• *Désinformer en informant - le #rapport_Bronner*

    Imputer à « la destructuration du paysage informatif » l’assaut du Capitole, les antivaccins et le risque de voir emportée la cohésion nationale, comme le fait le Président dans sa lettre de mission, est une démarche audacieuse et abusive, mais elle comporte l’avantage immense d’exonérer le politique. La désinformation aussi est toujours celle des autres.

    –-> Lettre à #Gérald_Bronner, président de la commission « Les lumières à l’ère numérique ». Quand la lutte contre la désinformation désinforme :

    Monsieur,

    « #Didier_Raoult est un grand scientifique français. », disait le 2 septembre 2021, le président de la République, qui insistait : "Il faut rendre justice à Didier Raoult, qui est un grand scientifique"[1].
    Le 29 septembre 2021, dans la lettre de mission par laquelle il vous demandait de présider la commission de haut niveau qui allait prendre pour titre « #Les_lumières_à_l’ère_numérique », le président faisait figurer parmi les phénomènes inquiétants qui rendaient opportune la mise en place de votre mission, la montée des #mouvements_antivaccins, qu’il rattachait à l’éclatement des sources d’information, comme il le faisait pour la prise du #Capitole.
    Chacun le sait, les adversaires du vaccin trouvent dans les interventions publiques du docteur Raoult une forme presque irremplaçable de légitimation[2].
    Dans votre rapport, vous vous référez à une étude qui montre, je vous cite, que, dans l’ensemble, les Français s’informent eux aussi majoritairement sur des sources web fiables. Selon cette étude, la consultation de sites non fiables sur Internet représenterait environ 0.4% du temps de connexion à Internet des résidents en France. On lit dans la même étude que 95% du temps que les Français passent à s’informer est consacré à des sites fiables.
    La désinformation dont sont victimes les Français ne semble pouvoir être détachée, sans simplification abusive, ni de déclarations telles que celles du président ni des sites fiables qui les véhiculent. On peut rappeler d’autres épisodes : #Olivier_Véran et les #masques inutiles contre le #COVID, le président et le chlordécone, les ministres #Blanquer et #Darmanin sur le prétendu déficit de petites filles musulmanes à l’Ecole, le ministre Blanquer au sujet des ventes d’écrans plats au mois de septembre, la ministre Vidal et son observatoire des libertés académiques[3], etc.
    Il est établi, en outre, que les #lobbies_industriels parviennent à désinformer les citoyens avec une redoutable efficacité (tabac, sucre, réchauffement climatique…)[4] et ce, par le truchement de sites fiables ou de personnalités respectables.
    En se focalisant sur les sites non fiables et sur les #réseaux_sociaux, votre rapport donne une image biaisée de la désinformation, comme si les manifestations de celle-ci ne devaient pas avoir grand-chose à voir avec les acteurs publics ou privés respectables dans sa genèse et avec les médias fiables dans sa diffusion.
    Ce #biais était attendu et il transparaissait déjà dans la lettre de mission du Président, qui, on l’a vu, présente la #prise_du_Capitole comme une conséquence de l’éclatement des sources d’information, mais omet de mentionner le discours de monsieur Trump ou l’organisation tout sauf spontanée des émeutiers. A lire le Président, on pourrait penser que la prise du Capitole a été un effet émergent des réseaux sociaux et que tel est le cas aussi pour les antivaccins.
    Il faut cependant noter que le Président affirme aussi que ces antivaccins n’ont pas prospéré. Il vous a fallu donc vous intéresser à la montée des antivaccins provoquée par la révolution virtuelle en dépit du fait que cette montée n’a pas prospéré.
    A titre subsidiaire, on observera que le Président affirme que les antivaccins ont cessé d’être des citoyens, ce qui est inexact, et qu’il veut les emmerder, ce qui pourrait être un propos haineux, sur la prévention desquels le Président vous demande aussi, dans sa lettre de mission, de réfléchir. Sans doute avez-vous manqué de temps pour vous intéresser à ces propos, tenus peu de temps avant la remise de votre rapport, mais on se souvient ceux de février 2019 au sujet du prétendu parler des boxeurs gitans et de l’impossibilité pour cette catégorie de la population de s’exprimer correctement. On ne sait pas si les conséquences de ce genre d’affirmations, devenues virales, doivent être imputées aux réseaux ou au Président. C’est une question importante que vous n’approfondissez pas.
    Mais en vérité, le Président va plus loin, car, selon lui, les développements d’#Internet mettent en cause rien de moins que la #cohésion_nationale et c’est en tant que garant de cette dernière qu’il agit lorsqu’il vous demande de prendre la tête de la commission qu’il met en place. Imputer à Internet l’affaiblissement de la cohésion nationale a pour effet de rendre moins visibles d’autres causes plus massives, plus directes, plus politiques et qui ne relèvent pas du fonctionnement des algorithmes des gafam, mais se trouvent dans le périmètre d’action du politique. La cohésion nationale est-elle affaiblie parce que le Président exclut de la #citoyenneté une partie de la population ou parce que cette déclaration, pensée sans doute pour l’être, devient virale ?
    Se concentrer sur ce qui est périphérique et occulter l’essentiel est une tactique de désinformation fréquemment utilisée par l’industrie du tabac et autres marchands de doute, connus pour financer des études sur tous les sujets possibles afin de noyer l’essentiel. Situer Internet au centre de la question de la désinformation et de l’affaiblissement de la cohésion nationale et en faire le point de départ, comme le veut la lettre de mission que vous avez reçue, donne une vision déformée de ces problèmes qui exonère le pouvoir politique et les médias fiables de leurs #responsabilités.
    On peut craindre dès lors que votre rapport ait surtout pour effet de renforcer la croyance selon laquelle la désinformation n’est jamais le fait de #médias fiables, des gouvernants ou des entreprises et que l’affaiblissement de la cohésion nationale découle d’Internet et non, par exemple, des inégalités sociales et de l’absence de volonté de les réduire ou de l’impuissance du politique à le faire.
    Par construction, par commande du Président, le #désordre_informationnel devait être rattaché par votre commission aux sites non fiables et aux réseaux sociaux. Vous ne deviez pas chercher à savoir si le gouvernement, les sites fiables ou les lobbies désinforment. Vous deviez, pour ainsi dire, vous intéresser aux 5%, pas aux 95%. C’est ce que vous avez fait. Que votre analyse de ces 5% soit souvent pertinente n’y change rien.
    C’est cette démarche, au demeurant, qu’adopte l’Education Nationale ; votre rapport y sera sans doute cité et diffusé. Il y sera fait appel dans les stages par lesquels notre institution veut centrer notre réflexion sur la désinformation aux phénomènes que vous commentez. Votre rapport contribuera probablement à rendre plus difficile notre mission de traiter de façon objective la question de la désinformation.

    Bien à vous,

    Nowenstein, professeur agrégé.

    [1] La video est consultable ici : https://www.dailymotion.com/video/x83wskh

    [2] Cet article du Monde reprend certaines déclarations du docteur Raoult qui ont contribué à semer le doute sur l’intérêt du vaccin contre le COVID : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/01/12/la-tumultueuse-fin-de-regne-de-didier-raoult-desavoue-par-sa-fille-medecin-e

    [3] Sur ces quatre derniers sujets, j’ai écrit par la voie hiérarchique aux intéressés sans jamais obtenir de réponse. Voir ici.

    [4] On se rappelle, par exemple, les déclarations su président Macron en faveur du #vin (https://sebastiannowenstein.org/2020/01/21/lettre-au-president-macron-par-la-voie-hierarchique-au-sujet-du) : il arrive souvent qu’il soit difficile de dissocier acteurs privés et publics dans des actions qui ont pour effet de produire de la désinformation dans l’#opinion_publique.

    #désinformation #Bronner #vaccins #santé #mensonges #Macron #Emmanuel_Macron #Macronisme #Raoult #anti-vaxx #anti-vax

  • De la Guerre froide à la guerre contre le terrorisme : le danger des « solutions » autoritaires – par Glenn Greenwald
    https://www.les-crises.fr/de-la-guerre-froide-a-la-guerre-contre-le-terrorisme-le-danger-des-soluti

    Source : Glenn Greenwald Traduit par les lecteurs du site Les-Crises De la guerre froide à la guerre contre le terrorisme : les dégâts causés par les « solutions » autoritaires sont souvent plus importants que les menaces qu’elles sont prétendument destinées à combattre. Des membres de la Garde nationale et de la police de Washington montent la garde pour empêcher les manifestants d’approcher du #Capitole américain le 6 janvier 2021 à Washington (Photo de Samuel Corum/Getty Images) Dans les jours et les semaines qui ont suivi l’attaque du 11-Septembre, les Américains étaient unanimes dans l’horreur émotionnelle de ce qui avait été fait à leur pays ainsi que dans leur volonté de soutenir la répression et la violence en réponse. En conséquence, il y avait peu de place pour exprimer des inquiétudes sur les (...)

    #Géopolitique #États-Unis #Géopolitique,_Capitole,_États-Unis

  • The Capitol Rioters Aren’t Like Other Extremists - The Atlantic
    https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2021/02/the-capitol-rioters-arent-like-other-extremists/617895

    (...) the demographic profile of the suspected Capitol rioters is different from that of past right-wing extremists. The average age of the arrestees we studied is 40. Two-thirds are 35 or older, and 40 percent are business owners or hold white-collar jobs. Unlike the stereotypical extremist, many of the alleged participants in the Capitol riot have a lot to lose. They work as CEOs, shop owners, doctors, lawyers, IT specialists, and accountants. Strikingly, court documents indicate that only 9 percent are unemployed. Of the earlier far-right-extremist suspects we studied, 61 percent were under 35, 25 percent were unemployed, and almost none worked in white-collar occupations.

    #Capitole #USA #fascistes

  • Les fous et les sages – réflexions sur la fin de la présidence Trump, Jacques Rancière
    https://aoc.media/opinion/2021/01/13/les-fous-et-les-sages-reflexions-sur-la-fin-de-la-presidence-trump

    Après l’assaut du Capitole, on peut s’étonner de voir les partisans de Trump s’acharner à nier les faits au point de sombrer dans une violence fanatique. Certains les voient comme des esprits crédules trompés par des fake news. Mais comment croire encore à cette fable quand on vit dans un monde où surabondent l’information et les commentaires qui « décryptent » l’information ? En fait, si l’on refuse l’évidence, ce n’est pas parce qu’on est bête, c’est pour montrer qu’on est intelligent. Signe d’une perversion inscrite dans la structure même de notre raison.

    Il est facile de se moquer des errements de Donald Trump et de s’indigner de la violence de ses fanatiques. Mais le déchaînement de l’irrationalité la plus pure au cœur du processus électoral du pays le mieux formé à gérer les alternances du système représentatif nous pose aussi des questions sur le monde que nous partageons avec lui : un monde que nous pensions être celui de la pensée rationnelle et de la démocratie paisible. Et la première question est bien sûr : comment peut-on mettre tant d’acharnement à ne pas reconnaître les faits les mieux attestés et comment cet acharnement peut-il se trouver aussi largement partagé ou soutenu ?

    Certains voudraient encore s’accrocher à la vieille planche de salut : ceux qui ne veulent pas reconnaître les faits seraient des ignorants mal informés ou des esprits crédules trompés par des fake news. C’est l’idylle classique d’un bon peuple qui se laisse prendre par simplicité d’esprit et auquel il faudrait seulement apprendre à s’informer sur les faits et à les juger avec un esprit critique. Mais comment croire encore à cette fable de la naïveté populaire quand on vit dans un monde où les moyens d’information, les moyens de vérifier l’information et les commentaires qui « décryptent » toute information abondent et surabondent à la disposition de tous ?

    Il faut bien alors renverser l’argument : si l’on refuse l’évidence, ce n’est pas parce qu’on est bête, c’est pour montrer qu’on est intelligent. Et l’intelligence, c’est bien connu, consiste à se méfier des faits et à se demander à quoi sert cette énorme masse d’information déversée sur nous chaque jour. À quoi la réponse se propose tout naturellement que c’est bien évidemment pour tromper le monde, car ce qui s’étale à la vue de tous est généralement là pour couvrir la vérité, qu’il faut savoir découvrir cachée sous l’apparence fallacieuse des faits donnés.

    La force de cette réponse est de satisfaire en même temps les plus fanatiques et les plus sceptiques. Un des traits remarquables de la nouvelle extrême droite, c’est la place qu’y tiennent les théories conspirationnistes et négationnistes. Celles-ci présentent des aspects délirants, comme la théorie du grand complot international des pédophiles. Mais ce délire n’est en dernier ressort que la forme extrême d’un type de rationalité qui est généralement valorisé dans nos sociétés : celui qui commande de voir en tout fait particulier la conséquence d’un ordre global et de le replacer dans l’enchaînement d’ensemble qui l’explique et qui le montre au final bien différent de ce qu’il semblait être d’abord.

    La possibilité de tout nier ne relève pas du « relativisme ». Elle est une perversion inscrite dans la structure même de notre raison.

    On sait que ce principe d’explication de tout fait par l’ensemble de ses connexions se lit aussi à l’envers : il est toujours possible de nier un fait en invoquant l’absence d’un lien dans la chaîne des conditions qui le rendent possible. C’est ainsi, on le sait, que des intellectuels marxistes radicaux ont nié l’existence des chambres à gaz nazies parce qu’il était impossible de déduire leur nécessité de la logique d’ensemble du système capitaliste. Et aujourd’hui encore des intellectuels subtils ont vu dans le coronavirus une fable inventée par nos gouvernements pour mieux nous contrôler.

    Les théories complotistes et négationnistes relèvent d’une logique qui n’est pas réservée aux esprits simples et aux cerveaux malades. Leurs formes extrêmes témoignent de la part de déraison et de superstition présente au cœur de la forme de rationalité dominante dans nos sociétés et dans les modes de pensée qui en interprètent le fonctionnement. La possibilité de tout nier ne relève pas du « relativisme » mis en cause par les graves esprits qui s’imaginent être les gardiens de l’universalité rationnelle. Elle est une perversion inscrite dans la structure même de notre raison.

    On dira qu’il ne suffit pas d’avoir les armes intellectuelles qui permettent de tout nier. Il faut encore le vouloir. C’est tout à fait juste. Mais il faut bien voir en quoi consiste cette volonté ou plutôt cet affect qui porte à croire ou à ne pas croire.

    Il est peu probable que les soixante-quinze millions d’électeurs qui ont apporté leur suffrage à Trump soient autant de cerveaux faibles convaincus par ses discours et par les fausses informations qu’ils véhiculent. Ils ne croient pas au sens où ils tiendraient pour vrai ce qu’il dit. Ils croient au sens où ils sont heureux d’entendre ce qu’ils entendent : un plaisir qui peut, tous les quatre ou cinq ans, s’exprimer par un bulletin de vote, mais qui s’exprime bien plus simplement tous les jours par un simple like. Et ceux qui colportent les fausses informations ne sont ni des naïfs qui les imaginent vraies ni des cyniques qui les savent fausses. Ce sont simplement des gens qui ont envie que ce soit comme ça, envie de voir, de penser, de sentir et de vivre dans la communauté sensible que tissent ces paroles.

    Comment penser cette communauté et cette envie ? C’est là que guette une autre notion produite par la paresse satisfaite, celle de populisme. Celle-ci n’invoque plus un peuple bon et naïf, mais, à l’inverse, un peuple frustré et envieux, prêt à suivre celui qui sait incarner ses rancœurs et en désigner la cause.

    Trump, nous dit-on volontiers, est le représentant de tous les petits Blancs en détresse et en colère : les laissés-pour-compte des transformation économiques et sociétales, qui ont perdu leur emploi avec la désindustrialisation et leurs repères identitaires avec les nouvelles formes de vie et de culture, ceux qui se sentent abandonnés par les élites politiques lointaines et méprisés par les élites diplômées. La chanson n’est pas nouvelle : c’est déjà ainsi que le chômage servait dans les années 1930 d’explication au nazisme et ressert indéfiniment pour expliquer toute poussée de l’extrême droite dans nos pays. Mais comment croire sérieusement que les soixante-quinze millions d’électeurs de Trump répondent à ce profil de victimes de la crise, du chômage et du déclassement ? Il faut alors renoncer à la seconde planche de salut du confort intellectuel, la seconde figure du peuple traditionnellement chargée du rôle de l’acteur irrationnel : ce peuple frustré et brutal qui fait pendant au peuple bon et naïf.

    Il faut, plus profondément, mettre en question cette forme de rationalité pseudo-savante qui s’attache à faire des formes d’expression politiques du sujet-peuple des traits appartenant à telle ou telle couche sociale en ascension ou en déclin. Le peuple politique n’est pas l’expression d’un peuple sociologique qui lui préexisterait. Il est une création spécifique : le produit d’un certain nombre d’institutions, de procédures, de formes d’action, mais aussi de mots, de phrases, d’images et de représentations qui n’expriment pas les sentiments du peuple mais créent un certain peuple, en lui créant un régime spécifique d’affects.

    La passion à laquelle Trump fait appel n’a rien de mystérieux, c’est la passion de l’inégalité.

    Le peuple de Trump n’est pas l’expression de couches sociales en difficulté et à la recherche d’un protecteur. C’est d’abord le peuple produit par une institution spécifique où beaucoup s’entêtent à voir l’expression suprême de la démocratie : celle qui établit un rapport immédiat et réciproque entre un individu censé incarner le pouvoir de tous et un collectif d’individus censé se reconnaître en lui. C’est ensuite le peuple construit par une forme particulière d’adresse, cette adresse personnalisée permise par les technologies nouvelles de la communication, où le leader parle tous les jours à chacun et à tous, à la fois comme homme public et comme homme privé, utilisant les mêmes formes de communication qui permettent à chacun et à tous de dire quotidiennement ce qu’ils ont dans la tête ou sur le cœur.

    C’est enfin le peuple construit par le système spécifique d’affects que Donald Trump a entretenu à travers ce système de communication : un système d’affects qui n’est destiné à aucune classe particulière et qui ne joue pas sur la frustration mais au contraire sur la satisfaction de sa condition, non pas sur le sentiment de l’inégalité à réparer mais sur celui du privilège à maintenir contre tous ceux qui voudraient y attenter.

    La passion à laquelle Trump fait appel n’a rien de mystérieux, c’est la passion de l’inégalité, celle qui permet également aux riches et aux pauvres de se trouver une multitude d’inférieurs sur lesquels ils doivent à tout prix conserver leur supériorité. Il y a en effet toujours une supériorité à laquelle on peut participer : supériorité des hommes sur les femmes, des femmes blanches sur les femmes de couleur, des travailleurs sur les chômeurs, de ceux qui travaillent dans les métiers d’avenir sur les autres, de ceux qui ont une bonne assurance sur ceux qui dépendent de la solidarité publique, des autochtones sur les migrants, des nationaux sur les étrangers et des citoyens de la nation-mère de la démocratie sur le reste de l’humanité.

    La coprésence, dans le Capitole occupé par les nervis trumpistes, du drapeau des treize États fondateurs et du drapeau du Sud esclavagiste illustre assez bien ce singulier montage qui fait de l’égalité une preuve suprême d’inégalité et de la pursuit of happiness un affect haineux. Mais, pas plus qu’à une couche sociale particulière, cette identification du pouvoir de tous à la collection innombrable des supériorités et des haines n’est assimilable à l’ethos d’une nation particulière. Nous savons le rôle qu’a tenu ici l’opposition entre la France travailleuse et la France assistée, entre ceux qui vont de l’avant et ceux qui restent crispés sur les systèmes de protection sociale archaïques, ou entre les citoyens du pays des Lumières et des droits de l’homme et les populations arriérées et fanatiques qui menacent son intégrité. Et nous pouvons voir tous les jours sur Internet la haine de toute forme d’égalité ressassée jusqu’à plus soif par les commentaires des lecteurs de journaux.

    De même que l’entêtement à nier n’est pas la marque des esprits arriérés mais une variante de la rationalité dominante, la culture de la haine n’est pas le fait de couches sociales déshéritées mais un produit du fonctionnement de nos institutions. Elle est une manière de faire-peuple, une manière de créer un peuple qui appartient à la logique inégalitaire. Il y a près de deux cent ans que le penseur de l’émancipation intellectuelle, Joseph Jacotot, avait montré la façon dont la déraison inégalitaire faisait tourner une société où tout inférieur était à même de se trouver un inférieur et de jouir de sa supériorité sur lui. Il y a seulement un quart de siècle, j’avais, pour mon compte, suggéré que l’identification de la démocratie au consensus produisait, à la place du peuple déclaré archaïque de la division sociale, un peuple bien plus archaïque fondé sur les seuls affects de la haine et de l’exclusion.

    Plutôt qu’au confort de l’indignation ou de la dérision, les événements qui ont marqué la fin de la présidence de Donald Trump devraient nous inciter à un examen un peu plus approfondi des formes de pensée que nous appelons rationnelles et des formes de communauté que nous appelons démocratiques.

    #Capitole #Trump #peuple #complotisme #égalité #passion_de_l'inégalité

  • « C’est le moment de vérité pour l’aile “légitimiste” du Parti républicain », Anne Deysine
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/13/anne-deysine-c-est-le-moment-de-verite-pour-l-aile-legitimiste-du-parti-repu

    Dans une tribune au « Monde », la juriste estime que si Donald Trump doit rendre compte à la justice, les élus qui l’ont soutenu jusqu’au bout aussi. Car, selon elle, les risques qu’il y aurait à laisser impunis les crimes et violations sont équivalents à ceux qui ont conduit à la guerre de Sécession.

    Tribune. Pour Joe Biden et certains démocrates, la tentation est grande de ne rien faire à l’encontre de Donald Trump. Après tout, il ne reste que dix jours, certes longs et remplis d’angoisse, mais peut-être est-il possible de juste espérer que rien de grave ne se produise d’ici au 20 janvier. Pourtant le choc, psychologique et constitutionnel, de l’assaut sur le Capitole a été considérable car il s’agit d’une icône culturelle qui figure notamment sur les billets de 50 dollars. Surtout, il fait partie, comme la Constitution, des emblèmes de cette religion civile omniprésente aux Etats-Unis. A ce titre, l’assaut est l’équivalent de la profanation d’un lieu saint.

    Les violations commises, depuis les pressions à la fraude électorale jusqu’à l’incitation répétée à la violence, constituent non seulement des atteintes pénales passibles de poursuites et de sanctions en vertu du #droit fédéral et du droit local, mais elles sont aussi caractéristiques des « crimes et délits » de nature plus politique que juridique que les Pères fondateurs avaient en tête lorsqu’ils ont prévu la procédure de mise en accusation ( impeachment ).

    Il est donc essentiel de marquer un coup d’arrêt de façon que ces comportements soient bien identifiés comme non acceptables dans la tradition constitutionnelle américaine et ne pouvant en aucun cas constituer un précédent pour l’avenir.

    Intérêt partisan à court terme

    Cela est d’autant plus important que l’impression qui domine est le sentiment d’impunité de tous les acteurs, depuis le président jusqu’à ceux qui ont pris d’assaut le #Capitole sans même prendre la peine de se cacher ou de porter un masque, en passant par les politiques, y compris des sénateurs, juristes de haut niveau. Tels Josh Hawley ou Ted Cruz, qui ne pouvaient ignorer les graves dommages que leur non-résistance aux mensonges de #Trump infligeait au système électoral, aux institutions et à la démocratie.

    Tout comme les 17 procureurs généraux d’Etats républicains qui ont contesté les résultats devant les juridictions pour des motifs purement politiques. Tous ont donné crédit aux accusations quotidiennes de fraude électorale massive, non existante, et d’élection volée. En privilégiant leur intérêt partisan à court terme, ils sont allés contre l’intérêt général et ont violé leur serment de défendre la #Constitution.
    Donald Trump a su se sortir de quelque 4 000 actions en justice et, durant sa campagne, il a claironné qu’il était au-dessus de la loi. A l’annonce des résultats de l’élection, le 7 novembre, il a répété quotidiennement les accusations de fraude avant de téléphoner au responsable électoral en Géorgie, pour lui demander de « trouver 11 870 votes » ; et enfin il y a eu son exhortation à prendre d’assaut le Capitole. En violation ouverte de la Constitution et du serment de défendre et de faire appliquer la loi.

    Mettre fin à l’impunité

    Ce n’est pas le comportement d’un président et il est important que par des voies politiques et/ou juridictionnelles, ces actes soient sanctionnés comme inacceptables. Il existe des moyens politiques et judiciaires pour mettre fin à cette impunité, mais leur mise en œuvre se heurte à de nombreux obstacles. Ainsi, le 25e amendement permet au vice-président et à la majorité des membres du cabinet de soulever l’incapacité, ici psychologique, du président. Mais il faudrait que Mike Pence, qui a certes certifié les résultats malgré toutes les pressions de Donald Trump, se décide à le lâcher complètement. C’est loin d’être assuré car il a besoin de la base électorale de Trump pour une éventuelle candidature en 2024.

    La vraie solution est l’#impeachment, et des versions d’articles de mise en accusation circulent déjà. Les motifs sont nombreux : violation du serment de défendre la Constitution ; incitation à l’insurrection pour interrompre le processus constitutionnel de certification des voix et la certification des résultats ; sans oublier l’incitation à la fraude électorale.

    Le président élu, Joe #Biden, a indiqué son peu d’enthousiasme car sa priorité est de réunifier le pays et d’apaiser le climat de polarisation aiguë. Il a besoin d’un Sénat disponible pour approuver les nominations des membres du cabinet et d’un Congrès qui puisse légiférer sur les urgences sanitaires et économiques.

    Concernant les sénateurs Josh Hawley et Ted Cruz, beaucoup demandent leur démission et d’autres évoquent la possibilité d’une censure ou d’une réprimande, procédure interne au Sénat et prévue par la Constitution. Ce serait sans doute aussi important que la procédure de destitution du président car ce sont bien les sénateurs républicains qui, en refusant de s’opposer à Trump et de voter la destitution, ont permis l’érosion des normes et jeté de l’huile sur le feu.

    Aussi responsables

    A ce titre, ils sont aussi responsables que le président et ils doivent rendre des comptes, être « accountable ». Expulsion, censure, invocation de la section 3 du 14e amendement, poursuites pénales : aucune option ne devrait être écartée. C’est le moment de vérité pour l’aile « légitimiste » du parti républicain. Restaurer la démocratie ou privilégier le parti ?

    Il reste les éventuelles poursuites par le ministère de la justice de l’administration Biden, contre le président, Rudolf Giuliani et ses acolytes, les émeutiers et les instigateurs. En cas de convocation d’un grand jury (dont le rôle est de décider de l’inculpation ou non), le camp Trump criera à l’acharnement partisan, ce qui ne contribuerait pas à la réconciliation nationale souhaitée par le président. La bonne nouvelle est que Trump a enfin été privé de ses « mégaphones » par Twitter, Facebook et les autres plates-formes.

    Les risques qu’il y aurait à laisser impunis les crimes et violations commis sont si nombreux que le grand historien de la guerre civile David W. Blight compare la période actuelle non au Watergate, mais à l’après-guerre civile. Et aux conséquences, encore sensibles aujourd’hui, de l’absence de sanctions prises contre ceux qui ont fomenté et encouragé la Sécession.

    Un échantillon pris parmi les divers articles qui se réfèrent à l’empreinte laissé par la Guerre de sécession dans l’histoire étasunienne. (#suprémacisme).

    #USA

  • A War Photographer Embeds With the Capitol Hill Mob
    Ron Haviv, who once covered a coup attempt in Panama, followed rioters through a broken window into the seat of his own nation’s legislative branch.

    For more than three decades, photojournalist Ron Haviv has covered wars and unrest across five continents. One of his first international assignments was covering the 1989 coup attempt in Panama.* So when he watched President Trump order his fever-pitch mob of supporters to “walk down to the Capitol” on Wednesday to somehow correct the “egregious assault on our democracy” involved in counting and certifying votes, Haviv could gauge better than most what might happen next.

    “I kind of did imagine that if everything went wrong, I could see them getting into the Capitol,” he told me by phone Wednesday evening. “But I didn’t see it being as easy as it turned out to be. Why would you think that? It just seems ridiculous. This is the United States government.”

    But it took only an hour or so for rioters answering the call of their mad overlord to push past #Capitol Police and start ramming their way into the building. Haviv spotted a group of a dozen or so climbing the scaffolding of the inaugural stand being built for January 20, and heading toward a window. “I went with the moment,” he said, and climbed in with them. “The scaffolding was all the protection there was. They were getting pepper-sprayed and some flash bombs, but that didn’t really stop them.”

    https://newrepublic.com/article/160822/war-photographer-embeds-capitol-hill-mob

    #usa #ronHaviv #photojournalisme

    • When the group found themselves inside (see video above) there was more of a sense of confusion than of purpose: We’re in, what now? “They had expected a lot more to follow them,” Haviv said. “They just didn’t know what to do. There was no leadership, there was no plan. Also, there was no target. They weren’t saying, ‘We’re going to get Pence or McConnell.’ Just, ‘We’re going in, it’s ours. You let Black Lives Matter do whatever they want, and this is what we want to do.’”

      Later, after the initial group emerged into a fog of smoke from the late-amassing police, Haviv followed a second group of 10 or so back in. His images show the jagged, chaotic, and raw nature of the attempt to steal America for Donald Trump—the fervent futility of what transpired inside the Capitol.

      As they charged the Capitol, rioters sprayed what Haviv says was “orange-colored liquid” at the increasingly overmatched Capitol Police. “It’s our house, we want justice!” some hollered.

      Police tried to deter the marauders with pepper spray and flash bombs just outside the Capitol. “If people had actually known what they were doing,” Haviv said, “actually had some plans, the police would have obviously been overwhelmed” more quickly and thoroughly.

      The first group of about a dozen to breach the building climbed the inaugural scaffolding, mounted a set of stairs, and smashed through this window, “as amazed as anyone else that they were just able to keep going forward.”

      Inside the Capitol, federal police attempted to prevent additional rioters from entering through the broken window.

      The first intruders encountered just one Capitol Police officer, who tried to hold them off alone before fleeing to the second floor, where the House and Senate chambers are located, to join his colleagues. The mob followed.

      Once they’d broken in, the rioters were at a loss what to do next. “This guy is ransacking an office on the Senate side for no reason,” Haviv said, “while other people yell at him for ransacking.”

      A Trump supporter stopped for a rest during the melee, next to a bust of Richard Nixon. Earlier, Haviv saw the man snatch the police flak jacket he’s wearing, along with the shield, gear left by the police outside.

      A second wave of rioters entered the Capitol, having cheerfully helped Haviv, with his media badge, through the window. “I was surprised they didn’t realize they were committing crimes and that we were photographing them.”

  • « Banalité du mal » : à propos de la sur-prise du #Capitole à Washington, encore, voici un récit important pour sortir de la première ornière, celle de débiles folkloriques, mais aussi de la seconde, celle de monstres décérébrés. L’historien Terry Bouton et sa femme étaient présents lors de l’insurrection « Stop the Steal » lancée par Trump et sont restés en tant qu’observateurs. Ils en tirent 5 conclusions : la foule était relativement diversifiée sur une relativement large aile droite pro-Trump, le Capitole a été laissé délibérément quasiment sans protection, les émeutiers ont longtemps pensé que la police était de leur côté, "l’équipement" des gens n’avait rien de commun avec les habituelles manifestations, et surtout, selon eux, ils sont déterminés et n’arrêteront pas là.
    Source : https://twitter.com/TerryBoutonHist/status/1348365375449268226 ou là https://threadreaderapp.com/thread/1348365375449268226.html et libéré-archivé par là : https://archive.vn/aLuW3

    My wife and I attended the “Stop the Steal” Trump Insurrection on Wednesday (as observers, NOT participants) and there are FIVE big take-aways from what we witnessed and heard outside the Capitol that I’d like to share. (We took all the pictures below). 1/22

    1) This insurrection wasn’t just redneck white supremacists and QAnon kooks. The people participating in, espousing, or cheering the violence cut across the different factions of the Republican Party and those factions were working in unison. 2/22

    Preppy looking “country club Republicans,” well-dressed social conservatives, and white Evangelicals in Jesus caps were standing shoulder to shoulder with QAnon cultists, Second Amendment cosplay commandos, and doughy, hardcore white nationalists. 3/22

    We eavesdropped on conversations for hours and no one expressed the slightest concern about the large number of white supremacists and para-military spewing violent rhetoric. Even the man in the “Camp Auschwitz” sweatshirt wasn’t beyond the pale. They were all “patriots." 4/22

    I’m sure there were Republicans there who were horrified by what was happening. But the most common emotions we witnessed by nearly everyone were jubilation at the take over and anger at Democrats, Mike Pence, non-Trump supporting Republicans, and the Capitol Police. 5/22

    2) There is no doubt the Capitol was left purposefully understaffed as far as law enforcement and there was no federal effort to provide support even as things turned very dark. This contrasts sharply with all of other major protests we have attended. 6/22

    A lot has been made of the contrast to the overwhelming police presence at Black Lives Matters protests in the fall, and this is certainly true. But there was also A LOT more federal law enforcement presence at every single previous protest we have attended in DC. 7/22

    Most of these protests involved tens of thousands of mostly white, middle-aged people (meaning race wasn’t the only reason for the disparate police presence). Even the March for Science had far more police for a non-partisan event featuring “Bill Nye the Science Guy.” 8/22

    By contrast, there was a tiny federal police presence at “Stop the Steal” despite weeks of promises of violence spread on social media by well-known far-right radicals, many of whom had long histories of inciting violence. 9/22

    When we arrived, the only forces present were the clearly overwhelmed Capitol Police. The only reinforcements that arrived were other Capitol Police. There were a handful of DC Metro police, but they had accompanied the ambulances to take away the injured. 10/22

    The only other federal law enforcement presence was an FBI Swat team of about eight officers who arrived to provide cover for the Capitol Fire and EMTs there to extract Ashli Babbitt, the QAnon radical who was shot inside the Capitol Building. 11/22

    Once the FBI team got Babbitt out, they left and no other federal officers arrived in the more than two hours that followed. The small Capitol Police force was left to deal with the chaos by themselves. 12/22

    3) The Trump rioters only supported law enforcement as long as they believed law enforcement was supporting them. Rioters, many carrying Thin Blue Line flags, seemed convinced that the Capitol Police would turn against the government and join them. 13/22

    Numerous rioters shouted at the police, saying some version of “we had your back, now you need to have ours.” All of the Capitol officers we saw—Black, white, Latino, male, female—seemed alarmed by what was happening and continued to try to do their job faithfully. 14/22

    And the crowd reviled them for it. They booed the police and FBI swat team, calling them traitors and murderers. A man on the back Capitol steps ripped up a Thin Blue Line flag, the torn stripes fluttering down over a crowd briefly chanting “fuck the police.” 15/22

    4) There were also no clear crowd rules imposed for Stop the Steal like there were for all the other protests we have attended. All of the “liberal” protests of the last four years we attended had a long list of things you could not bring that were enforced at the Capitol. 16/22

    At these protests, there were no poles or sticks, no backpacks, no weapons or body armor, etc. There were sometimes security check points to go through to get onto the mall or Capitol grounds. 17/22

    None of these standard rules applied to Stop the Steal. There were poles and flags and backpacks and body armor EVERYWHERE. We didn’t see any guns or knives. But there were certainly people brandishing flag poles as if they were weapons. 18/22

    5) These people are serious and they are going to keep escalating the violence until they are stopped by the force of law. There were many, many people there who were excited by the violence and proud and excited about the prospect of more violence. 19/22

    And it wasn’t just the white nationalists, Second Amendment radicals, and QAnon boneheads. I can’t adequately describe the blood lust we heard everywhere as we walked over the Capitol grounds, even from mild-mannered looking people. 20/22

    The most alarming part to me was the matter-of-fact, causal ways that people from all walks of life were talking about violence and even the execution of “traitors” in private conversations, like this was something normal that happened every day. 21/22

    I am convinced that if Congress doesn’t act to do something about this quickly, these people are going to keep going and the unrest and violence will get more widespread and more uncontrollable. This is a crisis. It’s real. It’s happening. It must be taken seriously. 22/22

    (Wanted to make sure my wife, Noelle, received due credit for the photos). twitter.com/housewifeangst

    Et voilà le résultat de tout ça : une vidéo de la demi-heure pendant laquelle la foule, chauffée à blanc, et la maigre équipe policière du Capitole, ont formé une mêlée à l’entrée pendant que d’autres pénétraient par les fenêtres brisées et faisaient le show devant les appareils photo :
    https://www.youtube.com/watch?v=cwTlxKjiW5g

    #Trump #fanatisme #MAGA #MAGAcoup #banalité_du_mal

    • une interprétation : c’était donc une petite manif Disneyland Trump, organisée pour le thrill et pour le show, bien réglée pour éviter tout accrochage sérieux avec les flics ; une fois la parade terminée, on rentre à la maison et les médias entretiennent le buzz pendant une semaine ou plus. Bien joué.

    • @olaf : 5 morts, ce n’est pas Disneyland.

      Les premières images qu’on a vues semblaient effectivement suggérer une sorte de promenade touristique un peu folklorique, ce qui a d’ailleurs permis, dans les premières heures, à gauche de « réclamer » à ce que les manifs BLM soient « aussi bien » traitées (mais avec 5 morts, je doute que ce soit une revendication qui tienne encore), ou à droite de prétendre que cette manif était drôlement plus polie que les « casseurs » des manifs de gauche…

      Depuis, cette impression de manif un peu musclée mais relativement anodine ne peut plus tenir.

    • @olaf insupportable de minimiser ce qui s’est passé et qui a entrainé la mort de 5 personnes.

      Ca fait plusieurs mois (de ce côté de l’atlantique) qu’on parle de coup d’état à venir par Trump et de front fasciste prêt à monter à Washington. Donc, il y a une logique à chercher du côté des services du pentagone pour avoir laissé le capitole ouvert.
      Est-ce qu’il y a eu un choix délibéré de laisser advenir cet électrochoc de façon stratégique, quitte à faire des morts, pour justifier une répression qui va avoir lieu sur tous les fronts ?
      De l’Histoire, je retiens que les services secrets américains sont très forts pour la scénariser à l’avance, la mettre en image, créer du spectacle, du symbolique à leur gloire, et faire croire qu’ils contrôlent la situation même quand elle apparait absolument tordue.

    • Il ne s’agit pas de minimiser (oui, évoquer Dysneyland est trop « distancé ») mais de prendre une juste mesure des choses.
      Ainsi, les armes à feu et cocktails molotov saisis l’ont été dans des chambres d’hôtels ou dans des véhicules, sans avoir été et utilisées sur place (on ne saura jamais combien il y avait d’armes dans et devant le Capitole). Ce qui fait une énorme différence. Les manifestants se sont servi avant tout de leurs corps (de fascistes), de bâtons, matraques télescopiques, gazeuses, de ce qu’ils ont trouvé sur leur chemin (extincteurs) peut-être de tasers, et c’est pourquoi le degré en plus (les serflexs) a été remarqué bien qu’il soit inemployé. Idem du coté des flics, le nombre de coups de feu est tout à fait limité. Des deux côtés il y a un usage limité de la violence, et pas seulement en raison de la passivité/ complicité policière, mais bien parce que les manifestants se sont limité (sinon il aurait eu plus de gens masqués, plus de tenues plus ou moins paramilitaires), pour rester pour partie « respectables » et impunis, mais aussi pour préserver l’hétérogénèité de cette force en voie de constitution. Une de leur force (l’article cité ici le montre bien), c’est d’agréger du composite. Il reste à ces courants bien des moments de brutalisation à orchestrer pour arriver à un sujet collectif plus déterminé (construit par des expériences subjectives communes).
      La violence majeure dans cette affaire est symbolique (mais pas aux en sens faible des pétitions et autre happenings sans conséquences) : invasion d’une institution de la politique représentative et suspension de celle-ci (l’officialisation de la victoire Biden a lieu dès l’évacuation, là il est pas question de trainer comme ce fut le cas après l’intrusion). Dire qu’il s’agit d’une gesticulation qui aurait pu tourner à un affrontement plus réel n’enlève rien à la menace latente que fait peser une telle action, ni à l’existence de deux tués (faute de détails, on sait pas si les 3 autres décès sont des accidents, des crises cardiaques, etc.). Venue du sommet, relayée par des services divers, elle n’a pas entrainé tant de monde. Le rdv du 17 janvier, évoqué depuis, sera-t-il un autre moment de « répétition générale » ou quelque chose de plus décisif ? Je les verrais bien jouer davantage la décentralisation des actions, quitte à ce qu’elles soient liées à une action centrale. Mais c’est aussi faute d’infos suffisantes sur ce qui s’est fait dans d’autres villes le 6 janvier (ne pas oublier aussi qu’ils se comptent, les rdv servent bêtement à ça).

      #USA #fascisme

    • Des manifestations armées sont prévues dans les 50 capitales d’État, selon un bulletin du FBI – Media Plus
      http://mediasplus.fr/des-manifestations-armees-sont-prevues-dans-les-50-capitales-detat-selon-

      Le FBI a publié un bulletin d’alerte informant que « des manifestations armées sont planifiées autour des capitoles des 50 États entre le 16 et le 20 janvier. Et autour du US Capitol de Washington entre le 17 et le 20. » (...)

  • Assaut du Capitole : Une base de masse pour le fascisme ?
    https://lundi.am/Assaut-du-Capitole-Une-base-de-masse-pour-le-fascisme

    Il va falloir un peu de temps pour prendre la mesure du basculement historique qu’a inauguré l’envahissement du #Capitole, cœur symbolique de la démocratie américaine par des partisans de Trump. En introduction à ce texte des amis de #Crimethinc. qui tire déjà les conséquences de l’épisode pour la recomposition des forces politiques dominantes aux USA et sur ce qu’elles préparent aux dépens des forces anticapitalistes et antifascistes, on avancera quelques remarques :

    -- Ce coup de force était une #pantalonnade, conséquence ultime de la tentative par Trump d’imposer une réalité alternative. Bien sûr, il y avait bel et bien quelques groupes armés prêts à en découdre mais même si la confirmation de l’élection de Biden avait été empêchée, par exemple en volant les bulletins de vote comme il semble que c’était le projet de certains, dans et hors de la Maison Blanche, Trump, à la différence de Hitler, Mussolini et tous les aspirants dictateurs, ne disposait d’aucun appui significatif dans des secteurs importants de l’armée et du patronat. Certes, le traitement de faveur accordé dans un premier temps aux émeutiers manifeste, comme il est dit dans le texte de nos amis américains, une forme de sympathie de la part des forces de l’ordre et aussi, ce qui n’est pas dans le texte, un certain flottement au plus hauts sommets quand il s’est agi d’intervenir durement contre des partisans de celui qui était encore le président, et qu’il avait lancés.

    -- Il y avait quand même quelque chose d’assez ironique à voir, en France, tant de partisans de #gauche, s’épouvanter de l’envahissement d’un symbole de la démocratie libérale alors même qu’ils avaient pu se réjouir, par exemple, de l’occupation en 2011 de la MaisonBlanche de l’Etat du Wisconsin par des profs en grève et par leurs soutiens, ou de celle, plus récemment, du parlement de Hong-Kong. De même, il y a quelque chose comme une farce grotesque dans le spectacle de divers gauchistes, qui, à travers les Etats-Unis, s’emploient à identifier sur photo certains des facsites présents au Capitole pour les signaler directement au FBI. L’agence d’Hoover transformée en alliée objectif des antifas, il y a là, quelque chose qui devrait coincer à brève échéance, comme on peut le deviner à la lecture de l’article qui suit. L’un des destins possibles d’une certaine gauche sera toujours de se retrouver dans la peau des « girotondini », ces grotesques partisans italiens d’un mouvement éphémère lancé jadis par Nani Moretti, qui faisaient la ronde autour des palais du pouvoir (tribunaux et ministère) pour les protéger contre ce Berlusconi dont ils n’avaient cessé, politiquement et culturellement, de préparer l’accès au pouvoir.

    #USA #fascisme

    • Pour la postérité, nous avons composé une documentation de certaines des scènes les plus importantes qui se sont déroulées hier. Plus tard, quand ce récit sera contesté, il pourrait être utile d’avoir tout cela rassemblé au même endroit.

      Et donc les puipuii et autres vidéos collées dans l’article (avec obligation d’aller sur puipuibleu) sont censées se conserver tout seuls jusqu’à ce que postérité s’en suive ?

  • « Plutôt Hitler que le Front Populaire, illustration :
    Ce que prouve l’invasion du Capitole, c’est qu’on a détourné l’attention des vrais problèmes en occultant le danger de l’extrême droite en accusant « l’ultra gauche » de tous les maux. »
    Devinez ce que fait #LREM ?

    Au lieu de dénoncer l’extrême droite, LREM attaque Mélenchon qui la dénonce.
    Voilà où on en est...
    #Capitol #Melenchon #complaisance #extrême-droite
    https://linsoumission.fr/2021/01/07/attaque-du-capitole-comment-les-macronistes-protegent-lextreme-droite

    • Sinon faudrait faire le tour des trous de balle français qui importent le trumpisme et soutiennent les néo-nazis qui entrent dans le Capitole parce que le résultat des élections ne leur plaît pas.

      André Bercoff :
      https://twitter.com/andrebercoff/status/1346908997270573063

      Ce qui se passe aujourd’hui à #WashingtonDC , qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, c’est le début d’un printemps américain. Il y eut une fraude massive, il y a un peuple qui ne l’accepte pas. La lobotomie n’a pas complètement réussie. Amen.

      Thierry Mariani ne veut pas qu’on caricature les gentils américains QAnon, avec un t-shirt Auschwitz et le drapeau confédéré :
      https://twitter.com/ThierryMARIANI/status/1347065874361053185

      Ce matin nos médias,nous répètent que des miliciens d’extrême droite suréquipés ont pris d’assaut le #Capitole
      TOUT EN DÉSAVOUANT CELA,ai-je le droit de dire qu’ils ressemblent plus à des américains désespérés et perdus qu’à de dangereux miliciens ?
      Stop à la caricature !

      (Ce matin il a un autre angle à la con, mais c’est même pas la peine.)

    • Il y a aussi E.Z le clône batracien de Trump

      « ceux qui ont déconstruit, et finalement désagrégé l’Amérique, ce n’est pas Trump, ce sont les mouvements des années 60 d’extrême-gauche, qui naissent dans les campus américains contre la guerre du Vietnam ». « En vérité, cette classe populaire américaine [celle qui a voté Trump, NDLR] attendait son champion, aucun n’osait lever l’étendard et affronter ces mouvements de gauche qui tenaient les médias, la finance, les GAFA après. Et Trump s’est levé, et il s’est battu »

    • Gilets jaunes et Capitole : une déraisonnable exploitation politique
      https://www.mediapart.fr/journal/france/070121/gilets-jaunes-et-capitole-une-deraisonnable-exploitation-politique

      Emmanuel Macron a surgi sur les réseaux sociaux en plein milieu de la nuit. Dans une courte vidéo solennellement enregistrée derrière un pupitre de l’Élysée, le président de la République a condamné l’intrusion violente des manifestants pro-Donald Trump dans l’enceinte du Congrès américain, mercredi 6 janvier à Washington (États-Unis). « Nous ne céderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause » la démocratie, a-t-il déclaré, ajoutant : « C’est notre choix, depuis plusieurs siècles, de mettre la dignité humaine, la paix, le respect de l’autre, la reconnaissance de la liberté au-dessus de tout, qui est aujourd’hui menacé dans nos démocraties. »

      Sitôt les premières images du Capitole diffusées, la quasi-totalité des élus La République en marche (LREM) y est allée de son propre commentaire sur les événements, en utilisant un prisme politique très franco-français. « #Trump n’invente rien. @JLMelenchon et @Francois_Ruffin ont en leur temps tenté le coup de force institutionnel #FranceUnie #Macron2022 », a par exemple tweeté le député de la majorité Bruno Questel, avant d’interpeller directement le chef de file de La France insoumise (LFI) : « En France, le danger est connu ; c’est vous, prêt à tout, même au pire… » Plusieurs militants marcheurs lui ont emboîté le pas.

      Les partisans de Trump forcent les barrages policiers devant le Capitole, le 6 janvier. © Roberto Schmidt/AFP Les partisans de Trump forcent les barrages policiers devant le Capitole, le 6 janvier. © Roberto Schmidt/AFP

      C’est notamment le cas d’Ambroise Méjean, délégué général des Jeunes avec Macron, qui a écrit à l’attention de Jean-Luc Mélenchon : « Le danger pour la démocratie c’est tous ceux qui encouragent les séditieux et la violence. Qu’ils se nomment gilets jaunes, qu’ils soient supporters de Trump, d’extrême droite ou anarchistes. Vous les nourrissez et vous devriez avoir honte. » Dans les rangs de LREM, l’analogie avec le mouvement citoyen qui a bousculé la France à l’hiver 2018 a aussi été reprise par la députée Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale qui a retweeté le message suivant : « Factieux trumpistes aujourd’hui / gilets jaunes hier. »

      À l’époque déjà, Emmanuel Macron s’était élevé contre ce qu’il qualifiait de « démocratie de l’émeute ». « Il faut maintenant dire que lorsqu’on va dans des manifestations violentes, on est complice du pire », avait-il déclaré en février 2019, en saluant « le travail remarquable » des forces de l’ordre mobilisées durant les « samedis de violence ». « Les #GiletsJaunes seraient arrivés au même résultat à l’Élysée ou à l’@AssembleeNat sans l’action de la #Police. Les extrémistes qui les ont encouragés espéraient aussi obtenir par la rue ce que les urnes leur refusent. D’où la nécessité d’endiguer une insurrection. #Capitol », a d’ailleurs réagi le syndicat policier Synergie-Officiers.

      Confronté à un mouvement hors cadre qui ne lui offrait aucune prise, le pouvoir avait très tôt tenté de le délégitimer. Le ministre de l’intérieur de l’époque, Christophe Castaner, avait ainsi réduit les manifestants parisiens du 24 novembre 2018 à des « séditieux d’ultradroite », tandis que son successeur à Beauvau, Gérald Darmanin, qui était alors ministre de l’action et des comptes publics, avait parlé de « peste brune ». À l’occasion de ses vœux pour l’année 2019, le président de la République avait quant à lui fustigé les « porte-voix d’une foule haineuse » qui s’en prennent à certaines personnes au prétexte de « parler au nom du peuple ».

      Cette analogie entre les gilets jaunes et les événements du Capitole s’inscrit dans une stratégie politique mise en place par les macronistes depuis le début du quinquennat, autour d’une ligne de partage trop simpliste pour être pertinente – « progressistes » contre « nationalistes » ou « populistes ». Profitant de l’affaiblissement des partis d’opposition et se présentant comme le seul rempart face au « chaos », Emmanuel Macron a placé l’extrême droite au centre du jeu, au risque de l’installer comme unique alternative. C’est dans cette même logique que certains élus du Rassemblement national (RN) ont eux aussi cherché des passerelles entre les États-Unis et la France.

      « Compliqué effectivement pour la France des #GiletsJaunes de donner des leçons de démocratie aux États-Unis. Les démocraties occidentales sont malades des élites mondialisées qui ont trahi les peuples. En France comme aux États-Unis », a ainsi tweeté l’eurodéputé du RN Jérôme Rivière. « Les grandes leçons de Macron, président de la répression contre les manifestations des Gilets Jaunes et sous lequel les libertés ne cessent de reculer. Les peuples n’en peuvent plus de ces élites moralisatrices et de leur Système qui les piétinent depuis de longues années… », a également commenté son collègue de banc au Parlement européen, Jean-Lin Lacapelle.

      À quel point cette analogie avec le mouvement français tient-elle ? Et de quoi parle-t-on exactement ? Des gilets jaunes sous leur forme organisée, dynamique, ou d’un individu gilet jaune archétypal, qui n’existe pas, une sorte de parfait « Jojo le gilet jaune », pour reprendre l’expression d’Emmanuel Macron ? Quoi qu’il en soit, les caractéristiques des mouvements américains et français ont fort peu en commun. La foule qui a pris d’assaut le Capitole en passant par ses fenêtres est un agglomérat d’Américains patiemment fanatisés par Donald Trump, arborant sur leurs casquettes rouges les lettres « MAGA », du fameux slogan « Make America great again », celui de sa campagne en 2016.

      Tatouages nazis sur le corps, drapeaux confédérés à la main, l’affiliation de ces manifestants à l’extrême droite ainsi qu’à diverses idéologies racistes est patente, de même que leur ultra-conspirationnisme, symbolisé par les nombreuses références au mouvement des QAnon. Il s’agit d’un mouvement pourvu d’un leader, qu’une partie de la classe politique américaine soutenait jusqu’à récemment, disposant d’argent et de relais médiatiques. S’ils ont envahi le Capitole, sous les yeux médusés du monde, c’est pour répondre à la suggestion d’un milliardaire devenu président des États-Unis, qui, dans le cadre d’une manifestation qu’il avait lui-même organisée à Washington, clamait ceci : « Nous ne concéderons jamais la défaite. »
      Les gilets jaunes, des citoyens d’horizons très divers

      Donald Trump s’est finalement retrouvé obligé de siffler la fin de partie pour que ses « proud guys » rebroussent chemin, tout en les assurant de son soutien et de son « amour » – à la suite de ces messages, Facebook et Twitter ont un temps suspendu ses comptes. Les militants, électrisés par ses soins, les mêmes qui avaient tenté d’intimider les agents des bureaux de vote en novembre dernier, ne remettent pas en cause les règles du jeu électoral américain. Ils contestent seulement l’échec de leur chef, privé par les urnes d’un deuxième mandat. Si certains brandissaient la Constitution, s’en seraient-ils seulement souciés si leur candidat avait remporté la mise face à Joe Biden ?

      Les gilets jaunes ont, eux, démarré leur mouvement sur une revendication de pouvoir d’achat, et de contestation d’une nouvelle « taxe carbone », avant de squatter les ronds-points de leurs villes. Cet appel de novembre 2018 a effectivement réuni des citoyens d’horizons très divers, politiquement, socialement, économiquement, dans un mouvement bien plus composite que les mobilisations sociales françaises ordinaires. Leur dépolitisation partisane initiale fut également un marqueur bien plus fort que leur affiliation à un camp en particulier.

      Le mouvement s’est bel et bien fortement politisé au fil des mois, mais en penchant vers les notions de justice sociale et fiscale, voire climatique, et une remise en cause de la démocratie représentative, avec notamment cette revendication phare du référendum d’initiative citoyenne (RIC), basée, il est vrai, sur une profonde méfiance, pour ne pas dire une franche détestation, de la « classe politique » nationale. Des sujets plus sociétaux comme l’immigration – qu’Emmanuel Macron avait d’ailleurs tenté d’imposer dans son « grand débat national » – ou d’autres relatifs à la famille ont souvent été quasiment bannis des discussions collectives organisées, car considérés comme « hors champ », et potentiellement destructeurs pour les groupes locaux.

      Le racisme, la xénophobie, la lutte contre l’avortement ou la défense des valeurs familiales traditionnelles, l’anti-étatisme et le conspirationnisme n’ont jamais constitué le carburant des gilets jaunes. La prise des institutions par la violence n’a jamais figuré non plus dans les feuilles de route définies lors des nombreuses tentatives de consolidation programmatique menées à l’occasion des assemblées populaires locales, des AG régionales ou nationales (racontées ici, ici, ou là).

      Il y a bien eu des slogans ou des pancartes racistes, homophobes, antisémites, dans les cortèges ou sur les ronds-points, comme Mediapart l’a d’ailleurs relaté dans différents articles. Mais cela s’est déroulé à la marge du mouvement, et fut le plus souvent canalisé par les gilets jaunes eux-mêmes. Il y a aussi eu des électeurs de l’extrême droite dans les groupes éparpillés à travers la France, tout comme des militants de la France insoumise ou du NPA, des syndicalistes, tout le spectre des militants de gauche.

      Les effets de bulles, alimentées par une consommation effrénée des réseaux sociaux, nourrissent sans doute le complotisme d’une partie de la population française, et parmi elles les plus réfractaires aux discours officiels, dont bien sûr des gilets jaunes, mais rien ne dit, là encore, que se revendiquer de ce mouvement rende davantage perméable à de telles dérives. Le mouvement des QAnon, par exemple, va pêcher très large, des gourous du bien-être aux jeunes youtubeurs branchés.

      Sur le mode opératoire, enfin. Des citoyens, peinturlurés et à l’allure baroque, qui se filment et font des selfies dans les couloirs en marbre du Capitole, le tout dans une ambiance de désorganisation évidente, ont contribué, en France, à filer l’analogie. L’Arc de triomphe vandalisé, et cette fameuse statue de plâtre éborgnée, présentée à tort comme la Marianne de la République, les institutions n’étaient-elles pas, chez nous aussi, sur le point de tomber, le 1er décembre 2018 ?

      À ce moment-là, comme l’ont répété les commentateurs politiques, Emmanuel Macron a eu peur pour les institutions et « donc pour lui-même ». Mais il s’agissait, à l’issue d’une manifestation très tendue, d’érafler un symbole inerte du pouvoir, ce qui place l’opération à mille lieues de la charge sur le Congrès américain, haut lieu du pouvoir législatif, avec le soutien d’un président en exercice.

      Il y a bien eu, le 5 janvier 2019, « l’assaut au transpalette », abondamment commenté lui aussi, du secrétariat d’État de Benjamin Griveaux, alors porte-parole du gouvernement. L’histoire nous apprendra qu’il s’agissait de seulement cinq gilets jaunes – deux d’entre eux seront relaxés par la justice dans cette affaire, et trois seront condamnés –, juchés sur un chariot élévateur, qui après avoir défoncé la porte du ministère sont allés s’en prendre à une vitrine voisine. Pas vraiment une attaque coordonnée contre les institutions de la République.

      Quant aux appels réguliers, et un peu bravaches, à « prendre l’Élysée » au cours de ces longs mois de manifestations, ils sont du même acabit : plus proches de la jouissance à s’approcher des lieux de pouvoir, politiques ou financiers, et surtout hautement symboliques.

      Enfin, l’aspect insurrectionnel, parfois émeutier, des « samedis jaunes », où se sont agrégés bien d’autres groupes militants – antiracistes, climatiques, syndicaux –, résulte d’une confrontation assidue et régulière avec les forces de police, aux techniques de maintien de l’ordre répressives dénoncées, jusque sur la scène internationale. À tel point que les violences policières sont venues s’ajouter à l’arc des revendications initiales.

      Croire déceler les gilets jaunes dans l’ombre des factieux du Capitole semble donc aussi étrange que de voir, comme le faisaient les commentateurs russes facétieux hier soir, une réplique des révolutions colorées au Kirghizistan, en Géorgie ou en Ukraine, ces vingt dernières années, dans les événements américains de mercredi. Le trait commun, en revanche, peut être que chaque dirigeant politique y projette ses propres effrois et fantasmes.

  • Coup d’État aux USA ?
    On pensait que le que Congrès ne pourrait pas siéger pendant plusieurs jours vu les dégats, repoussant ainsi la certification de la victoire de Joe #Biden, mais après avoir refoulé les assaillants, celui vient de reprendre la séance de certification tandis que la ville de #Washington va être sous couvre-feu et que la Garde Nationale doit se déployer.

    En tout cas le barometre du Coup-o-meter a pris un coup de chaud aujourd’hui aux Etats Unis et il a viré à l’orange « ATTEMPTED COUP » avec l’invasion du Capitol à Washington par des suprémacistes fanatiques pro #Trump.
    https://isthisacoup.com

    Y’a un live en cours sur BBC : https://www.bbc.com/news/live/election-us-2020-55558355

    J’ai tenté de faire un petit suivi pas trop chiant sur cuicui https://twitter.com/ValKphotos/status/1346907968747560965 + libéré/archivé https://archive.vn/5dUSR

    Est-ce que vous vous rendez compte de la violence de cette scène ? Ces personnes sont clairement là pour un coup d’état, mais ils sont blancs, ne paraissent ni antifas ni anar-gauchos et ils ont non seulement franchi les portes du Sénat mais la police est en mode « désescalade »...
    https://twitter.com/igorbobic/status/1346899437520621568

    Le #CapitolBuilding a été évacué dans une panique totale comme en témoigne Ilhan Omar :
    https://twitter.com/IlhanMN/status/1346903002788098048

    Et nous savons tou-te-s que ces gens sont dangereux, armés, imprévisible, et même, depuis peu, prêts au suicide pour un peu d’héroïsme dans leurs vies « gâchées »...
    Tout va bien, c’est une personne blanche illuminée, hein !!!
    Sérieux...
    https://twitter.com/JYSexton/status/1346907029416382477

    Que surtout aucun journaliste ni même aucun de ces machins à opinion ne vienne nous dire qu’on ne l’avait pas vu venir. Le « silence » autour de l’attentat-suicide de Noël est déjà assez grave en soi (rappel https://twitter.com/ValKphotos/status/1342536059046010881 )

    « Je vous demande de vous arrêter »
    ... ha non, pas exactement. Juste de rester pacifiques.

    Bon, sinon, la liste de @SylvainErnault pour l’election que Trump tente de changer est toujours pratique : twitter.com/i/lists/233706…
    Thank You !

    Un. Seul. Flic.
    (même pas besoin de Fenwick !)
    https://twitter.com/igorbobic/status/1346911809274478594

    Allo Boston, nous avons un problème...
    https://twitter.com/FranceinBoston/status/1346914102648692739

    How did it happened ?
    https://twitter.com/eric_ii/status/1346911633214377996

    #Capitole #Washington
    Pour que vous vous rendiez compte de la situation au Capitol : https://twitter.com/steffdaz/status/1346916901855744000

    Bon, après plusieurs infos contradictoires, il semble que la Garde Nationale va être déployée... ce soir !
    (Là il moins de 16h)
    Histoire de pimenter le tout y’avait un engin explosif, mais tranquille, hein, c’est pas un feu d’art, heu, un « mortier » !
    https://twitter.com/maggieNYT/status/1346921716895813633 #WashingtonDC #Capitol

    Puisqu’on vous dit que ce ne sont pas des terroristes mais des patriotes, tout va bien, la Garde nationale arrivera tranquillement tout à l’heure, pas de panique...
    Vous remarquerez que les Trump & cie appellent au calme, pas à partir ou abandonner...
    https://twitter.com/morninggloria/status/1346920816424882178

    « Witch side are you on ?
    Witch side are you on ? »
    https://twitter.com/Alex_Panetta/status/1346922179749957633
    (la ref 🎼 c’est du Pete Seeger, pas du Lallement, hein)
    (merdre me me suis encore gourée entre witch et which, pfffff, ce côté sorcière qui me joue toujours des tours...)

    En attendant, peut-être que les troupes Trump ont plus de jugeote que lui et certains semblent quitter les lieux.
    https://twitter.com/Alex_Panetta/status/1346923509809885188 #Washington

    L’insurrection qui serait venue ?
    🤷
    https://twitter.com/nicholaswu12/status/1346926954470141955 #Biden #Trump

    Trump (qui blanchi de jour en jour) appelle ses troupes à rentrer chez elles en paix : « nous savons que ces élections nous ont été volées, tout le monde le sait... »
    https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1346928882595885058
    (ping @jack vous avez oublié de signaler que ce tweet induit en erreur sur les élections !)

    Attention, je vois deux gilets jaunes sur les marches du Capitol au milieu des forces de l’ordre !
    Il y a beaucoup moins de manifestants et pour cause : ils sont allé occuper l’estrade où @JoeBiden doit être promu président dans 14 jours...
    https://twitter.com/RaphaelBouvierA/status/1346929689563000832

    Remonte le (petit) fil (promis il est petit)
    (oué, j’ai hésité sur le sens par lequel commencer mais... j’ai commencé par le bon sens)
    https://twitter.com/pandovstrochnis/status/1346928605671157763

    J’attends, inquiète, le nombre de blessés, de mutilés, d’arrestations.... Nan je déconne !!! Je crois que je vais relâcher un peu.

    (blaguounette faussement jalouse à part, il a été question d’une femme blessée dans le Capitol, mais je n’ai pas trouvé plus d’infos pour recouper)

    Ça a géchan Captain America !

    (l’évacuation du Capitol est toujours en cours)

    https://twitter.com/hungrybowtie/status/1346938414935904258

  • Des foules de partisans de Trump convergent vers Washington | La Presse
    https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2021-01-06/des-foules-de-partisans-de-trump-convergent-vers-washington.php

    Bravant les consignes sanitaires, des hommes et femmes venus de tous les #États-Unis se massaient sans masque dans les métros, convergeant vers une capitale dont les vitrines étaient une fois de plus barricadées par crainte d’éventuels débordements.

    Le président sortant, qui continue de nier la victoire de son rival démocrate Joe Biden, encourage depuis des jours ses supporteurs à défiler dans la capitale pour cette journée qui sera « folle », a-t-il prévenu.

    Il doit prendre la parole devant ses troupes à 11 h depuis l’Ellipse, esplanade située au sud de la Maison-Blanche, et devrait répéter les accusations de fraudes qu’il martèle depuis deux mois sans en apporter la preuve.

  • Social media platforms on the nature of fake news
    https://hackernoon.com/social-media-platforms-on-the-nature-of-fake-news-d3a2ba8ca1d4?source=rs

    Today’s hearing on Capitol Hill was not just about regulation, but also on the definition of truth.(Credits: photo illustration by Slate)https://medium.com/media/c80e14f754126c2c0296ef6a762c2cfd/hrefDuring the latest hearing of the House Judiciary Committee on Capitol Hill, an interesting comment by Rep. Pramila Jayapal caught my attention.“The challenge here is that it is difficult to determine exactly what may qualify as false news. But the bigger problem to me is that somehow we get to a standard that truth is relative,” she said in regards to the current debate on fake news and misinformation on social media.Truth is not relative. An apple is an apple. It can’t be a tomato tomorrow and a pear yesterday. It is an apple.In response, Monika Bickert, Head of Global Policy Management at (...)

    #social-media-fake-news #capitol-hill #politics #fake-news-platform #fake-news

  • « Pour clore un samedi riche en conférences de cette édition 2014 du #Capitole_du_Libre, Benjamin Bayart et Adrienne Charmet nous ont proposé une rétrospective des Internets en 2014, sur fond de politique française et européenne.

    Adrienne Charmet est coordinatrice des campagnes de #La_Quadrature_du_Net (LQDN), association de défense des droits et libertés des citoyens sur l’Internet. Lorsqu’elle était directrice des programmes de Wikimédia France, elle était déjà venue exposer lors du Capitole du Libre 2012 l’avenir des projets Wikimédia.

    Benjamin Bayart est président de la #Fédération_FDN, regroupement de fournisseurs d’accès associatifs. C’est un habitué du Capitole du Libre, puisqu’en compagnie de Jérémie Zimmermann, il a déjà animé les conférences de clôtures des éditions 2012 et 2013. »

    http://2014.capitoledulibre.org/blog/panorama-des-internets-actuels-en-politique-rires-pleurs-et-fa

    https://www.youtube.com/watch?v=Pn_u1u6gWPg

    #Internet #libertés #censure

  • Google’s states of play
    http://dyn.politico.com/printstory.cfm?uuid=92EC06F7-32EF-4CA9-BE21-D104E0832F07

    #Google is a Washington powerhouse that shapes federal law, rewards congressional allies and boasts a new 54,000-square-foot office, just down the road from the U.S. Capitol. But the Internet giant quietly has planted its political roots in places far beyond the #Beltway — in state legislatures and city councils that have become hotbeds for tech policy fights.

    The company has hired an army of #lobbyists from coast to coast as it seeks to protect its self-driving cars, computer-mounted glasses and other emerging technologies from new rules and restrictions, according to an analysis of state records. It’s an aggressive offensive meant to counter local regulators, who increasingly cast a skeptical eye on #Silicon_Valley and its ambitious visions for the future.

    Google this year has retained a quartet of lobbyists in Maryland to remove any roadblocks facing its fleet of driver-free Priuses. It’s tapped consultants in California, Utah, Georgia and other states where the company has tried to deploy its ultrafast Fiber Internet. In Illinois and beyond, Google has worked to battle back #legislation that might affect Glass, its high-tech spectacles. And the tech giant has cozied up to leaders in New York state and New York City, while camping out in Massachusetts to seek changes in state tax laws.

    “Google is an example of a company that has, in very short order, come to value political engagement in a very expensive way,” said Lee Drutman, a senior fellow at the Sunlight Foundation. “One of the things you see when a company becomes engaged in politics: They realize it’s not just federal politics, but state and local politics” that matter.

    In a sense, Google agrees. “Technology issues are a big part of current policy discussions, not just at the federal level but in the states as well,” a spokeswoman acknowledged. “It’s important to be part of those discussions and to help policymakers understand new technologies, Google’s #business, and the work we do to encourage economic opportunity.”

    In #Washington, Google is already a political behemoth. The tech giant spent more than $3.8 million to lobby federal lawmakers on privacy, patent and immigration reforms just in the first quarter of 2014, according to federal records. So far in the 2014 election cycle, the company also has donated $1.1 million to federal candidates. And it just took residence this month in a new Massachusetts Avenue office that’s within walking distance of #Capitol_Hill, symbolizing the company’s meteoric political growth since federal antitrust regulators investigated it in 2012.

    But Google’s political tentacles reach far beyond the nation’s capital.

    #Impôts #lobbying #vie_privée

  • #Toulouse : manifestation antifasciste le 5 juin
    http://lahorde.samizdat.net/2014/05/30/toulouse-manifestation-antifasciste-le-5-juin

     Clément, à jamais dans nos coeurs Le 5 juin 2013, l’extrême droite a tué notre camarade #Clément_Méric. Un an après, nous ne pouvons que constater que les fascistes continuent de déverser leur haine, leur violence et leur racisme partout en Europe. Nous n’oublions pas les coups de feu contre un concert organisé [&hellip

    #Hommages #Pour_Clément #antifa #capitole #CNT #coup_pour_coup #hommage #meric #ni_oubli #ni_pardon #tolosa #uat

  • Rosa Parks fait son entrée au Capitole | Radio-Canada.ca
    http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2013/02/27/005-capitole-parks-statue.shtml

    Le président Barack Obama a participé, mercredi au Capitole, au dévoilement d’une statue de la militante Rosa Parks, dont le refus de céder son siège à un homme blanc dans un autobus de l’Alabama en 1955 avait été le point marquant du mouvement des droits civiques aux États-Unis.

    #Obama #Rosa_Parks #Capitole #droits_civiques

  • #El-Khelifi, marocain recruté par #Al-Qaïda aux #USA

    http://goo.gl/BICim

    Et infiltré par le #FBI, arrêté alors que ses armes ont été préalablement désactivées.

    Emigrant clandestin aux Etats-Unis, Amine El Khalifi âgé de 29ans, a été arrêté le 17 Février 2012 suite à une opération d’infiltration du FBI. Il a été appréhendé dans un parking près du #Capitole (le #Congrès) avec une arme automatique et vêtu d’une veste qu’il croyait pleine d’explosifs que lui aurai fourni Al-Qaïda. Elle a été déjà désactivée auparavant, par, le FBI, précaution...