2003 a provoqué plus de 70 000 décès supplémentaires en Europe de l’Ouest. Malgré la mise en œuvre de « plans canicule » dans plusieurs pays, une analyse du lien entre chaleur et mortalité dans 9 villes européennes a montré que, si la surmortalité a reculé à Paris, Rome et Athènes depuis 2003, la hausse des températures n’en continue pas moins d’entraîner une surmortalité, et pas uniquement dans les villes méridionales. Les villes nordiques sont ainsi plus exposées au stress thermique que celles habituées aux chaleurs régulières. A Madrid, par exemple, la mortalité augmente (par rapport aux jours non-chauds) quand la température journalière moyenne dépasse 21 °C, contre 19 °C à Stockholm.

    La surmortalité causée par la canicule de 2017 (baptisée « Lucifer »), qui a vu les températures franchir la barre des 40 °C dans les Balkans, en Italie et en Espagne, et par la canicule de 2018 en Europe du Nord, n’a pas encore été étudiée par les autorités sanitaires nationales et les universitaires.
    Moins bonnes performances scolaires

    Si les canicules sont les plus meurtrières, l’élévation des températures influe également sur la vie des Européens par d’autres biais. Les chercheurs ont ainsi montré que les élèves étaient moins performants, notamment en mathématiques, lorsque la température journalière moyenne dépassait 22 °C. Dans 415 des 539 villes analysées par EDJNet, le nombre annuel de jours d’école affichant une température journalière moyenne supérieure à 22 °C avait augmenté au XXIe siècle par rapport au siècle précédent. A Séville, par exemple, les élèves ont connu au XXe siècle une moyenne annuelle de 12 jours d’école à plus de 22 °C, un nombre qui est passé à 24, soit le double, au XXIe siècle. Les conséquences d’un environnement plus chaud sur les résultats des élèves européens n’ont pas encore été évaluées.

    Depuis les années 1980, les criminologues savent que, aux Etats-Unis au moins, les faits de violence augmentent avec le mercure. En Europe, malgré la hausse des températures, aucune agence de lutte contre la criminalité ni aucun chercheur universitaire n’a étudié la question.

    Les transports ferroviaire et routier sont également concernés par la hausse des températures, le bitume se ramollissant au point que certaines routes doivent être fermées les jours de forte chaleur. Le trafic ferroviaire urbain (les trains de surface et tramways) peut être perturbé par un voilement des rails lorsque le métal se dilate et devient instable. Avec à la clé des risques de retards et, comme cela s’est produit dans le métro de Washington en 2012, des déraillements. La hausse des températures a aussi un impact sur la pollution, et donc sur notre santé : de fortes chaleurs accroissent la formation d’ozone et la concentration de particules fines (PM10).
    Politiques d’adaptation

    Face à ces conséquences, les scientifiques appellent à la mise en place de politiques d’adaptation aux changements climatiques. Il s’agit de la « deuxième jambe » de la lutte contre les dérèglements climatiques, aux côtés des mesures d’atténuation qui consistent à limiter les émissions de gaz à effet de serre, principales responsables du réchauffement. Dans le cadre de l’enquête menée par EDJNet, un questionnaire a été envoyé à une dizaine de collectivités locales 1 pour pouvoir comparer et évaluer leur politique d’adaptation. Selon les villes, les réponses sont très variables.

    Paris fait figure de précurseur en la matière en France. La ville a adopté une « stratégie d’adaptation » fin 2015, comportant 30 objectifs déclinés en 35 actions. « On a bâti la stratégie d’adaptation sur quatre piliers, explique Célia Blauel, adjointe à la maire de Paris pour l’environnement : la gestion de crise, avec des plans canicule et en cas de crue de la Seine, mais aussi le développement d’un nouvel urbanisme et la mobilisation citoyenne. Le 4e pilier concerne les risques liés au dérèglement climatique tel que l’approvisionnement en eau, en alimentation durable. »
    Des villes inégalement prêtes

    « Concrètement, Paris est particulièrement touché par le phénomène d’îlots de chaleur urbaine, poursuit l’adjointe. La définition et l’identification d’îlots de fraîcheur urbaine (IFU) sont donc une des actions de la politique d’adaptation de la ville. Une application numérique en cartographie environ 800. Parmi les IFU, la mise en place de cours d’école « Oasis » consiste à remplacer le bitume des cours de récréation par des revêtements perméables à l’eau de pluie et des espaces plantés. Hors période scolaire, ces cours d’école sont ouvertes au public pour offrir un espace de fraîcheur. Trois cours Oasis ont été mises en route à la rentrée dernière et l’objectif est d’en compter de 40 à 45 à l’été 2019. »
    Emile LUIDER/REA Brumisateurs sur les quais de Seine à Paris, été 2017.

    « Beaucoup de collectivités ont réalisé des cartographies de leurs îlots de chaleur urbaine afin d’identifier les lieux problématiques, comme à Toulouse et à Lyon », rappelle Elsa ­Richard, chercheuse à Auxilia, un cabinet de conseil aux collectivités. « On observe aussi beaucoup de chantiers sur la végétalisation, les fontaines et les miroirs à eau comme à Nantes, Orléans, ou Angers. Mais d’autres types de réponses doivent être apportés, notamment pour lutter contre l’imperméabilisation des sols. La grande difficulté est de faire vivre le sujet de l’adaptation au niveau local. »

    « La seule chose que nous faisons, dans les écoles, sont des préaux, la mise en place de ventilateurs et de brumisateur » – La mairie d’Avignon Twitter

    Certaines villes n’ont d’ailleurs pas pris le temps de répondre au questionnaire, ou se sont contentées de réponses orales, comme Avignon, pourtant la ville française où les températures ont le plus augmenté depuis 2000. « La seule chose que nous faisons, dans les écoles, sont des préaux, la mise en place de ventilateurs et de brumisateur » a ainsi indiqué notre interlocutrice au sein de la direction de la communication de la Ville. « Avignon est un cas assez classique, explique Elsa Richard. Les changements de pratiques liés au changement climatique ne sont pas forcément facilités dans les lieux où la chaleur est déjà une habitude. »
    L’adaptation, parent pauvre du climat

    « L’adaptation est le parent pauvre des politiques climatiques » confirme Pascale Bosbœuf, doctorante à l’université Paris-Est, qui travaille sur les politiques locales d’adaptation. « Parce que l’adaptation n’a pas d’objectifs chiffrés, contrairement aux politiques d’atténuation qui visent des objectifs de réduction d’émission de gaz à effets de serre. » Seul élément contraignant : la loi de transition énergétique impose aux intercommunalités de plus de 20 000 habitants de réaliser un diagnostic de vulnérabilité de leur territoire et d’intégrer un volet adaptation dans leur « Plan climat-air-énergie territorial » (PCAET).

    « L’adaptation revient à investir pour des effets qui interviendront dans un temps difficilement prévisible » – Pascale Bosboeuf, chercheure Twitter

    Cependant, selon le récent rapport « Le défi climatique des villes » publié par le WWF, 77 % des collectivités concernées ne seront pas en mesure de respecter l’échéance du 31 décembre 2018 pour avoir adopté un PCAET. « Tout dépend de la collectivité. C’est une question de volonté et d’affichage, affirme Pascale Bosbœuf. L’adaptation revient à investir pour des effets qui interviendront dans un temps difficilement prévisible. » D’où l’absence de gain électoral direct pour les élus. Du point de vue des habitants, « face à un enjeu si important, on ne se pense jamais les plus exposés, on se rassure en se disant qu’on est en France », complète ­la doctorante.

    Jusqu’à récemment, le problème de la hausse des températures était peu tangible, hormis sur le littoral et les zones de montage, qui sont d’ailleurs plus avancés en matière d’adaptation. Mais l’été caniculaire 2018 a mieux révélé les problématiques de chaleur en ville. « La question à laquelle cela renvoie est : quelle capacité d’anticipation peut avoir un individu et une collectivité publique ? », souligne Elsa Richard. La marche pour le climat du 8 septembre dernier, qui a mobilisé plus d’une centaine de milliers de personnes en France, est peut-être un début de réponse.

    Article publié en partenariat avec la plateforme européenne de datajournalisme (EDJnet), dont Alternatives Economiques est un des membres fondateurs.

  • Le 30 octobre 2008, le chercheur « inter(re)dépendant » Pablo Servigne sort de sa tour d’ivoire
    dimanche 23 septembre 2018
    https://www.franceinter.fr/emissions/une-journee-particuliere/une-journee-particuliere-23-septembre-2018

    Scène de dévastation écologiste... © Getty / Madison Wells / EyeEm

    Pablo Servigne propose un véritable état des lieux. Celui d’une civilisation hyper globalisée, interconnectée et vulnérable à la moindre perturbation. Il a décrit dans ses livres (voir ci-dessous) les liens reliant les crises entre elles : le dérèglement climatique, le pic pétrolier, la destruction des organismes vivants et de leur milieu de vie, la fragilité des systèmes financiers et économiques. Des crises qui se nourrissent mutuellement et dont la réunion rend l’effondrement probable.

    Face à cette perspective, le premier réflexe, logique, ne serait-il pas de passer de la dépendance à l’indépendance ? Certains groupes humains s’y essaient en fabriquant des bunkers ultra équipés dans des territoires isolés loin de toute nuisance (le survivalisme). Mais pour le chercheur, le seul remède est l’entraide, innée chez l’homme, et qui émerge lorsque l’environnement est hostile. « Rien n’est solitaire, tout est solidaire », a dit Victor Hugo. Il faut donc « créer une culture de la coopération et de l’altruisme » pour éviter l’effondrement. Ses deux inspiratrices et héroïnes : Elinor Ostrom, Prix Nobel d’Economie 2009 etJoanna Macy, militante écologiste californienne et éco-psychologue. La première a repensé la gestion des biens communs en démontrant que certains groupes étaient capables de s’auto-organiser et de se fixer des règles pour gérer au mieux leurs ressources. La seconde revendique l’interdépendance entre tous les êtres vivants pour la sauvegarde de notre planète.

    #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #anthropocène #capitalocène

  • Le problème de la collapsologie (par Nicolas Casaux) – Le Partage
    http://partage-le.com/2018/01/8648

    « Qualifier la société de thermo-industrielle permet aussi de négliger tout ce qui d’ores et déjà s’y produit en matière de coercitions et d’embrigadement, sans contribuer, ou si peu, à l’épuisement des ressources énergétiques. On passe d’autant plus volontiers là-dessus qu’on y trempe soi-même, à l’Éducation nationale ou ailleurs. Attribuer tous nos maux au caractère « thermo-industriel » de cette société est donc assez confortable, en même temps qu’assez simpliste pour combler les appétits critiques des niais et des crétins arrivistes, déchets ultimes de l’écologisme […]. »

    #collapsologie #exploitation @fil @seenthis

  • L’écotartuffe du mois, par Nicolas Casaux
    https://www.facebook.com/nicolas.casaux/posts/10155970187972523?__tn__=K-R

    Voudriez-vous voir se former un mouvement de résistance sérieux contre le capitalisme ? Si oui, oubliez Aurélien Barrau.

    Cet astrophysicien a récemment acquis une certaine notoriété à cause de sa perspective écologiste : il a récemment publié un appel signé par plein d’idiots utiles de l’industrie du divertissement (d’Alain Delon à Muriel Robin) demandant la restriction de certaines libertés individuelles afin de sauver la planète. Que ceux qui ont le plus profité des conforts et des luxes de la civilisation industrielle, qui sont parmi les plus privilégiés des privilégiés, se permettent de demander aux autorités qu’elles restreignent les libertés du peuple, tout de même, il fallait oser — même si l’expression "libertés individuelles" est une triste blague dans le cadre de la société technocapitaliste, bien entendu, mais c’est une autre histoire. Ainsi, cet appel est une sorte de plaidoyer en faveur de l’écofascisme prédit par Bernard Charbonneau il y a plusieurs décennies :

    « L’écofascisme a l’avenir pour lui, et il pourrait être aussi bien le fait d’un régime totalitaire de gauche que de droite sous la pression de la nécessité. En effet, les gouvernements seront de plus en plus contraints d’agir pour gérer des ressources et un espace qui se raréfient. [...] Si la crise énergétique se développe, la pénurie peut paradoxalement pousser au développement. Le pétrole manque ? Il faut multiplier les forages. La terre s’épuise ? Colonisons les mers. L’auto n’a plus d’avenir ? Misons sur l’électronique qui fera faire au peuple des voyages imaginaires. Mais on ne peut reculer indéfiniment pour mieux sauter. Un beau jour, le pouvoir sera bien contraint d’adopter une façon de faire plus radicale. Une prospective sans illusion peut mener à penser que le virage écologique ne sera pas le fait d’une opposition dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour où elle ne pourra plus faire autrement. Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir. »

    Ecofascisme qui ne résoudrait bien évidemment rien du tout, puisqu’il n’implique aucun changement fondamental.

    Aucune critique du capitalisme et de ses implications économiques mondialisées (il reconnait, certes, que le capitalisme pose quelques problèmes mais trouve qu’il a aussi des vertus), de l’idéologie qui l’anime, aucune critique du pouvoir, aucune critique des mécanismes de coercition sur lesquels il repose (il ne blâme pas plus les dirigeants que tout le peuple, nous sommes responsables, nous avons les dirigeants que nous méritons, etc., il ne comprend manifestement pas comment le pouvoir s’est organisé et se maintient), aucune critique de l’imposture démocratique, espoir placé en des actions potentielles que nos dirigeants pourraient prendre, croyance en une civilisation industrielle rendue verte grâce aux EnR, le cocktail habituel des vendeurs d’illusions de l’écocapitalisme.

    Mais pourquoi ? Pourquoi demander leur avis à des astrophysiciens ? Pourquoi demander leur avis à des gens — à des gens de la haute — qui passent leur existence à travailler sur des sujets aussi éloignés du quotidien de toutes les espèces vivantes et des réalités du monde, du monde à la mesure de l’être humain ? Bref, on a trouvé celui qui succèdera à Hubert Reeves dans le rôle de caution d’autorité astrale de l’écocapitalisme.

    (C’est une question rhétorique, bien évidemment. Le fait de demander son avis à un astrophysicien n’est qu’une incarnation de la domination de l’autorité Science, de l’expertocratie, et de l’idéologie progressiste, fascinée par l’univers et sa conquête. L’astrophysicien, qui connait (?) les trous noirs, ces choses incroyablement complexes qui nous dépassent, nous, simples mortels, doit forcément connaître la situation socioécologique terrestre. C’est une illustration parfaite de ce que c’est qu’un argument d’autorité. C’est un grand scientifique, il doit savoir. Malheureusement pas, (ultra-)spécialisation oblige. L’appel d’Aurélien Barrau et son plaidoyer pour plus encore d’embrigadement étatique sont également très bien anticipés, parfaitement même, dans le livre "Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable" de René Riesel et Jaime Semprun.)

  • Je ne sais trop si c’est « raccord » en terme de techniques statisticiennes : compilation de relevés de différentes stations météo françaises en ce qui concerne les évolutions de températures moyennes annuelles par ville. Mais bon ...

    Le réchauffement climatique au pas de la porte : retrouvez l’évolution des températures dans votre ville
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/09/08/le-rechauffement-climatique-au-pas-de-la-porte-retrouvez-l-evolution-des-tem

  • « Changer de système ne passera pas par votre caddie »

    En rendant cheap la nature, l’argent, le travail, le care , l’alimentation, l’énergie et donc nos vies - c’est-à-dire en leur donnant une #valeur_marchande - le capitalisme a transformé, gouverné puis détruit la planète. Telle est la thèse développée par l’universitaire et activiste américain #Raj_Patel dans son nouvel ouvrage, intitulé Comment notre monde est devenu cheap (Flammarion, 2018). « Le capitalisme triomphe, non pas parce qu’il détruit la nature, mais parce qu’il met la nature au travail - au #moindre_coût », écrit Patel, qui a pris le temps de nous en dire plus sur les ressorts de cette « #cheapisation » généralisée.

    Raj Patel est professeur d’économie politique à l’université du Texas d’Austin. À 46 ans, c’est aussi un militant, engagé auprès de plusieurs mouvements, qui a travaillé par le passé pour la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce. Logique, quand on sait qu’il se définit lui-même comme « socialiste », ce qui « n’est pas facile au Texas », nous précise-t-il dans un éclat de rire. Patel a déjà écrit sur les crises alimentaires, dont il est un expert. Il signe aujourd’hui un nouvel ouvrage, Comment notre monde est devenu cheap, co-écrit avec Jason W. Moore, historien et enseignant à l’université de Binghampton.

    Ces deux universitaires hyper-actifs y développent une nouvelle approche théorique pour appréhender l’urgence dans laquelle nous nous trouvons, mêlant les dernières recherches en matière d’#environnement et de changement climatique à l’histoire du capitalisme. Pour eux, ce dernier se déploie dès le XIVème siècle. Il naît donc avec le #colonialisme et la #violence inhérente à l’#esclavage, jusqu’à mettre en place un processus de « cheapisation » généralisé, soit « un ensemble de stratégies destinées à contrôler les relations entre le capitalisme et le tissu du vivant, en trouvant des solutions, toujours provisoires, aux crises du capitalisme ». Une brève histoire du monde qui rappelle, sur la forme, la façon dont Yuval Harari traite l’histoire de l’humanité, mais avec cette fois une toute autre approche théorique, que Raj Patel n’hésite pas à qualifier de « révolutionnaire ».

    Entretien autour de cette grille de lecture, qui offre également quelques perspectives pour sortir de ce que les auteurs appellent le « #Capitalocène », grâce notamment au concept d’ « #écologie-monde ».

    Usbek & Rica : Des scientifiques du monde entier s’accordent à dire que nous sommes entrés depuis un moment déjà dans l’ère de l’#Anthropocène, cette période de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre. Mais vous allez plus loin, en parlant de « Capitalocène ». Le capitalisme serait donc la cause de tous nos problèmes ?

    Raj Patel : Si vous avez entendu parler de l’Anthropocène, vous avez entendu parler de l’idée selon laquelle les humains sont en grande partie responsables de la situation désastreuse de notre planète. À ce rythme, en 2050, il y aura par exemple plus de plastique que de poissons dans les océans. Si une civilisation survient après celle des humains, les traces qui resteront de notre présence seront le plastique, la radioactivité liée aux essais nucléaires, et des os de poulet. Mais tout cela n’est pas lié à ce que les humains sont naturellement portés à faire. Il y a quelque chose qui conduit les humains à cette situation. Et si vous appelez cela l’Anthropocène, vous passez à côté du fond du problème. Ce n’est pas l’ensemble des comportements humains qui nous conduit à la sixième extinction. Il y a aujourd’hui beaucoup de civilisations sur Terre qui ne sont pas responsables de cette extinction de masse, et qui font ensemble un travail de gestion des ressources naturelles formidable tout en prospérant. Et ces civilisations sont souvent des populations indigènes vivant dans des forêts.

    Mais il y a une civilisation qui est responsable, et c’est celle dont la relation avec la nature est appelée « capitalisme ». Donc, au lieu de baptiser ces phénomènes Anthropocène, appelons-les Capitalocène. Nous pouvons ainsi identifier ce qui nous conduit aux bouleversements de notre écosystème. Il ne s’agit pas de quelque chose d’intrinsèque à la nature humaine, mais d’un système dans lequel évolue un certain nombre d’humains. Et ce système nous conduit vers une transformation dramatique de notre planète, qui sera visible dans l’étude des fossiles aussi longtemps que la Terre existera.

    Vous établissez, avec votre co-auteur, une histoire du capitalisme fondée sur sept choses « cheap ». Quelles sont-elles, et comment êtes vous parvenus à cette conclusion ?

    Dans ce livre, nous évoquons les sept choses que le capitalisme utilise pour éviter de payer ses factures. C’est d’ailleurs une définition courte du capitalisme : un système qui évite de payer ses factures. C’est un moyen de façonner et de réguler les relations entre individus, et entre les humains et la reste de la vie sur Terre. Ces sept choses sont la nature « cheap », l’argent « cheap », le travail « cheap », le care « cheap », l’alimentation « cheap », l’énergie « cheap » et les vies « cheap ». Nous sommes parvenus à cette conclusion en partie grâce à un raisonnement inductif fondé sur l’histoire, mais aussi en s’intéressant aux mouvements sociaux d’aujourd’hui. Par exemple, le mouvement Black Lives Matter ne proteste pas uniquement contre l’inégalité historique qui résulte de l’esclavage aux Etats-Unis. Ses membres se penchent aussi sur le changement climatique, l’équité entre les genres, le travail, la réforme agraire ou la nécessaire mise en place de meilleurs systèmes alimentaires et de systèmes d’investissement solidaires qui permettraient à des entreprises d’émerger.

    C’est une approche très complète, mais l’idée qui importe dans la structuration des mouvements sociaux est celle d’intersectionnalité. Et on peut identifier nos sept choses « cheap » dans presque tous les mouvements intersectionnels. Tous les mouvements visant à changer l’ordre social se tiennent à la croisée de ces sept choses.

    Vous expliquez que la nourriture est actuellement peu chère, mais que cela n’a pas été le cas à travers l’histoire. Dans votre introduction, vous prenez pour exemple les nuggets de MacDonald’s pour illustrer votre théorie des sept choses « cheap ». Pourquoi ?

    Il n’a pas toujours été possible d’obtenir un burger ou quelques chicken nuggets pour un euro ou deux. Au XIXème siècle, les ouvriers anglais dépensaient entre 80 et 90% de leurs revenus en nourriture. Aujourd’hui, nous consacrons à peu près 20% à l’alimentation. Quelque chose a changé. Et le nugget est devenu un fantastique symbole la façon dont le capitalisme évite de payer ses factures.

    Reprenons nos sept choses « cheap ». La nature « cheap » nous permet de retirer un poulet du monde sauvage et de le modifier en machine à produire de la viande. Cette approche de la nature est assez révélatrice de la façon dont le capitalisme opère. La deuxième chose, c’est le travail : pour transformer un poulet en nugget, il vous faut exploiter des travailleurs. Et partout dans le monde, ces ouvriers avicoles sont extrêmement mal payés. Une fois que les corps de ces ouvriers sont ruinés par le travail à la chaîne, qui va veiller sur eux ? Généralement, cela retombe sur la communauté, et particulièrement sur les femmes. C’est cela que j’appelle le « cheap care ». Les poulets sont eux-mêmes nourris grâce à de la nourriture « cheap », financée par des milliards de dollars de subventions. L’énergie « cheap », c’est-à-dire les énergies fossiles, permet de faire fonctionner les usines et les lignes de production. Et l’argent « cheap » permet de faire tourner l’ensemble, parce que vous avez besoin de taux d’intérêt très bas, et que les grandes industries en obtiennent des gouvernements régulièrement. Et enfin, vous avez besoin de vies « cheap » : il faut reconnaître que ce sont les non-blancs qui sont discriminés dans la production de ce type de nourriture, mais aussi que les consommateurs sont considérés comme jetables par l’industrie.

    Vous insistez sur le fait que le capitalisme est né de la séparation entre nature et société, théorisée notamment par Descartes. Et que cette naissance a eu lieu au XIVème siècle, dans le contexte de la colonisation. On a donc tort de dire que le capitalisme est né avec la révolution industrielle ?

    Si vous pensez que le capitalisme est né au cours de la révolution industrielle, vous êtes en retard de trois ou quatre siècles. Pour que cette révolution advienne, il a fallu beaucoup de signes avant-coureurs. Par exemple, l’idée de la division du travail était déjà à l’oeuvre dans les plantations de cannes à sucre à Madère à la fin du XIVème siècle ! Toutes les innovations dont on pense qu’elles proviennent de la révolution industrielle étaient déjà en place quand les Portugais ont apporté la production de sucre, l’esclavage et la finance à Madère.

    Quant à la division du monde entre nature et société, il s’agit là du péché conceptuel originel du capitalisme. Toutes les civilisations humaines ont une façon d’opérer une distinction entre « eux » et « nous », mais séparer le monde entre nature et société permet de dire quels humains peuvent faire partie de la société, et d’estimer qu’on est autorisé à exploiter le reste du monde. Les colons arrivant en Amérique considéraient ceux qu’ils ont baptisé « Indiens » comme des « naturales ». Dans une lettre à Isabelle Iʳᵉ de Castille et Ferdinand II d’Aragon, Christophe Colomb se désole de ne pouvoir estimer la valeur de la nature qu’il a devant lui aux Amériques. Il écrit aussi qu’il reviendra avec le plus d’esclaves possibles : il voit certains hommes et la nature comme des denrées interchangeables car ils ne font pas partie de la société. Cette frontière entre nature et société est propre au capitalisme, et c’est pourquoi il peut utiliser les ressources fournies par la nature tout en la considérant comme une immense poubelle.

    Le capitalisme fait partie, selon vous, d’une écologie-monde, un concept forgé par votre co-auteur. En quoi ?

    Nous nous inspirons de Fernand Braudel et du concept d’économie-monde. En résumé, l’historien explique que si l’on veut comprendre comment fonctionne le monde, on ne peut pas prendre l’Etat-nation comme unité fondamentale d’analyse. Il faut comprendre que cet endroit est défini par son rapport aux autres endroits, tout comme les humains sont définis par leurs relations aux autres humains. On doit également penser au système dans lequel le pays que l’on étudie se trouve.

    L’économie n’est qu’une façon de penser la relation entre les humains et le tissu du vivant. Par exemple, Wall Street est une façon d’organiser le monde et la nature. Les traders qui y travaillent font de l’argent en faisant des choix, et en les imposant via la finance et la violence qui lui est inhérente. Le tout pour structurer les relations entre individus et entre les humains et le monde extra-naturel. Ce que nous faisons, c’est que nous replaçons tout cela dans son écologie, et c’est pourquoi le concept d’écologie-monde fait sens. Si vous vous intéressez à la façon dont les humains sont reliés les uns aux autres, vous devez choisir la focale d’analyse la plus large possible.

    Vous dites qu’il est plus facile d’imaginer la fin du la planète que la fin du capitalisme. Pourquoi ?

    J’expliquais dernièrement à mes étudiants que nous avons jusqu’à 2030 si l’on veut parvenir à une économie neutre en carbone. Et ils étaient désespérés et désemparés. Ce désespoir est un symptôme du succès du capitalisme, en cela qu’il occupe nos esprits et nos aspirations. C’est pourquoi il est, selon moi, plus facile d’envisager la fin du monde que celle du capitalisme. On peut aller au cinéma et y admirer la fin du monde dans tout un tas de films apocalyptiques. Mais ce qu’on ne nous montre pas, ce sont des interactions différentes entre les humains et la nature, que certaines civilisations encore en activités pratiquent actuellement sur notre planète.

    Je vis aux Etats-Unis, et tous les matins mes enfants doivent prêter serment et répéter qu’ils vivent dans « une nation en Dieu » [NDLR : « One nation under God »]. Mais les Etats-Unis reconnaissent en réalité des centaines de nations indigènes, ce que l’on veut nous faire oublier ! Tous les jours, on nous apprend à oublier qu’il y existe d’autres façons de faire les choses, d’autres possibilités. Cela ne me surprend pas que certains estiment impossible de penser au-delà du capitalisme, même si les alternatives sont juste devant nous.

    Parmi ces alternatives, il y en a une qui ne trouve pas grâce à vos yeux : celle du progrès scientifique, incarnée en ce moment par certains entrepreneurs comme Elon Musk.

    Ce que je ne comprends pas, c’est que ceux que nous considérons comme nos sauveurs sont issus du passé. Beaucoup pensent qu’Elon Musk va sauver le monde, et que nous allons tous conduire des Tesla dans la joie. Mais si on regarde ce qui rend possible la fabrication des Tesla, on retrouve nos sept choses « cheap » ! Les travailleurs sont exploités, notamment ceux qui travaillent dans les mines pour extraire les métaux rares nécessaires aux batteries. Et Musk lui-même s’attache à éliminer les syndicats... Je suis inquiet du fait que l’on fonde nos espoirs sur ces messies.

    Des initiatives comme celle du calcul de son empreinte écologique ne trouvent pas non plus grâce à vous yeux. Pourquoi ?

    Parce qu’il s’agit d’un mélange parfait entre le cartésianisme et la pensée capitaliste. C’est une façon de mesurer l’impact que vous avez sur la planète en fonction de vos habitudes alimentaires ou de transport. À la fin du questionnaire, on vous livre une série de recommandations personnalisées, qui vous permettent de prendre des mesures pour réduire votre empreinte écologique. Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de mal à ça ? Evidemment, je suis d’accord avec le fait qu’il faudrait que l’on consomme moins, particulièrement dans les pays développés.

    Pourtant, présenter le capitalisme comme un choix de vie consiste à culpabiliser l’individu au lieu de condamner le système. C’est la même logique qui prévaut derrière la façon dont on victimise les individus en surpoids alors que leur condition n’a pas grand chose à voir avec leurs choix individuels, mais plutôt avec leurs conditions d’existence. On ne pourra pas non plus combattre le réchauffement climatique en recyclant nos déchets ! Du moins, pas uniquement. En mettant l’accent sur le recyclage, on sous-estime l’immensité du problème, mais aussi notre propre pouvoir. Parce que si vous voulez changer de système, ça ne passera pas par ce que vous mettez dans votre caddie, mais par le fait de s’organiser pour transformer la société. Et c’est l’unique façon dont une société peut évoluer. Personne n’est allé faire les courses de façon responsable pour mettre un terme à l’esclavage ! Personne n’est sorti de chez lui pour acheter de bons produits afin que les femmes obtiennent le droit de vote ! Tout cela dépasse le niveau des consommateurs. Il va falloir s’organiser pour la transformation, c’est la seule façon de combattre.

    C’est pour ça que le dernier mot de votre livre est « révolution » ?

    Si nous continuons comme ça, la planète sur laquelle nous vivons sera en grande partie inhabitable. Si je vous dis que j’ai l’idée révolutionnaire de transformer le monde pour le rendre inhabitable, vous me répondrez qu’il faudrait que j’évite de faire ça. Le problème, c’est que si je vous dis que j’ai l’idée révolutionnaire de se détourner du capitalisme pour vivre mieux qu’aujourd’hui, vous me diriez la même chose. On choisit sa révolution. Soit on essaye de maintenir les choses comme elles sont, avec leur cortège d’exploitation, de racisme et de sexisme, la sixième extinction de masse, et la transformation écologique pour prétendre que tout va bien se passer. Soit on accueille le changement à venir, et on tente de s’y connecter.

    Les systèmes sociaux meurent rapidement. Le féodalisme a par exemple disparu pendant une période de changement climatique et d’épidémies. Plusieurs expériences ont été tentées pour remplacer le féodalisme, et parmi elles, c’est le capitalisme qui a gagné. Ce que je veux dire, c’est que nous pouvons choisir le monde que nous voulons construire maintenant pour être capables de supporter l’après-capitalisme. On peut choisir sa révolution, mais la chose qu’on ne peut pas choisir, c’est de l’éviter. Le capitalisme nous rend aveugles à la révolution qu’il opère lui-même à la surface de la planète en ce moment.

    Donc, selon vous, il faudrait se tourner vers le concept d’écologie-monde pour reprendre espoir ?

    Une partie de ce que l’on voulait faire avec Comment notre monde est devenu cheap, c’était d’articuler théoriquement ce qui est déjà en train d’advenir. Je suis très inspiré par ce que met en place le mouvement paysan La Via Campesina. Ce mouvement international qui regroupe des petits paysans fait un travail incroyable, notamment en Amérique du Sud, en promouvant l’agroécologie.

    L’agro-écologie est un moyen de cultiver la terre qui est totalement à l’opposé de l’agriculture industrielle. Au lieu de transformer un champ en usine en annihilant toute la vie qui s’y trouve, vous travaillez avec la nature pour mettre en place une polyculture. Cela vous permet de lutter contre le réchauffement en capturant plus de carbone, et de vous prémunir contre ses effets en multipliant le type de récoltes. Enfin, vous vous organisez socialement pour soutenir le tout et gérer les ressources et leur distribution, ce qui ne peut se faire sans combattre le patriarcat. Voilà un exemple de mouvement fondé autour d’une lutte contre l’OMC et qui a évolué en une organisation qui combat les violences domestiques, le patriarcat et le réchauffement climatique. C’est un exemple concret, et presque magique, d’intersection entre les choses « cheap » que nous évoquons dans notre livre. Et tout cela est rendu possible parce que le mouvement est autonome et pense par lui-même, sans s’appuyer sur de grands espoirs, mais sur l’intelligence de chaque paysan.

    Votre livre compte 250 pages de constat, pour 10 pages de solution. Est-ce qu’il est vraiment si compliqué que ça d’accorder plus de place aux solutions ?

    Il y a déjà des organisations qui travaillent sur des solutions. Mais pour comprendre leur importance et pourquoi elles se dirigent toutes vers une rupture d’avec le capitalisme, on s’est dit qu’il était de notre devoir de regrouper un certain nombre d’idées qui parcourent le monde universitaire et le travail de nos camarades au sein des mouvements sociaux. Notre rôle me semble être de théoriser ce qui se passe déjà, et de nourrir nos camarades intellectuellement. Et ces sept choses « cheap » pourraient être une nouvelle manière d’appréhender nos systèmes alimentaires et tout ce que l’on décrit dans l’ouvrage, mais pas seulement. Le cadre théorique pourrait aussi s’appliquer à la finance, au patriarcat ou au racisme, et permettre aux mouvements en lutte de se rendre compte qu’il faut qu’ils se parlent beaucoup plus. Nous n’avions pas l’objectif de faire un catalogue de solutions, encore moins un programme politique : beaucoup d’acteurs engagés font déjà de la politique, et c’est vers eux qu’il faut se tourner si vous voulez changer les choses maintenant, sans attendre l’effondrement.

    https://usbeketrica.com/article/changer-de-systeme-ne-passera-pas-par-votre-caddie
    #intersectionnalité #mouvements_sociaux #post-capitalisme #capitalisme #alternatives #nature #responsabilité #résistance

    • Comment notre monde est devenu cheap

      « Cheap » ne veut pas simplement dire « bon marché ». Rendre une chose « #cheap » est une façon de donner une valeur marchande à tout, même à ce qui n’a pas de #prix. Ainsi en va-t-il d’un simple nugget de poulet. On ne l’achète que 50 centimes, alors qu’une organisation phénoménale a permis sa production : des animaux, des plantes pour les nourrir, des financements, de l’énergie, des travailleurs mal payés…
      Déjà, au XIVe siècle, la cité de Gênes, endettée auprès des banques, mettait en gage le Saint Graal. Christophe Colomb, découvrant l’Amérique, calculait ce que valent l’eau, les plantes, l’or… ou les Indiens. Au XIXe siècle, les colons britanniques interdisaient aux femmes de travailler pour les cantonner aux tâches domestiques gratuites. Jusqu’à la Grèce de 2015, qui remboursait ses dettes en soldant son système social et ses richesses naturelles.
      Le capitalisme a façonné notre monde : son histoire, d’or et de sang, est faite de conquêtes, d’oppression et de résistances. En la retraçant sous l’angle inédit de la « cheapisation », Raj Patel et Jason W. Moore offrent une autre lecture du monde. De cette vision globale des crises et des luttes pourrait alors naître une ambition folle : celle d’un monde plus juste.

      https://editions.flammarion.com/Catalogue/hors-collection/documents-temoignages-et-essais-d-actualite/comment-notre-monde-est-devenu-cheap

      #livre

  • Seed diversity is disappearing — and 3 chemical companies own more than half | Salon.com
    https://www.salon.com/2018/09/16/seed-diversity-is-disappearing-and-3-chemical-companies-own-more-than-half

    Three-quarters of the seed varieties on Earth in 1900 had become extinct by 2015. In “Seeds of Resistance,” Schapiro takes us to the front lines of a struggle over the seeds that remain — a struggle that will determine the long-term security of our food supply in the face of unprecedented climate volatility.

    #extinction #graines #agrochimie

    • #biodiversité #monopole #industrie_agro-alimentaire #sécurité_alimentaire

      Livre:
      Seeds of Resistance
      Seeds of Resistance. The Fight to Save Our Food Supply

      An Eye-Opening Exposé of the Struggle to Control the World’s Seeds and the Future of our Food

      Ten thousand years after humans figured out how to stop wandering and plant crops, veteran investigative journalist Mark Schapiro plunges into the struggle already underway for control of seeds, the ground-zero ingredient for our food. Three quarters of the seed varieties on Earth in 1900 had become extinct by 2015. In Seeds of Resistance, Schapiro takes us onto the frontlines of a struggle over the seeds that remain, one that will determine the long-term security of our food supply in the face of unprecedented climate volatility.

      Schapiro reveals how more than half of all commercially-traded seeds have fallen under the control of just three multinational agri-chemical companies. At just the time when scientists tell us we need a spectrum of options to respond to climatic changes, thousands of seed varieties are being taken off the market and replaced by the companies’ genetically engineered or crack-baby seeds, addicted to chemical pesticides and herbicides from the day they are planted. Schapiro dives deep into the rapidly growing movement in the United States and around the world to defy these trends and assert autonomy over locally-bred seeds—seeds which are showing high levels of resilience to the onrushing and accelerating impacts of climate change.

      Schapiro applies his investigative and storytelling skills to this riveting narrative, from the environmentally stressed fields of the American Midwest to the arid fields of Syria, as conditions in the two start to resemble one another, to Native American food cultivators, who are seeing increasing interest in their ability to grow food in shifting conditions over thousands of years; from the financial markets that are turning patented seeds into one of the planet’s most valuable commodities to the fields where they are grown. Seeds of Resistance lifts the lid on the struggle, largely hidden from public view until now, over the earth’s most important resource as conditions on the earth shift above our heads and beneath our feet.


      https://www.skyhorsepublishing.com/9781510705760/seeds-of-resistance

  • Classifying #drivers of #global_forest_loss | Science
    http://science.sciencemag.org/content/361/6407/1108/tab-figures-data

    #Mapping global #deforestation patterns
    Forest loss is being driven by various factors, including commodity production, forestry, agriculture, wildfire, and urbanization. Curtis et al. used high-resolution Google Earth imagery to map and classify global forest loss since 2001. Just over a quarter of global forest loss is due to deforestation through permanent land use change for the production of commodities, including beef, soy, palm oil, and wood fiber. Despite regional differences and efforts by governments, conservationists, and corporations to stem the losses, the overall rate of commodity-driven deforestation has not declined since 2001.

    Abstract
    Global maps of forest loss depict the scale and magnitude of forest disturbance, yet companies, governments, and nongovernmental organizations need to distinguish permanent conversion (i.e., deforestation) from temporary loss from forestry or wildfire. Using satellite imagery, we developed a forest loss classification model to determine a spatial attribution of forest disturbance to the dominant drivers of land cover and land use change over the period 2001 to 2015. Our results indicate that 27% of global forest loss can be attributed to deforestation through permanent land use change for commodity production. The remaining areas maintained the same land use over 15 years; in those areas, loss was attributed to forestry (26%), shifting agriculture (24%), and wildfire (23%). Despite corporate commitments, the rate of commodity-driven deforestation has not declined. To end deforestation, companies must eliminate 5 million hectares of conversion from supply chains each year.

    http://science.sciencemag.org/content/sci/361/6407/1108/F2.large.jpg?width=800&height=600&carousel=1

  • Study finds first evidence of #air #pollution particles reaching mothers’ #placentas | Euronews
    http://www.euronews.com/2018/09/16/study-finds-first-evidence-of-air-pollution-particles-reaching-mothers-pla

    The study, conducted by researchers at Queen Mary University of London, adds to an existing body of evidence linking pregnant mothers’ exposure to air pollution with issues including premature birth and childhood respiratory problems.

    “We’ve known for a while that air pollution affects foetal development and can continue to affect babies after birth and throughout their lives… [But] until now, there has been very little evidence that inhaled particles get into the blood from the lung,” Dr Lisa Miyashita, who worked on the study, said in a statement.

    To conduct the study, the scientists used the placentas of five non-smoking women in London, who had all delivered healthy babies via planned caesarean sections.

    Using a high-powered microscope, they analysed 3,500 macrophage cells, which form part of the body’s immune system and engulf harmful particles such as air pollution.

    Within the cells, they found 72 small black areas that they believed to be carbon particles.

    “Our results provide the first evidence that inhaled pollution particles can move from the lungs into the circulation and then to the placenta,” said Dr Norrice Liu, who presented the research at the European Respiratory Society International Congress on Sunday.

    “We do not know whether the particles we found could also move across into the foetus, but our evidence suggests that this is indeed possible,” she added.

    Professor Mina Gaga, president of the European Respiratory Society, said the research, which she was not involved in, “suggests a possible mechanism of how babies are affected by pollution while being theoretically protected in the womb.”

    “This should raise awareness amongst clinicians and the public regarding the harmful effects of air pollution in pregnant women,” she added.

    #particules #santé

  • Plastique : la grande intox
    https://www.youtube.com/watch?v=wZT3drAYIzo

    Dans le monde, dix tonnes de plastique sont produites chaque seconde. Un dixième finit dans les océans, laissant présager qu’en 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans la mer. Face à ces chiffres effarants, Elise Lucet et son équipe partent explorer ce « continent plastique » qui ne cesse de grandir. Les responsables ? Les grands marques qui s’acharnent à développer une addiction à cette matière. Pour éviter d’endosser la responsabilité de la pollution, certains industriels ont trouvé la parade : la mettre sur les épaules des consommateurs. Enquête sur les stratégies secrètes de l’un des géants mondiaux des sodas et les promesses de recyclage des emballages. Source : Cash (...)

  • New global study reveals the ‘staggering’ loss of forests caused by industrial #agriculture | Science | AAAS
    http://www.sciencemag.org/news/2018/09/scientists-reveal-how-much-world-s-forests-being-destroyed-industrial-ag

    Nepstad says that despite the success of corporate commitments slowing deforestation in the Amazon, the larger picture is disheartening. Many companies have pledged to support “zero-deforestation” by not purchasing palm oil or other major commodities from plantations or farms that were recently cleared of forest. But out of 473 such pledges the Earth Innovation Institute recently analyzed, just 155 actually set targets of zero deforestation from their supply chains by 2020. Only 49 companies have reported making good progress.

    #forêts

  • En as-tu vraiment besoin ? Josée Blanchette - 14 Septembre 2018 - Le Devoir

    https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/536747/en-as-tu-vraiment-besoin-la-decroissance-pour-les-nuls

    Donc. On voudrait que ça change sans que cela fasse mal, continuer à manger du boeuf bourguignon en avion en sablant du mousseux. Prenez l’auto électrique. Le mot le plus important n’est pas « électrique ». Non, c’est « auto ». L’évocation du char nous réconforte et ne nous oblige pas à couper le cordon. Voilà pourquoi nos politiciens en parlent tant. On vous laissera votre jouet, pas d’inquiétude. Quant à taxer davantage les énergies fossiles — et à hauteur des dommages infligés —, toute notre économie en dépend, cela ferait plutôt mal. Et pourtant, c’est la seule avenue : toucher au portefeuille.

    Si vous avez déjà élevé un enfant, vous savez que le volontarisme atteint ses limites dans un Toys’R’Us. La raison (les moyens de production, les ressources, l’impact environnemental, l’obsolescence programmée, l’éthique du travail, les déchets engendrés) prend allègrement le bord face à la séduction. Nous sommes des gamins lobotomisés, conditionnés dès la naissance par la pub pour désirer, acheter, jeter. Nous baisons sans condom parce que c’est plus le fun.

    Depuis mon dernier texte sur le sujet, https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/535702/noah-aura-25-ans-en-2030 les courriels pleuvent, mes amis m’appellent, sont inquiets, fâchés ou consternés. Mais on peut faire quoi ? Les solutions sont désagréables, car elles impliquent des mesures draconiennes, individuelles et collectives. Voilà pourquoi elles n’ont pas été adoptées et ne le seront vraisemblablement pas non plus à l’issue de cette campagne électorale lénifiante, où l’environnement arrive à la quatrième place des intérêts des électeurs après la santé, l’éducation et l’économie, selon la Boussole électorale. Comme si on pouvait être en santé sur une planète qui ne l’est plus.

    Le mot « décroissance » a bien fini par surgir cet été, mais pas dans la bouche des politiciens. On appelait ça de la simplicité volontaire il y a 30 ans. Le discours du Dr Serge Mongeau (La simplicité volontaire, 1985) , celui qu’on surnomme « le père de la décroissance », n’excitait pas les foules. Pensez, il incitait à moins consommer et à moins travailler, alors que le vent soufflait dans les voiles du néolibéralisme économique. Aujourd’hui, c’est un ouragan.

    La religion de la croissance
    Le sociologue de l’économie Éric Pineault est invité pour l’année au Collège de recherche sur les sociétés postcroissance à l’Université de Jena, en Allemagne. Il écrit un livre sur la croissance, du point de vue de la décroissance. Un être bouillant et brillant, que j’ai eu le plaisir de rencontrer.

    « La décroissance, c’est l’alternative collective à la simplicité volontaire », m’écrit-il. Je lui ai demandé de me donner des mesures politiques concrètes de décroissance. « Dans le contexte des partis actuels ! T’es-tu malade ? » Il me parle de « déjà vu », « déjà connu », « écolo 101 », et croit qu’il faudrait crever un abcès idéologique central à la modernité : « C’est le théoricien de la culture (par ailleurs marxiste) Frédéric Jameson qui disait que, dans cette ère néolibérale, c’est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. »

    De mon point de vue d’athée, le Québec s’est déjà débarrassé des curés ; il lui faudrait à présent se relever du prie-Dieu du PIB et en terminer avec le progrès, dont on dit qu’il ne s’arrête pas. Pineault aborde le thème de l’accélération à laquelle nous sommes dopés. Le rapport au temps est central, il me semble. En épousant le va-vite, les chevaux-vapeur, nous avons perdu de vue le petit trot, la perspective et la sagesse. Penser est une activité chronophage.

    Quand on sait que 60 % de ce PIB est attribuable à la consommation, on continuera longtemps à camper à la porte des IKEA de ce monde.

    J’en ai discuté toute une soirée avec une étudiante en gestion de l’environnement, Alix Ruhlmann, 23 ans, qui a fait son essai de maîtrise sur la décroissance à l’Université de Sherbrooke. Elle a même participé à la dernière COP, à Bonn, et mesuré le degré d’inquiétude des pays du Sud par rapport aux pays riches.

    Alix constate que même les jeunes de sa génération vivent dans une forme d’insouciance béate. Seulement le quart des 18-34 ans estiment que l’environnement est un enjeu prioritaire. L’étudiante propose une foule d’éléments concrets dans son essai fouillé de 150 pages : encadrer la pub, réduire les lobbys, donner la possibilité aux employés de moins travailler sans précarité, donc, de déconsommer. Mais elle ne croit pas trop aux incitatifs imposés. Elle voudrait encore convaincre. Malheureusement, l’urgence est telle — cette semaine, l’ONU nous donnait deux ans pour faire quelque chose… — que sans mesures draconiennes, musclées et planétaires, rien n’arrivera. Nous avançons en arrière.

    Le seul pouvoir qui nous reste
    Pierre-Yves McSween, l’auteur du best-seller En as-tu vraiment besoin ?, s’apprête à en publier la version compacte le 19 septembre. La déconsommation, il la prône et il la pratique.

    « Je l’ai rendue mainstream », me dit-il. Le comptable et chroniqueur économique a déjà été candidat pour le Parti vert en 2007.

    Il a pris l’avion en janvier (un gros pollueur, on en parle peu), ce qu’il n’avait pas fait depuis huit ans : « Tu vas sauver la planète quand 200 000 personnes feront comme toi. Ma façon de lutter contre le capitalisme, c’est en décourageant la consommation. C’est le seul pouvoir qu’on a. Il est là, le mouvement de masse. »

    McSween a réussi à démarginaliser cette approche de sobriété heureuse sans revendiquer un discours vert grano, en rassemblant son public autour de son point faible : moins payer. Une approche lucrative.

    « Quand tu achètes, tu donnes ta liberté à quelqu’un d’autre. À part payer ton loyer, manger et t’habiller, le seul choix, c’est de ne pas en faire. »

    Effectivement, à vivre en dessous de ses moyens, on redevient maître de son temps. « Y’a du monde qui me disent : oui, mais je vais faire quoi avec mon argent, maintenant ? »

    Jouer au Monopoly ? Parler de « rééducation » n’est pas trop fort. « Mon livre ne porte pas sur la décroissance, mais cela devient une conséquence de ce que je propose. Je leur vends l’angle financier. Tout ce système tient dans une planète Terre. Jusqu’à ce que ça crashe. Ça va arriver, ce n’est pas soutenable. »

    Ainsi soit-il. La seule chose dont nous ayons vraiment besoin semble être en rupture de stock.

    #décroissance #écologie #capitalisme #économie #critique_techno #énergie #consommation #agriculture #lobotomisation #postcroissance #lobbys

  • Sibérie : Après les mammouths extraits du permafrost, voici les vers mais eux... ils sont vivants et ils ont 42.000 ans.

    Extrait de l’article de Futura sciences :

    Mais personne ne soupçonnait jusqu’ici que la durée de conservation soit aussi longue. « Notre découverte montre la capacité d’organismes multicellulaires à survivre à une cryoconservation de plusieurs milliers d’années », s’enthousiasment les chercheurs. Selon eux, les mécanismes de survivance de ces nématodes pourraient ouvrir la voie à des recherches sur la cryogénisation humaine. Cela vous dirait une petite hibernation pour voir à quoi ressemblera la planète dans 42.000 ans ?

    et il n’y a pas que les vers :

    The Arctic permafrost is a unique cryobank of genetic resources. Permafrost sediments contain a considerable taxonomic diversity of unicellular organisms remaining viable after the tens and hundreds of
    thousands of years in cryobiosis. Aerobic and anaerobic bacteria, cyanobacteria, actinomycetes, unicellular green algae, yeasts, mixomycetes, naked amoebas, heterotrophic f lagellates, infusorians, moss spores, and the seeds of higher plants capable of germinating after long-term natural cryopreservation have been found in the permafrost.

    Viable Nematodes from Late Pleistocene Permafrost of the Kolyma River Lowland | SpringerLink

    #Préhistoire #Asie #Permafrost #Pléistocène
    #académie_des_sciences_de_Moscou #université_d'Etat_de_Moscou
    #Higher_School_of_Economics_de_Pushchino_Moscou.
    #Université de Princeton

    DOI : 10.1134/S0012496618030079

  • Les dérèglements climatiques font augmenter la #faim dans le monde - Afrique - RFI
    http://www.rfi.fr/science/20180911-dereglements-climatiques-font-augmenter-faim-le-monde

    Près de 821 millions de personnes ont eu faim dans le monde en 2017, contre 804 en 2016. L’Afrique reste le continent le plus touché avec 21 % de sa population mal nourrie, l’Asie arrive en seconde position, avec 11,5 %.

  • Démission de Nicolas Hulot : « Preuve est faite que la voie de la négociation et de la réforme est une impasse »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/09/07/demission-de-nicolas-hulot-preuve-est-faite-que-la-voie-de-la-negociation-et

    Le renoncement du ministre de l’écologie doit provoquer un choc dans les consciences si nous voulons éviter le probable effondrement de nos sociétés, …

    • Geneviève Azam (économiste et membre d’ATTAC), Gilles Bœuf (biologiste, professeur des universités), Alexandre Boisson (créateur de SosMaires.org et de actu-resilience.fr), Christophe Bonneuil (historien), Yves Cochet (président de l’institut Momentum et ancien ministre de l’environnement), Olivier De Schutter (professeur à l’université catholique de Louvain et ancien rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation), Txetx Etcheverry (coorganisateur d’Alternatiba Bayonne), Jean-Marc Gancille (militant pour la protection de la faune sauvage), Philippe Gauthier (communicateur scientifique et chercheur indépendant sur les enjeux énergétiques), Stéphanie Gibaud (conférencière, auteure et lanceuse d’alerte), Christian Godin (philosophe), Clive Hamilton (professeur d’éthique à l’université Charles Sturt, Australie), Rob Hopkins (cofondateur du Transition Network), Arthur Keller (spécialiste des vulnérabilités des sociétés industrielles et des stratégies de résilience), Freddy Le Saux (président de Terre de Liens), Bill McKibben (journaliste américain spécialisé dans l’environnement), Vincent Mignerot (écrivain, chercheur indépendant et fondateur d’Adrastia), Guillaume Meurice (humoriste et chroniqueur radio), Alexandre Monnin (directeur scientifique d’Origens Medialab), Corinne Morel Darleux (conseillère régionale LPG de la Drôme), Clément Montfort (journaliste et réalisateur), Véronique Naoum Grappe (anthropologue), Emmanuel Prados (chercheur INRIA), Maxime de Rostolan (fondateur de Fermes d’Avenir et Blue Bees), Sandrine Roudaut (auteure, éditrice), Raphael Stevens (expert en résilience des systèmes socioécologiques) et Laurent Testot (journaliste et essayiste).

  • Le capitalisme est la cause du dérèglement climatique, par Naomi Klein
    https://lemediapresse.fr/ecologie/le-capitalisme-est-la-cause-du-dereglement-climatique-par-naomi-klein
    https://i1.wp.com/lemediapresse.fr/wp-content/uploads/2018/09/800px-Naomi_Klein_1.jpg?resize=800%2C534&ssl=1

    Naomi Klein est journaliste, réalisatrice et l’auteure de plusieurs essais remarqués : No Logo : La tyrannie des marques (Actes Sud, 2001), La Stratégie du choc : Montée d’un capitalisme du désastre (Actes Sud, 2008) et Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique (Actes Sud, 2015). Nous vous proposons la traduction inédite d’un de ses derniers articles publié le 3 août dernier sur le site américain TheIntercept.com : « Capitalism killed our climate momentum, not “human nature” ».

  • Changement climatique en Arctique : variabilité multidécennale des derniers millénaires

    http://www.insu.cnrs.fr/node/9544

    a publication et l’exploitation de deux bases de données paléoclimatiques par une équipe internationale comprenant des chercheurs de deux laboratoires français(1) ont permis l’étude de l’expression spatiale et temporelle de la variabilité climatique multidécennale dans la région arctique-subarctique. La haute résolution temporelle des séries utilisées a également permis aux chercheurs de s’intéresser à la question du lien entre le signal climatique enregistré par les données paléoclimatiques et celui contenu dans les données instrumentales.

    La longueur des chroniques instrumentales ne permet pas l’étude de la variabilité climatique exempte de l’influence du forçage anthropique. Remettre en contexte les changements climatiques récents observés dans la région arctique-subarctique (c.-à-d. augmentation des températures, modification des précipitations et de l’humidité) nécessite alors l’utilisation de données climatiques indirectes mesurées dans les archives paléoclimatiques (archives glaciaires, cernes d’arbres, sédiments lacustres et marins, spéléothèmes) appelées proxies.

    #climat #arctique

  • Record : été 2018, le deuxième plus chaud après la canicule de 2003
    http://www.lagazettedemontpellier.fr/39061/record-ete-2018-le-deuxieme-plus-chaud-apres-la-canicule-de-2

    Pour Météo France, l’Hérault vient de traverser un été hors-norme. « Du 1er juin au 31 août, comme quasiment partout en France, il s’agit du 2° été le plus chaud dans nos chroniques climatologiques (depuis le début de mesures en 1946) après le fameux été 2003. »

    Et l’année dernière, il me semble que ça a été l’année la plus sèche depuis 70 ans.

  • Thierry Salomon Energéticien, co-auteur Manifeste négaWatt 2015 Conviction : le monde du partage doit remplacer le partage du monde !
    @ThierrySalomon
    21:20 - 1 sept. 2018
    https://twitter.com/ThierrySalomon/status/1036030974797250561
    Regardez attentivement cette infographie : elle dévoile les futurs de l’histoire humaine. Elle montre, de façon vertigineuse, que par ses choix notre génération est en train d’engager notre avenir pour des milliers d’années. ... 13 tweets explicatifs :


    1- Cette infographie figure dans un article signé par 16 climatologues de 13 institutions ( http://www.pnas.org/content/115/33/8252 ) L’article est dense, en anglais mais essentiel. Reprenant une idée de Kees van der Leun (merci @Sustainable2050 !), j’ai tenté de le résumer dans ce thread.

    2- Ce graphique a 3 dimensions : le temps, la stabilité climatique et la température de notre planète. Lors des 1,2 million d’années du Quaternaire supérieur, celle-ci a « surfé » entre 2 versants, l’un plus froid, les temps de glaciation, et l’autre plus chaud, les temps de réchauffement.

    3- Mais avec l’augmentation des gaz à effet de serre (GES), la Terre a dépassé la crête du versant chaud, basculant alors dans une zone nouvelle, inconnue. L’homme est l’acteur majeur de ce basculement qui marque le passage de l’Holocène à l’Anthropocène.

    4- Aujourd’hui, avec l’augmentation de l’effet de serre la trajectoire de la Terre s’éloigne de plus en plus de la vallée à 2 versants chaud et froid de l’Holocène. Deux trajectoires sont alors possibles, et le sort de l’humanité en dépend.

    5- Une trajectoire poursuit la tendance actuelle. Les GES s’accumulent, la température moyenne augmente, les effets se font de plus en plus visibles. Mais la risque majeur est que survienne des processus de rétroactions positives au niveau planétaire ...

    6- ... dégel du permafrost avec émission massive de GES, acidification de l’océan, fonte de la banquise Arctique même en hiver, fonte des glaciers perturbant la thermocirculation des courants, etc.

    7 - Tous ces processus, au-delà d’un certain seuil planétaire (planetary threshold), peuvent devenir irréversibles, auto-amplifiés et potentiellement incontrôlables. La planète deviendrait alors une Terre-Serre (HotHouse Earth) invivable.

    8- Or de plus en plus de travaux indiquent que certains processus peuvent apparaître plus vite qu’on ne le pensait : dès +2°C ! L’objectif de l’Accord de Paris serait donc déjà trop risqué, alors même que nous sommes sur une trajectoire de 3 à 4°C .

    9- Le deuxième chemin est très différent. Si nous réagissons tout de suite très fortement, la Terre pourrait revenir à un point d’équilibre proche du sommet du versant chaud (Stabilized Earth)

    10 - Mais pour cela il faudrait que nous (= TOUTE l’humanité) prenions conscience de n’être plus des occupants prédateurs, ni de simples locataires de la Terre, ni même des gardiens passifs : il nous faut devenir les « intendants » (human stewardship role) de notre planète.

    11- Le « destin anthropocénique » de l’humanité devient alors clair : notre responsabilité - vitale ! - est d’agir en modifiant radicalement nos modes de vie ET notre gouvernance mondiale afin que la planète puisse revenir progressivement dans cette position d’équilibre ...

    12- Celle-ci sera moins confortable que la tiédeur moyenne de la vallée de l’Holocène, mais la Terre resterait au moins vivable. Et ne pas agir MAINTENANT c’est s’exposer à une irrattrapable sortie de route.

    Le défi est vertigineux et notre responsabilité immense : nous sommes la génération qui doit choisir le chemin que prendra notre planète pour des millénaires. Qui choisira de la maintenir vivable ou non pour ses occupants. Terre-Mère ... ou Terre-Serre ? (13 - Fin)
    #collapsologie

  • Contaminations : « Les zones mortes, prélude d’une planète sans vie »

    https://www.lemonde.fr/contaminations/article/2018/09/01/contaminations-les-zones-mortes-prelude-d-une-planete-sans-vie_5348955_53475

    Les dégâts environnementaux infligés par l’homme sont irréversibles, alertent Gerald Markowitz et David Rosner, deux historiens des sciences américains, dans une tribune au « Monde ».

    Par Gerald Markowitz (historien des sciences) et David Rosner (historien des sciences)

    [Dans le cadre de notre opération « Contaminations », nous avons sollicité deux historiens des sciences, Gerald Markowitz (John Jay College of Criminal Justice) et David Rosner (université Columbia à New York) qui ont consacré toute leur carrière à l’étude des pollutions industrielles, notamment le plomb et les polychlorobiphényles. En janvier, les deux Américains ont mis en ligne des milliers de documents internes de firmes (« Toxic Docs ») qui dévoilent les stratégies des industriels pour dissimuler ces crimes environnementaux. Ils lancent une mise en garde sur les conséquences tragiques de notre usage de la planète.]

    La planète est un endroit remarquablement résilient. Au fil des siècles, l’homme en a détruit les forêts naturelles, brûlé les sols et pollué les eaux pour finalement constater que, dans l’ensemble, la planète s’en remettait. Longtemps, les villes se débarrassaient de leurs déchets dans les rivières, tandis que les premières usines construites le long de leurs rives disposaient de ces cours d’eau comme de leurs propres égouts ; autrefois sans vie, ces rivières peuvent retrouver une vie foisonnante pour peu qu’on leur en laisse le temps.

    Ceux d’entre nous qui ont atteint un certain âge et ont grandi à New York se souviennent sans doute des bancs de poissons morts qui venaient s’échouer sur les rives de notre fleuve Hudson, zone morte il y a peu encore, et aujourd’hui si belle. Les forêts, rasées pour laisser place à des champs, reviendront vite une fois l’homme parti. Il suffit de se promener dans les bois verdoyants de la Nouvelle-Angleterre et d’imaginer, comme le poète Robert Frost, être les premiers à s’émerveiller de leur beauté pour tomber aussitôt sur des ruines des murets de pierre qui clôturaient autrefois les pâturages.

    UNE NOUVELLE RÉALITÉ ÉBRANLE LES FONDEMENTS DE NOTRE DROIT DE POLLUER À VOLONTÉ EN CROYANT QUE LA NATURE FINIRA PAR TRIOMPHER

    C’est alors seulement que nous en prenons conscience : ces arbres sont encore jeunes, et, il n’y a pas si longtemps, l’homme dénudait ces terres pour y développer pâturages et cultures. Nous nous sommes consolés en pensant que l’on pouvait gommer les atteintes que nous infligeons à l’environnement et que la nature pouvait guérir, à condition de la laisser en paix et de mettre fin à nos comportements destructeurs.

    Mais une nouvelle réalité ébranle les fondements de notre droit de polluer à volonté en croyant que la nature finira par triompher. Et de plus en plus, cette réalité met au défi ce réconfort sur lequel nous nous étions reposés. Au cours du XXe siècle, nous avons non seulement modifié la surface de la Terre pour satisfaire notre dessein, mais nous l’avons fait de manière irréversible, au point qu’elle pourrait menacer notre existence même. Nous avons créé des environnements toxiques en faisant usage de technologies inédites et de matériaux de synthèse que la planète n’avait jamais connus.

    Au début du XXe siècle, des usines gigantesques employant des dizaines de milliers d’ouvriers ont remplacé la fabrication à domicile et les artisans qualifiés pour devenir les lieux de production de nos vêtements, de nos chaussures et d’une myriade d’objets de consommation. La quasi-totalité des objets de notre quotidien provient de ces usines, depuis les plaques de plâtre jusqu’aux revêtements de toit et de sol en passant par nos ordinateurs ou nos environnements de travail. Dans notre cadre de vie, il n’y a rien, ou presque, qui ne sorte pas d’une usine.

    Nous savons depuis longtemps que nombre de ces matériaux sont toxiques et peuvent détruire des vies. Si la nature peut se régénérer, certaines de ces substances toxiques tuent des travailleurs qui, eux, ne peuvent pas reprendre leurs vies : dans l’industrie, les ouvriers sont frappés depuis plus de deux siècles par ce fléau qu’est l’empoisonnement au plomb contenu dans les pigments des peintures ; on sait depuis le début du XXe siècle que le mercure tue les travailleurs ; et la poussière de charbon est identifiée comme cause de cancer du scrotum depuis l’époque de William Blake [artiste britannique de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle].

    AUJOURD’HUI NOUS SOMMES PEUT-ÊTRE CONFRONTÉS AU SACRIFICE DE L’ENSEMBLE DE LA POPULATION

    Mais les matériaux que nous fabriquons en usine n’ont plus rien à voir avec les produits naturels dont ils sont dérivés. Ils sont à l’origine de maladies nouvelles et de dangers auparavant inconnus. Ce sont les ouvriers qui, pour l’essentiel, ont payé le prix de la découverte de ces maladies : angiosarcome du foie causé par l’exposition au chlorure de vinyle monomère, élément constitutif des plastiques PVC ; mésothéliome causé par l’inhalation de poussière d’amiante ; leucémies causées par l’exposition au benzène et à d’autres hydrocarbures aromatiques.

    Nous avons toujours sacrifié les travailleurs, victimes d’accidents industriels et de produits chimiques toxiques, mais aujourd’hui nous sommes peut-être confrontés au sacrifice de l’ensemble de la population. Plastiques et produits chimiques : des produits de synthèse que ni l’être humain ni la planète n’avaient côtoyés avant le XXe siècle sont maintenant déversés en permanence sur nos sols, dans les océans et dans l’air. Ces polluants provoquent des maladies, anéantissent les espèces et mettent l’environnement en danger.

    A Anniston, plus de 50 ans maisons et deux églises ont été rasées. Tout le monde est parti. Ici, on peut relever des taux de PCB 140 fois supérieurs aux limites tolérées .
    Dans les années 1980, les scientifiques ont identifié les impacts environnementaux majeurs de cette cupidité : pluies acides menaçant nos forêts, trous de la couche d’ozone laissant les rayonnements dangereux atteindre la surface de la Terre. Nous avons permis aux industriels de faire usage de notre monde comme de leur décharge privée et la source de leurs profits au point de menacer l’existence même de la vie telle que nous la connaissons. Des espèces disparaissent à un rythme inédit ; les températures moyennes augmentent sur toute la planète, entraînant guerres, famines et migrations de masse.

    NOUS SOMMES EN TRAIN D’ENGENDRER UN MONDE DYSTOPIQUE OÙ SEULS LES PUISSANTS ET LES RICHES SERONT EN MESURE DE SURVIVRE, CLOÎTRÉS DERRIÈRE LES MURS DE LEURS ENCLAVES PRIVILÉGIÉES

    Nous avons accepté que les ouvriers et le reste de la population soient les principales victimes de cette cupidité, mais nous risquons désormais d’accepter que des régions entières deviennent inhabitables. Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon) sont sans doute les cas les plus connus. Mais le péril, en Europe et aux Etats-Unis, n’est plus un secret : Anniston (Alabama), Dzerjinsk (Russie), les océans et d’autres endroits à travers le monde sont pratiquement devenus des zones mortes où les produits industriels ont endommagé l’environnement de manière irrémédiable.

    Alors que nous observons les effets du réchauffement climatique submerger les nations, de nouvelles questions, d’ordre plus existentiel, surgissent aujourd’hui. Nous produisons des matériaux « contre nature » pour l’être humain et la planète ; leurs conséquences sont irréversibles et rendent la vie impossible pour des millions de personnes. Nous sommes en train d’engendrer un monde dystopique où seuls les puissants et les riches seront en mesure de survivre, cloîtrés derrière les murs de leurs enclaves privilégiées. La planète est certes résiliente : elle continuera de tourner sur son axe et d’accueillir la vie. Mais que cette vie prenne la forme d’êtres humains, rien n’est moins sûr.

  • La plus grande menace sur la vie a l’odeur d’oeufs pourris | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2018/08/20/la-plus-grande-menace-sur-la-vie-a-l-odeur-d-oeufs-pourris

    La Terre aurait subi un effet de serre mortel à plusieurs reprises. cette nouvelle théorie explique les extinctions de masse à la fin du Permien, il y a 251 millions d’années, et de la fin du Trias 50 millions d’années plus tard. Un réchauffement global intense aurait empoisonné l’océan, semant la mort dans les mers et sur les continents. Voici le scénario de cette théorie : il commence quand une activité volcanique importante libère de grands volumes de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère. Ces gaz entraînent un réchauffement global rapide. L’océan, plus chaud, absorbe moins bien l’oxygène de l’atmosphère, qui s’infiltre en quantité réduite dans les profondeurs océaniques. Il en résulte une déstabilisation de la « chimiocline » (le seuil d’équilibre entre les eaux oxygénées de la surface et les eaux riches en sulfure d’hydrogène, ou H2S, produits par les bactéries anaérobies des profondeurs). Les bactéries anaérobies prospèrent tellement que l’eau saturée en sulfure d’hydrogène atteint brusquement la surface de l’océan. Les bactéries photosynthétiques vertes et violettes qui consomment du sulfure d’hydrogène et vivent normalement au niveau de la chimiocline occupent alors les eaux de surface privées d’oxygène et riches en sulfure d’hydrogène, tandis que les formes de vie marine respirant de l’oxygène suffoquent. Le sulfure d’hydrogène diffuse également dans l’air, tuant animaux et plantes terrestres et s’élevant dans la troposphère où il attaque la couche d’ozone protectrice. Sans ce bouclier, rayonnement ultraviolet du Soleil tue ce qui reste de la vie...

    Enfin, cette hypothèse ne s’applique pas qu’à la fin du Permien. Une extinction mineure de la fin du Paléocène, il y a 54 millions d’années, avait déjà été attribuée à une période d’anoxie océanique déclenchée par un réchauffement global. Des preuves biologiques suggèrent que c’est aussi ce qui s’est passé à la fin du Trias, au milieu du Crétacé et à la fin du Dévonien : les extinctions par effet de serre massif seraient récurrentes.

    Les concentrations de dioxyde de carbone atmosphérique étaient élevées lors des grandes extinctions en masse, suggérant un rôle du réchauffement global dans ses événements. Aujourd’hui, le dioxyde de carbone atteint 385 parties par million (ppm) et devrait augmenter de 2 ou 3 ppm chaque année. A ce rythme, de dioxyde de carbone atmosphérique atteindra 900 ppm à la fin du siècle prochain, une concentration proche de celle qui régnait lors de l’extinction thermique du Paléocène il y a 54 millions d’années.

    #it_has_begun (parce que quand tu constates la décomposition accélérée de ce gouvernement de raclures, bref ...)

  • Un appel face à la fin du monde
    https://diacritik.com/2018/08/27/un-appel-face-a-la-fin-du-monde
    https://i2.wp.com/diacritik.com/wp-content/uploads/2018/08/desertification-tchad-marocaine-660x330.jpg?fit=660%2C330&ssl=1

    Les initiatives « locales » et la volonté citoyenne ne suffisent plus. Il est aujourd’hui vital que des décisions politiques drastiques – et contraignantes donc impopulaires – soient prises. Elles ne le seront que sous notre pression. Voilà le paradoxe avec lequel il faut jouer.

    • « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité » : l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/09/03/le-plus-grand-defi-de-l-histoire-de-l-humanite-l-appel-de-200-personnalites-

      Tribune. Quelques jours après la démission de Nicolas Hulot, nous lançons cet appel : face au plus grand défi de l’histoire de l’humanité, le pouvoir politique doit agir fermement et immédiatement. Il est temps d’être sérieux.

      Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l’eau et de l’air, déforestation rapide : tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique.

      Il est trop tard pour que rien ne se soit passé : l’effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent. Mais il n’est pas trop tard pour éviter le pire.

      Nous considérons donc que toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible.

      Nous considérons qu’un gouvernement qui ne ferait pas du sauvetage de ce qui peut encore l’être son objectif premier et revendiqué ne saurait être pris au sérieux.

      Nous proposons le choix du politique – loin des lobbys – et des mesures potentiellement impopulaires qui en résulteront.

      C’est une question de survie. Elle ne peut, par essence, pas être considérée comme secondaire.

      De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené.

      Avec une petite interview…
      https://www.youtube.com/watch?v=mFC1yxiOtgg

      #tribune #climat #effondrement

      À force, ça va vraiment finir par être trop tard :/

    • « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité » : l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète
      Le Monde, le 3 septembre 2018

      Isabelle Adjani, actrice ; Laure Adler, journaliste ; Pedro Almodovar, cinéaste ; Laurie Anderson, artiste ; Charles Aznavour, chanteur ; Santiago Amigorena, écrivain ; Pierre Arditi, acteur ; Niels Arestrup, acteur ; Ariane Ascaride, actrice ; Olivier Assayas, cinéaste ; Yvan Attal, acteur, cinéaste ; Josiane Balasko, actrice ; Aurélien Barrau, astrophysicien (Institut universitaire de France) ; Nathalie Baye, actrice ; Emmanuelle Béart, actrice ; Xavier Beauvois, cinéaste ; Alain Benoit, physicien (Académie des sciences) ; Jane Birkin, chanteuse, actrice ; Juliette Binoche, actrice ; Benjamin Biolay, chanteur ; Dominique Blanc, actrice ; Gilles Boeuf, biologiste ; Mathieu Boogaerts, chanteur ; John Boorman, cinéaste ; Romane Bohringer, actrice ; Carole Bouquet, actrice ; Stéphane Braunschweig, metteur en scène ; Zabou Breitman, actrice, metteuse en scène ; Nicolas Briançon, acteur, metteur en scène ; Irina Brook, metteuse en scène ; Valeria Bruni Tedeschi, actrice, cinéaste ; Florence Burgat, philosophe ; Gabriel Byrne, acteur ; Cali, chanteur ; Sophie Calle, artiste ; Jane Campion, cinéaste ; Isabelle Carré, actrice ; Emmanuel Carrère, écrivain ; Anne Carson, auteure et professeure ; Michel Cassé, astrophysicien ; Laetitia Casta, actrice ; Bernard Castaing, physicien (Académie des sciences) ; Antoine de Caunes, journaliste, cinéaste ; Alain Chamfort, chanteur ; Boris Charmatz, chorégraphe ; Christiane Chauviré, philosophe ; Jeanne Cherhal, chanteuse ; François Civil, acteur ; Hélène Cixous, écrivaine ; Isabel Coixet, cinéaste ; Françoise Combes, astrophysicienne (Collège de France) ; François Cluzet, acteur ; Gregory Colbert, photographe, cinéaste ; Bradley Cooper, acteur ; Brady Corbet, acteur ; Béatrice Copper-Royer, psychologue ; Marion Cotillard, actrice ; Denis Couvet, écologue ; Camille Cottin, actrice ; Clotilde Courau, actrice ; Franck Courchamp, écologue (Académie européenne des sciences) ; Nicole Croisille, chanteuse ; David Cronenberg, cinéaste ; Alfonso Cuaro, cinéaste ; Willem Dafoe, acteur ; Philippe Decouflé, chorégraphe ; Sébastien Delage, musicien ; Vincent Delerm, chanteur ; Alain Delon, acteur ; Catherine Deneuve, actrice ; Claire Denis, cinéaste ; Philippe Descola, anthropologue (Collège de France) ; Alexandre Desplat, compositeur ; Manu Dibango, musicien ; Hervé Dole, astrophysicien (Institut universitaire de France) ; Valérie Dréville, actrice ; Diane Dufresne, chanteuse ; Sandrine Dumas, actrice, metteuse en scène ; Romain Duris, acteur ; Lars Eidinger, acteur ; Marianne Faithfull, chanteuse ; Pierre Fayet, physicien (Académie des sciences) ; Ralph Fiennes, acteur ; Frah (Shaka Ponk), chanteur ; Cécile de France, actrice ; Stéphane Freiss, acteur ; Thierry Frémaux, directeur de festival ; Jean-Michel Frodon, critique, professeur ; Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile ; Pierre-Henri Gouyon, biologiste ; Julien Grain, astrophysicien ; Anouk Grinberg, actrice ; Mikhaïl Gromov, mathématicien (Académie des sciences) ; Sylvie Guillem, danseuse étoile ; Arthur H, chanteur ; Ethan Hawke, acteur ; Christopher Hampton, scénariste ; Nora Hamzawi, actrice ; Ivo Van Hove, metteur en scène ; Isabelle Huppert, actrice ; Agnès Jaoui, actrice, cinéaste ; Michel Jonasz, chanteur ; Camelia Jordana, chanteuse ; Jean Jouzel, climatologue (Académie des sciences) ; Juliette, chanteuse ; Anish Kapoor, sculpteur, peintre ; Mathieu Kassovitz, acteur ; Angélique Kidjo, chanteuse ; Cédric Klapisch, cinéaste ; Thierry Klifa, cinéaste ; Panos H. Koutras, cinéaste ; Lou de Laâge, actrice ; Ludovic Lagarde, metteur en scène ; Laurent Lafitte, acteur ; Laurent Lamarca, chanteur ; Maxence Laperouse, comédien ; Camille Laurens, écrivaine ; Bernard Lavilliers, chanteur ; Sandra Lavorel, écologue (Académie des sciences) ; Jude Law, acteur ; Patrice Leconte, cinéaste ; Roland Lehoucq, astrophysicien ; Gérard Lefort, journaliste ; Nolwenn Leroy, chanteuse ; Peter Lindbergh, photographe ; Louane, chanteuse ; Luce, chanteuse ; Ibrahim Maalouf, musicien ; Vincent Macaigne, metteur en scène, acteur ; Benoît Magimel, acteur ; Yvon Le Maho, écologue (Académie des sciences) ; Andreï Makine, écrivain de l’Académie Française ; Abd al Malik, rappeur ; Sophie Marceau, actrice ; Virginie Maris, philosophe ; André Markowicz, traducteur ; Nicolas Martin, journaliste ; Vincent Message, écrivain ; Wajdi Mouawad, metteur en scène ; Nana Mouskouri, chanteuse ; Jean-Luc Nancy, philosophe ; Arthur Nauzyciel, metteur en scène ; Safy Nebbou, cinéaste ; Pierre Niney, acteur ; Helena Noguerra, chanteuse ; Claude Nuridsany, cinéaste ; Michael Ondaatje, écrivain ; Thomas Ostermeier, metteur en scène ; Clive Owen, acteur ; Corine Pelluchon, philosophe ; Laurent Pelly, metteur en scène ; Raphaël Personnaz, acteur ; Dominique Pitoiset, metteur en scène ; Denis Podalydès, acteur ; Pomme, chanteuse ; Martin Provost, cinéaste ; Olivier Py, metteur en scène ; Susheela Raman, chanteuse ; Charlotte Rampling, actrice ; Raphaël, chanteur ; Régine, chanteuse ; Cécile Renault, astrophysicienne ; Robin Renucci, acteur ; Jean-Michel Ribes, metteur en scène ; Tim Robbins, acteur ; Muriel Robin, actrice ; Isabella Rossellini, actrice ; Brigitte Roüan, actrice, cinéaste ; Carlo Rovelli, physicien (Institut universitaire de France) ; Eric Ruf, directeur de la Comédie-Française ; Céline Sallette, actrice ; Rodrigo Santoro, acteur ; Marjane Satrapi, cinéaste ; Kristin Scott Thomas, actrice ; Albin de la Simone, musicien ; Abderrahmane Sissako, cinéaste ; Marianne Slot, productrice ; Patti Smith, chanteuse, écrivaine ; Sabrina Speich, géoscientifique ; Marion Stalens, réalisatrice ; Kristen Stewart, actrice ; Tom Stoppard, dramaturge ; Peter Suschitzky, chef opérateur ; Malgorzata Szumowska, cinéaste ; Béla Tarr, cinéaste ; Gilles Taurand, scénariste ; Alexandre Tharaud, musicien ; James Thierrée, danseur, chorégraphe ; Mélanie Thierry, actrice ; Danièle Thompson, cinéaste ; Melita Toscan du Plantier, attachée de presse ; Jean-Louis Trintignant, acteur ; John Turturro, acteur ; Hélène Tysman, pianiste ; Pierre Vanhove, physicien ; Karin Viard, actrice ; Polydoros Vogiatzis, acteur ; Rufus Wainwright, chanteur ; Régis Wargnier, cinéaste ; Jacques Weber, acteur ; Wim Wenders, cinéaste ; Sonia Wieder-Atherton, musicienne ; Bob Wilson, metteur en scène ; Lambert Wilson, acteur ; Jia Zhang-ke, cinéaste ; Elsa Zylberstein, actrice